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Résumé des conférences et des communications
Organisateurs :
Thierry GUILBERT, CURAPP-ESS/UPJV
Pascaline LEFORT, CURAPP-ESS/UPJV
Renseignements : 03 22 82 71 48 / [email protected]
Colloque organisé par le Centre Universitaire de Recherche sur l’Action Publique et le
Politique – Epistémologie et Sciences Sociales (CURAPP-ESS/UMR 7319) avec le
soutien de l’Université de Picardie Jules Verne, de la Région Picardie et du CNRS
Colloque international et pluridisciplinaire :
Complémentarité des approches quantitatives et qualitatives
dans l’analyse des discours ?
Amiens, 10-11 mai 2012
Logis du Roy, square Jules Bocquet
80000 Amiens
Colloque : Complémentarité des approches quantitatives et qualitatives dans l’analyse des discours ? ____________________________________________________________________________________________________________________
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Sommaire
Pourquoi ce colloque ?
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Les conférences
Marie-Anne PAVEAU, Cenel / U. Paris 13 – Sorbonne Paris Cité_______________
Damon MAYAFFRE, Base, Corpus, Langage / U. de Nice-Sophia-Antipolis_______
Johannes ANGERMÜLLER, Ceditec / U. de Meinz – Allemagne________________
Jules DUCHASTEL, Centre ATO / UQAM – Canada________________________
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Les communications
Christelle ROUET-DELARUE, U. Bordeaux III Michel de Montaigne_____________
Georgiana BURBEA, U. de Transilvania, Brasov – Roumanie___________________
Hyeran LEE & Mélissa BARKAT-DEFRADAS, Praxiling / U. de Montpellier________
Frédéric TORTERAT, U. de Nice-Sophia-Antipolis__________________________
Alessandra DEL RÉ & Rosângela NOGARINI HILÁRIO, UNESP, São Paulo – Brésil_
Amir BIGLARI, U. de Limoges________________________________________
Marie-Françoise LACASSAGNE, Brigitte MINONDO-KAGHAD & Philippe CASTEL,
SPMS / U. de Bourgogne____________________________________________
Serge DE SOUZA, U. de Franche-Comté / U. Paris 3 - Sorbonne Nouvelle________
Magali GUARESI, Bases, Langage, Corpus / U. de Nice-Sophia-Antipolis_________
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Résumés des conférences et des communications __________________________________________________________________________________________________________________________
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Pourquoi ce colloque ?
Ce colloque a pour objectif de réfléchir de façon collective et interdisciplinaire à l’articulation des approches quantitatives et qualitatives dans l’étude des discours en partant de ce simple constat : si l’étude des discours n’a jamais été l’apanage de l’analyse du discours (AD), aujourd’hui les études quantitatives sur le discours, hors de l’AD, se multiplient, notamment grâce à la diffusion, et à la qualité, des outils informatiques. Si bien que l’on pourrait, sans provocation gratuite, se poser la question suivante : que reste-t-il de la spécificité de l’AD aujourd’hui ?
La coexistence des deux approches qualitatives et quantitatives n’est pas nouvelle en AD. Depuis les années 60, celles-ci se sont développées conjointement, l’une semblant être le prolongement « naturel » de l’autre. Ainsi au moment où se constituaient les « linguistiques de la parole » comme a pu les appeler un moment Pêcheux, c’est-à-dire les approches pragmatico-énonciatives sur le langage et son utilisation (à partir des travaux de Benveniste et de Culioli notamment), celui-ci développait un dispositif critique d’analyse automatique du discours (AAD) à partir de la psychologie sociale1 (Léon 2010). A la même époque, l’équipe de l’ENS de Saint-Cloud développait, autour de Tournier et Dubois, une analyse quantitative du vocabulaire politique en créant ses propres outils lexicométriques. Ensuite les outils se sont diversifiés en de nombreux travaux et logiciels quantitatifs (Muller, Tournier, Lafon, Lebart et Salem, Brunet) : lemmatiseurs, analyseurs syntaxiques, calculs statistiques, analyses des contextes et des spécificités, etc. (Cordial, Winbrill, Alceste, Hyperbase, Tropes, Lexico…)
Depuis quelques années, les logiciels qui permettent au chercheur d’être assisté par un ordinateur, que ce soit pour les décomptes d’occurrences ou pour les calculs statistiques, ont gagné en notoriété et se sont répandus hors du cadre des sciences du langage. Il est vrai que l’« analyse de textes assistée par ordinateur » présente un double intérêt, l’ordinateur est à la fois un outil probatoire et un outil heuristique, c’est-à-dire qu’il permet à la fois de fournir des preuves objectives et quantifiées et de proposer des pistes de réflexion au chercheur en lui faisant découvrir ce qu’il ne cherchait pas forcément (Mayaffre 2002). Cependant en débordant très largement du cadre de l’AD et du Traitement Automatique des Langues (TAL), l’utilisation de ces logiciels s’éloigne quelquefois également des présupposés épistémologiques de l’AD.
