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ÉCOLE RÉGIONALE POST-UNIVERSITAIRE D’AMÉNAGEMENT ET DE GESTION
INTEGRÉS DES FORÊTS ET TERRITOIRES TROPICAUX
-ÉRAIFT-
Université de Kinshasa, B.P. 15.373 Kinshasa, République Démocratique du Congo
+243815125507 / +243999914967 / +243814661188
E-mail : [email protected]; Site : www.eraift-rdc.cd
Mémoire
Présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en
Aménagement et Gestion intégrés des Forêts et Territoires tropicaux.
PERCEPTION DE GOUVERNANCE DE LA
RESERVE DE FAUNE DE LOMAKO-YOKOKALA
PAR
LES COMMUNAUTES LOCALES
Par
BALIMBAKI LIAMA Ingénieur agronome
5ème promotion
Promoteur : Pr. Théodore TREFON (ULB)
Co-promoteur : Pr. KALAMBAY LUMPUNGU (UNIKIN)
Année académique 2011-2012
Université de Kinshasa, B.P. 15.173 Kinshasa, République Démocratique du RDC
+243815125507 / +243999914967 / +243814661188
Université de Kinshasa, B.P. 15.373 Kinshasa, République Démocratique du Congo
+243815125507 / +243999914967 / +243814661188
E-mail : [email protected]; Site : www.eraift-rdc.cd
Mémoire
Présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en
Aménagement et Gestion intégrés des Forêts et Territoires tropicaux.
PERCEPTION DE GOUVERNANCE DE LA
RESERVE DE FAUNE DE LOMAKO-YOKOKALA
PAR
LES COMMUNAUTES LOCALES
Par
BALIMBAKI LIAMA Ingénieur agronome
5ème promotion
Promoteur : Pr. Théodore TREFON (ULB)
Co-promoteur : Pr. KALAMBAY LUMPUNGU (UNIKIN)
Soutenu le 16 avril 2012 devant le jury composé de:
1. Pr Maurice Tsalefac, Président (Univ. Dschang)
2. Pr Baudouin Michel, Secrétaire (ERAIFT)
3. Pr Raymond Lumbuenamo Sinsi, Membre (UNIKIN)
4. Pr Kalambay Lumpungu, Membre (UNIKIN)
ÉCOLE RÉGIONALE POST-UNIVERSITAIRE D’AMÉNAGEMENT ET DE GESTION INTEGRÉS
DES FORÊTS ET TERRITOIRES TROPICAUX -ÉRAIFT-
Année académique 2011-2012
i
EPIGRAPHE
« La croyance que rien ne change provient
soit d’une mauvaise vue, soit d’une mauvaise
foi. La première se corrige, la seconde se
combat ».
Friedrich NIETZSCHE
ii
A vous mes parents ;
A toi, ma femme ;
A vous mes enfants.
Aimé-joseph BALIMBAKI LIAMA
iii
Je pense d’abord à l’UNESCO/MAB, au gouvernement
de la République Démocratique du Congo ainsi qu’à tous les
partenaires de l’Ecole Régionale post-universitaire
d’Aménagement et de gestion Intégrés des Forêts et Territoires
tropicaux dont je suis l’émanation pour la formation et le fonds
alloué pour cette cause.
Je tiens particulièrement à remercier les professeurs
Théodore TREFON et KALAMBAY LUMPUNGU de m’avoir
éclairé et fait part de leur savoir sur le sujet de la perception de
gouvernance de la Réserve de Faune de Lomako-Yokokala
(RFLY) par les communautés locales.
Toute ma reconnaissance au professeur MUTAMBWE
SHANGO pour ses remarques et observations.
J’exprime ma gratitude à l’endroit des messieurs
Valentin OMASOMBO et Jean-Baptiste BEFONGA,
respectivement conservateur et chargé de la conservation
communautaire de la (RFLY), ainsi qu’à tous les agents de cette
aire protégée pour leurs services, accompagnement et échanges
fructueux que nous avons eus. Aussi, à toute la communauté
riveraine à la RFLY ainsi qu’à toutes les autorités politico-
administratives du district de la Tshuapa, pour l’enthousiasme
et l’intérêt qu’ils ont manifestés pour nos entretiens.
Un mot d’amour et un grand merci à toutes les
personnes de ma famille qui me sont si chères et qui m’ont
toujours soutenu.
Aimé-joseph BALIMBAKI LIAMA
REMERCIEMENTS
iv
ACRONYME
AWF : African Wildlife Foundation
BM : Banque Mondiale
CDD : Commissaire de District
CEECEC : Civil society engagement with ecological economics
CIEM : Conseil International d'Education Mésologique
CoCoCongo : Comité de Coordination au Congo
COCOSI : Comité de Coordination du site
COMIFAC : Commission des Forêts d’Afrique Centrale
DEA : Diplôme d’étude approfondie
DSCRP : Document Stratégique de Croissance et de Réduction de la Pauvreté
ERAIFT : Ecole Régionale Post-universitaire d’Aménagement et de Gestion Intégrés
des Forêts et Territoires Tropicaux
FAO : Food an Agricultural Organisation
FMI : Fonds Monétaire International
GEPAC : Gestion Participative en Afrique Centrale
GIC : Gilman International Conservation
GIEC : Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat
GTZ : Deutshe Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit
ICCN : Institut Congolais pour la Conservation de la Nature
MAB : Man and Biosphère
MECNT : Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme
MEFT : Ministère de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme
MLW : Maringa-Lopori-Wamba
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PCC-MLW : Président du Cadre de Concertation du projet Maringa-Lopori-Wamba
PFBC : Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
REDD+ : Réduction des Emissions dues à la Déforestation et à la Dégradation
REFADD : Réseau des Femmes Africaines pour le Développement Durable
RFLY : Réserve de Faune de Lomako-Yokokala
RFI : Radio France Intarnationale
RP : Représentant des Kitawalistes
SOFORMA : Société Forestière des Matières ligneuses Africaine
UICN : Union Internationale pour la conservation de la nature
ULB : Université Libre de Belgique
UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization
UNIKIN : Université de Kinshasa
UNOPS : United Nations Office for Project Services
UPPE- SRP : Unité de Pilotage du Processus d’Elaboration et de mise en oeuvre de la
Stratégie de Réduction de la Pauvreté
USA : United Stated of America
USAID : United States Agency for International Development
WCS : Wildlife Conservation Society
WRI : World Resources Instutute
WWF : World Wide Fund for Nature
v
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS ............................................................................................................. III
RÉSUMÉ .............................................................................................................................. VIII
INTRODUCTION .................................................................................................................... 1
0.1 PROBLEMATIQUE ............................................................................................................... 1
0.2. OBJECTIFS DE L’ETUDE ..................................................................................................... 4
0.3. HYPOTHESE ...................................................................................................................... 4
0.4. IMPORTANCE DE L'ETUDE .................................................................................................. 4
CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE ............................................................... 6
1.1. COMMUNAUTE LOCALE ..................................................................................................... 6
1.2. GOUVERNANCE PAR DES POPULATIONS AUTOCHTONES ET DES COMMUNAUTES LOCALES. 6
1.3. QUALITE DE LA GOUVERNANCE ........................................................................................ 6
1.4. AIRE PROTEGEE ................................................................................................................ 7
1.5. TERRITOIRES ET AIRES PROTEGEES DES POPULATIONS LOCALES ....................................... 8
1.6. GOUVERNANCE DES AIRES PROTEGEES ............................................................................. 9
1.7. RESERVE DE FAUNE ........................................................................................................ 10
1.8. APERÇU DU CONTEXTE DE LA CONSERVATION EN RDC .................................................. 10
1.8.1. Environnement socio-économique et politique des aires protégées ................................ 10
1.8.2. Institution de gestion des aires protégées en RDC .......................................................... 12
1.8.3. Evolution du cadre réglementaire de conservation de la nature en RDC ........................ 13
1.8.4. Ressources humaines, matérielles et financières de l’ICCN ........................................... 15
1.9. PLACE DE LA RFLY DANS LA CONSERVATION ................................................................ 16
CHAPITRE 2 : MILIEU, MATERIEL ET METHODES ................................................. 17
2.1. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE .............................................................................. 17
2.1.1. Localisation et superficie de la zone d’étude ................................................................... 17
2.1.2. Milieu biophysique .......................................................................................................... 18
2.1.2.1. Relief et altitude ........................................................................................................... 18
2.1.2.2. Climat ........................................................................................................................... 18
2.1.2.3. Hydrographie ................................................................................................................ 19
2.1.2.4. Géologie et sols ............................................................................................................ 19
2.1.2.5. Végétation .................................................................................................................... 20
2.1.2.6. Faune ............................................................................................................................ 20
2.1.2.7. Produits forestiers non ligneux ..................................................................................... 22
2.2. METHODES ..................................................................................................................... 22
2.2.1. Entretien .......................................................................................................................... 22
2.2.1.1. Thèmes d'entretiens ...................................................................................................... 22
2.2.1.2. Acteurs concernés ......................................................................................................... 23
2.2.1.3. Techniques d'entretien. ................................................................................................. 23
2.2.1.4. Guide d’entretiens et schéma d'entrevue ...................................................................... 24
2.2.1.5. Choix de l'échantillon ................................................................................................... 24
vi
2.2.2. Observations de terrain .................................................................................................... 26
2.2.3. Documents et Cartes ........................................................................................................ 27
2.2.4. Dépouillement et traitement des données ....................................................................... 27
2.2.5. Analyse ............................................................................................................................ 28
2.2.6. Difficultés rencontrées ..................................................................................................... 28
2.2.7. Organisation du travail .................................................................................................... 29
CHAPITRE 3 : RESULTATS DE L’ETUDE ..................................................................... 30
3.1. DES ENTRETIENS DANS LE GROUPEMENT BOYELA .......................................................... 30
3.1.1. Historique du groupement Boyela ................................................................................... 30
3.1.2. Les aspects législatifs, réglementaires, institutionnels, juridiques, politico-administratifs
et fonciers ....................................................................................................................... 31
3.1.3. Les aspects socio-économiques ....................................................................................... 34
3.2. DES ENTRETIENS DANS LE GROUPEMENT LOMA .............................................................. 37
3.2.1. Historique du groupement Loma ..................................................................................... 38
3.2.2. Les aspects législatifs, réglementaires, institutionnels, juridiques, politico-administratifs
et fonciers ....................................................................................................................... 39
3.2.3. Les aspects socio-économiques ....................................................................................... 42
3.3. DES ENTRETIENS AVEC LES INFORMATEURS CLES ........................................................... 45
3.3.1. Entretien avec le représentant des Kitawalistes de la RFLY ........................................... 45
3.3.2. Entretien avec le représentant de la société civile du secteur de Lomako ....................... 48
3.3.3. Entretien avec le chef de secteur de Lomako .................................................................. 50
3.3.4. Entretien avec le président du cadre de concertation du projet Maringa-Lopori-Wamba
pour le territoire de Befale ............................................................................................. 53
3.3.5. Entretien avec le gestionnaire ou le conservateur de la RFLY ........................................ 56
3.3.6. Entretien avec le représentant d’African Wildlife Foundation ........................................ 64
3.3.7. Entretien avec le commissaire de district de la Tshuapa ................................................. 67
3.3.8. Entretien avec le procureur de la République dans le district de la Tshuapa .................. 69
3.4. ANALYSE DE LA SITUATION ACTUELLE DE LA CONSERVATION DE LA RFLY ................... 69
CHAPITRE 4 : DISCUSSION .............................................................................................. 72
CONCLUSION ....................................................................................................................... 76
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 79
ANNEXE 1: GRILLE D'ENTRETIEN…………………………………………………...- 1 -
ANNEXE 2: ORGANIGRAMME DE LA RFLY………………………………………..- 7 -
ANNEXE 3 : CARTOGRAPHIE PARTICIPATIVE DE LA RFLY………………..……- 8 -
ANNEXE 4 : CARTE ADMINISTRATIVE DE LA RFLY…………………………..…- 9 -
ANNEXE 5 : CARTOGRAPHIE PARTICIPATIVE DU TERROIR COMMUNAUTAIRE
DES GROUPEMENTS DU SUD DE LA RFLY………………………….…....- 10 -
ANNEXE 6 : LISTE DES PARTICIPANTS AUX ENTRETIENS…………………….- 11 -
vii
Liste des tableaux
Tableau 1 : Catégories internationales d’aires protégées et objectifs correspondants
Tableau 2: Répartition des entretiens selon les villages et les focus groupes
Tableau 3: Répartition des entretiens selon les catégories et les Sous-catégories
Tableau 4 : Données démographiques du groupement Boyela (2011)
Tableau 5 : Organisation du travail
Tableau 6 : Données démographiques du groupement Loma (2011)
Tableau 7 : Analyse de la situation actuelle de la conservation de la RFLY
Liste des figures
Figure 1 : Carte de la classification des aires protégées de la RDC
Figure 2 : Carte du découpage administratif de la RFLY de Faune de Lomako-Yokokala.
Figure 3 : La principale voie d’accès à la RFLY de Faune de Lomako-Yokokala
Figure 4 : Carte du réseau hydrographique de la RFLY de Faune de Lomako-Yokokala.
Figure 5 : Abondance et distribution des types de végétations
Figure 6 : Une des espèces phares de la RFLY : le Bonobo
Figure 7 : Focus groupe au village Lisoko (groupement Boyela) tenu le 20 décembre 2011
Figure 8 : Difficulté de navigation sur la rivière Lomako
Figure 9 : Focus groupe au village Bolima (groupement Loma) tenu le 22 décembre2011
Figure 10 : Croquis des limites foncières du secteur de Lomako
Figure 11 : Les femmes, pylônes des foyers, se rendant aux champs ;
Figure 12 : Une école primaire dans le groupement Loma
Figure 13 : Un des nos collègues au milieu de quatre Kitawalistes parmi lesquels, à gauche,
leur représentant au Comité de coordination du site, dans le village Djoleke
Figure 14: La (route) réclamée pour réhabilitation dans le cahier des charges
Figure 15 : Un braconnier tombé dans le filet des éco-gardes de la RFLY
Figure 16 : Infrastructure type de la RFLY : un dispensaire à Lingunda
Figure 17 : Les éco-gardes de la RFLY de Faune de Lomako-Yokokala en parade
viii
RÉSUMÉ
Cette étude est une contribution à la mise en œuvre d’une stratégie pouvant conduire à une
gestion inclusive et durable des ressources naturelles de la Réserve de Faune de Lomako-
Yokokala (RFLY).
L’arrêté ministériel portant création de cette Réserve précise en son article 5 : « La RFLY sera
aussi gérée de manière à contribuer au développement socio-économique des populations
riveraines par le biais de Conservation Communautaire Participative ».
Pour atteindre ce but, l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) a mis en
œuvre un plan de gestion qui, à ce jour, ne donne pas de résultat satisfaisant pour plusieurs
parties prenantes de la RFLY, particulièrement, la population riveraine.
La démarche systémique et participative suivie dans cette étude a considéré plusieurs aspects
de gouvernance. Elle a fait intervenir tous les acteurs concernés, à savoir, la population, les
gestionnaires, les scientifiques, et les décideurs.
L’étude a montré que les problèmes de gouvernance se posent avec acuité dans la Réserve de
Faune de Lomako-Yokokala ; les communautés locales perçoivent la gouvernance de cette
aire protégée comme un assujettissement à une retenue effectuée par la puissance publique sur
leurs ressources naturelles. En effet, depuis cinq ans que cette Réserve existe, aucune
indemnité préalable n’a été octroyée à la communauté locale. Aussi, cette dernière ne trouve
pas d’intérêt pour l’existence de cette aire protégée. De plus, même avec l’appui des
partenaires, l’ICCN peine à faire partir de la RFLY les groupes de populations qui y habitent,
alors que cette aire protégée a le statut de réserve intégrale. Egalement, les parties prenantes à
la RFLY, notamment l’Etat et la population, n’ont pas respecté leurs engagements pour la
conservation participative de ce domaine d’utilité publique. Enfin, la loi en matière de
conservation en République Démocratique du Congo ne suffit pas pour garantir une gestion
durable des aires protégées. La participation telle que vécue par la population riveraine à la
RFLY est du type « participation passive ou persuasion ».
La Réserve de Faune de Lomako-Yokokala est donc un exemple de non appropriation d’une
aire protégée par les riverains.
ix
SUMMARY
This study is a contribution to the implementation of a strategy that could lead to an inclusive
and sustainable management of natural resources of the Wildlife Reserve of Lomako-
Yokokala.
The ministerial order establishing the reservation states in Article 5: "The reserve will also be
managed so as to contribute to socio-economic conditions of local residents through
Community Participatory Conservation."
To achieve this goal, the Congolese Institute for Nature Conservation has implemented a
management plan that, to date, does not give satisfactory results for many stakeholders of the
reserve, particularly for the local population.
The systemic and participatory approach followed in this study has considered many aspects
of governance. It involves all stakeholders, namely, the people, managers, scientists, and
policymakers.
The study showed that governance problems are acute in the Wildlife Reserve of Lomako-
Yokokala; local communities perceive the governance of this protected area as a liability to a
deduction by the public over their natural resources. Indeed, five years that the reservation
exists, no compensation has been granted prior to the local community. Also, the local
community does not find interest in the existence of this protected area. Moreover, even with
the support of partners, the Congolese Institute for Conservation of Nature to do just from the
reserve population groups living there, while this protected area has the status of
wilderness. Also, stakeholders in the reserve, including the state and the population, have not
fulfilled their commitments to participatory conservation of this area of public utility. Finally,
the law of conservation in the Democratic Republic of Congo is not sufficient to guarantee
sustainable management of protected areas. Participation as experienced by the population
living in the reserve is on a 'passive participation or persuasion. "
Wildlife Reserve of Lomako-Yokokala is an example of non-ownership of a protected area by
local residents.
1
INTRODUCTION
0.1 Problématique
La superficie forestière du monde qui a pour principale fonction désignée la conservation de
la diversité biologique s'est accrue de plus de 95 millions d'hectares depuis 1990, dont 46 %
ont été affectés à la conservation entre 2000 et 2005. Ces forêts représentent actuellement 12
% de la superficie forestière totale, soit plus de 460 millions d'hectares. Elles sont
essentiellement, mais pas exclusivement, situées à l’intérieur d'aires protégées (FAO, 2010).
L’intérêt grandissant accordé à la protection de l’environnement en général et aux
écosystèmes en particulier a amené plusieurs Etats africains à créer des aires protégées sur
leur territoire (Union Internationale pour la Conservation de la Nature, 1994).
Toutefois, les aires protégées restent primordiales pour les populations riveraines, dans la
mesure où celles-ci en tirent de nombreuses ressources pour leur subsistance (gibier, pêche,
bois, miel, etc.). Elles renferment par ailleurs de nombreux sites d’importance culturelle ou
spirituelle de forte valeur pour la population environnante (UICN, 2010).
Au regard de son objectif d'augmenter la superficie totale d’aires protégées de 8 à 17 % sur
l'ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo, le gouvernement
Congolais, avec le soutien d’African Wildlife Foundation a créé, par arrêté ministériel n°
024/CAB/MIN/ECN-EF/2006 du 28 juin 2006, la Réserve de Faune de Lomako-Yokokala.
La forêt de Lomako-Yokokala a été identifiée depuis les années 1950 comme une zone de
grande importance pour la biodiversité et, depuis les années 1980, comme une zone à
protéger. Elle est considérée par BirdLife International comme une zone importante pour la
conservation des oiseaux. Jusqu’aujourd’hui, la protection intégrale de cette forêt de 3.625
km² est prioritaire pour l’Institut Congolais pour la Conservation pour la Nature (Partenariat
pour les Forêts du Bassin du Congo, 2006).
Les bonobos qui vivent dans cette réserve sont devenus de plus en plus attractifs depuis les
années 70 grâce aux projets de recherche scientifique des Instituts belges, américains et
allemands dans la région (www.LaConscience.com).
Selon le rapport de la mission de délimitation de la RFLY, 14 campements de pêche et de
chasse ainsi que quelques 2 villages du groupe religieux dénommé « Kitawala », ont été
reconnus à l’intérieur des limites de la réserve proposée. D’autres campements ont été
2
identifiés en bordure et ont fait partie malgré tout de la zone devant faire portion intégrante de
la zone tampon immédiate de la RFLY (Muembo et Omasombo, 2005).
Ce même rapport renseigne que les Kitawalistes habitant les villages à l’intérieur de la RFLY
à savoir, Losombo et Siasia ont énergiquement manifesté leur résistance et ont fait part de leur
volonté négative à l’initiative de conservation et de création de la RFLY. Ils ont refusé de
s’impliquer dans cette initiative de l’Etat et se sont dits ne pas être concernés. Ils ont même,
sans aucune considération, invité à faire part de leur prise de position aux autorités.
Une sorte de confusion et d’incompréhension règne auprès de ces groupes religieux vis-à-vis
de l’autorité de l’Etat et de la propriété foncière pour ne citer que cela. Ainsi, cinq ans après
la création de cette réserve, il y a nécessité de se pencher sur la perception de gouvernance de
ce domaine public de l’Etat par les communautés locales étant donné que les fonctions
essentielles de cette aire protégée doivent être préservées, aussi bien pour l’Etat que pour les
communautés locales, par l’établissement d’un système de gestion qui soit efficace et
harmonieux.
Cela d’autant plus qu’au niveau national, on s’efforce à augmenter la superficie des aires
protégées, tandis qu’au niveau local, on assiste aux attitudes antiprotectionnistes de plus en
plus croissantes caractérisées par des pressions humaines de natures diverses dans les zones
protégées. Citons, à titre indicatif, l’accentuation du braconnage, la coupe de bois généralisés,
les conflits des terres et l’intolérance du personnel des espaces protégés. Les impacts de ces
activités sur les aires protégées et apparentées restent ignorés (ICCN, 2009).
Cependant, le contexte qui sert de cadre à la régulation du climat est caractérisé par la
reconnaissance du réchauffement climatique global et la destruction de la couche d'ozone
causés par l'augmentation des polluants atmosphériques et/ou des gaz à effet de serre qui ont
des effets néfastes sur la diversité biologique (Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du
Climat, 2007).
Les communications nationales sur les changements climatiques et le Programme d’Action
National d’Adaptation aux changements climatiques, PANA, en sigle, ont clairement mis en
évidence les modifications de température et de précipitation liées au changement climatique
ainsi que leurs impacts sur les activités humaines et les milieux naturels. Il est attendu que
d’ici 2050, la température moyenne annuelle du pays augmentera de 2,5 à 3,7 °C ; les
sécheresses saisonnières se fassent de plus en plus fréquentes et longues ; la pluviométrie
3
annuelle augmente dans la région de cuvette alors qu’elle diminuera sensiblement dans le
reste du pays (Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme, 2010).
La contribution de la RDC à la lutte contre les changements climatiques devrait être axée sur
la préservation des forêts naturelles existantes dont une grande partie est située à l’intérieur
d'aires protégées, plutôt que sur une comptabilisation nette (émissions moins absorptions), qui
inciterait à multiplier les projets de séquestration, aux conséquences incertaines et dénués de
tout intérêt social et environnemental.
En effet, GREENPEACE, 2010, affirme qu’il serait extrêmement risqué, du point de vue de la
biodiversité et des populations riveraines, d’envisager de détruire 30% des savanes arbustives
ou forêts mosaïques au profit de plantations industrielles monospécifiques, d’acacias ou
d’eucalyptus (plantations les plus rentables du point de vue de la capacité de séquestration).
L’ICCN a élaboré en 2005 sa stratégie nationale de conservation de la biodiversité dans les
aires protégées qui définit 19 programmes prioritaires à mettre en œuvre dans les 10 années
prochaines. Etant donné que la conservation communautaire est l’un de ces 19 programmes, il
va de soi que l’implication des communautés dans la conservation des aires protégées soit une
priorité que s’est fixé cette entreprise.
En même temps, la RDC a pris des engagements pour se lancer dans un processus de
préparation à la REDD+ qui vise à élaborer une stratégie nationale et un plan d’action
opérationnel associé à fin 2012.
Malgré ces engagements, dans les aires protégées, les questions de rapports existant entre les
populations riveraines et l’administration en charge de la gestion dans ce patrimoine de l’Etat
demeurent cruciales dans la mesure où ces aires protégées sont aussi dramatiquement
convoitées et, cela dans un contexte marqué par l’inconsistance des politiques publiques et par
des pressions humaines non maîtrisées des ressources forestières dans les aires protégées.
Autant, il y a nécessité de connaître si la collaboration entre l’ICCN, les partenaires
internationaux et les communautés locales est idéale.
Au-delà de ces liens qui semblent antagonistes, des interrogations existent quant à
l’intervention des organisations non gouvernementales à la protection des aires protégées,
particulièrement de la RFLY.
De ce qui précède, la question fondamentale de recherche est de savoir : Quelle est la
perception de gouvernance de la RFLY par les communautés locales?
4
La réponse à cette question principale s'avèrera indispensable dans la mesure où l’arrêté qui
crée la RFLY précise qu’elle sera aussi gérée de manière à contribuer au développement
socio-économique des populations riveraines par le biais de conservation communautaire
participative.
0.2. Objectifs de l’étude
L’objectif général poursuivi dans cette étude est d’établir la manière dont les communautés
locales perçoivent la gouvernance des aires protégées de la RDC, particulièrement de la
RFLY, en vue de leur appropriation par celles-ci.
Pour y arriver les objectifs spécifiques consisteront à :
procéder à un diagnostic socio-économique de la communauté riveraine à la RFLY ;
présenter la situation actuelle de la conservation de la RFLY et faire le point de la
conservation communautaire telle que précisée dans l’arrêté créant cette aire protégée ;
apprécier les rapports existant entre les populations riveraines et l’administration en
charge la gestion de ce patrimoine de l’Etat en vue de ressortir la perception de
gouvernance de la RFLY par les riverains ;
analyser l’intervention des organisations non gouvernementales à la protection des
aires protégées, particulièrement de la RFLY.
