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UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES
DEPARTEMENT DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
Option : Eaux et Forêts
B.P. 117 Kinshasa XI
Rapport de stage effectué dans la forêt modèle du Mayumbe dans la
province du Bas-Congo, District du Bas-fleuve
Du 1er Novembre 2011 au 31 Janvier 2012
Par
METIKWIZA NZAYILU
Ir2 Foresterie
Année académique 2010 – 2011
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AVANT PROPOS
De prime abord mes remerciements s’adressent au projet d’appui à la formation
en gestion de ressources naturelles dans le bassin du Congo (FOGRN-BC) qui m’est
financièrement venu en aide durant toute ma formation en foresterie à l’UNIKIN.
Mes remerciements vont également à l’initiative des Forêts modèles en Afrique
(IFMA) pour avoir financé ce stage ; à Melie MONERAT la coordinatrice des forêts modèles
en République Démocratique du Congo, au Professeur Damase Khasa le Directeur du Projet
FOGRN-BC, à Mahmadou GARBA le conseiller régional de FOGRN-BC , à tous les
professeurs qui ont assuré notre formation tant au premier qu’au deuxième cycle, à mon oncle
DIWA et sa femme Maman Hélène, à tous mes frères et sœurs, à mon compagnon Brunhel
Vambi, et à tous mes camarades de promotion.
Il m’est impossible de mentionner tant d’amis qui ont contribué tant soit peu à ma
formation. Cependant, j’adresse ici à tous et toutes, mes remerciements pour l’encouragement
tant moral qu’intellectuel dont j’ai été l’objet durant ma formation.
Je m’en voudrais de ne pas remercier le coordinateur de l’UNAPADEC à Tshela
Mr Joseph KUNGU di NGOMA et sa femme Maman Marcelline pour l’accueil qu’ils nous
ont réservé chez eux ; au directeur de programme de l’ONGD inter action et président du
comité de pilotage provisoire Mr Valentin Vangi qui en dépit de ses multiples et écrasantes
charges, a accepté de disponibiliser une partie de son temps pour nous recevoir de temps à
autre dans son bureau pour notre encadrement ;
Mme Marie Nyange, avec qui nous avons travaillé dur pendant deux séminaires,
nous disons merci pour son encadrement.
Que tous mes amis qui me sont venus en aide trouvent dans ce rapport
l’expression de ma profonde gratitude.
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INTRODUCTION
Comme il est de coutume, le programme de formation des ingénieurs agronomes à
l’Université de Kinshasa prévoit un stage d’une durée de trois mois à l’intention des étudiants
finalistes de deuxième cycle, département de gestion des ressources naturelles, option
Foresterie.
Ce stage a pour objectif de concilier la théorie et la pratique du fait que celui-ci
se passe le plus souvent dans le milieu professionnel, où l’étudiant pourrait allait travailler.
En tant que finalistes à l’Université de Kinshasa au Eaux et forêts, nous avons été
sélectionnés par l’IFMA pour passer notre stage au sein de foret modèle de Mayombe en
construction.
Toujours est-il que la forêt modèle de Mayombe est encore dans la phase de
construction, plusieurs études, doivent être menées pour son installation entre autres :
- Le contexte historique et politique
- L’administration du territoire
- Le paysage
- Les groupes socio-culturels
- Le patrimoine
- La problématique du développement
D’où notre stage a consisté à mener des études sur les sept points susmentionnés.
Nous l’avons passé dans la Foret Modèle du Mayombe situé en RDC, dans la
province du Bas-Congo.
Elle englobe tout le district du bas fleuve y compris la ville de Boma et le
territoire de Moanda.
Hormis cette introduction, ce rapport comprend trois chapitres auxquels s’ajoute
une conclusion.
Le premier chapitre qui analyse le milieu d’intervention comprend deux parties :
1. La situation géographique et administrative.
2. Les caractéristiques naturelles du site celle-ci subdivisée en deux,
notamment le milieu physique et les caractéristiques biologiques.
Le deuxième chapitre concerne la méthodologie et les outils techniques de
collecte de données.
Le troisième chapitre présente les résultats.
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CHAP I. LE MILIEU D’INTERVENTION
I.1. Situation géographique
La forêt modèle de Mayombe est située en RDC, dans la province du Bas-Congo,
elle couvre tout le district du Bas-fleuve y compris la ville de Boma et le territoire de Moanda.
Le tableau I, nous indique la subdivision administrative de la FMM.
