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N° 23 - Janvier / Février 2007 Au fil de la Seine Le Journal de «la Seine en Partage» L’association de ceux qui aiment et qui protègent la Seine

Au fil de la Seine · 2020. 7. 22. · Jusqu’à présent et depuis près de six ans, nous étions l’association qui regroupait les communes riveraines de la Seine « en Ile-de-France

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N° 23 - Janvier / Févr ier 2007

Au fil de la SeineL e J o u r n a l d e « l a S e i n e e n P a r t a g e »L ’ a s s o c i a t i o n d e c e u x q u i a i m e n t e t q u i p r o t è g e n t l a S e i n e

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N°23

L’éditoriald’yves jégo

T out le monde le sait, cette année 2007 qui a commencé va être fertile en événements importants pour l’avenir du pays. Mais ce que tout le monde ne sait pas encore c’est qu’elle

va être, aussi, très importante pour notre association.

Nous allons, en effet, changer de… dimensions. Jusqu’à présent et depuis près de six ans, nous étions l’association qui regroupait les communes riveraines de la Seine « en Ile-de-France ». Désormais, nous sommes l’association qui regroupe les communes riveraines de la Seine… « de sa source à l’embouchure ».

Nos objectifs restent, bien sûr, les mêmes : • faire mieux connaître tous les atouts que la Seine

peut offrir à ses riverains et aux régions qu’elle traverse, • initier et coordonner toutes les actions permettant

de développer ces atouts, • offrir à tous les élus riverains (et aux riverains en

général) une tribune afin qu’ils puissent prendre la parole –et se faire entendre- dès lors qu’il s’agit de problèmes liés à la riveraineté,

• être l’interlocuteur incontournable des pouvoirs publics et des organismes chargés de l’entretien et du développement de la Seine et de ses rives afin que tous les projets soient bien conformes aux besoins et aux souhaits des riverains,

• aborder résolument tous les problèmes liés à la Seine et à ses rives : la pollution, les risques d’inondation, le traitement des eaux, le développement du transport fluvial, celui du tourisme fluvial, celui des sports nautiques, l’aménagement des berges, la protection des paysages, etc.

C’est ce que nous avons fait depuis la création de notre association pour les communes riveraines de l’Ile-de-France. Avec, disons-le sans fausse modestie, un certain succès. Nous allons le faire à partir de cette

année pour toutes les communes riveraines de la Seine de Bourgogne, de Champagne-Ardenne et de Haute Normandie qui voudront bien nous rejoindre.

MM. Rufenacht, maire du Havre, et Albertini, maire de Rouen, nous ont en effet demandé s’il était possible que leurs villes adhèrent à notre association.

Ai-je besoin de dire que cette demande nous a fait très plaisir ? D’abord, parce qu’elle prouvait que, malgré nos modestes moyens, nos actions étaient appréciées. Ensuite et surtout parce qu’elle allait nous permettre de réaliser le rêve que nous n’avions pas osé formuler en créant « La Seine en Partage ».

La Seine ne connaît pas nos frontières administratives. C’est la même eau qui coule de la source à l’embouchure, ce sont les mêmes problèmes –ou presque- que connaissent tous ses riverains et il n’est guère possible de parler de « cohérence des aménagements de la Seine » en se limitant à une seule région.

Nous allons donc modifier de quelques mots nos statuts (en fait remplacer « la Seine en Ile-de-France » par « La Seine de sa source à son embouchure ») et tous ensemble, avec nos nouveaux amis de Bourgogne, de Champagne-Ardenne et de Haute Normandie, poursuivre nos actions.

Nous aurons à traiter de nouveaux dossiers, à régler de nouveaux problèmes, mais nous pourrons parler d’une seule voix : celle de la Seine dans son ensemble.

Une année importante…

Yves Jégo,Président-fondateur de “ La Seine en Partage ”,

Maire de Montereau-Fault-Yonne.

2007, une année importante...

Ce document participe à la protection de l’environnement : il est imprimé par Caractère,

site de production 14001. Ce document est imprimé avec des encres végétales.

JANVIER / FEVRIER 2007Sommaire

BUREAUPrésidents : M. yves jEgo, président-fondateur de l’association, maire de Montereau-Fault-Yonne

M. jean-Louis TESTUD, président exécutif,adjoint au maire de Suresnes

Au Fil de la Seine Directeur de la publication : René Bobet Directeur de la rédaction : Pascale Dugat Rédacteur en chef : Georges Guillo-Lohan Maquette : Priscilla Saule / 86500 Montmorillon Imprimerie : Caractère / 15000 AurillacAbonnement 5 numéros 10 € / anEditions Seine en partage. Il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement sur quelques supports que ce soit le présent ouvrage (art L.122-4 et L.122-5 du code de la propriété intellectuelle) sans autorisation de l’éditeur.

Secrétaire Général : M. Claude BILLEREY, maire de Boissise-le-Roi Secrétaire Général Adjoint : M. Jean-Pierre LE POULAIN, maire d’Avon Trésorier : M. Thierry Le MOUROUX Vice-Présidents : M. René BOBET : adjoint au maire de Saint-Fargeau-Ponthierry - M. Jean DELAUNAY, adjoint au maire de Conflans-Sainte-Honorine - M. Georges GUILLO-LOHAN, maire de Samois-sur-Seine - M. Roland PATRY, conseiller municipal d’Argenteuil - M. André POSTIC, adjoint au maire d’Etiolles - M. Bernard KUNTZ, président de l’association FAUVE

CONSEIL D’ADMINISTRATIONTous les membres du Bureau cités ci-dessus auxquels s’ajoutent : M. Claude LAUNAY, adjoint au maire de Bezons - M. Claude NICOLAS, adjoint au maire d’Herblay - Mme Anne DECOTTIGNIE, association ABB - M. Alain CARLIER, association ADHF - M. Jean-Louis AYME, musée de la Grenouillère

Déléguée Générale : Mlle Pascale DUGAT

94, rue Saint-Lazare 75009 PARIS Tél. 01 42 78 36 60 - www.seineenpartage.comAssociation loi de 1901 - Déclaration en sous préfecture de Provins (77) - N° 0773003154 Parution au journal officiel n°2794 du 7 juillet 2001 - Siret 411 126 703 000 12 – code APE 913 E

Pour adhérer à l’association « La Seine en Partage », connectez-vous sur notre site Internetwww.se ineenpar tage .com Rubrique association / adhérez

Tout don ou toute adhésion à l’association « La Seine en Partage » est déductible de l’impôt sur le revenu des personnes physiques à hauteur de 66 % du don et dans la limite de 20 % du revenu imposable. Toute somme recueillie donnera lieu à l’établissement d’un reçu fiscal.

