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FRANÇOIS VIGNEAU L'AUTOMATICITÉ DU TKUTJZMENT DE L'INFORMATION CHEZ DES ADULTES RETARDÉS MENTALEMENT Thèse présentée à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval pour l'obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph-D.) École de psychologie FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC Q François Vigneau. 1997

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FRANÇOIS VIGNEAU

L'AUTOMATICITÉ DU TKUTJZMENT DE L'INFORMATION

CHEZ DES ADULTES RETARDÉS MENTALEMENT

Thèse présentée

à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval

pour l'obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph-D.)

École de psychologie FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES

UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC

Q François Vigneau. 1997

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Résumécourt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Résumé long II

Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre premier: Les automatismes cognitifs 5

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre 11 .Automatismes, intelligence et retard mental 14

. . . . . . . . . . . . . . . Chapitre III : L'évaluation de l'automaticité chez les retardés mentaux 21

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre IV : L'automatisation, un effet d'apprentissage 44

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre v : Un transfert des acquis de I'automatisation ? 61

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre VI : Le maintien des gains : post-tests après un an 66

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre vrr : En guise de conclusion 71

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Liste des ouvrages cités 73

Annexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

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L'automatisation du mitement de l'information a été étudiée dans une perspecrivc

psychométrique auprès de personnes présentant un r e t d mental. Une première étudc

expérimentale a permis d'assurer les qualités psychomémques d'un instrument de mesure di

l'automaticité telle que conceptualisée par R. Sternberg : le Test d'automaticité. Des tâches tirée:

de cet instrument ont par la suite été incluses dans un programme d'entraînement visant i

observer l'automatisation du traitement de l'information nécessaire à la réalisation de ces tâches

Cet entraînement a permis de montrer que les retardés mentaux pouvaient abaisser dans de!

proportions importantes leurs temps de réponse à des tâches simples grâce à l'exercice répété

Les résultats ont aussi révéit? une automatisation du traitement de l'information au sein du groupr

expérimental pour deux des trois tâches utilisées. Cette différence inter-tâches mène à penser que

des processus de traitement de l'infon-nation, en plus des processus moteurs, ont été modifié^

qualitativement. Le maintien de ces gains à long terne ainsi que leur généralisation à d'autre5

tâches ont été explorés.

- François VIGNEAU

Michel LORANGER,

directeur de th&

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RÉsUMÉ LONG

Dans ce travail, l'automatisation du traitement de l'information a été étudiée dans le

contexte psychométrique, auprès de personnes addtes présentant un retard mental. ii s'agissait

à la fois de développer une méthode d'évaluation qui puisse donner des renseignements

différentiels quant à un mode particulier de traitement de l'information, et de parvenir à une

meilleure comprihension du rôle et de Ia mise en œuvre de l'automatisation chez les retardés

mentaux en général. Cette étude porte sur deux types d'évaluation :le premier correspond à un

sch2me classique, qui consiste ici h estimer le niveau d'automaticité dont font preuve Ies

personnes présentant une déficience intellectuelle. Le second se veut «dynamique », et est à

rapprocher des c interventions » cognitives : if consiste en une poursuite de l'exploration du rôle

des automatismes dans la cognition déficiente en examinant les rythmes d'tvolution de

performances et les types de généralisations survenant lors de l'exercice répété de tiches

constantes. Le Test d'automaticité (Loranger et Pépin, 1993)' inspiré de la u théorie triarchique

de l'intelligence » de R. Sternberg (1985, 1988, 1994)- est l'instrument d'évaluation qui a été

utilisé pour la réalisation du premier objectif. Les objectifs spécifiques de cette étape étaient de

préciser la population (niveau de déficience) avec laquelle l'instrument peut être utilisé, pour

ensuite documenter les aspects de fidélité et de validité de ce dernier. Les résultats obtenus par

126 adultes retardés mentalement aux mesures utilisées c o n f i e n t I'appIicabilité du Test

d'automaticité auprès d'une clientèle de personnes déficientes ainsi que ses qualités

psychométriques. L'application d'un programme d'entraînement basé sur l'exercice répeté de

tâches constantes (des dches tirées du Test d'automaticité) a par la suite été réalisée. Cet

entraînement a permis non seulement de montrer que les retardés mentaux pouvaient abaisser

dans des proportions importantes leurs temps de réponse à des tâches simples @ce ài l'exercice

répété, mais aussi de révéler une automatisation du traitement de l'information au sein du groupe

expérimental pour deux des trois tâches utilisées. Cette différence inter-tâches mène à penser que

des processus de traitement de l'information, en plus des processus moteurs, ont été modifiés

qualitativement. Enfin, la question de Ia généralisation de ces gains à d'autres dches plus ou

moins éloignées techniquement et conceptuellement, ainsi que ceiie du maintien de ces gains à

long terme, ont été explorées. Une rdative absence de généralisation des gains a été constatée.

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Après un délai de un an, il y a aussi absence de maintien de ces gains. Si ces résultats peuveni

être attribués aux déficiences des participants, ils demeurent néanmoins le reflet d'une adaptation

satisfaisante dans la mesure où ils sont coh4rents avec le développement d'automatismes.

-

François VIGNEAU

Michel LORANGER,

directeur de thèse

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A Florent Vigneal

de qui j'ai appri

le trcrva

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Une thèse est à la fois un aboutissement et un cheminement. Si, en tant qu'aboutissemen

c'est l'auteur qui doit en être tenu pour essentiet responsable, le cheminement ne saurait échappi

à l'influence de plusieurs des personnes rencontrées sur la route.

Mes remerciements vont d'abord a mon directeur de recherche, le Professeur Michi

Loranger, qui a su guider ces travaux avec le mélange d'ouverture et de fermeté nécessaire poi

venir à bout de mes entêtements les plus néfastes.

Mes remerciements vont ensuite à Messieurs M. Pépin, W. Pilon, R Rousseau et P

Segalowitz, qui, à diverses étapes officielles de ce chemineme- et souvent en dehors d7elIr

aussi, ont apporté des éclairages supplémentaires permettant d'éviter plusieurs écueils et d'arrive

ainsi 5 bon port.

Certaines personnes côtoyées pendant ces années, bien que n'étant pas directemet

rattachées au cheminement doctoral, ont néanmoins exercé une influence déterminante sur so

issue : je tiens ainsi à témoigner ma reconnaissance aux Professeurs James Everett et Jean-Louj

Paour, ainsi qu'à Monsieur Rodolphe Arsenault, qui m'ont présenté de nouvelfes facettes d

monde des idées.

Ces travaux proviennent aussi d'une expérience (( de terrain)). Je remercie tout d'abor

ici les personnes qui ont bien voulu participer à ces multiples dissections de leur intelligence qu

constituaient les séquences d'évaluations : leur patience à tous, et le courage de certains qr:

savaient bien, en se dirigeant vers la salle d'examen, que c'étaient leur limites qui allaient êtr

évaluées, réévaluées et évaluées encore, ont été de grands cadeaux.

Je dois aussi remercier Guy Gignac de m'avoir piIoté lors de mes premières armes el

évaluation. puis Josée Martin qui s'est tant dévouée pour que se réalisent ces travaux malgré le

contraintes et les contretemps du monde des gens.

Pour reiier le monde des idées au monde des gens, il a fallu puiser dans le monde de

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choses. Monsieur Marquis Falardeau a su, avec eficacité, répondre aux exigences des deux

mondes en produisant des solutions informatiques indispensabks.

Elle aussi de l'ordre du monde rnatérieI, l'aide pécuniaire obtenue du Conseil de recherche

en sciences humaines du Canada ne saurait être passée sous siIence, tant elle a fourni des

conditions essentieIIes de réalisation.

Le doctorat, c'est aussi la vie. C'est la vie du 1312 et de son évolution, des pionniers

qu'ont été pour moi Louis (Diguer), Mario (Tessier) et Guy (Gignac), aux dernières

interlocutrices que furent Marie Claude (i3Iais) et Katia (Sirois), en passant bien sûr par cette

époque médiane où la compagnie de Geneviève (Benoit), Lise (Blanchet), Catherine (Lavergne)

et Micheline (Brault) permit de hctueuses collaborations.

Et enfin, le doctorat c'est la vie auprès de Dominique, qui a non seulement pris une part

active à sa réalisation, tant pratique (comme expérimentatrice) que théorique (comme auditrice

et objectrice), mais qui a aussi, avec patience et vivacité, su le faire naître à travers moi. Et c'est

ainsi qu'elle a toute ma gratitude.

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L'apprentissage et l'intelligence constituent les objets d'investigation privilégiés dans I r

domaine du retard mental. C'est que ces concepts touchent à I'essence même de Ia définition dr

ce handicap : une habileté à profiter des expériences quotidiennes de façon efficace infërieure i

celle de la majorité des gens.

Bien qu'intensivement explorée. la question de la déficience de L'apprentissage chez le5

personnes présentant un retard mental ne bénéficie pas actuellement d'un cadre unificatew

généralement accepté, ou même adopté par une sensible majorité de chercheurs. Cependant, le5

hypothèses visant a expliquer le manque d'habileté cognitive ne manquent pas. On peut, par

exemple, penser aux concepts de viscosité génétique (Inhelder), d'hétérochronie du

développement (Zazzo), ou d'inertie oligophrénique (Luria).

Des recherches effectuées en ce domaine découle en particulier, fréquemment et de façon

constante. un important constat : les difficultés rencontrées [ors des situations d'apprentissage

consistent souvent en une généralisation inadéquate. tantôt excessive. tantôt insuffisante.

Dans ce contexte, l'étude des automatismes cognitifs, de leur acquisition et de leur

influence sur la réalisation de diverses tâches chez des personnes présentant une déficience

intellectuelle, profite de la synthèse de deux courants de recherche importants de ce domaine. Le

premier courant est celui qui vient d'être mentionné et qui s'intéresse à la question de la

généralisation des apprentissages. Le second courant, qui a trouvé récemment un regain d'intérêt

dans le domaine de la déficience, s'attache à l'étude des habiletés cognitives dites « de base H

(perception. discrimination, temps de réponse...). Cette seconde approche se distingue de celle

habituellement utilisée pour l'étude de la généraiisation des apprentissages, la dernière ayant le

plus souvent recours à des tâches faisant appel à des habiletés relativement complexes. Une prise

en compte simultanée des courants en question constitue la voie empruntée ici pour préciser

davantage le rôle des habiletés de base dans la déficience intellectuelle, et plus précisément leur

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Auromaticité et retard mental

rôle dans les situations d'apprentissage rencontrées par les retardés mentaux.

Ce travail porte sur L'évaluation, chez des personnes présentant une déficienc

intellectuelle, d'un mode de traitement de l'information souvent invoqué lorsqu'il est questio

d'apprentissage et de déveioppement d'expertise : l'automaticité. C'est le cadre théorique propos

par R. Sternberg (1985, 1988, 1994) qui a servi de point de départ de cette étude d

I'automaticité. Dans sa « théorie triarchique de l'intelligence », l'automaticité du traitement d

l'information est opposée à I'habileté à s'adapter à la nouveauté, le long d'un continuum d:

expérientiel ». Mors que les évaluations traditionnelles de I'habiIeté intellectuelle s'attachent

mesurer une quantité de compétences acquises, les propositions de Sternberg visent la mesure ci

niveau d'appropriation de ces compétences dans la vie quotidienne de la personne et son

directement en relation avec l'expérience de l'individu. Se situant dans le cadre d'une nouvel1

théorie de l'intelligence largement inspirée de l'approche du traitement de l'information, on veui

par la mesure de l'automaticité ainsi que celle de son développement. apporter des information

reiatives à des processus de traitement cognitifs. Cet intérêt pour les processus à l'œuvre lors dl

l'apprentissage chez les déficients peut apporter d'importantes informations complémentaires ;

celles fournies par les instruments traditionnels (de la psychométrie classique et de Ia mesure de

comportements d'adaptation), qui sont davantage de l'ordre de la mesure de « produits ».

Le présent travail comporte à la fois une visée d'évaluation statique et une vis&

d'évaluation dynamique. La visée d'évaluation statique consiste en une étude différentielle, che:

des personnes présentant un retard mental, du niveau d'automaticité associé à des tâche:

intellectuelles simples et fréquentes dans la vie courante. A cette fin, on s'intéressera aussi aw

relations que ces mesures entretiennent avec d'autres mesures d'habileté intellectuelle (de:

mesures traditionnelles de L'intelligence). Cette étude devrait donner Iieu à une meilleure

compréhension de la situation et du rôle des automatismes au sein de l'ensemble des processu!

cognitifs des personnes ayant une déficience intellectuelle.

La seconde visée d'évaluation est qualifiée de dynamique. EIIe consiste en la poursuite

de cette exploration du rôle des automatismes dans la cognition déficiente en examinant le:

rythmes d'évolution des performances et les types de généralisations survenant ion

d'entraînements ayant pour but de favoriser l'automatisation des processus en jeu. A ce titre, elle

est a rapprocher des « interventions » cognitives, de type scolaire, telle la remédiation cognitive.

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Automaticité et retard mental

des méthodes d'aide au développement de L'expertise. L'entraînement envisagé devrait permettr

de retourner à des visées différentialistes, en s'intéressant cette fois non seulement à l'évduatio

de niveaux acquis d'automatismes, mais aussi à celle de leur développement.

Cette démarche constitue ainsi un modèle en miniature de celle qui peut être adoptée d

façon plus générale, où deux visées se rejoignent: l'évaluation cognitive permettant un

intervention bien ciblée et calibrée, et l'intervention donnant lieu à une évaluation dynarniqu

permettant une appréciation plus complète non seulement des niveaux acquis mais aussi d

potentiel cognitif et du mode d'installation des mécanismes.

La présente étude est réalisée auprès de personnes adultes retardées mentalement. Ce choi:

peut surprendre. En effet, la majorité des efforts de la recherche dans le domaine sont consacré

aux enfants et aux jeunes. De pIus. il existe une certaine tendance, dans la population général

du moins, à croire que tout effort de changement concernant des retardés plus âgés est voué

l'échec et constitue, en quelque sorte, un gaspillage de ressources.

Cependant, divers progrès médicaux rendant caduc le fait que les retardés mentau:

constituent une population systématiquement vouée à une courte espérance de vie, conjugués au

effets de la désinstitutionnalisation, font que de plus en plus d'adultes présentant un retard menta

doivent développer un grand nombre d'habiletés nécessaires à la conduite d'une vie d'adulte ai

sein de la communauté. Et l'acquisition de ces habiletés passe par l'apprentissage d'habileté,

parfois complexes, lequel se révèle souvent possible lorsque les conditions nécessaires son

rencontrées.

Cette étude se décline en trois objectifs principaux : la mise au point d'une mesure di

l'automaticité, l'étude du développement de l'automatisation, et l'appréciation de son effet au p h

de la généralisation et du maintien des acquis.

Son déroulement est simple et ses méthodes classiques: après une étude de qualité:

psychométriques d'un ensemble de tâches destinées à mesurer I'automaticité du traitement dt

l'information auprès d'un échantillon important de retardés mentaux, un groupe plus restreint d~

retardés suit un programme d'entraûiement constitué d'un sous-ensernbIe de tâches retenues

d'observer les caractéristiques d'une automatisation qui se développe lors de l'exercice répété

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Automaticité et retard mental 4

Un groupe témoin permet d'apprécier les gains d'automaticité, ainsi que les éventuels transferts

ou généralisations à deux niveaux :d'abord à des tâches différentes mais proches conceptuellement

et identiques techniquement, puis à des tâches psychométriques complètement différentes.

Après deux chapitres de présentation des concepts théoriques portant sur l'automaticité

et ses relations avec Ia cognition déficiente, quatre chapitres rendront compte des réalisations

empiriques relatives aux trois objectifs principaux qui donnent lieu à la présente thèse. Les deux

premiers de ces quatre chapitres renferment, dans une première partie précédant les résultats

expérimentaux, les diverses considérations qui ont présidé à l'élaboration de ['objectif considéré.

Une discussion générale, présentée dans une septième et dernière partie, clôt ce travail.

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CHAPITRE PREMIER

Les automatismes cognitifs

Que l'automatisation de certaines conduites (ou parties de conduites) laisse davantage c

ressources aux processus plus complexes n'est assurément pas une idée neuve : N The more detai

of our daily life we can hand over to the effortless custody of automatism, the more our highc

powers of mind will be set free for their own proper work* (W. James, 1890, p. 130).

Divers chercheurs utilisent la notion d'automaticité dans leurs travaux. La présentatic

qu'ils font de cette notion est souvent proche de celle-ci : le traitement automatique est rapidc

opère en parallèle, n'est pas contraint par les limites de la mémoire de travail, requiert pe

d'effort et de contrôle direct de la part du sujet (Brown, 1987, p. 80).

Dans son évaluation du concept d'automaticité de 1988, Perruchet note que, même si 1

direction des écrits actuels traitant de I'automaticité laisse supposer que ce concept fait l'objt

d'une déf~nition univoque et universellement partagée, il existe dans les faits une diversité qi

a de quoi désorienter. Il y a bien un nombre assez restreint de critères qui ont été mis de I'avar:

par divers chercheurs (l'absence de charge mentale, I'absence de contrôle attentiomel

I'inconscience, la rapidité de traitement), mais la convergence de ces critères n'est pas constante

variant selon les tâches, et les désaccords sont nombreux quant au rôle nécessaire ou suffisu

de chacun de ces critères pour définir adéquatement le concept.

Nonobstant la confusion rapportée par Perruchet, il est fréquemment proposé (pa

exemple par Brown, 1987, ou Logan, 1992) que l'on puisse au moins distinguer deux grande

cIasses de phénomènes ayant reçu le nom d'automaticité. La première classe regroupe de

conduites, communes à travers les différents groupes d'âges, qui ne demandent habitueliemer

pas de recourir à une stratégie. Il s'agit par exemple de processus que l'on qualifie parfoi

d'* obligatoires B, ou encore w pré-attentionnels *, c'est-à-dire indépendants de l'attention. ]Le

phénomènes appartenant à cette première classe se rencontrent entre autres dans le traitemen

de l'information visuelle, comme par exemple dans le cas de certaines formes de reconnaissanc~

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Automaticité et retard mental

(cf. les travaux de A. Treisman). La seconde classe d'automatismes regroupe les conduites qui

bien qu'actuellement automatisées, requéraient auparavant des efforts. Ces conduites n'ont ét

automatisées qu'à la suite d'un exercice intensif et du cumul de l'expérience. Cette automaticit

n'a donc pas le même degré, ou encore n'affecte pas la même quantité de conduites ou d8

processus, chez les différents groupes d'âges. Elle concerne des phénomènes qui ne sont pa

indépendants de l'attention. Les phénomènes de cette seconde classe peuvent, contrairement

la précédente, être développés par le biais de l'exercice répété (Logan, 1992).

Les deux types de conduites reçoivent le même nom d'automatisme parce qu'elle

partagent un grand nombre de caractéristiques (rapidité, traitement en parallèIe, obligatoire), di

fonctions (libérer des ressources mentales pour d'autres conduites), et peut-être même dc

structures. Cependant, la nature même de leur distinction (les unes changent dans le temps, le:

autres non), qui renvoie d'ailleurs d'une façon nouvelle à l'éternelle question de l'inné et dc

l'acquis, fait que I'on ne peut les confondre et en traiter indifféremment. Seules les conduite:

du second type, celles qui deviennent automatisées par le biais de l'apprentissage, sont I'obje

de la présente étude'.

1. Les paradigmes de traitement de 1' information

a) Les fondateurs : Shiffiin et Schneider

Shiffnn et Schneider (1977 ; Schneider et Shiffrin, 1977) sont ceux que I'on présent€

habituellement comme les pionniers du domaine de I'automaticité développée lors d'exercice:

répétés (mais voir aussi Posner et Snyder, 1975, et LaBerge, 1975, et LaBerge et Samuels,

1974). En fait, le caractère princeps de leurs propositions théoriques dépend surtout d'une

limitation de la perspective au contexte de la psychologie du traitement de l'information,

Cependant, grâce à une méthodologie appropriée, Shiffrin et Schneider ont établi une distinctior

empirique claire entre processus automatiques et contrôlés. Les processus automatiques soni

caractérisés comme étant rapides, sans efforts (c'est-à-dire demandant peu de ressources

mentales) et, c'est là l'essentiel, penneneru ainsi le traitement en paraIlèle de l'information.

