Upload
ngokien
View
219
Download
2
Embed Size (px)
Citation preview
BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT
PROGRAMME D’APPUI AU DEVELOPPEMENT REGIONAL
ET A LA CREATION D’EMPLOI (PADRCE)
PAYS : TUNISIE
RAPPORT D’EVALUATION
DEPARTEMENT OSHD
Novembre 2015
Pu
bli
cati
on a
uto
risé
e
Pu
bli
cati
on a
uto
risé
e
i
TABLE DES MATIÈRES
SIGLES ET ABRÉVIATIONS .................................................................................................. ii
RÉSUMÉ ANALYTIQUE DU PROGRAMME ...................................................................... iv
CADRE LOGIQUE AXE SUR LES RESULTATS .................................................................. v
I. INTRODUCTION : LA PROPOSITION ....................................................................... 1
II. CONTEXTE DU PAYS .................................................................................................. 1
2.1. Situation politique et contexte de la gouvernance ........................................................... 1
2.2. Évolutions économiques récentes, analyse macroéconomique et budgétaire ................. 2
2.3. Compétitivité de l’économie ........................................................................................... 4
2.4. Gestion des finances publiques ...................................................................................... 4
2.5. Croissance inclusive, situation de la pauvreté et contexte social .................................... 4
III. PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DU GOUVERNEMENT ............................ 6
3.1. Stratégie de développement global du gouvernement et priorités de réforme ............ 6
3.2. Obstacles à la mise en œuvre du programme de développement national .................. 6
3.3. Processus de consultation et de participation .............................................................. 7
IV. L’APPUI EN FAVEUR DE LA STRATÉGIE DU GOUVERNEMENT .................................... 7
4.1. Lien avec la stratégie de la Banque ........................................................................................ 7
4.2. Respect des critères d’éligibilité .................................................................................. 8
4.3. Collaboration et coordination avec les autres partenaires ................................................ 8
4.4. Lien avec les autres opérations de la Banque .......................................................................... 8
4.5. Travaux analytiques qui sous-tendent l’appui budgétaire ........................................... 9
V. LE PROGRAMME ENVISAGÉ .................................................................................. 10
5.1. But et objectif du programme .................................................................................... 10
5.2. Composantes du programme ..................................................................................... 10
5.3. Conditions relatives au prêt ....................................................................................... 15
5.3.3. Mesures préalables .................................................................................................... 15
5.4. Application des principes de bonne pratique en matière de conditionnalité ............. 16
5.5. Besoins et mécanismes de financement ..................................................................... 16
VI. MISE EN OEUVRE DE L’OPÉRATION .................................................................... 16
6.1. Bénéficiaires du programme ...................................................................................... 16
6.2. Impact attendu sur le genre, les pauvres et les groupes vulnérables ......................... 16
6.3. Impact sur l’environnement et le changement climatique ......................................... 17
6.4. Impact dans d’autres domaines .................................................................................. 17
6.5. Mise en œuvre, suivi et évaluation ............................................................................ 17
6.6.1. Evaluation du risque fiduciaire .................................................................................. 18
6.6.2. Mécanismes de gestion financière et de décaissement .............................................. 18
6.6.3. Acquisitions ............................................................................................................... 19
VII. DOCUMENTATION ET AUTORITÉ JURIDIQUES ................................................. 19
7.1. Documentation juridique ............................................................................................... 19
7.2. Conditions liées à l’intervention de la Banque .............................................................. 19
7.3. Respect des politiques du Groupe de la Banque ........................................................... 20
VIII. GESTION DES RISQUES ............................................................................................ 20
IX. RECOMMANDATION ................................................................................................ 20
ANNEXE 1 - LETTRE DU GOUVERNEMENT
ANNEXE 2 - MATRICE DES REFORMES
ANNEXE 3- NOTE SUR LA RELATION AVEC LE FMI
i
ÉQUIVALENCES MONÉTAIRES
Août 2015
1UC = 2,75 Dinar Tunisien (DT)
1UC = 1,27 Euro (EUR)
1UC = 1,39 Dollars EU (USD)
EXERCICE BUDGÉTAIRE
1er Janvier – 31 décembre
POIDS ET MESURES
1 tonne = 2204 livres (lbs)
1 kilogramme (kg) = 2,200 lbs
1 mètre (m) = 3,28 pieds (ft)
1 millimètre (mm) = 0,03937 pouce (“)
1 kilomètre (km) = 0,62 mile
1 hectare (ha) = 2,471 acres
ii
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
ABG Appui budgétaire général
AMC Association de micro crédit
ANETI Agence nationale de l'emploi et du travail indépendant
ARP Assemblée des représentants du peuple
ATFP Agence tunisienne de la formation professionnelle
BAD Banque africaine de développement
BCT Banque Centrale de Tunisie
BIT Bureau international du travail
BM Banque mondiale
CF Centre de formation
CFAD Centre de formation et d'appui à la décentralisation
CGDR Commissariat général au développement régional
CENAFIF Centre national de formation de formateurs et de l’ingénierie de formation
CNFCPP Centre national de formation continue et de la promotion professionnelle
DGCL Direction générale des collectivités locales
DSP Document de stratégie pays
EPST Establishment public à caractère scientifique et technologique
FCCL Fonds commun des collectivités locales
FIPA Agence de promotion de l’investissement extérieur
FMI Fonds monétaire international
FP Formation professionnelle
GSB Groupe de soutien budgétaire
HAICOP Haute instance de la commande publique
IDE Investissements directs étrangers
INS Institut national de la statistique
ITCEQ Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives
LF Loi de finances
LFC Loi de finances complémentaire
MAS Ministère des affaires sociales
MDICI Ministère du développement, de l'investissement et de la Coopération internationale
MDT Million de dinars tunisiens
MESRES Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
MFPE Ministère de la formation professionnelle et de l'emploi
PADRCE Programme d'appui au développement des compétences et à la création d'emploi
PAGDI Programme d’Appui à la Gouvernance et au Développement Inclusif
PAR Programme d’appui à la relance
PARDI Programme d’Appui à la Relance Economique et au Développement Inclusif
PDAI Programme de Développement Agricole Intégré
PIB Produit intérieur brut
PME Petites et moyennes entreprises
PND Plan national de développement
TND Dinar tunisien
UC Unité de compte
UE Union européenne
UTICA Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat
iii
Date : Numéro du Programme :
Code : P-TN-IZ0-008
INFORMATIONS SUR LE PROGRAMME
INSTRUMENT Appui Budgétaire Général
MODÈLE DE CONCEPTION DE LA PBO Opération unique
INFORMATIONS RELATIVES AU PRÊT/DON
Informations concernant le client
EMPRUNTEUR : République tunisienne
ORGANE D’EXÉCUTION : Ministère du développement, de
l’investissement et de la coopération
internationale (MDICI)
Plan de financement
Source Montant Instrument
BAD 183 millions d’euros prêt
COÛT TOTAL
Informations essentielles sur le financement de la BAD
Monnaie du prêt/don
Euro
Type d’intérêt Flottant
Marge de taux d’intérêt Taux de base (EURIBOR 6 mois) +
marge sur coût de financement+ marge
de prêt
Marge contractuelle 0,60% (60 points de base (pdb))
Commission d’engagement*
Autre commissions*
Durée de remboursement 20 ans
Différé d’amortissement 5 ans
Calendrier d’exécution – Principaux jalons (prévus)
Approbation de la note conceptuelle Juillet 2015
Evaluation Août 2015
Négociations des accords de prêts Octobre 2015
Approbation du programme Novembre 2015
Entrée en vigueur Décembre 2015
Achèvement Décembre 2016
Dernier décaissement Décembre 2016
iv
RÉSUMÉ ANALYTIQUE DU PROGRAMME
Aperçu général
du programme
Le programme d’appui au développement régional et à la création d’emploi (PADRCE) est un
appui budgétaire général d’un montant de 183 millions d’Euros au Trésor tunisien, exécuté en
un décaissement unique. Le programme vise à contribuer à la croissance accélérée et inclusive
en Tunisie à travers le développement régional et la mise en place d’un environnement propice
à la création d’emplois. Résultats du
programme Il est attendu du PADRCE une contribution à la réduction des disparités régionales d’une part et
une baisse du taux de chômage de 15% en 2015 à 14% en 2017 accompagné d’un accroissement
du taux d’emploi des diplômés de l’enseignement supérieur de 68,6% en 2014 à 70% en 2017
d’autre part. Le PADRCE bénéficiera : (i) aux habitants des régions de l’intérieur du pays, (ii)
aux 58 000 diplômés annuels de l’enseignement supérieur dont 66% de filles et aux diplômés de
la formation professionnelle, (iii) aux femmes et aux jeunes bénéficiaires de micro-crédit ainsi
qu’aux 235000 familles ciblées par l’assistance sociale. Alignement sur
les priorités de
la Banque
Le PADRCE s’aligne sur la Stratégie décennale (2013-2022) de la Banque en particulier sur les
priorités opérationnelles : « Qualifications et technologie » et « Gouvernance ». Il s’inscrit
également dans le cadre de la Stratégie de capital humain 2014-2018 et s’aligne sur le pilier
Gouvernance du DSP-i 2014-2015 pour la Tunisie axé sur le soutien aux réformes et au
renforcement des capacités. Évaluation des
besoins et
justification
La Tunisie a enregistré une croissance réelle moyenne du PIB de près de 2% sur la période 2011-
2014 mais peine à retrouver les niveaux de croissance d’avant la révolution de 2011. En effet,
les impacts de la révolution ont eu des répercussions négatives sur la croissance et ont créé des
déficits budgétaires que l’Etat doit combler afin de répondre à la demande sociale et relever le
défi de la transformation économique du pays. Le choix de l’envergure du programme se justifie
par la situation particulière de la Tunisie en 2015 (déficit budgétaire/front social et sécurité) et
de la durée effective du programme qui concrètement s’étale sur 12 mois. L’enjeu consiste à
avoir un équilibre entre l’impulsion des réformes de profondeur (décentralisation, fiscalité
locales, marché du travail, système éducatif…) et la nécessité de positionner des actions ayant
un impact immédiat sur la vie des citoyens (microfinance, assistance sociale, renforcement
capacité d’exécution des administrations régionales pour mettre en œuvre l’investissement…). Harmonisation La conception du PADRCE a fait l’objet d’une concertation avec la Banque mondiale et l’Union
européenne. En guise de mécanismes de communication, les trois bailleurs se rencontrent
périodiquement pour faire le point d’avancement des mesures de réformes globales d’une part et
partager les informations financières relatives aux différentes opérations d’appui budgétaire
d’autre part. En raison des contraintes propres et des programmations des partenaires, l’approche
par un programme parallèle a été privilégiée. Valeur ajoutée
de la Banque A travers ce programme, la Banque appuiera les activités relevant du secteur social comme la
protection sociale, la prise en charge de la petite enfance, l’autonomisation des femmes et le
développement des compétences, et assurera la complémentarité avec la BM dont l’intervention
est plus centrée sur le secteur privé et la gouvernance des finances publiques, tandis que l’UE
continuera de mettre l’accent sur les questions de décentralisation. Egalité entre les
sexes et à
l’autonomisatio
n des femmes
Le PADRCE contribue à l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes à travers le
soutien à deux mesures phares : l’institutionnalisation des points focaux genre dans tous les
départements sectoriels en vue d’assurer une intégration de la dimension genre dans les
programmes de développement régionaux et nationaux ainsi que la restructuration du secteur de
la microfinance, permettant ainsi de générer à terme près de 33 000 emplois féminins. Dialogue sur les
politiques et
assistance
technique
associée
La Banque privilégiera dans le dialogue sur les politiques les questions d’amélioration des
prestations publiques en lien avec les réformes fiscales et la mise à niveau des administrations
locales ; l’amélioration des services sociaux et la gouvernance du système éducatif. A cet effet,
des assistances techniques seront instruites notamment en appui aux créneaux porteurs, à la
stratégie industrielle et d’innovation tandis que d’autre seront envisagées en soutien au
développement des compétences/emploi, au suivi des réformes et à l’autonomisation des femmes
dans les régions de l’intérieur.
v
CADRE LOGIQUE AXE SUR LES RESULTATS Pays et titre du projet : Tunisie - Programme d’appui au développement régional et à la création d’emploi
But du projet : Contribuer à la croissance accélérée et inclusive en Tunisie à travers le développement régional et la mise en place d’un environnement propice à la création d’emploi
CHAÎNE DES RÉSULTATS
INDICATEURS DE PERFORMANCE MOYENS DE
VÉRIFICATION
RISQUES/
MESURES D’ATTÉNUATION Indicateur
Situation de référence Cible
IMP
AC
T
Impact
La croissance est plus inclusive
Taux de croissance du PIB réel
Indice d’inégalité de Gini1 axé sur la
consommation annuelle
2,3% en 2014
0,3312 Nord-Ouest
0, 349 Centre-Ouest
0,331 Sud-Est
0,326 Sud-Ouest
en 2010
4% en 2019
0,329 Nord-Ouest
0, 345 Centre-Ouest
0,329 Sud-Est
0,324 Sud-Ouest
en 2018
Rapport FMI
Rapports INS
EF
FE
TS
Effet 1 Les disparités régionales sont
réduites
Montant budget d’investissement public des projets régionaux
Taux d’exécution du budget
d’investissement public dans les régions3
228,4MDT en 2014
65% en 2014
250 MDT en 2016
75% en 2016
Statistiques du MDICI
Risque : Aggravation du déficit budgétaire Mesure d’atténuation : Poursuite du
programme du FMI axé sur la stabilité macro-économique et poursuite des réformes
économique en faveur de la valorisation des
potentialités économiques des régions de l’intérieur
Risque : Recrudescence des tensions
sécuritaires
Mesure d’atténuation : Poursuite de la stratégie de lutte contre le terrorisme et
accélération de la mise en œuvre des
programmes de création d’emploi et d’assistance sociale
Effet 2
La qualité de la main d’œuvre est
améliorée
Taux de chômage y compris celui des
femmes
Taux d’emploi des jeunes diplômés de
l’enseignement supérieur
Part des jeunes sans qualification
15,2% et 21,5 chez les
femmes en 2014
68,6% et chez les
femmes 59,2% en 2014
18% en 2013
14% et 19% chez les
femmes 2017
70% et 62% chez les
femmes en 2017
16% en 2017
Rapports INS
Statistiques du
MDICI
Rapports INS
COMPOSANTE 1 : DEVELOPPEMENT REGIONAL
Produit 1.1 : Le cadre institutionnel
du développement économique régional est rationnalisé
Mise en place du Groupe interministériel
en charge de la rationalisation des structures d’appui au développement
économique régional
Multiplicité des
structures en charge du développement
économique régional
Mise en place du groupe
interministériel (2015)
Arrêté mettant en
place le Groupe interministériel
Risque : Escalade des revendications
syndicales et sociales Mesure d’atténuation : Mise en place du
Conseil national du dialogue social et
développement de plans de communication au sein des départements ministériels en vue
d’améliorer les relations avec les syndicats.
Produit 1.2 : Les capacités
d’exécution régionales sont
renforcées
Augmentation du taux d’encadrement
dans les administrations des régions
11/100 en 2014 15/100 en 2017 Rapport Ministère
de l’Intérieur
1 Le niveau de bien-être général est analysé par l’INS à travers la consommation moyenne par région en vue de mesurer l’efficacité des politiques sociales sur la pauvreté. Cet
indice n’est économiquement significatif que s’il baisse d’au moins 2 points de pourcentage. 2 Institut national de la statistique : Mesure de la pauvreté, des inégalités et de la polarisation en Tunisie- 2005-2010. 3 En dépit de l’augmentation de 20% du budget d’investissement en faveur de régions de l’intérieur en 2012, l’impact sur les secteurs sociaux reste encore modeste car le
budget est faiblement exécuté faute de capacités des administrations régionales. Le PADRCE compte relever ces capacités d’exécution de ces régions.
vi
Produit 1.3 : Couverture et efficacité améliorées de l’assistance sociale
Réduction du taux d’inclusion absolu 4. Réduction du taux d’exclusion absolu
12,5% en 2014
8,5% en 2014
5% rn 2017
3% en 2017
Rapport Ministère des affaires sociales
(MAS)
Produit 1.4 : Accès équitable aux
services de développement intégré de la petite enfance
Elaboration et adoption d’un plan de
mise à niveau des services régionaux en charge de la petite enfance
Absence de stratégie de
mise à niveau des services régionaux en
charge de la petite
enfance
Un plan de mise à niveau
des services régionaux en charge de la petite enfance
est adopté
Ministère de la
Femme et de la Petite Enfance
Risque : difficultés à conduire à termes les
réformes
Mesures d’atténuation : fournir une
assistance technique visant à renforcer les capacités d’exécution et de suivi et maintenir
le dialogue politique sur les questions
stratégiques
Produit 1. 5 : Accès au financement plus efficace pour les micro-
entrepreneurs (jeunes et femmes)
Adoption d’un plan d’action national de restructuration des AMC
Structuration peu efficiente des AMC
Plan d’action de restructuration des AMC
adopté en 2016
Plan d’action publié en 2016
COMPOSANTE 2 : DEVELOPPEMENT DES COMPETENCES ET AMELIORATION DE LA QUALITE DE LA MAIN-D’ŒUVRE ET DU DIALOGUE SOCIAL
PR
OD
UIT
S
Produit 2.1 : La coordination
sectorielle pour la gestion de
l’éducation-formation-emploi est institutionnalisée
Mise en place du Comité national de
coordination stratégique de l’éducation
et de la formation professionnelle
Mécanisme de
coordination inexistant
en 2014
Coordination sectorielle
instaurée
Arrêté ministériel
portant création du
comité de coordination
Risque : Faible niveau de coordination entre
les départements sectoriels en charge du
développement des ressources humaines
Mesures d’atténuation : Maintien du dialogue
actuel entre les trois ministres renforcé par la mise en place de comité de coordination et
activation du dispositif de coordination pour le
développement des ressources humaines existant au sein du MDICI.