SUBDIVISION ADMINISTRATIVE FMM
DISTRICT TERRITOIRE SECTEUR CITES & AGGLOMERATONS
BAS-FLEUVE Tshiela :
- 1398 villages
- 75 groupements
- Bula Naku
- Loanga
- Lubolo
- Lubuzi
- Maduda
- Mbanga
- Nganda Tsundi
- Nzobe Luzi
Tsanga Nord
Tshiela-Mbanza
Lukula :
- 939 villages
- 60 groupements
- Patu
- Kakongo
- Fubu
- Tsanga Sud
- Tsundi Sud
Lukula
Patu
Lemoa
Nsioni
Seke Banza :
- 866 villages
- 28 groupements
- 15 quartiers
- Bundu
- Lufu
- Isangila
- Mbavu
- Sumbi
Kinzau Mvuete
Seke Banza
Inga
Kwakwa
Ville BOMA Moanda :
- 226 villages
- 5 quartiers
- 32 groupements
- Assolongo
- Boma Bungu
- De la mer
Moanda
Communes de
Boma
- 17 quartiers
- Kikongo
- Kalamu
- Nzadi
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1. Périmètre d’étude
La FMM est bornée au nord par la République du Congo, et le Cabinda, au sud par le
fleuve Congo, à l’Est par l’océan atlantique, à l’ouest par le territoire de LUOZI.
2. Superficie
La FMM couvre une superficie de 14.300 Km2.
I.2. Caractéristiques naturelles du site
I.2.1. Milieu physique
On y traitera de façon générale, après avoir rassemblé le maximum de documentation
s’appliquant le plus précisément possible au secteur concerné :
Des conditions de terrain (relief et topographie)
Du climat
De la nature du sol
De l’hydrographie
Cette analyse du milieu physique s’appuiera très largement sur la documentation
existante, carte, notice géologique et poétologique, relevées météorologique.
3. Climat :
Avec comme température moyenne variant entre 20°c en saison sèche (du 15 mai au
15 octobre) et 25°c en saison pluvieuses (du 15 octobre au 15 mai) le Mayombe jouit d’une
pluviomètre moyenne allant du 1100 mm à 1300 mm d’eau par an et d’un climat tropical
humide AW 5 selon la classification de Koppen.
4. Les sols :
Les sols varient de l’argilo-sablonneux à l’argileux, sols propices aux cultures
pérennes voire vivrières.
5. Relief :
Le relief du Mayombe en RDC s’élève progressivement des plateaux côtiers
jusqu’aux Monts- Bangu, situé à 150 Km de l’océan. Il est constitué d’une série des collines,
orographique jeunes, dont l’altitude varie entre 200 m et 500 m.
6. Hydrographie :
Les forêts de Mayombe sont baignées par diverses rivières appartenant au bassin du
fleuve Tshiloango dont les principales sont : la Lukula, Lubuzi, Ngomamba, la Lumbu ect ….
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I.2.2. Milieu biologique :
1. Flore :
Les forêts de Mayombe ont une flore riche et diversifiée. En dépit de la dégradation,
il existe encore dans certaines parties, une richesse floristique, là où la forêt n’est pas
fortement dégradée, secteur de Maduda et Nganda – nsundi par exemple dans le territoire de
Tshela où l’on trouve la montagne du MadiaKoko prévue pour la création d’une réserve
transfrontalière.
C’est dans la réserve de biosphère de Luki où l’on trouve la plus grande diversité
floristique ayant plusieurs essences commerciales telles les Terminalia superba, Milicia
excelasa, Prioria balsamifera, gilbertiodedron sp, etc…
Il existe aussi dans la forêt modèle de Mayombe le parc merrain de Mangrove qui
comporte une flore caractéristique avec des espèces comme Avicenia afrricana, Racemosa
germinans etc…
2.Faune :
Les forêts de Mayombe avaient une grande richesse faunique, cependant la
dégradation et la fragmentation des habitants ont provoqué une défaunation considérable.
A présent, seule la réserve de la biosphère constitue un échantillon de cette faune,
malgré les menaces qui pèsent sur celle-ci, on peut encore y trouver la faune mammalienne
parmi les quelles Cricetomy emini (cricetome de forêt ou rat géant d’Emin), Thryonomys
suinderianus (grand aulacode).Les chyroptères et le pholidotes (pangolins) ; les carnivores
tels les genettes, les cuvettes, mangoustes, etc…
Le Cephalus monticola (céphalophe bleu), Tragelaphus spekei (sitatunga).
