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CORRIGE COMPO : SOCIALISME, COMMUNISME ET SYNDICALISME EN ALLEMAGNE DE 1875 A 1933 Définitions des différents termes du sujet et contexte : industrialisation rapide du pays. Pb : Quelle est l'évolution du socialisme, du communisme et du syndicalisme en Allemagne de 1875 à 1933 ? Plan : le socialisme allemand naît sous la forme de la social-démocratie, s'affirme et débouche sur un syndicalisme actif de 1875 à 1914 (1° partie), mais se divise ensuite avec l'apparition du communisme jusqu'à son interdiction en 1933 (2° partie). I: Naissance et affirmation du socialisme 1875- 1914 : L'industrialisation et l'urbanisation rapides de l'Allemagne ont entraîné le développement d'une classe ouvrière nombreuse dans un État récent né en 1871. L'analyse de Marx et Engels rencontre donc très tôt un écho dans la société allemande. Ferdinand Lassalle fonde en 1863 l'Union générale allemande des ouvriers (ADAV), 1° parti social-démocrate allemand. Mais Lassalle s'écarte de la théorie marxiste car selon lui, la libération de la classe ouvrière doit être obtenue grâce au SU qui permet de faire pacifiquement la conquête de l’État. Mais sa stratégie est rejetée par August Bebel et Wilhelm Liebknecht qui fondent en 1869 à Eisenach, le Parti social-démocrate des ouvriers (SDAP). Pour eux, les ouvriers doivent conquérir le pouvoir par la force et changer la société par une révolution. Pour éviter ces divisions et l'affaiblissement qui en résulte, les 2 tendances se rapprochent et fondent lors du Congrès de Gotha en 1875, le Parti socialiste des ouvriers allemands (SAP). Mais dans cette jeune Allemagne qui vient de s'unifier, la social-démocratie apparaît une menace pour le chancelier Bismarck qui fait adopter en 1878 des lois antisocialistes : leurs associations et journaux sont supprimés, toute propagande leur est interdite, la plupart de leurs dirigeants se réfugient en exil. Dans le même temps, Bismarck multiplie les réformes sociales pour détourner les ouvriers du SAP et leur montrer que l’État peut les protéger. Sont ainsi mises en place une assurance maladie (1883), une assurance contre les accidents du travail (1884), contre l'invalidité et une pension vieillesse (1889). Ainsi, 40% des actifs bénéficient d'une protection sociale, ce qui est le taux le plus élevé en Europe à la veille de la 1°GM. Mais la politique de Bismarck n'atteint pas ses objectifs et la social-démocratie résiste. Sa fragile unité est soudée par la répression, les idées continuent de circuler à partir des journaux clandestins, des grèves ont lieu... Les mesures sociales n'améliorent pas immédiatement le quotidien des ouvriers et créent une frustration de la part de ceux qui n'en bénéficient pas. Ces lois antisocialistes sont abrogées en 1890, date du retrait de Bismarck. Le parti social- démocrate se reforme lors du Congrès d'Erfurt en 1891 et prend le nom de SPD. Parallèlement le mouvement syndical se développe. Les syndicats se structurent en 1892 en une Confédération générale des syndicats allemands (ADGB), puissante car regroupant de nombreux adhérents (2,5 millions en 1914), appuyant son action sur des moyens financiers solides et de nombreuses structures aidant et encadrant les ouvriers (coopératives de consommation, écoles, bibliothèques, associations sportives, culturelles...). Des grèves sont organisées comme celle des mineurs en 1892 ou 1905, celle des dockers en 1896, donnant une ampleur nationale à des luttes jusqu'alors localisées. L’État et les employeurs hésitent entre répression et dialogue. Le mouvement ouvrier allemand est à la veille de la 1°GM le plus puissant d'Europe. A la veille de la 1°GM, Berstein propose une « révision » du marxisme : la paupérisation du monde ouvrier qu'évoque Marx ne semble plus d'actualité d'après Berstein. Le salaire des ouvriers a augmenté depuis le milieu du XIX°s. Bernstein propose d'améliorer le quotidien des prolétaires dans le cadre de la démocratie : l’État, réformé et dirigé par une bourgeoisie soucieuse du peuple, peut devenir l'instrument de l'intérêt général. La préparation de la révolution passe donc au 2° plan, il ne s'agit plus de renverser le régime politique en place

