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Artour 2009 / se mettre au vert

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Artour / Art contemporain et Patrimoine

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Sur le sentier des grandes vacances, l’art contemporain, de plus en plus, s’impose lors d’escales touristiques, profitant du déplacement de voyageurs venus découvrir, là, un site patri-monial, parfois même, ici, le motivant. Les projets de recon-version culturelle et artistique se multiplient à travers le monde (songeons à Bilbao, ancienne ville industrielle, ou à Dubaï, qui prépare l’après-pétrole). Depuis 1997, ARTour s’appuie sur cette double force d’attraction, art contemporain et patrimoi-ne, en intégrant, aux nombreux sites et bâtiments remarqua-bles que compte notre région, expositions, installations, travaux d’artistes.En sept éditons, menées par le Centre culturel régional du Cen-tre dans un vaste partenariat avec les communes, la Province de Hainaut et de nombreuses institutions culturelles, et avec le soutien de la Communauté française, la biennale a su s’imposer au rang des manifestations culturelles majeures, en Belgique, grâce aux foisonnantes collaborations qui font son terreau, et qui enrichissent la réflexion, la cohérence, la pertinence de sa programmation.La région du Centre, à l’occasion de cet important événement, sera vu sous un jour dynamique et novateur ; c’est l’un des en-jeux de ce travail de convergence. Amener un public le plus large à l’expression et à la création artistique en est un autre, et de taille ! En sortant les œuvres des lieux qui leur sont habi-tuellement dévolus, ARTour parie sur la curiosité, l’audace et l’envie d’étonnement de chacun.

George HAINE, Échevin, Président du Centre culturel régional du Centre

Pour la septième fois, ARTour fait se conjuguer art contem-porain et patrimoine en région du Centre.

La Province de Hainaut a été partie prenante dès l’origine de l’initiative du Centre culturel régional. Mais, aujourd’hui, elle s’y associe d’autant plus volontiers que, pour la première fois, depuis le début de cette année, la Culture et le Tourisme sont confiés à un même Député provincial.

C’est dire combien nous ressentons la pertinence, voire la né-cessité, de ce regroupement, qui ne bride pas les particularités.

Ce que prouve la double facette de la participation provincia-le : la présentation d’éléments de sa collection patrimoniale, au château fort d’Ecaussinnes, et la création d’un jeune collectif au jardin d’hiver du Domaine de Mariemont.

Avant les matches importants, les équipes de football « se met-tent au vert ». Découvrons, ou retrouvons, avec les artistes le charme du ressourcement.

Fabienne CAPOT,Députée provinciale en charge de la Culture et du Tourisme

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La biennale ARTour 2007 Ne vois-tu rien venir ? du 23 juin au 2 septembre 2007

ARTour 2007 > Ecomusée du Bois-du-Luc > En trompe-l’œil… la cité radieuse Nathalie Doyen / Jacques Iezzi / Anne-Catherine Lonchay / Baudouin Oosterlynck / Vincent Strebell / Paty Sonville / Robin Vokaer / Cathy Weyders

Cathy Weyders

Anne-Catherine Lonchay Robin Vokaer

Vincent Strebell

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ARTour 2007 > Musée Royal de Mariemont et Orangerie du parc > Tour de force : Sculptures de Johan Creten > Château fort d’Ecaussinnes-Lalaing > La démangeaison des ailes Gianni Cestari (I) / Gianni Guidi (I) / Sergio Monari (I) / Jean-Claude Saudoyez /Giovanni Scardovi (I) / Marco Pellizzola (I) > Plan incliné de Ronquières > Tours et clochers de partout et de nulle part Sculptures de Nic Joosen et Châteaux forts vus du ciel

Johan Creten

Johan Creten Nic Joosen

Sergio Monari

Marco Pellizzola

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ARTour 2007 > Hôtel d’Arenberg > My Birthday Party Julie Gasemi (Nicolas Dufranne) > Château fort de Feluy > Marcher sur l’eau Installation de Marianne Ponlot > Prieuré de Montaigu > Ne vois-tu rien venir… ? Photographies d’Alain Breyer.

Nicolas Dufranne

Marianne Ponlot

Alain Breyer

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ARTour 2007 > Musée Ianchelevici > Era odatà... / Il était une fois... Contes et légendes de Roumanie : Clotilde Ancarani / Elodie Antoine / Cathy Perraux / Mireille Liénard / Agnès Ribault (F) / Sylvie Ronflette / Jean-Claude Saudoyez / Denyse Willem > Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de la Communauté française > Un Rêve habité. Châteaux imaginaires et utopiques : Pierre Alechinsky / Assadour / Pol Bury / Sophie Calle / Jean Coulon / Brunot Coutellier / Alain Delattre / Olivier Deprez / Alain De Zan / Emir Dragulj Daniel Fauville / Sixten Haage / Jean-Luc Herman / Raimo Kanerva / Kozuke Kimura / François-Xavier Lalanne / Jean-Pierre Leclef / Jacky Lecouturier / Bruce Mc Combs / Takesada Matsutani / Karel Míšek / Mimmo Paladino / Bruno Robbe / François Schuiten Jean-Pierre Scouflaire / Armand Simon / Luc Van Malderen / Guy Wéry / Thierry Wesel / Léon Wuidar > Centre ville de La Louvière : Pol Authomn > Maison du Tourisme du Parc des Canaux et Châteaux > Les Editions du Carré. Éditions de l’atelier de gravure-image imprimée de l’École Supérieure des Arts Plastiques et Visuels à Mons : Pol Authom / Sophie Avelange / Fabien Belanger (Can) / Marina Boucheï / Philippe Bouillon / Alain Breyer / Michel Cleempoel / Thomas Hucq / Leslie Leoni / Guillaume Monchaux / Loiola Ortiz De Zarate (E) / Mariusz Soltysik (P) / Olivier Sonck / Nina Vanhaverbeke / Michaël Van Puyvelde

Elodie Antoine

Cathy Perraux Les éditions du Carré

Luc Van Malderen

Pol Authom

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Depuis 1997, la biennale ARTour conjugue art contemporain et patrimoine et s’installe durant les vacances d’été dans le paysage de la région du Centre et sur le territoire du Parc des Canaux et Châteaux, entre espaces urbains, vestiges post-industriels, patrimoine historique, et autant

d’espaces bucoliques, de vertes campagnes.

Un conseil de sélection propose à des artistes reconnus ou à découvrir, issus principalement de la Communauté française mais aussi d’horizons plus lointains, un large espace de diffusion et de création intégré à des sites remarquables ou à un patrimoine exceptionnel.

Chaque biennale est conçue en relation avec un thème générique. Après l’imaginaire lié au château, autour duquel s’était construite la sixième bien-nale, l’expression « Se mettre au vert » est le fil conducteur de l’édition 2009. Ici, un sujet à prendre aussi bien au pied de la lettre que de la couleur.

Du 27 juin au 30 août 2009, la palette des verts se déploie autour de projets construits au départ d’interprétations différentes, toutes en rapport avec cette teinte particulière, si présente dans la nature et tellement référencée dans la société actuelle.

Un ensemble d’expositions et de créations sont proposées, pour l’occasion en relation plus ou moins étroite avec cette couleur. Que ce soit dans une approche franchement colorimétrique, comme élément constitutif ou prégnant de l’œuvre ou plus largement, au départ de références liées à son his-

toire, à sa symbolique, à sa codification : couleur de l’entre-deux, des créatures maléfiques, des Martiens, de la peur, vert du hasard, du destin, de la chance, de la jeunesse, teinte du printemps, de l’espérance du Paradis.

Objets verts, sculptures en verre ou, pourquoi pas ? en vair. Cet homonyme nous conduit aux arbres, à la végétation ; la connotation contemporaine du vert qui nous rapproche des préoccupations écologiques. L’œuvre est critique de nos rapports à l’environnement ou, œuvre au vert, en harmonie

avec l’espace naturel dans lequel elle se produit.

Quoi qu’il en soit, chacune des propositions tente de mettre en résonance les créations avec les espaces différents dans lesquels elles s’inscrivent : dans l’évidence des salles blanches d’un musée, en intégration subtile dans les collections

d’un château, la sérénité d’une chapelle, la quiétude d’une maison ancestrale ou sur des étangs entourés d’espaces verts.

Eric Claus Animateur, responsable des expositions

Centre culturel régional du Centre

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Musée Ianchelevici21 place Communale - 7100 La Louvière - 0032 (0)64 282530

Le musée Ianchelevici occupe depuis 1987 le bâtiment de l’ancien Palais de Justice de La Louvière. Construit au début du XXe siècle dans un style néo-classique, ce bâtiment est, avec l’Hôtel de Ville, l’édifice le plus important de la place communale. Sa façade présente une alternance de travées dont l’une s’ouvre sur un porche d’entrée. Son parement en briques rouges de Lobbes contraste avec le petit granit de Soignies réservé aux ornements qui délimitent ces travées : pilastres aux extrémités, colonnes centrales supportant l’entablement et le fronton, soubassement à bossages et bandeau médian inspirés par l’architecture classique.La justice a été rendue dans le lieu jusqu’en 1977. Lorsqu’en 1983, l’artiste d’origine roumaine Idel Ianchelevici (1909-1994) a émis le souhait de créer à La Louvière une fondation pour promouvoir son œuvre, les autorités communales ont décidé de transformer le bâtiment en musée, de nombreux aménagements y ont été entrepris. Depuis, ce musée communal affiche une double vocation. Il produit régu-lièrement des expositions temporaires centrées sur l’art contemporain et présente en permanence une soixantaine de sculptures et une dizaine de dessins de Ianchelevici issus d’un fonds de 2200 pièces conservées dans le bâtiment.

Vert ? Vous avez dit vert ? Partant de la couleur verte et de ses multiples nuances, les travaux présentés au musée s’inspirent tantôt de l’idée de nature, tantôt de la valeur symbolique de cette couleur ou de sa perception. Les plasticiens ont été invités à choisir une valeur chromatique dans l’infinie variété de verts et à lui donner sens à travers un matériau particulier ou sa figuration. La quinzaine de pièces réunies pour l’occasion participent toutes de ce type d’approche autant physique que mentale.Les déclinaisons de verts telles que nous les offre la nature sont largement exploitées par Caroline Léger et Anne Delfieu. La première allie au sein d’une création originale le textile et la fibre à de jeunes pousses dont la germination, l’éclosion et in fine, l’assèchement, témoignent de la fragilité du vivant. Anne Delfieu présente quant à elle une installation de branchages et de cendres. Plus loin, à mi-chemin entre règne végétal et minéral, des formes ovales issues d’alliages de cartons pétrifiés par une suite de manipulations, offrent de jolies couleurs vertes comme autant de galets moussus chariés par les eaux. De paysages, il est question dans la proposition de Hendrik Vermeulen. De grands dessins marouflés à même la cimaise exploitent la richesses des strates géologiques et des gisements sous-terrains en des fluorescences sibyllines. Si Cécile Vandresse et Stéphane Erouane Dumas proposent tous deux des motifs de nature, leurs approches diffèrent en tous points. Le graphisme en noir et blanc, épuré et inspiré de l’architecture des végétaux de la première, contraste avec le foisonnement des frondaisons peintes par le second.Enfin, Andreas Pytlik a fait de la couleur verte la principale caractéristique de son travail. L’artiste allemand appréhende cette tonalité dans ses dimensions symboliques, sociologiques et psychologiques, ici au sein d’une vidéo et d’une installation mêlant, comme à son habitude, des objets quotidiens peints en verts et des photographies. Quant à Pierre Toby, il travaille avant tout la perception de la couleur, ici en lien étroit avec l’architecture des lieux. De grandes plaques de verre monochromes vertes modifient la nature de l’espace qui lui est dévolu.

