Upload
hacong
View
222
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Coteau de la Cour-Cucu
Plan de Gestion
2009-2013
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 1
Sommaire Introduction .............................................................................................................................. 2 Section A : Approche Descriptive Et Analytique .................................................................. 3
1. Description générale ........................................................................................................... 4 1.1. Localisation ................................................................................................................. 4 1.2. Foncier ......................................................................................................................... 4
1.3. Statuts .......................................................................................................................... 4 1.4. Maîtrise d’usage .......................................................................................................... 7 1.5. Description .................................................................................................................. 7
1.6. Historique .................................................................................................................... 7 2. Description faune - flore – milieux .................................................................................... 9
2.1. Données physiques et géologiques .............................................................................. 9 2.2. Flore – faune – habitats – dynamique végétale et pédologique ................................ 11
3. Description des activités et usages : contraintes .............................................................. 21
3.1. Accueil du public ...................................................................................................... 21 3.2. Chasse ........................................................................................................................ 21 3.3. Influences des activités de gestion ............................................................................ 21 3.4. Influence des facteurs extérieurs ............................................................................... 25
Section B : Définition Des Objectifs Du Plan De Gestion ................................................... 26 1. Objectif général de la gestion ........................................................................................... 27
2. Objectifs hiérarchisés ....................................................................................................... 27
2.1. Objectif principal (OP) .............................................................................................. 27
2.2. Objectifs secondaires (OS) ........................................................................................ 27 2.3. Objectifs annexes (OA) ............................................................................................. 28
Section C : Plan De Travail ................................................................................................... 29
1. Gestion de l’objectif principal (OP) ................................................................................. 30 2. Gestion des objectifs secondaires (OS) ............................................................................ 31
2.1. Concernant les espèces végétales .............................................................................. 31 2.2. Concernant la faune sauvage ..................................................................................... 32
3. Gestion des objectifs annexes (OA) ................................................................................. 32 4. Suivi botanique et inventaires (I) ..................................................................................... 33
Section D : Programmation Des Opérations Et Estimatifs Des Couts De Réalisation .... 34
Calendrier prévisionnel des opérations et estimatif des coûts de réalisation ................... 35
Conclusion ............................................................................................................................... 37
Annexes
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 2
Introduction
Les pelouses sèches calcicoles sont des supports de vies animales et végétales prolifiques
caractéristiques des milieux calcaires souvent rares et menacées au nord de la Loire. Ces
milieux sont considérés comme d’intérêt communautaire par la Directive Européenne
92/43/CEE « Habitats-Faune-Flore ». En effet, ces habitats, de hauts intérêts patrimoniaux,
sont en constante régression et figurent parmi les plus menacés en France et en Europe.
Les pelouses et boisements calcicoles constituent des réservoirs de vies végétales et animales
(biodiversité). Leur richesse floristique les place parmi les milieux les plus riches, notamment
pour des espèces à affinités méridionales. Les orchidées y sont présentes en abondance et
plusieurs espèces protégées trouvent là leur dernier refuge.
L’entomofaune y est également bien représentée grâce, notamment aux papillons, criquets et
sauterelles. Ces sites présentent donc des intérêts scientifiques, naturalistes et
environnementaux majeurs.
Ces milieux présentent aussi un fort intérêt culturel et patrimonial puisqu’ils relatent les
activités humaines passées. En effet, ce sont les pratiques agricoles traditionnelles qui sont à
l’origine de leur existence et de leur pérennité.
Le coteau de la Cour Cucu se situe dans le site Natura 2000 FR2500103 « Haute vallée de la
Touques et affluents ». Ce site de petite taille et fortement isolé possède une valeur floristique
et faunistique d’intérêt européen et très représentatif des coteaux de cette vallée (appelés
« picanes » dans le Pays d’Auge).
Ce plan de gestion permet de dresser un bilan des connaissances actuelles grâce, entre autres,
à l'expérience acquise au cours des années de gestion passées, de fixer d'éventuels nouveaux
objectifs de gestion et les moyens à mettre en œuvre pour une période de 5 ans.
Le coteau de la Cour Cucu est une picane caractéristique du Pays d’Auge et un témoin
de la biodiversité des zones naturelles calcicoles.