Ainsi, l’approche méthodologique consistant à compléter l’analyse quantitative par une analyse qualitative – voire à faire « fi du quantitatif » (Mazière et al. 2010) –, approche très répandue en analyse du discours, ne va pas forcément de soi pour les spécialistes en psychologie sociale, en sociologie, en sciences politiques ou encore en anthropologie qui analysent le langage dans le but d’y lire les pratiques des acteurs et les représentations des sujets. Parfois utilisé sans précautions méthodologiques – sans se soucier des présupposés épistémologiques des sciences du langage et de l’AD dans lequel il a pourtant été conçu –, le logiciel semble acquérir une sorte de vertu magique : il dirait de lui-même et par lui-même de quoi est fait le discours. On retrouve alors « l’éternel malentendu » entre AD et sciences sociales – « une conception transparente de la langue et du discours encore si prévalente dans les sciences humaines aujourd’hui » (Robin 1986, 128) – et, par certains aspects, les motifs de la critique des « analyses de contenu » de Pêcheux (1969), mais à nouveaux frais.
1 Critiques du modèle documentaire existant qu’un psychologue social comme R. Ghiglione a largement poursuivi par une méthode d’analyse propositionnelle.
Colloque : Complémentarité des approches quantitatives et qualitatives dans l’analyse des discours ? ____________________________________________________________________________________________________________________
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Ce qui est en jeu – il ne s’agit ni de généraliser abusivement un constat parcellaire, ni de stigmatiser une discipline particulière –, c’est le risque d’assister peu à peu à un recul épistémologique : des avancées depuis longtemps actées comme, par exemple, les réflexions sur la constitution des corpus (voir Mazière 2005), la remise en question de la bi-univocité du langage, la signification en contexte, la distinction langue/discours, voire la notion saussurienne de valeur du signe, semblent quelquefois proprement ignorées par certains travaux qui étudient le discours. Ainsi assiste-t-on parfois à une méconnaissance des « principes pour l’arbitrage des cas douteux »2 (Muller 1973, 9), voire à l’ignorance de l’existence de ces cas douteux.
On pourrait objecter qu’à l’inverse, les chercheurs en sciences sociales (sociologues, politistes et psychologues notamment) sont souvent très bien formés à la statistique et maîtrisent les précautions qui président aux calculs statistiques (hypothèse nulle, loi normale, etc.), formation que n’ont pas forcément tous les analystes et les linguistes. Cela semble cependant moins dramatique d’un point de vue épistémologique car les logiciels prennent en compte dans leur programmation et dans leurs processus d’utilisation ces présupposés méthodologiques (voir Hyperbase, par exemple). Si on peut se féliciter de cet intérêt grandissant pour les discours et de l’élargissement du cercle des utilisateurs des logiciels, on ne peut que s’inquiéter de certaines de ces utilisations qui peuvent apparaître comme des dérives, une réflexion interdisciplinaire sur l’articulation entre les approches quantitatives et qualitatives semble alors nécessaire.
Quelques éléments bibliographiques :
Brunet, É. (1978) Le Vocabulaire de Jean Giraudoux, structure et évolution. Statistique et informatique appliquées à l’étude des textes à partir des données du Trésor de la Langue Française. Genève : Slatkine.
Brunet, É. (2007) Le corpus comme une boule. In F. Rastier et M. Ballabriga (éds), Corpus en lettres et sciences sociales. Des documents numériques à l’interprétation. PUM : Toulouse.
Culioli, A. (1968) La formalisation en linguistique. Cahiers pour l’Analyse, pp. 106-117. Fiala, P. (1994) L’interprétation en lexicométrie. Une approche quantitative des données
lexicales. Langue française 103, pp. 113-122. Ghiglione, R., Matalon, B. et Bacri, N. (1985) Les Dires analysés : l’analyse propositionnelle du
discours. Presses universitaires de Vincennes. Guilhaumou, J. (2006) Discours et événement : l’histoire langagière des concepts, Besançon : Presses
universitaires de Franche-Comté. Guilhaumou, J. (1986) L’historien du discours et la lexicométrie. Histoire et Mesure 1(3-4),
pp. 27-46. Labbé, D. (1990) Le vocabulaire de François Mitterrand. Paris : Presses de Sciences Po. Lafon, P. (1984) Dépouillement et statistique en lexicométrie. Kliensieck. Lebart, L. et Salem, A. (1994) : Statistique textuelle. Paris : Dunod. Léon, J. (2010) ADD69 : archéologie d’une étrange machine. In Paveau M.-A. (éd), La
théorie du discours. Fragments d’histoire et de critique, Semen 29, pp. 89-109. Mazière, F. (2005) L’analyse du discours. Paris : PUF.
2 Par exemple : « grand » classé uniquement comme un adjectif évaluatif alors qu’il peut être axiologique. Quelle validité accorder à des études qui se basent sur ce genre de « faits linguistiques » ?
