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Rapport de stage du CISO à Cuba en 2004 Je souhaite que le premier précepte de notre république soit le culte par les Cubains de la pleine dignité de l’homme. José Marti UNE PUBLICATION DU CENTRE INTERNATIONAL DE SOLIDARITÉ OUVRIÈRE Solidarité Cuba, la solidarité Un mode de vie Une réponse au blocus VOLUME 26 • NUMÉRO 1 • MAI 2004

CISO Cuba 2004 · Rapport de stage du CISO à Cuba en 2004 ... le quota d’importation de sucre cubain est réduit ... l’heure de la libéralisation et de l’entreprise

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Rapport de stage du CISO à Cuba en 2004

Je souhaite que le premier précepte de notre république soit le culte parles Cubains de la pleine dignité de l’homme. José Marti

UNE PUBLICATION DU CENTRE INTERNATIONAL DE SOLIDARITÉ OUVRIÈRE

○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○SolidaritéCuba, la solidarité

Un mode de vieUne réponse au blocus

VOLUME 26 • NUMÉRO 1 • MAI 2004

Rapport de stage • Cuba 2004○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○

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Cuba,la plusgrandeîle desCaraïbes

Nous avons visitéles Cubains dansleur milieu de

travail, un milieu modestemis en place dans une ré-volution d’idées née de lacrise des années 90.

La vie des travailleuses ettravailleurs cubains est or-ganisée autour d’un syn-dicat unique, la Centraledes travailleurs cubains(CTC), tout comme la viepolitique gravite autourd’un seul parti, le Particommuniste cubain(PCC). Le sens du motunique vient de l’uniondes forces populaires ré-sistant farouchement auxennemis de toujours dontles États-Unis. Certes, ladissidence existe, mais estpeu palpable dans la rue.

Chacune de nos rencon-tres en milieu de travaildébute presque toujourspar une mise en situationhistorique. Pour compren-dre les Cubains il fautd’abord comprendre leurhistoire nous diront-ils.Mais il faut aussi accepterles contradictions cubai-nes, elles font partie deleur culture.

« Nous ne voulons pasd’un modèle néolibé-ralisme du Nord, nousvoulons développer notrepropre modèle sans sacri-fier notre système desanté, d’éducation et no-tre souveraineté. »

Daniel Desgagné, Syndicat de la fonction

publique du Québec (SFPQ)

AU DELÀ DES STATISTIQUES, AU DELÀ DE L’HISTOIRE, AU DELÀ DES COMPARAISONS, NOUS AIMERIONSQU’APRÈS LA LECTURE DE CE DOCUMENT ÉCRIT PAR LES STAGIAIRES DU CISO VOUS CONNAISSIEZMIEUX CUBA. DE TOUS TEMPS, L’ÎLE A ÉTÉ CONVOITÉE POUR SA RICHESSE, SA SITUATION GÉOGRAPHI-QUE, SON SOLEIL ET ADMIRÉE POUR LA RÉSISTANCE DE SON PEUPLE AUX RACINES ESCLAVAGISTES,ESPAGNOLES, FRANÇAISES, ANGLAISES; UN PEUPLE SOURIANT, AUX RELIGIONS MULTIPLES, ÉPRIS D’UNELIBERTÉ GAGNÉE DANS LE SANG ET LES PLEURS.

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Les États-Unis ont toujours voulu considé-rer Cuba comme leur possession. Colonieespagnole depuis 1512, Cuba fut briève-

ment occupée par les Britanniques en 1763, puisrestituée à l’Espagne à la suite du Traité de Paris.Les États-Unis tentent trois fois, en 1848, 1854et 1898, d’acheter l’île aux Espagnols. Ils déve-loppent des liens économiques étouffants pourl’île. C’est sous l’occupation militaire étasunienneque l’Espagne accepte l’indépendance de Cuba.La première Constitution cubaine est alors écrite,en 1900, par Leonard Wood, gouverneurétasunien occupant. En 1901, le sénateurétasunien, Orville Platt ajoute un amendementdonnant aux États-Unis le droit d’intervenir mi-litairement dans l’île dès qu’ils y verraient un in-térêt suffisant. Wood écrit alors à T. Roosevelt,vice-président des États-Unis, que l’amendementPlatt permet aux États-Unis d’empêcher toute in-dépendance de Cuba et de poursuivre leur but del’annexer, même si cela prend un peu de temps;que le contrôle qu’ils ont sur Cuba les mènera à laposséder et à contrôler tout le commerce du sucredans le monde; enfin qu’il croit qu’il est très sou-haitable que cette île devienne une possession desÉtats-Unis 1. « Du fait de ce droit d’interventiondes Américains, Cuba se retrouva avec une sériede gouvernements fantoches, corrompus et dépen-dants. » 2

Dans les années 1920, les deux tiers des terres ara-bles et la plupart des mines étaient propriétésétasuniennes. Le 29 mai 1934, le président Fran-klin D. Roosevelt permet l’abolition de l’amen-dement Platt, à la même époque qu’il reconnaît legouvernement soviétique.

C’est seulement en 1959 que Cuba obtient fina-

Histoire de l’emprise des États-Unis sur Cubalement une réelle indépendance économique et po-litique par rapport aux États-Unis, grâce à la révo-lution qui fait fuir Batista de Cuba et retire au« grand frère étasunien » son influence dominante.

La réforme agraire choque plusieurs compagniesétasuniennes. Dès le 10 mars 1959, bien avant toutenationalisation, l’Agence du Conseil de sécurité desÉtats-Unis inscrit comme préoccupation de « s’as-surer de donner le pouvoir à un autre gouverne-ment à Cuba ».

Après les nationalisations d’entreprises par Cuba,le quota d’importation de sucre cubain est réduitpar Eisenhower en juillet 1960. C’est l’escalade desmesures étasuniennes : au cours de l’année 1960,la CIA organise plusieurs opérations pour assassi-ner Castro ou le renverser. Elle commandite l’inva-sion de la baie des Cochons mais l’opération se con-clut par la victoire totale des Cubains.

C’est à la suite de cette victoire cubaine, en juin1961, que les États-Unis décident d’un blocus to-tal contre Cuba, le 3 février 1962, le président Ken-nedy proclame l’interdiction de tout achat dans l’îlede Cuba.

Hugues St-Pierre,Fédération des enseignantes et enseignants de Cégep

(FEC)(CSQ)

1 Extrait de la lettre de Wood rapporté par Manuel Monterode la CTC dans son texte Blocus économique, financier etcommercial depuis 43 ans par les États-Unis.

2 Stanley, David; « Présentation de Cuba – Histoire »,« Cuba », Ed. Lonely Planet, Paris, France, 2000, p. 20.

Rapport de stage • Cuba 2004 3○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○

Le blocus ininterrompu depuis 1961L’intensité du blocus a varié à travers lesannées. Depuis 1961, il interdit toute im-portation de produits cubains aux États-Unis, notamment du sucre. Pendant long-temps, toute exportation depuis les États-Unis vers Cuba a été interdite. Depuisquelques années, l’exportation d’alimentset de médicaments est officiellement per-mise mais les tracasseries administrativessont telles qu’elles rendent souvent cestransactions impossibles.

Le blocus prohibe notamment toute four-niture de pétrole à Cuba. Il limite forte-ment les voyages des citoyens étasuniensvers Cuba et proscrit les vols commerciaux.

Le blocus, c’est aussi l’opposition conti-nue des représentants étasuniens à la par-ticipation de Cuba aux instances du Fondsmonétaire international (FMI) et de laBanque mondiale, avec le résultat queCuba n’a jamais pu obtenir d’aide ou deprêt de ces organismes internationaux.

Le blocus comprend aussi des actions depropagande contre le gouvernement cu-bain, comme la création de Radio Martiqui diffuse vers Cuba grâce à un budgetde 15 millions $US du gouvernementétasunien en 2003.1

L’obligation pour le gouvernement cubainde développer le commerce avec des paysplus éloignés a entraîné des frais de trans-port supplémentaires élevés et la construc-tion d’infrastructures coûteuses, dont unimportant réseau d’entrepôts.

La Loi Torricelli adoptée en 1992Cette Loi défend à toute entreprise exer-çant des activités aux États-Unis, et auxfiliales étrangères des multinationalesétasuniennes, de commercer avec Cuba.Elle interdit, pendant six mois, l’accès auxports étasuniens à tout navire qui a faitescale dans un port cubain ou qui trans-porte de la marchandise pour le comptede Cuba.

La Loi défend aux banques et aux citoyenscubains d’ouvrir ou de maintenir des

comptes en dollars étasuniens à Cuba etne permet pas à leurs firmes d’utiliser desdollars étasuniens pour faire des transac-tions avec Cuba. Elle interdit toutes tran-sactions depuis les États-Unis avec les en-treprises qui traitent avec le gouvernementcubain.

Les pressions étasuniennes faites en vertude cette loi sur les entreprises étasunienneset leurs succursales ont souvent empêchéCuba d’acquérir des équipements médi-caux ou leurs pièces de rechange, des mé-dicaments ou de la nourriture; ces typesde marchandises constituent 90 % des pro-duits contrôlés par la Loi.

La Loi Helms-Burton adoptée en 1996En 1996, la Loi Helms-Burton renforce leblocus et la Loi Torricelli. Elle empêcheun président étasunien de modifier les rè-gles du blocus sans passer par une législa-tion; elle renforce les mesures de propa-gande et de subversion de l’extérieurcomme de l’intérieur de l’île, notammenten créant le programme United StatesAgency for International Development(USAID), lequel stipule clairement l’ob-jectif de renverser le gouvernement cubainpar des moyens pacifiques. Elle impose delourdes amendes aux Étasuniens qui vou-draient commercer avec Cuba et des me-sures de rétorsion afin d’amener les autrespays à réduire leur commerce avec Cuba.

