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juin Juillet 1969

Petit rapport "Harbor"

Le résedu de radiodiffusion d'urgence

Cours sur la planification agricole

Non-prolifération

Défense civile en U.R.S.S.

Enprévision des innondations-1969

.NADA ORGANISATION DES MESURES D'URGENCE

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LE BULLETIN NATIONAL

de l'OMU Publié par

Canada Organisation des mesures d'urgence, Ottawa (Ontario

Directeur général: C. R. Pat

Le BULLETIN NATIONAL DE L'OMU est publié tous les deux mois afin de fournir des renseignements courants sur une grande variété de sujets ayant trait aux plans civ . , â d'urgence. Ce périodique est pub , et en anglais et en français et on peut l'obtenir en écrivant à Canada Organisation des mesures d'urgeffl, Ottawa 2 (Ontario). 1

En plus de publier des articles re

1111

tant le programme du gouvernement canadien, le Bulletin peut égalem publier des articles provenant de p ticuliers sur des sujets d'intérêt rant concernant le programme mesures d'urgence. Les vues de collaborateurs ne sont pas nécessaire-ment celles du gouvernement fédéral.

Rédact7„:

Vol. 9 • No. 3 Juin-Juillet 1969

Contents

Protection civile petit rapport "Harbor" 1

Le réseau de radiodiffusion d'urgence 14

Cours sur la planification agricole d'urgence 16

Non-prolifération 18

Le contrôle de la menace atomique 18

Qui aura la bombe? .20

La defénse civile en U.R.S.S. 21

En prévision des inondations — 1969 25

L'Imprimeur de la Reine, Ottawa, 1969

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PROTECTION CIVILE PETIT RAPPORT HARBOR

Première partie du rapport présenté à la Commission de l'énergie atomique

des Etats-Unis

par un

Comité de l'Académie nationale des Sciences

De temps en temps, le citoyen moyen se rend compte avec horreur qu'il vit dans un monde où les armes nucléaires existent et où la guerre n'a pas encore été éliminée. Il se peut qu'il souhaite alors déterminer froidement et en toute logique quelles sont ses chances de survivre à une attaque.

Les informations des journaux ne reproduisent pas exactement les faits, les objectifs ne sont pas exposés clairement, et on y laisse une grande part aux sentiments. Toute analyse logique et objective des problèmes de défense et des problèmes économiques connexes est par conséquent bien accueillie. Le Little Harbor Report et son prédécesseur le Project Harbor sont des études documentaires sur la question que nous recommandons.

Les lecteurs canadiens devraient également se rendre compte que le Canada peut consacrer un plus gros effort aux activités de défense civile sans pour cela changer quoi que se soit à l'équilibre de menace et contre menace entre les grandes puissances. Cette possibilité de défense n'implique pas non plus le pays dans des programmes de défense mutuelle qui peuvent devenir de plus en plus coûteux.

Le Little Harbor Report fait tout simplement appel à la logique et au bon sens.

BURKE STANNARD. Conseiller Scientifique 0 .M.U. du Canada

Avant-propos

La question de savoir si notre nation devrait mettre sur pied et entretenir une protection civile efficace en prévision d'une puissante attaque nucléaire a été éclairée par une série d'étu-des effectuées aussi bien au sein du gouvernement fédéral qu'en dehors. Les avis de spécialistes hautement qualifiés di-vergent quand il s'agit de déterminer s'il est bien avisé d'en-gager des ressources nationales considérables pour tenter de réduire les pertes en vies humaines et les fonctions essen-tielles de notre société.

L'Académie nationale des Sciences a répondu au désir du gouvernement qui lui a demandé d'aider les organismes fé-déraux chargés de la défense nationale. Elle s'est entre autres assuré les services d'un groupe de spécialistes qui ont essayé de mettre à jour les conclusions de l'étude du projet Harbor de 1963. Les résultats de ces travaux dont il est question

dans les pages qui suivent montrent que le groupe considère la protection civile comme un complément indispensable à notre défense militaire. Pour décider s'il y a lieu d'appliquer les mesures et programmes proposés, il faudrait tenir compte d'opinions compliquées qui ne présentent que partiellement un caractère scientifique ou technique. Nous espérons que le présent rapport premettra à ceux que concernent ces déci-sions de formuler leur avis.

Quelle que soit cette décision, l'Académie et le gouverne-ment fédéral sont très redevables à M. Wigner et à ses colla-borateurs de l'utile contribution qu'ils ont apportées à la solution de ces problèmes délicats.

FREDERICK SEITZ Académie nationale des Sciences

Préface

En mars 1967, sur le conseil du directeur de la Recherche et du Génie de la Défense, la Commission de l'énergie atomi-que a demandé à l'Académie nationale des Sciences de revoir et de mettre à jour l'étude du projet Harbor sur la protection civile. L'étude Harbor avait été prise en charge par le Bu-reau dela défense civile et effectuée sous les auspices de l'Académie nationale des Sciences pendant l'été 1963. 60

ip ommes de science (spécialistes des sciences naturelles et du omportement) et ingénieurs participèrent aux six semaines

d'étude. Le rapport final comportait plus de 600 pages dac-

tylographiées. Sa diffusion a été très limitée. Un résumé en est paru en 1964 sous la cote NAS-1237 et sa diffusion a été plus vaste.

J'ai eu l'honneur de rassembler le groupe à qui ont été confiées la révision et la mise à jour du rapport de 1963 et je tiens à exprimer ici toute ma gratitude à mes collabora-teurs pour la sincérité des efforts qu'ils ont accomplis en s'attaquant aux multiples problèmes épineux présentés par la protection civile ainsi que pour leur généreuse collaboration. Je suis particulièrement redevable à M. Richard Park de

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l'Académie nationale des Sciences et à M. L.J. Deal de la Commission de l'énergie atomique des E.U. de l'aide cons-tante et soutenue qu'ils m'ont apportée.

Voici quels étaient les membres de ce groupe: MM. Harold L. Brode, Division de la physique, RAND

Corporation, expert en matière d'armement moderne avec ses effets.

Lee Christie, System Development Corporation, spécia-liste des sciences sociales.

L.J. Deal, Division de biologie et de médecine, Com-mission de l'énergie atomique des E.-U.

William J. Hall, Département du génie civil, Université de l'Illinois, expert en conception structurale et en dynamique du souffle des explosifs.

Harold A. Knapp, Institut des analyses de défense, ana-lyste de la défense.

William Osburn, Division de la biologie et de la méde-cine, Commission de l'énergie atomique des E.-U., écologiste.

Richard Park, Académie nationale des Sciences. John H. Rust, Département de pharmacologie, univer-

sité de Chicago, s'intéressant aux problèmes d'agri-culture, d'hygiène et de médecine, y compris la guerre biologique.

Sidney G. Winter, RAND Corporation, économiste. L'intérêt qu'il porte aux problèmes du redressement économique date d'avant même le premier rapport Harbor.

John P. Witherspoon, laboratoire national Oak Ridge, écologiste.

Stephen B. Withey, Institut de recherche sociale, univer-sité de Michigan, psychologue des sciences sociales. Son principal domaine de recherche porte sur le com-portement humain et les réactions du public.

Étant donné que douze participants de formation très différente ont collaboré à poser les prémisses et à définir les problèmes de défense, on ne pouvait s'attendre à obtenir l'unanimité sur tous les points. Nous avons essayé d'indiquer dans le texte les domaines où il y avait désaccord.

Cette étude a été poursuivie au laboratoire national Oak Ridge du 23 mai au 3 juin 1967. Nous sommes redevables à M. Alvin M. Weinberg, directeur du laboratoire, de l'intérêt qu'il lui a manifesté ainsi que de l'hospitalité et de bien d'autres attentions aimables dont nous avons bénéficié. Le Projet de recherche de la protection civile, dirigé par M. James C. Bresee, a mis à notre disposition sa bibliothèque, ses services administratifs et autres. Il nous a fourni égale-

ment une grosse aide technique. Nous sommes particulière-ment redevables à MM. Bresee, Conrad Chester et Richard Uher du secours qu'ils nous ont apportée à propos de bien des questions difficiles.

Voici les noms d'autres conseillers techniques et observa-teurs:

M. Milton Leitenberg, du Comité St Louis pour l'infor-mation nucléaire, représentait le point de vue opposé aux mesures protection civile.

Julian - Levi, du département des sciences sociales à l'Université de Chicago, conseillait sur les problèmes d'urbanisme.

D.L. Narver, Jr., Holmes et Narver, Inc., conseillaient sur les effets de souffle des explosions nucléaires sur les constructions et sur les frais de reconstruction.

Lewis V. Spencer, du département de physique à l'uni-versité Ottawa (Kansas) , présentait le point de vue du comité consultatif sur la protection civile de l'Aca-démie nationale des Sciences.

Harry R. Woltman, de la Planning Research Corpora-tion, conseillait sur la planification de défense et l'urbanisme.

Des exposés sur le point de vue et la philosophie du minis-tère de la Défense ont été faits par:

MM. Thomas S. Schreiber, Bureau du directeur, Re-cherche et Génie de la Défense.

Robert Rosenthal, Bureau du directeur, Recherche et Génie de la Défense.

Ivan Selin, secrétaire adjoint suppléant de la Défense (Programmes stratégiques).

M. Joseph Romm, maintenant directeur du Bureau de la protection civile mais qui alors en assurait les fonctions; M. Walmer E. Strope, directeur adjoint de la protection civile pour la recherche et M. William E. Crockett, directeur ad-joint suppléant chargé des Opérations nous ont mis au cou-rant personnellement des méthodes appliquées dans leur bureau, des problèmes qui s'y posaient et des réalisations ob-tenues. M. LM. Googin de l'installation Y-12 d'Oak Ridge, nous a parlé deux fois des armements modernes et des in-fluences qu'ils ont subies en particulier depuis l'avénement des installations de défense antiballistique en U.R.S.S. Nous sommes sincèrement reconnaissants à tous nos conseillers techniques de l'aide qu'ils nous ont généreusement apportée ainsi que de la patience et de la bonne volonté dont ils fait preuve en répondant à nos questions.

EUGENE P. WIGNER Directeur

Introduction En procédant à la révision et à la mise à jour des conclusions de l'étude Harbor initiale, le comité n'a pas examiné les con-séquences entraînées par chacune des nouvelles circons-tances. Notre étude, appelée entre participants la petite étude Harbor, s'est plutôt efforcée de considérer avec un regard neuf les problèmes et les possibilités de la protection civile ainsi que les raisons de son existence. On ne pouvait naturellement ignorer le changement de circonstances. Il en a été tenu compte, de même que de certaines modifications apportées à notre estimation de celles qui prévalaient anté-rieurement dans la façon dont nous avons modifié à plusieurs reprises l'importance accordée à certains points. Nous avons

et sommaire également apporté des modifications au texte du rapport précédent. Dans certains cas, il nous a semblé que les con-clusions du rapport initial étaient si généralement admises qu'il était inutile de les répéter.

Au total, nous avons été surpris que la plupart des propo- sitions du précédent rapport n'aient pas cessé d'être valables. Les propositions et conclusions suivantes, nouvelles ou ré- visées, traduisent les changements les plus importants qui sont intervenus dans la situation ou dans notre point de vue:

1. Nous proposons maintenant que la plus grande partie du personnel de la protection civile dont on peu avoir besoin en cas de crise ne soit pas employé à

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I plein temps en temps de paix. Il vaudrait mieux quece soit du personnel appartenant à des organisationsd'Etat ou à des organismes locaux, comme la policeet les pompiers, qui sont chargés en temps de paix defaire face à toute situation critique. Les intéressés de-vraient recevoir une formation complète qui leurpermettrait d'assurer efficacement leurs fonctions entemps de guerre. Cette proposition s'écarte sensible-ment de l'idée d'un cadre de protection civile émisedans l'étude Harbor initiale et elle applique le prin-cipe de l'emploi à double fin au problème des effec-tifs. On en parlera plus avant dans les chapitres quitraitent de la Survie immédiate et de l'Educationprofessionnelle et de la Formation.

2. On devrait faire prendre conscience à un plus grandnombre de gens des problèmes que poserait uneguerre nucléaire. La formation des recrues de nosforces armées devrait en particulier comporter desinstructions sur les opérations d'urgence nécessairesen cas d'attaque nucléaire. Ceux qui auraient étéainsi formés pourraient se substituer au Corps deréserve civil proposé par le rapport initial ou tout aumoins le renforcer. Cette proposition est étudiéeplus loin au chapitre sur l'Education professionnelleet la formation.

3. L'importance des liens qui existent entre la protec-

tion civile, ou défense passive, et la défense active,comme les engins antiballistiques, devient de plus enplus évidente. Il n'a pas été possible d'étudier cesliens en détail, encore moins de déterminer la com-binaison des deux formes de défense qui serait laplus efficace. Il serait fortement recommandé qu'unetelle étude soit entreprise par un groupe compétentd'une importance raisonnable. (Voir, par exemple,les Changements intervenus dans la conception stra-tégique.) Cette recommandation est tout particulière-ment indiquée du fait de la décision prise récemmentd'installer une défense antiballistique "clairsemée".

Tous les participants ont semblé admettre que pour sedoter d'une protection civile forte, il faudrait entreprendreun vaste effort bien coordonné et présentant des aspects mul-tiples. Cela entraînerait aussi de grosses dépenses. Mais dansune guerre à grande échelle, la protection civile permettraitde sauver d'innombrables vies humaines, d'améliorer lemoral de la population et de réduire les séquelles de laguerre. La plupart d'entre nous pensent aussi que, en tantque manifestation d'une résolution nationale, un solide pro-gramme de protection civile rendrait beaucoup moins pro-metteuse la tactique du chantage nucléaire. On verra cela endétail au chapitre de la Menace. Des efforts moindres pourle mettre sur pied auraient des effets similaires mais d'unemoins grande ampleur.

Changements Intervenus dans la conception stratégiqueVoici les changements les plus importants intervenus dansla situation militaire et certains des changements d'attitude

S en politique qui se sont produits depuis que l'étude Harborinitiale a été entreprise et qui sont susceptibles d'avoir desrépercussions sur les problèmes de protection civile. Commeon l'a dit dans l'Introduction et dans le Sommaire, ces chan-gements ne devaient pas constituer le fond de nos délibéra-tions mais ils peuvent être utiles à l'examen de nos nouvellesconclusions.

1. Les Etats-Unis et l'U.R.S.S. ont de plus en plus con-fiance dans leurs systèmes antiballistiques de défenseet les deux pays procèdent actuellement à l'installa-tion d'une défense de ce genre. L'importance de cetteévolution est soulignée par le fait que nos planifica-teurs militaires ont été obligés d'entreprendre devastes modifications des armements dont ceux de nosforces de représailles.

2. L'action conjuguée de la défense passive et de la dé-

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fense active c'est-à-dire des engins antiballistiques(ABM) et de la protection civile n'était qu'effleuréedans le rapport Harbor. Même maintenant, on estloin de bien comprendre ou d'estimer complètementla relation qui existe entre les deux. Il serait de laplus haute importance cependant de procéder à uneestimation complète à cet égard. Il est démontré àprésent que les dépenses engagées au titre de la pro-tection civile permettraient de sauver au moins autantde vies que celles qui sont engagées au titre des sys-tèmes ABM actuellement conçus, en particulierlorsqu'il s'agit de dépenses peu élevées. Toutefois, ladéfense active peut non seulement protéger des vieshumaines mais elle peut aussi permettre à une nationde se relever plus facilement d'une guerre en limitantles dégâts causés aux constructions et aux entreprises

industrielles. En outre, l'installation d'un systèmeABM peut contraindre l'adversaire à modifier sesarmes offensives ou ses objectifs. Le poids total dupotentiel en engins ballistiques des Etats-Unis setrouve réduit par suite du remplacement des têtesnucléaires uniques par des têtes multiples, opérationentreprise pour parer à l'ABM russe. Dans sa dé-position devant le Congrès (le 7 novembre 1967), M.Paul Nitze, sous-secrétaire à la Défense, a donné unexemple peut-être extrême où la puissance totale del'explosif transporté par un engin (et par conséquent,la retombée totale produite) serait diminuée dans uneproportion de 20. Dans son exemple, la zone surlaquelle s'exercerait une surpression donnée est ré-duite de 29 p. cent. Une réduction semblable de lacharge totale de l'attaque rendrait nos mesures deprotection civile beaucoup plus efficaces.

3. On reconnaît de plus en plus l'importance des pro-blèmes de la survie à long terme et du relèvementaprès une guerre nucléaire. Voici quelques unes desquestions qui appellent une réponse: Quelle impor-tance attribuer proportionnellement aux problèmesde la restauration et à ceux de la survie immédiatedans les programmes établis en prévision? Commentla répartition des survivants suivant l'âge et le métierpourrait-elle se répercuter sur le rythme et la certi-tude de relèvement? Comment le niveau de potentielindustriel survivant pourrait-il influer sur ces der-niers? Combien de temps faudrait-il pour recons-truire le pays après une guerre nucléaire? Les ré-ponses dépendront naturellement de l'importancede l'attaque, de ses buts et de sa réussite ainsi que dela nature et de l'étendue des plans établis en vue dediminuer les conséquences de toute guerre nucléaire.

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Ces questions seront étudiées au chapitre de la res- tauration plus complètement qu'on n'avait pu le,faire dans le rapport Harbor initial ou dans son résumé.

4. Comme les attributions fédérales en matière d'ur-banisme sont toutes du ressort du ministère du Lo-gement et de l'Urbanisme (HUD), c'est à lui que la défense passive des villes incombe naturellement. Les nouveaux projets de construction et de rénova-tion urbaine pourraient prévoir des abris en tant que tels ou comme éléments pouvant servir à double fin. Indépendamment de toute question de choix, l'ins-tallation d'abris augmenterait beaucoup moins le coût total d'un projet de rénovation que ce ne serait le cas pour un projet indépendant de construction d'abris. On devrait examiner en détail les plans ac-tuels ou les projets de rénovation urbaine pour voir ce qu'il y aurait à en tirer sur le plan de la défense passive ainsi que pour recenser les éléments suscep-tibles d'être transformés en abris capables d'offrir une grande résistance au souffle. On peut prévoir qu'on retirerait plus d'avantages des deux côtés s'il y avait échange d'idées entre les partis qu'intéresse la défense passive et ceux qu'intéresse l'aménage-ment urbain. Les urbanistes pourraient fort bien se souvenir que les armes nucléaires existent et qu'elles ne risquent pas d'être supprimées dans un avenir proche. Des conceptions et des pratiques nouvelles élaborées dans les programmes de l'HUD peuvent aussi contribuer à apporter une solution à certains des problèmes posés par la restauration consécutive d'une attaque.

Le HUD et l'administration des Services généraux pourraient donner l'exemple et engager les construc-teurs privés à faire figurer des abris dans les nou-veaux bâtiments ou du moins à prévoir éventuelle-ment la transformation en abris de certains élé-ments. Sous cette impulsion et peut-être en faisant usage de moyens de stimulation appropriés, la cons-truction privée, qui continue à dépasser largement la construction publique, pourrait contribuer sensible-ment à réaliser une défense passive efficace.

5. La doctrine des «représailles assurées» n'a pas cessé de prendre de l'importance ces dernières années et elle semble constituer une tactique fondamentale du département de la Défense. Cette doctrine dépend néammoins d'hypothèses dont certaines peuvent ac-tuellement être mises en doute et d'autres perdre de leur valeur plus tard. Elle repose en particulier sur le fait qu'elle doit être pleinement comprise et acceptée

Nouvelles Armes et

Le comité a réexaminé les conclusions du projet Harbor con-cernant les risques éventuels et le genre d'armes auquel la population des Etats-Unis pourrait se trouver exposés dans le cas d'une guerre à grande échelle. Il existe beaucoup d'armes nouvelles d'une grande importance tactique mais jusqu'ici, aucune d'entre elles n'a paru pouvoir être utilisée dans des attaques massives contre une population entière. Ce sont les armes nucléaires qui semblent constituer la menace la plus grave pour l'existence dans ce genre d'attaque et les caractéristiques générales d'un système de protection civile conçu pour se préserver contre une attaque nucléaire de-

par les adversaires. Si l'un d'eux vient à avoir des doutes justifiés ou non à ce sujet, des conséquences tragiques peuvent s'ensuivre.

6. Pour ce qui est de la Chine, la doctrine des repré-sailles assurées a été mise en doute par le départe-ment de la Défense. Il pourrait être catastrophique de sous-estimer le potentiel nucléaire des Chinois ou le but poursuivi par ses dirigeants ainsi que leur dé-termination.

7. L'absence d'une véritable défense aux États-Unis, c'est-à-dire d'une protection active ou passive au lieu de forces de représailles risque d'inciter davan-tage les nations ennemies à acquérir des armes nucléaires. Moins on a de véritable défense, plus les armes de l'adversaire sont virtuellement efficaces.

La prolifération des armements nucléaires soulè-verait d'autres graves problèmes pour la doctrine de la destruction assurée. Les plans d'attaque nucléaire de représailles ont moins de chances d'agir efficace-ment contre de multiples adversaires que contre un seul, c'est-à-dire dans le cas d'une coalition de nations relativement petites en un seul bloc doté d'armes nucléaires. Même sans ce type d'alliance, la doctrine pourrait se trouver sérieusement compromise du fait qu'il faille identifier exactement lequel des antago-nistes a lancé l'attaque.