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 3
Section A : Approche Descriptive Et Analytique
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 4
1. DESCRIPTION GENERALE
1.1. Localisation Nom du site : Coteau de la Cour Cucu
Région administrative : Basse-Normandie
Département : Orne
Région naturelle : Pays d’Auge
Canton : Vimoutiers
Commune : Canapville
Support géographique : IGN série bleue 1/25 000 : 1714 E
1.2. Foncier Le coteau de la Cour Cucu compte en totalité 1,67 ha (Parcelles 171, 173 et 175) section C du
cadastre de la commune de Canapville.
1.3. StatutsLe coteau de la Cour Cucu est répertorié dans l’inventaire ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt
Ecologique, Floristique et Faunistique) en zone de type 1 n° 0004-00074 « Coteau du hameau
des Vêques ». Le site porte toutefois localement et sur le cadastre le nom de « Cour Cucu ».
Le coteau est également inscrit en tant que Site d’Intérêt Communautaire au titre de la
Directive Habitats : « Haute vallée de la Touques et affluents » (FR2500103).
Enfin, il a été classé Espace Naturel Sensible par le Conseil Général de l’Orne (61) en 2003.
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 5
C.Cour Cucu
Figure 1 : Localisation du coteau de la Cour-Cucu
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 6
Figure 2 : Parcellaire du coteau de la Cour-Cucu (01/09/08)
Réalisation : CB / CFEN Septembre 2008
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 7
1.4. Maîtrise d’usage
- Acquisition foncière
Ce coteau d’1,67 ha est la propriété du Conservatoire Fédératif des Espaces Naturels de
Basse-Normandie (CFEN) depuis le 20 mai 1999 (Annexe 1).
- Convention relative à la chasse
La chasse est interdite sur les trois parcelles afin de préserver la tranquillité du site et d’éviter
des accidents lors du pâturage situé au cœur d’un massif forestier chassé.
1.5. DescriptionSitué au nord-est du département de l’Orne, le coteau de la Cour Cucu est intégré au paysage
typique de la région augeronne. Cette région bocagère, composée essentiellement de prairies
naturelles dans des vallées étroites, offre des points de vue magnifiques.
Le coteau est localisé sur la rive nord d’un vallon perpendiculaire à la vallée de la Touques
(Fig. 1). Le site est délimité par le bois de Canapville au nord, un terrain de particulier avec
une maison d’habitation au sud, un pâturage à l’ouest et le chemin rural à l’est.
L’unique accès aux parcelles est le chemin rural des Perrets du fils, difficilement praticable
par véhicule motorisé.
Le site, exposé sud, est constitué d’un boisement calcicole sur la partie pentue et d’une
pelouse méso xérophile sur la partie plane. Cette diversité confère au site une grande richesse
botanique.
Ce coteau, autrefois entretenu par pâturage, était à l’abandon lors de son acquisition en 1999
par le CFEN. Le boisement spontané en pins sylvestres et feuillus couvrait plus de 80 % de la
superficie du site dans les années 1990.
Les anciens propriétaires ont déboisé la partie plane des arbres à valeur économique avant la
vente.
Le Conservatoire a procédé aux premiers travaux de restauration par poursuite du
déboisement et du débroussaillage de la partie plane en 2000. La gestion par pâturage extensif
ovin et caprin a été mise en place fin 2000, puis a évoluée vers un pâturage caprin quasi-
exclusif.
1.6. Historique
1.6.1. Connaissances naturalistes
L’intérêt botanique des coteaux calcicoles du Pays d’Auge est connu depuis fort longtemps.
M. DUHAMEL mentionne la Gentiane d’Allemagne (Gentianella germanica) comme une
espèce rare sur « les pelouses sèches sur la pente des collines » sur la commune de
Pontchardon, située au sud de Canapville. Il cite également des espèces d’orchidées sur la
commune de Canapville. Il est fort probable que le coteau de la Cour Cucu, de petite taille soit
resté inaperçu à l’époque.
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 8
L’Association Faune et Flore de l’Orne (AFFO) est à l’origine des relevés naturalistes
effectués sur le coteau et dans les environs dans les années 1980. Ces relevés concernent les
espèces rares. Le site est connu pour ses stations à Bois gentil (Daphne mezereum),
Céphalanthère pâle (Cephalanthera damasonium) et Gentiane d’Allemagne (Gentiana
germanica).
Sur la figure 3, on aperçoit la partie supérieure du site envahi par les pins sylvestres et la
totalité de la partie pentue recolonisée par les boisements calcicoles. Le milieu était donc très
fermé à cette date.