03 Editorial d’yves jégo 2007, une année importante...

04 L’Unicem, Union Nationale des Industrie de Carrières Et Matériaux de construction

07 Interview Alain SNAKKERS, président de l’Unicem Ile-de-France

10 Le XXIème siècle sera celui de la Seine

12 Carte des communes riveraines de la Seine

16 Quand les riverains de la Seine mangeaient de l’esturgeon et du marsouin...

20 ECHoS

21 Le retour des cendres de Napoléon

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L’UNICEM

L’Unicem, Union Nationale des Industries de Carrières Et Matériaux de construction, a été créée en 1840. Cette fédération qui regroupe aujourd’hui 4.000 entreprises représente les intérêts des professionnels des industries extractives (granulats, calcaire industriel, grès, granit, craie…) et des industries de transformations de ces matériaux (béton prêt à l’emploi, granulats de recyclage, mortier industriel…). Représentée localement par dix-neuf syndicats régionaux (les Unicem régionales), elle s’appuie sur des commissions de travail composées de professionnels et sur une équipe de permanents.

L ors d’un premier colloque organisé en 2001, l’Unicem a alerté les professionnels du bâtiment et les pouvoirs publics sur la pénurie de granulats que risquait de connaître rapidement l’Ile-de-France. Le second colloque qui a eu lieu en 2003,

intitulé « Répondre ensemble à un besoin durable », était l’expression d’une prise de conscience générale et de la recherche commune de solutions. La prise en compte de l’élément « granulats » dans le Schéma Directeur Régional d’Ile-de-France (SDRIF) en cours d’élaboration est le premier résultat de cette nouvelle logique de concertation adoptée par les carriers, représentés par l’Unicem, et leurs différents partenaires, Etat, région, départements et services de l’Etat.

L’Unicem est à l’origine de la Charte « Environnement des Industries de carrières » et est signataire de la « Charte pour une gestion rationnelle et économe des granulats en Ile-de-France ».

LES gRANULATS, UN MATéRIAU INDISPENSAbLE, UNE INDUSTRIE INDéSIRAbLE

Les granulats sont essentiellement consommés par les activités de construction et de travaux publics. Ils sont également utilisés dans l’industrie chimique, la fabrication du verre, de la céramique et pour l’agriculture.

La région parisienne consomme chaque année environ 30 millions de tonnes de granulats mais n’en produit que 16 millions. Les gisements, pour la majorité sables et granulats alluvionnaires de Seine, ne manquent pas mais les difficultés d’accès en zone urbanisée, les documents d’urbanisme et les contraintes environnementales rendent plus du tiers d’entre eux inexploitables. Près de 45% des granulats consommés aujourd’hui en Ile-de-France proviennent de Haute-Normandie, de Picardie, de Champagne, de l’Yonne et du Centre.

L’extraction des granulats en Ile-de-France se heurte également à l’opposition des riverains. Les carrières de matériaux alluvionnaires, bien que d’une durée de vie très courte, ont un fort impact environnemental et paysager. Une meilleure prise en compte depuis quelques années de la faune, de la flore, du paysage et de la qualité de l’eau ainsi que l’obligation de réaménager les carrières en fin d’exploitation, ont amélioré l’image des carriers. Il reste que l’installation d’une activité industrielle génère des nuisances de bruit, de poussière et de trafic difficiles à accepter pour les communes.

L’Unicem

L’UNICEM

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A la difficulté de créer de nouveaux sites d’extraction en Ile-de-France, s’ajoutent des contraintes de transport particulièrement fortes en région parisienne. Les granulats, matériau lourd et encombrant, doivent parvenir jusqu’au centre des villes, où ils sont majoritairement utilisés. La voie d’eau - et la Seine a là son rôle à jouer - représente une alternative non bruyante et non polluante au transport par camions. Elle nécessite cependant l’installation sur les berges de structures portuaires et de zones de stockage qui sont ressenties comme autant de contraintes lourdes par les municipalités et les riverains.

Face à cette situation et à la réticence des régions limitrophes à fournir l’Ile-de-France, la solution paraît résider dans le développement de nouveaux matériaux. Les calcaires venus du Nord, les granulats marins de la baie de Seine et les matériaux de recyclage devront à l’avenir compenser la diminution de la part de l’alluvionnaire (passée en Ile-de-France de 62% en 1990 à 42% en 2003). Si ces alternatives paraissent incontournables, l’exportation de matériaux de régions situées hors du bassin parisien et l’extraction

des granulats marins ne sont pas sans poser de nouveaux problèmes en terme d’environnement et de transport.

Sans granulats, pas de construction ni de routes. La réappropriation du fleuve, en tant qu’espace de loisirs, lien régional et symbole partagé, par les communes riveraines devra prendre en considération l’histoire industrielle de la Seine. Le défi des prochaines années en terme de production de granulats ne pourra être relevé qu’en tenant compte de toutes les fonctions du fleuve, ressource de matériaux, voie de transport, espace de loisirs et milieu naturel à préserver.

L’UNICEM L’UNICEM

Alain Snakkers est un enfant de la Seine.

Né à Montereau, il entre très tôt dans

la batellerie et l’industrie du granulat

où il fait carrière. Directeur général de

gSM depuis 1989, il a été président de

l’Unicem Picardie de 1996 à 1999 et est,

depuis 2000, président de l’Unicem

Ile-de-France. Alain Snakkers est

également président des Nautes

et secrétaire général du Comité des

Armateurs Fluviaux. Il répond aux

questions que nous lui avons posées.

En 2001, lors du colloque organisé au Stade de France par l’Unicem sur le thème « Les besoins en granulats de l’Ile-de-France, la pénurie est-elle pour demain ? », vous poussiez un cri d’alarme, qu’en est-il aujourd’hui ?

Nous avions réalisé des simulations pour l’année 2003 qui montraient que sans nouvelles autorisations d’exploiter, la pénurie serait forte en Ile-de-France dans un contexte où la demande en matériaux augmente. Avec ce colloque, nous voulions souligner que les carriers répondent à un besoin. Quand les collectivités ou les entreprises veulent construire, les matériaux doivent être à la porte immédiatement avec une exigence de qualité de plus en plus forte.Pour répondre à cette demande en augmentation, il est nécessaire de fournir davantage de granulats alluvionnaires alors que l’opinion publique est hostile à leur exploitation. Nous voulions prévenir qu’avant de cesser l’exploitation des alluvions, il fallait s’assurer que des matériaux de remplacement pouvaient être disponibles.

L’objectif que nous poursuivons est de ne pas augmenter la dépendance de la région par rapport aux régions voisines qui fournissent déjà 45% des granulats utilisés en Ile-de-France. La solidarité interrégionale fonctionne mal. A titre d’exemple, les départements de l’Aisne et de l’Yonne ont demandé, lors de l’approbation de leurs schémas des carrières, la fin de l’« exportation » des matériaux vers l’Ile-de-France comme si nous étions un pays étranger.

Président de l’Unicem Ile-de-France

“ N’oublions pas que pour construire les 60.000 logements prévus

il faudra des granulats ! ”

Alain Snakkers

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Il nous manque des plates-formesQuelles évolutions avez-vous vues depuis le colloque de 2001 ?