8. Un grand changement qui prête à quelque espoir, c'est que de vastes secteurs de la population de l'U.R.S.S. et des pays satellites, notamment l'intelli-gentsia, n'éprouvent plus une hostilité aussi grande envers notre régime et notre structure économique.

Malheureusement, notre groupe d'étude n'est pas certain que cette attitude plus sympatique soit par-tagée par les dirigeants. Le ton des publications offi-cielles, dont celles de protection civile, demeure hos-tile et même souvent très agressif. On trouve la même attitude chez les pays satellites.

L'importance de l'effort accompli pour renforcer l'armement tant offensif que défensif de l'U.R.S.S. est également alarmant si on le considère comme révélateur de l'attitude de ceux qui prennent les dé-cisions.

Aux fins de la petite étude Harbor, il serait bon de ne pas oublier que l'installation de systèmes efficaces de défense active et passive demanderait des années et qu'un changement d'attitude de la part des diri-geants ennemis peut se manifester en quelques heures.

effets de ces armes

vraient conserver leur actualité malgré les changements qui interviendront dans l'armement au cours des 15 prochaines années.

Cette opinion concorde avec les conclusions de 1963. Tout en énonçant à nouveau certaines d'entre elles, nous avons ajouté dans les paragraphes suivants une autre estima-tion des changements les plus importants prévus dans l'ar-mement avec les conséquences qu'on peut en attendre en ce qui concerne la protection civile.

On s'attend que les puissances nucléaires acquièrent des armes d'une efficacité encore plus grande. L'essentiel de la

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menace représentée à l'avenir par les engins pourrait con-sister en têtes nucléaires de dizaines de mégatonnes chacune.De plus, de nouveaux systèmes de fusées plus gros pour-raient être mis au point et devenir opérationnel dans cinq ousix ans de sorte que, si les planificateurs soviétiques en fontla demande, ils pourraient disposer de quelques armes de lacatégorie des 100 Mt.

La mise au point d'un système d'engin antiballistiqueefficace se poursuit vigoureusement tant aux Etats-Unisqu'en U.R.S.S. depuis plusieurs années. L'installation actuel-lement en cours de ce genre de défense autour de Moscou enest le signe. Il est à prévoir que la riposte à ce déploiementde défense active entraînera une augmentation en taille maisaussi une multiplication des engins d'attaque. Pour saturerla défense, un agresseur qui se trouve devant une défenseactive efficace peut ainsi remplacer une arme de grande puis-sance par plusieurs armes de puissances plus faibles. Leurpuissance explosive peut au total n'être que le dixième en-viron d'une seule grosse tête nucléaire. Mais par suite d'uneplus grande dispersion, la zone de destruction éventuelle parle souffle serait beaucoup moins réduite que la puissancetotale et elle resterait comparable à celle de la tête unique.

Une autre riposte à une défense efficace pourrait être d'at-taquer avec des armes d'une très grande puissance qui cause-raient des destructions par le feu et par le souffle même si lesengins éclataient hors de la portée du système de défense, àde très hautes altitudes peut-être. Un ennemi pourrait aussifaire exploser ses engins hors de la région protégée en prati-quant des éclatements en surface pour créer des retombéessur les villes. Mais ces attaques ne produiraient guère d'effetsur une population réfugiée sous abris.

Il est vraisemblable que de nouvelles attitudes vont êtreadoptées en matière d'objectifs à atteindre au fur et à mesureque l'agresseur disposera d'un nombre croissant d'armesnucléaires plus efficaces. S'il vient à en posséder beaucoup, ilpeut vouloir en lancer de grandes quantités contre un seulobjectif défendu ou bien il peut envisager la destructionqùasi totale des forces offensives de ses ennemis. En présencede forces plus réduites, il peut se contenter de n'attaquer quela population.

Une attaque menée contre la population des Etats-Unis àl'aide d'agents biologiques serait beaucoup moins efficacequ'une attaque nucléaire. Le lancement des agents biologi-ques fait intervenir une logistique délicate et leur efficacitéest sujette à beaucoup d'aléas provoqués par les conditionsmétéorologiques, les contre-mesures et le degré de prédispo-sition manifesté par les populations. Les attaques biologiquescontre les animaux de boucherie, menées soit de concertavec une attaque nucléaire soit seule, peuvent présentermoins de difficultés. Mais il est vraisemblable qu'au momentde l'attaque, on n'aurait pas prévu de protection animale,tout à fait réalisable cependant au moyen d'abris munis defiltres à air.

Les agents chimiques sont beaucoup moins efficaces parlivre d'arme que les armes nucléaires et ils ne présentent pasle caractère infectieux et par conséquent la persistance desagents biologiques.

De très fortes explosions en profondeur dans l'océan pour-raient provoquer des vagues de centaines de pieds de hautqui viendraient se briser le long de centaines de milles decôtes ou du plateau continental. L'inondation côtière pour-rait entraîner des destructions considérables et coûter beau-coup de vies humaines mais dans des proportions bien moin-

dres que les pertes que provoqueraient des explosions dumême ordre de grandeur mais à proximité des ports ou desvilles soumis à l'attaque. Il faudrait concevoir cependant desabris capables d'assurer une protection contre l'attaque di-recte en tenant dûment compte de ce qu'on appelle la me-nace de "la vague Tsunami" s'ils sont situés dans des régionscôtières basses.

De gros incendies peuvent contraindre à isoler temporaire-ment les abris de la chaleur, de la fumée et des gaz délétèrescontenus dans l'air extérieur. Les plans d'abris contre lesouffle devraient renfermer des dispositions en vue de lesrendre étanches car cela n'en complique guère les plans deconstruction. On ne prévoit pas d'une manière générale quel'asphyxie et l'épuisement par la chaleur dans les abris puis-sent constituer un danger sérieux.

L'éclair thermique produit par les détonations nucléairespeut allumer des incendies susceptibles de provoquer deviolentes conflagrations d'une grande étendue mais seule-ment dans des conditions météorologiques saisonnières ettopographiques particulières, susceptibles de favoriser lapropagation du feu. Il n'est pas raisonnable de croire quela plus grande partie de nos forêts pourraient être dénudéespar l'incendie ou les radiations parce qu'il est rare que lesconditions météorologiques favorables à la propagation del'incendie puissent être réunies simultanément sur de trèsvastes régions. Les radiations, qu'il s'agisse de radiations di-rectes ou de retombées, ne peuvent ni recouvrir tout le paysde doses mortelles pour toutes les espèces ni empêcher quene repoussent beaucoup d'entre elles dont on sait qu'elles re-vivent après avoir été brûlées ou exposées aux radiations.

Des incendies provoqués par des explosions d'une grandepuissance peuvent se produire sur de vastes secteurs (1000milles carrés pour une déflagration de 10 mégatonnes) maisle feu est généralement assez lent à se propager. Hormis lecas de jaillissements brefs, le taux moyen de propagation estd'environ 500 pieds à l'heure sur une distance qui dépasserarement 5 à 10 milles dans toutes les directions même dansles zones où le combustible est abondant. Dans beaucoup dezones suburbaines et dans la plupart des zones rurales, l'in-cendie ne s'étendra pas du tout et les destructions ont degrande chance de se limiter à des incendies isolés.

Même dans les incendies urbains énormes, le nombre desmorts n'est ordinairement pas très élevé. Il peut toutefois yen avoir davantage lorsque des destructions dues au souffleaccompagnent et aggravent les problèmes posés par le feu.En l'absence d'abris contre le souffle, des particuliers peu-vent être pris sous les décombres et mourir par le feu. Demême, ceux qui seraient contraints de sortir d'abris nonprotégés contre l'incendie pourraient se trouver exposés àd'autres effets.

L'effet mortel le plus généralement causé par les explo-sions nucléaires demeure celui des radiations émises par lesretombées radioactives contre lequel il est le moins onéreuxde se protéger. Outre les causes de danger qui viennentd'être passées en revue jusqu'ici, les radiations, la chaleur etle souffle, la forte pulsation électromagnétique de courtedurée qui accompagne les explosions nucléaires peut pro-voquer un dérangement temporaire et endommager définiti-vement les ensembles électroniques et les réseaux électriquesà d'assez grandes distances du point d'éclatement. Danstoute la mesure du possible, les abris ne devraient pas comp-ter sur des sources extérieure pour s'alimenter en électricitéet il faudrait étudier comment réduire au minimum les des-

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Introduction

Le terme «survie immédiate» utilisé dans le présent rapport englobe la protection des hommes et des biens pendant les attaques nucléaires et leur survie pendant des périodes al-lant de quelques jours à plusieurs semaines après une atta-que. Une partie de ce temps peut être passée sous abri. On étudiera également sous ce titre l'alerte, la protection contre les effets immédiats (radiations, souffle, incendie), approvi-sionnements de première nécessité, les communications et le commandement, le moral, le maintien de l'ordre et les pré-paratifs en vue des opérations de restauration.

Les conclusions du rapport abrégé sur le projet Harbor de 1963 a été réexaminé dans la petite étude Harbor de 1967. La plupart d'entre elles restaient valables. Dans l'étude sui-vante, on énonce à nouveau celles qui ont été notoirement modifiées ou sur lesquelles on possède d'autres informations comme celles qui ont trait aux besoins en effectifs et aux prévisions de dépenses concernant la construction des abris. Les conclusions les plus importantes tirées du rapport abrégé de 1963 sont reproduites ici avec des modifications insigni-fiantes.

Le Programme Un programme sérieux de protection contre les effets im-

médiats des armes nucléaires et autres doit se fixer des buts à court et à long terme. La planification doit tenir compte des facteurs locaux comme par exemple, si la zone consi-dérée est rurale ou urbaine ou si elle se trouve à proximité d'un éventuel objectif militaire. Elle doit être totalement compatible avec les plans bien renseignés du temps de paix et avec ceux du temps de guerre et elle devrait comporter notamment des plans de défense active. Les délais d'élabora-tion sont généralement longs pour la majorité des grands programmes. Il faut donc étudier en outre la possibilité de crises se produisant avant qu'on n'ait terminé un système de protection civile raisonnable.

En matière de défense commune, le gouvernement fédéral est responsable de la protection de la population civile de même qu'il est chargé de maintenir le potentiel de dissuasion et d'attaque. Dans les conditions de la guerre moderne, on ne peut séparer la protection civile des autres formes de défense. A l'échelon le plus élevé, tous les plans de défense devraient être coordonnés, comme ils le sont actuellement, par le département de la Défense bien que leur exécution doive probablement continuer à être confiée à l'Etat ap-proprié ou aux organisations locales. Mais l'élaboration des principes, la coordination de la planification, l'attribution des crédits et la solution des problèmes posés par les gouverne-ments locaux sont des attributions que le gouvernement fé-déral doit admettre et assumer.

Le programme national de protection civile devrait être résumé dans un manuel conçu pour le profane comme la brochure qui existe sur la Protection contre les retombées radioactives mais contenant des renseignements sur tous les effets directs des armes nucléaires. Ce manuel devrait être largement diffusé au public pour une somme modique ou gratuitement. Il devrait renfermer des informations sur les

tructions et les dommages qui pourraient affecter le matériel de communication et l'équipement électrique.

A certaines distances du point d'explosion où la pression du souffle dépasse 15 psi, il existe un risque supplémentaire

provoqué par l'impact des éjections du cratère envoyées par les souffles violents dus aux explosions de plusieurs méga-tonnes. Toutefois, les abris enterrés sous une certaine épais-seur de terre ne courent pas grand danger.

Survie immédiate effets à long terme des armes nucléaires, le rétablissement consécutif à ces effets et la politique nationale. Il devrait contenir également des propositions détaillées sur la con-duite à tenir en cas d'urgence quand il s'agit d'improviser ou de chercher un abri au-dessus ou au-dessous du sol guano on ne peut bénéficier d'installations publiques de protection civile. Ce manuel devrait être d'une haute qualité, remis à jour périodiquement et distribué avec la publicité voulue.

Pour faire fonctionner un système de protection civile, c'est-à-dire s'occuper de la planification, des communications et de la direction des opérations, de la gestion des abris et du maintien de l'ordre pendant la période de survie immédiate, il faut un gros effectif de personnel compétent. On ne peut satisfaire toutes ces exigences en ayant recours à des spé-cialistes se consacrant uniquement à la protection civile. La majeure partie des effectifs doit plutôt provenir de la police et des pompiers, renforcés éventuellement par la Garde na-tionale ou d'autres unités. En effet, il faut appliquer la con-ception de l'emploi à double fin à la plupart des besoins en effectifs nécessités pour les opérations de protection civile. Nous nous étendrons davantage là-dessus au chapitre de l'Education professionnelle et de la Formation.

Organisation actuelle de la protection civile A l'heure actuelle, les attributions en matière de planifica-

tion et de mise à exécution des plans de protection civile sont très divisées. Le modificatif à la loi fédérale sur la Protection civile fait de cette dernière une attribution commune du gouvernement fédéral et du gouvernement des Etats. En conséquence, l'articulation en est très compliquée et ne com-porte pas de filières bien déterminées pour ce qui est des communications et des décisions à prendre.

La plupart des plans sont établis par les organismes fédé-raux mais leur exécution revient en majeure partie aux fonc-tionnaires d'Etat et aux fonctionnaires locaux. Comme le gouvernement fédéral ne peut donner l'ordre aux autorités des Etats ou aux autorités municipales de faire exécuter les plans de protection civile et qu'il ne peut pas davantage les y contraindre, le niveau de préparation réel varie beaucoup d'un bout à l'autre du pays. Les organismes fédéraux ne peuvent exercer de contrôle à ce sujet qu'en assortissant de conditions l'attribution des crédits de protection civile. Même lorsque les fonctionnaires des Etats et les fonctionnaires locaux sont disposés à collaborer, le cadre complexe de l'or-ganisation est souvent source de difficultés.

Les attributions en matière de protection civile sont aussi largement réparties au sein des organes d'exécution du gouvernement fédéral. Le Bureau de la planification d'ur-gence (OEP) qui fait partie de l'Executive Office du pré-sident est chargé de la coordination générale des plans et méthodes mais il ne joue aucun rôle dans leur application. Le Bureau de la Protection civile (OCD) qui fait partie du Bureau du Secrétaire d'Etat est chargé de la plupart des fonctions d'exécution au sein du gouvernement fédéral. Toutefois, certaines de celles touchant les mesures d'urgence à prévoir sont attribuées à d'autres ministères et organismes fédéraux conformément à leurs attributions légales et tra-

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ditionnelles. Une trentaine de ministères et d'organismes ont

I ainsi des fonctions se rapportant à la protection civile et la loi fédérale sur la Protection civile met en garde le Bureau de la Protection civile contre le risque de créer des fonctions faisant double emploi avec celles d'autres organismes fédéraux. En cas de crise, les organisations qui n'avaient que des fonctions de planification en temps de paix peuvent avoir à assumer un rôle d'exécution ce qui peut entraîner de sérieuses difficultés. Le personnel, à l'échelon "actif" de la protection civile, vient surtout des organisations des Etats et des organisations locales qui s'occupent habituellement des urgences. Les services de police, des pompiers et de la santé viennent en premier lieu. Ils peuvent être renforcés par des employés d'autres collectivités et services publics et appuyés par la Garde nationale et les forces armées fédérales.

Pour ce qui est des besoins quantitatifs correspondant au fonctionnement de la protection civile, les bureaux régio-naux, des Etats et les bureaux locaux comptent approxima-tivement 5400 fonctionnaires de la protection civile à plein temps auxquels s'ajoutent l'équivalent de 2800 employés par an se recrutant parmi du personnel à temps partiel et des volontaires. En cas d'urgence, ces effectifs pourraient être fortement augmentés par l'adjonction de personnel de la police et des pompiers, ce qui porterait à quelque 800,000 les spécialistes utilisables. On pourrait faire appel comme forces de réserve à la Garde nationale et à l'Armée de réserve jusqu'à concurrence d'un demi-million d'hommes déjà disciplinés et entraînés. 11 est question de l'instruction de ces divers groupes au chapitre de l'Education profession-nelle et de l'Instruction.

La façon la plus efficace de répondre aux besoins d'alerte,

11) d'évacuation, de partage des ressources et autres fonctions similaires serait d'avoir un commandement unifié Notre comité s'inquiète de l'absence d'un tel commandement. Il nous paraît très important que des liaisons plus étroites existent entre les organisations qui déterminent la ligne de conduite à observer et les organisations locales et que les informations venant de l'OCD parviennent effectivement aux bureaux des commandements militaires des unités locales (et vice versa).

Différents types d'abris

Protection Protection Protection contre contre les contre les

la suppression retombées radiations Classe en psi radioactives* initiales*

I 100 10,000 1000 Assure la protection contre l'incendie et les pierres brûlantes plus une sortie de secours.

H 30-50 200 100 Assure la protection contre l'incendie

100 10 40 Essentiellement protec-

tion contre les retom-bées

*La protection est calculée en fonction d'un facteur de protection (FP) qui donne le taux d'intensité des radiations en un lieu non protégé par rapport à celui de la zone protégée.

Genres d'abris

P La plupart des abris actuels, recensés par l'Enquête de l'Etude nationale sur les abris contre les retombées radio-actives, sont de la classe IV. Les ouvrages existant déjà ont

été adaptés et désignés, comme abris contre les retombées et certains même ont été munis de réserves.

Valorisation des abris

Voici comment on peut envisager d'améliorer la situation actuelle dans le domaine des abris:

1. On peut rendre plus efficace la méthode de recense-ment des abris contre les retombées radioactives en prospectant les zones résidentielles et non urbaines pour déterminer les possibilités et la capacité qu'elles ont de recevoir la population aussi bien la nuit que le jour. Ce programme est partiellement en cours grâce aux travaux de l'HFPS (Etude enquête sur la protection des foyers contre les retombées radioac-tives) .

2. Comme on ne disposera peut-être pas en temps voulu d'un système totalement mis au point, le manuel dont il a été question précédemment doit montrer comment construire rapidement des abris capables de résister au moins à de faibles effets de souffle et pouvant être édifiés par un citoyen moyen en rela-tivement peu de temps avec les matériaux qu'il a sous la main. Ces abris ne fourniraient pas une pro-tection aussi grande qu'un abri permanent mais ils présenteraient de plus grandes chances de survie que la moyenne des maisons ou des bâtiments de petites dimensions.

3. On devrait procéder au dénombrement des abris existants pour repérer ceux qui ont déjà été trans-formés en abris de la classe III ou peuvent l'être faci-lement. Cette transformation devrait être effectuée si elle est réalisable à peu de frais. La valorisation des abris existants pour leur permettre de résister à des surpressions excédant 10 psi est limitée en général à des abris enterrés. Et même en ce cas, la valori-sation au-dessus de 30 psi reviendra généralement très cher.

4. Des magasins protégés contenant des aliments, des fournitures sanitaires et de l'outillage pour la restau-ration, entre autres du matériel, des fournitures et ce qu'il faut prévoir pour la décontamination, devraient être établis dans tout le pays. On peut adjoindre ces dépôts à des installations fonctionnant actuellement, industries, services publics et hôpitaux, et ils de-vraient pouvoir servir pendant une attaque et dans le milieu qui prévaudra après l'attaque. Ils devraient aussi abriter des véhicules qui pourraient fonctionner pendant et après l'attaque pour permettre de main-tenir l'ordre hors des abris, de participer à de petites opérations de lutte contre l'incendie, d'aider aux éva-cuations s'il y a lieu et d'assurer les communications.

5. En se fondant sur les études effectuées et sur les buts poursuivis par la nation, des mesures devraient être prises pour qu'on incorpore des abris des classes I, II ou éventuellement III aux nouveaux édifices en construction et l'on devrait prévoir au besoin le paiement de subventions à cet effet. Si ce plan était appliqué, la plupart des nouveaux abris seraient utiles dès le temps de paix car ils seraient conçus à

*«Slanting» en anglais. Terme général impliquant qu'on adjoint à peu de frais certaines caractéristiques architecturales ou techniques à de nouvelles constructions ou bien qu'on prévoit une transformation rapide du bâtiment pour mieux protéger gens et vivres des effets d'une attaque.

Remarques

III 10 IV Aucune n'a été

spécifiquement prévue

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double fin. La transformation* de ces constructions en vue d'assurer une protection de 10 psi ne nécessi-terait que des frais supplémentaires insignifiants. Mais si la protection est assurée au-delà de cette pression, les frais d'aménagement augmenteront sensiblement alors que par contre, les frais entraînés pour incorporer les installations nécessaires n'aug-menteront pas beaucoup. Si l'on veut remettre des dépenses supplémentaires à plus tard, on peut s'as-surer une protection contre le souffle au moment où le danger se manifeste, par exemple en étayant, en ajoutant des portes spéciales, etc.

6. On devrait fournir les renseignements nécessaires aux particuliers, aux sociétés et aux groupes qui désirent entreprendre à titre privé la construction d'abris en l'absence de toute action fédérale ou du retard ap-porté par le gouvernement à réaliser ces programmes.

7: On devrait fournir les renseignements nécessaires pour permettre de prévoir dans toute la mesure du possible la protection du bétail sur pied et d'autres denrées. On pourrait en même temps, s'il y a lieu, offrir des primes pour la mise en oeuvre du pro-gramme prdposé. Nouveaux abris à fin unique ou à double fin.

NouveauK abris à fin unique et à double fin

La possibilité d'améliorer le degré de protection assuré par les abris actuels ne devrait pas dissimuler le fait qu'on pourrait assurer une protection encore plus complète si l'on lançait un programme de construction de nouveaux abris et si de nouveaux services publics comme les réseaux de com-munication et de transport souterrains étaient conçus de façon à pouvoir se transformer en abris en période de danger.

