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Comme… Apollinaire Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, dit Guillaume (1880-1918) Officier dans l’artillerie puis dans l’infanterie. Blessé en 1917 à la tempe, meurt de la grippe espagnole en 1918

Comme… Apollinaire - CNDP · 2016. 11. 18. · Apollinaire Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, dit Guillaume (1880-1918) Officier dans l’artillerie puis dans l’infanterie

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  • Comme… Apollinaire Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, dit Guillaume (1880-1918) Officier dans l’artillerie puis dans l’infanterie. Blessé en 1917 à la tempe, meurt de la grippe espagnole en 1918

  • Comme… Barrès Maurice Barrès, député de Nancy puis député de Paris, Président de la Ligue des Patriotes en 1914. L’auteur de la Colline inspirée est considéré comme le chef de fil de la littérature nationaliste.

    Il est mort sur le coup, frappé d’une balle. Nul moyen d’en douter. Nous sommes avertis, ainsi que la famille par une lettre d’un témoin, M. Raphaël, fils du professeur au lycée Blaise-Pascal, qui était là, qui a vu son camarade jeté à terre, à un mètre de lui, en pleine bataille.

    «Charles Péguy mort au champ d’honneur», 1914

    C. Péguy

    M. Barrès

    Colline de Sion-Vaudémont (54), la «Colline inspirée»

  • Comme… Cendrars

    «On voit des grappes de cadavres, ignobles comme les paquets de chiffonniers ; des trous d’obus, remplis jusqu’au bord comme des poubelles ; des terrines pleines de choses sans nom, du jus, de la viande, des vêtements et de la fiente. Puis, dans les coins, derrière les buissons, dans un chemin creux, il y a les morts ridicules, figés comme des momies, qui font leur petit Pompéi.»

    J’ai tué, 1918

    Cendrars, Frédéric Louis Sauser, dit Blaise (1877-1961) Caporal en Artois dès 1914, il est blessé en 1915 en Champagne et sera amputé du bras droit.

  • Comme… Dorgelès Dorgelès, Roland Lécavelé, dit Roland (1885-1973) Soldat d’infanterie en 1914, puis caporal mitrailleur. Blessé à Arras en 1915, il devient inspecteur dans l’aviation jusqu’en juin 1917 .

    Un soldat fusillé «L’homme s’est effondré en tas, retenu au poteau par ses points liés. Le mouchoir, en bandeau, lui fait comme une couronne. Livide, l’aumônier dit une prière, les yeux fermés pour ne plus voir. […] Oh ! Etre obligé de voir ça et garder pour toujours dans sa mémoire son cri de bête, son cri atroce où l’on sentait la peur. […] Il a fallu défiler devant son cadavre, après. La musique s’est mise à jouer Mourir pour la Patrie, et les compagnies déboitaient l’une après l’autre, le pas mou. Vieublé, qui pleurait, est tombé, pris d’une crise de nerfs.»

    Les croix de bois, 1919

  • Comme… Ecrire dans les tranchées

    Dès le début du conflit, la littérature va décrire cette guerre que tout le monde pressent comme terrible. Ecrire, pour le soldat, devient une activité primordiale. Les troupes ne comptent que 5% d’illettrés. Si les grands écrivains témoignent, les anonymes ajoutent aussi leur contribution, comme Louis Barthas et ses carnets de guerre devenus célèbres.

    Plus modestement, l’arrivée du courrier sur le front est un moment fort. Des milliards de lettres vont être échangées avec la famille, les marraines de guerre, les amis, modeste mais réel réconfort pour le soldat.

  • Comme… Le Feu de Barbusse Henri Barbusse (1873-1935) S’engage volontairement en 1914. Il combat en première ligne jusqu’en 1916 avant d’être réformé pour maladie. Son roman, le Feu, obtient le prix Goncourt en 1916 .

    «Plus que les charges qui ressemblent à des revues, plus que les batailles visibles déployées comme des oriflammes, plus même que les corps à corps où l’on se démène en criant, cette guerre, c’est la fatigue épouvantable, surnaturelle, et l’eau jusqu’au ventre, et la boue et l’ordure et l’infâme saleté. C’est les faces moisies et les chairs en loques et les cadavres qui ne ressemblent même plus à des cadavres, surnageant sur la terre vorace. C’est cela, cette monotonie infinie de misères, interrompue par des drames aigus, c’est cela, et non pas la baïonnette qui étincelle comme de l’argent, ni le chant de coq du clairon au soleil !»