Les espèces d’oiseaux y sont aussi on peut citer ; Ceratogym naatrata (grand
calao), Corythocola cristata, et le Psittacus erithacus (perroquet gris), Poicephalus gutrelmi
(perroquet vert).
Hormis la Réserve de Biosphère de Luki, il existe encore des milieux où la forêt
est encore en bonne état et où l’on peut trouver une faune diversifié. Secteur de Maduda et
Nganda-Nsundi.
Le parc marin de Mangrove contient une faune caractéristique, le Lamantin par
exemple.
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CHAP II : OUTILS TECHNIQUES ET METHODOLOGIE
Ce chapitre concerne les outils et la méthodologie ayant servi dans la collecte des
données sur les volets suivants :
Caractéristiques environnementales
Caractéristiques sociodémographiques
Caractéristiques économiques
Infrastructures
Potentialités atouts te menaces de la zone.
II.1. Outils techniques :
Ce travail a été réalisé à travers :
- La collecte et l’exploitation de la documentation disponible sur la zone
d’intervention émanant des différentes sources (services administratifs, ONG, projets et
autres)
- L’observation sur terrain
- L’enquête ménages
- Les focus group
- Les entretiens semi-dirigés
II.2. Méthodologie :
1. L’enquête ménages
L’enquête auprès des ménages a pour objectif de dégager les indicateurs clés sur
les populations cibles en particulier :
- La taille des ménages
- L’état des ressources forestières
- Les pratiques culturales
- Les principales cultures
- L’énergie- bois
- Les activités économiques
- La commercialisation
- Les infrastructures sanitaires, scolaires
- L’approvisionnement en eau potable.
Groupes cibles
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Étant donné que la forêt modèle de Mayombe couvre tout le district du bas fleuve y
compris la ville de Boma et le territoire de Moanda, ce qui fait une zone d’intervention plus
large nous avons utilisé un dispositif hiérarchisé.
Sur les autres territoires que compte la FMM, l’enquête ménages s’est réalisée dans
deux territoires choisis en fonction des moyens financiers dont nous avons disposés. Il s’agit
du territoire de Tshela et de Lukula. Dans chaque territoire nous avons enquête dans une cité
et un secteur rural. Et dans chaque secteur rural nous avons enquête dans deux villages.
Pour ce faire, dans le territoire de Tshela, nous avons enquête dans la cité de Tshela
et le secteur de Lubuzi par contre dans le territoire de Lukula nous avons enquête dans la cité
de Lukula et secteur de fubu.
La taille de l’échantillon :
Toujours en fonction des moyens dont nous avons disposé, la taille de notre
échantillon est de cent vingt ménages (120) soit trente ménages pour chaque entité enquêtée.
Support d’enquête :
L’enquête est réalisée à partir d’un questionnaire.
2. les focus group
Dans l’optique d’acquérir des connaissances approfondies sur la problématique du
développement locale et la gestion des ressources forestières nous avons organisé des focus
group avec centaines groupes socioprofessionnelles, les carbonisateurs, les cultivateurs, les
éco gardes de la RBL (dans le cadre de la thèse de Mme Marie Niange) ; les agents de
l’INERA/LUKI, sur la gestion de la RBL.
3. Les entretiens semi-dirigés
Dans cette même optique, c’est – à- dire, pour avoir beaucoup plus de connaissances
sur les aspects environnementaux, socio-économiques, sociodémographiques etc,… nous
avons eu des entretiens semi-dirigés avec différentes personnes ressources de la zone
(autorités politico-administratives, les leaders des ONGD, les chefs coutumiers, etc,…)
C’est ainsi que nous avons rencontré l’administrateur du territoire de Lukula et celui
de Tshela, le coordinateur de l’environnement district du Bas-fleuve, le chargé de
l’environnement territoire de Tshela , le chef de secteur de Lubuzi et celui de Fubu.
Pour les ONGD, nous avons rencontré le directeur des programmes de l’ONGD
Inter-actions, le coordinateur de l’ONGd Union des Associations Paysannes pour le
Développement Endogène et Communautaire (UNAPADEC), le coordinateur de l’ONGD
Programme Agroforesterie et Reboisement Communautaire (PARC) ; l’animateur de l’ONGD
Association pour la Promotion de la Femme de Lukula (APROFEL)
4. Observation sur terrain
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L’observation étant un outil de collecte de données, nous avons utilisé l’œil
scientifique pour comprendre certains problèmes environnementaux tels ; la dégradation des
ressources forestiers, la disparition des essences commerciales dans plusieurs milieux, les
pratiques culturales, etc…
CHAP III : PRESENTATION DES RESULTATS
III. 1. Les travaux avec Mme Marie NIANGE à Luki
L’une des étapes de notre stage est le séjour passé à LUKI dans le cadre de la thèse
de Madame Marie NIANGE (doctorante de FOGRN-BC) sur la gestion de la RBL et les
relations entre communautaires locales et ressources forestières de la Réserve de Biosphère de
LUKI.
