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Emmanuèle Reynaud Castells Manuel, La question urbaine. In: Revue française de sociologie. 1974, 15-4. pp. 617-626. Citer ce document / Cite this document : Reynaud Emmanuèle. Castells Manuel, La question urbaine. In: Revue française de sociologie. 1974, 15-4. pp. 617-626. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1974_num_15_4_5757

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Emmanuèle Reynaud

Castells Manuel, La question urbaine.In: Revue française de sociologie. 1974, 15-4. pp. 617-626.

Citer ce document / Cite this document :

Reynaud Emmanuèle. Castells Manuel, La question urbaine. In: Revue française de sociologie. 1974, 15-4. pp. 617-626.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1974_num_15_4_5757

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Bibliographie

les plus marquants de la haute fonction publique, que les corps inculquent très vite à leurs agents, quelle que soit leur origine sociale, ce qui devrait nuancer l'importance que l'on accorde à cette dernière variable.

L'intérêt de cette étude est d'avoir abordé l'administration comme organisation et de tirer de l'analyse des situations une logique des comportements, et non l'inverse. Elle laisse entrevoir de multiples liens entre l'administration et le système politique qui lui confère sa légitimité. On pourrait souhaiter à ce niveau que la réflexion nourrie des auteurs aboutisse à une analyse situant plus nettement les rôles. Leur étude laisse le sentiment d'un système administratif s'auto-corrigeant et s'adaptant aux changements de la société globale en assurant une cohésion entre les valeurs sociales dominantes et le système propre de ses agents. Ces mécanismes correspondaient dans l'ensemble à celui de l'Etat centralisé mis en place progressivement depuis l'établissement de la monarchie absolue. Comment ce système répondra-t-il aux demandes d'autonomie des groupes de base à caractère local ou professionnel ? Acceptera-t-Д également les transformations qui privent progressivement les Etats nationaux de leur rôle au profit de niveaux de décision supérieurs qu'il s'agisse d'entreprises multinationales, d'Etats ou de groupes d'Etats dominants ? Les « corps » sauront-ils étendre leur jeu subtil de solidarités à ce niveau ou seront-ils réduits à cristalliser un rituel progressivement privé de signification ? Une réflexion critique des fonctionnaires supérieurs sur leur rôle et sur celui de l'administration risquerait aussi d'ébranler le système de l'intérieur en se fondant sur la logique de ses mécanismes. On peut en voir une première ébauche dans la crise de la magistrature et dans les comportements syndicaux que l'on perçoit dans des ministères aussi régaliens que les Affaires Etrangères. Si l'on peut être moins confiant que les auteurs dans la capacité du système de répondre à un changement qui mettrait en cause les principes mêmes de son organisation, notamment ceux qui mineraient sa situation de monopole, on doit leur être reconnaissant de nous avoir proposé une réflexion aussi riche par la méthode employée que par les conclusions auxquelles elle aboutit et les perspectives qu'elle ouvre.

Rémy Leveatt, Fondation nationale des sciences politiques.

Castells (Manuel) : La question urbaine. Paris, François Maspero, 1972, 455 p., fig., tabl., pi. h. t. 26,70 F. (Textes à l'appui).

La question urbaine est un événement sociologique à bien des égards. La taille du livre, l'érudition extrêmement étendue de l'auteur, l'imagination dont Д fait preuve pour construire de nouveaux instruments (indices, liaisons systémiques...) , les critiques convaincantes qu'il porte à un certain nombre d'approches de la « question urbaine » enfin, et surtout, l'appui d'une construction théorique, tout est là pour constituer un ouvrage de fond.

De quoi s'agit-il ? Manuel Castells, dans un « mode d'emploi », souhaite « produire une dynamique de recherche plutôt qu'établir une démonstration, irréalisable dans l'actuelle conjoncture théorique », produire des « outils de connaissance et non pas... des connaissances» (p. 13).

Une première partie, «le processus historique d'urbanisation», pour préciser des bases concrètes de réflexion, tente de répondre à la question « quel est

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le processus de production sociale des formes spatiales d'une société ? » (p. 33) . Un large tour d'horizon qui va des cités néolithiques aux métropoles américaines, une caractérisation assez originale des phénomènes de dépendance et de leurs conséquences sur la croissance urbaine, notamment en Amérique latine, et quelques remarques sur les pays socialistes constituent cette partie historique.