Certains effets du blocusLe blocus a coûté 70 milliards $US à Cubaen manque à gagner, en coûts supplémen-taires pour l’érection d’infrastructures nou-velles comme des entrepôts, et en frais ad-ditionnels pour, par exemple, compenserl’éloignement et les pénalités étasuniennesaffectant les nouveaux partenaires. De plus,les dommages directs dus au sabotage etaux actions terroristes ont coûté54 milliards $US.

L’isolement diplomatique, les actions depropagande, les encouragements à la dé-sertion et à l’émigration illégale, l’espion-nage, la guerre économique et les agres-sions de tous genres, y compris la subver-sion et les actions terroristes, le harcèle-

ment militaire et même l’agression directepar l’emploi de mercenaires sont des ré-sultats du blocus. On comprend donc quece blocus touche gravement le peuple cu-bain sur les plans matériel et psychologi-que : il limite son développement écono-mique et social et impose un climat per-manent d’hostilité et de tension.

Malgré la réprobation internationaleLes États-Unis imposent ce lourd blocusdepuis 43 ans parce qu’ils n’acceptent pasque Cuba leur ait échappé et ne vive pas àl’heure de la libéralisation et de l’entrepriseprivée.

Dans son rapport de 1999 sur Cuba, l’or-ganisme de surveillance des droits hu-mains, Human Rights Watch, dénonce larépression des droits humains par Cuba.Par ailleurs, ce rapport souligne que la LoiHelms-Burton nuit à la situation des droitshumains et que le blocus restreint les droitsd’association, de libre expression et la li-berté de voyager entre les États-Unis etCuba, ce qui contrevient à l’article 19 dela Convention internationale sur les droitscivils et politiques.

Le blocus étasunien a créé un mouvementinternational de sympathie et de solidaritépour la résistance cubaine face à la pres-sion étasunienne. La répression cubaine desdroits humains, indéfendable dans d’autresconditions, devient une réaction légitimeface à l’agression étasunienne : Cuba seretrouve en guerre contre les États-Unis.Comme tout pays limite les libertés enpériode de guerre, Cuba se défend ainsides mesures étasuniennes de subversion quivont du blocus économique aux actionsterroristes.

Hugues St-Pierre,Fédération des enseignantes et enseignants

de Cégep (FEC)(CSQ)

1 Amnesty International, « Cuba, Essentialmeasures ? Human rights crackdown in the nameof security », Ed. Amnesty International Library,2003, p. 20. http://web.amnesty.org/library/print/ENGAMR250172003

Blocus étasunien␣ : déni d’autonomie de CubaLE BLOCUS ÉTAIT UNE STRATÉGIE DE GUERRE TRÈS UTILISÉE AU MOYEN-ÂGE. LES ÉTATS-UNIS,AUJOURD’HUI, EN USENT CONTRE CUBA DEPUIS QUARANTE-TROIS ANS ! CETTE SUPERPUISSANCE AT-TAQUE CUBA, SURTOUT, PAR DES MESURES ÉCONOMIQUES; MAIS, ELLE SOUTIENT AUSSI DES GROUPESUTILISANT DES MOYENS DE SUBVERSION POUVANT ALLER JUSQU’À L’ATTAQUE TERRORISTE. FAUT-ILS’ÉTONNER QUE CUBA PRENNE DES MESURES D’ÉTAT DE GUERRE ET LIMITE LES LIBERTÉS ?

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L’économie cubaine

Comment Cuba organise-t-elle sonéconomie ? Quelles stratégies etquelles solutions ont émergé pour

sortir de la crise ? Cuba, pour y arriver, aun grand besoin de capitaux étrangers. Àcette fin, en 1992, la Constitution cubaineest réformée de manière à permettre l’exis-tence de formes non étatiques de propriétéet particulièrement l’existence d’entrepri-ses à capital étranger dans lesquelles l’Étatconserve cependant une majorité des parts.De plus, en 1995, une loi sur les investis-sements étrangers est promulguée. Presquetous les secteurs sont ouverts, sauf la santé,l’éducation et la défense.

Cuba ne prétend pas offrir à ces partenai-res une ouverture au capitalisme et prendbien soin de rappeler les objectifs de la Loi :préserver les acquis, dont les lois du tra-vail, et assurer le développement durable.L’Union européenne (UE), principalementl’Espagne et la France, réalise 40 % desinvestissements étrangers. Outre l’UE, leCanada, le Venezuela, la Chine, la Russiecomptent parmi les principaux partenai-res financiers. À titre d’exemple : la com-pagnie canadienne Sherrit Inc. qui inves-tit en grande partie dans des activités d’ex-ploration minière (nickel, cobalt, pétrole),de production d’électricité ainsi que dansdes champs diversifiés comme la commu-nication cellulaire, la transformation dusoya, l’agriculture, le tourisme.

Le tourisme international, aujourd’hui lo-comotive de l’économie cubaine, devientle secteur le plus ouvert aux investissementsétrangers provenant en grande partie del’UE. Ces années-ci, Cuba reçoit plus dedeux millions de touristes par année. Unautre résultat des plus intéressants : après

L’ÉCONOMIE CUBAINE A ÉTÉ CERTAINEMENT MISE À MAL PAR LA PORTÉE DU BLOCUS ÉTASUNIEN,AMPLIFIÉ PAR LA LOI HELMS-BURTON, COMME NOUS L’AVONS VU PRÉCÉDEMMENT. RAPPELONS-NOUS QUE CE BLOCUS QUI DURE DEPUIS PLUS DE QUARANTE ANS, BLOQUE AUSSI TOUT ACCÈS AUXPRÊTS DE LA BANQUE MONDIALE ET DU FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL. UN MAL POUR UNBIEN ?

DE PLUS, AU DÉBUT DES ANNÉES 1990, L’ÉCONOMIE CUBAINE EST CONFRONTÉE AU DÉMANTÈLE-MENT DE L’UNION SOVIÉTIQUE, ET CONSÉQUEMMENT À LA PERTE DE SON PRINCIPAL PARTENAIRE ETSOUTIEN ÉCONOMIQUE DEPUIS QUELQUE 30 ANS. IL S’ENSUIT UNE GRAVE CRISE ÉCONOMIQUE. C’ESTLA « PÉRIODE SPÉCIALE », AVEC, EN TRAME DE FOND, UNE LIBÉRALISATION DES MARCHÉS MONDIAUX,LA GLOBALISATION NÉOLIBÉRALE. QU’À CELA NE TIENNE, CUBA SOUHAITE DEMEURER LE MAÎTRED’ŒUVRE DE SON DÉVELOPPEMENT POUR LE BÉNÉFICE DE SA POPULATION. CUBA MAINTIENT DONCSA RÉVOLUTION SOCIALISTE ET REFUSE DE S’INSCRIRE DANS UN SYSTÈME CAPITALISTE EN CETTE ÈREDE GLOBALISATION DES MARCHÉS.

plusieurs années d’investissement en re-cherche et développement, Cuba prend ac-tuellement un envol en matière de biotech-nologies et de génie génétique. Devenueune puissance médicale, Cuba donne ac-cès à son École latino-américaine de mé-decine (ÉLAM) aux pays d’Amérique duSud, d’Afrique et, de façon surprenante,aux plus démunis des États Unis.

Cuba procède en 1994 à la réforme agri-cole : On démantèle ainsi 80 % des gran-des fermes d’État. Des coopératives et pe-tites propriétés privées jouissent d’un droitd’usufruit de la terre. Les coopératives doi-vent rendre 80 % de la production au mar-ché officiel et peuvent conserver le restepour leur propre compte. Ceci a provo-qué une hausse appréciable de la produc-tion. Les prix réagissent au jeu de l’offre etde la demande. Plus chers et plus variésque ceux offerts par les magasins étatiques,ces produits complètent le panier de base,filet de sécurité des bas salariés. Le marchédes produits agricoles devient « plus » li-bre.

Cuba modernise aussi le secteur bancairepour faciliter la libéralisation d’un autremarché, celui des produits industriels. Onmet sur pied la Banque centrale cubaine(BCC) qui contrôle la politique monétaireet plusieurs autres qui gravitent autour(banques des crédits, du commerce, d’aideet de développement, etc.). On permetaussi l’ouverture de casas financières pourcréer des caisses d’investissements et onautorise la venue de banques étrangères.

Par ailleurs, un effort a été fait pour amé-liorer la gestion et l’efficacité des entrepri-ses, dont les bases de fonctionnement sont

contenues dans une loi adoptée en 1998.D’abord, on retire des pouvoirs au minis-tère du Commerce extérieur pour les con-fier aux entreprises : désormais, elles ferontdes affaires directement avec l’extérieur.Ensuite, on redéfinit la philosophie de ceministère par une transformation globaledu système de planification économique,qui passe d’une planification matérielle àune planification financière. Finalement,on met en place des programmes de per-fectionnement dans les entreprises.

Enfin, de façon plus audacieuse, dans toutecette conjoncture, Cuba dépénalise la pos-session de devises étrangères (le dollars USet l’euro); le peso devient convertible et unréseau commercial est créé pour cette mon-naie. Nous avons constaté dans toutes lesentreprises visitées, l’instauration de ce quenous pourrions appeler une « prime au ren-dement » que Cuba nomme « stimula-tion ». Il s’agit d’un montant mensuelajouté au salaire et payé en pesos converti-bles où 1 peso convertible équivaut à1 $US.