Valérie Formery, Conservatrice

« A la nature brute, Anne Delfieu emprunte ses matériaux de terre, de cendre et de branches pour établir toutes sortes de constructions rudimentaires qui tutoient l’architecture. La fa-çon dont l’artiste fait notamment se dresser dans l’espace les éléments de branchage qu’elle retravaille et compose en autant de jeux de voûtes et de colonnes témoigne d’un puissant senti-ment d’élévation »1. Si leur gamme chromatique est dominée par le blanc et le gris, le vert n’en est pas moins présent en des travaux plus intimistes que l’on pourrait apparenter à quelques galets de bords de mer.

1Philippe Piguet, L‘œil, juillet/août, 2003, à propos de l’exposition à Saint- Pierre-des-Minîmes à Compiegne. Anne Delfieu RR Vert, 2002, bois, compressions de cartons, pigments, 75 x 75 cm.

Anne Delfieu Née à Paris en 1947

11, rue d’Orchampt (F) 75018 Paris

[email protected]

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Poussière passée, la lente germination transforme cet embryon de terril en montagne ascendante.Gorgées d’eau sous l’équilibre du fil du temps, de jeunes pousses font mine d’élever ce monstre inerte vers une légèreté prometteuse, garante d’un futur ouvert vers le souvenir.D’une équation frigide et apparemment stérile naîtra la vie… Simple, inexorable, éphémère.

Dans la droite ligne des expérimentations végétales précédentes, V = (c2 × h) ÷ 3 est éphémère et en relation étroite avec un lieu, une saison, le temps.Elle convoque l’eau, le textile et les tisse avec le vivant.

« Dans la perception des couleurs, la vision imaginaire, contrairement à l’intuition créatrice, est préservée comme phénomène originel. En effet, à toute forme ou toute silhouette perçues par l’homme correspond chez lui la capacité de les produire. Le corps même dans la danse, la main dans le dessin imitent cette silhouette et se l’approprient. Mais le monde des couleurs impose une limite à cette capacité : le corps ne peut créer la couleur. Il ne se comporte pas vis-à-vis d’elle d’une manière créatrice, mais d’une manière réceptive (...). »1

1Walter Benjamin, Aussicht ins Kinderbuch in Gesammelte Schriften, t. IV, 2, Suhrkamp, Francfort, 1972, pp. 609-615.

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« Qu’il s’agisse des grands polyptyques ou des petits formats, des envahissantes frondaisons de pommiers aux poudroiements neigeux des pétales tombés à leurs pieds, c’est toujours le même bruissement qui surgit. Celui, presque imperceptible, de la vie tapie sous l’écorce, du murmure des feuillages ou du secret fourmillement des racines.[...] Issus d’une savante alchimie élaborée par le peintre au fil des ans, procédant par recouvrements et effacements successifs, ce sont eux qui procurent à la toile son souffle, aux couleurs vertes leurs mille palpitations et aux motifs cet étrange sentiment de vie.[...] Englobant le temps dans ses strates, cette peinture fait naître du même coup le sentiment d’une temporalité incluse dans l’espace. N’est-ce pas d’ailleurs la volonté du peintre, qui nous place face à ces immenses frondaisons saturant l’espace jusqu’à occuper presque toute la surface de la toile ? »1

Stéphanie Dulout, L’Eventail, septembre 2008, à propos d’une exposition à la galerie Fred Lanzanberg, Bruxelles, septembre-octobre 2008.

Caroline Léger Pyramide, projet d’installation.

Pierre Toby Maquette, projet d’intégration, palier du 1er étage du Musée Ianchelevici. Stéphane Erouane Dumas Pommier, 2005, huile sur toile, 150 x 50 cm, copyright ADAGP.

Stéphane E. Dumas Né à Boulogne-Billancourt en 1958

45 ter, rue des Acacias (F) 75017 Paris

stephane.erouane.dumas@ wanadoo.fr

Caroline Léger Née à Linselles (F) en 1963

32, rue Duquesnoy (B) 7500 Tournai

[email protected]

Pierre Toby Né à Bruxelles en 1962

86, rue le Lorrain (B) 1080 Bruxelles

[email protected]

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Entretien avec Sylvie Canonne à l’occasion de l’exposition de Cécile Vandresse au Centre culturel de Marchin (déc. 2004) Sylvie Canonne : Les dessins m’ont frappée par leur force, leur verticalité, la tension, l’affirmation d’un élan vital que je ne crois pas avoir perçues à ce point dans d’autres de tes dessins.Cécile Vandresse : J’avais fait une série de dessins préparatoires de petit format : des feuilles de narcisses. Je les ai ensuite repris sur de grands papiers. Et j’y suis allée d’un geste, sans repentir. Je n’ai pas contrôlé mon trait, je ne me suis pas posé la question de sa justesse, de sa beauté. C’est venu, dans l’instant. J’ai accepté ce qui venait. Ça m’a fait du bien.S. C : Que fais-tu dans les moments où rien ne vient ?C.V : Je vais dans mon jardin. J’ai besoin de retrouver le contact avec le réel, avec la nature. De toucher le sol avec mes mains. Je regarde les arbres, les fleurs, le paysage sans arrière-pensées. Je suis là, tout simplement, prête à accueillir l’étonnement.S. C : La nature te fascine ?C.V : Oui, il y a dans cette nature une telle altérité, quelque chose de tellement mystérieux qui m’appelle. J’ai besoin de comprendre, de chercher très profond dedans. Comme s’il y avait en elle un mystère à percer.

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Andreas Pytlik Hartmannsberg, installation, Munich, 2007.

Pour son installation, Andreas Pytlik confronte deux univers à priori sans lieu commun : le monde de la chasse et celui de l’orateur. Au centre de la pièce, un pupitre peint en vert trône seul au milieu de photographies épinglées à même la cimaise. Toutes représentent des miradors, ces constructions en bois ou en métal utilisées par les chasseurs lors des chasses à l’affût, type particulier de chasse appellé aussi stalking. Pour l’artiste, tout orateur depuis son pupitre, censé pourtant lui conférer autorité, n’en est pas moins une cible comme le serait n’importe quel gibier. Au-delà du rapport formel qui existe entre le pupitre et le mirador, le rapprochement s’arrête là puisqu’à la différence des chasseurs sournoisement cachés, soutenus par la force du nombre et particulièrement en sécurité dans leur stalking, l’orateur, lui, prend consciemment un risque.Appartenant au jargon des chasseurs, stalking signifie litté-ralement « s’approchant à pas feutrés ». Désignant aussi par extension le mirador lui même, le terme désigne aussi aujour-d’hui un type grave de harcèlement, mené notamment auprès des femmes dans le but de les déstabiliser et consistant notam-ment en des poursuites malveillantes, préméditées et répé-tées. La parole deviendrait-elle un acte de courage ?

Cécile Vandresse Née à Liège en 1950

9, rue de Thisnes (B) 4280 Hannut

[email protected]

Andreas Pytlik Né à Munich (D) en 1962

Hochschatzen 7 - (D) 83530 Schnaitsee [email protected]

www.andreaspytlik.de

PanoramoxPonctions célestes et filets de brume chauds. La région de Base 1 et Base 2. Q, Z et moi. La surface circulaire de la zone délimitée. Dans le lit de Xyrtox Liquid coule encore de l’eau. A travers l’immensité environnante : des restes de tuyauteries. Descendance perturbée. Amas de bruits de fond.

Hendrik Vermeulen, 2008

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PanoramoxHemelpuncties en hete nevelslierten. De regio van Basis 1 en Basis 2. Q., Z. en ik. Het cirkelvormig oppervlak van het afgebakende gebied. In de Xyrtox Liquid-bedding stroomt nog wat water. Dwars door de omgevende weidsheid: resten van doorsluisleidingen. Verstoorde nazaten. Verzamelde achtergrondruis.

Cécile Vandresse Feuilles de narcisse, détrempe et fusain sur papier, 220 x 75 cm. Hendrik Vermeulen Q #16 huile et pastel sur print, carton et multiplex, 8,5 x 11,2 cm, 2007.

Hendrik Vermeulen Né à Roeselare en 1965

Pontweg 84 - 9890 Asper [email protected]

www.hendrikvermeulen.be

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Andreas Pytlik Stalking, projet Artour 2009 pour le château fort d’Ecaussines-Lalaing.

La couleur verteLe vert est un espace vital visible, palpable. C’est la nature que l’on ressent soi-même. Le vert, comme je le montre dans mon travail, cite la nature pour y faire référence sans la copier ni l’imiter. L’extérieur et l’intérieur entament un dialogue à propos de ce qui est dit, communiquent et se rapprochent.Ce dialogue tendre entre le vert est sans cesse menacé par des illusions modernes et un intellectualisme fuyant.Susciter un souvenir naturel collectif par réduction et par le vert.

Le vert est une interface entre l’histoire, la religion, la politique, le vécu et l’existence - un point de vue en mouvement.

Le vert est un dialogue entre cultures. Une communication entre personnes et leur nature intérieure et extérieure. Le mot « vert » et la couleur verte constituent une plateforme (la formule de base) sur laquelle la perception est suscitée. Un instrument pour permettre le contact, pour entamer un dialogue mouvant. Charger la perception quotidienne des couleurs d’une prise de conscience, susciter pour soi un souvenir naturel collectif, la douleur du ressenti, l’espoir d’une vie en harmonie avec soi - sa propre nature.

Etre la nature.

Comme un souffle léger dans la nuque, les contacts optiques et émotionnels créent les contacts. La mer se met en mouvement, commence à clapoter.

© Andreas Pytlik 8.03

Die Farbe GrünGrün ist sichtbarer, spürbarer Lebensraum – das Selbstempfundene – das Natur sein. Grün, wie ich es in meiner Arbeit zeige, zitiert Natur um auf die eigene Natur hinzuweisen ohne Natur zu kopieren oder zu imitieren. Das Äußere und das Innerebeginnen einen Dialog über das Zitat – kommunizieren und kommen sich nahe.Dieser zarte Dialog zwischen dem Grün ist ständig bedroht von zeitgemäßen Illusionen und fluchtbedingter Intellektualität.Durch Reduktion und die Farbe Grün kollektive Naturerinnerung ansprechen.