Le terrain une fois reconnu, Manuel Castells soumet à une analyse très critique les différentes orientations qui, à un titre ou à un autre, relèvent, à son avis, de « l'idéologie urbaine » ainsi définie : « idéologie spécifique qui saisit les modes et les formes d'organisation sociale en tant que caractéristiques d'une phase de l'évolution de la société, étroitement liée aux conditions technico- naturelles de l'existence humaine et, finalement, à son cadre de vie» (p. 102).

Dans cette seconde partie, sont passés en revue trois principaux éléments de Г « idéologie urbaine » : l'étude du « mythe de la culture urbaine » lui permet de dénoncer la «fusion-confusion entre la connotation d'une certaine forme écologique et l'assignation d'un contenu culturel spécifique qui est à la base de toute la problématique de la culture urbaine» (p. 111). Le thème de la « révolution urbaine » de H. Lef èbvre ne subit pas un sort plus enviable et c'est un des passages les plus convaincants de l'ouvrage, que cette dénonciation de l'assimilation de l'urbain à l'aboutissement de l'histoire, à une nouvelle ère de l'humanité, dominée par la jouissance (p. 120). Les différentes questions que recouvre le terme de «milieux sociaux urbains» sont enfin passées en revue, ce qui amène l'auteur à conclure : « Ainsi, les milieux sociaux urbains ne peuvent pas, non plus, être considérés comme production d'un cadre écologico- social par des valeurs culturelles spécifiques à un groupe, fraction ou classe sociale. Quand ils existent dans leur spécificité, ils représentent une certaine situation dont la signification est toujours à découvrir par l'analyse» (p. 148).

Mais c'est la troisième partie qui doit donner à l'ouvrage son importance et son originalité. Par une analyse de la structure de l'espace urbain, M. Castells entend constituer une première formulation d'une théorie de l'espace à l'intérieur d'une théorie de la société qui prolongerait le matérialisme historique dans un domaine où celui-ci n'avait pas jusqu'alors de formulation spécifique.

Les éléments de la structure spatiale sont étudiés théoriquement puis avec des exemples concrets : implantation industrielle, logement, transports comme expression spatiale des différents composants de l'instance économique; organisation institutionnelle et symbolique urbaine pour les instances politico-institutionnelles et idéologiques.

Les lois structurales qui régissent le fonctionnement d'un système dominé par le mode de production capitaliste ayant ainsi été reconstruites, l'étude de la « politique urbaine », c'est-à-dire en gros, du système social en action, engagé dans la lutte des classes vient tout naturellement à la suite. C'est le sujet de la quatrième partie consacrée aux « effets de conjoncture », et ainsi justifiée : « ... l'organisation spécifique [des] pratiques produit des effets autonomes (quoique déterminés) qui ne sont pas tous contenus dans le simple déploiement des lois structurales. Le cœur de l'analyse sociologique de la question urbaine est dans l'étude de la politique urbaine, c'est-à-dire de l'articulation spécifique de processus désignés comme « urbains » au champ de la lutte des classes et par conséquent, à l'intervention de l'instance politique (appareils d'Etat) — objet, centre et enjeu de la lutte politique.» (p. 307).

1 L'exposé d'enquêtes sur la planification urbaine, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et dans la Région parisienne, et sur les «mouvements sociaux urbains» comme deux aspects d'une même réalité politique, permettent à Manuel Castells de préciser ses objectifs à la fois théoriques et pratiques.

L'auteur se refuse à présenter une conclusion en termes de résultats. Fidèle

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à ce qu'il annonçait en introduction, il propose des « thèses exploratoires », souhaitant qu'on juge de leur pertinence « dans la dynamique qu'elles peuvent susciter ».

Les objectifs de l'auteur et la démarche progressive qu'il a suivie sont ainsi, nous l'espérons, exposés sans trop de déformations. Le but qu'il se proposait est- il atteint?

Lorsqu'il s'agit d'un ouvrage, aussi complexe, on ne peut pas répondre simplement. Plusieurs points doivent, pour cela, être envisagés successivement. Par exemple l'érudition : comment sont recueillies et utilisées les nombreuses données citées au long de l'ouvrage ? L'imagination : comment sont construits ces instruments nouveaux mentionnés plus haut ? Quels sont-ils ? Quelle est leur utilité? Mais surtout, l'effort théorique: quelle est sa portée? et encore, comment peut-il provoquer cette «dynamique de recherche» souhaitée par l'auteur ?