En 2002, nous nous sommes retrouvés deux fois de suite à la limite de ne pas pouvoir livrer des clients. Comme nous l’avions prévu, la demande a continué à croître alors que la production n’a pas augmenté. Avec ce colloque, les collectivités locales et l’Etat ont pris conscience du travail de fond réalisé par les carriers en terme de réaménagement, ils ont compris l’importance stratégique des matériaux pour la construction. Le granulat est un pondéreux qui se déplace difficilement, qui entre jusqu’au cœur des villes et qui a besoin de bateaux et de plates-formes pour réceptionner les matériaux. Or souvent, les maires ne veulent pas de ces installations sur leurs communes.Après le colloque, un groupe de travail a été créé avec la DRIRE, l’IAURIF et le Port Autonome de Paris pour réfléchir à une politique de création de plates-formes.

La Seine, réserve d’alluvions et voie de transport, a-t-elle encore un rôle à jouer dans l’industrie des granulats ?

Bien sûr. 80 % des réserves de granulats en Ile-de-France se trouvent en bord de Seine. Le fleuve est traditionnellement depuis plus d’un siècle la voie de transport des matériaux vers Paris et cela continue. 90% des centrales de bâtiment et travaux publics à Paris sont alimentées par le fleuve. La voie d’eau est un moyen de transport moderne et fiable car capable de livrer en « juste à temps ». Il est non bruyant, non polluant et peu consommateur d’énergie. Depuis 2000, le renouveau du fluvial est très fort. La part du transport par voie d’eau en Ile-de-France est passée de 24% en 2001 à 29% en 2004. Mais ce chiffre plafonne depuis deux ans. Aujourd’hui, tous les clients qui peuvent l’être sont déjà livrés par la voie d’eau. Pour en livrer davantage, il faudrait plus de plates-formes tri modales (train, route, voie d’eau).

Qu’attendez-vous de l’ouverture du canal Seine Nord Europe qui permettra la liaison avec les réseaux du Nord de l’Europe?

Le canal à grand gabarit Seine Europe devrait être terminé en 2012 ou 2013. Ce projet ouvre à moyen et long terme la voie aux « calcaires du grand arc Nord », venus des carrières du Tournaisis, du bassin de Marquise (région de Boulogne) et du bassin de l’Avennois. Ces carrières sont déjà en activité et attendent l’ouverture du canal. A terme, l’Ile-de-France sera alimentée en partie par des graviers et du sable venus du grand arc Nord. L’autre partie viendra de Baie de Seine avec les granulats marins.

Vous avez récemment signé une convention avec Voies Navigables de France (VNF). En quoi consiste-t-elle ?

C’est une double pétition d’intention où chacun a dit ce qu’il pouvait apporter à l’autre. Cela montre une vraie volonté d’avancer ensemble. VNF réfléchit, dans sa mission de valoriser la voie d’eau, à la possibilité de renouveler le parc de bateaux et de trouver des mariniers. Beaucoup de petits bateaux type Freycinet disparaissent quand les mariniers partent en retraite. Leur nombre a été divisé par 10 en 20 ans. Le centre de formation des apprentis du Tremblay-sur-Mauldre forme des jeunes mariniers. J’y donne depuis cette année des cours de commerce et de négociation.

Vos besoins en équipements des berges de la Seine sont-ils satisfaits ?

Ce que nous défendons depuis longtemps, c’est l’idée de ne plus perdre un mètre carré du linéaire existant en ports, stockage et centrales à béton. Malgré cela, il manque actuellement trois ou quatre plates-formes aux quatre points cardinaux de la région. Le problème est qu’aujourd’hui, personne ne sait comment les 64% de matériaux qui sont encore sur la route vont pouvoir basculer vers la voie d’eau. Deux plates-formes ont été créées récemment. Celle de Montereau, conçue pour recevoir par train les calcaires de la région Centre, ne fonctionne pas encore. Celle de Gennevilliers a été créée il y a bientôt quatre ans sur un site existant car la chance a voulu que des sites du Port Autonome se libèrent. Enfin, et c’est une grande nouvelle, nous venons de reconquérir un morceau de quai parisien à Tolbiac.

Etre mieux acceptés par la populationQuels sont vos rapports avec le Port Autonome de Paris qui gère les structures portuaires de la Seine ?

Cela se passe très bien. Après avoir beaucoup discuté, nous défendons maintenant les mêmes choses et sommes devenus complémentaires. Le Port Autonome défend les surfaces portuaires et nous de notre côté, nous les améliorons.

Face aux riverains souvent rétifs, nous devons être encore meilleurs dans nos aménagements, qu’il n’y ait pas de poussière, que les problèmes d’eau soient traités, que les entretiens soient bien faits.

Le Port Autonome nous demande de respecter une « charte de progrès » en vue d’améliorer l’intégration paysagère et environnementale des centrales et des ports. L’objectif est pour nous de progresser sur le stationnement, la sécurité, la propreté, l’aspect extérieur, afin de permettre aux maires de communiquer avec leurs administrés et d’être mieux acceptés par la population. La centrale de Clichy qui devait être sortie de la commune sous la pression des administrés a finalement été acceptée grâce à une bonne intégration du projet et à la volonté du maire de ne pas multiplier le nombre de camions par l’éloignement de la centrale.

Depuis quelques années, les communes se tournent à nouveau vers la Seine et souhaitent se réapproprier les berges pour les loisirs et le tourisme. Pensez-vous que ce désir soit conciliable avec l’utilisation « industrielle » du fleuve ?

Il y a un problème de vocabulaire. On ne peut se réapproprier que ce dont on est déjà propriétaire or les berges de la Seine à Paris ont toujours été occupées par l’industrie. Il faut plutôt parler de partage des espaces et vivre ensemble dans ces espaces.

Le Port Autonome souhaite que la population puisse conserver l’accès au fleuve. Avant, les riverains pouvaient vadrouiller où ils voulaient sur les quais mais aujourd’hui, l’arsenal de mesures de sécurité rend difficile de mélanger les genres. Il y a loin entre la volonté de tous de dire « ce serait sympa de le faire » et le souci de notre responsabilité. Il faut pourtant y arriver et le Port Autonome y travaille. Le Port d’Ivry est un aménagement exemplaire de ce point de vue.

Cette politique se traduit pour nous par une augmentation des coûts pour l’aménagement des installations et l’intégration des centrales. A Ivry, les aménagements ont multiplié nos loyers par trois.

La révision du Schéma Directeur Régional d’Ile-de-France (SDRIF) a été engagée le 25 juin 2004. Qu’attendez-vous de cette révision ?

Nous sommes associés depuis le début à l’élaboration du SDRIF. Le SDRIF, qui donne priorité au logement pour les quinze prochaines années, prévoit de passer de 40.000 à 60.000 logements à construire par an en Ile-de-France. Aujourd’hui, l’apport de granulats est un facteur bloquant pour la construction. La production, comme les centrales à béton sont au taquet. Lors des réunions de préparation, l’intérêt stratégique et économique des gisements d’Ile-de-France a été reconnu par tous les partenaires. L’aspect « valorisation de la ressource » est enfin abordé. Quant à la voie d’eau, elle est considérée dans le schéma en cours d’élaboration comme un symbole de l’Ile-de-France et un élément structurant de la région.