Grün ist der Schnittpunkt zwischen Geschichte, Religion, Politik, Selbsterlebtem und Dasein – ein Standpunkt in Bewegung.

Grün ist ein Dialog zwischen Kulturen. Kommunikation zwischen Menschen und ihrer inneren und äußeren Natur. Das Wort grün und die Farbe grün sind die Plattform – die Grundformel – mit der Wahrnehmung angeregt wird. Instrument, um Berührung zu ermöglichen, einen bewegenden Dialog anstoßen. Alltägliche Farbwahrnehmung mit Bewusstwerden laden, kollektive Naturerinnerung auf sich hinweisen, der Schmerz des sich ausgestoßen Fühlens, die Hoffnung auf ein Leben im Einklang mit sich –der eigenen Natur.

Natur sein.

Optische und emotionale Berührungen – wie ein zarter Hauch im Nacken – schaffen Kontakte. Das Meer gerät in Bewegung, beginnt zu schwappen. © Andreas Pytlik 8.03

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Château fort d’Ecaussinnes-Lalaing 7191 Ecaussinnes-Lalaing - 0032 (0)67 44 24 90

L’éperon rocheux sur lequel le château fort est construit revêt une importance stra-tégique depuis l’Antiquité. Les premiers véritables seigneurs du lieu en portaient le nom : tels Wicart, Eustache ou Oste d’Ecaussinnes. En 1357, c’est le seigneur Si-mon de Lalaing qui, en épousant Jeanne d’Ecaussinnes, devint seigneur des lieux.Jean de Croÿ, chevalier de l’Ordre de la Toison d’or, devenu seigneur d’Ecaussinnes par son mariage (1428), entreprit des transformations, poursuivies par son fils Michel, qui donnèrent au château son aspect actuel.De 1624 à 1854, ce sont les Van der Burch qui se succèderont au château fort d’Ecaussinnes. Il sera ensuite vendu au Duc d’Arenberg, qui n’y habitera pas. En 1920, le chanoine Puissant, de Mons, le rachètera, le sauvant des ruines.En 1928, c’est le comte Adrien Van der Burch qui rachète le château de ses aïeux et achève de le restaurer. En 1948, il crée la fondation Van der Burch qui en est l’actuel propriétaire. C’est lui également qui a rassemblé les riches collections de verres, de porcelaines et de grès d’art qui en font un musée, autour du thème « In-dustrie d’art du Hainaut ».Au nombre des multiples centres d’intérêts qui agrémentent la visite du château, mentionnons : salles meublées, grand salon, chambre à coucher, oratoire. Deux magnifiques cheminées du XVIe siècle, aux manteaux sculptés, dont l’une décore le grand salon, l’autre la salle d’armes. Collections de tableaux, sculptures, cérami-ques, verreries, porcelaines, meubles, armes, etc.

[ver] vert – ver – verre – vair – vers… green…PochadeIl nous en a conté de vertes, Charles Perrault ! Ils ne sont pas piqués des vers ses ogres, ses marâtres, ses pères incestueux ! Mais je préfère sa prose élégante aux vers de mirliton. En ses vertes années ma petite-fille Léa avait un faible pour cette canaille de Chat Botté et pour Cendrillon. La pantoufle de vair de celle-ci, par la faute de l’homonymie, a donné le feu vert à Walt Disney pour transmuer en verre le petit-gris originel. S’offusquer de cette bévue serait péter dans un verre de lampe !

On ne prend pas sans vert le Prince Charmant. Il n’est pas du genre à se noyer dans un verre d’eau ni à y déchaîner une tempête. La jolie demoiselle avait disparu et il ne lui restait dans la main que la fameuse pantoufle. C’était maigre, même si cette mignonne pointure lui inspirait des pensées quelque peu érotiques.Il résolut donc de retrouver la belle fugitive et de courir au plus vite vers elle. Il offrit à boire à quelques badauds et lorsque tous eurent un verre, qui sur l’oreille, qui dans le nez, les vers leur sortirent tout naturellement du nez, sans qu’il eût besoin de les en tirer.

Cendrillon avait été mise au vert par ses méchantes sœurs et languissait dans un lointain verger qu’elle avait gagné sans tambour ni trompette, sans carrosse et même sans citrouille, à cloche-pied s’il faut tout dire. Dans l’odeur entêtante du foin vert, il lui fallait compter les vers de terre, vermisseaux et autres vers-coquins, sous prétexte qu’elle avait les doigts verts. Vraiment, elle en voyait des vertes et des pas mûres ! La pauvrette avait les joues vermeilles comme si elle les eût passées au papier de verre et se lamentait. Son fragile bonheur s’était brisé comme verre au douzième coup de minuit. Adieu, robe aux tons précieux : vert émeraude, vert jade, vert amande, vert d’eau, vert Nil, vert céladon, vert Véronèse et même vert bouteille ! Adieu le beau prince, ce jour hors de sa portée, comme les raisins verts du bon La Fontaine. Adieu le tas de billets verts qu’il portait sans doute dans les fontes de sa selle. Voterait-elle vert aux prochaines élections? Pas sûr car elle craignait une volée de bois vert de sa marâtre.

Mais tout-à-coup qui vient vers elle ? Le Prince Charmant, évidemment ! Souple comme un verre de lampe et monté sur un fougueux destrier ou sur une vespa, c’est plus moderne et plus rapide. Mets tes petits souliers, chérie, et filons !

Après les baisers d’usage et un madrigal un peu vert du Prince qui était charmant mais mal embouché, ils se marièrent et s’installèrent au dernier étage d’une grande tour de verre. De ce perchoir ils regardent au loin vers l’avenir. Hélas, sur ce lointain rivage l’herbe n’est pas plus verte qu’ici et maintenant ! Ils se demandent donc si c’est vraiment très utile de faire beaucoup d’enfants sur cette planète, selon la vieille recette de la bête à deux dos ou « in vitro », comme s’y ingénient les acharnés de la reproduction à tout prix.

Marcelle Dumont

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Mon travail questionne la limite entre l’intérieur et l’extérieur : espace intermédiaire, passage, ouverture, intériorité. C’est ce qui de l’intérieur se voit à l’extérieur.

C’est aussi une référence à l’expérience de l’espace lié au corps : c’est être dans son corps et l’expérimenter comme espace dans l’espace qui l’entoure. Être lieu.

C’est un questionnement sur l’identité : une exploration de l’identité du corps, inhérente à la corporéité, au sexe biologique. Il y a une volonté d’échapper à un certain déterminisme.

Isabel AlmeidaNée à Salreu-Estarreja (P) en 1964

12, 3Akrenbos - (B) 1547 Biévè[email protected]

Isabel Almeida Espace protégé, 2003-2007, verre soufflé et miroité, bois peint, 120 x 53 x 60 cm, collection de la ville de La Louvière.

|ver| vert la banqueLe vert est une couleur instable, elle représente ce qui varie, ce qui change, ce qui est aléatoire. Partout on joue sur tapis vert, on s’y invective, avec un langage vert. Partout on cache ses cartes et sa fortune.Les tables de conseil d’administration, les bureaux de banquiers, où se dessine le destin de l’entreprise, seront verts.Et le dollar fut le premier billet de banque… « Le billet vert ».

|ver| vers – littératureCyrano de Bergerac d’Edmond Rostand serait le plus long rôle en vers de l’histoire du théâtre.Le superstitieux n’aime pas le vert ; couleur du destin et de l’aléatoire.Il est prohibé sur les scènes du monde entier.Molière serait mort dans un habit vert.

|ver| vers.Ils se dirigeaient vers la sortie.

|ver| vert – la chanceLe vert est une couleur instable.Elle disparaît vite des tableaux et des tissus anciens. Elle représente ce qui change. Elle sera la couleur du hasard, du jeu, du destin, de la chance… et du tapis sur lequel ils se jouent.

|ver| verre« Il prit un peu de verre en fusion au bout de son tube, y amalgama le filet de couleur qu’il voulait tourner en même temps et d’une seule haleine souffla sa pièce, qui s’enflait frêle et légère comme une bulle de savon. »

in Th. Gautier Voyage en Italie.

Les formes sans référence directe sont arrondies ou allongées, creuses ou en saillie, et ne vont cependant pas sans quelques connotations sexuelles. Les cavités sont à explorer de l’oeil ou par le toucher, ce qu’appellent les matières comme le gel de paraffine ou les fourrures synthétiques.Chacun pourra y loger ses fantasmes, d’autant plus que peu dociles aux alignements des cimaises, ces petites protubérances poussent là où on ne les attend pas nécessairement.

Claude Lorent

Philippe BaranNé à Bruxelles en 1960

270 A, rue Léopold I - 1020 [email protected]

Philippe Baran Sans titre, 1998, résine et fourrure, 39 x 15 cm.

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Le crâne d’os comme visage et le squelette comme silhouette sont des caricatures du vivant. Ils peuvent subsister des millénaires comme ceux des iguanodons ou de Lucy. Ils sont nos restes comme les os de poulet rongés restent sur l’assiette. Ils sont à la fois graves et grotesques. Couchées dans l’humide, ces carcasses verdissent comme la mousse des bois, comme le poison vert, comme la nature à qui elles sont rendues et dédiées. Mirons-nous en ces admirables miroirs de notre futur simple. M. J. mai 2009

Michel Jamsin Squelette danseur, 120 x 80 cm, acrylique sur panneau toilé.

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Michel JamsinNé à Fléron en 1941

50, rue des Carmes(B) 7940 Brugelette

[email protected]

Feidler choisit comme métaphore centrale la spirale,parce que cette ligne courbe continue convient pour mettre en image les deux parties du concept de l’élasticommunication. Grâce à la spirale on peut relier les deux extrêmes. Elle peut, en tant qu’émetteur, faire suivre des messages, jeter des ponts entre des éléments diamètralement opposés.

Renato Puvogel.

Francis Feidler Elasticommunication, installation, 1992. Vue de l’exposition à l’Escaut, Olivier Bastin.

Francis FeidlerNé à Malmédy en 1950

12, Zumsteg(B) 4750 Nidrum (Bütgenbach)

|ver| vert de gris.Au Moyen Âge, la couleur verte est aussi obtenue en oxydant le cuivre avec le vinaigre, l’urine ou le tartre.Le pigment ainsi obtenu est un violent poison. Et la couleur se teinte d’un esprit mauvais. Comme les petits hommes verts qui ne nous veulent pas que du bien.

|ver| vair – littérature – natureChez Perrault, Cendrillon enfile de féériques pantoufles de verre.Il faut dire : « pantoufles de vair ».Le vair est la fourrure de l’écureuil, précieuse et délicate.Depuis cent ans, le terme est tombé en désuétude et les enfants ne pleurent plus à l’idée du cadavre dépouillé du petit animal sympathique.L’orthographe fut définitivement modifiée dans les éditions du XXe siècle.

|ver| ver« Je t’écraserai comme un ver. »Se dit à un homme qu’on croit pouvoir battre, anéantir, confondre ou punir sévèrement.Le ver « chétif excrément de la terre » (La Fontaine) était considéré comme le dernier des animaux dans la hiérarchie du vivant.

|ver| vert religionOn lui trouve des vertus apaisantes.Les théologies qui ont codifié les couleurs liturgiques avaient la même opinion. Le vert a été institué couleur des dimanches « ordinaires ».