1.6.2. Historique de la gestion
La vocation agricole du site est attestée jusqu’aux années 1970, date de l’abandon de
l’exploitation. Le site et ses environs était exploité par pâturage extensif.
En 1991, l’AFFO prend contact avec le notaire afin de proposer une acquisition des terrains à
la famille GOSNET.
Mais, les successeurs de la famille GOSNET souhaitant exploiter le bois avant la vente, les
parcelles sont finalement vendues au Conservatoire le 10 mai 1999.
Entre 1999 et 2002 des inventaires sont effectués par le CFEN et ses membres et des suivis
scientifiques sont réalisés annuellement depuis cette période.
Pelouse colonisée par
les pins sylvestres
Pelouse colonisée par les boisements calcicoles : ifs, genévrier, noisetiers,
aubépines…
Figure 3: Coteau de la Cour Cucu en 1992 – Photo : François RADIGUE
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 9
En 2000, les premiers travaux de restauration de la pelouse sont effectués : débroussaillage,
bûcheronnage, fauche de la pelouse, pose d’une clôture et aménagement d’une bergerie.
Fin 2000, un troupeau de huit moutons solognots pâture la totalité du site pendant six mois.
Ce pâturage intensif de restauration est remplacé durant l’hiver 2001-2002 par un pâturage
extensif de gestion : 4 moutons Ouessant, 4 chèvres et un bouc de l’ouest. Depuis 2003, ce
sont des boucs de l’ouest (accompagnés de temps à autres de moutons solognots ou ouessants)
qui pâturent le coteau : 3 en 2003, 3 à 5 en 2004 et 3 à 4 en 2005 et 2006 (Bilan de pâturage
en Annexe 2).
Des travaux de restauration de la clôture ont été effectués en 2006.
2. DESCRIPTION FAUNE - FLORE – MILIEUX
2.1. Données physiques et géologiques
2.1.1. Climat
Le coteau est soumis à un climat de type océanique à sub-océanique, humide et tempéré. Les
précipitations sont de 800 mm en moyenne par an. Les températures présentent peu de
variations inter-annuelles. La moyenne annuelle est d’environ 11°C.
Tableau 1 : Températures moyennes 1997-2006 sur Ticheville (61) (Source : Météo France)
Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Déc.
4.1 4.4 6.8 9.0 12.9 16.0 17.5 18.1 15.6 11.9 7.2 4.6
A l’échelle de la Basse-Normandie, la pluviométrie est relativement faible. A l’opposé, en
comparaison des coteaux du Bessin, du Perche ou de la plaine de Falaise, le secteur est plus
froid et plus arrosé, ce qui conditionne une végétation plus mésophile.
2.1.2. Géologie, pédologie
Le sous-sol du coteau est constitué essentiellement de craie cénomanienne sur une assise
jurassique (Oxfordien).
Des couches les plus profondes vers la surface, on distingue :
Des formations marneuses à bivalves d’âge Callovien à Oxfordien ;
Une assise calcaire gréseuse ferrugineuse de l’Oxfordien inférieur : le
« Roussier » de Gacé
Un calcaire corralifère grossier de l’Oxfordien moyen : le « Grouais » ;
Une couche de glauconie du Cénomanien inférieur ;
Une épaisse couche de craie cénomanienne ;
En partie sommitale, on observe des argiles à silex du tertiaire et Quaternaire.
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 10
Au niveau pédologique, l’horizon humifère est de faible épaisseur, l’humus est de type mull
calcique aussitôt suivi par la roche mère, la craie cénomanienne. Les sols sont de type
rendzine sur les pentes, c'est-à-dire un sol peu différencié sur calcaire marneux.
Figure 4 : Extrait de la carte géologique de Vimoutiers. Echelle : 1 /50 000 ème.
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 11
2.2. Flore – faune – habitats – dynamique végétale et pédologique
2.2.1. Flore
Description de la méthode d’inventaire :
La flore a été prospectée en 1998, 1999 et 2000 par plusieurs botanistes membres de l’AFFO
et du CFEN de Basse-Normandie : Evelyne et François Radigue-Moinet, Estèle Guénin, Peter
Stallegger. Tous les habitats ont été prospectés, ce qui a permis de recenser un grand nombre
de plantes vasculaires. Cet inventaire a été réactualisé de mai à septembre 2002 et 2003, puis
de juin à septembre 2008. Il faudra continuer ces inventaires afin de les compléter au fur et à
mesure des années avec les nouvelles espèces.
L’inventaire des plantes vasculaires figure en annexe 3.
