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N° 58 (6e ANNÉE) == Prix du Numéro : 3 francs r-^., Sept-Octpbre[J 929
DIRECTION et RÉDACTION : 8, Rue Généraux-Morris Téléphone : o.isPUBLICITÉet ABONNEMENTS:EditionsAUMERAN,6, Bd Carnot.— Téléphones; 27-70ei 59-93COMPTECHÈQUEPOSTAL- ALGER100 ===== ABONNEMENTANNUEL: 20 Iranos
N° 58 6* ANNÉE Septembre-Octobre1929
La BasseRégion
du Guir"
La conférence nord-africaine de 1028 délimitait parune ligne passant à 20 kilomètres à l'Ouest du rebord
oriental de la Hamninda, la zone d'action des forces
algériennes.
La région, dont la sécurité incombe aux troupes ré-
gulières et supplétives du Cercle de Colomb, se rédui-sait donc au bassin inférieur du Cuir.
Nous essayerons dans cette étude de dégager lescaractères géographiques de ce pays.
11s'agit, d'une région désertique, accidentée et tri-
butaire des caprices du Guir.
La population, très clairsemée, est en grande partienomade. Lu tribu des Demi Ménia y joue un rôle im-
portant.Le milieu physique et le milieu humain condition-
nent comme partout les opérations militaires. Notre
but final sera d'étudier les possibilités actuelles de nos
troupes et.les moyens de les accroître pour la plus gran-de sécurité des confins algéro-inarocains.
Le milieu physiqueLa région que nous étudions est située approxima-
tivement entre le 31° et le 32° de latitude Nord et le2° et 3° de longitude Ouest. Si nous la limitons auNord à la dépression qui s'étend au pied de l'Atlassaharien, à l'Est au Djebel Béchar et nu rebord occi-dental du grand Erg jusqu'à Igli, nous isolons unerégion naturelle.
Il s'agit d'Une pénéplaine tertiaire fortement dé-
capée par un grand courant d'eau descendant del'Atlas au.début de l'époque quaternaire. La carapacepliocène qui formait un glacis dont de grands mor-
(ri)Le 14octobredernierun détachement,de <>0légionnn1resAété surpris et presquennéiinlipur un djic.lide lf>0A11-l'Tnnnnmi,i\Djihnni.Cetnrliclc,écritlongtempsiivnnl.,expliqueles raisonsde l'insécuritédanscette région(N.D.L.K.).
250 L'ARMEE D'AFRIQUE
POINTD'EAUDANSUN OUED.GUELTETEL ATROUS
ceaux, comme la Hàmmada du Guir, subsistent encore,a été emportée par des fleuves dont les oueds actuelssont les modestes descendants.
La nature du sol qui composait le bouclier tertiaire
explique l'aspect du pays : une couche épaisse de
molasse, provenant de l'érosion des chaînes atlasiques,recouverte d'une croûte de calcaires durs. Une fois la
croûte entamée, les agents fluviaux, et éoliens ont eu
facilement raison du système. Leur tâche bien com-
mencée à l'époque, très humide, du début quaternaires'est ralentie, en même temps qu'augmentait la séche-
resse du pays. Il reste encore des morceaux de Hàm-
mada qui ont résisté. Ici un rocher isolé en forme de
vaisseau fantastique tourne vers le Nord sa proue dé-
chiquetée. Là, de minces chapelets de gour, s'allongentvers le Sud. La direction générale de tous ces accidents
s'explique par le sens du courant quaternaire, qui est
venu buter sur la digue constituée par le djebel Bécliar
et a obliqué vers le Sud.
En d'autres points, le terrain tertiaire a été com-
plètement emporté. Sur l'anticlinal atlasique Guelb el
Aouda, Cheuret Rashou Zguilma, où son épaisseurétait moindre, il a cédé la place à un important affleu-
rement primaire, représenté par les Chebka de Raouia,de Ménouna et de Djihani. Mais avant de disparaître le
terrain de gour a guidé les eaux qui ont pu creuser des
vallées profondes dans la pénéplaine dinantienne, la
coupant de canons, qui surprennent dans ce sol dur. La
Chebka, cet entrelac de vallées, se rencontre généra-lement dans les terrains tendres du trias, ou dans les
rochers tertiaires du terrain de gour. Les Chebka du
Guir, sont des Chebka surimposées. Sur certains som-
mets situés au Sud de ces terrains anciens, on trouve
des chapeaux de calcaires tertiaires. Ils contrastent,
par leurs teintes claires, avec lesassises foncées.Une de
ces montagnes, à la cîme chenue, est poétiquement
appelée par les indigènes : «Chaib Rashou» «Sa vieille
Tête». Le poète et le géologue ne seraient pas d'ac-
cord.On peut donc, au point de vue morphologique, di-
viser la région en trois zones distinctes : Le plateaudésert de la Hammada qui sépare le bassin du Guir et
celui du Ziz. Dans sa plus petite largeur, de Zguilmaà Talghent, la Hammada mesure 70 kilomètres. Elle setermine brusquement par une falaise, le Kreb, qui do-
mine le bassin du Guir de plus de 100 mètres.
La région des gour, où la Hammada disloquée est
représentée par des plateaux déchiquetés. De largesdé-
pressions marquent le lit et la zone d'épandage descours d'eau : «Dayas», «Bahariat». Le sol est recou-vert d'une couche d'alluvions d'origine fluviale, gravierde grosseur et de résistance inégales : le Reg. En cer-tains points, les bas-fonds sont occupés par des dunes,sables charriés par les oueds et remaniés par lesvents :
Erg Génia, Erg Bou Dib, Ras el Erg. Enfin les massifsanciens : versant Ouest du Béchar prolongé par le
Djebel Arlal, mince muraille, qui coupe de l'Est àl'Ouest les plateaux Hammadiens de Mougar et d'elHaouimi. Nous rattacherons à ces montagnes, la pé-néplaine tourmentée de la Chebka du Guir. Elle a lamême origine que la chaîne hercynienne qui marque lalimite Est de la région.
Les cours d'eau qui ont joué un si grand rôle dans lemodelé du relief de la région, ne coulent plus en sur-face. Le Guir, lui-même, fleuve important, dans la ré-
gion de l'Atlas marocain, n'arrive pas jusqu'à DjorfKholfi. De la Gara Megrane, qui marque le confluentde l'oued Bou Anane au ksar Djedid des Ouled belGuiz (20 kilomètres au Nord d'Abadla) son cours ap-paraît par endroits. Plus au Sud il est souterrain.
Les principaux affluents du Guir se trouvent sur sarive gauche. A l'Ouest, la Hammada constitue la rive
enveloppée et les petits oueds qui la coupent, Oued el
Ahmar, oued Zegag, ne sont que des chenaux qu'em-pruntent les eaux torrentielles. A l'Est, au contraire, leGuir reçoit des affluents qui viennent des dernierscontreforts de l'Atlas saharien. Le principal est l'oued
Béchar, dont le cours est jalonné, jusqu'à Guelb cl
Aouda, par des flaques permanentes.
Tous les autres cours d'eau de la région sont souter-
rains, et des points d'eau, puits, oglat, se trouvent dansdes lits de rivières desséchées. A la suite de brusquesondées, ces cours d'eau donnent parfois des témoigna-ges de leur vigueur primitive. Le courant arrive brus-
quement, et il est prescrit aux détachements qui cir-culent dans la région de ne pas camper dans les oueds.Le Guir qui est alimenté par des montagnes de près de4.000 mètres, a des crues annuelles, providence des
indigènes. Néanmoins ces crues deviennent rares etinsuffisantes et la région traverse une période d'ex-
ceptionnelle sécheresse : les «vaches maigres »du Nildes Doui Ménia.
Il ressort de cet aperçu hydrographique que le rôlede la montagne marocaine se fait sentir dans la régiondes confins. L'abondance relative des eaux souterrai-
nes, peu profondes, donne une personnalité à cette
partie du Sahara. Encore faut-il noter que la saluredes marnes oligocènesdes terrains de gour, rend une
partie de ceseaux peu consommable.
Le climat a des caractéristiques continentales très
accentuées, de gros écarts entre les maxima et les
L'ARMEE D'AFRIQUE 251
minima. On enregistre —5° en janvier à Kénadzaet -{-40°en juillet. Dans une même journée l'écart de
température peut atteindre 25°. La sécheresse du cli-mat, est également remarquable, on peut voir une an-née entière sans pluie et les chiffres des hygromètrespermettent d'établir des moyennes sur plusieurs an-nées : elles sont de l'ordre de 85 m/m par an. La mon-
tagne marocaine joue le rôle d'écran en condensant au
profit de son versant occidental les nuages amenés parles vents océaniques.
La région est constamment balayée par des rafalesviolentes venant du Sud et du Nord-Ouest. Ellescharrient souvent des nuages de sable et parfois quel-ques gouttes de pluie. Sur la Hammada, on voit s'é-
Jargir un écran roussâtre qui barre l'horizon. Il passeen sifflant, à une vitesse de 10 ou 12 mètres à la se-conde ; les nomades l'appellent 1'«Hajej ».
Ce climat sec et les écarts de température, ne favo-risent pas la végétation qui est représentée par de
maigres buissons de r'tem à profondes racines. Dansles oueds et les dépressions, on rencontre des grami-nées comme l'alfa et le drinn, ainsi que des beaux ar-bres : l'acacia épineux ou «talha », au bois très dur, etle tamaris. Cette dernière espèce végétale est repré-sentée par deux sortes de
plantes que les indigènes dis-
tinguent. Dans le Guir et lescours d'eau de surface, crois-sent des tamaris de teintefoncée dont la feuille ressem-ble à celle du cyprès. Cet ar-buste appelé «arrich » paraîtavoir besoin d'eau en pernia- Inence. Ses racines ont souvent !plusieurs centaines de mètreset ressemblent à des lianes. Ilatteint rarement de grandesproportions, son bois est den-se. L'autre espèce se rencon-tre dans les oueds fossiles. Leséchantillons semblent trèsvieux, à en juger par lesdimensions formidables destroncs, rongés souvent par lestermites. La feuille est celledu tamaris méditerranéen« tamaris articulât» ». Elle aun ton gris-vert, qui la dis-
tingue de celle de l'arrich. Ilest appelé «ethel ».
C'est l'arbre des terrainssablonneux, son tronc se dé-
veloppe dans la dune etn'apparaît qu'après les gran-des crues, qui ont emmené lesable. L'espèce, en régression,semble dater d'une périodeplus humide ; on ne trouvepas de petits arbres et aucontraire beaucoup d'arbres
morts. Le bois de l'ethel est spongieux et d'unefaible densité. La gale des tamaris est utilisée parles Ksouriens pour la préparation des cuirs sui-vant la méthode filalienne. Signalons aussi le peuplierde Hollande ou Saf-Saf, ainsi que le batoum, arbre
imposant qu'on trouve dans les oueds de la Hammada.La vie animale est réduite et cantonnée dans les
bas^fonds. Ces animaux nomadisent pour trouver à
manger. Ils sont organisés pour se passer de boisson etse désaltèrent avec l'eau contenue dans les graminéesvivaces, comme l'alfa et les herbes qui poussent aprèsles pluies, «Pacheb ». Les mammifères les plus répan-dus, sont pour les ruminants : la gazelle, le mouflon quiest cantonné dans les montagnes et les chebka ;pour les carnassiers, la hyène, le chacal et le chat sau-vage ; pour les rongeurs, le lièvre, la gerboise et unpetit cobaye sauvage assez particulier. Les oiseauxsont représentés par des espèces migratrices venant duTell et du Soudan.
Les reptiles sont très nombreux, certains atteignentdes grandes dimensions, l'ourane et le «çob » un lé-zard maladroit qui creuse des trous dans la Hammadaet dont la chair est excellente. Il y a des grenouilles etdes poissons, un genre de barbeau, dans les trous d'eau
CROQUIS DE LA BASSE REGION DU GUIR
252 L'ARMEE D'AFRIQUE
CRUEDU GUIR
permanents du Guir et de l'oued Béchar, ainsi quedans les canalisations souterraines ou «feggagirs».
Nous n'essayerons pas d'énumérer les espèces d'in-sectes qui peuplent la région. Les mouches méritentnéanmoins d'être mentionnées. Les animaux veni-meux sont bien représentés par les vipères, les scor-pions et les tarentules.
Le milieu humain
Le pays se prête assez mal à la vie des végétaux etdes animaux, il ne convient pas mieux à laviehumaine.La plus grande partie de la population est nomade etpeut, lorsqu'elle a épuisé les ressources de la région,aller ailleurs.
La population sédentaire ou Ksourienne habite, à
proximité des palmeraies, des constructions en terresèche et vit des maigres cultures que l'eau lui per-met d'entreprendre. Avant notre arrivée dans la ré-
gion, les Ksours étaient sous la dépendance des no-mades, nous n'avons d'ailleurs pas aboli complète-ment cette suzeraineté et la plupart des dattes sont àeux. Au moment de la récolte, d'octobre à janvier, onles voit dresser leurs tentes à proximité de la palmeraieet les ksouriens peuvent ramasser seulement les fruits
qui tombent sur le sol. Quelques Ksours se trouventaux pieds des derniers contreforts de l'Atlas saharien.Leurs palmiers manquent de vigueur. Les principalesagglomérations sont : Mogheul, Bou Kaïs et. à l'Ouestdu Djebel Arrid : El Ahmar. Ces Ksours du Nord ex-
ploités par des nomades qui n'ont pas dans la basse
région du Guir leurs principaux intérêts, exceptionfaite de quelques tentes Doui Ménia, sont peuplés pardes Berbères plus ou moins arabisés, qui présententdes analogies avec lesMarocains de l'Est de la MoulouyaLes deux centres de la région sont, plus au Sud, Bécharet Kénadza, leur importance s'est accrue avec l'arrivéedes Français, de petites agglomérations européenness'y sont établies. Béchar est le siège du Cercle de Co-lomb et du Bureau des Affaires Indigènes. La voieferrée en fait le marché de la région. Kénadza est uncentre religieux du fait d'une confrérie influente : laZuouia Ziana. Son chef, Si Mohamed Laredj, descen-
dant du fondateur, Si Mohamed Bouziane, un mara-bout draoui venu de Tamegrout au XVIIIe sièclejouit d'un prestige et d'une autorité indiscutés, quine contrecarrent pas notre influence.
L'exploitation, par les Chemins de Fer algériens del'Etat, d'un petit bassin hou Hier, l'ait espérer pour larégion un bel avenir économique. Il reste subordonné,comme celui de toutes les entreprises sahariennes, à lamain-d'oeuvre indigène, toujours rare et instable.
Les Ksours de la Zousfana sont peuplés en grandepartie par des Haratins. La situation de ceux-ci estdes plus médiocres. Ces Ksours s'échelonnent jusqu'à.Igli.
Citons aussi les Ksours du Guir, de la. région desBahariat. Presque inhabités, ils ne sont le plus souventque des enceintes destinées à abriter les troupeaux desnomades et leurs problématiques récoltes.
L'étude des nomades est plus intéressante. Leurvie réalise la formule imposée par le pays. Les Ouled
Djerir ont leurs intérêts à l'Est et au Nord-Est deColomb-Béchar et sortent du cadre de cette étude.
Les Doui Menia constituent la population de la ré-gion. Ayant chassé vers le XIIIe siècle les Béni Ahmed,qui avaient des forteresses sur le Guir, ils ont tenupendant longtemps un rôle brillant dans le Sahara.Leur nom : Doui Ménia, signifiait «les tenants de la
grâce divine». Ils avaient alors de nombreux cha-meaux, des chevaux et des armes, leurs rezzou opé-raient jusqu'en Mauritanie et le Sahel de Tombouctou.Le Guir fertilisait tous les ans les Bahariat et ils ven-daient de l'orge, lis avaient les palmiers de la Zousfanaet une partie de ceux du Tafilalet. Cette grandeur abien diminué et on peut se demander si les premiersFrançais qui les combattirent, en avril 1870, ne les ont
pas cru plus puissants qu'ils n'étaient. Le Généra] de
Wimpfen qui leur infligea un échec près d'Abadlaà la fin d'une randonnée record, lesavant-postes étaientalors Méehéria et Géryville, avait le droit de rehausserson rapport de quelques exagérations. Ne comparait-ilpas le Guir au Nil 1
H est certain que ]es célèbres Doui Ménia ne s'op-posèrent jamais à notre avance dans le Sud-Oranais.Us envoyèrent cependant quelques guerriers aux har-kas marocaines de 1903et 1908, pour le cas où celles-cinous auraient battus. Us ont toujours excellé dans cesrôles à transformations. Les Arabes appellent le DouiMénia : Ménîaî Rassani ; c'est-à-dire : le Doui Ménia àdouble figure. Nous serons amenés à reparler de leurscombinaisons à propos du problème de la sécurité. Al'heure actuelle cette confédération de tribus en estréduite à se concilier,par des dons et des complaisancesles bonnes grâces des Berabers de l'Ouest. Ses cha-meaux lui servent,à assurer une partie des transportsentre l'Algérie et le Maroc soumis ou dissident;.
On peut diviser les Doui Ménia en deux catégories:Ceux du Sud-Oranais et ceux du Maroc. Les premiersnoniadisent dans les régions que nous contrôlons, ilsont leurs palmiers dans la Zousfana. Les seconds ontleurs champs dans la région d'Abadla et leurs palmiers
L'ARMEE D'AFRIQUE 253
ENTRÉEDU KSARDE KENADSA
au Tafilalet. Au moment de notre installation dans le
pays, ces derniers se sont ralliés, en se conservant ledroit d'aller chercher leurs dattes. Il faut noter qu'àcette époque nous n'étions pas au Maroc.
Les nomades se déplacent souvent très loin pourchercher l'eau et les pâturages. Cette année, une partied'entre eux campe dans la région de Saïda.
On conçoit que cette population échappe à unrecencement exact. Les Ksouriens peuvent être dequatre à cinq mille et les nomades de dix à quinzemille. La densité de population peut atteindre en
période de richesse, après une année humide, environun habitant par kilomètre carré. Ces statistiques n'of-frent pas un grand intérêt, étant sujettes à des va-riations.
Organisation militaire
Les forces régulières et supplétives dont dispose leCommandant Supérieur du Cercle de Colomb s'élèventà plus de trois mille hommes.
Les troupes sont réparties dans des garnisons,Béchar, Kénadza, et.dans des postes : Méridja, Abadla,Igli en lr 0 ligne ; Ménouarar et Taghit en 2e ligne, sil'on admet que le péril vient de l'Ouest. Leur missionest d'assurer la sécurité des Confins, Algéro-Marocains.Elles sont mobiles à des degrés différents. Nous lesclasserons en raison de cette mobilité, qui sembleêtre dans la région le point capital.
Les forces supplétives sont les plus faciles à dé-
placer. Elles sont représentées par un Maghzen d'en-viron 250 cavaliers et 00 fantassins. Cette troupe rusti-
que et endurante manque d'encadrement. Les deux
officiers qui y sont affectés, cumulent leur commande-ment avec des fonctions administratives absorbantes.Un maréchal des logis français a souvent sous sesordres 80 moghazenis et il n'est secondé par aucun
gradé européen.La Légion Montée est la troupe type de ces pays
pour lesquels elle fut créée. La Compagnie Montée
d'Algérie du 1er Régiment, Etranger d'Infanterie est
une unité solidement armée, de 250 légionnaires. Elle
peut effectuer 300 kilomètres en six jours sans avoir
[ à se ravitailler, Son organisation, qui comporte unmulet de selle pour deux légionnaires, lui permet dedoubler les étapes, et en fait une unité d'infanterie
allégée et dotée de gros moyens de transport. La sobrié-té et l'endurance du mulet lui permet de s'éloignerdes points d'eau. Elle peut facilement traverser làHammada du Guir (Reconnaissance à Taouz, duCapitaine Fecsh, en avril)
Deux escadrons de Spahis représentent la cavalerie
régulière du Cercle de Colomb.Les besoins des animauxleur créent quelques servitudes. Néanmoins ils peu-vent accomplir toutes les missions incombant à lacavalerie dans la région. Us sont appelés à coopéreravec la Légion Montée.
Le groupe franc de Méridja qui compte environ80 tirailleurs du 2e R.T.N.A. est remarquablementadapté à la partie Nord occidentale de la région duBas-Guir. L'abondance des points d'eau lui permetd'entreprendre de grandes étapes sans s'alourdir. Lanature accidentée du terrain rend son travail plus ef-ficace que celui des troupes montées. Il fournit régu-lièrement des étapes de plus de quarante kilomètres.
Ces quatres éléments constituent les forces vraimentmobiles du Cercle.
Leur travail peut être secondé et éclairé par lesarmes dotées de moyens mécaniques.
L'escadrille du 2e groupe détachée à Béchar entrai-'née depuis longtemps à toutes les missions sahariennes,et le détachement d'auto-mitrailleuses de cavalerie
qui attend un matériel mieux adapté au pays et verrason rayon d'action bien augmenté quand toutes les
pistes prévues seront aménagées.Les troupes d'infanterie sont destinées à tenir les
postes, elles peuvent aussi rentrer dans la compositiondu groupe mobile. Elles se décomposent en 2 compa-gnies de voltigeurs et 1 compagnie de mitrailleuses du2e R.T.N.A, et en 2 compagnies de Légion.