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CORRIGE COMPO : SOCIALISME, COMMUNISME ET SYNDICALISME ENALLEMAGNE DE 1875 A 1933

Définitions des différents termes du sujet et contexte : industrialisation rapide du pays.Pb : Quelle est l'évolution du socialisme, du communisme et du syndicalisme en Allemagne de1875 à 1933 ?Plan : le socialisme allemand naît sous la forme de la social-démocratie, s'affirme et débouche surun syndicalisme actif de 1875 à 1914 (1° partie), mais se divise ensuite avec l'apparition ducommunisme jusqu'à son interdiction en 1933 (2° partie).

I: Naissance et affirmation du socialisme 1875- 1914 :• L'industrialisation et l'urbanisation rapides de l'Allemagne ont entraîné le développement

d'une classe ouvrière nombreuse dans un État récent né en 1871.L'analyse de Marx et Engels rencontre donc très tôt un écho dans la société allemande.

• Ferdinand Lassalle fonde en 1863 l'Union générale allemande des ouvriers (ADAV), 1°parti social-démocrate allemand. Mais Lassalle s'écarte de la théorie marxiste car selon lui,la libération de la classe ouvrière doit être obtenue grâce au SU qui permet de fairepacifiquement la conquête de l’État.

• Mais sa stratégie est rejetée par August Bebel et Wilhelm Liebknecht qui fondent en 1869à Eisenach, le Parti social-démocrate des ouvriers (SDAP). Pour eux, les ouvriers doiventconquérir le pouvoir par la force et changer la société par une révolution.

• Pour éviter ces divisions et l'affaiblissement qui en résulte, les 2 tendances se rapprochentet fondent lors du Congrès de Gotha en 1875, le Parti socialiste des ouvriers allemands(SAP).

• Mais dans cette jeune Allemagne qui vient de s'unifier, la social-démocratie apparaît unemenace pour le chancelier Bismarck qui fait adopter en 1878 des lois antisocialistes : leursassociations et journaux sont supprimés, toute propagande leur est interdite, la plupart deleurs dirigeants se réfugient en exil.Dans le même temps, Bismarck multiplie les réformes sociales pour détourner les ouvriersdu SAP et leur montrer que l’État peut les protéger.Sont ainsi mises en place une assurance maladie (1883), une assurance contre lesaccidents du travail (1884), contre l'invalidité et une pension vieillesse (1889). Ainsi, 40%des actifs bénéficient d'une protection sociale, ce qui est le taux le plus élevé en Europe àla veille de la 1°GM.

• Mais la politique de Bismarck n'atteint pas ses objectifs et la social-démocratie résiste. Safragile unité est soudée par la répression, les idées continuent de circuler à partir desjournaux clandestins, des grèves ont lieu... Les mesures sociales n'améliorent pasimmédiatement le quotidien des ouvriers et créent une frustration de la part de ceux quin'en bénéficient pas.

• Ces lois antisocialistes sont abrogées en 1890, date du retrait de Bismarck. Le parti social-démocrate se reforme lors du Congrès d'Erfurt en 1891 et prend le nom de SPD.

• Parallèlement le mouvement syndical se développe. Les syndicats se structurent en 1892en une Confédération générale des syndicats allemands (ADGB), puissante car regroupantde nombreux adhérents (2,5 millions en 1914), appuyant son action sur des moyensfinanciers solides et de nombreuses structures aidant et encadrant les ouvriers(coopératives de consommation, écoles, bibliothèques, associations sportives,culturelles...). Des grèves sont organisées comme celle des mineurs en 1892 ou 1905,celle des dockers en 1896, donnant une ampleur nationale à des luttes jusqu'alorslocalisées. L’État et les employeurs hésitent entre répression et dialogue. Le mouvement ouvrier allemand est à la veille de la 1°GM le plus puissant d'Europe.