' Conséquemment, le terme automarisrne et ses dérivés seront employés dans la suite de ce texte uniquement, sauf mention, en référence au second type de conduites.

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Automaticitk et retard mental

La tâche qu'ils utilisèrent en est une de prospection mnémonique et consiste, pour 11

sujet, à déterminer si un ensemble de un, deux, trois ou quatre caractères (l'ensemble-cible

contient l'une des cibles appartenant à un ensemble de un, deux, trois ou quatre item

(l'ensemble-mémoire) qu'il a dû mémoriser avant la présentation de l'ensemble-cible. Deu:

conditions furent utilisées. Dans une première, le codage variable (U varied mapping w ) , un iten

faisant partie de l'ensemble-mémoire lors d'un essai pouvait faire partie des items distracteur

de l'ensemble-cible lors d'un essai subséquent, et d'anciens distracteurs pouvaient faire partic

d'un nouvel ensemble-mémoire. Inversement, la seconde condition, dite de codage constan

(a consistent mapping m), les items utilisés comme cibles n'étaient jamais utilisés commi

distracteurs ou vice versa; ils constituaient ainsi deux ensembles distincts d'items.

La comparaison des résultats obtenus dans ces deux conditions a fait ressorti]

essentiellement une différence. Dam la condition de codage varié, même après exercice intensif

la durée de la recherche de cible dépendait du nombre d'items composant les ensembles rnémok

et cible. Inversement, dans la condition de codage constant, si les premiers essais présentaien

un patron semblable à ceux de la première condition, la durée de recherche en venait, avec

l'exercice, à s'affranchir de l'influence du nombre d'items.

L'explication proposée par Shiffrin et Schneider (1977) est fondée sur la notion de limite

des ressources d'attention : ces ressources doivent, dans le codage varié, soit être partagées entre

les items, soit utilisées dans une revue un à un de ces items ; dans le codage constant c'est une

recherche en parallèle des items qui est effectuée, requérant donc une quantité uniforme de ce5

ressources malgré le nombre variable d'items. Une teIle recherche parallèIe est possible parce

que la perception des cibles dans l'ensemble-cible a été automatisée. En fait, il semble que ce

soit non pas la perception d'items particuliers qui soit ainsi automatisée, mais plutôt

l'appartenance à une catégorie (soit celle des cibles ou des distracteurs).

Cette distinction entre traitement automatique et contrôlé exposée par Schneider et

Shiffrin trouve appui dans des résultats expérimentaux obtenus avec des variantes quant a la

méthode. Non seulement la perception et la mémoire des caractères alphabétiques, mais aussi

celles des nombres, des mots et des catégories de mots ont été étudiés minutieusement (Fisk et

Schneider, 1983). La modalité auditive a aussi été explorée dans ce contexte (Poltrock, Lansman

et Hunt, 1982). Les résultats permettent de souligner la généralité de la distinction entre des

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Automaticité et retard mental i

caractéristiques des tâches, les unes (variabilité) nécessitant un traitement contrôIé, les autre

(constance) permettant le développement de processus automatiques (Ackerman, 1987).

b) Les doubles tâches

L'automaticité telle que définie par Ies uavaux de Shiffrin et Schneider soulignent Ie fai

qu'il s'agit non seulement d'exécution à la fois correcte et rapide d'une tâche, mais aussi (01

même surtout) d'une exécution requérant un minimum de ressources (Regian et Schneider, 199(

in Royer, p. 229). C'est en effet cette taxation minimale des ressources postulée qui permet k

parallélisme de l'exécution de prospection pour plusieurs cibles.

Étant donnée cette conséquence du paraIlélisme, certains chercheurs ont investigui

l'automatisation par un recours direcr. à une situation à même de le mettre en évidence. Unt

technique de double tache permet en effet d'estimer la taxation des ressources en jeu. Cettt

technique requiert du sujet d'exécuter, au moment où il reçoit un signal, une seconde tâcht

simultanément à la poursuite d'une première tâche qui fait l'objet d'un entraînement. La vitesse

de réponse à la seconde tâche constitue alors un indice de la mesure dans Iaquelie la première

tâche est automatisée. En effet, plus la tâche entraînée devient automatique, plus une quantiti

importante de ressources est Iibérée. Ces ressources peuvent alors être employées pour effectue]

plus rapidement la deuxième tâche.

Des exemples d'utilisation de techniques de double tâche sont données par Schneide~

(1985)' et même par Shiffrin et Schneider (1977). Cette technique a aussi été utilisée par Britton

et Tesser (1982) dans un contexte d'analyse de l'expertise. Plus précisément, ils demandaient

à leurs sujets, qui étaient plus ou moins connaissants d'un domaine de contenu, d'exécuter une

première tâche qui consistait soit en une Iecture portant sur ce contenu, soit en la résolution d'un

problème relié, ou en une réflexion portant sur des éléments de ce domaine de connaissance.

Pendant qu'ils effectuaient l'une de ces premières tâches, les sujets devaient aussi appuyer sur

un bouton dès qu'ils recevaient un signai auditif. La vitesse avec laquelle les sujets réagissaient

8 ce signal auditif est considéré comme un indice de la quantité de ressources requises par la

première tâche, ces besoins en ressources étant détermines entre autres, pour Britton et Tesser,

par la fadiarité qu'ont les sujets avec le domaine de contenu.

Les résultats obtenus par Britton et Tesser semblent cependant paradoxaux, puisque ce

sont les sujets les plus connaissants qui affichent les réactions les plus lentes à la tâche

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Automaticite et retard mental

secondaire. Ces chercheurs attribuent ces résultats surprenants au niveau des connaissances d

sujets recmtés, parmi lesquels on ne retrouve en fait aucun véritable expert du domaine. A h

ils suggèrect que de véritables experts auraient obtenu des temps de réaction similaires à cei

des novices parce qu'ils auraient automatisé certaines des conduites reliées au domaine, libéra

ainsi des ressources pouvant être utilisées pour l'exécution rapide de la tâche secondaire.

L'explication qu'offrent Britton et Tesser des latences de réponse des sujets qu'ils a

effectivement étudiés doit cependant recourir à d'autres postulats que seuls ceux posés I

fonction de ressources mentales.

c) Activation de réseaux, distribution de l'activation et amorçage

Britton et Tesser suggèrent que leurs sujets les moins connaissants présentent des tem,

de réaction relativement courts parce qu'ils ont peu de connaissances à mettre en œuv

Iorsqu'ils effectuent la tâche principale. Comparativement, les sujets les plus connaissants de lei

échantillon affichent des temps de réaction plus longs parce que !a tâche principale fait s'activ

chez eux une quantité plus importante de connaissances reliées, activation qui requiert di

ressources et en laisse moins pour l'exécution de la tâche secondaire. L'explication globale poi

toute Ia gamme des niveaux d'expertise devrait donc recourir à deux mécanismes. Le premii

mécanisme, celui de l'automatisation, permet de rendre compte de la vraie expertise c

I'eficacité générale est augmentée par la libération de ressources découlant d'une maîtri!

complète (auromtique) des connaissances. Le second mécanisme, celui d'une activation plus c

moins large d'un réseau de connaissances permet de rendre compte de l'effet détériorant d ' u ~

maitrise incomplète (c'est-à-dire d'une connaissance acquise mais non encore automatisée) d'u

domaine de contenu.

La connaissance a donc un effet détériorant chez les sujets possédant une connaissant

de niveau intermédiaire d'un domaine de contenu donne i cause d'une activation conm

productive du réseau sémantique concerné. Mais alors pourquoi une telle activation a-t-elle lie1

puisqu'elle nuit à l'efficacité globale de l'exécution des deux tâches? L'une des réponst

fréquemment offertes affirme que c'est parce que cette activation est elle-même automatique.

1) L'effet Stroop

L'effet Stroop, fondé sur le fait qu'il est plus long de nommer le nom d'une couleur qu

l'on perçoit que d'en lire le nom (Cattell, 1886), constitue une situation d'activation de conce1

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Automaticité et retard mentai 1

obligatoire (automatique) con=-productive. La situation proposée par Stroop (1935) a été à c

titre maintes fois utilisée pour mettre en évidence des processus automatiques. Par exemple, 1

situation classique montre que la lecture des noms de couleurs est automatisée, puisque 1'0

observe une détérioration de la performance (allongement des temps de réponse) dans un

situation où l'on doit nommer Ia couIeur de l'encre dans laquelle sont imprimés des noms d

couleur non concordants (par exemple, le mot u rouge » imprimé en caractères jaunes) pa

rapport à une situation où l'on doit identifier la couleur de taches. Le patron de résultats pet

ici être sembIable à celui suggéré par Britton et Tesser. La situation Stroop classique e:

analogue à celle de leur sujets connaissants mais non vraiment experts : la connaissance produ:

une activation détériorante. Ensuite, d'une part l'utilisation de la tâche Stroop auprès d'illettré

ne produit évidemment aucune différence entre la condition où l'on doit nommer la couleur d

mots et celle ou l'on doit identifier la couleur de taches (puisqu'il n'y a pas d'activation ; c'es

une situation analogue à celle des sujets peu connaissants) et, d'autre part, le développemer

d'une réelle expertise permet d'abaisser le degré d'interférence. Schiller (1966) a d'aiileur

retrouvé ce patron lors d'une étude génétique de l'effet Stroop : des enfants de première anné1

ne présentaient pas d'effet d'interférence tandis que cet effet était maximal en deuxième annéi

(peu après qu'ils aient appris à lire). La taille de cet effet diminuait ensuite rkgulièremen

jusqu'aux années de colIège (avec l'accroissement de l'aisance en lecture).

En r i m é , l'acquisition de connaissances crée un réseau sémantique qui es

automatiquement activé lors de la présentation de contenu reiié, à moins que L'on ne se situe ;

un niveau d'expertise qui permet, Iui aussi par le biais d'une automatisation. de s'affranchir dei

effets détériorants d'une telle activation obligatoire.

2) Les études d'amorçage

Puisque le réseau sémantique est susceptible d'être automatiquement activé, certain!

chercheurs ont exploité la possibilité de mesurer I'automaticité de son activation en observan

l'effet d'amorces contrastées. Une tâche d'amorçage peut par exemple consister pour le sujet i

indiquer le plus rapidement possible, en appuyant sur un bouton, si un caractère qui lui es

présenté est une lettre ou un chiffre. La cible est précédée d'une *amorce* qui, si elle es

cohérente avec la cibIe devrait faciliter, par distribution de l'activation, ta réponse. Selon Posnei

et Snyder (1975), la distribution de l'activation peut être conçue comme l'activation (ici par L

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Automaticité et retard mental I

présentation d'une amorce) d'un u nœud mnésique. Cette activation active non seulement ci

nœud particulier mais se distribue, activant ainsi des nœuds adjacents, c'est-à-dire relié

perceptueiiement ou sémantiquement. Un stimulus active donc non seulement sa propri

représentation en mémoire, mais aussi un ensemble d'éléments perceptuellement 01

sémantiquement reliés (Keele et Neill, 1978).

2. Les théories

Une théorie de I'automaticité devant être une théorie de l'apprentissage, il n'est pa:

surprenant de constater l'importance qu'accordent la plupart des théories existantes aw

structures et processus mnésiques. Plusieurs de ces théories (Schneider [1985], Schneider e

Detweiler [1988], Logan [1988]) postulent deux façons de réaliser une tâche quelconque, soit

en ayant recours à des algorithmes ou en s'appuyant essentiellement sur la récupératior

d'information stockée. On peut imaginer que s'installe une course entre les deux façons dc

résoudre la tâche : la méthode qui arrive la première à la solution contrôle la réponse. Avec

l'apprentissage, c'est-à-dire avec l'exercice, la méthode de récupération s'avère peu à peu plu3

rapide, et finit par être plus rapide que la méthode algorithmique. Dans ce dernier cas, c'esi

donc la méthode de récupération qui contrôle la réponse. Le processus est alors automatisé. 11

se peut aussi que les courses soient dorénavant abandonnées : l'individu, constatant l'efficacité

et satisfait de la fiabilité de la méthode de récuphtion peut stratégiquement choisir de s'appuyer

uniquement sur cette dernière.

Si elles partagent la conceptualisation générale qui vient d'être présentée, les théories

different cependant par les mécanismes qu'elles proposent pour expliquer le fonctionnement de

la méthode de récupération. C'est dors que l'on voit s'opposer les théories de la force

d'association (Schneider) aux théories d'accumulation d'exemplaires (Logan).

a) Les fondateurs : Shiffrin et Schneider

L'ampleur et la rigueur expérimentale des travaux de Schneider et Shiffrin (1977) leur

ont permis d'exercer une influence réelle dans l'étude de l'attention et du développement de

l'automaticité (Fortin et Rousseau, 1989, p. 78). Les hypothèses théoriques avancées par eux,

du moins au début (Schneider et Shi-, 1977 ; Shiffrin et Schneider, 1977) sont cependant

moins éclatantes, tendant souvent davantage vers une circularité décevante que vers un modèle

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Automaticité et retard mental :

explicatif du développement de I'automatisrne. II faut considérer cependant que les premiè~

démarches théoriques nécessaires après la mise en évidence claire du phénomène étaie

essentiellement de bien le décrire et de délimiter les conditions de sa manifestation. C'est ain

que Schneider, Dumais et Shiffrin (1984) notent que la performance à une tâche variable, où 1

traitement contrôlé est requis, se stabilise rapidement lors de l'exercice et ne s'améliore pas (

façon marquée même après plusieurs heures d'exercice. Inversement, lorsque l'on est t

présence d'une certaine constance de la tâche, on assiste à une amélioration rapide de

performance (attribuée au développement de processus automatiques), généralement jusqu'à (

que Ie sujet atteigne une limite psychomotrice, perceptueIle ou de motivation. Lorsque la tâcl

présente des demandes et de type contrôlé et de type automatique, ce sont les processi

requérant un traitement contrôlé qui fixeront les limites de la performance maximale (Fisk i

Schneider, 1983).

Plus récemment, Schneider (1985) et Schneider et Detweiler (1988) ont proposé ur

théorie davantage explicative des mécanismes a l'origine de l'automatisation, basée sur le rappc

mnésique. Il s'agit donc d'une théorie de l'apprentissage où la répétition inhérente a l'exercic

fait s'accroître Ia force du lien associatif entre stimulus et réponse en mémoire à long termr

Plus ce lien est fort, plus il favorise la récupération directe de la réponse dans le contexte d'un

course entre solution algorithmique et solution mnésique.

b) Neumann

Les chercheurs dans le domaine de l'automaticité ont accordé une grande attention à 1

question du déve1oppement des automatismes, avec comme critères d'opérationnalisation l'accer

sur la justesse des réponses, la détection de la diminution des temps de réaction et l'appnkiatio

du rythme de ces diminutions. Deux tendances semblent se distinguer : l'accent sur les processu

et l'accent sur les conditions environnementales. Neumann (1984) est l'un de ceux qui tenter

de réunir ces deux directions. Dans le modèIe qu'il propose, des paramètres définis par de

habiletés spécifiques (stockées en mémoire à long terme) doivent être complétés par de

paramètres qui ne peuvent être spécifiés que par la situation. Des mécanismes qualifié

d'attentiomels cornpiètent ce modèle en séiectionnant les paramètres nécessaires parmi ceu:

disponibles. Dans ce modèle, I'automaticité ne constitue donc pas une propriété inmnsèque de

processus, mais plutôt une propriété émergente dépendant à la fois du système de traitement e

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Automaticité et retard mental 13

du contexte.

c) m a n

La a Instance Theory :, (que l'on traduira ici en u théorie des exemplaires ») de G . Logan

(1988, 1992) constitue probablement en ce moment la théorie la plus actuelle de l'automaticité.

Il s'agit d'une théorie mnésique de I'automaticité, fondée sur l'apprentissage d'a imfmces~

(c'est-à-dire l'accumulation d'exemplaires). Si elle s'apparente donc à d'autres théories

mnésiques (Schneider, 1985 ; Schneider et Detweiler, 1988), elle s'en distingue par ce stockage

de chacun des exemplaires, conception qui s'oppose à celle d'un accroissement de la force du

lien S-R basé sur une généralisation des divers exemplaires.

d) Conclusion

À ce stade, l'analyse de Cowan (1995, p. 195) nous semble juste : à partir du moment

où l'on dispose de critères processuels de I'automaticité (comme c'est le cas par exemple dans

la théorie de Logan, où ce sont des processus de stockage qui sont postulés), les critères

descriptifs (l'absence de charge mentale, l'absence de contrôle attentiomel, etc.), ainsi que les

controverses à leur propos, perdent leur importance. En particulier, I'universalité de ces critères

peut être écartée pour faire place à un examen théorique des tâches.

Enfin, il semble, comme le soutient Neumann (1984), que la distinction entre processus

automatiques et contrôlés en soit bien une différence qualitative, et non sirnpiement une

différence de degré, comme I'on soutenu certains (Navon et Gopher, 1979). 11 est néanmoins

indéniable que les individus diffèrent quant au degré d'automaticité qu'ils affichent lors de la

réalisation de conduites. Cette variation de niveau d'automaticité s'explique lorsque I'on adopte

une conception des conduites qui en font un mélange complexe de mécanismes, certains

automatiques et d'autres contrôlés (lacoby, 1991 ; Schneider et Detweiler, 1988). Dans une telIe

perspective, ce sont essentiellement Ies processus contrôlés qui sont tenus pour responsabIes de

la lenteur et de la variabilité de la vitesse d'une conduite (Ackerman, 1987). L'automatisation

consiste alors en un remaniement qualitatif de la suite de mécanismes composant la conduite

(Cheng, 1985 ; Logan, 1988 ; Schneider, Dumais et Shifh-in, 1984) de telle façon à réduire ou

éliminer l'influence des mécanismes contrôlés.

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CHAPITRE IE

Automatismes, inteIligence et retard mentai

L'érude exp&imentale des automatismes, bien que permettant de connaître Ieurs objets

et leur fonctiomement, a jusqu'à maintenant ité peu préoccupée par l'intégration de ces

processus automatisés au reste de la vie mentale. Une telle intégration étant déterminante pour

l'appréciation de l'importance de ces mécanismes, il a fallu chercher ailleurs un cadre

intégrateur. Celui qui a etk retenu et qui est ici présenté est celui de R. J. Sternberg. II s'agit

d'une théorie générale de l'intelligence qui accorde une place à ce qu'il nomme ~automaticité

du traitement de l'information*. La théorie de Sternberg a été retenue non seulement parce que

c'est l'une des seules à conférer explicitement un rôle clef aux processus automatiques, mais

parce qu'elle le fait aussi en fonction d'une certaine explication du retard mental.

1. Intégration de I'automaticité à une théorie générale de l'intelligence

Axée en grande partie sur le rapport à l'environnement, la (théorie triarchique de

I'intelligence de Sternberg (1985, 1988, 1994) accorde une importance centrale à l'expérience

de l'individu et notamment, dans le prolongement de cette expérience, à la capacité

d'automatiser le traitement de l'information. La théorie triarchique se subdivise, comme son nom

L'indique, en trois sous-théories. La première de ces sous-théories concerne l'intelligence et le

monde interne de l'individu (c'est la sous-théorie des composantes). Les composantes du

traitement de I'information peuvent être regroupées selon trois types : les métacomposantes, les

composantes de performance, et les composantes d'acquisition des connaissances. La deuxième

sous-théorie relie intelligence et expérience : c'est la sous-théorie de l'expérience avec, à l'un des

extrëmes du u continuum expérientiel B, l'habiieté à s'adapter à la nouveauté, et, à l'autre

extrême de ce continuum, 1'habiIeté à automatiser le traitement de l'information. La dernière

sous-théorie est la sous-théorie du contexte. EIle tend à rendre compte de la relation entre

l'intelligence et le monde externe de l'individu par le biais de trois buts : l'adaptation de

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Autornaticité et retard mental 15

l'individu à l'environnement, le façonnement de l'environnement et la sélection d'un

environnement.

Par capacité d'automatisation, il est fait référence à la capacité de développement de

séquences a.mpprises*. 11 s'agit d'établir la maîtrise d'unités stables par les multiples

répétitions d'une tache apprise antérieurement. Tout comme I'ensemble de la théorie de

Sternberg, la dimension auromricité fait appel aux travaux réalisés en psychologie cognitive.