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Mazière, F. & Guilhaumou, J. (2010) Ainsi nous qui sommes dans le Mississipi. In Paveau M.-A. (éd), La théorie du discours. Fragments d’histoire et de critique, Semen 29, pp. 69-88.
Mayaffre, D. (2002) L’Herméneutique numérique, L’Astrolabe www.uottawa.ca/academic/ arts/astrolabe/articles/art0031.htm
Mayaffre, D. (2004) Paroles de Président, Jacques Chirac et le discours présidentiel sous la Ve République. Paris : Honoré Champion.
Mayaffre, D. (2005) Les corpus politiques : Objet, méthode et contenu. Introduction. Corpus 4.
Muller, C. (1973) Initiation aux méthodes de la statistique linguistique, Champion. Pêcheux, M. (1969) Analyse automatique du discours. Paris: Dunod. Pêcheux, M. (1975) Les vérités de la Palice : linguistique, sémantique, philosophie. Paris : Maspero. Robin, R. (1986) Postface. L'Analyse du Discours entre la linguistique et les sciences
humaines : l'éternel malentendu. Langages 81, 121-128 Salem, A. (1993) De travailleurs à salariés. Repères pour une étude de l'évolution du
vocabulaire syndical. Mots - Les langages du politiques 36, pp. 74-83. Tournier, M. (1975) Un vocabulaire ouvrier en 1848. Essai de lexicométrie. Saint-Cloud:
Publication de l’École Normale Supérieure.
Colloque : Complémentarité des approches quantitatives et qualitatives dans l’analyse des discours ? ____________________________________________________________________________________________________________________
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Les conférences
Marie-Anne Paveau
U. Paris 13 – Sorbonne Paris Cité
L’alternative quantitatif/qualitatif à l’épreuve des univers discursifs numériques
Cette communication porte sur les matières discursives du discours (j’entends « matières
discursives » dans un sens différents de « matérialités discursives » (Conein et al. 1981), ce
dont je m’expliquerai) et la manière dont les méthodes de l’AD, dans leurs dimensions
qualitatives, quantitatives ou mixtes, peuvent en rendre compte. Ce sont surtout des
questions que j’envisage de soulever, dans une perspective épistémologique et
philosophique. Ma perspective est la remise en question du dualisme (Clark & Chalmers
1998, Brassac dir. 2006, Achard-Bayle, Paveau 2012, ) au profit d’une conception intégrée
ou symétrique de l’analyse linguistique (Latour, 1993, Paveau 2009, 2012). Je me
concentrerai sur deux questions :
– Comment l’analyse du discours prend-elle en compte les matières du discours, au sens
de ses supports, ses dimensions environnementales, que l’on appelle généralement
« extralinguistique » ? L’analyse automatique du discours et la lexicométrie ont-elles été et
sont-elles capables de rendre compte de la dimension matérielle des discours ? Même
question pour les approches qualitatives.
– Comment l’analyse du discours aborde-t-elle les univers discursifs numériques ? Le
numérique peut en effet se manifester à travers la numérisation (des textes élaborés sur des
supports traditionnels sont transformés en données numériques) ou à travers la
« numérification », c’est-à-dire l’élaboration du discours en ligne qui est alors d’emblée une
donnée numérique dans le cadre de la littéracie numérique (Casilli 2011, Doueihi 2011).
Est-ce pour autant que l’approche quantitative est la plus adéquate pour analyser ce type
de discours ? Quels dispositifs faut-il mettre en place ? Les univers discursifs numériques
ne poussent-ils pas les linguistes à sortir de l’alternative binaire qualitatif/quantitatif pour
inventer de nouvelles manières de penser la linguistique ?
Références Achard-Bayle, G., Paveau, M.-A. (2012) « Réel, contexte, et cognition. Contribution à une histoire de la linguistique cognitive », HEL Histoire Épistémologie Langage (à par.) Brassac, C. (dir.) (2006). « Internalisme / Externalisme », Intellectica 43. Casilli A . (2010). Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité, Paris, Seuil. Clark, A. & Chalmers, D. (1998). « The Extended Mind », Analysis 58, 7-19. Doueihi M. (2011). Pour un humanisme numérique, Paris, Seuil. Latour B. (1997). Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique. Paris : La découverte.
Résumés des conférences et des communications __________________________________________________________________________________________________________________________
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Paveau, M.-A. (2009). « Mais où est donc le sens ? Pour une linguistique symétrique », Actes du colloque international Res per nomen, Reims, 30-31 mai 21-31. Paveau M.-A. (2012). « Activités langagières et technologie discursive », intervention au Colloque VALS-ASLA 2012, Lausanne 1-3 février. Mots clés : AAD, analyse du discours numérique, matérialité discursive, matière discursive, littéracie numérique, lexicométrie, numérification
Colloque : Complémentarité des approches quantitatives et qualitatives dans l’analyse des discours ? ____________________________________________________________________________________________________________________
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Damon Mayaffre Bases, Corpus, Langage / U. de Nice-Sophia-Antipolis
Quand le nombre fait sens
Cette contribution essayera d’abord de montrer l’artificialité de l’opposition entre
approche qualitative et approche quantitative.