Lorsqu'on regarde avec un peu de soin le premier point, le traitement des données empiriques, on est amené à formuler de sérieuses réserves. A quoi sert cette accumulation de données si elles ne conduisent pas à soulever des questions neuves, si elles ne sont là que pour faire de la figuration dans les interstices d'un raisonnement imperturbable ? A quoi sert cet ensemble de tableaux que l'auteur n'a visiblement pas jugé utile de relire tant sont nombreuses les fautes qui en rendent la compréhension plus qu'ardue ? (1) . Pourquoi rappeler l'évolution démographique de l'Amérique latine depuis 1570, sans émettre aucune réserve sur la validité des sources et pour en tirer comme seule conclusion que la croissance y est forte? A quoi bon le tableau sur la population de l'U.R.S.S. puisque des différences de 20 millions de personnes en 5 ans n'attirent pas l'attention de l'auteur ? A quoi bon entasser des données américaines datant de 1955 pour parler des «migrations alternantes» à l'heure actuelle ? Pourquoi reproduire des tableaux sur la population urbaine dans le monde qui ne sont fondés que sur des estimations ? Et pourquoi calculer, sur cette base fragile, des pourcentages sans valeur?

Critiques de détail, nous dira-t-on. Arrêtons-en là l'énumération, déjà lassante. De toute manière, ces chiffres, n'étant pas utilisés, ne risquent pas d'altérer un raisonnement qui se passe fort bien d'eux. Quel rôle jouent-ils alors ? Mais voici plus grave : lorsque les chiffres sont cités à l'appui d'un raisonnement, qu'ils sont là à titre de preuve, ils ne justifient pas les conclusions qu'en tire l'auteur. C'est ainsi qu'étudiant les déplacements centrés sur les loisirs dans la Région Parisienne, pour déterminer leurs caractéristiques et, par suite, le moyen de transport (autobus, métro, voiture individuelle...) qui répond le mieux aux exigences manifestées, il fait l'observation suivante : « La centralisation des 'loisirs culturels' à Paris est totale et... les * loisirs naturels' paraissent faire l'objet de déplacements beaucoup plus sporadiques », observation qui lui est inspirée par la lecture d'un tableau (2). Mais les chiffres du tableau portent sur les déplacements « loisirs » un jour de semaine et n'incluent pas les départs en week-end. Cela n'empêche pas l'auteur d'établir des lois générales sur les « déplacements centrés sur les loisirs ».

De même, l'auteur étudie (3) la composition de la population concernée par la construction de maisons individuelles (1' « urbanisme révolutionnaire» de M. Chalandon). Voici les conclusions tirées de l'étude de chiffres fournis par le

(1) p. 40 — tableau 4, inversion de colonnes; p. 223 — tableau 38, décalage d'une ligne; p. 225 — tableau 39, omission des lignes intermédiaires; p. 255 — 2 erreurs de calcul; p. 381 — erreur de classement; p. 411 — tableau 62, inversion de colonnes, entre autres.

(2) Tableau 48, p. 257. (3) P. 213.

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Ministère de l'Equipement : « II s'agit... de cette frange du salariat (cadres moyens (4) employés et ouvriers qualifiés en bien moindre proportion) susceptible à la fois d'offrir une certaine solvabilité et d'être sensible à l'intégration sociale offerte par l'accession à la propriété du logement... ».

Voici maintenant les chiffres, cités deux lignes auparavant : cadres moyens : 31,1 %, employés : 22,3 %, ouvriers qualifiés : 33,4 %. La proportion « bien moindre» des deux dernières catégories est donc de plus de 50% mais quelle importance, au fond ? Le fond, c'est la dénonciation du « mythe petit-bourgeois du chez-soi à la campagne ». Au regard de cet objectif, que pèsent les chiffres ?

Tout cela commence à faire naître une certaine inquiétude. Toutefois, dans un ouvrage de 450 pages et consacré, de surcroît, à l'élaboration d'une théorie, des erreurs empiriques peuvent se glisser. Abandonnons donc ce terrain, pour aborder le second point important : l'imagination constructrice et le raffinement des instruments créés par l'auteur.

La sophistication est en effet frappante dans la constitution, par exemple, de la typologie des implantations industrielles (p. 180 et sq.) dans le dessin des grands schémas explicatifs (par exemple la rénovation urbaine aux Etats-Unis, • p. 357 et p. 377) ou dans la constitution d'indices spécifiques (p. 380). Quelle en est, au juste, la signification?