Le coût d'abris neufs ne servant qu'à cette seule fin est difficile à évaluer tant qu'on n'aura pas défini de politique officielle sur les caractéristiques qu'ils devraient présenter. Ces abris peuvent aller d'éléments bon marché isolés, d'aspect austère, dont les portes et les systèmes de ventilation sont actionnés manuellement et munis de seaux de toilette, où il est possible de passer deux semaines, jusqu'aux ouvrages plus compliqués reliés entre eux qui sont dotés de portes automatiques, de toilettes, d'un système de climatisation, d'infirmerie et où l'on peut rester pendant un mois. Etant donné le chiffre élevé de la population à protéger, le coût de ces abris représenterait une grosse dépense. Il y a donc de grandes chances pour que ce soit l'abri le moins per-fectionné mais présentant la protection souhaitée et un minimum d'aménagement qui soit adopté.

Le tableau suivant donne une estimation du coût des abris à utilisation unique les moins perfectionnés. Cette estimation est fondée sur la technologie actuelle et elle tient compte des frais de réalisation et d'inspection mais ne fait pas inter-venir le prix du terrain ni le coût du matériel à y entreposer.

Coût par rapport à la surface

Dimensions des abris 100 psi 50 psi 10 psi

100 unités de surface de 10 pieds carrés $600 par esp. $500 $400 1000 unités de surface de 10 pieds carrés $300 par esp. $270 $220

Ces estimations sont beaucoup plus élevées que celles qui étaient données dans le rapport abrégé Harbor ($300 et $175 respectivement pour 100 psi) mais elles ne sont pas

forcément incompatibles. L'estimation actuelle se fonde sur la technologie actuelle ce qui fait qu'elle est plus sûre. Les coûts donnés dans le rapport abrégé Harbor supposaient des techniques plus perfectionnées et le recours à. la méthode de production en masse. Le coût des abris de la classe I, qui d'après le rapport abrégé Harbor devait assurer la survie de 80 p. cent de la population dans le cas d'une attaque de 3000 Mt, se basait sur un coût de $267 par unité de surface d'abri.

La construction d'abris à double fin, qui semble très réalisable, demanderait au gouvernement fédéral, aux Etats ou aux municipalités des investissements beaucoup moins importants. Le coût en serait difficile à estimer par suite de la latitude qu'on aurait d'imputer aux différents usages qu'on en ferait leur part relative du total des dépenses. Il est à prévoir toutefois que l'augmentation des dépenses au titre de la protection civile serait alors bien moindre que le coût des abris à fin unique bien que le coût total de la construction des abris à double fin puisse dépasser de beaucoup celui des constructions entreprises séparément dans l'un et l'autre but. Les abris à double fin auraient pour autre avantage de ré-duire probablement les frais de modernisation et d'entretien et d'utiliser les surfaces de façon plus rationnelle.

Pour donner un exemple du coût d'un ensemble d'abris particulier, celui du tunnel relié au réseau électrique, dont il est question dans les rapports du Laboratoire national Oak Ridge, est d'environ $400 par personne. Ce genre d'abris comporte des portes automatiques, des toilettes, la clima-tisation et il est possible d'y rester un mois, la protection assurée étant de 100 psi. Sur ces $400, $150 par unité de surface représentent le coût de la construction, $250 la ventilation, la réfrigération, les installations sanitaires et les cuisines et autres postes semblables. La possibilité de prati-quer des tunnels de sortie peut nécessiter la pose de portes antisouffle à intervalles prévus ce qui augmenterait légère-ment le coût de l'ensemble. D'autre part, certains conduits des services publics pourraient être englobés dans ce genre d'abris qui serviraient à double fin et les dépenses imputables à la protection civile s'en trouveraient ainsi réduites.

Protection par abris antisouffle

Un abri de la classe I protège ses occupants contre le souffle d'une arme de 1 Mt qui explose à 5000 pieds de haut ou d'une arme de 10 Mt qui explose à 11,000 pieds ou plus haut. L'altitude correspondante pour une arme de 100 Mt est d'environ 200,000 pieds. Il faudait faire exploser des engins à une altitude encore plus basse pour causer le maxi-mum de morts. La zone dans laquelle les abris de la classe I seraient atteints par une explosion à la hauteur la plus dan-gereuse n'atteint pas le dixième de la zone dans laquelle des abris de la classe III seraient atteints par une explosion aussi forte se produisant à une beaucoup plus grande hauteur.

Prototypes d'abris

Pour mieux comprendre les problèmes relatifs au fonc-tionnement des abris et pous s'assurer qu'on n'a négligé aucun facteur important en dressant les plans, on devrait construire et doter de personnel des abris à fin unique et à double fin. Il faudrait entreprendre d'autres recherches avant de pouvoir réaliser le plus utilement possible cette opération d'installation pilote. On pourrait entrependre en même temps un programme modéré de perfectionnement

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Ides abris.

En l'absence de prototypes, on peut accepter, au mieuxavec quelques réserves, les résultats des études confiées auxordinateurs sur des programmes d'abris fortement idéalisés.Bien que des études sur des modèles d'abri soient indispen-sables à l'établissement des plans nationaux, il faudra qued'autres études détaillées analysent la situation tant sur leplan régional que local.

Constructions urbaines et vulnérabilitéAux Etats-Unis, on constate dans la répartition de la

population une tendance 1) à une augmentation de laproportion de ceux qui vivent dans les zones métropolitaineset 2) à une expansion de ces zones telle que la densité de lapopulation y décroit alors que le chiffre total en est enhausse. Le centre des villes marque la plupart du temps soitde la stabilité dans sa population soit une diminution decelle-ci alors que la poussée suburbaine continue avec unedensité de population inférieure. La composition de cettepopulation continue à faire une place de plus en plus grandeaux groupes les moins en avance tant sur le plan socialqu'économique. Il peut être plus difficile qu'on ne l'avait

prévu de prendre des mesures pour guider et diriger leshabitants de ces zones dans les abris. Le problème est àétudier.

La faible densité de population des banlieues ayant ten-dance à se refléter dans le type de construction, à savoiressentiellement des constructions à châssis et en maçonnerieau lieu de constructions massives en béton et en acier, lasolidité moyenne des constructions dans les zones à faibledensité de population est beaucoup moins grande que dansles centres métropolitains. En conséquence, la protectioncontre les retombées radioactives constatée dans des bâti-ments existants à l'occasion d'expertises qui ont été faiteset se poursuivent à ce sujet se concentre surtout dans lecentre des villes où elle peut même dépasser les besoins de lezone en question. Dans les zones suburbaines, on a besoin debeaucoup plus de surface d'abris assurant la protectioncontre le souffle et l'incendie qu'il n'en existe actuellement.Il y a de grandes possibilités pour ce qui est d'incorporer desabris à double fin dans les écoles, les édifices publics, les im-meubles, les centres d'achat et d'autres bâtiments commer-ciaux et communautaires ainsi que sous forme de tunnelssouterrains utilisés par les services publics.

RestaurationIntroduction

Les problèmes posés par les restaurations consécutivesà une guerre nucléaire sont plus compliqués et moins biencompris que ceux posés par la protection contre les effetsdirects d'une attaque. Ces derniers sont, sinon exclusive-ment, du moins essentiellement d'ordre matériel tandis queles grands problèmes du relèvement se situent dans les do-maines des sciences économiques et sociales et comportententre autres les effets durables à caractère émotif dus aufait d'avoir subi un holocauste.

Ce chapitre se divise en trois parties qui traitent respec-tivement des problèmes économiques, écologiques et médico-radiologiques. Les problèmes matériels comme ceux quiportent sur le déblaiement des décombres et la décontamina-tion, sont d'une importance notoire mais ne font pas l'objetde la présente étude. Les problèmes sociaux et psychiquesne sont pas non plus examinés en détail.

Le plan suivant lequel les problèmes du relèvement aprèsune attaque atomique sont passés en revue ici diffère quel-que peu de celui qui avait adopté dans le rapport abrégéinitial Harbor. Nous sommes d'accord avec les principalesconclusions de ce rapport, quoique peut-être pas avec toutes,et nous insistons en particulier sur la première d'entre elles:il est nécessaire de poursuivre les recherches permettant dedéfinir les problèmes qui se poseraient après l'attaque dupoint de vue quantitatif et d'évaluer l'efficacité relative desmesures proposées pour remédier alors à la situation.

Remarques générales sur la restauration

La protection civile ne se borne pas à protéger la popu-lation contre les effets des armes. Elle doit aussi s'assurerque les survivants immédiats ne seront pas décimés parcequ'on ne pourra pourvoir à leur subsistance, les soigner etmaintenir l'ordre. Elle devrait aussi prévoir les conditionspréalables à la restauration. Bien qu'on ne puisse préciser

I parfaitement le sens de ce dernier terme, il est clair que ladissolution des Etats-Unis en tant qu'entité politique, lemaintien indéfiniment d'un niveau de vie permettant tout

juste de subsister ou l'incapacité d'une nation à faire faceensuite aux menaces extérieures constitueraient un échec surle plan du redressement.

L'importance à accorder aux problèmes de la survie àlong terme et du rétablissement final devrait dépendre duniveau atteint par le programme de protection civile dans satotalité et de la gamme des menaces sur lequel il porte. Pourdes dépenses d'un niveau très peu élevé comme celui de$0.40 par personne et par an qui est actuellement celuidu programme fédéral, la plus grande vulnérabilité de lapopulation non protégée par rapport aux entreprises de pro-duction également non protégées justifie une forte concen-tration de survivants. Mais si toute la population est bienprotégée contre les retombées radioactives et que celle quidemeure en ville est protégée jusqu'à un certain point contrele souffle, le nombre et la nature des dispositions à prendrepour parachever cette protection se trouvent fortementdéterminés par le niveau de l'attaque sur les objectifsurbains.

Redressement économique

Jusqu'à un certain niveau d'attaque, le montant, par têted'habitant, des ressources de la production avant l'attaquedoit fournir une assurance raisonnable comme quoi on peutopérer le redressement si on parvient à surmonter les pro-blèmes d'organisation et les arrêts localisés en des pointsparticuliers. En conséquence, les mesures préparatoiresdevraient s'axer sur les dispositions à prendre en matièred'organisation ainsi que sur le recensement et la suppressiondes goulots d'étranglement. Du moment où la charge d'at-taque supposée lancée avec succès contre des objectifsurbains augmente au-delà de 2000 Mt., de vastes préparatifsdeviennent de plus en plus nécessaires pour faciliter leredressement dans un délai raisonnable. Des arrêts de pro-duction dans des secteurs donnés entrainent une rareté desressources de plus en plus généralisée. Si les préparatifs selimitaient à des mesures d'organisation, une attaque de 2000Mt lancée avec succès contre un ensemble d'objectifs indus-

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triels d'une importance critique pourrait sérieusement em-pêcher l'économie d'assurer l'existence des survivants et lanation de se défendre contre d'autres menaces. Les destruc-tions seraient ^ggravées par toute autre augmentation de lacharge d'attaque et plusieurs industries vitales pourraientêtre virtuellement supprimées. Les mesures préparatoiresnécessaires à ce niveau de menace impliquent donc de nom-breux programmes pour la constitution de réserves' demachines essentielles et d'autres matériels. Si l'on ne seprépare pas ainsi, les difficultés économiques consécutives àune attaque de l'importance indiquée contre une populationbien abritée risqueraient de rendre nulle la protection four-nie par les abris.

Ces généralisations sur les mesures à prendre en prévisiond'attaques contre des objectifs urbains permettent essen-tiellement de rendre plus évident le fait que le potentiel in-dustriel de la nation est renfermé dans un périmètre limité etqu'il est beaucoup plus concentré que la population. Il estaussi plus difficile à protéger que celle-ci. Il ne s'agit aucune-ment là de juger si ces attaques sont réalisables du point devue militaire ou plausibles du point de vue stratégique. Ilfaudrait pour se prononcer à cet égard se fonder de touteévidence sur des considérations détaillées à propos desobjectifs, des possibilitiés et des statégies éventuelles desdeux côtés. La présence ou l'absence de défense active, lasûreté de tir des engins de l'agresseur et les possibilités de lesdétourner sur d'autres objectifs ainsi que la phase de laguerre à laquelle se produiront des attaques contre les villesseront notamment déterminantes quant à la possibilité et àl'intention qu'aura l'agresseur d'infliger d'énormes pertesdélibément calculées à l'économie.

Que des attaques mettant en jeu des milliers de méga-tonnes soient plausibles ou non contre des objectifs urbains,

il est évident que pour le moment et dans un avenir pré-

visible, il reste une vaste gamme d'éventualités dans les-quelles des attaques beaucoup plus réduites contre desobjectifs urbains et industriels pourraient se produire. C'estdans le cas de ces petites attaques que des programmes suivisprévoyant des mesures de protection de l'économie, del'ordre de 0.5 à .1 milliard de dollars par an, pourraientgrandement en modifier la vulnérabilité. Ces programmesviendraient compléter efficacement la construction d'abriset autres programmes si ces derniers passaient à un niveaude dépenses de 2 à 3 milliards de dollars par an. Il faudraittoutefois engager des dépenses beaucoup plus considérablespour protéger effectivement l'économie contre de fortes

attaques.La base de recherche sur laquelle on s'appuie à présent

pour étudier en détail l'ensemble des mesures à prendre pourprotéger l'économie est foncièrement insuffisante. Lesnouveaux instruments d'analyse qui passent dans l'usageactuellement devraient permettre d'obtenir d'importantesaméliorations. Il devrait être possible en particulier, aucours de ces deux prochaines années, de préciser bien davan-tage les estimations en gros mentionnées plus haut en in-diquant les niveaux d'attaque pour lesquels les besoins enmatière de prévention augmentent brusquement. Le recense-ment des secteurs industriels sur lesquels on devrait centrerla prévention devrait aussi être amélioré. Il reste cependantde nombreux domaines où il faudrait que la recherche d'unepart et d'autre part, l'élaboration et l'exécution des pro-grammes avancent plus ou moins simultanément. On aparfois besoin de recherches pour décider des mesures à

prendre mais dans d'autres cas, la recherche est plus pro-ductive si certaines de ces mesures ont déjà été prises.

Les deux types de mesures préventives à prendre dans le secteurléconomique

Il existe deux types de mesures préventives à prendre dans,le secteur économique: celles qui visent à assurer les néces-sités de l'existence jusqu'à ce qu'on puisse reprendre laproduction des denrées de base et celles qui tendent à faciliterla reprise de la production. Les mesures du premier typepermettent essentiellement de gagner du temps pour que lapopulation puisse résoudre les problèmes qui se posent aprèsl'attaque, entre autres ceux qui portent sur la reprise de laproduction. D'où il est possible de déduire que plus onprévoit de mesures du premier type, moins on a besoind'avoir recours aux secondes pour parvenir à rétablir unniveau donné de rendement.

Les mesures de la première catégorie présentent deuxgrands avantages qui justifient la place de premier planqu'on leur accorde dans les programmes se situant entre 0.5et 1 milliard de dollars. Premièrement, ils sont peu coûteuxpar rapport aux mesures de la seconde catégorie. Deuxième-ment, leur utilité n'est pratiquement pas fonction du niveauni du mode d'attaque. Par exemple, de grandes quantitésd'approvisionnements et le rétablissement rapide des lignesélectriques permettront d'augmenter le rendement économi-que dans presque toutes les circonstances accompagnantl'attaque.

Il est nécessaire de posséder toute une gamme de plansréalistes prévoyant la restauration d'une certaine formed'organisation économique pour effectuer les préparatifsexigés par l'une et l'autre catégorie. Il ne faut pas en par-ticulier que les deux plus urgentes nécessités de l'existence,^vivres et abris, attendent pour qu'on les prévoie la créationd'organisations pendant la période où l'on est sous abris ouaprès. Dans les zones fortement détruites par les bombes, lesdifférents modèles d'abris devront assurer la seconde néces-sité bien au-delà de la période de danger du fait de l'actionennemie. Des abris ramifiés dans toute la ville faciliterait leproblème des communications et permettraient de se pré-parer plus facilement à affronter un milieu extérieur hostile.

On reviendra plus tard sur l'importance qu'il y aurait àrépartir une bonne partie des réserves de vivres dans tousles Etats-Unis et de les emmagasiner dans des endroits sûrset accessibles. Il faudrait au moins prévoir d'avance descentres de distribution de vivres. Il est nécessaire égalementd'envisager le cas où Washington serait durement touchée etoù les bureaux fédéraux cesseraient de fonctionner, dumoins temporairement. Il faudrait pousser les préparatifsfaits actuellement en ce sens. On devrait aussi dresser desplans traitant des problèmes délicats posés par le rétablisse-ment de la solvabilité, la délimitation des droits de propriétéet la reconstitution d'une économie d'échange. Ces plansdoivent raisonnablement promettre de prévenir une désor-ganisation économique cumulative. Ils devraient tous êtremis à l'essai au moyen d'exercices simulés auxquels par-ticiperaient ceux qui auraient effectivement à assurer cestâches après l'attaque.

Jusqu'à présent, pour établir les plans se rapportant à laréorganisation économique après une attaque nucléaire, ons'est fondé sur la création, le plus tôt possible après cetteattaque, d'un dispositif permettant au gouvernement dediriger l'économie. L'importance en serait sensiblement plu^grande que celui qui existait pendant la Deuxième guerre

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mondiale. II semble peu probable qu'un tel dispositif puisse

Iêtre institué suffisamment tôt après l'attaque de manière àinfluer réellement sur le cours des événements lorque c'est lasurvie d'une bonne partie de la population qui est en jeu.Les dispositions qu'on serait ameré à prendre pendant lapériode critique demeurent en effet très vagues.

Pour gagner du temps: constituer des réserves

Même si l'on dispose pour survivre de ressources générale-ment abondantes, il faudra un certain temps avant qu'onpuisse s'en servir, c'est à dire pour réorganiser et situer lapopulation et les ressources et pour régler un grand nombrede problèmes particuliers de production. Plutôt que d'es-sayer d'en faire le recensement et de les résoudre d'avance,les mesures de prévention devraient faire en sorte de prévoirdes délais suffisants pour que les survivants puissent trouvereux-mêmes la solution de ces problèmes. On gagnerait dutemps en augmentant l'inventaire des biens de consomma-tions épargnés par l'attaque et dont les vivres constituentl'élément capital. Des approvisionnements en grandes quan-tités, bien répartis et protégés, permettraient dans tous lescas de faciliter la restauration. Il deviendrait des lors moinsurgent de faire repartir la producton agricole et de repren-dre le transport de ses produits. En assurant le pain dulendemain, on créerait des conditions plus favorables quipermettraient à la population de consacrer son énergie auredressement économique.

Ces dernières années, en parvenant à réduire les surplusde céréales, on a fortement diminué le volume de la réservela plus importante de la nation. Au 1" juillet 1967, époquedu minimum saisonnier, les réserves de vivres nationalesreprésentaient les besoins de la population entière pourenviron 19 mois. (Ces réserves ont grandement augmentédenuis du fait de la bonne récolte de l'année dernière).Même à supposer qu'elles soient bien reparties, ce quin'est pas le cas actuellement, leur composition laisse beau-coup à désirer. Plus de la moité en était représentée par desréserves de céréales alimentaires.

On peut considérer comme raisonnable un niveau cor-respondant à un an et demi de vivres pour toute la popu-lation à la période du minimum saisonnier. Mais il faudraitque la composition en soit rationnelle. Il faudrait non seule-ment qu'elle réponde à des normes physiologiques maisaussi qu'elle corresponde à des normes de consommationexistantes. Tel n'était pas le cas en 1967. Quand il s'agit descéréales, même en prévoyant une augmentation par tête dela consommation de farines et autres produits tirés descéréales dix fois supérieure à la consommation actuelle,les cérales auraient duré plus longtemps que toutes lesautres réserves alimentaires.

Pour gagner du temps: comment faire face aux rupturesde communication et aux pénuries locales

Les transports, les communications et les services publicsprésentent en commun un certain nombre de caractéris-tiques importantes. Il est évident qu'ils sont décisifs pour labonne utilisation des moyens de production de tous ordres,la bonne organisation de l'économie et pour permettred'avoir le temps de résoudre les problèmes. Dans l'étatactuel des connaissances en matière d'analyse économique,il est tout simplement impossible d'évaluer les conséquenceséconomiques totales qu'aurait une grosse attaque contrel'une quelconque de ces industries et il y a des chancespour qu'il en soit ainsi encore pour un certain temps.

Chacun des points des réseaux en cause serait repéré. Parexemple, un pont intact sur l'Ohio ne peut facilement assurerles fonctions d'un autre pont sur le Mississippi. Une analysequi traduirait ce fait de la façon appropriée devrait aussi entraduire d'autres du même genre dans d'autres formesd'activité économique correspondantes. Le réseau de trans-port étant intact, le potentiel total des aciéries qui auraientsurvécu importerait beaucoup plus que leur implantation.Mais si les transports sont gravement touchés, il devienttrès utile de connaître à la fois l'emplacement des liaisonsde transport qui sont restées utilisables et celui des aciériesintactes. •

Un petit nombre de nos usines fabriquent leur proprecourant. La plupart d'entre elles comptent sur celui qui estfourni par les services publics. D'où l'importance qu'il y a àremettre en état les centrales électriques et leurs lignesde transmission. Les programmes de prévention devraientcomporter en premier lieu des plans spéciaux prévoyant laprotection des travailleurs et de leurs familles dans lestransports, les communications et les industries d'utilitépublique situés auprès de leur lieu de travail et, en secondlieu, des réserves de fournitures, d'outils et d'éléments pourréparer et raccommoder les dégâts, dans des quantitésdéterminées par une analyse minutieuse des points estimésvulnérables à une série d'attaques prévisibles. De plus, onpourrait étudier la création d'organisations d'urgence ré-gionales qui seraient en mesure de se charger de toute unesérie de réparations et de raccommodages d'une importancecapitale.