• A la veille de la 1°GM, Berstein propose une « révision » du marxisme : la paupérisation dumonde ouvrier qu'évoque Marx ne semble plus d'actualité d'après Berstein. Le salaire desouvriers a augmenté depuis le milieu du XIX°s. Bernstein propose d'améliorer le quotidiendes prolétaires dans le cadre de la démocratie : l’État, réformé et dirigé par une bourgeoisiesoucieuse du peuple, peut devenir l'instrument de l'intérêt général. La préparation de larévolution passe donc au 2° plan, il ne s'agit plus de renverser le régime politique en place

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mais de le transformer.Un autre tendance, celle de Rosa Luxemburg, s'oppose fermement aux idées de Bernstein.Elle critique l'attentisme révolutionnaire, prône la grève générale en s'appuyant surl'exemple de la Russie de 1905.Toutefois, peu à peu, le révisionnisme devient majoritaire au sein du parti.

• A la veille de la 1°GM, le SPD n'est plus le parti révolutionnaire de ses débuts.

II : De la division à l'interdiction 1914-1933 :• Ainsi, à l'été 1914, les socialistes renoncent à la grève générale et acceptent l'Union

sacrée. Le SPD vote à l'unanimité les crédits de guerre. La majorité des socialistes estconvaincue de la nécessité de défendre la nation allemande contre le tsarisme et approuvela politique extérieure de Guillaume II. Ils espèrent aussi, en soutenant l'effort de guerre,obtenir plus de droits pour les travailleurs.

• Mais la frange révolutionnaire du SPD, hostile à la stratégie réformiste, dénonce leralliement à la guerre comme une trahison des idéaux révolutionnaires.Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont exclus du SPD et fondent en 1915 la Liguespartakiste.

• D'autres membres du SPD, pacifistes, fondent en 1917 le Parti social-démocrateindépendant (USPD), réclamant la fin des hostilités et une paix blanche.

• La défaite de 1918 en traîne l'abdication de Guillaume II et un affrontement entre lesdifférentes tendances. Le SPD est favorable à la mise en place d'une Républiqueparlementaire, tandis que l'USPD et les Spartakistes considèrent que la situation estfavorable à une prise de pouvoir révolutionnaire.Les Spartakistes fondent en 1918 le Parti communiste d'Allemagne (KPD), selon le modèledéfini par Lénine.En 1918-1919, une vague révolutionnaire se propage dans toute l'Allemagne, obligeant lanouvelle république à quitter la capitale et à s'installer à Weimar. Le président de laRépublique et le ministre de la défense, tous 2 sociaux-démocrates, font réprimer lesmouvements révolutionnaires par l'armée. Luxemburg et Liebknecht sont assassinés.Cette répression est vécue comme une trahison par une partie de la classe ouvrièreallemande et marque une rupture durable au sein de la social-démocratie allemande.

• La République de Weimar est une démocratie parlementaire dirigée par une coalition departis politiques dont le SPD, principal parti de gouvernement. A ce titre, il parvient à la foisà réprimer les grèves révolutionnaires organisées par l'extrême gauche (ex. Ruhr 1920) età mettre en place une politique sociale . Les accords de Stinnes-Legien de 1918, mettenten place la loi des 8h. De travail quotidien, l'obligation de conventions collectives et decomités d'entreprises, une assurance chômage, la hausse des rémunérations des heuressupplémentaires et la construction de logements sociaux. Pour ce faire, le SPD s'appuiesur les syndicats toujours puissants.

• Mais le SPD est affaibli par la crise économique qui touche l'Allemagne à partir de 1930 Laproduction industrielle baisse de 19%, le chômage touche 6 millions de personnes. Legouvernement bloque les prix et les salaires, l'inflation explose. Les partis extrémistes hostiles à la République (KPD et NSDAP) progressent nettementaux élections de 1930.

• Le KPD, suivant les conseils du Komintern, refuse de s'allier au SPD. Il considère que leSPD défend le capitalisme et ne vaut pas mieux que le nazisme. Ses dirigeants pensent eneffet que les excès des nazis pourraient provoquer une révolution et la prise de pouvoir parle prolétariat.

• L'absence d'unité du mouvement ouvrier contre le nazisme est un des facteurs qui permetde comprendre la disparition de la République de Weimar avec l'arrivée de Hitler aupouvoir le 30 janvier 1933.

• Hitler interdit rapidement KPD puis les autres partis politiques en 1933, ainsi que lessyndicats existants pour les remplacer par un parti et un syndicat uniques.

L'Allemagne se caractérise par une naissance précoce de la social-démocratie, à rapprocher avecl'importance de son industrialisation. Mais une social-démocratie divisée et à l'évolution fluctuante.

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