Prenons, par exemple, le chapitre consacré aux transports (5). M. Castells aborde la question par la notion théorique d'« échange», précédemment défini comme «la réalisation spatiale des transferts» (6). Les types de transferts sont eux-mêmes différenciés suivant les éléments de la structure spatiale entre lesquels ils s'opèrent. Pour appliquer ce découpage théorique à la réalité, l'auteur veut composer une «typologie des transports, en les mettant en relation, chaque fois, avec leurs caractéristiques sociales et spatiales» (7). Dans cette perspective, il lui paraît utile de « construire un tableau liant chaque type de transfert aux niveaux de capacité, vitesse, sécurité et confort adéquats, dans la conjoncture historique considérée ». A cet effet, il attribue un « score » (+, — , 0) aux quatre facteurs retenus, pour chacun des genres de transferts précédemment distingués (8). Le but de cette construction est ainsi défini: « chacune des combinaisons de facteurs déterminera un certain « coût », à la base du mode de gestion des moyens de transports... (9) ». Pour calculer ce «coût», l'auteur additionne en fait les signes (-j-, — > 0) qui constituent les « scores », établissant une équivalence implicite entre — et — 1 et + et + 1.

Le raffinement touche ici deux domaines : la conceptualisation et son application dans une typologie détaillée, et l'opérationalisation, dans un tableau récapitulatif chiffré.

Malheureusement on assiste tout d'abord à un glissement dans la définition des concepts : l'élément « échange » (E) est une abstraction; or, au cours du raisonnement, il désigne une réalité puisqu'on envisage des transferts:

С ■ » E où E symbolise les services commerciaux, d'une entreprise, où même, E.- .- . v /-< —■———? i_,

où E devient le «lieu d'achat», les magasins. Et c'est une flèche qui remplit la fonction de désigner la «réalisation spatiale des transferts» (10).

(4) En italique dans le texte. (5) P. 245. (6) P. 171. (7) P. 255. (8) On ne développera pas, il suffit de signaler qu'il y en a 12. (9) C'est nous qui le soulignons. (10) Schéma de la p. 247, les catégories sont reprises et opérationalisées dans le

tableau de la p. 255.

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Mais ce n'est pas tout. L'opérationalisation de ces concepts ne contribue pas à éclaircir la situation dans la mesure où elle se fonde sur une suite d'opérations arbitraires.

Comment, en additionnant des signes, parvient-on à obtenir des résultats chiffrés? Et quel intérêt ont alors ceux-ci? L'auteur préfère, dit-il, «prendre le risque d'une certaine marge d'erreur empirique pour fixer les idées». Mais il n'est pas évident que le lecteur soit fixé lorsqu'il aura à comparer un « coût » de 3 à un « coût » de 2 (11) . Que signifient ces chiffres, et à quoi sert ce calcul ? Le peu d'attention qu'accorde l'auteur lui-même à ces calculs — qui ne sont pourtant pas présentés comme secondaires — apparaît clairement : « On ne justifiera pas dans le détail chaque attribution de score, car l'essentiel est de poursuivre l'analyse en montrant l'adéquation requise entre chacune des situations envisagées et l'usage d'un moyen de circulation et d'un mode de gestion» (12). L'essentiel en effet, est bien ailleurs...

Prenons un autre exemple, plus au cœur des préoccupations de l'auteur, celui de la rénovation urbaine à Paris (pp. 378-396). Dans un premier paragraphe, est posée une « question essentielle » : « lequel de ces deux ensembles de variables (détérioration de l'environnement ou composition sociale de l'espace) agit le plus fortement sur la transformation de l'occupation du sol ? ».

Pour répondre, l'auteur construit d'abord un «indice de différenciation pour la rénovation urbaine (IDRU) » construit comme suit :

Valeur de la variable (en %) dans l'ensemble des secteurs rénovés IDRU : — 1.

Valeur de la variable (en %) dans l'ensemble de la Vule de Paris

Voici les résultats que donne cet indice :

Tableau № 55. — Influence des variables de logement et de composition sociale de la population sur la rénovation urbaine. Paris, 1954 à 1962.

Indice de diffé- Variable renciation

(Ш,„)

— Proportion d'Algériens dans la population + 1,529 — Proportion d'O.S. et manœuvres + 0,602 — Logements sans eau + 0,590 — Proportion de cadres supérieurs et professions libérales ... — 0,575 — Surpeuplement dans les logements 4- 0,504 — Logements sans W. С 4- 0,380 — Proportion d'étrangers — 0,259 — Proportion de personnes âgées (plus de 65 ans) — 0,189 — Taux d'activité féminine '. — 0,070 — Proportion d'artisans et commerçants + 0,056 — Proportion de jeunes (moins de 19 ans) — 0,055 — Taux d'activité de la population + 0,052

D'où il déduit « ce sont les variables indicatives de la stratification sociale qui agissent le plus fortement sur la rénovation, même si la qualité du logement vient ensuite comme déterminant».