Une section d'artillerie de montagne dotée du maté-riel de 80 m/m est servie par des légionnaires, elle faitpartie du groupe mobile.
Un détachement automobile et hippomobile du28e Train fournit les nombreux convois de ravitaille-ment.
Le reste de l'effectif représente les services sédentai-res : transmissions, service de santé, ouvriers d'ad-ministration.
L'insécurité
Nous nous proposions au début de cette étude demontrer comment le milieu physique et le milieu hu-main conditionnaient nos opérations militaires. Le
pays ne permet, pas toujours à la faible population desubvenir à ses besoins. Ceux de nos troupes sont plusétendus, et les difficultés, pour leur assurer le strictnécessaire, sont considérables, dès qu'on s'éloigne dela voie ferrée. Le caractère désertique et accidenté dela basse région du Guir, et l'instabilité démographique,sont des données qui compliquent le problème de lasécurité,
254 L'ARMEE D'AFRIQUE
Au début de notre pénétration dans l'Extrême-SudOranais, nos troupes ont eu parfois devant elles desharkas. Bien que celles-ci n'aient jamais atteint les
objectifs qu'elles s'étaient fixés, leurs passages ont été
marqués par des combats très durs. La harka de 1903
qui s'était dispersée après son échec du 20 août devantTaghit, avait laissé dans la région des groupes de pié-tons, de cavaliers et.de méharistes. C'est l'un de cesderniers qui anéantit à El-Moungar, le 2 septembresuivant, un de nos convois, malgré l'héroïque défensed'un peloton de la Compagnie Montée.
En 1908, ce n'est pas non plus la grande harka ras-semblée près d'Aïn-Chaïr qui attaqua le 16 avril àMénàhba le Groupe Mobile de Béchar, mais quelques-uns de ses guerriers les plus hardis, qui partirent, sansordres de leurs chef, pour essayer et réussir un coup demain sur notre camp.
Là harka fut mise en déroute un mois plus tard àBéni Ouzien et à Bou Denib.
Cesconcentrations ennemies paraissent aujourd'huipeu probables. Nous contrôlons le Maroc, et les dissi-dents n'auraient rien à gagner dans l'aventure. Néan-moins les troupes du Cercle de Colomb pourraientparer à cette éventualité. N'étaient-elles pas alertéesen décembre 1925 pour les troubles de la région deTàlsint.
On a aussi envisagé le départ en dissidence des DouiMénia. Nous ne pourrions pas actuellement les empê-cher de partir ; par contre nous les empêcherions derentrer, et ils perdraient plus que nous à ce nouvelétat de choses.
Proportionnellement à l'adversaire nous entretenonssur le front du Guir de gros effectifs pour solutionnerle problème de la sécurité. Si on compare cette solutionà celle trouvée pour la question saharienne par leGénéral Làperinne> on doit convenir qu'elle manqued'élégance.
Le problème est, d'ailleurs, ici plus complexe.Le Maroc a réduit et éloigné de l'Algérie le pays de
l'insoumission, néanmoins ce «bled sibba » existe
toujours et sert de refuge à tous les brigands que notre
occupation a chassés.
Ce sont pour la plupart des Berabers. Un exempletypique est donné par la tribu des Ait Hamou. Habi-tant la région de Talzint, ils n'ont pas voulu se soumet-tre à nos exigences, au moment de l'occupation. Usnomadisent depuis dans la région du Tafilalet et duversant orienta] du grand Atlas marocain. Coupeurs deroutes et razzieurs, ils sont redoutés par les nomadeschameliers et par les Ksouriens du Sud marocain, quipréfèrent transiger avec eux en leur payant des rede-vances.
Marcheurs infatigables; courageux, connaissant
parfaitement la région, ils entreprennent des opérationslointaines quand ils espèrent, sans trop de risques, ytrouver leur profit.
Ils se rassemblent en fractions de 50 à 200 piétonset partent, chacun avec quelques vivres et son outre :la guerba.
A proximité des régions où ils pensent pouvoiropérer, ils se dissocient et des petits groupes de 10 ou15 partent en chasse jusqu'à ce que les vivres soient
épuisés. Régnant par la terreur, ils sont renseignéset ravitaillés par les tribus. Quand ils opèrent sur le
Guir, les enfants perdus des Doui Ménia se joignent à
eux, conduits par l'appât du gain. Cette petite troupe
s'appelle le djich. L'histoire des djiouch est celle de
l'insécurité des confins.
Cespetits éléments habiles à se dissimuler cherchentà éviter le combat, s'ils acceptent la rencontre, ilschoisissent en général leur heure et leur emplacement.
Les patrouilles sont ce que nous avons trouvé rîe
mieux pour assurer la sécurité du pays. Certes elles ycontribuent, mais nous ne trouvons jamais rien. Un
exemple : l'auteur de cet article patrouillait en décem-
bre 1928 dans la région d'Oglet Berda, à une cinquan-taine de kilomètres au Sud d'Abadla, avec un pelotonde Légion Montée. Pendant que les animaux faisaient
l'abreuvoir, un djich de neuf piétons qui a\ ait quittéle Tafilalet avec les dissidents qui devaient, quelquesjours plus tard, opérer au Djebel Arlal, se repliait versla Hammada. Deux éclaireurs du m-ghzen Abadîa
tombèrent sur le djich et acueillis à coups de fusils ils
durent se replier au plus vite. Cette escarmouche se
passait vers 10 heures, à une dizaine de kilomètresdu point d'eau. Elle ne fut connue que 8 heures plustard, par le chef du détachement de Légion, quand le
Maghzen d'Abadla arriva sur les lieux où il ne savait
pas le rencontrer.
La poursuite entamée ne donna aucun résultat et
l'on pense qu'iï en aurait été de même au cas, où
prévenus plus tôt, nous n'aurions pas eu tant de retard.Les traces se perdent et la rencontre de deux mobilesdans le Sahara est toujours exceptionnelle.
On peut s'étonner, de ne pas entendre plus souvent
parler des faits d'armes des troupes du Sud Oranais.
Leur vie est un perpétuel jeu de cache-cache avec les
djiouch. La Compagnie Montée parcourt dans son
année, 3.000 kilomètres, le maghzen encore davantage.UN KSARDU GUIR
L'ARMEE D'AFRIQUE 255
ABREUVOIRDES SPAHISA SFAIA
Les Spahis et le groupe franc patrouillent aussi cons-tamment.
La sécurité des convois et des automobiles représentepour les troupes légères du Cercle de Colomb un groseffort. Pourtant il y a encore des surprises.
La solution déjà inélégante est donc aussi incomplè-te.
La préoccupation constante du Commandement estde l'améliorer. La réorganisation des forces supplétives,sans doute sur le modèle des Compagnies de Sahariens
de Bou Denib et d'Erfoud, l'activité déployéeà tous leséchelons pour équiper la région en voies de communi-cations qui augmenteront le champ d'action des autos-
mitrailleuses, sont susceptibles de lui faire faire de
grands progrès.
Néanmoins le rôle strictement défensif des troupesde l'Algérie ne leur permettra jamais de trouver la
solution définitive.
Aussi bien, savons-nous que le Maroc s'est réservé
de réduire par ses moyens politiques la dissidence du
Sud. Celle-ci disparue, la grande cause de l'insécuritéde la basse région du Guir cessera et notre effort mili-
taire, pourra prendre une forme plus appropriée au
milieu physique et au milieu humain.
Lieutenant Jacques JAUBERT.de lu CompagnieMontée du 1erRégiment Etranger.
SURLA PISTEMERIDJA.— BOUÎDENIBPRÈSD'OGLATEL HAMMAM
256 L'ARMEE D'AFRIQUE
Combat despetites
unités d'Infanterie
«Pour le groupe, la section et même lu compagnie,«il convientde j>lusen plus deprescrire des formations«impéraiives en nombre limité et d'exprimer leur cas«d'emploi en énonçant des règles et non des considéra-itlions tactiques que les exécutantsseraient tentés d'in-«lerpréter diversement.
«L'opinion qu'il n'y avait pas lieu:d'indiquer pour«te groupe de formations dé combat habituelles el d'en«donner des schémas, n'a. pas tenu devant lefait- que la
«plupart des groupes seront commandésà la mobilisa-«lion par des sergents dé réserve,a
(Avants-propos du règlement d'infanterie, 1° partiedu 1-3-1928K
Pénétrés -de l'importance primordiale du feu, miseen évidence par la dernière guerre et tenant compte dece que le nouveau texte était destiné aux gradés de l'ar-mée active, comme à;ceux de. l'armée de réserve, lesauteurs du règlement précité;, ont cherché à faire re-naître le chef de section, à, réaliser un meilleur âména-
gement de l'effectif des petites unités d'infanterie, dontles acteurs doivent avant tout, posséder une connais-sance et un emploi très précis de leurs armes, c'est-à-dire une instruction techniquedéveloppée.
Pour donner dans l'action son rendement optimum,cette instruction technique doit être transformée en ré-flexes rigoureusement précis, sûrs, simples et persis-tants.
Avant tout, il est indispensable de baser cette ins-truction sur une méthode ferme et liée à une «notion »conforme aux besoins primordiaux du combat moderne;cette notion doit être celle de l'effort collectif.
En effet, c'est dans les unités élémentaires surtout
que lesoutillages collectifs (du demi-groupe de fusiliers,de la pièce de mitrailleuse, de l'atelier de T. P. S., del'atelier téléphonique, du groupe et de là section, etc.) ;correspondant directement à des actions collectives
remplies par un personnel judicieusement choisi'etconduites par des chefs : chacun mettant son indi-vidualité au service de l'action collective et cherchantà remplir son rôle particulier avec virtuosité.
Depuis plusieurs mois, nous enseignons presque jour-nellement, les règles du nouveau texte du 1-3-1928,flrc partie) qui sont pratiquées sous nos yeux, il estvrai, par des recrues d'un caractère un peu particulierpuisqu'il est question de Sénégalais (ce n'est d'ailleurs
après tout qu'une simple question de patience de la
part des cadres) ; l'occasion nous a été ainsi donnée deréfléchir et de pouvoir formuler quelques remarquesqu'il est certes un peu osé, d'exposer à. la critique delecteurs avertis et de^censeurs qualifiés, en matièred'instruction <je]a troupe,
Si ces lecteurs ont, à notre égard, l'indulgence de
vouloiradmettre que l'officier de troupe quiburine cha-
que joui' sa recrue, avec l'outil, qu'il a reçu d'une com-
mission composée de membres éclairés, puisse être
autorisé à faire part des remarques que lui suggèrentune application attentive et mie pratique constante,
nous écrirons beaucoup plus volontiers les lignes quivont suivre parce qu'elles apparaîtront sous leur véri-
table forme, complément dépourvues de prétention.
A. — Quels sont, donc ces procédés tactiques nou-
veaux représentés par des formations et règles précisesconcernant le groupe, la section, la compagnie ?
il. — Comment vont-ils jouer et. se manifester au
combat ? .
C. —Quels services rendront-ils dans lesdifférentes
manifestations de là lutte moderne :- Combat offensif ;
Rupture d'un front fortifié ;Combat défensif ;'Combat en retraite ;Manoeuvre en retraite ;
et toutes les phases particulières de chacune de ces
formesde combat ?
Toutes considérations qui, dans le cadre d'un batail-
lon d'infanterie, vu sous l'aspect des différentes mis-
sions énoncées ci-dessus, nous conduiront à apprécier
simplement l'effet produit par les formations schéma-
tiques impératives nouvelles et à en déduire le bien
fondé. Nous ajouterons, en matière de.conclusion,quel-
ques considérations déjà exprimées par des chefs quifont école.
Tel est le but que nous nous sommes proposés d'at-
teindre.** *
Le Groupe
Le groupe n'est plus l'unité, élémentaire de ma-
noeuvre. II reste groupé, commandé par son chef.
Nous savons que le groupe se forme :
1° En colonne par un :•2° Par demi-groupes :3° En ligne.A partir de 300 mètres tout, le monde tire.
Le règlement de 1920 permettait au chef du groupede combat de manoeuvrer en deux équipes.
Cette manoeuvre pouvait être souvent fort,gênante,en masquant tout appui de feu venant de l'arrière.
Par ailleurs, les chefs de section et de compagnieétaient, malgré eux, dans l'obligation de subir les ini-
tiatives heureuses ou malheureuses du chef de groupe
placé tout à l'avant. C'est donc une très heureuse in-
novation d'avoir prescrit que la section était la plus
L'ARMEE D'AFRIQUE 25?
petite unité autorisée à paraître sur le champ debataille (1).
L'ancien groupe de 1920 était constitué en deux
équipes pour répondre à la double nécessité : lïôle de
feu ; Rôle de mouvement.
Le fusil-mitrailleur 1915 autour duquel gravitaienttous les efforts des combattants était l'arme automati-
que des petites distances jusqu'à 600 mètres.
Dans l'offensive le F.M. agissait droit devant, lui;dans la défensive, il comblait les lacunes des mitrail-leuses dans le barrage frontal.
Le F.M. 1924 a modifié cet emploi. Ses caractéris-
tiques sont définies dans ies articies 27, 28, 29, 30 et 31du règlement du 1-3-28, 2e partie. Grâce à -sa légèreté,à sa grande puissance, à sa précision, à la tension desa trajectoire, il est susceptible jusqu'à 1.200 mètres de
remplir toutes les missions de feu.
Grâce à son aptitude aux tirs repérés, due à son bi-
pied et à sa béquille, grâce à la rareté de ses enrayagesil peut :
1° Dans l'offensive sur des terrains favorables per-mettre l'extension du front d'attaque, le flanquêmenten marchant et pendant la progression (pour les petitesunités du moins), la permanence du feu (article 19,2e Partie du 1-3-28).
Le mouvement et le feu, en effet, doivent être étroi-tement liés dans la possibilité permanente de manoeu-vrer dans toutes les directions (voirarticle 179, figure 9,du règlement de manoeuvre, 2° partie du 1-3-28) etarticle 140.j
2° Dans la défensive,grâce à la sûreté de fonction-nement du F.M. 24, la mitrailleuse ne doit plus être
poussée obligatoirement vers les toutes premièreslignes, ce qui permet de la réserver, pour des missions
comportant des feux, très denses ou très lointains, par-dessus les troupes jusqu'à 3.500 mètres ou à traversles intervalles quand ils sont suffisants. (Articles *32,33, 34 el 154, règlement,1-3-28,2e partie).
Les formations du groupe de 1920, étaient à,peu prèsles mêmes que celles d'aujourd'hui, avec cette diffé-
rence, que sous la seule réserve de ne pas former des
lignes épaisses de tirailleurs, elles étaient laissées à l'i-nitiative du chef de groupe.
Aujourd'hui, le chef de groupe est étroitement liédans la section à des formations impératives. Ces for-mations ne visent, bien entendu, que des actions sim-
ples et peu nombreuses. Tous ces procédés tactiquesdes unités élémentaires semblent être, à notre avis,plutôt d'ordre technique.
(1)L'instructionprovisoiresur l'emploitactiquedesgrandesunitésn'a pas envisagéIn sectiondans les caractéristiquesdel'infanterie.
L'article14page24, s'exprimeainsi : «La celluleorganiquedel'infanterieestle groupedé combat,caractérisépar la pré-senced'unearme automatique.
Plusieursgroupesde combatformentunecompagnie,etc.
; La formation type la plus recommandée est celle du
groupe en colonne par un ; il faut toujours la prendre
: dans l'approche.; Le déploiement prématuré du groupe en ligne est à.
éviter car il est de nature à masquer le feu des' armes
; automatiques placées en arrière. Les voltigeurs parais-sent suffisamment occupés à guetter, surveiller, ob-
server, aider les pourvoyeurs.«L'instructeur poseenprincipe (article400, Impartie)
«que la colonnepar un, est le dispositif le moins visible«de loin et leplus facile à conduire. Dès l'écoledegroupe,«il convient de faire ressortir que l'ordre et la cohésion«des unités ont une importance primordiale. L'utilisa-«lion du terrain et lefeu de l'ennemi tendent sans cesse«« les détruire, les chefs doivent s'appliquer constam-«ment à lesrétablir. »
Le demi-groupe de fusiliers sert de base à l'exécution
des mouvements.
Le feu du fusil mitrailleur est le feu normal ; à moinsde 300 mètres de l'ennemi, employer le tir du F.M. enmarchant par rafales de 6 à 8 cartouches sans inter>
rompre la progression.A l'abordage, s'arrêter et tirer par boîtes-chàrgeuTs
entières ; ainsi le point mort (suivant l'expression al-
lemande), c'est-à-dire la distance à parcourir sans
l'appui de la base de feux, offre moins de dangers.
Ce point mort correspond en partie à la;zone de sé-
curité définie par l'article 67*de la 2e partie.«Dans la zonede sécurité, l'infanterie ne peut compter
«que sur ses propres moyens, mais sa tâche estfacilitée,«lorsquecettezonea étéSoumiseprécédemmentà l'action«de l'artillerie.
«Lorsque l'assaut est le dernier bond de l'attaque« (article420, 2e partie), le groupe,parvenu à proximité« de la résistance à enlever, s'efforcede,progresser d'une«façon continue, sous la protection dés feux du fuSil-« mitrailleur exécutés en marcliant, (lre partie, article« 265) et, du tir du grenadier V. B., ou tri, profitant« des tirs de grenades V.B., de la section (Irc partie,«.336, 2e partie 474).»
Le combat et le feu se préparent aux commande-
ments nouveaux «Dispositions de combat»; «En
batterie», auxquels le règlement (l,c partie) consacre
tin texte spécial : les dispositions sont prises, dès que la,
troupe peut avoir à tirer.
Eh résumé, dans l'approche, le groupe progresse en
colonne par un, à la place qui lui est fixée dans la sec-tion. Il effectue ainsi les bonds par groupe, par demi-.
groupe ou homme par homme. A 400 mètres de l'ad-
versaire, dès que l'assaut est. imminent, il se met en
ligne et atteint dans cette formation la limite de sé-
curité, où il prend la formation d'abordage.
Les schémas du règlement indiquent clairement les
diverses formes des dispositifs, et, le moment de les
prendre. La profondeur et la laTgeur des formationsdu groupe ne doivent pas dépasser 50 mètres.
Dans la défense, l'article III du chapitre 11dti titre
Vil (2e partie) explique en détail, avec l'appui des fi-
238 L'ARMEE D'AFRIQUE
gures 12et 13, la situation du combat du groupe qui estexclusivement un combatpar lefeu.
La Section
Le chef de section commande directement la section.La section est la plus petite unité de manoeuvre.
(lre partie, N° 270). Sa manoeuvre, se réduit à un dé-placement alterné de trois groupes, dans un dispositiflargement et profondément ouvert, dans le seul butd'assurer la continuité du mouvement et la permanen-ce du feu.
La section se forme en colonne par trois,Par groupes successifs,Par groupes accolés,En triangle (disposition de combat),Par groupes en échelons débordants.Les schémas sont clairs. Le front et la profondeur
ne doivent pas excéder 150 mètres.
Lé chef de section est le maître du feu de ses3 F. M.
Chaque groupe a une place indiquée dans la sectionet une formation déterminée suivant les distances quiCorrespondent aux tranches normales de l'action. C'estlà Une.heureuse innovation.
Il en résulte que les formations indiquées sont utili-sées jautomatiquement à des moments opportuns : ce
qui facilite le fonctionnement de l'échelon supérieur.
Chaque chef d'unité élémentaire a ainsi la certitudeque la formation de sa troupe, et l'action particulièrede celle-ci participent à la marche normale de l'action
générale. Cesactions partielles des unités élémentairesse prêtent un mutuel appui du feu, permettant d'ob-tenir la cohésion de l'ensemble. Ces règles sont préci-sées de façon très nette, dans le développement quifigure dans le texte de la 2e partie sur «le feu dansl'Offensive» (chapitre IV du titre IV) et aussi parl'article 460.
La section du règlement provisoire évoluait surtoutà l'initiative des chefs de groupe. Le chef de sectionavait un rôle effacé. Le grand inconvénient, était derendre incertaine la manoeuvre des unités élémentairesdu premier échelon, dans l'approche et là prise de con-tact.
Si le capitaine est responsable de la conduite ducombat de reconnaissance, il faut qu'il puisse conduiresa troupe vite et bien, pour cela qu'il puisse agir surses quatre chefs de section et, avoir l'assurance que savolonté ne sera pas déformée.
C'est pourquoi le règlement du 1-3-1928, a donnédes règles précises, en ce qui concerne la manoeuvrede la section, ce qui permet à son chef d'exécuter ins-tantanément, sans hésiter, ni improviser et surtout ce
qui serait parfois plus grave, de ne pas demeurer passif.Le chef de section doit s'efforcer de maintenir es-
pacés les deux groupes de tête, afin de pouvoir les faire >
flanquer par les feux de l'arme automatique du 3e <
groupe maintenu en arrière ; cette arme automatique | i
n'est autorisée à tirer que si elle se trouve à une dis-tance au plus égaleau doubledela largeur de l'intervalle
qui sépare les deux groupes de tête (2e partie, art. 27.)«La distanceet lesintervalles doiventêtre aussi grands
que possible ; leur détermination entre les groupes est«conditionnéepar lesfeux à produire et par le disposi-«tif des objectifsà battre (2epartie, article 457).