Synthèse des données : la liste compte 120 taxons inventoriés pour les plantes
vasculaires (Annexe 3). Cette liste a peu changé depuis le précédent inventaire.
La partie centrale de la pelouse abrite un cortège végétal caractéristique des milieux
calcicoles : Brachypode penné (Brachypodium pinnatum) et Bromé dressé (Bromus erectus)
sont les principales graminées, accompagnées par des vivaces telles que le Genêt des
teinturiers (Genista tinctoria), d’autres Fabacées comme l’Hippocrépide à toupet
(Hippocrepis comosa) ou encore des Orchidées comme le Gymnadénie moucheron
(Gymnadenia conopsea).
La flore du coteau de la Cour Cucu est caractéristique des sols calcaires (rendzine grise et
rendzine brunifiée) et comprend toutes les étapes de la dynamique végétale sur ces milieux
(pelouses, boisements et bois).
Figure 5 : Pelouse sur la partie supérieure en 2000 après la fauche hivernale.
Photo : Estèle GUÉNIN
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 12
La pelouse accueille des plantes rares caractéristiques des milieux calcicoles : la Gentiane
d’Allemagne (Gentianella germanica), le Céphalanthère pâle (Cephalanthera damasonium),
l‘Orchis grenouille (Coeloglossum viride), l’Hélianthème commun (Helianthemum
nummularium) et l’Hippocrépide à toupet (Hippocrepis comosa).
Espèces botaniques d’intérêt patrimonial
Protection régionale / Rare régionalement
Orchis grenouille (Coeloglossum viride)
Gentiane d’Allemagne (Gentianella germanica)
Intérêt régional / Assez rare régionalement
Céphalanthère pâle (Cephalanthera damasonium)
Bois Gentil (Daphne mezereum)
Hippocrépide à toupet (Hippocrepis comosa)
Gaillet rude (Galium pumilum)
Hélianthème commun (Helianthemum nummularium)
Gymnadénie moucheron (Gymnadenia conopsea)
Figure 6 : Gentiane d’Allemagne
(Gentianella germanica)
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 13
Figure 7 : Cartographie des espèces protégées de la Cour Cucu (01/09/08)
Réalisation : CB / CFEN Septembre 2008
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 14
A l’exception du Bois gentil (Daphne mezereum) et du Céphalanthère pâle (Cephalanthera
damasonium), la totalité des espèces protégées et des espèces d’intérêt régional sont situées
sur la pelouse de la partie plane.
Les champignons n’ont pas encore fait l’objet d’un inventaire.
On notera cependant la présence de morilles blondes (Morchella rotunda) au printemps, ce
qui attire de nombreux voisins.
2.2.2. Faune
L’avifaune présente un intérêt essentiellement pour les passereaux. 28 espèces d’oiseaux ont
été inventoriées au cours des années 1999 et 2000, (voir annexe 2). L’implantation de
l’avifaune nicheuse est liée aux secteurs de fruticées. La pelouse est utilisée comme zone de
nourrissage par les passereaux. La petitesse du site ne permet pas à l’avifaune caractéristique
des coteaux secs (Pie grièche écorcheur, Alouette lulu, Locustelle tachetée…) de nicher.
Les reptiles observés lors des prospections botaniques et entomologiques sont les suivants : la
Vipère péliade (Vipera berus), l’Orvet (Angus fragilis) et le Lézard vivipare (Lacerta
vivipara).
Amphibiens : compte tenu du caractère sec du sol, on pourrait s’attendre à l’absence
d’amphibiens sur le site. La Grenouille agile (Rana dalmatina) est toutefois fréquente au
printemps sur la pelouse.
Les insectes ont fait l’objet d’inventaires pour les lépidoptères (macrolépidoptères). On
trouve notamment des Lycaenidae comme Plebejus argus, Polyommatus icarus,…
Les mammifères observés lors des prospections sont les suivants : le Chevreuil (Capreolus
capreolus), le Blaireau d’Europe (Meles meles) et le Renard commun (Vulpes vulpes). Le
coteau est un refuge pour ces espèces dans un environnement forestier où la pression de
chasse est importante. Une petite cavité est présente à proximité du coteau et une dizaine de
chiroptères y sont présents en période d’hivernation.
L’inventaire des micromammifères est à faire.