D’un point de vue sémantique par exemple, l’analyse du discours assistée par ordinateur a
établi que le sens des mots – i.e. le sens en usage ou en discours et non la signification en
langue ou en dictionnaire – est en grande partie qualifiable par le calcul de ses co-occurrents
statistiques privilégiés.
Plus loin cette contribution essayera de montrer que c’est parfois le nombre lui-même qui
fait sens. C'est-à-dire que la signification à donner à un usage linguistique, difficile à établir
en soi, se révèle dans le nombre, dans la fréquence, dans l’effet de masse (ou au contraire
la rareté) que produit sa redondance (ou sa pénurie).
Nous illustrerons le propos en affrontant des questions linguistiques délicates : l’usage
performatif du présent de l’indicatif dans le discours politique, l’usage rhétorique du
pronom démonstratif neutre chez Nicolas Sarkozy, ou l’adverbe (sa définition, ses usages)
et les phénomènes d’adverbialisation dans les discours présidentiels contemporains.
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Johannes Angermüller CEDITEC / U. de Meinz - Allemagne
Analyse du discours et recherche qualitative. Points de rencontre pour étudier la production sociale du sens
Si l'analyse du discours telle qu'elle s'est développée en France met l'accent sur les formes
et marques du matériau linguistique, les courants qualitatifs de la recherche sociale
insistent sur la dimension pratique de l'activité discursive. Ainsi, dans la perspective
qualitative, il s'agirait de rendre compte des usages réels que les lecteurs font des textes. A
partir d'un exemple du discours académique, je propose une approche intégrative qui
permet d'analyser la façon dont des lecteurs coopèrent avec les textes.
Colloque : Complémentarité des approches quantitatives et qualitatives dans l’analyse des discours ? ____________________________________________________________________________________________________________________
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Jules Duchastel et Danielle Laberge Centre ATO / UQAM - Canada
Méthodes mixtes et le problème de l’interprétation en Analyse du discours
Nous partons de la prémisse que l’Analyse du discours est avant tout une pratique
transdisciplinaire d’analyse qui ne s’appuie sur aucune théorie unifiée, pas plus que sur le
partage d’un paradigme ontologico-épistémologique commun. Elle s’est constituée en
France en réaction aux méthodes d’analyse de contenu en insistant sur le substrat
linguistique et paralinguistique des événements discursifs. Elle s’est inscrite dans le monde
anglo-saxon dans le contexte du tournant linguistique et herméneutique des sciences
sociales et humaines. Nous verrons, dans un premier temps, les principaux contrastes
entre approches quantitative et qualitative et en montrerons les fondements ontologiques
et épistémologiques. Nous indiquerons comment s’est progressivement dessinée une
troisième voie, celle des méthodes mixtes. Nous interrogerons les fondements de nature
ontologique et épistémologique de cette approche, tout en indiquant les différentes
stratégies et justifications qui les caractérisent. Cela nous amènera à illustrer comment des
problèmes tels que ceux de la mesure ou de la causalité peuvent se manifester dans les
deux approches. Nous illustrerons en quoi les procédures d’analyses du discours
consistent en un processus de réduction et de réintroduction de la complexité par une
suite de transformation du discours prenant la forme d’un texte à chaque fois redéfini.
Cela nous conduira à examiner le problème de l’interprétation que nous concevons
comme une question transversale se posant à toutes les étapes du processus de recherche.
Résumés des conférences et des communications __________________________________________________________________________________________________________________________
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Les communications
Christelle Rouet-Delarue U. Bordeaux III Michel de Montaigne
« Analyse informatisée du discours » ou « analyse du discours informatisé »
Dans les années 1960, parallèlement à la remise en question du mot comme unité
sémantique transparente se développe rapidement sur le terreau de l’informatique en plein
essor un terrain nouveau et prometteur : celui balisé par les approches quantitatives,
autant du corpus et de sa constitution (quantité de données) que de son traitement
(quantité d'informations traitées, quantité de traitements).
Doucement, l'analyse du discours se change alors en analyse de corpus de plus en plus
grands, soutenue par des disciplines en quête de scientificité : le chiffre menace d’être roi.
Or, les chiffres eux-mêmes appellent une interprétation, sans laquelle ils n’auraient aucun
sens. Et ce d'autant plus que l'outil informatique dédié à la linguistique s'éloigne
maintenant du fonctionnement cognitif humain, et que l'évolution des logiciels conduit à
modifier le paysage des possibilités d'analyse. Ils calculent, sur ces grands corpus
numériques, des informations croisées complexes : dès lors, est-on en droit de dissocier
des questions quantitatives, celles, qualitatives, du traitement de ces nouvelles données ?