«Les formations d'attaque de la section ont pour but«essentiel de lui permettre de jJrogrèsseren développant«toute sa puissance de feu (2epartie, article 454) ».
Il faut éviter de déployer trop tôt la section, car lamanoeuvre deviendrait difficile.
Plus on approche de l'ennemi, plus les bonds de-viennent courts, plus le dispositif se resserre. On par-vient ainsi à distance d'assaut.
«L'appui que la base de feux fournit, à l'échelonde
«feu décroît, en général, au fur età mesuredelaprogres-«sion de ce dernier pour cesser à l'instant où aucune des«armes de la basedefeux ne peut plus tirer sans risques«pour la sécurité des combattants des groupes lesplus«avancés (2epartie, article 150).»
Au cas, où l'assaut constitue le dernier bond de l'at-
taque, il se donne suivant les règles énoncées aux ar-ticles 251, 420 et 468 du règlement, 2e partie. Il y a
presque toujours une distance à franchir sans l'appuide la base de feux, pour la protection du tir du F.M.
|en marchant, du lancement des V.B. et des grenades.Toutes les fois, que le terrain le permettra, il pourraêtre utile de rechercher s'il existe des emplacementsde flanc d'où on pourrait faire des tirs d'écharpe quiauraient pour effet de donner au fantassin une pro-tection supplémentaire pendant le franchissement de ladistance d'assaut.
En résumé, les dispositifs actuels d'approche et d'at-
;taque de la section largement étalés permettent auchef d'assurer dans la progression la permanence dufeu. La 2e partie du règlement qui vient de paraîtrecomplète les dispositifs indiqués dans la lrc partie parles figures 14, 15 et 16 (approche), 17, 18et 19 (défense)qui représentent les formations particulières à la sec-tion.
Dominé par le souci de l'action du feu, le chef de sec-tion se porte, de position de tir en position de tir, dansl'offensive en veillant à ce que le dispositif en lignene soit pris, que le plus tard possible.
Les engins d'accompagnementUn régiment d'infanterie dispose de 6 mortiers stoc-
kes de 81 mm. et de 3 canons de 37 mm.
Le mortier Stockes comprend une plate-forme de9 kg. 800, un affût trépied de 19 kilos et une boucheà feu de 19 kg. 800.
Le projectile pèse 3 kg. 200 chargé de 0 kg. 400d'explosif ; il est très efficace contre le personnel, dansun rayon de 20 mètres environ, autour du point'dechute. Très amélioré par l'ingénieur Brandt, le mortiera une précision parfaite ; à 1.000 mètres tous lés coups
L'ARMEE D'AFRIQUE 250
tirés sous le même angle, tombent dans un rectanglede 48 mètres de long sur 28 mètres de large ; avec laplus grande charge normale la portée maximum est de2.200 mètres. Chaque mortier dispose à côté de luid'un certain nombre de coups (environ 130 coups parmortier avec ceux de la voiturette) ; avec le train decombat, chaque mortier est approvisionné à 150 coups.Contrairement à une opinion assez répandue, le«Stockes» tirant l'obus F.A. 1924 a une précisionremarquable aux moyennes distances, puisque, avec lachargé 1 (tir tendu) l'écart probable en portée est de10m. à 800mètres, de 12m. à 1.000 mètres et de 14m.à 1.200 mètres, l'écart probable en direction étantd'autre part très faible (2 mètres à 1.000 mètres partemps calme).
Les trajectoires du tir tendu ont une courbure suf-fisante pour permettre d'atteindre les objectifs défilés,de fouiller les vallonnements, etc. Quand la pièce estplacée immédiatement en arrière d'un masque, le tirvertical s'impose.
Le projectile F. A. 1924est d'une puissance presqueéquivalente à cellede l'obus de 75 (650grammes d'ex-plosif au lieu de 775). En tir vertical aux portéesmoyennes correspondant à des angles de tir de 70 à75 degrés (800 à 1.200 m.) le champ de tir horizontalatteint jusqu'à 1.200 millièmes, d'où la possibilité debattre de grands fronts en un temps très court et d'ap-porter instantanément à l'infanterie Unappui efficaceen cas d'attaque imprévue, coup-de-main, etc..
L'ensemble de ces propriétés fait du Stockes tirantl'obus F.A. 1924 un engin précieux ; dans l'offensive,pour détruire ou neutraliser un nid de résistance, mêmedéfilé en capoiihière, à toutes les distances inférieuresà 1.800 mètres ; dans la défensive,pour briser une at-taque soudaine ou localisée, toutes les fois que l'infan-terie est réduite à ses seuls moyens.
Le canon de 37 mm. tire un projectile en acier de0 kg. 555 dont 0 kg. 030 d'explosif, etj un projectile enfonte de 0 kg. 455, dont 0 kg. 022 de poudre noire F. 3 ;sa portée est limitée pratiquement à environ 2.000 m.Il dispose près de lui et à l'échelon de 192coups et enpossède autant au train (soit près de 400 coups).
Il est destiné à faire du tir tendu, du tir d'embrasure.Il n'est pas pourvu d'un projectile perforant pour tircontre chars d'assaut. La vitesse initiale est d'ailleurstrop faible, pour que son action sur les blindages deschars, puisse être réellement efficace.
Maintenus dans la main du chef de bataillon, si lecolonel lui en donne comme moyens supplémentaires,les engins d'accompagnement permettent dans beau-coup de cas, de réduire les résistances, qui gênent l'a-vance des premiers échelons.
On cherche, de plus en plus, à réaliser des enginsd'accompagnement légers, et à- tir courbe, car lesnôtres, sont encore actuellement un peu difficiles àmouvoir dans la zone la plus avancée des groupes decombat d'infanterie, où, le* fantassins sont obligés deramper pour progresser.
La Compagniee, Les formations de combat de la compagnie dérivent
de la colonne par 3, de.la ligne de sections par 3, de lacolonne double plus ou moins ouverte.e ^
.. La compagnie peut être formée par :
e Sections successives ;i Sections accolées ;i En colonne double ;î En triangle ;
En trapèze,t En losange ;r . En quinconce ;
En échelons débordants.
Voir figures 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, du règje-, ment du 1-3-1928 (lre partie).
Le front normal est de 300à 400 mètres.Il était désirable que les commandants de compa-
gnie, pussent trouver dans le règlement, toutes lesindications nécessaires, à la conduite du combat, tantoffensif que défensif.La 2e partie dû règlement comble!toutes les lacunes. Les chefs des petites unités, pom>ront y trouver clairement exposé dans des chapitresbien ordonnés, tout ce qui leur est nécessaire, pourIconduire leur troupe.
Les ligures 1, 2et 3de la page 62, à l'appui des arti-cles 144 (échelon de feu), 145 (plénitude du feu), 146,147, 148et 149 (manoeuvrédu feu) et les figurés 20, 21et 22 (2epartie) complètent eh ce qui concerne la com-
pagnie, les figures énoncées plus haut dé la lre partie.Il est particulièrement précisé dans l'article 148
(2epartie) que lés fusils-mitrailleurs et les mitrailleuses;en retrait, ne doiventexécuter desfeux qu'avec la cer-titude de ne pas gêner dans leur progression lés groupesles plus avancés (n°«27 et 32).
Les dispositifs impératifs des unités élémentaires(groupe, section) facilitent considérablement le rôledu chef de compagnie, quelle que soit sa mission «FéU
qui marche — Feu qui âraête» ; il faut qu'il ait, la
possibilité d'agir par les intervalles, tout au moins deson échelon de feu, pour manoeuvrer lé feu de façonpermanente (2e partie, article 508).
«La compagnieest la pius forte unité, ne comprenant«que des éléments dotésd'un armementuniforme, ayant«les mêmes possibilités techniques, et, le même mode«d'emploi du combat(2epartie, article 20). »
Les formations schématiques facilitent la manoeuvredu feu, désirable, poiu- l'échelon de feu de la compa-gnie. Elles évitent les fantaisies à graves conséquencesde subordonnés perdant leur sang froid dans la batail-
le, disparaissant ou tentés d'agir à leur guise. Ellesont l'avantage de créer d'office des couloirs de feuxentre les unités qui avancent, ou qui. s'enibneent dansle soi, couloirs qui permettent seuls avec les tirs pardessus les troupes d'assurer l'inviolabilité du front.
Au combat, il faut coûte que coûte, amener en face
de l'ennemi, et au plus près de lui, un dispositif de feu
plus efficace que le sien.
260 L'ARMEE D'AFRIQUE
Comment est-ce possible ?
A l'échelon compagnie, on y parvient en se confor-
mant au règlement, avec un échelonde feu bien dosé,bien étalé, très manoeuvrable, permettant le tir par les
intervalles, et, aidé par la mitrailleuse, qui restée tou-
jours l'arme la plus puissante, exécute suivant les pos-sibilités, des tirs lointains par-dessus les troupes amies,
exceptionnellement, dans les intervalles. Elle a la-
possibilité, sur des terrains convenablement inclinés,en se défilant et en tirant à.longue portée, de battre des
zonesconsidérables, et, d'y obtenir de sérieux effets derasance.
En résumé, les commandants de compagnie de F. V.
qui-ont à accomplir une mission d'approche ou d'at-
taque, pourront à l'avenir, se préparer facilement à
remplir cette mission, à l'aide des prescriptions du
nouveau règlement (lre et 2e parties), savoir :
Bien doser l'échelon de feu, donner aux chefs de sec-tion des points de direction, et, les gisements de direc-
tion, les formations h utiliser, pour que le feti soit le
plus longtemps possible manoeuvrable et comptantsur l'appui efficace des mitrailleuses, ils pourrontporter sans grande perte le plus près possible de l'en-
nemi, leur échelon d'assaut.
Leur premier devoir, est de maintenir leurs unités
largement articulées, et, d'organiser le feu.
Les schémas pour les petites unités
«Le moded'action del'infanterie est, en cegui concerne«la compagnie et les unités inférieures, indépendant de«la phase dans laquelleellessont,appelées àjowr un rôle«el de l'allure que le commandement supérieur désire«voirprendre à la bataille.
«.Ces unités n'ont jamais à nuancer l'ardeur de leur«attaque ou la ténacité de leur défense. Pourvues d'une«mission offensiveou défensive,elles doivent, à, l'exécu-«lion decettemission, la.totalitéde leur énergieet de leurs«moyens(article 12, 2epartie).
«En descendantles échelonsde la hiérarchie, lesordres«laissent aux exécutants une initiative de plus en plus«restreinte, pour arriver à être,dans legroupe, desimples«commandements(article 118, 2° partie).»
On a accusé lesschémas d'empêcher les chefs des uni-tés élémentaires de réfléchir et de faire acte d'initiative.
Il faut bien convenir que pour les chefs de groupe, desection et de compagnie, les actions du combat se res-sembleront à peu près toutes dans la plupart des cas,savoir : amener son feu près de l'ennemi, sans perte eten le manoeuvrant ; il reste donc encore assez d'initia-,tive à employer pour prendre le schéma qui convient,pour saisir et exploiter toutes les occasions qui se
présentent au cours de la progiession, de l'attaque oude la défense. Les unités élémentaires auront toujoursà combattre à peu près de la même façon. Le schémadeviendra un réflexe. Les actions du combat y gagne-ront en spontanéité. Il y aura toujours à accomplirdes actes instantanés, au signal,'au coup de sifflet, au
geste. Le mieux consiste à tout faire pour éviter deshésitations et. pour cela, il n'y a pas mille façons de
placer les groupes dans la section, les sections dans la
compagnie pour obtenir subitement, sans déplacementde personne], le déclanchement automatique du feu detoutes les armes sur les objectifs pouvant apparaîtreen toutes .directions : ce qui s'appelle «Manoeuvrer lefeu.»
Les schémas simples étaient donc indispensablespour le groupe, la section et la compagnie. Ils se trou-vent parfaitement réalisés dans les deux parties du rè-
glement du 1-3-28.(Instruction technique et combat).
Nous renvoyons les lecteurs désireux d'étudier plusen détail cette question aux remarquables développe-ments insérés dans la Revue d'Infanterie d'octobre et,novembre 1928et dûs à une plume autrement autorisée
(lue la nôtre, celle de Monsieur le Général Bàrbeyriic deSaint-Maurice.
Les schémas faciliteront la tâche des instructeurs et
celledes conducteurs des petites unités au feu.
Ceux qui existent aux pages 152 et 153, figures 31,32, 33, 34, 35, 36 et 37 de la lle partie du 1-3-28 sonttrès nets.
11n'a pas paru utile d'y adjoindre l'action des mi-trailleuses. Cela se conçoit. Avec le F.M. 24, ce n'est
que très exceptionnellementqu'il sera nécessaire de
pousser les mitrailleuses vers l'avant. Dans la maindu chef de bataillon, celles-ciseront plus fréquemmentque par le passé, employées en groupement avec desmissions de tirs massifs à longue portée, généralementpar dessus les troupes amies.
L'Infanterie sera souvent amenée à s'appuyer elle-même et pour utiliser rationnellement son armement,elle sera conduite, à appliquer sur les objectifs rap-prochés d'elle le tir de ses F.M. 24, très efficace aux
petites et, moyennes distances et qui jusqu'à 1.200mètres viendra compléter celui de l'artillerie de l'appuidirect, à appliquer sur les objectifs plus lointains le tirde ses mitrailleuses et de ses engins d'accompagnementpréalablement installés sur une basedefeux bien choisie
de manière à permettre le tir par-dessus l'échelon defeu et obliquement par rapport à la direction de l'at-
taque pour bénéficier des tirs d'échurpe. C'est, ainsi
que le feu des mitrailleuses et des engins d'accompagne-ment compléteront l'action du groupement d'action
d'ensemble.
En somme, par analogie avec ce qui se passe pourl'artillerie, l'infanterie en arrive en quelque sorte à or-
ganiser deux échelons de feux :— Le premier (F.M.) plaqué sur les objectifs rap-
prochés (appui direct) :— Le second (mitrailleuses et engins) ajusté sur les
objectifs plus lointains (action d'ensemble). Ceci bienentendu dans l'offensive.
Nous émettons néanmoins le désir que quelques fi-
gures bien dessinées viennent représenter cette combi-naison de la base de feux de même que nous pouvionsconsulter dans Je règlement du 1-2-1920,2e partie, in
L'ARMEE D'AFRIQUE 261
fine, 2 schémas d'approche couverte et non couverte etun schéma représentant la formation de combat dubataillon encadré.
Le moment représenté par le croquis demandé pour-rait être celui qui précède l'assaut.
Le bataillon
Examinons maintenant le bataillon.
Le règlement du 1-2-1920a, semble-t-il, eu le tort delaisser croire que le combat pour les petites unitésd'infanterie (lesquelles engagent le chef de bataillon)était affaire de chef de groupe. Il s'en est suivi demauvais réflexes avec lesquels il faut rapidementrompre à la faveur du règlement de 1928. 11importedonc, que dans une prise de contact, lorsque les capi-taines qui commandent les compagnies de 1eréchelon,mènent le combat de reconnaissance, ils ne soient pasdans l'obligation d'endosser des initiatives malhabilesde chefs de groupe inexpérimentés ou improvisés.Il faut éviter tout désordre. Le bataillon doit marcherà l'ennemi en exécutant des bonds avec ordre. L'ob-servation, les transmissions, le ravitaillement, doiventêtre organisés comme les feux.
Le chef de bataillon, a toujours des questions defeux à résoudre. Le commandant de bataillon dans
l'attaque comme dans la défense, doit, avant tout, or-
ganiser son dispositif, mettre chaque arme en situa-tion d'agir suivant ses propriétés particulières, afinde tirer parti de l'avantage que les progrès de l'arme-ment procurent à l'infanterie.
C'est, avec son deuxième échelon, constitué par saréserve de F. M., ses mitrailleuses et les engins que lecommandant de bataillon réalise là manoeuvre du feu.
C'est avant tout grâce au feu que le bataillon pro-gresse: c'est avant tout par le feu que le bataillonarrête une attaque.
Quand le feu est bien organisé dans le quinconceoffensif, si un arrêt s'impose, le quinconce défensifse trouve de suite eu garde et en mesure de tenir.
La physionomie du combat du bataillon était bien
dépeinte dans ie règlement du 1-2-20,(2« partie), maisil fallait fouiller un peu partout pour trouver les di-rectives qui permettaient d'établir un plan de combatde bataillon, comme celui donné par l'exemple sui-vant :
Plan de combat du bataillon
1erActe. — ApprocheBataillon organisé, dirigé, exécute des bonds
de plus en plus courts au fur et. à mesure qu'on se
rapproche de l'ennemi—II marche en garde, les
groupes en colonne par un, la D. C. A. étant assurée.
2eActe. — Attaque : action d'ensemble
i.'ennemi se révèle (arrêté ou en marche lui-même).Coups de feu reçus par patrouilles. (R.M. 1920.art.75).
Renseignements des observateurs de section et du
poste d'observation.
Organisation et manoeuvre du feu. — Combat dereconnaissance. Fractions du 1er échelon prennentcomme objectif les points du terrain d'où partent lesfeux (R. M. 75. 1920). Recherche des fissures. Infil-tration ininterrompue jusqu'à ce que la ligne se moule
contre la résistance continue, (feux ennemis croisés et
liés.)Renseignements au chef de bataillon (R. M. 76 et191 (1920).)
S"Acte.— (Chefde bataillon)
A. — Détermination du point où il fera effort.Sens et densité de cet effort ; manoeuvre du feu. Choixde l'emplacement de la base de mitrailleuses. F. M.
réservés. Engins. Appel à l'artilleur pour neutraliser
l'objectif.— Signaux convenus pour l'assaut. Coordina-tion de l'action de feu pour porter les voltigeurs à
l'abordage — ligne à ne pas dépasser. Signal de l'as-saut (192).
B. — Abordage. Tir du F. M. en marchant (arti-cle'281, 1920). Organisation du terrain, flanquement.(R. M. 71).
Le système de feux commande le dispositif.«Le bataillon est une unité de combat complète,
«réunissant tous les moyens nécessairespour mener un«combat d'infanterie, manoeuvrer et durer dans la zone«d'action qui lui estattribuée (article21, 2e partie 1928).
«Le règlement du. 1-3-1928 (lre partie) dans son«avant-propos introduit heureusement l'expression de«la base de feux dorénavant consacrée :
«A cet égard, (dit l'avant-propos) la constitution«d'une base de feux dans l'offensive, dont l'idée n'était«qu'ébauchée dans le règlement de 1920, est désormais
«présentée comme le procédé normal de combat du«Bataillon. »
La 2e partie du règlement de 1928 dans les articles
150 et 561 donne avec précision la définition de cettebasedefeux, fait ressortir la double nécessité à laquelleelle répond :
A.—Faciliter et ouvrir la voie à l'échelon de feu
en cirant par dessus ou à travers les intervalles ;
b. — Constituer l'élément fixe en avant duquel se
déroulera le combat.
Elle permet ainsi d'établir facilement le plan decombat du bataillon en envisageant, dans un ordre
parfaitement logique, les actes successifs, dans les
articles 545 à 504.
La tâche du eommandant de bataillon est considé-
rablement facilitée par un plan de combat détaillé.
Il convient d'ajouter que les deux mémentos (ordred'attaque) 635—(ordre de défense) 636, servirontde guide aux commandants subordonnés à celui de
régiment pour l'établissement des ordres et notamment
au chef de bataillon qui précisera l'utilisation des mi-
trailleuses et engins ainsi que les mouvements ulté-
rieurs des éléments établis sur la Base de feux.
3° Dans la défensive : quatre casprincipaux ; terrain
plat ; en crête ; en contre pente ; en avant d'une crête.
On recherchera surtout, à placer très en profondeurles armes automatiques, dont les feux viendront se
262 L'ARMEE D'AFRIQUE
conjuguer sur la lisière extérieure de la position défen-
due, pour y constituer de concert avec l'obstacle, le
barrage frontal infranchissable.
Le bataillon dans la défensive, peut avoir aussi, en
couverture, à défendre un front étendu (3 à 4 kilo-
mètres). Cela pour répondre, non pas à une mission derésistance à outrance, mais pour retarder l'ennemi encréant devant lui un rideau de feu. Il faut alors, etc'est là l'originalité du système, que le barrage soitcontinu avec une occupation du terrain discontinue.Le système, repose uniquement sur le tir repéré car lesréserves n'existent pas, doncpoint de manoeuvre active.De plus le commandement du bataillon est impossible.Ce dispositif a réussi aux Allemands le 18juillet 1918entre l'Ourq et le Rû d'Allant ; quelques mitrailleuses
placées de 2.000 à 2.500 ont gêné l'avance des divi-sions françaises sur le plateau de Neûilly-St-Front,perpendiculaire au front d'attaque. Il est vrai que lesmitrailleuses allemandes étaient des mitrailleuseslourdes. Par ailleurs le 27 mai 1918(deux mois aupara-vant) au Chemin des Dames, 3 divisions (dont une
Anglaise) et des meilleures, tenaient chacune un frontde 14 kilomètres. Chaque bataillon avait un.front de3 km. 500. On avait renforcé la défense avec des mi-
trailleuses de secteur.
En 4 heures, tout fut balayé, parce que l'Allemandavait réussi à s'infiltrer et à faire sauter les mitrail-leuses. 11s'est avancé ainsi à l'allure de 30 kilomètres
par jour, sur la Marne.