Voici donc la situation concrète : des pro-duits de consommation s’ont offerts envente libre; les devises étrangères circulent,les industries sont en concurrence. Quelleest l’ampleur de ces réformes et leurs con-séquences ? Ce qu’on peut dire c’est quedepuis 1994, l’économie cubaine a un tauxde croissance annuelle de 4 %. Suite à tou-tes ces constatations, nous pourrions pen-ser que Cuba se rapproche d’une écono-mie capitaliste.

Lyne BergeronSyndicat de la Fonction publique du Québec

(SFPQ)

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La chute du mur de Berlin, en 1989,a été acclamée à peu près partoutdans le monde comme une libéra-

tion. Elle fut suivie par la dissolution del’URSS. Pour Cuba, ce fut le coup de grâcequi a bien failli emporter le pays et sonrégime socialiste. Mme Georgina ChabauMontalvo, directrice du Département desrelations internationales au Parti commu-niste cubain disait, lors de notre visite ausiège social du Parti : « ... tout le mondeattendait notre chute, nos meilleurs amisétaient angoissés parce qu’ils nous voyaientpour la dernière fois... tout le monde pen-sait que Cuba disparaîtrait comme sys-tème... ». Toujours selon Mme Montalvo :« quand on défend le socialisme, on dé-fend en même temps l’indépendance ».Soulignons que le socialisme à Cuba en estun bien particulier, créé à son image. Sur-tout maintenant que le pays doit survivreseul.

En effet, du jour au lendemain, le com-merce avec l’Europe de l’Est, qui représen-tait 85 % du commerce extérieur, a dis-paru. Le produit intérieur brut (PIB) dupays a chuté de 35 %. Le chômage et laprostitution sont réapparus (malgré quecette dernière avait été éradiquée par laRévolution grâce au programme de justicesociale1). Des solutions au chômage ont ététrouvées. Malheureusement, la prostitu-tion est toujours présente, même si c’est àun degré moindre qu’au début de la « pé-riode spéciale ».

Des sacrifices énormes ont été faits en1993. Ce fut la période la plus difficiledepuis la Révolution. Il y eut des momentsoù le gouvernement n’avait de carburantque pour 48 heures. Le transport était àpeu près nul, on se déplaçait à pied ou àbicyclette. De plus, à la même époque, plu-sieurs ouragans dévastèrent l’île. Le peu denourriture disponible était impossible àconserver faute d’électricité. On a privilé-gié d’abord les enfants. Il a également étédécidé qu’aucune école, aucun hôpital neseraient fermés.

Le gouvernement a dû chercher rapide-ment des solutions. Une formule de « par-lement ouvrier » a été imaginée et 80 000réunions se sont tenues dans les milieuxde travail sur une période de trois mois.Un référendum a été organisé pour con-

naître l’avis des gens sur des questions vi-tales. II en est résulté que l’éducation, lasanté et la défense étaient intouchables. Cessecteurs représentent le patrimoine du payset, à ce jour, tout est mis en œuvre pourles conserver intacts. Puis, les débats ontété faits sur les propositions suivantes :

• ouvrir le pays à l’investissement étran-ger ;

• augmenter les prix des produits et ser-vices ;

• éliminer la gratuité de certains servi-ces.

La question de l’impôt sur le salaire n’a pasété approuvée par les travailleurs. L’écono-mie s’est modifiée : le tourisme connaît uneaugmentation de 12 % à chaque année, laproduction de nickel atteint les 75 000tonnes cette année, tandis que celle dusucre est actuellement en transformationprofonde. Cuba est dépendante de ces ex-portations auxquelles s’ajoutent les agru-mes, le tabac et les crustacés.

Les Cubains ont également constaté, àcette époque, les changements de l’écono-mie mondiale. Ils ont compris qu’ils de-vaient s’adapter, tout en conservant leurmodèle de socialisme. C’est à ce momentque la possession de devises étrangères (dol-

Période spéciale ... très spéciale !

lars américains) et le travail autonome ontété légalisés.

Avant 1993, Cuba n’avait pas une appro-che de pays producteur. Depuis, elle estconsciente qu’elle doit fabriquer ses pro-pres produits de consommation.

Malgré la situation extrêmement difficiledans laquelle se trouve Cuba, on ne peutqu’admirer la fierté et la volonté de ce peu-ple de conserver son indépendance et sasouveraineté. Cuba est un pays des Caraï-bes, avec ses différences culturelles, histo-riques et climatiques, elle ne peut pas êtrecomparée aux pays développés. Un écono-miste cubain, rencontré au cours du stage,soulignait qu’en raison des conditions cli-matiques, aucun plan de cinq ans ne peutêtre élaboré. Le peuple cubain s’en sort parla méthode « essai-erreur ». Respectons sonchoix de se bâtir selon son propre modèle,soit par un socialisme à la cubaine.

Joanne Norchet,Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

1 Raisa Pages, Granma international, mars 2000,tiré de La Révolution cubaine : ses réalisationset ses défis, analyses et documents, dossier as-semblé par Claude Morin, 6 février 2004, p. 46.

COMMENT PASSER SOUS SILENCE CE QUE LES CUBAINES ET LES CUBAINS APPEL-LENT « LA PÉRIODE SPÉCIALE » ? EN 1991, AU MOMENT DE L’ÉCLATEMENT DEL’UNION DES RÉPUBLIQUES SOCIALISTES SOVIÉTIQUES (URSS), CUBA S’EST RE-TROUVÉE EN CRISE PROFONDE. CET ÉVÉNEMENT A ÉTÉ SI CATASTROPHIQUEQU’AUJOURD’HUI ENCORE BEAUCOUP D’ENTRE EUX PARLENT AVEC GRANDE ÉMO-TION DE CE QU’ILS QUALIFIENT DE « PÉRIODE SPÉCIALE ».

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Dans cette île rebelle, tous peuventêtre syndiqués, chef de direction ousimple employé. La directrice du

chantier naval Astica, le directeur médicaldu Centre orthopédique, comme tous lesautres dirigeants d’entreprises, nous onttous dit adhérer au syndicat. On comprendmieux quand on réalise qu’à Cuba, l’Étatest l’unique propriétaire non seulement desservices publics, mais aussi des usines, deshôtels, etc. Les rapports entre la directionet le personnel ne sont pas antagoniques :« Nous avons à tous les mois une rencon-tre avec la direction, on nous présente lasituation économique de l’entreprise, ondiscute et on s’entend », nous affirme leprésident du syndicat de l’usine de ciga-res. On est loin de Vidéotron ou de la villede Montréal !

Dans les anciens pays communistes, avantla chute du mur de Berlin, presque tousles travailleurs bulgares, russes, ukrainiensétaient membres du syndicat officiel, le seulqui avait droit de cité. La liberté d’associa-tion telle que définie par l’Organisation in-ternationale du travail, (OIT), n’existaitpas. Quand l’empire soviétique s’estécroulé, le mouvement syndical a éclaté enune multitude d’organisations et le tauxde syndicalisation a chuté dramatique-ment.

Les dirigeants de la CTC connaissent cetteréalité; ils sont confiants, cependant, queleur organisation ne connaîtra pas le mêmesort. « La société cubaine et notre histoiresyndicale sont différentes » disent-ils. Uneconfiance en bonne partie fondée. Mais…

Les activités et services offerts parla CTC

La grève de plusieurs mois des travailleurs

et travailleuses de Vidéotron ou la mobili-sation syndicale et populaire contre le gou-vernement Charest ne sont pas conceva-bles à Cuba. Quand on est au pouvoir ouqu’on croit l’être, on ne mobilise pas sesmembres contre ce pourvoir; au contraireon les mobilise en appui au gouvernement.Le 1er Mai cubain avec son million de tra-vailleurs en fête dans les rues est bien dif-férents du 1er mai québécois. À Cuba, lesconflits ou les « contradictions » se résol-vent par la discussion. Ces contradictionsmettent en cause des comportements in-dividuels et non les rapports sociaux anta-goniques entre le collectif des travailleurset l’employeur.

C’est aux assemblées générales mensuelles,auxquelles participent plus de 90 % desmembres du syndicat, qu’on discute desproblèmes du milieu de travail. Ces assem-blées se déroulent sur les lieux de travail,après ou occasionnellement pendant lesheures de travail. Les principales questionscomme le nombre d’heures de travail, lessalaires et les congés de maternité et depaternité, sont fixées par loi ou négociéesau niveau national par la fédération secto-rielle ou la direction de la CTC. Ces en-tentes ne sont pas remises en cause au ni-veau local.

Au syndicat local, il reste à négocier, s’il ya lieu, les aménagements locaux des en-tentes déterminées au niveau national, àvoir à la mise en application de la conven-tion collective et de la législation ouvrièreet à régler les différents qui surviennentsur les lieux de travail. Les cotisations re-cueillies de main à main servent à soutenirdes membres et leur familles qui, en rai-son de maladie ou d’autres problèmes, sontdans le besoin. Elles servent aussi aux acti-vités sociales, aux vacances pour les enfants,

etc. Pour les membres, le syndicat local aun rôle principalement social.