Qui plus est, comment oublier les débats portant sur la qualité des corpus, susceptibles
d'être enrichis ou non en informations linguistiques ?
Ainsi, si le quantitatif fournit des données spécieuses, il mobilise les aspects qualitatifs à
plusieurs niveaux : il en résulte que la finesse interprétative de lecture reste, encore une
fois, seule garante de la qualité de l'analyse. Si le qualitatif peut se passer du quantitatif,
l’inverse est impossible.
Une question se pose donc alors : s’agit-il, au cœur de l’articulation entre les deux
approches, d’une « analyse informatisée du discours » (accent sur le quantitatif), ou d’une
« analyse du discours informatisé » (le linguiste analyse qualitativement des données
numérisées) ?
Colloque : Complémentarité des approches quantitatives et qualitatives dans l’analyse des discours ? ____________________________________________________________________________________________________________________
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Georgiana Burbea U. de Transilvania, Brasov – Roumanie
Une analyse automatique du discours ?
Ce travail se propose de revenir sur le la spécificité de l’analyse du discours et plus
précisément sur la complémentarité des deux approches : qualitative et quantitative, tout
en se posant des questions sur l’utilité et l’efficacité du traitement automatique des langues
dans notre objet d’étude, qu’est l’analyse du discours. En prenant en compte l’étiquetage
morpho-syntaxique et sémantique d’un corpus, des annotations réalisées à l’aide des outils
informatiques une question surgit : on ne retourne pas de cette manière à la conception
linguistique classique proposée par la tradition saussurienne, dans laquelle l’attention
portait sur les structures de langue : phonologie, syntaxe, morphologie, sémantique
structurale ? Est-ce que ce travail automatique ne nous emmène pas à la linguistique
classique descriptive ? Comment fait-on alors pour rendre compte du rôle du locuteur, qui
agit par la langue ? Est-ce que le TAL peut rendre compte de l’articulation du langage et
du contexte ? Est-ce que ce traitement automatique est capable de rendre compte des
activités du locuteur ? Si le TAL peut dégager les régularités extrapolantes, comme les
modalisateurs, les déictiques, qu’est-ce qu’on peut faire du flou discursif, de l’implicite, le
non-dit ou le présupposé, comme partie intégrante d’un discours ? Ce ne sont que
quelques questions auxquelles on tentera de répondre au cours de ce travail.
Mots clés : analyse du discours, approche qualitative, approche quantitative, TAL.
Résumés des conférences et des communications __________________________________________________________________________________________________________________________
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Hyeran Lee & Mélissa Barkat-Defradas Praxiling / U. de Montpellier
Analyse quantitative et qualitative du discours oral des patients atteints de la maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer (MA) est la première cause de démence dégénérative, caractérisée
par l’affaiblissement progressif et irréversible des fonctions cognitives. La dégradation de
la capacité linguistique est un des symptômes prédominants de cette pathologie.
Cependant, malgré l’importance des troubles langagiers, il n’existe pas de batterie
linguistique spécifiquement dédiée à la MA. Si les tests linguistiques standardisés
permettent une identification rapide d’un trouble particulier, ils ne fournissent que des
informations très limitées.
Le discours oral, requérant divers phénomènes cognitifs et linguistiques, constitue un
objet d’étude privilégié pour caractériser la richesse et la singularité des sujets parlants.
Un ensemble d’outils informatiques variés, disponibles aujourd’hui permet de lever le
défit de la mise en pratique clinique de l’analyse du discours oral. En effet, ces outils
informatiques facilitent non seulement l’élaboration et la gestion de données mais
également l’exploitation rapide, la validation objective, l’identification des patterns
spécifiques et récurrents.
Ainsi, notre objectif est de caractériser le discours oral des patients atteints de la MA par
l’analyse quantitative et qualitative, assistée par des outils informatiques.
Pour cette étude, 80 sujets ont participés : 40 patients cliniquement diagnostiqués comme
atteints de la MA probable ; et 40 sujets contrôles appariés en âge, sexe, et niveau d’étude.
Le discours oral a été recueilli lors d’un entretien individuel semi-dirigé. Ce discours a été
enregistré, puis transcrits et annoté selon les différents objectifs de l’étude.
A l’aide du logiciel Praat (Boersma et al., 2005), nous avons mesuré et quantifié
l’organisation temporelle de la parole. L’analyse est ensuite affinée par la catégorisation
des différents types de dysfluences temporelles. Nous avons aussi calculé la diversité du
vocabulaire avec le logiciel CHILD (MacWhinney, 1995). Le logiciel Cordial analyseur
(Synapse développement) a permis d’examiner les classes grammaticales
préférentiellement employées ou déficitaires. Enfin, le logiciel Lexico 3 (Lebart et al., 1994)
a permis de faciliter l’exploration des unités linguistiques problématiques dans le cotexte
et d’analyser leur complexité et leur fréquence.
