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L’AVENIR CALÉDONIEN — 1 —- AVENIR 1040 - Septembre 2008 L ’Avenir Calédonien est resté trop longtemps absent du paysage politique et médiatique de notre Pays. 2008 sera donc l’année de la relance de votre journal, car à chacune de nos ren- contres, en Congrès ou en Comité Directeur, les militants n’ont de cesse de réclamer la parution régulière de notre journal, c’est ce à quoi le bureau du Mouvement va s’attacher. Pour cette publication, l’Avenir Calédonien se doit de revenir sur deux étapes importantes et fonda- mentales de l’histoire politique et institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie. Il s’agit d’une part de l’é- lection du Conseil de gouvernement Lenormand, le premier exécutif calédonien et d’autre part du gou- vernement Tjibaou ; c’était il y a respectivement 50 et 25 ans ! L’année 2007 aura été, à plus d’un titre, une année exceptionnelle. — Sur le plan politique d’abord, dès le mois de février, le Parlement français réuni en Congrès à Versailles a définitivement rétabli la conception figée du corps électoral citoyen de la Nouvelle- Calédonie, donnant par la même occasion totale- ment raison à la position défendue par le FLNKS. Par ailleurs, au mois de juin, dans la foulée des élections présidentielles, le FLNKS, groupé aux législatives, a obtenu des résultats électoraux remarquables, prouvant une fois de plus que sur l’é- chiquier politique local, il faut encore et toujours compter sur le Front de Libération Nationale Kanak Socialiste. Sur cette lancée le FLNKS s’est enfin retrouvé en Congrès à Nakéty-Canala le 8 décembre sur le thème des municipales, pour évoquer son organisation et pour préparer le Comité des signa- taires du 20 décembre 2007 à Paris. Une forte délé- gation du FLNKS a ainsi participé à cette rencontre à Matignon sous l’égide du Premier ministre. — Sur le plan économique, 2007 a été l’année de lancement décisif de la construction de l’usine du Nord, le nouveau partenaire de la SMSP, le Suisse XSTRATA a en effet fermement indiqué sa volonté de s’engager dans ce projet industriel. S’agissant de l’économie de notre Pays, l’année 2007 peut être qualifiée d’extraordinaire, car des secteurs essentiels comme la mine, la métallurgie et le BTP sont en plein développement portant la croissance économique de la Nouvelle-Calédonie aux alen- tours de 7% . Le rendement fiscal global de la Nouvelle-Calédonie a de ce fait atteint des niveaux records, rarement connus auparavant, à l’exemple des principaux impôts qui affichent des fortes aug- mentations par rapport à 2007 (impôt sur les socié- tés minières et métallurgiques +14,4 milliards, impôt sur les sociétés +3,5 milliards, impôt sur les revenus des personnes +2,4 milliards). Le budget de la Nouvelle-Calédonie adopté en décembre par le Congrès de la Nouvelle-Calédonie explose carré- ment ! Son montant est de plus de 159 milliards, soit une augmentation de +23% par rapport à 2007. Cette richesse économique va bien évidemment profiter aux provinces et aux communes dont les dotations vont évoluer de +28% en 2008 ! De grands chantiers nous attendent cette année. Nous serons à mi parcours de l’Accord de Nouméa, soit 10 ans d’application de ce cadre institutionnel. Des étapes essentielles de cet accord vont être abordées, ce sont entre autres, pour ne citer que les plus importants, le schéma de mise en valeur des richesses minières, le schéma d’aménagement et de développement de la Nouvelle-Calédonie, les transferts des compétences et des parts détenues par l’État dans Enercal… L’Union Calédonienne sera également présente en mars 2008 pour participer aux élections municipa- les : à ce titre, la feuille de route du Mouvement est celle qui a été définie par nos derniers congrès et en particulier les congrès de Nouméa - KO WE KARA - de Boulouparis et de Wakoné à Maré. L’Union Calédonienne en 2008, avec ses élus au gouvernement, au congrès de la Nouvelle-Calé- donie, dans les provinces et les mairies, poursuivra le travail pour le bien-être des populations de notre Pays et une meilleure prise en compte de leurs pré- occupations. C’est à cet effet que le Mouvement En ce début d’année 2008, le bureau du Mouvement d’Union Calédonienne adresse à l’ensemble des citoyens de ce Pays et à nos militants, ses meilleurs vœux de santé, de bonheur et de pro- spérité. Nous formons le vœu que cette année nouvelle voit la concrétisation de tous vos projets personnels et profes- sionnels. En ce début d’année, les responsables du parti, que vous avez désigné à Maré, vous encouragent à continuer à travailler pour le bien du Pays, à œuvrer chacun là où il se trouve, pour l’intérêt général conformément au projet politique que l’Union Calédo- nienne a toujours défendu. Edito Les voeux du bureau soutiendra encore et toujours des sujets majeurs tels que la politique de rééquilibrage du Pays, le projet de réforme de la fiscalité du Pays, de la créa- tion de la couverture sociale généralisée, de la mise en place d’un code de l’environnement, de la création de dispositifs qui préservent les intérêts des générations futures. C’est pour cela que le parti s’organise aussi pour être présent dans les dossiers de l’Accord de Nouméa évoqués plus haut. Beaucoup de projets, d’échéances et de chantiers nous attendent ! A chacun donc de faire sa part de travail… à chacun aussi d’assurer et d’assumer sereinement et pleinement les missions et les responsabilités dont il a la charge au nom de l’Union Calédonienne. Sommaire • Les institutions 2-3 • Le Mouvement 4-9 • Histoire 10-13 • Le F.L.N.K.S 14 • Le comité des signataires, lettre du Président de la république 15-16

Avenir 1039

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L’AVENIR CALÉDONIEN — 1 —-

AVENIR 1040 - Septembre 2008

L’Avenir Calédonien est resté trop longtempsabsent du paysage politique et médiatique denotre Pays. 2008 sera donc l’année de la

relance de votre journal, car à chacune de nos ren-contres, en Congrès ou en Comité Directeur, lesmilitants n’ont de cesse de réclamer la parutionrégulière de notre journal, c’est ce à quoi le bureaudu Mouvement va s’attacher.Pour cette publication, l’Avenir Calédonien se doitde revenir sur deux étapes importantes et fonda-mentales de l’histoire politique et institutionnellede la Nouvelle-Calédonie. Il s’agit d’une part de l’é-lection du Conseil de gouvernement Lenormand, lepremier exécutif calédonien et d’autre part du gou-vernement Tjibaou ; c’était il y a respectivement 50et 25 ans !L’année 2007 aura été, à plus d’un titre, une annéeexceptionnelle.— Sur le plan politique d’abord, dès le mois defévrier, le Parlement français réuni en Congrès àVersailles a définitivement rétabli la conceptionfigée du corps électoral citoyen de la Nouvelle-Calédonie, donnant par la même occasion totale-ment raison à la position défendue par le FLNKS.Par ailleurs, au mois de juin, dans la foulée desélections présidentielles, le FLNKS, groupé auxlégislatives, a obtenu des résultats électorauxremarquables, prouvant une fois de plus que sur l’é-chiquier politique local, il faut encore et toujourscompter sur le Front de Libération Nationale KanakSocialiste. Sur cette lancée le FLNKS s’est enfinretrouvé en Congrès à Nakéty-Canala le 8 décembresur le thème des municipales, pour évoquer sonorganisation et pour préparer le Comité des signa-taires du 20 décembre 2007 à Paris. Une forte délé-gation du FLNKS a ainsi participé à cette rencontreà Matignon sous l’égide du Premier ministre.— Sur le plan économique, 2007 a été l’année delancement décisif de la construction de l’usine duNord, le nouveau partenaire de la SMSP, le SuisseXSTRATA a en effet fermement indiqué sa volontéde s’engager dans ce projet industriel. S’agissantde l’économie de notre Pays, l’année 2007 peutêtre qualifiée d’extraordinaire, car des secteursessentiels comme la mine, la métallurgie et le BTP

sont en plein développement portant la croissanceéconomique de la Nouvelle-Calédonie aux alen-tours de 7% . Le rendement fiscal global de laNouvelle-Calédonie a de ce fait atteint des niveauxrecords, rarement connus auparavant, à l’exempledes principaux impôts qui affichent des fortes aug-mentations par rapport à 2007 (impôt sur les socié-tés minières et métallurgiques +14,4 milliards,impôt sur les sociétés +3,5 milliards, impôt sur lesrevenus des personnes +2,4 milliards). Le budgetde la Nouvelle-Calédonie adopté en décembre parle Congrès de la Nouvelle-Calédonie explose carré-ment ! Son montant est de plus de 159 milliards,soit une augmentation de +23% par rapport à 2007.Cette richesse économique va bien évidemmentprofiter aux provinces et aux communes dont lesdotations vont évoluer de +28% en 2008 !De grands chantiers nous attendent cette année.Nous serons à mi parcours de l’Accord de Nouméa,soit 10 ans d’application de ce cadre institutionnel.Des étapes essentielles de cet accord vont êtreabordées, ce sont entre autres, pour ne citer queles plus importants, le schéma de mise en valeurdes richesses minières, le schéma d’aménagementet de développement de la Nouvelle-Calédonie, lestransferts des compétences et des parts détenuespar l’État dans Enercal… L’Union Calédonienne sera également présente enmars 2008 pour participer aux élections municipa-les : à ce titre, la feuille de route du Mouvementest celle qui a été définie par nos derniers congrèset en particulier les congrès de Nouméa - KO WEKARA - de Boulouparis et de Wakoné à Maré.L’Union Calédonienne en 2008, avec ses élus augouvernement, au congrès de la Nouvelle-Calé-donie, dans les provinces et les mairies, poursuivrale travail pour le bien-être des populations de notrePays et une meilleure prise en compte de leurs pré-occupations. C’est à cet effet que le Mouvement