    Le Feu, Henri Barbusse, 1916

  • Comme… Genevoix

    - Un village du Front avant la tempête - Mercredi 26 août 1914 «Au petit jour nous traversons Bras. Devant les maisons paysannes des tas de fumier s’étalent, énormes, exhalant une buée légère. Des bandes de poules caquètent. Les gens dorment encore. Nous marchons, nous marchons. Chez presque tous les hommes, on sent la même curiosité anxieuse. Nous passons, file interminable. Les lourds souliers à clous sonnent sur la route. Les artilleurs ne nous entendent pas : ils dorment. Il faut taper sur la croupe des chevaux pour qu’ils se dérangent et nous laissent passer.»

    Ceux de 14 – Sous Verdun, 1916

    Maurice Genevoix (1890-1980) Soldat d’infanterie à Châlons-sur-Marne, puis dans la Woëvre près de Verdun. Réformé en 1915 après avoir été blessé de trois balles sur la colline des Eparges.

  • Comme… Hémingway

    «Quand on vous enlevait de votre lit pour vous transporter dans la salle de pansement, vous pouviez voir par la fenêtre. Vous aperceviez alors les tombes fraîchement creusées dans le jardin. Un soldat était assis à la porte de ce jardin. Il fabriquait des croix et y peignait les noms, le grade et le régiment des hommes qu’on enterrait. […] Il dit que nous étions tous fichus mais que ça n’avait pas d’importance tant qu’on ne s’en doutait pas. Nous étions tous fichus. Le gros point était de ne pas l’admettre. La victoire resterait au pays qui serait le dernier à s’apercevoir qu’il était fichu.»

    L’adieu aux armes (A Farewell to arms), 1929

    Ernest Hemingway (1899-1961) Réformé pour mauvaise vue, il s’engage avec les troupes américaines comme ambulancier de la Croix-Rouge sur le front italien. Blessé aux jambes par un éclat de mortier en 1918 .

  • Comme… Ivan Ivanovitch Kossiakov de Giono

    «Kossiakoff me mène sous la lampe. De sa blouse il sort un petit portefeuille usé. Une photo : un petit visage rond et ridé, une pomme d’hiver sous un bonnet de loutre, des yeux aigus, un peu rêveurs. Je demande : * « Papa » ? * « Da » Je reconnais à peine la voix de Kossiakof ; elle chevrote ; il devait avoir cette voix quand il était petit. Je déboutonne ma veste et je sors aussi mon portefeuille. Nous sommes peut-être un million ce soir : Allemands, Anglais, Russes et Français qui sortons le portefeuille aux photos.

    Jean Giono (1895-1970) Mobilisé comme fantassin dans l’infanterie. Il est hospitalisé après avoir été gazé en 1918 près de Dunkerque .

    Et combien d’autres semblables s’imbibent de pourriture sous la boue gorgée de graisse et de sang ? […] Ivan Ivanovitch Kossiakoff a été fusillé au camp de Chalon en juillet 1917.»

    Ivan Ivanovitch Kossiakoff. Nouvelle tirée de La solitude de la pitié,

    Jean Giono

  • Comme… Jünger

    «Il flottait au dessus des ruines, comme de toutes les zones dangereuses du secteur, une lourde odeur de cadavres, car le tir était si violent que personne ne se souciait des morts. On y avait littéralement la mort à ses trousses, et lorsque je perçus, tout en courant, cette exhalaison, j’en fus à peine surpris. Du reste ce fumet lourd et douceâtre n’était pas seulement nauséeux : il suscitait, mêlé aux âcres buées des explosifs, une exaltation presque visionnaire, telle que seule la présence de la mort toute proche peut produire.»

    Orages d'acier (In Stahlgewittern), 1920

    Ernst Jünger (1895-1998) Engagé volontaire, lieutenant de l’armée impériale allemande. Il combat sur le Front en Champagne et dans les Flandres. Il reçoit plusieurs blessures, dont un poumon percé par une balle près de Cambrai .