Plus spécifiquement, la notion d'autornaticité est inspirée par l'opposition des processus contrôlés

aux processus automatiques, des processus exécutifs aux non exécutifs, ou encore des processus

métacognitifs aux cognitifs.

Dans un automatisme. les séquences surapprises sont activées par des stimuli de base,

produisant alors une réponse immédiate. L'habileté de lecture, par exemple, implique l'auto-

matisation de processus ascendants. Ce sont ces processus qui permettent le passage de la

perception sensorielle des lemes à la reconnaissance de la signification du mot. Ainsi, lorsque

la reconnaissance des lettres s'effectue de façon automatique, cela permet d'allouer davantage

de ressources attentionneiies à la compréhension d'un mot.

L'importance de l'automatisation peut aussi être montrée par la prise en compte de son

inter-relation avec l'autre pôle du continuum, l'adaptation à la nouveauté. En effet, le fait que

l'attention du sujet soit monopolisée par le seul développement des automatismes vient contrer

son investissement dans un but d'adaptation à la nouveauté. Inversement, I'automaticité des

processus de traitement de L'information augmente I'habileté à s'adapter aux situations nouvelles.

Ainsi, dans l'exemple de la lecture. plus les processus ascendants sont effectués rapidement, plus

il reste de ressources d'attention pour comprendre le contenu nouveau d'un texte. C'est d'ailleurs

selon ce principe que sont élaborés certains programmes d'intervention réalisés auprès de jeunes

présentant des troubles d'apprentissage : l'automatisation d'unités de connaissances d'arithrrzbtique

élémentaire (résultats d'additions simples, tables de multiplications, etc.) permet d'aborder avec

succès des problèmes mathématiques plus complexes (Hasselbring, Goin et Bransford. 1988).

La conception qu'a Sternberg du processus d'automatisation, tout comme celle de

Neumann (1984)' s'inscrit donc dans le courant où celle-ci est vue comme l'acquisition d'une

habileté spécifique. En effet, cette variable est proposée, au sein de la théorie triarchique. afin

de rendre compte de l'influence du degré d'expérience relative à une tâche donnée. De plus,

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Autornaticité et retard mental 1

cette influence s'exerce, en partie tout au moins, sur les composantes du traitement (

l'information de la première sous-théorie, et l'on peut croire que, pour une tâche donnée, ci

ccnlposantes constirnent un arrangement :, lui aussi spécifique.

2. Retard mental et automaticité

L'importance de l'étude des processus d'automatisation chez les personnes qui présente]

une déficience intellectuelle est soulignée par Sternberg (1985)' qui va jusqu'à a f f iner qi

L'inadéquation de l'automatisation et du fonctionnement des composantes du traitement c

l'information serait l'&ment principal permettant de comprendre la déficience intellectuelle.

Par ailleurs, depuis toujours on invoque, dans les perspectives pédagogiques jamais bie

éloignées du retard mental, l'automatisation (ou plutôt son défaut) pour expliquer différentt

lacunes d'apprentissages : Sternberg, comme on l'a vu, mais bien avant lui, Rey, et même Bine

a) Brève introduction à la cognition des retardés mentaux

Le retard mental est défini par la American Association on Mental Deficiency (AAMC

aujourd'hui AAMR : Amencan Association on Mental Retardaion) comme un fonctionne me^

intellectuel généra1 significativement sous la moyenne accompagné de déficits au plan de

comportements d'adaptation. qui se manifeste au cours de la période du développemer

(Grossman, 1983). II s'agit donc d'une défuiition basée sur le comportement, qui ne fait aucun

référence à l'étiologie du trouble (biologique, psychosocial, socioculturel.. .). La classificatio

du DsM-rv (1996) de la American Pqchiatric Associarion va dans le même sens en classant 1

retard mental comme un trouble du développement survenant durant l'enfance (axe II). 11 est fa:

de même dans la CIM-9 de l'Organisation mondiaie de la santé (1979) (où le retard mental reço:

Le nom d ' ~ arriération mentale N).

Comme l'indiquent ces définitions, le retard mentai est d'abord affaire de psychométrie

on compare le résultat d'un individu à un test aux résultats d'une population de référence

D'ailleurs, la psychométrie elle-même doit sa naissance à la question de l'évaluation de 1

déficience : on se rappelIera la tâche qui avait été confiée à Binet au début du siècle. Il n'est pa

surprenant que ce soit ce même Binet, avec son collaborateur Simon, qui dresse l'un de

premiers portraits scientifiques * de la cognition des arriérés mentaux. C'est ainsi qui

1'intelIigence des arriérés est caractérisée par une faible puissance de la direction de leur pensé1

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Autornaticité et retard mental 1

(l'échec étant souvent davantage amibuable à un manque de compréhension ou à une perte d

vue de l'objectif qu'à une rée!Ie ignorance), par une adaptation problématique (faiblesse dc

capacités d'invention et de correction : les moyens envisagés comme solution ne profitent pas de

tâtonnements antérieurs; c'est le n'irnportequisme B), et par une censure insuffisante (U 1

déficient ne sait guère juger de ce qu'il fait, ni dire si c'est ce qu'il devrait faire B) (in Gardo~

1993). Par ailleurs, le a débiIe * est caractérisé dans l'ensemble de son développement non pa

par un arrêt ou même par un simple ralentissement, mais plutôt par une dyschronie, les rythme

d'évolution différant selon les secteurs.

Zazzo (1979) retrouve ces dernières idées de Binet avec le concept d'hétérochronie d

développement. Les retards différents selon les secteurs considérés, observés par lui et so

équipe, sont par ailleurs attribués à une hétérochronie fondamentde entre le développemer

somatique et le déveioppement cérébral. Il souligne aussi davantage l'importance de considére

non plus la déficience, mais bien les deciences, puisque des différences marquées de 1

cognition peuvent être observées entre des sujets dont l'arriération est amibuable à différente

étiologies. C'est pourquoi est alors mise de l'avant la distinction %exogènes - endogènes*, 1,

débilité exogène (ou u pathologique P) étant celle qui est due à des atteintes du système nerveu:

central, et la débilité endogène étant celle qui s'inscrit dans la distribution un on na le^ di

patrimoine génétique (d'ou l1appelIation u débilité normale m, parfois employée) (Zazzo, 1979)

Un nombre important d'itudes suggérent par ailleurs que les déficits cognitifs reliés i

I'automaticité diffèrent selon les causes de ces déficits (Chiva, 1973 ; Campione et al., 1982).

En soumettant des débiles exogènes à diverses stimulations, Luria et son équipe (1974

ont mis en évidence deux anomalies du fonctionnement mental, liées à des altérations du systèmt

nerveux central. La première de ces anomalies est l'inhibition pathologique. L'équilibre norma

entre excitation et inhibition de l'activité nerveuse est, chez les retardés mentaux, compromh

par un excès d'inhibition. 11 peut en résulter de la nonchalance, si cette inhibition affecte le!

processus excitateurs normaux, ou encore provoquer des réactions d'une puissance inattendut

à des stimuli de faible intensité lorsqu'il y a inhibition des processus inhibiteurs. La seconde

anomalie du fonctionnement mise en évidence par l'équipe de Luna est l'inertie oligophrénique.

qui se définit par a la réduction, chez les sujets retardés mentaux, du pouvoir qu'a tout individu

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Automaticité et retard mental 11

de substituer un processus cortical à un autre, torsque celui-ci a été mis sous tension* (Not

1991, p. 13). Cette inertie peut expliquer les stéréosppies et les persévérations souvent observée:

dans les activitis des sujets retardés.

Luria ne fut pas le premier i identifier l'inertie comme une caractéristique de la débilité

C'est à Kounin (1941) que l'on attribue généraiement la paternité des premières proposition!

relatives à une teiie inertie. Dès lors, ces idées rencontrèrent opposition, à l'époque celle dr

Werter (voir Chiva). Néanmoins, l'idée que les retardés font preuve d'une rigidité mentah

anormale trouve des tenants jusqu'aux dates les plus récentes (Dulaney et Ellis, 1994). Chiv;

montra que i'inertie n'est en fait typique que d'un sous-groupe de retardés, soit les débile:

exogènes.

II sembIe important de considérer aussi la dissociation entre niveau de développemeni

intellectuel d'une part et quantité de connaissances accumulées par L'expérience d'autre part

dissociation d'autant plus grande que les sujets sont âgés. Cette dysharmonie caractéristique di:

retard mental, récemment explorée encore par Facon (Facon, Bollengier et Grubar, 1994) w

serait peut-être pas sans importance non plus pour l'automatisation en tant qu'acquisitior

mnésique, puisqu'elle fait en sorte que les adultes retardés présentent ainsi un avantage relatif,

par rapport à des sujets normaux de même âge mental, dans Ies domaines de I'intelligence

cristalIisée.

Enfin, comme le rappellent Campione, Brown et Ferrara (1982), Ies problhnes de

généralisation (et en particulier Ie manque de uansfert des habiletés ou connaissances acquises

dans une situation à une autre situation où elles seraient utiles) constituent une autre des

caractéristiques prédominantes de la cognition déficiente. Ce type de problèmes lié à la

généralisation, tout comme celui de l'inertie cognitive, est attribué par Campione et al. au

manque d'habiietés métacognitives, a la faiblesse des processus de contrôle de l'exécution.

b) L'automaticité du traitement de l'information chez Ies retardés

Dans les propositions théoriques qui viennent d'être présentées, les difficultés

d'apprentissage que rencontrent les remdés sont régulièrement attribuées à l'insuffisance des

processus de contrôle, ou même à celle de la métacognition, c'est-à-dire aux processus

supérieurs (c'est encore le cas de Belmont, 1978 ; Bray, 1979 ; Butterfield et Behont, 1977 ;

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Automaticité et retard mental IS

Campione et Brown, 1978, et bien d'autres dans Ellis et al.). S'il semble acquis que des

difficultés à ce niveau « métacognitif » doivent être considérées pour la compréhension de la

déficience intellectuelle, le rôle de processus inférieurs mériterait aussi d'être considéré, tant il

est que ce dernier ordre de processus est, lui aussi, souvent identifié comme présentant des

déficits importants (ce qui n'est pas bien surprenant, puisqu'on a pu assister, dans le domaine

du retard mentai, à une espèce de ((chasse aux insuffisances m, faisant conclure Zigler à un

everything deficit *). Cependant, malgré la reconnaissance, par une majorité de chercheurs, de

l'insuffisance de plusieurs de ces « processus inférieurs », la plupart des efforts actuels de la

recherche sur L'apprentissage et l'évaluation intellectuelle des retardés mentaux sont consacrés

aux processus de Ia métacognition. Dépasser la simple reconnaissance de son insuffisance et

étudier spécifiquement le rôle d'un processus inférieur constituerait donc une voie permettant

de compléter les recherches actuelles dans une direction actuellement négligée.

Au plan des théories psychologiques, ces préoccupations rejoignent celles traitées par les

travaux de Zazzo (1979) sur le déficit d'intégration entre vitesse et précision chez les déficients

intellectuels, déficit attribué dans ces travaux à une hétérochronie de développement (somatique

et cérébral). En effet, l'automaticité telIe que considérée ici requiert l'intégration entre vitesse

et précision, c'est-à-dire que L'augmentation de la vitesse (dans une certaine limite) n'influence

pas la précision.

La question d'automaticité appelle aussi celle de l'inerfie oligophrénique (Luria, 1974),

concept redécouvert * par Eilis et son équipe plus récemment (Eliis, Woodley-Zanthos, Dulaney

et Palmer, 1989; EUis et Dulaney, 1991) sous le terme d'inertie cognitive. Ces concepts

renvoient à l'idée que même si des processus cognitifs peuvent être automatisés chez les

déficients intellectuels, leur mise en œuvre comme leur arrêt dépend de processus contrôlés qui,

eux, présentent des déficits importants. L'inertie n'est donc pas sans importance lorsque l'on

traite des automatismes cognitifs, puisqu'il s'agit en quelque sorte d'une mesure de leur force

relative par rapport aux processus supérieurs qui commandent leur enclenchement et leur

désengagement. C'est aussi là ta question des problèmes de généralisation.

Les études expérimentales récentes de l'automaticité chez les personnes présentant une

déficience intellectuelle sont à trouver, essentiellement, dans les travaux de N.R. Ellis et de son

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Automaticité et retard mental :

équipe. Ces travaux montrent que les retardés mentaux affichent un déficit important dm

processus d'automatisation. En effet, les études de Ellis, Woodley-Zanthos, Dulaney et Palm

(1989), et EIlis et Dulaney (1991)' ont déjà démontré qu'avec l'entraînement, les persom

ayant une déficience intellectuelle peuvent abaisser leur taux d'interférence sur une tâche Strool

Ce résultat est interprété par les auteurs comme reflétant l'automatisation de la suppression c

distracteur, un prucessus qui demande normalement de l'effort et du contrôle cognitif. Cet

automatisation est cependant plus lente chez les retardés que chez les normaux (Ellis et al

1989, 1991).

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CHAPITRE III

L'évaluation de I'automaticité chez les retardés mentaux

Les défis poses par l'examen psychologique des retardés mentaux ont souvent été

l'origine du développement d'approches nouvelles de l'évaluation intellectuelle. L'idenMcatio

des diff~cultés intellectuelles présentées par les retardés demeure d'ailleurs l'un des objectil

importants de beaucoup d'approches de l'évaluation psychologique.

L'évaluation de processus de traitement de I'information

11 existe à l'heure actuelle de nombreux instruments d'évaluation pouvant être utilisé

auprès d'une clientèle de personnes retardées mentalement. Ces instruments, le plus souven

issus de la psychométrie classique (par exemple le Binet-Simon, les Échelles M'Carthy pou

enfants, etc.) sont souvent employés pour I'évaluation du retard mental, et ce à de nombreuse

fins : identification de déficit ou de retard, évaluation en vue de placement, appréciation de

progrès au sein de programmes de remédiation. Néanmoins, certains auteurs (Campione, Browi

et Ferma, 1982) soutiennent que de tels tests de tradition classique ne permettent pas unc

évaluation adéquate des personnes présentant un retard mental. Carnpione et al. (1982)

soulignent que les tests traditionnels représentent une mesure statique, n'évaluant pa:

adéquatement les sujets provenant de milieux défavorisés, une situation allant souvent de pai

avec le retard. Un autre reproche fréquemment adressé aux tests déplore le peu d'indicationi

utiles à l'intervention qu'ils fournissent. C'est un constat qui rejoint d'ailleurs des propos dc

Zazzo (1979, dans sa préface Savoir ce que parler.. . ») ou de Wechsler (p. 7 du manuel di

WAIS-R) à l'effet que le test d'intelligence est comparable au thermomètre du médecin. Le Q

équivaut au degré de température, sans renseigner davantage que de dire s'il y a ou no1

problème ; il ne donne que peu de renseignements concernant le *diagnostic m à poser.

Plusieurs chercheurs (dont Hunt, Sternberg, Detteman) ont suggéré que le:

développements de la psychologie dite cognitive allaient permettre la création d'instrument

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2;

d'évaluation des habiletés intellectuelles qui soient à même de pallier certains des problème:

posés par les tests traditionnels. Les biais favorisant une culture au détriment d'une autre

correspondant à des occasions d'apprentissages différents, par exemple, sont de ceux dont or

a pensé qu'ils pouvaient être évités par des instruments issus de la *tradition cognitive ». Er

effet, cette psychologie du traitement de l'information étant une science des processus plutôt quc

des produits (contrairement à ce qu'est souvent la psychométrie traditionnelie), les instrument.

qui en découlent devraient permettre d'évaluer ces processus, amenant ainsi une appréciatior

supposée plus équitable des possibilités intellectuelles. L'analyse de processus permise par ces

nouvelles évaluations intellectuelles a aussi été perçue comme pouvant, mieux que les bilans de

résultats typiques des évaluations psychométriques traditionnelles, guider les interventions

éducatives.

Une avenue de recherche particulièrement influencée par l'approche du traitement de

l'information consiste en la mesure d'habiletés dites *élémentaires » de traitement de

l'infomtion. De telles mesures constituent, selon Derterman, Mayer, Caruso, Legree, Corners

et Taylor (1942)' un apport nouveau important à l'évaluation intellectuelle et serait susceptible

de relever les divers défis rencontrés par les méthodes traditionnelles d'évaluation.

L'ivaluation des habiletés cognitives élémentaires s'inscrit dans Ie cadre plus général du

développement d'une psychométrie théoriquement fondée (et ici fondée sur une théorie cognitive

de I'inretligence). Ces fondements théoriques devraient permeme à cette psychométrie de ne plus

être orientée uniquement vers le diagnostic ou le pronostic, et d'être à même de conmbuer à la

régulation des formations, de fournir des indications assez précises et pertinentes pour constituer

des éléments d'une évaluation formative (Huteau, 1990). 11 s'agit donc de mesurer non plus des

produits, mais des processus. A ce propos, cependant, Paour, Jaurne et de Robiilard (1995) ne

partagent pas *la certitude, exprimée par certains, de parvenir à construire de meilleurs

instxuments de mesure de l'intelligence fondés sur la connaissance des processus cognitifs » (pp.

19-20). C'est que la constitution de normes à partir de différences fonctionnelles peut poser

d'importants problèmes; ce serait d'ailleurs là la raison de l'échec de Inhelder, qui s'était

attaquée à une tache de ce type. Cependant, si les avantages de la psychométrie classique dans

le domaine du repérage et du classement s'avéreront peut-être encore longtemps supérieurs, la

nécessité de développer des outils d'évaluation d'utilisation avant tout idiographiques semble

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s'imposer (dans le cas justement de la régulation des formations individuelles, entre autres)

Ainsi, Royer et al. (1993) soutiennent que les nouvelles méthodes d'entraînement et di

remédiation, sous-tendues par les développements récents dans le domaine des science

cognitives, requièrent de nouvelles techniques d'évaluation des résultats des interventions

techniques d'évaluation elles aussi enracinées dans une perspective de traitement di

l'information. Et malgré le fait que certains auteurs soutiennent que de telles mesure

élémentaires ne permettront jamais de rendre compte de l'ensemble du fonctionnemen

intellectuel (Sternberg et Salter, 1982; Keating, 1983; Lautrey, 1996)', et en dépit aussi d'ui

certain désintéressement vis-à-vis de certaines tentatives à l'apparence prometteuse (Rose, 1980)

il semble que les mesures élémentaires présentent néanmoins les relations nécessaires avei

l'intelligence pour faire partie d'une évaluation intellectuelle. Cette conciusion vaudrait encort

davantage quand il est question du retard mental. Par exemple, Detteman et al. (1992

rapportent un coefficient de corrélation multiple de 0,66 entre les variables dérivées de neu

tâches élémentaires de traitement de l'information (telles que discrimination de stimuli, temp!

de réaction, et diverses tâches de rappel et d'apprentissage) et une mesure de QI pour leu

échantillon de personnes retardées mentalement.

Une donnée fondamentale d'une évaluation processuelle : les temps de réponse

La psychologie du traitement de l'information offre divers paradigmes dans lesquels, d m

presque tous les cas, on s'intéresse, depuis l'idée de Donders (1868), au temps nécessaire am

divers processus pour se réaliser (c'est-à-dire à la vitesse de ces processus). La tentatior

d'évaluer les habiletés intellectuelles à l'aide de telles tâches s'accentue encore, car même si lei

propositions de Spearman ont été infirmées à son époque, l'idée de Thorndike (1926)- qui

soutenait tout de même que u toutes choses étant égales par ailleurs, les plus rapides sont c e u

' D'ailleurs, comme le rappelle Wechsler (1981) les facteurs cognitifs sont essentiels mais non suffisants à l'intelligence « globale m, parallèlement aux facteurs u non intellectuels B qui ne peuvent pallier à l'insuffisance des facteurs cognitifs si c'est le cas. Le cumul des deux types de facteurs est nécessaire à l'activité intellectuelle. et il est apprécié, bien que non décomposé, lors d'un examen psychologique traditionnel : M . . . même si les tests évaluent inévitablement les habiletés cognitives du sujet [. . .] ce ne sont pas leur but premier. » (Wechsler, 1981, p. 8)

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dont l'intelligence est la plus grande P. est souvent reprise dans la recherche contemporaine.