0.3. Hypothèse
L’hypothèse qui se dégage de la question fondamentale de recherche est que : les
communautés locales ont une perception particulière de gouvernance sur la RFLY. Elles la
considéreraient comme un assujettissement à une retenue effectuée par la puissance publique
sur leurs ressources naturelles ; d’où, elles ne s’en approprieraient pas.
0.4. Importance de l'étude
La RFLY fait partie intégrante de la landscape de la Maringa-Lopori-Wamba.
Les études réalisées sur la RFLY ont permis de disposer des données de base sur les
ressources naturelles ou sur l’écologie notamment, « Caractéristiques biologiques et
anthropiques de la RFLY (présence, abondance, distribution des grands mammifères et
activités humaines dans la RFLY) » (Omasombo, 2007) ; « Observations of Congo peafowl
(Afropavo Congolensis) at the Equateur Province-Zaire » (Dupain, Van Krunkelsven, Van
5
Elsacker, and Verheyen, 1996c),…. D’autres études menées sur le site ont porté sur
l’inventaire de la faune telle que « la situation actuelle des espèces phares dans la réserve
proposée de Lomako (une future aire protégée pour l’ICCN) » (Omasombo, 2004).
L’intérêt des différentes études précitées réside dans le fait qu’elles ont permis de fournir des
informations sectorielles sur l’opportunité et la faisabilité de créer la RFLY, de plus, dans le
fait qu’elles mettent en exergue les richesses naturelles que renferme cette aire protégée.
La présente étude qui porte sur « perception de gouvernance de la RFLY par les communautés
locales » trouve son importance dans la mise en œuvre d’une stratégie pouvant conduire
véritablement à une gestion inclusive et durable des ressources naturelles de la RFLY en vue
d’atteindre les objectifs assignés à ce domaine de l’Etat de par sa création.
Dans une approche systémique, elle donne des pistes pouvant conduire à améliorer l’exercice
du pouvoir autour des ressources naturelles par une prise en compte des points de vue de tous
les acteurs intervenant dans la préservation de la RFLY afin de réduire l’impact des facteurs
qui peuvent entraver à court ou à long terme la conservation dans cette aire protégée. Il s’agit
à titre d’exemple, de tenir compte du développement socio-économique des populations
riveraines à la RFLY.
En plus des considérations évoquées ci-dessus, les préoccupations soulevées dans cette étude
cadrent avec les objectifs de la formation de l'Ecole Régionale post-universitaire
d’Aménagement et de gestion Intégrés des Forêts et Territoires tropicaux, ERAIFT, en sigle
qui vise à:
former des cadres en mesure de gérer le système interactif complexe, formé de deux
sous-systèmes, l'un socioculturel - les hommes, les populations -, l'autre, biophysique -
les forêts tropicales;
assurer la formation des professionnels aptes à percevoir les problèmes du
développement qui se posent dans les territoires africains, à les analyser dans leurs
causes, dans leurs interactions et, dans une perspective interdisciplinaire et
intersectorielle;
mettre au point et appliquer des stratégies en mesure de résoudre ces problèmes et
évaluer les actions entreprises.
Comme on peut le constater, l’étude sur perception de gouvernance de la RFLY par les
communautés locales est donc en relation avec l’esprit de l’ERAIFT.
6
CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE
Ce chapitre va comprendre les définitions et les concepts que les auteurs, les lois et les
règlements utilisent dans le but de cerner tous les contours liés au thème de recherche.
1.1. Communauté locale
La loi n° 011/2002 du 29 août 2002 portant code forestier en RDC, en son article premier
définit les termes « communauté locale » comme une population traditionnellement organisée
sur la base de la coutume et unie par des liens de solidarité clanique ou parentale qui fonde sa
cohésion interne. Elle est caractérisée, en outre, par son attachement à un terroir donné.
1.2. Gouvernance par des populations autochtones et des communautés locales.
Ce type de gouvernance inclut deux sous-ensembles principaux à savoir : les aires et les
territoires des populations autochtones établis et gérés par des populations autochtones et les
zones de conservation communautaire, créées et gérées par les communautés.
Ces sous-ensembles, qui peuvent ne pas être nettement distincts, s’appliquent tant à des
populations qu’à des communautés sédentaires et nomades. L’UICN définit ce type de
gouvernance comme des aires protégées où l’autorité et la responsabilité de la gestion sont
confiées aux peuples autochtones et aux communautés locales sous diverses formes
d’Institutions ou de réglementations coutumières ou juridiques, formelles ou informelles.
Les réglementations s’entremêlent généralement avec des valeurs culturelles et spirituelles. Le
droit coutumier et les organisations qui gèrent les ressources naturelles ne bénéficient pas
souvent de la reconnaissance légale. Dans d’autres cas, cependant, les peuples autochtones
et/ou les communautés locales sont pleinement reconnues comme les autorités en charge
d’aires protégées reconnues par l’Etat ou possèdent un droit légal sur la terre, l’eau ou les
ressources. Quelle que soit la structure, les accords de gouvernance exigent que l’aire qui est
sous le contrôle des peuples autochtones et/ou des communautés locales ait des Institutions et
des réglementations identifiables responsables de l’atteinte des objectifs de l’aire protégée.
1.3. Qualité de la gouvernance
En se basant sur l’expérience de terrain, l’UICN a exploré une série de grands principes de
bonne gouvernance des aires protégées, y compris :
7
Légitimité et droit à la parole : dialogue social et accords collectifs sur les objectifs
et les stratégies de gestion des aires protégées sur la base de la liberté d’association et
de parole, sans discrimination liée au sexe, à l’ethnie, au mode de vie, aux valeurs
culturelles ou à quelque autre caractéristique ;
Subsidiarité : attribuer l’autorité et la responsabilité de la gestion aux Institutions qui
sont les plus proches des ressources en jeu ;
Impartialité : partage équitable des coûts et bénéfices de la création et de la gestion
des aires protégées et possibilité de recourir à un jugement impartial en cas de conflit ;
Non préjudice : s’assurer que les coûts de la création et de la gestion des aires
protégées ne génèrent pas, ou n’aggravent pas la pauvreté ou la vulnérabilité ;
Direction : encourager et préserver une vision créative et cohérente à long terme pour
l’aire protégée et pour ses objectifs de conservation ;
Performance : conserver efficacement la biodiversité tout en répondant aux
préoccupations des parties prenantes et faire une utilisation raisonnable des ressources;
Droits humains : respecter les droits humains, dans le contexte de la gouvernance des
aires protégées, y compris ceux des générations futures.
Responsabilité : faire une distinction nette entre les devoirs de chacun et garantir que
les parties prenantes rapportent de façon adéquate et assument correctement leurs
responsabilités ;
Transparence : garantir que toutes les informations pertinentes sont accessibles à
toutes les parties prenantes ;
1.4. Aire protégée
Au cours des ans, les types d’aires protégées se sont multipliés. Depuis près de quarante ans,
l’UICN, par l’intermédiaire de sa Commission des Parcs Nationaux et des Aires Protégées
(CPNAP), donne des orientations au plan international sur la façon de classer les aires
protégées. Elle a proposé dix catégories considérées.
Le tableau ci-après, résume les catégories internationales d’aires protégées et objectifs
correspondants :
8
Tableau 1 : Catégories internationales d’aires protégées et objectifs correspondants
Objectifs de conservation
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I II III IV V VI VII VIII IX X
Maintenir des exemples d’écosystèmes à l’état
naturel 1 1 1 1 2 3 1 2 1 1
Maintenir la diversité écologique et l’équilibre
du milieu naturel 3 1 1 2 2 2 1 2 1 1
Conserver les ressources génétiques 1 1 1 1 2 3 1 3 1 1 Assurer l’éducation, la recherche et la
surveillance continue de l’environnement 1 2 1 1 2 3 2 2 1 1
Conserver le bassin versant 2 1 2 2 2 2 2 2 2 2 Juguler l’érosion, la sédimentation ; protéger les
investissements en aval 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3
Produire des protéines et produits animaux
(faune) ; autoriser chasse et pêche sportives 2 3 3 3 1 3 1
Services récréatifs et touristiques 1 2 3 1 3 1 3 1 Produire bois, fourrage ou produits marins de
façon durable 3 2 3 1 3
Protéger sites et monuments culturels,
historiques et archéologiques 1 2 3 1 3 3 1 3 1
Protéger la beauté des paysages 3 1 2 2 1 3 2 1 Préserver des options ; gérer de façon souple ;
permettre l’utilisation multiple 3 3 2 1
Encourager l’utilisation rationnelle et durable de
terres marginales et le développement rural 2 1 2 2 1 3 2 1 2 2
Source : adapté de l’UICN, 1978a in J.C. Heymans, cité par Nsenga, 2001.
1.5. Territoires et aires protégées des populations locales
De nombreuses aires protégées officiellement désignées sont en même temps les terres et les
eaux ancestrales des populations, de cultures et de communautés locales, spécialement dans
des régions comme l’Amérique latine, l’Amérique du Nord, l’Océanie, l’Afrique, l’Asie et
l’Arctique. L’UICN a depuis longtemps adopté et encouragé, en matière d’aires protégées, les
politiques qui respectent les droits et les intérêts des populations locales et elle a développé
des outils et des approches pour faciliter leur reconnaissance et leur mise en œuvre (Dudley,
2008).
Les principales caractéristiques marquantes des aires protégées des peuples locales concernent
les accords politiques passés entre ceux-ci et les autorités nationales pour l’administration des
9
terres des peuples autochtones et de leurs ressources. Ces caractéristiques sont principalement
les suivantes :
1. Elles se fondent sur les droits collectifs de la population locale, de la nation ou de la
communauté concernée sur les terres, les territoires et les ressources, dans un contexte
national ;
2. Elles sont établies comme aires protégées en application du droit d’autodétermination,
qui s’exerce principalement par :
L’auto-proclamation de l’aire protégée par le peuple local ou la nation qui a
des droits territoriaux collectifs sur l’aire ;
Le consentement libre, préalable et informé du peuple, de la nation ou de la
communauté qui a des droits territoriaux sur l’aire, au cas où la proposition de
désignation vient d’organes du gouvernement, d’organisations de conservation
et d’autres acteurs.
3. Elles se fondent sur une occupation ancestrale ou traditionnelle ;
4. L’occupation, l’utilisation et la gestion sont liées à, et dépendent de la structure plus
large, socioculturelle et politique, d’un peuple ou d’une nation, qui inclut leur droit et
leurs Institutions coutumiers ;
5. Elles sont autogérées par des Institutions locales au sein de leurs territoires et des aires
protégées qui s’y trouvent, en application des accords passés avec les autorités
responsables du réseau des aires protégées.
1.6. Gouvernance des aires protégées
Trois des principaux organismes qui ont promu le concept de gouvernance depuis les années
80 sont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et le Programme des Nations
unies pour le développement. La « bonne gouvernance » est devenue un mot passe-partout
dominant dans la littérature sur le développement soutenable/international. Les principaux
bailleurs ainsi que les Institutions financières internationales comme la BM et le FMI basent
ordinairement leur aide et leurs prêts sur des conditions de réformes d‘ajustement structurel
censées assurer que des mesures de « bonne gouvernance » soient prises (CEECEC, 2010).
Tant l’UICN que la convention sur la diversité biologique reconnaît la légitimité de nombreux
types de gouvernance. En ce qui concerne l’autorité qui détient le pouvoir de décision et la
responsabilité de la gestion des aires protégées, l’UICN (2008) distingue quatre grands types
de gouvernance des aires protégées à savoir gouvernance par le gouvernement, gouvernance
10
partagée, gouvernance privée et gouvernance par des populations autochtones et des
communautés locales.
1.7. Réserve de faune
En droit Congolais, il n’y a pas de définition sur la Réserve de faune. Cependant, d’après le
décret camerounais n° 23/170 du 12 avril 1983, une Réserve de faune est une aire mise à part
pour la conservation, l’aménagement et la propagation de la vie animale sauvage, ainsi que
pour la protection et l’aménagement de son habitat. La chasse, l’abattage ou la capture des
animaux y sont interdits à toute personne sauf aux autorités de la Réserve, ou sous leur
direction ou sous leur contrôle, et uniquement dans le but de la protection de cette faune, de
son habitat ou des populations humaines ou des leurs biens. L’habitation et les activités
humaines y sont interdites ou soumises à une réglementation particulière (Ngandjui, 1997).
1.8. Aperçu du contexte de la conservation en RDC
Les premières activités de conservation et de recherche sur cette biodiversité ont été lancées
au début du 20ème siècle. Le Parc National Albert, créé en 1925 et aujourd’hui nommé Parc
National des Virunga, fut le premier parc national d’Afrique.
1.8.1. Environnement socio-économique et politique des aires protégées
Les écosystèmes forestiers du pays recèlent un grand nombre d’espèces animales et végétales
qui le place en tête des Etats africains pour plusieurs catégories taxonomiques : près de 480 de
mammifères, 1 090 d’oiseaux, 1 069 de poissons, 350 de reptiles, 20 de caméléons, 15 de
tortues terrestres et dulcicoles, 105 de mollusques aquatiques, 167 de chironomidés et plus de
10 000 d’angiospermes, dont environs 3 000 seraient endémiques (Malele, 2007).
Les aires protégées de la RDC couvrent une superficie administrative de 26 millions
d’hectares, soit 11% du territoire national. Les catégories les plus représentées sont les
domaines de chasse (10,07 millions d’ha), les parcs nationaux (8,25 millions d’ha) et les
réserves naturelles (6,44 millions d’ha).
Parmi les 7 parcs nationaux que compte la RDC, quatre sont inscrits sur la liste des biens du
patrimoine mondial de l'UNESCO (ICCN, 2008).
La carte 1 ci-après, reprend les principales aires protégées de la RDC, y compris les forêts
classées, par catégorie.
11
Figure 1 : Carte de la classification des aires protégées de la RDC (Source : Atlas
forestier interactif de la RDC, 2009).
Malgré cette importance d’aires protégées de la RDC, le DSCRP II (2011), indique que 80 %
de la population de la RDC évaluée à environ 65 millions d’habitants en 2009, avec une
croissance démographique estimée à 3,1% et dont ± 60% vivent en milieu rural, vit en
dessous du seuil de la pauvreté. L’agriculture utilise plus de 70 % de la population et le
revenu annuel moyen du paysan ne dépasse guerre 100 $.
Le PNUD, à travers son dernier rapport sur le développement humain classe la RDC à la
dernière position d’un classement de 187 pays et territoires suivant l’indice de développement
humain pour 2011, renforçant ainsi les indications du document précité (PNUD, 2011).
L’extrême pauvreté des populations Congolaises, les besoins permanents de nouvelles terres
dues à la démographie galopante et aux mauvaises techniques agricoles, les guerres à
répétition et l’insécurité consécutives sont les corollaires à des fortes pressions sur les
ressources naturelles tant à l’extérieur qu’à l’intérieur des aires protégées (ICCN/GEF-PNUD-
UNOPS, 2008).
12
Toutefois, on note certaines opportunités : la fin de la guerre, l’adoption de la nouvelle
constitution qui garantit le droit d’usage des ressources naturelles par les communautés
locales, l’organisation des élections, l’installation des nouvelles Instituions démocratiques : le
Parlement bicaméral avec une commission spéciale chargées des questions
environnementales, les gouvernements central et provinciaux, des financements annoncés en
faveur de la conservation ; les élections présidentielles et législatives pour la deuxième fois
après la longue période de transition favorisent l’environnement général du pays et permettent
un bien meilleur cadre de travail et de collaboration avec toutes les parties prenantes dans la
conservation.
1.8.2. Institution de gestion des aires protégées en RDC
L’ICCN est l’institution chargée de la gestion des aires protégées en RDC. Il a été créé par
l’ordonnance-loi N°75-023 du 22 juillet 1975 portant statut de l’Institut Zaïrois de
Conservation de la Nature puis modifiée et complétée par la loi N°78-190 du 05 mai 1978.
C’est un établissement public à caractère technique et scientifique, doté d’une structure
paramilitaire, d’une personnalité juridique et d’une autonomie de gestion en vertu de la loi
N°08/099 du 7 juillet 2008 portant dispositions générales applicables aux établissements
publics et du décret N°09/012 du 24 avril 2009. Il est placé sous la tutelle du Ministère de
l’environnement, de la conservation de la nature et du tourisme.
Le rôle de l’ICCN est d’assurer la gestion efficace et coordonnée d’un réseau d’aires
protégées pour la conservation durable de la biodiversité de la RDC. Ses principales missions
visent à :
assurer la conservation et la gestion de la biodiversité et des écosystèmes dans les aires
protégées notamment dans les parcs nationaux, les réserves naturelles et les domaines
de chasse ;
valoriser la biodiversité par l’organisation et la promotion de la recherche scientifique
et du tourisme dans les aires protégées, en respect strict des principes fondamentaux
de la conservation de la nature ;
gérer les stations d’élevage et de capture de la faune sauvage établies dans ou en
dehors des aires protégées.
En RDC, les parcs nationaux sont tous institués par des ordonnances spécifiques qui
confirment leur statut de «Réserve Naturelle Intégrale» bien que certaines activités à caractère
13
scientifique et touristique y soient aujourd'hui autorisées. C’est l’ordonnance-loi n°69.041 du
22 août 1969 qui dispose que les parcs nationaux sont créés par ordonnance du Président de la
République sur proposition du gouvernement. Le texte établit que toute partie du territoire de
la République peut être constituée par ordonnance en « Réserve Intégrale » pour les besoins
de la conservation (art.1). Les parcs nationaux constituent des Réserves naturelles intégrales
et sont régis par des textes spéciaux (art.2). D’autres lois ont une importance particulière en
matière de la conservation de la nature :
la loi sur la chasse, ou loi n° 82.008 du 28 mai 1982, fixant la liste des espèces
animales totalement protégés ainsi que les différents permis de chasse. Cette loi est
applicable dans les domaines et Réserves de chasse, et régit la gestion des aires et
périodes de chasse, les instruments et procédés de chasse, la cinématographie et les
guides de chasse. Une décision du Conseil Exécutif de 1984 a suspendu la chasse sur
tout le territoire national ;
la loi n°75-024 du 22 juillet 1975 relative à la création « des secteurs sauvegardés ».
Aux termes de cette loi, tout secteur non soumis aux servitudes humaines légalement
reconnues et présentant un intérêt particulier du point de vue de la conservation, de la
restauration ou du développement doit être sauvegardé. Bien que l'article 3 de la loi
précitée précise que l'organisme chargé de la gestion de ces secteurs soit désigné par
l'ordonnance de sa création, rien n'a encore été fait dans ce sens.
la loi n° 011/2002 du 28 mai 2002 portant Code forestier spécialement en ses articles
10, 11, 12, 13, 14,15 et 16;
la loi 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et
immobilier et régime des sûretés.
1.8.3. Evolution du cadre réglementaire de conservation de la nature en RDC
L’ordonnance-loi n° 69-041 du 22 août 1969, qui régit la conservation de la nature en RDC,
fait actuellement l’objet d’une profonde révision au Parlement. À cet effet, un avant-projet de
loi a été validé le 6 avril 2009. Ce texte prend davantage en compte l’implication des
communautés locales et la promotion du partenariat public-privé dans la gestion des aires
protégées.
Les principales réformes qu’il propose sont :
En ce qui concerne la politique nationale en matière de conservation de la nature,
l’État Congolais a l’obligation de :
14
- élaborer une politique nationale tendant à assurer la conservation et
l’utilisation durables de la diversité biologique, ainsi que la préservation des
paysages, sites et monuments naturels ;
- veiller à ce que toute politique, tout programme ou tout projet de
développement comporte des mesures de sauvegarde définies à l’issue d’une
étude d’impact environnemental et social ;
- prévoir et mettre en œuvre le financement des programmes de formation et
encourager l’exploitation des résultats de la recherche scientifique sur la
diversité biologique et les ressources génétiques ;
- assurer le financement des activités nationales prioritaires dans la stratégie
nationale et plan d’action de la diversité biologique ainsi que dans la stratégie
de conservation des aires protégées en République démocratique du Congo.
Pour ce qui est des principes de base en matière de conservation, elle doit se fonder
sur :
- un système d’aires protégées pour lequel des mesures spéciales sont prises
pour conserver la diversité biologique, assurer la protection des écosystèmes et
des habitats naturels et maintenir des populations viables d’espèces dans leur
milieu naturel ;
- la gestion participative qui forme, informe et implique dans la conservation les
communautés locales riveraines des aires protégées ;
- la valorisation et la protection des connaissances, innovations et pratiques des
communautés locales qui incarnent des modes de vie traditionnels présentant
un intérêt pour la conservation et l’utilisation durables de la diversité
biologique ;
- le partage équitable des bénéfices de l’exploitation des ressources génétiques.
S’agissant de l’accès aux ressources génétiques et leur utilisation, l’État a obligation
de garantir à tout Congolais l’accès équitable aux ressources génétiques. A cet effet,
un décret fixe notamment les conditions de prélèvement de toute espèce de faune et de
flore. Un autre décret réglemente le commerce international des espèces de faune et de
flore sauvages menacées d’extinction.
A propos du droit d’ester en justice pour la protection de la nature : Toute organisation
non gouvernementale agréée, opérant dans le secteur de la conservation, et toute
communauté locale ou riveraine des aires protégées, a le droit d’agir en justice afin
d’obtenir l’annulation d’une décision prise par une autorité administrative en violation
15
de la loi et la répression de graves atteintes à la conservation. Le représentant
spécialement mandaté d’une communauté locale a le droit d’agir en justice pour
obtenir la réparation du préjudice résultant de l’accès ou l’utilisation indue de ces
innovations, pratiques et connaissances traditionnelles sans le consentement éclairé et
écrit donné préalablement par le représentant de la communauté.
Au sujet du régime répressif, les conservateurs des aires protégées et les éco-gardes
ont un statut paramilitaire dans l’exercice de leurs fonctions de recherche et de constat
des infractions à la présente loi et à ses mesures d’application. Pour renforcer la
protection du personnel des organismes publics de conservation affectés à la
surveillance, tout meurtre d’un membre du personnel devient une infraction
imprescriptible sanctionnée par la perpétuité.
La loi organisant ces aires protégées est flexible et met l’accent sur la faune et moins sur leurs
biotopes.
1.8.4. Ressources humaines, matérielles et financières de l’ICCN
Les ressources humaines de l’ICCN sont insuffisantes. Les agents sont mal payés, peu formés
et travaillent dans des conditions difficiles. La majorité parmi eux sont avancés en âge. Par
ailleurs, les ressources humaines sont constituées de plus de 60 % des gardes-parcs et
conservateurs.
Les moyens financiers n’ont pas été alloués à l’ICCN depuis plus de 15 ans, ce qui explique
l’insuffisance des ressources matérielles et leur état défectueux. Excepté les sites du
patrimoine mondial, qui ont reçu un appui ces dernières années, les autres aires protégées ne
disposent presque pas d’équipement (ICCN/GEF-PNUD-UNOPS, 2008).
D’autre part les situations de guerres que connaît le pays depuis plusieurs années n’ont pas
permis l’organisation du tourisme qui constituait dans le passé le secteur pourvoyeur des
recettes de l’entreprise.
Par ailleurs, afin de renforcer le mécanisme de partenariat et de permettre la réalisation des
objectifs de réhabilitation, de promotion des aires protégées et d’impliquer les communautés
dans la gestion de celles-ci, l’ICCN a mis en place le Comité de Coordination au Congo,
COCOCongo, en sigle et Comité de coordination du site, COCOSI, en sigle. C’est dans ce
même cadre que quelques initiatives de conservation communautaire ont été initiées dans
certaines aires protégées et sont appuyées par certains partenaires dont Deutshe Gesellschaft
für Technische Zusammenarbeit, World Wide Fund for Nature et GO pour le Parc National de
16
Kahuzi Biega ; World Wide Fund for Nature, Société Zoologique de France, Programme
International de Géoscience, GO pour le Parc National de Virunga ; Gilman International
Conservation et Wildlife Conservation Society pour la Réserve de Faune à Okapi; Assemblée
Parlementaire de la Francophonie et Fauna and Flora International pour le Parc National de
Garamba ; DGF-I et Conservation International pour la Réserve des Gorilles de Tayna; AWF
pour la Réserve de Faune de Lomako-Yokokala (Source : Ministère de l’Environnement,
Conservation de la Nature et Tourisme, 2009).
1.9. Place de la RFLY dans la conservation
La RFLY a une grande importance pour la conservation de la nature et l’environnement.
Cette importance ne se traduit pas seulement pour la protection de la population de bonobos,
mais également, des populations de paons Congolais (espèce endémique de la RDC); de
pangolins géants et environ dix espèces de primates (Dupain et al, 1996c). Les bonobos qui
vivent dans la réserve sont devenus de plus en plus attractifs depuis les années 70 grâce aux
projets de recherches scientifiques des Instituts de recherche américains et allemands (Dupain
et al, 2002). Une gestion efficiente de la biodiversité de la RFLY pourrait amener cette aire
protégée à contribuer au développement socio-économique de la population riveraine et
rendra cette réserve viable tant sur le plan socio économique que écologique.
Selon l’arrêté créant la RFLY, celle-ci sera aussi gérée de manière à contribuer au
développement socio-économique des populations riveraines par le biais de conservation
communautaire participative. Le contrat de collaboration entre AWF et ICCN, en son article 2
point 4, il est dit : « l’ICCN et l’Organisation non gouvernementale AWF s’engagent à
impliquer la population locale dans l’élaboration et l’exécution du plan de gestion de la
RFLY, offrent des opportunités pour la mise en place d’un plan de gestion participative de
cette aire protégée ». Le développement participatif de ce plan constitue un atout majeur pour
que la RFLY atteigne ses objectifs de gestion et soit viable sur le plan social, économique et
écologique. Ce premier recensement fournira les données sur lesquelles, l’évaluation de
l’impact du futur plan de gestion sera basée.