Produit 2.2 : Le partenariat avec le
secteur privé est renforcé
Nombre de conventions de partenariat
impliquant les branches professionnelles
dans la gestion de la formation signées
0 en 2014 02 en 2016 Copie conventions
signées
Institutionnalisation du Conseil national du dialogue social.
Conseil national non-institutionnalisé
Mise en place du Conseil en 2015
Décret publié au JO
Produit 2.3 : Les universités et
centres de formation (CF) disposent
d’une autonomie accrue
Nombre d’universités/ CF ayant réussi le
passage au statut d’EPST leur conférant
une autonomie financière accrue
0 en 2014 01 en 2015 et 01 en 2016 Rapport MESRS
Produit 2.4 : L’environnement institutionnel et organisationnel du
MFPE est amélioré et les
demandeurs d’emploi sont mieux accompagnés
Adoption des réformes institutionnelles et organisationnelles de la FP
Schéma institutionnel ne répondant pas aux
nouvelles réformes
Nouveaux textes régissant MFPE, CNAFFIF...adoptés
Textes transmis par le MFPE
Amélioration du niveau d’encadrement
de l’ANETI
1/700 demandeurs
d’emploi en 2013
1/550 demandeurs
d’emploi en 2017
Rapport ANETI
Produit 2.5 : Une stratégie nationale
de soutien à l’emploi est élaborée
Elaboration d’une stratégie d’emploi
tenant compte des spécificités des régions de l’intérieur
Absence d’une stratégie
nationale de l’emploi
Stratégie d’emploi élaborée
en 2016
Stratégie publiée
Produit 2.6 : La culture de
l’entreprenariat est institutionnalisée
dans le système éducatif
Institutionnalisation de la culture
entrepreneuriale au sein du système
éducatif
Plusieurs expériences
pilotes déjà testées
Un modèle de programme
type en entreprenariat
adopté en 2016
Rapport capitalisant
toutes les
expériences pilotes
AC
TIV
ITÉ
S C
LÉ
S ACTIVITES CLES RESSOURCES
- Signature accord de prêt - Mise en œuvre des reformes retenues et rapports d’exécution trimestriels et de supervision de la Banque
- Rapport d’achèvement du projet
Financement de la Banque : 144,1 MUC décaissés en une tranche (en 2015)
.
4 L’amélioration de la couverture porte essentiellement sur l’affinement du ciblage qui permettra de réduire significativement les erreurs d’exclusion et celles d’inclusion, renforçant ainsi l’efficacité des programmes d’assistance sociale.
1
I. INTRODUCTION : LA PROPOSITION
1.1 La Direction soumet ci-après, la proposition d’octroi d’un prêt de 183 millions d’Euros
en faveur de la République tunisienne en vue de réaliser le programme d’appui au
développement régional et à la création d’emploi (PADRCE). Ce programme financé à
travers un appui budgétaire sera exécuté sur une année (décembre 2015 – décembre 2016). Le
PADRCE cherche à accélérer la mise en œuvre de l’investissement public dans les régions et à
réduire les disparités d’accès aux services de base, d’une part, et à favoriser le développement
des compétences, l’amélioration de la qualité de la main d’œuvre et l’apaisement du climat
social, d’autre part. Les mesures soutenues à cet effet sont présentées dans la matrice en annexe
2 du présent rapport. A travers ces orientations, le PADRCE consolidera les acquis des
programmes précédents financés par la BAD, en particulier le Programme d’appui à la relance
économique et au développement inclusif (PARDI) et le Programme d’appui à la gouvernance
et au développement inclusif (PAGDI), axés sur le soutien à la transition démocratique et à la
relance de la croissance en Tunisie.
1.2 Le PADRCE s’inscrit dans le cadre de la note d’orientation stratégique 2016-2020
présentée par le Gouvernement en août 2015. Cette note décrit la vision du Gouvernement
et ses priorités en vue de mettre en place un nouveau modèle de développement générateur
d’emplois et garantissant un partage équitable des richesses. Le PADRCE s’aligne aussi sur la
Stratégie décennale (2013-2022) de la Banque et sur la Stratégie de capital humain 2014-2018.
Il est complémentaire à l’appui de l’Union Européenne, et à l’appui budgétaire de la Banque
mondiale dans le cadre du Programme d’appui aux réformes (PAR IV).
1.3 Le choix d’un appui budgétaire général décaissable en une seule tranche est
doublement justifié par le contexte national. D’une part, le PADRCE permettra de fournir
au gouvernement les ressources financières nécessaires pour appliquer sa politique et continuer
ses efforts de réformes sur les 12 prochains mois dans un contexte de déficit budgétaire
important d’une part. D’autre part la poursuite du programme des reformes est contingente à la
disponibilité de ressources budgétaires ; et le Gouvernement s’attèle actuellement à
l’élaboration du nouveau Plan quinquennal 2016-2020 qui vise à accroitre la durabilité des
reformes encours et à maintenir le dialogue avec ses partenaires sur une base programmatique.
Ceci justifie le recours à un appui budgétaire général pour l’année 2015. Par ailleurs, le
décaissement en une seule tranche réduira les coûts de transaction pour le Gouvernement et la
Banque tout en assurant un engagement en faveur des réformes de la part du Gouvernement à
travers la réalisation de huit mesures préalables (sur un total de 14) à la présentation au Conseil.
II. CONTEXTE DU PAYS
2.1. Situation politique et contexte de la gouvernance
2.1.1 Entre 2011 et 2015, la Tunisie a réalisé des progrès démocratiques remarquables. Le pays a réussi sa
transition politique avec notamment l’adoption d’une nouvelle constitution début 2014, qui a
permis la tenue des élections législatives et présidentielles en octobre et décembre 2014, mettant
en place l’Assemblée des Représentants du Peuple et un gouvernement de coalition. La nouvelle
constitution accorde une place prépondérante à la jeunesse, à la justice sociale, au genre et
consacre la décentralisation. En outre, depuis la révolution de 2011, les différents
gouvernements se sont attelés à développer un cadre propice à l’expression et à la participation
citoyenne dans le processus de prise de décision.
2.1.2 Sur le plan de la transparence, la Tunisie est classée à la 79ème place sur 175 pays
avec un score de 40 sur 100 en 2014 selon le rapport de l'organisation anti-corruption
Transparency International. Soucieux de relever la qualité des prestations des services
publics, le pays a amorcé un processus «Open-gouvernement » et de e-participation avec la loi
2
sur l’accès aux documents administratifs promulguée en 2011 et la publication en ligne pour la
première fois en 2014 du projet de loi des finances. Enfin, l’achèvement des chantiers de
réformes des marchés publics contribuera significativement à l’amélioration de la transparence,
et à la lutte contre la corruption.
2.1.3 En dépit de la transition démocratique, le pays connait toutefois une recrudescence
des tensions sécuritaires qui ne favorisent pas l’amélioration de la productivité et le
redressement de l’économie. La Tunisie fait face à des défis sécuritaires alimentés par la
pauvreté et le sentiment d’exclusion de certaines régions ainsi que l’instabilité politique et
sécuritaire en Libye. La Tunisie subit également les effets de la crise au Moyen Orient
notamment la Syrie avec le recrutement de jeunes tunisiens dans les rangs des extrémistes. En
guise de réponse immédiate à ce défi, le Gouvernement a initié des mesures directes telles que
la déclaration de l’Etat d’urgence et le renforcement des dispositifs de sécurité dans les endroits
stratégiques. De plus, le Gouvernement cherche à promouvoir le développement régional et la
création d’emploi comme leviers pour contrecarrer la montée de l’extrémisme et les inégalités
d’accès aux opportunités.
2.2. Évolutions économiques récentes, analyse macroéconomique et budgétaire
2.2.1 Depuis 2011, la Tunisie a enregistré une croissance moyenne du PIB de 2% contre une
moyenne de 5% au cours de la décennie précédant la Révolution. Cette performance mitigée est
liée à plusieurs facteurs. En premier lieu, une conjoncture difficile sur le plan intérieur liée à la
l’instabilité politique durant la période de Transition (2011-2014) et la succession de quatre
gouvernements, aux problèmes de sécurité et à la montée des revendications sociales qui ont affecté
la productivité et la compétitivité de la Tunisie, réduisant ainsi son attrait pour les investisseurs. En
second lieu, sur le plan extérieur, le ralentissement économique au sein de la zone Euro, principal
partenaire commercial de la Tunisie, ainsi que la crise libyenne ont également pesé lourd dans le
ralentissement de l’économie tunisienne.
2.2.2 Le ralentissement de l’économie et les difficultés à mettre en œuvre les réformes structurelles
ont été à l’origine d’importants déséquilibres macroéconomiques. Leur ampleur a conduit le
Gouvernement à demander l’appui du Fonds monétaire international (FMI). Un accord portant sur 1,8
milliards de dollars EU a été signé en juin 2013 pour un programme de stabilisation initialement exécuté
sur deux ans puis prolongé jusqu’au 31 décembre 2015.
2.2.3 En 2015, la croissance devrait osciller autour de 0,5% (tableau 1) contre un objectif
initial de croissance de 3% révisé à 1,7% au second trimestre. Les premiers mois de l’année
ont été marqués par une décélération du rythme de croissance annuelle qui s’est établie à 1,2%
au 1er semestre 2015. Cette décélération s’explique notamment par la contraction (-2,2%) de la
production non-manufacturière (diminution de la production du secteur des hydrocarbures et le
quasi-arrêt de la production de phosphate dans le centre), ainsi que celle des industries
manufacturières (0,3%). Cette baisse n’a été que partiellement compensée par la croissance
enregistrée dans le secteur agricole (6,5%), et des services non marchands (+3,35%). Les
attentats du Bardo et de Sousse devraient peser sur la croissance au second semestre.
Tableau 1 : Indicateurs macroéconomiques (2010-2016) (fin de période) 2010 2011 2012 2013 2014 2015(e) 2016(p)
Croissance du PIB (%) 2,6 -1,9 3,7 2,3 2,4 0,5 2,16
Inflation (%) 4,4 3,5 5,6 5,7 4,9 4,7 4,2
Solde budgétaire (% PIB) 1 -3,3 -5,5 -6,8 -4,9 -4,4 3,9
Compte courant (% PIB) -4,8 -7,4 -8,2 -8,3 -8,8 - 8,5 -7,6
Dette publique (en % du PIB) 40,4 44,6 44,5 45,7 49,4 52,7 53,4
Services de la dette (en % des exportations) 10,4 11,5 11,5 11,8 13 13,8
Réserves en mois d'importations 4,4 3,4 3,9 3,9 3,5 3,7
Source: Données des administrations nationales et rapport sur les Perspectives économiques en Afrique (PEA), 2015
3
2.2.4 En 2015 et 2016 et pour la quatrième année consécutive, la consommation intérieure
devrait demeurer le principal moteur de l’économie tunisienne. L’autre composante de la
demande représentée par le taux d’investissement devrait s’élever à 18,5% du PIB contre une
moyenne de 20,8% au cours de la période 2011-2014 et ce malgré une reprise constatée des
investissements directs étrangers (IDE) au cours du 2ème trimestre 2015 dont l’effet doit être
cependant nuancé compte tenu d’un fort effet de base et de la dépréciation du Dinar. A moyen
terme, la reprise de l’investissement bénéficiera de l’évolution de la situation sécuritaire et de
l’accélération du rythme d’exécution des réformes. Dans cette hypothèse, le scénario le plus optimiste
développé par le gouvernement prévoit un taux d’investissement de 22% sur 2016-2020 contre 15,3%
pour le scénario le plus pessimiste.
2.2.5 Au plan budgétaire, la politique de relance mise en œuvre par les différents
gouvernements depuis 2011 a conduit à un déséquilibre des finances publiques. La Loi de
finances complémentaire (LFC) votée en juillet 2015 prévoit de légères baisses du déficit budgétaire
et du solde primaire qui devraient s’établir respectivement à 4,8% du PIB et -2,6% du PIB contre
4,9% et -2,9% en 2014. Le budget ne devrait cependant profiter que marginalement de la baisse des
cours internationaux du pétrole autour du seuil symbolique des 45 USD par baril atteint en août 2015
en raison d’une hausse rétrospective de la masse salariale (2,5%) en 2014, de la baisse des recettes
fiscales (-0,4%) indexées sur le niveau du PIB et de la dépréciation du dinar par rapport au USD.
2.2.6 La chute attendue du secteur du tourisme - important pourvoyeur traditionnel de devises
- combinée à la contraction de 3,6% des transferts des tunisiens résidants à l’étranger
enregistrée au cours du 1er semestre 2015 devrait fragiliser la position extérieure de la Tunisie.
Toutefois, certains indicateurs économiques extérieurs montrent des signes positifs. La Tunisie a
enregistré une baisse encourageante du déficit courant à 4,5% contre 5% en glissement annuel au 1er
semestre 2015 principalement liée à l’amélioration du solde commercial et à la diminution de la valeur
des importations énergétiques. Le déficit du compte courant devrait cependant rester élevé à 8,5% du
PIB en 2015 contre 8,8% en 2014. Le niveau des réserves en devises représentant environ 114 jours
d’importations au 31 août 2015 demeure confortable grâce à l’emprunt obligataire de 1 milliard de
dollars EU en début 2015.
2.2.7 Au plan monétaire, la Banque centrale de Tunisie (BCT) conduit depuis 2011 une
politique monétaire proactive destinée à soutenir l’économie et la stabilité des prix. En effet, la
BCT a fourni la liquidité nécessaire au système bancaire en se basant sur une gestion flexible de son
principal taux directeur. Le Taux du marché monétaire (TMM) est passé de 4,50% en 2010 à 3,5%
en 2012 pour revenir à 4,75% en juillet 2015. Dans le même temps, la persistance d’un taux
d’inflation autour de 5% depuis 2011 a conduit à une dépréciation du taux de change réel (TCR)
du Dinar contre le Dollar et l’Euro. La dépréciation continue du TCR, qui permet de maintenir
la compétitivité des exportations tunisiennes, contribue cependant à renchérir le coût des
importations et à fragiliser le solde courant.
2.2.8 A l’instar du déficit budgétaire et malgré une conjoncture difficile, la progression du
taux d’endettement public devrait être contenue et s’établir à 52,7% en 2015 contre 49,4% en
2014. Depuis 2010, le taux d’endettement de la Tunisie a augmenté de 27% soit un rythme moyen
d’environ 4,5% par an supérieur à la croissance moyenne de l’économie (2%). Le coût du service de
la dette a également augmenté au cours des deux dernières années de 7% et 10% respectivement en
2013 et 2014 en raison du gel et/ou du report de certains programmes d’assistance financière. Le coût
du service de la dette en pourcentage des exportations reste maintenu à 13%. Globalement, la dette
publique du pays est considérée comme soutenable car reposant sur : (i) des maturités longues et (ii)
un taux d’intérêt moyen pondéré faible - bien qu’en augmentation en 2013 et 2014 (voir annexe IV).
Selon le FMI, la dette reste néanmoins exposée aux chocs, aux variations du taux de change et à la
baisse de la croissance et des exportations.
4
2.3. Compétitivité de l’économie
2.3.1. La révolution de 2011 et la transition qui en a résulté ont réduit l’attrait de la Tunisie pour
les investisseurs. La Tunisie a ainsi reculé de plus de 15 places (de la 45ème en 2011 à la 60ème place)
dans le classement Doing Business 2015 avec une régression sur l’ensemble des indicateurs. Aussi, la
productivité globale des facteurs a connu une baisse annuelle en moyenne de -0,8% sur la période
2011-2014, principalement due aux importants mouvements sociaux. L'instabilité politique,
l'inadéquation de la formation de la main d'œuvre et la concurrence du secteur informel, représentent
les trois difficultés majeures auxquelles sont confrontées les entreprises tunisiennes, selon une récente
enquête de la BERD 2015. Les autres contraintes souvent cités incluent la bureaucratie, l’accès au
financement et la corruption.
