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La Lettre buissonnière
Projet Valorisation
de la langue
29 septembre
Année 2014, no 14
La grande aventure de la langue française Renée-Claude Lorimier
préférée par les étudiants dans le monde. Certes, on parle le français en France, en Suisse, en Belgique, au Québec, au Nouveau-Brunswick, à l’ile Maurice, au Cameroun, en Côte-d’Ivoire ou en Roumanie, tous membres de la Francophonie. Mais également, dans des contrées telles que l’Algérie, l’Allemagne, Israël ou la Russie, des millions de gens apprennent la langue
française2. Pour Julie Barlow et Jean-Benoît
Nadeau, la fascination pour le français s’explique par le prestige qui lui est associé.
En dehors de la Francophonie, il existerait une « francosphère », sorte de nation imaginaire qui engloberait les locuteurs attachés à une certaine idée de la culture. En effet, selon les auteurs, les francophones partagent un ensemble de valeurs comme l’attachement au passé et à la norme.
Même les anglophones accordent une place importante au français dans leur culture, comme en témoignent les nombreux emprunts francophiles (ex. : café, croissant, dépanneur) ou le fait que, selon les recensements, entre deux et cinq millions d’Américains parlent ou apprennent la langue de Voltaire et de Michel Tremblay…
Désireux de comprendre les origines de l’influence du français, les auteurs ont entrepris de raconter l’histoire palpitante de cette langue qui commence au Moyen Âge et se poursuit encore de nos jours. Ce livre plaira à tous ceux qui désirent en connaitre davantage sur la situation de cette langue dans le monde. Nous aurons l’occasion d’y revenir lors d’une autre publication de la Lettre buissonnière.
Version numérique en couleur sur le site du CAF caf.clg.qc.ca Page 1
La grande aventure de la
langue française 1
Histoire amoureuse des
mots 2
Qui suis-je? 2
Expression à faire circuler 2
Les mots et les sons 3
À vos agendas 3
L’origine des expressions 4
Saviez-vous que ? 4
Dans ce numéro :
www.facebook.com/valorisationfrancaisclg
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La multiplication des programmes d’enseignement intensif de l’anglais dans les écoles primaires québécoises révèle combien est répandue l’idée selon laquelle la langue de Shakespeare a supplanté la langue de Molière. D’aucuns vont jusqu’à soutenir que le français est en déclin et qu’il connaitra bientôt le même sort que le latin.
En effet, l’anglais s’affirme comme une langue hégémonique à l’échelle internationale, au point où plusieurs États l’ont choisi comme idiome national. Si l’anglais contrôle l’univers du commerce, c’est en grande partie parce que deux puissances économiques et militaires l’ont adopté comme outil de communication : après avoir dominé le monde pendant plus de 300 ans, l’Angleterre a été remplacée par les États-Unis d’Amérique. Devant un empire si redoutable, la France ne saurait prétendre imposer ses vues ni sa langue dans les échanges mondiaux. Faudrait-il donc se résigner à l’idée que le français ne sera plus une langue mondiale?
Dans un essai intitulé La Grande aventure
de la langue française1, Julie Barlow et
Jean-Benoît Nadeau ébranlent cette vision des choses. Loin de décliner, le français demeure sans conteste une langue internationale qui manifeste un dynamisme fort éloigné d’une langue à l’agonie. Sans contester la montée de l’anglais, les auteurs soutiennent que le français est florissant à plusieurs points de vue et que, contrairement à la croyance répandue, il conserve une grande influence sur tous les continents. Par exemple, ils rappellent qu’il s’agit de la deuxième langue seconde
1. La Grande aventure de la langue française. De Charlemagne au Cirque du Soleil, Montréal, Québec-Amérique, 2007, 538 pages.
2. On estime le nombre de locuteurs francophones à deux-cent-millions.
Page 2
Histoire amoureuse des mots Sylvie Plante
Cette chronique vous propose une petite histoire sémantique de quelques mots à travers le temps.
Vilaine fille!
Ce beau mot est peu utilisé de nos jours.