Virginie Brancotte

L’UNICEM L’UNICEM

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LE XXIèME SIèCLE LE XXIèME SIèCLE

V oilà qui change tout. Un certain nombre de maires haut-normands, champenois et bourguignons nous ont demandé de rejoindre notre association. Nous les

accueillons bien volontiers.

Jusqu’à présent, depuis la création de « La Seine en Partage », il y a maintenant six ans, nous nous contentions d’être franciliens. Nous avions donc à nous occuper de 158 communes riveraines et de 258 kilomètres de notre fleuve. Nous dressions des cartes, nous préparions un schéma de cohérence, nous militions pour le traitement des eaux et la lutte contre toutes les pollutions, pour l’aménagement des berges, pour le développement du transport fluvial, du tourisme fluvial, pour la réappropriation par les riverains de leur fleuve. Nous allons désormais nous occuper des 776 kilomètres de notre fleuve et des 386 communes qui le bordent.

Le fait que des élus non-franciliens aient souhaité travailler avec nous prouve, si besoin en était, que

nos efforts n’ont pas été inutiles et que chacun comprend maintenant que la Seine forme bel et bien un tout, une communauté humaine qui regroupe les millions d’habitants des communes riveraines, avec un passé commun qui remonte à la nuit des temps, avec les mêmes problèmes quotidiens, avec surtout les mêmes atouts pour construire l’avenir. A l’heure de la mondialisation et de l’Europe, il était temps que les « Séquanais » se retrouvent tous ensemble !

Bourguignons, Champenois, Franciliens, Normands se sont tous pressés le long du fleuve pour construire leurs villes, tous ont fait venir par le fleuve les pierres de leurs cathédrales, les vivres de leurs marchés, tous ont installé le long des rives leurs usines. La Seine forme, évidemment, le joyau de la France. Les routes, les trains, l’avion nous avaient un peu fait oublier que pendant deux millénaires tout s’était passé, avait pu se faire grâce à ce fleuve qui était pour nos régions aussi précieux que le Nil l’avait été pour les pharaons d’Egypte ou le Gange pour les empires de l’Inde. Un fleuve-dieu !

De la source à l’embouchure…

On parle des châteaux de la Loire, on dit que « si la Garonne avait voulu, elle aurait pu… », mais la Seine a son chapelet de cathédrales uniques au monde, a vu l’Histoire se façonner sur ses rives, a été, au fil de ses méandres, le « motif » toujours préféré des plus grands peintres, et, sans qu’on s’en soit toujours aperçu, a été, tout au cours du XXème siècle du progrès et de l’industrialisation, le lieu de prédilection de tous les grands créateurs de richesses, que ce soit, par exemple, l’automobile ou les industries pétrolières.

Le XXIème siècle sera celui de la Seine. D’abord, parce que tous les riverains, de sa source à son embouchure, veulent désormais se « réapproprier » leur fleuve pour s’échapper de l’univers de béton dans lequel ils sont trop souvent enserrés. Ensuite, parce que tout le monde a compris que les réseaux routiers et ferrés étaient sursaturés et que la voie d’eau oubliée offrait le mode de transport le plus sûr, le moins polluant, le moins cher. Enfin, parce que le canal à grand gabarit Seine-Escaut va ouvrir une ère totalement nouvelle à tous les riverains de la Seine en leur permettant d’entrer de plain pied dans l’Europe fluviale et d’aller, au fil de l’eau, jusqu’à Budapest par exemple.

Le XXIème

776 km d’Histoire, de patrimoine et d’avenir

siècle sera celui de la Seine

10. Au fil de la Seine / Janvier / Février 2007 Au fil de la Seine / Janvier / Février 2007 .11

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MARNE 51CLESLESCONFLANS-SUR-SEINEESCLAVOLLES-LUREYMARCILLY-SUR-SEINESAINT-JUST-SAUVAGESARON-SUR-AUBE

CoTE D’oR 21AISEY-SUR-SEINEAMPILLY-LE-SECBAIGNEUX-LES-JUIFSBELLENOD-SUR-SEINEBILLY-LES-CHANCEAUXBREMUR-ET-VAUROISBUNCEYCHAMESSONCHANCEAUXCHARREY-SUR-SEINECHATILLON-SUR-SEINEDUESMEETROCHEYFROLOISGOMMEVILLEMEULSONMONTLIOT-ET-COURCELLESNOD-SUR-SEINENOIRON-SUR-SEINE

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Les communes riveraines de la Seine

Légende

Communes dont la Seinetraverse leur territoire

Kilomètres

Sour

ce A

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12. Au fil de la Seine / Janvier / Février 2007 Au fil de la Seine / Janvier / Février 2007 .1�

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Il y a, bien sûr, plusieurs façons d’évoquer ces 776 km qui partent du plateau de Langres à 471 mètres d’altitude pour aller jusqu’au Havre et pénétrer dans la Manche après avoir traversé les plus beaux paysages, les terres les plus riches et les régions économiques –de très loin- les plus importantes du pays.

Les historiens nous parlent des Gaulois, des Romains, des Tricasses, des Véliocasses, des Vikings, d’un fleuve sans cesse remonté par les envahisseurs, redescendu par les bâtisseurs. Pendant quelques siècles, toutes les immigrations (même si le mot n’existait pas encore) se sont faites par le fleuve pour former cette communauté de riverains. Ils nous rappellent aussi que nos rois choisirent toujours la Seine. Mais on a peut-être un peu oublié que Melun fut la résidence royale des premiers capétiens, que Saint Louis naquit à Poissy, que Choisy-

le-Roi fut le château préféré de Louis XV, que Fontainebleau, Saint-Germain-en-Laye, Saint-Cloud furent en leur temps les centres du pouvoir, sans parler de Paris, bien sûr. L’Histoire de France a fait son lit dans celui de la Seine.

Pour les amateurs de chefs d’œuvre, la Seine est un musée à ciel ouvert qui se reflète dans ses eaux. Troyes, Nogent-sur-Seine, Montereau-Fault-Yonne, Melun, Corbei l-Essonnes, Villeneuve-Saint-Georges, Paris, Saint-Denis, Mantes, Rouen, Jumièges, autant de cathédrales, de collégiales, d’églises où l’art gothique triomphe dans ce qu’il a de plus parfait. La Seine fut le plus beau miroir des bâtisseurs de cathédrales. Comme elle fut, quelques siècles plus tard, le berceau et plus encore la muse de l’impressionnisme, mêlant ainsi les flèches flamboyantes aux nymphéas et aux champs de coquelicots.

Mais à l’ombre de leurs cathédrales, les rives de la Seine furent aussi le plus beau des marchés. Le blé ici, l’élevage là, les fruits et légumes partout, la vigne souvent, le fromage parfois, toutes les richesses de l’agriculture tout au long du fleuve, terres bénies des Dieux, qui permirent à Corbeil d’avoir ses moulins, à Melun et à Montereau-Fault-Yonne leurs Bries, à Troyes ses filatures, à Elbeuf ses draps… alors que de Montereau à Rouen, en passant par Sèvres, des artisans qui étaient en fait des artistes façonnaient les plus belles porcelaines et les plus belles faïences du monde. Et l’on pourrait multiplier à l’infini les exemples de ce que les rives de la Seine apportèrent à la France et à son développement.