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Vacances en HainautEdmond Jamar se met au vert lors de son «Artour». Son travail, influencé par l’esthétique de la carte postale, est composé de photos, de dessins et de textes. De ses voyages dans le quotidien, il capte des images, les digère en dessinant et les revisite en écrivant des histoires fictives... « des histoires de vacances »!

Au Moyen-Age, la chasse reste une activité aléatoire, loin d’être systématiquement couronnée de succès. Les prises du chasseur dépendent des saisons, du hasard… Et de la chance ! Le vert de la nature et des forêts est donc également le vert de l’aléatoire au cours de la chasse et le vert de la chance du

chasseur face à son gibier. Marc Bis nous livre une scène de chasse où se détachent sur fond de verts les silhouettes noires de chasseurs, figures anonymes soumises à leur destin et à des forces qui les dominent. L’artiste nous plonge dans l’intériorité de ces personnages et du moment historique auquel ils appartiennent, créant un lien entre le présent et le passé.

Céline Christiaens

Eye / Ear Cette image, riche en contraste, montre une figure qui a les yeux fermés fixés sur le spectateur. Elle doit susciter des émotions comme par exemple l’espoir, l’angoisse, l’amour et la tendresse; elle tend à créer une zone de tension intérieure. En installant la plaque émaillée avec les mot «Eye» et «Ear», l’artiste veut créer une tension entre l’infini et la fugacité.

Selon Patrick Merckaert chaque objet d’art, qui rend visible tout ce qu’il montre, n’a aucune valeur en soi.

Patrick Merckaert Eye/Ear, photographie, 2 x 50 x 80 cm, plaque d’acier émaillée.

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Edmond JamarNé à Boulers en 1962

144, avenur Wielemans Ceuppens(B) 1190 Forest

[email protected]

Patrick MerckaertNé à Kassel en 1956

32, Boembeekstraat (B) 9630 Zwalm

[email protected]

|ver| vert nature santéDepuis la moitié du XXe siècle le vert envahit le message publicitaire.Plus hygiénique que le blanc, il est devenu le symbole de la lutte contre la crasse et l’emblème de la propreté.

|ver| vert végétalAu Moyen Âge, la couleur verte était obtenue par la décoction de matières végétales : l’aulne, le bouleau, le poireau ou l’épinard.

|ver| vert. la chasseAu Moyen Âge, partir à la chasse était s’en remettre à Dieu, à la chance, au destin.Seul Dieu a droit de vie et de mort sur ses créatures.Le vert est la couleur de l’aléatoire, celle des sous-bois et des gardes- chasses…

|ver| vert. la nature morteDans les représentations chrétiennes du bien et du mal, l’écureuil mangeant une noix est l’image du mal absolu.Il y incarne le démon à l’aspect traîtreusement inoffensif grignotant le bois d’une noix (la croix du Christ) qui cache la graine, noyau de la vie. Saint-Augustin.

Marc BisNé à Huy en 1967

22, Place Saint Denis(B) 4500 Huy

[email protected]

Edmon Jamar Vacances en Hainaut, photographies et dessins, 8 cadres, 40x50cm.

Marc Bis Deer Hunting, infographie 40 x 70 cm, 2009.

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William Sweetlove et le Cracking Art GroupLe cracking est le procédé chimique permettant de transformer des matériaux organiques en matériaux synthétiques en cassant les molécules. A l’origine des œuvres colorées et originales du Cracking Art Group, une volonté de mettre l’art au service de l’écologie. Les créations, durables et recyclables (le plastique est refondu pour être réinjecté dans de nouvelles œuvres) confirment l’engagement humanitaire des artistes, qui veulent quitter la planète plus propre que quand ils y sont arrivés. Nourri de pop’art et de dadaïsme, le groupe s’emploie à la création d’un langage artistique nouveau, simple et efficace pour transmettre son message. Les lapins de William Sweetlove font partie d’une série d’animaux clonés et multipliés. De couleur artificielle unie et placés hors de leur milieu de vie, ces animaux exubérants témoignent des « possibilités absurdes de la manipulation génétique sur les animaux »… Réponse ironique au manque futur de nourriture dû au réchauffement climatique, ils sont nos aliments de demain : troupeaux de chiens géants pour remplacer les vaches et les cochons, et ours ou éléphants rapetissés pour le foie gras du dimanche.

Céline Christiaens

Œuvres de collections publiques exposées:Collection de la Province du Hainaut > Camille De Taeye, Equilibre, peinture, huile et pastel sur toile. 42,5 x 98 cm hors cadre > Georges Briquet, Le roseau vert entre les dents, peinture à l’huile sur toile, 93,5 x 88,5 cm hors cadre > Thierry Tillier, Atlas / Botanica 10, collage sur papier, 34,8 x 49 cm hors cadre > Thierry Tillier, Atlas / Botanica 14, collage sur papier, 34,8 x 49 cm hors cadre > Marc Vandemeulebroek, Sans titre, sculpture en deux parties, érable > Henri Voordecker, Basse cour, peinture à l’huile sur toile, 96 x 118 cm hors cadre > Alex-Louis Martin, Les connaisseurs. (Vieux Wallons), peinture à l’huile sur toile, 177 x 209 cm hors cadre > Jef Lambeaux, Coq, bronze, sculpture, 62,5 x 28,5 x 40 cm Collection du Musée Alexandre-Louis Martin > Alexandre-Louis Martin, Les joueurs de cartes, huile sur toile, 132 x 105 cm, s.d. > Alexandre-Louis Martin, Les joueurs de cartes, huile au cou-teau, 116 x 116 cm, s.d. (Collection de l’Administration communale de Morlanwelz) Collection de la Ville de La Louvière > Isabel Almeida, Espace protégé, 2003-2007, verre soufflé et miroité, bois peint 120 x 53 x 60cm > Bernard Gilbert, Sans titre, ensemble de deux pein-tures, médiums acryliques sur toiles polyester montées sur aluminium, 80 x 80 cm (x2). 2003 > Jean-Pierre Ransonnet, une peinture de la série Paysage avec tête, acrylique sur papier marouflé sur bois,190 x 150 cm

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CernunnosLes cultures de l’improbable ou la distorsion du mythe.Mémoires griffées, peluches infantiles, amnésies factices…quand l’image symbolique devient inopérante, il nous faut cultiver l’improbable.

M.P., mai 2009

Marianne Ponlot Massacre de cerf, sculpture, métal et ouatine 100x80 cm, ensemble de six éléments. William Sweetlove Lapins verts clonés, résine, 210 x 180 cm 120 cm.

Marianne PonlotNée à Ixelles en 1959

3, rue des Stépennes(B) 4160 Anthisnes

William SweetloveNé à Ostende en 1949

[email protected]

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Domaine de Mariemont - Jardin d’hiver100 chaussée de Mariemont - 7140 Morlanwelz - 0032 (0)71 272971

Le jardin d’hiver serait le plus grand construit en Belgique pour un particulier. C’est un bâtiment imposant en briques enduites sur soubassement de pierre bleue, dont la façade présente neuf hautes arcades en plein cintre fermées par des verrières à châssis métalliques; trois arcades identiques ajourent les petits côtés; le quatrième mur est aveugle. Un emmarchement précède l’arcade centrale de la façade, dans laquelle s’ouvre une porte vitrée à deux vantaux. Des harpes à refends en pierre bleue soulignent les angles. L’entablement, de même maté-riau, porte une toiture en berceau. À l’intérieur, le sol au relief irrégulier monte progressivement vers une arcade ménagée au centre du mur du fond : aujourd’hui bouchée, elle donnait accès à un passage vitré conduisant à l’orangerie.

Le jardin d’hiver fut construit de 1856 à 1859 pour Abel Warocqué. On y cultivait des plantes exotiques […]. Ces plantes périrent faute de chauffage au début de la guerre 1940-1945. En 1942, le bâtiment désaffecté reçut les col-lections lapidaires, exposées jusqu’alors en plein air dans les ruines du château de Charles de Lorraine : au lendemain de la guerre, l’intérieur fut réaménagé dans cette optique par le service du plan vert du Ministère des Travaux publics, alors gestionnaire du parc. Au début des années 1980, la Régie des Bâtiments de l’État entreprit de le restaurer : la toiture primitive, vitrée sur armature métallique, fut remplacée par la toiture actuelle, en zinc sur charpente en bois. Mais le transfert du musée à la Communauté française interrompit les travaux. Une nouvelle affectation est à l’étude.

G. Donnay, Domaine de Mariemont. Guide du parc et du musée, dixième édition, Morlanwelz, Musée Royal de Mariemont, 1993, p.68.

Free Us !En introduction à son Livre des Etres imaginaires, Borges écrit qu’un « monstre n’est pas autre chose qu’une combinaison d’éléments d’êtres réels et que les possibilités de l’art combinatoire frisent l’infini. » Quelques lignes auparavant, il avait relevé que lorsque l’on amène pour la première fois un enfant au jardin zoologique, celui-ci « voit pour la première fois la multitude effrénée du royaume animal et le spectacle, qui pourrait l’alarmer ou l’horrifier, lui plaît. » 1

Ces deux observations, pourtant formulées au détour d’un texte anodin, s’avèrent deux lucarnes bien pratiques pour appro-cher l’univers formel du collectif Hell’O Monsters : un univers fait de monstres colorés, qui se forment et se reforment, au gré des aventures qu’ils connaissent. En effet, les monstres de Hell’O Monsters n’échappent pas aux remarques de l’écrivain argentin. Et c’est justement parce qu’ils sont constitués d’éléments bien reconnaissables qu’ils nous perturbent à ce point. A la fois semblables et si différents de nous-mêmes, leurs créatures donnent corps à nos fantasmes, même sur un mode aussi ludique et mordant que celui adopté par ces artistes.

En phase avec leur époque, les Hell’O Monsters ont très bien compris qu’aujourd’hui les monstres s’apprivoisent, sont deve-nus gentils, jouent même avec les tout-petits, font des clins d’œil à la télévision, voire habitent sur Internet. Comme tous leurs frères et cousins même fort éloignés, leurs créatures ne sont jamais passives, elles vivent des aventures que les artistes conden-sent dans ces « instants prégnants », pour reprendre l’expression de Lessing 2, qu’est chacune de leurs réalisations. Les cadres narratifs sont précis et riches ; celui du jardin d’hiver du domaine de Mariemont en est un. Son architecture délibérément fermée invite à leur ouvrir la porte et à les laisser courir librement. Libération métaphorique qui est d’abord la nôtre.