(11) Sans parler des erreurs : 2 fautes de calcul et 1 erreur d'impression pour 1 tableau de 12 lignes et 5 colonnes...

(12) C'est nous qui soulignons.

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Pour pousser l'analyse, M. Castells essaie d'évaluer l'effet de chaque variable sur l'importance de l'opération et calcule un coefficient de corrélation de rang entre le classement des opérations par ordre de grandeur et leur classement par rapport à l'ensemble des variables déjà indiquées; nous reproduisons ce tableau tel quel, par peur de mal l'interpréter:

Tableau № 56. — Corrélation de rang entre la taille des opérations de rénovation wrbaine

et les variables de logement et de composition sociale de la population. Paris, 1954 et 1962 (Test de Spearman).

+ 1 — . 50

36 24 23 20 17 16 0 7

14 16 19 31 50

Plus de 65 ans O.S.M. (Proportion d'ouvriers spécialisés et manœuvres) Etrangers, plus femmes actives Musulmans d'Algérie Artisans Cadres et professions libérales

Surpeuplement Population active Logement sans eau Logement sans W. C. Moins de 19 ans

Ce qui, à son avis, autorise l'auteur à conclure : « l'opération est d'autant plus importante qu'il y a plus de personnes âgées, d'O.S. et de manœuvres, d'étrangers, de femmes actives et d'Algériens. Et, par contre, il y a une relation faible mais inverse avec les variables concernant la détérioration du logement. C'est donc bien le changement de l'occupation sociale de l'espace plutôt que le mauvais état du logement qui semble être à la base des opérations de rénovation ».

Sur ce raisonnement, quelques remarques s'imposent : 1° Tout d'abord, dans la présentation des résultats que donne l'indice

(IDRU) , le classement établi par l'auteur est destiné à indiquer, « de la valeur la plus grande à la plus petite, l'influence, positive ou négative, de chaque variable ».

Or, étant donné la base de calcul de l'indice, les valeurs + 1 et — 0,5 signalent une influence aussi forte, mais symétriquement opposée, de la variable qu'on est en train d'étudier. L'auteur, lui, établit son classement comme si c'étaient les valeurs + 1 et — 1 qui étaient symétriques, ce qui le conduit, par exemple, à sous-estimer l'influence de la proportion de cadres supérieurs (valeur de l'IDRU = — 0,575) puisqu'il la trouve moins significative que la proportion de logements sans eau (valeur de riDRU = + 0,590) .

L'influence — négative — de la proportion de cadres sur la rénovation passe donc au deuxième rang, ce qui renforce d'ailleurs la thèse de l'auteur.

Cela dit, que signifient les trois chiffres après la virgule dans le calcul de l'indice de différenciation ? Qu'est-ce qu'une variation de 0,012 dans cet indice ? Comme, de surcroît, les variables — importantes — «proportion d'O.S.-M» et «logements sans eau» donnent pratiquement la même valeur à l'IDRU, que d'autre part, la proportion d'artisans-commerçants n'apparaît pas discriminante, cet indice donne- 1- il des résultats aussi probants que le pense l'auteur?

Pour ce qui est du second tableau, ce n'est pas lui qui permet de conclure

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que la base des opérations est de changer l'occupation sociale puisqu'il ne porte que sur la taille de ces opérations, c'est l'EDRU que nous venons de voir.

De plus, si l'on applique un test de signification aux résultats qu'obtient l'auteur par le coefficient de Spearman, on s'aperçoit malheureusement qu'aucun de ces résultats n'est statistiquement significatif sauf le plus élevé qui l'est faiblement. Il s'agit sans doute d'un procédé d'exposition plus frappant que ne le serait un simple discours, mais pourquoi lui donner un statut de preuve mathématiquement construite ?

2° Mais, au-delà de ces critiques « techniques », quelle est la justification d'une comparaison systématique de variables dont le champ de variation n'a pas été préalablement défini ?

C'est en effet une question de fond : le mauvais état des logements est une caractéristique générale de Paris, caractéristique qui subit des modifications, réelles certes, mais d'ampleur assez faible d'un quartier à l'autre (13). Le champ de variation de cette première variable est donc assez restreint.