Le problème des services publics est en partie allégé eten partie aggravé par la tendance récente à adopter l'énergienucléaire: les centrales nucléaires dépendent moins dutransport du combustible que les centrales électriques clas-siques et elles sont plus petites. Elles peuvent donc êtreplus facilement protégées. On pourrait les faire fonctionnerpendant un certain temps même si le réseau de transportétait gravement endommagé. D'autre part, si elles ne sontpas protégées, leur destruction pourrait entraîner la dis-persion de vastes doses de radioactivité. La protectionprévue actuellement pourrait être renforcée par exempleen les installant sous terre dans des constructions semblablesà celles qui sont utilisées en Suède.

Les transports, et dans une proportion moindre, les cen-trales électriques, dépendent du ravitaillement en essence eten produits de la distillation du pétrole. Les réserves n'ensont pas ordinairement très importantes, de l'ordre de deuxà trois mois d'approvisionnement. Les besoins essentiels àla suite d'une attaque ne représenteraient qu'une petite frac-tion des taux de consommation courante mais une bonnepartie des réserves pourrait être détruite si les raffineriesde pétrole étaient fortement touchées. Il s'ensuit donc qu'onpourrait procéder par priorité au stockage de produits raf-finés du pétrole dans des lieux dispersés même si les budgetsréservés aux mesures préventives d'ordre économique nesont pas très élevés.

Comment empêcher les déficits de potentieldans les industries critiques

On ne peut considérer les programmes portant sur lespénuries générales qu'en fonction de budgets élevés et ens'appuyant sur une analyse très poussée.

Le recensement des secteurs industriels les plus critiquesdevrait se fonder sur l'examen de la voie dans lesquelle

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l'économie pourrait s'engager pour pouvoir subsister aprèsdes attaques susceptibles d'être montées par l'adversaire. Cequi détermine l'importance critique, ce n'est pas seulementle degré de destruction ni même le rapport entre la capacitéde survie et les besoins, mais plutôt le rapport entre lesbesoins en approvisionnements et autres nécessités aprèsqu'on a procédé des deux côtés à toutes les possibilités d'ajus-tement permettant de réaliser cet équilibre. Une fois déter-minés les secteurs critiques, il reste une question délicateet compliquée, à savoir quelles mesures, comme la miseen réserve de produits finis, la subvention de constructionssoutewaines par les sociétés privées et le stockage demachines ou d'éléments critiques, permettraient d'être lemieux préparé pour un budget bonné.

En se fondant sur ce qu'on sait actuellement, il sembleque les industries suivantes soient susceptibles d'être candi-dates aux grands programmes de prévention: a) Lesraffineries de pétrole. On a besoin des produits du pétrolepour le transport, l'agriculture et la production d'électricité.En outre,cette industrie est suffisamment concentrée pourqu'elle puisse logiquement être choisie comme objectif parl'ennemi, b) Les industries chimiques. Les usines de pro-duits chimiques, surtout celles qui fabriquent des insecti-cides, des pesticides, des produits pharmaceutiques et duplomb tétraéthyle, constituent d'éventuels objectifs. Onaioute le plomb tétraéthyle parce que, au cas où les raf-fineries seraient détruites, on pourrait s'en servir pour ren-forcer l'octane de l'essence naturelle qui remplacerait alorsl'essence raffinée. Les autres industries chimiques figurentdans l'énumération parce qu'on part du fait que les besoinsessentiels après une attaque pourraient facilement êtreaussi élevés qu'avant mais que l'approvisionnement risque-rait de se trouver grandement réduit. Il serait possible d'ap-pliquer aussi une forme d'approvisionnement similaire,proportionnée à la demande, à divers autres éléments desservices de santé et d'hygiène publique.

Restauration écologique

Bien qu'il demeure une certaine incertitude sur la gravitéet la précision des répercussions à long terme d'une attaquenucléaire sur notre milieu, notamment lorsqu'il s'agiraitd'attaques dépassant 10,000 Mt, aucun effet connu ne s'op-poserait à la restauration écologique. L'homme et de nom-breuses espèces de plantes et d'animaux ont démontré àmaintes reprises la résiste de l'espèce dans des circonstancestrès contraires. L'attaque nucléaire la plus dévastatrice en-visagée dans cette étude, un éclatement au sol de 12,000 Mt,laisserait intacts certains endroits au millieu des destruc-tions. Des attaques plus faibles laisseraient des zones dé-truites entourées de territoires moins touchés. Il en résulte-rait beaucoup de gros problèmes à court terme pour ce quiest du milieu ambiant. Leur gravité dépendrait du déroule-ment et de l'importance de l'attaque. Les connaissances donton dispose indiquent qu'une planification préalable peutpermettre à l'homme, si des abris ont été prévus à son in-tention, de sortir de son abri pour survivre dans un milieudétruit et faire face aux problèmes de ce milieu.

Effets des radiations sur les plantes

Les radiations provenant des retombées radioactives peu-vent faire mourir ou affecter d'autre manière beaucoup deplantes. Les plantes récoltées sont abîmées par des exposi-

tions à des radiations gamma allant de 2000 à 35,000 R etces radiations peuvent avoir de graves répercussions sur laproduction agricole l'année de l'attaque. Mais la récoltesuivante devrait être normale si l'on dispose de semencesviables. Aucune des attaques plus faibles et plus plausiblesne pourrait produire des irradiations prolongées pendant unelongue période par suite d'une contamination résiduelle quidurerait suffisamment pour causer d'énormes dégâts sur devastes secteurs des Etats-Unis.

L'exposition à des radiations de 1000 R détruirait lesforêts de conifères. Une exposition de 10,000 à 20,000 Rdétruirait une forêt à feuilles caduques et il faudrait des ra-diations de 20,000 à 40,000 R pour détruire des pâturages.D'après les renseignements dont on dispose actuellement,même une attaque de 12,000 Mt avec éclatement au soln'endommagerait plus de 10 p. cent de nos terres forestièressi gravement qu'ils leur faillent une dizaine d'années pour re-prendre. Les études effectuées sur place dans des forêtsirradiées expérimentalement par les pluies tropicales, dansplusieurs forêts d'arbres feuillus de l'est et dans des forêts oùarbres feuillus et conifères étaient mélangés ainsi que dansdes îles du Pacifique touchées par des essais d'engins, onttoutes dénoté une recolonisation rapide par la végétation.

Pour conclure raisonnablement, on peut donc dire que deseffets écologiques à long terme ne seraient pas assez gravespour empêcher ou retarder sérieusement la restauration. Ilexiste cependant des incertitudes qui pourraient être criti-ques.

Par exemple, on n'est pas certain des effects des rayonsbêta émanés par les particules contenues dans les retombéesradioactives. Les renseignements qu'on possède actuelle-ment à ce sujet sont bien loin de suffire. Le comité préconisequ'on pousse les travaux de recherche dans ce domaine. Les 1connaissances qu'on a des effets des particules bêta sur lesrécoltes vivrières et fourragères sont particulièrement mai-gres. Les rayons bêta semblent être source d'un danger plusgrand qu'on ne le supposait.

Effets des radiations sur les animaux

Les animaux domestiques périssent s'ils sont soumis à defortes expositions de 500 à 1000 R. C'est l'irradiation LD50/30 dont les conséquences sont mortelles dans les 30jours qui suivent pour 50 p. cent de ceux qui y sont soumis.Les animaux qui auraient été exposés à des radiations exté-rieures n'atteignant pas la dose mortelle et qui auraient in-géré des éléments radioactifs pourraient être consommés etbeaucoup d'entre eux pourraient encore servir à la repro-duction.

Une destruction totale des insectes n'est pas à prévoir. Ilfaut pour qu'ils périssent qu'ils soient exposés à des radia-tions de 10 à 100 fois plus fortes que celles qui sont néces-saires pour tuer les oiseaux. Pourtant, lorsqu'ils sont à l'étatde larves, ils sont plus sensibles aux effets des radiations etdes irradiations suffisantes pour tuer des oiseaux seraientvraisemblablement mortelles pour de nombreux secteursdes populations d'insectes. Ceux-ci sont en but aux insectesprédateurs, aux oiseaux, aux insecticides et leur existencedépend de plantes particulières dont ils s'alimentent, desconditions météorologiques, etc. L'effet conjugué de tousces facteurs fait qu'on ne peut se baser seulement sur leurradiosensibilité pour prédire les grandes fluctuations despopulations d'insectes. Les expériences sur les radiationsconduites sur place n'ont pas révélé jusqu'ici de tendance

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nette de leur part à s'accroître beaucoup. Les forêts de foins et d'épinettes ou les régions agricoles à récolte unique se sont montrées par le passé les plus vulnérables aux attaques des insectes. La lutte contre les insectes qui s'en prennent aux récoltes dans la période de restauration consécutive à une attaque nucléaire pourrait se présenter avant tout comme un problème économique portant sur le coût des insecticides, comme c'est le cas actuellement.

Incendies

Il a été question dans le chapitre précédent des incendies qui en s'étendant, mettent en danger population et abris. La vulnérabilité des forêts et des terres cultivées dépend de leurs caractéristiques géographiques, climatiques et floristi-ques. C'est ces facteurs ainsi que le mode et la puissance de l'attaque qui détermineront l'ampleur des conflagrations dé-clenchées par une attaque atomique. Certaines régions se-raient vulnérables mais il est peu vraisemblable que de vastes incendies de forêt éclatent. Par contre, la végétation touchée par la radioactivité devient plus imflammable et partant, le danger d'incendie est plus grand dans les zones où les re-tombées radioactives ont été abondantes.

Du point de vue écologique, l'incendie n'est pas toujours destructeur en fin de compte. De fait, il est nécessaire qu'il y ait fréquemment des incendies pour conserver certains pâturages et certaines forêts de pins. Il faut tenir compte de ces aspects de l'incendie pour évaluer dans leur totalité les effets écologiques.

faciliter la restauration, le comité propose que: 1. Les organismes existants ou à venir de la protection

civile établissent des plans et forment du personnel à la défense du milieu.

2. On fasse des réserves de semences, d'insecticides et de matériel agricole de base.

3. Les organismes actuellement chargés de lutter contre l'érosion, de protéger les bassins hydrographiques et de reboiser se familiarisent avec les problèmes qui se poseraient après une attaque nucléaire et avec les contre-mesures éventuelles.

4. On ne laisse pas les réserves alimentaires tomber au-dessous du niveau prévu pour 18 mois et que les autorités chargées de la planification à l'échelon des Etats ou à l'échelon local sachent où se trouvent ces réserves.

5. Une étude soit entreprise sur la possibilité d'em-ployer des immigrants sans emploi aux opérations de conservation et à l'application des mesures préven-tives dans les zones où l'on prévoit que des problè-mes se poseront après une attaque pucléaire.

6. On poursuive les recherches menées actuellement sur le comportement des particules des retombées et les radiations bêta dans la terre et les réseaux de dis-tribution d'eau pour parvenir à une meilleure esti-mation des effets des radiations et de la contamina-tion. On devrait étudier également la réalisation d'un moniteur d'alerte à temps réel contre les retombées.

Retombées radioactives et contamination résiduelle

Le problème de la contamination des aliments se réduit surtout à la contamination par deux radioéléments d'une existence rtlativement courte, l'iode-231 et le strontium-89 (leur demivie est respectivement de 8 et de 50 jours) et deux autres d'une vie plus longue, le strontium-90 et le cesium-137 (dont la demivie pour tous deux est de 27 ans). Bien qu'il vaille mieux de toute évidence manger des aliments con-taminés que de mourir de faim, on peut éviter cette alterna-tive en emmagasinant des vivres en quantité suffisante pour qu'elles soient à l'abri des retombées radioactives. On ne connaît pas encore exactement les effets à long terme de ces radioéléments sur les plantes, les animaux et l'homme. Il serait très souhaitable de poursuivre l'étude de ce sujet ainsi que celle plus générale du transfert des éléments radioactifs depuis le sol et par l'eau aux plantes, des plantes aux ani-maux et, si on les mange, des animaux à l'homme.

Contre -mesures

Les contre-mesures de protection contre les effets immé-diats de la guerre nucléaire sont plus importantes actuelle-ment que celles qui se rapportent aux effets à long terme. La technologie moderne permet d'énumérer les contre-mesures qui pourraient être utilisées pour faciliter la restauration agricole à court terme ainsi que la régénération des terrains revenues à l'état sauvage. Mais on ne peut estimer à combien reviendrait ces mesures ni quelles méthodes on appliquerait tant qu'on ne connaîtra pas mieux certains effets de second ordre comme le déplacement des radioéléments solubles dans la nature, l'érosion des terres dénudées par les radia-tions ou le feu et le temps qu'il faut pour que les mécanismes naturels de régénération et de restauration se mettent à agir.

Pour réduire au minimum les problèmes à court terme et

Rétablissement sur le plan médical

Il est important que le programme de santé pour la pé-riode postérieure à l'attaque soit exécuté en tenant étroite-ment compte de l'évolution des besoins militaires et de protect'on civile. Nous tenons à souligner encore l'impor-tance qu'il faudrait ne pas cesser d'attacher aux tâches suivantes:

1. Elaboration de plans et poursuite des recherches sur l'action conjugée des médicaments à utiliser en cas de sinistres mineures, de la réadaptation humaine et des maladies animales susceptibles de résulter d'une rupture de l'économie.

2. Estimat'on des conséquences et des moyens éven-tuels de pallier les modifications de régimes alimen-taires et d'apporter la variété indispensable à l'ali-mentation. Il faudrait en particulier tourner son at-tention vers les maladies par carence qu'on peut contracter pendant les périodes prolongées de priva-tons. La question de l'alimentation des bébés pen-dant la période critique qui suivrait immédiatement une attaque, alors que des doses dangereuses de ra-dioiode se trouvent dans le lait, serait également à considérer avec soin.

4. Appui et encouragement prodigués aux program-mes de vaccination et d'immunisation contre les ma-ladies humaines et les animaux de boucherie qui peuvent être une cause de danger en cas de guerre biologique ou par suite de l'absence des services d'hygiène ordinaires. Pour les cas où l'on sait que des vaccins de rappel seraient utiles, il conviendrait d'en faire des réserves. On peut ainsi empêcher bien des maladies de se répandre. Il y aurait lieu aussi

(Suite à la page 27) HARBOR

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LE RÉSEAU DE RADIODIFFUSION D'URGENCE

Rédigé par le bureau du directeur des Projects spéciaux de la Société Radio-Canada

L'idée

Dans un cas d'urgence nationale, il importe de prévenir et d'informer les Canadiens aussi rapidement que possible. Nous vivons au siècle des télécommunications, et de nou-velles habitudes sont nées: celles d'écouter la radio ou de regarder la télévision à la maison pour se détendre et se tenir au courant des événements. On a tenu compte de ces habitudes pour créer le Réseau de radiodiffusion d'urgence. La radio et la télévision sont devenues partie intégrante de notre vie quotidienne, si bien qu'à la moindre crise chacun se précipite sur son poste pour savoir ce qui se passe ou pour en savoir davantage sans délai. Dès le début de l'organisation de la protection civile on a reconnu la valeur de la diffusion par chaînes de postes et on l'a jugée indispensable à la mise sur pied d'un Réseau de radiodiffusion d'urgence. C'est pour-quoi la radiotélévision bénéficie de la plus haute priorité comme moyen de communiquer au public avertissements et renseignements.

Le public

Aujourd'hui la radiotélévision atteint à peu près 98.6 p. 100 de la population du Canada. Toute tentative d'étendre davantage ce rayon d'action par l'installation de nouvelles stations n'augmenterait que très faiblement ce pourcentage. Le Réseau de radiodiffusion d'urgence fonctionne depuis 1962 et comprend actuellement environ 900 stations de radio et de télévision AM et FM détenteurs de licences et capables de transmettre les alertes et d'autres informations. Le réseau formé pour la diffusion d'urgence obéit aux fron-tières provinciales et permet ainsi d'en décentraliser la com-mande au profit du gouvernement régional d'urgence.

Le siège provincial occupera un abri le protégeant contre les retombées radioactives de haute densité et comprendra des studios de contrôle munis de toutes les installations né-cessaires pour assurer la coordination des émissions desti-nées au public.

Le plan initial de radiodiffusion d'urgence insistait sur le besoin de protéger les stations clé de grande puissance as-sociées aux studios de contrôle régionaux. Cela a été réalisé grâce à un programme de "consolidation" des stations émet-trices essentielles en Alberta, en Saskatchewan, au Mani-toba, en Ontario et au Québec. Des abris souterrains contre les retombées, équipés d'installations de contrôle et de loge-ments, ont été construits à chaque emplacement et la station a été équipée de générateurs de secours capables de prendre la relève en cas de panne de courant.

Ces stations régionales de radiodiffusion desservent une population de plus de quatorze millions d'habitants et le prix de revient initial de cette "consolidation" est de $750,000. Cette protection revient donc à moins d'un demi-cent par personne. La "consolidation" de ces stations clé constituait la première étape d'un programme en trois parties destiné à assurer au Plan de radiodiffusion d'urgence un moyen de résister à une attaque.

La planification

La deuxième phase de l'organisation s'est déroulée dans le cadre du projet "Phénix" en 1967-1968. Le plan quin-quennal arrêté à cette occasion vise à procurer une plus grande protection aux stations fonctionnant dans les régions où les retombées radioactives peuvent être de haute densité. Ce secteur suit à peu près la Voie maritime du Saint-Laurent à partir de Windsor (Ontario) et s'étend jusqu'à Halifax (N.-É.).

La population qui y habite atteint le chiffre de treize mil-lions environ. La province de Québec a deux stations de type "consolidé" qui peuvent diffuser en même temps dans les deux langues: CBF pour les émissions en langue fran-çaise et CBM pour celles en anglais. Ces deux stations des-servent la population québécoise dans le secteur critique situé le long du Saint-Laurent.

En Ontario, la station CBL a été "consolidée". Elle dessert une population de quatre millions et demi d'habitants rési-dant sans le Sud-Ouest et le Centre de la province, régions de grand risque. Une petite partie de l'Est de l'Ontario à partir de Kingston jusqu'à la frontière du Québec a une population de quelque deux millions d'habitants, mais ne possède pas encore de station de radiodiffusion pouvant résister à la des-truction. Il en est de même de l'extrémité Sud-Ouest de la province. Le région figure à la deuxième phase du pro-gramme.

La troisième phase du Plan de radiodiffusion d'urgence a fait aussi l'objet d'études dans le cadre du plan d'ensemble de radiodiffusion d'urgence, et son but est de protéger d'autres stations au Canada contre les retombées. A la suite de cette étude on a établi un programme de priorité pour les stations situées dans les régions de risque plus faible en ayant pour principe d'éviter les émissions faites en double et le chevauchement des réseaux de radiodiffusion.

L'alerte

En temps de guerre, tous les systèmes nationaux de télé-communication y compris la radio et la télévision, seront sous la domination dè l'Organisation nationale des télécommuni-cations d'urgence (ONTU), organisme qui devait auparavant rendre compte au ministre des Transports, mais qui relèvera bientôt du ministre des Communications. Sous l'autorité de PONTU la Société Radio-Canada a reçu mission de mettre au point, d'organiser et d'exécuter le Plan de radiodiffusion d'urgence au moyen des installations de toutes les stations de radio et de télévision AM et FM publiques et privées au Canada. L'organisme gouvernemental chargé d'accorder les licences de radio et de télévision informe chaque station qu'elle fera automatiquement partie du Réseau de radio-diffusion d'urgence et que la Société Radio-Canada se char-gera de la relier au Réseau et d'installer un dispositif appelé Dispositif d'alerte de réseau. Cet appareil est installé dans la salle de commande principale de chaque station et avertit qu'une émission d'urgence est en cours. On verifie le dispo-

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sitif d'alerte deux fois par semaine et les stations doivent faire rapport du fonctionnement de l'appareil à un centre chargé de l'évaluation et de l'entretien.

Le système d'alerte fonctionne de la façon suivante: les messages officiels sont envoyés par le NORAD au respon-sable fédéral des alertes et au Système national d'alerte des Forces armées canadiennes. Le déclenchement du réseau national d'alerte indique que le responsable fédéral des aler-tes a confirmé qu'une attaque ennemie a lieu ou est immi-nente. Les responsables des alertes, fédéral et provinciaux, sur ordre du Système national d'alerte des Forces armées canadiennes, avertissent la Société Radio-Canada par ligne directe de mettre en service le Réseau de radiodiffusion d'urgence. La Société Radio-Canada émet immédiatement des instructions d'urgence par communication directe au moyen du Réseau téléphonique transcanadien à ses stations clé leur ordonnant de mettre en service le réseau de radio-diffusion d'urgence et de diffuser immédiatement l'ALERTE nationale.

Toutes ces opérations ne prennent que quelques minutes avant que le réseau de radiodiffusion d'urgence atteigne toute sa puissance de diffusion. Selon la loi, toute les stations au Canada doivent suspendre les émissions locales et se bran-cher sur le Réseau de radiodiffusion d'urgence afin de dif-fuser les mêmes annonces officielles. C'est la radiodiffusion qui contribue à assurer la survivance en temps de guerre.