Car ces êtres imaginaires, nés des fins traits et de la fantaisie graphique de ces quatre artistes, n’échappent pas à la horde de leurs prédécesseurs. Comme tous leurs ancêtres, ils cristallisent les peurs et les désirs des hommes qui les ont fait naître. Ces peurs et désirs mêlés que les enfants ressentent si intensément devant les choses du vaste monde qu’ils découvrent en perma-nence. Les Hell’O Monsters n’ont d’ailleurs jamais perdu le fil de cet émerveillement créateur de l’enfance. Et leurs créatures se proposent d’abord de « nous apprendre à les regarder en face et ainsi, en s’y confrontant, à oser vivre et rêver en toute liberté. » 3

Pierre-Olivier RollinChef du secteur des arts plastiques de la Province de Hainaut / B.P.S.22, commissaire du projet

1 BORGES, Jorge Luis, Le Livre des Etres Imaginaires, Paris, Gallimard (Coll. L’Imaginaire), 1997, p.9.2 AMONT, Jacques, L’Image, Paris, Nathan (2e édition), 1990, p.178.

3 LAFFON, Martine et Caroline, Les Monstres. L’Imaginaire de la peur à travers les cultures, Editions de La Martinière, Paris, 2004, p.7.

collectif Hell’O Monsters Blastus (Jérôme Meynen) : [email protected]

Desro (François Dieltiens) : [email protected] 33 (Grégory Van Cleemput) : [email protected]

Tatone (Antoine Detaille) : [email protected]

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Collectif Hell’O Monsters Free Us, installation.

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EffeuillageLe titre de l’exposition, Effeuillage, a été inspiré par l’opération Feuille à Feuille qui s’est déroulée dans le Nord de la France d’octobre 2006 à juin 2007. Ce vaste projet était piloté par l’Association des conservateurs des musées du Nord-Pas-de-Calais et le Centre de la Gravure y fut associé par sa participation active au colloque organisé par l’Université de Lille 3 autour d’un questionnement sur L’estampe, art multiple à la portée de tous ? L’image de la feuille de papier démultipliée, éparpillée ou déclinée au gré de la fantaisie du graveur renvoie, certes, à l’idée d’œuvre multiple, de tirage limité mais davantage encore au principe de travail sériel, de variation sur un thème, particu-lièrement répandu dans le monde de l’estampe contemporaine. Beaucoup plus prosaïquement, le terme effeuillage s’entend souvent comme synonyme de strip-tease ou s’emploie dans l’expression populaire qui l’associe volontiers à une marguerite. Qu’à cela ne tienne puisque nous l’appliquons à une manifestation estivale et ludique qui consiste à se mettre au vert, ouvrant des perspectives inédites ou pittoresques sur les collections conservées au Centre. Sachant qu’en viticulture, l’effeuillage s’efforce de débarrasser la vigne de ses feuilles sénescentes en vue d’en éclairer les grappes et de combattre l’apparition des maladies cryptogamiques, il apparait d’autant plus salutaire de mettre en lumière certaines pièces de la collection parfois oubliées de-puis longtemps dans l’ombre protectrice des réserves précieuses. L’exposition organisée au Centre de la Gravure dans le cadre de la septième biennale ARTour prend donc un tour exploratoire résolument botanique.

« La botanique c’est l’art de sécher les plantes entre des feuilles de papier et de les injurier en grec et en latin. »

Alphonse Karr (1808-1890), écrivain français, par ailleurs passionné d’horticulture…

Sujet iconographique universel, celui de l’arbre véhicule une symbolique de transcendance relativement évidente de mê-me que celui du jardin renvoie à la notion de paradis terrestre. Le thème de l’arbre a été largement exploité par Jean-Michel Folon, Muriel Moreau, Jean-Pierre Pincemin ou Alain Winance tandis que l’artiste français Kenneth Alfred a traité celui des jardins. Son ensemble Estampe. Jardin sous la pluie vient en hommage à Claude Debussy et à sa suite Estampe inspi-rée par la gravure sur bois japonaise, l’ukiyo-e, très en vogue à Paris dès la fin du XIXe siècle. Ce mouvement artistique qui a fortement influencé les peintres européens, et en particulier les impressionnistes, impliquait une philosophie de vie.

Pierre ALECHINSKY - Kenneth ALFRED - Pierre BURAGLIO - CONSTANT - Jean COTTON Pierre COURTOIS - Kikie CRÊVECŒUR - Jean-Michel FOLON - Hubert GROOTECLAES

Pentti KASKIPURO - Christine KERMAIRE - François-Xavier LALANNE - Jacques LENNEP Philippe MAES - Gustave MARCHOUL - Muriel MOREAU - Tadayoshi NAKABAYASHI

Hiroko OKAMOTO - Jean-Pierre PINCEMIN - Christine RAVAUX - Françoise ROY - José Maria SICILIA - Dezider TOTH - Luc VAN MALDEREN - Bob VERSCHUEREN - Guy

WERY Thierry WESEL - Alain WINANCE - Maurice WYCKAERT

Centre de la Gravure et de l’Image imprimée 10 rue des Amours - 7100 La Louvière - 0032 (0)64 278727

Le Centre de la Gravure est un lieu unique en Communauté française… mais aussi à travers le monde où il est reconnu comme un des espaces parmi les plus importants tout entier dévolu à l’expression graphique d’aujourd’hui. Le domaine dont s’occupe le centre est extrêmement vaste (estampe, illustration, graphisme, livre, imagerie populaire... mais aussi, image virtuelle et nouveaux supports d’impression).Situé dans un bâtiment contemporain de mille deux cents mètres carrés d’espace d’exposition répartis sur trois niveaux, le Centre a pour premier objectif le rayonnement de l’expression graphique actuelle, grâce, entre autre, à la gestion d’une collection exceptionnelle de 6.000 estampes, 5.000 affiches et 500 livres et portfolios d’artistes. Les expositions qui s’y succèdent depuis 1988 présentent des parcours mono-graphiques ou historiques, des ensembles thématiques, l’exploration de l’un ou l’autre procédé de gravure ; elles sont accompagnées de stages, ateliers, visites, etc. mises au point par le service éducatif.

La structure actuelle du lieu conserve quelques traces de sa première affectation : des carreaux de faïence blancs et une inclinaison du sol des caves y rappellent l’existence d’une piscine dans les années 1930. Depuis lors, les architectes Hubert Pourtois et Jean Glibert ont complètement réaménagé le « 10, rue des Amours »

Actuellement, les bâtiments du Centre de la Gravure sont à la veille d’une extension de près de mille mètres carrés. Le premier but de ces travaux, qui ont débuté en mai, correspond à la réalisation de salles conçues pour abriter les collections selon les conditions optimales de température et d’hygrométrie. Le service éducatif bénéficiera également d’espaces autonomes adaptés à ses multiples activités. Les nouveaux locaux devraient être occupés dès septembre 2010 !

illustration : Atelier d’architecture E. Spitzer sc. Sprl

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1. Guy Wéry Condroz, 1974, sérigraphies réalisées en collaboration avec le photographe Jacky Lecouturier, 11/40, 3 planches de 55 x 73 cm, Collection de la Communauté française de Belgique. ©artiste / 2. Gustave Marchoul Regain auroral, 1984, gravure sur bois, Collection de la Communauté française de Belgique © artiste / 3. Hiroko Okamoto Un instant, 2004, eau-forte, Collection du CGII © artiste / 4. Pierre Buraglio D’après… Cézanne Degas Matisse, 1996, lithographie, 3/20, Collection de la Ville de La Louvière © Sabam2009 / 5. Kenneth Alfred Estampe I - 3, 2002, aquatinte et lithographie, 6/15, Collection du CGII © artiste / 6. Pentti Kaskipuro Sans titre, 1984, manière noire, Collection du CGII © artiste.

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De fait, il semble qu’une certaine connivence avec la nature continue à déterminer l’art des graveurs japonais contempo-rains comme Hiroko Okamoto ou Tadayoshi Nakabayashi. Une semblable subtilité émane de la suite Hierbas réalisée par Françoise Roy, comme du frémissement herbacé des gravures sur bois de Gustave Marchoul.

Associé à la notion d’espoir, le vert véhicule son lot de chloro-phylle et autres vitamines propres à dynamiser les esprits. Du vert pomme au vert prairie, il joue au politiquement correct alors que, conjugué sur le mode de la jalousie, de la peur ou de la rage, il confine au vert poison. Inexorable dilemme… La profusion florale, fatale émanation du vert, constitue une péripétie naturelle particulièrement spectaculaire. Elle a coutume, depuis toujours, de séduire les artistes par sa sen-sualité, comme, par exemple José Maria Sicilia ou Maurice Wyckaert.

En guise de conclusion, l’exposition Effeuillage tient véritable-ment de l’inventaire à la Prévert. On y rencontre pêle-mêle, des colchiques euphoriques, des gazons japonais, des cham-pignons finlandais, des chants de cigales, un paphiopedilum légèrement pervers, des prés condrusiens et puis… un ef-feuillage !

Dominique Durinckx, commissaire de l’exposition, mars 2009

Maurice Wyckaert Coup de vent dans le jardin, sans date, lithographie, 8/120, Collection du CGII © Sabam2009.

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1. Jean-Michel Folon L’homme qui plantait des arbres, 1982, eau-forte, Collection de la Communauté française de Belgique © Sabam2009 / 2. Philippe Maes Botanique V, 1985, sérigraphie, 7/30 , Collection du CGII © artiste 3. Pierre Alechinsky Flore danoise : Le magister, 1991, eau-forte, Collection du CGII © Sabam2009 / 4. Bob Verschueren Rhubarbe double A et B, 2001, diptyque en monotype, Collection du CGII © Sabam2009 / 5. Hubert Groo-teclaes Je ne suis pas de chez vous, sans date, sérigraphie, 30/50, Collection de la Communauté française de Belgique © Sabam2009 / 6. Muriel Moreau Arbol 3, 2007, eau-forte, Collection de la Ville de La Louvière © artiste 7. José Maria Sicilia Les orifices XXV(Paphiopedilum), 2000, lithographie et monotype, Collection de la Ville de La Louvière © Sabam2009 / 8. Alain Winance Sans titre, 1994, 3 estampes issues de 10 variations sur le thème de l’arbre, eaux-fortes et aquatintes, Collection du CGII © artiste.