Figure 8 : Grenouille agile (Rana dalmatina)
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 15
Synthèse des connaissances
Plantes vasculaires +++
Oiseaux ++
Insectes +
Bryophytes 0
Mollusques 0
Reptiles et amphibiens ++
Mammifères +
Lichens 0
Champignons 0
Arachnides 0
2.2.3. Habitats
2.2.3.1. Pelouse méso-xérophile
Il s’agit d’une formation dominée par des graminées (Brachypode penné, Brome dressé…) et
appartenant à l’alliance du Mesobromion. La pelouse présente un caractère mésophile.
Cette formation est caractérisée par des espèces telles que Anacamptis pyramidalis,
Blackstonia perfoliata, Carex flacca, Centaurea scabiosa, Festuca lemanii, Galium pumilum,
Hippocrepis comosa, Helianthemum nummularium ou encore Sanguisorba minor. Ce sont des
espèces qui ont en commun la capacité à se développer sur des milieux pauvres.
Avant la fauche et le pâturage, la pelouse présentait un caractère plus dense où dominait le
Brachypode.
Cette pelouse est riche en espèces remarquables dont certaines sont protégées (au niveau
régional) : l’Orchis grenouille (Coeloglossum viride) et la Gentiane d’Allemagne (Gentianella
germanica).
Cet ensemble végétal est apparenté à l’habitat n° 34-3225 « Mesobromion crétacé du Bassin
parisien », de la nomenclature CORINE BIOTOPE.
C’est un habitat communautaire d’intérêt prioritaire inscrit à l’Annexe I de la directive
européenne n°92/43 « Habitats ».
Figure 9 : Pelouse méso-xérophile
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 16
2.2.3.2. Ourlet forestier calcicole mésophile
Cette formation végétale fait la transition entre la pelouse et le boisement calcicole. Cette
zone de lisère abrite plusieurs espèces caractéristiques de l’alliance du Trifolion medii :
l’Astragalle à feuilles de Réglisse (Astragallus glycyphyllos), l’Ophrys mouche (Ophrys
insectifera), la Parisette à quatre feuilles (Paris quadrifolia), l’Orchis pourpre (Orchis
purpurea)…
Cet habitat est représenté sur la partie pentue débroussaillée et déboisée en 2000, la végétation
herbacée était auparavant quasiment absente de ce secteur.
Cette végétation est apparentée à l’habitat 34.42 « Lisières mésophiles – Trifolion medii » de
la nomenclature CORINE BIOTOPE.
Figure 10 : Pelouse ourlet sur le secteur
pentu débroussaillé et déboisé en 2000. On
aperçoit les Orchis pourpre en fleur
(printemps 2001). Photo : Estèle GUÉNIN
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 17
2.2.3.3. Prairie mésophile dégradée
La partie plane était colonisée par les arbustes et les ronces. Suite aux actions de
débroussaillage, on évolue vers une formation plus herbacée (Brachypodium pinnatum,
Trisetum flavescens) accompagnée de plantes prairiales (Crepis biennis, Knautia arvensis,
Chrysanthemum leucanthemum), encore dominée par endroit par la Fougère aigle (Pteridium
aquilinum) et l’Euphorbe réveil-matin (Euphorbia helioscopia) mais présentant des plantes
d’ambiance plus thermophile et xérophile (Thymus sp., Sanguisorba minor et Origanum
vulgare).
Cette végétation correspond à un habitat intermédiaire entre les habitats 34.42 « Lisières
mésophiles – Trifolion medii » et 38.22 « Prairies des plaines médio-européennes à fourrage -
Arrhenatherion s.s. » de la nomenclature CORINE BIOTOPE.
2.2.3.4 Pelouse méso-xérophile dégradée
C’est une zone qui a été déboisée en 2002. La végétation a beaucoup évolué depuis. On
retrouve des traces du boisement avec notamment des repousses de troènes (Ligustrum
vulgare) mais de nombreuses espèces de pelouses sèches sont désormais
présentes (Ranunculus bulbosus, Carex caryophyllea, Lotus corniculatus ou encore
Sanguisorba minor) et sont fortement dominées par Brachypodium pinnatum.
On peut donc considérer que cet habitat s’apparente à l’habitat 34.323 « Pelouses semi-arides
médio-européennes dominées par Brachypodium » proposé par CORINE BIOTOPE.
2.2.3.5. Fruticées héliophiles à Genévriers communs
Les fruticées sur la partie pentue sont constituées d’arbustes comme le noisetier (Corylus
avellana), le fusain (Euonymus europaeus), le troène (Ligustrum vulgare). Les genévriers
(Juniperus communis) et les ifs (Taxus baccata) sont fortement représentés dans la fruticée.
