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Imprimé comme manuscrit. N° 16. Paris, /er Novembre 1916 Bulletin Yougoslave Publié par le Comité Yougoslave de Londres (44, Stanhope Gardens, S.W.) Président : Dr ANTE TBUMBIC Le Bulletin Yougoslave parait, selon, la nécessité, à de courts intervalles, en deuse éditions : anglaise à Londres et française à Paris. Le siège de l'administration à Paris est 17, rue Cadet. Le Bulletin est destiné à donner des renseignements à la presse, aux hommes politiques et à tous les amis de la cause Yougoslave. Il est distribué gratuitement. On n'a, pour le recevoir régulièrement, qu'à s'adresser à l'Administration. LES PAYS YOUGOSLAVES ET LE PROGRAMME NATIONAL DES YOUGOSLAVES Les Yougoslaves les Serbes, les Croates elles Slovènes—unis par le sang, la langue, les tradilio'ns, les conditions économiques et politiques et les aspirations nationales, ne forment qu'une seule et même nation. Les Yougoslavesvivent en un groupe compact de cinq millions d'hommes dans les Royaumeslibres de Serbie et de Crna Gora (Monténégro), et en Autriche-Hongrie ils sont huit millions. En Autriche-Hongrie, ils sont soumis à deux dominations, l'allemande et la magyare, et divisés en dix provinces, ils y sont opprimés et persécutes au point de vue national, civil, économique -et leur civilisation propre y est menacée. 2.1OU00O yougoslaves vivent sous la domination allemande, à savoir: en Slvrie méridionale 410.(00, en Carinthie méridionale 120.0C0. en Carniole 400.000, en Goriea-Gradiska 1;-5.000, en Istrie 225.000. en Dalmatie 610,000. Les Magyars imposent leur autorité à 3.200.000 Yougoslaves,à savoir: en Croalie-Slavonie 2.300.000, au sud et sud-ouestde la Hongrie (Medjumurje,le long de la frontière de la Styrie et de la Hongrie, en Baranja, en Backa et dans le Banat) 000.000. En Bosnie-Herzégovine, sous la domination commune austro-magyare, on compte 1.9.00.000Yougoslaves. Enlin, un million de Yougoslavesvivent aux Etats-Unis, et dans l'Amérique du Sud et les colonies anglaises on en compte un demi-million. Les Yougoslaves ont toujours aspiré à une vie nationale indépendante, libre de toute dominationétrangère iturque, vénitienne ou austro-magyare). Deux Etats yougoslaves,la Serbie et la Crna Gora, réussirentà réaliser leur indépendance,mais les efforts de leurs compatriotes du Nord, on vue d'une union même partielle et pourassurer leur existence nationale à l'intérieur des frontières austro- hongroises, restèrentvains. Tous les Yougoslavesd'Autriche-Hongrie sont convaincus que les luttes glorieuses soutenues par la Serbie, la Crna Gora et leurs puissants alliés leur apporteront la délivrance complète de tout joug étranger et l'union avec leurs frères libres. Ils réclament l'application intégrale a leur prolit du principe des nationalités afin qu'ils puissent former avec la Serbie et la Crna Gora un Etat unique et indépendant, comprenant tous les territoires qu'ils habitent depuis des temps immémoriaux. Le programme de la délivrance et de l'union de tous les Yougoslaves a été solennellementapprouvé par la Skupstina, dans ses ordres du jour de novembre 19U et d'août l'Jlô et le Gouvernement actuel serbe ya proclamé son adhésion à maintes reprises. Ce programme est conforme aux déclarations des représentants des grandes puissances alliées, qui ont toujours affirmé qu'un des buis principaux poursuivis dans la guerre actuelle était l'affranchissementdes petits peuples et la liberté pour eux de s'unira leur gré. Le programme national des Yougoslaves encore soumis à la domination étrangère a été développé dans le mémoire pré- senté par le Comité Yougoslave aux représentants de la Triple-Entente: il a été publié dans la Bibliothèque Your/oslave, éditée parles soins du Comité. UN HOMMAGE YOUGOSLAVE A LA FRANCE Nos compatriotes que la tyrannie austro-hon- groise avait chassés de leurs foyers e't qui sont établis en Amérique du Sud, ne sont pas seulement notre appui le plus solide, mais ils sont aussi des vrais apôtres de la cause des Alliés dans les répu- bliques de l'Amérique latine. Si la propagande austro-allemande, très activelà-bas comme partout, n'a pas eu de succès, on le doit, en partie, à la contre-propagande de la colonie yougoslave. En vérité, nos compatriotesqui, tout en étant des sujets autrichiens, nés dans les provincesadriatiques, sont pourtant tous contre la monarchie dualiste et ses alliés, se sont dressés comme un vivant et le plus efficace ..démenti. .devan.t-.jfes-ihn-iistufces ..-austso- allemands quand ceux-ci étaient venus prêcher la mission « libératrice » des empires centraux dans la guerre actuelle. Aussi nos compatriotes, après avoir rompu leurs relations avec les représentants austro-hongrois, n'ont-ils manqué aucune occasion pour témoigner leur attachement à la cause des Alliés. C'est ainsi que les Yougoslaves du Chili et de l'Argentine ont pris part à toutes les fêles et manifestations des Alliés dont ils ont été souvent les promoteurs. Ils ont célébré la fêle du roi des Belges, du roi d'Angleterre, du tsar de Russie en envoyant des félicitationsenthousiastes et chaleu- reuses aux représentants des souverains alliés. Les colonies yougoslaves de l'Amérique du Sud ont fêté le 14 juillet comme leur fête nationale. Les journaux yougoslavesqui paraissent à Valparaiso, à Antofogasta et à Buenos-Aires ont publié des articles enthousiastes à l'adresse de la France ; en outre, des centaines de dépêches ont été envoyées aux éminents représentants de la République à Santiago et à Buenos-Aires exprimant, en termes émus, les sympathies et le dévouement des You- goslaves irrédimés pour la France éternelle, mère du droit et de la liberté des petits peuples. Aussi, le second anniversaire de la bataille de la Marne a-t-il été commémoré par nos compa- triotes de la façon la plus solennelle. En celle occasion le Jadran (l'Adriatique), organe autorisé de la « Défense Nationale Yougoslave » à Buenos- Aires, a publié dans son numéro du 14 septembre sous le titre Vive la France victorieuse ! Vive la France invincible ! », en français, un émouvant article que nous reproduisons ici comme témoi- gnage des sentiments dont sont animés les Yougo- slaves envers la GrandeRépublique. Dans cet article de notre confrère de Buenos-Aires il est dit : « Aujourd'hui c'est l'anniversairede la grande bataille de la Marne, le jour mémorablequi éveille et qui éveillera pour toujours dans les coeurs du monde civilisé les sentiments de joie; nous, parti- culièrement, qui sommes si intéressés dans l'issue de la guerre pour notre existence, nous qui avons appris depuis les premiers jours de notre enfance à aimer la France et en elle la bannière de la civi- lisation et de l'humanité, nous nous réjouissons aujourd'hui de tout notre coeur. C'est dans les premiers jours de la guerre que les barbares arrogants,sous le masque d'une fausse civilisation et aidés d'une science qu'ils avaient volée aux autres, dans leur mégalomanie et leur égoïsme sans précédents, se crurent assez forts pour soumettre les peuplescivilisés sous leur joug; cela arrivait seulement quatre mois après que tous les grands journaux allemands avaient exprimé la nécessité d'une guerre préventive. Préparés déjà depuis longtemps, organisés merveilleusement,ils conçurent le plan d'écraser d'abord la France, le coeur et le cerveau des AIHés. Ils allaient, dans l'exécution de ce plan d'une victoire à l'autre; d'un jours à l'autre les forts belges tombaient dans leurs mains; ils étaient en route sur Paris. Nos coeurs, comme ceux de tout le mondecivilisé, tres- saillirentalors; c'était un moment d'angoisse, de douleur ; les gens pusillanimes, éblouis par les succès allemands, prévoyaient déjà une issue fatahj. JDans ce moment si grave, si anxieux, surgit le génie français; la force endormies'éveille. « Soldats français! jusqu'ici nous avons reculé, et non plus; c'est le moment de montrer au monde entier que la France vit et qu'elle est forte et grande » s'écria le général Joffre. Alors se produit un miracle pour ceux qui regardaient les événements de loin; mais c'était bien la force endormie de ce grand peuple, qui reprend de nou- veau son poste de conducteur entre les nations, cette fois avec plus de force, plus de volonté ferrée et organisée. Quelle joie alors, quelle satisfaction dans notre coeur! Aujourd'hui ce sont les mêmes sentiments qui surgissent dans notre esprit; c'est la joie de voir vaincu cet ennemi de la France, de l'humanité et le nôtre spécialement; c'est le réjouissement de voir la France de nouveau si grande, si glorieuse, si forte; c'est la conviction que le génie français ne peut pas être vaincu, ni l'humanité, person- nifiée en lui ; c'est la certitude que l'issue de celte guerre sera favorable aux Alliés, quand même elle devrait arriver dans un avenir lointain; c'est la foi que nous verrons notre idéal national, notre Yougoslavie, réalisé avec le triomphe des Alliés. Ce jour n'est pas un jour de fête purement fran- çais; comme le 14 Juillet il appartient aussi à l'humanité entière. De même que dans le premier on fête le jour de la proclamation des droits de l'homme, du droit de l'individu, dans le second on fêtera la résurrection du droit des peuples; ce droit qu'on avait bien cru avoir établi sur des bases solides de la civilisation, mais que les nou- veaux barbares, dans leurs cupidités de domi- nation piétinèrent sans scrupules. Il signifie la victoire du génie français sur le militarisme alle- mand, la victoire de la civilisation humaine sur la barbarie teutonique. Aujourd'hui nous ne pouvons pas hésiter à ne pas crier de toutes nos forces : Vive la France glorieuse! Vive la France invincible! » LES VOLONTAIRES YOUGOSLAVES A l'occasion d'une conférence sur la question yougoslave, qui a été tenue, tout récemment, à la Société de Sociologiede Paris, le distingué repré- sentant de la Serbie en France, M. le Ministre Milenko R. Vesnié a déclaré que les intrigues austro magyares n'ont pas réussi à brouiller les Yougoslavesd'Aulriche-Hongrie avec leurs frères de Serbie. « Le sang que nos frères Croates et Slovènes, a dit l'éminent Ministre de Serbie, ont versé sur nos champs de bataille dans les rangs de l'armée serbe, a ouvert les yeux aux plus sceptiques et aux plus incrédules. » En fait, l'eDlhousiasme avec lequel les Slovènes, les Croates et les Serbes d'Autriche-Hongrie sont accourus sous le glorieux drapeau serbe, et sur- tout leur nombre énorme, ont rempli de joie tous les coeurs yougoslaves. Car c'était la preuve la plus convaincante de la ferme volonté des Yougo- slaves d'Autriche - Hongrie d'écraser l'ennemi commun et de s'affranchir pour s'unir à leurs frênes serbes, dont ils avaient épousé d'avance la cause. Dès les premiers jours de la guerre, le nombre des Yougoslavesd'Autriche, enrôlés dans l'armée serbe, a été considérable. C'était surtout la jeunesse les étudiants qui se sont trouvés, au moment du déchaînement de la guerre, en Serbie ou dans les pays alliés. Leur nombre s'est bientôt accru par l'arrivée de milliers de volontaires yougoslaves de l'Amérique du Nord et du Sud et par l'enrôlement des soldats yougoslaves de l'armée autrichienne qui avaient passé aux Serbes et aux Russes. Au moment de l'attaque austro- allemande et bulgare, l'été passé, le nombre des volontaires yougoslaves combattant dans l'armée serbe dépassait une dizaine de mille de soldats. Les Yougoslaves ont été dirigés principalement contre les Bulgares, contre lesquels ils ont com- battu avec une exaspération et une vaillance sans pareilles. Ils sont rares ceux qui ont été faits pri- sonniers. Les volontaires yougoslaves ont préféré mourir que de tomber prisonniers aux mains des Bulgares. Les restes desvolontairesyougoslaves en Serbie, reconstitués, ont reçu, en août 191(5, le premier choc bulgare. Ce sont ceux dont le correspondant spécial de l'Agence Reuier au quartier général serbe parle dans sa dépêche du 12 septembre. Nous y lisons Le mois dernier, les lignes serbes s'étendirent devant l'offensive bulgare en flanc atténué jusqu'au lac de Presba, au delà de P'iorina. Ce flanc était tenu par des volontaires comprenant presque entièrement des Yougoslaves. Ce sont des hommes de sang serbe, nés en dehors du royaume, qui s'étaient ralliés à la cause nationale. » Cependant, toute une nouvelle armée de volon- taires yougoslaves a surgi dernièrement en Russie. C'est la fameuse division serbe qui, dès les pre- miers jours de l'intervention roumaine, combat à côté de l'armée russe et roumaine contre les Bul- gares délestés. Elle est composée presque exclu- sivement de Serbes, de Croates et de Slovènes d'Autriche-Hongrie. Les exploils héroïques des volontaires yougoslaves de la division serbe rem- plissent d'admiration la presse russe. Voici ce qu'en dit le Tetnpa du 28 septembre, dans une dépêchede Pélrograd : « La première division serbe, composée de Serbes, de Croates et de Slovènes, combat sous le commandement d'officiers serbes dans la Do- broudja.