En ce début d’année 2008, le bureau duMouvement d’Union Calédonienneadresse à l’ensemble des citoyens dece Pays et à nos militants, ses meilleursvœux de santé, de bonheur et de pro-spérité. Nous formons le vœu que cetteannée nouvelle voit la concrétisation detous vos projets personnels et profes-sionnels. En ce début d’année, lesresponsables du parti, que vous avezdésigné à Maré, vous encouragent àcontinuer à travailler pour le bien duPays, à œuvrer chacun là où il se trouve,pour l’intérêt général conformément auprojet politique que l’Union Calédo-nienne a toujours défendu.

Edito Les voeux du bureau

soutiendra encore et toujours des sujets majeurstels que la politique de rééquilibrage du Pays, leprojet de réforme de la fiscalité du Pays, de la créa-tion de la couverture sociale généralisée, de lamise en place d’un code de l’environnement, de lacréation de dispositifs qui préservent les intérêtsdes générations futures. C’est pour cela que leparti s’organise aussi pour être présent dans lesdossiers de l’Accord de Nouméa évoqués plus haut.Beaucoup de projets, d’échéances et de chantiersnous attendent ! A chacun donc de faire sa part detravail… à chacun aussi d’assurer et d’assumersereinement et pleinement les missions et lesresponsabilités dont il a la charge au nom del’Union Calédonienne.

Sommaire

• Les institutions 2-3• Le Mouvement 4-9• Histoire 10-13• Le F.L.N.K.S 14• Le comité des signataires, lettre du Président de la république 15-16

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L’AVENIR CALÉDONIEN

Le projet de loi du pays qui est soumis ànotre décision appelle quelques remar-ques sur la politique de l’Union Calédo-

nienne en matière de mine et de métallurgie.C’est Jean-Marie Tjibaou qui fait procéder àl’achat, intervenu en 1990, de la SMSP, unesociété qui, alors, n'était propriétaire d'au-cun titre minier. Beaucoup ont applaudi la bonne affaireeffectuée par le vendeur et se sont moquéde la province Nord, acheteur au nom desKanak. En 1997, l’Union Calédo-nienne, à l’instigation deRaphaël Pidjot, met en œuvrele préalable minier pour l'ob-tention de la ressourceminière indispensable à labonne marche de l'usine duNord. On n’y voit qu’agitationinsolente. L'accord de Bercyest pourtant signé et aujour-d’hui le projet d'usine duNord, tant décrié et décritcomme utopique, est une réalité.Depuis, et suivant la logique économiquequi a sous-tendu l'achat de la SMSP, pourque la richesse minière issue de l'exploita-tion du patrimoine minier calédonien serveexclusivement au développement écono-mique de la Nouvelle-Calédonie et à l'évolu-tion sociale de ses populations, les équipesdirigeantes de cette société se sont atta-chées à structurer la SMSP pour en fairel'outil que l'on connaît aujourd'hui, perfor-mant, au service du développement de laprovince Nord et de l'ensemble du Pays.Aujourd’hui, la SMSP projette de regrouperses titres miniers, hors Koniambo, réévalués

à près de 35 milliards CFP, et de les apporteren actif au capital d’une société métallur-gique localisée en Corée, ce qui lui vaudrad'en être le partenaire majoritaire à 51%,avec la perspective de plus-values intéres-santes pour notre Pays. La Nouvelle-Calédonie ne peut plus secontenter de rentes minières. Notre Paysprétend à son autonomie financière. Dans

cet objectif, le développementde la métallurgie est unenécessité avec la perspectivede plus-values profitant majo-ritairement à notre Pays. C’est bien dans cet esprit quenous avons fait inscrire, dansl’accord de Nouméa, le sché-ma de mise en valeur desrichesses minières. Onze ansplus tard, aucun projet le con-cernant n' a encore été sou-

mis à la décision de nos assemblées.Différentes moutures ont pourtant été tra-vaillées par le Gouvernement. Aucune n'é-tait, à notre sens, assez ambitieuse pournotre Pays. Aucune ne faisait état d'unequelconque politique du Pays en matière dedéveloppement métallurgique, ni en termede fiscalité minière pourtant essentielle à lamise en œuvre d'un développement durableau profit des générations à venir. En un mot, ces projets nous maintenaientdans l’immobilisme et dans une politiqueminière passéiste relevant de l'économie decomptoir.Nous demandons la reprise des discussions

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Les institutionsDéclaration de l’Union Calédoniennesur la fiscalité minière et métallurqique

sur l'élaboration d'un schéma plus novateur.Nous regrettons par ailleurs que le projet deloi qui nous est proposé aujourd’hui manqueautant d'ambition, puisqu'il n’offre auxsociétés calédoniennes apporteuses de tit-res, qu’une participation minoritaire de 35%dans la constitution de sociétés métallur-giques. La réalité de la SMSP aujourd'hui,sous-tendue par une volonté politique claireet affichée, démontre pourtant, que dans lespartenariats contractés avec des industrielsmondiaux, Posco, Falconbridge à son épo-que, Xstrata aujourd’hui, le Pays est enmesure d'imposer sa position majoritaire à51 % sur la base d'un patrimoine minierconvoité. Sur ces bases, nous nous permet-tons d'inviter Monsieur le président de laprovince Sud dont nous déplorons l'absence,à tirer les enseignements de ces expériencespour une valorisation maximale de la res-source de Prony dans l'intérêt du Pays et afind'éviter de réitérer les erreurs du passé.Hormis le point concernant les participa-tions calédoniennes minimales à 35 %,l'Union Calédonienne considère que ce pro-jet de loi du pays marque l'aboutissementd'un nouveau projet SMSP, un de plus dansla mise en œuvre des orientations politiquesminières qui lui ont été assignées par lePeuple Kanak dans le cadre de son projetd'indépendance. Ce nouveau projet fait, encore une fois, lapreuve que ces Kanak trop souvent et large-ment considérés comme des freins écono-miques et des provocateurs de désordresocial, sont pourtant ceux qui ont su pro-mouvoir une politique minière et métallur-gique clairvoyante et moderne pour assurerla décolonisation et l’émancipation de l'en-semble de la population calédonienne. Unepopulation qui va subir des mutations socia-les bénéfiques, mais cependant brutales,consécutives à une montée en puissancesubite de l'industrialisation de notre Pays.Aujourd'hui, il nous appartient de contrôleret d'organiser ces changements afin qu'ilssoient vécus sans heurts.C'est donc en invitant les Calédoniens à tis-ser la toile de notre avenir dans la confianceen ces nouvelles perspectives que nousvoterons pour ce projet.