Pendant une dizaine des jours, nous avons bénéficié d’un encadrement de sa part car
nous l’avons assisté dans ses recherches.
Les différentes activités sont :
- Nous avons rencontré le chef de station pour un entretien semi-dirigé concernant la
gestion de réserve.
- Nous avons organisé un focus group avec les éco gardes de la RBL
- Un autre focus-group avec les agents de l’INERA,
- Nous avons rencontré différentes autorités politico administratives qui ont une parcelle
de pouvoir sur la gestion de la RBL notamment ; le maire de Boma, différents chefs de
secteur, celui de Boma-bungu, celui de Bundi, celui de Patu, le chef de cité de Lemba
et celui de Kinzau- mvuete.
- Nous avons rencontré quelques structures intervenant dans la zone, notamment
l’ONGD GRADIC à Boma et GRAED toujours à Boma.
- Nous avons assisté à une réunion de comité local du pilotage à Boma.
Le constat est que la RBL connait des sérieux problèmes de gestion. D’où il faut des
grandes réformes, l’Etat congolais doit s’impliquer activement pour ne pas voir un jour cette
réserve disparaitre.
III.2. Contexte historique
La forêt de Mayombe en RDC, district du Bas-fleuve était un écosystème riche en
biodiversité, la RBL constitue un échantillon pour le confirmer avant le début de
l’exploitation (vers 1920). Cette forêt était riche en espèces animales et végétales avec
plusieurs essences commerciales de grande valeur : Iroko, Tola, Sipo, Limba, etc.
La proximité avec les ports d’embarquement vers l’Europe (Boma, Matadi) est la
principale cause du quasi extermination de ces essences. L’exploitation était anarchique,
aucune politique de reboisement aucun plan d’aménagement. Les milieux où les sociétés
forestières avaient exploité, la forêt est presque vide (secteur de LEMBA et PATU dans le
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territoire de LUVULA par exemple, Secteur de LOANGO et LUBUZI, MBANZA dans le
territoire de Tshela. La forêt a été exploitée sans état d’âme. A cause de la disparition des
essences commerciales, ces mêmes sociétés ont pour la plupart fermé leurs portes car il y a du
moins en moins d’arbres à couper.
A l’exploitation des bois d’œuvre, il faut ajouter l’agriculture itinérante sur brûlis,
qui est l’un des facteurs de la dégradation de la forêt. Cette pratique culture appelée aussi
agriculture non durable conduit à la disparition de la forêt surtout lorsqu’on a des jachères très
courtes, la forêt ne peut pas se régénérer. C’est le cas aujourd’hui au Mayombe, avec une
population toujours grandissante, il y a de moins en moins des espaces à cultiver. Cette
population qui n’a que la forêt pour la survie, la préservation des ressources naturelles n’est
plus son problème, aujourd’hui au Mayombe les jachères durent seulement deux à trois ans.
Par ailleurs en déhors de ces deux facteurs de dégradation, il y a lieu de noter
l’exploitation de bois-énergie. Ce bois constitue presque le 100% de l’énergie domestique. La
ville de Boma et quelques cités et agglomérations (Tshela, Nsioni, Lukula, patu, Lemba, etc.,
sont électrifiées, mais la population recours jusque-là à l’énergie-bois. En effet avec
l’explosion démographique, les besoins en combustible ne font que croître au jour le jour.
Nous avons mené des enquêtes dans cette même région sur la quantité des bois utilisés par
mesurage par jour.
La moyenne trouvée est 10 kg/jour/ménage. Nous prenons à titre illustratif le
territoire de Lukula, ce territoire 220 000 habitants en fin 2011. Ce qui fait 38 000 ménages
lorsque nous multiplions ce chiffre par 10 kg, nous avons 380 000, soit 380 tonnes de bois qui
sortent des forêts dans le seul territoire de Lukula, c’est tellement énorme.
Une population avec des besoins illimités compromet aujourd’hui la durabilité des
ressources forestières. L’explosion des besoins d’une population grandissante a dépassé la
capacité de produire et de contenir des forêts.