UNE MobILISATIoN géNéRALE

Certaines de ces richesses ont disparu mais la relève a été assurée. La Seine est toujours la grande avenue de l’économie française. Le XXème siècle a été celui de l’automobile et du pétrole. Or ces deux industries se sont tout de suite amarrées en bordure de Seine. C’est du quai de Javel, de Boulogne-Billancourt, de Poissy que l’automobile française a triomphé et c’est à Petit-Couronne, Notre-Dame-de-Gravenchon, Port-Jérôme, Gonfreville que se trouve le plus grand centre de raffineries du pays. L’histoire économique de la France se parcourt aussi en descendant la Seine.

Quel sera l’avenir ? Il sera évidemment… séquanais. Le XXIème siècle sera, peut-être, celui des satellites qui iront explorer les planètes les plus lointaines, mais il sera avant tout celui… des péniches et de tous les fleuves européens qui permettront à toutes les marchandises de la mondialisation de parcourir en tous les sens notre continent. Il sera aussi, à n’en pas douter, celui d’un retour vers le fleuve chacun souhaitant retrouver « la nature » qu’il incarne jusqu’au cœur de nos villes.

Il nous faut donc nous mobiliser pour permettre au transport fluvial de se développer, pour lutter contre toutes les

pollutions dont notre fleuve est victime, pour rendre nos rives « citoyennes » puisque le mot est à la mode, c’est-à-dire offrir à chacun sa part du fleuve, en partageant équitablement la Seine qui « appartient » aussi bien aux carriers qu’aux pêcheurs, aux bateliers qu’aux sportifs, aux promeneurs qu’aux industriels.

« La Seine en Partage » va désormais participer à cet effort de mobilisation « de la source à l’embouchure » de notre fleuve.

Pascale Dugat

LE XXIèME SIèCLE

L’HISToIRE DE FRANCE A FAIT SoN LIT DANS CELUI DE LA SEINE

Au fil de la Seine / Janvier / Février 2007 .1�

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GASTRONOMIE SéQUANAISE... GASTRONOMIE SéQUANAISE...

C’était hier sur les bords de notre fleuve

Quand les riverainsde la Seine mangeaient de l’esturgeon

et du marsouin...

... et remplaçaient le lard par de la graisse de baleine.

La Seine est un fleuve… gourmand. bénie des Dieux par son climat et la richesse des terres qu’elle parcourt, elle a toujours permis à ses riverains, de sa source à son embouchure, d’être des gourmands, souvent des gourmets.

Dans le numéro de juillet 2006 de notre journal « Au fil de la Seine », nous vous avions conviés à une promenade gustative qui vous avait permis de découvrir (ou de redécouvrir) quelques unes des grandes spécialités culinaires de notre fleuve et de ses rives. De nombreux lecteurs ainsi alléchés nous ont demandé d’en dire plus et notamment d’évoquer le passé. Que mangeait-on jadis sur les bords de la Seine ? Nous avons donc demandé à Mme Aude Lesage, agrégée d’Histoire, spécialiste du Moyen-âge et « fine gueule » de l’Université de répondre à ces questions.

S ans le savoir, nous pratiquons aujourd’hui le service « à la russe » qui s’est imposé au XIXème siècle. Au Moyen Âge, le service « à la française » consistait en une

présentation simultanée des plats sur la table. On y mélangeait viandes, poissons, légumes. Plusieurs services, le plus souvent trois, se succédaient, séparés par des « entremets ».

Un repas de Noël, chez les nobles, en bordure de Seine, pouvait ressembler à ceci : • Le premier service : chapons, cygnes, héron, faisans, tartes, esturgeons, gros brochets. • Le deuxième service : porcelets farcis, paons, grues, lapins, grandes tartes.• Le troisième service : coings confits, aigrettes, perdrix, pigeons, bécasses, oeufs en gelée, anguilles, poissons de mer.

Mais en fait, selon la place occupée à table, on n’avait accès qu’à deux plats au mieux... La table de fête était soignée... mais n’oublions pas qu’on mangeait alors sans fourchette !

Un jour maigre, comme un dimanche de l’Avent, le poisson avait une place très grande. Ainsi : • Le premier service pouvait être composé de pommes cuites, d’aloses, d’anguilles salées, de harengs.• Le deuxième, de poissons d’eau douce et de mer, avec une sauce chaude.• Le troisième enfin présentait une « formentée de marsouin », des maquereaux rôtis, des huîtres.

Le poisson avait, évidemment, une place de choix sur la table des riverains de la Seine.

Ce poisson était pêché de diverses manières. En villes, les pêcheurs installaient des filets mouvants, posés sur des barques. Celles-ci, comme à Paris, étaient fixées aux piliers des ponts. En dehors des villes, les hommes avaient crée de vastes pêcheries ou « gords », dans lesquelles les filets étaient tendus entre des pieux de bois enfoncés dans le lit du fleuve.

Dans cette société moyen âgeuse encore très hiérarchisée, les poissons avaient, eux aussi, leur aristocratie. Certains poissons étaient dits « royaux », d’autres « nobles »...

Le saumon, l’esturgeon, le marsouin, l’alose et la lamproie prospéraient alors dans la Seine, au moins jusqu’à Rouen grâce aux influences maritimes. Mais quand ils étaient pris entre les mailles des filets des pêcheurs, ces derniers n’avaient pas le droit de les manger. Considérés comme « nobles », ils devaient être apportés au seigneur qui possédait des droits sur la Seine et les meilleurs, considérés comme « royaux », étaient envoyés au roi, voire à quelques très rares grandes familles aristocratiques auxquelles le roi avait accordé ce privilège...

Table du XVe siècle(Manuscrit de Valère Maxime : Faits et paroles mémorablesAutour de 1�20-1��0) © Ruth Schacht

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CENT joURS MAIgRES PAR AN

Les poissons étaient d’autant plus appréciés que l’Eglise catholique interdisait alors la consommation de viande près de cent jours par an, sans doute parce qu’on pensait en ces temps-là que la chair du poisson, contrairement à la viande rouge, n’incitait pas à la luxure... On remplaçait même le lard par du craspois, c’est-à-dire de la graisse de baleine, laquelle s’aventurait parfois dans l’estuaire de la Seine !

Mais comment accommodait-on les poissons ? Il fallait bien varier les plats, pour ne pas se lasser...

Aussi étonnant que cela puisse paraître, aux XIVème et XVème siècles, les Français aiment le poisson à chair ferme, c’est-à-dire très peu cuit, ce qui leur valait d’être moqués par les Allemands, entre autres. La plupart du temps, pour conserver les aliments, on les salait. Les salages étaient brefs. Pour l’anguille par exemple, une journée suffisait pour la saler, coupée en plusieurs tronçons. Mais d’autres poissons d’eau douce pouvaient être plongés dans une marinade salée, puis bouillis et frits. Ils étaient ainsi consommés froids pendant plus d’un mois.

