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Communications orales / La Revue de médecine interne 32S (2011) S45–S98 S93 CO 097 À maladie de Kikuchi : une cause rare et ubiquitaire d’adénopathie. À propos de 11 cas G. Dumas a , S. Cremades b , F. Dutasta c , L. Mangouka c , O. Gisserot d , G. Defuentes c , T. Carmoi e , C. Rapp a a Maladies infectieuses et tropicales, HIA Bégin, Paris, France b Médecine interne, HIA Bégin, Paris, France c Médecine interne, hôpital d’instruction des Armées Percy, Clamart, France d Médecine interne, HIA Sainte Anne, Toulon, France e Médecine interne, HIA Val de Grace, Paris, France Introduction.– La maladie de Kikuchi-Fujimoto (MK) ou lympha- dénite histiocytaire nécrosante est une cause rare d’adénopathie. Pourtant ubiquitaire, cette pathologie d’origine inconnue est l’objet de très rares séries occidentales dans la littérature. Nous rapportons 11 cas de MK. Patients et Méthodes.– Étude rétrospective incluant les patients avec MK sur la période 2005–2010, dans 3 Hôpitaux d’Instruction des Armées. Nous avons recueilli les caractéristiques cliniques, biolo- giques et anatomopathologiques des patients. Résultats.– Nous avons colligé 11 observations. Il s’agissait de neuf femmes et deux hommes, d’âge médian de 34,5 ans au diagnostic (26–46), d’origine caucasienne (n = 6), africaine (n = 3) et asiatique (n = 2). Une altération de l’état général fébrile était notée dans 70 % des cas. L’atteinte ganglionnaire était plus souvent unique (n = 8) que multiple (n = 3), la localisation cervicale étant la plus fréquente (n = 6). Une atteinte cutanée était présente chez 2 patients. Les manifestations extra-nodales suivantes ont été observées : odyno- phagie (n = 3), arthro-myalgies (n = 4), splénomégalie (n = 2) et un cas de méningite aseptique. Les manifestations biologiques étaient dominées par une lympho- pénie (n = 5), un syndrome inflammatoire (n = 7), une élévation des LDH (n = 6) et une cytolyse hépatique (n = 3). Des ACAN positifs au 1/320 étaient retrouvés chez un patient, sans manifestation clinique de maladie auto-immune. Tous les patients avaient un statut VIH négatif. Une patiente présentait une grossesse évolutive. L’étude histologique ganglionnaire concluait à une MK surtout dans sa forme nécrosante (n = 8), les formes xanthogranulomateuses (n = 1) et prolifératives (n = 2) restant marginales. La durée médiane d’évolution était de 4 semaines (1–9). Trois patients avaient rec ¸ u une antibiothérapie probabiliste. La durée de la poussée variait entre 20 jours et 2,5 mois. L’évolution était favorable chez tous les patients, spontanément ou sous traitement par AINS (n = 1) ou corticoïdes (n = 1). Avec un suivi de trois mois à cinq ans, trois patients présentaient une rechute mais aucune association à une pathologie auto-immune ou néoplasique n’a été observée. Discussion.– Notre série, conforme aux données de la littérature, confirme la présentation polymorphe, volontiers trompeuse de la MK, pouvant égarer le clinicien. Les manifestations ORL ou arthromyalgiques sont fréquentes mais la méningite aseptique lymphocytaire observée est une présentation rarement rapportée. Le diagnostic histologique est obligatoire, aucun autre élément cli- nique ou biologique ne permettant d’affirmer la MK et d’éliminer les diagnostics différentiels, notamment hémopathies lymphoïdes malignes, infections ou adénites lupiques. Le pronostic favorable spontanément est confirmé, un traitement anti inflammatoire étant réservé aux formes les plus sévères. Si un suivi prolongé se justifie, nous n’avons noté aucune association pathologique, avec un lupus en particulier, contrairement à ce qui est classiquement décrit. Conclusion.– La MK est une cause rare d’adénopathie. Son carac- tère trompeur et son évolution bénigne, confirmés par cette étude, plaident pour une meilleure connaissance de sa physiopathologie (auto-immunité ? Facteur déclenchant viral ?). doi:10.1016/j.revmed.2011.03.115 CO 098 « B12 normal » associée à des troubles cognitifs : mythe ou réalité ? F. Haddad a , M. Jammal a , G. Maalouly a , R. Abi Saleh a , D. Chehwane a , S. Koussa b a Médecine interne, hôpital universitaire Hôtel-Dieu de France, Beyrouth, Liban b Neurologie, hôpital universitaire Hôtel-Dieu de France, Beyrouth, Liban Introduction.– Le déficit en vitamine B12 paraît être sous-estimé. Il est connu responsable de manifestations neurologiques diverses. Pourtant, des troubles cognitifs et neurologiques sont retrouvés malgré des taux à la limite de la normale. Patients et Méthodes.– Étude rétrospective comportant 2670 patients ayant eu un dosage de la vitamine B12 à l’hôtel Dieu de France, Beyrouth, Liban entre janvier 2007 et décembre 2010. Les données démographiques, les habitudes alimentaires, les antécédents, les examens biologiques, le motif du dosage, le diagnostic retenu, l’évolution et la présence de symptômes associés à l’hypovitaminose sont étudiés dans les dossiers médicaux des patients et complétés par des appels téléphoniques. La vitamine B12 était dosée par la méthode d’immunofixation. L’intervalle des valeurs normales s’étend entre 200 et 850 pg/ml. Résultats.– Étude en cours avec résultats définitifs prévus en mai 2011. Les résultats préliminaires sont les suivants : 2670 patients ont été inclus dont 40 % d’hommes et 60 % de femmes. Soixante- huit pour cent des dosages étaient réalisés en extra-hospitalier dans un bilan de routine ou d’anémie demandée par les généralistes dans 70 % des cas. Cinquante-trois pour cent des patients étaient âgés de plus que 60 ans. Des troubles de mémoire, une irritabilité, des myalgies et des paresthésies ont été retrouvées avec des taux de B12 proches de la limite inférieure (200–300 pg/ml). Les symp- tômes plus graves tels les troubles urinaires et les hémopathies sont en revanche associés à des valeurs franchement déficitaires (< 200 pg/ml). Discussion.– Les seuils adoptés pour les taux de vitamine B12 sont incapables de détecter un groupe de patients dont les manifesta- tions neurologiques seraient sensibles à la supplémentation en B12. Ces manifestations, notamment les troubles cognitifs, sont retrou- vées chez des patients ayant des taux de B12 normaux selon les normes actuelles. Cependant la supplémentation en B12 améliore la mémoire chez certains d’eux. D’ici est née l’idée de réévaluer le statut de la vitamine B12 dans la population libanaise et de corréler sa valeur aux différents symptômes afin d’améliorer le dépistage et l’évaluation de cette hypovitaminose dans une population dirigée vers la nourriture végétarienne pour contrecarrer la prise de poids. Conclusion.– L’hypovitaminose B12 est un déficit sous-estimé qui mérite une réévaluation des seuils afin de dépister les déficits occultes à manifestations frustes inexpliquées. doi:10.1016/j.revmed.2011.03.116