Boulletin Yougoslave - 16 (1916)

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Boulletin Yougoslave 16 (1916)

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  • Imprim comme manuscrit. N 16.

    Paris, /er Novembre 1916Bulletin YougoslavePubli par le Comit Yougoslave de Londres (44, Stanhope Gardens, S.W.)

    Prsident : Dr ANTE TBUMBICLe Bulletin Yougoslave parait, selon, la ncessit, de courts intervalles,

    en deuse ditions : anglaise Londres et franaise Paris. Le sige del'administration Paris est 17, rue Cadet. Le Bulletin est destin donner

    des renseignements la presse, aux hommes politiques et tous les amisde la cause Yougoslave. Il est distribu gratuitement.On n'a, pour le recevoirrgulirement, qu' s'adresser l'Administration.

    LES PAYS YOUGOSLAVES ET LE PROGRAMME NATIONAL DES YOUGOSLAVESLes Yougoslaves

    les Serbes, les Croateselles Slovnesunis par le sang, la langue, les tradilio'ns, les conditions conomiques et politiques et les aspirations nationales, ne forment qu'uneseule et mme nation.

    Les Yougoslavesviventen un groupe compact de cinq millionsd'hommesdans les Royaumeslibres de Serbie et de Crna Gora (Montngro), et en Autriche-Hongrieo ils sont huit millions.En Autriche-Hongrie, ils sont soumis deux dominations, l'allemande et la magyare, et diviss en dix provinces, ils y sont opprims et perscutes au point de vue national, civil, conomique-et leur civilisation propre y est menace.

    2.1OU00O yougoslaves vivent sous la domination allemande, savoir: en Slvrie mridionale410.(00,en Carinthie mridionale 120.0C0. en Carniole 400.000, en Goriea-Gradiska 1;-5.000,en Istrie225.000. en Dalmatie 610,000.

    Les Magyarsimposent leur autorit 3.200.000 Yougoslaves, savoir: en Croalie-Slavonie2.300.000, au sud et sud-ouestde la Hongrie (Medjumurje,le long de la frontire de la Styrie et de laHongrie, en Baranja, en Backa et dans le Banat) 000.000.En Bosnie-Herzgovine,sous la domination commune austro-magyare, on compte 1.9.00.000Yougoslaves.Enlin, un million de Yougoslavesvivent aux Etats-Unis, et dans l'Amrique du Sud et les colonies anglaises on en compte un demi-million.Les Yougoslavesont toujours aspir une vie nationale indpendante, libre de toute dominationtrangreiturque, vnitienne ou austro-magyare). DeuxEtats yougoslaves,la Serbie et la CrnaGora,russirent raliser leur indpendance,mais les effortsde leurs compatriotes du Nord,onvued'une unionmmepartielle etpourassurerleurexistence nationale l'intrieurdes frontires austro-hongroises, restrentvains.Tous les Yougoslavesd'Autriche-Hongrie sont convaincusque les luttes glorieuses soutenues par la Serbie, la Crna Gora et leurspuissants allis leur apporteront la dlivrance complte de toutjoug tranger et l'union avec leurs frres libres. Ils rclament l'application intgrale a leur prolit du principe des nationalits afin qu'ils puissent former avec la Serbie et la Crna Gora unEtat unique et indpendant, comprenant tous les territoiresqu'ils habitent depuis des temps immmoriaux.Le programme de la dlivrance et de l'union de tous les Yougoslavesa t solennellementapprouv par la Skupstina, dans ses ordresdu jour de novembre 19U et d'aot l'Jl et le Gouvernement

    actuel serbe y a proclam son adhsion maintes reprises.Ce programme est conforme aux dclarations des reprsentants des grandes puissances allies, qui ont toujours affirm qu'un des buis principaux poursuivis dans la guerre actuelle taitl'affranchissementdes petits peuples et la libert pour euxde s'unira leur gr. Leprogrammenational des Yougoslavesencore soumis la domination trangrea t dvelopp dans le mmoire pr-

    sent par le ComitYougoslaveaux reprsentantsde la Triple-Entente: il a t publi dans la Bibliothque Your/oslave, dite parles soins du Comit.