Les résultats montrent qu’il existe des divergences et des convergences entre les deux
groupes de sujets. Ces résultats permettent ainsi de dresser un tableau clinique linguistique
de la préservation et de l’altération de la capacité linguistique dans la MA.
Caractériser le discours des patients atteints de la MA peut enrichir et faire évoluer les
pratiques d’évaluation et d’intervention. Dans cette étude, nous ouvrirons des réflexions
sur la méthode de recherche quantitative et qualitative du discours oral afin de répondre
aux besoins d’analyse des complexités des phénomènes linguistiques dans la MA.
Références
Colloque : Complémentarité des approches quantitatives et qualitatives dans l’analyse des discours ? ____________________________________________________________________________________________________________________
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Boersma, P., Weenink, D. (2005). Praat: doing phonetics by computer (Version 4.3.01) [Computer program]. http://www.praat.org/ Lebart, L., Salem, A. (1994). Statistique textuelle. Paris : Dunod. MacWhinney, B. (1995). The CHILDES project (2nd ed.). Mahwah, NJ: Lawrence Erlbaum.
Résumés des conférences et des communications __________________________________________________________________________________________________________________________
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Frédéric Torterat U. de Nice-Sophia-Antipolis
L'Apport des "cas douteux" pour l'approche qualitative du corpus.
À travers l'analyse de la diversification discursive chez de jeunes enfants
Parmi les approches impliquant une combinaison des analyses quantitative et qualitative
des productions discursives, celle qui porte sur les verbalisations des jeunes enfants, en
contexte d'apprentissage, en est une illustration de premier plan.
D'une part, une analyse des productions verbales de (très) jeunes locuteurs, qu'elle soit
transversale ou longitudinale, se place généralement à la croisée de la linguistique de
corpus, de la linguistique d'acquisition et de la psychologie cognitive. D'autre part, elle
sollicite les données de la recherche dans des domaines d'étude variés, parmi lesquels
apparaissent la syntaxe, la phonologie et précisément ce qu'on appelle, en apprentissage
comme en pédagogie, les conduites interlocutives. Ces « conduites » sont apparues, au fil des
années, comme une autre formulation de ce que certains analystes du discours appellent des démarches
discursives, lesquelles présentent une opportunité descriptive importante en apprentissage comme en
acquisition.
Nous présentons ici deux traitements statistiques, élaborés à l'appui du logiciel Lexica 5,
d'un même corpus oral collecté auprès d'une population d'enfants de 30 à 48 mois
regroupés par effectifs de 5 à 7 sujets (Torterat 2010). Le principal objectif de l'analyse
ayant consisté à repérer les variables les plus révélatrices des premières formes de
diversification discursive, non seulement le premier traitement, strictement quantitatif,
s'est révélé insuffisant, mais encore le deuxième, à l'appui d'un « étiquetage » manuel, a mis à
jour une proportion de « cas douteux » de l'ordre de 4,6 % en moyenne des données. Or, l'existence même
de ces cas a permis à la fois de reformuler les variables elles-mêmes, et de revoir la distinction entre le
quantitatif et le qualitatif, lesquels sont devenus clairement complémentaires l'un de l'autre.
Colloque : Complémentarité des approches quantitatives et qualitatives dans l’analyse des discours ? ____________________________________________________________________________________________________________________
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Alessandra Del Ré & Rosângela Nogarini Hilário
UNESP, São Paulo – Brésil
Questions théoriques et méthodologiques à propos de l'analyse du discours chez les jeunes enfants :
des données qualitatives ou quantitatives ?
Depuis quelque temps, les sciences humaines qui doivent faire face à une exigence de
rigueur scientifique et à des comparaisons constantes avec les sciences exactes et
biologiques, connaissent des changements dans les modes de traitement des données (Del
Ré, à paraître).
Même si les travaux de nature plus expérimentale sont reconnus, les études qui
préconisent la singularité des données, ont toujours occupé une place privilégiée au sein
de l'étude du langage et du discours. Actuellement, les recherches qualitatives semblent
perdre ce statut face à la primauté des données quantitatives et statistiques (Günther
2006), comme le montrent certaines modifications dans le traitement des données,
etc. (Valsiner 2005, 2006).
Eu égard à l'importance et aux implications que pose une telle question pour les études de
linguistique, ce travail propose d’y réfléchir et rapporte les résultats de deux recherches
qui ont été menées auprès de 3 enfants (A.20-33 mois, M.18-33 mois, M.24-36 mois),
dans des situations naturalistes, en interaction avec leurs parents et dans une perspective
théorique discursive (BAKHTIN et VOLOSHINOV, 1981, 1997 ; BAKHTIN 2006) de
nature essentiellement qualitative. Les données ont été transcrites et analysées en utilisant
le programme CLAN (CHAT) (MacWhinney, 2000).