Manifestation pour l’Usine du Nord en 1997

Les institutions Congrès de la Nouvelle-Calédonie

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Le budget que nous allons examiner est lequatrième de cette mandature et le premierde l’accord cadre.En ce qui concerne son montant de 158milliards, il est en augmentation de 23 %,par rapport à l’an dernier, ce qui est consi-dérable. Mais lorsque le budget à répartirentre les provinces et les communes estretiré, il ne reste que 41,6 milliards. Ce quireste très modeste par rapport à d’autresinstitutions.Le préambule du budget proposé par le gou-vernement collégial présente cinq axesclairs et convaincants. On y perçoit l’impli-cation volontaire du nouveau titulaire dubudget au sein du gouvernement. Avec ladirection du budget, il a réussi un pari diffi-cile : préparer un budget cohérent en moinsde quatre mois, tout en faisant avancer laréforme en cours par le développement desprogrammes qui en améliorent la transpa-rence et l’efficience.Nous sommes d’accord sur les axes quesont la construction du devenir commun, laprise en compte du handicap et de la dépen-dance mais nous aurions préféré pour 2008,un financement sur subvention ; nous som-mes d’accord sur le développement descompétences, sur la mise en place duschéma des transports routiers, sur l’effortpour un meilleur dialogue social et celui quiest fait pour préparer les jeux du Pacifique.Par contre, nous constatons avec consterna-tion qu’il n’y a aucun crédit pour promouvoirune politique d’animation socioculturelledes jeunes. Certes, nous développons lesstructures judiciaires de réinsertion, mais ilfaudrait avoir les moyens d’apporter desréponses aux attentes des jeunes, au moinsde celles qui vont ressortir de l’étude lancée

l’an dernier en réponse à la demande duconseiller Naisseline, mais dont on ne parleplus. Lors du dernier exercice, nous avionsdéclaré publiquement notre accord pour uneforte participation du Pays aux jeux de 2011,et nous avions insisté sur l’importance dedévelopper une politique du sport « pourtous ». Nous regrettons que ce souci ne soitpas vraiment partagé.En ce qui concerne les conditions de viesociale de nos concitoyens, nous déploronsl’absence de mesures nouvelles fortes pourlutter contre la cherté de vie. Tous nosconcitoyens qui ont de modestes revenus seplaignent de l’augmentation du coût de lavie car les prix montent en raison de lacroissance, mais les salaires ne suivent pasle rythme de la croissance. Il y a encore tropde salariés qui doivent faire vivre leurfamille avec un SMG à 120 864 F quand cen’est pas avec moins du SMIG, parce qu’ilsn’ont pas un temps complet. Enfin, et c’est bien là, la marque de l’accordcadre, le préambule n’a pas pu être lu encommission. Il a été purement et simplementpassé sous silence, comme pour éviter toutediscussion sur la politique budgétaire duPays. Autre marque de la nouvelle gouver-nance du Congrès, c’est la rapidité aveclaquelle il a fallu étudier ce budget en deuxsemaines : comme si on voulait nous empê-cher de débattre sur les problèmes de fondcomme les recettes fiscales, le statut desélèves infirmiers ou les critères de subven-tionnement des radios renvoyé de budget enbudget et jamais discuté. Nous rappelons àce sujet la demande que nous avons faitel’an dernier : avoir un véritable débat d’orien-tation budgétaire avant la mise en route desa préparation. Nous constatons que nous

n’avons pas été écoutés.Or, si le budget est un acte poli-

tique majeur, ce n’est pas seule-ment en raison de son contenu

et des ratios de ses dépenses,mais c’est autant par la structure de

ses recettes.Nous nous félicitons que ce budgetsoit équilibré essentiellement avec

nos recettes locales principale-ment fiscales. La Nouvelle-Calé-donie peut être fière de cette capa-

Déclaration de l’Union Calédoniennesur le budget primitif 2008

cité budgétaire ainsi que de sa balancecommerciale qui va être équilibrée à 86,9%.Même la France pourrait nous envier cettesituation. Mais nous ne devons pas nous réjouir tropvite : tout ceci n’est possible que parce quele cours du Nickel, malgré sa baisse, estencore exceptionnellement élevé et produitde forts bénéfices générateurs d’impôtdirect. Nous ne devons pas oublier quenotre prospérité est très conjoncturelle.Rien ne nous garantit qu’il en sera de mêmedans cinq ans. Grâce à cette situation, la part d’impôtsdirects représente 55% des recettes du bud-get de « répartition », mais que 46% du bud-get « propre », cela signifie que le poids desimpôts et taxes indirects, et particulière-ment de la TSS, est encore trop lourd.Chacun sait que les impôts indirects frap-pent aveuglément tous les citoyens,quelque soit le niveau de leurs revenus. Il enrésulte que la collectivité encourage unemauvaise répartition des richesses. C’est laraison pour laquelle nous sommes opposésà la TSS qui ne touche pas tous les revenus,mais ponctionne injustement les famillesnombreuses qui ont souvent de faibles reve-nus et ont besoin de services, comme tout lemonde. Depuis 2001, nous avons fait plu-sieurs propositions pour modifier cettesituation mais les majorités successives ontrefusé d’en discuter.Parce que vous avez maintenu la TSS, parceque vous n’avez pas conduit la réforme fis-cale globale promise, parce que nous som-mes favorables à une politique fiscalemoderne et plus équitable, basée sur lafaculté contributive de chaque concitoyen,parce que nous voulons de réelles mesurescontre la vie chère, nous voterons contre cebudget.

Les institutions

L’AVENIR CALÉDONIEN

Les institutionsCongrès de la Nouvelle-Calédonie

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L’AVENIR CALÉDONIEN

Le Congrès Union de Calédonienne

��

— 4 —-

Région Djubéa-Kapome :Christian TEIN et Joseph STRETTER

Région Xaracuu :Patrick Toura et Fernand Koimpi

Région Paici :Pierre Tutugoro et Richard Gohoup

Région Ajie :Pierre Tutugoro et Richard Gohoup

Région Îles :Alphonse Cawidrone, Marcel Kecine

et Channel KapoeriRégion Hoot-Ma-Whaap :

Cezelin Tchoéaouaet Christian Dahote

Président :Charles Pidjot

Vice-président :Alphonse Dayé

Commissaire général :Daniel Goa

Commissaire général adjoint :Joseph Meindu-Poveu

Secrétaire général :Gérard Reignier

1er secrétaire général adjoint :Gilbert Tuyenon

2e secrétaire général adjoint :Didier Poiroi

Délégués au comité directeur 2007-2008

Uanelo - Imaginer Therelo - Inventer Ruaconelo - Créer

Bélep (1) : ThaleJean-Marie (Teayouen Tobie) — Boulouparis (1) : KoimpyFernand — Bourail (1) — Canala (5) : Nedenon Gaston, Jorédié Georges,Takamatsu Kaïd, Dianimoin Baptiste, Tonchane Xavier, (Souenon Joseph,Kenon Stanley, Oujanou Baptiste, Kenon Mibuka, Nohieux Daniel) —Dumbéa (1) : Theain Boanouma Eddy (Devath Marius) — Hienghène (1) —Houaïlou (1) — Iles des Pins (1) — Kaala-Gomen (1) — Koné (1) —Kouaoua (1) : Nomai Lucien (Thavovianon Luneau) — Koumac (1) — La Foa(1) — Lifou (5) : Wadriako Robert, Uregei Georges, Ajapuhnya Léonard, EliaLizié, Hoane Nassalo (Xozame Tokié, Forest Joseph, Sio Philippe, IhageWadria, Kaqea Charles ) — Maré (4) : Wahéo Jean, Yeiwene Modeste,Guyette Edmond, Wiako Noë, (Wadrobert Gaston, Welepa André, WashoimaJean-Marie, Cawidrone Robert) — Moindou (1) — Mont-Dore (4) : BoanoJean, Moreo Jules, Lecren Anthony, Caillard Françoise (Cambo Ludivine,Boano Jessica, Tein Christian, Nonaro Roger) — Nouméa (2) : KatrawaLouis, Hmeun Gaston (Pidjot Nadine, Tavergeux Guy) — Ouégoa (6) :Tchoéaoua Jean-Claude, Pebou Yanhi Gustave, Danguigny Ghislain, KanaMarie-Claude, Thoé Odile, Pébou Polae Jean-Baptiste (Paibou oueoneClément, Poinioue Poigalou Odette, Malouma Julie, Pébou Hamen Mario,Tein Diong Hyppolite, Moueaou Louis) — Ouvéa (2) : Alosio Cyriaque, DeteixJacqueline — Païta (1) — Poindimié (2) : Poidyaliwane Noël, Poapi AteweElna (Naud Paul, Lepeu Poapie) — Ponérihouen (1) — Pouébo (1) —Pouembout (2) : Tournabien Luc, Poadague Rosalie (Naouna Jean-Marie,Poarapoe-Sague Rosina — Poum (2) : Dahote Dick, Boaouva Claude(Dahote François, Boaouva Louis) — Poya (2) : Goro-Atu Jean Eddy,Goromoto Pascal (Winemou Catherine, Nekliai Dydime) — Sarraméa (1) —Thio (1) : Gnahou Jaïro (Toura Ghislain) — Touho (2) : Boano Antoine,Pabouty Raymond (Palaou Aline, Tyeou Marie-Thérèse) — Voh (1) :Maccam Douglas (Baraontant Jean-François) — Yaté (1).

Les membresde la commission exécutiveCaroline Machoro, Roger Norraro,Jean-Pierre Deteix, Gaston Nedenon,Gabriel Boano, Théodore Moheamat,Athanase Teimboene, Emile Tahmumu,Jacques Xozame, Narcisse Boaouva.