    UN HOMMAGE YOUGOSLAVEA LA FRANCE

    Nos compatriotes que la tyrannie austro-hon-groise avait chasss de leurs foyers e't qui sonttablis en Amriquedu Sud, ne sont pas seulementnotre appui le plus solide, mais ils sont aussi desvrais aptres de la cause des Allis dans les rpu-bliques de l'Amrique latine. Si la propagandeaustro-allemande,trs activel-bas commepartout,n'a pas eu de succs, on le doit, en partie, lacontre-propagande de la colonie yougoslave. Envrit,nos compatriotesqui, tout en tant des sujetsautrichiens, nsdans les provincesadriatiques, sontpourtant tous contre la monarchie dualiste et sesallis, se sont dresss comme un vivant et le plusefficace..dmenti..devan.t-.jfes-ihn-iistufces

    ..-austso-allemands quand ceux-citaientvenus prcher lamission libratrice des empires centraux dansla guerre actuelle. Aussi nos compatriotes, aprsavoir rompu leurs relations avec les reprsentantsaustro-hongrois, n'ont-ils manquaucune occasionpour tmoigner leur attachement la cause desAllis. C'est ainsi que les Yougoslaves du Chili etde l'Argentine ont pris part toutes les fles etmanifestations des Allis dont ils ont t souventles promoteurs. Ils ont clbr la fle du roi desBelges, du roi d'Angleterre, du tsar de Russie enenvoyant des flicitationsenthousiastes et chaleu-reuses aux reprsentants des souverains allis.Les colonies yougoslaves de l'Amrique du Sudont ft le 14 juillet comme leur fte nationale. Lesjournaux yougoslavesqui paraissent Valparaiso, Antofogasta et Buenos-Aires ont publi desarticles enthousiastes l'adresse de la France ; enoutre, des centaines de dpches ont t envoyesaux minents reprsentants de la Rpublique Santiago et Buenos-Airesexprimant, en termesmus, les sympathies et le dvouement des You-goslaves irrdims pour la France ternelle, mredu droit et de la libert des petits peuples.

    Aussi, le second anniversaire de la bataille dela Marne a-t-il t commmor par nos compa-triotes de la faon la plus solennelle. En celleoccasion le Jadran (l'Adriatique), organe autorisde la Dfense Nationale Yougoslave Buenos-Aires, a publi dans son numro du 14 septembresous le titre : Vive la France victorieuse ! Vivela France invincible ! , en franais, un mouvantarticle que nous reproduisons ici comme tmoi-gnage des sentimentsdont sont anims les Yougo-slavesenvers la GrandeRpublique. Danscetarticlede notre confrre de Buenos-Aires il est dit :

    Aujourd'hui c'est l'anniversairede la grandebataille de la Marne, le jour mmorablequi veilleet qui veillera pour toujours dans les coeurs dumonde civilis les sentiments de joie; nous, parti-culirement, qui sommessi intresss dans l'issuede la guerre pour notre existence, nous qui avonsappris depuis les premiers jours de notre enfance aimer la France et en elle la bannire de la civi-lisation et de l'humanit, nous nous rjouissonsaujourd'huide tout notre coeur.

    C'est dans les premiers jours de la guerre queles barbares arrogants,sousle masqued'une faussecivilisation et aids d'une science qu'ils avaient

    vole aux autres, dans leur mgalomanie et leurgosme sans prcdents, se crurent assez fortspour soumettre les peuplescivilisssous leur joug;cela arrivait seulement quatre mois aprs que tousles grandsjournauxallemands avaient exprim lancessit d'une guerre prventive. Prpars djdepuis longtemps, organiss merveilleusement,ilsconurent le plan d'craser d'abord la France, lecoeur et le cerveau des AIHs. Ils allaient, dansl'excution de ce plan d'une victoire l'autre;d'un jours l'autre les fortsbelges tombaientdansleurs mains; ils taient en route sur Paris. Noscoeurs, comme ceux de tout le mondecivilis, tres-saillirentalors; c'tait un moment d'angoisse, dedouleur ; les gens pusillanimes, blouis par lessuccs allemands, prvoyaient dj une issuefatahj. JDans ce moment si grave, si anxieux,surgit le gnie franais; la force endormies'veille. Soldats franais! jusqu'ici nous avons recul,et non plus; c'est le moment de montrer aumonde entier que la France vit et qu'elle estforte et grande

    s'cria le gnral Joffre. Alorsse produit un miracle pour ceux qui regardaientles vnements de loin; mais c'tait bien la forceendormie de ce grand peuple, qui reprend de nou-veau son poste de conducteur entre les nations,cette fois avec plus de force, plus de volont ferreet organise. Quelle joie alors, quelle satisfactiondans notre coeur!

    Aujourd'huice sont les mmes sentiments quisurgissent dans notre esprit; c'est la joie de voirvaincu cet ennemi de la France, de l'humanit etle ntre spcialement; c'est le rjouissement devoir la France de nouveau si grande, si glorieuse,si forte; c'est la conviction que le gnie franaisne peut pas tre vaincu, ni l'humanit, person-nifie en lui ; c'est la certitude que l'issue de celteguerre sera favorable aux Allis, quand mmeelle devrait arriver dans un avenir lointain; c'estla foi que nous verrons notre idal national, notreYougoslavie, ralis avec le triomphe des Allis.

    Ce jour n'est pas un jour de fte purement fran-ais; comme le 14 Juillet il appartient aussi l'humanit entire. De mmeque dans le premieron fte le jour de la proclamation des droits del'homme, du droit de l'individu, dans le secondonftera la rsurrection du droit des peuples; cedroit qu'on avait bien cru avoir tabli sur desbases solides de la civilisation, mais que les nou-veaux barbares, dans leurs cupidits de domi-nation pitinrent sans scrupules. Il signifie lavictoire du gnie franais sur le militarisme alle-mand, la victoire de la civilisation humaine sur labarbarieteutonique.

    Aujourd'hui nous ne pouvons pas hsiter nepas crier de toutes nos forces :

    Vive la France glorieuse!Vive la France invincible!

    LES VOLONTAIRES YOUGOSLAVES

    A l'occasion d'une confrence sur la questionyougoslave, qui a t tenue, tout rcemment, laSocit de Sociologiede Paris, le distingu repr-sentant de la Serbie en France, M. le Ministre

    Milenko R. Vesni a dclar que les intriguesaustro magyares n'ont pas russi brouiller lesYougoslavesd'Aulriche-Hongrie avec leurs frresde Serbie. Le sang que nos frres Croates etSlovnes, a dit l'minent Ministre de Serbie, ontvers sur nos champs de bataille dans les rangsde l'arme serbe, a ouvert les yeux aux plussceptiques et aux plus incrdules.

    En fait, l'eDlhousiasmeavec lequel les Slovnes,les Croates et les Serbes d'Autriche-Hongriesontaccourus sous le glorieux drapeau serbe, et sur-tout leur nombre norme, ont rempli de joie tousles coeurs yougoslaves. Car c'tait la preuve laplus convaincante de la ferme volont des Yougo-slaves d'Autriche

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    Hongrie d'craser l'ennemicommun et de s'affranchir pour s'unir leursfrnes serbes, dont ils avaient pous d'avance lacause. Ds les premiers jours de la guerre, lenombre des Yougoslavesd'Autriche, enrls dansl'arme serbe, a t considrable.C'tait surtout lajeunesse

    les tudiants qui se sont trouvs, aumoment du dchanement de la guerre, en Serbieou dans les pays allis. Leur nombre s'est bienttaccru par l'arrive de milliers de volontairesyougoslaves de l'Amrique du Nord et du Sud etpar l'enrlement des soldats yougoslaves del'arme autrichienne qui avaient pass aux Serbeset aux Russes. Au moment de l'attaque austro-allemande et bulgare, l't pass, le nombre desvolontaires yougoslaves combattant dans l'armeserbe dpassait une dizaine de mille de soldats.Les Yougoslaves ont t dirigs principalementcontre les Bulgares, contre lesquels ils ont com-battu avec une exaspration et une vaillance sanspareilles. Ils sont rares ceux qui ont t faits pri-sonniers. Les volontaires yougoslaves ont prfrmourir que de tomber prisonniers aux mains desBulgares.