Cette végétation est apparentée à l’habitat 31.88 « Fruticées à Genévriers communs » de la
nomenclature CORINE BIOTOPE.
C’est un habitat communautaire d’intérêt prioritaire inscrit à l’Annexe I de la directive
européenne n°92/43 « Habitats-Faune-Flore ».
2.2.3.6. Hêtraie calcicole
Les fourrés laissent place progressivement à un boisement, correspondant ici à la hêtraie
calcicole. Dans la strate herbacée, on observe des espèces caractéristiques : le Céphalanthère
pâle (Cephalanthera damasonium), la Néottie nid d’oiseau (Neottia nidus-avis), le Bois gentil
(Daphne mezereum) et le Laurier des bois (Daphne laureola).
Cette végétation est apparentée à l’habitat 41.16 « Hêtraie sur calcaire » de la nomenclature
CORINE BIOTOPE.
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 18
Figure 11 : Cartographie des unités écologiques de la Cour Cucu (01/09/08)
Réalisation : CB / CFEN Septembre 2008
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 19
2.2.4. Evaluation des habitats
Les habitats naturels correspondent à des entités géographiques définies à partir de critères
écologiques homogènes (type de végétation, paramètres topographiques, paramètres
climatiques…).
La valeur patrimoniale de l’habitat est définie à partir de sa surface sur le site, de la rareté du
cortège floristique, ceci rapporté au texte de la directive 92/43.
Récapitulatif des habitats présents sur le coteau de la Cour Cucu et évaluation
Intitulé Habitats correspondants Evaluation
Pelouse méso-xérophile 34.3225 « Mesobromion crétacé du Bassin
parisien »
E
Fruticées héliophiles à Genévrier
commun
31.88 « Fruticées à Genévriers communs » E
Ourlet forestier calcicole mésophile 34.42 « Lisières mésophiles – Trifolion medii » R
Prairie mésophile dégradée intermédiaire entre 34.42 « Lisières mésophiles –
Trifolion medii » et 38.22 « Prairies des plaines
médio-européennes à fourrage - Arrhenatherion s.s. »
L
Pelouse méso-xérophile dégradée 34.323 « Pelouses semi-arides médio-européennes
dominées par Brachypodium » L
Hétraie calcicole 41.16 « Hêtraie sur calcaire » L
E : intérêt Européen, habitats cités dans l’annexe I de la directive Habitats 92/43
R : intérêt Régional
L : intérêt Local
F : intérêt Faible
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 20
2.2.5. La dynamique végétale et pédologique
En l’absence d’intervention les pelouses ont tendance à évoluer progressivement vers la forêt
selon le processus suivant :
Cette fermeture progressive du milieu est due à l’enrichissement progressif du sol en matière
organique (litière des végétaux morts dégradés sur place). Ceci profite aux graminées
envahissantes (brome et brachypode) puis aux arbustes (aubépine, prunellier). Sur le coteau
de la Cour Cucu, la proximité immédiate de la forêt entraine une colonisation plus rapide vers
le stade arbustif.
Cette dynamique de recolonisation arbustive provoque la disparition des espèces rares liées à
la pelouse ouverte. La richesse floristique et faunistique diminue peu à peu en l’absence
d’une gestion appropriée.
Dans un objectif de maintien de la diversité biologique, il est primordial de conserver la
pelouse restaurée ainsi que de continuer à suivre les secteurs potentiellement restaurables.
FORET PRIMAIRE
PELOUSE SECONDAIRE
RICHE EN ESPECES
Ecosysème dégradé
FRICHE HERBACEE
FRICHE ARBUSTIVE
FORET SECONDAIRE
régénération par renouvellement
des activités agricoles
abandon des terres
(arrêt de l’activité agricole)
création et gestion
extensive de la pelouse
dynamique naturelle
dynamique naturelle
Dynamique engendrée
par l’homme
Dynamique naturelle
Figure 12 : Modèle de régénération de pelouse après abandon des terres (adapté de Muller et al., 1998)
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 21
3. DESCRIPTION DES ACTIVITES ET USAGES : CONTRAINTES
3.1. Accueil du public- Grand public
Des promeneurs peu nombreux circulent le long du site sur le chemin des Perrets du fils qui
est inventorié en chemin de Grande Randonnée. Compte tenu des barrières, les promeneurs ne
pénètrent pas sur le site en dehors des sorties organisées. La visite libre n’est pas envisagée du
fait du pâturage (fuite des animaux dans la forêt) en l’absence d’équipements appropriés.