Enfin, on constate aujourd’hui une défaunation accentuée dans la forêt de Mayombe
qui était jadis riche en espèces fauniques. L’appauvrissement de la faune doublé de la
surexploitation menace la sécurité alimentaire ainsi que les modes de subsistance des
communautés forestières et à des incidences majeures sur les processus écologiques qui
reposent sur la vie sauvage. La défaunation influe sur la résilience forestière car chaque
organisme contribue aux processus écosystémiques.
Les sociétés d’exploitation forestière ayant exploité dans la forêt de Mayombe sont :
1. AGRIFOR
2. A.P.C
3. EXFORCO
4. EXTRABOIS
5. C.F.T
6. FORABOLA
7. G.A.F
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8. ETS-MBANDA
9. P.S.L
10. SAFECO
11. SAICO-CONGO
12. S.C.A.E.L
13. SODAFMIR
14. SOFORMA
15. SOCOFOR
III.3 . La problématique du développement local et l’analyse socio-
économique
III.3.1.Aspects environnementaux et fonciers
a) États des ressources naturelles
Les résultats de l’analyse socio-économique montrent que toutes les ressources
naturelles de la région de Mayombe ne sont plus en bon état.
En effet, au niveau de la biosphère existe un équilibre dynamique entre les éléments
climat, sol et végétation. Les quatre facteurs ; climat, sol, végétation et faune sont
interdépendants et contribuent à former des complexes écologiques ou des habitats constituant
des équilibres essentiellement dynamiques qui évoluent en fonction du temps. Toute variation
d’un constituant de l’équilibre influence les autres et réciproquement.
Les végétaux jouent le rôle des pionniers dans la naissance et l’évolution des
biocénoses. La faune d’un lieu est étroitement dépendante de la flore, le sol s’enrichit par
suite de l’activité photosynthétique des végétaux. Réciproquement, la végétation subit les
influences du climat et du sol.
La dégradation de la forêt de Mayombe a retenti automatiquement sur les autres
ressources naturelles, notamment sol, climat et faune. Le sol n’est plus fertile ce qui a conduit
à la baisse de production. Plusieurs espèces floristiques et fauniques ont disparues, d’autres
sont en voie de disparition.
Le climat est le facteur qui a subi les plus grandes modifications. En effet la
déforestation entraîne la diminution du régime des pluies, la perturbation des saisons.
C’est ce qui est observé du Mayombe, depuis un certain temps, on observe une grave
perturbation des saisons qui est à la base des baisses de productions agricoles.
A titre d’exemple, il fera bientôt trois mois sans pluies au Mayombe c'est-à-dire
depuis la fin du mois de novembre 2011 jusqu’au 20/02/2012, il n’a pas plu, ce que la
population n’a jamais vécu les années antérieures.
b) Envahissement biologique
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La forêt de Mayombe est aussi victime d’un envahissement biologique. Là où la forêt
est fortement dégradée, au lieu que la forêt se dégénère, c’est plutôt le Chromolaena odorata
qui colonise. C’est l’envahissement biologique, car c’est une espèce exotique qui n’a pas
existé dans la région quarante ans avant et qui nuit à cette forêt.
En effet les plantes envahissantes peuvent rivaliser avec les espèces endémiques sur
l’espace, la lumière, les nutriments et/ou l’eau. Elle présente fréquemment des rythmes
rapides de croissances, de délais courts d’une génération à la suivante, un caractère
compétitif, la faculté à s’adapter à des conditions différentes au niveau de climat et autre sols
par exemple.
Les espèces envahissantes sont l’une des principales menaces pour la biodiversité.
Cette espèce appelée communément « zaïre » a complètement modifié la végétation
de Mayombe, les communautés se plaignent, car pour elles, c’est le zaïre qui est à la base de
la destruction de leurs forêts et de la dégradation de leur sol du fait qu’il n’y a plus de litières
comme avant son installation.
III.3.2.Propriétés des terres et modes d’accès
Les ethnies dominantes sont les Yombe, Woyo et solongo, qui sont tous des
Bakongo. Dans la tradition Kongo, la terre appartient au clan, d’où ; est propriétaire des
terres, tout membre du clan.
Par ailleurs, il existe plusieurs modes d’accès aux terres :
Les membres du clan accèdent librement, car ce sont des terres de leurs
ancêtres ;
Une autre manière d’accéder aux terres, c’est la location auprès des
ayants droits dans le délai requis ;
Il y a aussi vente des terres par les ayants droits. On peut acheter un
terrain qui peut devenir une propriété privée.