Le regain contemporain des idées de Galton et de Spearrnan trouve sûrement sor

i1Iusuation la plus vive dans les travaux de Jensen (par exemple : 1982) ou de Vernon (1981,

1983) (ou même d'autres auteurs, souvent dans la revue Inrelligence, en particulier). Dans ces

travaux, on propose, sûrement trop rapidement, une relation causale entre vitesse de traitemeni

à des tâches élémentaires et facteur g de l'intelligence. C'est aussi dans ce type de travaux,

résultats et interprétations que plusieurs ont voulu voir les nouvelles mesures de l'intelligence

issues de la psychologie du traitement de l'information.

Le choix de prise en compte systématique de la vitesse de réponse dans l'évaluation

intellectuelle s'inspire donc souvent à l'heure actuelle de la psychologie du traitement de

I'information. Cette dernière a en effet contribué au renouvellement de l'intérêt envers les

latences des réponses (ou temps de réponse: TR), en postulant, tout comme Donders, la

possibilité d'inférer à partir d'elles la présence et le mode de fonctionnement de divers processus

mentaux (Lohman et Rocklin, 1995). Plusieurs travaux empiriques et certaines formulations

théoriques de tradition galtonnieme ont donc récemment vu le jour, et constituent autant

d'appuis à une utilisation psychométrique des variables de vitesse.

On peut séparer ces recherches en deux catégories. Les recherches de la première

catégorie visent essentiellement à montrer qu'il y a bien un lien entre vitesse et intelligence, puis

à suggérer un mécanisme global expliquant cette relation. Par exemple, plusieurs études ont

rapporté des corrélations significatives entre des mesures à des tâches simples de TR (paradigme

de Hick : Jensen, 1982 ; Vernon, 1987, 1990) et des mesures du facteur g de l'intelligence. Pour

ces auteurs, la vitesse de traitement de l'information détermine l'efficacité du traitement de

I'information. Ces propositions font même souvent référence au substrat biologique, en

rapprochant vitesse de réponse et vitesse neuronale par exemple (Eysenck, 1987; D.

Hendrickson, 1982; A. Hendrickson, 1982). Les travaux effectués dans le cadre du paradigme

du temps d'inspection (Brand et Deary, 1982; Deary et Stough, 1996; Nettelbeck, 1987;

Nettelbeck et Lally, 1976) rapportent aussi systématiquement des relations substantielles entre

la vitesse (que l'on pourrait qualifier ici de perceptuelle) et l'intelligence. Ici, la relation est

expliquée en fonction du rôle décisif de la limite imposée à Yensemble du système cognitif par

Ies possibilités du module sensoriel. Plus la perception est rapide, moins cette limite est

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2

importante. Une explication du même type mais se situant plus en aval dans Ie système dr

traitement de l'information est offerte par Salthouse (1994) : si une personne est plus rapide quc

les autres pour des questions auxquelles tous répondent correctement, elle aura de meilleure:

chances de répondre correctement à des questions plus dificiles parce qu'elle pourra considérei

concurremment un nombre plus élevé d'éléments. Les hypothèses explicatives qu'il avance son1

de ['ordre du contrôle inhibiteur et de la sélectivité de l'attention.

La deuxième catégorie de recherches relève plus directement de l'approche du traiterneni

de I'information; elle s'attache à recueillir des scores de temps qui soient indicateurs de

processus spécifiques. C'est donc celle qui correspond davantage aux attentes d'une psychométrie

* cognitive W. On peut citer ici les batteries de tâches éprouvées par Rose (1980)' Fairbank, T h

et Anderson (1991)' ou Detterman et al. (1992). Elles sont le plus souvent inspirées de

paradigmes expérimentaux classiques (tâches de Posner, de Sternberg, de Hick), et viseni

l'appréciation de fonctions telles le rappel, la comparaison, la transformation. La préoccupation

pour la relation entre vitesse et l'intelligence n'est pas pour autant absente de ces recherches.

On y suggère typiquement que la somme des indices processuels permettra d'expliquer

(statistiquement, du moins) Ia variance présente dans les scores aux tests d'intelligence.

Étrangement, les recherches de ni l'une ni l'autre des catégories qui viennent d'être

présentées n'ont essayé d'intégrer, dans leurs tentatives pour rendre compte de la relation entre

vitesse et intelligence, une perspective génétique. C'est là un fait d'autant plus étonnant qu'un

important courant de recherche (Hale, 1990; Kail, 1986, 1991a; Kail et Salthouse, 1994)

s'attache justement à souligner l'importance du développement en montrant que des groupes

d'individus contrastés selon I'âge présentent des différences dans la vitesse de réponse. Dans ces

études tramversates, la vitesse, obtenue pour un large éventail de tâches, suit une trajectoire

particulière d'âge en âge : elle augmente pendant l'enfance puis, après avoir atteint un sommet

à l'âge adulte, elle diminue peu à peu (Salthouse et Kail, 1983). L'explication offerte par Kail

(1986, 199 1 a, 199 1 b) est globale : ces différences liées à l'âge, étant donné leur apparente

universalité quant aux tâches, seraient sous-tendues par le développement d'un mécanisme central

de limitation de la vitesse. Si ces différences de vitesse reliées à la maturation semblent bien

établies pour des groupes de sujets, leurs conséquences relatives aux différences individuelIes

dans l'intelligence sont encore mal connues. En d'autres mots, la majorité des recherches

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étudiant la relation entre vitesse et intelligence ont étudié la relation entre vitesse et qr, alor:

qu'elle est peut-être davantage à chercher du côté de la relation entre vitesse et âge mental.

Malgré toutes ces recherches faisant état de relations entre la vitesse et l'intelligenct

d'une part, et avec le développement d'autre part, la mesure de la vitesse des réponses i

toutefois été relativement peu employée en psychométrie classique (à quelques notable:

exceptions près : test des deux barrages de Zazzo ; certains sous-tests de puzzles ou de blocs dt

Kohs dans les échelles de Wechsler). Par ailleurs, la vitesse en psychométrie a Ie plus souveni

été mesurée en comptant le nombre d'opérations ou d'items effectués à l'intérieur d'une dur&

limite, ou encore en mesurant le temps nécessaire au complètement d'un nombre donné d'items,

plutôt qu'en chronométrant le temps requis pour effectuer chaque opération ou item (Lavergne,

1997 ; Verster, 1984). Les deux premières méthodes opposent a leurs avantages pratiques dewi

principaux inconvénients (Lavergne, 1997). Le premier est d'inclure dans l'indice de temps

recueiIli Ia durée inter-items, une variable qui ne peut être considérée comme une composante

légitime du temps nécessaire au traitement des items de test. Le second inconvénient es1

d'inclure dans l'indice de temps la latence à des items échoués. Or, comme le fait remarque1

Lohman (1989), la latence d'une solution erronée reflète soit un traitement incomplet de

17infomation, soit l'échec d'une ou plusieurs composantes de traitement. En tout les cas, de

telles latences ne sauraient refléter adéquatement un temps de traitement univoque. La

combinaison de latences à des items réussis et échoués rend donc ambiguë l'interprétation du

temps de réponse moyen recueilli, donnant peu d'information sur les processus en jeu.

L'évaluation de l'automaticité du traitement de l'information

R. Sternberg est probablement celui qui, en Amérique du moins, a le plus fait pour

intégrer à une psychométrie les fruits des travaux de la psychologie du traitement de

L'information sur I'automaticité. De plus, on l'a dit, selon sa conception, l'utilisation de mesures

reliées aux processus d'automatisation pourrait permettre l'identification de difficultés

intellectuelles particulières aux retardés mentaux.

Valeur expérimentale de l'automaticité telle que conçue par Sternberg

La pertinence, le rôle et la situation des concepts d'autornaticité ont été, et encore

récemment, intensivement explorés. De nombreux auteurs (parmis eux : Bargh, 1992; Cam,

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1992; Cohen, Servan-Schreiber et M'Clelland, 1992; Czerwinski, Lightfoot et Shiffrin, 1992

pour ne nommer que ceux-là ...) s'intéressent à l'automaticité, et ce de diverses façons. L

tendance semble même toujours être, comme le soulignait Fernichet (1988)' à la multiplicatio

des concepts d'automaticité. L'autornaticité telle que comprise par Sternberg a elle aussi fa

l'objet d'une vérification expérimentale : il s'agit d'une étude de Neubauer publiée en 19902. C

dernier a recours à des matrices de Raven informatisées, dont une première passation, présenté

comme une tâche d'identification de concept, constitue une condition uadaptation à 1

nouveauté», et dont la seconde passation, présentée comme un test de temps de réaction

constitue la condition u automatisation S.

Les résultats de Neubauer sont à l'effet que l'automaticité entretient, comme it était prévi

par la théorie, des relations modérées avec l'intelligence (intelligence telle que mesurée par ce

mêmes matrices de Raven, toutefois). L'automaticité entretient aussi des liens modérés avei

l'adaptation à la nouveauté (l'autre dimension de la sous-théorie expérientielle » de la théoric

marchique), et leur contribution respective à l'intelligence semble différente : l'adaptation à 1;

nouveauté joue un rôle plus important au début de la tâche, et l'automaticité lui prend de plu:

en plus de cette importance au fur et à mesure que la ache se poursuit. Enfin, la relation entrc

I'automaticité et l'intelligence est d'autant plus forte que la tâche est facile, alors que I'inverst

est vrai pour l'adaptation à la nouveauté. Ce dernier point va dans Ie sens du phénomène di

a test-speed paradox relevé par Jensen (1982). Par ailleurs, il est important de noter que ce!

résultats proviennent d'une expérimentation réalisée auprès d'adultes universitaires, et non auprè!

d'une population de personnes présentant une déficience intellectuelle. Cependant, ces résultat!

indiquent que la mesure de I'automaticité telle que conçue par Sternberg peut être envisagée avec

les hypothèses que suggère la théorie, que l'emploi de l'ordinateur à cette fin se révèk

approprié, et qu'une mesure relativement fidèle de L'automaticité peut être obtenue.

Si le concept d'automaticité avancé par Sternberg est inspiré par les recherches effectuée:

en psychologie cognitive, il ne peut toutefois échapper, dans son application différentielle, 5

certaines contraintes. C'est dans un contexte psychométrique, où 1a mesure et l'étude des

Il s'agit là, à notre connaissance, de Ia sede étude empirique a souci psychométrique disponible conceniant l'automaticité telle que comprise par Sternberg.

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différences individuelles deviennent centrales, que l'on a ici recours au concept d'automatici

tel que présenté par Sternberg. Ce concept peut être utilisé dans un tel contexte psychométriqi

lorsqu'il est présenté sous la forme de tâches psychométriques. En effet, un instrument c

mesure de l'automatisation, pour qu'il puisse remplir une fonction appliquée, doit pouvoir êa

aisément utilisé dans le milieu de vie ou de travail des sujets, et ce dans un souci d'utilisatic

ultérieure souple, pouvant prendre place sur les lieux mêmes des interventions. II est dor

nécessaire de transformer les tâches expérimentales du laboratoire en tâches non seulemei

destinées explicitement à la mesure des différences individuelles, mais également commodes a

plan de l'utilisation- Quelques propositions pour la mesure de I'automaticité dans un cadi

psychométrique figurent dans le catalogue de techniques et de méthodes d'évaluation dt

habiletés cognitives réuni par Royer, Cisero et Carlo (1993). Elles font souvent appel à dr

situations de double tâche, situations commodes pour l'observation de l'utilisation de ce

ressources. Cependant, les seuls apprentissage et gestion de cette situation de double tâcht

même en faisant abstraction de la difficulté des tâches particulières, peuvent poser un dé

d'envergure lorsque l'on s'adresse à une population d'enfants ou de personnes présentant LI

retard mental. D'autxes approches, fondées sur le calcul des erreurs ou de scores d'interférenc

(lors d'une tâche de Stroop [Ellis], lors d'une épreuve de conditionnement [Chiva]), ou encor

sur des effets d'amorçage (Mosley et ElIs, 1994 ; Sperber et MTauiey, 1984). ont aussi ét

retenues pour l'étude de I'automaticité. Quelques autres techniques ont recours à un paradigm

de vitesse simple (Lesgold et Lajoie, 1991). La notion d'automaticite telle que comprise pa

S temberg (1985, 1988, 1994)' et les items qu'il propose (Sternberg, 1986) corresponder

davantage à ce dernier paradigme, ce qui en fait une approche clairement chronométrique.

Difficultés posées par les conceptions de Sternberg

Si Sternberg a tenté d'intégrer les résultats des travaux sur l'automaticité à un

psychométrie, ses propositions aboutissent cependant à un appauvrissement du conce1

d'automaticité, qui ramène cette dernière à une simple accélération du traitement d

l'information. Cette simplification ramenant l'automaticité au rang de la vitesse fait en sorte qu

l'on pourrait aussi bien parler de l'immédiateté m de ta réponse que de son automaticité. (Pou

Sternberg, I'automaticité correspond bien à une situation où un stimulus suscite une répons

immédiate (Sternberg, 1985).) La caractéristique usans effort* de l'automaticité telle qu

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considérée habituellement est donc perdue, ainsi que la possibilité de traitement parallèle qui er:

découle, peut-être parce qu'elle pose d'importantes difficultés pour une approche d'évaluatior

psychométrique.

L'automatisation du traitement de l'information selon Sternberg, bien qu'étant surtoul

affaire de vitesse, garde toutefois une valeur explicative potenaelIe par rapport à l'intelligence.

Si une accéIération peut jouer au niveau de l'allocation des ressources mentales dans un système

à capacité limitée par le biais d'une diminution de l'effort (automaticité K classique B), elle peut

aussi jouer directement (sans le recours au concept d'effort) sur l'efficacité du traitement

lorsqu'on la place dans le contexte de la mémoire de travail à durée limitée (c'est-à-dire que la

durée des éléments dans cette mémoire de travail est limitée). Certains ont même proposé que

cette durée pourrait varier selon les individus et les situations (Torgesen et Houck, 1980). Donc,

même s'il ne s'agit pas d'automaticité au sens plein et traditionnei du terme (c'est-à-dire d'un

traitement rapide et sans effort), un travail portant sur Ia seule accéIération de processus simples

est d'intérêt pour l'évaluation de l'intelligence, puisqu'eIIe influe sur la résolution de tâches

complexes. Ce raisonnement s'applique d'autant plus que les sujets présentent un retard mental

et dont la durée de vie des éIéments en mémoire de travail est peut-être inférieure à la normale.

Enfin, il est important de considérer aussi que, bien que réduite en principes à une

question de vitesse, I'automaticité proposée par Sternberg siappIique de façon élective à des

contenus surappris, la ramenant ainsi dans le champ de l'étude du dévdoppement de l'expertise.

Fidélité et vaiidité des tâches du Test d 'automaricité

L'évaluation de processus élémentaires de traitement de I'infonnation, des processus

automatisés, est ici la voie choisie pour parvenir à une compréhension (et une évaluation) plus

comptète du retard mental. La conception de l'automatisme retenue, celle de Sternberg, est

clairement chronométrique, et témoigne d'un rattachement à une tradition de traitement de

l'information.

L'objectif d'évaluation de l'automaticité du traitement de l'information chez les retardés

mentaux requiert des instruments de mesure. Les tâches du Tes? d'au?omaricité (Loranger et

Pépin, 1993a), sont spécialement destinées à cet usage. Ce test appartient au paradigme de

vitesse simple. Il est inspiré de la notion d'automaticité telle que comprise par Sternberg (1985,

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1988)' et les tâches qu'il contient ont été élaborées à partir des items présentés par Stemberj

(1986). Tel que suggéré par le survol des études traitant de la mesure de la vitesse el

psychométrie, seuls les temps de réponse aux items réussis sont inclus dans le calcul du temp,

de réponse moyen afin de réduire le nombre d'interprétations relatives aux processus qu'i

reflète.

Le Test d'automaticité a été développé en fonction de la population des personne:

présentant un retard mental : il fait appel au paradigme de Posner, intéressant par sa simplicitr

malgré le travail mental qu'il requiert, ainsi que par les possibilités d'analyses (par la méthodc

soustractive) qu'il offre. Ses sous-tests consistent en des tâches de comparaison très simple!

portant sur des contenus familiers, tels les formes géométriques les plus simples, les lettres dt

l'alphabet et les chiffres (similitudes, physiques, sémantiques, catégorisations.. .), d'un niveat

de complexité prévu pour convenir à des retardés mentaux. Le mode de réponse exige est adapti

à cette population. Cependant, cet instrument est récent, et les données relatives à la fidélité ei

à la validité des mesures qu'il procure sont encore peu nombreuses. Les objectifs de dew

premières études ont donc été d'assurer les qualités psychométriques des tâches incluses d m

le test. Plus précisément, il s'agissait de cerner la population (c'est-à-dire le degré de retard]

auprès de laquelle le test peut être utilisé, pour ensuite rassembler des données relatives à la

fidélité : stabilité dans le temps et consistance interne des items ; et à la validité (théorique ei

convergente, par le biais de comparaisons avec d'autres épreuves psychométriques).

Étude 1

L'objectif de certe étude était de spécifier l'étendue des degrés de retard à l'intérieur

desquels pouvait être utilisé le test. Les sujets d'un échantillon de 126 adultes retardés

mentalement et présentant des degrés variés de déficience ont été examinés à l'aide du Test

d'automaticité et d'un test de vocabulaire. Une échelIe de comportements d'adaptation a aussi

été complétée pour chacun de ces individus. Un sous-échantillon a passé le Test d'automaticité

une seconde fois avec un délai de un mois aux fins d'évaluation de la fidélité de l'instrument.

Méthode

Sujets

L'expérimentation a été menée auprès de 126 adultes retardés mentaux de la région de

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3 - Québec (75 femmes, 51 hommes; moyenne d'âge = 38,6 ans, écart type = 11,4) do1

l'échantillonnage a permis une représentation adéquate des groupes de sexes et d'âges c

personnes vivant dans la communauté. Au moment de l'expérimentation, 83 de ces persom

participaient au Programme d'insertion à la vie cornrnunautaire (PIVC) offert par la Cornmissic

scolaire de Charlesbourg, 30 travaillaient dans un atelier protégé et 13 ont été rencontrées d a

l'un des foyers de groupe de la région.

Instmrnents de mesure

Le Test d'automaticité est un test informatisé. Il comprend trois grandes divisior

thématiques, soit I'automaticité figurative, l'automaticité verbale et l'automaticité quantitativt

Chacune de ces divisions est mesurée par deux, trois ou quatre sous-tests précédés, si nécessairt

d'un exercice ou d'un prérest de connaissances. À chaque sous-test est présentée une série d

paires de stimuli. Chaque paire de stimuli est présentée séparément. La tâche du sujet qui pass

le test consiste à répondre Ie plus rapidement possible Iorsqu'il détecte, pour une paire donné

de stimuli qui lui est présentée à f'écran, la relation qui a été fxée au début du sous-test. Si le

stimuli correspondent à cette relation, le sujet doit appuyer le plus rapidement possible sur 1

barre d'espacement du clavier; ceci fait disparaître l'item, et une nouvelle paire de stirnul

apparaît. Si les stimuli ne présentent pas la relation fxée, le sujet doit simplement attendr

l'expiration des cinq secondes, à laquelle succède un nouvel item. Il y a toujours seize items pa

sous-test. huit positifs (c'est-à-dire huit paires de stimuli qui présentent la relation f~uée et oi

le sujet doit appuyer sur fa barre) et huit négatifs. Au total, le test comporte 210 items, dont 14

sont réservés spécifiquement à I'évaiuation de I'automaticité (voir l'annexe). La première tâchc

(sous-test 1) consiste à répondre lorsque les deux figures présentées ont la même forme (il s'agi

de carrés, triangles, ronds,. . . , toujours de mêmes dimensions), le sous-test 2 consiste à donne

une réponse positive lorsque les deux figures présentées sont de même grosseur (deu:

possibilités de dimension : grande ou petite) ; ausous-test 3 on doit répondre positivement lorsquc

les deux figures sont de La mime couleur (deux possibilités de couleur : blanche ou verte), et ai

sous-test 4, lorsque les deux figures sont de même forme ou de même couleur. Le sous-test !

est comparable à la condition u identité physique » du paradigme de Posner ; il s'agit de répondrt

lorsque deux lettres qui sont présentées ont la même forme. Le sous-test 6 constitue la conditior

M identité sémantique » du même paradigme (on doit donc répondre lorsque les lettres sont le!