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Ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu 50 rue Raymond Cordier - 7070 Thieu - 0032 (0)64 671200

Situé à la limite territoriale entre La Louvière (Strépy-Bracquegnies) et Le Roeulx (Thieu), l’ascenseur doit sa dénomination à la contraction du nom des entités concernées : Strépy-Thieu. L’ouvrage appartient au Canal du Centre qui s’étend entre Mons et Seneffe, sur une longueur de vingt-sept kilomètres. Les travaux de modernisation du Canal du Centre font suite à une loi dite « des mille trois cents tonnes » programmant la mise à grand gabarit des principales voies navigables du pays. Le nouvel ouvrage remplace deux écluses et quatre ascenseurs hydrauliques à trois cents tonnes, il permet de franchir une dénivellation de septante-trois mètres. Au sein du réseau belge, le Canal du Centre et son ascenseur permettent de franchir la crête de partage entre les bassins de l’Escaut et de la Meuse. Il est un maillon important de la dorsale wallonne. Le Canal du Centre s’intègre dans les voies navigables d’intérêt européen en figurant sur l’axe transnational nord-sud, dans le delta industriel Escaut-Meuse-Rhin. Dans l’avenir, le transport par voie d’eau est appelé à jouer un rôle croissant, car il offre, en matière de mobilité, de nombreux avantages : amélioration de la sécurité, respect de l’environnement, allègement du trafic routier.Les deux bacs indépendants sont suspendus par des câbles et sont équilibrés par des contrepoids. Leur translation verticale s’effectue à une vitesse de 20cm/sec, portant la durée de translation à six minutes. Le franchissement complet de l’ouvrage totalise quarante minutes.Les dimensions des bacs sont de cent douze mètres de longueur utile, et douze mètres de largeur utile.Chaque bac est équilibré par des contrepoids. Bac et contrepoids sont reliés par des câbles en suspension et trente-deux câbles de commande. Huit groupes de mécanismes identiques, composés de treuils et de poulies, actionnent un bac. Ces mécanismes sont situés dans une salle des machines surplombant les bacs.

In L’ascenseur à bateaux de Strépy-Thieu , Coll. Ouvrages d’Art, Ministère wallon de l’Equipement et des Transports. Plaquette n°8.

La machine rie vertUne série de propositions critiques pour faire en sorte que la machine rie vert. Clin d’œil au mouvement futuriste qui exaltait le monde moderne et, particulièrement, la civilisation urbaine, les machines, la vitesse, le néofuturisme prône le doute, le ralenti et la fonte.

Dans une proposition vidéo, un escargot combat l’aiguille des secondes d’une horloge. Deux peintures se racontent « naturel architecture » et « épilation laser définitive ». Construites sur le modèle de planches de BD, elles soulignent l’espace inter-iconique, lieu de doute et espace de liberté du « créateur ». Des maquettes d’avions de guerre sont montées contre leur mode d’emploi...

Par ailleurs, le néofuturisme s’articule autour de questions : Le phallus guerrier se capotera-t-il ? Devrons-nous faire tirer le Concorde par un cheval de trait ? Nos voisins verts sont-ils extra-terrestres ? Continuerons-nous de manger d’étranges bombes à retardement ? La pomme de terre produira-t-elle assez d’énergie pour alimenter nos foyers en électricité ? Le nucléaire, contre ou contre ?

D.M., mai 2009

Denis MahinNé à Uccle en 1976

4 rue Reine Astrid, 4(B) 6230 Buzet

[email protected]

Denis Mahin E-2CJ batman modèle réduit.

D. M. Escargot combattant l’aiguille des secondes.

D. M. cuisine anti-personnelle.

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Brasserie St-Feuillien 20 rue d’Houdeng - 7070 Le Roeulx - 0032 (0)64 311818

Depuis 1873, la famille Friart se consacre à la fabrication de différentes bières parmi lesquelles la St-Feuillien. Mais l’histoire de cette bière remonte bien au-delà. Au VIIe siècle, un moine irlandais, nommé Feuillien, vint sur le Continent prêcher l’Evangile. Hélas, en 655, alors qu’il traversait la forêt charbonnière, sur le territoire de l’actuelle commune du Roeulx, Feuillien fut martyrisé et décapi-té. A l’endroit de son supplice, ses disciples élevèrent une chapelle qui deviendra, en 1125, une abbaye de Prémontrés : l’Abbaye de Saint-Feuillien du Rœulx. Jusqu’à la Révolution française, l’abbaye prospéra. En ces jours tourmentés, elle fut condamnée par les révolutionnaires. Durant des siècles, les moines y avaient brassé la bière et cette tradition s’est perpétuée jusqu’à nous.

(Site internet de la brasserie)

Regard des couleursA propos de mon travailDans mon travail, je recherche l’équilibre entre la proportion, la forme, la couleur et les dimensions.L’exécution est simple, mais penser, essayer, évaluer et regarder demande beaucoup d’énergie. J’utilise les proportions du « Nombre d’Or ». On les retrouve notamment dans la « Suite des nombres » de Fibonacci. Dans cette série, chaque nombre est égal à la somme des deux précédents et la relation entre deux nombres successifs est celle du Nombre d’Or.

La cour intérieure Pour apporter dans la cour intérieure une couleur complémentaire qui soit surprenante mais aussi neutre, non intrusive, presque évidente, j’ai opté pour le placement de deux piliers d’une section de 30x30cm et de trois mètres de haut. Sur ceux-ci, j’ai ajouté des bandes de couleur verticales. Sur le premier pilier, les arêtes sont peintes en noir et les bandes médianes en blanc. Sur le second pilier, les arêtes sont peintes en gris et les bandes médianes sur chacun des quatre côtés, successivement en vert, bleu, rouge et jaune.

Les façades extérieuresJe prévois trois peintures dans les niches des fenêtres au premier étage : une à gauche du panneau publicitaire sur la façade à gauche de l’entrée; une à gauche et une à droite de la fenêtre vitrée sur la façade à droite de l’entrée.Les trois peintures sont constituées de trois bandes verticales colorées, de largeur égale, en concordance avec la répartition des fenêtres vitrées.

N.D

1) Nombre d’Or : section d’un segment de droite telle que la plus grande partie soit la moyenne proportionnelle entre le tout et la plus petite partie2) Suite des nombres de Fibonacci : 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144, etc.

Noël DriegheNé à Wetteren en 1948

60, Machelgemstraat(B) 9630 Zwalm

[email protected]

Noël Drieghe Sans titre, bois peint, 300 x 30 x 30 cm.

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Œuvres au vert… et à l’eauL’expression « Se mettre au vert », proposée aux artistes comme fil conducteur de la septième biennale ARTour, nous a conduits vers des espaces qui répondent… naturellement à cette proposition. Trois sites voisins ont été investis à Strépy-Bracquegnies : les étangs de Strépy, lieu de détente particulier où mettre les œuvres au vert, la ferme Delsamme, reconvertie dans la culture bio et la maison Saint-Vincent dont l’origine témoigne de la longue histoire du village, un des premiers sites habités dans le Hainaut.Ces espaces ont amené les artistes à imaginer des projets qui s’intègrent harmonieusement dans l’environnement ou qui sont inspirés par les préoccupations écologiques actuelles. Les étangs se prêtaient plus particulièrement à cette orientation, plans d’eau nés d’effondrements de terrain dûs aux activités humaines et où la nature a aujourd’hui repris sa place. Sept créations s’intègrent à ce site particulier. Des sculptures flottantes induisent différentes réflexions sur notre rapport à l’environnement. Vincent Brodin pose la question de la gestion des déchets, la figuration d’une déesse, la Tara verte, isolée sur un îlot-poubelle, nous scrute et semble vouloir nous mettre en garde. Grégory Carlier se réfère aux « Vanités », qui nous met face à notre condi-tion de mortel et à celle, mortelle aussi, de la planète. Avec sa sculpture qui schématise une usine, ruine ou projet en devenir, Bruno Guihéneuf met en évidence la nécessité d’une industrie respectueuse de l’environnement. Thomas Jodogne a observé les lentilles qui colonisent l’un des étangs; d’un beau vert tendre, elles flottent à la surface, d’une légèreté sans conséquence apparente et pourtant à mieux y voir, leur multiplication étouffe la vie sous l’eau. À travers son installation, Michel Leclercq pose la question des effets du développement industriel et technologique sur l’écosystème de la planète, de notre illusion à croire que nous pouvons, sans risque, contrôler la nature dans son ensemble. La peuplade flottante de Didier Leemans, petits bonhommes se balançant au gré du vent, offre une vision plus sereine, portrait d’un peuple premier qui aurait gardé avec son environnement un lien étroit de respect. Enfin, Aurore Vandember s’attache à rendre la vibration sensible de la lumière, jeu de transparence et de diffraction qui baigne le monde; l’air et l’eau déploient leurs ondes pour célébrer la fragilité, l’éphémère passage qui nous concerne, le temps qui s’étire jusqu’à la possible brisure.A la ferme Delsamme, Mario Ferretti présente une oeuvre en germination, sculpture monumentale qui intègre des légumes bio cultivés sur place, ainsi, l’installation croît pendant la durée de l’exposition, le cycle de l’eau (évaporation, précipitation) est symbolisé par un assemblage de formes et de matériaux : récipients divers, tuyauterie, bois sculpté.La maison Saint-Vincent accueille deux installations différentes. Alain Verschueren revisite l’histoire du lieu en simulant des fouilles archéologiques qui auraient mis à jour un corps enfoui; rendue à la lumière, la dépouille se voit parée d’une végétation préservée à travers les siècles, une manière de traduire le cycle de la vie. C’est aux futurs possibles que Stephan Vee propose de s’intéresser, les cités de demain seront-elles à échelle humaine ? L’urbanisation de la planète peut-elle intégrer l’indispen-sable préservation de la nature ? Images tournoyantes, subliminales, son hypnotique invitent le visiteur à rêver de villes plus vertes.

Eric Claus

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Strépy-BracquegniesLe village de Strépy est un des plus anciens du Hainaut; des documents en latin antérieurs au XIIe siècle l’attestent. A cette époque, la localité portait le nom de Sterpia. Puis, par la suite, Siterpies in Charboneria, Stirpeia, Sterpiz, Exterpy. Selon une première source, ces mots proviendraient de « Stirpiacum » et voudraient donc signifier « le domaine de Stirpius ». Par ailleurs, une autre explication peut être avancée. Il est aisé d’associer « Sterpis » au verbe « extirper » et au bas-latin « stirpetium ». Dans ce cas, l’origine étymologique désigne le défrichement (silva extirpata: arracher la forêt).