Commissaires politiquesdésignés par régions

38ème Congrès de l’Union Calédonienne

Les membres du Bureau

Le mouvement

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L’AVENIR CALÉDONIEN

Le MouvementLe Congrès Union de Calédonienne

— 5—-

Bélep (2) : Thale Jean-Marie etTeyouen Tobie.

Ouégoa (28) : Pebou Yanhi Gustave,Pebou Yanhi Edgard, Pebou Yanhi Gaël,Pebou Yanhi Doriane, Bokola Gilda,Pebou Hamen Mario, Pebou PolaéJean, Pebou Polaé Elie, DounaraPrisca, Daouilo Gilbert, DianouStanislas, Dianou Irène, Dianou Lina,Bouavaia Nicolas,Bouavaia Salomon,Paama Evan, Paama Paulin, DanguignyGhislain, Kana Marie-Claude, MoueaouLouis, Moueaou Jean-Claude,Pouemoin Ludovic, Tchoéaoua Made-leine, Tchoéaoua Steeve, Daouili Gwa-naël, Bokola Aimé, Tein PoidjilimaFabrice, Tein Boueonne Anathase.

Boulouparis (2) : Poiroi Patricia etKoimpy Paulette.

Poya (1) : Meandu Poveu Joseph.

Ouvéa (7) : Atale Agathe, Souolou Joe,Hwellia François, Bolo Victori, ItasseuPhilippe, Saiwaga Eliette, KapoeriChanel.

Dumbéa (1) : Theain Boanouma Eddy.

Poindimié (7) : Poidyaliwane Noël,Poadyoo Moïse, Poaga Macario,Lepeu Poapie, Chiron Anna, PoadyooAlbertine,

Naboume Mickaël.

Païta (1) : At-Chee Enzo.

Kouaoua (4) : Nomai Lucien, Thavo-vianon Luneau, Homboe Albert, NomaiMaguy.

Délégués au congrèsLifou (24) : Kokone Charles, KokoneHaïta, Hnaune Wauna, AjapuhnyaPhilippe, Ajapuhnya Léonard, SioWamo, Hnepeune Néko, ForestJoseph, Trupit William, QazinDramesuo, Hutini Stéphane, KotraJean, Uregei Kaetche, WadriakoHnoija, Kecine Marcel, Guane Autrë,Hacema Tregölë, Kaloi Kanake,Magulu Tino, Hoane Nassalo, HnadaYvonne, Hnada Yohann, Bako Egöm,Forest Mickael.

Poum (10) : Boaouva Claude, BoaouvaLouis, Dahote Aldo, Tidjine Margareth,Tidjine Santana, Porou Dorothé, BoulaElie, Boaouva Annie, Padome Yoan,Dahote Roland.

Maré (19) : Foute Justin, WadrawaneWhijue, Waziarima Lucien, KaloiGilbert, Ngadae Eusbé, WacalWagada, Wadrobert Gaston,Watheane Céline, Washetine Joseph,Washoima Jean-Marie, GuyetteMeiné, Cinedrawa Jean, PimeHyppolite, Ngaihony Rose, WiakoCharles, Guyette Thea, Wowene Tuan,Yeiwene Steeve, Siwene Hélène.

Pouembout (8) : Waru Fabiola, MeinduAnna, My Marie-Jeanne, PoadagueRosalie, Gorohouna Evelyne,Goromoto Angèle, Naouna Vanessa,Poarapu-Sague Rosina.

Canala (22) : Tonchane Xavier, NonaroJacques, Danimoin Jean-Baptiste,Chouron Jacqueline, Chouron Estelle,

Chouan Adrienne, Cagou François,Oujanou Stanislas, Kenon Stanley,Cagou Pwakoé, Oujanou Jean-Baptiste, Nonhieux Marie-Laure,Maramin Karmen, Natere Raymond,Taramoin Angie, Takamatsu Kaïd,Nondo Sylvie, Péthigou Gilda, BurupieVéronique, Burupie Karine, MougheYoanita, Souenon Joseph.

Nouméa (9) : Poaniewa Milo,Hnepeune Xupa, Togolei Francky,Kausuo Makalué, Hmeun Gaston,Cortot Gérald, Tavergeux Guy, HmeunMonique, Deteix Jean-Pierre.

Voh (4) : Maccam Douglas, Poy-YethyPaula, Baraontant Jean-François,Kedo Willy (Chevalier Simone).

Hienghène (5/manque 2 noms) :Ouillatte Edouard, Thovet Zakarie, GoaDaniel.

Mont-Dore (17) : Kameremoin Thierry,Lecren Anthony, Wamytan Théodore,Tein Désiré, Wamytan Nicole,Nemoadjou Jean-Charles, NorraroRoger, Palaou Laura, Moereo Jules,Norraro Alphonse, Kapetha Jean-Charles, Kapetha Fatima, CamboLudivine, Tein Nicoletta, BoanoJessica, Boano Jean, Genet Noella.

Touho (8) : Boano Aline, Bolo René,Palaou Hilarion, Tyeou Agnès, ToreseDenis, Daoulo Joachim, Kothy Louis,Gohoup Richard.

Thio (1) : Gnahou Jaïro.

- 1, 2 ,3 et 4 novembre 2007 - Wakone-Nengonée

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L’AVENIR CALÉDONIEN

Le Mouvement Le Congrès de l’Union Calédonienne

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Considérant que l’Accord de Nouméa est l’outil condui-sant à l’émergence de notre Pays souverain.Considérant la confirmation du Corps Electoral figé quiconsacre la Citoyenneté du Pays, appelée à évoluervers la nationalité.Considérant l’état d’avancement actuel de l’applicationde l’Accord de Nouméa mettant en œuvre la contribu-tion et la responsabilité des partenaires de l’Accord deNouméa ainsi que des institutions locales impliquéesdans ce processus.Le 38ème Congrès Uanélo-Thérélo-Ruaconélo deWakoné Nengone Confirme l’Accord de Nouméa dans ses dimensionspolitiques, économique, sociale et culturelle.Réaffirme que la construction du Pays exige l’applica-tion pleine et entière de l’Accord de Nouméa constitu-tionalisé. Rappelle les engagements de l’Etat pour la décolonisa-tion du Pays, et à ce titre, lui demande :— d’activer la mise à jour des listes électorales spé-ciales pour les élections provinciales et d’organiser laconstitution des listes électorales de sortie— d’élaborer, au plus vite, une organisation permettantle retour, dans les meilleurs conditions, des compéten-ces ordinaires,— de procéder au transfert des outils économique etculturels nécessaires au développement du Pays,notamment ENERCAL dont la rétrocession constitue unélément essentiel de l’émancipation économique duPays.Confirme l’implication des institutions de la Nouvelle-Calédonie dans le processus de l’Accord de Nouméa etleur demande, dans ce cadre, — d’instaurer rapidement les règles constitutives del’Emploi Local— de créer la Carte Citoyenne en faveur des citoyensnouvellement consacrés par le Corps Electoral Gelé etpour permettre un meilleur contrôle des flux migratoi-res— d’activer la mise en place des signes identitaires denotre Pays reflétant « l’identité Kanak et le futur par-tagé entre tous ».Affirme que le FLNKS est le dépositaire de l’esprit ayantparticipé de la conclusion de l’Accord de Nouméa et àce titre,— l’engage à s’investir volontairement auprès de sespartenaires pour le respect des engagements de cha-

cun dans l’œuvre de construction du Pays nouveau.

Motionde politique générale

Considérant la nécessité de faire un point sur la vie denotre Mouvement,Rappelant, dans ce sens, la position du ComitéDirecteur de Thio du 29 Septembre 2007,L’Union Calédonienne, réunie en Congrès annuel àWakoné-Nengoné le 1, 2, 3 et 4 novembre 2007 :S’engage à ouvrir le chantier de refonte des statuts dèsle mois de Janvier 2008.

RESOLUTION RELATIVE A LA VIE DU MOUVEMENT

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Considérant la politique de l’Union Calédonienne en matière de mines et de métallurgie, Considérant l’engagement de l’Union Calédonienne dans la construction d’un Pays viable économiquementRappelant l’engagement de l’Union Calédonienne et les acquis du préalable minier pour l’accès à la ressourceminièreL’Union Calédonienne réunie en Congrès annuel à Wakoné-Nengoné les 1, 2, 3 et 4 novembre 2007 :- Réaffirme ses orientations et ses objectifs relatifs à la maîtrise des ressources naturelles du Pays et de ses outilsde valorisation dans le cadre d’un développement durable au profit des générations futures.- Accueille avec une grande satisfaction l’annonce, par SMSP/XSTRATA de la construction de l’Usine du Nord et lanouvelle de la concrétisation du partenariat industriel innovant entre SMSP et POSCO.- Salue le travail, la constance et l’intelligence des dirigeants successifs de la SMSP dans ses choix industriels pourl’émancipation du Pays- Invite les calédoniens et les populations de la Province Nord en particulier, à s’investir dans ces outils afin de lesfaire vivre dans l’objectif d’un Pays économiquement viable.