Place et rôle de la CTCdans la société cubaine

Le secrétaire général de la CTC peut par-ticiper aux réunions du Conseil des mi-nistres, les dirigeants syndicaux nationauxparticipent aux discussions et décisionsgouvernementales dans leur secteur d’ac-tivités, les dirigeants locaux font partie dela direction dans leur entreprise. Aucunelégislation concernant de près ou de loinles travailleurs ne sera adoptée sans l’ac-cord de la CTC. Nos schèmes de référence,développés dans le cadre d’une société ca-pitaliste, nous permettent difficilementd’appréhender la société cubaine avec jus-tesse.

Cette complicité entre la CTC et le gou-vernement a aussi des conséquences inat-tendues. Au printemps dernier, par exem-ple, le gouvernement cubain a imposé delourdes peines d’emprisonnement à desdissidents du milieu des communicationset à de présumés comploteurs à la soldedes États-Unis; la CTC a appuyé cette dé-cision dénoncée partout dans le mondecomme étant une violation du droit à laliberté d’information. La Confédérationinternationale des syndicats libres (CISL)a emboîté le pas et suspendu ses relationsavec la CTC. Il faudra beaucoup de tempset d’efforts aux dirigeants de la centralepour rétablir son image sur la scène syndi-cale internationale.

Jean Lapointe,Métallos-Fédération des travailleuses

et travailleurs du Québec (FTQ)

La Centrale des travailleurs cubains (CTC)

La CTC␣ : une organisation représentative

« COMBIEN AVEZ-VOUS DE MEMBRES DANS VOTRE SYNDICAT ? »97 OU 98 % DES EMPLOYÉS : RÉPONSE INVARIABLE À UNE QUES-TION 20 FOIS RÉPÉTÉE. ET NOUS, QUÉBÉCOIS QUI, AVEC 41,5 %,PENSIONS DÉTENIR LE RECORD DU TAUX DE SYNDICALISATIONEN AMÉRIQUE ! DANS L’ENSEMBLE DU CANADA, C’EST 31 % ET13 % AUX ÉTATS-UNIS. N’OUBLIONS PAS NON PLUS QUE, CON-TRAIREMENT À CE QUE PLUSIEURS POURRAIENT PENSER, L’ADHÉ-SION SYNDICALE EST VOLONTAIRE À CUBA.

Rapport de stage • Cuba 2004 7○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○

Après consultations des entreprises,des syndicats, du parti, d’expertscomptables ou économistes, le gou-

vernement a identifié un moyen pour re-lever l’économie cubaine : décentraliser lagestion au niveau des entreprises. Une tellemesure a entraîné l’application de nou-veaux modes de gestion et de nouvellesconditions de viabilité de l’entreprise :auto-financement, capacité d’approvision-nement en matières premières, auditcomptable et paramètres de qualité dansla production. Administrateurs et em-ployés allaient devoir travailler différem-ment au sein des entreprises désignées pro-gressivement pour entrer dans la nouvelleéconomie. Un diagnostic avait permisd’identifier les entreprises les plus aptes àl’implantation des changements. Les trans-formations appelaient à un changementprofond des mentalités.

Changer le cadre légal

Un ensemble de mesures légales adoptéesentre 1998 et 2000 ont encadré les chan-gements et les ont favorisés. Elles portentsur le système bancaire, la décentralisationdu commerce extérieur, le système de pla-nification économique, les règles compta-bles, la flexibilité des salaires, l’organisa-tion du travail et les normes internationa-les de qualité.

Une législation particulière concerne leperfectionnement de façon à permettre aumilieu de travail de s’approprier les outilspour rendre possible le changement. C’estdans ce cadre que la Centrale des tra-vailleurs cubains (CTC) a mobilisé sastructure en vue de développer un pro-gramme de formation pour ses dirigean-tes et dirigeants nationaux et provinciauxet pour que les unités syndicales de basepuissent négocier les transformations dansles entreprises.

Un programme deperfectionnement ambitieux

En 1975, La CTC s’est dotée d’une écolede formation à la Havane, l’école LázaroPeña. Seize écoles provinciales y sont asso-

ciées. Ce réseau a préparé des formateurspour la mise en œuvre du programme deperfectionnement pour les 19 syndicatssectoriels. Les milieux aptes à entrepren-dre le programme, particulièrement impor-tant au plan économique, ont été priorisés :mines, électricité, construction, agricultureet chimie. La formation porte sur l’ensem-ble des réformes économiques, sur les lé-gislations concernées et les outils de ges-tion (comptabilité, contrôle de la qualité,négociations des salaires etc.)

Lors des réunions mensuelles, le syndicatlocal organise pour ses membres des ses-sions d’information portant sur l’un oul’autre thème du programme de formation.La CTC a préparé des feuillets d’informa-tion, des guides du formateur, un cahiersur la politique d’emploi, des cahiersd’exercices sur les indicateurs économiqueset le calcul des salaires, ainsi qu’un glos-saire sur les indicateurs économiques et lestermes comptables. Des outils audio-vi-suels sont utilisés et sont disponibles enmode Power Point.

Plusieurs facteurs favorisent le développe-ment de ce programme ambitieux : la loisur le perfectionnement qui permet quecelui-ci se fasse en partie sur le temps detravail, la participation des syndicats dansle contexte favorable de la décentralisationet la sélection des entreprises les plus aptesà participer au programme. La CTC faitle maximum pour que le programme réus-

sisse et l’appui du CISO et de l’Agence ca-nadienne de développement international(ACDI) a un impact majeur.

Évaluation et perspectives

Les données recueillies à la CTC et le té-moignage d’une section syndicale localed’une entreprise de construction de Cien-fuegos permettent de confirmer que le pro-jet est une réussite. En application depuisquatre ans, le programme a rejoint plus de600 entreprises, des milliers de responsa-bles syndicaux et des travailleurs et tra-vailleuses dans toutes les régions du pays.

Le programme devait rejoindre prioritai-rement environ 3 000 entreprises à l’inté-rieur d’un bassin évalué à 13 000. Il estd’envergure stratégique car il vise unetransformation profonde de l’économie cu-baine à partir de chaque entreprise.

Les responsables syndicaux font une éva-luation continue de l’expérience et les mi-nistères concernés reçoivent un rapporttrimestriel des entreprises. Un travailleurde Cienfuegos affirme : « Maintenant lesyndicat est plus actif dans la gestion et leprocessus de négociation, le programme aaussi amélioré le fonctionnement de l’en-treprise et ses produits, et en conséquence,le salaire est meilleur ».

Micheline Jourdain,CISO

Perfeccionamiento empresarialChanger les concepts, la pratique et les mentalitésL’EFFONDREMENT DES « PAYS DE L’EST », LE RENFORCEMENT DE L’EMBARGO AMÉRICAIN ET LE PHÉNOMÈNE DE LA MON-DIALISATION DES MARCHÉS ONT OBLIGÉ CUBA À TROUVER DE NOUVELLES MANIÈRES DE FAIRE. S’INSÉRER DANS UNMARCHÉ MONDIALISÉ, RÉTABLIR LA CROISSANCE ET SAUVEGARDER LES VALEURS DU SOCIALISME DANS UN « PAYS DUSUD » CONSTITUENT TROIS OBJECTIFS APPAREMMENT CONTRADICTOIRES AUXQUELS LES CUBAINS TRAVAILLENT DEFAÇON PRAGMATIQUE DEPUIS 10 ANS.

AUGUSTIN DE LA

PEÑA, RESPONSABLE

DU PROJET À LA

CTC (À DROITE

SUR LA PHOTO),FAIT PART À JEAN

LAPOINTE DE SON

APPRÉCIATION DE

L’APPUI DU CISO

Rapport de stage • Cuba 2004○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○

8

À cette période-la, la volonté politi-que des dirigeants cubains étant demaintenir autant que possible les

salaires, les emplois et les dépenses socia-les, de nouvelles mesures agraires furentmises en place.

PRODUCTION DE CANNE À SUCRE

Il faut dire que la réforme agraire des an-nées 60, élément important de la révolu-tion, avait connu des ratés et n’avait pasréussi à créer l’attrait nécessaire pour main-tenir la main-d’œuvre. Aujourd’hui les jeu-nes Cubains, comme les jeunes d’ici, sontattirés vers les grandes villes.

La situation en 2004

L’agriculture urbaine

Afin d’améliorer la sécurité alimentaire dela population dans les villes, on a créé des« petites fermes » agricoles en milieu ur-bain, l’objectif général étant d’élaborer uneforme d’agriculture globale, écologique etautosuffisante. L’accès des citadins auxdenrées agricoles à des coûts relativementbas demeure un objectif spécifique de cesunités de production agricole.

Nous avons visité un de ces centres agri-coles dans la région urbaine de La Havane.Les cultures potagères pratiquées le sontde façon écologique et recourent à desméthodes reconnues : rotation des cultu-res, compostage et utilisation de celui-cicomme engrais naturel, utilisation de plan-tes compagnes pour éloigner certains pré-dateurs.

La terre arable utilisée semble de très bonnequalité quoique très légère et friable. Oncouvre d’ailleurs les plates-bandes d’un toitpendant la saison des pluies afin d’éviterle lessivage de la terre agricole. Des résidus

de ciment ressemblant à de l’argile sontutilisés pour couvrir les chemins et les al-lées, sans doute pour diriger l’eau de pluieet contrôler les mauvaises herbes. Le com-post fabriqué semble d’excellente qualité,sans odeur et fait de particules fines à gros-sières.

La main-d’œuvre reçoit sur place la for-mation nécessaire à la production du cen-tre. Peu de Cubains s’intéressent au travailde la terre, qui, sous ces climats, est trèsdifficile. Le responsable du centre que nousavons visité mentionnait qu’il avait uneformation en génie civil ! Le manqued’agronomes oblige les autorités à dépla-cer et à recycler la main-d’œuvre.