2.3.2. Néanmoins, la Tunisie possède plusieurs atouts qu’elle compte exploiter pour
améliorer sa compétitivité. Selon une enquête réalisée par le cabinet Deloitte pour le compte
de la FIPA (agence de promotion de l’investissement extérieur), 67% des répondants
considèrent que la Tunisie est compétitive. Parmi les avantages du pays on peut citer le niveau
de développement humain supérieur à celui de la moyenne pour la région MENA (0,7 contre
0,64 pour la région MENA), une économie relativement ouverte et diversifiée, et une situation
géographique stratégique. Le nouveau modèle économique vise à développer une économie
concurrentielle et innovatrice basée sur le savoir.
2.4. Gestion des finances publiques
2.4.1 Face à un espace budgétaire réduit, la mise en place de politiques de relance reste
difficile. En effet, la relance économique dépendra de l’application de vastes mesures de
reformes y compris la consolidation de la politique budgétaire par la maitrise des dépenses de
fonctionnement (masse salariale) ainsi que la mise en place de reformes structurelles pour
accélérer la croissance à moyen terme, en vue de créer des emplois durables et réduire les
disparités régionales. Depuis la révolution, l’efficacité de la dépense publique n’est pas
optimale. Les dépenses de fonctionnements continuent d’être privilégiées au détriment de
l’investissement considérées comme une variable d’ajustement généralement sous exécutée
(moins de 75% depuis 2011).
2.4.2 Dans la loi de finances complémentaire (LFC) 2015, le gouvernement tunisien a
déployé des efforts en matière de consolidation budgétaire, à travers un contrôle strict des
dépenses, tout en générant de nouvelles recettes. Face à une baisse des recettes fiscales, la LFC
adoptée en août 2015 a prévu la réduction de 798 millions de TND des dépenses d’équipement
et de 400 millions de TND des subventions indirectes, ce qui contribue à contenir le déficit
budgétaire à 4,8% dans la LFC 2015 contre 4,9% dans la LF 2015. Le Gouvernement table sur
un excédent du solde primaire à partir de 2020.
2.5 Croissance inclusive, situation de la pauvreté
et contexte social 2.5.1 Parmi les défis sociaux majeurs auxquels la
Tunisie est confrontée figurent d’importantes
disparités régionales et sociales, et ce malgré une
baisse de la pauvreté entre 2000 et 2010 (de 32,4%
à 15,5 %). Ces inégalités économiques et sociales
entre les régions5 reflètent un modèle de
développement centralisé utilisant une approche
5 A titre d’illustration, l’indice du savoir développé par les autorités montre que le niveau du savoir est 30 fois plus élevé à
Tunis qu’à Kasserine et la qualité des services de santé est six fois supérieure à Tunis par rapport à Kairouan et 11 fois
Tableau 2 : Montant des investissements privés
par habitant Région 1997-
2001
2002-2006 2007-
2009
Grand Tunis 121 106.6 106.6
Nord est 137.6 161.6 158.6
Centre est 127.6 117.9 113.4
Sud est 109.6 114.9 115.3
Nord-ouest 50.3 47.5 49.9
Centre ouest 49 52 53.6
Centre ouest 50 62.3 63.4
Total 100 100 100
Source : MDICI Aout 2015. Note : Base 100=moyenne
5
sectorielle qui part des objectifs nationaux sans prendre en considération les spécificités des
régions ni chercher à utiliser leurs richesses comme moteur pour leur développement. Cela a
donné lieu à un investissement public et privé inadéquats dans les régions (Tableau 2) et à de
faibles capacités institutionnelles des administrations décentralisées et déconcentrées reflétant,
entre autres, la faiblesse du budget consacré annuellement aux régions (2% du budget central).
Par ailleurs, bien qu’il comporte des incitations fiscales pour les régions prioritaires, le code
d’investissement de 1993 n’a pas réussi à mobiliser le secteur privé vers ces régions par manque
d’un écosystème favorable.
2.5.2 La performance économique actuelle et les déséquilibres macroéconomiques
existants limitent la capacité du pays à faire face au problème du chômage des jeunes.
Malgré une légère baisse du chômage grâce aux recrutements dans la fonction publique, ce
dernier reste élevé, avec un taux moyen de 14,8% en 2014 contre 13% en 2010. Le chômage
reste toujours plus important chez les femmes
(21,1 %) que chez les hommes (12,5%), et il est
particulièrement élevé chez les diplômés de
l’enseignement supérieur (30%) et dans les
régions de l’intérieur (Fig1). Les principales
causes du chômage élevé sont l’inadéquation de
la formation offerte par le système éducatif avec
les besoins du marché, et le faible nombre
d’emplois créés par le secteur privé résultant d’un
cadre institutionnel et financier peu favorable à
l’entrepreneuriat.
2.5.3 Les insuffisances en matière d’inclusion financière limitent les possibilités pour les
couches vulnérables et les populations rurales de lutter contre le chômage et l’exclusion à
travers l’entreprenariat et l’auto-emploi. Le secteur de la microfinance en Tunisie demeure
nettement en dessous de son potentiel, avec uniquement 300 000 emprunteurs actifs, beaucoup
moins que les 950 000 particuliers et environ 245 000 micro et petites entreprises estimés
comme potentiel du secteur par l’étude sur l’inclusion financière publiée en 2013. Le
développement de ce secteur devrait avoir des efforts positifs sur l’emploi, le développement
régional et la promotion de l’entreprenariat féminin (les femmes ont bénéficié de 44,2% des
micro-crédits entre 1999 et mai 2005).
2.5.4 En matière d’équité de genre, le code du statut du personnel de 1956 place la Tunisie
à l’avant-garde du monde arabe au regard de la situation des femmes dans la société.
Toutefois, du point de vue de l’inclusion économique et du capital humain, et en dépit des
efforts fournis, certaines disparités persistent. Au niveau de l’éducation de base, le taux
d’analphabétisme est de 25% chez les filles contre12, 4% pour les garçons en 2014. Par ailleurs,
sur 3,2 millions d’adultes actifs en 2014, moins d’un quart sont des femmes. Les femmes sont
plus nombreuses dans les secteurs marqués par la précarité et le sous-emploi et il existe des
différences significatives dans la rémunération. Néanmoins, la participation de la femme au
pouvoir législatif a connu une nette amélioration. En 2015, plus de 72 femmes siègent à
l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) sur un total de 216 sièges.
2.5.5 Par ailleurs, les disparités hommes-femmes sont encore préoccupantes sur le marché
de l’emploi : avec un taux d’activité d’à peine 25,8% et un taux d’occupation des postes de
responsabilité de 6%, la participation des femmes à la vie professionnelle est encore faible au
supérieure par rapport à Sidi Bouzid. De même, l’accès à l’eau et à l’assainissement, aux routes et à l’énergie est parfois
difficile dans les régions de l’intérieur pour les citoyens.
Sources : INS-2014
0
10
20
30
40
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Figure 01: Evolution du taux de chômage entre 2006 et 2014
Hom.
Fem
Total
Diplômés
6
plan national en 2014. Les femmes demeurent confrontées à des discriminations multiformes
au plan professionnel. Par ailleurs, la moitié des jeunes femmes diplômées, mettent actuellement
beaucoup plus qu’une année pour trouver un premier emploi contre 32% de leurs homologues
masculins6 . Enfin, les secteurs des services (49,4% de participation féminine), des industries
manufacturières (26,4%) et de l’agriculture (16,7%), qui restent les trois secteurs de
concentration de l’emploi féminin sont touchés par la crise que connait le pays. En revanche, si
la politique hardie du pays en matière de genre n’a pas eu d’impact sur l’emploi masculin, il a
un effet certain sur l’éducation des garçons dont la proportion à l’enseignement secondaire et
au supérieur est respectivement de 41,4% et 37,7% en 2014 loin derrière les filles.
III. PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DU GOUVERNEMENT
3.1. Stratégie de développement global du gouvernement et priorités de réforme
3.1.1 La stratégie du 1er gouvernement de la 2eme république, nommé début 2015 a été
détaillée dans une note d’orientation 2016-2020. Dans cette note, le Gouvernement s’engage
à mettre en œuvre les réformes économiques et structurelles nécessaires en vue de renforcer la
compétitivité et de générer une croissance forte, solidaire et créatrice d’emplois. Le programme
s’articule autour de cinq (5) axes : (i) Construire une économie dynamique à forte capacité de
création d’emploi, (ii) Assurer l’inclusion économique et sociale, (iii) Développer une
croissance verte et durable, (iv) Assurer un développement régional complet et compréhensif,
et (v) Garantir les équilibres macroéconomiques (Voir Annexe technique II pour les détails du
programme et priorités du Gouvernement).
3.1.2 La réalisation des objectifs décrits dans la note stratégique dépendra de la capacité
de la Tunisie à mobiliser les ressources nécessaires pour financer les projets
d’investissements et les reformes planifiées, tout en rétablissant les équilibres
macroéconomiques et préservant la sécurité. La capacité de l’administration à conduire ces
chantiers ainsi que la volonté politique et l’existence d’un consens national seront des facteurs
de réussite déterminants. Plusieurs éléments permettent d’être confiant dans la réalisation de
ces facteurs, notamment l’engagement de la communauté internationale à soutenir le pays
(financement des projets et réformes) et la récente attribution du prix Nobel de la Paix au
Quartet tunisien, illustrant la qualité du dialogue et l’aptitude à maintenir un consensus national
malgré le contexte sensible. Plus spécifiquement, le PADRCE permet la mobilisation de
ressources supplémentaires, engage le gouvernement à mobiliser les ressources nécessaires et
participe au maintien de la paix sociale.
3.1.3 Le PADRCE s’inscrit dans le cadre de cette note d’orientation. Il appuie plus
particulièrement les actions du Gouvernement sous l’axe 1, 2 et 4 en faveur d’une économie
dynamique, créatrice d’emploi, garantissant un partage des richesses équitable sur tout le
territoire national. La réforme du système d’assistance sociale, le renforcement du système
éducatif y compris celui de la formation professionnelle, et la réforme du secteur public à travers
la décentralisation sont des piliers d’interventions prioritaires du Gouvernement que le
PADRCE cherche à soutenir.
3.2. Obstacles à la mise en œuvre du programme de développement national
3.2.1 La conduite des réformes économiques et institutionnelles dans un contexte
sécuritaire tendu, de pressions budgétaire et sociale reste un défi pour le Gouvernement. En effet, les tensions sécuritaires et sociales accaparent l’attention du Gouvernement sur des
urgences de court-terme, et relèguent les programmes socio-économiques de réduction de la
pauvreté et des disparités au second plan. En outre, les déficits budgétaires qu’elles engendrent
6 Profil Genre de la Tunisie, Union Européenne, 2014, page 5
7
aggravent la situation économique. Ceci freine la mise en valeur de potentialités dans les
secteurs productifs et dissuade les investisseurs.
3.2.2 Par ailleurs, les dispositifs de protection sociale en faveur des couches vulnérables de la population
affichent d’importantes faiblesses en matière d’efficience et de ciblage. Pour garantir la sécurité alimentaire et
lutter contre la pauvreté, la Tunisie a mis en place depuis l’indépendance des politiques sociales reposant sur des
transferts directs et indirects généralisés (subventions alimentaires et énergétiques). Cependant, des analyses de
l’efficacité des transferts directs ont montré que malgré leurs effets non négligeables sur le taux de pauvreté (sans
transferts, le taux de pauvreté aurait été de 16,4% au lieu de 15,5% en 2010), des erreurs d’identification (d’exclusion
ou d’inclusion) persistent. Seuls 39,1% des ménages pauvres ont bénéficié des aides sociales en 2010. Ainsi 61,9%
des familles pauvres sont exclues de l’assistance sociale.
3.2.3 Le deuxième défi que le Gouvernement doit relever pour un développement inclusif est la définition
d’une vision inclusive de formation du capital humain. En effet, en dépit des investissements importants
consacrés au capital humain, des disparités demeurent et la formulation d’une vision globale et inclusive de
développement des ressources humaines dans un cadre coordonné fait encore défaut. C’est pourquoi, le PADCRE
soutient la mise en place d’un comité permanant de coordination du secteur de l’éducation et de la formation et
contribue à la formulation d’un nouveau modèle de développement basé sur l’économie du savoir.
3.2.4 Enfin, un défi majeur pour le Gouvernement est de relancer l’investissement dans les régions de
l’intérieur, mobiliser le secteur privé et renforcer les capacités d’exécution des administrations régionales. En
attendant que la décentralisation soit effective, le Gouvernement doit s’attaquer à la question des ressources humaines
et à la mise à niveau des administrations régionales en vue de répondre favorablement à la demande des citoyens de
disposer de services publics de qualité.
3.3. Processus de consultation et de participation
3.3.1 Pour garantir une meilleure appropriation des réformes, la mise en place de cadres de concertation et
de participation élargis à tous les citoyens est nécessaire. En effet, le nouveau pacte social « instaure le dialogue
et les concertations comme principe de base au processus de prise de décision et de reformes ». Ainsi, soucieux de
trouver des solutions aux disparités régionales et aux attentes des jeunes, des femmes et des groupes vulnérables, une
note d’orientation stratégique a été préparée sur la base d’une série de consultations nationales et régionales.
3.3.2 Une démarche participative et itérative est également utilisée pour la préparation du plan quinquennal
2016-2020 sur la base de la note d’orientation stratégique, à travers des commissions sectorielles et régionales. Ces
mécanismes associent les ministères et les partenaires sociaux (syndicats et organisation patronales –UGTT et
UTICA en particulier), la société civile les partis politiques (l’opposition), ainsi que des experts internationaux.
3.3.3 Le PADRCE a également fait l’objet de consultations tant au plan interne qu’externe. En effet, le
processus de préparation du programme a été participatif avec notamment l’organisation de discussions thématiques
au sein des ministères concernés en vue de la formulation des mesures. Ces consultations ont été élargies aux
représentants de la société civile et des régions en marge de la journée d’évaluation du DSP intérimaire 2014-2015.
Les enseignements tirés de ces consultations portent sur la nécessité d’améliorer l’accès aux opportunités
économiques et sociales dans les régions et surtout de privilégier des mesures de réformes susceptibles d’avoir un
effet sensible sur la vie des citoyens que sur l’adoption de lois.
IV. L’APPUI EN FAVEUR DE LA STRATÉGIE DU GOUVERNEMENT
4.1. Lien avec la stratégie de la Banque
4.1.1 Le PADRCE s’aligne sur : (i) le pilier Gouvernance du DSP-i 2014-2015 pour la Tunisie axé sur le soutien
aux réformes et au renforcement des capacités ; ainsi que sur (ii) le pilier Infrastructure mettant l’accent sur
l’accélération de l'investissement dans les régions. Le PADRCE est aussi en adéquation avec l’objectif de la
croissance verte et inclusive préconisé par la Stratégie décennale de la Banque (2013-2022) et il contribue
substantiellement à l’opérationnalisation de deux priorités opérationnelles : Technologie/Compétences/qualification
et Gouvernance. Il s’inscrit ainsi dans le cadre de la Stratégie de capital humain 2014-2018 à travers sa composante
2 sur l’amélioration de la qualité de la main d’œuvre. En ligne avec la Stratégie sur la Fragilité, le programme
8
contribue également à l’atténuation des risques d’insécurité et d’exclusion sociale en Tunisie. .Le tableau 3 ci-dessous
met en évidence les liens entre le programme, le DSP et les priorités nationales du pays.
Tableau 3 : Lien entre le PND, le DSP et le PADRCE PND DSP Opération envisagée
Objectif stratégique Objectif stratégique Objectif stratégique
- Renforcement de la compétitivité et générer une croissance forte,
solidaire et créatrice d’emplois.
Favoriser la création d’emplois à forte valeur ajoutée pour les jeunes diplômés et
améliorer l’attractivité économique des
régions
Contribution à la réalisation d’une croissance accélérée et inclusive en Tunisie à travers le
développement régional et la mise en place d’un
environnement propice à la création d’emploi
Priorités Priorités Priorités
- Mise en place d’une économie
dynamique à forte capacité de
création d’emploi, - Inclusion économique et sociale,
- Développement d’une croissance
verte et durable,
- Développement régional
- Equilibres macroéconomiques
- Amélioration de la gouvernance par
l’appui aux réformes et au
renforcement des capacités au niveau national et dans les régions.
- Appui au développement des
infrastructures pour répondre aux
défis majeurs du pays.
- Accélération de la mise en œuvre de
l’investissement public dans les régions et
réduction des disparités d’accès aux services de base
- Soutien au développement des compétences, à
l’amélioration de la qualité de la main d’œuvre
et à l’apaisement du climat social.