    Les restes desvolontairesyougoslavesen Serbie,reconstitus, ont reu, en aot 191(5, le premierchoc bulgare. Ce sont ceux dont le correspondantspcial de l'Agence Reuier au quartier gnralserbe parle dans sa dpche du 12 septembre.Nous y lisons : Le mois dernier, les lignes serbess'tendirent devant l'offensive bulgare en flancattnu jusqu'aulac de Presba, au del de P'iorina.Ce flanc tait tenu par des volontaires comprenantpresque entirement des Yougoslaves. Ce sont deshommes de sang serbe, ns en dehors du royaume,qui s'taientrallis la cause nationale.

    Cependant, toute une nouvelle arme de volon-taires yougoslavesa surgidernirement en Russie.C'est la fameuse division serbe qui, ds les pre-miers jours de l'intervention roumaine, combat ct de l'arme russe et roumaine contre les Bul-gares dlests. Elle est compose presque exclu-sivement de Serbes, de Croates et de Slovnesd'Autriche-Hongrie. Les exploils hroques desvolontaires yougoslaves de la division serbe rem-plissent d'admiration la presse russe. Voici cequ'en dit le Tetnpa du 28 septembre, dans unedpchede Plrograd:

    La premire division serbe, compose deSerbes, de Croates et de Slovnes, combat sousle commandement d'officiers serbes dans la Do-broudja.

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    Les journaux russes font l'loge du merveilleuxcourageavec lequel cette division a dfendu le ter-ritoire roumain contre les attaques des Bulgareset des Allemands, lors de la plus grande bataille,qui eut lieu le 25 aot, lorsque la division serbeeut repousserdix-huitattaques bulgares.

    Par suite du recul de l'arme roumaine, la divi-sion serbe se trouva encercle par les armes bul-gares et allemandes, mais elle se fraya le passage la baonnetteet repoussa l'ennemien lui causantde grandes pertes.

    L'attitude hroquede ces troupes a valu leurcommandantla reconnaissanceet l'admiration del'arme russe.

    Les correspondantsdes journaux de Bucarestmandentque la division serbe a repouss l'ennemiet que la bravouredes soldats serbes, le sang-froidet l'habiletde leurs officierssont sans exemple.

    Les sacrifices qui ont t imposs la divisiondes volontairesyougoslaves par les durs combatsen Dobrudja sont extrmement lourds. Cependantils ne sont pas mme d'branler la ferme volontdes Yougoslaves de poursuivre, avec des forcesnouvelles et accrues, la lutte contre ceux qui,dans les Balkans, se sont mis au service du Ger-manisme et du Magyarisme. Les Yougoslavessavent trs bien qu'en luttant sous le drapeauserbe, ct des Allis, ils combattent pour unecause juste, qui est aussi la leur, et qu'ils peuventseulement, dans le sang et dans les sacrifices,sceller leur unit nationale avec les frres deSerbie.

    De nouvelles divisions de volontaires yougo-slaves, sous le haut commandement des officiersserbes, sont prtes entrer en campagnesur lefront roumain. Le Comit Yougoslave se prte deson mieux afin que la contribution arme desYougoslaves l'crasement de l'ennemi et lalibration de la patrie commune soit prompte etefficace.

    SOCIT SERBE DE GRANDE-BRETAGNE

    Le Comit excutif et le programmeLa Socit Anglo-Serbe, dont nous avons

    annoncdj les butsdansnotre prcdentnumro,s'est constitue sous la prsidence de Earl ofCromer. Le comit excutif de cettesocit compteparmi ses membres: ces MM. James Berry, JohnAnnamBryce,John Bucham, Dr. R. M. Burrows,Sir Arthur Evans, H. J. Fynes-Clinton, J. A.Grant, Lady Grogan, Maj. Gen. Sir Ivor Herbert,Elsie Maud Inglis, H. J. Mackinder, Ronald MeNeill, Admirai the Hon, Sir Hedworth Meux,le Dr. R. W. SetonWatson, H. Wickham-Sleed,J. H. Los Strachey,Stephen Walsh, A. F. Whyte,Mmes CarringtonWilde et E. Hilton Young.

    Dans le conseil de la socit figurent : SirEdward Carson, Lord Milner, Lord Moulton,Lord Strathclyde, Lord Henry Cavendish, Ben-tinck, Admirai Lord Beresford, le Directeur deBalliol, le Directeur du Collge de l'Universitd'Oxford, Professeur Michael E. Sadler, SirGeorge Adam Smith, Major Astor, the Right lion.G. N. Barnes, Sir FrederickCawley,Sir AlgernonFirth, Sir James Fra/.er, the Right Hon. EllisGriffith, Sir Robert A. Hadfield, Mr. John Hodge,Colonel the Hon. Aubrey Herbert. Sir OliverLodge et Sir Francis Younghusband.

    Dans une proclamation publie par le comit,la cration d'une Yougoslavie unifie est motiveen ces termes :

    Chacun des grands Allis europensest gale-ment intress la cration de ce fort rempartcontre l'affirmation de la puissance allemande enEurope :

    la Russie, parce que l'unificationyougoslave signifie la libration du joug trangerde plusieurs millions de Slaves opprims; laGrande-Bretagne, parce que la constitution entat d'une autre nation unifie en Europe estconforme notre doctrine politique traditionnelle,et parce qu'une Yougoslavie intgrale contribue-rait garder la sret de l'Adriatique et de laMditerrane,de mme qu'une Belgiqueindpen-dante aide garder la Manche ; la France, parceque ses intrts et ses traditions sont sur ce pointidentiques aux ntres et l'Italie, parce que leprincipe de nationalit auquel elle est redevablede son existence serait de nouveau revendiqu

    et cela d'une faon qui lui apporterait, un allivalideen la dlivrantde tout danger de domina-tion germanique dans l'Adriatique, et procurerait l'Italie du Nord l'avantagede tenir en sa posses-sion une partie considrable de la nouvelle voieferre allant de l'Angleterre et de la France versl'Est.

    En relation avec la constitutionde cette socitLord Cromer a publi dans le Times une lettredans laquelle rappelant les buts principaux quela socit se propose de poursuivre, savoirl'union des Yougoslaves et la cration d'un tatSlave du Sud, comme le plus sr gage de la paixdans l'Adriatiqueet dans les Balkans, a catgo-riquement dmenti que la socit dont il est prsi-dent pourrait favoriser une politique hostile auxintrts italiens.

    La Sance d'Inaugurationde la Socit serbe

    D'aprs le Times du 21 courant, auquel nousempruntons ces lignes, la Socit serbe de laGrande-Bretagne a t inaugure dans uneassemble tenue le 20 octobre, la MansionHouse , sous le patronage du Lord Maire. Parmiles personnes prsentes, on notait le Ministreserbe, avec les membres de la Lgation et lesattachs militaires serbes, le Ministre roumain,Lord et Lady Cromer, Sir Edward et LadyCarson, etc.

    Le Lord-mairedit qu'il fallait bien que les finsaussi louables que celles de la Socit serbefussent reconnues et aides dans la City deLondres,dont le premier intrt, aprs la victoireobtenue, serait que la paix ft relle, durable etfructueuse. Il insiste pour que les Anglais et lesAllis se concertent temps pour que, la fin deshostilits,ils se soient familiariss avec les condi-tions indispensables pour prvenir les luttes int-rieures. Parmi ces conditions, l'unit des peuplesyougoslaves et un cordial accord entre eux etl'Italie tiennent une place prpondrante.

    Le discours de Lord CromerLe prsidentde la Socit, Lord CROMER, aprs

    avoir insist sur la grande importance de la ques-tion yougoslave, dit qu'on avait, insinu que laSocit serbe tait anime d'un esprit d'hostilitenvers l'Italie et les Italiens. Il ne sera pas difficilede deviner de quel endroitmane cette calomnie.Au nom de la Socit serbe, il a donn le pluspositif et le plus catgorique dmenti l'ide quecelle-ci soit anime un degr quelconque de sen-timents hostiles envers l'Italie et les Italiens. Sicela tait vrai, lui-mme n'aurait aucune relationavec la Socit serbe. Il appartient la nation etau gouvernementitaliens d'envisagerleurs propresintrts matriels. Naturellement, les Italiensdsirent avoir une influence prdominente dansl'Adriatiqueau lieu de la partager,comme jusqu'prsent,avec une puissance hostile. C'est une aspi-ration parfaitement lgitime qui serait satisfaite, ilen a laconviclion.ilne voitaucuneraison pourquecela ne soit pas, tandis qu'en mme temps on vaau devantdes aspirations raisonnablesdela nationyougoslave. La Socit serbe n'a pas t formeavec l'ide d'aspireran rle, ou dans la croyanceque l'Angleterre pourrait aspirer an rle d'trel'arbitre entre les Slaves et les Italiens,mais pluttd'aspirer rassembler les faits et de les exposerdevant le public. Si pourtant l'opportunit s'enprsentait, la Socit saluerait chaque occasiond'tre utile pour aplanir les difficults et pour rap-prochernos amis, Slaves et Italiens.