En revanche, les différences de composition sociale sont très fortes d'un quartier à l'autre et ce, tout particulièrement, pour ce qui est de la proportion d'immigrés.

Comparer la valeur directe, sans calcul de déviation, de deux variables dont les champs de variation sont si dissemblables revient à privilégier celle dont les variations sont les plus fortes, la composition sociale, tout raffinement ultérieur n'aboutissant alors qu'à multiplier l'effet initial.

Mais venons-en au point central : les fondements théoriques de l'analyse et les outils qu'ils permettent de produire. Quels sont-ils, comment s'en sert-on, comment se manifeste, sur la recherche, leur effet stimulant ?

Tout d'abord l'objet de l'auteur est « de prolonger, dans le champ de l'analyse de l'espace, et en tentant une certaine spécification théorique, les concepts fondamentaux du matérialisme historique, dans la mesure où la problématique marxiste se propose justement la fusion dialectique de leurs différents éléments, dont l'éclatement en termes de «facteurs» interdit, pour l'instant, la constitution d'une théorie structurale de l'espace » (p. 164) .

Les caractéristiques générales du mode de production capitaliste sont rappelées, en référence à Althusser et Poulantzas. C'est une « matrice particulière de combinaison entre les 'instances' (systèmes de pratiques) fondamentales de la structure sociale: économique, politico-institutionnelle et idéologique essentiellement ».

«L'économique... détermine, en dernière instance, la forme particulière de la matrice, c'est-à-dire les lois du mode de production. »

Dans une première phase, Manuel Castells définit « l'expression spatiale » de ces concepts. Pour le système économique «l'expression spatiale [de la relation de propriété... et de la relation d'appropriation réelle] peut être trouvée à travers la dialectique entre deux éléments principaux : production (= expression spatiale des moyens de production), consommation (= expression spatiale de la force de travail), et un élément dérivé, l'échange, qui résulte de la spatia- lisation des transferts entre la production et la consommation, à l'intérieur de la production et à l'intérieur de la consommation. L'élément non-travail n'a pas d'expression spatiale spécifique; il se traduit dans la manière dont les deux relations, de propriété et d'appropriation, s'organisent par rapport à l'espace, ainsi que dans la forme de spatialisation de chaque élément» (14).

(13) Voir par exemple Paris-Projet, n° 10-11, pp. 18-23. (14) On s'en tiendra à « l'expression spatiale » de l'instance économique — domi

nante dans le mode de production capitaliste — pour ne pas alourdir exagérément l'exposé de citations. L'expression spatiale des deux autres instances peut être ainsi

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Ce passage ne constitue pas la seule définition de ce que l'auteur entend par «expression spatiale de l'instance économique» puisque chaque élément est repris par la suite et illustré. Précisons toutefois qu'on se trouve là au cœur de l'exposé théorique, et que la reprise de chaque élément se fera à un niveau moins abstrait. C'est pourquoi il nous semble justifié de le citer à titre d'exemple de ce qui rend l'ensemble du raisonnement théorique inquiétant : l'affirmation outrancière des interdépendances, l'approximation dans la définition des concepts, chacun renvoyant à un autre qui lui-même ne peut être compris que par le premier, et l'application rigide d'un modèle • défini pour d'autres usages, en adjoignant « spatial » ou « spécifique » pour rendre les termes vagues un peu plus précis.

Et, en effet, la seconde phase de l'application des « concepts fondamentaux du matérialisme historique» confirme toutes les craintes nées à la lecture de la première phase. De la structure de l'espace, on passe à l'analyse de la ville et, pour éclaircir le rapport des « unités urbaines » à l'ensemble de la structure sociale, l'auteur propose le concept de «système urbain» dont voici la définition (15) : « .. .L'articulation spécifique des instances d'une structure sociale à l'intérieur d'une unité (spatiale) de reproduction de la force de travail. Le système urbain organise l'ensemble des rapports déjà énoncés entre les éléments de la structure spatiale... »

D'autre part, pour pouvoir constituer une «problématique suffisamment précise pour être traduite directement en propositions explicatives », « й faut... décomposer ces éléments en établissant leur structure interne » : « Nous dirons donc que chaque élément se décompose en sous-éléments définis par la réfraction sur lui des autres éléments (y compris lui-même) et/ou des autres instances de la structure sociale.»