Avec les poissons grillés ou légèrement bouillis, le cuisinier du seigneur ajoutait une sauce. C’était, en fait, une combinaison d’épices, d’abord broyées, comme le gingembre ou la cannelle, le clou de girofle, le cumin, la « graine de paradis » ou « maniguette », une épice africaine très en vogue à l’époque. Une fois finement réduites en poudre, elles sont délayées dans un liquide. Au choix : vinaigre, bouillon, vin blanc, verjus (jus de raisin vert).

Dans le « Ménagier de Paris »1, qui est un recueil de recettes bourgeoises du XVème siècle, il est question du « verjus » à Noël, avec pour conseil que « l’en doit couper le cep au dessous de la grappe ». Pour éclaircir le vin, on utilise du « sablon bien lavé en Seine ». En effet, les coteaux de la vallée de la Seine étaient plantés de vignes. Tout cela donne le « potage » : c’est ce qui mijote dans un « pot ». Parfois très dilué, il ressemble à une soupe.

Et puis, on aimait les plats colorés... le saumon arrivait devant les yeux du seigneur habillé d’une sauce très jaune grâce généralement au safran qui venait d’Orient.

Le Mesnagier de Paris, éd. par G.-E. Brereton et J.-M. Ferrier éd., le livre de Poche, « Lettres Gothiques », Paris, 1994.

« PArboUiLLéS » à L’AngLAiSe

La cuisine, c’est bien connu, évolue au gré de l’Histoire. Pendant la guerre de Cent ans (de 1337 à 1450), les Anglais occupèrent la Normandie mais aussi Paris (dans les années 1420). Aussi, dans un manuscrit de la fin du Moyen Âge, trouve-t-on certaines recettes typiquement britanniques. Les poissons, comme le brochet par exemple, étaient « parbouillés », c’est-à-dire bouilli sans être tout à fait cuit. On faisait ensuite revenir le poisson dans un mélange d’oignons, de graisse, de safran et de vin.

Une autre recette préconise que « les poissons, pour être meilleurs, seront frits sans graisse de la manière suivante : prenez le jaune d’un oeuf ou deux, et oignez-en la poêle autant qu’il faudra pour qu’elle paraisse suer ; que la poêle soit bien noire et bien essuyée avec un linge et que l’on prenne garde à ce qu’elle ne soit ni trop chaude, ni trop froide. Mettez un peu de sel ou de sucre. Lorsque vous mettez les poissons l’un après l’autre dans le plat, prenez garde qu’ils ne s’approchent pas les uns des autres. Puis servez. »

Le Livre des Conquestes et Faits d’Alexandre.

Milieu XVe siècleAnonyme

Musée du Petit-Palais © Bulloz

Les très Riches Heures du Duc de BerryLe Calendrier. Le mois de Janvier par les frères de Limbourg.Chantilly, musée Condé © René-Gabriel Ojéda

Une des grandes difficultés pour reconstituer ces saveurs évanouies est que les quelques livres de recettes qui nous sont parvenus sont postérieurs au XIIIème siècle, et sans mesures, ni proportions pour les ingrédients ! Il faut imaginer que le savoir-faire se transmettait plutôt par la parole et la démonstration.

Dans le livre de recette intitulé le « Viandier de Taillevent », on a ainsi dans les grandes lignes, et en ancien français (d’où les bizarreries orthographiques qui suivent), une explication pour « faire blancmanger à poisson, de brochet, de perche ou d’aultres poissons auquel appartient blanc manger » : « faictes escaillés, frire à l’uyle ou au beurre. Et prenés amandes, et les déffaites comme dessus est dit, et de purée de pois, mettés du vin blanc et les défaire, et du gingembre blanc et défaictes de vert jus, et succre tant qu’il en y ayt assés »1.

Il n’y a pas vraiment de « dessert ». Mais les saveurs sucrées accompagnent les convives tout

au long du repas.

De même que le fromage. Par la Seine arrivait le bien connu fromage de Brie, produit réputé et habituel du commerce parisien. Mais, en pleine Guerre de Cent ans, le ravitaillement a parfois du mal à se faire. Ainsi un habitant de Paris indique dans son journal2 qu’à Noël 1419, en raison des troubles militaires « il n’estoit nouvelles sur mesnaigeres d’oeufs ne de fromaiges de Brie... ». Et c’est même ce fromage « du pais de Brie » que le prince et poète Charles d’Orléans fait venir à son hôtel : « vint dozaines de fromages du pais de Brie pour donner aux estraines prochainement venant. » Vive les étrennes !

Aude LESAGE, agrégée d’histoire.

Bibliographie :FLANDRIN J.-L., LAMBERT C., Fêtes gourmandes au Moyen Âge, Imprimerie Nationale, Paris, 1���.LAURIOUX B., Le Moyen Âge à table, Adam Biro, Paris, 1���.Et un site très joliment illustré : http://expositions.bnf.fr/gastro/biblio/index.htm

GASTRONOMIE SéQUANAISE... GASTRONOMIE SéQUANAISE...

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LE RETOUR DES CENDRES

Quand l’Histoire a la Seine pour décor…

« Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé ». Chacun connaît la fameuse phrase de Napoléon. L’empereur, sentant la mort venir, l’avait écrite en tête de son testament le 16 avril 1821 alors qu’il était depuis le 14 octobre 1815 « prisonnier des Anglais » sur l’îlot de Sainte Hélène. Deux semaines plus tard, le 5 mai 1821, Napoléon mourait.

L’annonce de sa mort est connue à Paris le 5 juillet. Louis XVIII règne alors sur la France et la nouvelle venue de Sainte Hélène va commencer à raviver le bonapartisme jusqu’alors timidement entretenu par les « demi-soldes » que vont rapidement rejoindre la plupart des opposants à la Restauration puis les romantiques dont Victor Hugo. La parution du « Mémorial de Sainte Hélène » de Las Cases en 1823 embellira encore la légende napoléonienne.

Le retour des cendres de Napoléon

Le Retour des cendres de Napoléon 1er, l’arrivée de la Dorade à Courbevoie, le 1� décembre 1��0 Félix-Henri-Emmanuel (1�1�-1���)Châteaux de Malmaison et Bois-Préau © Daniel Arnaudet

ECHOSSuccès pour la flotte fluvialeLes derniers chiffres officiels prouvent que le transport fluvial français se porte de mieux en mieux. Avec un trafic de plus de 29 millions de tonnes et de 4,9 milliards de t-Km, la flotte fluviale française a amélioré, d’une année sur l’autre, de +4,3% son trafic en tonnes et de +10% en t-km.La capacité de notre flotte fluviale a d’ailleurs augmenté de +1,1% pour atteindre désormais 1,12 millions de tonnes. On note une augmentation des bateaux de plus de 1.500 tonnes et une diminution de ceux de moins de 400 tonnes.