17
CHAPITRE 2 : MILIEU, MATERIEL ET METHODES
Ce chapitre comprendra la présentation de la zone d’étude et les méthodes qui seront suivies.
2.1. Présentation de la zone d'étude
Sur ce point, nous parlerons de la localisation du site et de son milieu biophysique.
2.1.1. Localisation et superficie de la zone d’étude
La RFLY, est située entre les latitudes 00°54´ et 01°10´N et les longitudes 21°26´ et 21°39´E
dans les territoires de Befale et de Bongandanga, les secteurs de Bongandanga et Lomako,
dans la Province de l’Equateur. Elle s’étend sur une superficie de 3.625 km². Ci-dessous, la
carte n°1 présente le découpage administratif de la RFLY.
Figure 2 : Carte du découpage administratif de la RFLY.
Cette réserve est délimitée comme suit :
Au Nord par la rivière Yokokala ;
Au Sud par la rivière Lomako ;
A l’Ouest par la rivière Tuende, depuis son embouchure au sud-ouest jusqu’à sa tête
de source au Nord-Ouest ; puis de cette source, la ligne droite qui la joint à la tête de
source de la rivière Isandja, ensuite de cette dernière source, la rivière Isandja jusqu’à
son embouchure dans la rivière Yokokala.
A l’Est par la rivière Waya, depuis son embouchure au Nord-Est dans la rivière
Yokokala jusqu’à sa tête de source au Sud-Est ; puis de cette source, la ligne droite qui
18
la joint à la tête de source de la rivière Losombo, ensuite de cette dernière source, la
rivière Losombo jusqu’à son embouchure dans la rivière Lomako.
La route Lingunda-Boonia dans le territoire de Befale reste la seule voie routière pour accéder
à cetteréserve, en dépit du fait que le tronçon Lisoko-Lingunda est impraticable. La voie d’eau
à partir des rivières Lomako et Yokokala, affluents de deux rivières dont la Maringa et la
Lopori reste la principale voie d’accès à la RFLY.
Figure 3 : La principale voie d’accès à la RFLY
2.1.2. Milieu biophysique
2.1.2.1. Relief et altitude
La Réserve de Faune de Lomako-Yokokala est entièrement dans la plaine alluviale de la
cuvette centrale à une altitude de 350-400 m (PFBC, 2006).
2.1.2.2. Climat
La RFLY se situe dans la zone méridionale recouverte par la forêt ombrophile, plate et
marécageuse (DSRP, UPPE, SRP, 2005) et fait partie intégrante de la cuvette centrale
Congolaise au niveau du bassin hydrologique de la Lopori et de la Maringa. D’après les
critères de KÖPPEN, le climat dans cette zone est du type Af : tropical humide avec des
précipitations tous les mois de l’année ou presque, pas de saison sèche ou peu marquée
(BULOT, 1950).
L’ensemble du paysage de cette région subit un climat dit équatorial avec une pluviométrie
annuelle moyenne de l’ordre de 2.000 mm et une saisonnalité peu marquée. La période la plus
19
humide va d’août à octobre et la durée de la saison sèche (janvier-février) est inférieure à 2
mois. La température moyenne minimale mensuelle varie entre 21.20 et 22.20°C et la
moyenne maximale mensuelle varie entre 26.8 et 30.85°C (PFBC, 2006).
2.1.2.3. Hydrographie
La RFLY est drainée par plusieurs ruisseaux se jetant dans les rivières Lomako et Yokokala.
Outre ces deux rivières, la RFLY est parcourue par plusieurs autres rivières dont la Lotono, la
plus importante divise en deux grandes parties (comme la Carte n°3 démontre). Les hautes
eaux s’étalent d’octobre à décembre; les basses eaux, de février à août.
Figure 4 : Carte du réseau hydrographique de la RFLY.
2.1.2.4. Géologie et sols
Les sols dans la région de Lomako sont des ferrasols des bas plateaux de la cuvette. Ils sont
dérivés d’une pénéplaine datant du pléistocène et occupent des bandes des terres fermes entre
vallées marécageuses et terres fermes (DSRP, UPPE, SRP, 2005).
20
2.1.2.5. Végétation
La plus grande partie du paysage est couverte de forêts denses humides dont les forêts de terre
ferme et les forêts inondables et/ou marécageuses qui longent les rivières et les ruisseaux. Les
formations de terre ferme comprennent des forêts ombrophiles semi-sempervirentes à
Scorodophloeus zenkeri et des forêts ombrophiles sempervirentes à monodominance de
Gilbertiodendron dewevrei ou de Brachystegia laurentii. Les formations édaphiques
comprennent des forêts ripicoles à Uapaca heudelotii, des forêts inondables à Oubanguia
africana et des forêts marécageuses à Entandrophragma palustre et Coelocaryon botryoides
(PFBC, 2006).
Figure 5 : Abondance et distribution des types de végétations (Source : V. OMASOMBO, 2011)
2.1.2.6. Faune
La RFLY est aussi un refuge de quasi-totalité de la grande diversité d'espèces de faune des
forêts tropicales d'Afrique centrale. Plusieurs espèces animales de la RFLY sont importantes
à l'échelle internationale de la conservation.
21
a. Mammifères
Les espèces les plus célèbres de la RFLY sont sans doute le bonobo (Pan paniscus), le bongo
(Tregelaphus spekei) et l’éléphant (Loxodonta africana). Bien que le bongo et l’éléphant se
retrouvent dans d’autres forêts d’Afrique centrale, le bonobo est, non seulement endémique en
RDC mais caractéristique de la RFLY. Mais aussi on rencontre d’autres grands mammifères
comme le léopard (Panthera pardus), l’antilope à dos jaune (Cephalophus dorsalis), le
pangolin géant (Smutia gigantea), le tragelaphe (Tragelaphus spekei), le potamochère
(Potamochoerus porcus), le chevrotain aquatique (Hyemoschus aquaticus); le chat doré (Felis
aurata), le colobe d’Angola (Colobus angolensis), l’oryctérope (Orycteropus afer), …
(Omasombo, 2011).
Figure 6 : Une des espèces phares de la RFLY : le Bonobo
b. Oiseaux
L’avifaune dans la région de Bongandanga et de Befale compte plus de 400 espèces (PFBC,
2006). En quelques endroits, la densité de paon Congolais (Afropavo congensis), espèce
endémique du centre et du nord-est des forêts Congolaises, très sensible aux perturbations
anthropiques, est probablement la plus élevée du pays (Dupain et al, 1996).
c. Ichtyofaune
Le paysage est situé intégralement dans l’écorégion de la cuvette centrale dont l’ichtyofaune
compte 240 espèces recensées (probablement 300-400) dont au moins 12 espèces
endémiques. Peu d’études ont été faites depuis les années 1960 (Thieme et al., 2005).
22
2.1.2.7. Produits forestiers non ligneux
Les habitants de la zone d’étude récoltent de la forêt divers produits qui sont généralement
utilisés pour se soigner, se nourrir ou pour l'art. Cette activité est surtout pratiquée par les
femmes et les enfants. Les principaux produits cueillis ou ramassés sont : Afromum sp.,
Raphia sp., Megaphrynium macrostachyum pour la préparation de la chikwangue, Pteridium
sp, du vin indigène (de palmier à huile et de raphia), de Dioscorea praehensilis, de Talinum
triangulare, du rotin et tant d’autres encore (Communication personnelle).
2.2. Méthodes
Les approches méthodologiques que nous avons appliquées comprennent les différentes
techniques suivantes : les entretiens, les observations, la recherche de données (bibliographie,
webographie et contacts) et la cartographie numérique et participative.
2.2.1. Entretien
Les entretiens nous ont fourni des informations approfondies sur les questions de rapports
entre les différentes parties prenantes à la RFLY.
Egalement, elles nous ont permis d’obtenir des informations tournées vers les conditions
socio- économiques des populations.
Ainsi, nous avons commencé par répertorier les problèmes selon différents aspects ; ensuite,
nous avons identifié les acteurs, puis, nous avons élaboré le guide d’entretiens et enfin nous
avons procédé au choix de l'échantillon et du dépouillement.
Ces différentes étapes sont examinées ci-dessous.
2.2.1.1. Thèmes d'entretiens
Dans le souci d'appréhender les problèmes liés à notre thème de recherche dans sa globalité,
nous avons pu identifier sept aspects importants, à savoir :
1° les aspects législatifs et réglementaires ;
2° les aspects institutionnels ;
3° les aspects juridiques ;
4° les aspects politico-administratifs ;
5° les aspects fonciers ;
23
6° les aspects techniques ;
7° les aspects socio-économiques.
2.2.1.2. Acteurs concernés
Dans le cadre de la gouvernance environnementale, les différentes couches sociales que nous
avons prises en compte pour la réalisation de notre travail ont été regroupées en différents
acteurs identifiés selon quatre catégories, à savoir : la population, les gestionnaires, les
scientifiques et les décideurs (Maldague, 2007).
Chaque catégorie est subdivisée en sous-catégories qui ont servi de cibles à nos entretiens.
Il s’agit :
Pour la population: les paysans, les chefs des villages, de groupements et de secteur ;
Pour les gestionnaires: l’attaché du projet AWF à la RFLY, le conservateur de la
RFLY, les superviseurs de l'environnement et l’Administrateur Délégué Général de
l'ICCN ;
Pour les scientifiques: les chercheurs dont le gestionnaire de la RFLY et chargé de la
conservation communautaire au sein de la RFLY ;
Pour les décideurs: le procureur de la République dans le district de la Tshuapa, le
commissaire de district de la Tshuapa et le Ministre de l’Environnement, Conservation
de la Nature et Tourisme.
2.2.1.3. Techniques d'entretien.
Les techniques utilisées en fonction de chaque catégorie et sous-catégories d'acteurs sont:
1. L'entretien non directif : nous proposons un thème (aspect) et nous intervenons pour
relancer et encourager le communicant ;
2. L’entretien semi-directif : connaissant les thèmes pour lesquels nous avons besoin
d'obtenir les réactions de l'intervenant, l'ordre et la manière dont nous les introduisons
sont laissés à notre jugement ;
3. L’entretien ouvert : la formulation et l'ordre des questions sont fixés, mais
l'intervenant répond ou peut répondre aussi longuement qu'il le désire ; de temps à
temps, l’intervenant est relancé.
24
2.2.1.4. Guide d’entretiens et schéma d'entrevue
La rédaction du guide d’entretiens s’est appuyée sur notre bon sens, notre savoir-faire et notre
expérience, étant donné que les entretiens ont été complexes vu la diversité des thèmes et la
multiplicité d'acteurs. Le nombre de questions était élevé. Au total 127 questions, dont 8 pour
les aspects législatifs et réglementaires, 12 pour les aspects institutionnels, 3 pour les aspects
juridiques, 7 pour les aspects politico-administratifs, 5 pour les aspects fonciers, 20 pour les
aspects techniques et 64 pour les aspects socio-économiques ; mais aussi 8 questions en ce qui
concerne l’historique (le guide d’entretiens en annexe 1).
Lorsqu'une première version du guide d’entretiens a été rédigée, il a été nécessaire de nous
assurer de l’applicabilité de ce guide et de son aptitude à rencontrer effectivement les
problèmes qui se posent dans la RFLY. Pour cela, une série de vérifications (pré-test du
questionnaire) a été nécessaire.
En gros, le pré- test d’entretien a porté sur chaque question considérée en elle-même en
fonction de chaque aspect et sur les conditions du déroulement.
Il a été effectué auprès de douze personnes choisies au hasard, constituées en focus groupe
dans le village Lingunda, non loin de la station de la réserve en étude.
Ce pré -test du guide d’entretiens nous a indiqué comment les questions et les réponses ont été
comprises; il nous a permis d'éviter des erreurs de formulation, des incompréhensions et des
équivoques.
Cet exercice nous a rassuré de l'acceptabilité du guide d’entretiens dans son ensemble, et de sa
bonne adaptation aux objectifs de notre recherche ; cet entrainement nous a permis également
de nous apercevoir des oublis, et a en outre, permis de déterminer le choix et la taille de
l'échantillon nécessaire.
2.2.1.5. Choix de l'échantillon
Etant donné que notre étude a porté sur des groupes de large envergure et, à plus forte raison,
sur des communautés, nous avons été obligé de limiter l'investigation à un échantillon.
Pour nous, le plus important était de nous assurer de la variété des personnes interrogées, et de
vérifier qu'aucune situation importante du problème traité n'a été omise lors du choix des
groupes de personnes et des informateurs clés.
25
Au reste, tout sondage est sociologiquement approximatif, même s'il est statistiquement
valable car l'échantillon n'est jamais l'image réduite et absolument fidèle de la «population»
dont il est tiré, dès lors que celle-ci n'est pas une collection d'individus, mais un «tout» social.
Aussi bien sans une connaissance préalable, au moins partielle des unités collectives réelles et
de leurs agencements, l'enquête par sondage est inopérante (B. DANTIER, 2008).
Pour cela, le choix des villages ayant servi aux entretiens avec les populations a été opéré en
fonction de deux critères à savoir la proximité du village de la RFLY et le nombre important
de la population dans ce village (voir la cartographie participative du terroir communautaire
du secteur de Lomako en annexe 5).
Tenant compte de toutes ces considérations, nous avons procédé de la manière suivante:
En ce qui concerne le premier groupe d'acteurs, à savoir la population, nous nous
sommes servis de la cartographie participative du terroir communautaire du secteur de
Lomako et de données démographiques issues de la zone de santé de Befale, pour
choisir les villages dans deux groupements du secteur de Lomako dont Boyela et
Loma. Ainsi, sur 22 villages au total, nous avons choisi 8 (36 %), dont 3, à savoir
Lisoko, Bongila et Nkonga pour Boyela et 5 dont Bongila, Bolima I, Bolima II,
Bokoli et Lifengo I pour le groupement Loma. Pour ces huit villages, nous avons
organisé 30 focus groupes dont chacun a réuni en moyenne 8 individus. Au total 263
personnes ont participé aux entretiens que nous avons eus.
S'agissant des représentants de la population, nous avons eu des entretiens avec huit
chefs de villages, un chef de secteur, un représentant de la société civile, un
représentant du cadre de concertation MLW et un administrateur du territoire.
Concernant la catégorie des gestionnaires, nous avons eu des entretiens avec le
conservateur de la RFLY et le représentant d’AWF.
Pour ce qui est de la catégorie de scientifiques, nous avons eu des entretiens avec le
chargé de la conservation communautaire et le conservateur en chef de la RFLY.
Enfin, pour la catégorie des décideurs, nous avons eu des entretiens avec le
commissaire de district de la Tshuapa et le procureur du même district.
26
Tableau 2: Répartition des entretiens selon les villages et les focus groupes
GROUPEMENTS VILLAGES FOCUS GROUPE POPULATION POURCENTAGE
BOYELA
NKONGA
BONGILA
LISOKO
3
6
3
26 personnes
52 «
23 «
10 %
20 %
10 %
LOMA
LIFENGO I
BOKOLI
BOLIMA I
BOLIMA II
BONGILA
4
5
3
3
3
36 «
49 «
28 «
24 «
25 «
13 %
17 %
10 %
10 %
10 %
TOTAL 8 VILLAGES 30 263 100 %
Tableau 3: Répartition des entretiens selon les catégories et les Sous-catégories
N° Catégories et Sous-catégories Nombre
Catégorie Sous-catégories
1
Population
Paysans 251
2 Chefs de villages 8
3 Chef de secteur 1
4 Administrateur du territoire -
5 Société civile 3
1 Gestionnaires Gestionnaire de la RFLY 1
2 Représentant d’AWF 1
1 Scientifiques
et Chercheurs
Chargé de la conservation communautaire de la RFLY 1
2 Gestionnaire de la RFLY 1
1
Décideurs
Procureur de la République 1
2 Commissaire de district de la Tshuapa 1
3 Ministre en charge les aires protégées (environnement) -
2.2.2. Observations de terrain
Dans le but de confronter les données issues des entretiens aux réalités vécues, nous avons
procédé par des observations portant sur :
27
les conditions de vie des populations vivant dans les alentours de la RFLY ;
les équipements collectifs (écoles, centres de santé…) ;
les infrastructures de base (routes, ponts, habitat, etc.) ;
l'exploitation de la forêt (agriculture, chasse, pêche, etc.) ;
les conditions de travail sur le terrain ;
la gestion administrative ;
les activités alternatives exécutées par les organisations non gouvernementales ;
les organisations locales ou les associations.
2.2.3. Documents et Cartes
Les données complémentaires relatives à notre recherche, ont été obtenues en consultant des
documents et des cartes de la RFLY. Pour ce qui est des documents, à cause de la mauvaise
tenue des archives et même de l'absence d'une bibliothèque de la RFLY, il nous a été difficile
d'obtenir tous les documents nécessaires tels que des procès verbaux, les cahiers des
charges,…. Au sujet de cartes, nous avons utilisé le GPS de marque Garmin Maire
protégée78 qui nous a servi à prélever des coordonnées géographiques des villages dans notre
zone d’étude que nous avons transférées dans l’ordinateur à l’aide du logiciel Map Source
pour enfin élaborer les cartes avec le logiciel Arc GIS.
2.2.4. Dépouillement et traitement des données
Nous avons dépouillé les données manuellement en observant les critères d'analyse que sont
l'objectivité et l'exclusivité, mais aussi la pertinence des catégories, sous-catégories.
Pour éviter de dépouiller plus d'une fois la fiche de guides d’entretiens, nous les avons
numéroté toutes. Ensuite, nous avons regroupé les questions, selon qu'elles se rapportent à
l'ensemble ou à une catégorie ou sous-catégorie spécifique en fonction de chaque aspect.
Enfin, nous avons procédé au dépouillement proprement dit. Celui-ci a consisté à répartir les
contenus de chaque réponse issue des différents intervenants en fonction des catégories et
sous-catégories suivant les aspects suivi d’une lecture systématique et répétée des entretiens
notés sur le carnet prévu à cet effet pour en dégager les informations sur les thèmes centraux
des entretiens regroupés selon une convergence de sens. Toutes les déclarations ont été prises
en compte.
Etant donné qu’il s'est agi d’entretiens qualitatifs, les chiffres avancés dans ce travail doivent
être pris et interprétés avec précaution.
28 2.2.5. Analyse
La démarche d’analyse présentée dans ce travail est basée sur un outil connu et appelé SWOT
(Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats ) ou AFOM (Atouts, Faiblesses,
Opportunités, Menaces). Il s’est agi de combiner l'étude des forces et des faiblesses (facteurs
internes) de la RFLY, avec celle des opportunités et des menaces (facteurs externes) de son
environnement, sur base du jugement subjectif et qualitatif des acteurs ayant participé aux
entretiens. Cette analyse nous a permis de dégager les pistes d'une stratégie de gestion
appropriée de la RFLY.
2.2.6. Difficultés rencontrées
La réalisation et la réussite de notre recherche ont été ardues. Nous avons rencontré des
nombreux obstacles dont voici quelques uns :
l’indisponibilité des populations occupées par leurs travaux de routine ;
la méfiance de la population lors des entretiens sur la RFLY ;
le refus de certains informateurs clés à se livrer dans l’entretien avec nous ;
conditions sécuritaires non rassurées pour aller à la rencontre des Kitawalistes
installés dans cette aire protégée ;
les difficultés de compréhension des différents concepts évoqués au cours des focus
groups pour certains participants ;
le désintéressement des participants à contribuer au dialogue pour avoir participé à
plusieurs ateliers sans résultat notable sur terrain ;
l’absence d’énergie pour la saisie des données et du rapport d’enquête sur terrain mais
aussi pour photocopier certains documents importants ;
insuffisance de moyens financiers pour les déplacements, le séjour et autres matériels
de travail sur le terrain.
29 2.2.7. Organisation du travail
Notre étude s'est déroulée sur une période de six mois répartis de la manière suivante:
Activités Novembre Décembre Janvier Février Mars Avril Discussion des avant-projets avec le
promoteur, choix d’un projet
Mise au point du projet de mémoire et
dépôt du sujet
Collectes des données Traitement et interprétation des données Rédaction du manuscrit Dactylographie du manuscrit Mises au point final du tapuscrit Dépôt du document aux membres du
jury
Préparation de la soutenance Soutenance Valorisation du travail
30
CHAPITRE 3 : RESULTATS DE L’ETUDE
Dans ce chapitre, on lira les résultats des entretiens dans le groupement Boyela et dans le
groupement Loma. On lira ensuite les résultats des entretiens avec les informateurs clés et
enfin, on présentera les résultats d’analyse de la situation actuelle de la conservation de la
RFLY.
3.1. Des entretiens dans le groupement Boyela
Les résultats des entretiens dans le groupement Boyela comprennent l’historique, les aspects
socio-économiques et les aspects législatifs, réglementaires, institutionnels, juridiques,
politico-administratifs et fonciers.
3.1.1. Historique du groupement Boyela
Le récit des notables BALONGO NKAKE (64 ans), Simon LOKULI (58 ans), LIKONGO
BOSSAMBI (60 ans) et du chef de localité André BOKONYO (52 ans), tous dans le village
Lisoko), retrace l’historique du groupement Boyela comme suit : « Le groupement Boyela
existe depuis bien avant 1945. Chronologiquement, la contrée a été occupée par les gens du
groupement Loma, ensuite, les occupants actuels seraient arrivés en 1945.
L’histoire des nouveaux résidants du groupement Boyela serait partie de la vague de
l’organisation territoriale du pouvoir colonial. Ils sont partis de la zone où on trouve encore
les vestiges de l’ancienne prison d’Ekafela. Leur installation dans le groupement Boyela serait
favorisée par un blanc, propriétaire d’une plantation de cacaoyer à quelque deux kilomètres
du village Lisoko en allant vers le village Lingunda, non loin de la RFLY et qui a eu un enfant
avec une de leurs filles. Pour rapprocher cet enfant et sa mère de sa demeure, le planteur
demanda qu’on déplace toute la communauté de ce qu’on peut qualifier de sa belle-famille au
groupement Boyela qui s’y est établie jusqu’à ce jour. Ceux qui habitaient ce groupement
auparavant furent amenés pour être installés ailleurs.
Avant comme après 1945, le groupement Boyela est habité par une population faisant partie
de l’ethnie mongo. Il est actuellement composé de six villages dont Linguda, Lisoko, Iyambo,
Bongila, Nkonga I et Nkonga II. Chaque village est dirigé par un chef du village qui est choisi
ou destitué par la communauté.
Le pouvoir du chef de groupement est d’origine ancestrale et se transmet de père en fils, le cas
échéant par un membre de sa famille le plus proche. Ce pouvoir du chef coutumier est aussi
31
confirmé par l’Etat qui lui permet d’exercer toutes les prérogatives réservées à l’autorité
coutumière et étatique.
Le chef du groupement n’a pas toujours de lien de filiation avec les habitants de différents
villages du groupement.
Le groupement Boyela est délimité au Nord et à l’Ouest par la rivière Lomako, au Sud par la
rivière Maringa et à l’Est par le groupement Loma ».
Figure 7 : Focus groupe au village Lisoko (groupement Boyela) tenu le 20 décembre 2011
3.1.2. Les aspects législatifs, réglementaires, institutionnels, juridiques, politico-administratifs et
fonciers
La population au sein du groupement Boyela admet que la RFLY est une bonne chose dans la
mesure où elle n’est pas exploitée, car elle conserve les espèces phares pour les générations
futures. Mais, pour la communauté présente, elle ne bénéficie rien. Aucun conflit ouvert n’est
encore déclaré entre la population du groupement et les agents de la RFLY. Si pareil cas peut
arriver, cela n’engagerait qu’un ou groupe d’individus qui irait à l’encontre des règlements
appliqués à la RFLY.
La communauté se dit ne pas s’adonner au braconnage dans la RFLY. Néanmoins, elle
reconnaît qu’au début, lorsque cette aire protégée a été créée, elle considérait la
règlementation appliquée à la RFLY comme une plaisanterie. Mais au fur et à mesure que
quelques uns se sont fait subir la rigueur de la loi, notamment les arrestations par les éco-
gardes, elle s’est vite disciplinée et elle n’y pénètre plus à ce jour.
32
Cependant, la population a fait savoir que dans l’allure où vont les choses, considérant que les
éco-gardes tracassent la population dans la partie de la forêt restée à leur utilisation (la forêt
des communautés locales), des graves conflits peuvent surgir.
Les gens du groupement Boyela affirment qu’ils ont donné leur accord à AWF pour que la
forêt de Lomako soit érigée en un site de recherche moyennant des exigences contenues dans
le cahier des charges signé au village Lisoko. Ce cahier de charges indique entre autres que la
population devra bénéficier d’un centre de santé qui sera construit au chef-lieu du secteur ;
elle devra être appuyée par des activités alternatives telles que l’élevage des bovins, des ovins,
des caprins,…; les diplômés d’Etat dans tout le secteur devront être soutenus pour leur
formation universitaire; …
La population réalise que jusqu’à ce jour, aucune exigence formulée dans le cahier des
charges n’est respectée. Seulement, un nombre infime de la population est employé à la
RFLY en qualité d’éco-garde. Elle affirme également que la clause selon laquelle ce site de
recherche serait transformé en réserve de faune ne leur a pas été signifiée. D’où leur
étonnement de remarquer qu’une partie de la forêt de Lomako est gérée par l’ICCN.