- Associatifs, autres publics
Le CFEN assure des visites à la demande pour les associations locales, les universitaires, les
étudiants…
3.2. ChasseLa chasse est interdite afin d’assurer la tranquillité du troupeau du Conservatoire. Cette
interdiction permet également de créer une zone de refuge pour les mammifères en période de
chasse.
On déplore des pénétrations sans autorisation sur le site et les nombreuses cartouches attestent
d’une activité illégale de chasse. Une chèvre et un bouc de race commune de l’ouest ont été
abattus dans ces circonstances en 2001 et 2002. Les deux animaux ont été traînés sur le coteau
et cachés dans les fourrés.
3.3. Influences des activités de gestionLa gestion du coteau de la Cour Cucu a débuté dès l’acquisition des terrains par le
Conservatoire en 1999. Les travaux de restauration de la pelouse puis de réouverture de
clairières sont suivis par le CFEN.
Seront analysés dans ce chapitre :
les facteurs induisant une nécessité de gestion (évolution de la végétation) ;
des pratiques ayant une influence directe sur la gestion.
A partir de ces éléments, les objectifs détaillés du plan de gestion seront établis (section B).
Les dynamiques végétales présentées ci-dessus sont liées en partie aux interventions
humaines sur le site. Les pelouses sont des milieux dont l’existence même est liée à l’activité
agricole.
Depuis 2008, le Conservatoire s’est engagé dans une prestation pâturage via un contrat de
service Natura 2000.
Influence de la gestion actuelle :
La figure 13 permet de localiser les opérations de gestion réalisées sur le site.
On retiendra les opérations suivantes :
1999 : Fauche et débroussaillage de la pelouse rase calcicole en hiver par l’Association
d’Insertion du Pays d’Auge et d’Argentan.
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 22
2000 :
- Restauration des anciennes fondations d’un bâtiment en bergerie avec récupérateur
d’eau.
- Pose d’une clôture de type Ursus sur toute la périphérie du site.
- Pâturage de restauration : le troupeau du Conservatoire (7 brebis et un bélier
solognots) pâture de septembre à février 2001. Bucheronnage et débroussaillage sur
la partie pentue dans un objectif de restauration d’une zone de pelouse-ourlet.
2001 :
- Aménagement paysager de la bergerie (enduit et gouttière) par un chantier de
bénévoles.
- Pâturage ovins (4 moutons ouessants) et caprins (4 chèvres et deux boucs) de
septembre à mars 2002.
2002 :
- Débroussaillage de zones de clairières dans la partie pentue après la réouverture pour
les caprins afin de restaurer des zones de pelouse rase.
- Pâturage ovins et caprins à partir de début octobre.
Depuis 2003 :
- Le pâturage est continu sur l’année avec un effectif de 3 à 5 boucs (Calendrier de
pâturage en Annexe 2).
2006 :
- Restauration de la clôture
- Pose d’un panneau de présentation à l’entrée du site
Conclusion et analyse de la gestion pâturée
A l’heure actuelle, on voit que la gestion de la pelouse a permis de la conserver (Fig. 14). Le
suivi (carré 1) montre des variations annuelles en termes de recouvrement, de hauteur
moyenne et de richesse spécifique. Depuis la mise en gestion du site, on a pu observer une
diminution générale de la hauteur moyenne de végétation et une augmentation de la richesse
spécifique de la pelouse. La gestion a permis de conserver le milieu ouvert et de maintenir la
richesse spécifique à un niveau intéressant. Il faut rajouter que les caprins seuls ne permettent
pas de conserver la pelouse. Il faut y adjoindre un pâturage d’animaux plus spécifiquement
brouteurs comme les moutons. Intensifier le pâturage sur la pelouse permettrait de réduire les
valeurs de recouvrement et de hauteur moyenne.
Le suivi du carré 2 nous montre une évolution intéressante. La hauteur moyenne et le
recouvrement augmentent : le tapis végétal se densifie. On constate l’apparition de nouvelles
espèces végétales et une augmentation de la richesse spécifique. On observe ici le changement
d’équilibre suite au déboisement de la zone. La réouverture du milieu a permis de retrouver
une dynamique végétale au sein de la strate herbacée et de retrouver des espèces
patrimoniales intéressantes.