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mêmes, soit physiquement (A A), soit sémantiquement (A a)). Le sous-test 7 consiste à répondre

lorsque les deux objets présentés (vont ensemble*, c'est-à-dire font partie de la même classe ou

catégorie (par exemple, flûte et violon). Au sous-test 8 on doit répondre lorsque deux chiffres

qui sont présentés sont les mêmes. Enfin, au sous-test 9, on doit répondre lorsque les quantités

représentées (à gauche par un chiffre, à droite par des points disposés comme sur un dé) sont

les mêmes. Un prétest de modalité de réponse précède le tout, assurant la compréhension et la

maitrise, par le sujet, des habiletés nécessaires aux interactions avec l'ordinateur.

Le Peabody Picture Vocabulary Test - Revised (PPVT-R, forme M) a été utilisé comme

test de vocabulaire et comme première approximation de l'habileté intellectuelle généraie. Sans

constituer un test d'intelligence, le PPVT-R permet de dériver un a équivalent d'âges (ou âge

ment& a), dont l'utilisation s'avère satisfaisante comme outil de dépistage à utiliser

préalablement à une évaluation approfondie des aptitudes (Dunn, Thénault-Whalen et Dunn,

1993, p. 75). Ce faisant, des précautions particulières doivent toutefois être prises dans les cas

de retard mental étant donnés les risques de surévaluations, mis en évidence entre autres par

Facon, Bollengier et Gmbar (1994).

~'Échelie de compoflements d'adaptation Loranger-Pépin (ECA-LP) (Loranger et Pépin,

1993b) est l'instrument qui a été utilisé pour la mesure des comportements d'adaptation.

L'échelle d'évaluation et les items de ce questionnaire sont tirés de l'Échelle Minnesota de

comportements d'adaptation (ÉMCA) (Pilon et Côté, 1987). Le questionnaire ECA-LP comprend

trois sous-échelles : communication sociale, motricité et autonomie de base et fonctionnement

cognitif. La fidélité et la validité de cette échelle sont éprouvées, comme l'ont montré Loranger

et Pépin (1993~). Les coefficients de consistance interne (a de Cronbach) pour chaque sous-

échelle ainsi que pour l'échelle globale vont de 0,91 à 0,98. La stabilité des résultats dans le

temps (fidélité test-retest) de l'instrument est elle aussi satisfaisante : le coefficient de corrélation

test-retest est de 0.90. L'ECA-LP présente aussi des résultats satisfaisant les exigences de

différents types de validité (théorique, discriminante, et reliée à un critère), comme le rapportent

les auteurs de l'échelle (Loranger et Pépin, 1993~).

Déroulement de l'expérience

Les 126 sujets de l'échantillon ont passé les tâches expérimentales, par le biais

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3

d'ordinateurs de type rBM à écran couleur VGA. Par ailleurs, les sujets ont passé le PPVT-R, e

pour chaque sujet a aussi été complétée l'Échelle de comportements d'adaptation Loranger-Pépi

(ECA-LP). Les séances d'entrevues nécessaires au complètement de ces tâches n'excédaient pa

deux heures consécutives, et les évaluations étaient habituellement terminées à l'intérieur de troi

séances. Des retests ont été effectués pour 35 des personnes qui avaient réussi le prétest dq

modalité de réponse lors du premier examen. Ces retests étaient complétés avec de nouveau:

expérimentateurs, un mois après la première rencontre.

Résultats et discussion

Le PPVT-R permet de dériver un *équivalent d'âge- (ou âge mental, AM) à partir de

scores bruts. C'est ainsi que les sujets présentent un AM moyen de 4,7 ans (écart type de 2'4)

Les individus de l'échantillon peuvent être répartis à l'intérieur de niveaux de retard ei

comparant le score d'AM de chaque sujet aux nombres offerts par Grossman (1983, p. 32-33

pour une population d'adultes. Ainsi, la constitution de l'échantillon semble être la suivante : 2:

sujets appartiennent a la catégorie de retard mentai profond (AM de 3 ans ou moins), 60 à Ii

catégorie de retard sévère (ÂM entre 3 et 5 ans), 26 à la catégorie de retard moyen (AM entre 5,;

et 8 ans) et 14 à la catégorie de retard léger (AM de 8 à 12 ans).

Quatre-vingts des 126 sujets ont passé avec succès le prétest de modalité de réponse el

ont donc pu poursuivre le test. Tous les sujets des catégories de retard moyen et léger ont donc

pu être évalués à l'aide du Test d'automaticité, puisqu'ils ont réussi le prétest de modalité de

réponse. En revanche, 22 des 60 sujets de la catégorie de retard sévère, et tous ceux (sauf trois:

du retard profond, n'ont pas réussi ce prétest essentiel. Il sembie donc que Ie recours au tesi

d'autornaticité soit davantage indiqué Iorsqu'iI s'agit d'évaluer des personnes dont l'âge mental

est d'au moins quatre ans. En effet, si ce sont 88,4% (61) des 69 sujets de plus de quatre m

d'âge mentai qui ont réussi le prétest de modalité de réponse, ce ne sont que 33.3 % (19) des 57

sujets de quatre ans et moins d'âge mental qui ont réussi ce prétest.

Certains sous-tests se sont avérés trop dificiles pour certains sujets, comme i'indiqueni

les échecs de six sujets au prétest du sous-test 6, et de huit sujets au prétest du sous-test 9. Ces

sujets ne maîtrisaient pas tes connaissances des lettres et des chiffres nécessaires à la résolution

correcte des sous-tests 6 (Mèmes lettres) et 9 (Mêmes quantités). L'objectif de Ia présente

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3'

recherche étant la mesure de l'automaticité, qualifiant l'exécution d'une action surapprise, le

résultats relatifs à ces deux sous-tests ne seront pas incIus dans la suite de ce qui figure ici,

On retrouve, au tableau 1, les statistiques descriptives des résultats au test d'automaticit,

par les sujets qui ont réussi le prétest de modaIité de réponse. Le score de réussite maximm

possible est de 16 pour chaque tâche expérimentale (sous-test), alors que Ie score de performancl

maximum possible est de 100. Le score de réussite représente le total de réponses correctes ; b

temps de réponse est le temps, en millisecondes, qu'a pris Le sujet en moyenne pour répondri

aux items positifs ; le score de performance est constitué de façon à tenir compte des deux score,

précédents dans un même indice. Précisément, cet indice est calculé selon la formule suivante

procurée par les auteurs du test (Loranger et Pépin, 1993a) :

Score de performance = (RP x TA - TP) x (RNl8) xl00

8

RP = nombre d'items positifs réussis

RN = nombre d'items négatifs réussis

TA = temps maximum alloué pour répondre à un item donné (5 secondes;

TP = total des temps de réponse aux items positifs

Les trois types de scores corrèlent modérément entre eux. Les scores de temps de réponse

(TR) corrèlent de -0,41 (sous-test 4) à -O,@ (sous-test 2) avec les scores de réussite (tous les I

significatifs à p < 0,Ol). Les relations sont plus élevées avec les scores de performance : r = 0,93

entre le score de performance moyen et le score de réussite moyen ; r = -0,67 entre le score de

performance moyen et le temps de réponse moyen.

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Tableau 1

Moyenne et écart type des scores de réussite, des temps de réponse et des scores de pe~ormanc

aux sous-tests d'automaticité (n = 80)

Score de réussite Temps de réponse Score de performance

sous-test 1

sous-test 2

sous-test 3

sous-test 4

sous-test 5

sous-test 7

sous-test 8

Moyenne

Fidélité

Le Test d'automaticité présente un bonne stabilité dans le temps. Les indices de fidéliti

test-retest obtenus auprès du sous-échantillon de 35 sujets (27 femmes et 8 hommes ; âgc

chronoiogique moyen = 45.9 ans, écart type = 12,3 ; moyenne d'ÂM au PPVT-R = 5,9 ans,

type = 2,7) sont élevés. Les corrélations test-retest pour le score de réussite vont de 0,62 (sous

test 4) à 0,93 (sous-test 8) (0,94 pour le score de réussite moyen), et de 0 5 2 (sous-test 4) à 0,8:

(sous-test 5) pour le score de TR (0,67 pour le score de TR moyen). Les corrélations test-retes

pour Ies scores de performance s'étendent de 0,67 (sous-test 4) à 0,92 (sous-test 8) (0,94 pou]

le score de performance moyen).

Les coefficients a de Cronbach calculés pour chacun des sous-tests sont tous élevés (dt

0,71 pour le sous-test 2 à 0-89 pour le sous-test l), indiquant une forte homogénéité des item!

constituant les sous-tests. Par ailleurs, les scores de performance aux différents sous-test!

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c o d e n t fortement avec le score de performance moyen (de r = 0.79 pour le sous-test 7 B r =

0'91 pour le sous-test 3). Ces résultats soulignent la bonne homogénéité du Test dans soi

ensemble.

Validité

Si l'on considère que le Test d'autornaticité mesure chez les sujets une habileté ou tu

processus de base (c'est-à-dire l'automatisation du traitement de l'information telle que présentit

par Sternberg), les scores obtenus à ce test devraient se refléter dans la performance à des tâche!

plus complexes- Ces scores au Test d'automaticité devraient donc aussi trouver écho, en partit

du moins, dans les scores de ces mêmes sujets aux tâches tirées des tests d'intelligence.

Les corrélations entre les scores de performance aux sous-tests du Test d'autornaticité ei

les scores au PPVT-R et à ECA-LP figurent au tableau 2 et montrent que c'est bien le cas : le:

scores d'automaticité sont significativement et fortement reliés aux deux instruments.

TabIeau 2

Corrélations entre les scores au Test d'automaticité et les scores au PPW-R et à I'EGQ-LP (n = 801

Scores de r é u s s i t e

PPVT-R brut .35 .30 -30 -28 -29 .47 -27 -42 2.1 i?PVT-3 .31 -28 .26 .26 .27 .43 -25 .38

ECA-LP 1 .36 .44 .44 .40 .41 .54 -41 .54 ECA-LP 2 -.O4 .O2 .O1 .O5 .O3 .23 .O4 .O7 ECA-LP 3 .47 .60 .57 -47 .53 .58 .60 .69 Total ECA-LP .44 .56 .54 -46 -50 -61 -56 -66

Temps de réponse

PPVT- R brut - .40 -.40 - .34 - .29 -.47 -.26 -.45 -.24 ÂM PPVT-R -.36 -.38 -.35 -.29 -.45 -.26 -.43 -.26

ECA-LP 1 -.55 -.47 -.53 -.39 -.60 -.52 -.57 -.47 ECA-LP 2 -.21 -.22 -.30 - .24 -.26 -.29 -.32 -.37 ECA-LP 3 -.55 -.57 -.59 -.43 -.57 -.4S -.66 -.SO Total ECA-LP -.59 -.58 -.63 -,46 -.63 -.52 -.70 -.56

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Tableau 2 (suite) Scores de performance

PPVT-R b2Xt . 4 4 -43 -44 .38 - 4 4 -49 -40 .SI h l PPVT-R .40 -40 -43 .36 - 4 2 - 4 6 . 3 8 .48

ECA-LP 1 .51 -52 -56 -47 .52 -55 - 5 4 -62 ECA-LP 2 . 08 .11 -20 -17 -14 -27 .21 -20 ECA-LP 3 -59 - 6 4 - 6 4 -53 -60 -56 .73 -73 Tota l ECA-LP .59 .63 -66 .55 .61 6 1 -72 -74

Note : p É 0,01 lorsque Ir1 > 0,29. p É 0,05 lorsque Ir1 > 0,22.

Étude 2

Cette seconde étude poursuivait deux objectifs principaux. Le premier consistait à évalue1

la fidélité a long terme (un an) du Test d'automaticité. Le second objectif visait le recueil de

données supplémentaires concernant la validité théorique des mesures offertes par le test.

Méthode

Sujets

L'expérimentation a été menée auprès de 52 personnes adultes déficientes intellectueIles

de la région de Québec (32 femmes, 20 hommes ; moyenne d'âge = 39,6 ans, écart type = 12,4 ;

âge mental (AM) au Staniord-Binet = 7 ans, écart type = 1'5)' un sous-échantiilon des sujets de la

première étude qui avaient réussi le prétest de modalité de réponse. Au moment de

l'expérimentation, 39 de ces personnes participaient au Programme d'insertion a la vie

communautaire (PIVC) offert par la Commission scolaire de Charlesbourg, et 13 ont été

rencontrées dans l'un des foyers de groupe de la région.

instruments de mesure

Le Test d'automaticité (Loranger et Pépin, 1993a) et le Stanford-Binet (3' révision) ont

été utilisés, ainsi qu'un regroupement d'épreuves psychométriques. Les épreuves de ce

regroupement sont des sous-tests tirés des Échelles de traitement de l'information de la Batterie

pour l'examen psychologique de l'enfant (K-ABC : Kaufian Assessrnent Barrevfor Children) de

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38

Kaufman, et du Pictorial Test of intelligence (PTI). ElIes ont été choisies pour leur représentativité

des diverses dimensions de L'intelligence mesurées par les tests, tout en présentant un niveau de

dificulté minimai. 11 s'agit des épreuves mouvement de mains et ordre de mots; etflgures en

gestalt, analogies matricielles, et mémoire spatiale, respectivement tirées de l'échelle séquentielle

et de l'échelle sirnuitanée du K-ABC, et des épreuves discrimination de formes, rappel immédiat,

et similitudes, tirées du m.

Déroulement de l'expérierrce

Les 52 sujets de I'échantillon ont passé le Test d'automaticité dans des conditions

techniques similaires à ceIles qui prévalaient lors de la première étude. Les sujets ont également

été examinés à l'aide du Stanford Binet et des sous-tests tirés du K-ABC et du m. L'ordre des

sous-tests dans le regroupement d'épreuves a été contrebalancé. Les séances d'entrevues

nécessaires au complètement de ces tâches n'excédaient pas deux heures consécutives, et dans la

plupart des cas, l'évaluation complète d'un sujet requérait trois séances.

Résultats et discussion

Fidélité

La stabilité test-retest à long terme du Test d'automaticité s'avère très satisfaisante. Les

corrélations test-retest à un an d'intervalle vont de 0,34 (sous-test 8) à 0,77 (sous-test 5) (0'80

pour le score de réussite moyen) et de 0'51 (sous-test 4) à 0,75 (sous-test 8) pour les scores de

temps de réponse (0,61 pour le score moyen). Les corrélations test-retest des scores de

performance s'étendent de 0'49 (sous-test 8) à 0'79 (sous-test 7) (0'87 pour le score de

performance moyen).

Validité

Les corrélations entre les scores au Test d'automaticité et I'AM au Stanford-Binet offrent

un indice de la validité convergente du Test. Ces corrélations sont présentées au tableau 3.

Étant données les corréiations relativement élevées entre les scores de performance au Test

d'automaticité et ceux au Stanford-Binet, et afin d'estimer dans quelle mesure I'ÂM des sujets

pouvait être prédit par les scores du Test d'automaticité, une analyse de régression multiple a été

effectuée. Une telle anaiyse, incluant les scores de performance des sous-tests 1 a 5 et 7 et 8

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comme variables indépendantes et I'ÂM comme variable dépendante, présente un coefficient dc

corrélation multiple de 0,62 ( p < 0'0 1).

Tableau 3

Corrélations entre les scores d 'auromariciré et l'âge mental au Stanford-Binet (n = 52)

Sous-tests d'automaticité -

I 2 3 4 5 7 8 X

Réussite .33 .48 .23 .49 -30 -49 .27 .57 Temps de Réponse -.34 -.43 -.42 -.18 -.29 -.16 -.44 -.26 Performance -44 -54 .41 -52 -40 -45 -40 .59

Note: p c 0.01 lorsque > 0135. p c 0.05 lorsque I:( > 0.27.

Les corrélations entre les scores au Test d'automaticité et les scores aux épreuves

psychométriques tirées de batteries d'évaluation figurent au tableau 4. Les épreuves les plu

reliées au Test d'automaticité sont mémoire spatiale, similitudes et rappel immédiat. Il es1

intéressant de noter qu'il s'agit là de tâches dont la solution requiert le traitement de relatiom

(identifkation de similitudes) de mème type que celles examinées par le Test d'autornaticité.

La forte relation entre les scores au Test d'automaticité et les épreuves psychométriques

tirées des batteries d'évaluation souligne la possibilité d'appartenance des habiletés

d'automatisation aux habiletés élémentaires de traitemect de l'information. Ceci est révélé encore

plus clairement lorsque I'on compare les résultats de diverses analyses de régression multiples,

toutes effectuées avec les scores de performance au test d'automaticité (sous-tests 1 à 5 et 7 et

8) comme variables indépendantes. Les coefficients de corrélation multiple sont de 0,79 avec les

score globd au PTI et de 0,69 avec le score global au K-ABC (et I'on se souvient qu'il était de

0,62 avec I'ÂM au Stanford-Binet), Le coefficient le plus élevé est celui du PTI, la batterie qui,

des trois, évalue des habiletés qui dépendent principalement de processus élémentaires

(perceptueIs et reliés à Ia mémoire à court terme), tandis que le coefficient le moins élevé est

celui du test qui évalue le plus complètement les habiletés supérieures (connaissances, logique).

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Tableau 4

Corrélations entre les scores d'autornaticité et les scores aux épreuves psychométriques (n = 5;

Scores de réussite

mscl .38 -30 .38 .47 -47 -42 -15 -55 s IMI -63 -34 -38 -53 -39 -53 .26 .67 RAPP -44 -31 -42 -41 -54 .41 .35 62 PTI .55 .36 .45 .54 -53 .52 -28 -70

MVTM -27 -46 .27 .27 .32 -39 -27 -46 ORDM -30 -52 .43 .32 .33 -35 -17 -51 KSEQ -33 -57 -41 -34 -37 -37 -25 -56

ANAM FIGG m s KS IM

KABC .40 . 5 7 .44 -40 .52 -51 .21 -66

Temps de réponse

DISC -.27 -.19 -.48 -.18 -.45 -.27 -.51 -.32 S IMI - -48 -.32 -.54 -.15 -.31 -.36 -.44 -.33 WIP C - . 4 4 -.19 -.52 -.32 -.t3 -.29 - . 3 9 -.29 ?TI -.45 -.28 -.61 -.23 - . 4 5 a.35 -.52 -.36

MVTM ORDM KSEQ

ANAM FIGG MEMS KS IM

KABC - . 3 7 -.30 -.47 -.17 -.39 -.28 -.49 -.29

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Tableau 4 (suite) Scores de performance

1 2 3 4 5 7 8 X

DISC .45 .34 -50 .48 .58 -41 -30 -57 S I M I RAPP PT1

MVTM ORDM

KSEQ

ANAM FIGG MEMS KS IM

KABC

Note : p < 0'01 lorsque r > 0'36. p < 0,05 lorsque Ir1 > 0.28.

1 DISC : discrimination de formes ; SIMI : similitudes ; RAPP : rappel immediat ; PTI : total des sous-tests tirés du PTI ; MVTM : mouvements de mains ; ORDM : ordre de mots ; KSEQ : total des sous-tests tirés de l'échelle de traitement séquentiel du K-ABC ; ANAM : analogies matricielles ; FIGG : figures en gestalt ; MEMS : mémoire spatiale ; KSIM : total des sous-tests tirés de l'échelle de traitement simultané du K-ABC ; KABC : total des sous-tests tirés du K-ABC.

Discussion générale

Les sous-tests 6 et 9 ont été retirés des calculs de totaux et de moyennes à cause du faible

nombre de sujets ayant réussi les prétests de connaissances nécessaires à leur utilisation

(connaissance des lettres de l'alphabet, et notion d'ordre numérique). Ce résultat permet de

réaffirmer l'importance primordiale, dans l'élaboration d'instruments destinés à l'évaluation

cognitive des personnes présentant une déficience intellectuelle, de la prise en compte de leurs

connaissances de contenu.

On peut par ailleurs noter que, selon les données de cette étude, les tâches cognitives qui

sont le plus reliées à la performance au Test d'automaticité sont regroupement conceptuel, maison

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4:

des animaux et similitudes. Il est notable que ces tâches sont typiques du genre de relations qur

devaient produire les sujets pendant le Test, à savoir l'identification d'objets similaires.

Chacune des deux formes de fidélité examinées (stabilité test-retest et homogénéité) pou

le Test se révèlent satisfaisantes. La stabilité à long terme s'avère aussi très satisfaisante.