III.3.3 Caractéristiques socio-démographiques
a. Population
Les données sur la population concernent notre échantillon qui est le territoire de
Lukala. En effet, la population de ce territoire était de 153000 en 1980, elle a atteint 228000
en 2010, ce qui fait une augmentation de 49% en trente ans.
Le taux de croissance démographique annuelle est de 1,6.
Les ethnies dominantes sont les Yombe, les Wolo, les Solongo ; les principaux clans
sont Nanga, Phudi, Makhunku, Mbenza, Ngimbi, Makaba, Manianga.
13
b. Education et formation
L’éducation et la formation des enfants posent encore problème. Les écoles
primaires, secondaires et professionnelles sont dans des grandes cités et agglomérations,
plusieurs villages à l’intérieur manquent d’infrastructures scolaires, les enfants sont obligés de
marcher à pieds plusieurs kilomètres pour atteindre l’école. Par voie de conséquence, le
niveau d’éducation dans le village est très bas.
c. Santé
Les soins de santé posent encore problème. Les hôpitaux et les grands centres de
santé sont dans les grandes cités et agglomérations. Plusieurs villages à l’intérieur manquent
de poste de santé. Ce qui est à la base de beaucoup de problèmes de santé.
III.3.4.Caractéristiques économiques
A. Activités agricoles
Dans la forêt modèle de Mayombe, la population est cultivatrice, c’est presque tout le
monde qui fait les champs. L’agriculture est la principale activité économique, une grande
source de revenus. Les communautés font les cultures vivrières : le manioc qui est considéré
comme la mère nourricière dans plusieurs milieux, le maïs, arachide, haricot, piment, tomate,
banane, ananas.
N.B. Les bananes plantains et les taros qui étaient jadis considérées comme produits de base
ont connu une forte baisse de production.
Pour les cultures pérennes : les plus cultivées sont les caféiers, cacaoyer, palmiers. Il
faut noter que pour les cultures pérennes les activités ont fortement baissé à cause de
vieillissement des plantations.
B. Activités d’élevage et de pêche
Ces activités ne sont pas très développées. Pour ce qui concerne l’élevage, l’enquête
a montré que le peuple Yombe n’est pas pasteur. Pour les petits bétails (porcs, ovins, etc.)
nous avons trouvé une moyenne de deux têtes par ménages. Pour la volaille, nous avons une
moyenne de quatre par ménage.
Pour la pêche, la situation est pareille ; ils n’ont pas beaucoup de grandes rivières, ce
qui fait que c’est rare de rencontrer quelqu’un qui pratique la pêche.
Dans certains villages, les hommes pratiquent la pisciculture d’une manière
rudimentaire ; juste pour l’autoconsommation.
14
C. Commerce et artisanat
Les activités commerciales et artisanales se trouvent concentrées dans les grandes
cités et agglomérations. Ceci est la cause de l’exode rural. Le milieu rural se dépeuple
considérablement car les conditions de vie ne sont plus supportables.
D. Autres activités économiques
L’extraction d’huile de palme constitue une grande activité économique dans le
mayombe. En effet, l’huile de palme couplée avec le manioc joue un rôle vital pour la survie
des communautés au Mayombe.
Il faut noter aussi la vente de produits forestiers non ligneux ; le Gnetum africanum
(mfumbua), les fruits (avocats, safou, etc.)
Par ailleurs, au tour de grandes cités et agglomérations, la ville de Boma aussi, la
carbonisation pour l’énergie-bois est devenue une grande activité économique. Les villages
environnant de la cité de tshela, notamment, dans le groupement Niolo, Vinda, Luvu,
Kimuela, les communautés locales pensent que l’argent facile et rapide c’est le charbon de
bois, la carbonisation est devenue la principale activité économique, c’est pourquoi la
pression sur la forêt naturelle ne fait qu’augmenter ;
E. Transport et routes des dessertes agricoles
Les routes de desserte agricole avaient existé presque dans tous les villages, ceci
grâce à l’apport de la S.C.A.M. Quand celle-ci fonctionnait normalement, elle entretenait
régulièrement, depuis que les activités ont connu une baisse, ces routes sont abandonnés,
complètement délabrées, les ponts n’existent plus, ce qui fait que dans beaucoup de villages
les véhicules n’arrivent plus.
F. Commercialisation des produits, marchés locaux et régionaux
La commercialisation des produits posent encore beaucoup de problèmes. Par
manque de route de desserte agricole, les commerçants n’arrivent pas dans le village pour
acheter les produits faute d’évacuation. La majorité des marchés se trouvent dans les grandes
cités et agglomérations (Tshela, Nsioni, Lukula, Patu, Lemba). Toutefois, il existe quelques
petits marchés locaux, mais qui ne sont pas réguliers soit deux jours par mois. Exemple, le
marché de Mayonda dans le secteur de Mbanga, Luvu, Nkondo-mayeka, Nganda-Nsundi etc.