Considérant l’évolution politique et institutionnel tant en France que dans le Pays,Considérant les échéances politiques à venir et au regard du processus politique de l’Accord de Nouméa,Considérant les difficultés d’application de cet Accord et la nécessité de le mener à terme dans son esprit et danssa lettre.Considérant l’implication de l’Union Calédonienne durant toute la période de négociation de l’Accord de Nouméa.L’Union Calédonienne réunie en Congrès annuel à Wakoné-Nengoné les 1, 2, 3 et 4 novembre 2007 :Invite ses militants à s’impliquer dans tous les chantiers politiques et citoyens, propre à clarifier notre projet desociété :• Rénovation du projet de constitution,• Mise à jour du livre vert sur le foncier.Demande aux responsables politiques locaux de s’impliquer dans les travaux de révisions des listes électorales spé-ciales et à veiller à l’inscription des jeunes sur les listes.Demande aux militants et aux sympathisants de l’Union Calédonienne de faire preuve de vigilance face aux fléauxsociaux qui destructurent notre société.Engage l’Union Calédonienne à sauvegarder et à faire partager les valeurs fondamentales traditionnelles pour le biende notre Pays en construction.Invite ses militants, jeunes en particulier à une plus grande mobilisation pour s’insérer dans les dispositifs de forma-tion professionnelle existants, à créer dans nos tribus des relais favorisant l’accès aux formations offertes pouracquérir les moyens d’insertion économique et social.Demande aux militants de se mobiliser sur les thèmes forts de sa motion de politique générale notamment l’emploilocal, les transferts de compétences.Engage dans le cadre des échéances à venir, ses structures à se mobiliser unitairement sur l’ensemble du Pays afind’être une force de propositions et d’actions au sein des Institutions.

RESOLUTION DE POLITIQUE INTERNE

MOTION CONCERNANT L’USINE DU NORD

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Constatant les bouleversements économiques et culturels que subit la sociétéde notre Pays.L’Union Calédonienne, réunie en Congrès annuel à Wakoné-Nengoné le 1, 2, 3 et4 novembre 2007 :Affirme que la société kanak est porteuse des valeurs universelles de respect,de solidarité, de partage et d’équité, ce qui a permis à son peuple de survivremalgré la colonisation et les tentatives d’aliénation de sa culture.Invite les citoyens du Pays au partage et au dialogue sur la base de ces valeursidentitaires du peuple kanak, afin d’imaginer, d’inventer et de créer une sociétéplus juste, plus solidaire, plus responsable destinée à être léguer aux généra-

tions à venir dans un Pays où il fait bon vivre.

Constatant la très forte crois-sance économique du PaysConstatant que des citoyensdu Pays subissent fortementles effets de la cherté de vieet peinent à satisfaire leursbesoins élémentaires et àassumer leurs responsabilitésdans le Pays en construction.L’Union Calédonienne réunieen Congrès annuel à Wakoné :Demande que la structuredes prix soit rendue transpa-rente, que la structure de l’in-dice de cherté de vie soitrévisée et que le contrôle desprix soit plus efficace afin demaîtriser l’inflation. Affirme que la richesse pro-duite par cette croissancedoit être mieux partagée etdemande en conséquenceune réévaluation significativedu SMG et du SMAG pourredistribuer un meilleur pou-voir d’achat.Rappelle les positions de l’UCquant à une révision globalede la fiscalité du Pays dansl’objectif d’une plus grandesolidarité et de justicesociale, et la mise en placede la CSG avec la suppres-sion de la TSS.

MOTIONDE CHERTE DE VIE

RESOLUTION SUR LA QUALITE DE LA VIE

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En donnant une priorité au développement économique par l’in-dustrialisation, la Nouvelle-Calédonie connaît actuellement unepériode où les changements dans la manière de vivre entraî-nent des bouleversements et des déstructurations sociales trèsrapides et qui affectent toutes les populations. Les mères et les pères de famille constatent que la violences’introduit partout au sein des foyers et que les fléaux sociauxtels que l’alcool, le cannabis et la prise de risques au volant,deviennent si courants que personne ne sait plus comment s’yprendre pour les enrayer. La société kanak ne veut pas perdre son âme et souhaite trans-mettre aux nouvelles générations les valeurs de solidarité et derespect qui ont guidé la vie des ancêtres.C’est pourquoi le congrès de l’UC réuni ce jour à Wakone, invitetoutes les familles à appliquer son mot d’ordre pour « imaginer,inventer et créer » dans le dialogue et le partage avec leursjeunes, de nouvelles voies d’éducation adaptées.

La Nouvelle-Calédonie connaît actuellementune croissance économique sans précédent.L’euphorie qui en résulte ne doit pas faire illu-sion. Cette forte croissance provient du coursparticulièrement élevé du nickel et de la cons-truction des nouveaux projets métallurgiques.Conjoncturelle, elle peut durer quelquesannées mais aussi générer de grandes dispa-rités économiques et sociales si la puissancepublique ne la régule pas.Dans ce contexte, l’UC constate que bien queles produits de première nécessité aient étédétaxés et les loyers bloqués et que le SMG aitconnu une forte progression au cours des troisdernières années, de nombreux ménages res-sentent cruellement la cherté de la vie et n’ar-rivent que difficilement à joindre les fins demois.L’UC estime que la richesse produite par cettecroissance doit être mieux partagée, pour desraisons sociales, mais aussi économiquesparce que, pour être durable, la croissance abesoin d’être relancée par une bonne redistri-bution du pouvoir d’achat. La progression du SMG ne peut pas être ali-gnée seulement sur un indice des prix désuetet inadaptée. Elle doit également suivre lacourbe de la croissance. En conséquence, lapuissance publique doit se donner commeobjectif de porter à 170 000 F le SMG sur les 5années qui viennent.Simultanément il faut agir la structure et lecontrôle des prix pour maîtriser l’inflation. Dèsla fin de l’enquête sur la consommation desménages, l’indice de cherté de vie doit êtrerecomposé. Dès aujourd’hui une étude sur lastructure des prix doit être mise en chantierpour plus de transparence et le contrôle desprix doit être doté de moyens supplémentairespour être plus efficace. La spéculation fon-cière qui bloque l’accès à la propriété du loge-ment doit être enrayée et l’ensemble de la fis-calité du Pays doit être réformée profondé-ment et globalement, pour plus de clarté et dejustice. Dès l’an prochain la TSS doit faireplace à un impôt plus juste parce que l’assiettesera établie sur tous les revenus, et le tauxfonction de la capacité contributive de chacun

ECONOMIEET QUALITE DE VIE

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MAINTIEN DES VALEURSET MUTATIONS SOCIALES

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LLLLaaaa ggggéééénnnnèèèèsssseeee ddddeeee llllaaaa LLLLooooiiii----ccccaaaaddddrrrreeeeAu cours de la décennie précédant le vote de la Loi-cadre, entre

1945 et 1956, le bouillonnement de la « marmite » africaine ne cessede soulever son couvercle colonial. La guerre d’Indochine, la révoltemalgache, la chute de Dien-Bien-Phu, la « Toussaint rouge » puis ledébut “des opérations de l’ordre” en Algérie sont autant de signauxenvoyés vers les gouvernements successifs de la IVème Républiquefinissante. Pierre Mendès-France, président du Conseil (1954-1955)engage un premier changement avec l’affirmation de l’autonomieinterne de la Tunisie et du Maroc. Paradoxalement, ce sont les pres-sions de l’ONU sur le réglement rapide de la situation du Togo, ter-ritoire sous tutelle, qui vont débloquer une situation figée et accélé-rer l’évolution politique des colonies françaises. A plusieurs reprises,au cours de l’année 1955, des projets de réformes administrative etpolitique sont présentés par le ministère de la France d’outre-mer

mais ils ne trouvent pas de résonnance suffisante.A la suite des élections législatives du 2 janvier 1956, Guy

Mollet, le leader de la SFIO (les Socialistes) est appelé au poste deprésident du Conseil par René Coty, le président de la République. Cegouvernement fait naître de nombreux espoirs et en particulier outre-mer: il a promis la paix en Algérie, et l’engagement d’une politiquelibérale en matière de décolonisation et d’importantes réformessociales en France. Guy Mollet, dans son discours de politique géné-rale, énonce pour les territoires d’outre-mer un programme ambi-tieux. Ecoutons-le : « (...) Le monde attend beaucoup de la France, desa générosité traditionnelle, de son audace à montrer le chemin desgrands changements salutaires. Ce rôle ne sera assumé pleinementque si nous nous montrons également audacieux et généreux enversl’ensemble des peuples d’outre-mer. Les responsabilités qu’a accep-tées la France dans ces territoires donnent à ceux-ci le droit decompter sur notre aide. Le gouvernement ne faillira pas à cette obli-gation (...). En même temps, il s’attaquera à une tâche plus lourdequi peut être la grande œuvre de cette législature. La France s’estengagée, dans le préambule de la Constitution, à conduire les peu-ples dont elle a pris la charge à la liberté de s’administrer eux-mêmes et de gérer démocratiquement leurs propres affaires. Elledoit tenir parole. Ce que prescrit la Constitution, l’évolution histo-rique l’impose d’ailleurs. Amener les territoires d’outre-mer à gérerdémocratiquement leurs propres affaires, c’est-à-dire à assurer lefonctionnement démocratique de leurs institutions, voilà notre pro-gramme. » Le ton est donné. Gaston Defferre, nommé Ministre de laFrance d’Outre-mer se met à la tâche.