Elle estime en outre que la RFLY regorge de grandes richesses naturelles qui lui a permis de
vivre et de scolariser les enfants. Elle espérait voir des retombées de cette aire protégée
comme c’est le cas avec Congo Futur, une entreprise d’exploitation du bois de la région, qui
a construit quelques écoles et centre de santé au bénéfice de la population.
Sur le plan institutionnel, les gens du groupement Boyela jugent l’actuel gestionnaire du site
de bon manageur de la RFLY en tant que forêt mais celui-ci ne réalise rien en faveur de la
population riveraine. Par contre un autre groupe de la population trouve qu’il est complice à
ce qu’ils considèrent comme le holdup d’une partie de leur forêt et de leur droit. Ce qui les
décourage davantage, c’est de constater que l’un des anciens délégués d’AWF qui avait signé
avec eux le cahier des charges dont il est question est revenu en qualité de gestionnaire de la
RFLY. Aussi, ils affirment ne pas l’accepter car leur quote-part des recettes dues au tourisme
ne leur est pas allouée depuis que la RFLY existe.
Ils soutiennent que la condition leur imposée par l’ICCN, celle qui exige que les
communautés locales puissent préalablement soumettre au conservateur un projet de
développement avant de bénéficier de cet argent, n’est qu’une manœuvre visant à leur priver,
une fois de plus, de leurs droits à jouir de la RFLY.
33
La population locale n’est en aucun cas consultée pour des questions concernant la gestion de
la RFLY. Au sujet d’AWF, elle affirme avoir appris que cette ONG a toujours appuyé la
population partout où elle mène ses activités ; curieusement, chez elle, rien n’est fait. Elle
souhaite son départ pour n’avoir pas respecté le cahier des charges. Elle se dit ne pas
connaître l’ICCN mais plutôt AWF qui est venu vers elle et demande en conséquence un autre
partenaire qui pourra réaliser les requêtes contenues dans le cahier des charges.
Sur le plan politico-administratif, l’ICCN a institué un cadre qui devrait servir de
concertations entre lui et les représentants de la population nommé Comité de coordination du
site. Ce cadre réunit, pour le compte du territoire de Befale, les chefs des groupements du
secteur de Lomako, l’administrateur du territoire de Befale, la représentante des femmes, le
représentant des Kitawalistes, le représentant de la société civile et le représentant du cadre de
concertation du paysage Maringa-Lopori-Wamba (MLW). La population locale considère ce
cadre de concertation mis en place par l’ICCN comme inapproprié, car il ne répond à aucune
de ses préoccupations.
De la part de leurs autorités politico-administratives, la population reconnaît avoir été
sensibilisée sur le bien fondé de la conservation mais aussi sur le respect de l’autorité de
l’Etat, propriétaire de la RFLY. Cependant, elle fustige le fait que ces autorités ne
parviennent pas à œuvrer dans le sens d’obtenir gain de cause à leurs préoccupations
concernant la RFLY. Elle n’hésite pas à considérer ces dernières corrompues.
La communauté locale assure que la limite entre la RFLY et la forêt des communautés locales
est bien connue ; c’est le milieu de la rivière Lomako : l’ICCN à la rive gauche et la
population à la rive droite. Cependant, les éco-gardes mènent leurs opérations de gardiennage
jusque dans la forêt des communautés locales où la population est soumise à toute sorte de
tourments : extorsions et fortes amendes (allant jusqu’à 100 000 francs Congolais) chaque fois
qu’elle est prise avec un gibier attrapé dans ladite forêt. Au delà des tracasseries, l’ICCN a
construit le camp de ses travailleurs dans la forêt des communautés locales où ceux-ci
cultivent leurs champs. Bien plus encore, la navigation sur la rivière Lomako pose problème
pour la population. En effet, les arbres tombés dans cette rivière qui n’est pas très grande,
rendent la navigation difficile. Ainsi, les navigants (aussi bien les agents de l’ICCN que la
population) sont contraints à manœuvrer dans l’une ou l’autre rive pour pouvoir passer, sans
tenir compte de limite. Malheureusement, lorsqu’il s’agit de la population, ces manœuvres
sont perçues par les éco-gardes comme une infraction passible de sanctions.
34
Figure 8 : Difficulté de navigation sur la rivière Lomako
La population se plaint également des ravages constatés dans leurs champs par les animaux
sauvages tels que l’éléphant, le potamochère, le buffle, … qui seraient partis de la RFLY car,
dit-elle, cet espace protégé regorge actuellement de bêtes. Elle affirme que le seul moyen
appliqué pour résoudre ce problème est la chasse ciblée à ces animaux.
Selon la population locale, le rôle reconnu à la forêt est décrit comme suit:
la forêt constitue une ressource pour la pratique de la chasse (le gibier étant l’aliment
le plus préféré du régime alimentaire dans cette partie du territoire Congolais), de la
pêche et de l’agriculture pour besoin de subsistance et de vente ;
la forêt constitue une ressource pour le matériel de construction et de confection des
objets d’art ;
la forêt constitue une ressource pour l’exploitation du bois d’œuvre ;
la forêt constitue un réservoir pour la récolte des produits forestiers non ligneux, des
produits pharmaceutiques, mais aussi un réservoir pour l’eau ;
la forêt constitue le poumon d’oxygène
La population s’est résumée en disant : « sans la forêt, elle n’a pas de vie ».
3.1.3. Les aspects socio-économiques
Le tableau ci-après présente le nombre d’habitants dans les différents villages du groupement
Boyela.
35
Tableau N° 4 : Données démographiques du groupement BOYELA
GROUPEMENT VILLAGES POPULATION
BOYELA
1. NKONGA
2. BONGILA
3. IYAMBO
4. LISOKO (chef lieu du groupement)
5. LINGUNDA
6. BOOFE/NKONGA I
1020 habitants
3500 «
926 «
1030 «
2000 «
500 «
Total 8976
Source : Zone de santé de BEFALE, 2011.
Le groupement Boyela comprend quatre écoles dont trois du type d’enseignement primaire et
une du type d’enseignement secondaire. Il comprend également deux centres de santé installés
aux villages Lingunda et Lisoko.
La chasse, la pêche, l’agriculture et la fabrication des objets d’art composent les principales
activités pratiquées par la population.
La femme joue un rôle considérable dans le groupement Boyela. C’est elle qui entretient le
foyer. 30 % parmi les femmes sont responsables des foyers au sein du groupement.
La personne la plus instruite dans toute l’entité est licenciée. Les enfants commencent l’école
primaire à 6 ans pour terminer généralement par le diplôme d’Etat entre 18 et 25 ans.
Les espèces d’animaux les plus préférées pour la consommation locale sont entre autres les
espèces des genres Syncerus (buffle de forêt), Cephalophus (antilope à dos jaune),
Potamochoerus (Potamochère), Cercopithecus (Singes), …
L’eau de boisson est puisée dans la source non aménagée. La population est consciente que
c’est une eau de mauvaise qualité. Elle déclare qu’AWF a essayé d‘aménager quelques
sources d’eau mais n’a pas pu les achever et elle soutient par ailleurs que les trous restés de
cette tentative d’améliorer les fontaines constituent un danger pour elle. La population pense
même qu’elle est déjà habituée à consommer l’eau de sources non aménagées et cela ne pose
aucun problème. Elle s’est adaptée à cette condition et ne trouve pas d’inconvénient à boire
cette eau, car elle coule.
Le centre électrifié le plus proche est Boende, situé à près de 150 Km du groupement qui ne
dispose d’aucune boutique. Un habitant du groupement a dit ce qui suit: « nous ne sommes
pas développés ici ».
36
Les voies qui relient le secteur de Lomako à d’autres secteurs sont la route qui mène vers
Boende en passant par le territoire de Befale, celle qui conduit vers Basankusu et celle qui
oriente vers Kisangani en passant par Bokungu-Ikela et la rivière Lomako pour naviguer vers
Basankusu et ailleurs.
En ce qui concerne la communication, la population locale n’accède qu’à des chaînes de radio
étrangères notamment la RFI, la Voix de l’Amérique, la Radio allemande, Africa N°, la radio
Vatican, … Par contre elle n’a pas accès au téléphone et ne dispose pas de marché local
construit en dehors de quelques petits ambulants qui sillonnent les villages irrégulièrement
pour vendre les produits manufacturés vénus d’ailleurs tels que le savon, le sel, les habits,…
et acheter les produits locaux notamment la viande de brousse, la chikwangue, le poisson,...
Au sujet du marché, la population a fait savoir qu’AWF a tenté de mettre en exécution un
projet de construction d’un marché mais en vain. L’idée s’est arrêtée au niveau des intentions.
Le calendrier des activités tel qu’établi par la population se présente comme suit :
Tableau 5 : calendrier des activités
ACIVITES J F M A M J J A S O N D
1. Agriculture
Du défrichement jusqu’au semis
Récolte
2. Chasse
3. Pêche
4. Fabrication des objets d’art
NB : Ce calendrier agricole concerne les cultures de courte durée telles que le manioc, le riz...
Pour économiser, la population locale garde l’argent dans la maison. Le système de crédit,
pratiqué surtout par les femmes est la tontine.
A la question de savoir si la population locale pourrait évaluer la RFLY à quel prix, celle-ci a
considéré qu’il est hors des questions d’imaginer une transaction de ce genre. Selon elle, une
location de la forêt pour une durée déterminée est envisageable moyennant un cahier des
charges qui sera discuté dans une grande réunion de tous les groupements du secteur de
Lomako. Si l’Etat peut s’imposer pour une opération de ce genre, il le fera seul ; nous n’y
serons impliqués en aucune manière, ont déclaré les gens de Boyela.
Il est ressorti des entretiens avec tous les focus groupes organisés dans le groupement Boyela
que chaque village du secteur de Lomako a au moins une association évoluant dans l’informel
37
dont l’objectif principal est l’entraide entre les membres du village pour les travaux de
champs. Tout paysan du terroir peut adhérer à cette association à condition d’observer les us
et coutumes établis au sein des ces regroupements locaux. L’idée de créer des associations est
partie des ONG œuvrant dans la zone telle que Réseau des Femmes Africaines pour le
Développement Durable mais aussi de certains membres du groupement qui ont vécu
l’expérience ailleurs et s’en ont appropriée. Pour ce dernier cas, ce sont les initiateurs eux-
mêmes qui dirigent ces associations, si besoin est, les membres organisent des élections.
Un membre du village en difficulté jugée sérieuse telle que le cas de décès, de maladie
grave,…est assisté par toute la communauté du village avec une contribution de l’ordre de 50
à 100 francs Congolais par membre (adulte). S’agissant du cas d’accouchement, c’est une
contribution en nature ou en services qui est organisée par les femmes ; il s’agit souvent
d’approvisionner l’accouchée en eau de source et/ou de lui donner des fagots de bois, du
manioc, … L’appartenance à l’association fait bénéficier au membre ayant connu le problème
une deuxième assistance significative allant jusqu’à 20 000 francs Congolais.
Chaque village du secteur de Lomako comptent au moins une église dont l’importance telle
que vécue par la population se traduit par la vie dans la foi et l’éducation des fidèles. En ce
qui concerne le rôle pour le développement, il n’y a que l’église catholique qui s’investit dans
l’installation des écoles dans le secteur.
La population locale considère qu’il n’y pas de catégorie sociale dans les villages : tout le
monde a le même niveau de vie. Ceux qui émergent, quittent le village pour habiter dans un
grand centre. Une autre frange de la population estime être riche, la personne qui élève les
bêtes car, elle peut faire face à des problèmes circonstanciels qui peuvent lui arriver.
La communauté locale reconnaît que la RFLY est une propriété de l’Etat Congolais.
Cependant, elle revendique le droit de partenariat à l’Etat dans la mesure où la forêt de la
RFLY est située sur un espace que ses ancêtres lui ont légué et où elle a coutume d’exploiter.
3.2. Des entretiens dans le groupement Loma
Les résultats des entretiens dans le groupement Loma comprennent également l’historique, les
aspects législatifs, réglementaires, institutionnels, juridiques, politico-administratifs et
fonciers et les aspects socio-économiques.
38 3.2.1. Historique du groupement Loma
L’historique tel que relaté par les notables Remi-François BOKOMBE (59 ans), François
LOKULI (62 ans) et Jean ILOKO (57 ans), successivement dans les villages Lofuko, Bolima
III et Bolima I se résume comme suit : « Les ancêtres vivaient à l’autre rive de la rivière
Lomako (vers Bongandanga). Les villages du groupement Loma étaient occupés par les
pêcheurs du groupement Songo-Mboyo. C’est vers 1935 et 1936 que nous avons été amené de
là où nous étions par le pouvoir colonial, pour occuper ce finage jusqu’à ce jour.
Il faut noter que malgré l’intervention du pouvoir colonial, nous avons été obligés
d’indemniser1 les anciens propriétaires de ce groupement, surtout pour le port qu’ils avaient
eux-mêmes construit au niveau de la rivière Maringa.
Les anciens occupants et nous, faisons tous partie des peuples mongo, installés tous dans le
même secteur mais dans deux groupements différents, à savoir, Songo-Mboyo et Loma.
Le pouvoir du chef de groupement est le même que celui du groupement Boyela. Cependant,
la population dans les différents villages du groupement a de lien de filiation avec le chef du
groupement qui est leur chef coutumier. Le chef du village est élu par la population qui est
convoquée par les notables pour la cause.
Tous les noms des villages du groupement Loma correspondent aux noms des enfants de
l’ancêtre commun qui s’appelait LOKULI, parmi lesquels, le fils aîné s’appelait BOLIMA».
Figure 9 : Focus groupe au village Bolima (groupement Loma) tenu le 22 décembre2011
1 Il s’agit d’une indemnisation symbolique avec, essentiellement, du matériel de pêche tel que la pirogue.
39 3.2.2. Les aspects législatifs, réglementaires, institutionnels, juridiques, politico-administratifs et
fonciers
Au sujet de la RFLY, la communauté de Loma considère qu’elle ressemble à un homme qui a
épousé une fille sans verser la dot. Cette communauté soutient que la forêt qui est devenue
aujourd’hui RFLY leur a été léguée par les ancêtres. L’Etat s’en est approprié sans tenir
compte d’elle. Une autre frange de la population se voit étouffée par la présence de la RFLY,
car jadis, elle réalisait ses activités jusque dans cette partie de forêt sous la gestion de l’ICCN.
Elle se dit être nombreuse mais la forêt n’est plus large.
Toujours à propos de la présence de la RFLY, un habitant du village Bolima III nommé Justin
LOKULI (63 ans) a retracé l’historique de la recherche dans la forêt de Lomako au nom de
ses pairs en ces termes : « la recherche dans notre forêt a commencé en 1972 par un blanc
d’origine anglaise au nom de Noël BADRION accompagné d’une dame nommée Alice. Ce
blanc nous déclara un adage et dit : si vous avez un champ, quelqu’un vous propose de
l’argent pour que vous puissiez consommer les produits à deux et quelqu’un d’autre vous
suggère d’acheter votre champ pour lui seul avec beaucoup plus d’argent ; qui choisirez-vous
entre les deux ? Nous lui avons répondu que nous choisirons le premier. Ce blanc nous
conseilla de ne jamais admettre d’être exproprié de notre forêt, au cas contraire, nous le
regretterons. C’est ce qui se réalise aujourd’hui a-t-il déclaré.
Quelques temps après, ce fut le docteur SUSMAN d’origine américaine qui arriva avec un
projet sur notre forêt sans nous dire clairement de quoi il s’agissait.
En 2006, d’autres blancs sont arrivés parmi lesquels monsieur DJEF pour nous demander ce
que nous pensions de notre forêt car, ils en ont besoin pour des recherches. Nous leur avons
exigé le droit d’accès et de filmer qui s’évalue à 100$ par chercheur. Peu après, nous avons
été surpris de voir l’ICCN déclarer une partie de notre forêt comme une réserve de faune nous
privant ainsi du droit d’accès et de filmer comme par le passé lorsque les chercheurs étrangers
venaient.
Nous nous rendions dans nos sites de recherche à savoir Ilanga et Madiaba sans contrainte.
Nos enfants ont été scolarisés, notamment grâce à cette forêt.
Quelques temps après, monsieur DJEF et son équipe viendront encore nous demander ce que
nous voudrions déclarer comme droit puisque on nous a interdit l’accès à cette partie de la
forêt et nous leur avions répondu en ces termes : construisez pour nous un hôpital et des
maisons en tôles pour chacun de nous dans les trois villages portant le nom de Bolima y
40
compris les villages Bokoli et Efonde, prenez en charge les études universitaires de nos
diplômés d’Etat et bien plus encore. Eux nous ont même promis un aérodrome.
Le constat à ce jour est que rien n’est réalisé. Avec l’ICCN actuellement, nos accords2 ne
valent plus rien ; il en est de même de nos droits pour le tourisme. Une dame de l’ONG AWF
nommé EMI qui se trouvait à Ndele, un site de recherche de notre forêt, a déclaré à notre
délégation qui s’est rendue à sa rencontre que depuis 2006, l’argent versé à l’ICCN pour
notre compte peut être évalué à 50.000 $. Vous pouvez le constater, tout nous est privé ! ».
A la question de savoir quelle a été la clé de répartition des recettes issues des droits d’accès
et de filmer lors des visites de recherches, les gens du groupement Loma ont fait savoir qu’il y
a deux sites de recherche à savoir Ndele et Iyemba qui sont exclusivement situés dans leur
finage, voir croquis ci-après.
Figure 10 : Croquis des limites foncières du secteur de Lomako
2 Il s’agit des besoins des communautés locales formulés dans le cahier des charges
41
Les chercheurs étrangers qui venaient pour leurs deux sites de recherche payaient le droit
d’accès aux notables des villages Bolima III, II et I qui leur représentaient pour le site Iyemba
tandis que pour Ndele, les notables du village Bokoli percevaient ce droit. Ça ne posait aucun
problème.
A propos des deux autres groupements du secteur, les gens de Loma ont déclaré ce qui suit :
« Pour entrer en RDC par le port de Matadi pour n’importe quelle activité au pays, on paye la
douane à Matadi ». Ils estiment aussi que le droit de la population concernant le tourisme est
attribué à la localité directement concernée par cette activité et non au secteur ou au territoire.
En plus, la RFLY n’a pris qu’une petite portion de forêt dans le groupement Boyela ; Songo-
Mboyo exploite toute sa forêt et n’est même pas concerné par la RFLY tandis que pour nous,
notre forêt à la rive droite de la rivière Lomako est totalement englobée par la RFLY. On ne
peut donc pas nous comparer à ces deux autres groupements de notre secteur au sujet de la
proportion et de l’importance de forêt prise par ce domaine de l’Etat.
D’ailleurs, chaque fois qu’il se pose un problème mystique dans la RFLY au sujet de la
présence des animaux, c’est nous qu’on fait appel pour la bénir.
Pour expliciter leur position au sujet de la répartition, les gens du groupement Loma ont
évoqué un cas concret de partage en déclarant : l’entreprise Congo-Futur qui exploite le bois
dans notre contrée a commencé ses activités par notre terroir. Nous partageons ce qu’il payait
pour le compte de la population avec les deux autres groupements de notre secteur.
Cependant, l’Etat à travers le Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et
Tourisme, dit que cette façon de faire n’est pas conforme à la loi (code forestier : article 89).
Ne peut jouir de ce droit que la population directement concernée par cette exploitation
(population locale habitant la zone d’exploitation). C’est le cas actuellement avec ce qui se
passe à Boyela où Congo-Futur travaille pour le moment après avoir terminé chez nous et où
la communauté de ce groupement jouit seul de ce droit, en application du code forestier. On
doit aussi faire la même chose avec nous dans les deux sites de recherche situés dans la
RFLY. L’Etat crée la zizanie.
Le grand problème de la population actuellement réside dans les tracasseries que lui font subir
les éco-gardes. En effet, elle ne peut plus pêcher ou chasser paisiblement dans la partie de
forêt laissée à son utilisation de peur de tomber dans le piège de ceux-ci qui extorquent,
fouettent et font payer des fortes amendes lorsqu’ils trouvent sur elle du gibier ou du poisson.
42
La communauté de Loma est consciente de la diminution sensible des ressources halieutiques
par rapport aux cinq ans passées. Cette situation fait suite à la diminution de l’espace de
chasse due à la création de la RFLY qui a engendré l’accroissement du nombre des pêcheurs.
Elle a en outre déclaré qu’elle n’a pas un mot à dire à l’Etat qui ne prend pas en considération
toutes ses revendications. Elle a même relevé que l’ICCN a établi sa station dans la forêt des
communautés locales. Son port où transitent les bois d’une entreprise forestière ne perçoit
rien. La communauté de Loma soutient que les discussions qu’elle a engagées avec différents
interlocuteurs au sujet de la forêt de Lomako ont porté sur les recherches scientifiques. Si elle
a formulé des demandes en termes de droit de la population, c’est à ce sujet. Elle s’est dit être
surprise de voir un arrêté consacrant la RFLY sans consultation, même si plus tard, au
COCOSI, un cahier des charges y a été présenté pour signature, visa que le chef de
groupement de Loma n’a jamais donné.
Les gens de Loma affirment avoir été délogés de force par l’ICCN de leurs deux sites de
recherche où les signes de leur occupation sont encore visibles, sans aucune indemnisation.
S’agissant des autorités hiérarchiques, la population estime qu’elles se sont tout simplement
fait corrompre par l’ICCN car, elles n’ont jamais engagé des démarches allant dans les sens
d’arracher les droits de la population. Néanmoins, elle a reconnu les efforts des autorités
territoriales qui sont venues pour la sensibiliser à propos du braconnage qui est d’ailleurs,
selon elle, une pratique des gens du territoire de Bongandanga. Elle a affirmé qu’aucun
membre de la communauté de Loma ne s’est fait arrêté pour motif du braconnage.
Toutes les démarches engagées par la population auprès des autorités de l’Etat (des chefs de
groupements au gouverneur de province) n’ont pas porté de fruit. Elle se dit attendre la
prochaine réunion du COCOSI où les représentants d’AWF lui ont promis d’évoquer la
question, pour déposer une plainte au parquet de Boende contre ICCN au motif du
détournement de leur quote-part des entrées du tourisme dans la RFLY.
3.2.3. Les aspects socio-économiques
Le tableau ci-après présente le nombre d’habitants dans les différents villages du groupement
Loma.
43
Tableau 6 : Données démographiques du groupement Loma (2011)
GROUPEMENTS VILLAGES POPULATION
LOMA
1. LOFUKYA I
2. LOFUKYA II
3. DJOLEKE
4. LIFENGO I
5. LIFENGO II
6. EFONDE
7. BOKOLI
8. BOLIMA I
9. BOLIMA II
10. BOLIMA III
11. LOFUKO (chef lieu du Groupement)
12. BOKAU
13. WAMBA
14. BONGILA
15. LINKANDA
16. BONTOMBA
1076 habitants
403 «
676 «
1764 «
1698 «
770 «
2187 «
1176 «
1080 «
342 «
246 «
990 «
921 «
1080 «
1011 «
493 «
TOTAL 15.913
Source : Zone de santé de BEFALE, 2011.
La population s’est montrée moins préoccupée par ses conditions socio-économiques dans la
mesure où elle est désespérée ; elle se dit : « si tout le monde n’entend pas ses cris d’alarmes
au sujet de sa forêt, qu’en sera-t-il d’autre chose » ?
A propos des conflits entre les populations dans différents villages du groupement, la
communauté locale a révélé que des querelles mineures dues notamment à l’espace de chasse
des uns et des autres éclatent souvent. Ces conflits sont généralement réglés localement sans
intervention des instances judiciaires. Aucun conflit de terre n’est enregistré au sein de la
population locale.
S’agissant de la répartition des tâches dans les travaux de champs suivant le sexe, les hommes
qui déplorent l’inexistence d’une entreprise qui peut les employer, ne font que défricher et
abattre les arbres pour laisser le reste des travaux aux femmes qui tiennent les foyers.
44
Figure 11 : Les femmes, pylônes des foyers, se rendant aux champs ; Djoleke, le 26/12/2011
Les enfants dans le groupement débutent généralement l’école primaire à 6 ans, pour obtenir
leur diplôme d’Etat autour de 25 ans.
La population nomme la forêt de Lomako « maison-mère » et en donne son contenu de la
manière suivante:
la forêt de Lomako contient du cuivre qu’exploitaient nos ancêtres ;
la forêt de Lomako contient du bois noir ;
la forêt de Lomako contient du diamant ;
la forêt de Lomako contient du pétrole confirmé par un blanc ;
la forêt de Lomako contient du mercure et de la craie noire ;
la forêt de Lomako contient du gibier et plusieurs sortes d’aliments ;
las forêt de Lomako nous sert pour l’agriculture, la pêche, la chasse et la récolte des
produits forestiers non ligneux.
Notre vie entière est liée à la forêt. Sans elle, nous n’existons plus.
Comme le groupement Boyela, la situation socio-économique du groupement Loma dans son
ensemble est la même. Cependant, ce dernier groupement comprend 16 villages dont Lofukya
I, Lofukya II, Djoleke, Lifengo I, Lifengo II, Efonde, Bokoli, Bolima I ou Koko, Bolima II ou
Bongulu, Bolima III ou Elongo, Lofuko, Bokau, Wamba, Bongila, Linkanda, Botomba. Il va
de soi qu’il dispose plus d’infrastructures socio-économiques que le premier, notamment en
ce qui concerne les écoles qui sont au nombre de 11 dont 8 écoles primaires et 3 écoles
secondaires et les centres de santé qui sont 3 au total.
45
Figure 12 : Une école primaire dans le groupement Loma (Lifengo, le 27/12/2011)
3.3. Des entretiens avec les informateurs clés
Il s’agira des résultats des entretiens avec le représentant des Kitawalistes de la RFLY, le
représentant de la société civile et le chef du secteur de Lomako, le président du cadre de
concertation du projet MLW pour le territoire de Befale, le conservateur de la RFLY, le
représentant d’AWF, le commissaire de district de la Tshuapa et le procureur de la
République dans le même district.