4.2. Respect des critères d’éligibilité
4.2.1 La Tunisie remplit les conditions pré requises aussi bien au plan général qu’au plan
technique pour l’utilisation des opérations d’appui budgétaire. La satisfaction des
conditions préalables pour l’ABG est présentée dans l’annexe technique I. En effet, sur le plan
politique, le pays a réussi sa transition et malgré les contraintes, le Gouvernement maintient sa
volonté de conduire les réformes nécessaires à la transformation économique du pays et réduire
les disparités régionales et la pauvreté. Il s’emploie aussi à assurer la stabilité macro-
économique, poursuivre son programme avec le FMI et améliorer les conditions sécuritaires.
Sur le plan technique, le plan quinquennal en préparation est basé sur la réalisation d’un
développement inclusif. Le pays bénéficie de l’appui des partenaires techniques et financiers
(PTF) et démontre une solidité de son système de finances publiques dont le risque fiduciaire
a été jugé modéré. Enfin, le pays s’approprie fortement les différentes interventions des PTF
qui travaillent en coordination.
4.3. Collaboration et coordination avec les autres partenaires
4.3.1 Comme les précédents appuis budgétaires, le PADRCE est mené parallèlement avec
l’UE et elle complète la phase II du programme de la BM. Cette option se justifie par des
contraintes et calendriers internes différents. Néanmoins, des réunions régulières de
concertation et d’échanges sur les problèmes identifiés et les mesures requises ont été menées
entre les trois institutions. En guise de mécanismes unifiés pour la communication les trois
bailleurs se rencontrent périodiquement pour faire le point sur l’avancement des mesures et
partager les informations financières relatives aux appuis budgétaires. Des missions conjointes
de suivis sont également envisagées. Les mesures de réformes soutenues par la BM portent
essentiellement sur la simplification réglementaire avec notamment la réforme du secteur des
télécommunications, la gouvernance des finances et la restructuration des banques publiques.
Par ailleurs, la Banque, la BM et l’UE ont conjointement conduit l’évaluation PEFA de juin
2010 ainsi que celle en cours de réalisation et dont le rapport est attendu en début 2016. La
matrice harmonisée des mesures des trois partenaires est jointe en annexe technique IX.
4.4. Lien avec les autres opérations de la Banque
4.4.1 Le PADRCE s’inscrit en complémentarité des deux appuis budgétaires précédents
(PAGDI et PARDI) dont les rapports d’achèvement ont conclu à la nécessité de
poursuivre les réformes en vue de réduire les inégalités régionales et de créer des emplois.
Les réalisations de ces dernières sont présentées dans l’annexe technique VIII. Le PADRCE a
aussi un lien direct avec le projet de l’autoroute Gabes-Ras Jedir qui désenclave une partie des
régions du sud et favorise le développement des échanges avec la Libye et, avec les projets
routiers V et VI qui facilitent la connexion avec les régions de l’intérieur et aménagent des
9
pistes de production. Il s’inscrit également en cohérence avec les projets PDAI de Gafsa et de
Gabes qui valorisent les potentialités agricoles locales ainsi que ceux des projets sur
l’assainissement et l’alimentation en eau potable. Enfin, le PADRCE dynamise les activités du
projet de ligne de crédit PME Apex Facility destiné aux PME en difficulté en vue de préserver
les emplois. Il complète ainsi le portefeuille souverain de la Banque en Tunisie qui compte 11
opérations pour un montant en cours de 702 millions d’UC (soit 987,3 millions de Dollars). La
performance globale du portefeuille s’est améliorée avec une note de 2,67/3 au 30 juin 2015.
4.4.2 A travers l’institutionnalisation des points focaux genre dans les secteurs et la
mobilisation d’assistances techniques complémentaires, le PADRCE contribue à
l'efficacité des autres programmes financés par la Banque. A cet effet, trois AT seront
envisagées en plus de deux en préparation : (i) appui au pilotage de la stratégie de formation
professionnelle et à l’élaboration de la stratégie d’emploi ; (ii) assistance technique au Ministère
de la femme pour l’autonomisation des femmes ; et (iii) appui aux capacités de mise en œuvre
et suivi des réformes.
4.4.3 Les leçons tirées du PAGDI, du PARDI et des autres opérations en cours ont servi au montage du
PADRCE. Depuis la Révolution de 2011, la Banque a financé deux appuis budgétaires en
soutien à la transition démocratique et à la relance de la croissance en Tunisie. Les rapports
d’achèvement de ces programmes ont conclu à la performance moyenne du pays dans la
conduite des réformes et à l’appropriation des réformes par les autorités. Toutefois, l’élasticité
du calendrier de mise en œuvre des réformes et la succession de quatre gouvernements n’a pas
permis de maximiser les impacts de certaines mesures. A cet effet, une des principales leçons
apprises est la nécessité d’accompagner les appuis budgétaires par des assistances techniques
pour soutenir la capacité d’exécution du pays mais aussi la nécessité de réduire le nombre de
mesures de réformes et s’assurer de leur faisabilité. La liste des leçons apprises et de leur prise
en compte dans le présent programme figure au tableau 4 et à l’annexe complémentaire 1. Une
évaluation ex-post des appuis budgétaires menés avec les autres PTF depuis 2011 est en cours
de réalisation par la Banque.
Tableau 4 : Leçons tirées des opérations antérieures de la Banque Principaux enseignements tirés Mesures prises pour intégrer les leçons dans le programme
La nécessité d’accompagner le gouvernement par
une assistance technique dans le cadre d’un appui
budgétaire.
Le PADRCE a identifié trois assistances techniques pour
accompagner le Gouvernement dans la conduite des réformes
structurelles. qu’il compte entreprendre dans le cadre du plan
quinquennal.
Le coût élevé des transferts sociaux a accru le
déficit budgétaire et l’endettement extérieur de
l’Etat.
Le PADRCE mise sur l’efficience des programmes d’assistance
sociale aux familles nécessiteuses en améliorant la qualité de la
méthodologie du ciblage.
La difficulté de vérification quant au nombre
élevées de mesures et aux indicateurs du cadre
logique se pose pour les indicateurs chiffrés du
programme de courte durée
La durée d’exécution du programme sera d’au moins 12 mois. Par
ailleurs, des indicateurs intermédiaires (qualitatifs) ont été retenus
compte tenu des effets différés de certaines mesures.
Une étroite collaboration avec les autres bailleurs
dans la formulation et la mise en œuvre des
réformes garantit la réussite du programme.
La coordination avec les autres bailleurs de fonds est assurée pour
le PADRCE dont la matrice a été partagée avec l’UE et la BM.
4.5. Travaux analytiques qui sous-tendent l’appui budgétaire
4.5.1 Le processus de préparation du PADRCE a été appuyé par une série de travaux
analytiques menés par la Banque dont : (i) Une nouvelle formule d’allocation budgétaire pour
le développement régional en Tunisie (2014) ; (ii) Accélérer la création d’emploi et la
croissance à travers le développement des MPME dans les pays du partenariat de
Deauville (2013) ; (iii) Diagnostic de croissance pour la Tunisie : vers un nouveau modèle
économique (2013). Spécifiquement pour le programme, la Banque a réalisé deux notes sur le
10
développement régional et la création d’emploi dont les conclusions ont orienté les piliers du
PADRCE. La liste exhaustive de ces études figure à l’annexe technique X.
V. LE PROGRAMME ENVISAGÉ
5.1. But et objectif du programme
5.1.1 Le PADRCE vise à contribuer à la croissance accélérée et inclusive en Tunisie à travers
le développement régional et la mise en place d’un environnement propice à la création
d’emploi. D’importantes mutations économiques et sociales ont été constatées ces quatre dernières
années. En réponse aux attentes des populations, les gouvernements ont pris des mesures qui ont
accentué les déficits budgétaires. Dans ce contexte, pour relever le défi de la croissance inclusive, le
PADRCE cherche à appuyer la mise en œuvre des réformes nécessaires à la transformation
économique du pays. A cet effet, deux objectifs spécifiques sont poursuivis : (i) accélérer la mise en
œuvre de l’investissement public dans les régions et réduire les disparités d’accès aux services publics
et aux systèmes d’assistance sociale ; et (ii) favoriser le développement des compétences,
l’amélioration de la qualité de la main d’œuvre et l’apaisement du climat social.
5.2. Composantes du programme
5.2.1 Les deux piliers d’action retenus dans le cadre de cette opération sont axés sur : (i)
le Développement régional ; et (ii) le Développement des compétences, l’amélioration de
la qualité de la main-d’œuvre et du dialogue social. Le premier pilier contribuera à accélérer
la mise en œuvre de l’investissement public, améliorer la fiscalité locale et enclencher le
processus d’opérationnalisation de la décentralisation en vue de réduire les disparités d’accès
aux services publics.
5.2.2 Le second pilier complète et renforce le premier volet en améliorant la qualité du capital
humain et le dialogue social. Il vise ainsi à accompagner les réformes structurelles du système
éducatif et de la formation à travers notamment l’instauration d’une coordination sectorielle
fonctionnelle, l’amélioration de la gouvernance sectorielle, le renforcement du partenariat avec
le secteur privé, et l’apaisement du climat social.
5.2.3. COMPOSANTE I : DEVELOPPEMENT REGIONAL
5.2.3.1 Sous-composante 1 : Accroitre les capacités d’exécution des collectivités locales en vue d’accélérer la
mise en œuvre de l’investissement public et d’améliorer l’efficacité et la qualité des services publics dans les
régions.
5.2.3.2 Problèmes et contraintes. La baisse du taux de pauvreté au niveau national de 23,3 % à 15,5% entre
2005 et 2010 a peu bénéficié aux régions de l’intérieur et la faiblesse de l’exécution du budget d’investissement
régional reste observée. En effet, les régions de l’intérieur ont vu leur retard par rapport au reste
du pays s’accentuer au cours de la dernière décennie. En dépit de l’accroissement de 20% du
budget d’investissement des régions après la révolution, leurs administrations ont été
confrontées à leur faible absorption en raison des capacités financières, humaines et
institutionnelles limitées. A titre d’exemple 50% du budget d’investissement des régions ont
été réalloués à d’autres postes de dépenses en 2015 et le montant destiné aux programmes
d’investissement (plans quinquennaux sur 5 ans) est en baisse en prix constants depuis 1997.
En outre, en 2014 la part des finances locales dans le budget représentait 3% en Tunisie (en
baisse), contre 10% au Maroc et 20% en Turquie. Cette faiblesse des ressources fiscales a un
impact négatif sur l’accès aux services de base. Enfin la réflexion sur la décentralisation comme
mode de gouvernance de proximité a été amorcée mais son opérationnalisation est lente.
5.2.3.3. Mesures récentes adoptées par le Gouvernement. Le Gouvernement s’emploie à finaliser l’Indice de
développement régional (IDR) qui permet d’apprécier les facteurs clés de développement et de bien être dans
les régions. Cet indice proposé en 2013 se fonde sur des variables liées aux commodités de la vie,
11
aux aspects sociodémographiques, à l’envergure du marché de l’emploi et au capital humain Il
servira d’outil de décision au Gouvernement afin de mieux affecter le budget d’investissement
régional sur la base de critères socio-économiques pertinents. En attendant que le processus
de décentralisation soit pleinement opérationnel, le Gouvernement mise sur le renforcement des
services déconcentrés et sur l’efficacité des Offices de développement régional et du
Commissariat général au développement régional (CGDR) pour relancer l’investissement dans
les régions. Parallèlement, le Ministère de l’Intérieur a élaboré une série de textes juridiques
portant sur l’organisation des élections locales et régionales et sur le fonctionnement des
régions, des municipalités et des collectivités locales.
5.2.3.4.Activités du programme. En réponse aux défis et contraintes identifiées, le programme cible trois
principales thématiques : (i) L’augmentation des revenus fiscaux sur la base d’une fiscalité
partagée et visant à accroitre les capacités en ressources humaines des communes; (ii) la
rationalisation des structures d’appui au développement économique régional afin d’assurer une
meilleure efficacité des ressources publiques ; et ; (iii) l’impulsion du processus de
décentralisation et de rééquilibrage régional sur la base d’une démarche participative. Les
mesures retenues à cet effet sont : (i) la révision du décret 14-28 du 13 juillet 1998 fixant les
taxes locales ; (ii) la mise en place d’un groupe de travail interministériel sur la gouvernance
économique et sociale du développement régional ; (iii) l’adoption par le Conseil des Ministres
de la feuille de route opérationnalisant le processus de décentralisation. Celles-ci incluent le
cadre juridique, les finances locales, le transfert de compétences, le découpage territorial et les
ressources humaines.
5.2.3.5 Résultats escomptés. Les mesures de réformes appuyées par le PADRCE doivent permettre
à moyen terme d’améliorer substantiellement les capacités d’exécution des régions à travers :
(i) l’amélioration du taux d’encadrement du personnel de 11/100 en 2014 à 14/100 en 2017 ;
(ii) l’accroissement du taux d’exécution du budget public d’investissement de 65% en 2014 à
75% en 2016 ; (iii) l’augmentation d’au moins 12% des recettes fiscales; et (iv) un plan de
mise à niveau des régions prenant en compte le diagnostic sur l’endettement des communes.
5.2.4. Sous-composante 2 : Réduire les disparités d’accès à l’assistance sociale et améliorer l’inclusion
économique dans les régions
5.2.4.1 Problèmes et contraintes. La mise en œuvre de politiques de lutte contre les inégalités et les stratégies
de transferts sociaux demeurent un défi important. Au total, plus de 225.000 familles bénéficient d’aides sociales
à travers les programmes d’appui aux familles nécessiteuses. Selon les données de l’INS en 2010, plus de 15% de la
population, soit 1.6 millions de personnes étaient en situation de pauvreté. Ce constat est d’autant plus préoccupant
que la Tunisie a depuis l’indépendance mis en place des politiques de protection sociale basées sur des subventions
et des transferts ciblés vers les ménages pauvres. L’assistance publique avoisinerait selon les données de la
comptabilité nationale 12% du PIB en 2012. Les travaux réalisés par l’INS et le CRES sur financement de la Banque
en 2013 indiquent clairement que cette assistance ne bénéficie que de manière marginale aux couches les plus
pauvres et montrent la nécessité d’améliorer le ciblage de ces programmes d’assistance. Par ailleurs, des projets
structurants doivent être initiés en faveur des régions de l’intérieur en vue de faciliter l’inclusion économique des
citoyens à travers l’auto-entreprenariat et l’accès au micro-financement. En effet, l’existence de deux types
d’opérateurs dans le secteur de la microfinance (Associations de micro crédit (AMC) et société anonyme) a créé un
système à deux vitesses dépourvu d’une vision stratégique claire sur leurs rôles respectifs dans la promotion de
l’emploi ou de la manière dont les AMC devraient se restructurer pour devenir conformes aux dispositions de la loi
de 2011 et jouer pleinement leurs rôles dans l’assistance aux couches les plus vulnérables.
5.2.4.2. Sur le plan des indicateurs de développement humain en particulier pour la santé, l’éducation et le
cadre de vie, des disparités importantes persistent. En effet, les régions de l’intérieur continuent à enregistrer les
taux les plus faibles en terme de pourcentage de nouveaux élèves inscrits en 1ère année du 1er cycle de
l’enseignement de base et ayant suivi l’année préparatoire (Kasserine 44,2%, Kairouan 54,6%, Sidi Bouzid 64,7%
12
et Siliana 67,7%). L’analyse de ces données fait apparaître un écart entre les régions (Tunis 96,.8% et Kasserine
44,2%,) traduisant ainsi l’iniquité dans l’accès à l’éducation préscolaire et de façon générale aux services de
développement de la petite enfance, facteur de différenciation important dans la réussite future de la scolarité des
enfants. Ainsi, le taux des enfants bénéficiant d'une éducation est d’environ 25% alors qu'il atteint près de 90% dans
les pays industriellement développés. Le taux de scolarisation de la tranche d’âge 12-18 ans cache également des
disparités très significatives entre les régions (Kairouan 66,5% et Ben Arous 92%) et entre les deux sexes. Ces
inégalités se reflètent aussi dans la participation au marché du travail7 (cf. point 2.5.5) et dans l’accès aux services
d’inclusion économique. Ces disparités s’expliquent en partie par l’absence de programmes d’investissement
structurants axés sur la promotion de la qualité des services publics dans les régions et par les faibles capacités
d’exécution. S’y ajoute, la faible prise en compte de la dimension genre dans les plans de développement.