Les réseaux

Le Réseau de radiodiffusion d'urgence est toujours prêt à entrer en service, car toutes les stations y sont reliées de façon permanente. La chaîne anglaise et la chaîne française de la Société Radio-Canada, avec leurs postes propres et leurs postes affiliés, reliés les uns aux autres d'un océan à l'autre, constituent l'armature du Réseau de radiodiffusion d'urgence, qui fonctionne de la même manière que le réseau ordinaire de Radio-Canada. Le dispositif dessert le Canada de Victoria (C.-B.) à Saint-Jean (T.-N.) et les régions sep-tentrionales jusqu'à Inuvik et Dawson. Il communique en outre, par micro-ondes et lignes terrestres, avec d'autres stations de radio et de télévision pouvant créer ainsi auto-matiquement un état optimal de préparation. Des program-mes ordinares des deux chaînes d'État sont émis à toutes les stations privées non affiliées du Canada au moyen de voie de liaison d'urgence, afin de surveiller l'état du circuit qui transmettra le cas échéant les messages d'urgence.

Le dispositif a prouvé sa grande utilité à l'occasion de crises survenues en temps de paix, quand l'Organisation des mesures d'urgence l'a utilisé au moment de désastres pour transmettre des informations et donner des instructions. Lors des inondations au Manitoba en 1966 et 1969 on a formé un réseau de toutes les stations radiophoniques des villes auquel se sont jointes au ;besoin d'autres stations de la province.

Depuis mars 1968, afin de réduire les frais d'exploitation, l'état d'alerte du Réseau de radiodiffusion d'urgence diminue pendant la nuit, quand Radio-Canada cesse de diffuser et le personnel des studios de contrôle clé est parti. Il se passerait quelque temps avant de pouvoir rétablir les opérations techniques ce qui, en temps d'attaque imminente, retarderait la diffusion de l'ALERTE. Dans les moments où une guerre pourrait éclater, le réseau et les stations seraient vraisem-blablement prêts vingt-quatre heures sur vingt-quatre à dif-fuser des programmes de nouvelles et d'informations et seraient en état d'alerte permanent.

Les installations radiophoniques existantes fournissent une communication radiophonique en circuit fermé entre tous les studios de contrôle provinciaux et le studio de contrôle fédéral à Ottawa. Cela permet la diffusion simultanée des messages nationaux sur toutes les stations radiophoniques sans devoir procéder à des opérations compliquées en vue de changer de réseau.

Ce sont les centres provinciaux du Réseau téléphonique transcanadien qui acheminent et commandent tous les cir-cuits de radiodiffusion du réseau et, dès qu'ils reçoivent un message d'urgence de Radio-Canada, la mise en circuit s'opère automatiquement par province et la diffusion est sous le contrôle des stations provinciales clé de Radio-Canada ou, si on en a le temps, du siège régional du gouver-nement d'urgence protégé. Les studios de contrôle provin-ciaux en cas d'urgence sont tout à fait équipés pour la radio-diffusion jusqu'au moment où la radiodiffusion normale reprendra son cours, et ils sont reliés aux stations émettrices clé "consolidées" (dont il est fait mention à la Partie 2) au moyen de circuits acheminés de façon sûre en dehors des régions cibles probables.

L'ALERTE de même que certaines consignes de survi-vances ont été enregistrées d'avance et tous les studios de contrôle fédéral et provinciaux en temps de paix ou de guerre les ont en mains et peuvent les diffuser immédiate-ment. Le contenu des émissions d'urgence est différent selon les circonstances. On peut se servir des installations de radio-diffusion dans trois cas: donner l'alerte, diffuser des con-signes de survivance et finalement donner des informations et des nouvelles de nature générale.

Le personnel préposé à la radiodiffusion dans les studios de contrôle des gouvernements d'urgence sera celui de Radio-Canada; il s'agira de spécialistes tels que des rédac-teurs au service des informations, des annonceurs, techni-ciens et des agents d'administration qui possèdent tous quelques connaissances du fonctionnement de la radiodiffu-sion sur réseau. Ces personnes travailleront en collaboration avec d'autres fonctionnaires fédéraux et provinciaux afin de coordonner le contenu des émissions fourni par la salle des opérations du Siège régional du gouvernement d'urgence. Des fonctionnaires du gouvernement rédigent conseils et consignes en insistant surtout sur la méthode à suivre pour survivre pendant la guerre. Le service d'information en cas d'urgence se composera de personnel du gouvernement et d'agences d'information. Le Réseau de radiodiffusion d'ur-gence travaillera en temps de guerre pour le compte du gouvernement d'urgence et ses fonctions consisteront surtout à donner l'alerte et à diffuser des consignes de survivance.

L'avenir

Des études concernant le programme de radiodiffusion d'urgence sont actuellement en cours afin de permettre aux gouvernements locaux d'avoir leur mot à dire dans l'organi-sation des stations radiophoniques des municipalités. Les gouvernements municipaux d'urgence ont insisté sur le be-soin d'avoir accès aux stations de radio locales pour la diffusion des consignes et instructions de nature locale. Les études portent aussi sur les méthodes de contrôle des stations radiophoniques fonctionnant automatiquement ou sans per-sonnel. La tendance moderne en radiodiffusion est de faire fonctionner automatiquement les studios et installations des

(Suite à la page 27) RADIODIFFUSION

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COURS SUR LA PLANIFICATION AGRICOLE D'URGENCE par

J. A. Hay, Coordonnateur suppléant des mesures d'urgence, Ministère de l'Agriculture du Canada.

Au Canada, dans des conditions normales, l'agriculture est une industrie vitale. Après une attaque nucléaire, notre production alimentaire deviendrait encore plus indispen-sable. Il est fort peu probable que les bombes nucléaires d'un ennemi éventuel couvrent la superficie globale des terres agricoles du Canada. Une attaque viserait plutôt les points stratégiques à l'intérieur du pays, laissant de vastes régions intactes. C'est précisément dans ces régions que les Cana-diens auraient à parer aux situations d'urgence consécutives à une guerre nucléaire: les personnes que le désastre aurait épargnées y chercheraient asile afin d'assurer leur survie. L'une des préoccupations majeures des survivants serait de trouver des aliments sains en quantités adéquates. Voilà pourquoi la planification agricole d'urgence et la formation du personnel chargé de l'appliquer sont orientées vers un but général, celui d'assurer la production d'une quantité suffi-sante de denrées alimentaires saines.

On doit retenir deux données essentielles quant à l'agri-culture canadienne. Premièrement, il y a d'énormes varia-tions dans les exploitations agricoles au Canada. La vallée du fleuve Fraser, en Colombie-Britannique, bénéficie d'une saison de croissance exubérante et produit un fort pourcen-tage des légumes congelés du Canada, tout en étant dotée d'une industrie laitière prospère. Dans la vallée de l'Okana-gan, à quelques milles de là, ce sont les arbres fruitiers, les pommiers surtout, qui prédominent. Dans d'autres vallées de la Colombie-Britannique, on s'occupe presque exclusive-ment de l'élevage du bétail de boucherie. Plus à l'est, en Al-berta, on pratique l'élevage des bovins sur une grande échelle et on se livre à des cultures très variées dont le blé, l'orge et les plantes fourragères. La production des légumes y est à la hausse grâce aux travaux d'irrigation. En Saskatchewan et au Manitoba, on met davantage l'accent sur les cultures mar-chandes, entre autres celles du blé, de l'orge, du colza et du lin. Le cheptel florissant du Manitoba, est caractérisé par l'élevage du porc, de la volaille et des troupeaux laitiers. En matière de production agricole, c'est peut-être l'Ontario qui offre la gamme la plus variée au Canada: on y trouve tous les genres de bestiaux, de légumes, de cultures marchandes (comme le maïs et le soja), des arbres fruitiers (comme les pêchers et les pommiers), et des vignobles. Le Québec se dis-tingue par sa production laitière et son agriculture très diver-sifiée. Dans les Maritimes, la culture des pommes de terre est considérable et on s'adonne à la culture mixte. Toutefois, il existe certains problèmes particuliers. Prenons par exemple Terre-Neuve, où sévissent plusieurs maladies que l'applica-tion de mesures de quarantaine très sévères ont empêché de se propager au continent. Devrait-on, en cas d'urgence nucléaire, garder ces règlements en vigueur? Voilà quelques-uns des problèmes que doivent affronter les spécialistes en agriculture.

Au Canada, en ce qui concerne l'agriculture, le second facteur essentiel à la compréhension de la planification nationale d'urgence est la structure administrative du pays. Le domaine agricole est régi à la fois par le gouvernement fédéral et les provinces. Afin de rendre praticable cette séparation constitutionnelle des pouvoirs, on a, au cours des

cent dernières années, établi tout un ensemble de mesures de coopération. En cas de crise, la coordination des mesures administratives et de la planificat:on agricole sera d'impor-tance capitale. Dans le domaine de l'agriculture, le travail de vulgarisation, c'est-à-dire l'information et la documenta-tion des agriculteurs et l'assistance en vue de résoudre leurs problèmes particuliers, tombe sous la juridication des pro-vinces.

Cette aide provinciale va des recommandations au sujet des cultures et du bétail aux conseils en matière de gestion et de crédit. Les provinces ont donc constitué un réseau d'agents d'information qui sont en contact quotidien avec les agricultures, et qui sont familiarisés avec les différences régionales et leurs problèmes. Il est probable, que lors d'une crise, la classe agricole, entre autres les agriculteurs et les entreprises assimilées, demandera conseil à ces spécialistes.

C'est pour cette raison que le ministère de l'Agriculture du Canada a élaboré une nouvelle politique de formation du personnel qui sera chargé de l'exécution des mesures d'ur-gence en cas d'attaque nucléaire. On a pensé que, si l'on essayait d'offrir des cours à un vaste secteur de la population engagée dans l'agriculture, les dépenses d'énergie, de temps et l'argent du Ministère seraient trop dispersées pour être efficaces. Jusqu'à cette année, le Ministère offrait des cours préparatoires et d'orientation, tant aux fonctionnaires qu'aux personnes ne faisant pas partie de la fonction publique fédé-rale et provinciale. Maintenant, on s'efforce de former les fonctionnaires qui occuperont des postes-clés en cas d'ur-gence nucléaire et seront chargés du domaine agricole.

Dans le cadre du programme établi pour faire face à une telle éventualité, le Ministère a analysé les données fournies par ordinateur. On a donc ainsi la liste de tous les fonction-naires fédéraux compétents en agriculture. Dans une région donnée, le Ministère de l'Agriculture du Canada sait exacte-ment sur combien de fonctionnaires il peut compter. Il connaît leur degré de formation, leurs antécédants et les tâches qu'ils peuvent accomplir. Ces renseignements sont mis à jour trimestriellement ou plus souvent si nécessaire.

En plus de servir en cas d'urgence, ces informations sont aussi utiles à la sélection des candidats pour les cours. L'ordinateur enregistre aussi les renseignements sur le degré de formation en matière de protection civile. En s'y référant, le Ministère peut rapidement et facilement repérer les points faibles et les secteurs où une formation plus poussée s'im-pose, tant pour les régions géographiques que pour la spécialisation. L'ordinateur tient l'inventaire des ressources et des locaux disponibles du Ministère de l'Agriculture du Canada. Par exemple on connait même le nombre de fusils (s'il s'en trouve) entreposés dans une Station de recherche. Cet inventaire est mis à jour deux fois par an. On pourrait l'obtenir en cas de crise à l'administration centrale et dans les bureaux locaux. Ainsi les fonctionnaires de l'Agriculture disposeront d'un outil inappréciable pour faire face à une situation d'urgence.

Les spécialistes en mesures d'urgence ont évalué quel serait l'état du pays après une attaque nucléaire et ils ont envisagé la puissance d'une telle attaque sous cent niveaux

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différents. On a aussi bien prévu les bombardements les plusintenses que les plus légers. Advenant une attaque nucléaire,le personnel entraîné pourrait se référer à ces évaluationspour prévoir le type de situation d'urgence qu'il affronterait,dans l'immédiat et à longue échéance, après l'attaque.

Le Ministère de l'Agriculture dispense le nouveau coursde formation aussi bien en français qu'en anglais, puisquele Canada est un pays bilingue. Chaque groupe comprendenviron 40 personnes, dont la moitié sont des fonctionnairesprovinciaux, et le reste des fonctionnaires fédéraux. A cejour, on a organisé quatre sessions de cours d'une semaine àl'Institut canadien des mesures d'urgence à Arnprior engrande banlieue d'Ottawa, la capitable du pays. On prévoitsix cours pour la prochaine année financière; deux en fran-çais et quatre en anglais. L'expérience acquise au cours despremières sessions tenues de la mi-janvier à la mi-févriersera utile à la préparation des prochains programmes deformation.

Les buts généraux de ce cours sont les suivants:• aider les représentants de l'agriculture aux sièges

régionaux et de zone et aux sièges municipaux dugouvernement d'urgence à se préparer à remplir leurmission d'urgence.

• initier ces représentants à la planification nécessaireà chaque niveau d'organisation des mesures d'ur-gence agricoles.

• faire connaître les principes et les techniques d'orga-nisation, de direction, de formation et de fonctionne-ment de leurs unités d'urgence respectives en casd'urgence civile.

La session de janvier comportait l'étude de la menacenucléaire actuelle pour le Canada, des mesures d'urgenceprévues dans le domaine agricole, de l'augmentation de laportée des armes et des retombées, et des ressources dontdispose l'agriculture au Canada pour faire face à une crisenucléaire. On a insisté dans les exposés sur les éléments deplanification des opérations d'urgence, sur l'emploi des cartesgéographiques, sur les réseaux de communications d'urgenceet leur utilisation.

Les groupes de discussion organisés le dernier jour ducours ont permis la tenue d'une séance de formation des plusprécieuses. En supposant pour chacun des groupes de sta-giaires un état d'urgence de guerre, on leur a demandéd'établir des plans d'action en rapport avec leur spécialisa-tion et leur échelon particulier de gouvernement d'urgence.Pendant cette séance, les stagiaires ont appliqué les principesappris au cours de la semaine, à la situation hypothétiquequi leur était proposée. A l'occasion, certains groupes dediscussion ont découvert de graves lacunes dans les mesures

d'urgence prévues pour leurs provinces ou leurs zones. Ilsont ainsi tiré du cours un profit immédiat en prenant lesmoyens de corriger les points faibles de leur plan d'urgence.

Le ministère de l'Agriculture du Canada en est venu àla conclusion que lorsque les stagiaires participent au coursen groupe - le groupe même des personnes qui auraient àtravailler ensemble en cas de crise nucléaire - ce cours deformation est plus profitable. Une ébauche du genre degouvernement d'urgence qui serait éventuellement mis surpied au Canada expliquera cette opinion.

Dans chaque province, l'autorité supérieure en matièred'agriculture serait le sous-ministre provincial de l'Agricul-ture. En plus des tâches qui lui incombent normalement, entant que chef du ministère provincial, il aurait le droit desuperviser tous les programmes agricoles fédéraux. Il seraitassisté d'une équipe de conseillers et d'assistants comprenantnotamment trois fonctionnaires fédéraux et trois fonction-naires provinciaux, chacun de ces groupes de trois personnesdisposant des services d'un officier d'état-major. A l'échelonde la zone, cinq personnes seraient nommées dont un vétéri-naire, un employé du fédéral très au courant des questionsagricoles à l'échelon provincial, un spécialiste provincial ducheptel, un spécialiste provincial des grandes cultures et unofficier d'état-major. Au niveau municipal, le Comité muni-cipal des mesures d'urgence pour l'agriculture recevrait lacollaboration d'un vétérinaire et d'un inspecteur local. Pen-dant une situation d'urgence, chaque groupe devrait être enmesure d'agir indépendamment, sans l'aide des autres.

Cet organisme superviserait la production agricole enprodiguant notamment aux cultivateurs des conseils pour laprotection des fermes, des récoltes et du cheptel contre lesradiations et autres risques de la guerre. Par l'inspection etla réglementation on s'assurerait que les aliments sont sainset de bonne qualité, qu'ils n'ont pas été exposés à un taux decontamination radioactive inacceptable, et l'on enrayerait lesmaladies des plantes, des animaux et des insectes. Cet orga-nisme travaillerait en suivant le plan détaillé de survie agri-cole prévu en fonction des besoins particuliers de la provinceconcernée. Comme ces groupes auraient à travailler en-semble pendant les périodes d'urgence, c'est en suivant con-jointement les cours de formation du ministère de l'Agri-culture du Canada qu'ils en tireront le maximum de profits.

D'après l'expérience déjà acquise, le ministère est con-vaincu que ces cours faciliteront la formation des dirigeantsqui devront régler les problèmes de l'industrie agricolependant une crise nucléaire. Le ministère pense qu'il estprudent d'organiser la formation d'une réserve de per-sonnel d'élite qui puisse faire face à une telle situation, carc'est alors dans ses citoyens que le Canada trouvera sonmeilleur atout. 0

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NON-PROLIFERATION Les progrès de la technologie nucléaire suscitent des problèmes politiques considérables, notamment parce qu'ils s'étendent à de nombreux pays. Dans le présent article. Leonard Beaton exprime sa profonde inquiétude sur le danger que présente le projet d'exploitation internationale de la méthode d'enrichissement de l'uranium par la centrifugeuse gazeuse. Dans ce même exemplaire du Times, l'éditorial reprend les craintes de M. Beaton.

Le contrôle de la menace atomique par

Leonard Beaton. The Times, du 23 janvier 1969. Reproduit avec l'autorisation du Times.

Les progrès continus de la technologie nucléaire suscitent de nouveaux problèmes politiques, d'une importance con-sidérable. Personne n'a encore travaillé à la mise sur pied d'une politique efficace pour contrôler l'utilisation que de nombreux pays font du plutonium, sous-produit des cen-trales nucléaires.

Il est vrai qu'on organise, mais bien lentement, l'inspec-tion internationale; en outre, les traités de non-prolifération devraient engager de nombreux gouvernements à ne pas utiliser leurs stocks de plutonium, qui augmentent sans cesse, pour la fabrication de bombes. Mais l'inspection n'est pas imposée par la force et le traité que signe un gouverne-ment peut être annulé par ses successeurs. Du train où vont les choses, les dispositions actuelles permettront à des gouvernements toujours plus nombreux de se trouver en possession de tous les matériaux de base nécessaires à la fabrication d'une bombe atomique semblable à celle que les Américains ont lancée sur Nagasaki.

Bien que ce problème se dessine, de toute évidence, d'une façon de plus en plus inquiétante, les technologues créent une nouvelle situation encore plus alarmante. On affirme qu'à condition de financer et d'organiser énergiquement les recherches pendant quelques années, on pourrait appliquer dans la pratique — et de façon rentable — la méthode d'en-richissement de l'uranium par la centrifugeuse gazeuse. De même que pour les réacteurs nucléaires, les conséquences en sont très importantes du point de vue économique, mais elles le sont surtout du point de vue politique et militaire.

Les réacteurs produisent du plutonium et permettent la fabrication de bombes du type "Nagasaki". L'uranium en-richi, par contre, élément de base de la bombe d'Hiroshima, s'est aussi révélé propre à la fabrication de bombes à hy-drogène ou thermonucléaires.

On peut attribuer à une désapprobation générale le fait que, jusqu'ici, cinq pays seulement ont décidé de fabriquer des armes nucléaires, mais c'est probablement dû aussi aux difficultés et aux frais que représente cette entreprise.

La mise au point de la centrifugeuse gazeuse pourrait changer la situation. En exportant ces centrifugeuses ou en accordant des licences pour les construire, on permettrait à de nombreux pays de compter l'uranium enrichi au nombre de leurs ressources. Il ne leur faudrait alors plus longtemps pour fabriquer des explosifs thermonucléaires.

L'uranium est un minerai assez abondant, bien que jus-qu'ici on n'ait trouvé des gisements importants et rentables qu'au Canada, aux Etats-Unis et en Afrique du sud (la Suède a également d'importants gisements, mais l'exploita-tion en est plus coûteuse). De nombreux pays, dont la France, l'Inde, l'Allemagne de l'Ouest, le Portugal, l'Ans-

tralie et l'Argentine, en possèdent des gisements plus modestes.

Toutefois, il n'entre dans la composition de l'uranium naturel qu'une part sur 140 d'isotope d'uranium 235, les 139 autres étant de l'uranium 238. La fabrication d'explosifs nucléaires requiert une bonne séparation des isotopes U 235 et U 238, ce qui est fort difficile, car ce sont des éléments semblables, aux mêmes propriétés chimiques. La seule différence marquée réside dans leur légère différence de poids atomique, et pour les séparer il faut donc prévoir des installations industrielles qui permettent d'exploiter cette légère différence.

Lorsqu'en 1940 et 1941, on s'est rendu compte qu'il était possible de fabriquer un explosif nucléaire en utilisant le U 235, on connaissait déjà ce fait. Toutes les autres solutions possibles étaient également connues (le principe de la centri-fugeuse par exemple, déjà utilisé en 1919). Le problème était de trouver une solution qui permette l'emploi rentable et sûr de celui des composés gazeux de l'uranium enrichi qui convenait: l'hexafluorure d'uranium. Cet élément est extrêmement difficile à employer. Les molécules contenant le U 235 et celles contenant le U 238 ont des réactions très peu différentes, mais les molécules plus légères ont une vitesse moyenne plus élevée que les lourdes et leur force de gravitation est légèrement inférieure. De plus, dans certaines conditions, les forces électriques, magnétiques, inter-atomiques ou inter-moléculaires peuvent être diffé-rentes.