Les communautés locales sont obligées d’effectuer plusieurs kilomètres, voire plus de
cinquante kilomètres à pieds pour vendre soit 25 litres d’huile de palme, soit un régime de
banane ou soit encore les chikuangues etc.
G. Situation hydraulique
G.i. Ressources en eau
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La région de Mayombe est potentiellement riche en ressources en eau. Chaque
village est entouré des cours d’eau de différentes dimensions. L’accès à l’eau ne pose aucun
problème.
G.ii. Conditions d’approvisionnement en eau potable des populations
C’est ici que ça pose problème, dans plusieurs villages, les communautés continuent
à boire l’eau de rivière qui n’est pas propre à la consommation car elle est exposée aux
microbes et aux pollutions diverses.
Toutefois, il existe quelques structures intervenant dans la zone et qui essayent de
résoudre ce problème. Nous pouvons citer à titre d’exemple les ONGd suivantes : Union des
Associations Paysannes pour le Développement Endogène et Communautaire (UNAPADEC),
Inter-actions, les zones de santé de la région également. Ces structures ont conduits dans
certains villages des sources d’eau potable. Quoique ça, il faut noter qu’il existe encore
plusieurs villages qui n’ont pas de sources aménagées.
H. Potentialités atouts et menaces
La FMM a un potentiel touristique très important car elle contient deux aires
protégées, il s’agit de parc Marin du Mangrove et la Reserve de Biosphère de Luki ; une autre
est en cours de création, il s’agit de la réserve transfrontalière de Mayombe dans le secteur de
Maduda et Nganda-nsundi ; elle traversera les frontières angolaise et congolaises.
Par ailleurs, cette région contient plusieurs organisations non gouvernementales de
développement qui interviennent déjà dans la zone.
La plus grande menace qu’on peut signaler est la pauvreté qui constitue un obstacle
sur la durabilité des ressources forestières.
16
CONCLUSION ET SUGGESTION
Ce rapport de stage effectué dans la forêt modèle de Mayombe a consisté à mettre à
la disposition de SRIFM, SRAFM, de la coordination des forêts modèles RDC, des leaders de
la forêt modèle de Mayombe, ainsi que toute personne désirant prendre en considération les
questions écologiques, un instrument scientifique pouvant les aidera comprendre le passé, le
présent pour pouvoir agir intelligemment sur l’avenir.
Nous avons traité les points ci-après :
- La gestion des ressources forestières de Mayombe,
- La problématique du développement local
- Les aspects environnementaux : les ressources naturelles avant
(historique sur le couvert végétaux les sols)
- Environnement et ressources naturelles actuellement (état des sols,
couvert végétal et autres)
- Les caractéristiques économiques :
Activités agricoles
Activités d’élevage et de pêche
Commerce / attisant
Autres activités économiques
Commercialisation des produits, marchés locaux et régionaux
Approvisionnement en eau
En s’appuyant sur tout ce que nous avons dit dans ce rapport, nous pouvons conclure
en peu de mots la forêt de Mayombe est fortement dégradée et que la situation du
développement est presque chaotique. Il est évident que la foret de Mayombe a perdu sa
vitalité, mais la situation n’est pas irréversible. Elle peut toujours être restaurée, il suffit
d’appliquer des bonnes politiques forestières ; c'est-à-dire il faut des grands projets de
reboisement surtout aux environs de Boma ainsi que des grandes cités et agglomérations. En
plus il faut des bonnes pratiques culturales qui sauvegardent l’environnement et augmentent la
17
productivité du sol. Il n’existe pas d’incompatibilité entre exploitation et préservation des
ressources, aujourd’hui ces pratiques culturales sont connues, l’agroforesterie par exemple.
En effet, si nous voulons résoudre le problème de dégradation des forêts au
Mayombe, nous devons prendre en compte les aspects socio-économiques des communautés
locales.
Par ailleurs, il faut faire entrer l’environnement dans l’équation du développement. Il
ya une corrélation entre développement et environnement.
Les problèmes environnementaux compromettent effectivement les objectifs du
développement. Ceci se manifeste de deux façons. Tout d’abord, la qualité de
l’environnement fait elle-même partie de l’amélioration du bien-être à quoi tend le
développement. Ensuite, le dommage que l’on fait subir à l’environnement est préjudiciable à
la productivité future.