5.2.4.3 Mesures récentes adoptées. .Le Gouvernement a lancé un vaste chantier pour améliorer l’efficience des
programmes de protection sociale et le ciblage des bénéficiaires. Les travaux sur la mise en place d’un identifiant
unique et d’un système d’information consolidé des bénéficiaires de l’assistance sociale et des caisses de retraites sont
très avancés et devraient aboutir en 2016. La question de la réorientation des subventions sur la base d’un ciblage
géographique est également à l’étude. De même, à travers la révision des procédures de passation de marché, le
Gouvernement a renforcé la responsabilisation des acteurs locaux dans la gestion de la commande publique. Ces
actions combinées aux efforts entrepris pour moderniser les prestations au niveau des secteurs sociaux et la mise en
œuvre de la décentralisation devraient permettre à termes d’assurer des prestations de qualité sur une base équitable.
5.2.4.4 Activités du programme. Le PADRCE prévoit quatre mesures d’action au titre de cette sous-
composante. Il s’agit de : (i) la soumission par le CRES du rapport des nouveaux critères et méthodologies de
sélection des bénéficiaires des programmes d’assistance sociale; (ii) l’adoption du décret institutionnalisant les points
focaux genre dans les différents Ministères; (iii) l’élaboration et l’adoption d’un plan de mise à niveau des services
des commissariats régionaux en charge de la petite enfance ; et (iv) l’élaboration et la validation du plan d’action pour
la mise en place de la stratégie de restructuration des associations de micro-crédit (AMC).
5.2.4.5 Résultats escomptés. Les mesures proposées devraient permettre un meilleur ciblage des populations
bénéficiaires des programmes d’assistance sociale. La réduction du taux d’inclusion absolu actuel de 12.5%
devrait passer à 5% ainsi que celle du taux exclusion absolu actuel de 8,5% à 3%. Elles contribueront aussi à
l’intégration de la dimension genre dans les programmes d’investissement régionaux et sectoriels et à l’amélioration
des conditions de la vie de la femme dans les régions. De même, la restructuration des AMC devrait permettre de
dynamiser l’auto-emploi dans les régions avec un potentiel de 75,000 emplois attendus. En utilisant le pourcentage
historique de crédits aux femmes (44,2%), la restructuration des AMC devrait générer à moyen terme 33.000
emplois féminins tout en favorisant l’inclusion économique et financière des femmes. Enfin, le renforcement des
structures en charge de la petite enfance dans les régions permettra d’accroitre de 10% à 30% à l’horizon 2020 la part
du public et du communautaire dans la gestion de la petite enfance. Ceci allégera d’autant les femmes et contribuera
à assurer à leurs enfants une scolarité plus épanouie.
5.2.5. COMPOSANTE II : Développement des compétences, amélioration de la qualité de la main-
d’œuvre et du dialogue social
5.2.5.1 Sous-composante 2.1 : Améliorer la coordination sectorielle, le dialogue social et le partenariat avec le
secteur privé pour une meilleure employabilité des diplômés
5.2.5.2 Problèmes et contraintes. La baisse du niveau des élèves et des étudiants est un phénomène récurrent
du système éducatif et de formation en Tunisie. Parmi les causes qui sont à l’origine du déphasage à la fois
qualitatif et quantitatif entre le profil des diplômés et les besoins en main-d’œuvre qualifiée des entreprises figure le
déficit de communication entre le système éducatif et le milieu professionnel. De plus, le manque de formation et de
préparation des tuteurs et l’absence de cadre réglementaire régissant la relation branche professionnelle, université et
7 Début de 2013, le taux de chômage moyen était ainsi de 23,4% dans le Sud-Ouest contre 12,5% dans la région
Nord Est.
13
centre de formation professionnelle limitent les perspectives du partenariat. Dans le cadre de la FP, les modèles de
tutorat et d’encadrement dans l’entreprise satisfont peu aux besoins différentiés des stagiaires. Ainsi, les études
récentes réalisées8 par la Banque conduisent à deux conclusions majeures : (i) le rétablissement d’une relation
positive entre éducation et emploi demeure indispensable pour la qualité de l’éducation ; et (ii) la création d’un
environnement institutionnel propice au développement du secteur privé et à son implication accrue dans les
dispositifs de formation sont nécessaires pour absorber l’offre croissante de demandeurs d’emploi diplômés.
5.2.5.3 Mesures récentes adoptées par le Gouvernement. Durant les deux dernières années de la transition, le
Gouvernement s’est employé à élaborer des stratégies sectorielles pour le développement des ressources
humaines. Celles-ci sont élaborées par des commissions ministérielles internes élargies à des représentants des autres
sous-secteurs sans coordination entre les trois (3) ministères en charge de l’éducation et de la formation. Par ailleurs,
il est noté une absence de vision commune quant à la formation des ressources humaines à l’échelle nationale avec
un continuum du préscolaire à l’université. La stratégie de la formation professionnelle et celle de l’enseignement
supérieur en cours de finalisation préconisent un positionnement stratégique du secteur privé dans les mécanismes
de gouvernance sectorielle en vue de relever les défis de l’employabilité. Il en est de même, du texte du contrat social,
adopté en 2013 qui préconise l’institutionnalisation du dialogue social avec un accent particulier sur la coordination
entre le système de formation et les politiques de l’emploi que soutient la présente opération.
5.2.5.4 Activités du programme. Le programme favorisera la mise en place d’une coordination sectorielle, une
implication accrue des branches professionnelles dans le système de formation et le renforcement du
dialogue sociale. A cet égard, le PADRCE envisage les mesures de réformes suivantes : (i) la création et
l’institutionnalisation du Comité national de coordination stratégique de l’éducation, de la formation professionnelle
et de l’enseignement supérieur ; (ii) la signature d’un accord tripartite entre le MFPE et deux branches
professionnelles sur la durée du programme ; et (iii) la validation par le Conseil des Ministres (CIM) du projet de loi
portant création du Conseil national du dialogue social.
5.2.5.5 Résultats escomptés. A moyen terme les réformes entreprises permettront d’institutionnaliser le
partenariat avec les branches professionnelles et de contribuer à la réduction du taux de chômage (y compris
celui des femmes). L’objectif visé est de baisser le taux de chômage de 15,2% en 2014 à 14% en 2017 et d’accroitre
le taux d’emploi des diplômés de l’enseignement supérieur de 68,6% en 2014 à 70% en 2017. La généralisation de
la contractualisation avec les branches professionnelles contribuera à améliorer la pertinence des programmes de
formation tout en assurant une veille sectorielle sur leurs besoins en compétences. De plus, l’opérationnalisation de la
coordination sectorielle induira une révision partagée des curricula et la réforme de l’orientation scolaire qui
demeurent incontournables pour préparer les jeunes à des parcours professionnels plus adaptés au marché du travail.
5.2.6. Sous-composante 2.2 : Favoriser une meilleure gouvernance et une plus grande efficacité des institutions
et mécanismes d’appui à l’employabilité et à l’emploi
5.2.6.1 Problèmes et contraintes. Le manque d’autonomie de gestion constitue un handicap important pour
les universités et les centres de formation professionnelle en les empêchant d’innover, de former des
entrepreneurs et de répondre à la problématique de l’employabilité. Dans la carte de positionnement des
universités en matière de gouvernance au sein de la région Afrique du Nord et Moyen Orient (MENA) en 2012, la
Tunisie obtient des scores relativement élevés concernant la mission de l’université (3,9) et le management (3,2). En
revanche, les scores les moins performants concernent l’autonomie (2,5), la responsabilisation (2,3) et la participation
(1). S’y ajoute le déploiement actuel de la carte universitaire qui répond plus à des considérations politiques qu’à une
réelle demande de l’économie et des communautés d’accueil. Ces facteurs combinés au manque d’autonomie des
universités freinent toute velléité d’innovation et de développement des capacités internes des universités à répondre
favorablement aux exigences du marché de l’emploi. Il est ainsi urgent pour le pays d’entreprendre la réforme sur
l’autonomie des universités et des centres de formation professionnelle en leur conférant un statut d’établissement
public à caractère scientifique apportant plus de flexibilité à la fois pédagogique et financière.
8 Vers un nouveau modèle économique pour la Tunisie : contraintes majeures à une croissance généralisée, 2013
14
5.2.6.2 Par ailleurs, les politiques actives d’emploi ont eu un impact faible sur la création d’emploi En effet,
le diagnostic de la situation de l’emploi et du marché du travail en Tunisie révèle en plus de problèmes d’adéquation
formation emploi, un chômage de longue durée pour les primo-demandeurs ainsi que des discriminations sur le
marché du travail particulièrement à l’encontre des femmes. Pour réussir le pari de la croissance inclusive, la création
d’emplois pour les jeunes et les femmes dans les régions s’avère nécessaire. Le plan quinquennal 2016-2020 en
cours de préparation devra tracer une vision claire et fixer les orientations majeures en termes de stratégies de création
d’emploi dans les secteurs porteurs et à haute valeur ajoutée.
5.2.6.3 Les sortants du système éducatif restent faiblement dotés en compétences critiques dans le domaine
de l’entreprenariat. La faible intégration de l’entreprenariat dès les premiers cycles de formation du citoyen et la
nécessité d’opérer une rupture dans la culture d’un emploi stable dans le secteur public, fortement ancrée chez les
jeunes, constituent deux défis majeurs. Une enquête récente de l’ITCEQ indique que ‘’le faible niveau de capital
humain et social demeure un facteur bloquant pour 79% des chefs d’entreprise en Tunisie’’ dans le
développement de leur plan d’affaires. Il apparait urgent de promouvoir la culture de l’entreprenariat chez les
jeunes à travers un positionnement dans les curricula scolaires des aptitudes et attitudes entrepreneuriales et un
encadrement beaucoup plus rapproché (mentoring) particulièrement au profit des porteurs de projets dans les
régions.. Ces actions doivent être complétées par un accès facilité des TMPE aux services financiers de proximité
et aux marchés lancés dans le cadre de la commande publique dans les régions.
5.2.6.4 Mesures récentes adoptées par le Gouvernement. Le Ministère de l’enseignement supérieur a
élaboré en juillet 2014 un plan d’action de la réforme de l’enseignement supérieur qui est en cours de
finalisation. De même, l’Instance nationale d’évaluation, d’accréditation et d’assurance qualité de l’enseignement
supérieur (mesure soutenue par la Banque dans le cadre du PAGDI en 2012) est opérationnelle et évalue les
dossiers de candidature des universités aspirant au statut d’EPST. Sur le plan de l’emploi, le Gouvernement œuvre
actuellement à la stabilisation du cadre macro-économique et à la mise en place d’un cadre réglementaire propice
à l’investissement dans les régions. Il devient donc urgent de préparer une stratégie d’emploi axée sur les créneaux
porteurs régionaux et priorisant l’auto-emploi.
5.2.6.5 Activités du programme. Le PADRCE envisage les mesures suivantes: (i) l’adoption d’un plan
d’action sur l’autonomie des universités avec le passage d’au moins une université au statut d’EPST en 2015 ; (ii)
la mise en place d’une commission chargée d’élaborer la politique d’emploi tenant compte des orientations
stratégiques du plan de développement quinquennal et favorisant l’emploi des diplômés ; (iii) l’adoption des
projets de textes portant sur la réorganisation de l’Agence tunisienne de formation professionnelle
(ATFP), du Centre national de formation de formateurs et de l’ingénierie de formation (CENAFIF), de l’Agence
nationale de l'emploi et du travail indépendant (ANETI), du Centre national de formation continue et de
la promotion professionnelle (CNFCPP) et du Ministère de la formation professionnelle et de l’emploi, et ce afin
d’améliorer l’efficience de l’action et de la dépense publique. Le MFPE mettra également sur pied un groupe de
travail pour l’élaboration d’une vision sur l’autonomie des centres de formation professionnelle. En complément
de ces mesures, le PADRCE soutiendra le développement et la mise en place, sur une base pilote, d’un programme
type de formation en entreprenariat faisant intervenir des professionnels.
5.2.6.6 Résultats escomptés. La stratégie de l’emploi permettra de s’orienter vers une politique efficace
débouchant sur la mise en place d’un cadre institutionnel approprié et propice à la création d’emplois
dans le secteur formel tout en impulsant l’auto-emploi chez les jeunes et les femmes. Articulée au plan
quinquennal, elle devra apporter des réponses efficaces à la demande de qualification (surtout intermédiaire) par
le secteur productif notamment dans les régions de l’intérieur. Cette approche devrait permettre: (i) de réduire la
proportion de jeunes sans qualification de 18% en 2014 à 15% en 2018 ; (ii) d’augmenter le taux d’encadrement
des chercheurs d’emploi par l’ANETI de 1/700 chercheurs d’emploi 2013 à 1/550 en 2017 ; (iii) de porter le taux
d’emploi des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur à 70% à l’horizon 2017 et; (iv) de disposer d’un
modèle stabilisé de promotion de la culture entrepreneuriale au sein du système éducatif.
15
5.2.7 Dialogue sur les politiques
5.2.7.1 En dépit de l’absence d’un programme d’appui budgétaire en 2013 et 2014, la Banque a maintenu
un dialogue continu sur les politiques avec les autorités tunisiennes sur les axes de réformes stratégiques
en lien avec le DSP et les programmes successifs du Gouvernement. Les thématiques abordées ont
porté sur trois volets : (i) les réformes structurelles du secteur de l’éducation et de la formation ;
(ii) le développement régional et la gouvernance locale ; et (iii) le secteur privé comme moteur
de la croissance inclusive. Le dialogue sur le premier volet a été directement mené par la Banque
avec les départements sectoriels en charge du capital humain et les questions liées à la qualité
et à l’équité de l’éducation, l’autonomie des universités et centre de formation professionnelle
et l’implication du secteur privé dans les dispositifs de formation ont été priorisées. S’agissant
des deux autres volets, le dialogue politique avec le Gouvernement a été conduit conjointement
avec les autres partenaires techniques et financiers - Groupe de soutien budgétaire (GSB) - en
particulier la BM et l’UE dans le cadre des programmes d’appui à la relance.
5.2.7.2 Le dialogue dans le cadre du PADRCE se focalisera sur la consolidation du cadrage macro-
économique, la coordination intersectorielle, les transferts aux régions et l’emploi. Pour assurer une
croissance suffisamment créatrice d’emplois, le Gouvernement devra asseoir une stabilité
macro-économique et mettre en place un cadre réglementaire incitatif pour l’investissement
privé tout en continuant sa politique de désenclavement des régions de l’intérieur. La Banque
privilégiera ainsi dans le dialogue les questions de décentralisation en lien avec les réformes
fiscales et la mise à niveau des administrations locales ; l’amélioration des services sociaux et
la coordination pour une meilleure harmonisation des stratégies sectorielles. A cet effet, deux
assistances techniques seront instruites notamment en appui aux créneaux porteurs, à la
stratégie industrielle et d’innovation tandis que d’autre seront envisagées en soutien au
développement des compétences, au suivi des réformes et à l’autonomisation des femmes.
5.3. Conditions relatives au prêt
5.3.1. Mesures préalables
Les missions d’instruction du programme et le dialogue politique avec le Gouvernement ont
permis d’identifier les mesures suivantes positionnées au titre d’action préalables à la
soumission du PADRCE au Conseil. Ces mesures ont été retenues compte tenu de leur degré
de maturité, du dialogue approfondi dont elles ont fait l’objet mais également de leur impact
potentiel sur les résultats du programme à moyen et long terme. Le tableau 5 ci-dessous
récapitule les huit mesures clés préalables à la présentation du PADRCE au conseil. Ces
mesures ont été toutes satisfaites. Tableau 5 : Mesures préalables
Mesures préalables
Composante 1. Pilier I : Développement régional
Mesure 1 Soumission au conseil des ministres du décret 14-28 révisé fixant les taxes locales
Mesure 2 Mise en place du groupe de travail interministériel sur la gouvernance économique et sociale du
développement régional
Mesure 3 Adoption par le Conseil des Ministres de la feuille de route de la Décentralisation
Mesure 4 Transmission au Chef du Gouvernement du projet de Décret institutionnalisant les points focaux
genre dans les Ministères
Mesure 5 Signature d’une convention de partenariat entre la HAICOP et le CFAD pour le renforcement
des capacités en passation de marchés publics du personnel élu et administratif régional.
Composante 2. Pilier II : Développement des compétences et amélioration de la qualité de la main
d’œuvre et du dialogue social
Mesure 6 Mise en place du Comité national de coordination stratégique de l’éducation, de la formation
professionnelle et de l’enseignement supérieur
16
Mesure 7 Adoption d’un plan d’action sur l’autonomie des universités avec le passage d’au moins une
université au statut d’EPST en 2015
Mesure 8 Adoption par le Conseil des Ministres du projet de loi portant création du Conseil national du
dialogue social
5.4. Application des principes de bonne pratique en matière de conditionnalité
5.4.1. Le PADRCE répond aux critères de bonnes pratiques en matière de conditionnalité relatives aux
appuis budgétaires : (i) une bonne appropriation par le Gouvernement dont les experts ont été
étroitement associés au montage; (ii) une coordination continue avec les autres bailleurs de
fonds (BM et EU) avec lesquels des synergies ont été développées; (iii) l’alignement du
PADRCE sur les priorités nationales (en réponse à la requête du Gouvernement) et sur les axes
du Plan quinquennal 2016-2020 en cours de préparation ; (iv) la sélectivité et la parcimonie
dans la définition du nombre de conditions clés de décaissement ; et (v) l’alignement de l’appui
de la Banque au cycle budgétaire de la Tunisie correspondant à l’année fiscale.