  • Comme… Kessel

    «Et dans la tendre mort le capitaine entra vivant encore. Lorsque sa dépouille fut ramenée à l’escadrille, il n’y eut pas de plaintes parmi les camarades, mais ils sentirent tous que le sourire dessiné par une main trop ferme sur ces lèvres qui furent si joyeuses emportait un lambeau très cher, très pur et très noble de leur jeunesse.»

    Joseph Kessel (1898-1979) Brancardier et infirmier volontaire, il devient pilote en 1917 dans l’armée de l’air française.

    L’Equipage, 1923 · 1935 : L'Équipage, film français d'Anatole Litvak, avec Annabella, Charles Vanel et Jean Murat

  • Comme… Lawrence Lawrence Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d’Arabie (1888-1935) Lieutenant britannique de réserve au Caire, il combattit l’Empire Ottoman en Arabie, Syrie et Jordanie et contribua à l’indépendance de l’Arabie Saoudite. Il finit la guerre au rang de colonel.

    «Tous les hommes rêvent, mais inégalement. Ceux qui rêvent la nuit dans les recoins poussiéreux de leur esprit s’éveillent au jour pour découvrir que ce n’était que vanité ; mais les rêveurs diurnes sont des hommes dangereux car ils peuvent jouer leur rêve les yeux ouverts, pour le rendre possible. C’est ce que j’ai fait.» Les sept piliers de la sagesse (Seven pilars of wisdom), 1926

  • Comme… Montherlant Henry de Montherlant (1895-1972)

    Réformé pour des raisons cardiaques, il sera recruté dans les renseignements. Il combat pourtant volontairement sur le Front en 1918 où il est blessé par un obus .

    «Les mères en deuil regardaient de près ces grands garçons pareil au leur, les questionnaient sur la vie de là-bas, silencieusement les comparaient à lui […] Il leur parut que la liste funèbre et puis celle de la croix des Croix de Guerre, à côté, n’en faisaient plus qu’une dans le même bonheur sans réserve. Dans une minute peut-être introuvable, elles pensèrent qu’il valait bien que leurs fils fussent morts pour qu’une telle heure eût existé.»

    La relève du matin, 1920

  • Comme… Nancy en 1914

    Entre 1870 et 1914, l’agglomération nancéienne passe de 50000 à 120000 habitants. L’arrivée massive des Alsaciens-Lorrains qui ont fui l’annexion avec leurs capitaux contribue à son explosion industrielle. Désormais ville frontière et seule grande ville française de l’Est, elle va même réussir le pari de «gagner un Sedan artistique» : l’Ecole de Nancy en est le fleuron culturel.

    En aout 1914, la mobilisation générale saisit Nancy comme un événement longtemps attendu et les réservistes du XXème Corps sont prêts. Tandis que la Belgique est envahie, la progression française est stoppée à Morhange, et bientôt le reflux du Front fait même craindre l’abandon de Nancy. La panique s’installe dès le 22 aout avec un début d’exode. Le Général de Castelnau, au prix du sacrifice de milliers d’hommes, défend les positions du Grand Couronné entre Seichamps et Champenoux. La victoire de la Marne, le 12 septembre, interrompt l’assaut allemand sur Nancy qui ne sera finalement jamais occupée durant tout le temps du conflit.

  • Comme… A l’Ouest rien de nouveau de Remarque

    Erich maria Remarque (1898-1970) Mobilisé en 1916, et envoyé sur le front de l’Ouest. Il est blessé à la jambe par une grenade à Diksmuid, en Flandre, en 1917. A l’Ouest rien de nouveau est publié en 1929, son adaptation cinématographique date de 1930 .

    «Pardonne moi, camarade : comment as-tu pu être mon ennemi ? Si nous jetions ces armes et cet uniforme, tu pourrais être mon frère.» […] Que ferons nos pères si, un jour, nous nous levons et nous présentons devant eux pour leur demander des comptes ?

    Qu’attendront-ils de nous lorsque viendra l’époque où la guerre sera finie ? Pendant des années, nous n’avons étés occupés qu’à tuer ; cela a été notre première profession dans l’existence. Notre science de la vie se réduit à la mort. Qu’arrivera-t-il donc après cela ? Et que deviendrons-nous ?»