La Loi-cadre est approuvée par le Parlement à une majoritéconfortable. Lenormand et Pouvana A Oopa, le député tahitien, s’ab-stiennent volontairement : ils n’ont pas obtenu l’assurance de sonextension dans le Pacifique. Sa rapidité d’exécution est exemplaire :20 décrets d’application dans les domaines les plus significatifs sontsignés dans le mois qui suit son vote. La loi-cadre instaure demanière définitive deux dispositions capitales pour l’évolution poli-tique de l’outre-mer et en particulier pour celle de la Nouvelle-Calé-donie : le suffrage universel et le collège électoral unique.

En Nouvelle-Calédonie, entre les mois de février 1956 et juillet1957, les positions à l’égard des termes et des ambitions de la loi-cadre ne font pas l’unanimité et provoquent de nombreuses inquié-tudes. Dans sa rédaction, dans ses motivations et dans ses disposi-tions, la loi-cadre est pensée pour les territoires africains. Les éluscalédoniens et par eux la société civile craignent que la généralisa-tion de la loi-cadre ne leur enlève les prérogatives du statut de 1946qui octroie à la Nouvelle-Calédonie dans l’empire colonial français,une dimension unique puisqu’elle jouit d’une autonomie de gestion

LLLLaaaa LLLLooooiiii----ccccaaaaddddrrrreeee eeeetttt sssseeeessss ddddééééccccrrrreeeettttssss dddd’’’’aaaapppppppplllliiiiccccaaaattttiiiioooonnnn

L’élection du Conseil deGouvernement Lenormand,premier exécutif calédonien

et de décision très avancée. En tous les cas de figure, plus aboutieque nulle part ailleurs. Les élus du Conseil général, à peine consul-tés et les parlementaires calédoniens juste informés a minima, s’in-quiètent à juste titre de la nouvelle loi qui leur ait imposée. Pour rap-peler leur attachement à leur statut, un Comité de Défense desLibertés Calédoniennes est créé en mars 1956. Une délégationconduite conjointement par Louis Eschenbrenner pour la majorité et

Le gouvernement LenormandHistoire

Maurice avec son compagnon de route roch Pidjot

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Le travail du législateur et du gouvernement terminé, reste à leparachever par une élection démocratique. Le territoire est découpé en4 circonscriptions (Sud, Ouest, Est et Îles) et 30 conseillers sont à élirepour un mandat de 5 ans. Une révision exceptionnelle des listes électo-rales est lancée à partir du 12 août. Sa clôture le 16 septembre annon-ce le début de la campagne électorale pour une durée de 3 semaines.

A l’expiration du délai légal, un total de 15 listes est déposé maisdeux grandes tendances s’opposent: l’Union Calédonienne, créée 18mois plus tôt avec à sa tête le député Lenormand et les Républicainssociaux dirigés par l’avocat Georges Chatenay.

Au soir du dépouillement, l’UC totalise près de 12.970 suffrages

Roger Laroque pour la minorité part rencontrer le ministre à Paris. Ilaccepte une trentaine d’amendement au décret d’application. Pardéfiance, Lenormand dépose une proposition de loi, le jour même del’ouverture du débat parlementaire sur la Loi-cadre qui est un véri-table contre-projet gouvernemental. Au cours des travaux législatifssuivants, le député calédonien soutenu par le groupe desIndépendants d’Outre-Mer se bat point par point pour obtenir le suf-frage universel, le statut quo sur le mode d’élection au scrutin majo-ritaire, la suppression du double collège, l’augmentation du nombrede conseillers, un redécoupage des circonscriptions, la lutte contrela prolifération des services d’Etat et la définition précise des com-pétences dévolues au Territoire et celle restant aux mains exclusi-ves du représentant de l’Etat. En relation régulière avec GastonDefferre puis André Jaquet, les ministres de la France d’Outre-merde l’époque, Lenormand obtient l’application honnête et sincère de

Octobre 1957 : Les élus de l'Union Calédonienne devant l'ancien siège du Conseil Général peu après l'entrée en vigueur de la Loi Cadre. De gauche à droite : au premier rang, MM. Paul Katrei, Gabriel Païta,Theophile Wakolo-Pouyé, Lucien Allard, Armand Ohlen, Maurice Lenormand, Emile Netchero, Antoine Griscelli, Néa Gallet, Jonas Pagoubealo, Roch Pidjot et Michel Kauma. Au second rang : Evesnor de Greslan,Marc Tivollier, Doui Matayo Wetta, Jacques Clavier, Gabriel Mussot, Jean Le Borgne, Gope Laguisse, quatre supporters anonymes, et Dick Ukeiwe.

Le gouvernement Lenormand la Loi-cadre sans reniement du statutantérieur.

Les réformes envisagées ne sont pas contenues dans la loi-cadre.Elles sont inscrites dans des décrets d’extension et d’application pro-mulgués ultérieurement. Pour la Nouvelle-Calédonie, le plus impor-tant des 16 décrets est celui du 22 juillet 1957 « portant institutiond’un conseil de gouvernement et extension des attributions de l’as-semblée territoriale. » L’architecture des nouvelles institutions reposesur un pouvoir exécutif local : le conseil de gouvernement et sur uneAssemblée territoriale, véritable organe législatif qui reçoit des pou-voirs délibérant dans des domaines plus nombreux et étendus queprécédemment. Historiquement, on assiste à une première série detransferts de compétence remis à l’échelon le plus proche possibledes administrés : 41 domaines réglementaires et 16 dispositions rela-tives aux intérêts patrimoniaux et aux travaux publics deviennent ter-ritoriaux. L’Etat ne se réserve que les compétences nécessaires pourconserver son unité et l’expression de la solidarité nationale.

Histoire

et obtient 18 sièges ; les Républicains Sociaux créés un mois plustôt réalise un score honorable avec 5327 voix et 7 sièges ; les aut-res listes totalisent : 4498 voix et obtiennent un total de 6 sièges.Dans un télégramme rendant compte au Ministre, du déroulementde l’élection, le gouverneur Grimald constate au niveau des partis enplace et des listes occasionnelles, la stabilité de l’UC qui conservela faveur des éléments autochtones, l’échec à Nouméa duRassemblement Ouvrier Calédonien d’une part et dans l’Intérieur, duparti paysan qui n’enlève chacun qu’un seul siège et la représenta-tion des Républicains Sociaux dans 4 des 5 circonscriptions ce quientame les positions de l’UC aux Loyauté.

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RRRRééééssssuuuullllttttaaaattttssss eeeetttt ccccoooommmmmmmmeeeennnnttttaaaaiiiirrrreeeessss ddddeeee llll’’’’éééélllleeeeccccttttiiiioooonnnn dddduuuu 6666 ooooccccttttoooobbbbrrrreeee 1111999955557777

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Il y a 50 ansLe gouvernement Lenormand