5.5. Besoins et mécanismes de financement
5.5.1 La Loi de finance complémentaire (LFC) 2015 fait état d’un besoin de financement
additionnel de 6,8 milliards de TND soit 3,5 milliards de Dollars EU. Ce besoin de financement
sera couvert à 80% par des emprunts extérieurs auprès des bailleurs multilatéraux et bilatéraux.
La contribution de la Banque représente 5,71%.
Tableau 6 : Besoins de financement et sources pour 2015 (million TND) LF 2015 Mai 2015 LFC 2015 Difference
Total Emprunts 7,405 3,019 6,748 -657
Emprunts Intérieurs 3,000 654 1,116 -1,884
Emprunts Extérieurs 4,405 2,365 5,632 1,227
Appui Budgétaire 2,520 297 3,176 656
- BM 900 (500million USD) 1092 (560 million USD) 193
- BAD 360 (200 million USD) 390 (200 million USD) 30
- FMI 792 (440 million USD) 982 (503.5 million USD) 190
- UE 468 (200 million euro) 216 436 (200 million euro) -32
- FMA 81 81 (42 million USD) 81
- Algérie 195 (100 million USD) 195
- Marché Financier 796 (442 million USD) 1,892 1892 (1 billion USD) 1,097
- Pr.Ext. Projets Etat
et rétrocédés
565 (314 million USD) 176 564 (2920 million USD)
-Sukuk 525 (291 million USD) -525
Source : Loi de finance complémentaire 2015, juillet 2015
VI. MISE EN OEUVRE DE L’OPÉRATION
6.1. Bénéficiaires du programme
Les bénéficiaires des impacts directs du PADRCE sont : (i) les habitants des régions de
l’intérieur du pays, (ii) les 58000 diplômés annuel de l’enseignement supérieur dont 66% de
filles et porteurs de projets issus de la formation professionnelle, (iii) les 108000 jeunes sans
qualification ni activités dont 83% sont des femmes (BIT, 2013) ; et (vi) les femmes
bénéficiaires de micro-crédit ainsi que les 235000 familles bénéficiaires de l’assistance sociale.
Les bénéficiaires indirects sont constitués des 11000 PME et des investisseurs nationaux et
étrangers qui profiteront de l’amélioration du climat des affaires et de la qualité de la main-
d’œuvre ainsi que des branches professionnelles qui signeront des conventions de partenariat
avec la Formation professionnelle .
6.2. Impact attendu sur le genre, les pauvres et les groupes vulnérables
6.2.1 En promouvant une meilleure prise en charge de la dimension genre et de l’égalité
des chances dans le processus de programmation le PADRCE aura un impact direct sur
l’accès des femmes et des groupes vulnérables à des services sociaux de qualité. En effet,
l’accroissement des revenus fiscaux au niveau des régions et l’application d‘un dispositif
équitable de partage des recettes devrait permettre aux populations pauvres des régions en
17
particulier les femmes et les jeunes d’accéder à des services améliorés en matière de santé,
d’éducation et de protection sociale. En ligne avec l’autonomisation des femmes, la
restructuration des AMC devrait permettre de générer à moyen terme 33.000 emplois féminins
et 235.000 familles vulnérables devraient bénéficier d’une assistance sociale mieux ciblée. Sur
le plan du développement des compétences, le programme devrait à terme favoriser l’insertion
socio-économique des femmes à travers l’auto-entreprenariat tandis que la stratégie d’emploi
permettra de mieux positionner les femmes sur le marché de l’emploi et d’asseoir l’intégration
de politiques favorables à l’emploi féminin dans les stratégies sectorielles et le plan de
développement.
6.2.2 Par ailleurs, la désignation de points focaux genre dans les ministères sectoriels et
leur participation dans le processus de la décentralisation permettront de réduire les
inégalités de genre. Un accent particulier sera mis sur l’égalité entre les sexes et les impacts
prévus dans le cadre des travaux d’analyse sur l’autonomisation de femmes, sur la stratégie
d’emploi et sur la participation des femme au marché du travail.
6.3. Impact sur l’environnement et le changement climatique
6.3.1 Sur le plan du changement climatique, le PADRCE n’est pas éligible au système de
sauvegardes climatiques de la BAD. Le programme tel que structuré n’a pas d’impacts
environnementaux et sociaux potentiels exigeant des études de sauvegarde subséquente.
De ce fait, le PADRCE a été classé en catégorie 3 conformément aux procédures
environnementales et sociales de la Banque. Toutefois, l’équipe de préparation suivra de près
avec les autorités les défis potentiels et opportunités liés au changement climatique qui
pourraient découler des mesures de réforme tant sur le développement régional que sur l’axe de
développement des compétences.
6.4. Impact dans d’autres domaines
6.4.1 Le programme aura à moyen terme un impact important sur l’amélioration de la
gouvernance, le développement des compétences et l’émergence du secteur privé dans les
régions. La conduite des réformes structurelles du système éducatif permettra d’améliorer
l’employabilité des diplômés et renforcera l’investissement privé dans le pays. De même,
l’appui au développement régional débouchera à moyen terme sur un accès inclusif aux services
publics dans toutes les régions.
6.5. Mise en œuvre, suivi et évaluation
6.5.1 A l’instar des deux programmes d’appui budgétaires précédents, le Ministère du
développement, de l’investissement et de la coopération internationale (MDICI) sera
l’agence d’exécution du PADRCE. A ce titre, une unité opérationnelle composée de trois (3)
agents placés sous la responsabilité du Directeur de la Coopération régionale sera chargée de la
gestion quotidienne du programme. Cette équipe sera appuyée par des points focaux chargés
du suivi régulier des mesures de réforme au sein de chaque ministère sectoriel. Le MDICI a
déjà géré avec succès les appuis budgétaires précédents dans le cadre du PAR. Toutefois, sa
capacité de suivi des réformes demande à être renforcée. Les départements les plus impliqués
sont : le MIN, le ME, Le MFPE, le MESRS, le MFFE, et le MEF. Au niveau du Gouvernement,
en collaboration avec le Ministère des finances, le MDICI assurera la coordination en interne
du PADRCE ainsi que l’harmonisation avec les interventions des autres partenaires.
6.5.2 Le suivi-évaluation du programme sera assuré par le MDICI qui se chargera de
collecter et de consolider l’ensemble des données émanant des départements sectoriels et
produira les rapports semestriels d’avancement. Ce dispositif permettra l’élaboration de
tableaux de bord et de rapports semestriels renseignant l’avancement des réformes. Les
missions de supervision seront organisées chaque semestre avec l’UE pour faire le point sur les
indicateurs de performance. Le Département régional à Tunis assurera un suivi continu de la
18
mise en œuvre des réformes du programme et maintiendra un dialogue politique rapproché avec
les ministères concernés. Les principaux outils de suivi utilisés à cet effet, sont constitués de
la matrice de réforme du PADRCE, de la matrice harmonisée avec les autres bailleurs et les
outils de suivi du cadre macro-économique. La Banque continuera à participer activement au
groupe de soutien budgétaire avec l’UE et la BM, et préparera un rapport d’achèvement à la
clôture de l’opération.
6.6. Gestion financière et décaissement
6.6.1. Evaluation du risque fiduciaire
6.6.1.1 L’Évaluation du risque fiduciaire de la Tunisie conduite dans le cadre du DSP
intérimaire 2014-2015 a conclu à un niveau de risque modéré, sur la base des plus récents
diagnostics sur la gestion des finances publiques (PEFA de 2010, scan d’intégrité de l’OCDE
d’octobre 2013). Une mise à jour de certains aspects du risque fiduciaire a été effectuée lors de
la mission d’évaluation du PADRCE. Il en ressort que le système de gestion des finances
publiques tunisien permet une préparation et une exécution acceptables du budget annuel et
présente un dispositif adéquat de contrôle interne et de vérification des dépenses. Néanmoins
des axes d’intervention prioritaires subsistent : (i) la planification budgétaire pluriannuelle; (ii)
la classification fonctionnelle du budget; (iii) la rationalisation des organes de contrôle interne;
(iv) la modernisation du système comptable et sa convergence vers les normes internationales;
(v) l’amélioration des délais de reddition des comptes; et (vi) le renforcement du contrôle
externe.
6.6.1.2 Dans ce cadre, la Tunisie a engagé des réformes profondes de la gestion de ses
finances publiques dont : (i) le programme ambitieux à moyen terme de la Gestion Budgétaire
par Objectifs (GBO) devant conduire à l’adoption en 2016 d’une nouvelle Loi Organique du
Budget incluant la nouvelle nomenclature budgétaire, à la simplification effective du contrôle
a priori et le renforcement du contrôle a posteriori ; (ii) la réforme de la comptabilité publique
devrait aboutir à moyen terme à la mise en place d’une comptabilité à partie double et à
l’opérationnalisation du Comité National des Normes Publiques. Ces réformes incluent aussi :
(iii) l’élargissement du statut et du rôle de la Cour des Comptes par la Constitution de janvier
2014 qui a autorisé la publication de ses rapports annuels dans leur intégralité ; (iv) le
renforcement de la transparence de la gestion budgétaire avec notamment la publication d’un
budget citoyen à partir de 2014. Afin de compléter ces réformes, le pays devrait aussi mieux
intégrer ses systèmes budgétaires et comptables et respecter le délai légal de production des
comptes. Une attention particulière devra être accordée à la vérification externe juridictionnelle,
via la mise en place de séances dédiées à la revue des rapports de la Cour des Comptes par
l’ARP.
6.6.2. Mécanismes de gestion financière et de décaissement
6.6.2.1 Du fait de la nature de l’opération (appui budgétaire général), l’utilisation des
ressources financières sera soumise à la réglementation nationale des finances publiques
y compris le système de passation des marchés. Le circuit de la dépense publique sera utilisé
dans son entièreté et les règles de contrôle internes y afférentes seront appliquées. Cet appui
budgétaire contribuera, de par le décaissement de sa tranche unique en 2015, au financement
du déficit budgétaire 2015 évalué à 4,8% du PIB dans la LFC. Les ressources du présent appui
budgétaire ont déjà été inscrites dans la Loi de finances initiale et confirmées dans la LFC,
adoptée en août 2015.
6.6.2.2 Le prêt de 183 millions d’Euros sera décaissé en une tranche unique sous réserve de
la satisfaction par l’Emprunteur des conditions générales et spécifiques de l’opération (Cf. §
5.3.3, 7.1 et 7.2). A la demande de l’Emprunteur, les fonds du prêt en devises seront versés dans un
compte spécial ouvert à la Banque centrale de Tunisie (BCT). L’Emprunteur devra s’assurer qu’une
19
fois que le dépôt est effectué sur ledit compte, l’équivalent des fonds en monnaie locale sera
transféré au Compte Courant du Trésor. Le Ministère des Finances fournira à la Banque dans un
délai de 30 jours après le décaissement, une lettre de confirmation de ce transfert indiquant que le
montant total du prêt a été reçu, converti et reversé dans le compte courant du Trésor, accompagné
des avis d’opérations.
6.6.2.3 Etant donné le niveau modéré du risque fiduciaire global, ce programme fera l’objet
d’une supervision semestrielle. Les rapports mensuels d’exécution budgétaire disponibles sur le
site du ministère des finances sous le nom ‘’Rapports provisoires d’exécution du budget de l’Etat’’
seront consultés. Par ailleurs, (i) la loi de règlement liée à l’exécution de la Loi de Finances et (ii)
le rapport de la Cour des comptes y afférent pour l’année 2015seront consultés par la Banque au
titre du suivi du programme.
6.6.2.4 L’audit interne du PADRCE s’appuiera sur le dispositif national de vérification
interne a posteriori exercé par le Contrôle général des finances (CGF). Celui-ci réalisera
un audit spécifique portant sur les flux financiers et un audit sur la performance dans la
réalisation des mesures. Le délai de soumission du rapport spécifique d’audit des flux et de la
performance par le CGF à la Banque sera de six mois à compter de la clôture du Programme.
6.6.3. Acquisitions
Le nouveau système des marchés publics en vigueur depuis le 1er Juin 2014 apporte une réponse
positive à la majorité des faiblesses et des préoccupations identifiées par différentes évaluations
du système précédent et s’avère conforme aux exigences internationales. La Banque a, en avril
2015, procédé à une évaluation sommaire du nouveau système de passation des marchés en se
basant sur les principales conclusions de l’évaluation faite en 2012. Cette évaluation sommaire
a conclu à un niveau de risque faible pour le volet passation des marchés tout en identifiant
quelques actions résiduelles d’amélioration décrites en annexe. Par conséquent, l’utilisation du
système national des marchés publics offre suffisamment de garanties pour que les ressources
du prêt objet du PADRCE soient utilisées de manière transparente, économique et efficace.
VII. DOCUMENTATION ET AUTORITÉ JURIDIQUES
7.1. Documentation juridique
7.1.1. La Banque (BAD) conclura un accord de prêt avec la République tunisienne aux
fins de l’exécution du PADRCE pour un montant de 144,1 millions d’UC soit 183 millions
d’Euros.
7.1.2. Conditions préalables d’entrée en vigueur du prêt : L’entrée en vigueur du prêt sera
subordonnée à la satisfaction des conditions stipulées à la section 12.01 des Conditions
générales applicables aux Accords de prêt.
7.2. Conditions liées à l’intervention de la Banque
7.2.1 Conditions préalables à la présentation du PADRCE au Conseil : Il a été décidé d’un
commun accord avec le Gouvernement au moment de l’instruction du programme, de réaliser
les mesures préalables indiquées au point 5.3.3 (tableau 5) avant la présentation du programme
au Conseil d’Administration de la Banque.
7.2.2 Conditions préalables au décaissement .Le décaissement de la tranche unique du prêt,
d’un montant de 183 millions d’Euros, sera subordonné à la satisfaction des deux conditions ci-
dessous :
Transmission à la Banque des preuves de l’existence d’un compte du Trésor ouvert à
Banque Centrale de Tunisie acceptable par la Banque et destiné à recevoir les ressources
du prêt ;
20
Transmission à la Banque de la preuve de la mise en place au sein du MDICI d’un
dispositif de suivi des réformes soutenues dans le cadre des appuis budgétaires.
7.3. Respect des politiques du Groupe de la Banque
7.3.1 Le PADRCE a été préparé conformément aux directives du Groupe de la Banque
en particulier : (i) les Directives relatives aux opérations d’appui programmatique aux
réformes (2012) ; (ii) les Directives relatives à la flexibilité et tarification des produits financiers
en faveur des PRI (2009). Aucune exception n’est demandée par rapport à ces Directives dans
la présente proposition.
VIII. GESTION DES RISQUES
8.1 Deux risques majeurs pourraient affecter la qualité des résultats du projet et leur
impact potentiel sur les groupes sociaux : (i) l’aggravation du déficit budgétaire et (ii) la
recrudescence des tensions sécuritaires. A ceux-là s’ajoutent trois risques relativement
modérés notamment (i) l’escalade des revendications syndicales et sociales ; (ii) le faible niveau
de coordination entre les départements sectoriels en charge du développement des ressources
humaines ainsi que (iii) la difficulté à conduire à terme toutes les réformes nécessaires.
8.2 Le PADRCE intègre des mesures de réforme porteuses dont la réalisation
contribuerait à atténuer substantiellement une partie des risques identifiés. En effet, en
promouvant la poursuite du programme du FMI axé sur la stabilité macro-économique et la
conduite de réformes en faveur de l’efficacité de la dépense publique dans les secteurs sociaux,
le PADRCE participe à la maîtrise du déficit budgétaire. De même, le renforcement du
dispositif de lutte contre le terrorisme et l’accélération de la mise en œuvre de réformes et des
programmes visant la création d’emploi améliorée, participent à l’apaisement des tensions
sécuritaires. Le PADRCE soutient également la mise en place du Conseil national du dialogue
social et l’accélération du processus de décentralisation en vue d’amoindrir les revendications
syndicales et sociales. En réponse au faible niveau de coordination entre les départements
sectoriels en charge du développement des ressources humaines le programme appuie
l’activation du dispositif de coordination pour le développement de l’éducation, de la formation
et de l’emploi et encourage le MDICI à mettre en place un dispositif de suivi des réformes
soutenues par les bailleurs de fonds.