    C'tait l'objectif qu'il voulait appuyerdans celleassemble, c'est un objectif qui, il l'espre et lecroit,sera accueilli avecsympathie par les hommespolitiques et le public de cette contre en gnral.C'tait l'intrt de l'Eurore entire de crer unbloc des peuples non-teutoniquescomme une for-midable barrire l'agression germanique dansl'avenir. Les Yougoslaves sont aptes crer cettebarrire. L'Italie, peut-tre plus qu'une autrecontred'Europe,est intresse cette formation.

    Le discours de M. Wickham SteedM. Wickham STEED, prsident du Comit ex-

    cutif de la Socit, payant un chaleureux tribut l'hrosme serbe et italien, dit qu'une solutionparfaitede la question yougoslave demande non-seulement l'union politique entre Serbes, Croateset Slovnes, mais encore leur fusion ultrieure enun peuple uni. En travaillant pour l'unit yougo-slave et pour son bien-tre, la Socit serbe estsoucieuse non-seulement do prserver,mais bienplus, d'tendrela culture italienne et son influencedans et autour de l'Adriatique.

    Sir Edward Carson prend la paroleL'ancien membre du cabinet, sir Edward

    Carson, aprs avoir dclar que son intrt pourla Serbie est profond et sincre et aprs avoir faitallusion aux secours qui ne furent pas envoys temps la Serbie, aux consquences qui en rsul-trent, et aux devoirs de l'Angleterreressortantde

    ces faits, dit que les Puissances Allies, aprs lavictoirequ'ils sont dcids obtenir, se mettront refaire la carte de l'Europe; toute interventionde l'Allemagne et de l'Autriche, de la Turquieetde la Bulgarie sera limine. Lorsqu'on dcideradu sort de la Serbie, il s'agira d'un importantfacteur. Il espre qu'elles seront capables derunir toutes les populationsyougoslaves dansune grande unit. Il y a ici des difficults, toutspcialement l'gard de l'Italie, mais il pense,comme il l'avait dit ailleurs, que le fait d'avoircombattu comme allis adoucira les difficults.Les extrmes des deux cts doivent se prpa-rer comprendreque l'une des grandes oppor-tunits favorables pour rsoudre cette questions'est prsente; et, de mme qu'ils ont, par desefforts combins, dfait leur ennemi commun,de mme de leurs mes unies ils faonnerontleur avenir pour toujours. Le meilleur tamponque nous pourrions mettre entre l'Allemagne etl'Est, a-t-il dit, serait la cration d'un grand tatyougoslave unifi. Certaines personnes tiennentleurs yeuxfixssur lesfrontiresde l'Ouestcommesi c'tait seulement l que sont les champs debataillequi nous concernent.11 se peut bien que lavictoire y sera gagne en matire stratgique,mais je suis port croire que les ambitions rellesde l'Allemagne vont vers l'Est. Pour cette raison,tandis que notre premieret plus puissant objectifdoit tre de tenir notreengagementde reconstituerl'indpendancede la Serbie, nous avons de grandsintrtsvitaux nous efforcerqu'elle soit faite plusforte, parce que dans sa force nous trouveronsunescuritadditionnelle pour nos possessionsde l'Est.

    L'ordre dujour votSur la proposition de Lord Cromer, appuyepar

    Mr. T. P. O'Connor, la rsolution suivantea tprise :

    Cette runion exprime sa ferme conviction quel'union de la race Yougoslaveet un accord troitentre la race yougoslave et l'Italie, sont essentielspour la paix future en Europe, et, que pour cetteraison ils doiventtre considrscomme des intrtsminents des peuples de l'Empire britannique.

    LA SERBIE ET L'UNION YOUGOSLAVE

    La Serbie, journal serbe qui parat Genveenlangue franaise, sous la direction de M. LazarMarkovic, professeur l'Universit de Belgrade,a publi dans son numro du 15 octobre, de laplume de son directeur, l'article o on lit :

    Les derniers fils validesde la Serbie fidle, dela Serbie hroque, n'hsitent pas sacrifier leurvie pour sauver la patrie. Ce spectacle uniqued'un peuple luttant jusqu' la mort, dans le senslittral de ces mots, est la preuve de la dtermina-tion de la nation serbe d'aller jusqu'au bout,jusqu' la dlivrancecomplte, c'est--dire jusqu'l'union de tous les Yougoslaves en un Etat libre etindpendant.

    L'histoire connat dj des exemples de nationspayant au prix de leur sang leur unit nationale.Mais les efforts du peuple serbe, les sacrifices qu'ila faits et qu'il ne cesse de faire afin d'assurer sonindpendance et d'affranchir ses frres serbes,croates et Slovnes du joug tranger, dpassenttout ce qu'on a vu jusqu' prsent, et devant cespectacle si tragiqueau point de vue humain,et sinoble et si graveau point de vue des destines despeuples, les amis et les ennemis de notre nationsauront comprendre pourquoi la Serbie soutientcolle lutte la vie ou la mort. Les communiqusparlent des kilomtres carrs librs, mais le sangserbe, vers torrents, dsigne le but, le seul butpossible, le seul but imaginable: l'affranchisse-ment intgralet total de notrenation.

    La Serbie n'a pas voulu la guerre. La lutte a timpose notre peuple par la monarchie austro-hongroise, qui, seconde et pousse par l'Alle-magne, se proposait de briser la force nationaleserbe, d'touffer en germe le dveloppement de laSerbie libre et de rendre, par l'avance germaniquevers l'Orient, impossible toute tentative des You-goslaves de se dgagerde l'treinteoppressive desAustro-Magyars.La Serbie ne voulut pas cepen-dant donner sa tte gratuitement. Elle se dfendit,et les Puissances allies, qui ne lardrent, pas s'apercevoir du danger qu'elles couraient elles-mmes si l'Allemagne et l'Autricheralisaient leurplan d'arriver Salonique, Constantinople, Bagdad, en Egypte.

    acceptrent galement lala lutte. Ainsi commena la grandeguerre, o lesforces du germanismese mesurent avec la rsis-tance latino-slave, et d'o l'Europedoit sortir pu-rifiedcl'espritmoyengeuxdocertainsmonarques,libre du militarisme prussien cl dmocratise

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    internationalement. Dans le cadre de ce pro-gramme gnral, la question serbe ou yougoslavese prsente comme un des lments principaux dela rgnration de l'Europe.

    L'unit yougoslave n'est donc pas une thorie,un sentiment ou une aspiration idale. C'est undes buts de la guerre actuelle. Ce n'est pas seule-ment au pointde vue sociologiqueque la runion detous les Yougoslavesse justifie, par la communautde race, de langue et d'aspirations,mais c'est sur-tout au point de vue politique que la solution de laquestion yougoslave s'impose. Si la guerrefinit enpartie nulle, si l'on rtablit le situ quo, l'Europen'aura plus de paix. Les forces germaniques, con-tenuesprovisoirement, saisiront la premire occa-sion favorable pour tenter de nouveau ce qu'ellesauront manqu dans la guerre actuelle. Une telleperspective serait bien triste, mais on ne pourraitrien faire pour sauver l'humanitdu danger d'unenouvelle guerre, plus longue et plus affreuse. Si,au contraire, les Allis brisent l'Allemagne et laforcent une paix donnantdes garantiesde dureet de stabilit, la conclusion d'une telle paix im-plique ncessairement l'affranchissement des You-goslaves de toute domination trangre.

    La Serbie a toujourst consciente del gravitde l'enjeu, et si elle avait voulu s'occuper seule-ment de son intgrit territoriale,elle aurait puaccepter les offres ritres de paix spare quilui ont t faites. Mmedans l'preuve la plusdure,la Serbie ne flchit pas et ne voulut pas s'inclinerdevant le poing allemand. Le peuple serbe; veuttre libre, tout entier, et uni avec ses frres croateset Slovnes. C'est en vue de cette union qu'il laissecouler les dernires gouttes de son sang. Et alorson devrait, sinon par conviction du moins parrespect pour ses guerriers lgendaires, cesser deparler de l'intgrit de la Serbie ou de ses dbouchs sur l'Adriatique. Le peuple serbesaigne pour son intgrit, et il la rclame,touteentire.