A la suite de l’expression du suffrage universel, l’installation desnouvelles institutions s’effectue en 4 étapes :• Le lundi 21 octobre 1957 : les 30 nouveaux conseillers territoriauxse réunissent en session plénière et procède à l’élection du bureaude l’Assemblée territoriale. Grâce à l’addition de ses 18 voix et decelle de Gabriel Mussot, l’Union Calédonienne s’empare de tous lespostes. Armand Ohlen est élu président, Michel Kauma, vice-prési-dent, Emile Nechero et Evenor de Greslan, secrétaires. Le visage del’hémicycle est profondément modifié puisque 80% des 30conseillers, sont de nouveaux entrants (24), élus pour la premièrefois. 6 seulement sont des conseillers sortants réélus. Parmi eux 3sont autochtones et 3 sont européens. La répartition ethnique desautochtones passe de 9, dans la précédente assemblée, à 12 dans lanouvelle pour18 européens au lieu de 16 antérieurement.• Le lendemain, 22 octobre, trois mois après l’entrée en vigueur dudécret de juillet 1957, les conseillers territoriaux élisent en leur seinau scrutin de liste, les 8 ministres du futur Conseil de gouvernement.Le chiffre maximum semble avoir fait l’objet d’un commun accordentre le gouverneur et le leader de l’UC sans consultation de la mino-rité qui proteste. Le député Lenormand en devient, logique majori-taire oblige, le vice-président. Politiquement et idéologiquement,tous les ministres sont affiliés à l’Union Calédonienne. Parmi eux, oncompte 5 calédoniens d’origine métropolitaine: Laborde, Leborgne,Tivollier, Lenormand et Lambert, 1 natif calédonien: Hénin et 2 méla-nésiens: Pidjot et Wetta. En ce qui concerne les catégories socio-pro-fessionnelles: on note 4 fonctionnaires, un pharmacien, un médecin,un photographe et un agriculteur. 4 ont une expérience politique d’aumoins cinq années (Lenormand, Tivollier, Wetta et Pidjot). 2 autresétaient candidats mais n’ont pas été élus (Tivollier, Hénin); 2 sontissus de la société civile (Laborde et Lambert). La moyenne d’âge estde 42 ans. Le doyen est Tivollier, 59 ans et le benjamin, Hénin, 33 ansseulement. Les catholiques sont majoritaires mais certains d’entreeux sont mariées à des protestantes (Lenormand et Lambert).• Le jeudi 24 octobre, un mois après le 104ème anniversaire de la prisede possession de la Nouvelle-Calédonie par la France, le premier exé-cutif calédonien prend possession des locaux du secrétariat généraldu Haussariat qui deviennent le siège du conseil de gouvernement. Acette occasion, Maurice Lenormand fait part, devant une assistanceattentive de l’état d’esprit qui prévaut alors « (...) nous avons voulumanifester tous unis, (...) notre fidélité et notre reconnaissanceenvers la France, son gouvernement et son parlement pour cettemarque de confiance dans notre commun destin. » En conclusion deson intervention, il invite son auditoire à prendre toute la mesure dela tâche à accomplir : « Nous sommes en train de construire quelquechose qui n’a pas de précédent dans l’histoire des peuples: une com-munauté basée sur une vraie fraternité: œuvrons donc tous ensemble(...) pour cette grande cause dont nous sommes les pionniers.” Notonsque le mot “confiance” est prononcé 6 fois en 5 minutes : (...) l’ex-pression de la confiance de la France dans ses territoires d’outre-mer; « dans l’union et la confiance tout est possible » ; « nous avons

confiance dans cette vocation dela mère patrie » ; « La loi-cadreprésuppose un climat deconfiance ».

Enfin, dernière étape decette semaine historique, la pré-sentation solennelle du Conseilde gouvernement devant les élusde l’Assemblée territoriale, lemardi 29 octobre 1957. Cetteséance est rythmée par l’allocu-tion du vice-président du Conseilde gouvernement de près d’1

heure 45 au cours de laquelle, il expose les grandes lignes de la poli-tique générale que le conseil de gouvernement entend suivre dansles prochaines années. Ce discours est divisée en 3 parties. La pre-mière rappelle les conditions historiques, géographiques, démogra-phiques et politiques qui conditionnent l’action gouvernementale. Ladeuxième partie est entièrement consacrée à la présentation desgrandes lignes du plan d’industrialisation et de développement duterritoire. Enfin, la troisième et dernière partie concerne l’action desservices publics territoriaux, véritable feuille de route et de missionà destination des ministres. Dans un passage des plus significatifs,voici, ce que Maurice Lenormand écrit et prononce ce jour là: « (...)Aujourd’hui, la Nouvelle-Calédonie inaugure, dans la fierté et laconfiance, avec la naissance de son premier Conseil de gouverne-ment, la mise en place des nouvelles institutions territoriales, pré-vues à la Constitution, octroyées par la loi-cadre, et qui marquent lavolonté de la France de réaliser pleinement cette communauté dedestin décidée dans la guerre et promise en témoignage de la vic-toire commune. »

La première réunion du nouveau Conseil se déroule le 8 novem-bre suivant.

L’enchaînement des faits et leur lecture linéaire ne doivent pasocculter la densité de la période et les enjeux du contrôle des pou-voirs et de la bonne marche des institutions. Lenormand se révèletrès vite comme un redoutable meneur d’hommes qui n’hésite pas àéliminer radicalement toute vélléité, constatée ou suspectée, de tra-hison ou de collaboration avec « l’ennemi ». Si l’on ajoute à cela, unrelatif amateurisme du personnel politique, de multiples défaillan-ces dans « la chaîne de commandement », un clientélisme avéré, lacrise sociale puis politique motivée par le résultat de la délégationcalédonienne à Hanoï chargée du réglement de la question vietna-mienne et la peur engendrée par le projet d’institution d’une policerurale autochtone provoquent au mois de juin 1958, un mouvementinsurrectionnel dont les coulisses restent encore à explorer et quientraîne la suspension du Conseil de Gouvernement et la dissolutionde l’Assemblée territoriale. Invité par le gouvernement centraldevenu gaullien à solutionner la crise politique qui secoue le terri-toire, l’Union Calédonienne accepte la représentation proportion-nelle de la minorité dans le Conseil de gouvernement. Les disposi-tions de la loi-cadre ne vécurent dans leur forme originale, moins deneuf mois. A peine le temps d’une gestation... mais elles peuventêtre considérées comme le premier berceau de l’Accord de Nouméa.

Olivier Houdan

Histoire

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LLLLaaaa mmmmiiiisssseeee eeeennnn ppppllllaaaacccceeeeddddeeeessss nnnnoooouuuuvvvveeeelllllllleeeessss iiiinnnnssssttttiiiittttuuuuttttiiiioooonnnnssss

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Quelques remarques :Pour la première fois une femme accédait à l'exécutif local. YvonneHnada chargée en particulier du secteur social a été la première «femme ministre » de Nouvelle-Calédonie. Aujourd'hui elle estconseillère municipale Union Calédonienne de Lifou.Pour la première fois, et à l'inverse du gouvernement Lenormand de1957, les Kanaks sont au nombre de 5 sur 7 postes de conseillers degouvernement. Hélas, il est impossible d'attribuer ce constat à une évolution géné-rale des esprits. Quelques jours plus tard, cette photo était distri-buée en tract dans toute la Nouvelle-Calédonie avec la mention :« La planète des singes ».Parmi les principaux objectifs de ce gouvernement, la réforme de lafiscalité a occupé une place de premier plan. Il s'agissait de mettreen œuvre l'impôt sur le revenu qui venait d'être voté en janvier 1982par les élus du FI et de la FNSC. C'est la première fois qu'un impôtsur le revenu était créé en Nouvelle-Calédonie et personne ne savaitexactement quelles seraient les recettes à attendre ou les difficul-tés d'application qui se révèleraient. Depuis, l'impôt sur le revenu créé par le FI et la FNSC n'a jamais étésupprimé. En 1982, le gouvernement de Jean-Marie Tjibaou avaithérité d'un budget en déficit. En 1984, il léguait au pays un budgetlargement excédentaire. L'effort fiscal était mieux réparti grâce àl'impôt sur le revenu et à une révision complète de l'assiette de l'im-pôt foncier qui avait dans le même temps était entreprise.Aujourd'hui certaines réformes accomplies apparaissent à la jeu-nesse de ce pays comme faisant partie des évidences. Pourtantentre 1982 et 1984, elles sont apparues à beaucoup comme de véri-tables excès. La nomination de Yeiwene Yeiwene à la présidence d'Aircal et l'a-doption d'un flêche faîtière comme symbole de la compagnie peintsur les avions de la flotte locale a donné lieu à une violente polé-mique. De nos jours, on s'étonnerait de ne pas voir de flèche faîtièresur les mêmes avions.

Il y a 25 ans HistoireLe gouvernement Tjibaou

Le 18 juin 1982 était élue au Conseil de gouvernement, par l’Assembléeterritoriale, la liste « pour un gouvernement de réformes et de dévelop-pement », conduite par Jean-Marie Tjibaou.Le 23 juin suivant, à la une des Nouvelles calédoniennes, on pouvaitvoir la photo ci-contre du gouvernement nouvellement élu. On y retro-uve représentées les principales composantes du FrontIndépendantiste : L’Union Calédonienne avec Jean-Marie Tjibaou, Vice-président, — l’U P M : André Gopea — le LKS : Henry Bailly, et lePSK : Yvonne Hnada — La FNSC (Fédération pour une Nouvelle SociétéCalédonienne) était représentée par Gaston Morlet et StanleyCamerlynck. Enfin, Henri Wetta (RPCR) y siégeait à titre personnel mais avec l’ac-cord de ses « Vieux », ses attachés de cabinet étant Maurice Nenou etGaby Briault deux futures grandes figures du RPCR.Ce gouvernement devait être en fonction jusqu’au 18 novembre 1984.