Bref, pour s’attaquer aux problèmes environnementaux auxquels sont confrontées
ces communautés locales dans le Mayombe, il faudra progresser davantage dans la lutte
contre la pauvreté et augmenter la productivité.
Pour ce qui est de l’adoption du concept foret modèle, les communautés locales de
Mayombe sont favorables. En effet, ces communautés sont conscientes de la dégradation des
leurs forêts et des problèmes environnementaux qui en résultent. Toutefois il faut noter
qu’elles ne comprennent pas les causes profondes de cette dégradation et des problèmes
environnementaux. Pour nos amis les communautés locales la vraie cause de la dégradation
des forets, des sols, la baisse de récolte, ainsi le changement climatique est divine.
Pour ce faire, nous suggérerons qu’il faut des vastes campagnes de sensibilisation ,
de formation et d’information, leur expliquer clairement les facteurs qui ont conduit à la
situation actuelle et ce qu’il faut faire pour donner des solutions aux problèmes
environnementaux. Déjà des très graves problèmes se posent qui appellent des solutions
urgentes.
Nous voulons que chaque citoyen de la planète puisse s’approprier des problèmes
environnementaux et ensemble, nous allons agir pour pouvoir trouver des solutions qui
s’imposent.
18
BIBLIOGRAPHIE
1. COUDRAY J et al 1994. Environnement en milieu tropical .ESTEM 5 ; Rue
ROUSSELET, 75007 Paris
2. KIMPIANGA M., La problématique du développement, Kinshasa, Presse de l’Université
Libre de Luozi, 2007
3. MALDAGUE M. 1961. Relations entre couvert végétal et la microfaune. INEAC
4. NUMBI M. D. 2009. Rapport de stage effectué dans la Réserve de Biosphère de Luki ;
inédit.
5. ROMAIN H. RAEMAEKER 2001. Agriculture en Afrique tropicale. ESTEM 5. Rue
Rousselet 75007 Paris.
6. TIM C., JOHANNES S, STEVE J. EDUARDDO M. 2010. La Biodiversité c’est la vie ;
OIBT : actualité des forêts tropicales 18/1. 1-2 p.
19
TABLE DES MATIERES
AVANT PROPOS ................................................................................................................................... 1
INTRODUCTION ................................................................................................................................... 3
CHAP I. LE MILIEU D’INTERVENTION ........................................................................................... 4
I.1. Situation géographique ................................................................................................................. 4
1. Périmètre d’étude ....................................................................................................................... 5
2. Superficie ..................................................................................................................................... 5
I.2. Caractéristiques naturelles du site ................................................................................................ 5
I.2.1. Milieu physique ...................................................................................................................... 5
3. Climat : ............................................................................................................................................ 5
4. Les sols : .......................................................................................................................................... 5
5. Relief : ............................................................................................................................................. 5
6. Hydrographie : ................................................................................................................................. 5
I.2.2. Milieu biologique : .................................................................................................................. 6
CHAP II : OUTILS TECHNIQUES ET METHODOLOGIE................................................................................ 7
II.1. Outils techniques : ........................................................................................................................ 7
II.2. Méthodologie : ............................................................................................................................. 7
CHAP III : PRESENTATION DES RESULTATS .............................................................................................. 9
III. 1. Les travaux avec Mme Marie NIANGE à Luki ............................................................................. 9
III.2. Contexte historique ..................................................................................................................... 9
III.3 . La problématique du développement local et l’analyse socio-économique ........................... 11
III.3.1.Aspects environnementaux et fonciers ............................................................................... 11
III.3.2.Propriétés des terres et modes d’accès .............................................................................. 12
III.3.3 Caractéristiques socio-démographiques ............................................................................. 12
a. Population ...................................................................................................................................... 12
b. Education et formation .................................................................................................................. 13
c. Santé .............................................................................................................................................. 13
III.3.4.Caractéristiques économiques ............................................................................................ 13
A. Activités agricoles .................................................................................................................... 13
B. Activités d’élevage et de pêche ................................................................................................ 13
C. Commerce et artisanat .............................................................................................................. 14
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D. Autres activités économiques ................................................................................................... 14
E. Transport et routes des dessertes agricoles ............................................................................... 14
F. Commercialisation des produits, marchés locaux et régionaux ................................................ 14
G. Situation hydraulique ................................................................................................................ 14
CONCLUSION ET SUGGESTION .............................................................................................................. 16
BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... 18
TABLE DES MATIERES ............................................................................................................................ 19