3.3.1. Entretien avec le représentant des Kitawalistes de la RFLY
D’emblée, le représentant des Kitawalistes de la RFLY, Gabi LITUMBA, 42 ans, a fait
savoir que « Kitawala », autrement appelé Watch Tower est un groupe religieux dont un
noyau important occupe la Réserve depuis 1959. Selon lui, l’occupation de la RFLY par
ceux-ci n’est pas due à la chasse, ni à la pêche, plutôt à la religion.
Il a ainsi retracé l’histoire de leur installation dans la RFLY : « Vers 1945, nos ancêtres furent
arrêtés à la prison d’Ekafela. L’évangélisation a commencé dans cette prison, lorsqu’un
certain Jérôme MWAMBA et Jean-Pierre KISIMBA ont fait leur rencontre. A leur sortie de
prison, ils ont tenté de propager le message kitawaliste dans le secteur de Lomako mais ils ont
été butés au refus de l’administration du moment. Il faut souligner que nos pasteurs se
montraient toujours opposés aux Institutions en place. C’est ainsi que les Marocains qui
étaient des mercenaires recrutés pour appuyer le gouvernement de l’époque à remettre de
l’ordre après les troubles de l’indépendance du pays en 1960 les ont sauvagement torturés au
point que ils ont été obligés de se refugier dans la forêt de Lomako, transformée aujourd’hui
en réserve de faune. Dix ans après, ils tentèrent de regagner les villages en occupant le lieu
46
compris entre le village Lofukia et le chef-lieu du secteur de Lomako, le village Boonia. Une
fois de plus, des sévices leur furent infligés par l’armée zaïroise, allant jusqu’à bruler leurs
cases. Nos ancêtres regagnèrent encore la forêt et en ce temps là, la RFLY n’était pas encore
créée. Vers 1986 et 1987, l’armée pourchassèrent nos aïeux jusque dans la forêt et brûlèrent
également leurs cases. Après le chambardement causé par cette dernière poursuite, nos
ascendants se reconstituèrent encore dans la forêt où ils résident, il y a de cela cinq
générations » (le 23 décembre 2011).
Figure 13 : Un des nos collègues au milieu de quatre Kitawalistes parmi lesquels, à gauche,
leur représentant au Comité de coordination du site, dans le village Djoleke, le
26/12/2011.
Au représentant des Kitawalistes de la RFLY d’affirmer que leur religion possède un pouvoir
ancestral : « ils traitent directement avec leurs ancêtres, ils ont un charisme que les autres
religions n’ont pas et c’est ce qui fait d’ailleurs leur puissance».
Les Kitawalistes, à travers leur représentant, assurent que si l’Etat les avait installés dans un
village, ils ne se seraient pas refugiés dans la forêt.
Un jeune Kitawaliste présent à l’entretien que nous avons eu avec son représentant a laissé
entendre que leurs ancêtres n’avaient pas l’instruction que la nouvelle génération possède
quant à la manière d’apprécier les choses. Ce jeune Watch Tower révèle qu’à ce jour, les
Kitawalistes de la région sont regroupés en deux grandes catégories, à savoir les radicaux
composés essentiellement des vieux qui n’entendent pas quitter la RFLY, préférant s’y faire
tuer car, disent-ils, c’est dans les tombeaux de leurs aïeux qu’ils tirent leur pouvoir et les
modérés constitués des jeunes qui sont favorables à quitter l’aire protégée à condition que
leurs conditions socio-économiques soient garanties. Pour illustrer son propos, ce jeune
47
Watch Tower a évoqué le recensement effectué dernièrement par l’ICCN en collaboration
avec les autorités politico-administratives qui n’a réussi qu’auprès des jeunes (100 ménages
recensés), les vieux étant restés opposés à cette opération.
Le représentant des Kitawalistes de la RFLY a fait savoir que les siens ont érigés cinq
villages dans la RFLY dont Bomanga I et II, Bomponde, Losombo et Nkungu.
Pour notre interlocuteur principal, la solution au phénomène Kitawala de la RFLY réside dans
le sérieux de l’Etat qui doit garantir les conditions de vie à la communauté kitawaliste,
considérée comme autochtone du secteur de Lomako.
Il fustige qu’aucune proposition satisfaisante ne leur a été faite en vue de leur réinstallation.
Conséquemment, il se dit ne pas avoir confiance en l’Etat surtout que sa communauté garde
en mémoire le mauvais souvenir du délogement d’un groupe de gens qui habitaient la RFLY
et qui a été amené à occuper les installations de l’ancienne prison d’Ekafela où il est
abandonné à son triste sort, sans aucune assistance.
Il renchérit en déclarant que les Kitawalistes ne veulent pas négocier avec ICCN qu’ils
considèrent comme leur ennemi au regard des tortures qu’ils subissent régulièrement de la
part de celui-ci mais plutôt avec une autre structure. Pour lui, si cet impératif est résolu et s’ils
sont impliqués dans les négociations, les actions qu’on aura à mener au sujet des siens telle
que le recensement réussiront totalement sans violence.
Nous entretenant toujours avec le représentant des Kitawalistes de la RFLY, après notre
exhortation à parler franchement étant donné que cela va de leur intérêt, nous nous sommes
retirés pour continuer nos échanges à huis clos. Dans ces conditions, il a donné une autre
version de la situation, affirmant qu’ils ne sont en aucun cas favorables à quitter la RFLY car,
ceux qui leur ont amené l’évangile kitawaliste et qui leur ont dirigé dans la forêt où ils sont
enterrés avaient érigé l’espace qu’ils occupent en « terre sainte ». Abandonner ce site est une
question de vie ou de mort pour les Watch Tower.
La vraie solution selon notre interlocuteur, c’est de revoir la délimitation de la RFLY, ainsi,
leur consacrer l’espace qu’ils occupent et le reste de la forêt pourra constituer la RFLY.
Notre interlocuteur a insisté et persisté que sa communauté ne peut pas quitter la terre de leurs
ancêtres ; c’est leur vie. A lui de poursuivre en révélant que là où sont enterrés leurs aïeux,
personne ne peut arriver là-bas sans eux, sinon, elle va mourir. En plus, les éco gardes
48
mangent chez nous, s’ils sont en patrouille ; qu’en sera-t-il si nous ne sommes plus dans la
RFLY ! s’exclame le représentant des Kitawalistes.
A la question de savoir quel est le nombre des Kitawalistes installés dans la RFLY, il a été
possible que d’avancer le nombre des ménages qui ont été recensés en 2009 par Jules et qui
ont été évalués à 1200. Selon le représentant des Kitawalistes, à l’heure actuelle, ce nombre
doit être revu à la baisse.
Des informations reçues auprès du représentant des Kitawalistes, il en ressort également que
trois écoles primaires privées sont dénombrées dans la RFLY, précisément aux villages
Bomanga I, Bomponde et Nkungu. Pour obtenir le certificat officiel, les élèves kitawalistes
sont obligés de fréquenter leur sixième année dans une école officielle dans les villages
reconnus par l’administration de l’Etat. Ceux qui veulent poursuivre leurs études au niveau
secondaire restent dans les écoles publiques. Trois parmi eux sont employés à la RFLY en
qualité des éco-gardes. Les villages des Kitawalistes ne disposent d’aucun dispensaire. Mais
on peut noter que des infirmiers et des pharmaciens ambulants de fortune vont
occasionnellement leur rendre des services médicaux.
Les Kitawalistes disposent d’un terrain de football dans la RFLY. Certains parmi eux utilisent
des panneaux solaires et des groupes électrogènes pour faire fonctionner les appareils
électroménagers.
A noter, les Watch Tower de la RFLY n’utilisent pas couramment la monnaie, la solidarité
entre eux est une vertu dans leur foi.
Le représentant des Kitawalistes au COCOSI a laissé entendre que plusieurs doléances
soumises à cette plate forme n’ont pas eu de suite favorable. Il affirme que les promesses sont
légion, notamment la prise en charge des diplômés kitawalistes pour leurs études
universitaires. Ainsi, au stade actuel, a-t-il clairement indiqué, lui, en tant qu’intermédiaire, ne
peut pas encourager les siens à quitter la RFLY car dénonce t-il, le Comité de coordination du
site ne répond à aucune de leurs préoccupations.
3.3.2. Entretien avec le représentant de la société civile du secteur de Lomako
Pour le représentant de la société civile, la RFLY est une bonne chose dans la mesure où elle
est une activité d’avenir pour la population.
49
La société civile, selon son représentant, a toujours appuyé la conservation, par la
sensibilisation (particulièrement des Kitawalistes installés dans la RFLY depuis plus de 50
ans) sur la loi en rapport avec les aires protégées notamment en ce qui est de l’interdiction d’y
exercer une quelconque activité par la population ou d’y habiter. Il s’est dit être rassuré de la
compréhension du bien fondé de la conservation par la population externe à la RFLY, ce qui
n’est pas le cas pour celle qui vit à l’intérieur et qui reste encore réfractaire dans son
ensemble. Il s’est dit être optimiste quant à l’avenir de la RFLY. Aussi, il a déclaré être
disposé à aider la population et la RFLY à œuvrer main dans la main.
Se référant aux déclarations de notre interlocuteur, la RFLY servait de site de recherche avant
sa création en 2006 sans qu’il en ait été informé. Cependant, avant d’en arriver là, a-t-il
poursuivi, des rumeurs circulaient au sujet de cette création. Ainsi, plus tard, la société civile
est allé à la rencontre du conservateur, un cahier de charges été élaboré, malheureusement son
exécution se fait toujours attendre. Il a affirmé que la copie du cahier dont il est question,
demeure dans les mains de son prédécesseur qui a refusé la remise-reprise avec lui.
Le représentant de la société civile soutient les déclarations des gens du groupement Loma au
sujet de la création de la RFLY et renchérit en affirmant que cette aire protégée dans sa
grande partie était une propriété du groupement Loma. Ainsi, s’il faut chercher des
informations antérieures à la création de la RFLY, c’est vers eux qu’il faut aller.
A propos de la réglementation appliquée à la RFLY, il estime que la loi n’est pas violée.
Toutefois, il souhaite être impliqué dans les différends qui opposeraient la population à la
RFLY en vue de lui permettre de jouer correctement son rôle de médiateur.
Il se dit ne pas être au courant d’une quelconque tracasserie de la population due aux éco
gardes. Il reconnaît cependant des rumeurs allant dans ce sens mais sans précision.
Selon lui, les problèmes de la RFLY se posent en ces termes : « insécurité des Kitawalistes
par les éco-gardes qui patrouillent dans les campements de ceux-ci, d’habitude vers 00 heure,
cherchant des infractions, pillant, tentant de violer les femmes et s’adonnant à des
arrestations. Dans tout ça, il assure qu’aucune plainte ne lui a été soumise ».
Le représentant de la société civile pense que la solution à ce problème commencerait par son
implication afin de lui permettre d’user de ses prérogatives, en vue de la délocalisation des
occupants de la RFLY.
50
Il reconnaît n’avoir pas encore rencontré les responsables de la RFLY pour discuter au sujet
des ces problèmes.
Il fait aussi savoir que REFADD qui est une ONG financée par AWF, a promis d’appuyer la
population par des activités alternatives, essentiellement l’élevage, mais jusqu’à ce jour, cette
promesse n’est pas encore réalisée.
La société civile locale, à travers son représentant, a fait entendre qu’elle a transmis les
doléances de la population à sa hiérarchie, mais il attend la suite.
3.3.3. Entretien avec le chef de secteur de Lomako
De l’entretien que nous avons eu avec le chef de secteur de Lomako, il en ressort que pour lui,
la présence de la RFLY est une bonne chose car, elle protège les espèces phares qui s’y
trouvent, elle peut soutenir l’économie du pays entier, toute la communauté peut en tirer
profit ; il en est très fier.
Au sujet de la réglementation appliquée dans la RFLY, il affirme qu’il en a une bonne
connaissance. Cependant, la présence des Kitawalistes et le braconnage pratiqué par les gens
du territoire de Bongandanga constituent les problèmes majeurs en rapport avec cette
réglementation. Au-delà de ces difficultés, il fustige le fait qu’il n’y a pas eu une bonne
sensibilisation de la communauté locale sur l’importance de la RFLY, tâche qui devrait lui
revenir, a-t-il déclaré. Malheureusement, poursuit-il, AWF et l’ICCN sont allés vite en
besogne en créant la RFLY sans qu’il soit consulté bien avant.
Il estime aussi que la manière forte d’appliquer la réglementation n’est pas une bonne chose
pour la population riveraine qui ne voit pas les retombées de cette aire protégée et qui ne
comprend pas réellement l’intérêt qu’elle a pour ce domaine de l’Etat.
Il déclare avoir dénoncé cet aspect des choses par des correspondances adressées à sa
hiérarchie dont copie réservée à l’ICCN.
Le chef de secteur de Lomako témoigne que lors d’une mission qui l’a conduit à la rencontre
des Kitawalistes de la RFLY avec d’autres responsables de l’Etat, 116 ménages ont été
recensés et leurs occupants ont été favorables à quitter volontairement la RFLY. Pour celui-ci,
ça c’est une preuve qu’il n’y a pas eu une bonne sensibilisation. Il souligne et fait remarquer
que la réussite de la sensibilisation pour le cas de la RFLY nécessite l’implication du chef de
secteur, des chefs des groupements et de l’ICCN.
51
D’après lui, un autre handicap de la RFLY réside dans le fait que la population ne reçoit pas
sa part dans les entrées du tourisme, étant donné que la gestion de cette aire protégée est
participative. Il stigmatise en disant : « que gagne les riverains actuellement ? ». Même les
bourses pour formation des agents de la RFLY ne bénéficient qu’aux ressortissants
d’ailleurs ; aucun natif du secteur travaillant dans ce domaine de l’Etat n’a bénéficié de cet
appui.
Toutefois, pour le chef de secteur, la solution aux problèmes qu’il a évoqués nécessite :
- L’appui de la population vivant dans la RFLY tel que soulevé par une ONG financée
par AWF, dénommée MINEL qui envisage la construction des maisons pour les
Kitawalistes résidant dans la RFLY il y a plus de 50 ans, dans un site aménagé pour
leur délocalisation. Il attache une importance particulière au droit foncier.
Il a fait remarquer qu’avant la mission d’identification des Kitawalistes, il y avait
d’autres groupes de populations qui occupaient trois campements dans la RFLY à
savoir Jeunesse, Emoniseli I et II. Ces gens étaient délogés de force par l’ICCN sans
que les conditions de leur réinstallation soient prises en compte. Pour avoir été chassé
comme des rebelles, ces gens là utilisent les bâtiments d’une prison abandonnée à
Befale comme refuge, sans assistance, dans des conditions de misère indescriptible.
Eclairé par cette mauvaise expérience du passé, le chef de secteur juge indispensable
de préparer d’abord les conditions de réinstallation des Kitawalistes qui restent encore
dans la Réserve.
- L’accompagnement bien encadré de la population par les ONG de développement
avec impact significatif. En effet, il juge de goûte d’eau dans la mer l’aide apportée
par certaines ONGs, qui devraient constituer des alternatives en vue de réorienter
l’attention de la population sur les ressources de la RFLY. C’est le cas de World
Fisher Center qui a aménagé un seul étang piscicole au village Lofuko et Réseau des
Femmes Africaines pour le Développement Durable avec un couple de porc pour
élevage au profit de la population dans tout le secteur de Lomako. Il poursuit en
disant, tout cela sans mesure d’encadrement adéquat, ce qui fait qu’il n’y a pas de
résultat. A ce jour, il n’y a aucune trace de cette aide.
Le chef de secteur se montre peu rassuré par AWF et moins encore par ICCN, quant à l’issue
heureuse du dossier « Kitawala ». Il cite un cas récent de ce qu’il considère comme
l’escroquerie de la part de ces Institutions, la réunion à laquelle il était convié par AWF où il a
travaillé pendant cinq jours sans être payé. Pour lui, si on n’est pas sérieux pour des petites
52
choses, qu’en sera-t-il des grandes, notamment, déloger dignement les occupants de la
RFLY ? Cette ONG a promis la construction d’une piste pour les avions qui devraient atterrir
dans notre secteur, mais aussi il a promis un fonds pour les Kitawalistes ; de tout cela, rien
n’est exécuté. Cette ONG est-elle capable de réaliser une promesse ? s’est-il demandé. La
population ne voit aucune retombée de la conservation.
Il soutient par ailleurs qu’un cahier des charges a été singé avec AWF qui était accompagné
d’une autre ONG nommée Care International et qui supervisait les démarches jusqu’à ce que
la vacance des terres ait été déclarée à Mbandaka où il a été lui-même présent. Pour donner un
fondement à l’existence de ce cahier des charges, le chef de secteur prend à témoins le prêtre
catholique de Basankusu répondant au nom de l’Abbé LUO qui a suggéré (au sujet de ce
cahier des charges) qu’on commence d’abord par les réalisations en vue de motiver la
population, ensuite créer la RFLY. Il souligne avoir été floué lors de l’application de ce cahier
des charges lorsque l’ICCN a surgi subitement pour lui signifier qu’AWF est une ONG et
que le propriétaire de la RFLY est l’Etat qui ne doit pas signer un quelconque cahier des
charges avec sa population. Poursuivant sa déclaration, il fait savoir que l’ICCN a admis
d’accorder 40 % des entrées du tourisme à la population riveraine, promesse qui n’a jamais
été exécutée.
Figure 14: La (route) réclamée pour réhabilitation dans le cahier des charges
Ce dernier a aussi laissé entendre que les doléances de la population sont parvenues jusqu’au
Ministre de la Conservation de la Nature et Tourisme, son Excellence José ENDUNDO
BONONGE. Il affirme détenir les accusés de réception, notamment du Commissaire de
District de la Tshuapa.
53
Le chef de secteur atteste qu’à son niveau de pouvoir, il ne peut trouver de solution aux
problèmes de la population au sujet de la RFLY si ce n’est informer la hiérarchie. Néanmoins,
le COCOSI est un cadre de résolution des problèmes dus à la RFLY. Malheureusement,
dénonce-t-il, le conservateur de la RFLY lui a interdit de participer à cette réunion de grande
importance en évoquant le motif de réduction des membres qui doivent siéger à cette
assemblée, alors que c’est lui qui a représenté la population pour déclarer la vacance de terre.
En réalité, affirme t-il, c’est à cause de mes prises de position : la vérité gène le conservateur
et son partenaire AWF au COCOSI.
3.3.4. Entretien avec le président du cadre de concertation du projet Maringa-Lopori-Wamba
pour le territoire de Befale
De l’entretien avec le Président du Cadre de Concertation du projet Maringa-Lopori-Wamba,
PCC-MLW, en sigle, il en ressort que les principaux problèmes tels que évoqués par celui-ci
sont présentés en ces termes :
1. L’arrêté créant la RFLY stipule qu’elle ne peut pas être habitée alors que les
Kitawalistes y vivent depuis plus de 50 ans. D’après lui, la loi dit que si un groupe de
citoyens Congolais habitent un espace dans le territoire Congolais, ceux-ci peuvent
l’ériger à un village. Il poursuit son propos en disant que les Kitawalistes se sont
refugiés dans la forêt pour des raisons religieuses. Si ce n’était pas le cas, au regard de
leur durée et de leur nombre, le bonobo et les autres espèces rares que regorge la
RFLY n’existeraient plus.
Il fait connaître que la réunion du COCOSI tenue à Mbandaka dernièrement a chargé
le gouvernement provincial de trouver solution au phénomène « Kitawala ».
Cependant, en ce qui le concerne personnellement, il s’est dit être pessimiste quant à
la capacité de ce gouvernement à résoudre ce problème. Selon lui, c’est plutôt, les
partenaires à la RFLY car, ils ont un peu plus de moyens.
Le PCC-MLW signale qu’une ONG nommée MINEL a entrepris de recenser les
occupants de la RFLY mais sans succès, fustigeant le fait que les concernés ne veulent
pas de cette opération. Pour lui, l’échec de cette ONG est dû à l’inexpérience dans ce
domaine. Malgré cela, il se dit être optimiste quant à la solution durable de ce
phénomène. Il pense qu’il faut capitaliser les avancées notables en termes de
changement de mentalités de Kitawalistes.
54
Il s’est résumé en faisant observer que le grand problème de la RFLY réside dans son
occupation par des Kitawalistes qui n’ont pas encore trouvé un terrain d’attente pour
quitter ce domaine de l’Etat.
2. La RFLY est déjà créée mais les activités alternatives au bénéfice des communautés
locales n’existent pas. Elles sont laissées à leur propre compte.
3. La part des communautés locales sur les entrées du tourisme n’est pas libérée. D’où
leur frustration.
Selon l’avis du PCC-MLW, la résolution pacifique du problème lié à l’occupation de la RFLY
est un impératif étant donné que ces gens là sont des Congolais qui doivent être traités
dignement. Par contre il soutient que ceux qui résident dans la Réserve pour raison de chasse
doivent être évacués de force.
Il a aussi relevé le fait que les occupants de la RFLY ont leur part de responsabilité dans la
mesure où leur collaboration avec les autorités étatiques et d’autres partenaires est encore
insuffisante à ce jour.
Pour résoudre ces problèmes, le PCC-MLW propose ce qui suit :
- Le recensement des occupants de la RFLY, car soutient-il, ceux-ci ne peuvent être
appuyés efficacement que si leur nombre est connu ;
- Il faut utiliser la persuasion et la sensibilisation pour faire sortir les gens qui occupent
la RFLY;
- Que les utilisateurs de la rivière Lomako comme voie pour l’évacuation de leurs
produits vers Basankusu, principalement les chasseurs doivent trouver d’autres voies
afin d’éviter des accrochages avec les éco-gardes car dit-il, rien ne peut attester
devant ceux-ci que le colis de viande que détient un chasseur provient de la forêt
extérieure à la RFLY.
- Affecter réellement le pourcentage de recettes prévu pour la communauté locale dans
le financement des activités alternatives, étant donné que la RFLY est à gestion
participative.
Au sujet de cette dernière solution, le PCC-MLW fait remarquer que l’ICCN n’a jamais
montré sa volonté de libérer le pourcentage des recettes dû à la communauté locale, il y a de
cela 5 ans depuis que la RFLY existe. Il se dit par ailleurs ne pas comprendre que cette quote-
part de la population soit revue à la baisse (de 40 à 20 %). Mais, poursuit-il, malgré cela,
aucun rond n’est remis à la communauté, il y a toujours blocage.
55
Il affirme que la réunion du COCOSI tenue dernièrement à Basankusu a arrêté que la part de
la somme due à la population soit affectée à la construction d’une école primaire ; mais rien
n’est fait. Lorsque la question est posée, déclare t-il, comme pour se moquer de la population,
on la demande sa participation à ce projet.
Il reconnait que le tourisme n’est pas encore bien développé dans la RFLY. Cependant, il
soutient que même si les recettes dues à la population sont minimes, c’est à elle seule de
décider de ce qu’elle doit en faire, car c’est son droit.
Au sujet du cahier des charges, il a déclaré n’avoir pas été convié à la réunion où a été évoqué
ce document. Cependant, il se dit avoir des informations selon lesquelles, au cours de cette
rencontre, il a été question que l’ICCN et son partenaire AWF signifient à la population
riveraine, à travers ses représentants la philosophie du gouvernement Congolais en ce qui
concerne les projections sur la Landscape MLW et plus particulièrement dans l’espace occupé
par RFLY . Il complète en affirmant qu’à l’issue de cette réunion une déclaration de vacance
des terres a été signée.
Il fait remarquer, selon lui, qu’un cahier des charges ne peut être signé qu’entre un privé et la
communauté et non entre cette dernière et l’Etat. Il pense plutôt que les recommandations
privées faites par les représentants de la communauté à leurs interlocuteurs au cours de cette
réunion ont été interprétées comme un cahier des charges, pourtant considère t-il, il n’en était
véritablement pas question.
Le PCC-MLW a généralement bien apprécié la gestion actuelle de la RFLY. Néanmoins, il a
condamné les tracasseries infligées à la population par les éco gardes allant même jusqu’à
pénétrer les chambres et à fouiller les casseroles de la population à la recherche de gibier.
Pour lui, l’arrivée du nouveau gestionnaire de la RFLY semble remettre de l’ordre sur ce
point de vue.
A la question de savoir si le PCC-MLW peut porter plainte contre ICCN au sujet des abus
constatés de la part des éco gardes, la réponse a été négative dans la mesure où il s’est
reconnu être membre du Comité de coordination du site qui est pour lui un cadre où ces
genres des problèmes sont traités et que ces attributions en tant que président du cadre de
concertation ne lui permettent pas cela.
A propos de l’avenir de la RFLY, il s’est dit être optimiste quant aux retombées socio-
économiques de celle-ci. En effet, dit-il, l’augmentation de l’abondance des animaux dans la
56
forêt des communautés locales provoquée par la migration due au niveau quantitatif élevé des
espèces dans la RFLY est déjà observée ; les ressources de ce domaine de l’Etat sont
protégées et donc, l’environnement aussi.
En rapport avec l’installation du campement des travailleurs de la RFLY dans une portion de
la forêt des communautés locales, ce qui constitue une violation de l’espace réservée à la
communauté, le président du cadre de concertation a fait savoir que cette partie de terrain a
été demandée et obtenue de la communauté de Boyela, car a-t-il déclaré, la RFLY, dans ses
limites autour de la rivière Lomako est marécageuse et donc difficile d’y ériger un site
d’habitation. Il certifie que ceux qui y résident consomment du gibier sans inquiétude car c’est
une partie de la forêt des communautés locales.