Les EtangsRue des Etangs - 7110 Strépy-Bracquegnies

Un havre de paix et de nature au centre de Strépy-Bracquegnies : les étangs. Vaste domaine aquatique composé de cinq étangs (le plus grand a une superficie de cinq hectares ; au cœur du lac, la profondeur varie entre 3,5 mètres et 4 mètres) dont trois sont consacrés à la pêche. La superficie totale est de trente-sept hectares. Les étangs de Strépy-Bracquegnies se situent sur l’emplacement occupé, jadis, par de grandes prairies jalonnées de nombreux petits ruisseaux qui se jetaient dans la Haine. Suite à des effondrements de terrains provoqués par des travaux miniers, ces prairies se sont déformées et des mares d’eau ont commencé à se former. Au fil du temps, les mares se sont agrandies et ont fini par former les étangs tels qu’on les connaît aujourd’hui. La zone située au sud des étangs constitue la réserve naturelle (...). Celle-ci présente un grand intérêt botanique par la présence de plusieurs milieux différents : plans d’eau, saulaies, peupleraies, roselières, etc. qui accueillent 192 espèces de plantes différentes. Ce trésor naturel constitue également un refuge pour de nombreuses espè-ces d’oiseaux : gorge-bleue, phragmite des joncs,etc. Les étangs sont très poissonneux; brochets, carpes, gardons, perches, tanches ou truites se côtoient dans les immenses bassins naturels.

In Monographie de La Louvière - commune de Strépy, Sandrine Place. Texte en intégralité : http://users.swing.be/place.sandrine/sbmain.html

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reconVERTionLe point commun de tous mes travaux est l’assemblage; celui des matériaux tout d’abord. La plupart du temps se sont des sculptures, combinaisons de bois, de pierres, et de métaux; ces formes sont des objets qui subsistent. On pourrait leur opposer les installations, qui, elles ne vivent qu’une courte période, parfois l’instant d’une photo. Etant pas faites pour durer, elles laissent une grande liberté de matériaux et de techniques : on pose sans fixer, on pique dans le sable, avec des végétaux, des plumes, du verre brisé, du sel, etc.

Les formes élaborées sont souvent abstraites, préférant l’allusion à la représentation. C’est alors l’expression qui importe, mélange volontaire de primitif et de contemporain visant à élargir notre conception du temps. Une autre dualité est souvent présente, entre fort et fragile, durable et éphémère. Autant d’apparentes contradictions qui cherchent leur complémentarité, voire leur harmonie, pour nous parler de la condition humaine. Le passé industriel des lieux (et l’histoire même de ces étangs, résultat d’effondrements de mines) est entré en collision avec notre époque, où certains préconisent une relance verte, c’est-à-dire une reprise économique via les technologies écologiques. Une silhouette d’usine flotte à la surface des eaux, envahie de végétation : est-ce le fantôme d’une activité passée ou le signe annonciateur d’un futur mode d’industrie et d’architecture ? Ruine ou projet en cours ? Cette hésitation nous invite au choix, paraissant nous dire qu’il est possible de se saisir du destin de la planète.

B.G.

Vincent BrodinNé à Laval (Mayenne) en 1955

Le Peillac (F) 35770 vern sur seiche

[email protected]

Bruno GuihéneufNé à Saint-Nazaire en 1968

Le Fouguet (F) 56130 Saint Dolay

[email protected]

Vincent Brodin Dessin, projet pour les étangs de Strépy, janvier 2009. Bruno Guihéneuf Infographie, projet pour les étangs de Strépy.

Vis à vis - vie à vieL’installation proposée met en exergue le phénomène de la gestion des déchets. Le promeneur est invité à s’interroger sur son rapport à la nature à travers une visée personnalisée. Le fait d’observer et d’être observé renvoie à une réflexion comportementale sur un état de fait.

L’installation comporte trois éléments : sur la berge à l’attention du promeneur, un point de vue fixe pointé vers le centre de l’étang composé d’un tronçon IPN surmonté de deux tubes (jumelles); au centre de l’étang un îlot flottant amarré, végétalisé recouvert de déchets; un « arbre femme » sans feuille (la nature) recouvert de mousse végétale, scrutant la berge avec des jumelles.

Le vert est l’éveil de la vie et la couleur de l’espérance.L’expression « se mettre au vert » est née de l’hypertension provoquée par la vie citadine.Dans l’Inde, la déesse de la matière philosophale a le corps vert.

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Naufrage en eau calmeQuatre cubes rouge vif s’enfoncent dans l’eau, leurs arêtes dépassent d’un tapis de lentilles d’eau. Sur ces arêtes apparais-sent quelques signes de notre civilisation technologique.À proximité, une silhouette humaine faite de saules tressés regarde le naufrage d’une certaine rationalisation de la nature et d’un développement qui refuse le principe de réalité de notre Terre aux limites finies et aux écosystèmes complexes. Nous avons toujours peur de la Nature et à vouloir la contrôler et l’exploiter nous approchons de bouleversements qui risquent d’être dramatiques. On est encore loin de se mettre au vert !Lisez, relisez La peur de la Nature de François Terrasson ! ou les ouvrages de Paul Virilio qui nous dit : « Le progrès et la catastrophe sont l’avers et le revers d’une même médaille. »

Michel Leclercq Naufrage en eau calme, infographie, projet pour les étangs de Strépy

Jeu d’équilibre Une cinquantaine de sculptures taillées à la tronçon-neuse dans divers bois. Des petits bonshommes se dégageant du socle qui leur sert de flotteur. Les formats sont identiques, tandis que les attitudes changent, simulant le « jeu d’équilibre ».

Le repos apaisant des flots plonge la petite foule dans des songes chimériques, mélancoliques.Par-delà leurs vagues-à-l’âme, ils voguent tels des nénuphars vers des horizons incertains dans un « jeu d’équilibre » où l’esprit se met au vert.

Dessiner en volume ou faire un dessin volumineux. Depuis plusieurs années mes recherches se centralisent autour de la « Présence Humaine », sorte d’évocation du corps et de sa relation spatiale laissée dans la mémoire. L’étude de l’anatomie m’a permis d’analyser, de décomposer, de construire tout un répertoire de signes, sorte de synopsis du corps où l’archétype corporel et son universalité se détachent de la représentation d’une identité.Le bois dans sa matérialité modulable me permet diverses possibilités d’écriture, en dessinant avec une tronçonneuse, la trace de l’outil reste comme une vibration sur la matière, telle une scarification du corps. Comme si tout allait bouger d’un coup.

D.L.

Michel LeclercqNé en 1954

Les Pâtis (F) 35600 Ste Marie de Redon

[email protected]

Didier LeemansNé à Uccle en 1969

116, avenue Henri Jaspar(B) 1060 Bruxelles

[email protected]

Didier Leemans Jeu d’équilibre, bois, dimension variable, détail.

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Dans une société où le sensoriel est parfois oublié, il est bon de lui redonner parole…Mon travail est basé sur la vibration du corps par le point de vue de chacun. Cette vibration visuelle est

Aurore VandemberNée en 1979

5, place de Péronnes (B) 7134 Péronnes-lez-binche

[email protected]

Lentilles d’eauSculptures flottantes, arrondies, de couleur vert pâle introduisant le jeu d’une forme et de son reflet dans l’eau et vice-versa. Les structures sont dans une sorte d’état d’apesanteur, rappelant les lentilles d’eau des étangs voisins. Par leur seule présence, elles modifient la perception que l’on a de la surface aquatique sur laquelle elles flottent. La couleur, ainsi que les vides, renvoient à la transparence du verre des lentilles optiques.

Thomas JodogneNé à Uccle en 1966

144, chaussée de Neerstalle - 1190 [email protected]

www.thomasjodogne.be

Aurore Vandember Photographie, détail du projet pour les étangs de Strépy.

Thomas Jodogne Lentilles d’eau, dessin, projet pour les étangs de Strépy.

Nature morte à la vanitéEn ce nouveau millénaire qui vient de débuter, pas un seul jour sans que l’on nous parle de catastrophe écologique.L’installation consistera en un crâne géant flottant sur l’eau. Rappelant à chacun le côté urgent, inquiétant et mortel de la planète.Ce travail fait directement référence aux « vanités », peintures du XVIIe siècle qui renvoient l’homme à son conditionnement mortel.Le crâne est déformé, allusion aux anamorphoses de cette même époque. Reflet du crâne (mortel) dans l’eau (nature).

Grégory CarlierNé à Mons en 1972

6, rue Roi Albert7120 Rouveroy

[email protected]

Grégory Carlier Dessin et collage, projet pour les étangs de Strépy.

(pure) esthétique de la matière (bas nylon couleur chair) et de la lumière. Touchant ainsi aux notions d’Espace/Temps… Mon intérêt dans l’installation est de découvrir à chaque instant le lieu, la matière et comment ceux-ci se dispersent dans l’espace qui nous entoure… Points de vue : … Avec le nylon… tout passage est éphémère, mouvant, instable, périssable, fragile… Tout est matière, vibrations, vie… … Par son extension des espaces s’ouvrent…

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La Maison Saint-Vincent36, rue de Trivières - 7110 Strépy-Bracquegnies

En plus de la seigneurie principale de Strépy, existait une autre juridiction féodale : la seigneurie de Sotteville. Il s’agissait à l’époque d’une maison-forte à laquelle étaient attachées plusieurs dépendances. La maison a gardé les caractères de l’habitation rurale du XVIIIe siècle. L’intérieur du bâtiment est néogothique.La ferme fut habitée de 1735 à 1837 par la famille Coppée [famille d’exploitants agricoles et du maïeur de Strépy], puis, par les Dehon. Dans le potager se trouve un vieux dattier qui, dit-on, « a bien mille ans ».Des armoiries ornent le porche de la ferme : celles des seigneurs de Strépy, celles du Chapitre Saint-Vincent de Soignies, celles des premiers comtes de Hainaut et celles de sainte Waudru.La tradition rapporte que le manoir de Sotteville aurait vu naître le Comte Madelgaire (plus connu sous le nom de saint Vincent) vers les années 610. Une pierre commémorative apposée sur la façade principale rappelle aux passants cet événement (« Ici est né le comte Madelgaire, guerrier intrépide, mort à Soignies le 14 juillet 666, canonisé sous le nom de saint Vincent »). Une procession traditionnelle est organisée chaque deuxième dimanche de juillet en l’honneur de saint Vincent. Cette coutume remonte au XIIIe siècle. Le cortège fait le tour de l’enclos Saint-Vincent (construction rurale du XVIIIe siècle; des caves gallo-romaines et mérovingiennes sont superposées sous le bâtiment principal) et de la Maison Saint-Vincent.

In Monographie de La Louvière - commune de Strépy, Sandrine Place. Texte en intégralité : http://users.swing.be/place.sandrine/sbmain.html

Renaissance mérovingienne ?Installation Strépy-Bracquegnies se trouve dans une région riche en tombes mérovingiennes.Il est permis de supposer que la Maison Saint-Vincent se situe sur une ancienne nécropole. Une des caves, la plus petite, a des dimensions humaines (2m x 0,8m) et n’est pas dallée, le sol y est en terre et il est possible que les fondations du bâtiment reprennent un plan bien plus ancien.Des fouilles y ont été organisées à la fin du printemps 2009. Si un corps a été rapidement découvert, les premiers éléments ne permettent pas d’établir que celui-ci soit mérovingien, il pourrait être bien plus récent. Les fouilles ont été interrompues le temps de l’enquête.Mais on ne réveille pas la mort sans que cela ait des conséquences : quelques graines enterrées avec le défunt affleurent grâce aux travaux et profitent de la lumière du chantier pour germer et croître.