De premières données relatives à la validité théorique de l'instrument ont pu être produites

par cette étude. Ces données vont dans le sens d'une convergence attendue entre le nouvel

instrument, qui vise à mesurer une habileté cognitive de base, et des mesures traditionnelles de

la psychométrie appliquée au domaine de la déficience intellectuelle. On peut toutefois rappeler

que Glaser et Pellegrino (1982) soulignaient que les tâches simples de raisonnement inductif(les

activités de comparaison et de catégorisation à la base de tout travail analogique, c'est-à-dire

celles dont font partie les tâches du Test d'automaticité) corrèlent de toute façon très fortement

avec un facteur d'habileté intellectuelle générale.

Ces résultats sont à comparer avec ceux de Neubauer (1990)' qui avait obtenu des

coefficients d'homogénéité du même ordre que ceux obtenus pour l'instrument présenté ici.

Neubauer fait aussi état de relations modérées (r =-0'28 à -0'58)' plutôt qu'élevées comme c'est

le cas ici, entre la mesure de I'automaticité et celle de l'intelligence. Cependant, il est important

de noter que I'étude de Neubauer a été menée auprès d'étudiants universitaires, et non auprès de

personnes déficientes intellectuelles. En effet, la convergence élevée entre les mesures utilisées

dans Ia présente étude était attendue puisqu'il semble que, comme le rappellent Detterman ef al.

(1992), Les habiletés cognitives de base jouent un rôle prépondérant dans la cognition des

personnes retardées mentalement (rôle prépondérant en partie à cause des limites des habiletés

plus élaborées). C'est ainsi que les liens entre I'automaticité et l'intelligence se devaient d'être

plus marqués dans la présente étude, conduite auprès de retardés mentaux, que dans celle de

Neu bauer.

C'est aussi cette importance des habiletés cognitives de base des personnes déficientes,

et plus spécialement ceile de l'automaticité du traitement de l'information, qui est reflétée dans

la forte corrélation multiple obtenue entre le score d'âge mental et les résultats obtenus au Test

d'automaticité. Le coefficient de corrélation multiple obtenu ici (0,62) dans un contexte d'étude

de l'automaticité est comparable à celui obtenu par Detteman et al. (1992) dans une perspective

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4

plus générale d'étude des habiletés élémentaires de traitement de l'information. Ces résuitai

mènent a suggerer, avec Detteman, que la compréhension des processus a L'œuvre dans 1

résolution de taches sollicitant des habiletés élémentaires de traitement de i'information pourrai

permettre une mei1Ieure compréhension de I'intelligence.

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CHAPITRE N

L'automatisation, un effet d'apprentissage

L'automime ne crée par de synthèse nouvelle, il n'est que la manifestation des qnthèses qui om déjà été organisées à un moment ori !'esprit irait plus puissant.

- P. Janet, 1889

Comme il a été rappelé au chapitre précédent, que cela concerne leur emploi avec les

déficients intellectuels ou avec d'autres sujets susceptibles d'ètre l'objet d'une évaluation

intellectuelle, de nombreuses critiques sont adressées aux tests classiquement utilisés en ces

occasions. Lies tests d'intelligence sont régulièrement vis& par de telles critiques, tout comme

les mesures de comportements d'adaptation, bien que pour des raisons souvent différentes.

Cependant, une critique commune reproche à ces instruments leur u f i s m e B : il s'agit toujours

de Ia mesure de produits, d'acquis, sans que l'on sache davantage de quoi la personne évaluée

est vraiment capable, ou serait capable si elle évoluait dans un environnement favorable. Ces

lacunes invitent à se tourner vers des méthodes de mesure non seulement conçues expressément

pour les personnes présentant un retard mentaI, sur le plan de la forme, des degrés de difficultés,

etc., mais qui permettent aussi davantage l'appréciation des processus à l'œuvre lors des

conduites. Ces méthodes pourraient s'apparenter aux mesures du potentiel d'apprentissage,

comme le proposent e m e autres Campione et al. (1982) ou Ionescu et Jourdan-Ionescu (1983)'

tout en étant axées sur des questions fonctionnelles.

La mise au point de principes de mesure répondant a ces objectifs, tout comme celle

d'instruments de mesure particuiiers, s'avère actuellement riche et diversifiée, comme il a été

exposé au chapiBe précédent (consulter, par exemple, Royer, Cisero et Carlo, 1993, pour un

survol de propositions). Tout le champ de la mesure de processus élémentaires de traitement de

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Automaticité et retard mental 45

l'information a justement pour objectif de passer d'une mesure de produits à une mesure de

processus. Cependant, le stutisme des évaluations (on mesure en un moment donné sans se

soucier des aspects évolutifs) si souvent reproché aux tests traditionnels continue trop souvent

de s'appliquer aussi aux évaluations issues du champ de la psychologie du traitement de

l'information. Cet état de fait est paradoxal, puisque une approche fondée sur l'étude des

processus devrait, par définition, privilégier les observations de phénomènes en évolution. Les

exigences pragmatiques de la pratique des tests a toutefois pu prendre le pas sur les

recommandations théoriques.

C'est cependant dans le but de permettre f'expression de variations individuelles

.diachroniques* que l'étude de l'automatisation a été entreprise ici dans un cadre

psychométrique. En effet, tant qu'il ne fait pas partie d'une utilisation dynamique, le Test

d'autornaticité n'échappe pas lui non plus à la critique du statisme : il ne fait que mesurer un état

automatisé, un degré d'automatisation.

Dynamiser les mesures de la vitesse

Si certains chercheurs tentent d'aiier plus loin que la majorité des travaux actuels fondés

sur l'analyse du TR en ne se limitant pas aux statistiques traditionnelles de tendance centrale et

de dispersion en analysant plus fmement l'ensemble de la distribution des temps de réponses

(voir par exemple Juhel, 1993)' très peu s'intéressent à l'analyse de L'ensemble des essais. Dans

le déroulement typique des études empiriques, les premiers essais sont considérés comme une

période de familiarisation et sont écartés des analyses. De la même façon, on prend souvent la

précaution de bien montrer qu'il n'y a pas dans les données de tendance incitant à conclure à

un effet d'apprentissage (ou, à l'inverse, de fatigue). Cependant, parmi les critiques adressées

aux études de Jensen ou de Vernon, celie qui porte le plus est probablement celle de Widaman

et Carison (1989)' qui montrent bien que l'exercice de la tâche influence la direction des

résultats obtenus. Pour ces auteurs, la corrélation entre les paramètres de vitesse obtenus avec

le paradigme de Hick ne représenterait non pas un trait stable, indépendant de l'exercice (comme

chez Jensen et ses collaborateurs), mais refléterait plutet la diversité inter-individuelle du taux

d'automatisation de Ia conduite considérée (Widaman et Carlson, 1989, pp. 83-84).

Par aiiIeurs, les propositions de Jensen et de Vernon, si elles ont parfois été considérées

comme la preuve des possibilités de nouveaux tests d'intelligence, présentent cependant des

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Automaucité et retard mental

limites importantes au plan de la distinction des différences individuelles, Leurs résultats sa

cohérents lorsque l'on considère les groupes de sujets, mais iI n'est pas certain qu':

conviennent si bien à I'étude des différences individuelles. Par exemple, les résultats de 20

des 86 sujets adultes de l'étude de Barrett, Eysenck et Lucking (1986) ne se conforment pas

la aloi de Hick~ (in Juhel, 199 1).

L'étude des essais traditionnellement écartés comme variable nuisible sera donc effecmi

ici, puisqu'il s'agit d'étudier les aspects différentiels de l'effet de I'exercice répété sur les terni

de réponse, dans le cadre de I'automatisation d'une tâche simpIe. Le souci d'obtenir un p o m

global de la situation est au premier plan : les premiers essais sont inclus dans les analyses,

les essais sont répétés aussi longtemps que les données ne sont pas stabilisées.

Au-delà de l'automaticité : I'automatisation

Une méthode intéressante pour l'étude de l'acquisition de L'expérience (l'étude de

progression vers l'extrémité « automaticité o du continuum expérientiel) consiste à s'intéresse

à l'effet de l'exercice répété sur I'automatisation. Cette orientation des interrogations permet c

prendre pour objet d'analyse, avec Perruchet (1988)-

[. . .] non plus un mode hypothétique de traitement spécifié par ses propriétés, mais Ic effets d'une procédure. En première approximation, cette procédure pourrait être définj par Ia pratique prolongée d'une activité déployée en réponse à des situations possédai: un niveau élevé de cohérence interne. (pp. 50-5 1)

Une telle orientation permet d'envisager une méthodologie où l'on ne s'intéresse plu

seulement à I'automaticité, c'est-à-dire au niveau acquis, mais plutôt à l'automatisation, a

rythme de l'accélération des conduites lors de tâches a niveau élevé de cohérence interne.

Les études combinant automaticité et effet de l'exercice répété, ou encore vitesse d

traitement, intelligence et effet de l'exercice répété, sont cependant assez rares (voir Neubaue

et Freudenthaler (1994) et Ackerman et Schneider (1985) pour des études auprès de la populatio

générale, mais voir aussi Woodrow (1946)' Fleischmann et Hempel (1955) et Eiiis pour 1

déficience). Cette rareté des études traitant des relations entre l'automatisation et 17inte!ligence es

d'autant plus manifeste concernant les populations retardées mentalement. De tels travaux sont

trouver essentiellement chez Ellis et son équipe (Ellis, Woodley-Zanthos, Dulaney et Palmer

1989 ; Ellis et Dulaney , 1991 ; Dulaney et Ellis, 1994). Si ces travaux montrent que des retardé

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Autornaticité et retard mental 47

mentaux peuvent, avec l'entraînement, abaisser leur taux d'interférence sur une tâche Stroop,

on n'y analyse cependant pas le rythme de l'automatisation à l'œuvre. Les auteurs écartent les

préoccupations différentielles pour souligner plutôt .l'inertie cognitive» dont fait preuve

t'ensemble de leur groupe déficient.

L'évaluation de l'automatisation chez des retardés mentaux est contrainte, comme on l'a

expliqué précédemment, par la question de la complexité de la tâche. En effet, délaisser les

situations de doubIe tâche ou les situations complexes et se rabattre sur un paradigme de vitesse

simple mène à réduire I'automaticité à Ia définition qu'en donne Sternberg ; elle ne consiste plus

alors qu'en une simple question d'accélération tant que l'on ne mesure que la vitesse des

réponses. C'est pourtant l'option retenue par Lesgold et Lajoie (1991), et aussi par nous dans

le chapitre précédent avec le Test d'automaticité.

L'appauvrissement du concept d'automaticité provoqué par l'emploi des seules moyennes

de TR lors d'une tâche simpIe peut toutefois être évité par l'utilisation d'une statistique, le

coefficient de variation (cv). Cette statistique ainsi que son intérêt pour la recherche sur

l'automatisation des processus intellectuels sont présentés par N. Segalowitz (N. Segalowitz et

S. Segalowitz, 1993; Watson et N. Segalowitz, 1993 ; S. Segalowitz et N. Segalowitz. 1996).

Ce sont ces propositions de Segalowitz qui seront retenues ici pour apprécier le degré

d'automatisation. Ces propositions sont fondées sur l'utilisation conjointe de la vitesse (moyenne)

et de sa variabilité. Dans cette perspective, il y a automatisation non seulement lorsqu'il y a

accélération (c'est-à-dire Iorsqu'iI y a diminution du TR moyen), mais lorsque celle-ci est

accompagnée d'une diminution de la variabilité plus grande que celle qui accompagnerait

=naturellement, l'accélération (d'où le recours à la statistique cv : coefficient de variation, c'est-

àdire i'écart type divise par la moyenne). Si la statistique cv est parfois utilisée en psychologie

(par exemple dans des études de comportement animal ou encore des études du TR chez des

patients ayant un traumatisme crânien), c'est à Segalowitz que revient l'attribution d'une

interprétation psychologique à cette statistique.

Utilisé avec des données de TR, le cv constitue une mesure de la variabilité de ces TR

corrigée en fonction de la latence des réponses. Cette mesure de la variabilité affranchie de

l'effet de la taille des TR permet donc de distinguer, pour une conduite donnée, une accélération

issue d'une réorganisation des mécanismes composant cette conduite, remplaçant certains des

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Automaticité et retard mental 4

mécanismes con~6lés par des mécanismes aucarnatiques (automatisation} d'une simp

accélération, sans réorganisation, des mécanismes en cause. L'automaticité n'est alors pli

simplement définie par un critère de rapidité : celui-ci est doublé d'un critère de constance,

c'est ce dernier qui permet de distinguer l'automatisation de la simple accélération.

f ar ailIeurs, la diminution des TR découlant d'un processus d'automatisation (et non d'ui

simple accélération) ayant les mêmes causes que la stabiiisation (représentée par la diminutic

du CV), les TR de conduites automatisées devraient corréler avec le cV. La réorganisation dc

mécanismes posrulée pour l'automatisation aura donc pour corrélats statistiques non seulemei

une diminution du cv, mais aussi une augmentation de la corrélation entre cv et TR.

Les propositions de Segalowitz ont été conçues dans un contexte dynamique r collectif

de développement d'habiIeté, où I'on compare les conduites d'une phase initiale à celles d'ur

phase finale pour un groupe entier d'apprenants, permettant ainsi l'appréciation de dirninutio

de cv et d'augmentation de corrélations entre cv et 'IR, mais en se souciant peu des aspec

différentiels. Le transfert des propositions de Segalowitz à un contexte psychométriqu

proprement différentiel semble néanmoins intéressant, à partir du moment où l'on considère 1

cv comme une sorte de score individuel de stabilité, pouvant être relié, de façon différente d

la vitesse, à l'habileté intelIectuelIe.

Les propositions de Segaiowitz permettent par ailIeurs maintenant une precisio

terminoIogique. L'automatisarion sera dorénavant conçue comme l'acquisition d'une habilet

spécifique par surapprentissage, alors que L'autumaticifé consistera en le degré ou nivea.

d'automatisation dont fait preuve, en un moment donné, un individu effectuant certaines tâche

précises.

L'étude de l'automatisation

Certaines des tâches du Test d'automticiré de Loranger et Pépin sont de nature à si

prêter avantageusement, par les mesures de temps de réponse et de réussite qu'iIs procurent

ainsi que par la haute standardisation des conditions d'examen qu'ils permettent, à des méthode

de mesure de l'apprentissage, comme celIes du type test - entraînement - retest S. Ainsi, no1

sedement par Ia mesure, mais aussi par l'analyse des temps de réponses qu'il autorise, ce

instrument permet de continuer des travaux là où Chiva (1973) ou Rey (1962) les avaient laissés

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Automaticité et retard mental 49

Bien qu'ayant aussi une portée d'évaluation, cette étude de l'apprentissage passe par

L'intervention : il s'agit d'un entraînement où l'on s'intéressera au rythme de l'automatisation.

Les effets de l'exercice sur l'automatisation de tâches simples (constantes) chez des sujets

normaux peuvent être rencontrés après un nombre limité de séances d'entraînement (de 4-5 chez

Ackerman et Schneider (1985) à 20-25 chez Czerwinski, Lightfoot et Shiffrin (1992)' par

exemple). Mais la quantité d'entraînement nécessaire au développement d'habiletés automatisées

varie en fonction de la complexité de la tâche, certaines tâches pouvant requérir des années de

pratique avant d'être automatisées (Ackerman et Schneider, 1985). C'est que les tâches

complexes peuvent inclure de nombreuses composantes qui doivent être automatisées, et ce sans

considérer les composantes inconstantes ou peu maitrisees qui peuvent aussi faîre partie de la

tâche. Ackerrnan et Schneider (1985) rappellent que le manque de données appropriées reliant

les habiletés intelIectuelles aux effets de la pratique constitue un sérieux problème de la

recherche s'intéressant aux différences individuelles. C'est ainsi qu'ils proposent que les

recherches s'intéressant au rythme d'apprentissage devraient prévoir, pour l'apprentissage d'une

tâche reiativement simple quoique présentant une certaine quantité de traitement de l'information,

jusqu'à dix heures de pratique.

Par ailleurs, il est important de prévoir que le développement d'automatismes chez des

personnes présentant une déficience intellectuelle puisse être plus long, et ainsi qu'une quantité

d'exercice plus importante pourrait être nécessaire à la détecuon de diminution des temps de

réaction et à l'appréciation du rythme de ces diminutions. Cependant, le nombre de séances

requises doit témoigner d'un équilibre entre l'élévation du nombre de répétitions par rapport aux

normaux et la diminution nécessitée par la difficulté de concentration à long terme des déficients

intellectuels, ou encore par leur difficulté de maintien de la motivation lors de la réalisation

d'une tache répétitive.

Objectifs de recherche

L'objectif de cette étude est triple. Il consiste d'abord à examiner, dans un contexte

dynamique d'entrainement l'évolution de l'automaticité, au sens offert par Sternberg, de

processus simples de comparaisons. C'est-à-dire, entre autres, examiner si l'entraînement

proposé modifie le degré d'automaticité. Il consiste ensuite à explorer une technique novatrice

d'analyse des données d'entraînement, visant à mettre en évidence les états non seulement

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Automaticité et retard mental

accélérés mais véritablement automatisés, c'est-à-dire pour lesquels la vitesse est accélérée

la variabilité est diminuée. Il consiste enfin à explorer les relations entre ta vitesse de conduio

automatisées et l'intelligence psychoméuique.

Ce triple objectif est poursuivi dans un cadre d'étude de I'automaticité chez les retardi

mentaux. Un soin particulier est consacré au choix de la tâche à automatiser, qui doit ten

compte de la population visée. Les interprétations devront aussi tenir compte des particularitc

intellectuelles de cette population.

L'étude qui va être présentée vise donc encore une évaluation, mais cette fois celle d

changement. Elle est à ce titre à rapprocher des tentatives de développement de mesures c

potentiel d'apprentissage. Les mesures de gain pourront donc être interprétées comme dt

appréciations de l'habileté à profiter de l'entraînement. Par ailleurs, puisqu'elle fait appel

l'exercice répété comme moyen d'acquisition d'une habileté, elle est aussi à rapprocher de

programmes d'entraînement cognitifs, dont elle partagera les soucis pour Ia générdisation. Cea

dernière préoccupation fera l'objet du chapitre suivant.

Méthode

Sujets

L'expérimentation est menée auprès de 56 personnes adultes qui présentent une déficient

intellectuelle et qui vivent dans la communauté (plutôt qu'en milieu instirutiomel). L'évaluatio

du quotient intellectuel avec le Stanford-Binet, 3' édition, indique que 14 sujets se situent a

niveau de la déficience légère, 40 au niveau de déficience moyenne et 2 au niveau de 1

déficience sévère. Au moment de l'expérimentation, 40 sujets participaient à des cours au:

adultes (dont le Programme d'insertion à la vie communautaire [P~vC]) offerts par la Commissioi

scolaire de Charlesbourg (région de Québec), et 16 ont été rencontrés dans l'un des foyers di

groupe de la région. L'échantillon de 56 sujets a été réparti en deux groupes comparables au:

plans de l'âge réel, de l'âge mental et du sexe. Le groupe expérimental comprend 19 femme

et 8 hommes. Les sujets de ce groupe ont en moyenne un âge mentai de 7 ans 4 mois (écar

type = 1'4 an), et un âge réel moyen de 42 ans (écart type = 13 ans). Le groupe témoi

comprend 17 femmes et 12 hommes. L'âge mental moyen de ces sujets est de 7 ans (écar

type = 1,2 ans) et la moyenne de leur âge réel est de 37 ans (écart type = 10 ans).

lmtruments de mesure

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Automaticité et retard mental 51

Les tâches expérimentales utilisées ont été tirées du Test d'autornaticité présenté au

chapitre précédent. Les tâches auxquelles s'exercent les sujets correspondent respectivement aux

sous-tests 1 (Figures de même forme), 5 (Lettres de même forme), et 8 (Les mêmes chifSres) de

ce test, réunies en un module informatisé sous-tests d'entraînement*). Ces sous-tests

d'entraînement appartiennent à chacune des trois dimensions thématiques (figurative, verbale,

quantitative), et sont choisis en fonction de leur simplicité du point de vue des connaissances de

contenu nécessaires à leur utilisation.