L‘organisation des travailleurs est identi-que à celles des autres entreprises cubai-nes. Ils sont membres de la Centrale destravailleurs cubains et possèdent un bureausyndical sur place. Afin d’attirer des tra-vailleurs, les salaires sont plus élevés quedans certains domaines industriels, soitprès de 900 pesos/mois et il existe un sys-tème de primes que les Cubains appellent« stimulation ». Les travailleurs peuventvendre et conserver les profits des légumesqu’ils produisent en surplus.

Quelques statistiques

Potagers urbains- 30 000 potagers urbains à culture or-

ganique en 1996 dans la région de LaHavane;

- 541 000 tonnes de nourriture produiteen 1998 par ces potagers;

- 30 % des besoins immédiats de la po-pulation urbaine;

- 1 000 000 de potagers urbains à lagrandeur du pays.

Main d’œuvre (2002)• Totale : 4,5 millions

• Par secteur : Agriculture : 23 % Industrie : 24 % Services : 53 %

• Taux de chômage 4,5 %• Population urbanisée 65 %

Terres agricoles• 60 % des terres de Cuba servent à des

fins agricoles;• 70 % de ces terres sont en production;• 20 % sont irriguées.

La campagne cubaine

Les champs de la coopérative de travailleursque nous avons visités et ceux que l’onaperçoit en sillonnant la campagne nousmontrent des cultures verdoyantes et bienirriguées.

Cependant, à voir les ouvriers agricolesutiliser des moyens modestes : tracteursdatant des années 50 et 60 aux pièces derechange inexistantes, bœufs, charruesmanuelles, etc., on peut penser que l’agri-culture cubaine est archaïque et ne suffirajamais à la tâche.

On peut penser aussi que cette agriculturecubaine, issue de la révolution des idées,est un modèle de développement durablepour les pays en développement de l’Amé-rique du Sud. Les terres sont utilisées à bonescient; des systèmes d’irrigation se met-tent en place, les cultures sont adaptées auxterres et les travailleurs sont en formationconstante.

Cuba possède une équipe de scientifiques(11 % des scientifiques de l’Amérique duSud), qui font de la recherche sur la pro-duction de graines adaptées au climat deCuba, ce qui rendra l’île moins dépendantedes pays du Nord et diminuera de 75 % lecoût des productions agricoles.

La transformation des fermes d’État encoopératives (80 %), l’ouverture des mar-chés agricoles, la recherche, la productionde matériel biologique disponible aux agri-culteurs, la formation des travailleurs, laculture organique, tous ces facteurs nousportent à croire que Cuba pourra dans lefutur répondre en grande partie aux be-soins alimentaires de sa population.

Daniel Desgagné,SFPQ

Nourrir le peupleENTRE 1960 ET 1990, LES ÉCHANGES ÉCONOMIQUES DE CUBA SE FAISAIENT AVEC L’URSS ET LES PAYS DU BLOCSOCIALISTE. EN 1990, 80 % DES EXPORTATIONS DE CUBA ALLAIENT VERS CES PAYS. À CETTE ÉPOQUE, CUBA PRO-DUISAIT PRÈS DE 90 MILLIONS DE TONNES DE SUCRE. LES CHANGEMENTS SURVENUS DANS LES PAYS DE L’EST ET ENURSS AU DÉBUT DES ANNÉES 90, JUMELÉS À LA CHUTE DU PRIX DU SUCRE, PLAÇAIT CUBA DANS UNE SITUATIONÉCONOMIQUE DÉSASTREUSE.

Rapport de stage • Cuba 2004 9○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○

Les spécialistes estiment que l’espé-rance de vie, actuellement de 76ans, atteindra 80 ans en 2010. C’est

la plus élevée des pays en développement.À Cuba, parmi les facteurs qui ont un im-pact sur cette longévité, il faut mention-ner, entre autres, la priorité accordée à lasanté, c’est-à-dire l’assurance d’une alimen-tation suffisante pour toutes les couchesde la population, puis la disponibilité, laqualité et la gratuité des services médicaux.Nous ignorons dans quelle mesure les res-trictions alimentaires survenues pendant la« période spéciale » ont pu influencer lalongévité. D’autres facteurs jouent aussi enfaveur de cette longévité : les Cubains sontà l’abri de conditions qui prévalent dansles sociétés industrialisées et qui sont re-connues pour leurs effets négatifs sur lasanté, par exemple, la sédentarité favori-sée par la haute mécanisation, la voiturepersonnelle, la télévision et ses centainesde chaînes, l’ordinateur, etc. Les Cubainsne sont pas encore touchés par la surabon-dance alimentaire, la transformation et lapréparation industrielle des aliments, larestauration rapide, la mal-bouffe, etc.

L’âge et les conditions de la retraite

Après 25 ans de travail, les femmes peu-vent prendre leur retraite à 55 ans et leshommes à 60 ans. Dans certains milieuxde travail exigeants, la retraite est devan-cée de quelques années. La rente de retraiteest basée sur la moyenne de salaire (in-cluant la bonification) des 5 meilleuresannées de travail parmi les 10 années quiprécèdent la retraite. La rente atteint 50 %de cette moyenne de salaire. Un hommeou une femme qui travaillent au-delà de25 ans voit sa rente augmenter quelquepeu.

Des retraités qui travaillent

À Cuba, il n’existe aucun régime de retraiteprivé qui pourrait permettre d’accroître larente. Comme celle-ci est basse, bien desgens âgés occupent de petits boulots peu

rémunérateurs : vente de journaux et defriandises, surveillance de salles de toilettede restaurants, hôtels et autres lieux publi-ques, récupération de cartons et autres pro-duits vendables, etc.; d’autres préfèrentcontinuer de travailler chez leur employeur.Beaucoup de grand-mères s’occupent deleurs petits-enfants pour faciliter le travailde leurs propres enfants. Il est d’ailleurstrès fréquent que trois générations habi-tent sous le même toit.

La vie des Cubains âgés n’est pas du toutfacile. Cependant, l’esprit d’entraide en-tre membres d’une famille, entre voisins,entre amis et collègues amène les plus fa-vorisés à partager avec les plus dépourvus.La solidarité de ce peuple est tout à l’op-posé de l’individualisme et du chacun poursoi répandus dans d’autres sociétés.

Des retraités qui sont membresdes syndicats

Comme c’était le cas dans les pays du blocsoviétique, les retraités font partie des syn-dicats. Dans la province de Cienfuegos,seulement 23 % des retraités adhèrent ausyndicat, alors que, de façon générale, de95 à 98 % des travailleurs et travailleusessont membres des syndicats locaux. Faibleproportion, car c’est en 2001 seulement

que la Centrale des travailleurs cubains(CTC) a pris des mesures pour attirer cettepopulation. La CTC reconnaît devoir bo-nifier son programme d’amélioration de laqualité de vie des aînés pour toucher da-vantage ces personnes.

Pourquoi appartenir à un syndicat, lors-qu’on ne travaille plus ? Les retraités peu-vent bénéficier de la mission sociale et so-lidaire du syndicat. Par exemple, les per-sonnes seules, malades ou handicapées sontvisitées par des membres compétentes dusyndicat; les plus démunies peuvent êtreaidées matériellement pour des besoins debase.

L’adhésion syndicale donne le droit deprendre des repas dans des cantines où lesprix sont très, très bas. Le syndicat offreun programme d’activités sociales, récréa-tives, sportives, mais aussi éducatives.Grâce à des budgets de l’Université du troi-sième âge, le syndicat dispense des courssur des thèmes variés : histoire, vieillisse-ment, sexualité, droit, ordinateur, etc.

La stimulation financière donnée sousforme de bonus aux travailleurs devientchez les retraités une stimulation moraleet parfois matérielle. C’est ainsi qu’on sou-ligne, par exemple, le succès dans les acti-vités, l’engagement auprès de la commu-nauté soit par des fêtes, par l’expression dela reconnaissance et par des séjours à l’hô-tel.

Et la cotisation syndicale? Elle est symbo-lique, gérée par les retraités et sert à dé-frayer les activités qu’ils s’organisent. LaCTC contribue aussi à ces activités.

Chantale Chartier,membre individuelle

Des statistiques qui ressemblent à celles des pays développés

DANS L’ENSEMBLE DU PAYS, EN 1998, LES GENS ÂGÉS DE 65 ANS ET PLUS TOTA-LISAIENT 10 % DE LA POPULATION. DANS LA PROVINCE DE CIENFUEGOS, LESRETRAITÉS, QUI COMPRENNENT AUSSI DES GENS DE MOINS DE 65 ANS, FOR-MENT ACTUELLEMENT 15 % DE LA POPULATION. EN 2025, ELLES SERONT25 % SELON LES PRÉVISIONS.

Cubains et Cubaines du troisième âge

Rapport de stage • Cuba 2004○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○

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Lors de la révolution en 1959,Castro, en prenant le pouvoir,adopte des mesures qui annoncent

un changement radical du système politi-que et économique. Que l’on pense à laréforme agraire, à la diminution du coûtdes loyers et à la nationalisation des pro-priétés étrangères. À cette époque Cubaaffichait une plus grande prospérité éco-nomique, cependant il y avait de grandesinégalités sociales. En effet près du quartde la population vivait dans une extrêmepauvreté : sur deux millions d’habitants,près d’un demi-million étaient sans travailet 650 000 avaient des emplois saisonniers.Le taux d’analphabétisme était élevé et lesystème de santé ne favorisait qu’une par-tie de la population.