Pour conclure, le président du cadre de concertation a relevé que la communauté locale fait
parfois la sourde oreille quant aux informations utiles qu’il leur livre en vue d’une meilleure
compréhension de la situation.
3.3.5. Entretien avec le gestionnaire ou le conservateur de la RFLY
De notre entretien avec le gestionnaire de la RFLY, il en découle les résultats repris ci-
dessous.
Le gestionnaire soutient la création de la RFLY car, selon lui, le pays a projeté de porter la
surface des aires protégées de la RDC de 7 à 15 % du territoire national. Pour lui, il faut
protéger les ressources naturelles par une bonne gestion, étant donné que ces ressources ont
une grande importance pour l’intérêt non seulement de la communauté locale mais de
l’humanité toute entière. Il estime que la RFLY est très riche en biodiversité qui, en un
moment donné était entrain de se dégrader, sa création est arrivée au moment opportun.
Lui qui n’a que neuf mois à la tête de la RFLY, a fait savoir que la réglementation de ce
patrimoine de l’Etat a été bien faite car son statut est bien défini. En plus, les réserves
naturelles sont régies par une loi qui dit entre autres qu’on ne peut pas utiliser leurs
ressources. La RFLY n’est pas une réserve de biosphère où on peut utiliser une partie des
ressources et en conserver l’autre. Ainsi, par rapport au mode de gestion de la RFLY qui est
bien défini par le législateur, il pense que la réglementation y appliquée est équilibrée.
Cependant, estime t-il, les moyens en termes des ressources humaines qui sont insuffisantes
par rapport à la taille de cette aire protégée, les ressources financières dont il ne veut même
57
pas en parler et les ressources matérielles qui font défaut handicapent sérieusement la bonne
exécution de cette réglementation.
Quant à l’avenir de la RFLY, le gestionnaire se dit être optimiste mais seulement, pense t-il,
l’Etat Congolais devrait mettre des moyens conséquents pour espérer atteindre tous les
objectifs escomptés contenus dans l’arrêté créant cette aire protégée.
En ce qui concerne l’organigramme, le gestionnaire a fait savoir qu’il est entrain d’être adapté
aux changements intervenus à l’ICCN. Mais en attendant, la structure hiérarchisée de la
RFLY est reprise en annexe 2.
Selon le conservateur, tous les services sont opérationnels malgré l’insuffisance des moyens.
En ce qui concerne l’autonomie de gestion, notre interlocuteur a laissé entendre qu’il a une
hiérarchie à qui il soumet les rapports. En clair, il a annoncé qu’il gère sans injonction de
quelqu’un mais en suivant les instructions de sa hiérarchie, ce qui le limite parfois dans son
pouvoir, car en certaines matières, il est obligé de ne faire que des propositions à son chef qui
doit prendre de décision finale.
Ses relations sont bonnes avec les autorités politico-administratives locales. Toutefois, a-t-il
déclaré, certaines confusions règnent dans la mesure où quelques autorités pensent que le
conservateur doit leur rendre compte étant donné qu’il travaille dans leur territoire, ce qui
n’est pas légal, poursuit-il. Selon ce dernier, le refus d’obtempérer à la demande de ces
autorités engendre parfois des convoitises à son égard.
Le gestionnaire a reconnu l’existence d’AWF, l’unique partenaire qui vient en appui à la
RFLY pour la réalisation sa mission. Il a estimé que cette ONG œuvre bien mais ses moyens
sont très limités par rapport aux activités de la conservation. Néanmoins, il s’est dit être
rassurant : sans cette ONG, la RFLY existera toujours mais les actions de conservation seront
fortement handicapées. AWF n’est pas le géniteur de la RFLY.
D’après le conservateur, les principaux problèmes rencontrés à la RFLY sont :
1. La confusion comme évoquée plus haut, de certaines autorités politico-administratives
qui pensent que le conservateur leur est redevable. Mais aussi la volonté manifeste de
ces autorités à ne pas s’imprégner de la loi sur la conservation de la nature.
2. Le braconnage dû à la pauvreté extrême de la population.
58
Figure 15 : Un braconnier tombé dans le filet des éco-gardes de la RFLY
3. L’insuffisance de la logistique, des salaires et prime des agents qui travaillent à la
RFLY.
Figure 16 : Infrastructure type de la RFLY : un dispensaire à Lingunda, le 18/12/ 2011
Pour lui, la solution à tous ces problèmes nécessitent :
- La collaboration directe des autorités politico-administratives pour la gestion de la
RFLY, ce qui va permettre de résoudre certains problèmes.
- Que l’Etat mette des moyens financiers et logistiques à la RFLY en vue de permettre
à celle-ci de fonctionner comme il se doit.
Parlant des problèmes et des solutions, les Kitawalistes de la RFLY sont considérés par le
conservateur comme des hors la loi assimilés aux braconniers car, a-t-il déclaré, la loi dit
qu’on ne peut pas utiliser les ressources d’une réserve intégrale, alors que ceux-ci exercent
toutes leurs activités de survie dans la RFLY. Il a souligné que ces « braconniers », n’ont
jamais reconnu l’autorité de l’Etat. La preuve en est qu’ils n’ont jamais admis de se faire
59
recenser par les autorités étatiques. Ici, il faisait référence à la récente mission de recensement
diligentée au mois d’août 2011 qui a impliqué l’Administrateur du territoire de Befale, le chef
de secteur de Lomako et l’ICCN. Aussi, avance t-il, s’ils ne reconnaissent pas les autorités
politico-administratives légalement établies, ils ne peuvent non plus reconnaître le pouvoir de
l’ICCN. Néanmoins le conservateur reconnaît les avoir approchés à maintes fois notamment à
travers le Comité de coordination du site mais sans succès. D’ailleurs enchaîne t-il, pour avoir
discuté avec nous dans le cadre des négociations, le numéro 2 du mouvement kitawaliste a été
« excommunié » Sic.
S’agissant de Gabi LITUMBA reconnu au village Djoleke comme pasteur kitawaliste et
représentant de ce mouvement auprès du Comité de coordination du site, notamment par le
président du cadre de concertation du projet Maringa-Lopori-Wamba, le conservateur s’est dit
ne plus lui reconnaître ces qualités car, il n’a pas de l’influence notable sur les adeptes
kitawalistes installés dans la RFLY, surtout qu’il est lui-même chassé de la forêt. D’ailleurs,
de commun accord avec les autorités politico-administratives, il a déjà été signifié de son
exclusion du Comité de coordination du site et désormais, ne peut participer aux rencontres de
cette plate-forme que le pasteur titulaire lui-même, dans la mesure où ce dernier se débarrasse
de tout celui qui accepte d’échanger avec nous.
A propos des droits fonciers des Kitawalistes qui occupent la RFLY bien avant la création de
celle-ci, le conservateur a fait savoir qu’il est conscient de l’établissement dans ce site non
seulement des Kitawalistes mais d’une partie des peuples Ngombe et Ngando qui sont tous
allochtones à la région. De plus, il a affirmé détenir le procès verbal dans lequel les chefs de
groupements concernés directement par cette réserve ont demandé à l’ICCN de faire partir
tous ceux qui l’occupent car, ils détruisent leurs ressources. Au delà de tout cela, le
conservateur a fait observer qu’il existe un autre procès verbal approuvé par le gouverneur de
province de l’Equateur consacrant la vacance des terres avant que la RFLY soit créée et qui
a été signé par toutes les autorités, aussi bien administratives que coutumières concernées par
cette aire protégée. Pour le conservateur, ce dernier PV stipule entre autres qu’on ne reconnaît
aucune présence humaine dans cet espace érigé en réserve de faune actuellement.
Ainsi, le gestionnaire de la RFLY a estimé que les Kitawalistes n’ont aucun droit légal qui
peut justifier leur présence dans ce domaine de l’Etat, étant donné qu’ils ne légitiment pas
l’autorité de l’Etat. Du reste, a fait savoir notre interlocuteur, la communauté kitawaliste est
composée de assassins, de voleurs et de malfaiteurs qui ont beaucoup de litiges dans leurs
villages d’origine et qui se sont refugiés dans la forêt sous couvert de la religion. De plus, il a
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jugé tout à fait normal les menaces dont font l’objet les Kitawalistes de la part des éco gardes
car, a-t-il souligné, c’est la mission leur confiée par l’Etat en vue de protéger la RFLY. Il a
précisé que le travail de l’ICCN est d’appliquer la loi ; si les Kitawalistes ont la leur, a-t-il
déclaré, c’est à la justice de se prendre en charge.
Le conservateur a, en outre, estimé que le premier délogement d’un groupe d’anciens
occupants de la RFLY intervenu sous la force de la loi, n’est qu’un processus qui va continuer
même si ces gens là vivent dans des conditions très difficile dans les installations de
l’ancienne prison de Befale. Il a soutenu que cette mesure a été motivée par le fait que ce
groupe de gens qui n’avait que deux cases avant 2006 s’est renforcé en construisant davantage
des cases. Cela, après leur avoir annoncé qu’ils ne devraient plus habiter la forêt qui est
devenue RFLY. En sapant ainsi l’ordre de l’Etat, le délogement par force devrait intervenir.
Pour ce qui est des Kitawalistes, nous avons prévu non seulement la délocalisation mais la
réinstallation, a annoncé le conservateur qui regrette que ceux-ci ne veulent pas négocier.
L’option à prendre à ce jour, a-t-il poursuivi, n’est plus les négociations mais l’application de
la loi qui n’a pas été totale à l’égard de ces braconniers.
Se résumant, le conservateur a déclaré n’avoir aucun problème foncier au sujet de la RFLY
dans la mesure où sa création a suivi toutes les normes, notamment l’élaboration de la
cartographie participative des terroirs villageois de toutes les communautés riveraines. Au
cours de ce travail de cartographie avec la population, la sagesse a primé sur les ambitions des
uns et des autres, poussant la communauté riveraine (de Bongandanga et de Befale) à accepter
de se partager les bénéfices de la conservation sans pouvoir s’approprier des portions de terre
dans la RFLY, ce qui a stabilisé les limites de cette aire protégée.
Faisant référence à une certaine opinion qui dit que l’Etat devrait commencer par mettre en
exécution les infrastructures de base pour les Kitawalistes qui devraient venir les occuper, le
conservateur s’est dit : « l’Etat ne peut pas admettre de mettre des moyens en faveur d’une
population qui ne reconnaît pas son autorité».
Evoquant le point de vue selon lequel une partie des Kitawalistes s’est fait recensé et que cela
est un signal fort pour la collaboration, le conservateur rétorque en disant qu’il mise sur le
pasteur responsable (noyau dur qui a le mot d’ordre) ou un groupe représentatif qui a de
l’influence réelle sur les partisans de ce mouvement religieux, ce qui n’a pas été le cas lors de
ce qu’il qualifie de simulation de recensement de quelques jeunes récemment initiés.
61
Se basant sur la version selon laquelle les Kitawalistes ne veulent en aucun cas quitter la
RFLY qu’ils considèrent comme leur terre sainte et qu’ils demanderaient la révision de la
délimitation de la RFLY qui leur consacrerait l’espace qu’ils occupent actuellement, le
conservateur a fait entendre que la force reste à la loi et si c’est une façon d’officialiser la
rébellion, le problème ne serait plus à son niveau. Il pense plutôt que le refus de quitter la
forêt serait dû au passé chargé des Kitawalistes qui, pour la majorité, ont commis des bévues
dans leurs villages d’origine. Pour cela, ils évitent la vengeance ou les poursuites judiciaires.
Au sujet des accusations faisant état d’empiétement d’une partie de la forêt des populations
locales où l’ICCN a établi sa station, du détournement de la part des revenus du tourisme
réservés à la population, le conservateur a répliqué en déclarant que la RFLY n’est pas la
seule aire protégée où la station est installée en dehors de ses limites. L’ICCN n’a pas
vocation de s’isoler mais plutôt d’être avec la population, a annoncé le conservateur.
D’ailleurs, il a fait savoir qu’il détient un autre PV dans lequel la population du groupement
Loma sollicite l’installation de la station de la RFLY dans son terroir, se disputant cet
avantage avec le groupement Boyela qui a négocié avec l’ICCN pour l’installation de sa
station là où elle est actuellement. Il s’est dit ne pas comprendre cette contradiction.
Poursuivant sa déclaration, il a signifié que le pourcentage de la population a été revu à la
baisse par le fait de la loi sur toutes les aires protégées à gestion participative en RDC. Il a été
convenu que cette part d’argent dont le montant est communiqué chaque fois aux réunions du
COCOSI devrait servir à des micro projets en faveur de la population qui en élabore elle-
même à la hauteur du montant encaissé et non verser à un individu. Cependant, alors que
toute la part de la population riveraine est évaluée à 2 604 dollars américains, le territoire de
Bongandanga a présenté un projet de 18 000 $ et celui de Befale 6 000 $. L’ICCN qui tient à
la visibilité de ces projets a souhaité se rassurer du complément d’argent qui devrait servir à
l’exécution de ces deux projets lui soumis, au cas contraire, les redimensionner à la hauteur de
la somme disponible. C’est ce qui tarde de la part des communautés riveraines, a affirmé le
conservateur.
Parlant des revendications particulières du groupement Loma en ce qui concerne la propriété
de la RFLY, le conservateur a révélé ce qui suit : dans la forêt, il est difficile de reconnaître
que tel ou tel autre animal est de tel groupement. Il se dit être conscient, de cette revendication
qui a commencé à un échelon supérieur lorsqu’il s’est agi de la paternité de la RFLY entre le
territoire de Bongandanga et celui de Befale. Toutefois, les deux communautés ont été
62
convaincues de la mission de l’ICCN qui est aussi d’unir les populations. Ainsi, a affirmé le
conservateur, les deux communautés se sont unies autour de cette aire protégée.
Revenant au niveau des groupements du secteur de Lomako, le gestionnaire de la RFLY a
estimé qu’il ne fallait pas obtempérer aux revendications des gens de Loma, car cela serait
source des conflits et accentuerait le braconnage qui serait dû à la jalousie des uns par rapport
aux autres. Il juge cette façon de revendiquer comme porteur de germe de division et contraire
à l’esprit de conservation. Pour lui, les avantages doivent bénéficier à toute la communauté
qui a cédé une partie de sa terre minime soit-elle à la conservation.
Faisant allusion au cahier des charges, le conservateur a reconnu l’existence de ce document
qui est, selon lui, respecté à 80 %, voire même plus. Il s’est dit être content de parler de ce
dossier, car il y a lui-même travaillé en tant qu’agent de l’ICCN affecté auprès d’AWF. Ainsi,
il déclare qu’il n’avait jamais été question de négociation entre la population et AWF mais
plutôt entre l’ICCN et la population. A l’issu de ces tractations, il y a eu signature effective
d’un cahier des charges à Mbandaka. Néanmoins, souligne t-il, la population a été signifiée
que le sol et le sous-sol appartiennent à l’Etat qui peut libérer tout ce qui est contenu dans le
cahier des charges et priver définitivement les communautés d’un quelconque droit à cette
forêt. Après ces propos de l’ICCN, la population s’est remise en cause pour se limiter à
demander quelque chose de symbolique contenu dans ce qui est appelé « cahier des charges »
entre autre employer la population riveraine à la proportion de 80 % des agents, ce qui est
clause respectée ; installer la station de la RFLY dans le groupement Loma, ce qui n’est pas
réalisé suite aux contraintes techniques ; donner une partie des revenus du tourisme à la
population, ce qui est un acquis ; aider à ouvrir la route qui mène à la station/RFLY , ce qui
est fait partiellement par des moyens de bord.
Au conservateur de poursuivre que si la population s’est réservé de nous exhiber ce cahier
dont elle garde copie, c’est par manque de sincérité, car elle est consciente que les clauses de
ce cahier des charges sont déjà remplies à plus de 80 %. Le comble actuellement est que la
population compare l’ICCN qui œuvre pour l’intérêt de tous à une entreprise d’exploitation de
bois qui œuvre dans la région pour ses propres intérêts, a dit le conservateur.
Il s’est dit avoir à l’esprit que la conservation de la nature a toujours été une tâche délicate
partout. Pour lui, le braconnage ne peut pas être éradiqué mais diminué à des proportions
compatibles avec la gestion.
63
S’agissant de l’affirmation selon laquelle le braconnage effectué à la RFLY ne serait pas
l’apanage des gens des groupements Boyela et Loma, le conservateur contredit en déclarant
que plusieurs fois, ils se sont fait arrêté par les éco gardes. Néanmoins, il reconnait que le
braconnage dans la RFLY est plus intensifié du côté des gens du territoire de Bongandanga
qui sont à leur tour utilisés par les commerçants qui viennent des grandes villes. Malgré cela,
la tendance générale du braconnage est en baisse.
Pour ce qui concerne l’accusation selon laquelle le gestionnaire de la RFLY aurait exclus le
chef de secteur au Comité de coordination du site à cause du franc parler de ce dernier qui
gêne le conservateur, ce dernier répond en rappelant que le COCOSI est un cadre de
concertation qui s’appuie sur la représentativité aussi bien des autorités coutumières, politico-
administratives que la société civile, ce qui par ailleurs constitue les termes de références de
cette structure en conformité avec tous les Comité de coordination du site des aires protégées
de la RDC. Etant donné que le COCOSI de la RFLY était le plus pléthorique de tous, vue la
nécessité de rééquilibrer les membres, il a fallu en ce qui concerne les autorités politico-
administratives, retenir qu’un membre et pour le cas d’espèce nous avons choisi
l’administrateur du territoire qui a un pouvoir plus étendu que celui du chef de secteur écarté
avec d’autres membres qui faisaient pléthore à ces réunions.
Parlant encore du chef de secteur, le conservateur a fait savoir qu’il ne collaborait pas
suffisamment pour la conservation, car il n’avait jamais fait restitution à la base des
résolutions prises au Comité de coordination du site, mais aussi il ne se comportait pas
comme une autorité politico-administrative digne, plutôt comme un Kitawaliste qui combat
l’ICCN.
Le conservateur a estimé qu’il n’y a aucun service de l’Etat qui a des incidences sur la RFLY.
Il a par ailleurs affirmé qu’il n y a pas encore de conflit ouvert entre la RFLY et une tierce
partie mais des incompréhensions telles que évoquées plus haut. Cependant, l’intoxication
politicienne entrave parfois l’œuvre de la conservation, a-t-il poursuivi.
Il a trouvé normal les incompréhensions qui surviennent, car chaque partie préserve ses
intérêts. Le plus important, c’est d’arriver à gérer ces divergences.
Au sujet des conventions internationales sur les aires protégées ratifiées par la RDC, le
conservateur a fait savoir que le pays ne signe jamais des conventions pareilles car les aires
protégées sont nationales en dehors des sites du patrimoine mondial que lui ne gère pas.
64
Néanmoins, les conventions sur la biodiversité, les sites Ramsar et la Cites font partie des
traités ratifiés par la RDC.
Pour le conservateur, les données préalables à la création d’une aire protégée à savoir les
enquêtes socio-économiques et biologiques ont été obtenues, ce qui confirme que toutes les
étapes pour la création de la RFLY ont été respectées. Cependant, même si un projet de
zonage de la RFLY existe, cette aire protégée ne dispose pas encore de plan d’aménagement.
Il a affirmé que la RFLY à elle seule renferme tout un écosystème bien protégé par un
personnel qualifié à l’égard des tâches, malgré l’insuffisance des moyens.
Le conservateur s’est dit être très fier de ses éco-gardes car, a-t-il estimé, la RFLY est
l’unique aire protégée de la RDC où la quasi-totalité de cette catégorie d’agents est jeune.
Figure 17 : Les éco-gardes de la RFLY en parade
Enfin, le conservateur a fait savoir que la valeur monétaire de la RFLY n’a pas encore été
mesurée étant donné que les éléments scientifiques préalables ne sont pas encore disponibles.
3.3.6. Entretien avec le représentant d’African Wildlife Foundation
Notre entretien avec le chargé de la gouvernance forestière au sein d’AWF qui représentait
cette ONG, partenaire à l’ICCN, s’est soldé par les résultats ci-après :
Définissant la gouvernance forestière comme un ensemble avec plusieurs composantes qui,
au final met en relation les acteurs et la gestion forestière, notre interlocuteur a fait savoir que
la RFLY est une zone forestière qui a un statut spécifique conférant un mode de gestion
différent des autres espaces forestiers où les communautés locales exercent librement leurs
65
activités. Il a encore fait savoir que la préséance de la gouvernance pour la RFLY revient à
l’Etat qui s’assure de la bonne gestion de cette aire protégée. Ainsi, l’ICCN a la charge de
travailler avec les communautés riveraines à la RFLY. C’est dans cet ordre d’idées qu’avec
l’appui financier et logistique à 100 % d’AWF, l’ICCN a mis en place le Comité de
coordination du site qui est un cadre impliquant les parties prenantes à la RFLY pour sa
gestion concertée et qui se réunit deux fois par an en session ordinaire.
Le représentant d’AWF a fait entendre que son ONG a développé des activités alternatives
dans la périphérie de la RFLY en vue de démobiliser l’attention des communautés locales
vers ce domaine de l’Etat. Pour cette cause, il a renseigné que son ONG a obtenu un
financement du Fonds français pour l’environnement, pour la période de 2007 à 2010.
Suivant les déclarations de notre interlocuteur, le problème se situe au niveau de la validation
du plan de gestion qui devrait permettre la pérennisation des activités en faveur des
communautés locales. En effet, il a condamné le refus des communautés locales à valider ce
plan pour lequel elles ont été impliquées du début à la fin. Au sujet de cette implication, il a
renseigné qu’AWF et ICCN ont travaillé avec les représentants de chaque village et
groupement riverains à la RFLY qui étaient payés chacun à la hauteur de 150 $ par mois
durant deux ans, ce qui est énorme, a-t-il martelé, se référant aux rémunérations des éco
gardes. Il s’est dit ne pas comprendre que les communautés locales se soient rétractées au
moment de la validation d’un plan de gestion qui est leur émanation. Avec cette façon de
travailler, a-t-il argumenté, rien ne peut légitimer le boycotte de la validation du plan de
gestion ; d’où il a pensé à une main noire derrière cette affaire, étant donné qu’il y aurait
certains politiciens du terroir qui seraient hostiles à la conservation, préférant l’exploitation
forestière.
Ainsi, le représentant d’AWF a fait comprendre que la responsabilité des communautés
locales est pour beaucoup dans la non réalisation d’un des éléments clés du projet qui devrait
permettre l’exécution des activités alternatives. D’ailleurs, a-t-il fait observer, les
financements ultérieurs poseraient problème si le motif pour lequel nous avons obtenus les
financements antérieurs n’est pas justifié. La gestion participative doit impliquer tous les
partenaires, a-t-il avancé.
S’agissant des réclamations des communautés locales sur leur part des revenus issus du
tourisme qui ne leur est pas encore attribuée, le représentant de cette ONG a fait savoir que ce
non respect des engagements peut aussi causer une entorse à la mise à disposition des
66
capitaux ultérieurs pour la RFLY, mais aussi et surtout accentue la méfiance de la population
vis-à-vis de l’Etat et favorise le braconnage, a-t-il martelé. Malgré cela, il a fait entendre qu’il
n’est pas encore question d’entrevoir la résiliation du partenariat avec ICCN dans la mesure
où AWF note avec satisfaction la reconnaissance dont a fait montre la direction générale de
l’ICCN quant au non respect des engagements, ce qui permet à AWF de rester optimiste pour
l’avenir de collaboration entre lui et ICCN.
Notre interlocuteur a fait aussi savoir que son ONG tient à atteindre ses deux objectifs à
savoir : contribuer à la meilleure gestion de la landscape MLW et améliorer les conditions de
vie des populations riveraines par la bonne gouvernance, estimant que l’ICCN n’est pas
encore capable de prendre totalement la charge de gestion de la RFLY.
Cependant, AWF, à travers le chargé de gouvernance forestière, a trouvé également
intéressant la proposition de l’ICCN de ne pas remettre la part des populations aux individus
mais plutôt l’affecter à des micros projets de développement à impact visible. C’est à ce
niveau que la population semble trainer les pas et c’est ce qui aurait fait qu’elle ne soit pas
encore en possession de son dû jusqu’à ce jour.
Le représentant d’AWF souligne que la part globale des communautés locales pour les
revenus du tourisme qui s’évalue à près de 2.500 $ est insignifiant par rapport aux projets des
activités alternatives prévus dans le plan de gestion qui n’a pas été validé.
Notre interlocuteur a en outre déclaré qu’AWF est buté à une grande difficulté due à
l’incapacité de la population qui n’assume pas correctement ses responsabilités pour la
gestion participative de la RFLY. Il a évoqué un cas de séquestration d’un des ses collègues,
notamment dans le village Lofuko, suite à une mauvaise interprétation de la mission de ce
dernier ; un autre cas a été relevé lorsque la population a obligé de se faire payer au montant
fixé par elle-même, après que AWF lui ait donné une formation ; plusieurs cas de montage
d’histoires sans fondement au détriment des activités de son ONG sont notées constamment.
AWF a reconnu à la partie Befale de la RFLY, une grande richesse en biodiversité que la
partie Bongandanga, étant donné que cette Réserve est partagée entre ces deux territoires,
mais n’a pas approuvé les déclarations des gens du groupement Loma qui revendiquent la
primauté en ce qui concerne les droits des communautés riveraines à la RFLY, estimant avoir
donné plus de forêt que les autres et que les deux grands sites de recherche à savoir Iyemba et
Ndele sont situés dans la partie du terroir qui leur appartenait.
67
AWF a reconnu également l’abondance de certaines espèces animales dans la RFLY mais a
fait remarquer que les sujets rares n’ont pas encore suivi le rythme et que le tourisme de
vision n’est pas rendu facile.