La conception des rideaux de feux né revêt donc
pas le caractère d'une méthode générale de combat
défènsif ; elle représente un procédé dont l'applica-tion dans certains cas particuliers pourra être féconde.
** *
Conclusions
Les règlements nouveaux tiennent compte naturel-lement de l'expérience de la guerre et des possibilités
d'ajmlication. Les effectifs disponibles sont à considé-rer. Les services et les armes nouvelles exigent beau-
coup de personnel. 11 faut pourtant conserver uneinfanterie suffisante.
Le 21 aATil 1918 le général Foch prononçait les
paroles suivantes : «Au point où nous en sommes, c'estde l'infanterie que nous avons besoin..... Dans la crise«que traversent actuellement les armées alliées, ce«sont des effectifs qu'il nous faut'.
Le 12juillet 1918,le général Pétain écrivait : «L'in-«fanterie doit être persuadée qu'elle est dotée d'un«armement qui lui permet d'exploiter ses premiers«succès et de poursuivre sa progression, en réduisant«les résistances locales par ses propres moyens, sans
«appui de l'artillerie ?»
De son côté le maréchal Hindenburg, disait : «La«flotte aérienne, jouera sans doute un grand rôle«dans les combats de demain, mais l'infanterie restera
«toujours la reine des batailles; les aéroplanes, ne«pourront jamais tenir une ligne stratégique-La cavale-«rie se transformera en une sorte d'infanterie à cheval,«mais, je le répète, c'est l'infanterie qui décidera, com-«me par le passé, du sort de la guerre. »
Le règlement d'infanterie de 1928 s'exprime ainsi :«Par ses qualités, par l'étendue de sa tâche, rude mais«glorieuse entre toutes, l'Infanterie demeure,plus que«januiis, la Reine des batailles et la basedes combinai-«sons de commcmdemant» (article 16).
Si nous rapportons ces citations, c'est afin de bienmettre un évidence, le devoir qui nous incombe, d'in-
culquer à notre troupe la notion de l'effort collectif,de faire de nos compagnies des usines defeux, bien or-
ganisées et articulées et dans lesquelles chacun rempli-ra son rôle particulier avec toutes ses aptitudes et toutson coeur.
Commandant SAURY.Avril 1929.
L'ARMEE D'AFRIQUE 268
264 L'ARMEE D'AFRIQUE
Lesmoyens
de défense anti-aériens de l'Infanterie
Dès le début de la Guerre, l'aviation a pris, pour les
troupes de terre, une importance considérable. Audébut les avions n'étaient pas spécialisés. Us remplis-saient des missions très diverses. Peu à peu la spécia-lisation s'est établie en même temps que les escadrillesse multipliaient, et l'efficacité île l'aviation s'est accruedans d'immenses proportions.
L'aviation agit contre l'infanterie de deux façons :
1° Par la vue ;2° Par le bombardement.
1° L'avion est un merveilleux engin de reconnaissan-ce. Il surveille les mouvements de l'infanterie ennemie,ses rassemblements, ses cheminements. Il avertit sa
propre infanterie qui tombe en garde. Il règle les tirsde son artillerie. Le fantassin si bien défilé qu'il soit,est vu par l'observateur qui passe à son zénith. Il estaussitôt signalé et les coups de l'artillerie guidés parl'impitoyable dénonciateur, traquent de couvert encouvert, de trous d'obus en entonnoirs le malheureuxfantassin.
2° Engin de bombardement, l'avion est beaucoupmoins efficace, matériellement du moins,car lebombar-dement aérien a un effet moral incontestable.
Comment l'infanterie peut-elle se défendre contre cetadversaire ?
L'avion qui vole Imut est absolument invulnérableaux balles de l'infanterie. En revanche il,ne peut pastout voir si l'infanterie est dressée à se dissimuler.
L'avion qui vole très bas voit tout et est redoutable
par son action contre les troupes de terre, mais il esttrès vulnérable à l'Infanterie. Les moyens de défensede l'Infanterie varient donc suivant qu'elle a affaireà des avions volant haut ou bas.
Dans le premier cas l'infanterie n'a qu'un recours :se dissimuler. Dans le deuxième caselle doit écarter parla force l'avion ennemi.
1™PARTIE
DÉFENSE DE L'INFANTERIE CONTRE LESAVIONS VOLANT HAUT
Les avions volant haut (au-dessus de 2.000 mètres)sont des avions d'observation ou des avions de bom-bardement. Leur efficacité dépend d'un facteur essen-tiel : la vue. S'ils ne voient rien, ils ne peuvent rien.Contre les uns et les autres l'Infanterie a donc un mo-
yen de défense primordial : l'invisibilité : Il y en a unautre mais d'efficacité restreinte et pas toujoursapplicable : l'abri.
L'Infanterie doit avant tout chercher à se rendreinvisible. L'ensemble des mesures que prend une troupepour se défiler aux vues de l'aviation ennemie, a reçule nom général de camouflage.
On distingue deux espèces de camouflage ; I
Le camouflage naturel ;Le camouflageartificiel.
A. — Camouflage naturel
Le camouflage naturel comporte des mesures prises
pour assurer l'invisibilité de la troupe en se servant
uniquement des moyens que la nature met à sa dispo-sition (incidents de la topographie, nuit, brouillard, etc.)Le camouflage naturel est très souvent le seul qui soit
à notre disposition. C'est le seul en particulier qui puis-se dissimuler Jes mouvements et les stationnementsd'effectifs importants.
Troupes en mouvement. — Il est particulièrementdifficile de dissimuler des déplacementsde troupe. Une
colonne sur route est visible pour un avion de haut et
de loin. Comment défiler les colonnes d'Infanterie aux
vues de l'ennemi '?
La. plupart du temps, si le commandement a les
loisirs nécessaires,lesdéplacements se ferontpar marchesde nuit. Au cours de la dernière guerre des mouvementsde grande envergure, ont ainsi échappé aux vues de
l'aviatiqn. (Par exemple la concentration des arméesallemandes entre l'Oise et la Scarpe avant la bataille
du 21 mars 1918 et le rassemblement franco-anglaisentre l'Oise et la Somme avant la bataille du 8 août
1918). Les précautions employées sont celles qui sont
de rigueur lors des marches de nuit à proximité de
l'ennemi (en particulier, extinction de toute lumière).Les marches de jour sont beaucoup plus délicates,
à moins que le temps ne soit couvert ou pluvieux. Si le
ciel est clair, l'avion peut prendre des clichés à haute
altitude. Il y a alors des précautions à prendre quandun aviateur aperçoit une troupe sur route, ce qui le
frappe, c'est la masse se détachant sur le sol en couleur
sombre, ses mouvements, l'ombre projetée par leshom-
mes.
Au risque de causer à l'infanterie des fatigues sup-
plémentaires il faut s'efforcer d'éviter ces causes de
visibilité. Dès qu'un avion ennemi est signalé, la-
troupe quitte la chaussée pour marcher sur les lias-
côtés. Au besoin elle s'arrête sur place, si possible à
l'ombre d'un couvert.
Afin de dissimuler la longueur des ombres portéeshommes et animaux descendent dans les fossés, les
hommes s'agenouillent. La marche reprend lorsquel'avion s'est éloigné. Par temps très clair permettantla photographie aux très hautes attitudes, il faut se
résigner h marcher systématiquement hors de la chaus-
sée.
En dehors des routes, l'unité d'infanterie est frac-
tionnée en petites colonnes avançant par des chemi-
nements couverts.La tactique de marche de l'infanterie a, commevous
le voyez, tout-à-fait changé, et ce n'est pas dans le sens
de l'amélioration du bien-être du fantassin.
L'ARMEE D'AFRIQUE 265
Celui-ci, il est vrai, se déplacera souvent en camion^'Cette fois la visibilité du convoi est, de jour, énormeet il n'y a pas grand chose à y faire. Les déplacementsdu convoi de camions se font avantageusement la
nuit, tout éclairage étant naturellement proscrit.Je n'ai pas à parler du camouflagedu cheminde fer.
Le chemin de fer ne dévoile la qualité de sa marchandi-se qu'à l'embarquement et au débarquement.Les deux
•opérations doivent être entourées de soins particuliers.L'embarquement se fera par petits groupes soigneuse-ment fractionnés sous des couverts proches du lieu
d'embarquement. En cas d'apparition d'un avion en-
nemi, les opérations d'embarquement et de débarque-ment sont aussitôt suspendues. On voit les difficultés
qui résultent de ces mesures, d'autant qu'il est néces-saire que la durée des opérations d'embarquement etde débarquement ne soit pas augmentée.
Troupes en station. — L'infanterie en station se
dissimule assez facilement à condition qu'elle soit dis-
ciplinée.Au cantonnement, le matériel est mis à l'abri sous
«deshangars ou dans les maisons disponibles. La troupereste dans les locaux qui lui ont été assignés et il lui escinterdit d'en sortir lé jour. La nuit, aucune lumièren'est allumée. Au bivouac la troupe prend les forma-tions réglementaires, mais les intervalles et les distan-tes sont augmentées. Les cuisines sont dissimulées.•Ons'efforce de dissimuler les bivouacs dans les forêts,
3bois,vergers.
B. — Camouflage artificiel
Le camouflage artificiel est l'ensemble des mesures
prises pour dissimuler la troupe à l'aide d'un matériel
préparé à l'avance ou improvisé sur place. Pour l'In-
fanterie, le camouflage artificiel est essentiellementune manoeuvre du champ de bataille.
Le but recherché est la dissimulation des organisa-tions du champ de bataille (abris, communications,organes de flanquement et de commandement) desorte que ces organisations ne puissent être repéréespar les avions. Pour obtenir cette dissimulation on
-emploie du matériel spécialement amené à pied d'oeu-vre. Mais il le faut employer judicieusement et évitertoute imprudence susceptible de nuire à son efficacité.
Le matériel le plus souvent employé est la natte de
raphia de dimensions variables artistcment peinturlu-rée aux couleurs du .fond environnant. Il est d'ailleurs
possible de trouver dans la nature elle-même le maté-riel nécessaire : mottes de gazon pour revêtir les para-pets, amoncellements dans les réseaux de fils de fer.Il est indispensable d'entretenir la fraîcheur du camou-
flage.Le meilleur camouflage n'a, d'ailleurs de valeur que
si une sévère discipline le préserve des imprudences dela vie journalière. Un abri bien camouflé est dénoncépar les pistes qui aboutissent à son entrée ; un P. C.
,est dénoncé par les fils téléphoniques et les pistes con-
vergeant vers lui. Un abri camouflé après son exécutionest déjà photographié c'est trop tard !
Ainsi deux principes doivent présider à tout camou-
flage :
1° Le camouflage doit être préventif; 2° Une ri-
goureuse discipline est nécessaire.
C*.— Abri
Il y a avantage à abriter la troupe contre lesbombar-dements aériens toutes les fois que c'est possible. Sur lefront même, les abris contre l'artillerie sont très
efficaces, la pénétration des bombes d'avions étantbien moindre que celle des projectiles d'artillerie. A
l'arrière, dans tout cantonnement, la mise à l'abri des
troupes sera organisé. Les caves seront aménagées àcondition qu'elles puissent être rendues étanches et
pourvues de plusieurs entrées, sinon elles risquent deformer des souricières. Les troupes au bivouac ne sont
abritées'que par la dispersion de leur dispositif.
2« PARTIE
DÉFENSE DE L'INFANTERIE CONTRE LESAVIONS VOLANT BAS
Dès le milieu de la guerre, les avions se sont mis à
attaquer directement lés troupes à terre agissant soit
par la mitrailleuse, soit par la bombe. Peu efficace au
début, cette action avait pourtant une influencemoralesérieuse sur l'infanterie trop souvent épuisée. A la finde là guerre l'aviation est intervenue par grandes mas-ses. La division aérienne, constituée avec des appareilsde bombardement de jour et de chasse, a joué un rôle
important dans les batailles de 1918. Il y a moins de4 ans nos escadrilles du Maroc se sont de leur côté
jetées dans la bataille aux basses altitudes.
Contre ces avions, l'infanterie ne peut guère secamoufler. .Peu de détails échappent à l'avion qui voleà moins de 1.000 mètres de hauteur. En outre, le drameest vite joué, deux minutes au plus. L'infanterie n'a
pas le temps de se dissimuler. Par contre*l'avion està bonne portée. Il est possible de l'abattre ou de l'é-carter par un tir ajusté.
Etude théorique du tir contre avions
Le tir antiaérien est caractérisé par :
1° L'extrême mobilité de l'objectif dans toutes lesdimensions de l'espace ;
2° l'absence complète de tout point de repère.
1° Pour atteindre un objectif extrêmement mobile,nous devons faire appel à une notion nouvelle en balis-
tique, mais très connue de tous dans la pratique d'un
sport connu : la chasse. C'est la notion de Correction-But.
Quand un perdreau débouche d'un buisson et s'en-fuit dans une direction sensiblement perpendiculaireà celle du tireur, que fait celui-ci ? Il vise, non le per-dreau, mais un point de l'espace sensiblement en avantde celui-ci. C'est là qu'il envoie la gerbe de plomb dans
laquelle vient passer l'oiseau. Pourquoi d'instinct;le chasseur agit-il ainsi ?
C'est que la gerbe de feu qu'il lance n'estpas trunsr
portée instantanément de la bouche du fusil à l'objectif.
26« L'ARMEE D'AFRIQUE
Quel que soit le temps très court mis par le plomb à
atteindre l'objectif, l'oiseau a pu se déplacer.
Soit une mitrailleuse M devant laquelle défile unavion A.
A quelle distance en avant de A doit tirer la mitrail-leuse M pour que son projectile atteigne A. Supposonsle problème résolu et soit le point A' où la balle at-teint l'avion. Pour que la balle et l'avion se rencon-trent en A', il faut que l'avion ait effectué son tra-
jet A A' pendant le temps que le projectile effec-tuait le trajet M. A'.
Les calculs nous démontrent que :
La distance du point visé à l'avion estégaleau produitde la vitesse de l'avion par la durée du trajet de la balle.Cette distance c'est la correction-but. En fait nous nenous préoccuperons pas de la distance. Ce qui nous
importe, c'est l'angle que devra faire le canon de la.
pièce avec la direction pièce-avion. C'est la correction
angulaire..Facteurs du tir anti-aérien
J'ai un peu insisté sur ces préliminaires, car ils
vont mettre en évidence les facteurs du tir anti-aérien,c'est-à-dire les données du problème technique à résou-dre. Or des instruments ont été inventés pour satis-faire à les•besoins. Il nous faut donc en déterminer
l'origine.De la formule énoncée ci-dessus nous déduisons que
notre étude doit porter sur :
l'appréciation dé la vitesse de l'avion.le calcul de la durée de trajet du projectile.
La vitesse dé l'avion est très variable. Les avionsmilitaires modernes aptes à prendre part à la batailleaux faibles altitudes ont des vitesses variant de 150kil.à 240 kil. à l'heure. D'autre part la vitesse, la directiondu vent, le fait que l'avion monte ou descend, augmen-tent encore ces écarts de vitesse. Cette vitesse ne peutêtre mesurée directement qu'à l'aide de méthodes assez
compliquées qui supposent là distance de l'avion connue*Le calcul de la vitesse est donc très incertain.
La durée du trajet du projectile dépendessentiellementde la distance de l'avion. Or cette distance est difficileà évaluer à l'oeil en raison de l'absence de points de
repère. On ne peut la connaître tissez exactement quepar le télémètre. Mais l'extrême vitesse des avionsrend les télémètres d'infanterie inutilisables. Il fautrecourir à des appareils de grandes dimensions : télé-mètres bistatiques ou télémètres monostatiques à
grande base. La dimension de ces appareils est prohi-bitive à l'infanterie. A titre d'exemple, les télémètresles plus récents de l'armée américaine pour le tir anti-aérien ont une longueur de 6 mètres.
Le site de l'avion n'a qu'une influence négligeablesur la durée du trajet (de l'ordre du 1/1000de seconde).De même l'influence du vent a en l'espèce peu de valeur,
II 0 Mais il ne suffit pas de tirer à une distance tellede l'avion que la formule d =vt soit appliquée. Il fautque l'avion passe exactement dans la trajectoire. Nous
avons donc à tenir compte de la direction de marche del'avion et des élémentsqui modifient la forme de la tra-
jectoire de la balle.
Les bons chasseurs savent qu'il y a des oiseaux diffi-ciles à tirer, qui font de brusques crochets, mettant endéfaut l'instinct du tireur. L'avion est un oiseau intel-
ligent puisque mû par un cerveau humain. Il connaîtles dangers qui le menacent et il multiplie les crochets,
pour dérouter le tireur ennemi.
Que va-t-il se passer durant le temps T nécessaire-
pour que le projectile quitte la mitrailleuse et vienne
frapper l'avion ? Les tables de tir montrent qu'uneballe met environ 1 seconde 2 pour parcourir 800mètres. Pendant ce temps un avion qui marche à 150kil. à l'heure a pu faire 50 mètres environ. S'il a brus-
quement changé de direction la rafale va le manquer.Il est impossible au tireur de deviner à priori la direc-tion que suivra l'avion pendant le.temps T. Cependantil est probable qu'en un temps aussi court la direction,de marche de l'avion ne sera pas changée.
On émet donc l'hypothèse suivante :Durant la duréedu trajet de la balle, la vitesseet la direction de l'avion,sont invariables.
C'est l'hypothèsefondamentale, qui est très suffisante
pour le cas qui nous occupe.Au risque de faire une digression, j'attirerai cepen-
dant votre attention sur ce qui se passe dans l'artillerie
anti-aérienne, qui se sert, faute de mieux, de la même
hypothèse. L'avion à viser n'est pas à 800mètres, il està 6.000 mètres. Le projectile n'a pas une vitesse initialede 800 mètres, mais seulement de 535 mètres. (Canonde 75 mod. 1897).La durée du trajet devient très sensi-ble. C'est à 700 mètres en avant d'un avion volant à5.000 mètres d'altitude que doit tirer le 75anti-aérien.L'avion a donc largement le temps (près de 20secondes)pour changer de route. Aussi toutes lespuissances s'oc-
cupent-elles de trouver un canon anti-aérien à très
grande vitesse initiale.
D'autre part, indépendamment de la volonté du pi-lote, l'avion est déplacé par le vent. Il n'avance pasdans l'exacte direction que lui a assignée le pilote. Levent le déplace parallèlement à lui-même à droite ou à
gauche. C'est ce qu'on appelle la marche en crabe.
Le projectile est lui-même peu dévié par le ventétant admis que le tir anti-aérien de la mitrailleuses'exécute à moins de 1.000 mètres.
Le site de l'avion est sa hauteur au-dessus de l'hori-zontale de la pièce. Quand on tire sousde grands angles,les trajectoires se déforment de plus en plus et les tablesde tir deviennent inutilisables ? Mais il faut remarquerque plus le site du but augmente, plus la partie du
trajectoire qui nous occupe, se tend et se rapproche dela ligne droite.
Réalisation pratique du tir contre [avionsNous connaissons les facteurs théoriques du problè-
me du tir anti-aérien. Comment l'infanterie va-t-.ellerésoudre le problème. La nécessité où se trouve l'infan-
L'ARMEE D'AFRIQUE 267
terie de se déplacer à travers tous terrains et de sedéfiler aux coups d'un adversaire terrestre proche etvigilant, lui interdisant l'emploi des matériels lourdset encombrants de l'artillerie anti-aérienne ou mêmedes unités de mitrailleuses spécialisées qui appartien-nent à la D. C. A., la nécessité pour l'infanterie d'être
toujours en garde contre l'aviation ennemie, la forceà se contenter pour sa défense, de ses armes habituel-les à peine améliorées. Les conditions défectueuses oùse trouvent souvent les fantassins en pleine batailleinterdisent absolument l'usage de méthodes de tir
compliquées. Matériel usuel, méthodes simples, appa-reils simples, voilà ce qu'il faut au fantassin dans salutte contre l'avion.
1" Matériel. — Le matériel dont se servent lesfantassins, vous le connaissez : mitrailleuses, fusils-mitrailleurs, fusil, éliminons celui-ci qui ne nousoccupepas dans le cas que nous examinons.
La mitrailleuse est le principal engin de défense del'infanterie. Son grand débit, sa sûreté de fonctionne-ment lui permettant de créer une gerbe abondante sûrla route de l'avion. La seulemodification que doit subirla pièce pour être prête à tirer, c'est avec la mise enplace de l'appareil de pointage, le placement du supportpour le tir vertical sur le support pivotant.'L'adjonc-tion d'une crosse facilite le pointage mais n'est pasindispensable. Au besoin le seul fait de- retourner lapièce, bout pour bout, sur l'affût lui donné un champde tir appréciable.
Le fusil mitrailleur. -— Le F. M. 1924 n'a pas reçuencore d'organes lui permettant le tir anti-aérien.Sans doute ne tarderont-ils pas à apparaître.