A cette époque on avait trouvé sept procédés qui ex-ploitaient ces différences et il est peu probable qu'on ait fait de nouvelles découvertes depuis. Quatre seulement sem-blaient propices à la séparation de l'uranium. Les Ameri-cains les ont tous essayés entre 1941 et 1945. Un des pro-cédés était celui de la centrifugeuse gazeuse, qui, essen-tiellement, permettait de simuler des forces de gravité énormes et de profiter ainsi de la différence de poids entre l'U-235 et l'U-238. Mais il fallait que cette force soit très puissante et que les machines tournent à toute vitesse pendant de longues périodes et sans pause.

On a construit une usine expérimentale, qui a été ex-ploitée avec succès. Cependant, la technologie de l'époque était insuffisante. Pour obtenir un fonctionnement efficace, la longueur des rotors devait être de quatre mètres. Or, pendant l'accélération à certaines vitesses, la vibration devenait trop intense, et il y avait plusieurs autres difficultés mécaniques. On a simplifié ces problèmes en utilisant des rotors d'un mètre. Cependant, on pensait qu'une usine con-struite ainsi devrait avoir plus de 40,000 centrifugeuses ultra-rapides. Comme il serait impossible d'assurer le fonc-

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tionnement simultané de toutes les centrifugeuses, on a fini par abandonner le projet.

Le comité britannique Maud, dans son rapport déposé vers le milieu de 1941, avait prévu ces difficultés. La cen-trifugation, selon le rapport, partait de principes que l'on connaissait depuis longtemps et qui se calculaient facile-ment. Cependant, la centrifugeuse ultra-rapide était toujours un instrument de laborato're et exigeait une mise au point trop précise. La Grande-Bretagne a cherché une nouvelle solution, la diffusion gazeuse, qui profite de la vitesse moyenne plus grande des molécules légères (que l'on souhaite séparer). Finalement, le programme britannique a été intégré au programme américain. Les Américains ont fini par concentrer tous leurs efforts sur l'enrichissement de l'uranium par la diffusion gazeuse.

La Grande-Bretagne n'a pas essayé d'enrichir l'uranium dans son programme d'armement des premières années d'après guerre (qui utilisait le plutonium). Cependant, l'usine à diffusion gazeuse de Capenhurst a été construite dans les années 1950 afin de pouvoir fournir des armes termonucléaires à l'armée de l'air britannique.

En plus des problèmes inhérents à la production, l'usine à diffusion gazeuse doit être très grande; elle est donc difficile à camoufler. Sa consommation d'energie est incroyable. Les frais d'immobilisation et d'exploitation sont énormes.

Il n'est donc pas surprenant qu'aucun pays n'ait construit une de ces usines sans être poussé par les impératifs d'un programme militaire. Les Américains en ont trois, on dit que les Russes en ont deux, la France en possède une petite de même que l'Angleterre et l'on suppos que la Chine en a une. Aucun autre pays n'est en mesure d'enrichir l'uranium.

D'après ce qui a été publié sur les centrifugeuses gazeuses, il semble probable que le prix de leur réalisation sera con-sidérable et qu'il en coûtera de trois à cinq ans d'efforts pour les mettre au point. Cependant, dès l'achèvement de la construction des usines pour la fabrication des machines, la méthode de l'enrichissement de l'uranium à la centrifugeuse peut différer sur des points importants de celle à diffusion gazeuse. Tout d'abord, le coût de l'énergie électrique néces-saire sera bien inférieur à ce qu'il est dans une usine à diffusion.

Ensuite, les cascades des centrifugeuses peuvent travailler à une moindre échelle et être construites progressivement au cours d'une certaine période de temps. Cela signifie, en outre, qu'elle sont facilement dissimulables. Il est aussi pos-sible qu'une centrifugeuse construite pour effectuer les premières étapes de l'enrichissement de l'uranium — c'est-à-dire ce qui serait nécessaire pour les réacteurs nucléaires, mais insuffisant pour les explosifs — soit ensuite adaptable aux besoins d'un enrichissement plus poussé. La centrifu-geuse simplifierait alors énormément pour bien des pays le problème de l'enrichissement de l'uranium. Tout cela sig-nifie que le problème de la construction de la bombe à l'hydrogène serait grandement simplifié.

Le fait que l'enrichissement de l'uranium ait été si coûteux et si difficile a grandement influé sur la mise au point des réacteurs nucléaires à usage civil. Les Américains, avec leur grand pouvoir d'enrichissement, ont prévu leurs réacteurs pour de l'uranium naturel. La première "généra-tion" de réacteurs nucléaires en France, en Angleterre, en Suède et au Canada fonctionne à l'uranium naturel.

A présent, toutefois, il existe un fort courant d'opinion que la prochaine génération de réacteurs s'alimenteront

d'uranium enrichi; on parle déjà des sommes énormes qu'il faudra consentir pour satisfaire à leurs exigences. La "United Kingdom Atomic Energy Authority" veut à tout prix pouvoir offrir à ses clients une gamme complète de ser-vices, les réacteurs, l'uranium naturel et l'uranium enrichi, la technique de séparation du plutonium, ainsi de suite. La modernisation de l'usine de diffusion gazeuse de Grande-Bretagne lui permet de doter l'uranium d'une concentration légèrement enrichie. Sa capacité productrice est malheu-reusement trop faible, compte tenu des prévisions de vente actuelles. La A.E.A. croit que les difficultés qu'elle éprouve pour assurer l'enrichissement de l'uranium constituent le point faible du programme britannique.

Il faut ajouter que cet argument ne passe pas sans dis-cussion. Selon une école de pensée, l'avenir appartient au plutonium et au réacteur sur régénérateur, car celui-ci pro-duit plus de plutonium qu'il n'en consomme. Si cette tech-nique devait être réalisée industriellement aussi rapidement que l'espèrent ses adeptes, il pourrait en résulter une sépara-tion des courants convergents des technologies de la bombe H et des centrales nucléaires.

En ce moment, toutefois, des intérêts économiques puis-sants tentent de réaliser l'enrichissement de l'uranium sans pour cela songer à la fabrication de bombes H. Aux Pays-Bas, en Allemagne occidentale et, plus récemment, en Grande-Bretagne, leurs représentants ont déclaré publique-ment qu'ils entre voyaient la solution prochaine des pro-blèmes que pose la centrifugeuse gazeuse. D'importants travaux dans ce sens se poursuivent aussi au Japon et, dans une moindre mesure, en Australie.

Les Américains qui, sporadiquement, tentent de se porter garants de l'ordre international, ont tout fait pour freiner la réalisation de centrifugeuses. Lorsque, il y a quelques années, aux Pays-Bas et en Allemagne occidentale, on mar-quait les premiers progrès dans l'élaboration de plans pour la fabrication de centrifugeuses praticables, les Américains exigèrent que ces travaux de recherche s'entourent du plus grand secret et de mesures de sécurité rigoureuses. C'est à contre-coeur que l'on y consentit. Il ressort maintenant, qu'a la même époque, on poursuivait, en Grande-Bretagne, des études sérieuses sur le même sujet, bien que ces efforts aient généralement été passés sous silence. Les intérêts de la Grande-Bretagne et de la Hollande dans ce domaine sont nettement ''ordre économique plutôt que militaire. Il est normal de conclure que l'Allemagne, le Japon et l'Australie, ne pourront résister à la tentation de doter leur pays de la capacité de produire des armes nucléaires, si un gouverne-ment futur en décidait ainsi.

Face à cette situation, des pourparlers officiels sont en cours entre les représentants de la Grande-Bretagne, des Pays-Bas et de l'Allemagne: "afin d'étudier la possibilité d'établir des traités de collaboration pour exploiter cent méthode d'enrichissement de l'uranium."

Ces traités pourraient porter sur différents aspects de la question. Dans The Times Business News du 10 janvier, N.L. Franklin, de l'A.E.A., mentionnait trois possibilités:

1. Des échanges de documentation sur la recherche et la réalisation.

2. La création d'un organisme international chargé de l'élaboration des plans, de la réalisation et de la fabrication de centrifugeuses, et de la construction des usines de fabrication des machines.

3. La mise sur pied l'installations de traitement de

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l'uranium enrichi destiné à la vente. Ces installations seraient construites et administrées sous contrôle international.

L'échange d'informations soulève le problème du secret atomique, tant à brève échéance que dans un avenir lointain, alors que les données essentielles n'auront rien perdu de leur importance. On doit enfin tenir compte de la politique d'exporation de l'uranium enrichi et des centrifugeuses qui sera suivie par chaque Etat..II est douteux que des échanges d'informations sur ces points puissent donner lieu à des en-gagements irrévocables de la part des pays participants.

La fabrication, sous contrôle international, de centrifu-geuses ou l'érection d'usines pour en fabriquer, (à la suite d'un programme conjoint de réalisation), suppose l'inten-tiân d'exporter, ce qui mettrait la capacité d'enrichir l'ura-nium à la portée de tous les pays du monde.

Selon M. Franklin, la construction et la gestion conjointes d'installations pour la fabrication de l'uranium enrichi destinée à la vente, devraient représenter la limite extrême en matière de collaboration internationale. Cependant, aussi longtemps que le procédé de fabrication n'est pas révelé, cette dernière possibilité semble beaucoup moins dangereuse que la vente des machines elles-mêmes. L'uranium au fac-teur d'enrichissement ne dépassant peut-être pas 5 pour cent, ne peut être utilisé tel quel dans la fabrication des bombes. Un pays non équipé de centrifugeuses ou d'usines de diffusion gazeuse ne pourrait donc faire subir à l'uranium les transformations nécessaires pour le rendre utilisable à cette fin.

L'objectif principal du gouvernement britannique semble être maintenant de s'assurer la copropriété d'une usine de ce genre. Dans la première phase, on ne pourrait probable-ment pas l'implanter en Allemagne de l'Ouest (pour des raisons bien évidentes) ; on opterait alors pour les Pays-Bas, en guise de compromise. Après un certain temps, cependant, on considérera rétrospectivement la première usine comme une usine-pilote où l'on aura éprouvé la technique. Dans la seconde étape, les autres nations participantes, qui auraient encore besoin d'uranium enrichi, compteront peut-être bâtir leur propre usine. Il se peut que la collaboration interna-tionale se dissipe à ce moment-là.

L'attitude britannique envers les accords européens con-cernant la technologie avancée est bien caractéristique: on a voulu faire négliger la portée nationale des accords de collaboration internationale, surtout lorsqu'on croyait qu'ils favorisaient la naissance d'une Europe nouvelle.

La position britannique sur les dangers de l'exploitation de la centrifugeuse gazeuse et de la propagation du plu-tonium à travers le monde s'appuie sur sa foi en la force polit'que du traité de non-prolifération des armes nucléaires.

Le traité prévoit que les explosifs atomiques ne sortiront pas d'un pays signataire ou n'y entreront pas: ce point n'est pas remis en question. Il prévoit aussi que les pays signa-taires accepteront le contrôle de leurs installations nu-cléaires pour des fins pacifiques. Ces pays peuvent accumuler d'immenses réserves d'uranium enrichi ou de plutonium à condition qu'elles soient aussi contrôlées, mais le traité néglige de prévoir le détournement des stocks et, ce qui est encore plus important, que l'on puisse le dénoncer dans l'avenir.

Le gouvernement britannique considère que c'est le meilleur traité que l'on puisse conclure dans les circon-stances actuelles. La question est difficile à débattre. Il est clair, cependant, que les conclusions soulevées par une décision de mettre en oeuvre les ressources et la compétence technique de la nation pour réaliser la centrifugeuse gazeuse n'exigent pas que le traité soit le plus parfait possible, mais qu'il soit conforme à l'importance qu'on lui accorde.

La pensée du gouvernement, comme on la connaît main-tenant, ne fournit aucun indice permettant de faire cette distinction. On se sert du traité pour se débarrasser des brutales réalités politiques et militaires et toute l'affaire est présentée comme si elle relevait uniquement du commerce et de la technologie. C'est la suite logique des précédents établis dans l'exportation de réacteurs nucléaires.

Il reste à se demander quelles ouvertures politiques sub-sisteraient pour un gouvernement brittanique qui accep-terait les répercussions de ses décisions sur la sécurité nationale et penserait qu'elles sont plus importantes que les gains possibles, mais nullement assurés, de la réalisation de centrifugeuses.

Qui aura la bombe? The Times, 23 janvier 1969

Reproduit avec l'autorisation de "The Times"

Étudier le problème créé par la dissémination des armes nucléaires c'est partir du fait que, depuis vingt-quatre ans, cinq pays ont conquis, séparément, le rang de puissance atomique. Ce nombre doublera au moins, s'il n'augmente pas davantage, d'ici une génération, à moins que quelque facteur nouveau ne change les données tant politiques que techniques du problème. Il est difficile d'en dégager un aspect particulier.

Le traité de non-prolifération s'attache principalement aux considérations politiques sans fournir de règle suffisam-ment précise pour régir les facteurs techniques impliqués dans la diffusion des sciences nucléaires. De toute façon, les aspects techniques de la dissémination des armes nucléaires ont été embrouillés, peut-être de façon irrémédiable, par les critères artificiels choisis pour déterminer si, du point de vue stratégique, un État est une puissance nucléaire ou non.

Malheureusement, on accepte encore la date de la première

explosion nucléaire comme le moment approprié pour re-connaître qu'un pays est devenu une puissance nucléaire. Cependant, les sciences nucléaires ont déjà progressé dans tant de directions que la distinction entre puissance nucléaire ou non nucléaire ne s'applique plus à ce seul critère. Posséder un engin explosif n'est qu'une étape, souvent bien proche de celle de pouvoir le lancer sur une cible. Mais les puissances non nucléaires, puisque c'est ainsi qu'on les appelle aussi longtemps qu'elles n'ont pas fait détoner un tel engin, possèdent souvent des industries et des techniques largement fondées sur l'énergie nucléaire, aussi bien que des industries et des techniques proprement nucléaires, et il est trop tard pour refréner leurs ambitions militaires bien avant qu'elles aient atteint l'étape de l'explosion atomique.

M. Léonard Beaton a déjà traité du danger de permettre l'augmentation incontrôlée du nombre des pays proprié-

(Suite à la page 28) NON-PROLIFERATION

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LA DÉFENSE CIVILE EN UNION SOVIÉTIQUE par

Joanne Levey

Une spécialiste américaine de la défense civile soviétique et de la culture russe nous dévoile les aspects compliqués d'un programme hautement systématisé de survie en Union Soviétique. Mme Levey a fait des recherches très approfondies et son travail est le fruit de son étude de plus de 60 publications soviétiques.

Pourquoi étudier la défense civile soviétique?

L'Union Soviétique ne se fie pas uniquement à ses missiles ballistiques pour repousser l'attaque de l'ennemi et pour se défendre contre les attaques éventuelles. Ainsi en plus de ses missiles ballistiques, elle possède deux autres moyens de défense: un système de défense antiballistique et un pro-gramme de défense civile.

Les personnes qui, aux États-Unis, s'opposent à un sys-tème de défense civile très bien organisé prétendent qu'on tel programme inciterait l'ennemi et qu'il serait de plus sans efficacité. Évidemment, les personnes responsables de ce programme de défense civile en Union Soviétique ne sont pas du même avis. Essayons donc de voir quelle est l'effica-cité du programme de défense civile soviétique. Essayons également de voir pourquoi il est important que nous con-naissions ce programme. Si les stratèges militaires de la Russie pouvaient protéger la population urbaine contre les effets des armes nucléaires, grâce à des abris antisouffle importants qui seraient situés dans les villes ou grâce à une évacuation de la population avant l'attaque vers les régions rurales en plus d'une protection contre les radiations dès l'arrivée dans ces régions, ils auraient un avantage straté-gique important sur un ennemi qui ne pourrait pas faire de même. Les Soviétiques, pour des raisons évidentes, n'y atta-chent pas une grande importance dans leur documentation sans cote. Mais ils justifient d'une autre façon l'importance stratégique de la défense civile.

La défense civile permet: • de mobiliser les forces armées pendant la période

initiale de la guerre; • d'appuyer les troupes avec l'équipement et les armes

pendant la guerre, et • de protéger et de reconstruire les installations in-

dustrielles et les moyens de communication et de transport.

NOTES BIOGRAPHIQUES

Lorsque Survive cherche un écrivain compétent pour faire une étude approfondie de la défense civile en Union Soviétique, il fit appel à Mme Joanne Levey, de l'Oak Ridge National Laboratory, qui travaillait au service de recherche en défense civile d'Oak Ridge. Mme Levey a travaillé sous contrat avec la défense civile d'Oak Ridge et la Commis-sion de l'énergie atomique pendant les deux dernières années et a aidé à mettre sur pied la bibliothèque de recherche en défense civile ainsi que la documentation automatique. C'est à partir de cette bibliothèque que l'on créera un centre d'information électronique pour la défense civile nationale. Mme Levey, qui a étudié la littérature russe pendant plus de 20 ans, estime que les publications de la défense civile de l'Union Soviétique représentent une source importante d'informations pour les personnes char-gées de la recherche en défense civile américaine.

La documentation militaire sans cote de l'Union Sovié-tique abonde d'articles portant sur tous les aspects de la défense civile; par conséquent, il est possible d'avoir du moins une idée assez générale du programme de défense civile soviétique; en lisant un grand nombre de ces publica-tions on peut ainsi connaître l'étendue du programme, sa qualité et ses points saillants. Évidemment une telle lecture ne révèle pas le nombre exact d'abris de l'Union Soviétique ni leur efficacité. Cependant on peut en tirer quelques con-clusions intéressantes, même dans des domaines comme ceux-ci. Il est, par exemple, possible de se rendre compte du nombre d'abris en lisant dans de nombreux articles les ins-tructions sur la façon de se rendre à l'abri le plus proche une fois que le signal d'alarme de l'air a été donné; ces articles indiquent également qu'il y a de tels abris partout où les gens vivent ou travaillent, et qu'une fois le signal donné ils doivent se rendre à l'abri rapidement.

Les buts du programme de défense civile de l'Union Soviétique:

Généralités

La défense civile en Union Soviétique englobe, du moins dans une certaine mesure, tous les aspects visant la protec-tion de la population contre les conséquences d'une attaque ennemie et elle fait appel à tous les citoyens, du haut fonc-tionnaire du parti jusqu'à l'homme de la rue. Le Comité central du parti communiste ainsi que le ministère de la Défense ont donné leur approbation à ce programme qui est mis en application grâce à une organisation très importante qui a des ramifications dans toutes les régions, villes, villages, fermes collectives et établissements industriels. Bien que le programme de défense civile de l'Union Soviétique repré-sente un effort de la part de toutes les couches de la popula-tion ce n'est pas un programme qui a été établi à la hâte; c'est un programme qui, depuis 1961, date à laquelle il a été mis sur pied comme nous le connaissons actuellement, a essayé d'étendre ses activités et de les développer de plus en plus.

Les objectifs de base du programme sont les suivants: • protéger la population contre les armes nucléaires,

chimiques et bactéorologiques; • protéger les installations industrielles et maintenir la

production; • protéger les ressources agricoles; et • entreprendre des opérations massives de sauvetage

et de reorganisation afin d'annuler les effets d'une attaque aussi rapidement et aussi efficacement que possible.

De façon plus précise, on protège la population • en construisant des abris; • en lui donnant des moyens individuels de protection,

tels que les masques à gaz et les habits protecteurs; • en évacuant la population en cas d'escalade de crise;

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• en la formant afin qu'elle puisse se servir des moyens de protection à sa disposition;

• en protégeant la population ainsi que l'infrastructure économique en cas d'attaque;

• en faisant des opérations de sauvetage et de recons-truction dans les régions atteintes;

• en fournissant l'assistance médicale aux blessés; et

• en empêchant la panique.

La défense civile, une question qui n'est pas controversée.

Personne en Union Soviétique ne met en doute l'impor-tance de la défense civile. «La défense de la mère patrie socialiste» comprend à la fois la défense active et passive et est considérée comme l'affaire de tous, le parti et le gouverne-ment, l'armée et les civiles. Ce n'est pas une question à débat-tre et ceci est dû en partie au fait que le système totalitaire de l'Union Soviétique n'encourage pas les débats, mais aussi au fait que beaucoup de Russes savent ce que signifie une attaque ennemie pour en avoir fait l'expérience lors de la Seconde Guerre mondiale. Tous ces gens qui ont extrait des bombes incendiaires par les ailettes et qui ont vu brûler la Place Rouge et le Kremlin connaissent la situation. Ils n'ont pas besoin d'être convaincus.