Avec l’aide du géant soviétique, le régimecastriste modifie complètement la situationqui règne dans le pays. La réforme com-plète du système de santé a permis unediminution drastique du taux de morta-lité infantile. En effet, en 1959, il se chif-frait à environ à 40 pour 1000 et en 1995il passe sous la barre de 10 pour 1000, soitle niveau le plus bas des pays du Tiers-Monde, et un peu plus élevé que celui dugéant étasinien qui est de 8,3 pour 1000.Pour le peuple cubain, ces changementssont les plus grandes réussites de la Révo-lution.

Aujourd’hui à quoi ressemblece système de santé?

Toujours sous l’imposition de l’embargoétasunien, Cuba réussit tant bien que malà répondre du mieux possible aux besoinsde santé de sa population.

Le système de santé à Cuba est basé sur unaccès des services répartis en service des 1ère,2e et 3e lignes. La 1ère ligne est : la cliniquemédicale de quartier. Notre rencontre avecle médecin d’une clinique a permis demieux apprécier l’organisation des servi-ces. Sa clinique est situé au rez-de-chaus-sée d’une petite maison de deux étages, où

nous retrouvons une petite salle d’attenteavec plusieurs affiches sur les murs por-tant des messages sur la prévention, sur l’al-laitement maternel, des statistiques surl’état de santé de la population desservieetc. On peut y lire entre autres que l’hy-pertension artérielle et l’asthme sont lesmaladies touchant le plus de personnesdans sa pratique et que le diabète et l’obé-sité sont en augmentation.

Trois autres pièces servent de bureau, desalle d’examen et de réserve de médica-ments et de fournitures médicales. Tout estvieux, mais bien entretenu. Quant à l’étagesupérieur, il sert de résidence au médecinet à sa famille.

Celui-ci travaille en équipe avec une infir-mière. Le rôle de cette dernière en est und’exécutante, elle ne peut initier aucun trai-tement, ou même administrer le vaccinprévu au calendrier régulier, qui est tout àfait comparable au nôtre.

Du fait qu’il habite à la clinique, le méde-cin est disponible 24 heures sur 24 et septjours par semaine, sauf lors de ses vacan-ces ou congés. En avant-midi les gens serendent à la clinique, avec ou sans rendez-vous. En après-midi ce sont les visites àdomicile. Cela lui permet de bien connaî-tre les 550 personnes sous sa responsabi-lité. L’approche holistique est très impor-tante : connaître son patient dans sa glo-balité quant à son lieu d’habitation, sontravail, son contexte familial, l’environne-ment du patient faisant partie intégrantede la pratique médicale à Cuba.

L’embargo a forcé les professionnels de lasanté à prendre des moyens afin de faireface à la difficulté de se procurer des mé-dicaments. C’est ainsi que la médecinenaturelle fait bon ménage avec la méde-cine traditionnelle. D’ailleurs un tableau,bien en vue de la clientèle, faisait mentiondes plantes ou produits naturels pouvantêtre utilisés dans certaines situations. Lemédecin nous a confirmé que cette prati-

que était présente à travers le pays et qu’ellefaisait partie de leur formation académi-que. Par exemple, dans les cas de diarrhée,la teinture d’une plante locale aide à solu-tionner le problème. Comme il est facilede la produire et que des laboratoires tra-vaillent au développement de produitsnaturels à utiliser en médecine, cette ap-proche est donc privilégiée et permet ainside diminuer l’utilisation de produits phar-maceutiques difficiles à se procurer. C’estmoins dispendieux et tout aussi efficacedans certaines situations.

Les services offerts en clinique sont sem-blables à ce que l’on peut retrouver dansles cabinets médicaux d’ici, soit la méde-cine familiale, la pédiatrie et le suivi gyné-cologique et obstétrical. Cela constituedans les faits la 1ère ligne du système desanté cubain.

En 2e ligne nous retrouvons la polyclini-que avec des services de radiodiagnosticset de laboratoires. Y sont rattachés 13 ca-binets ou cliniques médicales; si lors d’unevisite à la clinique une investigation plusspécifique doit se faire, l’on réfère à la po-lyclinique. Enfin en 3e ligne, pour une ré-gion donnée et peut-être même une pro-vince, il y a un centre hospitalier général,un centre pédiatrique et un centre de gy-nécologie et d’obstétrique. Il a été éton-nant d’apprendre qu’il n’y a pas de sage-femme à Cuba.

La réadaptation se fait elle aussi en utili-sant différentes approches thérapeutiques :la thalassothérapie, l’acupuncture et laphysiothérapie traditionnelle. Quant à laréhabilitation en santé mentale, il y a descentres de jour pour les patients en ex-terne et un centre hospitalier psychiatri-que pour les patients nécessitant une hos-pitalisation.

La rencontre du syndicat des travailleursde la santé du Centre hospitalier orthopé-dique de la Havane nous a démontré unefois de plus la capacité qu’ont les Cubains

À Cuba,␣ la santé est un droit

CUBA, CETTE ÎLE DU SUD, OÙ CHRISTOPHE COLOMB ÉCRIVAIT EN 1492 : « JEN’AI JAMAIS VU DE PLUS BEAU PAYS, DES FEUILLES DE PALMIER SI GRANDESQU’ELLES SERVENT DE TOIT AUX MAISONS, SUR LA PLAGE, DES MILLIERS DECOQUILLAGES, UNE EAU SI LIMPIDE ET TOUJOURS LA MÊME SYMPHONIEÉTOURDISSANTE DES CHANTS D’OISEAUX. »

Rapport de stage • Cuba 2004 11○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○

à trouver des solutions à leur problèmed’approvisionnement en fournitures mé-dicales de toutes sortes. Le Centre dispo-sait de 100 lits avant la révolution et enpossède 700 aujourd’hui. Il offre des ser-vices ultra spécialisés en réhabilitation etmédecine sportive et chirurgie esthétique.À ce complexe hospitalier s’ajoutent deuxhôtels ayant une capacité de 226 cham-bres pouvant accueillir 300 personnes ettrois entreprises où on produit de l’oxy-gène médical, du matériel et des instru-ments chirurgicaux et orthopédiques. Deréputation internationale, le Centre ortho-pédique Frank Païs est aussi le siège del’École ibéro-américaine d’orthopédie et detraumatologie. Leur centre d’audio visuelpermet la production de vidéos scientifi-ques. C’est d’ailleurs à Cuba que se tien-dra pour la première fois, en septembre2004, le Congrès de la Société internatio-nale d’orthopédie et de traumatologie. Parla recherche, le centre est à l’avant-gardede la connaissance.

Des étrangers viennent régulièrement pourconsulter, se faire traiter et se faire opérerque ce soit pour un problème orthopédi-que ou même pour une chirurgie esthéti-que. Ils peuvent ainsi séjourner à l’hôtelen période pré et post-opératoire, avec unou plusieurs membres de leur famille.Comme cette clientèle doit payer pour cesservices, l’argents ainsi recueilli est réinvestidans l’achat d’équipement super spécialisé.Ainsi la 2e vitesse de leur système de santéest créée, pour les étrangers…

Le Dr Garcia, représentant du syndicatlocal, nous a dit fièrement : « Après 45 ansd’embargo, on a développé un mode desurvie qui a permis malgré tout de main-tenir des équipes et des équipements dehaut niveau. »

Il est clair que la situation de ce centre n’estpas ce que l’on retrouve en général dans lepays. La rencontre avec Dr RaymundoNavarro Fernandez, secrétaire général duSyndicat national des travailleurs de la

santé (360 000 membres dont 84 000 in-firmières), nous l’a confirmé.

« Le blocus étasunien met une pressionénorme sur tous les travailleurs de la santé,il manque de tout. Des médicaments debase pour la population aux souliers pourles infirmières, tout est difficile à se pro-curer ». Le syndicat établit des contacts desolidarité, afin de dénoncer les effets inac-

ceptables de ce blocus. Il croit en ces liensqui feront qu’un jour l’embargo sera levé.

Michèle Boisclair,Fédération des infirmières et infirmiers

du Québec (FIIQ)

Jacques Boisclair,Syndicat des employés du Centre jeunesse

Laval ( SECJL)(CSN)

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Rapport de stage • Cuba 2004○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○

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Le système d’éducation à Cuba n’apas toujours été ainsi. Avant la ré-volution de 1959, il était, comme

dans de nombreux pays d’Amérique latine,discriminatoire, c’est-à-dire élitiste, racisteet sexiste. De fait, seuls les enfants de laclasse riche avaient accès à l’éducation etl’avenir d’un jeune d’origine africaine serésumait à peu de chose. Depuis la révo-lution, le peuple cubain a décidé d’en faireune priorité. L’analphabétisme a été, àtoute fin pratique, éliminé et ce, mêmedans les régions éloignées des grands cen-tres urbains. Malgré les difficultés écono-miques rencontrées, le gouvernement et lepeuple ont décidé de maintenir la prioritéde l’éducation. Le mot d’ordre demeuresolidarité afin d’éviter la fermeture des éco-les et ainsi sauvegarder cette richesse col-lective.

Les organisations communautaires

L’éducation à Cuba est aujourd’hui omni-présente que ce soit en région ou en ville,dans les écoles ou dans les organisationscommunautaires. Lors de notre stage àCuba, nous avons eu l’occasion de visiterplusieurs organisations où l’éducation estau cœur des activités.