Les résultats montrent que l’utilisation de cet outil est parfaitement viable pour des
objectifs quantitatifs. L’enjeu est donc de trouver un équilibre entre ces deux approches,
afin d’exploiter au mieux leurs avantages. L'idéal serait de les associer et, en ce sens, les
recherches qualitatives ont comme atout de permettre d’effectuer des travaux de
quantification à leur niveau, et ce dans un but donné. Il s’agit de compter pour atteindre
un objectif spécifique en prenant en considération la base épistémologique qui a conduit à
la recherche (Sato et al, 2007, p. 91). En effectuant cette association, le chercheur
procèderait à des généralisations plus pertinentes, car il tiendrait compte aussi des
singularités.
Résumés des conférences et des communications __________________________________________________________________________________________________________________________
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Amir Biglari U. de Limoges
Rapports entre la macrostructure et la microstructure
Dans cette communication, nous essaierons d’expliciter avec un exemple concret les
rapports étroits entre la macrostructure (le texte dans son architecture générale, dans sa
globalité) et la microstructure (le texte dans ses détails). A partir de l’analyse de la
dimension énonciative des Contemplations de Victor Hugo – à l’aide des outils linguistiques
et sémiotiques –, nous envisageons de montrer que la macrostructure répond à la
microstructure, que, plus précisément, il existe des liens indéniables entre l’hétérogénéité
énonciative de la macrostructure et la plasticité énonciative de la microstructure dans cet
ouvrage. L’une sans l’autre serait impossible. Nous tenterons, à la fin, de faire une
hypothèse plus générale sur les rapports entre la macrostructure et la microstructure de
différents discours.
Colloque : Complémentarité des approches quantitatives et qualitatives dans l’analyse des discours ? ____________________________________________________________________________________________________________________
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Marie-Françoise Lacassagne, Brigitte Minondo-Kaghad & Philippe Castel Laboratoire SPMS-EA4180 / U. de Bourgogne
Contribution à l’automatisation de l’analyse du positionnement identitaire dans le discours : l’exemple
des discours rapportés dans les récits de match
A l’heure de l’accélération normative de la production du savoir, les logiciels d’analyse
langagiers jouent le rôle d’outils d’analyse efficaces. Cependant, les travaux qui les sous
tendent renvoient à des positionnements théoriques qui sont souvent négligés dans leur
utilisation. De plus, ils renvoient à un état de la recherche à un moment donné et doivent
sans cesse être remis en question. En ce qui concerne le premier point, l’Analyse
Propositionnelle du Discours (Ghiglione, 1985) inscrite dans le logiciel TROPE est issue
de la psychologie sociale. Elle permet d’extraire du matériau langagier des éléments de
compréhension du fonctionnement du sujet socialement inséré, c'est-à-dire du sujet en
interaction, réelle ou potentielle, directe ou relayée par un objet, avec un autre sujet. La
socio-cognition ayant mis au jour certains comportements prédictibles, leur inscription
dans l’usage du langage a été posée à travers la notion de programmes cognitivo-
discursifs. Utilisés dans un premier temps dans leur lien aux attitudes (Ghiglione, 1988 ;
Ghiglione & Bromberg, 1990 ; Salès-Wuillemin & Lacassagne, 2000), ces programmes
ont, dans certains travaux, été rattachés aux insertions sociales des sujets (Castel,
Lacassagne & Landré, 1995).
Progressivement, il est devenu clair que les insertions dans une situation de
communication (Brown & Fraser, 1972) jouaient sur les identités assumées par le sujet.
La scène sociale inscrit les acteurs dans des rôles sociaux sous tendus par des identités
(élèves/ professeur ; athlète/entraîneur…) qui s’expriment au travers des programmes-
cognitivo discursifs. Ces derniers deviennent alors des marqueurs identitaires. Cependant,
les identités prescrites par la scène peuvent évoluer au fil d’une interaction, notamment
lorsqu’ elles donnent au sujet une mauvaise image de lui-même (Castel & Lacassagne,
2011). Elles peuvent également varier au fil d’une même « intervention » (au sens de
Moeschler, 1996) par l’évocation de certains univers représentationnels. Il devient donc
cohérent pour analyser un discours, même produit dans un contrat de communication
non directif, de prendre en compte ces mouvements identitaires.
En restant fidèle à l’ambition fondatrice de l’AD qui cherche à étudier le sens des
productions à partir des effets sémantiques et syntaxiques, et visant, comme dans l’APD,
l’automatisation des dépouillements, nous avons tenté d’intégrer ces évolutions
théoriques dans l’analyse d’un corpus concernant les discours rapportés de joueurs
commentant un match dans le journal « l’Equipe ». En construisant un sous corpus ne
concernant que les propositions liées à l’analyse de l’activité, et parmi elles uniquement les
propositions évaluatives mettant en relations deux protagonistes humains, nous
retrouvons des structures de surface non ambigües dont il conviendra de discuter le sens
du point de vue des positionnements identitaires.