Le F. M. 1915reposait par sa poignée sur un «sup-port-coupelle » placé sur le canon d'un fusil ordinaire,maintenu lui-même vertical par un homme. Le tireurmaintenait le F. M. par la poignée et la poignée de
pistolet. Ainsi était réalisé un véritable pivot donnantau F. M. 1915 un champ de tir vertical appréciableet un champ de tir horizontal complet. Eh fait le F. M.1915 avait un fonctionnement trop brutal et tropincertain pour que l'on pût compter beaucoup sUr ce
genre de tir. Avec le F. M. 1924 tout est changé. Sansdoute l'utilisera-t-on dans les conditions analogues auF. M. 1915. Nul doute qu'il ne donne des résultatstrès appréciables.
11°Méthodes. — Avant tout il faut faire simple.L'avion qui fond sur nous ne nous lasse pas le tempsde faire des calculs et les projectiles qui s'abattent detous côtés ne nous en laissent pas la liberté d'esprit.Eliminons donc les facteurs du problème qui ne sont
pas indispensables. Réduisons donc les autres à desformules simples d'application instinctive.
Vitessede l'avion. —Nous l'estimerons généralementà 150 kil à l'heure. Ce sera la vitesse normale. Nousenvisagerons aussi une vitesse exceptionnellementfaible. C'est tout.
Dislance de l'avion. — L'infanterie ne peut pas dis-poser de grands télémètres qu'elle n'aurait 'd'ailleurs
pas le temps d'utiliser. Profitant de la tension de latrajectoire aux petites et moyennes distances, ontirera sur hausse unique : 600 mètres, que l'on modifiera
légèrement au besoin. Il n'y aura plus qu'à savoir sil'avion est dans le champ de tir autorisé, c'est-à-dire àmoins de 1.000 mètres. Un instrument très simple, lastadia, et surtout le coup d'oeil des observateurs noussuffiront à apprécier cette distance.
Site — Influence du vent.— On ne tiendre compte dusite que très exceptionnellement. On éliminera l'in-fluence du vent sur la balle. Quant à l'influence duvent sur l'avion, elle sera éliminée si le tireur peutsuivre les déplacements de l'avion par rapport au Sol.
Ainsi le problème se bornera à quelques pointstrès simples :
A. — Correction angulaire.B. — Appréciation de la distance.C. — Eventuellement, correction de vitesse et de site.
A. — Correction angulaire. — Appareils dépointage
Au début de la guerre, on a fait du tir au sentiment',comme un chasseur qui tire sur un oiseau ; les résultatsfurent très faibles et les avions ennemis devenaient deplus en plus hardis.
Des inventeurs se sont mis à la recherche d'instru-ments simples et suffisamment précis. Le lieutenantdé vaisseau Le Prieur, quifut un chercheur d'une admi-rable fécondité, réalisa dans ses données essentiellesl'appareil de pointage qui est dévenu la correctiond'infanterie.
Correction d'infanterie ^
Principe. — Supposons le problème résolu :
4 crans de mire soit : 0.C. le guidon de la mitrailleuse.A. l'avion.P. l'avion futur.De O comme origine, traçons une parallèle à À. P.
Les 2 triangles formés A. G. P. et C. O. M. sontsemblables. Donc leurs côtés homologues sont pro-portionnels et on peut écrire :
OM OG Og— = — d'où : OM = — X AP
AP OP OP
AP est. la correction-but qui est égale par définitionà VT. Or V, nous l'avons vu,est de 150 kil. à l'heure ou42 m/sec T est le temps mis par la balle à effectuer sonparcours. On le connaît en le déduisant, des tables detir.
OG est la longueur de l'arme.
OP est la distance D de l'avion, distance à, peu prèsconnue.
longueur de l'armeDonc OM = x correction-but
distance de l'avion.
Le lotit est exprimé en mètres.
268 L'ARMEE D'AFRIQUE
Nous voyons donc que pour atteindre l'avion futur
il faudra que nous visions l'avion présent A par une
ligne de mire spéciale M. G. A.
Le correcteur d'infanterie réalise cette ligne de mire-
Description. — Le correcteur d'infanterie se divise
en deux parties :
1° une réglette graduée mobile dans tous les azimutsautour d'un point fixe. C'est la droite O.M. dont je vous
ai parlée.2° un guidon. C'est le point que nous avons vu tout
à l'heure. La réglette est orientable dans tous les sens.Elle pourra donc être orientée parallèlement à la direc-tion de marche de l'avion Sa longueur est calculée
pour une corrction-but correspondant à une vitessedéterminée de l'avion. Cette longueur varie propor-tionnellement à la vitesse de l'avion but. Comme vousle voyez la réglette est coulissante/C'est le tireur quifixe lui-même la longueur à./donner à la réglette sui-vant la A'itesseestimée. La réglette est à cet effet mu-
nie de crans correspondant à des corrections-butvariables. Dans un but de simplification, en enfonce
normalement la réglette à fond, ce qui correspond à un
tir contre un avion marchant à 150 km à l'heure et àUnedistance de 600 mètres. Si l'avion semble se dépla-cer à une vitesse anormalement faible, on emploierale cran 700.
La ligne de visée est déterminée par la perle de la
réglette, la perle de la mire et l'avion. L'appareil don-
ne automatiquement la hausse de 000 mètres.
Grille de visée. — La grille de visée est constituée
essentiellement par deux circonférencesconcentriques.LJ circonférence extérieure représente le lieu géomé-trique de la perle de la réglette tournant autour de son
axe horizontal, c'est-à-dire prenant toutes les positionsde pointage dans le cas d'un avion volant dans un plan
perpendiculaire au plan de tir. Le petit cercle est à peu
près le lieu géométrique de la même perle de la réglette
pour le cas d'un avion volant dans un plan relative-
ment voisin du plan de tir. En raison de l'instabilitédu F. M. et de sa grande dispersion on a trouvé inutile
de lui donner un appareil de pointage de précision.
Dans le même esprit on a choisi sur chaque cercle
des points repère, marqués par des encoches qui maté-
rialiseront avec le guidon des «visées types »s'appro-chant assez de la visée qui devrait réellement être
effectuée avec un appareil de précision.
Quant au guidon il était pour le F. M. analogueau guidon du correcteur d'infanterie. On avait seule-
lement supprimé le cadre qui ne correspondait pas à la
dispersion d'une arme tirée à bras
Appréciation des distances. — Nous avons vu que
l'emploi du télémètre est impossible. Nous apprécie-rons les distances de deux façons :
D'abord on peut le faire à la vue et c'est (avec une
bonne habitude) le moyen le plus commode. L'évalua-
tion de la distance pourra se faire en se basant sur la
plus ou moins grande visibilité des détails :
à partir de 1.000 mètres, on voit les insignes dereconnaissance ;
à partir de 600 mètres, on voit les haubans ;à partir de 300 mètres, on voit les passagers.
Tout ceci est d'autant plus aléatoire que les avionsmodernes tendent vers la suppression des haubans
(avions à ailes épaisses) et que les passagers sont sou-vent cachés par la coque.
On peut apprécier la distance en se basant sur la
dimension apparente des avions, dimension apparentequivarieavec la distance. C'est le principe de la stadia.
La stadia est un petit instrument en tôle, ayant laforme d'une lyre. On encadre dans cette lyre l'imagede l'avion de telle sorte que les bords de l'avion tou-chent les bords de la lyre. Sur ces bords sont inscritsles distances qu'il suffira à l'observateur de lire. Lesdeux faces de la stadia sont graduées de façon différenteet on les utilise selon que l'appareil se présente de faceou de profil.
Bien entendu la stadia doit être tenue à une distancedéterminée de l'oeil. Cette distance est. matérialisée
par un fil qui prend appui sur le front de l'observateur.Le très grand défaut de la stadia est qu'elle est
construite./WMrun seul type d'avion. Or les dimensionsdes avions sont très variables d'un type à l'autre.L'instrument est donc peu précis.
Méthode de tir. — Commevous le voyez l'infante-rie ne dispose dans sa lutte contre l'aviation que d'unmatériel très rudimentaire, tant d'observation que devisée. Il n'est donc pas question pour elle de faire du tirau but.
Le tir de l'infanterie contre les avions volant basconsiste tout simplement à placer sur la route que suivra
l'objectif des gerbes de balles aussi denses que possible.En raison de l'imprécision de ce mode de tir, Il y a
avantage à avoir une large gerbe. C'est pourquoi on a
autorisé une grande dispersion qui a d'ailleurs, l'avan-
tage d'absorber toutes les erreurs d'approximation dela visée. L'organisation de la mitrailleuse et du F. M.tous deux tirés à bras francs réalisent bien cette
dispersion
Au début de la guerre anti-aérienne le tireur faisait
partir ses balles et en même temps il déplaçait sa piècepour que l'avion restât sans cesse sous le feu de lamitrailleuse, jusqu'à épuisement de la bande ou du
chargeur. Ce procédé donne de médiocres résultats.
Actuellement, on réalise une série de petits barrages(12 balles pour la mitrailleuse) que l'on place sur laroute que va suivre l'avion. Le tireur vise l'avion avecle correcteur en forçant légèrement la visée, tire unerafale, lapièce étant fixe, puis refait une nouvelle visée,la pièce étant fixe, et continue. C'est le tir par grappes.
Munitions. -— Le tir anti-aérien s'effectue le plussouvent avec des balles ordinaires. Mais aux distancesde moins de 600 mètres il est intéressant de tirer desballes traceuses. L'aviateur assourdi par son moteurn'entend pas le sifflement des balles, mais il voit les
L'ARMEE D'AFRIQUE 269
traits de l'eu que tracent les balles lumineuses. Sonmoral peut en être affecté.
Emploi tactique des armes anti-aériennesde l'infanterie
On peut comparer l'aviation à une artillerie à très
grande portée donc l'action peut être sensible sur toutel'étendue du territoire de chaque belligérant. C'est dire
que les précautions doivent être prises pour protégerlespoints capitaux du territoire national (c'est l'affairede la D. C. A.) et aussi les troupes, qu'elles soienten stationnement, au combat, en marche. Nous savons
que ces troupes doivent pourvoir elles-mêmes à leur
propre sûreté avec leurs mitrailleuses et leurs F. M.
1° Défense des troupes et convois en déplacement
Les troupes et convois se déplaçant sur route sonttrès vulnérables. En principe, à proximité du front,la défense est assurée par les unités de D. C. A. Maisnous savons que celles-ci sont trop peu nombreuses
pour assurer une protection complète. Chaque unitése déplaçant désigne des groupes de mitrailleuses quiauront à défendre la colonne contre les avions bas.
Chaque groupe désigné se met en batterie hors de laroute et rejoint son unité dès que celle-ci s'est assez
éloignée pour ne plus être couverte. Dans une colonneforte de plusieurs bataillons, le Commandant de laColonne répartit ses groupés de mitrailleuses sur l'iti-néraire. Il faut prévoir un groupe pour 1 kilomètrede longueur de la colonne.
J'ouvre ici une petite parenthèse. Notre infanterieest assez mal partagée à cet égard car ses mitrailleusesont une faible mobilité qui ne leur permet ni de devan-cer la colonne, ni de la rejoindre. Les Allemands ont
par bataillon une section de trois piècesmontées sur descaissons attelés de quatre chevaux quipeuvent doublerles colonnes à toutes les allures.
Les unités se déplaçant par chemin de fer pourvoientà leur propre sécurité. L'avion ennemi aura évidem-ment avantage à voler au-dessus du train et dans lamême direction que lui, ou à essayer des tirs d'enfilade.On répartira les groupes de protection de telle sorte
qu'ils puissent tirer les uns vers l'avant, les autres versl'arrière ? Les plates-formes portant ces groupes sont
placées vers le centre du convoi et bien dégagées.Toute unité procédant à un embarquement ou à un
débarquement pourvoit de même à sa défense.
11° Défense des cantonnements et bivouacs
Aussitôt qu'une unité arrive au cantonnement ou aubivouac, le chef se préoccupe de la défense contreavions bas. Des groupes sont mis en batterie et leservice du guet organisé. Les groupes de défense nedoivent pas être mis en batterie aux lisières mêmesdu cantonnement. En effet un avion n'a pas besoin desurvoler un point pour le bombarder. Sa propre vitessedonne aux projectiles une certaine vitesse horizontale.11faut donc non seulement empêcher l'adversaire de
survoler, mais encore l'empêcher d'approcher. En
outre, placer les mitrailleuses sur le point à défendre '
serait les mettre à la merci d'un-coup heureux englo-bant le point.à défendre et l'organe de défense. Placer
un groupe de mitrailleuses à 500 mètres environ du
cantonnement à défendre semble la solution la plusfavorable.
Défense des troupes au combat
Combat offensif. — Le règlement prévoit que tout
chef d'unité disposant de mitrailleuses désigne préala-blement à l'engagement de son unité des groupes spécia-lement chargés de la défense contre avions volant, bas.
La proportion de ces piècespar rapport au nombre total
des mitrailleuses n'est pas fixée. Il semble qu'une pro-
portion du quart serait la plus admissible. Elle était
la plus habituelle à la fin de la guerre.
D'une façon générale le mouvement de l'unité, ba-taillon par exemple, devra être continuellement pro-
tégéecontre l'aviation ennemie. Commeune mitrailleu-se n'a d'action contre l'avion volant bas qu'autantqu'elle est préalablement en batterie, nos groupesde défense anti-aériens devront se déplacer par bonds
successivement,lepremier se déplaçant quand le secondest en batterie. Il y aura également des procédés de
baison rapide à prévoir entre ces groupes pour qu'iln'y ait pas de solution de continuité dans la défense.
Au cours de l'approche, la seule préoccupation des
Chefsde groupe sera de mettre en batterie en des pointsoù Jesvues seront bonnes. En raison, du peu de temps
disponible, on ne fera aucune organisation. On n'auramême pas le temps de camoufler.
Au coursdel'attaque lecamouflages'imposera.D'autre
part il sera indispensable de trouver des positionsdéfilées.La lenteur relative de la progression permettraaux mitrailleuses de soigner leur installation. Il y aura
à se préoccuper du service du guet. Il y faudra au moins
deux veilleurs, un vers l'avant, l'autre vers l'arrière.
La distance à laquelle les groupes de mitrailleusesde D. C. A. marcheront derrière l'échelon de feu, ne
devra pas, en général être moindre de 500 mètres. Il
faut que ces unités n'aient rien à craindre des entrepri-ses de l'ennemi, sinon elles songeront plus à leur propredéfense qu'à leur mission spéciale.
Bien qu'il n'y ait pas de texte réglementaire pour
l'emploi au combat du F. M. en défense anti-aérienneon doit prévoir dans chaque Compagnie de voltigeurs,1 ou 2 groupes des sections de 2e échelon chargés de
collaborer avec les unités de mitraireuses à la défenseanti-aérienne. Le dispositif du F. M. sur le support
coupelle semble bannir cette arme de l'échelon de feuà moins qu'il n'y trouve abri ou couvert.
Combat,défensif: — Le règlement, prévoit que le Chefde bataillon doit consacrer un ou plusieurs groupes demitrailleuses à la défense anti-aérienne. Combien de
groupes consacre-t-on à cette mission ? Vous savez quele bataillon dispose en tout, de 8groupes donc 8 tinitésde feu. Pour un bataillon devant défendre un front de1 kilomètre la dotation peut paraître suffisante. On
peut considérer comme normale la distance de 500mètres séparant 2 groupes de mitrailleuses de défense
270 L'ARMEE D'AFRIQUE
anti-aérienne. Un bataillon devrait donc consacrerà sa défense anti-aérienne une S. M. soit l.equart de sesmoyens.
Quant à l'emplacement de ces groupes il dépendraévidemment du terrain. Us doivent, être défilés,sinon l'artillerie ennemie aura vite fait de les démolir.Us doivent être protégés contre les entreprises del'infanterie ennemie. Enfin ils. doivent défendre aumoins la ligne des P. C. de bataillons et des réserves debataillons.
D'autre part il faut tenir compte des conditions devisibilité. La répartition des groupes de mitrailleusesaux extrémités du bataillon croisant leurs feux vers lecentre semble devoir assurer de bonnes vues à toutmoment de la journée à l'un au moins des groupes dedéfense anti-aérienne.
Vers l'arrière l'échelonnement en profondeur desmitrailleuses de défense anti-aérienne est réalisé parl'échelonnement même des bataillons, puisque chacunassure sa propre défense. En outre la circulation destroupes, des convois, les points importants, les P. C-des grandes unités sont protégés par des" formations
spéciales de D. C. A.
CONCLUSION
L'intervention de l'aviation dans la guerre a com-pliqué le rôle de l'infanterie, rôle déjà si chargé.
L'avion dénonce l'infanterie à l'artillerie et guide les
coups de celle-ci.Bien plus il intervient dans la bataillesoit par un bombardement aux hautes altitudes soit parses brutales attaques tout près du sol.
Le rôle d'observation peut, nous l'avons vu, êtredécisif. Mais nous savons aussi qu'une infanterie bien
dressée qui marche la nuit, se cache le jour, peut com-plètement dissimuler sa présence. De ce camouflage,il y a eu pendant la guerre quelques retentissants exem-ples ; la concentration allemande de mars 1918 entrel'Oise et la Somme et la concentration franco-anglaisedu mois d'août 19]8, au Sud de la Somme. Dans lesdeux cas les concentrations échappèrent tout à faità l'observation. Sur le champ de bataille même, le
camouflage des stationnements et des mouvements estcertes beaucoup plus difficile à réaliser. Mais là, encoreune infanterie instruite qui sait utiliser le terrain pour-ra défiler une bonne partie de ses effectifs aux vues del'aviation.
Et les avions volant bas ? l'infanterie peut-elle avecses moyens rudimentaires les écarter ?
A première vue il semble que non. On estime actuel-lement que la mitrailleuse tirant, sur avion peut réaliser3 touches pour 1.000 cartouches (Je ne dis pas 3 avionsabattus pour 1.000 cartouches). Le rendement est assezimportant si l'on remarque que 1.000 cartouches sonttrès vite tirées. Et puis le but essentiel n'est-il pasplutôt de donner à l'aviateur ennemi une crainte sa-lutaire ? A cet égard il n'y a pas de doute. Les mitrail-leuses de défense anti-aérienne ont produit leur effet.
Dès le 20 septembre 1917, une note du groupe d'ar-mées du Kronprinz Allemand disait :
«L'attaque de nos avions par l'infanterie ennemiefut très active. Tous nos avions reçurent de nombreux
projectiles. L'activité de l'artillerie anti-aérienne futtrès faible. Elle ne put atteindre nos avions volant bas ».
C'était bien constater l'efficacité offensive de l'in-fanterie contre l'aviation.
Capitaine, de LANGERNÉ.
ANCIENPLAN.D'ORANET DEMERS-EL-KEB1R.PRISEDE CETTEVILLEPAR LESARMÉESESPAGNOLESEN 1732
L'ARMEE D'AFRIQUE 271
MAROC
(20 juin — 20 août 1929)Situation d'ensemble.— Politiquement, la situation
évolue d'une façon inespérée dans le sud de Tiznittet de Taroudant.
Les tribus chleuhs sédentaires de l'Anti-Atlas, prised'une fringale de soumission, font l'une après l'autreamende honorable, depuis l'Atlantique jusqu'aucontact des groupements soumis et ralliés du CoudeduDraa.
Lé mouvement a commencé par les Aït ou Mribet,puissante tribu arabo-berbère de 3.000 familles, quitouche au Draa moyen sur plus de 150 kil. pour s'éten-dre vers l'Ouest jusqu'aux confins de la zone d'Ifni,paraissant devoir emporter toute résistance à travers
l'Anti-Atlas, jusqu'aux abords du Rio de Oro.
Mais il reste à confirmer par l'occupation les bonnes
dispositions de plus de 10.000 familles. Il faut en pré-parer les moyens, leur assurer protection, et cela, à desdistances variant entre 300 et 500 kil. dans le Sud-Estet le Sud-Ouest de Marrakech.
La question des distances devient, en effet, une
lourde hypothèque dès qu'on aborde le revers Sud
du Grand Atlas marocain. Si la mécanique moderne la
réduit dans le temps, elle ne lait par ailleurs qu'aug-menter les dépenses que réloignement impose.
A vol d'oiseau l'embouchure du Draa est à environ
300 kil. du port d'Agadir, le coude de l'oued dans la
partie moyenne de son cours en est à plus de.400 kil.
et de chacun de ces points on compte respectivement400 et 500 kil. jusqu'à Marrakech, terminus le plusproche de la voie ferrée.
Le Todhra et le Ferkla entre Ziz et Draa sont à dis-tances à peu près égales, de Nemours ou d'Agadir soit4 à 500 kil. mais à 300 seulement de Casablanca, à 250
de Marrakech, à 150 kil. de Midel t, 2 terminus de voies
ferrées, distants le 1erde 280kil. le 2Gde 500, longueursde rail des ports les plus proches Casablanca et Ne-mours.
Par la piste, par la route, il faudra sans doute aug-menter de près de moitié les parcours évalués à vold'oiseau et le Draa, le Thodra ne sont que les approchesdes immensités sahariennes.
Retenons comme terme de comparaison que Tabel-
bala, P. C. de la Compagnie saharienne de la Saoura,à 200 kil. à l'Est du coude du Draa, est à 350 kil. de
272 L'ARMEE D'AFRIQUE
Colomb Béchar éloigné lui-même d'Oian par 748 kil.de rail et rien que pour assurer à chaque méharistesaharien sa frugale ration de farine, de café, de thé,de sucre et d'épices, l'on compte déjà une moyennejournalière de 1 fr. 50en oubliant lespertes par déchetsde transport ou par avarie, et les multiples frais ac-cessoires dont l'Etat ne fait jamais le compte et queseul, un particulier saurait évaluer parce qu'il puisetoujours dans la même caisse.