Quels outils théoriques y a-t-il là ? Comment des expressions aussi vagues (articulation, réfraction...) peuvent-elles aider à établir des rapports précis, des relations fécondes pour l'analyse d'une quelconque réalité sociale ? La démarche de décomposition (les sous-éléments) se réduit à évoquer un jeu de miroirs à l'infini et celle de recomposition (le système urbain) se borne à postuler une «organisation» sans en préciser aucunement les modalités, ni la portée. Et, encore une fois, le terme « spécifique », que précise-t-il ?

Insistons encore sur le fait que ce ne sont pas là des formulations malheureuses, choisies au sein d'un ensemble théorique cohérent, et que nous aurions montées en épingle. Il s'agit là du centre de la théorie; ce sont les concepts qui doivent permettre au chercheur d'éviter Г « empirisme aveugle ».

Celui-ci n'est-il pas plutôt écrasé par un modèle dont la cohérence interne ne peut être démentie, en même temps que le vague de ses contours et de ses points d'application ne permet aucun découpage de la réalité ? Comment, par exemple, la «politique urbaine» sera-t-elle mieux perçue lorsqu'on aura précisé que le système politique est le «lieu de condensation des contradictions du système », qu'une organisation est une « cristallisation de pratiques sociales » (p. 339) et qu'elle joue un rôle essentiel » par rapport à la fusion, à la séparation ou à la transformation de ces faisceaux de pratiques » (p. 332) (16) ?

Pourtant Manuel Castells illustre son propos d'exemples tirés de ses propres travaux de recherche ou de ceux de ses étudiants. Mais ces exemples sont d'excellents témoignages à la fois de l'effet dévastateur du modèle théorique

résumée : pour l'instance politico-institutionnelle, c'est le découpage de l'espace et le processus de gestion; pour l'instance idéologique, c'est la symbolique urbaine.

(15) pp. 299-300. (16) «Le champ des pratiques urbaines (étant lui-même) un système de combi

naisons entre combinaisons données d'éléments structuraux», p. 393.

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Bibliographie

adopté et des détours intellectuels qui s'imposent au chercheur lorsqu'il se trouve vraiment trop démuni devant une situation concrète.

En effet, la rigidité de la structure, sa cohérence forcenée et les correspondances qui sont établies à l'infini entre ses éléments donnent une dignité nouvelle au « raisonnement circulaire ».

La démarche proposée par l'auteur pour l'analyse de «la production de la structure spatiale de la région parisienne » en est un bon exemple puisqu'on trouve successivement affirmé :

«La logique du processus de production de la région parisienne, en tant que forme spatiale, peut être retrouvée à partir du système de rapports établis entre Paris et l'ensemble du territoire français... » (p. 44) et « La prépondérance... de Paris sur l'ensemble de la France... est telle qu'on peut considérer clairement la totalité du territoire français comme l'hinterland parisien et trouver l'essentiel de la logique de l'aménagement du territoire dans les processus intérieurs du réseau parisien » (p. 46) (17) . Ce qui, on le reconnaîtra, n'est pas très stimulant car, de l'œuf ou de la poule, par quoi faut-il commencer l'étude ?

A un niveau plus élaboré, pour la détermination d'un terrain d'études, on retrouve un raisonnement circulaire du même type.

«Les pratiques urbaines forment système. Mais elles n'ont pas de sens en elles-mêmes... [le champ des pratiques] réalise et manifeste, à la fois, les lois structurales du système, aussi bien de sa reproduction que de sa transformation, de son organisation que de ses contradictions. »

Et, au fond, si toute réalité renvoie à une structure immuable, constituée indépendamment et très loin d'elle, quel intérêt peut-on accorder à la recherche ?

Sur ce sujet, citons, une fois encore, l'auteur lorsqu'il écrit, dans un paragraphe intitulé « la mise en pratique de la recherche » (p. 341) , « ...on procédera à l'analyse concrète de la situation, qui sera en même temps la démonstration d'une loi dans la mesure où elle la réalise en devenant intelligible à travers la mise en rapport des éléments réels soumis à notre codification théorique » (18) ou même (p. 336) : « (П s'agit) ... de découper une réalité à l'aide de ces concepts et d'obtenir, à la fois, la mise à l'épreuve des lois générales déjà connues et la découverte des nouveaux rapports qui montrent le déploiement différencié de la même logique.»