Le représentant d’AWF termine ses propos en recommandant les communautés locales de
protéger les ressources de la RFLY si l’on veut attirer plus le tourisme qui va engendrer des
recettes dont elles ont leur part.
3.3.7. Entretien avec le commissaire de district de la Tshuapa
D’entrée du jeu, le Commissaire De District, CDD en sigle, à l’intérim nous a rassuré que les
dossiers relatifs à la RFLY ne lui échappent pas. Son administration dispose d’un organe qui
coordonne tout ce qui touche l’environnement.
Ainsi, évoquant les aspects législatifs et réglementaires, il a fait savoir que la réglementation
appliquée à la RFLY concerne non seulement ce site mais tous les espaces protégés de la
RDC. Pour lui, cette réglementation est acceptable dans la mesure où elle permet de protéger
la RFLY, surtout qu’elle a fait ses preuves de garde-fou dans les parcs nationaux du pays.
Le CDD s’est dit être parmi les précurseurs qui ont encouragé la population à collaborer avec
AWF et consort pour la création de la RFLY que lui nomme « la Réserve de Baringa-Lopori-
Wamba ». Cependant, il a déclaré que les discussions ont été houleuses car, la conception
d’une aire protégée au sein de la population n’est pas la même à l’Equateur, sa province qu’à
l’Est du pays où les communautés locales ont acquis une longue expérience en matière de
conservation des ressources naturelles.
Même si il reconnaît à l’Etat la force de la loi, il s’est dit être conscient des problèmes posés
par la création de cet espace protégé et qui, par ailleurs, continuent à être posés car il faut
délocaliser des groupes de gens qui occupaient la RFLY bien avant sa création dont une partie
est déjà évacué de force pour trouver refuge au centre pénitencier de Befale où ils sont
abandonnés, sans espace pour leurs activités, les privant ainsi de moyen pour leur survie.
Le CDD dénonce la cruauté sauvage et impitoyable des éco-gardes qui traquent sérieusement
la population même dans la forêt des communautés locales, ce qui constitue une nouveauté
négative au sein de la population qui a cédé une partie de sa terre pour l’économie durable et
qui est malheureusement payé aujourd’hui en monnaie de singe.
68
S’agissant des échos selon lesquels les Kitawalistes, en particulier ceux de la RFLY, seraient
opposés à quitter ce domaine de l’etat qu’ils considèrent comme leur terre sainte, le CDD a
soutenu qu’il y a une partie représentative de ce groupe de gens qui sont prêts à quitter la
RFLY. Il a exigé que les gens qui doivent être délocalisés, soient bien encadrés, appuyés par
un équipement adéquat à leur réinstallation et que leurs conditions socio-économiques soient
prises en compte.
Au sujet de la proposition selon laquelle l’Etat doit réajuster la délimitation la RFLY pour
consacrer une portion de terre aux Kitawalistes, il s’est dit ne pas soutenir cette proposition.
Cependant il a affirmé être convaincu que si les occupants de la RFLY voient des réalisations
concrètes en leur faveur, en termes d’un bon milieu d’accueil couplé d’un appui socio-
économique, ils quitteront tous sans tarder.
Le CDD s’est dit ne pas croire à la thèse d’une opposition des Kitawalistes à l’Etat. Il poursuit
en déclarant que le braconnage qui n’est d’ailleurs pas intense dans cette aire protégée, n’est
pas l’apanage des Kitawalistes mais des gens qui viennent de très loin.
En tant qu’autorité politico-administrative, il s’est déclaré être opposé à toute initiative
d’exploitation de bois dans la RFLY quelle que soit la raison. En effet, pour lui, la RFLY
protège non seulement la faune mais aussi la flore et toutes les autres ressources.
A propos des doléances venant de la RFLY, le CDD a laissé entendre que les éco-gardes et les
policiers sont tous au service de l’Etat. Il a en outre, déclaré être informé des tracasseries des
hommes armés sur la population autour de la Réserve de Lomako. A son niveau, il a donné
ordre à l’administrateur du territoire de Befale de s’enquérir de cette situation en vue de
prendre des mesures conséquentes. Ainsi, il espère pouvoir apporter des solutions aux
préoccupations des uns et des autres pour ce qui concerne la RFLY.
Toutefois, le commissaire de district a fait comprendre que la gravité des problèmes
déterminera le niveau administratif auquel ils seront traités.
Il a déclaré avoir déjà résolu plusieurs différends en rapport avec les aires protégées,
notamment les questions d’ordre civil et militaire liées aux bévues commises par les gardes
parcs. Néanmoins en ce qui concerne la RFLY, jusque là, des conflits ouverts ne sont pas
encore portés à sa table, étant donné que, de part le statut particulier de cette aire protégée,
l’ICCN gère différemment cette Réserve que les autres types d’aires protégées.
69
Le commissaire de district a terminé ses déclarations en indiquant que la conservation est déjà
comprise par la population lettrée mais il faut encore du travail de sensibilisation avec des
méthodes appropriées pour faire passer le message de la conservation dans la catégorie de
population non lettrée qui, du reste, est largement majoritaire dans sa juridiction.
3.3.8. Entretien avec le procureur de la République dans le district de la Tshuapa
Le procureur qui nous a bien reçu dans son bureau à Boende s’est déclaré, sans jambage, ne
pas être intéressé par notre entretien et s’est catégoriquement refusé de se livrer à nos
questions.
3.4. Analyse de la situation actuelle de la conservation de la RFLY
L’analyse de la situation actuelle de la conservation de la RFLY est présentée dans le tableau
ci-après.
70
Tableau 7 : Analyse de la situation actuelle de la conservation de la RFLY
Atouts Faiblesses
Base légale de l’existence de la Réserve de Faune de Lomako-
Yokokala
Existence d’une biodiversité très riche et de renommée
internationale ;
Existence de plusieurs ressources d’attraction touristique
Existence d’une banque des données renfermant les informations
spatiales, fauniques et floristiques ;
Existence des initiatives de conservation communautaire pour la
RFLY ;
Existence d’une vision actuelle de l’ICCN qui intègre la
conservation communautaire ;
Personnel: scientifique, administratif et technique de qualité ;
Limites de la RFLY très bien définies naturellement ;
Enclavement de la RFLY.
Absence d’un plan de gestion communautaire;
Faible sensibilisation des populations locales sur les enjeux de la
conservation ;
Manque des moyens (matériels, financiers et logistiques) pour
appuyer les actions de conservation;
Faiblesse du comité de concertation du site ;
Insuffisance des actions concrètes de la RFLY en faveur des
populations locales ;
Présence des Kitawalistes dans la RFLY ;
Enclavement de la RFLY ;
Infrastructures socio-économiques de base de la RFLY
inappropriée.
Opportunités Menaces
La RDC, membre signataire de plusieurs conventions relatives à la
conservation de la nature ;
Existence d’un projet de révision de la loi relative à la
conservation ;
Manque d’activités alternatives pour la population en vue de lutter
contre la pauvreté et le chômage;
Voies d’accès à très mauvais état ;
Manque de coordination au sein de différents services étatiques ;
71
Revue institutionnelle de l’ICCN ;
Mise en place de nouvelles Institutions politiques ;
Communauté internationale intéressée ;
Une communauté riveraine prédisposée des intérêts de la
conservation et prête à s’impliquer dans la gestion/protection de la
RFLY ;
Existence des coutumes qui encouragent la conservation
communautaire au sein de la population riveraine ;
Existence des structures de base (organisation non
gouvernementales, Réseaux, est.) pour le site.
Possibilité d’emplois par les activités de surveillance et
d’écotourisme ;
Faible densité de la population riveraine (14 habitants au km² selon
le PNUD, 2009).
Faible implication des autorités politico-administratives pour la
conservation de la RFLY ;
Non prise en compte par le gouvernement des interventions
économiques dans les aires protégées dans le budget
d’investissement de l’ICCN ;
Absence d’une loi adaptée à la conservation communautaire.
.
72
CHAPITRE 4 : DISCUSSION
A l’issue des résultats obtenus, nous pouvons relever que le problème central de la RFLY
réside dans son appropriation par les communautés riveraines. A coté de ce problème, nous
pouvons épingler l’occupation de cette aire protégée par le groupe religieux dénommé
« Kitawala ».
En effet, la Constitution du 18 février 2006 de la RDC proclame en son article 9 alinéa
1er : « L’Etat exerce une souveraineté permanente notamment sur le sol, le sous-sol, les eaux
et les forêts, sur les espaces aériens, fluvial, lacustre et maritime Congolais ainsi que sur la
mer territoriale Congolaise et sur le plateau continental ». La même Constitution en son article
34 dit : « La propriété privée est sacré… Nul ne peut être privé de sa propriété que par cause
d’utilité publique et moyennant une juste et préalable indemnité octroyée dans les conditions
fixées par la loi… ».
L’article 2 de la loi n° 77-001 du 22 février 1977 sur l’expropriation pour cause d’utilité
publique dispose : « L’utilité publique est de nature à s’étendre aux nécessités les plus
diverses de la collectivité sociale, notamment dans le domaine de l’économie, de la sécurité,
de la défense militaire, des services publics, de l’hygiène, de l’esthétique, de la sauvegarde de
beautés naturelles et des monuments du tourisme, des plantations et de l’élevage, des voiries
et des constructions y compris les ouvrages d’art. Elle suppose que les biens repris par l’Etat
aura une affectation utile à tous, ou à une collectivité déterminée ».
L’utilité publique est à la base de la création de la RFLY. En effet, on lit dans les visas de
l’arrêté ministériel n° 024/CAB/MIN/ECN-EF/ du 28 juin 2006 « considérant de l’espace
géographique retenu pour Réserve de faune de Lomako -Yokokala regorge de plusieurs
espèces fauniques essentielles qui nécessitent, de ce fait être conservées d’une façon
durable ».
Toutefois, le processus technique requis pour la création d’une aire protégée tel que décrit
dans le « manuel de procédure de création des aires protégées terrestres du système d’aires
protégées de Madagascar » (Ministère de l’Environnement, des Forêts et Tourisme du
Madagascar, 2008), n’est pas respectée. De fait, même si nous pouvons observer que l’Etat
Congolais s’est évertué à l’appliquer pour la création de la RFLY, les entretiens avec les
communautés riveraines ont indiqué que les étapes consistant à l’engagement des parties
prenantes, aux consultations publiques, à l’élaboration d’un plan d’aménagement et à l’étude
73
d’impact environnemental ont été escamotées ou viciées. La quasi-totalité de la population
riveraine n’a pas été réellement informé de la cession d’une portion de leur terroir pour
création d’une Réserve de l’Etat. Pour avoir signé le procès verbal de vacance des terres à
travers ses représentants, la population ne cesse de se reprocher de ce fait qu’elle considère
d’erreur fatale commise.
Par ailleurs, pour souscrire à cet acte, les mandataires de la population ont été amenés loin de
leurs villages (au chef-lieu de la province de l’Equateur) où la majorité parmi eux n’avait
jamais été. Nous pensons que dans ces conditions dépaysâtes, ceux-ci ne pouvaient pas
émettre leurs avis plus librement. Pour manifester son regret à ce qu’elle considère comme
erreur du passé, la population a refusé de valider le plan de gestion proposée par AWF et
l’ICCN quand bien même que ce plan paraît salutaire pour elle, craignant qu’à travers sa
signature, comme pour la vacation des terres, viennent d’autres initiatives en sa défaveur.
Aucun plan d’aménagement n’existe ; de même aucune étude d’impact environnemental n’a
été réalisée.
Ceci a engendré une divergence d’intérêt des acteurs pour les questions touchant à la RFLY.
D’où, la population riveraine ne fait pas sienne la Réserve créée.
Ainsi, considérant les termes de la loi Congolaise tels qu’évoqués ci-dessus ; prenant en
compte les désirs exprimés des populations locales qui estiment que les ressources qui les
entourent constituent un héritage leur légué par leurs ancêtres ; il y a nécessité de reformuler
les lois et règlements de manière à ce que chaque partie prenante puisse tirer des aires
protégées des avantages permanents, ce qui se traduira sur terrain à un développement durable
socio-économique.
Cependant, au-delà des considérations légitimes des communautés locales, nous pouvons
stigmatiser leur attitude de dépendance dirigée vers l’intérêt immédiat. Elles estiment qu’on
les a privés de leur forêt et par conséquent, on doit les indemniser selon les termes et l’esprit
de la Constitution de la RDC, en son article 34. Elles ont demandé par exemple qu’on leur
construise des maisons en tôles, qu’on prenne les études universitaires de leurs enfants en
charge,… au lieu de se focaliser sur les activités alternatives, socles de leur développement.
Plusieurs fois, les termes « on nous a promis… » sont revenus dans leurs déclarations,
traduisant ainsi un certain attentisme des communautés locales vis-à-vis des donateurs.
74
S’agissant de la population kitawaliste qui occupe la RFLY depuis plus de 50 ans et qui doit
la quitter au regard du statut cette aire protégée, nous pensons que l’Etat a non seulement
l’obligation de faire respecter les lois mais aussi de veiller au bien-être de toute la population.
Nous n’avons noté aucune attitude négative de la part des populations riveraines à la RFLY
vis-à-vis des Kitawalistes. Par contre, nous avons observé sur terrain, une frange importante
de la communauté kitawaliste vit en harmonie avec les populations dans plusieurs villages
autour de la RFLY, notamment Djoleke, Bokoli,…. où nous avons remarqué que l’église
« Kitawala », autrement appelée « MOI-SANJA » qui signifie « SOLEIL-LUNE » est bel et
bien implantée, avec un nombre considérable d’adeptes. Cette observation nous amène à
nuancer les propos du conservateur lorsqu’il considère les Kitawalistes comme des
braconniers qui ne reconnaissent pas l’autorité de l’Etat. Et cela, nonobstant l’affirmation du
conservateur sur l’existence d’un procès verbal signé par les chefs des groupements qui n’a
malheureusement pas été porté à notre connaissance, et où ceux-ci demanderaient à l’ICCN
de faire partir tous ceux qui occupent la RFLY.
Ici, nous pensons que la méthodologie appliquée par l’ICCN en vue de la délocalisation des
Kitawalistes a manqué de stratégies efficaces. En effet, les Kitawalistes agissent au nom de
leur foi plutôt que de la raison. Ils ne revendiquent en aucune manière le pouvoir de l’Etat si
ce n’est un droit foncier. S’il est vrai que l’Etat doit prévaloir sa force par loi, il est aussi vrai
que garantir le bien-être de la population est une force pour l’Etat. Il s’avère donc encore trop
tôt d’appliquer la force à cette population déterminée à faire valoir sa cause.
Pour ce qui est des conditions socio-économiques, la RFLY est entourée par des populations
qui dépendent étroitement de la nature : sans la forêt par exemple, il y a absence de vie.
L’ICCN a privilégié ses tâches originelles de surveillance, de monitoring, de recherche, ect.
Toutefois, le non respect de la clause selon laquelle « la RFLY sera aussi gérée de manière à
contribuer au développement socio-économique des populations riveraines par le biais de
conservation communautaire participative » (Journal officiel de la RDC, 2006) a entraîné
une résistance à l’appropriation de la RFLY par les communautés riveraines. Le principe de
rétrocession des recettes touristiques appliqué avec succès au Parc National des Virunga pour
le cas des gorilles, en 1994 (Languy & de Merode, 2006), n’est pas vécu par les riverains de
la RFLY. Cette aire protégée est devenue, comme le dit Sournia (1990), « un garde-manger
entouré par la faim » ; la population n’en bénéficie pas à tous les niveaux (ménage et
75
communauté). Les plaintes liées à RFLY sont justifiées par l’absence des projets d’intérêt
économique pour la communauté locale.
Aussi, la situation économique précaire des agents de la RFLY due à leur faible salaire payé
toujours en retard allant parfois jusqu’à cinq mois, mais également les infrastructures sociales
de base médiocres sont à la base des dérapages décriés sur les éco-gardes par les
communautés riveraines à la RFLY. Ces dérapages constituent un frein à la conservation
communautaire participative telle repris dans l’Article 5 de l’arrêté ministériel n°
024/CAB/MIN/ECN-EF/ du 28 juin 2006. L’insuffisance très remarquable de matériel de
travail des agents de la RFLY ainsi que le faible nombre d’éco-gardes évalué à près de 50, en
raison de 1 éco-garde pour près de 72 kilomètres carrés, confirment la problématique de la
capacité institutionnelle de l’ICCN. C’est le cas au Parc National des Virunga où le mandat de
l’ICCN n’est plus adapté au contexte social et économique du pays, et ses moyens sont
insuffisants (Languy & de Merode, 2006). Nous sommes convaincus que sans l’appui de
l’Organisation non gouvernementale AWF, même si la RFLY pourrait encore exister, les
objectifs assignés pour la création de cette aire protégée ne seraient pas atteints.
Cependant, remplacer l’Etat dans son rôle régalien comme AWF, tente de le faire et comme
le souhaite le président du cadre de concertation du projet MLW, n’est pas vraiment un
service rendu aux populations qui, souvent, ne s’approprient pas le sens de la gouvernance ;
cette situation est vécue au Parc de la Salonga par Trefon & Kabuyaya (2009) mais aussi au
parc national des Virunga par Paluku (2005) où la collaboration des ONGs avec les
communautés locales et la médiation avec l’Etat restent limitées. Des questions liées à la
RFLY, les communautés locales ont laissé entendre ce qui suit : « Nous ne connaissons pas
l’ICCN, mais plutôt AWF ». AWF ne devrait pas jouer le rôle d’avant-plan, camouflant ainsi
la présence de l’Etat, garant du développement durable de la nation, représenté par l’ICCN.
Les aires protégées ne devraient pas être créées pour des raisons purement politiques, mais
aussi et surtout sociales, économiques et environnementales. Ainsi, on parlera de
développement durable, socle du bien-être de tous.
A propos de l’analyse SWOT (AFOM) de la situation actuelle de la conservation de la RFLY,
les forces et les opportunités dégagées constituent une base solide pour une conservation
participative efficiente. Par ailleurs, les faiblesses et les menaces sont des défis qui restent à
relever.
76
CONCLUSION
Notre étude a porté sur la perception de gouvernance de la Réserve de Faune de Lomako-
Yokokala par les riverains. Elle constitue une problématique dont il convient de traiter dans
une approche systémique. L’objectif général poursuivi dans cette étude était d’établir la
manière dont les communautés locales perçoivent la gouvernance des aires protégées de la
RDC, particulièrement de la RFLY, en vue de leur appropriation par celles-ci.
La méthodologie suivie se résume à des entretiens en focus groupes et avec des informateurs
clés et a pris en compte différentes couches sociales regroupées en différents acteurs identifiés
selon quatre catégories, à savoir : la population, les gestionnaires, les scientifiques et les
décideurs. Elle a également consisté en des observations de terrain, la recherche de données
(documents, bibliographie, webographie et contacts), à l’élaboration des cartes, au
dépouillement et traitement des données et enfin à l’analyse.
Ainsi, des résultats obtenus, on retiendra par exemple qu’en ce qui concerne la création de la
RFLY, la quasi-totalité de la population riveraine n’a pas été réellement informée de la
cession d’une portion de leur terroir pour création d’une Réserve de l’Etat. Pour avoir signé le
procès verbal de vacance des terres à travers ses représentants, la population ne cesse de se
reprocher de ce fait qu’elle considère d’erreur fatale commise.
Remplacer l’Etat dans son rôle régalien comme certaines organisations non gouvernementales
tentent de le faire, à l’occurrence AWF, par des interventions ponctuelles et comme le
souhaite le président du cadre de concertation du projet Maringa-Lopori-Wamba, n’est pas un
service rendu aux populations qui, souvent, ne s’approprient pas ces actions.
Au regard des populations riveraines pauvres qui dépendent étroitement de la nature: sans la
forêt par exemple, il y a absence de vie, la RFLY est perçue, à ce jour, comme le dit Sournia
(1990), « un garde-manger entouré par la faim », au lieu d'être un moteur du développement
économique de ces populations qui vivent essentiellement de la chasse, la pêche et
l’agriculture.
Ainsi, considérant les termes de la loi Congolaise; prenant en compte les considérations des
populations locales qui estiment que les ressources qui les entourent constituent un héritage
leur légué par leurs ancêtres, il y a lieu d’indiquer clairement les avantages pour chaque
partie prenante dans tous les textes créant tous les types d’aires protégées.
77
L’analyse SWOT (AFOM) de la situation actuelle de la conservation de la RFLY, les forces
et les opportunités dégagées constituent une base solide pour une conservation participative
efficiente. Par ailleurs, les faiblesses et les menaces sont des défis qui restent à relever.
La conservation ne peut se faire efficacement sans tenir compte des contraintes économiques
et sociales inhérentes à la protection d’une aire protégée. Les questions de gestion du pouvoir
entre les populations et les différents acteurs entre autres locaux, étatiques et internationaux
nécessitent des stratégies appropriées. Ces stratégies devraient aller dans le sens de concilier
la conservation des ressources naturelles et le développement socio-économique des
populations.
Les informations recueillies dans nos recherches sur la perception de gouvernance de la
RFLY par les riverains sont également rendues utiles pour la REDD+. En effet, la situation
socio-économique des communautés locales, le système de gouvernance, la capacité
institutionnelle de l’ICCN, la non appropriation, les lois en vigueur en matière de ressources
forestières sont des contraintes majeures à la mise en œuvre de REDD+.
Ainsi, en dépit des efforts déployés par ICCN et AWF dans le cadre de la gestion
participative, notamment à travers l’instauration du cadre de concertation du site, force est de
constater que les communautés locales ne se retrouvent pas dans la gestion de la RFLY.
L’absence des projets d’intérêt économique pour la communauté locale constitue un obstacle
à une gestion responsable et conforme à l’intérêt général. Ceci est un indicateur remarquable
pour la réussite d’un projet REDD. L’hypothèse de recherche est donc vérifiée.
En guise de perspectives, si l’on veut que les riverains s’approprient la RFLY en vue des
bénéfices aussi bien pour la conservation que pour les moyens de subsistance :
le Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme d’une part, et
les Députés nationaux et Sénateurs d’autre part, doivent revisiter les lois et règlements
créant les aires protégées afin de garantir l’intérêt de toutes les parties prenantes aux
aires protégées ;
les organisations non gouvernementales nationales doivent faire pression sur le
gouvernement et le Parlement afin qu’ils revisitent d’urgence la loi relative aux aires
protégées telle qu’exprimée ci-haut. Et ce, pour établir la paix sociale dans les
populations riveraines des aires protégées ;
78
les autres services de l’Etat devraient assumer leurs responsabilités pour le
développement socio-économique des populations et que dans ce domaine, le mandat
de l’ICCN devrait concerner l’amélioration des relations de bon voisinage plutôt
qu’une obligation de développement économique au sens propre ;
les autorités politico-administratives devraient faire preuve de volonté politique pour
appuyer efficacement les efforts des aires protégées dans la conservation ;
l’appui des partenaires à l’ICCN, particulièrement ceux de la RFLY, devraient plutôt
venir sous couvert de cette entreprise de l’Etat plutôt que ces partenaires apparaissent
eux-mêmes au devant des actions menées ;
les études d’impacts environnementaux sont aussi indéniables pour prétendre gérer
durablement les ressources naturelles ;
l’ICCN devrait mettre en œuvre un vaste programme de sensibilisation et
d’information de la population sur le bien fondé de la conservation participative ;
les possibilités remarquables qu’offre la géomatique (GPS, SIG, Télédétection) sont
un réel espoir pour améliorer le suivi de la gestion de la RFLY ;
l’approche pacifiste basée sur le dialogue et dépourvue de tout esprit d’intimidation
pourrait aider à résoudre plus durablement le problème « Kitawala » de la RFLY ;
l’installation des Kitawalistes dans les sites d’accueil identifiés, négociés et évalués
sur d’autres terroirs de la région aurait été une solution durable pour mettre fin à leur
occupation de la RFLY ; chaque ménage des Kitawalistes, serait bénéficiaire d’une
portion de terre fertile pour la pratique d’agriculture et de petit élevage par exemple ;
la REDD+ nécessitera une gouvernance représentative des divers acteurs concernés,
en particulier l’Etat et les communautés locales ; un mécanisme de redistribution
équitable des revenus, assurant une amélioration du niveau de vie des populations
locales devrait être arrêté;
même si les problèmes fonciers ne se posent pas à Lomako où on note également la
présence de l’entreprise forestière Congo-Futur, le zonage et l’aménagement de tout le
territoire national s’avère être des instruments indispensables pouvant guider la
création des aires protégées ; ceci en vue d’éviter la superposition de différentes
concessions, telle est le cas de la concession forestière attribuée par l’administration
publique à la Réserve naturelle du triangle de la Ngiri qui, sur le plan cartographique,
se superpose à la concession forestière de l’entreprise SOFORMA.
79
BIBLIOGRAPHIE
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GRILLE D’ENTRETIENS AVEC DIFFERENTS ACTEURS INTERVENANT DANS LA
RESERVE DE FAUNE DE LOMAKO-YOKOKALA (RFLY)
N.B : Cette grille d’entretien a été élaborée de manière à puiser des informations importantes
sur les capitaux de subsistance dans les environs de la RFLY.
I. Identification du groupement
Nom du groupement : …………………………………………………………………………
Secteur:…………………Territoire :…………………………………………………..