    LESPERSCUTIONS AUSTROHONGROISES

    CONTRE LES YOUGOSLAVES

    Les ProcsLa justice austro-hongroise,qui couvre d'une

    manire si infme les exactions et les crimes desautorits de la monarchie dualiste contre sespropres sujets, ne se lasse pas de continuer prter main-forte au projet machiavliqued'exter-mination des Yougoslaves. Les procs et les con-damnations des chefs politiques et intellectuelsdesYougoslaves,pour les crimes de haute trahisonou de lse-majestsont toujours l'ordre du jour.Voici quelquesnouveauxcas :

    EN HONGRIELe journal Az Ujsag du 12 septembre informe

    que la police de Novi Sad (Uj Videk) a ouvertune nouvelleenqute contre M. Vassa Slaji, pro-fesseur l'cole normale de Sombor (Backa), quele tribunal de Szegedin avait dj condamn huit ans et six mois de travaux forcs pour hautetrahison. Celte nouvelle enqute a pour base lesarchives de la Narodna Odbrana (Dfensenatio-nale) qui sont dans les mains des autorits austro-hongroises. On y trouve deux pices qui, sansaucun doute, dmontrent que Stajic a voyaggratuitement sur les chemins de fer serbes et qu'ila t membre de la NarodnaOdbrana. Un dlgude la police de Novi Sad s'est rendu, il y a quel-ques jours, Szegedin pour interrogerStaji, quise trouve dans la prison de Csillag.Staji nie l'au-thenticit de ces pices. Vassa Stajic est un homme de lettres yougo-slave trs connu. Il a fail ses tudes Paris, et ila t considr comme un des chefs intellectuelsde la jeune gnration serbe de Syrmie, de Backaet de Banat. I! a t rdacteur d'une revue, NoviSrbin (Nouveau Serbe), et d'un journal populaire,Srpska Prosveta (La Civilisation serbe). Par sesides larges et dmocratiques, imprgnes d'unardent patriotisme yougoslave unitaire, Stajiavait acquis une immense popularit qui dpassaitde beaucoup les troits confins de l'ancienneVovodinaserbe, en faisant de son nom le symbolede la rgnration yougoslave. Avant la guerre,Staji avait fail une srie de confrences sur lasituation des Serbes en Hongrie et sur l'unityougoslave,en Croatie,enBosnie,en Dalmalie,etc.Pour son activit patriotique, il a t cruelle-ment poursuivi par les autorits magyares et,depuisl91J,il est presque constamment en prison,Ses amis, des jeunes instituteursserbes, des avo-cats, des prtres de Panevo, de Beckerek et de

    Vlika Kikinda, partagent le mme sort dans lesprisons hongroises.

    EN DALMATIELe Narodni List de Zadar (en Dalmatie) du 29

    septembre crit : Les 22 et 23 septembre, la Cour de Cassation

    de Vienne a dlibr sur la condamnation du doc-teur Mato Drinkovic, dput croate la Ditedalmate. Le dossier a t renvoy au tribunal depremire instance pour procder un nouveaujugement. La dfense est confie au dput, doc-teur Matko Laginja.

    Le procs dont il s'agit est un procs politiqueintentcontre le dput Drinkovic ds les premiersjours de la guerre, quand il fut emprisonn avecun millier d'autres patriotes yougoslaves de laDalmatie. Le crime dont le dput Drinkovic s'estrendu coupable, c'est d'avoir assist la fte na-tionale serbe sur le Kosovo dalmate, le jour fataldu 28 juin 1914, et d'avoirproclam, au nom desCroates de la Dalmatie, leur solidarit avec lesSerbes, en soulignant la ncessit pour la raceyougoslave de s'unir et de s'affranchir du jougtranger. Ce discours retentissantet sensationnelavait fait le tour de la presse austro-allemandecomme une des preuves de la propagande pan-serbe en Dalmatie, et le docteur Drinkovic a taccus du crime de haute trahison, Les dbats onttplusieursreprises fixs et de nouveau renvoyspour complment d'instruction ou cause del'tat de sant prcaire de l'inculp. Finalement,en dcembre 1915

    donc aprs une anne etdemie le procs a t port devant le tribunalpnal de Graz, qui s'est content, vu la sant etles souffrances morales de l'inculp, de le con-damner six mois de prison. Cependant, le verdictdu tribunal de Graz a paru au procureur imprialet royal trop doux, et il a recouru la Cour deCassation, Vienne, qui vient, comme nousl'avons vu, de casser le jugement et d'ordonnerde nouveaux dbats. En attendant, l'illustre chefdu parti du droit croate, une des figures les plusidales de la Dalmatie serbocroate, doit continuer pourrir dans les cachots o sa sant dlicate at compltementruine.

    EN BOSNIELe journal officiel de Bosnie et Herzgovine, le

    Sarajevski List dans ses numros des 4 et 5octobre, publie le compte-rendu du procs in-tent contre Stipan Grdjic, professeur, dput auSabor (Dite) de Bosnie et Herzgovine, chef del'opposition serbe et frre de Vassil Grdji, dputlui aussi, etqui ouvre la listesinistredescondamns mortdans le procs monstrueux de BagnaLouka.

    Stipan Grdjic a t accus du crime de lse-majest:

    1.) de ne pas s'tre lev, dans la sance du Sabordu 4 mai 1914, pendant que le prsident du Saborcommuniquait que Sa Majest Franois-Josephtaiten bonne sant ; et

    2.) d'tre venu en costume de ville, de couleurclaire, la sance du Sabor du 28 juin, le jour del'assassinat du prince hritier l'archiduc FranoisFerdinand, ainsi que d'avoir parl avec son frreVassil Grdjic et le dput Ntejitch, pendantqu'oncriait : Gloire lui ! et Vivat !

    Le tribunal a condamn le dput StipanGrdjic 14 mois de travaux forcs et au payementdes frais du procs.

    Notons que le dput Stipan Grdjic, commetous les autres dputs serbes de Bosnie-Herz-govine, est tenu en prison depuis le commence-ment des hostilits. Son frre Vassil, dput luiaussi, fut condamn la mort par pendaison dansl'abominable procs de Banjaluka, dont nousavons rendu compte nos lecteurs. Ainsi le gou-vernement austro-hongrois se dbarrasse despatriotes yougoslaves qui par leur fermet decaractreet par leur activit politique gnent lesplans germaniques dans l'occident balkanique.

    D'ailleurs les autorits austro-hongroises, dansles provinces annexes, trament un nouveauprocs de haute trahison par lequel elles esprentanantirce qui reste encore de patriotes serbes enBosnie-Herzgovine. Voici ce qu'annonce lejournal Novosti de Zagreb dans son numro du11 octobre:

    Lorsqu'on a trouv Loznilza les fameuxpapiers du commandant serbe Kosta Todorovi,qui rvlaient l'organisationde l'espionnage serbeen Bosnie, tous ceux qui y taient signals commeespions serbes furent emprisonns. Une partiedeces personnes est dj condamne dans le procsde Bagna Louka. L'autre partie, comprenant39 personnes, dont une est morte en prison, estemprisonne Sarajevo et sera juge sparment.Le procs commencera le 23 octobre, devant letribunal de premire instance de Sarajevo.

    Les confiscations de biensEN CROATIE

    Le journalofficiel Xarodne Noaine des 21 et 23septembre et du 14 octobre annonce la confiscationde tous les biens mobiliers et immobiliersdes per-sonnes suivantes: Kosta et Milan Ljubinkovic dePetrovi. Zivan Vuin de Dec, Nikola Amidjic deAanje, Dusan Plasic de Surein et Marko Pro-koplijevic de Petrovi

    vu que les preuvesdposescontreeuxcrent le souponfondd'avoiren 1914, au cours de la guerre et lors de l'irrup-tion des troupes serbes en Syrmie reu celles-cisolennellement et de s'tre rfugis en Serbie enles accompagnant.

    En outre, le Narodne Nooine du 23 septembreet des 12 et 13 octobre publie les ordonnances deconfiscation des biens de Marko Munigaza, fan-tassin du 79e rgiment, de Milan Ruvarac. soldatdu 70e rgimentd'infanterie, de SlavkoOblaicdeMokol, de Nikola Gluma.vJoviicd'Oger vu queles preuves dposes contre eux font surgir lesoupon fond qu'en 1914, au cours de la guerre,aprs avoir t fait prisonniers de guerre par lesSerbes, ils se sont engags dans le service de lagendarmerieserbeetqu'ilsontaccompli ceservice.

    EN DALMATIEDans la Hrvatskadu 23 septembre nous lisons : Le tribunal de Zadar a dcid la saisie des

    biens du commerant Petar Perkut de Kambelovacpour assurer les dommages-intrtsdu procs dehaute trahison.