Le centre communautaire Projectocommunitario Pogolitté, situé dans le quar-tier ouvrier CUMA, a comme objectif pre-mier de développer une culture participa-tive et non dépendante où chaque indi-vidu devient l’instrument du changement.Plusieurs ateliers sur différents thèmes ontété mis sur pied, dont l’assainissement duquartier, le développement socioculturel,le développement de la municipalité, l’édu-cation environne-mentale, la prévention etl’assistance sociale, la création d’espacesverts, etc. Les citoyens ont accès à l’éduca-tion populaire par l’entremise du centrecommunautaire financé en partie par lecentre Martin Luther King. On organiseplusieurs projets, ateliers, activités et con-férences sur différents sujets et on appuieplusieurs groupes dont le Mouvement sansterre au Brésil et le mouvement contre laZLEA.

École latino-américaine de médecine

L’École latino-américaine de médecine(ELAM) forme actuellement 7 000 étu-diants provenant de 24 pays pauvres,même des États-Unis ! La formation et lesmanuels sont gratuits et les étudiants re-çoivent de l’argent de poche. Les critères

AVEC UN TAUX D’ALPHABÉTISME DE 96 %, CUBA DEMEURE SANS CONTREDIT LA TERRE D’ÉDUCATION DES AMÉRIQUESSI NOUS TENONS COMPTE DU TAUX D’ALPHABÉTISME DANS LA PLUPART DES PAYS D’AMÉRIQUE LATINE QUI EST DE 30À 40 %. LA GRATUITÉ DES SERVICES DANS LE DOMAINE DE L’ÉDUCATION, DE L’ÉCOLE PRIMAIRE À L’UNIVERSITÉ, ET LEPROGRAMME SALAIRE/ÉTUDES, MIS SUR PIEDS PAR LE GOUVERNEMENT, INCITENT LES JEUNES À POURSUIVRE LEURFORMATION. CELA A POUR EFFET DE MAINTENIR UN NIVEAU DE SCOLARITÉ ASSEZ ÉLEVÉ DE 11 ANS. L’ÉCOLE ESTOBLIGATOIRE JUSQU’À 16 ANS ET SI LES ENFANTS NE FRÉQUENTENT PAS L’ÉTABLISSEMENT SCOLAIRE, LES PARENTSDOIVENT PAYER UNE AMENDE.

Cuba,␣ terre d’éducation

de sélection sont les suivants : les jeunesdoivent avoir entre 18 et 25 ans, être sansressource financière, provenir des régionsles plus affectées par la misère, ne pas avoirde problème de drogue ou d’alcool et êtreen bonne condition physique. Suite à laformation, les jeunes doivent retournerdans leur pays pour pratiquer la médecine.

En somme, l’éducation à Cuba est centréesur le jeune non pas sur les impératifs dumarché du travail; les jeunes peuvent choi-sir une profession en fonction de leurs in-térêts et ainsi avoir un travail qui leur per-mettra de se réaliser pleinement. Cette fa-çon de faire est porteuse d’une grande ri-chesse collective car elle amène les jeuneshommes et femmes à être autonomes, res-ponsables et engagés. C’est un modèle àsuivre car il ne fait pas de l’éducation unemarchandise et surtout pas un privilègemais bien un droit pour les citoyennes etcitoyens sans distinction de sexe ou de cou-leur.

Caroline Dubé,membre individuelle

L’ÉDUCATION PHYSIQUE,UNE ACTIVITÉ IMPORTANTE

À L’ÉCOLE

Rapport de stage • Cuba 2004 13○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○

Trente ans plus tard, me voilà assis à côtéde Mme Georgina Chabau Montalvo,directrice du Département des rela-

tions internationales, section desAmériques, du Comité central du Particommuniste cubain (PCC). Grandefemme au visage intelligent, dont le dis-cours est clair et des plus articulés, elle s’oc-cupe principalement des États-Unis et dePorto Rico. Dans une salle de conférenceimmense, elle nous informe que son dé-partement est néanmoins petit et ne re-groupe que quatre personnes. Il faut direque n’entre pas qui veut au Parti commu-niste cubain (PCC). Pas seulement physi-quement… (précisons que Fidel Castroétait supposément dans la bâtisse du PCClors de notre visite et qu’il fallait montrerpatte blanche…bien que certains aient dûaller les cacher. Interdiction de porter desshorts dans ce bâtiment !)

En effet, pour être membre du PCC, lecitoyen cubain doit jouir d’une réputationexemplaire et avoir démontré à ses voisinset à ses collègues travailleurs qu’il mérited’en faire partie. Les membres du PCCsont donc choisis de façon parcimonieuseet se doivent d’être des modèles pour lapopulation. Sur 11,2 millions d’habitants,seulement 860 000 sont membres duPCC. Lorsqu’ils sélectionnent des candi-dats, les dirigeants du PCC s’assurent del’intégrité et de la valeur des futurs mem-bres du Parti.

Ces personnes sont surtout recrutées dansles Comités de défense de la révolution

(CDR) qui se retrouvent partout à Cuba.Plus de 6,5 millions de Cubains en fontpartie. Ces comités sont l’âme du PCC etpermettent à celui-ci d’être à la fine pointede toute activité révolutionnaire ou con-tre-révolutionnaire. Le Parti tient un con-grès aux cinq ans. C’est le congrès quidécide des statuts, des programmes, de lastratégie et qui élit les vingt-quatre mem-bres du Bureau politique.

C’est au Bureau politique du PCC que lesgrandes orientations du gouvernementcubain sont élaborées pour être soumisesà la consultation. Ces dirigeants sont enlien direct avec le Président et le Conseildes ministres mais également avec les con-seils provinciaux et municipaux. Ainsi, lorsde la « période spéciale », l’ensemble desmesures prises à la suite de la perte de plusde 35 % du PIB ont fait l’objet d’immen-ses consultations populaires pour vérifierl’adhésion aux principes mis de l’avant parle Parti. Ce furent des choix déchirantspour tous les Cubains. Encore aujourd’huipeut-on ressentir les effets de ces décisions.

À la question « dans un contexte deglobalisation, qu’est-ce qui permet à Cubad’espérer la survie du socialisme cubainalors que les autres pays socialistes ontéchoué ? » Mme Georgina ChabauMontalvo nous a longuement expliqué lesefforts collectifs mis de l’avant pour assu-rer la survie du peuple cubain et le main-tien de sa révolution et de son indépen-dance. Des mesures draconiennes ont étémises en place. Mais également des mesu-

« Ni pain sans liberté, ni liberté sans pain »Fidel Castro, avril 1959

Visite« au bunker »du PCC

J’AVAIS 16 ANS QUAND L’IDÉEGAUCHISTE NOUS VINT, MON AMICHRISTIAN ET MOI, DE DEMAN-DER UN VISA ET UN PERMIS DETRAVAIL POUR ALLER «RÉVOLU-TIONNER» À CUBA. LE CONSU-LAT CUBAIN N’A JAMAIS RÉPONDUÀ NOTRE LETTRE…

res sociales comme celle qui assure gratui-tement du lait aux enfants jusqu’à l’âge desept ans. C’est là que notre interprète, elle-même mère d’une fillette de huit ans, semit à pleurer car, comme toutes les Cu-baines, elle a vécu ces épreuves. Nous avonscompris, à ce moment-là, tous les effortsdéployés par l’ensemble des Cubaines etdes Cubains pour réussir à passer au tra-vers de cette crise sans précédent. C’estcette solidarité et cette unité qui font croireà Mme Montalvo et à ses camarades que lesocialisme cubain survivra, alors que lesautres pays communistes ont lamentable-ment échoué. Les leaders cubains sont con-nus du peuple et le peuple a son mot àdire sur les orientations du gouvernement,ce qui n’était pas le cas des autres pays com-munistes, aux dires de Mme Montalvo.

À leur avantage, nous devons dire que tousles dirigeants cubains nous ont toujoursindiqué qu’ils n’étaient pas parfaits, que lesystème était loin d’être idyllique et qu’ilssont très conscients des lacunes du systèmeactuel. La critique et l’autocritique fontpartie des instruments utilisés pour éva-luer leur régime.

Il ne nous reste qu’à souhaiter que les Cu-bains puissent encore manger à leur faimcar sans pain, pas de liberté…

Paul Castonguay,Syndicat des conseillères et conseillers

de la CSQ

Rapport de stage • Cuba 2004○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○

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Les différentes influencesde la solidarité à travers les temps

L’influence de José Marti

José Marti a toujours été considéré commeun héros, mais c’est en 1959 que Cuba luia redonné les honneurs qu’il méritait enfaisant comprendre aux enfants et aux tra-vailleurs combien il était proche d’eux, rap-pelant à la mémoire des Cubains son côtéhumain et sensible. Il a consacré toutes sesforces à unir les différentes classes socialesqui avaient pour objectif la libération na-tionale. Il était avant-gardiste au plan desidées et ses discours vibrants et unificateursdevaient servir de ralliement non seule-ment aux révolutionnaires de son époque,mais aussi aux générations futures.

L’influence du Che

La présence et l’exemple du Che sont pal-pables partout à Cuba, tant dans les éta-blissements de santé, où il est souvent re-présenté, que dans les écoles, où il est unesource d’inspiration pour les élèves qui rê-vent de suivre son exemple de bonté etd’audace, de volonté ferme et d’idéaux àpoursuivre. Quand un enfant dit qu’il veutêtre comme lui, cela a un sens. D’ailleursle Mémorial Ernesto Che Guevara, situé àSanta Clara, où le Che repose à jamais,témoigne de l’importance et de l’influencequ’il a eues et a toujours dans le cœur deshommes et des femmes de Cuba. Et quedire de Fidel, qui ne manque pas d’élogesà l’égard du Che, rappelant qu’il est indis-pensable que des hommes et des femmesvoient en lui un modèle à imiter.