A partir de cette année, les « Contrats de Plan Etat-Région » seront remplacés par des « Contrats de Projet » entre l’Etat et les collectivités locales avec toujours pour objectif de co-financer des projets. Il est donc temps de dresser le bilan des Contrats de Plan 2000-2006 en ce qui concerne les aménagements de la Seine et de son bassin.Ile-de-France : 51,8 M€ : fiabilisation des ouvrages de Seine aval, aménagement de la Seine entre Bray-sur-Seine et Nogent-sur-Seine pour faire passer le gabarit de 500 à 1000 tonnes et reconstruction du barrage de

Jaulnes. Reste la reconstruction du barrage de Chatou.Haute Normandie : 10,67 M€ : modernisation des écluses et barrages de Poses et de Notre-Dame de la Garenne.Bourgogne : 7,3 M€ : travaux sur l’Yonne : rénovation des écluses de Néron et Raveuse, reconstruction du barrage de La Gravière.Champagne-Ardenne : 12,8 M€ : aménagement du canal de la Haute Seine, aménagement (avec la région Ile-de-France) de la Seine entre Bray-sur-Seine et Nogent-sur-Seine et relèvement du pont de Beaulieu.

bilan des Contrats de Plan

Une maison flottante pour artistes à ChatouUne maison flottante a été inaugurée sur la Seine à Chatou, pays des impressionnistes. Elle accueillera des expositions d’artistes spécialisés dans l’estampe et l’art imprimé et sera ouverte au public. C’est une initiative du Centre national de l’estampe et de l’art imprimé.

Un nouveau permis pour les plaisanciersUn nouveau permis pour la navigation de plaisance en mer et dans les eaux intérieures va être mis en place au cours de l’année 2007. Son objectif vise à donner une meilleure formation aux plaisanciers pour assurer une plus grande sécurité des activités nautiques quelles qu’elles soient. Chaque année 100.000 permis plaisance sont délivrés. Pour tout renseignement : www.permisplaisance.equipement.gouv.fr

Combien de poissons ?Le Conseil Supérieur de la Pêche a créé un site Internet - www.image.eaufrance.fr - qui permet désormais à chacun de savoir avec précision les espèces de poissons et le nombre de poissons par chaque espèce qui ont été pêchés dans chaque cours d’eau français depuis 1966.

Le développement durable est plus difficile à mettre en œuvre qu’on ne le croit parfois. En principe tout le monde est favorable aux biocarburants. Ils sont moins polluants, sans danger et ils pourraient de surcroît offrir un nouveau débouché à notre agriculture. Seulement voilà, ils ont eux aussi besoin de leurs « raffineries ». Et c’est le projet d’une usine d’éthanol (sur 47 hectares, devant produire 100.000 tonnes de bioéthanol par an et permettant de créer une cinquantaine d’emplois) qui vient de détériorer considérablement les relations de bon voisinage entre les habitants de Marnay-sur-Seine et ceux de Pont-sur-Seine.

Les habitants de Pont-sur-Seine, suivant leur maire se réjouissent de ce projet qui va apporter de l’emploi, une belle taxe professionnelle et des débouchés pour les producteurs de céréales des environs. Les habitants de Marnay-sur-Seine, suivant eux aussi leur maire, ne décolèrent pas rappelant que cette usine va faire passer 220 camions par jour, qu’ils ont déjà à souffrir des pollutions d’une centrale atomique, à 2 km au nord de leur village, et de celles d’une déchetterie, à 1 km au sud, alors pourtant qu’ils sont au milieu de trois zones d’intérêt écologique, faunistique et floristiques et d’une zone Natura 2000.

Quand Marnay-sur-Seine s’oppose à Pont-sur-Seine

Deux ports fluviaux enjambés par un périphérique, longeant une voie à très grande circulation et une usine de traitement des déchets, tout le monde sait que ce n’est pas là le meilleur exemple de cohabitation entre le transport fluvial et la ville. C’est pourquoi le Port autonome de Paris a décidé de réhabiliter le Port Victor dans le XVème arrondissement de Paris et son voisin le Port d’Issy-les-Moulineaux qui, à eux deux, génèrent actuellement un trafic de 1,22 millions de tonnes par an (dont 60% du trafic d’approvisionnement en granulats de l’aval de Paris) soit l’équivalant de 40.000 camions.

Le projet doit « permettre à la fois de faciliter le développement des activités industrielles des utilisateurs du transport fluvial et de valoriser les berges de la Seine dans une perspective de développement durable ». C’est ainsi que le projet prévoit un nouveau port public de marchandises, l’amélioration des installations portuaires, un ouvrage d’évacuation des mâchefers, mais aussi une promenade piétonne le long des quais et une zone d’escales de passagers. Les travaux devraient être terminés en 2012.

La réhabilitation du Port Victor et du Port d’Issy-les-Moulineaux

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LE RETOUR DES CENDRES LE RETOUR DES CENDRES

En 1840, afin de donner du panache à son régime, Louis-Philippe, le « roi bourgeois » qui a renversé Charles X dix ans plus tôt et qui entend être l’héritier de « toutes les gloires de la France », décide, à l’instigation de Thiers, de faire ramener en France la dépouille mortelle de Napoléon. Il entame des négociations avec Lord Palmerston, premier ministre anglais, qui accueille avec bonne grâce la demande du gouvernement français et charge l’ambassadeur anglais d’exprimer à « Monsieur » Thiers, « le plaisir avec lequel il avait accordé une réponse favorable à cette requête »...

Le lieu choisi pour inhumer l’empereur est l’Hôtel des Invalides où reposent déjà d’illustres militaires depuis Louis XIV ; il fallait, en effet, que « cette sépulture soit placée dans un lieu silencieux et sacré où puissent la visiter avec recueillement ceux qui respectent la gloire et le génie, la grandeur et l’infortune ».

Le prince de Joinville, troisième fils de Louis-Philippe, prend le commandement de la frégate « La Belle Poule » escortée de « La Favorite » et quitte Toulon en juillet 1840 pour se rendre à Sainte-Hélène où il arrive le 8 octobre suivant. Dix jours plus tard, après avoir assisté à l’exhumation du corps en parfait état, il repart et atteint Cherbourg le 30 novembre à cinq heures du matin.

LE HAVRE, QUILLEbEUF, LE VAL DE LA HAyE, RoUEN, LA RoCHE-gUyoN, PoISSy, ST DENIS, CoURbEVoIE…

La semaine suivante la dépouille est transférée sur le vapeur « Normandie », affecté au service du Havre à Rouen, afin de la transporter de Cherbourg à Val-de-la-Haye en Seine. La « Normandie » était escortée par le « Rôdeur » de la Marine Royale et les vapeurs « Courrier » et « Seine ». Le 9 décembre 1840 au matin, la « Normandie », pavoisée de drapeaux

tricolores depuis le pont jusqu’à la pomme des mâts, fait son entrée en Seine saluée par une salve d’artillerie et s’immobilise à l’extrémité de l’arrondissement du Havre, en face de Quillebeuf.