A.V.Matériel de fouilles gracieusement prêté par le CReA :

Centre de Recherches archéologiques de l’ULB.

Alain VerschuerenNé à Schaerbeek en 1959

41, rue de la Croix de Fer(B) 1000 Bruxelles

[email protected]

Alain Verschueren Renaissance mérovingienne ? Infographie, projet.

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Stephan VeeNé à Charleroi en 1970

12, rue Fossé au Bourleau(B)6534 Gozée, Thuin

[email protected]

Rituel de transfert L’installation se présente sous la forme d’une carte topographique divisée en vingt blocs séparés dépourvus de repères géographiques.

Au départ d’une confrontation verticale/horizontale, cette dispersion cubique significative d’une vision d’urbanisme nous fait traverser le bâtiment de l’entrée au jardin.Au centre de l’installation, reliée par un câblage, une projection vidéo laisse percevoir une image de ce même cube en mouvement, d’où émanent des formes spatiales d’architecture.

Ces apparitions subliminales sont accompagnées d’un son très doux, comme pour nous bercer dans ce transfert d’énergie…

Stephan Vee Rituel de transfertStephan Vee

Stephan Vee Rituel de transfert

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Ferme Delsamme 2 place de Strépy - 7110 Strépy-Bracquegnies - 0032 (0)64 441318

La ferme Delsamme est une importante construction fermée du XVIIIe siècle qui est en grande partie d’origine. Particularité de cette ferme, un cadran solaire datant de 1793 accroché à l’angle du beau porche d’entrée. Ce cadran est l’un des mieux conservés en Hainaut. Les Delsamme s’y sont installés vers 1840 comme en attestent le plan cadastral et le registre de la population de la commune, et l’ont occupée jusqu’en 1941. Actuellement, la ferme appartient à la Ville de La Louvière. Depuis 2002, elle est une entreprise de formation par le travail, qui bénificie d’un accord et d’un bail conclus entre la Ville et le CPAS de La Louvière en vue de développer un projet d’économie sociale intégrant à la fois les dimensions sociale, économique, écologique et pédagogique. Elle a pour mission d’assurer une formation à des personnes connaissant des difficultés sociales, culturelles et professionnelles. Elle est spécialisée dans la culture biologique.

GerminationInspiré en grande partie par la nature, Mario Ferretti place l’arbre au centre de sa réflexion tant poétique que scientifique. L’artiste travaille les arbres, qu’il choisit pour leur forme, et c’est dans une relation de respect qu’il les sculpte avec le souci incontournable de toujours y conserver la vision de la forme d’origine. Il les démonte et les évide méticuleusement dans une exaltation intérieure : seul face à la force tranquille du végétal, Mario Ferretti oscille entre euphorie créatrice, concentration et patience. A l’instar de l’archéologue face à des vestiges, du chirurgien ou de l’anthropologue devant un squelette, le sculpteur offre la possibilité de remonter les arbres qu’il déconstruit grâce à la traçabilité : chaque fragment est minutieusement inventorié pour souligner son appartenance à une entité première, tel un puzzle : le geste mécanique et scientifique permet en outre de générer de nouvelles formes à partir des fragments obtenus. L’arbre échappe en quelque sorte à son cycle de vie pour trouver une existence nouvelle au sein d’une structure inédite qui prend forme entre les mains de l’artiste.Le choix de cet artiste se justifie pleinement par la place que la nature occupe au sein de sa démarche artistique, inspirée par ses souvenirs d’enfance où se bousculent les cabanes dans les arbres et autres jeux dans les bois. Amoureux de la nature, il continue à magnifier l’arbre au sein de la création.Pour « se mettre au vert », Mario Ferretti a travaillé sur l’idée de Germination. L’œuvre présentée à la ferme Delsamme est une structure poétique où s’associent différents composants qui ne présentaient pas de lien direct entre eux. Structure de la tour de métal qui charpente la composition tout en en faisant partie intégrante. Structuration de l’arbre lors de son démontage et enfin, à travers l’idée de fragmentation toujours présente, la mise en évidence par les emboîtements que chaque élément est un morceau d’une entité d’origine, qui s’insère dans une nouvelle structure : frêne tortueux, chêne brûlé qui, tourné vers la terre symbolise la fin du cycle de vie naturel bouclé au sein de la tour, pomme de terre en bois d’où germe un légume, et un carré de gazon sauvage. Semblable à un jardin suspendu, cet espace vert invite à une réflexion sur ce qui se passe sous la terre, dissimulé aux regards. En harmonie avec le lieu qui l’accueille, la sculpture intègre des éléments issus de la culture biologique de la ferme. Comme en archéologie, l’interprétation n’est pas figée et la lecture n’est pas toujours unique. L’artiste propose plusieurs pistes qu’il balise sans ambiguïté. Comme le poète avec les mots, Mario Ferretti joue avec ses sculptures pour offrir au spectateur la liberté d’imagination.

Céline Christiaens

Mario FerrettiNé à Ath en 1970

53, rue d’Hoves, 537830 Graty

[email protected]

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Mario Ferretti Germination

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Chapelle Saint-Julien à Boussoit Croisement de la rue des Buxiniens et de la rue Belle Hélène 7110 Boussoit

Boussoit existait déjà au Xe siècle. A cette époque, le village s’appelait Buxeide, en latin Buxetum (de buxum « le buis » et -etum suffixe de lieu), signifiant « l’endroit où pousse le buis », dont étaient recouverts ses coteaux. L’ancienne possession comtale est devenue au XIIe siècle le fief de la famille de Boussoit.

A l’origine, la Chapelle Saint-Julien faisait partie d’un Hôpital Dieu fondé en 1286 par Jean Sausset, seigneur de Boussoit. Le protecteur de cette maison de soins pour les pauvres est saint Julien car selon la légende, il a voué sa vie à soigner les miséreux après voir tué père et mère suite à la prédiction d’un cerf qu’il chassait. Au fil des années, le lieu est devenu un refuge de brigands, puis une ferme. Ses biens ont été légués lors de la Révolution française à l’assistance publique, aujourd’hui le CPAS. Le site, progressivement désaffecté depuis le XIXe siècle, fait l’objet d’une étude quant à son sauvetage et sa réaffectation. La maison du chapelain et l’ancien hôpital vont être réaffectés en logements sociaux en respectant les prescriptions patrimoniales déterminées par le certificat de patrimoine et en tenant compte de la conservation ou de la restauration des fresques découvertes à l’intérieur. La chapelle gardera son affectation au culte.

L’ensemble architectural constitué de l’hôpital, de la chapelle et de la maison du chapelain, a été classé par arrêtés du Gouvernement wallon.

Sources : site internet de la Ville de La Louvière.

Le Journal de la Restauration – N°10, avril-mai-juin-2008.

Priez pour lui…Julien l’Hospitalier ne fut pas toujours « en odeur de sainteté ».Pour rappel, ceci se dit du parfum suave de rose ou de lys censé émaner du corps intact d’un saint longtemps après son décès.

Cet aristocrate du IVe siècle ne connut guère la pauvreté, ni la souffrance, ni le martyre…Il commit le pire crime qui soit au Moyen Age : occire ses père et mère ; par méprise, il est vrai… mais quand même.Ce meurtre ne fut pas puni par la justice des hommes…Sa légende semble être un emprunt direct au mythe d’Oedipe.Son existence même fut contestée d’autant que ses attributs et son imagerie (un chasseur face à un cerf miraculeux) semblaient trop proches de ceux d’un autre saint très populaire en nos contrées : saint Hubert.Faut-il que Julien ait été hospitalier pour que le petit peuple, particulièrement les couvreurs, les charpentiers, les voyageurs, les pèlerins en quête de gîte et de couvert, continue de le louer.De quoi nous intriguer, nous motiver et tenter d’aimer ce curieux personnage.

La légende de Saint-JulienMarc Bis, pour le texte, s’inspire de celui de Gustave Flaubert publié en 1877.Pour les images, comme à son habitude, l’artiste détourne, en silhouettes noires sur fond coloré, citation des techniques populaires du papier découpé, des personnages empruntés à l’iconographie de l’histoire de l’art ou à l’actualité récente.

Jean-Pierre Denefve

Marc BisNé à Huy en 1967

22, Place Saint Denis(B) 4500 Huy

[email protected]

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Marc Bis Chemin de croix

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Groupe de travailCatherine BERGERChef de division à la Fédération du Tourisme de la Province du Hainaut

Catherine de BRAEKELEERDirectrice du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de la Communauté française de Belgique

Nancy CASIELLESAttachée scientifique au secteur des Arts plastiques de la province de Hainaut/ B.P.S.22

Eric CLAUSAnimateur au Centre culturel régional du Centre, coordinateur de la biennale ARTour

Vincent DIERICKXChargé de communication au Centre culturel régional du Centre

Jean-Pierre DENEFVEResponsable de la Galerie Koma asbl

Dominique DURINCKXGestionnaire de la collection, documentaliste-bibliothécaire au Centre de la Gravure et de l’Image imprimée

Valérie FORMERYConservatrice du Musée Ianchelevici

Ludovic RECCHIAAssistant de recherche - Collections arts décoratifs et industriels au Musée Royal de Mariemont

Pierre-Olivier ROLLINChef du secteur des Arts plastiques de la province de Hainaut/B.P.S.22

RemerciementsGuy BERTRANDFrançois CASTAGNACéline CHRISTIAENSGaëlle CLAREMBEAUMarcelle DUMONTDominique FRIARTGalerie Fred LANZEMBERGPatrick MERCKAERT (vzw Boem)Guy PIETERS GalleryLéandre PLANCQGuy ROLANDLa Comtesse et le Comte d’URSELJerry VANDEVELDEAnnie VERBANCKPhilippe WATERLOTJean WILISQUI

Organisation et coproduction du Centre culturel régional du Centre, Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de la Communauté française de Belgique Wallonie-Bruxelles, B.P.S. 22 espace de création contemporaine de la Province de Hainaut, Musée Ianchelevici, Fédération du Tourisme de la Province de Hainaut, Galerie Koma a.s.b.l., avec l’aide de l’Association pour la Gestion et l’Exploitation touristiques et sportives des Voies d’Eau du Hainaut, Les Etangs de Strépy a.s.b.l., et du Centre Public d’Action Sociale de La Louvière et le soutien du Service des Arts plastiques du Ministère de la Communauté française de Belgique, la Commission des Arts de la Région wallonne, la Direction Générale des Affaires Culturelles du Hainaut et de l’Agence Conseil en Développement Culturel de la région du Centre Centritudes. Une initiative du Centre culturel régional du Centre.

Conception graphique : Catherine Chalon

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Catalogue édité à l’occasion de la septième biennale ARTourArt contemporain et Patrimoine - du 27 juin au 30 août 2009

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