IX. RECOMMANDATION
Au regard de ce qui précède, il est recommandé au Conseil d’administration d’approuver en
faveur de la République tunisienne un prêt ne dépassant pas 183 millions d’Euros, pour la
réalisation du Programme d’appui au développement régional et à la création d’emplois, aux
fins et selon les conditions stipulées dans le présent rapport.
- 1 -
ANNEXE 1 – LETTRE DU GOUVERNEMENT
Ministère du Développement, de L’investissement
et de la Coopération Internationale
- 2 -
Sur le plan sécuritaire, le Gouvernement est pleinement engagé dans l’éradication de la nébuleuse terroriste et
la lutte contre la contrebande tout en œuvrant à apaiser les mouvements sociaux afin de relancer l’appareil de
production et réunir toutes les conditions propices au retour à un bon rythme de travail. Il y a lieu de noter que
le Président de la République a décrété depuis le 4 juillet 2015 l’état d’urgence pour soutenir l’effort du
Gouvernement dans la lutte contre le terrorisme. En sus et dans l’objectif de maîtriser les prix et protéger le
pouvoir d’achat, le Gouvernement a initié une série de mesures relevant de l’intensification du travail sur le
terrain notamment au niveau des marchés de gros et de détail, de la recherche avec la profession d’accords de
modération des prix, du renforcement du contrôle et de la poursuite du processus de résorption du commerce
parallèle.
Parallèlement, le Gouvernement s’attèle à poursuivre les réformes structurelles notamment dans le secteur
financier où un projet de restructuration des banques publiques sera bientôt achevé, en plus de la poursuite des
travaux de la réforme de la fiscalité, de la douane, de la loi bancaire et du nouveau code d’investissement. En
parallèle, la Banque Centrale de Tunisie est entrain de réviser le code des changes.
Une loi de finance complémentaire pour 2015 vient d’être adoptée par l’Assemblée des représentants du
peuple, elle comporte essentiellement un support à la lutte contre le terrorisme et quelques mesures de support
aux secteurs les plus touchés par les actes terroristes. En effet, les prévisions pour l’année 2015 tablent sur une
croissance économique de 1% contre 2,3% prévu en 2014. Cette baisse est essentiellement imputable à une
saison agricole modérée et à l’exacerbation des contraintes aussi bien sur l’activité touristique et de transport
après les évènements du Bardo et de Sousse que sur les industries manufacturières et non manufacturières, en
raison du fléchissement de la production des hydrocarbures et des phosphates. Du côté de la demande, la
croissance reste tirée par la consommation privée contre une contribution négative de l’investissement privé et
du commerce extérieur malgré une amélioration du solde de la balance commerciale.
Par ailleurs il importe de signaler que les équilibres macroéconomiques demeurent sous pression. En
témoignent la persistance des contraintes sur les dépenses publiques, le niveau élevé du déficit budgétaire et
du déficit courant de la balance des paiements, la détérioration des indicateurs de la dette, la persistance de
l’inflation et le fléchissement de la valeur du dinar par rapport aux principales monnaies étrangères. Les besoins
de financement du pays restent élevés, et sont de l’ordre de
6,5 MD pour l’année 2015.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le nouveau programme d’appui au développement régional et à la création
d’emploi (PADRCE) qui s’ajoute à l’assistance technique et financière apportée par la Banque Africaine de
Développement à l’effort de développement national pour surmonter les contraintes de la phase transitoire.
Ce programme repose, d’une part, sur la continuité des actions de réforme prévues dans les programmes
précédents et prend, d’autre part, en considération les priorités et les attributs du nouveau modèle de
développement qui fera l’objet d’une consultation nationale auprès des différentes parties prenantes en
consécration de l’approche de concertation et de participation active de toutes les forces vives aux débats
publics et à la fixation des choix sociétaux.
En vue de planifier et de coordonner son action à moyen terme, le Gouvernement a élaboré récemment une
note d’orientation qui vise à dresser une nouvelle vision de développement de la Tunisie et définir les grandes
priorités et orientations stratégiques pour le prochain quinquennat.
I. Le projet sociétal et le modèle alternatif de développement
Le nouveau projet de société et le modèle de développement ambitionné par la Tunisie se réfère à quatre
fondements majeurs qui consistent à :
Conférer l’efficacité requise à l’économie.
Consacrer l’inclusion de toutes les catégories et régions au processus du développement.
Garantir la soutenabilité du développement.
- 3 -
Et œuvrer en vue de réaliser l’équité et la justice sociale.
Un projet sociétal en évolution : Le projet de société de la Tunisie nouvelle se base sur les principes et valeurs
énoncés dans la constitution dont notamment :
La consolidation des fondements de la démocratie, l’instauration de l’Etat de droit, la préservation des
libertés, le renforcement de la sécurité et la confirmation de la concertation.
La mise en place des piliers du projet civilisationnel à même de restaurer la confiance notamment
chez les jeunes, la femme, les enfants et la famille en tant qu’acteurs de développement.
Le renforcement des bases de la bonne gouvernance intégrale et ce qu’elle implique en termes de
transparence, de redevabilité et de participation tout en œuvrant à la modernisation de l’administration
et des modes de gestion du service public.
Un modèle alternatif de développement : la nouvelle approche du développement vise, dans sa dimension
économique, l’accès à des niveaux élevés de croissance inclusive et durable :
Une efficacité économique se basant sur l’innovation et le partenariat à travers :
La transformation de la structure économique permettant l’accès aux chaines de valeurs à
l’échelle mondiale ;
La mise en œuvre d’un environnement propice pour l’investissement et l’instauration d’un cadre
juridique et réglementaire à même de favoriser la complémentarité entre les secteurs public et
privé et les structures de l’économie sociale et solidaire ;
L’amélioration de la productivité globale des facteurs en tant qu’élément déterminant pour le
renforcement de la compétitivité de l’économie.
L’inclusion vecteur déterminant de l’équité : la conduite d’un processus civilisationnel s’appuyant sur
l’inclusion en tant que base objective pour la justice sociale exige notamment :
La conciliation entre l’efficacité économique et la justice sociale.
L’inclusion des régions et le renforcement de la protection des catégories à besoins spécifiques.
L’intégration de la femme et des jeunes dans le processus du développement et la consolidation des
capacités des ressources humaines.
La soutenabilité du processus de développement et la promotion de l’économie verte : à travers:
La conduite d’une nouvelle politique d’aménagement du territoire ;
La rationalisation de la gestion des ressources naturelles et la protection de l’environnement ;
Le recours à l’exploitation des ressources non conventionnelles (dessalement des eaux de mer, des
eaux saumâtres, …) ;
La gestion durable et participative des déchets.
La redéfinition des rôles entre les trois acteurs du développement :
L’Etat assume un rôle central dans la redistribution des richesses, l’amélioration des conditions de
vie, la garantie des prestations et services (éducation, enseignement supérieur, formation
professionnelle, santé), la mise en place de l’infrastructure et équipements collectifs ainsi que
l’arbitrage, la régulation, l’orientation et la prospective et la promotion du partenariat avec le secteur
privé ;
Le secteur privé est un acteur déterminant dans la création de la richesse, l’investissement et
l’emploi ;
- 4 -
Le tiers secteur comprenant les institutions et structures de l’économie sociale et solidaire et les
associations de la société civile sont des partenaires à part entière dans l’œuvre du développement
intégral.
Les exigences : l’aboutissement du processus du développement global exige notamment :
L’achèvement du cadre institutionnel par la mise en place des instances constitutionnelles
indépendantes, du conseil supérieur de la magistrature, de la cour constitutionnelle, du conseil
supérieur des collectivités locales et du conseil national du dialogue social.
La préservation de la paix et de la sécurité et la lutte contre le terrorisme.
La consolidation de la paix sociale, le rétablissement des valeurs du travail et la mise en place des
préalables et instruments de la décentralisation.
II. Les axes de la stratégie : objectifs, politiques et réformes
La bonne gouvernance : à travers l’élaboration et la mise en vigueur d’une stratégie de bonne gouvernance
et de lutte contre la corruption et ce qu’elle implique en termes de transparence et de redevabilité.
D’une économie à faible coût à un hub économique : grâce à un positionnement géographique privilégié et
des ressources humaines qualifiées.
Tissu économique plus diversifié et à contenu élevé en emploi :
Positionnement dans les chaines de valeur à l’échelle mondiale et promotion des secteurs prometteurs en
hissant la part des secteurs à haute valeur ajoutée en savoir de 20% du PIB en 2015 à 30% en 2020.
Développement de l’infrastructure et de la logistique par la maîtrise des coûts de la logistique de 20%
du PIB en 2015 à 15% en 2020.
Promotion de l’innovation en doublant le nombre des brevets à l’échelle nationale.
Développement des filières économiques complémentaires, intégrales et durables par
l’accroissement du niveau d’intégration des secteurs exportateurs de 15% actuellement à 20% en
2020.
Hausse de la productivité en tant que source de compétitivité grâce à l’amélioration du rythme
d’évolution de la productivité globale des facteurs à plus de 2.5% en 2020.
Promotion de l’emploi et de l’employabilité notamment auprès des diplômés de l’enseignement
supérieur et dans les régions intérieures.
Promotion de l’investissement et amélioration du climat des affaires :
L’investissement privé, moteur essentiel pour la croissance et l’emploi ; l’objectif étant de relever le
taux d’investissement pour atteindre 25% du PIB en 2020.
Améliorer le rendement de l’investissement public par l’augmentation de la part de l’investissement
privé dans le total des investissements pour dépasser le seuil de 65% en 2020.
Amélioration du climat des affaires en ramenant le classement de la Tunisie fait par « Doing
Business » au 40ème (60ème actuellement).
Soutien de l'effort à l'exportation et appui à l’intégration dans l’économie mondiale de la Tunisie :
Approfondir l’intégration économique et promouvoir l’effort à l’export par l’augmentation de l’effort
d’exportation pour atteindre 42% du PIB en 2020.
- 5 -
Promouvoir l’emploi et améliorer l’employabilité :
Réduire le taux de chômage moyen de 15% en 2015 à 11,5% en 2020 notamment auprès des
diplômés.
Accélérer le rythme de la croissance et renforcer son contenu en emploi.
Conférer l’efficacité requise à la politique active de l’emploi (PAE).
Inciter et promouvoir l’esprit d’initiative et renforcer l’économie sociale et solidaire.
Développement humain :
Réduire le taux de la pauvreté absolue de 4,6% à 2,5% à l’horizon 2020 et hisser l’Indice de
Développement Humain (IDH) de 0,721 en 2013 à 0,786 en 2020.
Améliorer l’efficacité et la qualité des dispositifs de l’éducation de l’enseignement supérieur et de la
formation professionnelle et son adaptation aux besoins du système productif tout en instaurant des
passerelles entre ses composantes et en œuvrant à consolider la professionnalisation des filières et des
spécialités.
Eriger la jeunesse et l’enfance en un véritable partenaire dans le processus de développement.
Préserver les droits acquis de la femme et leur consolidation, la prise en considération de leurs
préoccupations notamment dans le milieu rural, la lutte contre toutes les formes de violence à l’égard
de la femme et contre l’abandon scolaire chez les filles et le renforcement des capacités économiques
et sociales des femmes.
Intégrer les tunisiens à l’étranger dans l’entreprise du développement et le préserver leurs droits et
consolider leur participation dans l’effort de développement.
La promotion sociale :
Concrétiser les dispositions du contrat social, promouvoir les relations professionnelles et améliorer
la santé et la sécurité du travail.
Moderniser le secteur de la santé et répartir équitablement les services de santé entre les régions dans
le cadre de la carte sanitaire tout en renforçant les spécialités médicales et en développant la recherche
dans ce secteur.
Améliorer les conditions de vie (logement décent, eau potable, électrification, assainissement,
transport, …).
Mettre en place un socle de protection sociale et un identifiant tout en consacrant aux transferts et
dépenses à caractère social des ressources correspondant à, au moins, 20% du PIB.
Introduire une réforme globale au niveau du système de sécurité sociale notamment au niveau des
branches des pensions et de l’assurance maladie.
Concrétiser les aspirations des régions :
La stratégie de développement régional pour la période 2016-2020 vise la concrétisation des aspirations des
régions défavorisées et la réduction de 30% de l’écart reflété à travers l’Indicateur de Développement Régional
(IDR).
Les axes stratégiques du développement régional visent à:
Assurer la liaison et la communication entre les régions à travers l’extension et la modernisation
de l’infrastructure du transport et des services logistiques. La réorganisation du découpage territorial
et l’affectation équitable des investissements publics ainsi que la répartition des budgets et des
programmes spécifiques entre les régions et l’orientation des avantages aux zones de développement
régional permettront le désenclavement des régions;
- 6 -
Promouvoir le développement dans les régions et améliorer leur attractivité en assurant la
diversification de la base économique des régions selon les capacités et les ressources naturelles
disponibles.
Garantir un environnement d’affaires approprié à travers l’amélioration d'infrastructure, des
équipements et des services socio-collectifs ainsi que l'encouragement et l’encadrement de l'initiative
privée et le soutien de la stratégie de marketing territorial.
Développer les échanges commerciaux entre les régions frontalières et leurs homologues libyens et
algériens.
Développer les filières économiques et promouvoir la compétitivité et la recherche scientifique ainsi
que le soutien de l'économie verte sont des stratégies à développer et à opérationnaliser afin
d’impulser le développement régional.
Moderniser et assouplir le système de financement du développement régional à travers la mise
en place d’un cadre juridique qui permet aux collectivités locales de promouvoir leurs ressources
financières. Par ailleurs, un soutien des mécanismes de financement sera envisagé à travers la création
de banques des régions ou de fonds pour le développement et l'investissement dans les régions.
Améliorer les conditions de vie à l’échelle locale et régionale et ce en intensifiant les programmes
spécifiques afin d'améliorer l’infrastructure et la desserte en eau potable, l’électrification et
l'assainissement ainsi que la modernisation des équipements collectifs et des services administratifs
et le soutien aux activités sportives et culturelles destinées aux jeunes. Des efforts supplémentaires
seront déployés visant le soutien de l’accès aux services de la couverture sociale et médicale publique
ainsi que l’amélioration de l'infrastructure des réseaux de télécommunication et des conditions de
logement.
Développer la décentralisation et instaurer les bases de la bonne gouvernance locale et
régionale à travers la mise en place d’un système politique et institutionnel à travers l’organisation
des élections des conseils municipaux et régionaux, l’instauration d’un nouveau découpage du
territoire national, la révision des plans d’aménagement, le soutien de la déconcentration et la
restructuration de l'administration centrale, régionale et locale. Par ailleurs, de nouvelles mesures
seront envisagées pour la consolidation des bases de la bonne gouvernance à tous les niveaux et dans
différents domaines afin de garantir un développement équitable, inclusif et durable.
L’économie verte garante du développement durable : la préservation et la bonne gouvernance des
ressources naturelles constituent le pilier principal de l’économie verte. Ainsi les principaux objectifs dans ce
domaine sont :
Adoption d’un aménagement du territoire équitable qui intègre toutes les régions et respecte les
équilibres écologiques pour ;
Maitrise et rationalisation de l’utilisation des ressources hydrauliques ;
Une agriculture moderne garante de la sécurité alimentaire ;
Maitrise de la consommation de l’énergie ;
Protection du patrimoine naturel ;
Protection de l’environnement et du milieu naturel ;
Réduction des risques des catastrophes naturelles et technologiques.
- 8 -
ANNEXE 2. TUNISIE - PROGRAMME D’APPUI AU DEVELOPPEMENT REGIONAL ET A LA CREATION D’EMPLOI- PADRCE
MATRICE DES MESURES DE REFORME DU PROGRAMME 2015-2016 Réformes envisagées Mesure 2015 Mesure 2016 Indicateurs de réalisation des
mesures
Impact économique, social et financier
attendu de la mesure
Structures responsables
PILIER I : DEVELOPPEMENT REGIONAL
Objectif 1.1. Accroitre les capacités d’exécution des collectivités locales en vue d’accélérer la mise en œuvre de l’investissement public et d’améliorer l’efficacité et la qualité des services
publics dans les régions
1
Augmentation des
revenus fiscaux des
Communes
Révision du décret 14-28
du 13 juillet 1998 fixant les
taxes locales.
Publication au Journal
Officiel du Décret 14-28
du 13 juillet 1998 révisé.
Copie de la lettre de transmission
au conseil des ministres du décret
14-28 révisé (2015)
Extrait du journal official publiant le
décret (2016)
Accroissement substantiel les revenus fiscaux
des communes.
Ministère des Finances
Ministère de l’Intérieur
2
Amélioration de
l’efficacité du
dispositif
institutionnel de
coordination et de
pilotage du
développement
économique et social
au niveau régional
Mise en place d’un groupe
de travail interministériel
sur la gouvernance
économique et sociale du
développement régional
Approbation du rapport
et du plan d’action des
travaux par les différents
ministères du groupe
interministériel.