Différentes épreuves psychométriques tirées de tests courants ont aussi été utilisées. Il

s'agit des épreuves mouvement de mains et ordre de mots ; etfigures en gestalt, analogies

matricielles, et mémoire spatiale, respectivement tirées de l'échelle séquentielle et de l'échelle

simultanée de la Batterie pour l'examen psychologique de l'enfant (K-MC), des épreuves

discrhimtion de formes, rappel immédiat, et similitudes, tirées du Picroriai Test of Intelligence

(m), et maison des animaux, tirée du Wechsler Primary and PreschooI Scale of Intelligence

(WPPSI) .

Des ordinateurs de type IBM à écran couleur VGA ont été utilisés lors de l'évaluation de

I'automaticité et des séances d'exercice.

Déroulement de l'expérience

Toutes les rencontres ont été effectuées individueIlement. L'apprentissage de la tâche a

ité fait par l'intermédiaire d'un tuteur qui voyait à ce que [a consigne soit bien comprise et le

mode de réponse bien intégré. En pré-test, les sujets ont été examinés à l'aide du Test

d'automaticité, suivi des neuf épreuves psychométriques, présentées selon un ordre

contrebaiancé, et finalement du Stanford-Binet. Les séances d'entrevues nécessaires au

complètement de ces tâches n'excédaient pas deux heures consécutives, et au moins trois séances

ont été nécessaires pour compléter l'évaluation de chaque sujet.

Les sujets du groupe expérimental ont participé à I'entrainement. Il s'agissait de

l'exercice répété des sous-tests d'entraînement (sous-tests 1, 5 et 8). sous supervision

individuelle. Chaque séance comprenait trois répétitions de chacune des trois tâches

d'entraînement. Le nombre de séances d'exercice a été déterminé par l'effet de plafonnement

dans la diminution des temps de réponse. Un tel plafonnement, décelé par observation visuelle

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Automaucité et retard mental 52

des données moyennes de chaque séance, était atteint par Ia majorité des sujets à la sixième

séance, moment où l'entraînement a été interrompu, ou plus tôt.

Les post-tests ont été complétés par les deux groupes de sujets un mois environ après les

prétests. À chaque sujet du groupe expérimentai parvenu à cette étape de retest a été apparié un

sujet du groupe témoin, selon les caractéristiques de genre, d'âge réel et d'âge mental, qui

effectuait le même retest au même moment. La procédure du post-test est la même que celle du

prétest, avec le Test d'automaticité et les neuf épreuves psychométriques.

Résultats

Un test t a permis d'assurer que les deux groupes sont comparables au plan de l'âge

mental au Stanford-Binet (fil, 541 = 0,96 ; n-S.).

Avant de procéder aux analyses de temps de réponse, les données ont été contrôlées, pour

chaque sujet, afin d'écarter les valeurs extrêmes. Ont d'abord été retirées les domées pour

lesquelles le TR était inférieur à 150 ms. Fuis, pour chaque sous-test de chacun des sujets, les

données se situant à plus de deux écarts types de la moyenne intra-individuelle des TR ont été

retirées.

Analyses de l'effet de l'exercice répété

Deux analyses de variance muItidimensiomeiies à mesures répétées ont été effectuées,

toutes trois avec le groupe (expérimental ou témoin) comme variable indépendante et avec le

temps de mesure (pré- ou post-tes) comme facteur de répétition.

La première analyse avait pour variables dépendantes les temps de réponse aux trois

tâches d'entraînement. Elle annonce une différence entre les groupes pour au moins une des

épreuves à l'un des temps de mesure. Les effets d'interaction TEMPS*TACHE ( fl2, 511 = 8,27;

p < 0'01) et TEMPS*GROUPE (fl1, 521 = 22,15 ; p < 0,Ol) sont significatifs. Les analyses

unidimensio~elles ne sont jamais significatives en pritest, et le sont toujours en post-test (tiche

1 : RI, 521 = 18,39;p < 0,01 ; tâche 5 : fl1, 521 = 5,75;p < 0,02 ; tâche 8 : fl1, 521 =

4,81 ; p < 0,03), cette différence au post-test témoignant d'une plus grande rapidité des sujets

du groupe expérimental par rapport au groupe témoin au post-test. Par ailleurs, les interactions

TACHE*GROUPE et TEMPS*TÂCHE*GROUPE n'étant pas significatives, on peut croire que

I'accéIération chez le groupe expérimental a étk relativement uniforme quant aux tâches. Les

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Automaticité et retard mental f

valeurs de TR sont présentées au tableau 5 .

Tableau 5

Valeurs moyennes des m des tâches 1, 5 er 8 pour les deux groupes (expérimental et témoin) à chacun des deux temps de mesure

Prétest

La même analyse, mais cette fois des scores de réussite, ne révèle qu'une différent

significative. Elle concerne la variable TÂCHE, (F[S , 531 = 24.24 ; p < 0,01), et témoigne du fa

que la tâche 1 est généralement mieux réussie que la Gche 5 (voir le tableau 6).

Tableau 6

Valeurs moyennes des scores de réussite a u tâches 1, 5 et 8 pour les deux groupes (expérimentfi et tkrnoin) et ~ chacun des deux temps de mesure

Prétest

Au tableau 7 figurent les corrélations entre les TR et les diverses épreuve:

psychométriques employées pour les deux groupes aux deux temps de mesure.

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Automaticité et retard mental 5

Tableau 7

Corrélarioas entre les m moyens et les scores am épreuves psychométriques pour les deu groupes aux deux temps de mesure

Prétest AGEM KABC KSEQ KSiM PT1 MAIS

Tâche 1 Expérimentaux -0,51 -0.53 -0.40 -0.44 -0.30 -0.51 Témoins -0,30 -0-18 0,08 -0.26 -0,36 -0.43

Tâche 5 Expérimentaux -0.31 -0,34 -0.32 -0.21 -0.44 -0,63 Témoins -0,02 -0,M 0.40 -0,24 -0,25 -0,14

Tâche 8 Expérimentaux -0.45 -0,36 -0.24 -0.34 -0,51 -0.70 Témoins -0,16 0,Ol 0.42 -0,29 -0.33 -0,30

Post-test AGEM KABC KSEQ KSIM PT1 MAIS

Tâche 1 Expérimentaux -0,M -0.26 -0,16 -0.26 -0.40 -0.59 Témoins -0,22 -0,08 0,23 -0,26 -0,33 -0,24

Tâche 5 Expérimentaux -0,20 -0.35 -0,18 -0,39 -0,49 -0,61 Temoins -0,07 0,OO 0,31 -0,21 -0,20 -0,33

Tâche 8 Expérimentaux -0,40 -O,3 1 -0,25 -0.23 -0.44 -0.49 Témoins -0,22 0,07 0,40 -0.20 -0,41 -0,34

Note: p < 0,05 lorsque 1 r ( > 0,38.

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Automaticité et retard mental 5'

Analyse des données de l'entraînement

Les propositions de Segalowiu ont été appliquées aux données de I'entrainement. Afh

de pouvoir apprécier son évolution, les données du groupe expérimental ont été regroupées selor

les séances d'entraînement : il y a donc six séances, chacune d'elles donnant lieu à un maximm

de 24 TR (24 essais positifs réussis) par tâche.

Les données descriptives de divers paramètres de TR ( m o y e ~ e , médiane, écart type,

coefficient de variation) en fonction des tâches et des séances sont présentées au tableau 8, où

l'on trouve aussi les valeurs des corrélations entre cv et TR moyen. Cette corrélation atteint ur:

niveau de signification acceptable au cours de l'entraînement (précisément à la séance 4) pou1

les sous-tests 1 et 8. L'évolution de la corrélation entre tes paramètres et les mesures de

I'intelIigence psychométrique figure au tableau 9.

Tableau 8

Valeur des paramètres de TR (moyenne. écart iype) pour chacune des tâches à chacune des six séances de l'entraînement et corrélarions entre CV et

Note : Seules les corrélations en caractères gras sont significatives @ < 0,05).

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Automaticite et retard mental 56

Tableau 9

Corrélatiorzs entre les paramèfres de KR (moyenne. écan type) et l'âge mental au Stanford-Binet pour chacune des six séances d'enfraînernent

Note: p < 0'05 lorsque [ r 1 > 0'38.

Discussion

Les mesures de post-test montrent que les sujets expérimentaux se distinguent

significativement des témoins par une diminution de leur temps de réponse aux items des tâches

retenues. Ces résultats confirment donc que l'exercice répété des tâches a mené à une

automatisation (selon la conception de Sternberg ; c'est-à-dire en fait à une accélération) de

conduites déterminant la réponse. Les résultats révèlent aussi que le nombre d'essais réussis

demeure relativement constant. se situant dans tous les cas près du maximum possible. Constat

important dans une perspective de développement des habiletés, l'augmentation de la vitesse de

réponse n'entraîne pas ici de diminution de la justesse des réponses.

Ces résultats s'ajoutent à ceux de ElIis, Woodley-Zanthos, Dulaney et Palmer (1989)' et

Ellis et Duianey (1991) en soulignant la possibilité d'acquisition d'automatismes chez des

personnes présentant une déficience intellectueIle. Contrairement aux tâches utilisées par ces

derniers auteurs, qui étudiaient l'effet Stroop et l'automatisation de la lecture, les tâches de la

présente étude exigeaient des sujets qu'ils prennent une décision quant à l'appartenance des

stimuii à telIe ou telle catégorie et qu'ils répondent seIon deux modes différents en fonction de

leur décision.

L'accélération mise en évidence, reste le problème de son attribution. Il ne faut peut-être

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Automaticité et retard mental !

pas conclure trop rapidement à l'accélération de processus proprement intellectuels. 11 e

possible que ce soit d'abord une composante motrice, ou tout au plus un processus (

comparaison très précoce (surtout perceptif) qui a été automatisé (accéléré) ici. Ainsi, l'exercic

répété effectué dans le cadre de cette étude pourrait agir prioritairement sur une étq

s'apparentant à une programmation motrice des réponses plut6t que sur une autre phase c

traitement de l'information, telle une étape de recherche en mémoire à long terme, par exemplc

Les résultats de l'entraînement révèlent, lorsque lus ii travers les propositions (:

Segalowitz relatives à l'utilisation du coefficient de variation pour la détection (

l'automatisation des processus, pour au moins l'une de trois taches expérimentales, nc

seulement une accélération des réponses, mais même une véritable automatisation de conduite:

Ce coefficient de variation, pour le sous-test 1, en effet à la fois une diminution de :

valeur et une augmentation de sa corréIation avec le TR moyen, au fil des séanci

d'entraînement. Le portrait est toutefois moins clair pour les deux autres tâches. Le sous-test

a pu ne pas être automatisé i cause de son degré de difficulté (de nombreux sujets étaie1

embarrassés par des items négatifs sémantiquement identiques (a et A, par exemple)). Pour 1

sous-test 8, il n'y a pas de diminution des valeurs de cv, mais la corrélation entre CV et T

moyen augmente à peu près régulièrement au frl des séances, ce qui constitue peut-être un critèx

suffisant pour conclure à l'automatisation, c'est-à-dire au changement qualitatif qui rend le

processus à la fois plus rapides et plus constants.

Dire que les uns (ceux du groupe expérimental) sont maintenant automatisés alors qu

les autres (du groupe témoin) ne le sont pas ne constitue cependant qu'une description grossièr

de ce qui se passe. Plus exactement, on se retrouve, avec l'anaiyse issue des propositions d

Segalowitz, dans la situation suivante: dans Ie groupe des automatisés, les différence

individuelles de TR dépendraient maintenant, en partie du moins, du niveau d 'automarisarion d

chaque individu, C'est-à-dire que la plus grande rapidité des uns dans ce groupe serai

attribuable en partie à une automatisation que l'on pourrait qualifier de plus complète, de plu

achevée. Inversement, ce n'est pas le cas du groupe des non-automatisés*, dans lequel le

différences individuelles de TR seraient dues, comme pour Ie groupe expérimental en débu

d'entraînement, à l'influence de divers facteurs de type contrôlé.

Donc, contrairement à ce que beaucoup attendaient, de par leurs propositions théorique

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Automaticité et retard mental 5

(Ackerman, Detteman. Sternberg), mais aussi peut-être de par un certain parti pris idéologiqu

pour l'égalitaire, l'automatisation, loin de rendre les individus de plus en plus semblable:

conserverait les différences individuelles (ou pourrait peut-être même les accentuer) dans 1

concrétisation de degrés d'automatisation différents, degrés en partie reliés à l'intelligence.

En effet, c'est au moment où la corrélation entre cv et TR devient significative que 1

corrélation entre le TR moyen et l'âge mental semble atteindre sa valeur maximale. Ces résultatc

toujours interprétés dans le sens d'une automatisation de la conduite au moment où il y

augmentation de ia corrélation entre Cv et TR, va à l'encontre des propositions de Ackerman e

Schneider, de Detteman ou de Sternberg, pour qui l'automatisation devrait faire diminue

(jusqu'à disparaître) la relation entre vitesse et intelligence psychométrique. Les résultat

présentés par Ackeman et Schneider ne présentaient toutefois pas la tendance nécessaire pou

soutenir leur hypothèse. A l'inverse, les travaux de Neubauer et Freudenthaler, partant d'uni

prémisse de conservation de la relation entre TR et QI malgré l'exercice répété, confiment leu

hypothèse en n'observant pas non plus de tendance à la baisse des corrélations. Les données dc

la présente expérimentation font bien état de la diminution des variabilité inter- et intra

individuelles annoncées par Ackerman concernant Ies effets de l'exercice répété, mais s m

révéler en même temps de diminution de la relation entre TR et âge mental. Ces résultats invifen

à conclure à une absence de diminution de la relation entre la vitesse de traitement e

l'intelligence psychométrique lors de l'automatisation.

Le maintien d'une relation significative entre la vitesse d'une conduite automatisée e

l'intelligence peut être interprétée d'au moins deux façons. La première, une explicatior

ascendante, donnerait raison à Jensen, Vernon ou Eysenck, en expliquant ce maintien de 1;

relation après abolition des infiuences des processus supérieurs (c'est-àdire après l'atteinte d ' u

état automatisé) par l'influence de déterminants biologiques de Ia vitesse mentale. La seconde

explication découle de l'analyse de l'indice d'automaticité de Segalowitz. C'est-à-dire que ce1

indice requiert que, pour que l'on puisse déclarer un groupe automatisé, les individus qui le

composent doivent être automatisés, mais à des degrés divers (sinon on ne pourrait obtenir une

corrélation entre Cv et TR car tous les individus présenteraient les mêmes valeurs). Cette seconde

explication pourrait donc être descendante : ce seraient les processus contrôlés ou supérieurs qui

détermineraient le degré d'automatisation atteint. À son tour, le degré d'automatisation détermine

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Automaticité et retard mental 5

la vitesse de la conduite, qui est alors forcément rdiée à l'intelligence générale, puisque ceh

dernière est avant tout déterminée par les processus contrôlés. Parce qu'elle est la seule qi

correspond aux données obtenues, c'est la seconde explication qui doit être retenue ici. On pei

cependant noter que les deux explications ne sont pas nécessairement mutuellement exclusives

elles peuvent être encastrées. Par exemple, il n'est pas inconcevable que les processus contrôli

soient influencés par une vitesse de traitement déterminée biologiquement. La cause immédiai

de la reIation entre vitesse et intelligence d'un groupe d'individus automatisés demeurera

t'influence des processus contrôlés.

L'intégration de ces deux explications permet par ailleurs de reconsidérer le résultat

l'effet que les deux groupes présentent des TR comparables pour la tâche des chifies. II est e

effet difficile d'attribuer cette similitude à une automatisation chez le groupe non entraîné

puisque quatre séances d'entraînement on été nécessaires à l'automatisation dans le group

expérimental. On doit plutôt ici considérer les possibilités de vicariance (Marquer, 1995). E

effet, la possibilité que des performances (ici, des TR) semblables soient obtenues par le biai

de processus ou de combinaison de processus différents est depuis longtemps reconnu

(Reuchlin, 1978). Ericsson et Charness (1994)' dans le domaine de l'expertise, soulignent auss

le fait qu'un même degré d'expertise puisse être sous-tendu par des mécanismes aux structure

différentes. Cette vicariance souligne, pour la question de l'évaluation processuelle des habileté

intellectuelles, I'intérêt et l'importance de disposer de méthodes permettant de distinguer le

conduites simplement rapides (pouvant être sous-tendues par des processus contrôlés) de celle,

proprement automatisées.

Les corré1ations entre les paramètres des TR et l'âge mental, semblant présenter certaine:

fluctuations d'une séance d'exercice à l'autre, permet d 'affmer que l'exercice devrai

nécessairement être pris en compte lors des recherches explorant les relations entre TR et QI, di

moins lorsqu'eiIes sont effectuées auprès de personnes déficientes intellectuelles. Cette remarqur

rejoint celle de Widaman et Carlson, concernant cette fois une population normale, soulignan

que les résultats présentés par Jensen et Vernon étaient entachés d'effets de l'expérience qu

avaient été ignorés.

Les TR recueillis a la suite d'exercices répétés de tâches simples seraient ainsi d'auss

bons (peut-être même meilleurs, bien que malgré tout modestes) indices de I'habileti

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Automaticité et retard mental 6C

intellectuelle que ceux recueillis avant un tel exercice. La diminution de la variance inter-

individuelle des scores de TR au cours de I'exercice pourrait même constituer une sorte

*d'épuration* résultant en une variation davantage reliée à l'habileté intellectuelIe parce que

débarrassée de fluctuations que l'on pourrait qualifier d'(erreur m. En fait, il ne s'agit peut-être

pas à proprement parler d'erreur de mesure, mais plutôt d'erreur d'attribution : s'intéresser à Ia

reIation entre l'intelligence psychométrique et la vitesse d'autre chose qu'un automatisme serait

faire fausse route. Ainsi, la relation entre TR et intelligence est-elle beaucoup moins aisément

interprétable lorsque les TR sont recueillis alon que l'automatisation n'a pas encore pris place.

Cette relation peut être le fruit d'une vitesse différentielle de développement des automatismes

nécessaires, mais elle peut aussi être mêlée d'influences de divers processus supérieurs. Cela

sans compter qu'e il y a des avantages 1 la lenteur, surtout lorsque les tâches à accomplir

deviennent véritablement corn pi ex es^ (Huteau, 1990, p. 278). Cette citation iIIustre bien

l'importance de préciser de quelle vitesse on parle, puisqu'il n'y a assurément aucun avantage

à la lenteur d'un processus automatique.

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C w m v

Un uansfert des acquis de I'automatisation ?

On a souvent souligné que le défaut de généralisation représentait l'une des principales

limites à l'œuvre dans le retard mental. De façon plus générale, c'est aussi le principal problème

rencontré lorsqu'il est question d'apprentissage, et spécialement lorsqu'il est question des effeo

des programmes de remédiation cognitive. La distance du transfert est d'ailleurs employée

cornme mesure du potentiel d'apprentissage dans certaines de ces approches (Brown et

Campione). Elle pourrait être utilisée ici comme indice supplémentaire (au gain de vitesse pour

la même tâche) de l'habileté à tirer profit de l'exercice répété.

Le retard mental des personnes examinées ici mène à la prédiction d'une faible

généralisation des gains qui ont suivi l'exercice répété présentés au chapitre précédent.

Cependant, une telle limitation de la généralisation des gains, si elle s'avérait, ne devrait pas être

trop rapidement attribuée aux caractéristiques intellectuelles des sujets, puisque les théories

actuelles du processus d'automatisation (Logan) prédisent elles aussi une faible généralisation

des automatismes. Cette faiblesse de la généralisation tient à la nature même de l'automatisme ;

elle est attendue peu importe le niveau intellectuei du sujet.

Cependant, prendre pour objecaf, dans un contexte de remédiation cognitive ou de

développement de l'expertise, l'automatisation de processus de traitement de l'information, c'est

viser à libérer le système pour qu'il puisse disposer des ressources nécessaires à l'alimentation

des processus contrôlés, processus servant entre autres à la généralisation. L'une des

conséquences de l'automatisation de certains processus (de leur spécification, on peut imaginer

un processus de différenciation) devrait être d'améliorer la réussite ou d'augmenter la vitesse (ou

les deux) à certaines autres tâches. Cette prédiction n'a de sens, cependant, que lorsque l'on

dépasse un cadre limité du déve1oppement de L'automatisme et que l'on considère globalement

l'économie du sujet : s'il y a généraiisation après automatisation, elle sera à attribuer à l'action

de processus contrôlés qui auront disposé de ressources mentales libérées par le traitement

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automatique, et non aux processus automatiques eux-mêmes qui s'appliqueraient tels quels ai

nouveaux contenus et tâches.