« B12 normal » associée à des troubles cognitifs : mythe ou réalité ?

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Communications orales / La Revue

O 097maladie de Kikuchi : une cause rare et

biquitaire d’adénopathie. À propos de 11 cas. Dumas a, S. Cremades b, F. Dutasta c, L. Mangouka c, O.isserot d, G. Defuentes c, T. Carmoi e, C. Rapp a

Maladies infectieuses et tropicales, HIA Bégin, Paris, FranceMédecine interne, HIA Bégin, Paris, FranceMédecine interne, hôpital d’instruction des Armées Percy, Clamart,ranceMédecine interne, HIA Sainte Anne, Toulon, FranceMédecine interne, HIA Val de Grace, Paris, France

ntroduction.– La maladie de Kikuchi-Fujimoto (MK) ou lympha-énite histiocytaire nécrosante est une cause rare d’adénopathie.ourtant ubiquitaire, cette pathologie d’origine inconnue est l’objete très rares séries occidentales dans la littérature. Nous rapportons1 cas de MK.atients et Méthodes.– Étude rétrospective incluant les patients avecK sur la période 2005–2010, dans 3 Hôpitaux d’Instruction des

rmées. Nous avons recueilli les caractéristiques cliniques, biolo-iques et anatomopathologiques des patients.ésultats.– Nous avons colligé 11 observations. Il s’agissait de neufemmes et deux hommes, d’âge médian de 34,5 ans au diagnostic26–46), d’origine caucasienne (n = 6), africaine (n = 3) et asiatiquen = 2). Une altération de l’état général fébrile était notée dans 70 %es cas. L’atteinte ganglionnaire était plus souvent unique (n = 8)ue multiple (n = 3), la localisation cervicale étant la plus fréquenten = 6). Une atteinte cutanée était présente chez 2 patients. Les