La formation de la population

La formation en défense civile est obligatoire et univer-selle en Union Soviétique. Tout le monde suit ces cours: les enfants d'école de la 5e à la 9e année (dans les classes et les camps d'été), les jeunes gens avant la conscription, (dans des camps sportifs et militaires et dans des institutions scolaires) , les travailleurs de l'industrie (dans les usines) et les membres des fermes collectives. La défense civile fait partie de la publicité des cinémas, de la radio, de la télé-vision, on en parle dans les illustrés, les journaux et les publications des usines. Le gouvernement avertit la popula-tion par de nombreux moyens de diffusion à sa disposition. Les cours de défense civile correspondent aux besoins et aux capacités des personnes qui les suivent. On apprend par exemple aux enfants des fermes la façon de protéger le bétail, le fourrage, les provisions de nourriture et d'eau, ainsi qu'eux-mêmes. Les employés d'usines apprennent les opérations de secours et de construction et la façon de mieux protéger leurs ateliers. Tous les Russes reçoivent un entraî-nement afin de pouvoir identifier les sept signaux d'alarme et de réagir de façon convenable: alerte aérienne, fin du danger d'alerte aérienne, menace de contamination radioac-tive, contamination radioactive, attaque chimique, contami-nation bactériologique et menace d'innondation. On leur apprend également comment réagir en cas d'attaque surprise et comment sur l'ordre du gouvernement évacuer leur ville avant l'attaque. Les cours sont précis et concrets. Par exem-ple, si les citoyens sont chez eux lors du déclenchement de l'alerte aérienne, on leur apprend à rassembler l'équipement de protection individuel, c'est-à-dire les masques à gaz, les masques contre la poussière, les imperméables et les bottes en caoutchouc, on leur apprend qu'il faut fermer les fenê-tres, éteindre le chauffage, le gaz, la cuisinière, l'électricité, emporter avec eux les provisions de nourriture et d'eau, et les documents personnels avant de se rendre rapidement à l'abri le plus proche en avertissant les voisins qui n'auraient pas entendu le signal.

Les exercices basés sur des situations réelles

La formation en matière de défense civile donnée aux jeunes gens et aux adultes prévoit que des équipes se rendront dans les régions sinistrées presque immédiatement après l'attaque, afin de porter secours aux personnes sinis-trées et de commencer les opérations de reconstruction. On leur apprend à se servir de grues, de buldozers, et d'autre matériel lourd afin d'extraire des personnes des abris qui se seraient effondrés, de construire des passages d'urgence dans les abris qui se seraient écroulés, à éteindre les incendies, à donner les premiers soins et à évacuer les blessés. Les exercices de formation pour ces opérations compliquées sont pratiques et on se sert pour ces exercices de l'habillement destiné à la protection et de matériel lourd. On a poussé le réalisme jusqu'à simuler la guerre chimique en employant des produits bon marché que l'on peut se procurer dans les pharmacies; et les exercices d'évacuation consistent à trans-porter des mères et des nouveau-nés d'une maternité à un jardin d'enfants qui se trouve à 37 kilomètres de là.

Un programme détaillé

En plus d'être réaliste, le programme de défense civile est très détaillé. Les publications militaires soviétiques décrivent par exemple le programme destiné à protéger les employés d'une grande entreprise industrielle qui comprend 57 bâti-ments. Le directeur de l'usine s'est occupé personnellement, avec l'aide de son équipe de défense civile, d'organiser l'évacuation de tout le personnel de l'usine à la campagne en cas de crise internationale. On a pris des dispositions afin de loger les travailleurs et leur famille chez les habitants des villages environnants; afin d'augmenter l'approvisionnement en nourriture des épiceries locales: afin de fournir de l'eau pour les nouveaux membres de ces villages (dans un village on a creusé un puits artésien quand il est devenu évident que les provisions d'eau ne suffiraient pas) : on a pris des dispositions avec la poste afin que celle-ci livre, immédiate-ment après la réception d'un avis, le courrier et les pensions de la population évacuée à leur nouvelle adresse; on a fait le nécessaire pour construire des abris dans le village afin de recevoir toute cette population supplémentaire.

L'évacuation

L'évacuation, avant l'attaque, d'une grande partie de la population urbaine vers les régions rurales en cas d'escalade d'une crise, est un des points importants de la défense civile soviétique. Les travailleurs industriels dans les villes reste-ront à pied d'ceuvre et se réfugieront dans des abris spéciaux à leur lieu de travail ou tout près; mais les travailleurs qui ne sont pas indispensables au fonctionnement de l'industrie, les enfants d'âge scolaire et préscolaire et les pensionnés seront évacués vers la campagne. Lors de leur arrivée, ces évacués devront aider leurs hôtes à construire rapidement des abris antiretombée sur des emplacements qui ont déjà été désignés. Les plans de l'évacuation sont détaillés et com-prennent par exemple les horaires de départ des points de rassemblement; un docteur en médecine ou une infirmière doit se trouver dans chaque train d'évacuation ou chaque convoi de camion; chaque famille reçoit des instructions concernant les effets qu'elle doit apporter selon le climat et la saison; et on fournit aussi des cartes spéciales d'évacua-tion avec un coupon et un bordereau détachable pour chaque personne. Cette expérience a été acquise lors de la

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Seconde Guerre mondiale, quand plus de 10 millions de per- s sonnes et plus de 1,300 industries de base ont été évacuées avec succès des régions vulnérables vers l'intérieur. Depuis 'cette époque, le transport en Union Soviétique s'est rapide-ment amélioré. Le réseau routier seul, armature du système de transport en Union Soviétique, s'est agrandi de 600 milles. Le transport par véhicule motorisé et par bateau a aussi fait de grands progrès et le chemin de fer souterrain de Moscou, qui a été créé en 1932, s'est agrandi pendant les 35 dernières années pour atteindre 75 milles, et plus de 80 stations ont été construites. Il y a actuellement aussi des chemins de fer souterrains à Leningrad, Kiev, Tbilsini et Baku. Le nombre quotidien de voyageurs du métro de Moscou s'élève à 4 millions. Les Russes qui savent comment organiser l'évacuation et qui ont tous les moyens à leur dispositions pour le faire ont également mis sur pied un nouveau service de transport de la défense civile dirigé par une équipe spécialisée.

La défense civile à la campagne

Le programme d'évacuation de la population urbaine doit également s'occuper de la réception et de la protection de cette population lorsqu'elle arrive à la campagne. Le pro-gramme de défense civile à la campagne de l'Union Sovié-tique comporte en outre trois buts importants:

I. fournir une main-d'oeuvre capable de faire le travail sauvetage et de construction d'urgence dans la ville;

2. assurer là production agricole en temps de guerre; et

3. protéger la population, le bétail, la nourriture, le i-

vité et les armes chimiques et bactéorologiques. On met l'accent sur la protection contre les retombées

radioactives dans la campagne. Ainsi, il y a des manuels où l'on donne des instructions détaillées sur la façon de construire des coffres à légumes dans les abris antiretombées. Il y a également des instructions sur la façon de protéger le bétail contre les retombées radioactives en transformant les bâtiments de la ferme en abri et en conduisant les trou-peaux dans les fôrets et d'autres régions à l'abri des nuages radioactifs. On encourage les constructeurs de maisons in-dividuelles à construire ce qu'on pourrait appeler une simple «protection» dans leur sous-sol, à l'aide de briques, qu'on leur distribue à cet usage.

Les abris

Les dirigeants soviétiques sont d'avis que les abris consti-tuent le moyen les plus efficace de se défendre contre les effets des armes nucléaires. Il y a différentes sortes d'abris, il y a les abris dans les couloirs des chemins de fer souter-rains qui sont équipés de portes antichocs; il y a les abris isolés et servant uniquement à protéger les cadres du gou-vernement et les hautes personnalités du parti; il y a les abris dans les caves, des maisons d'appartements et des édifices publics. Certaines mines sont destinées à servir d'abris.

Les grands abris destinés au public sont équipés d'un système de chauffage et de ventilateurs-filtres destinés à empêcher l'entrée de la poussière radioactive et des agents chimiques et bactéorologiques. Ces abris contiennent de l'eau, • de la nourriture, des toilettes, des armoires à pharmacie, des couchettes; ils contiennent en outre des pinces, des pioches, des pelles qui servent à creuser des trous dans le mur au besoin et à évacuer tout ce qui pourrait obstruer le passage.

Il y a une boîte d'argile pour plâtrer les fissures. Il y a de la toile d'emballage, du chiffon, du fil métallique pour réparer les conduits d'air qui auraient été endommagés. L'équipement habituel comprend également des instruments de mesure des radiations et des habits protecteurs afin de permettre au personnel spécialisé de faire des missions de reconnaissance pour détecter et mesurer la radioactivité et mettre sur pied très rapidement des opérations de secours à l'extérieur des abris. Il y a également des radios portatives qui serviront à établir la communication avec les quartiers généraux locaux de la défense civile et les unités de secours.

Des articles détaillés avec tableaux et diagrammes sont imprimés dans les publications russes sur la façon de trans-former les caves des bâtiments en ce qu'ils appellent «protection». Ces protections, contrairement aux abris, ne protègent pas contre les effets des armes chimiques et bactéorologiques. Les chefs de ménage doivent apporter leur propre nourriture, leur propre eau, et les trousses de premiers soins. Les plafonds conventionnels des caves des bâtiments ne supportent que le propre poids de l'édifice et ne peuvent par conséquent résister qu'à des très faibles ondes de choc. Ainsi donc, en construisant ces protections dans les caves existantes, on doit renforcer les plafonds pour qu'ils puissent supporter des ondes de choc relative-ment fortes et même l'écroulement du bâtiment.

Les abris soviétiques sont munis de sorties de secours par lesquelles on peut évacuer l'abri au cas où l'entrée prin-cipale serait bloquée par des débris de bâtiments. La sortie de secours est constituée d'un passage souterrain qui est protégé contre les débris qui proviendraient de l'écroule-ment du bâtiment. Cette sortie est située à une distance correspondant au moins à la moitié de la hauteur du bâti-ment et est située au moins à 3 mêtres de chacun des édifices environnants.

Les équipes de commande des abris se composent de 5 à 7 hommes qui sont choisis parmi les travailleurs dans tout établissement industriel et des personnes qui s'occupent de l'entretien des édifices des maisons à appartements. Cet équipe doit connaître à fond la disposition de l'abri, la sortie de secours et l'endroit où se trouvent l'eau, l'égoût, les lignes de téléphone et d'électricité. La personne qui en est le chef doit tout spécialement connaître les systèmes d'ur-gence d'électricité et de ventilation par filtre car c'est elle qui devra prendre des décisions cruciales comme celle de mettre en marche le système de ventilation. Si elle attend trop longtemps, la température et l'humidité dans l'abri pourraient atteindre des proportions dangereuses et, d'autre part, si elle met ce système en marche trop tôt, les filtres pourraient être obstrués par la poussière provenant de la destruction des édifices environnants. C'est encoré elle qui doit décider du meilleur moment pour envoyer une équipe en reconnaissance et pour évacuer les personnes de l'abri.

La protection contre les agents chimiques et bactériologiques

En cas d'attaque, les Soviétiques s'attendent que des armes nucléaires, chimiques et bactéorologiques soient utili-sées. C'est pour cette raison qu'ils donnent une importance tout aussi grande à la protection contre ces trois types d'armes et que les citoyens soviétiques sont instruits sur la façon de se servir de moyens individuels de protection tels que les masques à gaz, les bottes et gants en caoutchouc, les imperméables. On trouve également des explications sur

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la façon de procéder dans une région mise en quarantaine suite à une attaque avec une arme bactériologique. Le service médical de la défense civile par exemple prendra des mesures prophylactiques pour tout le territoire, faisant des injections à tous les résidents. Les articles d'habillement et de ménage, et les résidences sont désinfectés; toutes les personnes qui ont des symptômes de la maladie sont im-médiatement isolées et ceux qui s'occupent des malades apprennent à prendre toutes les précautions possibles en entrant ou en quittant la chambre où se trouve le malade.

La protection dans l'industrie

Afin d'assurer la survie des installations industrielles, les planificateurs soviétiques recommandent la dispersion de l'industrie, le dédoublement de la production, l'emploi de missiles pour la défense et parfois le transfert vers l'intérieur des usines les plus importantes, au début de la guerre ou à toute menace de guerre. On diminue également la possibilité de destruction des industries en renforçant les édifices de l'usine et les locaux intérieurs contre les armes nucléaires. Ainsi, dans de nombreuses publications soviétiques, nous lisons que des chefs de la défense civile organisent dans plusieurs installations des grounes de personnes qualifiées qui déterminent la vulnérabilité des locaux, des machines et de l'équipement en évaluant les dommages possibles, afin de trouver une façon de les réduire. Ainsi, toute construction ou reconstruction est axée vers ce but.

Parmi les publications militaires sans cote de l'Union Soviétique, les articles qui se lisent le mieux sont ceux qui décrivent comment les directeurs de grandes entreprises protègent celles-ci. Le directeur adjoint et chef en titre de la défense civile d'une grande usine de tracteurs de Kharkov, M. Gregory Petrovich Garmash, en est un bon exemple. Le camarade Garmash sait qu'il est important d'éviter la panique. Nous savons par expérience, dit-il, qu'il vaut mieux voir une chose une fois que d'en entendre parler dix fois. C'est dans cet esprit que le camarade Garmash a organisé des équipes de défense civile dans chaque atelier et section — il y a quatre équipes de décontamination qui sont formées d'employés des ateliers d'essai, six équipes médicales, formées d'employés des ateliers de réservoir de combustible et une équipe pour les opérations techniques de secours, formée d'employés de l'atelier de réparation des machines. En tout, dix services de défense civile sont formés à l'usine de tracteurs. Des exercices précis sont organisés à l'usine, et 800 employés y participent. Le camarade Garmash ne plaisante pas, comme l'indique la citation suivante de la publication: «Plusieurs fois le camarade Garmash a dit au chef de la section du service de logement de réparer les abris. Le chef a dit qu'il allait le faire; cependant, il n'en a rien fait. Ce dernier fut alors puni par le directeur. A l'heure actuelle, les abris sont en parfait état.» Les publica-tions soviétiques sont pleines de comptes-rendus de ce genre, où l'on peut lire que de nombreux directeurs d'usine 'sont conscients de l'importance de la défense civile.

Eviter la panique

Un des buts fondamentaux du programme de défense civile soviétique est d'empêcher la panique. Les Russes cependant ne le reconnaissent pas ouvertement. Des stra-tèges de premier rang comme V. D. Sokolowsky reconnais-sent que l'explosion des armes nucléaires pourrait facilement occasionner le déchaînement de la panique. Si cela se produi-sait, une marée incontrôlable de réfugiés pourrait déranger

le déploiement et la mobilisation des forces armées et de plus gêner le travail d'équipe qui porte secours à la popula-tion civile.

Afin de favoriser le sentiment patriotique et la loyauté parmi les jeunes, la 23e session du Soviet suprême de l'Union Soviétique a adopté en octobre 1967 la Loi d'obligation militaire universelle. Cette loi a pour but de développer un sentiment profond de responsabilité personnelle envers l'état soviétique chez les futurs soldats (les jeunes gens qui font partie du programme de formation obligatoire avant la cons-cription) en endoctrinant ces jeunes gens et en renforçant la conviction idéologique et la loyauté indéfectible envers la mère-patrie. Le but de la loi est également d'améliorer encore davantage le travail de formation militaire et patrio-tique du peuple soviétique et de former les qualités morales et psychologiques nécessaires qui permettront au peuple de résister au besoin aux grandes épreuves de la guerre. Des chefs, comme O. V. Tolstikov, croient que la défense civile sera beaucoup plus efficace si le moral et l'unité poltique des citoyens sont forts et si ces derniers se rallient autour des grandes idées qui peuvent inspirer le peuple à accomplir des actes héroiques et à se sacrifier.

Une formation passionnante A la suite de l'adoption de la nouvelle Loi de l'obligation

militaire universelle, la défense civile soviétique a fait un bond en avant au cours de la dernière année, soit de 1967 à 1968. On donne des cours de formation militaire de base à la jeunesse dans les écoles secondaires et les écoles de commerce de même que dans les fabriques, les institutions et les fermes collectives. Ces cours comprennent l'étude des effets des armes de destruction massive et des moyens de se protéger contre elles. L'éducation obligatoire en défense civile fait partie du programme des 5» et 7e années des écoles secondaires de formation générale.

Dans un article sur la formation en défense civile des-tinée aux enfants d'âge scolaire, on parle d'une école de Léningrad où les cours comprennent l'emploi d'armes de dimensions réduite, de motocyclettes et même de para-chutes. Une autre façon attrayante de présenter la défense civile aux jeunes est de leur faire visiter les monuments nationaux et les mausolées et de les faire assister à des programmes où sont dépeints les héros de guerre et où les civils participent à la défense héroique de Moscou pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans tous ces cours d'instruc-tion, la bravoure et l'héroisme ne sont pas uniquement l'apanage des soldats, mais également celui des personnes chargées de défendre la population civile derrière des lignes. Fait révélateur de la pédagogie soviétique: si les enseignants sont chargés de tirer parti du désir de patriotisme de leurs élèves et d'éveiller leur intérêt en utilisant pour leurs dé-monstrations ou leurs travaux pratiques un équipemeet tel que des motocyclettes, ces mêmes enseignants sont mis en garde dans les termes suivants: «Il ne faudrait pas oublier que les études ne sont pas un jeu. Comme tout travail, elles demandent un effort physique et mental volontaire».

Dans les camps d'été, on prend des moyens pour que les enfants mettent en pratique ce qu'ils ont appris à l'école, on décerne des banderolles, des citations, des décorations à ceux qui ont accompli les exercices de défense civile. Les meilleurs groupes reçoivent des cadeaux et parfois les exer-cices sont retransmis à la télévision pour que les enfants puissent se voir à l'écran.

(Suite à la page 28) UNION SOVIETIQUE

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I EN PRÉVISION DES INONDATIONSObservations concernant les dispositions prises en prévision

des inondations de printemps au Manitobapar

Arnold R. ParrDépartement de sociologie. Centre de recherche sur les sinistres

Université de l'État de l'Ohio, Columbus (Ohio)

Au cours des mois de mars et d'avril 1969, la vallée de larivière Rouge dans le sud du Manitoba est devenue le théâtrede vastes préparatifs en vue de parer à la menace des inon-dations de printemps. La rivière Rouge, qui est à redouteren l'oècurence, prend sa source dans le nord des Etats-Uniset coule vers le nord en traversant le sud du Manitoba pouraller se déverser dans le lac Winnipeg. Ce cours d'eau et sesaffluents drainent une superficie de 110,000 milles carrés.

Le grand Winnipeg est situé sur la rivière Rouge à 60milles au nord de la frontière américaine. C'est la quatrièmeagglomération urbaine du Canada et sa population dépasse500.000 habitants. Elle comprend douze municipalités dontWinnipeg, SI. Boniface, St. James, Assiniboia et d'autres.

Se trouvent aussi dans la vallée de la rivière Rouge au sudde-Winnipeg la réserve indienne de Roseau et plusieurs villeset villages, entre autres Emerson (834 habitants), Letellier(257), Morris (1,339), St.-Jean Baptiste (541) et Ste.-Agathe(311). Ces centres ruraux sont situés dans une région agri-cole constituée essentiellement par de grandes exploitationsde céréales. De 1,400 à 1,500 cultivateurs vivent dans laplaine menacée par l'inondation.

On avait organisé la lutte contre l'inondation à quatreéchelons tant politiques que géographiques: 1) échelon fé-déral, 2) échelon provincial, 3) échelon du grand Winnipeg,4) échelon municipal. Y participaient les organismes etministères à l'échelon fédéral et provincial ainsi que desorganisations relevant du grand Winnipeg. De plus, lesmunicipalités rurales situées le long de la rivière Rouge ausud de Winnipeg prirent part aussi aux préparatifs.

Le 6 avril 1969, un' membre de l'équipe active du Centrede recherche sur les sinistres a été envoyé à Winnipeg (Mani-toba) pendant cinq jours pour se rendre compte de la naturedes mesures prise en prévision des inondations de printempsdans le sud du Manitoba. Le rapport suivant se fonde sur lesobservations relevées sur place, les plans de prévision dusinistre, les dossiers, les comptes rendus de séances, les rap-ports, les articles de journaux et les renseignements obtenus àl'occasion d'entrevues et de conférences auxquelles ont prispart les responsables de douze organisationsl. Le présentcompte rendu est destiné essentiellement à illustrer le genre depréparatifs faits en prévision d'une inondation d'une grandeampleur survenant dans la vallée de la rivière Rouge entrela frontière américaine et Winnipeg. Ce rapport ne repré-

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NOTES BIOGRAPHIQUES

Arnold R. Parr, que est originaire de Calgary (Alberta),été le premier à recevoir une bourse d'étude annuelle del'Organisation des mesures d'urgence du Canada afind'étudier au Centre de recherche sur les sinistres de l'uni-versité de l'État de l'Ohio. Il termine actuellement satroisième année d'étude et il a accepté un poste de profes-seur adjoint au collège Loyola, à Montréal, où il va en-seigner la méthodologie et la psychologie sociale.

sente pas en soi une étude systématique mais il illustre uncas à partir duquel d'autres communautés ayant à résoudredes problèmes semblables peuvent tirer des enseignements.

Cadre général des mesures d'urgence

La vallée de la rivière Rouge a connu déjà de nombreusesinondations. Celles de 1950 et de 1966 par exemple ont ététrès graves. Un lac de 70 milles de long sur 40 milles delarge a recouvert temporairement la vallée. La rivière Rougecoulant à travers une région plate dans le sud du Manitoba,une vaste superficie de terres cultivées est rapidement enva-hie par les eaux lorsque son niveau monte.