Quels sont alors les détours intellectuels qui à notre avis deviennent inévitables, face aux effets écrasants de la structure théorique que nous avons décrits? Ils nous paraissent représenter, chacun à leur manière, un recours à l'expérience courante, au « simple bon sens », recours déguisé sous une apparence de langage scientifique.

Le cas le plus simple est la réutilisation pure et simple de concepts précédemment critiqués. On ne s'attardera pas sur ce point, relativement secondaire, mais le chapitre sur la centralité urbaine en est un exemple convaincant, et par exemple (p. 293) : « Le centre n'est donc pas la ' zone des loisirs ', mais l'espace d'action d'un loisir possible, à structurer par les ' facteurs ' suivant les déterminants sociaux généraux.»

Un second type de « détour », plus complexe, est la reprise dans un langage sociologisant, des analyses directement héritées du militantisme quotidien (19).

(17) C'est nous qui soulignons. (18) C'est nous qui soulignons. (19) Ce n'est pas la résonance « militante »^ de l'analyse qui est suspecte. C'est

l'utilisation, sans transformation, des termes mêmes employés dans la lutte politique et dont le pouvoir mobilisateur (ou même explicatif, à ce niveau) ne va pas nécessairement de pair avec un fondement théorique.

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Revue française de sociologie

Les deux exemples les plus significatifs concernent la « défense de l'environnement» et les «mouvements sociaux urbains».

Pour ce qui est de Г «environnement», M. Castells montre en détail l'aspect idéologique d'un thème qui renvoie à un «cadre de vie presque naturel ou naturellement dénaturé...» (p. 237), tout en admettant qu'une «certaine forme d'appropriation technique et sociale des ressources (naturelles)... affecte l'être biologique dans l'ensemble de ses dimensions ». Mais, quand il s'agit d'examiner les actions militantes de certains groupes américains, le niveau de réflexion change tout à coup: «Aux Etats-Unis, sept millions de voitures vont chaque année à la casse. C'est suffisant pour... que les animateurs du groupe bon enfant «Ecology Action» enterrent symboliquement un moteur de voiture... Or, combien dérisoire est le problème de ces déchets métalliques... à l'heure où l'on dépose tranquillement, et régulièrement, des masses de déchets radioactifs aux quatre coins des océans ! » Ce n'est plus une analyse, c'est l'exposé d'une divergence de vues, d'une rivalité entre orientations diverses du mouvement «écologiste». Encore n'y a-t-il pas là grand risque d'erreur pour le lecteur...

Le second exemple est plus raffiné parce que le glissement du raisonnement est moins aisément perceptible. L'auteur traite des «mouvements sociaux urbains», domaine qui, de l'avis même de l'auteur, ne dispose que d'une problématique balbutiante. Pour montrer comment il tente de «saisir la naissance d'une nouvelle réalité », M. Castells décrit le « processus d'ensemble d'une seule lutte », puis essaie d'établir quelques liaisons, dont celle-ci (p. 421) : « ...La force sociale mobilisée est toujours une spécification de la base sociale... Cette spécification provient en ligne directe du type d'organisation...

— Rapport entre base sociale et type d'organisation : — Plus la base est ouvrière et ethniquement française, plus l'implantation

de l'organisation nationale revendicative est forte. — Toute intervention extérieure reste disjointe de la base sociale, quelle

qu'elle soit. » Le glissement ici est net : pour le concept « base » on passe d'une définition

«sociologique», en termes de catégories sociales — c'est celle qui a été utilisée dans la description du mouvement — à une définition beaucoup plus simple, où «la base» est opposée à Inorganisation» et où on se trouve ramené à la crainte traditionnelle des mouvements politiques organisés : ne pas être coupé de la «base», l'adjectif «disjoint» ayant plus d'élégance mais une signification voisine.

Il nous semble que la boucle est alors bouclée : entre le vide écrasant d'une structure qui ne renvoie qu'à elle-même et l'incohérence du réel saisi sans cadre vraiment nouveau, entre la théorie absconse et la sociologie spontanée, reste-t-il encore un peu de place pour la recherche scientifique ?

Emmanuele Reynaud, Centre de sociologie

des organisations

Les Architectes. Métamorphose d'une profession libérale, par Raymonde Moulin, Françoise Dubost, Alain Gras, Jacques Lautman et al. Paris, Calmann-Lévy, 1973. 312 p., fig., tabl., bibliogr., index. 30 F (Archives des Sciences sociales).

Voici un ouvrage intéressant qui apporte une contribution précieuse à une sociologie des profesisons libérales dans la société contemporaine. Les professions

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