Résumés des conférences et des communications __________________________________________________________________________________________________________________________
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Références Brown, P., & Fraser, C. (1979). Speech as a marker of situation. In K. R. Scherer & H. Giles (Eds.), Social markers in speech (pp. 33-62). Cambridge, England: Cambridge University Press. Castel, P., & Lacassagne, M.-F. (2011). Contrat de communication et partitions sociales. In P. Castel, E. Salès-Wuillemin & M.-F. Lacassagne (Eds.), Psychologie Sociale, Communication et Langage (pp. 19-34). Paris : De Boeck. Castel, P., Lacassagne, M.-F., & Landré, A. (1995). Esquisse d’une dimensionnalisation du connecteur « mais ». Communication et Cognition, 27(4), 487-498. Ghiglione, R.(1988). Enjeux et discours : le paradigme de la cohérence. Revue Internationale de Psychologie Sociale, 1, 367-387. Ghiglione, R., & Bromberg, M. (1990). L’énonciateur dans l’énoncé : trois expériences. Revue Internationale de Psychologie Sociale, 4, 593- 619. Ghiglione, R., Matalon, B., & Bacri, N. (1985). Les dires analysés : l’analyse propositionnelle du discours. Paris : Presse Universitaire de Vincennes. Moeschler J. (1996). Théorie pragmatique et pragmatique conversationnelle. Paris : Armand Colin. Salès-Wuillemin, E., & Lacassagne, M.-F. (2000). Mémorisation et rappel d’un texte en fonction d’une attitude. Revue Internationale de Psychologie Sociale, 13, 51-79.
Colloque : Complémentarité des approches quantitatives et qualitatives dans l’analyse des discours ? ____________________________________________________________________________________________________________________
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Serge De Souza CRIT / U. de Franche-Comté
SYLED-CLA²T / U. Paris 3 - Sorbonne Nouvelle
Compter pour (ra)conter... Lexicométrie, analyse de discours et histoire politique: le discours
révolutionnaire en Amérique latine (1810-2009)
En sciences humaines et sociales, les analyses de discours sur grand corpus réalisées à
l'aide d'outils informatiques statistiques manquent souvent d'une théorie du discours. Or,
de même que la statistique textuelle permet d'outiller le chercheur sur le plan
méthodologique, l'analyse du discours permet de l'outiller sur le plan conceptuel. C'est
donc notamment par l'AD que la statistique textuelle se mue en analyse statistique du
discours (ou logométrie). En d'autres termes, ce que l'on appelle le « qualitatif » n'est pas
incompatible avec le « quantitatif » et c'est justement lorsque l'analyste délaisse, un temps,
le quantitatif pour le qualitatif qu'il passe de la description lexicométrique à l'analyse du
discours. L'évolution des fonctionnalités des logiciels d'analyse de textes (cooccurrences,
topographie...) tend d'ailleurs à favoriser toujours plus la complémentarité entre ces deux
« approches ».
A travers l'étude, à la croisée des sciences humaines (civilisationniste/linguiste), de
différents corpus révolutionnaires latino-américains des 19° et 20° siècles, nous
essaierons, dans cette communication, de donner à voir une façon de faire en analyse
statistique du discours qui mobilise conjointement les méthodes statistiques (spécificités,
cooccurrences...) et les concepts discursifs (stéréotypes, formules, subjectivité...).
Résumés des conférences et des communications __________________________________________________________________________________________________________________________
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Magali Guaresi Bases, Corpus, Langage / U. de Nice-Sophia-Antipolis
L’approche co-occurentielle, un bond qualitatif ?
Le cas de l’analyse des Professions de foi de femmes députées (1958-2002)
La contextualisation doit être posée comme la condition sine qua non de l’émergence du sens.
Dans ces conditions, si le retour au texte est un moyen efficace et fondamental pour
contrôler l’acte final d’interprétation, la statistique co-occurentielle représente une
avancée sensible dans le champ de l’ADT en permettant de formaliser systématiquement
le phénomène de contextualisation minimale d’un mot par un autre.
Après avoir repris de manière succincte quelques considérations générales autour de la
notion de co-occurrence comme forme minimale de contextualisation linguistique, c’est
du point de vue de l’historienne du discours que nous nous proposons de réfléchir aux
apports pratiques de l’approche co-fréquentielle dans le balisage de parcours de lecture
susceptibles d’encadrer l’interprétation. Cette étude sera fondée sur une analyse d’un
corpus politique composé des Professions de foi (566 textes, plus de 370 000 mots) des
femmes élues députées sous la V° République (1958-2002). A partir de ce corpus,
rassemblé sur la base d’hypothèses de travail relatives au genre (femmes/hommes) en
politique, nous montrerons que l’approche co-occurrentielle du mot « député(e) » permet
d’appréhender les spécificités des rôles politiques au féminin.