Pour ce qui est du maintien des gains a longue échéance, les études de Ellis et son équi~

laissent clairement attendre une issue positive. Il semble que les automatismes acquis soient bit

conservés dans le temps. Cependant, c'est là un résultat à double tranchant: Ie maintien dc

comportements modifiés par I'exercice répété a en effet fait conclure Ellis, comme d'autres avai

lui (Kounin, 1941)' à l'inertie des retardés mentaux. Le maintien des gains n'est en effet posit

que lorsqu'il reste adapté à la situation. Cette situation ayant pu changer au cours du temps, u

vieil automatisme peut devenir une entrave,. .

Ici seront reprises les analyses de l'expérimentation du chapitre précédent là où elles a

été arrêtées. Ces analyses viseront d'abord à apprécier les possibtes effets de l'entraînement si

les résultats à l'ensemble des tâches du Test d'automaticité, puis à d'autres tâches intetlecnielle!

Les résultats concernant la généralisation proche (aux tâches du Test d'automaticité qi

n'ont pas fait l'objet de I'entrainement) et éloignée (aux autres épreuves psychométriques) SOI

ceux issus de la méthode et de l'expérimentation présentées aux chapitre IV.

Résultats

Généralisation proche : généralisation des gains aux autres tâches du Test d'autornaticité

Des analyses de variance multidirnensionnelles à mesures répétées ont été effectuées

toutes trois avec le groupe (expérimental ou témoin) comme variable indépendante et avec 1

temps de mesure (pré- ou post-test) comme facteur de répétition.

La première analyse avait pour variables dépendantes Ie temps de réponse moyen

chacun des sous-tests 2, 3, 4, et 7 du Test d'automaticité. Avant de procéder à cette analyse de

TR, les domées ont été contrôlées, pour chaque sujet, afin d'écarter les valeurs extrêmes- Le

TR inférieurs à 150 ms ont été retirés, ainsi que, pour chaque sous-test de chacun des sujets, le

données se situant à plus de deux écarts types de la moyenne des TR.

Cette analyse révèle un effet d'interaction TEMPS*GROUPE (n1 , 501 = 7'73 ; p < 0,Ol)

indiquant que les sujets du groupe expérimental présentent des TK plus courts que ceux di

groupe témoin à ces tâches. Cet avantage ne semble pas s'appliquer de façon plus marquée à der

sous-tests particuliers (l'interaction triple TEMPS*TÀCHE*GROUPE n'est pas significative : f l 3

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6

481 = O,5S ; p = 0,6S). De plus, aucune des ANOVA simples n'est significative. L'avantage d

vitesse du groupe expérimental ne se concrétise donc pas au post-test des tâches prise

séparément, mais apparaît plutôt lorsqu'on les considère globalement, le cumul d'effei

particuliers non significatifs s'additionnant pour produire un effet d'ensemble. Les valeurs de

TR moyens sont présentés au tableau 10.

Tableau 10

Valeurs moyennes des TI? des tâches 2, 3, 4 et 7pour les deux groupes er à chacun des deu temps de mesure

Prétest

Une deuxième analyse montre que I'avantage au plan de la vitesse pour le groupc

expérimental n'est pas acquis au prix d'une diminution du niveau de réussite. En effet, aucux

effet d'interaction n'est significatif.

Généralisation éloignée : généralisation à d'autres épreuves psychométriques

Une analyse de variance multidimensionnelle à mesure répétée ayant pour variable!

dependantes Ies neuf épreuves psychométriques présente deux effets d'interaction. Le premier.

un effet TEMPS*~PREWE (n8 , 461 = 6'41 ; p < 0,01), associé à la non-significativité de I'effei

triple, souligne l'effet d'amélioration, non différentielle par rapport aux groupes, des scores aw

épreuves psychométriques. LR second effet d'interaction. ~PREWE*GROUPE, n'est que

marginalement significatif (F[ 1, 531 = 4,10 ; p = 0,048). Il refléterait non pas un effet global au

post-test, mais plutôt une différence exceptionnelle au prétest : les analyses unidirnensionnelles

présentent en effet une valeur F significative pour l'épreuve analogie matricielle en prétest (fil,

531 = 10,62 ; p < 0.01) ; cette différence favorise le groupe expérimental, et disparaît en post-

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test. Les scores aux épreuves psychométriques figurent au tableau 11.

Tableau 11

Moyennes (er écarts types) aux épreuves psychométriques pour les deux groupes aux deux teml de mesure

Prétest DISC SIMI RAPP MVTM ORDM ANAM FIGG MEMS MAIS

Note : ~ I s c : discrimination de formes ; SIMI : similitudes ; RAPP : rappel irnmediat ; MVTM mouvements de mains ; ORDM : ordre de mots ; ANAM : analogies matricielles ; FIGG : figures e gestalt ; MEMS : mémoire spatiaie ; MAIS : maison des animaux.

Discussion

La relative absence du transfert des acquis s'accorde doublement avec les proposition

théoriques passées en revue dans le premier chapitre. Parce qu'il s'agit du retard menrai

d'abord, qui est reconnu pour le déficit de généralisation qui l'accompagne. Mais iI serai

probablement excessif d'attribuer l'échec de transfert à l'amération. En effet, les position

théoriques concernant l'automatisation (Schneider et Dumais ; Logan) prédisent elles aussi ur

transferr minime des acquis de 1 'automatisation. En fait, ces théories postulent explicitement quc

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6

l'on ne doit pas attendre de transfert d'une automatisation d'une tâche donnée à une aua

différente, puisque l'automatisation est le résultat d'un apprentissage spécifique, concemant u

contenu déterminé par l'exercice.

L'absence de transfert constatée permet par ailieurs d'interpréter I'automatisation mis

en évidence comme celle de processus proprement cognitifs, c'est-à-dire concernant de

conduites et des contenus intellectuels davantage que des processus reliés à une préparatio

motrice, par exemple (qui sont, eux, bel et bien accélérés, toutefois ; pas tant par l'exercice

mais plutôt par la seule familiarisation : on retrouve une accélération dans les deux groupes

expérimental et témoin, du premier au second examen).

La condition de transfert qui mettrait plus utilement à profit une automatisation serait no1

pas son application à des contenus différents, mais piutôt son intégration à une conduite plu

complexe y faisant appel comme sous-routine. On peut penser à des activités de lecture (cf

Morais, 1993) ou de calcuI (cf. Hasselbring er al., 1988). Et c'est ici que les limites di

généralisation propres aux retardés obligeraient peut-être à entraîner de façon expresse ceai

phase d'intégration pour qu'elle ait lieu.

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CHAPITRE VI

La maintien des gains : post-tests après un an

L'expérimentation qui sera présentée et discutée dans ce chapitre a porté sur le maintie

des gains qui ont résulté de l'exercice répété. Il s'agit en fait de post-test différés, qui ont p e d

d'évaluer dans quelle mesure l'avantage de vitesse que présente le groupe expérimental à la suit

de l'entrainement apparaît toujours après qu'on ait laissé s'écouler un important laps de temp:

Méthode

Sujets

Des 56 personnes qui avaient pris part à l'expérimentation d'entraînement, 47 étaier

disponibles pour un post-test différé et ont été évaluées. Au moment du post-test différé (hive

1995), 40 sujets participaient à des cours aux adultes (dont le Programme d'insertion à la vi

communautaire [~rvc]) offerts par la Commission scolaire de Charlesbourg (région de Québec)

et 17 ont été rencontrés dans l'un des foyers de groupe de la région. Vingt-quatre de ce

personnes (18 femmes et 6 hommes) appartenaient en 1994 au groupe expérimental. Les sujet

de ce groupe ont en moyenne un âge mental de 7.4 ans (m = 1.4 an). et un âge réel moyen dc

4l ans (ET = 12 ans). Les personnes qui faisaient partie du groupe témoin comprend 13 femme,

et 10 hommes. L'âge mental moyen de ces sujets est de 6,9 ans (m = 1'3 ans) et la moyenni

de leur âge réel est de 38 ans (m = 10 ans).

Instruments de mesure

Pour l'évaluation du maintien des gains, l'ensemble des tâches du Test d'automaticitt

ainsi que des épreuves psychométriques tirées des tests courants ont été retenus. Les épreuve:

psychométriques sont les suivantes : mouvement de mains et ordre de mors ; etfigures en gestalt

analogies matricielles, et mémoire spriale, respectivement tirées de l'échelle séquentielle et dt

l'échelle simultanée du Kaufman Assessrnent Battery for Children (K-ABC). des épreuve!

discrimination de fumes, rappel immediat, et similitudes, tirées du Pictorial Test of Intelligenct

(m), et maison des animaux, tirée du Wechsler Primary and Preschool Scale of intelligencr

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(WPSI) .

Déroulement de I 'expén'ence

Les post-tests différés ont été complétés par les deux groupes de sujets environ un a

après l'expérimentation de 1994. Les sujets ont été examinés d'abord à l'aide du Te5

d'automaticité, puis avec les neuf épreuves psychomémques présentées dans un ordr

contrebalancé.

Résultats

Un test t a permis d'assurer que les individus qui ont pu être examinés lors du post-tes

différé constituaient deux groupes comparables au plan de I'âge mental au Sîanford-Binet (t[1

457 = -1,14 ; n-S.).

Des anaiyses de variance multidimensionnelles ont été menées. La première, dans laquellc

les variables dépendantes sont les TR aux tâches 1, 5 et 8, ne révèle pas de différence entre le,

groupes (n3, 431 = 1'23 ; p = 0,31). (La même analyse, mais cette fois des niveaux de réussite

ne signale pas davantage de différences : f l 3 , 431 = 0,97 ; p = 0-41 .) Les TR moyens des tâche!

1, 5 et 8 sont présentés au tableau 12. Les corrélations entre les paramètres de TR et l'âgr

mental au Stanford-Binet passé en 1994, ainsi qu'avec les épreuves psychométriques passées ex

rappel, sont présentées au tableau 13.

Tableau 12

Valeurs moyennes des n? des tâches 1, 5 et 8 pour les deux groupes lors du post-test diflirt (hiver 1995)

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Tableau 13

Corrélations entre !es l72 moyens ef les épreuves psychornérriques lors du post-test différé (hi) 1995)

AGEM KABC KSEQ KSIM PTI MAIS

Tâche 1 Expérimentaux -0'62 4,40 -0,21 -0'45 -0.68 -0,74 Témoins -0'32 -0,19 0,28 -0'41 -0,26 -0'31

Tâche 5 Expérimentaux -037 -0,40 -0,14 -0-53 -0,55 -0'72 Témoins -0,ll -0'21 0'36 -0'48 -0'10 -0,34

Tâche 8 Expérimentaux -0.57 -0,44 -0.27 -0,44 -0'49 -0'72 Témoins -0,19 -0-09 0,34 -0,33 -0.33 -0,31

Note: p < 0,05 lorsque 1 r 1 > 0,42

Les analyses muitidïmensio~elles suivantes concernent les autres taches du Te

d'automaticité (les sous-tests 2, 3, 4 et 7). L'analyse des TR n'est pas significative ( n 4 , 421

0,45 ; p = 0,771, mais l'analyse du niveau de réussite l'est (n3, 421 = 3,26 ; p < 0,Ol). Lc

ANOVA simples indiquent une seule différence encre les deux groupes. Elle concerne la variab

de justesse de réponses de la tâche 4 (Figures de même forme et de même couleur) : fl1, 451 :

6,45, p < 0'01. L'examen des moyennes de réussites révèle cependant que cette différent

favorise le groupe témoin (13'39 réponses correctes comparativement à 12'17 pour le grouf

expériment.1).

La dernière anaiyse muItidirnensionnelle concerne les épreuves psychométriques tir&

des tests d'intelligence. Là encore, aucune différence n'apparait : fl9, 351 = 0,87 ; p = 0.56). Lx

scores aux épreuves psychométriques obtenus par chacun des groupes figurent au tableau 14.

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os Tableau 14

Scores aux épreuves psychométriques pour les deux groupes lors du post-test difSéré (hiver 1995,

DISC SIMI RAPP MVTM ORDM ANAM FiGG MEMS MAIS

Témoins 18,70 14,70 13,26 5,83 6'00 8,9L 15,74 9,83 0,64 (3'7) (356) (2,3) (2,l) (2,3) (L4) 05-31 (394) (072)

Note : DISC : discrimination de formes ; SIMI : similitudes ; RAPP : rappel immediar ; M ~ T M : mouvements de mains ; ORDM : ordre de mots ; ANAM : analogies matricielles ; FIGG : figures en gestalt ; MEMS : mémoire spatiale ; MAIS : maison des animaux.

Discussion

À la lumière de Cette expérimentation, il semble que l'avantage qu'avait pris le groupe

expérimentai sur Le groupe témoin au plan de la vitesse à la suite de I'entraînement ne se

ma in t i e~e pas, du moins après la longue période de un an vécue ici.

Bien que cette perte d'avantage puisse être atttibuable à la perte de sujets, il semble bien

que ce ne soit pas le cas. En effet, bien que certains sujets de l'expérimentation de 1994 n'ont

pu être réévaiués en 1995, la perte demeure minime, et elle ne semble pas non plus avoir été

sélective. II est toutefois possible que cette perte suffise pour diminuer de façon impomte Ia

puissance des analyses (cf. l'écart de presque 200 ms entre les rn des deux groupes a La tâche

5 ) .

Par ailleurs, s'il s'agit bien là d'une absence de maintien des gains, celle-ci peut être

considérée comme un manque de persistance de I'automatisation acquise. On peut cependant

aussi prendre en compte les bénéfices liés à t'abandon d'habiletés lorsqu'elles ne sont pas

soilicitées pendant une longue période. Dans cette perspective, l'absence du maintien constitue

une issue adaptée. Une telle perte d'acquis s'oppose d'ailleurs à l'hypothèse de L'inertie cognitive

des retardes mentaux (Kounin, 1941 ; Eiiis et al., 1989). Les résuitats obtenus soulignent donc

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713

non pas une inertie, mais au contraire une certaine malléabilité de leurs processus de traitemeni

de l'information, Cette malléabilité pourrait être à rapprocher de la K modifiabilité cognitive et

de Ia relative plasticité developpementale m, invoquées par Paour (1991), qui lui permirent de

faire dépasser à des retardés légers des niveaux de développement auxquels ils s'étaient

préalablement fnés.

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CHAPITRE vn

En guise de conclusion

Dans la perspective où l'on dispose maintenant de nouvelles théories de I'intelligenci

inspirées du modèle de traitement de l'information et axées sur le fonctionnement cognitif,

semble important d'en faire bénéficier le domaine de la déficience intellectuelle. Les rechercht

dans ce domaine ont été, dans une grande proportion, longtemps limitées à l'élaboration d'u

portrait statique de la personne, que ce soit par Ia mesure d'un quotient intellectuel ou par

mesure des comportements d'adaptation manifestes au jour de l'évaluation. La théorie triarchiqi

de l'intelligence de Sternberg vient apporter un courant nouveau en ce qu'elle pren

explicitement en compte L'expérience de la personne, dans ses composantes complémentaires qu

sont I'automaticité et l'adaptation à la nouveauté. L'intelligence, selon Sternberg, est don

fonction de l'environnement, mais aussi de la relation du sujet à cet environnement.

Comme l'a montré la première étude, les tiches expérimentales, tirées du Te!

d'automaticité, font preuve de qualités psychométriques satisfaisantes lorsque utilisées avec de

personnes ayant une déficience inteIlectuelIe. Le Test d'automaticité permet donc. à la lumièr

des données rapportées ici, d'obtenir des renseignements relatifs au traitement de I'informatio

chez les personnes déficientes intellectuelles en général et au degré d'automaticité, au sens d

Sternberg, de ce traitement en particulier. En effet, la majeure partie de l'échantillon passe ave

succès le prétest de modalité de réponse, et ses résultats au Test d'automaticité sont assez élevé

pour éviter l'effet de plancher. Ceci permet l'expression de variations dans les scores obtenus

variations entre les sous-tests pour un même sujet, et aussi de variations entre les sujets.

Le Test d'automaticité fait preuve d'une fidélité test-retest satisfaisante. C'est là u:

résultat important, car l'un des doutes émis quant aux méthodes d'évaluation fondées su

l'analyse des temps de réponse concerne justement la fidélité de telles données. Les donnée

relatives à la validité théorique de cet instrument sont aussi intéressantes, les sous-tests du Tes

entretenant des relations élevées avec plusieurs épreuves psychométriques (tests d'intelligenci

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72

et échelle de comportements d'adaptation).

La seconde étude, celle de l'entraînement, démontre pour sa part que l'automatisation par

l'entraînement est possible chez des adultes retardes mentaux. Ce constat effectué récemment

ailleurs (Eiiis et al., 1989 ; MemlI, Goodwyn et Gooding, 1996) a été possible dans un contexte

différent (celui de la comparaison), et surtout grâce à une méthode d'analyse novatrice en

psychométrie. On assiste donc non seulement à une diminution importante du temps de réponse

(automatisation telle que conceptualisée par Sternberg), mais cette diminution est accompagnée

d'une stabilisation de ces TR pour plusieurs sujets, reflétant ainsi une véritable restructuration

qualitative des processus employés.

Les gains de vitesse ne se font pas au détriment du nombre de réussite. De plus, ces

gains semblent pouvoir être généralisés à des tâches de contenu légèrement plus difficile que

celui pour lequel il y a eu entraînement. Ces résultats sont particulièrement intéressants en ce

qui concerne la problématique des personnes ayant une déficience intellectuelle, souvent définie,

entre autres, par la lenteur d'exécution et le déficit de généralisation.

La légère tendance à la généralisation des gains de vitesse à des tâches de contenus divers

mais techniquement semblables, ajoutée à l'absence de généralisation à des épreuves

psychométriques requérant un autre mode de réponse, suscite toutefais l'hypothèse que ce sont

des processus moteurs ou très précoces qui ont été entrainés. Le fait que la restmcturation des

processus n'a pu être mise en évidence que pour deux des trois tâches d'entraînement peut

laisser supposer que ce sont bien des processus proprement intellectuels, et non seulement des

processus moteurs, qui ont été touchés. On peut cependant retenir une explication motrice à

condition de lui adjoindre un facteur contraignant d'ordre intellectuel : c'est ainsi que le gain

moteur n'aurait pu prendre place pour la tâche 5 parce que cette dernière imposait des difficultés

de traitement supérieur.

Quelle que soit la nature des processus en jeu, il semble que les gains ne se maintiennent

pas. Si cette absence de maintien peut témoigner d'un manque de persistance de l'automatisation,

on peut aussi considérer les bénéfices liés à l'abandon d'habiletés lorsqu'elles ne sont pas

sollicitées. Les résultats obtenus ici ne mettent donc pas en évidence une inertie cognitive, mais

au contraire une certaine malléabilité des processus de traitement de l'information des retardés

mentaux.

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Ackeman, P.L. (1987). Individual differences in skiil learning : An integration of psychometric an information processing perspectives. Psychological Bulletin, 102, 3-27.

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Annexe

Déroulement du Test d'autornaticité :

Prétest de modalité de réponse

1. Dimension figurative (72 items)

Exercice: Nommer Les figures géométriques (8 items) Sous-test 1 : Figures de même forme (1 6 items) Sous-test 2: Figures de même grosseur (16 items) Sous-test 3: Figures de même couleur (16 items) Sous-test 4: Figures de même forme ou de même couleur (16 items)

Ir. Dimension verbaie (82 items)

Exercice (et prétest au sous-test 6): Nommer les lettres (16 items) Sous-test 5: Lettres de mème forme (16 items) Sous-test 6: Les mêmes lettres (16 items) Exercice: Nommer les objets (18 items) Sous-test 7: Classes d'objets (16 items)

[ri. Dimension quantitative (74 items)

Exercice: Nommer les chiffies (14 items) Sous-test 8: Les mêmes chiffres (16 items) Sous-test 9: La meme quantité (16 items) Prétest: Identifier les chiffies plus grands ou plus petits que cinq (12 items) Sous-test 10: Deux chiffies inférieurs à cinq (16 items)

Page 93: CHEZ MENTALEMENTFRANÇOIS VIGNEAU L'AUTOMATICITÉ DU TKUTJZMENT DE L'INFORMATION CHEZ DES ADULTES RETARDÉS MENTALEMENT Thèse présentée à la Faculté des études supérieures de

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