.Le besoin s'affirme d'en appeler à des procédésnouveaux, à des groupements tactiques économes d'e£fectifs et de ravitaillement, mais d'action puissantequi réuniront aviation, éléments motorisés, forces
supplétives, liaisons rapides, aux ordres de chefs aussiprévenus dela situation politique qu'avertis des moyensnouveaux mis à leurs disposition.
On les réclame n >tamment dans le Haut Draa et leDâdès au contact du bloc Aït Attâ, qui menace grave-ment les confins Glaouàs ; la situation a paru sérieuseà la mi-juillet, elle est aujourd'hui StatiOnnaire maisencore incomplètement rétablie.
L'agitation persiste autour d'Aït YacOub dans leHaut Ziz,tempérée cependant par la trêve des moissons.
. Sur le front du Moyen Atlas on a procédé sans coupférir à une légère réduction du front dans sa partieNord-Est, en avant d'Arbala et de Tiffert.
Dans l'ensemble, on perçoit la différence si marquéeentre les tribus du Sahelet cellesdu Ghèrg, appellationsindigènes gui différencient les Chleuhs de l'Ouest
Atlantique et les masses de grands nomades qu'onrencontre à. partir du méridien d'Akka jusqu'à laSaoura. les premières si assimilables ayant pris déjàpar nos chantiers, nos Usines, nos unités marocaines '
au Maroc et en France, tant de contacts avec nous, les 'autres enfermées dans une résistance que leur permetune vie faite d'espace, de liberté et de misère.
; LEVANT '
Les territoires de mandat français jouissent d'une
tranquillité qui contraste singulièrement avec l'agita-tion qui se manifeste dans les territoires arabes demandat britannique qui les entourent. Crise ministé-rielle en Irak, mouvement antisioniste de Palestine setraduisant par de. violents combats, entre Juifs et I
Arabes, reprise de l'activité politique en Egypte con- <
sécutive à la démission de Lord Lloyd, Haut-Commis- '
saire Britannique, sont certes suivis avec [intérêt, mais J
la Syrie reste calme. '
La sécurité est complète. Traqués par nos escadrons 1
légers, les Dendaches, après avoir subi des pertes,semblent s'être fractionnés en deux groupes qui cher-chent un refuge soit dans la région à l'Est de Homs, soit
dans les hautes montagnes du Hermel. (
L'activité de notre service du contrôle bédouin aidé l
par les éléments de police du désert a réussi à empêcherJes dissentiments entre tribus de dégénérer en conflits
sanglants. Les tentatives de rezzous ont échoué et ont '
été réprimées. La perception de l'impôt, marque indis-cutable de la soumission des nomades, est en bonne <
voie. '
En Syrie comme-au Liban la vie politique marche au2 ralenti. La Chambre libanaise est en vacances. Les
, politiciens de profession estivent dans la montagne.3 La grande manifestation politique qui avait été prévue5 pour le 15 août par les nationalistes Syriens pour célé-
brer la mort de leur leader Fozzi Ghazzi a été décom-ï mandée, l'instruction ouverte à l'occasion de cette mortî ayant prouvé que Fozzi Ghazi avait été empoisonné
par sa femme et. ayant ainsi détruit tout espoir de le
s présenter comme un martyr politique.
Situation militaire. — Frontière Nord. — Bien que'dans l'ensemble l'attitude des autorités turques de lafrontière soit plus correcte, quelques incidents sontencore à Signaler. C'est ainsi que le Capitaine turc deDerbissio a cru devoir incarcérer sans raison apparentependant 24 heures un douanier syrien arrivant d'AIeppar Je train du 2 août.
Le 11 août, dans la matinée, 300 chèvres ont été
'.. volées à Djouvalie (10 kil. S. O. d'Hàjilar) par des, individus venus de Tiyek- Après Un échange de coupsde fusil les gardes ruraux ont repris leur butin auxvoleurs qui se sont enfuis en zone turque.
, Dans la région du Bec de Canard une active propa-. gande menée par les Turcs a réussi à déterminer Neief
Bey Ibn Mousto Pkeha, chef de la tribu kurde des. Miranes Korchars à rentrer en Turquie. Neief avait
i cependant donné depuis quelque temps des gages cer-
; tains de son désir de vivre en territoire sous mandat
français et avait envoyé son fils comme boursier chezles Lazaristes à Beyrouth depuis 0 mois. Un incidentrécent entre les chrétiens d'TTasseteheet Neief Beymécontenta profondément ce chef kurde qui, cédantaux sollicitations du Commandant du Bataillon fron-
tière, Djema Bey est rentré en territoire turc fin juillet.A noter, par contre, que dans la région au N. O. les
autorités turques de Killis ont restitué du bétail enlevéà des villages syriens par des bandits réfugiés en Tur-
quie. Elles ont.en outre livré 2 criminels de droit com-mun condamnés à 15 ans de prison. Ce geste a eu unetrès heureuse répercussion dans la région d'Azaz.
La délégation française chargée de collaborer avecles Turcs à l'abornement de -la frontière Syro-turquede Nissibin au Tigre, en exécution des accords d'Ango-ra des 22-29 juin 1929 est en "voie d'organisation.Elle sera présidée par le Coloneld'Infanterie ColonialeBoinet qui avait déjà procédé à l'aboriiement de la
frontière Syro-turque, de la mer à Nissibin.
LIBYE
La politique du Maréchal liadoglio. — Après le
Comte Volpi et le Général de Bono, en Tripolitainc,après M. Feruzzi, en Cyrénaïque, après la formule de
la Libye aux Italiens sans les Lybiens, le Maréchal
Badoglio, grand soldat, qui sait toute la puissance des
moyens militaires parle d'abord de pacifier les esprits.
«Je désire la paix, qui signifie construire, procla-«me-t-il au coins de ses tournées, particulièrement ob-«jectives ; j'écarte la guerre qui apporte des deuils et
L'ARMEE D'AFRIQUE 278
«de la tristesse et ne signifie que destruction et ruine ;«la violence est la politique des aventuriers.»
Un Galliéni, un Lyautey pourraient signer les ins-
tructions qu'il donne à ses collaborateurs.
Sa politique indigène tourne le dos à celle de ses
prédécesseurs. 11n'hésite pas à leur reprocher d'avoir
perdu la confiance des populations en manquant à la
parole donnée.
«En venant ici, déclare-t-il à Benghazi, le 15 mars«au Directeur du journal «la Cirenaïca Nuova » nous
«n'avons pas fait que conquérir une colonie, nous«avons assumé un devoir en tant que pionniers de la«civilisation. Nous devons donc chercher à devenir tou-«jours meilleurs, car celui qui prêché le bien et agit«mal fait ici figure d'homme nuisible envers la popu-«lation qui, bien que rude encore, est cependant«douée d'une grande sensibilité et d'une perception«pure et intacte de la justice. »
«La rébellion n'est que le fait de la misère, dû dé"«soeuvrement, du brigandage logique dans un pays de
«populations clairsemées et sans voies de communi-
«cation.
«Elle cessera dès que les masses se seront remises au
«travail. La pacification n'est qu'un problème de
«police.»
C'est bien là une politique de rapprochement du
protecteur et du protégé, de sollicitude et de concilia-
tion qui n'exclut pas la fermeté.
«J'attendrai avec patience que chacun soit bien«averti veillant à ce qui pourra advenir et aux ini-
«tiatives des chefs de la rébellion. »
«Les forces que j'ai à ma disposition sont plus que«suffisantes pour me tranquiliser sur ce chapitre,«puis, quand j'estimerai avoir assez attendu, d'accord
«avec le commandant des troupes, je commencerai
«une action d'ensemble d'une extrême rigueur car«cette histoire doit finir. »
«Vies et biens seront garantis à ceux qui se soùmet-
«tront en livrant des armes que le Gouvernement doit
«être seul à posséder. »
C'est un programme nouveau que transgressent en-
core des hommes de l'ancien régime et le Général
Graziani lui-même chef des troupes en Tripolitaine
qui déclarait en avril : « l'opinion publique en Italie
«n'admettrait pas que l'aman fut accordé aux chefs«rebelles de Tripolitaine et de Cyrénaïque. Il faut les
«réduire par le fer et par le feu. »
Le Maréchal Badoglio apporte donc bien une autre
manière qu'il appuie d'une politique d'équipement
économique, d'un programme administratif d'écono-
mies qui permettront de réaliser le grand effort qu'ap-
pelle la mise en oeuvre des travaux d'utilité publique,d'une politique de colonisation qui appelle des capi-taux et des compétences en écartant les spéculateurset les non-valeurs. Le dévouement bruyant et visible-
ment intéressé à la cause fasciste ne compense pas aux
yeux du Maréchal l'insuffisance professionnelle. La
terre ira à ceux qui la cultivent ; ce qu'il faut avant
tout c'est de la technique, de la persévérence et. de
l'argent.Et le Maréchal Badoglio débute par un succès.
La rébellion est encore active en Tripolitaine maiselle s'apaise en Cyrénaïque et les chefs senoussis rebel-les font à Barce, le 19 juin, acte de soumission en leurnom et au nom de leurs tribus. Il ne s'agit plus que de
procéder à leur désarmerhent.
En Tripolitaine, le Commandement aurait déjà, en4 ans, récupéré 40.000 fusils.
TRIPOLITAINE
Serf en Naceur qui commande aux tribus rebelles
campées dans l'oued Sciati, au Nord du Fezzan, a tentéencore une fois d'entraîner ses partisans à l'attaquedu Djebel Tripolitain pour le rejeter de nouveau endissidence.
Le Sciati est environ à 200 kil. au Sud-Ouest de
Socna, à 500au Sud de Mizdà, à une distance sensible-ment égale de Derj voisin du Sud Tunisien.
En janvier, Serf en Naceur réunit en Conseil deGuerre à Berghin (275 kil. au Nord de Mourzouk)Mohammed ben el Hadj Lassen, ancien Mouidir, délé-
gué des Italiens auprès dés populations Méchacha,Salem ben Abdennebi qui commande aux Zentanes,et Mohammed Fkini, chef des Redjban.
Serf en Naceur s'est assuré l'appui des Ouarfellcd'Abdennebi bel Kheir, au Sud des Béni Oulid, et des
Mogharba qui confinent à la Syrtiqué.Dès le début de mars, des groupes filtrent entre
Noufilia, et Àgheila et jusque dans l'Oued Faredj, en
Syrtiqué orientale. Le 17 mars, 300 rebelles sont signa- .lés dans l'oued bel el MehiTqui se jette dans la mer à50kil. à l'Ouest de Syrte à environ 400 kil. à l'Ouest dél'oued Faredj, un groupe plus important encore serassemble à 40 kil. au Sud-Est de BoU-Njem, 150 kil.au Sud-Ouest de Syrte.
Au début d'avril 250 fusils, mogharba, Fouaeher,
Aouaghir qui s'étaient rassemblés près de Zella, au
pied des monts Haroudj à 250 kil. du littoral syrtiquésont en marche sur Agheila.
Découverts par l'aviation, ils gagnent la côte pourse dérober dans les dunes ;un vent de sable les délivre
pendant 4 jours de la surveillance des avions.
Le 6, le contaet est repris au bénéfice de 2 bataillons
érythréens et d'un groupe d'autos blindées qui livrentcombat et se lancent à la poursuite des rebelles, jusquesur l'oued Faredj à 70 kil. d'Agdebia. Parcourant lelendemain à rebours le terrain de l'action, les Italiens
comptent 170 cadavres abandonnés par l'ennemi dont
le chef de la méhalla : Ahmed ben Abdelkader Ateuch.
Les pertes italiennes s'élevaient à 5 tués et 17blessés.
Le 8 avril Mohammed ben el Lassen avec 400 fusils
surprend et met en déroute les 50 auxiliaires qui cons-tituent la garnison de Bir Allag, à 75 kil. environ au
Sud-Ouest de Bou Njem. Bref, le front tripolitain est
alerté sur près de 6 à 700 kil.
274 L'ARMEE D>AFRiQUË
Le Commandement, bien renseigné, prépare la ré-plique ; des groupes mobiles se rassemblent à Syrte,à Bou Njem, à Hon, près de Socna, à Mizda, à BéniOulid et à Derdj.Le dispositif,en place dès le 12avril,est aux ordres du Général Graziani qui a son quartiergénéral à Mizda.
Vers le 15 avril, on signale un engagement de l'ad-versaire près de Redjei, à 70 kil. à l'Est de Nalout, avecles partisans d'Amar Biala ancien Mouidir d'Ouezzan,aujourd'hui au service des Italiens.
A la même date, Serf en Naceur apparaît aux envi-rons de Gheriet à 150 kil. au Sud-Est de Mizda. Il y acombat le 17entre sa méhalla et un groupe de partisansaux ordres de Khalifa Zaoui qui a l'appui de l'aviationitalienne. De part et d'autre une cinquantaine de mortsrestent sur le terrain. Le 22, le groupe mobilede Mizdaest aux prises avec la harka de.Mohammed ben el HadjLhassen dans la région de l'oued Zem Zem. La harkalaisse 100morts sur le terrain et se dérobe dans là Ham-mada échappant à toute poursuite. Les Italiens n'ontque 5 morts et 20 blessés.
Le 25 avril, contact est pris à Bir Rtem au Sud-Estde Noufilia avec un 3egroupe adverse de 200 fusils quiperd 35 tués.
Pendant ce temps, Serf en Naceur avec 800 fusilsbat la campagne entre l'oued Zem Zem et l'oued BelKhéir.
Le 17 mai, de Mizda, de Hon, de Derj, les groupesmobiles habilement guidés par l'aviation courent àl'ennemi.
Le 25 mai, un premier combat a lieu à Sciuref, auSud-Est de Gheriat entre Oued Zem Zem et oued belelKébir.
Serf en Naceur se replie vers le Sud et tombe sur lacolonne venue de Hon, il s'enfuit vers le Nord en di-rection de Bir Allag ; les trois colonnes italiennes l'en-serrent et lui font subir de lourdes pertes, 300 tués,500 chameaux et 4.000 têtes de bétail enlevés, maisSerf en Naceur peut encore une fois rompre le combatet se dérober vers le Sud.
La résistance des bandes tripolitaines est acharnée,elle mobilise près de 2.000 fusils mais toujours alour-dis de nombreux troupeaux. La réplique italienne estsévère sans venir à bout toutefois de l'adversaire ; surle front tripolitain la lutte reste ouverte, seulement
interrompue par la trêve de l'été.
CYRENAÏQUEAu début de l'année, les Senoussis tenaient encore en
alerte les forces italiennes de la frontière égyptiennejusqu'à la Syrtiqué, pénétrant parfois jusque dans laproche banlieue de Ben Ghazi.
De nouveau, il y a combat, le 13 mars, dans les boisd'El Maghar entre les redoutes de Gerdès el Abid et deTeeniz à 100 kil. à l'Est de Benghazi, aux limites orien-tales de la plaine cultivée de Barce dans une zone oùl'eau abonde où le terrain couvert et coupé permet dedissimuler campements et troupeaux.
Deux bataillons érythréens, des escadrons lybiens,une compagnie muletière, guidés par l'aviation y pren-
i nent part contre 250 à 300 fusils rebelles. Les Italiens
comptent 25 soldats indigènes tués et 2 métropolitainsdont un officier. Les Senoussis qui se dérobent dans la
; nuit abandonnent sur le terrain 20 tués et 30 blessés.
Dans le même temps, on a signalé une rencontredans la région de Tabrouk.
Ce sont les dernières hostilités ; les douars rebellesdu Djebel de la Cyrénaïque se bornent désormais à
errer dans la zone accidentée et boisée qui s'étend de
Barce à Derna, suivis et surveillés par les troupes. italiennes.
Depuis le 15 avril, des négociations sont entaméesavec les chefs Senoussis.
Les pourparlers remontent déjà à plusieurs mois.;En janvier 1928,Sidi Rida chef Senoussiste du groupe, d'oasis de Djalo à 250 kil. au Sud-Est de la Grande
Syrte était capturé par. les Italiens dans des circons-
: tances demeurées assez obscures et déporté en Sicile.•En octobre, une mission militaire part, à Kpufra, sous
le prétexte de donner des soins à Mohammed el Abid
Senoussi qui y commande. A son tour elle est laite
prisonnière en cours de route, envoyée à Koufra et
;gardée comme otage pour répondre de la libération de
'Sidi Rida. Celui-ci est rappelé de Sicile à Benghazi,le 23 mars ; le Maréchal Badoglio en fait auprès des
rebelles l'artisan de sa politique d'attraction pacifique.
Le retour de Sidi Rida suivait de quelques joursl'arrivée à Porto Bardia, près de la frontière égyptien-:ne du médecin-major Brezzi et de ses compagnons de
captivité, libérés par Mohammed el Abid-
En fin avril, Sidi Rida était à Barce.pour amorcer les
conversations avec Omar elMekhtar exMokaddem de
la Zaouïa de Gerdès el Abid près de Barce, exécuteur
aveugle en Cyrénaïque des volontés de Sidi Idriss ;ce dernier est. le grand maître de la Senoussia, réfugiéen Egypte, chef incontesté des tribus rebelles de la
Cyrénaïque et depuis plus de 7 ans en lutte acharnée
contre les Italiens.
Elles ont abouti, le 13juin, à la soumissiond'Omar el
Mokhtar et de ses lieutenants Hussein Rida, fils de
Sidi Rida et Fadil ben Omar, chef de l'importante tribu
des Braasa.
Le 19 juin, elle était renouvelé solennellement à
Barce dans une entrevue avec le maréchal Badoglio
qui réglait aussitôt la question du désarmement des
tribus.
TURQUIE
Le mouvement kurde.—Malgré tous les démentis
publiés par le Gouvernement d'Angora et ses représen-tants à l'étranger au sujet du mouvement kurde, il
paraît certain que la situation est toujours troublée
dans les villayets orientaux.
Des mesures policières ou militaires qu'il est impos-sible de dissimuler suffisent d'ailleurs à indiquer que le
Gouvernement turc se préoccupe sérieusement de la
situation.
L'ARMEE D'AFRIQUE 275
Dernièrement le bruit de la prise de Van par les
insurgés a couru, mais il n'a pas été confirmé.
Quoi qu'il en soit, on continue à signaler des enga-gements entre les rebelles et les forces turques, notam-ment dans la région de Bayazid.
D'après certains renseignements on pourrait s'at-tendre à une extension de la révolte si les tentativesfaites par les partisans d'un Kurdistan indépendantréussissaient à lier leur action à celles que certainesnotabilités turques réfugiées à l'étranger s'efforceraientde conduire au nom d'un fils d'Abdul Hamid, en vuede renverser le régime Kémaliste.
L'incendie d'Angora. — On sait qu'un très violentincendie a détruit tout un quartier d'Angora dans lanuit du 19au 20 juillet.
Cet incendie aurait pris naissance dans des dépôtsde chaux. Les dégâts sont considérables et il est possi-ble que ce sinistre ait pour conséquence de retardersérieusement les travaux de reconstruction de la
Capitale.
Situation extérieure.— Traité d'amitié entre la
Turquie et le Hedjaz. — Un traité a été signé à la
Mecque entre la Turquie et le Gouvernement du
Hedjaz dont l'indépendance est reconnue.'
Différend lurco-soviétique.—Malgré le désir de la
Turquie de rester en relations amicales avec la Russie,qui fut la première à aider les premiers pas de la jeunerépublique turque, les efforts que cette dernière a
entrepris avec succès pour se détacher des liens poli-tiques dant l'U.Ii.S.S. tendait à l'enserrer ont amenéune certaine déception chez les Soviets.
Us cherchent à s'en venger par des vexations dansles rapports commerciaux entre les deux pays. Les
commerçants turcs lésés voudraient que leur gouverne-ment entrât dans la voie des représailles mais celui-cirésiste.
Un nouveau traité commercial se négocie à Moscou,sous les auspices de l'Ambassadeur de Turquie, Hus-sein Raghib bey.
Le différend gréco-turc.— Les négociations gréco-turques que l'on croyait enfin sur le point d'aboutir ontencore une fois échoué.
Le Gouvernement grec persiste h vouloir évaluer seulla somme qui doit lui revenir dans l'échange des pro-priétés entre sujets grecs et, turcs rentrés dans leur
pays d'origine.En outre, il exige que le Gouvernement turc accepte
de laisser rentrer à Constantinople les Grecs ayantquitté cette ville avec des passeports de l'ancienrégime.
Le Gouvernement turc ne veut pas de l'arbitragede la Cour internationale de justice, mais il proposel'arbitrage des membres neutres de la Commissionmixte d'échange. Par une note remise à Tewfik Rushdi
bey le 28 août dernier, la Grèce accepte le principe decet arbitrage, mais retire son offre primitive de payer400.000 livres sterling à la Turquie, en compensation
de l'annulation de toutes réclamations au sujet des
propriétés des populations échangées.
ARABIE
Hedjaz et Nedj. — Situation aux frontières Nord. —
Les rebelles Ajman et Anézés se sont réfugiésà Koweit.