    A l’Ouest rien de nouveau (Im Westen nichts neues), 1929

  • Comme… Pergaud

    «Dire que quand nous serons grands, nous serons peut-être aussi bêtes qu’eux !» […] Lebrac n’hésita pas d’avantage. Il répliqua par un «A cul les Velrans !» aussi sonore que le cri de son rival et les épieux et les sabres de Longeverne pointèrent encore une fois en avant leurs estocs durcis. - Ah ! Prussiens ! ah ! salauds ! – triples cochons ! […] telles furent quelques-unes des expressions qui s’entrecroisèrent avant l’abordage»

    La guerre des boutons, roman de ma douzième année, 1913

    Louis Pergaud (1882-1915) Mobilisé comme sous-lieutenant d’infanterie en Lorraine en 1914. Il est tué à Marchéville-en-Woëvre en avril 1915. «La Guerre des Boutons, roman de ma douzième année » est un roman prémonitoire : on y voit une génération innocente qui deviendra progressivement dure et cruelle à l’image de la jeunesse européenne sacrifiée par la guerre.

  • Comme… Queue de cochon Jacques Tardi (né en 1946) Auteur de bandes Dessinées .

    La première guerre mondiale est un événement omniprésent dans l'oeuvre de Tardi. Au début elle sert surtout de support contextuel alors que les ouvrages plus récents sur ce thème relèvent de la recherche historique notamment grâce à la collaboration avec l'historien Jean-Pierre Verney et à la force qui se dégage de ces albums.

    Ce sont les «queues de cochon», piquets tubulaires en fer qui servent à organiser le réseau des barbelés protégeant les tranchées. La «queue de cochon» est ainsi nommée car son extrémité inférieure est dotée d’un pas de vis en tire-bouchon, qui lui permet d’être fixée plus solidement et silencieusement dans le sol, puis qu’il n’y a pas besoin de marteau.

  • Comme… Rolland Romain Rolland (1866-1944)

    Au-dessus de la mêlée est un article pacifiste écrit par Romain Rolland le 15 septembre 1914 et publié en supplément du Journal de Genève du 22 septembre. C'est aussi sous ce titre qu’un volume réunira tous ses écrits contre la guerre en 1915. Romain Rolland obtient le prix Nobel de littérature en 1915, ce qui réjouit

    son grand ami Stefan Zweig, engagé comme lui dans le pacifisme et la dénonciation de la guerre.

    «Notre civilisation est-elle donc si solide que vous ne craigniez pas d’ébranler ses piliers ? Est-ce-que vous ne voyez pas que si une seule colonne est ruinée, tout s’écroule sur vous ? Etait-il impossible d’arriver, entre vous, sinon à vous aimer, du moins à supporter, chacun, les grandes vertus et les grands vices de l’autre ?» […] Ces guerres, je le sais, les chefs d’Etat qui en sont les auteurs criminels n’osent en accepter la responsabilité ; chacun s’efforce sournoisement d’en rejeter la charge sur l’adversaire. Et les peuples qui suivent, dociles, se résignent en disant qu’une puissance plus grande que les hommes a tout conduit.» […] Cette élite intellectuelle, ces Eglises, ces partis ouvriers, n’ont pas voulu la guerre…Soit !...Qu’ont-ils fait pour l’empêcher ? Que font-ils pour l’atténuer ? Ils attisent l’incendie. Chacun y apporte son fagot.»

    «Au-dessus de la mêlée», article du 15 septembre 1914, Journal de Genève

  • Comme… Seeger

    J'ai un rendez-vous avec la Mort Sur quelque barricade âprement disputée, Quand le printemps revient avec son ombre frémissante Et quand l'air est rempli des fleurs du pommier. J'ai un rendez-vous avec la Mort Quand le printemps ramène les beaux jours bleus. Il se peut qu'elle prenne ma main Et me conduise dans son pays ténébreux Et ferme mes yeux et éteigne mon souffle. Il se peut qu'elle passe encore sans m'atteindre. J'ai un rendez-vous avec la Mort Sur quelque pente d'une colline battue par les balles Quand le printemps reparaît cette année Et qu'apparaissent les premières fleurs des prairies. Dieu sait qu'il vaudrait mieux être au profond Des oreillers de soie et de duvet parfumé Où l'Amour palpite dans le plus délicieux sommeil, Pouls contre pouls et souffle contre souffle, Où les réveils apaisés sont doux. Mais j'ai un rendez-vous avec la Mort A minuit, dans quelque ville en flammes, Quand le printemps d'un pas léger revient vers le nord cette année Et je suis fidèle à ma parole: Je ne manquerai pas à ce rendez-vous-là.