II. Historique :
1. A quand remonte l’occupation des villages de ce groupement? (Population)
2. Connaissez-vous ses premiers habitants ; d’où sont-ils venus? (Population)
3. Quelles ont été les raisons de leur installation en ce lieu? (Population)
4. Les occupants actuels, sont-ils de la même origine que les premiers? (Population)
5. Si, non. Quels sont les clans qui composent ce village? Et les groupes ethniques?
(Population)
6. L’autorité en place, est-elle traditionnelle ou étatique ? (Population)
7. Si elle est traditionnelle, quelles sont ses prérogatives ? Et quelles sont les prérogatives
de l’autorité étatique ? (Population)
8. Quelles sont les liens de filiation entre le chef traditionnel et la plupart des habitants
du village ? (Population)
III. ASPECTS LÉGISLATIFS ET RÉGLEMENTAIRES
1. Comment trouvez-vous l’existence de cette Réserve, est-elle une bonne chose ou pas ?
(Population, gestionnaires, scientifiques et décideurs)
2. Que pensez-vous de la réglementation appliquée à la RFLY ; est-elle acceptable,
contraignante, suffisante ou insuffisante ? (Population, gestionnaires, scientifiques et
décideurs)
3. Comment et avec quel moyen appliquez-vous la réglementation dans cette Réserve,
(Gestionnaires)
4. Votre accord a-t-il été demandé ou donné pour que le site de Lomako soit érigé en
réserve de faune ? Si oui quelles ont été les modalités ? (Population)
5. Comment trouvez-vous l’existence de cette réserve, est-elle une bonne chose ou pas ?
(Scientifiques)
6. Peut-on permettre la coupe du bois dans la RFLY, par qui, pour qui, pour quelle raison
et dans quelle partie. (Gestionnaires et décideurs)
7. Depuis quand êtes-vous gestionnaire de la RFLY ? (Gestionnaires)
8. Quel est votre point de vue sur la réglementation, l’existence et l’avenir de cette
réserve ? (Gestionnaires)
ANNEXE 1 : GRILLE D’ENTRETIEN
- 2 -
IV. ASPECTS INSTITUTIONNELS
1. Que pensez-vous du gestionnaire de la RFLY? (Population, scientifiques et décideurs)
2. Êtes-vous associés ou consultés dans la gestion ou la prise des décisions sur cette
réserve ? (Population)
3. La gestion de Lomako actuellement, est-elle satisfaisante ou pas ? (Population,
scientifiques et décideurs)
4. Quelle opinion avez-vous des ONGs qui interviennent dans la RFLY ? (Population,
gestionnaire et décideurs)
5. La structure de gestion actuelle de la RFLY est-elle convenable ou pas. Que proposez-
vous à la place ? (gestionnaires, scientifiques et décideurs).
6. Quelle solution préconisez-vous concernant la pression humaine sur la RFLY ?
(Gestionnaires, scientifiques et décideurs).
7. Quel est l’organigramme de votre structure de gestion ? (Gestionnaires)
8. Quels sont les services qui ne sont pas opérationnels et pourquoi ? (Gestionnaires)
9. Avez-vous une autonomie de gestion ? Quels sont vos pouvoirs décisionnels en
matière de gestion administrative, technique et financière (gestionnaires)
10. Quels sont les problèmes que l’on rencontre dans la RFLY et quelles solutions
préconisez-vous ? (Population, gestionnaires, scientifiques et décideurs).
11. Quels sont les services pouvant avoir des incidences sur la gestion de la RFLY et
qu’attendez-vous d’eux ? (Gestionnaires).
12. Vos publications portent sur quel domaine ? (Scientifiques).
V. ASPECTS JURIDIQUES
1. Vous est-il arrivé de traduire en justice des gens ou d’être traduit en justice pour
n’avoir pas respecté la réglementation de la RFLY ? (Population gestionnaires et
décideurs).
2. Pensez-vous que cette façon d’agir est bonne ou mauvaise? Que faut-il faire pour vivre
en bon terme avec les gestionnaires ? avec la population ? (population, , gestionnaires
et décideurs).
3. La justice donne-t-elle raison souvent à qui, et quelle est l’attitude de la justice
(parquet) face au dossier sur la RFLY ? (Population, gestionnaires et décideurs).
VI. ASPECTS POLITICO-ADMINISTRATIFS
1. Que vous disent vos autorités hiérarchiques sur l’existence de cette réserve ? Vous
encouragent-elles ? – vous défendent-elles ? – vous interdisent-elles son exploitation
et pourquoi ? (Population).
2. Avez-vous eu déjà des conflits avec ces autorités en rapport avec cette réserve ?
Lesquels ? Avec qui et pourquoi ? (Population).
3. Est-ce que les autorités politiques et administratives se sont-elles engagées à
collaborer avec vous à la réalisation des objectifs de cette réserve ? (Gestionnaires).
4. Est-ce que l’absence d’appui politique est un problème majeur à la gestion de cette
réserve ? (Gestionnaires).
5. Quelles difficultés avez-vous déjà rencontré avec les autorités locales ? Avec qui et
que faire pour y remédier ? (Gestionnaires).
6. Le secteur de Lomako vous adresse-t-il des rapports concernant la RFLY? Si oui,
lesquels ? (Décideurs).
- 3 -
7. Quelles sont les doléances que vous avez pu formuler aux autorités locales concernant
la RFLY ? (Décideurs).
VII. ASPECTS FONCIERS
1. Êtes-vous propriétaire (ayant droit) de la RFLY ? (Population).
2. Est-ce que la terre est un facteur limitant ou pas ? Si oui, pour qui et pourquoi ?
(Population, gestionnaires et décideurs).
3. En quel terme se pose le problème central de la RFLY? (Population, gestionnaires et
décideurs).
4. Que faire à votre avis pour assurer une bonne gestion des terres dans votre village et
dans la RFLY ? (Population, gestionnaires et décideurs).
5. Existe-t-il des problèmes fonciers dans la RFLY ? Si oui, en quels termes, quelles sont
les causes, qui les posent, quelles solutions préconisées, que faire pour y mettre fin
(Gestionnaires).
VIII. ASPECTS SOCIO-ECONOMIQUES
VIII.1. Capital humain :
Renseignement à documenter En proportion (%)
Nombre d’hab. du groupement :
Structure de la Population : Masculin Féminin Total
0- 5 ans
6 -12 ans
13 – 17 ans
18 – 55ans
> 56 ans
1. Y a t-il des ménages tenus par des femmes dans ce groupement ? Et par les jeunes
de moins de 18 ans ? (Population)
2. Quelles en sont approximativement les proportions ? F : J<18 : (Population)
3. Qui est la personne la plus instruite du groupement ? Que fait-elle ? (Population)
4. En général, quel est le niveau d’instruction à la mode (le plus fréquent) :
5. A/ chez les hommes : B/ chez les femmes : (Population)
6. Quel est l’âge moyen d’entrée de début de la scolarité dans le groupement ? Et
l’âge moyen de fin de scolarité ? (Population)
7. Y a t-il des catégories des populations qui quittent le village pour s’installer
ailleurs ? Quelle catégorie ? Où vont-ils ? Pourquoi ? (Population)
VIII.2. Capital naturel
1. Qui accorde les terres à cultiver ? (Population)
2. Comment accédez-vous au droit de la terre? (Population)
3. Tous les habitants du groupement ont-il le droit d’y cultiver (la terre)? (Population)
4. Y a t-il une catégorie de la population qui ne cultive pas la terre ? Pourquoi?
(Population)
5. Avez-vous un cours d’eau dans le groupement ? (Population)
- 4 -
6. Quel type d’activités s’y développe et qui les font ? (Population)
7. Que vous procurent les forêts de votre groupement ? (Population)
8. Avez-vous d’autres activités non liées à l’agriculture dans vos forêts? (Population)
9. Si oui, lesquelles ? (Population)
VIII.3. Capital physique
1. Combien d’écoles avez-vous dans le groupement ? (Population)
2. Quel type d’enseignement y assure-t-on ? (Population)
3. Si non, où vont les enfants pour leur instruction ? A quelle distance ? Et quel type
d’enseignement y est organisé ? (Population)
4. Combien de centre de santé avez-vous dans le groupement ? (Population)
5. Si non, où allez –vous pour les soins de santé ? A quelle distance ? Et quel type de
soins y est assuré ? (Population)
6. Avez-vous un point d’eau dans le village ? (Population)
7. Quel est l’état de ce point d’eau ? (Population)
8. Si non, d’où puisez-vous l’eau de boisson ? Et à quelle distance ? (Population)
9. Votre groupement est-il relié aux autres groupements par quelle voie ? (Population)
10. Quel est l’état de cette voie ? (Population)
11. Si non, où se trouve la voie d’accès la plus proche ? A quelle distance ? (Population)
12. Quels moyens utilisez-vous pour aller vers les autres groupements voisins ? Vers le
territoire ? Et vers la ville la plus proche ? (Population)
13. Avez-vous accès à l’électricité ? Le village électrifié le plus proche se trouve à quelle
distance ? (Population)
14. Avez-vous accès à la radio ? Au téléphone ? (Population)
15. Si oui, lesquels ? (Population)
16. Avez-vous un marché permanent dans le groupement ? (Population)
17. Organisez-vous des marchés hebdomadaires dans votre groupement ? Qui y vendent ?
que vend-t-on ? D’où viennent-ils ? (Population)
18. Si non, ou se trouve le marché le plus proche ? A quelle distance ? Comment vous y
allez ? Quoi y vendez-vous ? (Population)
19. Quels sont les équipements collectifs mis en place par la RFLY pour vous ?
(Population et gestionnaires).
VIII.4. Capital financier
1. Quelle est la principale source de revenu pour les habitants de ce groupement ?
(Population)
2. Comment se répartissent les activités économiques du groupement, à travers l’année
(J, F, ……) (calendrier agricole et autres activités)… (Population)
3. Actuellement, que produisez-vous dans ce groupement ? (Population)
4. Que vendez-vous aux autres groupements ? Territoires ? Villes ? (Population)
5. Quels sont les produits que vous achetez plus des autres groupements ? Territoires ?
Villes ? (Population)
6. Avez-vous un système d’épargne et/ou de crédit dans votre groupement ? (Population)
- 5 -
7. Si non, comment faites-vous pour économiser ? Garder un peu d’argent ou des biens
pour des besoins futurs ? (Population)
8. Si non, comment faites-vous pour emprunter de l’argent ou des biens ? financer une
nouvelle activité ? (Population)
VIII.5. Capital social
1. Avez-vous des organisations culturelles ou de développement dans votre
groupement ? (Population)
2. Si oui, que font-elles, qui en sont membres Combien sont-ils ? (Population)
3. Comment devient-on membre ? Comment devient – on responsable ? (Population)
4. Qui en est (ou sont) initiateurs ? (Population)
5. Depuis combien de temps ces associations ou organisations existent-elles ?
(Population)
6. Dans votre groupement, avez-vous des actions ou activités que vous effectuez de
manière communautaire ? (Population)
7. Si oui, quel type d’action par exemple ? (Population)
8. Dans votre groupement, avez-vous l’habitude d’assister un membre en difficulté ?
(Population)
9. Si oui, pour quel genre de problèmes, à quoi porte cette assistance et qui peuvent en
bénéficier ? (Population)
10. Dans votre groupement, s’il vous était demandé de catégoriser les gens d’après leur
niveau de richesse, comment le feriez-vous ? (Population)
11. Quelles sont les caractéristiques des différents groupes de richesse ? Sur le plan de
l’habitat ? De l’équipement ? Des activités pratiquées pour la subsistance ? De la
structure de leurs ménages ? De leur accès aux soins de santé ? De l’éducation de leurs
enfants? Ou d’autres ? (Population)
12. Dans votre groupement, quel rôle donnez-vous aux églises locales ? Aux services de
l’Etat (territoriale, agriculture, santé et autres…..) ? (Population)
13. Comment ce rôle est –il perçu pour votre développement ? (Population)
14. Quelle est le rôle de la femme, dans votre groupement ? (Population)
15. Quelles sont les limites de son pouvoir, par rapport aux hommes ? Et de ses droits ?
(Population)
16. Avez-vous des gens qui habitent ce village et qui travaillent dans la RFLY ? Si oui, en
qualité de qui ? (population).
17. Participez-vous à la gestion de cette réserve ? Si oui, comment ? Si non, pourquoi ?
(population).
18. Souhaitez-vous avoir des représentants dans le comité de gestion de la RFLY ?
(population).
19. Si on vous demande aujourd’hui de sensibiliser vos gens sur la nécessité de protéger
cette réserve, êtes-vous prêt à le faire ? (population)
20. Que faire à votre avis pour réduire les effets sur l’exploitation forestière et la chasse
dans la RFLY ? (population ; gestionnaires et scientifiques).
- 6 -
IX. ASPECTS TECHNIQUES
1. Quels sont les objectifs écrits (généraux et spécifiques) de cette réserve ?
(Scientifiques et Gestionnaires).
2. Est-ce que cette réserve dispose-t-elle des données de base sur les ressources ? Si oui,
lesquelles ? (Scientifiques et Gestionnaires).
3. Est-ce que cette réserve dispose-t-elle des données écologiques de base? Si oui,
lesquelles : (Scientifiques et Gestionnaires).
4. La RFLY est-elle protégée ? Quel rôle joue-t-elle ? (gestionnaires).
5. Cette réserve possède t- elle un plan d’aménagement ? Si oui, que pensez-vous de ce
plan d’aménagement ? (Scientifiques et Gestionnaires).
6. Cette réserve possède t- elle un plan de zonage ? Si oui, que pensez-vous de ce plan de
zonage ? (Scientifiques et Gestionnaires).
7. Comment appréciez-vous les limites de cette réserve ? (Scientifiques et
Gestionnaires).
8. Du point de vue écologique, cette réserve comprend t- elle un écosystème entier ?
(Scientifiques et Gestionnaires).
9. Avec près de 60 gardes qui sont du reste mal payés et en retard de paiement pendant
des mois, êtes-vous certains que la RFLY est bien protégée ?(Gestionnaires).
10. LA RFLY a-t-elle un programme d’éducation classique ou de vulgarisation dont
profitent les Institutions d’enseignement national ou local ? (Scientifiques et
Gestionnaires)
11. La RFLY dispose t- elle des aménagements et du matériel suivants à l’intention des
visiteurs : a) brochures, b) cartes, c) services de guides, d) centre d’accueil, etc.
(Scientifiques et Gestionnaires).
12. Cette réserve a- t- elle un budget suffisant pour réaliser ses objectifs tels qu’ils sont
fixés dans le plan de gestion (Gestionnaires).
13. La RFLY a-t-elle un personnel qualifié suffisant pour réaliser des objectifs de gestion
spécifiques ? (Gestionnaires)
14. Le personnel de la RFLY bénéficie t- il de programmes de formation ? (Gestionnaires)
15. Sur le plan de l’éducation environnementale, êtes-vous certain que tous les acteurs
connaissent le bien fondé de la Réserve de faune? Si oui, comment ? Si non, comment
faut-il faire ? (Gestionnaire et Décideurs)
16. Connaissez-vous la situation des infrastructures et des équipements de la RFLY ?
(Décideurs).
17. Êtes-vous disposé à aider la RFLY à remplir ces fonctions (conservation,
développement et support logistique) ? (Décideurs).
18. La RFLY connaît un problème de retard de payement des salaires et surtout d’effectif
insuffisant des gardes forestiers, êtes-vous certain qu’ils font vraiment leur travail et
êtes-vous prêt à les aider dans ces sens ? (Décideurs).
19. Que savez-vous de la REDD et qu’en pensez-vous ? (Scientifiques, Gestionnaire et
Décideurs).
20. Selon vous, à combien pouvez-vous évaluer cette réserve en valeur monétaire ?
(Scientifiques, Gestionnaire et Décideurs).
7
CHEF DE SITE
INSTRUCTEUR
CHEF DE SITE ADJOINT CHARGE
DE LUTTE ANTI BRACONNAGE
CHARGE DE LUTTE
ANTI BRACONNAGE
EQUIPE DE CHERCHEURS
CHARGE DE
BIOMONOTORING
CHARGE DE L’ADM.
ET FINANCE
CHEF DE POSTES DE PATROULLE
GARDES PATROUILLEURS
GARAGISTE
MAGASINIER
HUISSIER
SECRETAIRE
COMPTABLE
CHEF DU PERSONNEL
CHARGE DE CONS.
COMMUNAUTAIRE
CHEF DE SITE ADJOINT
CHARGE DE BIOMONOTORING
CHARGE DE
LOGISTIQUE
ANNEXE 2 : ORGANIGRAMME DE LA RESERVE DE FAUNE DE LOMAKO-YOKOKALA
8
ANNEXE 3 : CARTOGRAPHIE PARTICIPATIVE DE LA RESERVE DE FAUNE DE LOMAKO-YOKOKALA
ANNEXE 4 : CARTE ADMINISTRATIVE DE LA RESERVE DE FAUNE DE LOMAKO-YOKOKALA
10
ANNEXE 5 : CARTOGRAPHIE PARTICIPATIVE DU TERROIR COMMUNAUTAIRE DU SUD DE LA RFLY
N° Noms Sexe Age Village Catégorie
Groupement Boyela
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
Balonga nkake
Basanga ifaso
Basanga roger
Bayolo nkoy
Bokolongo
Bokonyo andré
Bolondo
Bongonda Penzele
Bongwa langa
Bonkena Ifuto
Bontamba lokuli
Bosingaliko
Bosinganse louise
Bositela Moke
Bosombe Impoko
Bosongu
Embondo
Engeli engeli
Likongo bosambi
Lokuli simon
Ngomo matthieu
Nkombe espoir
Nkombe kengete
M
M
M
M
F
M
M
F
M
M
M
F
F
F
M
M
M
M
M
M
M
M
F
62
41
48
56
42
63
29
38
31
26
36
30
32
29
54
59
58
51
61
63
41
37
45
LISOKO
LISOKO
LISOKO
Population
Population
Population
1.
2.
3.
4.
5.
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8.
1.
2.
3.
Lokuli isekitenda
Lolaka iloko
Bokamba kambalo
Lokomaka bongole
Nsala batuafe
Iloku ikamboyo
Lokuli lokuli
Ikwa nyamaolu
Jeanne etuka
Isala lokuli
Lomanga fréderic
Bomame wambo
Isola clarisse
Iyeko bofili louise
Lisombe yekalouna
Bokamba kambolo
Liloko lopiyo
Lokoo bofala
Mpunga esende
M
M
M
M
M
F
F
M
F
M
M
M
F
F
M
M
M
M
M
58
52
47
47
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36
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63
28
26
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19
24
43
49
62
BONGILA
BONGILA
Population
Population
ANNAXE 6 : LISTE DES PARTICIPANTS AUX ENTRETIENS
12
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10.
Lokuli belengo
Biala merden
Bokolo wanga
Bomate mbuku
Bombanda lisa
Bongila yeso
Bokole
Bosau Ifwa
Boyela Itongo
Buza ileko
Esanga Nkole
Ikendje
Isaka Bolima
Ituna Boenga
Iyali
Lokombo
Ifuto Nkundu
Ilanga siasa
Ilembe mponde
Lofembe etafe
Losambo bolengu
Ngonda Isulo
Nkole
Tondenge
Bayoo likofata
Bolua isemanga
Ifonda john
Joseph lileko
Lifala ifonda
Likombo imambo
Lokuli itsindo
Lokuli loleko
Lolandja loleko
Lomboto lokoto
F
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F
F
F
M
M
M
M
M
M
F
M
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F
M
M
M
M
M
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M
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BONGILA
BONGILA
BONGILA
BONGILA
Population
Population
Population
1.
2.
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9.
11.
1.
2.
Bakombo lokuli
Bayolo joseph
Bofola bolandje
Bokelo bononga
Bokuma paul
Iloku nkombe
Lofonga joél
Mpunga ifondola
Muntu trésor
Wima mboyo
Bakambe j.p.
Bokote jeanne
M
M
F
M
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M
M
F
M
M
M
F
60
58
43
45
42
59
28
35
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29
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49
NKONGA
Population
13
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5.
6.
7.
8.
9.
1.
2.
3.
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6.
7.
8.
Busuna Clarisse
Ifonge
Ilole bernard
Ilole intienne
Iyambe liambe
Lokuli bonseka
Lokuli jean
Balemba otute
Djete longa marie
Ikawa Longa
Inkaka lotomba
Liyolongo ebende
Longa lisuli
Monieka Ima
Wenga lokau
F
M
M
M
F
M
M
M
F
F
M
M
M
F
M
51
31
38
36
30
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48
49
38
39
26
26
61
57
62
NKONGA
NKONGA
Population
Population
Groupement Loma
1.
2.
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1.
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1.
2.
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6.
7.
8.
Bofaso-Bosongo
Bokumbe Isongaali
Esafa - Iseikoko
Lokuli- Bong
Lokuli –Isekaesala
Lokuli- Isembe
Lokuli- Moma
Lokuli Thomas
Mboyo- Elongu
BofasoBompembe
Bofenda-Lokuli
Emangi- Likola
Likotsi
Lokilo-Imombe
lokuli-Bokanya
Lokuli-Jacques
Lokuli-Satana
Bofaso-Lokuli
Bondonga
Boyongo-koko
Engombe-Iseke
Lokuli-Bernard
Lokuli-kaliloma
Lokuli-Liyolo
Losuma-Lokuli
M
M
M
M
M
F
F
M
M
M
M
F
F
M
M
M
M
M
M
M
M
M
M
M
F
52
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32
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68
28
35
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47
39
35
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41
52
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60
28
53
56
39
57
43
19
22
58
BONGILA
BONGILA
BONGILA
Population
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Bokwakulu Kele
Boloko Kele
Boso Nene
Boso Ngoyo
Bosola Ileli
Ibanga Lifomba
M
M
F
M
F
M
45
28
39
30
19
28
BOLIMA II
Population
14
7.
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6.
7.
1.
2.
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7.
8.
Isanga Esobe
Landa
Mataka Baila
Mitoko Esekola
Monjambi
Ngwele Mbifo
Bolombe Monieka
Boso Ndoandoa
Boso Suma
Boso Ndeni
Boso Etuku
Boso Kamo
Boso Lombo
Ikanga Etabo
Ilambasa
Itotela Bolenge
Monzanga Ipeka
Bakumanya Ilebo
M
F
M
M
M
M
F
F
F
F
M
M
M
M
F
F
M
M
43
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35
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51
47
45
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38
31
42
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25
26
46
41
24
29
BOLIMA II
BOLIMA II
Population
1.
2.
3.
4.
5.
6.
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1.
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3.
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10.
11.
12.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
Bonginda
boyeka Nkole
Inganda
Mangenda roger
Monanga otute
Basoko Issia
Bikaba Wala
Bobanga Mobele
Bokanza Mokero
Bokotola Djebe
Bolongo Lolanga
Boso Asuka
Boso Pela
Mangala
Ngbolo Balabana
Bondumba
Boso madika
Boso Nzote
Boso Semoja
Boso Likubu
Boso Elombo
Boso Isongo
Boso Kese
Boso Likala
Eliki – Boto
Eliki Masanga
Mboko lisungi
Abunakombo Likwolo
M
M
M
M
M
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F
M
M
M
M
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F
F
M
M
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F
F
M
F
M
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F
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28
35
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47
BOLIMA I
BOLIMA I
BOLIMA I
Population
15
1.
2.
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1.
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1.
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6.
Lofinda-Ndjoku
Nkombe-Joseph
lokula-Vctor
Bofaka-Ilombe
Ikwa-Lofulongo
Likombo
Lofanga
Efinda-Bakotomposo
Lomboto-Mpoodja
Isaka Longondo
Eela Henri
Ikombi Yambe
Lofanga sarcine
Bekombe franc
Bosoku
Bosongu longa
Bekombe ekwe
Belinga iseka
Bambokela
Boyoo faliala
Mbuli otowange
Ilinga- Lokua
Bowaka
Ifonge osio
Esiya eala
Lotomba
Bokoo-lokumo
Bokela liwaso
Bononga
Lokuli Ikasa
Lokodja Claire
Lofala wa Likolo
Bekoma
Ifula Ifaso
Ilawa yenga
Botombo
Lokuli looso
Balaka wina
Limotsu likai
Mboy Ifaso
Iyame Bokenge
Ifaso Bombuli
Ilole Boku
Bomolo loela
Bolumbu
M
M
M
M
M
M
M
M
M
M
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M
F
M
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F
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M
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M
M
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36
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25
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47
49
37
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24
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25
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46
38
19
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19
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36
BOKOLI
BOKOLI
BOKOLI
BOKOLI
BOKOLI
BOKOLI
Population
16
7.
8.
9.
Efinda iko
Bokonyo ngutu
Lilango
M
M
F
35
29
24
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2.
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10.
11.
12.
Likofata Aikiafa
Boale Roger
Ikofo Likondo
Djao Limuti
Djanga Ikete
Ikoko wa Iko
Bokamba
Bolumbu Mbuku
Ilando linga
Bonkoto Iso
Bakaa Emanuel
Nteya Boonia
Balando Baso
Efumo Likunde
Lokuli
Ifaso Lokua
Bimbifa Besengo
Bogbonga Edugulu
Bong bonga
Boso Djafo
Boso fraçoise
Boso Ebonga
Boso Embangolu
Boso Gena
Ebondo Likwelu
Elingo Belolo
Bokote
Baolongo Iototo
Bokele Bombeka
Bolondo
Bolumbuloko
Bonenge
Boodji Mondje
Inganda Likunzu
Iyole Loolo
Likako saka
M
M
M
M
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F
F
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M
M
M
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F
F
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F
F
M
F
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M
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39
28
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LIFENGO I
LIFENGO I
LIFENGO I
LIFENGO I
Population
Informateurs clés
1. Omasombo valentin M 45 Gestionnaire
2. Théo Way M 32 Gestionnaire
3. Oto Likoti M 44 Société civile
4. Armand Bokila M 52 Société civile (PCC-ML
5. Gabi Litumba M 41 Société civile (RP)
6. Omasombo valentin M 45 Scientifique
17
7. Jean-baptiste Befonga M 46 Scientifique
8. Bandole Bobonga M 62 Décideur
9. Procureur Décideur