    Dans le Slooenec du 22 septembre: Le tribunal de Trieste a ordonn la saisie des

    biens de Milos Kros de Knin en Dalmatie, et deDragomir Kraljevic de Supetar, en Dalmatie,accuss d'avoir comme soldats du 69e rgimentd'infanterie pass l'ennemi.

    Dans le NarodniList du 29 septembre :Le tribunal de Zadar a ordonn la saisie des

    biens de Marko Simi et de Nikola Pavlovic deRojevi (Bouches de Cattaro) pour assurer lesdommages causs l'tat par leur crime de hautetrahison. Les nomms Simic et Pavlovic ont tcondamns mort)).

    Le NarodniListdansle mme numro annonce : Il fut dcid de procder la saisie des biens

    de M. Ivo Cippico, hommede lettres, pour assurerles dommages causs l'tat par son crime dehaute trahison.

    M. Ivo Cippico, originaire de Trogir en Dal-matie, est l'homme de lettres serbe d'une grandevaleur. Ses romans, ses contes, et ses drames quitraitent] des sujets dalmates, lui font une placetoute spciale dans la littratureserbo-croate, parsa force d'expression et aussi par l'admirabledescription de la beaut du littoral adriatiqueet dela vie de sa population. Quelques-unsde ses chefs-d'oeuvreont t traduits en plusieurs langues. En1912, M. Cippicoest all s'tablir en Serbie o il aa continu son activit littraire.

    EN BOSNIE-HERZGOVINELe journal officiel Sarajevski ts/.des 22, 27, 28,

    29 et 30 septembre, des 2, 4 et 5 octobre, annonceles saisies des biens des personnes suivantes :Petar et Luka Sobovi ; Okica Ristic, Trifco SegrtCetkovet Vuk Gradinac de Arhandjelovo,Spasoje,Nikola et Petar Vuckovi, Jefta, Obren, Blagojeet Spasoje Sredanovic, Damjan Stijaciet TrifkoKonjacic, StojaneMaksimovi de Klobuk, CvetkoMadic-Stojanovi,Ilija et Milovan Mrdi, StijepanSredanovi de Zupa, pour avoir aid l'ennemi.

    En outre, VEdinostdu 5 octobre publie ce quisuit:

    Le journal officiel publie l'ordonnance dutribunal de Trieste annonant la saisie des biensdes soldats du4ergimentde Bosnie-Herzgovine:du sergent Obren Slavic de Jeznik, de Ivo Rimacde Livno, de Aim Kurtagic de Bihovo, de PeraVulic de Biela et de Rista Glisi de Rasevevo.Tous ces soldats sont accuss d'avoir pass l'ennemi.

    La justice austro-hongroise a accompli toutecette besogne dans un dlai relativement trs bref :de vingt trente jours. Cependant nous n'avonsnot que les faits les plus saillants; les choses demoindre importance, telles que les confiscationsde livres anciens et modernes des potes nationauxyougoslaves, nous ne les avons pas mme men-tionnes. C'est sr : les gouvernementsde Vienneet de Budapest, faute de victoires sur les champsde bataille, ont trouv quand mme un champ oleurs armes peuvents'exerceravecquelquesuccs :c'est dans la lutte contreleurs propres sujets sansdfense.

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    LA FIN D'UNE COMDIEBien avant la guerre, M. R. W. Seton-Watson

    avait publi un livre trs document sur la ques-tion yougoslave en Autriche-Hongrie (The Sou-thern Stac Question and (lie Habsburg Monarchie(Constableet C. Londonl911). Dans cet ouvrage,l'mineni publiciste cossais, connu sous' le nomlittraire de Scotus Viator, examinait la questionyougoslavequi avait dj acquis une importancecapitale aussi bien pour la monarchiedualiste quepour la paix europenne, au point de vue histo-rique, conomique et politique, en plaidant pourune solution intermdiaire et pacifique. Cette so-lution aurait consistdans la transformationde laMonarchie dualiste en tat trialiste moyennantla cration d'un troisime tat autonome, a ctde l'Autriche et de la Hongrie,dans lequel auraientt unis tous les Yougoslaves de la Monarchiejusqu' prsent partags entre l'Autriche, la Hon-grie et la Heichsland de Bosnie-Herzgovine.Lelivre du publiciste cossais, qui s'tait fait aupa-ravant connatre par de fortes tudes sur les na-tionalits hongroises, avait veill un grandintrt, surtoutaprs les guerres balkaniques. Lesmagnifiquessuccs serbes, en fait, avaient mis envidence l'impossibilitdu maintien d'un tat dechoses qui laissait subsister, ct de deux tatsdmocratiques et indpendants yougoslaves (laSerbie et le Montngro), l'asservissement abso-lutiste des 6 millions de Yougoslaves d'Autriche-Hongrie. C'est cette heure-l, o le publics'intressait la question yougoslave, qu'avaitt publie une traduction allemande du livre deM. Seton-Watson largi et complt en quelquespoints. Or, voici maintenant qu'un journal croatede Zagreb nous apprend que les autorits austro-hongroises ont ordonn la confiscation de cettetraduction. La Hrvatska du 29 septembre crit : En 1913, a paru Berlin, chez Breyer etJessen, l'ouvrage Die sdslaviche Frage im Habs-burger Reiche. L'auteur en est Scotus Viator.Cet ouvrage a commenc se rpandre beaucoupen Croatie. Vu que cet ouvrage, par le sujetqu'il traite, constitue un dlit contre l'ordre pu-blic, en vertu du 65a du Code Pnal, le pro-cureur gnral a exigsa confiscationet la supres-sion des exemplaires existants. Le tribunal deZagreb a dlibr aujourd'hui sur celle question.Le dfenseur de Scotus Viator, puisque la loi endemande un, a t l'avocat Ivan Jurisa, de Zagreb.Le tribunal s'est prononc pour la suppression etl'interdiction de vente de cet ouvrage .

    Remarquons-lebien : c'est aprs trois ans quele livre de l'crivaincossaisvientd'lre supprim.Comme nous l'avons dj dit, l'ouvrage de M. Se-ton-Watson ne contenait aucun propos hostile l'gard de la monarchieaustro-hongroise;au con-traire, on y plaidait une solution pacifique de laquestion yougoslave dans un sens o la dynastiehabsbourgoise aurait pu trouver son avantage.Il s'agit de la fameuse formule du trialisme. Or,s'il est vrai, comme certains journalistes d'au-deldes Alpes veulentnous le faire croire, que les gou-vernants de Vienne et de Budapestsont favorables la solution du problme yougoslavedans le sensdu trialisme habsbourgois, nous n'arrivons pas comprendrequel intrt peuventavoir les autoritsaustro-hongroises saisir un livre qui ne deman-dait pas autrechose. Nous le comprenonsd'autantmoins que, en ce moment, les Habsbourgs ontrussisoumettre leur joug tous lesYougoslaves,ceux de la Monarchie, comme ceux de la Serbieet du Montngro,et par consquentils pourraientdonner, au moins provisoirement, au problmeyougoslave la solution qui leur plat. Commentpeut-onexpliquer la contradiction qui existe entreles affirmationsdes dits journalisteset les actes dugouvernement austro-hongrois, entre autres lasaisie du livre de M. Seton-Watson?

    Pour nous, qui connaisons de plus prs les dis-positions des gouvernements de Vienne et de Bu-dapest, ces actes sont clairs et logiques, parce quenous savons que la fameusesolution trialiste de laquestion yougoslave n'a jamais t sincrementdans la pense des dirigeants del Monarchiedua-liste et que le projet nbuleux du trialisme n'a tqu'une manoeuvre par laquelle on essayait dedtourner les regards des Yougoslaves d'Autriche-Hongrie de leur Pimont national

    de la Serbie.Les Yougoslavesassujettis aux Habsbourgs ontcompris le pige et ne s'y sont pas laiss prendre.L'action du Comit Yougoslave eii est la meilleurepreuve. Les gouvernants austro hongrois, aprsle complet chec de leur tentative, reconnaissentmaintenant qu'ils n'ont aucunprofil continuer dejouer srieusement la comdiedont tout le monderit. Ils jettent donc le masque. Voil pourquoi lelivre de M. Seton-Watson a t confisqu.

    Deux confrences de M. P. PasquierM. F. Pasquier, le savant archiviste de la

    Haute Garonne, a l'ait la Socit de Gographiede Toulouse deux brillantes confrences sur lesSlaves d'Autriche-Hongrie. La premire, qui a eulieu dans la sance du 25 mai, a t consacreauproblme yougoslave, et plus particulirement sa partie la plus dlicateet la plus difficile, qui seprsente sous l'aspect que M. F Pasquier a pr-cisment choisi comme thme de sa confrence, savoir : Les Yougoslaves et les Latins sur lesrives de l'Adriatique.