Ibn Séoud est reparti à Riad pour y lever des contin-
gents sous les ordres de l'Emir deHasa en vue de châtier
les rebelles.
Il aurait sommé l'Emir de Koweit de cesser de
donner axile aux rebelles nedjiens sous peine de voir
': envahir son territoire par les troupes pour réduire les
dissidents.
L'opinion en Irak se montre alarmée de cette som-
mation qui donne quelque fondement aux intentions,
qu'on prête au Roi du Hedjaz et du Nedj, de vouloir
:s'annexer le Koweit.
Situation aux frontières Sud.—-En Assirlà situation
est troublée et l'émir Salâh aurait été révoqué parIbn Séoud.
Réorganisation de l'Armée Nedjienne. ---..'Ibn Séoud
poursuivant l'organisation de son Etat, cherche à
mettre sur pied une armée régulière, -
Il aurait fait appel à Eaouzi-Kaoudji, ex-capitainedéserteur de la Légion Syrienne, à Homs en 1925, lui-
même s'entourant d'anciens rebelles syriens ayantservi autrefois dans l'armée turque comme lui. v..
La présence de Ghékib Arslan au*Nedj, signalée au
dernier bulletin, semblerait indiquer qu'lbn Séoud,tout en conseillant aux rebelles syriens encoreréfugiés à:
Nebeck de faire leur soumission, compte utiliser cer-
tains d'entre eux pour la réorganisation politique et
militaire de son royaume.'
I L'Armée Nedjienne comprendrait deux sortes de _;•troupes :
1° Troupes du Jihad.
Recrutées parmi les sédentaires à raison de 3 hommes
.pour 100 habitants. Le village fournirait aux hpminesrecrutés une monture, un fusil, une indemnité d'entrée
en campagne de 100 Medjidiés, une solde journalièrede 1 medjidié et demi.
2° Volontaires engagés pour un an (sous les ordres
:de Jamal bey Khàzhali, ancien officier turc), équipés,
montés, habillés et nourris par le Gouvernement,: solde mensuelle de 10 à 20 medjidiés.
Leur nombre actuel serait de 8.000 hommes.
L'armement de cette ai-mée régulière nécessitera
\l'achat d'armes et de munitions à l'étranger. Un envoi'de 500 fusils fournis par le Tchécoslovaquie aurait été
'l'ait récemment à Djeddah.
PALESTINE
Des désordres sanglants viennent d'éclater en Pales-
tine ; partis d'abord de Jérusalem, ils se sont étendus
il tous les villages où vit. une collectivité juive. D'abord
.surprises et dépourvues des troupes nécessaires, les
autorités anglaises après avoir reçu des renforts ont
repris en main la situation qu'elles ont pu dominer au
276 L'ARMEE D'AFRIQUE
bout de 3 ou 4 jours d'émeutes entre juifs et arabes
gravement surexcités les uns contre les autres.
Toutefois la période des soubressauts locaux n'est
pas close et il est à craindre qu'elle ne se prolongeencore assez longtemps en raison de l'excitabilité desadversaires.
Aperçu général de la question sioniste. —- La sou-daineté avec laquelle l'émeute a surgi pourrait, fairecroire à sa spontanéité, mais ce serait ignorer la situa-tion générale en Palestine et l'antagonisme profond quin'a cessé d'exister entre les Arabes palestiniens et. lesJuifs sionistes, depuis la déclaration Balfour du 2novembre 1917. garantissant aux Juifs l'établissementd'un foyer (Home) sous la protection de l'Angleterre.
Depuis l'introduction du Foyer National juif enPalestine sous la protection du Mandat Britannique,une haine sourde fomence au sein des populationsmusulmanes qui considèrent comme des intrus les
immigrants juifs qui sont venus de tous les pays dumonde coloniser la Palestine (1).
Au recensement de septembre 1927, la populationpalestinienne était, évaluée officiellement à 887.000âmes dont 641.000 Musulmans, 158.000 Israélites,78.000 Chrétiens, 10.000 Druses et autres.
Les Juifs ne sont donc encore qu'une minorité, il est
vrai très agissante et très organisée, qui a la ferme vo-lonté d'arriver à avoir la prépondérance dans le payset à refaire une patrie juive lorsque l'immigration auraatteint un chiffre le permettant. De 1920 à 1924 en
gros 100.000 Juifs sont entrés en Palestine, puis il y aeu Un fléchissement sensible dans l'immigration et les
chiffres de 1926 sont sensiblement ceux de 1929.
Il semblait donc que la méfiance des Arabes à l'égardHdesJuifs nationalistes sionistes, loin d'augmenter, eût
pu s'atténuer. La politique ferme et plutôt favorable
aux Arabes de Lord Plumer, succédant à Sir Herbert
Samuel, y avait réussi. Son successeur Sir John Chan-cellor ne semble pas avoir pris en considération suf-fisante 'la gravité des incidents qui, dès l'année der-
nière, révélèrent l'animosité profonde des deux com-
munautés rivales, à propos du Mur des Lamentationsoù les Juifs voulurent édifier un écran s'appuyant sur
le mur, pour permettre, aux hommes d'être séparés des Ifemmes au cours de leurs visites rituelles à la partie du I
mur que leur tradition considère comme un vestige du
Temple de Salomon. Les Arabes qui en possèdent, la
propriété à titre de Wakouf, qui en font l'endroit sacré
d'où Mahomet s'est élevé au ciel sur sa jument Bourak
revendiquent le droit: d'empêcher les Juifs d'apporterla moindre modification aux Lieux.'De tmt temps le
Gouvernement local, aussi bien turc qu'anglais a veillé
par des prescriptions de police à ce que le statu quo
subsistât, tolérant que les Juifs vinssent accomplirleurs dévotions rituelles au pied du mur sans être inquié-tés par les Musulmans possesseurs en titre du mur.
(1) Le.rythme riel'immigrationn 6té le suivrait: en 1019:2.618,en1020:7.129,en1921: 8.157,en1!)22:9.481,en 11)23:8.778,en1024; 17.372,en1925: 38.690,en 1926;5.000.
Mais lesJuifs considèrent cette faculté comme insuf-fisante ; ils avaient lait des offres à la Communautémusulmane pour acquérir la propriété du mur maiselles furent, repoussées ; d'où un mécontentementtoujours ressenti à chaque nouveau sabbah.
D'autre part l'arrivée au pouvoir en Angleterredu parti travailliste a inquiété les arabes palestiniens.Dans le mois de juin dernier, le journal arabe de Jaffa«Palastine» signalait l'influence considérable que lesJuifs exercent sur la 11e Internationale et les craintes
qu'il y avait pour les arabes palestiniens de v.iir le partitravailliste, une fois au pouvoir, apporter à l'adminis-tration du pays des modifications tout à l'intérêt desJuifs contre les Arabes.
Enfin le XVIe Congrès Sioniste qui s'est ouvert le28 juillet à Zurich, a réussi à grouper au sein de l'Agen-ce juive élargie, les Juifs du monde entier, sionistes etiion sionistes. Le Gouvernement anglais s'est déclaré
disposéà reconnaître l'agence ainsiélargie, commeorgn-
ne de liaison entre le mandat et le monde juif. Un con-cile de la nouvelle Agenceréunissant 112représentantsde chacune des organisationssionist.es et non sionistess'est tenu le 12courant ; il a affirmé sa volonté unanimede reconstituer la Palestine sous la domination juive.
Les espoirs des uns et les craintes des autresse trouvaient donc au plus haut degré de leur exci-tation ; une étincelle pouvait provoquer une explosion.Elle ne se fit pas attendre.
les émeuteset leur répression. — Le 15 août, dernier,de jeunes sionistes provenant surtout du centre de
Tell-Arviv, sont venus en costume de sport et avec un
drapeau sioniste faire une manifestation et prononcerdes discours au Mur des Lamentations.
Le 23 août, un vendredi, les Musulmans en réponseà cette manifestation qu'ils considéraient comme une
provocation vinrent en nombre de 2.000 visiter le mur,qui est un de leurs biens Wakfs. Il n'y avait que 3 vieux
juifs en prière ; ils furent bousculés, les prières écrites
placées dans les interstices des pierres furent brûléesou déchirées et le bruit se répandit en ville que lesmusulmans massacraient les juifs. A la sortie de la
Mosquée,après la prière de midi, desgroupes de musul-mans sortirent des murs d'enceinte par les portes deJaffa et de Damas et attaquèrent les quartiers juifsextérieurs.
Les autorités localesqui n'avaient pas de troupes sur
place ont été surprises et débordées, d'autant que dès
que la fusillade eut commencé, les désordres, le pillageet l'incendie se propagèrent rapidement dans la villeet s'étendirent le lendemain dans tous les centres oùvivaient des colonies juives.
L'état de siège a été proclamé, les magasins sefermèrent dans les souks de Jérusalem, et on fit appelnux fonctionnaires civils et aux anciens policiers juifsou non-juifs pour constituer un corps d'agents de
police volontaires.Des renforts furent envoyés du Caire ; un premier
détachement arriva par avion dès le 25 août ; de Maltedes navires de guerre et des troupes furent expédiés.
L'ARMEE D'AFRIQUE 277
La frontière entre la Palestine, la Syrie et la Trans-
jordanie a été fermée : des auto-mitrailleuses patrouil-lent tout au long. Aucun voyageur n'est admis' à
passer ; seul le courrier circule pur le train. En ce quiconcerne le courrier aérien de l'Inde, il n'a pas été
interrompu mais il est détourné par la voie de.Kan-
tara et d'Amman.
Les attaques d'Arabes contre les localités ont été
nombreuses, presque toutes les localités ont eu à en
souffrir. Au 31 août, les pertes officielles reconnues parsuite d'admission dans les hôpitaux sont de : 164 tués
et 272 blessés, niais il est à craindre qu'elles ne soient
beaucoup plus élevées.
Les autorités britanniques se trouvent assez gênées
pour exercer une défense efficace et qui ne revête pasun caractère d'odieuse répression ; dans tous les com-
muniqués officiels le soin avec lequel on souligne qu?au-cun bombardement aérien n'a été autorisé et qu'aucunetiraillerie non contrôlée n'a été permise aux. troupes,
indique le souci des autorités britanniques de ménager
l'opinion extérieure.
Le bombardement du-port de Caïffa par un navirede guerre a été démenti, de même que l'incendie parles troupes des maisons de suspects d'où des coupsde fusil avaient été tirés sur les troupes de Gaza.
Répressions à l'extérieur. — L'émotion qu'ont soule-
vée les troubles a été très vivement ressentie par toutesles communautés juives et musulmanes du mondé
entier.
Dans les pays avoisinant la Palestine d'abord : lesBédouins de TransJordanie en bordure dé Palestine se
sont aussitôt mis en mouvement pour participer à
une curée qu'ils croyaient devoir être profitable ; lès
reconnaissances d'avion ont pu lés situer et les auto-rités ont pu intervenir pour les arrêter assez à tempset éviter une extension du mouvement. Le chef des
Béni Sakhr a été arrêté.
Malgré toutes les pi'écautions prises, on signalait quedes groupes de bédouins avaient réussi à passer la fron-
tière syrienne et transjordanienne et avaient pu venir
menacer Safcd au Nord du lac de Tibériadc.
Au Nedj, on prétend que SoltanAttrache, heureuxde saisir cette occasion de sortir d'un exil, pénible u<
quitté Amman et cherche à mobiliser des partisansdruses yxnirvenir au secours du Ilaram es Schériff.
En Syrie, une vive surexcitation s'est aussitôt mani-
festée à Damas, foyer où les intrigues politiques couvent
en permanence. Les autorités françaises ont fait garderpar des troupes appuyées par des chars le quartier juif:Les souks ont été fermés durant 2 ou 3 jours et desmanifestations ont eu lieu sans qu'il en résulte d'inci-dents graves, grâce à la ferme attitude des autoritésciviles et militaires.
A Beyrouth une grande manifestation s'est dérouléeen ville englobant 3.000 personnes comprenant desmusulmans et des chrétiens, portant la bannière du
prophète et la croix, protestant contre le sionisme spo-liateur des autochtones, et brandissant des pancartes
avec l'inscription «Vive l'union des musulmans et des
chrétiens». La .manifestation n'a pas été autorisée à.
passer devant, lé consulat général d'Angleterre quiavait été gardé par des troupes.
On ne signale aucun incident.
En Iraq, les manifestations des musulmans ont été
plus violentes. Le 30 août, 5.000'manifestants se sont
réunis à la mosquée Hadiarkhanapour une cérémonie
comméniorative' en l'honneur des musulmans tués aucours des troubles de Palestine ; le Président-du Parti
national arabe, Mohamed Bey Aba Tummian fit
adopter une motion contre la situation en Palestine,rendant le sionisme responsable des émeutes. 11invi-
tait la population au calme en faisant remarquer queles Juifs iraquiens n'étaient pas responsables du sio-
nisme." Les jeunes israél;tes de Bagdad répondirent par uneadresse, aux nationalistes condamnant, en effet, lesionisme et associant les protestations des Juifs ira-
quiens à celles des musulmans.
Malheureusement les manifestants ne purent garderleur sang froid et, en rentrant chez eux à travers les
souks, une rixe éclata entre Juifs et, Musulmans, quidégénéra en véritable- bataille. La police montée dut
intervenir, des renforts de police entourèrent la ville,où le calme fut rétabli à la nuit.
A l'étranger, toutes les communautés juives envoientdes adresses au Gouvernement anglais pour approuversa politique juive et lui demandent d?agir énergique-ment pour, défendre les droits des juifs sionistes op-primés. D'Amérique, le Sénateur Borah s'étonne queles autorités palestiniennes aient été ainsi, débordées
par les événements ; il dégage la responsabilité duGouvernement métropolitain dont il connaît les bonnesdispositions à l'égard dés juifs mais demande une en-
quête locale pour établir l'incurie et la négligence desfonctionnaires du mandat' britannique.
Lord Balfour, a envoyé au Dr Wèismanh, Présidentde l'agence juive et dé l'organisation sioniste, unelettre lui exprimant son indignation, et son dégoûtau sujet dès événement de Palestine et lui renouvelantl'assurance que rengagement pris par là Grande
Bretagne de favoriser l'établissement d'un Home natio-nal du Peuple Juif en Palestine ne serait pas retiré.
* *
De leur côté les populations musulmanes adressentdes protestations soit, au Gouvernement britanniquesoit à la S.D.N. pour protester contre la. politiquesioniste du Gouvernement britannique.
Aux Indes les journaux musulmans protestent etdénoncent les visées anglaises cherchant à retireraux Musulmans le contrôle de leurs lieux saints àJérusalem.
Le comité exécutif arabe de Palestine et une délé-
gation Syro-Palestinienne à Genève ont envoyé des
protestations dans le même sens à M. Mac Donald.Enfin en Egypte les journaux protestent contre la
prétention des Juifs de vouloir devenir les niaîtics de
278 L'ARMEE D'AFRIQUE
la Palestine et déclarent que les arabes sont bien déci-dés à combattre pour défendre leur honneur et leursintérêts. Le Wafd aurait même décidé de télégraphierà la S.D.N. pour protester contre les événementsde Palestine et lui demander d'insister auprès duGouvernement anglais pour qu'il retire la déclarationBalfour cause des conflits actuels.
Le retour de Lord C/ianeellor.— Le Haut-Commissai-re britannique qui prenait son congé à Londres quandles troubles ont éclaté est arrivé à Jérusalem le 29août dans l'après-midi.
Il a donné ordre de désarmer les policiers juifs qu'onavait enrôlés au moment des troubles.
Le retour du Chef responsable a amené une certainedétente dans les esprits.
AFGHANISTANLe Général Nadir Khan a repris l'offensive contre
l'Emir Kaboul : il aurait remporté quelques succès etrepris Gardez ; mais la saison n'est pas encore propiceà une marche en forces sur Kaboul.
D'autre part, le Général, quoique assez populairedans les tribus du Sud et de l'Est, est à court d'argent.Un convoi de fonds envoyé par l'agent commerciald'Amanoullah a été pillé, de sorte que lestribus restéesfidèles au Général se trouvent peu portées à renouvelerleurs efforts.
Son rival, l'Emir de Kaboul, qui se fait appelerHabiboullah Khan, dispose de ressources pécuniairesplus considérables, mais aurait moins de munitions quele Général Nadir Khan.
Il paye régulièrement ses troupes et fait régner l'ordrepar des procédés impitoyables.
Il aurait fait rétablir les communications par sans filavec Moscou et avec l'Inde.
Il aurait prié Sir Francis Humphreys, ancien Minis*tre d'Angleterre, d'intervenir auprès du Foreign Office
pour le rétablissement de la légation britannique àKaboul.
Dans l'ensemble la sitation reste toujours très con-fuse et on ne peut encore prévoir quelle pourra en êtrel'issue.
PERSE
Les graves soulèvements qui ont eu lieu au cours destrois derniers mois, dans la province du Fars sont com-plètement réprimés.
Les Bakhtiaris ont fait leur soumission après les
Kashgais et il est peu probable que les Khamzehslivrés à eux seuls puissent créer de nouvelles dif-ficultés.
Le Sirdar Assad et Murteza Ruli Khan, fils de Sam-san es Saltaneh chef.bakhtiari notoire, ont été désignéspar le Gouvernement pour effectuer le règlement des
questions ayant provoqué le soulèvement.
Pour ramener le calme, le Gouvernement, devra
poursuivre le châtiment des autorités qui, par leurs
exactions, ont contribué à surexciter le ressentimentdes tribus rebelles, mais il devra- aussi faire quelques
concessions dans la mise en vigueur des réformes un
peu hâtivement imposées à ses tribus arriérées, parmilesquelles l'interdiction de la culture des pavots à
opium n'a pas été une des m'oinsirritantes.
Traité d'amitié entre la Perse et le Hedjaz. — Letraité d'amitié a été signé le 24 août ; après échange de
décorations, les membres de la mission sont repartispour le Hedjaz porteurs d'une lettre personnelle duShah pour Ibn Séoud.
Avant leur départ, les membres de la mission ontété reçus par Sir Robert Olive, le Ministre anglais.
EGYPTE
Le projet de traité anglo-Egyptien. — Le Foreignofficea publié le 6 août dernier le texte des notes échan-
gées le 3 août entre Mohamed Pacha Mahmud, premierMinistre d'Egypte et M. Henderson, Secrétaire d'Etataux Affaires Etrangères, relatives aux propositionsdu règlement des questions anglo-égyptiennes.
Dans sa lettre d'envoi au premier Ministre égyptienM. Henderson indique que les propositions faites cons-tituent l'extrême limite des concessionsque le Gouver-nement de SaMajesté Britannique puisseaccorder dansle but d'amener un règlement définitif et honorableaux questions restées en suspens entre les deux pays.-
Il exprime l'espoir que le peuple égyptien examineraces propositions dans un esprit d'amitié et de concilia-
tion, semblable à celui qui a présidé aux conversationsde Londres et sans distinction de parti.
En ce qui concerne la procédure préconisée, la note
d'envoi anglaise envisage que les propositions devrontd'abord être approuvées par le Parlement égyptiennouvellement élu, et ensuite soumisespar le Gouverne-
ment anglais au Parlement. Une fois approuvées, ces
propositions devront recevoir leur effet par la conclu-sion et la ratification d'un traité.
, Les propositions comprennent 16 paragraphes et
cinq notes annexes d'explications de certaines questionsde détail importantes.
Le paragraphe I annonce que :
«L'occupation militaire de l'Egypte par les forces
de sa Majesté Britannique est terminée, et le paragra-phe 2 stipule qu'une alliance est conclueentre les deux
pays.Les autres paragraphes concernent :
1° L'appui de la Grande Bretagne pour l'admission
de l'Egypte à la S. D. N. ;
2° L'intervention en cas de conflit avec un tiers
(les deux puissances se concerteront pour son règle-ment pacifique) ;
3° La définit'on d'une politique étrangère ne portant
pas atteinte aux intérêts réciproques des deux pays ;
4° L'adoption par l'Egypte de mesures proposées
pour faire respecter la vie et, les biens des étrangers ;
5° L'alliance en cas de guerre ;
6° L'acceptation d'instructeurs militaires anglais
pour l'armée égyptienne ;
L'ARMEE D'AFRIQUE 279
7° La protection du canal de Suez, par l'autorisation
donnée à la Grande Bretagne de maintenir sur le ter-
ritoire égyptien à l'Est du 32° de longitude telles trou-
pes qu'elles estime nécessaires ;
8° La promesse du Gouvernement égyptien d'enga-ger des sujets anglais de préférence aux autres, pour les
services dans lesquels entrent des étrangers ;
9° L'accord sur la nécessité de changer le régime
capitulaire ;
10" La représentation de la Grande Bretagne en
Egypte par un Ambassadeur auquel sera réservé le
plus haut rang à la Cour du Roi d'Egypte.
Le statut du Soudan Anglo-Egyptien sera celui
défini par la Convention de 1899.
Le traité qui sera signé sur les bases des propositionsci-dessus aura une durée de 25 ans au bout desquellesles termes pourront en être modifiés par commun ac-cord entre les deux parties.
Dans les notes explicatives les questions suivantes
sont réglées':
1reannexe, 'armée égyptienne
Le personnel, anglais des forces égyptiennes sera
retiré. Dans un but de plus intime coopération l'arme-
ment et l'équipement des troupes égyptiennes ne devra
pas différer de ceux des troupes anglaises.