Arrêté ministériel instituant le
groupe de travail interministériel (2015)
Copie du rapport et du plan d’action
(2016)
Procès-verbal de la réunion
d’approbation (2016).
Meilleure efficacité du dispositif institutionnel
pour le développement régional.
MDICI
Ministère de l’Intérieur
3
Accélération du
processus de
décentralisation
Adoption par le Conseil
des Ministres de la feuille
de route la décentralisation
Adoption du décret
mettant en place les
commissions techniques
Procès-verbal du Conseil des
Ministres validant la feuille de
route de la Décentralisation
Publication au JORT du décret
mettant en place les commissions
techniques (2016)
les exécutifs locaux disposent d’un
environnement clair pour exercer leurs
fonctions
Ministère de l’Intérieur
Ministère des finances,
MDCI
4
Développement des
capacités en passation
de marchés des
régions
Signature d’une
convention de partenariat
entre la HAICOP et le
CFAD pour la formation
en Marchés publics du
personnel élu et
administratif régional.
Opérationnalisation de
la convention de
partenariat entre la
HAICOP et le CFAD à
travers la mise en œuvre
d’un plan de formation.
Copie de la convention de
partenariat signé entre la
HAICOP et le CFAD (2015)
Copie du plan de Formation
approuvé par les deux parties (2016)
Formation en passation de marchés des
gestionnaires dans les communes et régions.
Amélioration des capacités d’exécution des
communes
Accroissement du taux d’exécution des projets
d’investissement.
HAICOP
CFAD
Ministère de l’Intérieur
- 9 -
Réformes envisagées Mesure 2015 Mesure 2016 Indicateurs de réalisation des
mesures
Impact économique, social et financier
attendu de la mesure
Structures responsables
Objectif 1.2 : Réduire les disparités d’accès à l’assistance sociale et améliorer l’inclusion économique dans les régions
5
Révision du système
de ciblage des
bénéficiaires des
programmes
d’assistance sociale
Soumission du rapport des
nouveaux critères de
ciblage et des
méthodologies de sélection
des bénéficiaires des
programmes d’assistance
sociale au ministère des
affaires sociales et au
Conseil des ministres
Adoption des nouveaux
critères de ciblage des
bénéficiaires des
programmes PNAFN et
AMG2
Copie de la lettre de transmission du
rapport des nouveaux critères de
ciblage et de la note d’orientation
stratégique. (2015)
Copie de l’arrêté du MAS adoptant
les nouveaux critères de ciblage
(2016)
Meilleure ciblage des populations bénéficiaires
du programme pour les familles nécessiteuses à
travers notamment la réduction du taux
d’inclusion absolu actuel de 12.5% à 5% ainsi
que du taux exclusion absolu actuel de 8,5% à
3%.
CRES et Ministère des
affaires sociales
6
Institutionnalisations
des points focaux
genre dans les
Ministères
Adoption d’un décret
désignant les points focaux
genre dans les Ministères
avec une définition des
attributions et missions.
Appui et mise à niveau
des services des
commissariats
régionaux des affaires
de la femme et de la
famille et des communes
en charge de la petite
enfance.
Augmentation du
budget de l’enfance pour
l’année 2016
Copies du projet de Décret
institutionnalisant les points
focaux genre dans les Ministères et
de la lettre de transmission au Chef
du Gouvernement (2015)
Publication du décret au JORT
(2015)
Procès-verbal des négociations du
budget
2016 avec le Ministère des
finances(2015)
Extrait de loi de Finance 2016 (2016)
Meilleure prise en charge de la dimension
genre dans les politiques et programmes
publics.
Accroissement de 10 à 30% à l’horizon 2020
de la part des institutions de prise en charge de
la petite enfance gérées par le secteur
communautaire et le secteur public
Ministère de la Femmes
7
Restructuration du
Secteur de la
microfinance en vue
d’un accès inclusif à la
finance
Adoption de la stratégie et
du plan d’actions de
restructuration et de
positionnement des AMC
par le comité National de
pilotage de la
restructuration des AMC
créé par CIM DU 8 Juillet
2013. .
Mise en œuvre du plan
d’action de
restructuration.
Copie de la stratégie et du plan
d’actions et procès-verbal du comité
National de pilotage de la
restructuration adoptant le plan
d’action pour la mise en place de la
stratégie de restructuration et de
positionnement des AMC (2015).
Copie du Rapport d’exécution annuel
du plan d’action par le Comité
technique (2016).
La restructuration devrait permettre de créer un
emploi pour 25% des clients soit un potentiel
de 75,000 emplois. En utilisant le % historique
de crédits aux femmes (44.2%), la
restructuration pourrait créer 33,000 emplois
féminins en plus de favoriser l’inclusion
économique et financière des femmes qui
représente 44% des bénéficiaires.
Ministère des Finances
(DGF)
PILIER II: DEVELOPPMENT DES COMPETENCES, AMELIORATION DE LA QUALITE DE LA MAIN D’ŒUVRE ET DU DIALOGUE SOCIAL
Objectif 2.1 : Améliorer la coordination sectorielle, le dialogue social et le partenariat avec le secteur privé pour une meilleure employabilité des diplômés
- 10 -
Réformes envisagées Mesure 2015 Mesure 2016 Indicateurs de réalisation des
mesures
Impact économique, social et financier
attendu de la mesure
Structures responsables
8
Harmonisation des
politiques nationales
en matière de
développement du
capital humain
Adoption d’un arrêté
ministériel instituant le
Comité national de
coordination stratégique
de l’éducation, de la
formation professionnelle
et de l’enseignement
supérieur
Elaboration et mise en
œuvre du plan d’action
du comité de
coordination
Copie de l’Arrêté ministériel
instituant le Comité national de
coordination stratégique de
l’éducation, de la formation
professionnelle et de
l’enseignement supérieur (2015)
Copie du plan d’action du Comité de
coordination et rapport d’activités
(2016)
Coordination effective assurée par les trois
ministères sur des thématiques techniques tels
que la gestion des flux, l’orientation scolaire, la
gestion des passerelles, le suivi de l’insertion,
meilleure employabilité des diplômés sur le
marché du travail chaque année
ME/MFPE/MESRS
9
Implication du
secteur privé dans les
dispositifs de
formation
Signature d’un accord
tripartite entre le MFPE, la
branche professionnelle
agriculture (UTAP) et
l’UGTT
Signature d’un accord
tripartite entre le MFPE,
la branche
professionnelle BTP ou
autre et l’UGTT
Copie accord signé entre le MFPE,
l’UTAP (2015)
Copie accord signé entre le MFPE,
et la branche BTP ou autre et
l’UGTT (2016)
La formation répond mieux aux besoins du
marché.
MFPE
10
Institutionnalisation
du conseil national de
dialogue sociale.
Adoption par le CMR du
projet de loi instituant le
Conseil National du
Dialogue Social, sa
composition, son mandat
et son mode de
fonctionnement
Adoption par
l’Assemblée des
représentants du peuple,
du projet de loi portant
création du Conseil
national du dialogue
social.
PV de la réunion du CMR
adoptant le projet de loi. (2015)
Publication au JORT de la loi.
(2016)
Apaisement des tensions sociales, réduction
des revendications syndicales et du nombre de
jours de grève et l'augmentation de la
productivité des entreprises.
Ministère des Affaires
Sociales (MAS)
Objectif 2.2 : Favoriser une meilleure gouvernance et une plus grande efficacité des institutions et mécanismes d’appui à l’employabilité et à l’emploi
11
Amorçage du
processus
d’autonomie des
universités et centres
de formation
professionnelle
Adoption d’un plan
d’action sur l’autonomie
des universités avec le
passage d’au moins une
université au statut d’EPST
en 2015.
Mise en place par le MFPE
d’un groupe de travail sur
l’élaboration d ‘une vision
sur l’autonomie des centres
de FP
Elaboration d’une vision
assortie d’un plan
d’action pour
l’autonomie des centres
de FP
PV de la réunion du Conseil des
universités approuvant le passage
de l’UVT en tant qu’EPST ainsi
que la lettre de transmission au
Chef de gouvernement du projet
de décret formalisant la décision (2015)
Arrêté ministériel mettant en place le
Groupe de travail au MFPE (2015)
Copie du plan d’action pour
l’autonomie des centres de FP
(2016)
Une autonomie financière accrue des
universités admises au statut d’EPST.
MESRS
- 11 -
Réformes envisagées Mesure 2015 Mesure 2016 Indicateurs de réalisation des
mesures
Impact économique, social et financier
attendu de la mesure
Structures responsables
12
Elaboration stratégie
d’emploi
Mise en place d’une
commission pour la
préparation de la stratégie
de l’emploi
Elaboration de la
stratégie d’emploi
tenant compte des
orientations stratégiques
du plan de
développement
quinquennal et
favorisant l’emploi des
diplômés
Arrêté ministériel mettant en place
le comité avec ses attributions et
calendrier de travail (2015)
Copie de la stratégie d’emploi
(2016)
Efficacité accrue des programmes actifs
d’emploi et diminution sensible du taux de
chômage à l’horizon 2020
MFPE
13
Révision des rôles et
missions des
différentes structures
de la formation
professionnelle et de
l’emploi
Adoption par le Conseil
des Ministres des projets
de textes portant sur la
réorganisation de l’ATFP,
du CENAFIF, de
l’ANETI, du CNFCPP et
du MFPE
Publication des textes
sur les réformes
organisationnelles
Extrait du PV du conseil des
Ministres adoptant les nouveaux
textes (2015)
Publication des textes adoptés aux
JORT (2016)
Une nouvelle architecture institutionnelle et
organisationnelle répondant aux exigences du
marché du travail.
MFPE
14
Ancrage de la culture
entrepreneuriale dans
les universités et
centres de formation
professionnelle
Développement et mise en
place sur une base pilote
d’un programme type de
formation en
entreprenariat faisant
intervenir des
professionnels dans les
universités et les centres
de FP
Mise en place d’un
modèle d’ancrage de la
culture entrepreneuriale
dans les deux ministères
Rapport d’exécution de l’expérience
pilote partir d’octobre 2015 (2015)
Copie du modèle d’ancrage de la
culture entrepreneuriale adopté par
les deux ministères (2016)
Les universités et centres de formation
professionnels deviennent des leviers pour le
développement de l’entreprenariat.
MFPE
MESRS
- 12 -
ANNEXE 3. NOTE SUR LA RELATION AVEC LE FMI
Communiqué de presse n°15/389 - 26 aout 2015
Tunisie et annonce un accord de principe avec les autorités tunisiennes sur la sixième
revue de l’accord de confirmation
M. Amine Mati, chef de la mission du FMI pour la Tunisie, a fait aujourd’hui la
déclaration ci-après à Washington : «Les membres de la mission du FMI ont trouvé un
accord avec les autorités tunisiennes sur la sixième revue de l’accord de confirmation. Cet
accord doit être soumis à l’approbation de la Direction et du Conseil d’Administration du
FMI, l’examen de la revue étant provisoirement prévu pour la fin septembre. A la
conclusion de la revue, 214,87 millions de DTS (environ 303,08 millions de dollars)
seront mis à la disposition de la Tunisie. La mission se félicite de la détermination
inchangée des autorités de mettre en œuvre leur programme économique national après
avoir mené à bien la transition politique et se réjouit de poursuivre son étroite coopération
avec les autorités pour atteindre les objectifs du programme, à savoir assurer la stabilité
macroéconomique et parvenir à une croissance plus vigoureuse et plus solidaire.
«Ces dernières années, l’économie tunisienne a fait preuve de résilience malgré une
conjoncture économique internationale difficile, les retombées des conflits régionaux, une
accentuation de l’insécurité et un niveau élevé de tensions sociales.
«Cependant, après avoir atteint 2,4 % en 2014, l’élan de croissance a faibli. Elle devrait
s’établir à 1 % en 2015, en raison des répercussions des attentats tragiques du Bardo et
de Sousse ainsi que la persistance des tensions sociale qui ont fortement entamé les
bienfaits engendrés par le regain de confiance associé à la fin de la transition politique, la
baisse des cours mondiaux du pétrole et la reprise économique dans la zone euro. Les
déséquilibres extérieurs devraient rester prononcés avec une légère amélioration du déficit
extérieur courant, qui s’établirait à 8,5 % du PIB en 2015, tandis que les réserves de
change se sont maintenues au niveau approprié de quatre mois d’importations, niveau
nécessaire pour renforcer les coussins extérieurs et réduire les facteurs de vulnérabilité.
Les tensions inflationnistes devraient continuer d’être maîtrisées, grâce en partie à la
baisse des prix énergétiques et alimentaires et à une politique monétaire prudente.
«Face à l’évolution de la conjoncture nationale et internationale, le programme des
autorités a été adapté pour répondre aux défis actuels et les résultats obtenus dans le cadre
du programme soutenu par le FMI ont été satisfaisants compte tenu de ces défis. Tous les
critères de réalisation quantitatifs fixés pour fin mars 2015 ont été respectés à l’exception
du plancher indicatif des dépenses sociales. Les réformes structurelles progressent avec
lenteur, mais le rythme s’est récemment accéléré dans le secteur bancaire.
«La mission a salué le léger desserrement de la politique budgétaire opéré en 2015 pour
contrer les retombées économiques à court terme du ralentissement récent de l’activité,
notamment par une augmentation des dépenses de sécurité et des transferts aux PME. La
mission a noté la masse salariale croissante du secteur public et a recommandé sa maitrise
afin de dégager les ressources nécessaires pour réaliser les dépenses en capital prioritaires
et productives, qui sont au niveau le plus bas jamais enregistré.
«La réduction récente des subventions énergétiques, qui fait suite à la chute des cours
mondiaux du pétrole, est une évolution dont il convient de se féliciter. Une formule de
fixation automatique des prix des carburants devrait être élaborée d’urgence pour
permettre une diminution cruciale des prix à la pompe des carburants, qui sont
- 13 -
actuellement supérieurs aux niveaux internationaux pour certains produits. Il importera
aussi que les autorités adoptent rapidement la réforme fiscale, fruit d’un long processus
ayant abouti à la formation d’un consensus pendant les assises fiscales nationales, qui vise
à améliorer la transparence, l’efficience et l’équité.
«Une politique monétaire prudente permettrait de continuer à contenir les tensions
inflationnistes et une plus grande flexibilité du taux de change- y compris en continuant à
limiter les interventions sur le marché des changes ciblant lissage de fluctuations
excessives - contribuera à réduire les déséquilibres extérieurs et à renforcer les réserves.
«La mise en œuvre du vaste programme de réformes des autorités progresse. Cependant,
compte tenu du taux de chômage, actuellement de 15,2 %, il est urgent de faire avancer
les réformes structurelles pour stimuler la création d’emplois et répondre aux attentes de
la population tunisienne, qui aspire à vivre dans une société plus inclusive.
«La réforme du secteur bancaire revêt une importance capitale. Les mesures prises pour
renforcer les banques publiques, telles que le lancement de leur recapitalisation et la
modification de leurs structures de gouvernance, sont importantes. L’adoption d’une
nouvelle législation bancaire et un renforcement plus poussé des structures de supervision
et de la réglementation seront nécessaires pour édifier un secteur bancaire moderne et
faciliter l’intermédiation du secteur financier.
«La création de conditions équitables pour les investisseurs nécessitera l’adoption et la
mise en œuvre d’une législation essentielle à cet égard, telles que les lois sur les faillites
et la concurrence. Il y a lieu aussi de se féliciter des progrès qui ont été accomplis en
matière de renforcement du dispositif de protection sociale grâce à une meilleure
identification des populations vulnérables et un meilleur ciblage des aides. »
L’accord de confirmation de deux ans, d’un montant de 1,146 milliard de DTS (environ
1,68 milliard de dollars, soit 400 % de la quote-part de la Tunisie), a été approuvé par le
Conseil d’administration le 7 juin 2013 (voir communiqué de presse 13/202). La
cinquième revue de l’accord de confirmation a été approuvée par le Conseil
d’administration le 12 décembre 2004 ; le total des décaissements à ce jour a ainsi été
porté à 787,87 millions de DTS, soit environ 1,15 milliard de dollars. Une prolongation
de sept mois, jusqu’au 31 décembre 2015, de l’accord de confirmation en faveur de la
Tunisie a été approuvée en mai 2015 (voir communiqué de presse 15/229).
La mission a séjourné à Tunis en juin et juillet 2015 pour avoir des entretiens avec les
autorités tunisiennes dans le cadre des consultations au titre de l’article IV et de la sixième
revue de leur programme économique et financier soutenu par un accord de confirmation.
Les entretiens se sont poursuivis à Washington. La mission remercie les autorités et tous
ses autres interlocuteurs de leur chaleureuse hospitalité et des entretiens francs et
fructueux qu’elle a eus avec eux.
Source : FMI