Solidaires pendant la période spéciale

Depuis la « période spéciale », la vie à Cuba

est simple et chacun a conscience de lapauvreté dans laquelle il vit. Cependant,le droit à l’alimentation de base, le libreaccès à l’éducation et au système de santéfont en sorte qu’une certaine égalité existepour tous. Malgré un embargo qui duredepuis près de 45 ans, c’est ensemble queles Cubains inventent des façons de faireleur permettant de résoudre les difficultésauxquelles ils font face. Ils partagent dansla joie comme dans les situations diffici-les. Il faut voir le sourire des jeunes et desaînés pour découvrir combien ils sont sen-sibles aux attentions qui leurs sont réser-vées.

Le soutien moral prime sur l’aide maté-rielle. Bien que comme nous, les Cubainssoient confrontés à la mondialisation, l’êtrehumain demeure le centre d’intérêt de cepeuple. Or, malgré des conditions diffici-les engendrées par le blocus étasunien etla perte du soutien de la part du camp so-cialiste lors de son effondrement, Cubarésiste et poursuit l’édification du socia-lisme pour que personne ne se retrouvesans protection sociale.

Comme le système socialiste ne peut ré-soudre tous les problèmes, les Cubainsdoivent développer des conditions de vieet de travail leur permettant de continuerde vivre dans une unité à toute épreuve.Aussi, comme près de 9 % des personnesâgées vivent seules, divers organismes ontmis en place des services d’aide spéciale-ment pour elles : lavage des vêtements,nettoyage des logements, préparation desrepas en coordination avec des restaurantsd’entreprise et autres. Ce programme d’as-sistance aux aînés concrétise la solidaritécubaine.

Comme autre exemple de solidarité, men-

tionnons le travail volontaire du diman-che illustré par les brigades de construc-tion, les corvées de nettoyage d’un quar-tier ou d’une rue, etc.

Cette solidarité se traduit par une aide so-ciale qui est un droit pour le peuple. Leslois sont d’ailleurs faites de façon à proté-ger l’être humain. Les bénéficiaires de cetteaide sont des citoyens ou des famillesn’ayant pas suffisamment de revenus, en-tre autres :

• Les personnes âgées qui ont besoind’aides spéciales;

• Les mères qui ont besoin de prendreun congé sans solde ou qui ont besoinde plus pour faire face aux besoins deleurs enfants;

• Les proches qui étaient à la charge d’untravailleur ou d’un retraité décédé et quine figurent pas sur les listes des ayantsdroit dans les cas de décès établis par laloi;

• Les travailleurs en congé de maladie ouen accident du travail qui doivent sui-vre des traitements très longs;

• Les personnes qui ont un besoin ur-gent d’aide sociale.

Ces prestations peuvent être fournies enservices, en biens ou en espèces. Cela peutse traduire par l’accueil d’une personnedans un foyer approprié à sa situation. Celapeut aussi être la prise en charge dans desfoyers de transit des proches de personnesdevant aller en consultation médicale ous’astreindre à des hospitalisations prolon-gées en dehors de leur lieu de résidence.

La solidarité cubaine, plus qu’une légende␣ !

À CUBA, LA SOLIDARITÉ EST NATURELLE. IL FAUT VOIR AVEC LES YEUX DES CUBAINS ET DANS LE RESPECTDES CULTURES, COMMENT LES ORGANISATIONS DE TOUTES SORTES ET LE PEUPLE CUBAIN VIVENT CETTESOLIDARITÉ. QUE CE SOIT AU TRAVAIL, PAR LE TRUCHEMENT DU SYNDICAT ET DES COLLÈGUES DE TRAVAILOU DANS LA VIE DE TOUS LES JOURS, PAR LES AGISSEMENTS D’UN VOISIN OU D’UN PARENT, LES CUBAINSONT UN SENS DE L’APPARTENANCE TELLEMENT FORT QUE, DE LA NAISSANCE À LA MORT, PERSONNE N’ESTLAISSÉ À LUI-MÊME. PRÉSERVER À TOUT PRIX DES ACQUIS COMME LA SANTÉ, LES SERVICES SOCIAUX ETL’ÉDUCATION FAIT PARTIE DE LEURS PRÉOCCUPATIONS ET GÉNÈRE L’ENTRAIDE. UNE DEVISE SOLIDAIREGUIDE LES CUBAINS : « SI TU SAIS, ENSEIGNE; SI TU NE SAIS PAS, APPRENDS. »1

Rapport de stage • Cuba 2004 15○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○

Dans le cas où une aide en espèce seraitconstante et non temporaire, elle est con-çue pour couvrir les dépenses d’alimenta-tion et autres dépenses fixes, comme l’élec-tricité et le gaz.

Par ailleurs, tous n’ont pas de véhiculeautomobile et parfois les déplacementssont difficiles. Malgré la formule de trans-port en commun, appelée « le chameau »par les habitants de l’île, il n’est pas rare devoir des personnes offrir à des mères et leursenfants, une place à bord de leur véhiculeafin de leur éviter une longue attente oul’entassement du service public. Que l’onappelle cela de l’entraide ou de la solida-rité, le résultat est bénéfique et se traduitpar un sourire.

La solidarité des peuples dumonde envers Cuba

Malgré les pressions très fortes des États-Unis sur Cuba, seule la solidarité des insu-laires leur permet de tenir tête à cette puis-sance économique et de surmonter les ef-fets du blocus. Parmi les choix qui s’of-frent à Cuba, soit renoncer à leur pays, soitmaintenir leur projet en faisant des sacri-fices énormes, le peuple fait confiance ausystème socialiste actuel et continue de sebattre.

Des peuples ont démontré leur solidaritéavec Cuba en créant des associations d’ap-pui à ce pays, lesquelles, entre autres, dé-noncent les politiques hostiles de Washing-ton à l’égard de Cuba. Aussi, des rencon-tres internationales (conférence, festival) sesont organisées à Cuba et des délégués dedifférents pays y ont participé. Voilà quel-ques façons d’exprimer sa solidarité avecCuba, son appui à la révolution cubainequi, du reste, se manifestent de bien desmanières, non seulement à Cuba, maisaussi dans divers coins du monde.

Lucie Grandmont,Syndicat de la fonction publique du Québec

(SFPQ)

Christian Martel,Syndicat des travailleurs et travailleuses

des postes (STTP)( FTQ)

1 Carmen R. Alfonso Hernandez. 100 questionsréponses sur Cuba, Cuba, 2002, p. 108.

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GRAND-MÈRE ET PETIT-FILS DANSENT LA RUMBA

Solidarité est une publication du Centre international de solidarité ouvrière565 Crémazie Est, bureau 3500, Montréal QC H2M 2V6Tél. : (514) 383-2266 • Téléc. : (514) 383-1143 • Courriel : [email protected] • Site web : www.ciso.qc.caCoordination : Micheline Jalbert • Révision des textes : Micheline Jalbert, Chantale Chartier • Photos : les stagiaires •Infographisme : Louise Gravel • Impression : Maurice Séguin

DÉPÔT LÉGAL : BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC • CE STAGE A ÉTÉ RENDU POSSIBLE GRÂCE À UNE CONTRIBUTION FINANCIÈRE DE

L’AGENCE CANADIENNE DE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL (ACDI)

Nos solidarités• INFORMER LES MEMBRES DES ORGANISATIONS SYNDICALES DE LA SITUATION À CUBA AFIN D’ARRIVER À UNE

MEILLEURE COMPRÉHENSION DE LA RÉALITÉ CUBAINE.

• ÉCRIRE DES ARTICLES DANS DIFFÉRENTS MÉDIAS : JOURNAUX SYNDICAUX, PUBLICATIONS POPULAIRES ET COM-MUNAUTAIRES.

• PRÉSENTER LE RAPPORT DE STAGE DANS DIFFÉRENTES INSTANCES SYNDICALES, ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU CISO,RADIOS COMMUNAUTAIRES, RENCONTRES DE RETRAITÉS, ETC.

• CONTINUER À ÉCHANGER AVEC LA CENTRALE DES TRAVAILLEURS CUBAINS (CTC).

• PROMOUVOIR À L’INTÉRIEUR DE NOS ORGANISATIONS DES ACTIONS DE COOPÉRATION AVEC DIFFÉRENTS SYNDI-CATS DE LA CTC.

DE GAUCHE À DROITE

1ÈRE RANGÉE :CAROLINE DUBÉ,

MEMBRE INDIVIDUELLE,MICHELINE JALBERT, CISO

JOANNE NORCHET, CSQ,MICHELLE BOISCLAIR, FIIQ ;

2E RANGÉE :MANUEL MONTERO BISTILLEIRO,CTC, HUGUES ST-PIERRE, FEC-

CSQ, CHRISTIAN MARTEL, STTP-FTQ, LUCIE GRANDMONT, SFPQ,

LYNE BERGERON, SFPQ,CHANTALE CHARTIER,

MEMBRE INDIVIDUELLE ;3E RANGÉE :

JACQUES BOISCLAIR, SECJL-CSN,JEAN LAPOINTE, MÉTALLO-FTQ,

PAUL CASTONGUAY, SCC,MICHELINE JOURDAIN, CISO,

DANIEL DESGAGNÉ, SFPQ