Le survol de la zone du canal de Suez ne sera pasautorisé, sauf accord contraire des deux gouverne-ments, les forces anglaises et égyptiennes n'étant pasvisées par cette interdiction.
Les 2e, 3e et 4e annexes règlent la nomination des
Conseillers financiers, judiciaire et de la police del'installation de la juridiction mixte.
En ce qui concerne le Soudan, le Gouvernement
britanique est disposé à étudier avec sympathie leretour d'un bataillon égyptien au Soudan au moment
du retrait des troupes anglaises du Caire.
L'accueil de l'opinion égyptienne. — La grande massedu peuple égyptien semble favorable aux propositionsde l'accord telles qu'elles sont publiées.
Mais le parti du Wafd, sans méconnaître l'impor-tance des offres britanniques, ne veut pas encore se
prononcer en leur faveur parce qu'il ne veut rien
recevoir de Mahmoud Pacha, pas même la reconnais-sance de l'Indépendance égyptienne.
Nâhas Pacha dans son appel à la nation égyptienneexige le rappel du Parlement, qui seul doit se pronon-cer pour ou contre le projet de traité et il dénie au
Cabinet actuel les qualités voulues pour respecter laConstitution et renoncer à la politique impérialiste
qu'il à lui-même instaurée dans le pays.
Des meetings ont eu lieu le 30 août pour présenter ladiscussion du projet de Traité aux groupes de natio-
nalistes par Nahas Pacha, et aux libéraux par Mahmoud
Pacha.
Le nouveau Haut-Commissaire de l'Egypte. ->-Sir
Percy Loràinè, Ministre d'Angleterre, à Athènes, a éténommé Haut-Commissaire pour l'Egypte et le Soudan fcomme successeur de Lord LlOyd ; il a quitté Londresvia Paris et Gênes le 27 août pour Alexandrie où il
arriva dans les premiers jours de septembre.
Retour du Roi et de son Premier Ministre. —--LeRoi
Fouad, accompagné de Mahmoud Pachà est arrivé à
Alexandrie le 23 août. '. -
Une foule immense l'attendait et l'a acclamé.Le soir Mahmoud Pacha a présidé un meeting dé
7.000 personnes au cours duquel le Premier Ministrea exprimé l'espoir de voir terminer prochainement la
domination anglaise quipèse sur sonpays depuis 32ans.
Il demande à la Nation de maintenir son unité en
dehors de toute question dé partis politiques, et à
montré la futilité de poursuivre une lutte stérile contré
la Grande Bretagne.
Il n'a pas abordé la question de la convocation du
Parlement ni des futures élections.
280 L'ARMEE D'AFRIQUE
Les Tornades enAfrique Equatoriale française
Leur régime. — Leurs symptômes. — Leur durée
Rien ne saurait donner une idée de la violence destornades en Afrique equatoriale. Ces bouleversementsatmosphériques sont peut-être la plus belle scène dela nature que ie connaisse.
iLe soleil va se coucher. Toute la journée il a été de ,
plomb fondu. Pas le plus léger souffle de la brise.La chaleur a été accablante. On respire avec ,peine. Le calme le plus absolu règne. Au ciel, quelques ,nuages cotonneux, des cumulus agglomérés ou parfois iun seul point noir dans le Nord-Est. Petit à petit cettetache s'accroît et s'élève assez rapidement au-dessusde l'horizon. Lesbordsen sontleplussouventcirculaireset. sa couleur est d'un beau noir foncé. On dirait un gi-gantesque scorpion qui a envahi peu à peu tout le ciel.L'atmosphère est de plus en plus lourde. On se croiraitplongé en entier dans un bain d'électricité. On ne tardepas à. entendre le bruit de l'orage qui avance avec uneextraordinaire rapidité, surprenant ceux qui n'ysont pas habitués, ear dans quelques rares et brèvesminutes il est là. Alors sans transition aucune, le calmeest remplacé par un vent d'une violence extrême, cin- '
glant comme un coup de fouet. Quelques grosses goût-e
tes d'abord, puis une pluie diluvienne l'accompagnent.c
Et le tonnerre plus puissant à lui seul que dix Berthas s
fait entendre sa grosse voix. A quelques secondesd'in- e
tervalle, le ciel est sillonné d'éclairs brillants qui il- s
luminent d'un vif éclat tout la partie orageuse. Une c
véritable ceinture de nuages délimite cet espace en- e
flammé. Le Créateur est vraiment i:n merveilleux met- Iteur en scène. Il semble qu'il ait frotté avec du phos-
s
phore tout un segment du ciel. En un clin d'oeil lesnimbus ont envahi complètement la voûte céleste.La pluie faitrage puis peu à peu diminue. Le vent molliten faisant, en partie le tour du cadran, et toujours dans "
le sens du mouvement du soleil. Du Nord-Est il passeà l'Est, puis au Sud-Est, au Sud et parfois au Nord- oOuest. Cependant les éclairs s'ont toujours aussi nom- àbreux. Ils d'gagent mie lueur tellement éblouissante s
que l'oeil ne peut la supporter, et à. chaque ins-tant l'horizon est éclairé et prend une teinte souvent Cviolette. Il y a donc là haut de gigantesques tubes de pGeissler. Cette lumière est fluorescente. Les éclairsrevêtent les formes les plus variées. C'est souvent uneénorme quantité d'influx lumineux,qui étend sa clarté asubite comme une nappe au-dessus de l'horizon, qui +retombe immédiatement dans une ombre qui semble t]encore plus épaisse à cause du contraste. C'est le plus t]souvent, une ligne brisée, rarement une ligne droite,parfois aussi une ligne sinueuse, immense serpent quitraverse la voûte céleste et s'enfuit à mie allure verti-
gineuse. Elle revêt aussi les formes les plus capricieuses.
Tantôt elle offre de multiples branches qui se dirigentdans tous les senscomme les rameaux d'un arbre géant,tantôt, aussi elle se présente sous la forme d'un immen-se bilboquet, longue étincelle perpendiculaire à l'ho-rizon et au sommet de laquelle apparaît une boule defeu dont le mouvement est plus lent, et qui est bienla manifestation la plus étrange de lafoudre. Ceséclairssont tantôt d'un blanc éblouissant, tantôt aussi d'unebelle teinte jaune, bleue, rouge ou violette. Leur cou-leur dépend de la quantité d'électricité qui traversel'atmosphère, de sa densité, de son humidité et desmatières en suspension. Leur longueur varie de 1 à, 15et même 20 kilomètres. Enfin petit à petit, le ciel s'é-
claircit, le vent tombe et tous les phénomènes dispa-raissent. Le calme le plus parfait renaît et après lesdernières convulsions, comme une femme qui vientd'enfanter, la nature fatiguée se plonge dans un reposréparateur.
La tornade est toujours annoncéepar certains symp-tômes avant-coureurs, véritables prodromes qui,lorsqu'ils n'existent pas, permettent d'affirmer pres-qu'à coup sûr, que l'orage sera peu violent. On aperçoità l'horizon, quelquefois aux quatre coins, des nuagesd'une couleur cuivrée le jour, noir foncé la nuit. Le cielse charge. Le plus souvent un seul dé ces ares s'avanceen remontant contre le vent. L'arc devient segment ets'avance avec une grande rapidité. Son ascension coïn-cide avec une période de calme à la surface de la terreet est accompagnée d'éclairs etde tonnerre. Des que les
premières gouttes tombent, le vent se lève, devient desuite très violent et la pluie ne tarde pas à devenirtorrentielle. Petità petit tout s'apaise et le plus souventle calme revenu annonce la fin de l'orage. Parfois aussi
l'orage ayant cessé, la pluie continue à tomber, maismoins abondante et une légère brise subsiste.
La durée d'une tornade varie d'une demi-heure à 3ou 4 heures. Les tornades n'existent que pendant lesdeux saisons des pluies et surtout pendant la grandesaison. Leur fréquence varie avec la latitude.
Après la tornade, l'air est plus agréable, plus frais.On peut noter «n abaissement sérieux du thermomètre,pouvant atteindre 7, 8 et même 9 degrés.
Dans les massifs montagneux ou dans la grande forêtces tornades dont la violence est extrême sont à monavis la plus belle scènede la nature iiitertropicale. Et jeterminerai en exprimant le regret qu'il ne se soit pastrouvé parmi les coloniaux, un musicien pour latraduire en musique.
TROUILH.
Lieutenant-Colonelau 13° Régimentde Tirailleurs Sénégalais.
INFORMATIONS
La mort du Colonel Prudhomme, Commandant
le 13e régiment de tirailleurs sénégalais
C'csl-avscdouleur que nous avons appris la mort du
Colonel Prudhomme, survenu le 9 octobre à l'hôpitalmilitaire de Constantine après une 1res courtemaladie.
Le Colonel Prudhomme était un ami du bulletin
l'Année d'Afrique. Il y avait collabore dès la premièreheure. Deux de ses articles avaient été remarqués :«Nos troupes noires» (Juillet, Août 1924)el« I.espelotonsmélutristes de Mauritanie» (février 1925). Il y avaitmis toutesa foi en cesadmirables troupes sénégalaises cl
mauritaniennes.
Depuis plusieurs années il faisait partie du Comité
administratif du bulletin oii il apportait avec son opti-misme souriant les idées lesplus généreuses.
Ses obsèqueseurent lieu à ConsUi.nti.ne,le 10 octobre.
Les honneursfurent, rendus par le 3e zouaves.
Sur sa tombe, le lieutenant-colonel Angibaud, du13° régiment de tirailleurs sénégalais, a rapidementretracé la. carrière de ce beau soldat :
Nous reproduisons ci-après ce discours :
«JJCcolonel Prudhomme est né à Paris le 25 août1875; il était donc âgé de 54 ans.
« A 18 ans, il s'engage au 5'-'régiment d'infanterie.Promu, rapidement sous-officier, il est admis à l'écolemilitaire- de Saint Maixent d'où il. sort sous-lieutenant
le !or avril 1898, au 56° régiment. Mais, poussépar unenature ardente, enthousiaste et. énergique, il quille le
régiment oh il sert depuis 2 ans et.se fait affecter, endécembre1900, dans l'infanterie de marine.
«Après des séjours en Cochinehine (de mai 1901 «
juillet 1903)el à Madagascar (d'avril 3906 à juin 1913),la guerre letrouveau 22°régiment d'infanterie coloniale,et du,débutde la campagne ou 11août 1917, il prend une
part active Atoutes les opérations de ce régiment sur la.
frontière,cnCluimpugne,dans la Sommeet ait Cliemindes
Dames.«En Octobre 1917, il. va exercer le commandement
délicat du cercle de l'Adntr, en Mauritanie et rentre
d/l.-O.-F., en août 1920.«En avril 1923, il est affecté an. 13° régiment, de
tirailleurs sénégalais, à Alger, où,.après avoir rempli les
fonctions de major de la garnison, il prend le commande-ment,du,régiment.
«Cettetranche de sa vie colonialeétait sur le point de.
s'achever, et. des horizons nouveaux ceux du levant, al-laient,s'ouvrir à.son.activité quand il tombe brusquementaux manoeuvresde Souk.-Ahras.
« Servi, par une intelligence vive et un grand bon
sens, le colonelPrudhommeacceptait, urée lesourire, tou-
tes les missions dont on le chargeait. Il payait d'exem-
ple toujours el purtout, travaillant sans relâche et avecautant de conviction à l'instruction, à la tenue et à la
disciplinequ'aux moindres détails de.la vie militaire des
cadres, des soldats et des tirailleurs qu'il aimait profon-dément.
il avait entraîné son régiment, et selon l'expression'
d'un deses chefs, «en avait fait un régiment hors ligne».
Animateur d'une si belleunité, il était'prêt par l'exem-
ple de sa bravourepersonnelle, à obtenir d'elle les plusprofonds sacrifices. Ses citations en font foi :
«On le voit cité à l'ordre du 3e corps d'armée (Ordregénéral-numéro 102, du 6 mars 1916,Beauséjonr) pource motif :
«Au coursdes combatslivrés du 8 au 11février 1916,n'a. cessé de faire preuve d'une bravoure personnelle et
d'un entrain commnnicatifdignes desplus grands éloges.A réussi à enlever à l'ennemi des positions fortifiées,les a. défenduesavec intrépidité contredesconlre-allayuesincessantes.» -
Il est encore cité à l'ordre du 1er corps d'armée colo-nial (Ordre général numéro426 du 16mars 1916,Massi-
ges).«/ cpremier bataillondu 22° colonial, sous l'énergique
commandementdu chef de bataillon Prudhomme, a, du
7 au 10février 1916, supporté stoïquementun feu intensed'artillerie. A enlevébrillammentune position importun*tefaisant desprisonniers. A conservétout le terrain, con-
quis, en repoussant cinq violentes contre-attaques, ap-puyées par une artillerie très puissante. »
«3° Cité à l'ordre de l'armée. (Ordre général numéro3.470 D du 13 août.1916, Somme). ._
«Officier supérieur de grande valeur, modèlede bra-voure. Les premier et 2 juillet 1916, a enlevé d'un élan
magnifique huit tranchées successivesde la position en-
nemie, à la tête de son bataillon».
«Cité à l'ordre de l'armée. (Ordre numéro 476 de la
quatrièmearmée du 27 mai 1917, ChemindesDames).« Vient de se distinguer en profitant d'un manque de
surveillance des Allemands pour se glisser dans destranchéesdont il avait été impossible de se rendre maître
malgré de sanglants efforts. S'y est maintenu, a élargi,le terrain conquis el a permis aux corpsvoisins des'em-
parer d'un villagetrès difficile à attaquer. »«Le colonel Prudhomme avait une âme de soldat.«Que la glorification,de ses hautes qualités militaires
soient une consolationpour sa famille et un exemplepournous tous qui l'aimions !»
** .*
M. le Maréchal Franciwt d'Espérey, inspecteur géné-ral des troupes d'Afrique du Nord, le Général Verdier,directeur des troupes coloniales, le Général Claudel, ins-
pecteur général,destroupes coloniales, le Général Georgescommandant la division d'Alger, le Général Faquin,commandantla.lrc brigaded'infanterie d'Algérie, avaientadressé à lafamille, partélégrammes, leurs condoléancesci
l'expression de leurs profonde sympathie.Le Général Naulin, commandant,le 19"corpsd'armée,
s'était fait représenter aux obsèques par le Général
Pnjos, commandant,la division de Constantine.De nombreux Officiers dit 13e sénégalais, du 0°
zouaveset de la garnison de.Constantine assistaient à laCérémonie.I: LeInilletin«/'Armécd'Afrique »conserverapieusementle souvenir du colonel Prudhomme.
282 L'ARMEE D'AFRIQUE
AOUT 1929
Territoire d'Aïn-Sefra
Les sollicitations réitérées des gens du Glwrfa ontamené les Oulad iiclguiz à organiser un miad de40 ca-valiers dont les derniers éléments sont partis le 6 aoûtà destination de cedistrict avec desintentions plutôt paci-fiques dans le but de permettre'aux Doui Menia depro-céderen paix à la récoltede leurs dattes.
Dans le territoire, les pâturages étant restés suffisants,les troupeaux n'ont pas trop souffert de l'été. Ta récoltededattess'annonce bonne,surtout dans lecercledeColomb,en revanche, elleparaît devoirêtre déficitaire au Touat etau Gourara.
Territoire de Ghardaïa
Les indigènes lettrés suivent avecle plus grand intérêtles troubles antisémites de Palestine. Cependant lescommentairesde la presse ne soidèvent clwzeux aucune
passion et nulle émotionn'est à craindre parmi la paisi-blepopulation de la région.
Vacliaba des nomades du territoire, dans le Sersou, se
poursuit sans incidents : les travailleurs Ouled Naïl guiavaient participé au mouvement de transhumance ont,
pour la plupart, réintégré leur tribu d'origine.Un vol de sauterelles venant de l'ouest s'est abattu le
8 août à la limite de l'annexe deDjclfa et de ta communemixte de Chellala ; des pontes ont été repérées sur une
superficie de 200 liectarcs, en terrain labourable. Desmesuresont étéprises en vue deprocéder à leur destruc-tion.
Territoire de Touggourt
la récolte des dattes s'annonce comme devant être
particulièrement abondante cette année. Cependant en-raison de la température exceptionnellementclémentedudébut de l'été, il est probable que la maturité sera tardiveel ki récolleretardée.
L'achaba est sur le point de se terminer cl déjà quel-ques tribus ont commencéleur mouvementvers le Saluvra.Aucun incident n'a marquél'estivageau coursdu derniermois.
Territoire des Oasis
Le calme le plus completcontinue à régner sur toutel'étenduedu territoire. Il a plu abondammentau Tidikelile 15 août ; cet orage a causé de sérieux dégâts aux bâti-ments administratifs et militaires d'In-Salah.
Au Hoggar, le 27 août, l'oued Tanuinrassct a coulé
torrentueusement, détruisant les foggarus de Taman-rasset. Demêmel'oued Outoul et lespetits ouedsqui cou-
pent la piste vers In Guczzam,où d'importants dégâtsont été signalés.
L'ARMEE D'AFRIQUE 283
BIBLIOGRAPHIE
Amiral CASTEX :Théories Stratégiques l'orneI.
Généralités sur la stratégie. La Mission des forcesmaritimes, la conduite des opérations. Un volumein-8°de 400 pages, avecune planche en couleurs : 45 francs.
(Société d'Editions Géographiques, Maritimes et
Coloniales, 184, boulevard Saint Germain à Paris).
Lans ce premier volume, l'Auteur expose d'abord
quelquesgénéralitésrelativesà la stratégie et à son histo-
rique. Puis après avoir montré l'importance des com-munications maritimes en-temps de paix et en temps de
guerre et débattu les questions très à l'ordre du
jour de maîtrise de la mer et de liberté des mers, il
définit et précise la mission à accomplir par les forcesnavales d'une nation en lutte. Enfin, dans une troisième
partie la plus importante et la plus intéressante, ils'attache à établir les bases rationnelles d'une théoriede la conduite des opérations, telles qu'elles peuventrésulter du bon sens, du jugement militaire et de l'ex-
périence de nos devanciers. ,
Tout en recourant en cette,matière, commeil convient,à l'histoire des guerres du Passé, l'Amiral Castex a
soigneusementévité de s'attarder aux conceptionsactuel-lementpériméesde l'unique guerre de surface d'autrefois,et il a fait dans son livre une large place etl'emploi dusous-marin et de l'aviation. Il s'est longuement étendusur les cliangemenlsprofonds qu'ils apportent à notre
époque,dans la physionomiedes opérations et mêmedansla constitutionet l'organisation desforces. Et il est ainsiconduit ci retouclier considérablement des conclusions
qui étaient généralementadmisesavant cegrand boulever-sement.
Il est probable que certaines tiiéories de l'AmiralCastx serontvivementdiscutésenraison deleur nouveau-té et.deleur liardiesse.Ellessont detoutesmanières dignesdesérieusesconsidérationsetellesont lemérite deprendrenettementposition-au sujet de beaucoupde problèmesqui
passionnent ceux qui suivent attentivementles questionsmilitaires de l'iteure présente.
Au surplus, l'auteur compte ne pas s'en tenir là,et il s'est proposé de passer successivementen revue les
multiples facteurs de la stratégie. Ce premier volumen'est donc que le début d'un ensembleaux proportionstrès vastes. Un second tome consacré à la -Manoeuvre
Stratégique est déjà annoncé et paraîtra procliainement.
** *
Les armées de l'empire BritanniqueLa mentalité anglaise est toujours curieuse à étudier
pour un Français. A ne pas cliercherà la comprendre,on risque de se heurter, on s'expose à des malentendus.
Or,pendant la guerre, Français etAnglais se sont trouvésà maintes.reprisés en contact, ont eu des relations deservice ensemble ; depuis la guerre, en Haute-Silésie,en Chine, aux confins Syro-Palestiniens, des OfficiersAnglais et Français ont eu l'occasion de se rencontrer :c'est pour faciliter la tâche de ceux qui pourront avoirdes occasions semblables que le Capitaine Fillingham,de l'Armée britannique, et le capitaine Villaie ont écritce livre. <
Nul n'était plus qualifié que le Capitaine Fillinghampour exposer à ses camaradesfrançais la mentalité et lesraisons des coutumes britanniques. Professeur à l'Ecole
SpécialeMilitaire, il a vu, il a senti cequi pouvait nous
frapper dans celtementalité et dans cescoutumes. C'estce qui fait l'intérêt de cet ouvrage, qui n'est pas une
simple énuvuîratwn. des forces Imtanniqucs, mais: quicherche à faire comprendre l'organisation et la vie decesarmées.
Les armées de l'empire Britannique. — Charles-Lavauzelle et Cleéditeurs. Prix :6 francs, franco 6 fr.45
(chèque postal 88-49 Paris.)
Lr Gérant : H. PASTRE $, $. Imp Algérienne (P. GUIAUCHAIN),2, rue Bonrlon — Alger.
UN PASSAGE DE LA DIVINE COMÉDIE
— Car seul un pneu ballon BtJNLOP triple pavé monté sur jante base
creuse, peut passer par des routes infernales (DANTE, ch. vu).
IMPRIMERIEALGERIENNE2, RUEBOURLON,ALGER