    Voici, d'aprs le compte rendu, publi dans leBulletin de la Socit, quelques principaux pas-sages de l'exposclair et fort document du pro-blme qu'a fait le savant franais. Parmi les pro-blmes,a-tildit, dont l'examensolliciteral'attentiondes diplomatesau prochain Congrs de la paix, leplus facile rsoudrene sera peut-trepas celuiquiconsistera faire la rpartition des territoiressitus sur les bordsseptentrionauxde l'Adriatique.Les difficults de tout genre s'accumulerontpourempcher de donner satisfaction des ambitionscontradictoires.

    Les deux races en prsence sont reprsentespar les Italiens et par des groupes de Slaves. Siles uns et les autres sont longtemps rests unispar un sentiment de haine de l'Allemand, l'op-presseur commun, l'ennemi hrditaire, tant qu'ils'est agi de lui rsister et de le rejeter au del desAlpes et du Danube, l'accord tait relativementfacile. En sera-t-il de mme au lendemain delvictoire, lorsqueviendra le momentde prendre laplace abandonne par le vaincu et de fixer la partdes prtendants?

    Le principe, que chacun invoque pour en tirerprofit, est celui des nationalits; l'ethnographie estadmise indiquer les dmarcations des tats quivont, prendre place sur la carte de l'Europe; tantmieux, si elles concident avec les limites natu-relles; autrement, on passeoutre : on escalade lesmontagnes, on franchit les fleuves, on traverse lesmers pour retrouver des gens parlant un mmeidiome, ayant une origine commune,quoique loin-tains. C'est ce qui peut arriver pour les rgionsbaignes par l'Adriatique, si l'on examine la com-position des populations.

    En remontant vers le Nord, on trouve, gauche,les terres italiennes qui formaientl'anciennerpu-blique de Venise; de ce ct, pas de doute, la raceest bien latine comme la langue. A droite, en quit-tant l'Albanie, on longe le littoral dalmate, puiscelui8e la Croatie,comprenantla provinceoccupepar les Slovnes. Tous, Dalmales, Croates et Slo-vnes sont anims par un mme dsir de secouerle joug austro-allemand et de s'unir aux Serbes,auxquels s'adjoindraient la Bosnie et l'Herz-govine. Cette agglomration formerait un tatd'une dizaine de millionsd'habitants qu'on appelledj la Yougo-Slavie,c'est--direla Slavie du Sud.Les dialectes d'origine slave ne laissent qu'uneplace restreinte l'italien; ils le lolrnt dans lesvilles importantes, ils ne lui ont pas permis de sepropager dans les campagnes. La rpublique deVeniseavait tendu son influence sur ces contrespour y recruter ses meilleurs matelots, y dve-lopper son commerce, mais elle n'avait pas jug propos d'y laisser une plus forte empreinte parl'importation de ses lois et de sa langue.Pour les provinces voisines des Alpes et del'Isonzo, si la langue les rattache aux Slovnes, laposition en fail une frontire de l'Italie.

    Quant la Slovnie, si lesItaliens sont logiques dans le principe auquel ilsdoivent leur renaissance et leur unit, ils lais-seront ces provinces se runir leurs nationauxde Croatieet de Serbie.

    Les uns et les aulros ne doivent pas oublier quel'Allemand du Sud et le Hongrois dpossds deces belles rgions, privsde dbouchsmarilimes,rduits comme la Suisse rester continentaux,chercheront reprendre Trieste cl Fiume.

    En terminant M. Pasquier a voulu rendrehommage un illustre savant toulouain qui afail des tudes slaves sa spcialit et qui n'estautre que le vieil ami du peuple yougoslave,M. Louis Lger, l'mineni professeur au collgede France, membre de l'Institut et de plusieursAcadmieset Socits savantes slaves. Ce Tou-lousain de naissance, a dit trs justement M. Pas-

    quier, a conquis une notorit qui s'tend partouto s'agite l'lment slave, en Russie comme enYougoslavie. A cet hommage bien mrit, nousnous associons de tout notre coeur.Dans aulr e confrence faites le 17 juillet sur Les Germains et les Slaves au centre de l'Eu-rope , M. Pasquier a expos le problmetchque,lia tenu a souligner que les Slaves, au sud commeau nord, taient solidaires. Le sort des uns, a-t-ildit, ne peut tre assur sans celui des autres. Eneffet, tous ont t soustraits la domination del'empire Austro-Hongrois, dont la dsagrgationest depuis longtemps commence... Nous devonssouhaiter que les Slaves du centre de l'Europe etde la Yougoslavie,quiont montr leur dvouement la France, reoivent la rcompense de leursefforts et voient le triomphe de leurs droits et deleurs aspirations.

    Les deux confrencesont t trs applaudies, etle Prsident a chaleureusement remerci M. Pas-quier. Nous aussi nous exprimons nos remer-ciementset notre reconnaissanceprofonde l'mi-nent confrencierpour les paroles de sympathieetde justice qu'il a voulu tmoigner la causeyougoslave.

    Deux DmentisDans le Journal des Dbats du 18 octobre nouslisons celle protestation : h'Idea Naziojiale du 10 octobre publie la com-

    municationsuivante : Le Comit yougoslave Genve

    qui n'estqu'une manation de ceux qui sigent Paris et Londres

    a expos son opinion sur la situationde la manire suivante : La guerre actuelle a d-montr que les petits Etats ne peuvent pas vivreindpendants sans exposer un grand danger leurexistence nationale. C'est pourquoi les Yougo-slaves, ayant constat l'impossibilitdel crationd'un royaume indpendantserbe, qui aurait com-pris toutes les rgions yougoslaves, voudraientvoir l'union des pays yougoslaves ralise sous laforme du trialisme, c'est--dire faire partie de lamonarchieaustro-hongroiseavec les mmes droitset les mmes devoirs et, en somme, dans la mmesituation que la Hongrie.

    L'IdeaNazionale, qui ne cite pas la source oelle a puis cette nouvelle,a accompagn sa com-munication anonyme d'un commentaire et amme crit un article de fond ce sujet. Dans cetarticle, la rdactionmetdes insinuations ouvertescontre le Comit yougoslave, le traitant d'ins-trument de la politiquede l'Autriche-Hongrie.

    Nous considrons de noire devoir d'opposer ces insinuations ce qui suit :

    Il n'y a aucun Comit yougoslave Genve;quelquesmembres du Comit yougoslavehabitentcependant celle ville et, l'exception des sous-signs, aucun autre membre de notre Comit n'avcu depuis le commencementde cette anne, Genve; nous autres membres du Comit yougo-slave qui vivons Genve, nous n'avons, ni indi-viduellement ni en commun, jamais fait per-sonne et en aucun lieu la dclaration que publieYldca Nationale,

    ni aucune autre dclarationsemblable. Tout ce que contient l'information deYldea Nazionale

    de Rome n'est qu'une pureinvention et une insinuation qui, dfaut d'argu-ments valables, a pour but vident de compro-mettre l'effort du Comit yougoslave. Nous re-poussons nergiquemenlcette attaque la puretde nos motifs el de nos aspirations, et nous pro-testonscontre des procdsaussi indignes.

    Genve, le 12 octobre 1910Yovan BAN.ANIN, ancien dput au Parlement croate;

    Dr. .Iules GA/.ZAIU; Dr. Gustav GREGOHIN, dput auParlement de Vienne; Ivan MESTROYIC; Dr. MilanSusKic, dput au Sabor de Bosnie-Herzgovine;Dr.Nicolas STOJANOVIC, dput au Saborde Bosnie-Herz-govine; Dr. Dinko TRINAJESTIC, dput a la Diteu'Istrie.

    # *h'Idea Nazionale du 23 septembre avait publi

    une interview avec un Tchque que la rdactionde la feuille nationaliste de Rome, dans son intro-duction qu'elle avait fait prcder l'interviewavait dsign comme un des membresdu ConseilNational Tchque . D'aprs cette introduction, leprtendu reprsentant des Tchques auraitdclarque les Tchques se dsintressentcompltementdu mouvementyougoslave, etc..

    Or, le Conseil National des Pays-Tchquesnousa donn au sujet de cette interview l'informationsuivante :

    Au mois de septembre 1916, aucun membredu Conseil National des Pays-Tchquesn'tait enItalie et n'a donc pu parler en son nom.

    Le Grant.

    I-. MATHIEU.

    lmp. dos Houx-Arts (A.Mullor), 79, ruo Daroai^ Paris