    Poème J’ai un rendez-vous avec la mort

    Alan Seeger (1888-1916) Poète américain qui s’installe à Paris en 1912. Engagé volontaire en 1914, il combat à la bataille de la Marne puis en Champagne. Il est tué lors de la bataille de la Somme en 1916.

  • Comme… Thomas

    Adrienne Thomas, pseudonyme francophile de Hertha Strauch (1897-1980), est une romancière allemande qui a passé sa jeunesse à Metz.

    25 juillet 1914 Et voilà pourquoi ici, à Metz, les gens montrent un visage décomposé ; partout la peur, l’horreur, la consternation. Ils savent tous, dans notre ville, et dans le monde entier, qu’une guerre au XXe siècle est une monstruosité, que rien n’égale la honte d’envoyer des gens en bonne santé et pleins de vie se tuer les uns les autres 29 août 1914 Devant notre maison, doucement et lentement, on porte de nouveau, sur des brancards, la sanglante moisson de la journée. On n’ose pas respirer, car l’air semble avoir un goût de sang. 29 décembre 1914 Le jeune homme venait d’être condamné à mort. On force à mourir un être qui n’a rien fait d’autre que de n’avoir pas voulu mourir. On appelle ça déserter. Cela entraîne la peine de mort, et c’est une loi normale en usage chez tous les peuples civilisés.

    Catherine Soldat (Die Katrin wird Soldat), 1930

    Dans son roman autobiographique et pacifiste Die Katrin wird Soldat, elle décrit La guerre à Metz et son engagement comme infirmière.

  • Comme… Voyage au bout de la nuit de Céline

    […] «Ca se remarque bien comment que ça brûle un village, même à vingt kilomètres. C’était gai. Un petit hameau de rien du tout qu’on apercevait même pas pendant la journée, au fond d’une moche petite campagne, et bien on a pas idée la nuit, quand il brûle, de l’effet qu’il peut faire ! On dirait Notre-Dame ! Ça dure bien toute une nuit à brûler, un village, même un petit, à la fin on dirait une fleur énorme, puis rien qu’un bouton, puis plus rien.»

    Voyage au bout de la nuit, 1932

    Louis-Ferdinand Destouches, dit Louis- Ferdinand Céline (1894-1961) Sous officier en Flandre, il est réformé après avoir été blessé à l’épaule par balle à Poelkapelle. Il est décoré de la Croix de Guerre..

    «Quelques officiers promenaient leur famille, attentives aux saluts militaires et civils, l’épouse boudinée dans ses serviettes hygiéniques spéciales, les enfants, sorte pénible de gros asticots européens, se dissolvaient de leur côté par la chaleur, en diarrhée permanente.»

  • Comme… Zweig Stefan Zweig (1881-1942) D’abord employé dans les services de propagande en 1914, il est envoyé en Galicie sur le front polonais pour statuer sur la situation matérielle des troupes, où il constatera concrètement ce que la guerre entraîne de souffrance et de ruine. De retour en Autriche en 1916, il aura l’occasion de voir à Genève son ami Romain Rolland qui milite pour un pacifisme actif .

    «Les champs de bataille, c’est une impression indescriptible, cruelle et consolante à la fois, se reprennent à fleurir, ils mûrissent, et prospèrent, entre les fortins pris d’assaut ondoie l’abondance des blés dorés et doux. Un trou d’obus énorme, dont la pluie a fait une mare, sert maintenant d’abreuvoir. A Grodek, les coquelicots inondent comme du sang frais les Cheminements effondrés et les barbelés.» Die Welt von Gestern - Erinnerungen eines Europäers, 1942

    Le Monde d’hier, souvenirs d’un Européen