C'est également le gouvernement Tjibaou qui à la demande deJean-Marie relance l'idée de la transversale Koné-Tiwaka. De mêmela création d'Aircalin et le soutien au tourisme calédonien ont per-mis d'atteindre un flux touristique de plus de 90000 touristes par an,un chiffre que l'on atteint difficilement aujourd'hui malgré des inves-tissement financiers sans commune mesure avec ceux de l'époque.Qui sait encore aujourd'hui que notre compagnie aérienne interna-tionale, Aircalin, n'aurait pas pu voir le jour sans la volonté politiqueet l'engagement de deux hommes de ce gouvernement, StanleyCamerlynck et Jean Marie Tjibaou ?La réforme de la Chambre d'agriculture entreprise dans les derniersmois du gouvernement a également permis de faire siéger danscette institution professionnelle des agriculteurs et des éleveurskanaks en nombre, reconnaissant ainsi l'importance du monde ruralkanak. Depuis, les statuts de la Chambre ont été modifiés et l'on areculé dans ce domaine.En revanche l'un des plus grands regrets de ce gouvernement est dene pas avoir pu disposer de quelques mois de plus pour mettre enplace la couverture sociale généralisée. Il faudra attendre plus de 20ans pour l'obtenir et encore avec un système mal financé par leRUAMM.Enfin, car il est impossible de rappeler ici en quelques lignes l'en-semble de ses réalisations, précisons que ce gouvernement a pré-paré et participé en 1983, à la rencontre historique de Nainville-les-Roches que tous les gens honnêtes reconnaissent comme étant leprélude à l'Accord de Nouméa.

Louis-José Barbançon

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Un gouvernementde progrès et de réformes

Nainvilles les Roches

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L’AVENIR CALÉDONIEN

Le Front Congrès du FLNKS

Réuni en congrès le samedi 8 décembre 2007 à Pènyî mênèkètè (Nakéty) commune de Canala, le FLNKS constate :

• Que bien que l’Accord de Nouméa — accord de décolo-nisation — inscrivant la Nouvelle-Calédonie dans un pro-cessus tendant à l’émancipation du Pays, l’état continue àœuvrer comme une puissance coloniale ;

• Que l’Accord de Nouméa doit être appliqué selon l’espritet la lettre au-delà des clivages politiciens de la droitelocale ;

• Que le FLNKS doit se doter d’une organisation lui permet-tant d’assurer son rôle de signataire et de garant du pro-cessus de décolonisation prévu par l’Accord de Nouméa ;

• Que l’usine du Nord et le corps électoral — éléments fon-damentaux de l’Accord de Nouméa — sont résolus.

Le congrés de Nakéty-Canala réaffirme le rôle du FLNKSdans le portage de l’Accord de Nouméa.

Le congrès charge la délégation du FLNKS au comité dessignataires d’obtenir auprès des deux autres signatairesleur engagement à la poursuite du processus d’émancipa-tion du Pays et notamment la préparation des transferts decompétences.

Le congrès de Nakéty engage les structures et les militantsà tout mettre en œuvre par la concertation, conditionnécessaire à une véritable démarche unitaire pour aborderdès maintenant les échéances municipales, tout en tenantcompte des réalités locales.

Des critères objectifs devront être pris en compte pour laconstitutions des listes.

Congrès de Pènyî mê nèkètè (Nakéty

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Canala

Crédit photo Sabine Jobert - magazine Le Pays

Motion de politique générale

Congrès de Pènyî mê nèkètè (Nakéty

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Le Comité des SignatairesLe Comité des SignatairesL’Accord de NouméaLettre du Président de la République Française

LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Paris, le 20 décembre 2007

Mesdames et Messieurs les membres du comité des signatairesde l’Accord de Nouméa,

Vous avez participé, ce jeudi 20 décembre 2007, au sixièmeComité des signataires de l’Accord de Nouméa ; le premier demon mandat présidentiel.

Le fait que vous ayez été reçu, pour la première fois, à Matignonpar le Premier ministre, François FILLON, est une marque derespect envers les représentants de la Nouvelle-Calédonie. C’estaussi une façon d’affirmer que les questions en jeu concernentl’ensemble du Gouvernement.

Je souhaitais vous rencontrer à cette occasion.Malheureusement, des obligations internationales m’en ontempêché. J’aurai, l’année prochaine, l’occasion de venir à la ren-contre de chacun d’entre vous en Nouvelle-Calédonie.

Sans attendre ce voyage, je veux, par ce message personnel, vousrenouveler, en tant que Président de la République, les engage-ments que j’avais pris envers vous, en tant que candidat.

Ma ligne de conduite n’a pas varié : je respecterai loyalement lalettre et l’esprit de l’Accord de Nouméa et je ferai en sorte que l'É-tat les respecte. Cet accord, conclu il y a bientôt dix ans entre l’É-tat et les forces politiques de Nouvelle-Calédonie, approuvé parune large majorité des Calédoniens, à été inscrit dans notreConstitution. Il s’impose aujourd’hui à tous.

Dans l’application de l’Accord de Nouméa, l’État jouera un rôleactif et pas seulement un rôle d’arbitre. Dans l’exercice de sesresponsabilités, il fera preuve de rigueur et de volontarisme. Avecles autres signataires de l’Accord, il aura un comportement impar-tial et contribuera à la recherche du consensus qui doit présider àl’Accord comme il a été présidé à sa conclusion.

Telles sont les orientations que j’ai fixées au Premier Ministre.C’est aussi la feuille de route de Christian Estrosi, Secrétaire d’É-tat à l’outre-mer auprès de la Ministre de l’Intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales, Madame Michelle ALLIOT-MARIE. Ils ont toute ma confiance pour les mettre en œuvre.

Je me réjouis que ce Comité des signataires, qui s’est tenu présde deux ans après celui de février 2006, ait été l’occasion de réali-ser des avancées concrètes. Votre ordre du jour a été particulière-ment riche et n’a occulté aucun sujet, même ceux qualifiés de «sensibles ». Le rééquilibrage économique, la cohésion sociale, lacoopération avec les pays du Pacifique sud sont des questionsessentielles pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Vous les avez

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abordées, sous la présidence de Christian ESTROSI, avec un grandsens des responsabilités et un souci constant d’efficacité.S’agissant de l’importante question de transferts des compéten-ces, je suis heureux que des avancées concrètes aient été réali-sées, notamment au travers de la mise en place d’une missiond’appui et de groupes de travail. Il faut être clair : le principe destransferts est prévu par l’Accord de Nouméa. Il n’est donc plus endébat. Il nous reste à arrêter un calendrier et des modalités,acceptables par tous, qui permettent de préserver la qualité desservices publics pour tous les Calédoniens. L’État s’engage réso-lument à vos côtés pour vous aider à identifier les problèmes quise posent et à les résoudre.

S’agissant de la question du rééquilibrage économique du terri-toire, l’État interviendra financièrement, via la défiscalisation, ausoutien du projet de l’usine du Nord, comme je m’y étais engagédurant la campagne.

Mesdames et Messieurs les membres du comité des signataires,l’Accord de Nouméa sera bientôt à mi-parcours. Il a été, pendantdix ans, le cadre du développement dans la paix civile. Les dix pro-chaines années sont riches en promesses ; elles seront notam-ment marquées par la mise en œuvre des projets miniers. Vousavez, nous avons beaucoup de travail pour donner à tous les habi-tants de la Nouvelle-Calédonie, et notamment aux jeunesCalédoniens, un logement et un emploi, tout en préservant l’envi-ronnement exceptionnel de cette terre.

Au terme de l’Accord de Nouméa, les électeurs de la Nouvelle-Calédonie feront leur choix. J’ai dix ma préférence pour que laNouvelle-Calédonie poursuive sa route avec la France, dans unerelation nouvelle à définir. L’expression personnelle et transpa-rente de cette préférence n’est naturellement en rien contradic-toire avec le respect de l’Accord et des ses échéances en touteimpartialité. Je m’y engage personnellement.

Je souhaite, enfin, féliciter chacun d’entre vous pour le travail quevous avez effectué aujourd’hui dans un esprit constructif et frater-nel. La dignité et la hauteur des débats honorent la Nouvelle-Calédonie. Ne perdons jamais de vue que l’enjeu de notre dialo-gue n’est pas la victoire d’un camp contre l’autre mais bien laconstruction de votre destin commun.

La vie a parfois été rude en Nouvelle-Calédonie. Nous avons,aujourd’hui une belle page de l’histoire à écrire ensemble.

Directeur de publication :Gilbert Tuyenon

Composition : UnionCalédonienne

Impression : Graphoprint

AVENIR 1040 - Septembre 2008

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