Dommage! Réhabilitons-le en l’employant le
plus souvent possible! Au Moyen Âge, ce mot
signifiait simplement un paysan libre, un
roturier, par opposition à un serf (du latin
servus, esclave), un homme non libre. En effet,
le Robert indique que ce vocable est apparu
dans notre langue au XIe siècle et qu’il
désignait simplement un « habitant de la
campagne ». Dans la société féodale, le vilain
était de basse condition sociale. Voilà
pourquoi la signification du mot a dérivé,
emportée par le mépris, vers un sens plus
négatif. Déjà au XIIe siècle, il était utilisé pour
dire «poltron» et «avare», et aujourd’hui
chacun sait qu’il est employé pour signifier la
«laideur morale ou physique».
Renard ou goupil?
Saviez-vous que le Moyen Âge ne connaissait
que le mot goupil pour désigner la bête que
nous appelons aujourd’hui le renard? En fait,
un texte médiéval intitulé Le roman de Renart
(XIIe siècle) mettait en scène un renard dont le
prénom était Renart. Avec le temps, le mot
renard a évincé le mot goupil.
Sources :
Dictionnaire historique de la langue française, Paris, sous
la direction d’Alain Rey, Robert 2010, 2614 pages et Le
petit Robert de la langue française (version Internet,
disponible sur le site de la bibliothèque)
Vous êtes fâché contre quelqu’un? Plutôt que
de dire : «Je suis vraiment fru contre lui»,
pourquoi ne pas dire : «Je vais lui faire voir de
la série noire!» Voilà une jolie expression
entendue dans les paroles de la chanson de
Boris Vian «Fais-moi mal Johnny» à utiliser!
Expression
à faire circuler Sylvie Plante
Tout Québécois connait les mots asteur et déniaiser. Nous les utilisons dans des contextes où le registre de langue est familier. Pouvez-vous dire qui a écrit ces lignes : « […] j’étais asteur forcé de choisir[…]» et « Ma fille […] ne commence encore qu’à se déniaiser de la naïveté de l’enfance.» Choix de réponses : A) Pierre Falardeau (réalisateur québécois du XXIe siècle) B) Michel Tremblay (romancier québécois du XXIe siècle) C) Michel de Montaigne (auteur français du XVIe siècle) D) Molière (auteur français du XVIIe siècle)
Qui suis-je ? Sylvie Plante
Réponse : C Ces phrases ont été tirées des Essais de Montaigne,
édition Sans commencement et sans fin, GF Flammarion,
1998, 255 pages.
«Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition.» Michel de Montaigne, Essais
«L’amitié a les bras assez longs pour
se tenir et se joindre d’un coin de
monde à l’autre.»
Michel de Montaigne, Essais
Page 3
Nous initions cette année une nouvelle rubrique intitulée Les mots et les sons. Dans cette première chronique, nous vous entretiendrons d’un type d’interjections : l’onomatopée. Ce vocable désigne une création de mot qui, par imitation phonétique, évoque un bruit ou un cri. Ce phénomène linguistique est particulièrement fréquent dans la bande dessinée, où les scénaristes ont redoublé d’imagination pour créer, simplement à l’aide de crayons, une scène digne du cinéma, où les images se conjuguent avec le texte et la musique.
Nous vous proposons ici un petit jeu. Il s’agit de trouver quelques onomatopées à partir des indices suivants : 1. Baiser sonore (comme ceux prodigués par la Schtroumpfette). 2. Lilliputienne, cette onomatopée, lorsqu’elle est répétée ad nauseam, a le pouvoir de
symboliser le sommeil de Gaston, endormi dans son bureau. 3. Ces deux mots matérialisent le choc des baffes distribuées par Obélix aux Romains. 4. Son rétro qui évoque les sonneries de l’époque de Tintin (avant l’ère du numérique).
C’est aussi le son le plus détesté de Gaston, car il interrompt son état de somnolence. 5. Bruit produit par Obélix lorsqu’il peut assouvir son plus grand désir: boire la potion
magique. 6. Interjection qui accompagne les sauts du Marsupilami. 7. Coups de feu rappelant les poursuites armées dans les aventures du plus célèbre des
reporters… Réponses à la page 4
Les mots et les sons Renée-Claude Lorimier
La dictée CLG sera de retour cette année! Elle aura lieu à la session d’hiver, pendant le mois de la Francofête ou, plus
précisément, le 25 mars à midi. Nouveauté cette année : les membres du personnel sont invités à participer à l’activité
pour évaluer eux-mêmes leurs compétences linguistiques. Ils n’auront pas à nous remettre leur copie. En effet, le corrigé
de la dictée sera remis à tous les participants. Plusieurs prix de participation seront aussi tirés au sort pendant
l’évènement.