Le dernier transbordement aura lieu au Val-de-la-Haye, la « Normandie » ne pouvant franchir les ponts de Rouen. Le prince de Joinville avait choisi, pour le transport du corps jusqu’à Paris, l’un des bateaux à vapeur qui faisaient alors le service entre Paris et Rouen. Le cercueil fut transbordé sur la « Dorade N° � » au bruit des salves tirées par les gardes nationaux de la banlieue de Rouen et avec la bénédiction de l’archevêque, Mgr le prince de Croï. A Rouen, l’accueil de la nef funéraire est impressionnant et, tout le long du trajet, depuis les deux rives de la

Seine, une foule recueillie acclame le convoi, en particulier lors des escales à la Roche-Guyon, Poissy, Saint-Denis.

Enfin, le 15 décembre au matin par une température glaciale de -8°, alors qu’il neige et que la Seine charrie des glaçons, le corps est débarqué au port de Courbevoie devant un monument dressé à cette occasion. Un pharmacien de la ville distribue du vin chaud aux quelques « grognards », survivants de la Grande Armée, venus bivouaquer en ces lieux pour assister à la cérémonie.

Le cortège précédé d’un char tiré par seize chevaux, entouré des marins de la « Belle Poule » et suivi des vétérans des armées de la République et de l’Empire, revêtus de leurs anciens uniformes, traverse la Seine au pont de Neuilly, s’étire le long de l’avenue de la ville, actuelle avenue Charles de Gaulle, s’arrête sous l’Arc de Triomphe où des salves d’honneur sont tirées, descend les Champs-Elysées, pavoisés et sablés à cause du verglas, franchit de nouveau la Seine alors que quatre mille jeunes gens massés autour d’un drapeau tricolore le saluent au chant de la Marseillaise, et parvient enfin à l’esplanade des Invalides à deux heures et demie de l’après-midi.

Un défilé imposant se déroule alors composé des gardes municipaux à pied et à cheval, des élèves des grandes écoles militaires, des chasseurs à pied, des membres du génie et de la garde nationale, de deux batteries d’artillerie, de maréchaux et généraux à cheval, de quatre-vingt six sous-officiers décorés de la Légion d’Honneur portant les bannières des départements, des marins et de l’état-major de « La Belle Poule ».

Tous les regards se portent sur le char funèbre dessiné par l’architecte Henri Labrouste que Victor Hugo décrivit ainsi:

« C’est une énorme masse, dorée entièrement, dont

les étages vont pyramidant au-dessus de quatre grosses

roues dorées qui la portent. Sous le crêpe violet semé

d’abeilles, qui le recouvre de haut en bas, on distingue

d’assez beaux détails: les aigles effarés du soubassement,

les quatorze Victoires du couronnement portant sur une

table d’or un simulacre de cercueil. Le vrai cercueil est

invisible. On l’a déposé dans la cave du soubassement,

ce qui diminue l’émotion...« Sur le faux sarcophage on a déposé les insignes

de l’empereur, la couronne, l’épée, le sceptre et le manteau... »

Ce monument pesait treize tonnes, mesurait dix mètres de haut et près de cinq de large.

A son arrivée à l’Hôtel des Invalides, le cercueil fut d’abord déposé sur une estrade, puis le prince de Joinville, après avoir salué de l’épée, adressa ces paroles à Louis-Philippe: « Sire, je vous présente le corps de l’Empereur Napoléon ». Le Roi répondit d’une voix forte: « Je le reçois au nom de la France! » .

L’archevêque de Paris, Mgr Affre, bénit le cercueil placé dans une chapelle ardente de la cour d’honneur entourée des drapeaux d’Austerlitz; des salves et une marche funèbre accompagnèrent tous ces mouvements. Les marins le portèrent ensuite dans l’église du Dôme où se tint une cérémonie religieuse en présence de la famille royale.

Un million de personnes avait assisté à cette manifestation malgré le froid glacial.

Le 6 février 1841 la dépouille fut déposée dans la chapelle Saint-Jérôme, l’église du Dôme étant en travaux.

Parmi les quatre-vingts projets déposés pour la sépulture définitive, celui de Visconti fut retenu et c’est celui qui est actuellement visible. Il s’agit d’un sarcophage de porphyre rouge isolé au milieu d’une crypte ouverte au centre de l’église, abondamment décorée de bas-reliefs évoquant l’oeuvre civile et militaire du Premier Empire. L’ensemble fut inauguré en 1861, sous le Second Empire que ce retour des « cendres » avait d’une certaine façon préparé.

Monique Lucenet Agrégée de l’Université, Docteur ès lettres

Assiette : Retour de cendres passage de la Dorade devant Rouen le 1� décembre 1��0

22. Au fil de la Seine / Janvier / Février 2007 Au fil de la Seine / Janvier / Février 2007 .2�

Page 13: Au fil de la Seine · 2020. 7. 22. · Jusqu’à présent et depuis près de six ans, nous étions l’association qui regroupait les communes riveraines de la Seine « en Ile-de-France

L’un des objectifs de notre association

“ La Seine en Partage ” a toujours été d’inciter

les riverains de la Seine à mettre en valeur leurs

rives afin que chacun puisse, comme il y aspire,

retrouver pleinement son fleuve et que ce patrimoine

commun soit de nouveau l’un des atouts essentiels de nos

régions.

Les communes riveraines jouent, bien sûr, un rôle essentiel

dans ces actions à mener. Nombreuses sont celles qui,

depuis des années déjà, luttent contre les pollutions,

aménagent leurs berges, implantent des installations

sportives ou récréatives en bordure de Seine, facilitent les

escales des transports fluviaux ou du tourisme fluvial.

L’imagination et la bonne volonté suppléent souvent

au manque de crédits. Mais l’opinion publique n’a pas

toujours conscience des efforts qui ont été nécessaires

ni même des améliorations qui ont été apportées.

Afin de mieux faire connaître ces efforts et d’inciter

les communes à les multiplier, “ La Seine en Partage ”

a décidé de créer un “ label Villes Seine ” qui, chaque

année, récompensera celles qui auront le mieux valorisé,

d’une manière ou d’une autre, leurs rives.

Les berges, les communes, les besoins, les moyens des

uns et des autres étant, bien évidemment, différents

tout au cours de notre fleuve, ce label pourra être obtenu

dans plusieurs catégories : lutte contre les pollutions,

aménagement des berges, mise en valeur touristique,

installations portuaires.

Il va sans dire que, pour attribuer ses récompenses, le jury

tiendra compte des impératifs financiers, économiques,

techniques auxquels sont soumises les communes. Le

symbole des “ Villes Seine ” sera “ le Canard jaune ”. Chaque

ville récompensée pourra recevoir un, deux, trois ou quatre

canards en fonction des décisions du jury. Il lui sera remis

un panonceau sur lequel on lira : “ Label des Villes Seine,

la Seine en Partage ” avec le nombre de canards auquel

elle aura droit. Le maire aura l’autorisation de présenter ce

panonceau soit à l’entrée de sa commune, soit sur sa berge.

Un drapeau identique au panonceau sera également remis

aux communes récompensées.

Pour tous renseignements :

La Seine en Partage

Label des Villes Seine

94, rue Saint-Lazare

75009 PARIS