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vaient un statut VIH négatif. Une patiente présentait une grossessevolutive.’étude histologique ganglionnaire concluait à une MK surtout dansa forme nécrosante (n = 8), les formes xanthogranulomateusesn = 1) et prolifératives (n = 2) restant marginales.a durée médiane d’évolution était de 4 semaines (1–9). Troisatients avaient recu une antibiothérapie probabiliste. La duréee la poussée variait entre 20 jours et 2,5 mois. L’évolution étaitavorable chez tous les patients, spontanément ou sous traitementar AINS (n = 1) ou corticoïdes (n = 1). Avec un suivi de trois moiscinq ans, trois patients présentaient une rechute mais aucune

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e pronostic favorable spontanément est confirmé, un traitementnti inflammatoire étant réservé aux formes les plus sévères. Sin suivi prolongé se justifie, nous n’avons noté aucune associationathologique, avec un lupus en particulier, contrairement à ce quist classiquement décrit.onclusion.– La MK est une cause rare d’adénopathie. Son carac-ère trompeur et son évolution bénigne, confirmés par cette étude,

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a Médecine interne, hôpital universitaire Hôtel-Dieu de France,Beyrouth, Libanb Neurologie, hôpital universitaire Hôtel-Dieu de France, Beyrouth,Liban

Introduction.– Le déficit en vitamine B12 paraît être sous-estimé. Ilest connu responsable de manifestations neurologiques diverses.Pourtant, des troubles cognitifs et neurologiques sont retrouvésmalgré des taux à la limite de la normale.Patients et Méthodes.– Étude rétrospective comportant2670 patients ayant eu un dosage de la vitamine B12 à l’hôtelDieu de France, Beyrouth, Liban entre janvier 2007 et décembre2010. Les données démographiques, les habitudes alimentaires,les antécédents, les examens biologiques, le motif du dosage, lediagnostic retenu, l’évolution et la présence de symptômes associésà l’hypovitaminose sont étudiés dans les dossiers médicaux despatients et complétés par des appels téléphoniques. La vitamineB12 était dosée par la méthode d’immunofixation. L’intervalle desvaleurs normales s’étend entre 200 et 850 pg/ml.Résultats.– Étude en cours avec résultats définitifs prévus en mai2011. Les résultats préliminaires sont les suivants : 2670 patientsont été inclus dont 40 % d’hommes et 60 % de femmes. Soixante-huit pour cent des dosages étaient réalisés en extra-hospitalier dansun bilan de routine ou d’anémie demandée par les généralistesdans 70 % des cas. Cinquante-trois pour cent des patients étaientâgés de plus que 60 ans. Des troubles de mémoire, une irritabilité,des myalgies et des paresthésies ont été retrouvées avec des tauxde B12 proches de la limite inférieure (200–300 pg/ml). Les symp-tômes plus graves tels les troubles urinaires et les hémopathiessont en revanche associés à des valeurs franchement déficitaires(< 200 pg/ml).Discussion.– Les seuils adoptés pour les taux de vitamine B12 sontincapables de détecter un groupe de patients dont les manifesta-tions neurologiques seraient sensibles à la supplémentation en B12.Ces manifestations, notamment les troubles cognitifs, sont retrou-vées chez des patients ayant des taux de B12 normaux selon lesnormes actuelles. Cependant la supplémentation en B12 améliorela mémoire chez certains d’eux. D’ici est née l’idée de réévaluer lestatut de la vitamine B12 dans la population libanaise et de corrélersa valeur aux différents symptômes afin d’améliorer le dépistage etl’évaluation de cette hypovitaminose dans une population dirigéevers la nourriture végétarienne pour contrecarrer la prise de poids.