Cependant, les étudiants qui voudront participer à l’épreuve (et courir la chance de remporter des prix) pourront nous
remettre leur copie afin que nous la corrigions. Notez également que les élèves inscrits au CAF ou dans un cours de
Renforcement en français écrit pourront rédiger une version abrégée plutôt que la
dictée complète.
Nous espérons que vous participerez en grand nombre à l’activité! D’ici-là, nous vous
invitons à lire les prochains numéros de la Lettre buissonnière, où vous trouverez
différentes chroniques et capsules destinées à accroitre votre connaissance de la langue.
À vos agendas Renée-Claude Lorimier
«Je suis affamé de me
faire connaitre.» Michel de Montaigne, Essais
Page 4
La lettre buissonnière, bulletin réalisé dans le cadre du projet Valorisation de la langue, est publié par la Direction des affaires corporatives et des communications du Collège Lionel-Groulx, grâce au soutien de la Direction des études.
Projet Valorisation
de la langue
Rédactrices :
Renée-Claude Lorimier (poste 2863-1)
Sylvie Plante (poste 2362-1)
Mise en page :
Anne Bouchard (poste 2322)
Pourquoi certains mots commençant par un «h» en français permettent-ils l’élision tandis que d’autres l’interdisent? Par exemple, on ne pourrait pas dire L’homard est un crustacé. Le mot homard ne permet ni l’élision du déterminant «le» ni la liaison. On ne peut pas dire Les-Z-homards sont rouges; il faut dire LE homard. En effet, le «h» de homard est un «h» dit aspiré. Par contre, la phrase L’honneur est un bien précieux est tout à fait correcte. Ne pas faire l’élision du «e» devant le mot «honneur» serait erroné, car c’est un «h» muet. Comment peut-on le savoir? Dans Antidote, une petite note le précise. Dans un dictionnaire, il faut regarder la phonétique du mot [entre crochets] : le « h » aspiré est signalé par une apostrophe ( ‘ ). C’est l’origine du mot, son étymologie, qui décide de l’élision du déterminant qui le précède et de la liaison à prononcer entre le déterminant et le mot. Si le mot nous est venu d’une langue germanique, comme c’est le cas pour homard, qui provient de la Scandinavie, son déterminant ne sera pas sujet à l’élision. En contrepartie, les mots d’origine latine commençant par un «h», tels honneur et horreur, voient leur déterminant s’élider et la liaison se faire.
Testez-vous! Les mots suivants sont-ils d’origine germanique («h» aspiré) ou latine («h» non aspiré, muet) :
haricot, hanche, habit, homme, héros?
Saviez-vous que ? Sylvie Plante
L’origine des
expressions Sylvie Plante
Faire amende honorable
L’héroïne de Nathaniel Hawthorne dans La lettre écarlate (The Scarlet letter, 1850) est une femme adultère. En guise de punition, elle doit porter publiquement la lettre A (en rouge) pour adultère, brodée sur ses vêtements. Elle fait «amende honorable» bien malgré elle. Cette expression signifie : «peine infamante consistant dans l'aveu public de la faute». Amende vient du verbe latin emendare : amender, réparer, corriger, améliorer.
Source : Le petit Robert de la langue française
Réponses : Haricot [’aʀiko] , héros [’eʀo] , hanche [’ɑ̃ʃ ] sont des mots germaniques. Habit [abi] et homme [ɔm] sont d’origine latine.
Réponses du jeu Les mots et les sons 1. smack!
2. zzzzz ZZZZZ
3. pif! paf!
4. dring
5. slurp
6. hop!
7. pan!
« […] au plus élevé trône du monde, [nous] ne
sommes assis que sur notre cul.»
Michel de Montaigne, Essais