Pour parer aux inondations périodiques, et aux menacesd'inondation une sous-culture s'est créée dans le sud duManitoba. C'est à dire qu'on a pris des mesures permanentespour réduire les effets dangereux et perturbateurs de l'inon-dation. Par exemple, on a édifié autour de la partie est dugrand Winnipeg une vanne de décharge énorme qui peutdétourner 60,000 pieds cubes d'eau en période d'inondationDe plus, la ville a fait installer un certain nombre de stationsde pompage qui empêchent les égouts de refluer en cas decrue. Plus au sud dans la vallée de la rivière Rouge, certainesv'lles comme Emerson et Morris ont été entourées de diguespermanentes en terre. De cette façon, ces centres se trouvententièrement protégés lorsque les voies d'accès ménagées dansla digue sont bouchées avec de la terre.

On a établi de vastes plans d'urgence contre l'inondationdans la vallée de la rivière Rouge. Le plan de lutte contrel'inondation précise les fonctions et les attributions ainsi quele plan d'action de chacune des organisations qui doiventintervenir en cas d'urgence.

L'Organisation des mesures d'urgence du Manitoba a pré-paré un rapport sur l'inondation de 1966. Ce rapport portesur la participation des services fédéraux, provinciaux etmunicipaux et d'autres organismes aux mesures d'urgenceprises en 1966 et depuis, il a servi de base aux plans établisultérieurement pour lutter contre l'inondation. Nous allonsmaintenant nous occuper des plans et des préparatifs faits àcet égard en 1969.

Mesures prises en 1969 en prévision de l'inondation

Pendant l'hiver 1968-1969, de fortes chutes de neige sesont produites dans la région arrosée par la rivière Rouge,laissant ainsi présager de forts écoulements d'eau à la fontede printemps. L'une des premières mesures concrètes prisesen prévision des crues a été la diffusion d'un ordre d'opé-ration publié le 14 mars 1969 par le premier ministre. Cetordre exposait dans leurs grandes lignes l'organisation et leplan d'opérations envisagés pour parer à la menace d'inon-dation entre le 7 et le 26 avril approximativement. Il indi-quait que l'Organisation des mesures d'urgence du Manitobaétablissait un état-major chargé de diriger la lutte contrel'inondation et plusieurs états-majors secondaires.

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L'état-major central a été mis sur pied immédiatementdans une salle de l'Edifice de l'Assemblée législative deWinnipeg et des états-majors secondaires ont été établis àMorris et à Emerson. Des représentants des principaux or-ganismes d'urgence agissaient de leur côté en dehors del'état-major central.= Celui-ci a commencé à fonctionner le17 mars.

L'une des princinales formes d'activité poursuivie parl'état-major consistait à tenir les séances hebdomadaires duComité pour l'inondation de la valee de la rivière Rouge.Le coordinateur de l'Organisation des mesures d'urgence duManitoba en avait été nommé président et il avait reçu ordrede faire décréter au Comité que des mesures immédiatessoient prises par les ministères provinciaux, les divers orga-nismes et les services publics en vue de prévenir le danger.Ces séances ont facilité plusieurs fonctions importantes. Lesreprésentants des différentes organisations intéressées pré-sentaient ordinairement des rapports sur leurs préparatifsrespectifs? Grâce à eux, chacune de ces organisations à puse rendre compte des réalisations des autres et, en consé-quence, aucune des tâches capitales n'a été omise ou faiteen double. On étudiait aux réunions les problèmes qui seposaient quotidiennement dans la pratique et on parvenaitgénéralement à les résoudre par accord unanime après enavoir discuté. On étudiait et formulait fréquemment desplans d'action pour la semaine qui venait. Bref, ces réunionsont facilité dans leur ensemble la conduite et la coordinationde tous les préparatifs effectués en prévision et l'inondation.

A l'état-major central de lutte contre l'inondation lesmoyens de communication se limitaient au téléphone bienqu'on ait prévu de faire installer au besoin des appareils deradio. Une ligne directe reliait le bureau principal des opéra-tions à l'état-major aux bureaux permanents de l'Organisa-tion des mesures d'urgence du Manitoba où l'on disposait demoyens de communication radio. A l'état-major un standardtéléphonique pouvait acheminer vingt-deux appels à la foiset chaque bureau était équipé de deux ou trois appareilstéléphoniques.

Certains préparatifs ont été entrepris pour prévenir lesaspects matériels d'un éventuel sinistre. Le ministère de laVoirie des Routes surveillait le remplissage de sacs de sablequ'on remettait aux cultivateurs en même temps que dupolyéthylène pour la protection des bâtiments de ferme. Audébut d'avril, on édifia une digue de terre autour de la ré-serve indienne Roseau.

A la demande des hauts fonctionnaires provinciaux, l'Or-ganisation des mesures d'urgence du grand Winnipeg avaitétabli un centre d'accueil d'urgence où l'on inscrirait tousceux qui seraient évacués du Sud du Manitoba sur Winni-peg. Cette organisation s'est assuré également qu'on disposaità Winnipeg de vivres et d'abris pour le cas où on en auraitbesoin.4

La création de l'état-major chargé de diriger la lutte contrel'inondation et la convocation de séances hebdomadaires ontpermis que d'excellentes relations de travail s'établissententre les diverses organisations intéressées. Ces relationsétaient bien coordonnées grâce surtout aux efforts déployéspar l'Organisation des mesures d'urgence du Manitoba dontla principale fonction, en cas d'urgence, est la mise sur pied,le maintien et la direction opérationnelle d'un état-majord'urgence indispensable à la coordination des opérations delutte contre l'inondation. En outre, une excellente collabora-tion s'est manifestée entre les autorités canadiennes et améri-

caines chargées de s'occuper de la question. Les fonction-naires américains ont envoyé des rapports quotidiens àl'état-major de Winnipeg sur la situation de la rivière Rougeau sud de la frontière internationale.

Conclusion

Les mesures prises pour pallier la menace d'inondation en1969 ont paru très suffisantes. Dans bien des cas, les mesuresprises pour prévenir des sinistres ont tendance à s'axer sur-tout sur les aspects matériels de la question tandis que lecôté organisation sur le plan social est relativement négligé.Par exemple, il arrive fréquemment qu'on construise ouqu'on renforce des digues et qu'on empile des sacs de sableen prévision d'une inondation sans se soucier beaucoup d'as-surer des moyens de communication suffisants entre lesorganismes de prévention ni de prévoir dans son ensemblela direction et la coordination des activités auxquelles donnelieu un sinistre comme l'organisation de secours bénévolesainsi que le transport et le ravitaillement des volontaires.

Tel n'a pas été le cas dans le Manitoba. Un bon équilibrea prévalu dans les mesures prises tant du point de vue maté-riel que du point de vue de l'organisation et du secourssociaux. Un état-major central de lutte contre l'inondationa été établi et chaque semaine ont eu lieu des réunions quiont permis aux représentants des différentes organisationsde communiquer directement.

Il y avait peut-être deux domaines virtuellement faiblesdans la planification dans la mesure où la plupart des me-sures préventives prises en 1969 visaient à faire face à unesituation d'urgence comparable à celle de l'inondation de1966. Les prévisions pour 1969 indiquaient que les cruesatteindraient probablement le niveau de celles de 1966 maisne le dépasseraient pas. On s'en référait donc souvent ausinistre de 1966; les plans avient tendance à s'en tenir à desmesures répondant à une situation semblable à celle de cetteannée-là et il semble qu'on ait peu prêté attention au faitqu'en 1969, la menace aurait pu surpasser celle que repré-sentait la précédente inondation. Il y a eu toutefois uneexception importante à cela: c'est que les digues qui encer-claient les villes du sud du Manitoba avaient deux pieds deplus que le niveau des crues de 1950.

Le Centre de recherche sur les sinistres a constaté unetendance semblable dans presque tous les endroits récem-ment sinistrés ou menacés de l'être. On organise les prépara-tifs en fonction de problèmes et de circonstances antérieur.En un sens, le sinistre précédent sert de repère. Le point quipeut se révéler faible en l'occurence, c'est que le nouveausinistre peut dépasser le précédent en importance commecertaines communautés en ont fait la triste expérience.

Une autre faiblesse éventuelle a trait au manque de pré-paratifs pour le cas où un événement imprévu surviendrait,comme par exemple, si une digue venait à se rompre. Ilsemble qu'on se soit peu préoccupé des mesures d'évacuationau cas où une digue serait venue à se rompre autour de l'unedes petites villes. De plus, les états-majors secondairesd'Emerson et de Morris n'avait pas d'autre service télépho-nique que les lignes normales pour les relier à l'état-majorcentral. On ignore s'il existait d'autres moyens de communi-cation au cas où le téléphone n'aurait plus fonctionné. Lesfonctionnaires de Winnipeg se préoccupaient peut-être moinsde l'arrivée d'un imprévu. Les préparatifs n'étaient pas in-tensifs dans cette ville puisqu'on prévoyait avec certitude quea vanne de décharge emmènerait le trop-plein d'eau bienl 18

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qu'on n'en n'ait pas encore fait usage lors des inondations

Iprécédentes. C'est en 1969 qu'on devait la mettre à l'essai.

En 1950, la Croix-Rouge canadienne a pris une part active à la lutte contre l'inondation dans le sud du Manitoba. En 1966, la situation était différente, le premier ministre et le cabinet jouant un rôle pour ainsi dire prépondérant en cas d'inondation. En 1969, cette situation avait encore changé puisque la coordination des préparatifs dans leur ensemble en prévision de l'inondation était assurée par l'organisation des mesures d'urgence du Manitoba. Ce faisant, elle remplis-sait l'un des principaux rôles pour lequel elle a été instituée et en même temps, elle se conformait à la loi sur la Défense civile (chapitre trente-huit S.R.M. 1954) décrétée par le gouvernement de la province du Manitoba.

En résumé, on a constaté que par comparaison avec d'autres situations semblables étudiées par le Centre de re-cherche sur les sinistres aussi bien aux États-Unis que dans d'autres pays, les préparatifs entrepris dans le sud du Mani-toba au printemps 1969 pour lutter contre l'inondation ont en général surpassé ce qui a été fait dans d'autres commu-nautés. Ce n'est que dans un nombre relativement peu élevé de cas qu'un centre d'opérations d'urgence comme celui de l'état-major de l'Organisation des mesures d'urgence du Manitoba a été créé et a fonctionné avant que le sinistre ne se soit effectivement déclenché. De plus, il est également très peu fréquent qu'on parvienne à commander et à coordonner l'ensemble des opérations en tenant des réunions avant que n'agissent les représentants des principaux organismes de secours. En général, ces réunions sont organisées en hâte après le sinistre. Au contraire, au nombre des mesures pré-ventives prises dans le sud du Manitoba se trouvait la • réunion hebdomadaire du Comité pour l'inondation de la vallée de la rivière Rouge et des plans à long terme préci-saient que ce comité se réunirait tous les jours dès que la menace d'inondation se ferait plus imminente. Il semble donc que les préparatifs faits pour parer à l'inondation dans le sud du Manitoba ont englobé de façon très satisfaisante

tous les aspects de la planification du sinistre, tant sur le plan matériel que sur le plan de l'organisation et des mesures socials. A

NOTES 1. Voir à l'annexe A liste des organisations alertes. 2. Les représentants des organismes suivants assistaient le 9 avril à

la réunion du Comité pour l'inondation de la vallée de la rivière Rouge:

Ministère de l'Agriculture du Manitoba Ministère des Finances du Manitoba Ministère de la Santé et des Services sociaux du Manitoba Ministère des Mines et des Ressources naturelles du Manitoba Ministère de la Voirie du Manitoba Manitoba Hydro Manitoba Telephone System Les forces armées canadiennes Les services d'information Les chemins de fer du CN et du CP L'Organisation des mesures d'urgence du Canada L'Organisation des mesures d'urgence du grand Winnipeg Le bureau du procureur général

3. Des entretiens avec des fonctionnaires de Winnipeg ont permis de se rendre compte qu'aucun préparatif particulier n'avait été entre-pris en prévision d'une inondation de la ville. Etant donné les niveaux de crue prévus pour 1969 et l'existence de la vanne de décharge, on estimait que la ville ne courait pas grand danger.

ANNEXE A Organisations alertées

Fédérales Organisation des mesures d'urgence du Canada

Provinciales Organisation des mesures d'urgence du Manitoba Ministère de l'Agriculture du Manitoba Ministère des Mines et des Ressources naturelles du Manitoba Ministère de la Santé et des Services sociaux du Manitoba Manitoba Telephone Company Comité pour l'inondation de la vallée de la rivière Rouge

Du Grand Winnipeg Organisation des mesures d'urgence de Winnipeg

Municipales Mairie Service du génie civil Service des sapeurs-pompiers Service de police

HARBOR (Suite de la page 13)

d'explorer et d'étudier les mesures de lutte contre les maladies ou les mesures préventives autres que la vaccination et l'immunisation toutes les fois qu'on établit des plans sanitaires. Il arrive souvent aux diagnosticiens et aux pathologistes de ne pas recon-naître des maladies qui sont rares à l'heure actuelle mais qui pourraient se répandre largement par suite de dislocations des populations du fait d'une attaque nucléaire. On pourrait fort bien instituer à l'inten-tion des médecins et des vétérinaires un programme d'études qui les mettrait en mesure de reconnaître les maladies en question.

5. Il faudrait entreprendre une étude sur l'économie et la logistique des producteurs de vaccins, d'antisé-rums, etc., des fabricants de produits pharmaceuti-ques et de matériel et instruments médicaux afin de repérer où des arrêts de fabrication pourraient se produire en cas de sinistre. Les derniers pourraient tenir à la situation particulière de l'entreprise, à la

pénurie d'approvisionnement en articles indispensa-bles ou au fait qu'on ne pourrait plus s'approvision-ner à l'étranger. Il faudrait trouver d'autres sources d'approvisionnement ou d'autres moyens de faire redémarrer rapidement la production.

6. On devrait encourager davantage le programme du département de la Santé, de l'Education et du Bien-être à créer des hôpitaux d'urgence et à équiper ceux qui existent de services d'urgence. Des prévisions de-vraient être établies en vue de la réparation, de la restauration et de la décontamination des hôpitaux hors service. Les institutions médicales et paramédi-cales ainsi que les écoles devraient être remises sur pied pour permettre le remplacement méthodique du personnel et des techniciens de la médecine. Il ne faut pas oublier que la plupart d'entre elles sont situées à l'intérieur des villes et que leur destruction pour-rait lourdement entraver le cours de la restauration. (à suivre)

Les trois derniers chapitres de cet article paraitrout dans notre prochaine edition.

RADIODIFFUSION (Suite de la page 15) • postes émetteurs sans avoir recours à du personnel, ce qui rend difficle le contrôle en cas de radiodiffusion municipale d'urgence. Ce problème ne se pose pas quand le siège du

gouvernement d'urgence contrôle le réseau de la province. Les lignes du Réseau de radiodiffusion d'urgence peuvent se brancher sur une station transmettrice sans personnel et dif-

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fuser indéfiniment jusqu'à ce que la station cesse de diffuserà cause d'une panne de courant ou parce que le mâtériel faitdéfaillance.

Le Réseau de radiodiffusion d'urgence a été conçu etstructuré afin de diffuser les alertes et les consignes de sur-vivance au public en collaboration avec le gouvernementd'urgence. Il est rassurant de penser que le Canada a unréseau très bien organisé de radiodiffusion des mesures d'ur-gence en temps de paix et de guerre. La survivance duRéseau de radiodiffusion d'urgence dépend de l'achemine-

NON-PROLIFERATION (Siffle de la page 20)taires de matières fissiles par la distribution, au hasard, duplutonium pour des fins commerciales. Il a affirmé queplus on fournit de renseignements et d'assistance techniquesà ces pays sur l'utilisation prétendument pacifique de l'éner-gie nucléaire, plus on facilite aux États qui se jugent scien-tifiquement capables de produire des bombes, la décisionpolitique et économique de le faire, à moins de soumettreà un contrôle international la matière première de leurindustrie nucléaire, tel le plutonium. On ne dispose vas en-core de moyens adéquats pour contrôler la distribution duplutonium à l'échelle mondiale et sa production se multipliedonc sans arrêt.

Dans son article, M. Beaton, a poussé son raisonnementplus loin en mettant en doute l'utilité d'un accord de co-opération entre la Grande-Bretagne, l'Allemagne de l'Ouestet la Hollande sur la réalisation de centrifugeuses gazeuses.Ces dernières ne sont qu'un moyen de plus de fabriquer desbombes atomiques. Jusqu'ici on s'en est complètement désin-téressé parce qu'il est établi que leur technique est indéchif-frable et leur coût prohibitif. Cependant leur intérêt princi-pal vient du fait qu'elles peuvent produire l'uranium trèsenrichi nécessaire à la fabrication des bombes thermo-nucléaires. Jusqu'à présent, seules les usines de diffusion

UNION SOVIETIQUE (Suite de la page 24)Dans les usines, on organise des concours parmi les

membres de l'équipe de défense civile et on distribue desrécompenses aux gagnants. Les exploits accomplis en dé-fense civile sont cités dans la presse. Les directeurs desgrands établissements industriels, les chefs d'ateliers, les ins-tructeurs et les simples ouvriers ont une chance égale d'êtrecités en exemple, dans le magazine de la Science Militairenotamment. Par contre, ceux qui se dérobent à leurs respon-sabilités sont également cités dans la presse. «Le malheureuxcamarade Blinov» fut cité dans la journal la Science Mili-taire pour son attitude négligente dans l'accomplissement deses devoirs de défense civile. Il refusait de se servir de lasalle de classe qui avait été destinée au cours de défensecivile; il ne s'était pas procuré l'équipement de formationnécessaire, ni les moyens audiovisuels qu'il pouvait obtenir;et il n'avait pas entretenu le peu d'équipement qu'il avait.Pis encore, les leçons qu'il donnait, tant du point de lamatière que de la méthode ne valent même pas la peinequ'on les critique. Pauvre camarade Blinov!

Résumé

Dans l'ensemble, le programme de défense civile sovié-tique est diversifié, bien intégré et considérable. Cela nesignifie pas qu'il ne se prête pas à la critique. Les Soviétiqueseux-mêmes admettent qu'il y a de la marge entre la théorie

ment sûr des circuits de micro-ondes et lignes terrestres dontse charge le Réseau téléphonique transcanadien de la "con-solidation" de stations radiophoniques grâce à leur installa-tion dans des endroits sûrs et protégés d'où elles pourrontcontinuer a diffuser des émissions essentielles et de l'aptitudedu personnel de radiodiffusion à s'acquitter de ses tâchesdans des circonstances défavorables. Il reste encore beau-coup à faire dans le domaine des mesures d'urgence civilesafin d'améliorer les chances de survie du Réseau de radio-diffusion d'urgence en cas d'attaque. à

gazeuse, dont le coût est prohibitif, qui appartiennent auxcinq puissances nucléaires, ont pu produire cet uranium.Bien que plusieurs pays, dotés d'une industrie nucléairepassablement avancée, utilisée à des fins pacifiques, pour-raient dès maintenant fabriquer des bombes atomiquesrudimentaires à partir du plutonium, ces armes exigeraientun système de lancement assez particularisé à cause de leursdimensions. L'intérêt pour les armes thermonucléairesprovient du fait qu'elles sont plus petites et qu'elles peuvent,dès lors, être lancées plus facilement que celles des généra-tions précédentes.

Si, non seulement la réalisation des centrifugeusesgazeuses demeure insatisfaisante mais aussi d'un coût ex-cessif, les craintes de M. Beaton peuvent bien ne pas seréaliser. Toutefois la question qu'il pose mérite une réponsede la part du gouvernement britannique avant que lesnégociations sur l'accord de coopération ne soient tropavancées. Bien qu'il y ait des avantages économiques auxprogrammes nucléaires à des fins pacifiques, il faudrait plusqu'une justification économique pour que cet accord soitopportun politiquement. L'avenir de l'Allemagne de l'Ouestdans le domaine de l'énergie nucléaire est, après tout, unedes questions internationales des plus importantes au monde.

et la pratique. Les programmes sont bien conçus, mais leurapplication n'est pas parfaite. Les gouvernants butent contrel'apathie et l'inefficacité et, parfois le rendement est assezf aible.

Mais la défense civile soviétique est impressionnante.Pendant la dernière année seulement, les planificateurs endéfense civile ont mis sur pied:

1. Des cours de défense civile obligatoires pour les en-fants d'école, les jeunes et les ouvriers;

2. Une meilleure formation pour les enseignants;3. Des programmes d'évacuation plus détaillés et plus

concrets;4. Un entraînement plus réaliste et plus pratique;5. Un réseau de communications plus perfectionné; et6. Un plus grand nombre d'émissions radiophoniques

et télévision et d'articles dans les journaux.Lorsqu'une population qui se trouve dans un abri a un

bon moral et est bien formée sur la façon de bien utiliser letemps qu'il lui reste après le signal d'alarme - qu'il s'agissede deux minutes, de deux heures ou de deux jours - elle nesera pas facilement la proie de la panique et ne se résignerapas à abondonner la partie. Une bonne discipline et un bonmoral chez les survivants seraient extrêmement importantspour résister aux terribles épreuves qui suivent une attaquenucléaire et permettraient aux Russes de marcher vers lavictoire et de réorganiser leur pays.

Pour le peuple russe, le programme de défense civile

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Ireprésente beaucoup plus qu'une assurance de survie; com- dirigeant une attaque nucléaire comme l'Union Soviétique.me les dirigeants du Kremlin le soutiennent, confronté avec Cela signifie également que les diplomates du Kremlinune telle force, l'ennemi ne sera pas sûr d'obtenir la victoire auront à leur disposition une arme particulièrement efficacemais au contraire, il prendra des risques importants en à la table de conférence. à

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