Les données recueillies lors des suivis scientifiques sont présents en Annexe 4.
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 23
Figure 13 : Cartographie des travaux effectués sur la Cour Cucu
Réalisation : CB / CFEN Septembre 2008
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 24
Evolution du recouvrement - Cour Cucu
30
40
50
60
70
80
90
100
2002 2003 2004 2005 2006 2007
Années
Reco
uvre
men
t
1
2
Evolution de la hauteur moyenne de la végétation - Cour Cucu
0
5
10
15
20
25
30
35
2002 2003 2004 2005 2006 2007
Années
Hau
teu
r (c
m)
1
2
Evolution de la richesse spécifique - Cour Cucu
0
5
10
15
20
25
30
35
2002 2003 2004 2005 2006 2007
Années
Ric
hesse s
pécif
iqu
e
1
2
Figure 14 : Evolution du recouvrement, de la hauteur moyenne et de la richesse spécifique
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 25
3.4. Influence des facteurs extérieurs
A l’opposé des zones humides dépendantes des zones périphériques pour le fonctionnement
hydrique, les pelouses sèches sont peu influencées par les facteurs extérieurs. La pression de
chasse influence cependant l’avifaune et les mammifères présents sur le site.
L’acquisition foncière par le Conservatoire et l’intégration dans le site NATURA 2000
FR2500103 : « Haute vallée de la Touques et affluents » permet d’assurer à long terme la
protection et la gestion du coteau de la cour Cucu.
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 26
Section B : Définition Des Objectifs Du Plan De
Gestion
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 27
1. OBJECTIF GENERAL DE LA GESTION
L’objectif général vers lequel doit tendre la gestion du coteau de la Cour Cucu est la
résultante des analyses écologiques et socio-économiques évoquées dans les chapitres
précédents.
Il s’agit de maintenir voire d’augmenter la diversité écologique du coteau de la Cour
Cucu en cohérence avec l’activité pastorale.
Une attention particulière sera portée sur les stations à espèces remarquables et protégées et
les habitats d’intérêt « européens ».
2. OBJECTIFS HIERARCHISES
2.1. Objectif principal (OP) OP : Assurer le maintien des habitats d’intérêt communautaire par une gestion
adaptée :
- Mesobromion crétacé du Bassin parisien
- Fruticées à Genévriers communs
2.2. Objectifs secondaires (OS)
2.2.1. Concernant les espèces végétales :
OS1 – Favoriser l’extension de la station à Gentiane d’Allemagne (Gentianella
germanica).
OS2 – Favoriser l’extension de la station à Orchis grenouille (Coeloglossum viride).
OS3 – Maintien des populations d’espèces « secondaires » :
Céphalanthère pâle (Cephalanthera damasonium)
Bois Gentil (Daphne mezereum)
Hippocrépide à toupet (Hippocrepis comosa)
Gaillet rude (Galium pumilum)
Hélianthème commun (Helianthemum nummularium)
Gymnadénie moucheron (Gymnadenia conopsea)
2.2.2. Concernant la faune sauvage
OS4 – Assurer les conditions écologiques favorables au maintien des lépidoptères.
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 28
OS5 – Maintenir le rôle de refuge du site pour les mammifères et les oiseaux.
2.3. Objectifs annexes (OA) OA – Poursuivre la valorisation du site par un programme annuel de pour le grand
public.
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 29
Section C : Plan De Travail
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 30
1. GESTION DE L’OBJECTIF PRINCIPAL (OP)
OP : Assurer le maintien des habitats d’intérêt communautaire par une gestion
adaptée :
1. Pelouse des terrains crétacés du Bassin parisien :
Pour maintenir la pelouse, le pâturage est une bonne solution. On évite tous les problèmes
inhérents à la fauche (main d’œuvre, export des produits de fauche) et on permet le maintien
du stade de pelouse rase favorable aux espèces d’intérêt patrimonial. De plus, les animaux ne
pâturent pas de manière uniforme, ce qui entraîne une diversité de la structure de la pelouse :
gratis favorables aux annuelles, secteurs ras favorables aux espèces héliophiles, tel que
l’hippocrépide à toupet, secteurs sous pâturés favorables aux arthropodes (araignées,
insectes). Cette diversité structurale ne peut pas être créée par la fauche.
Mise en œuvre proposée :
Il est souhaitable de continuer le pâturage dont l’effet est positif. Le chargement est choisi en
fonction des expériences des saisons passées : 4 boucs pâtureraient en permanence et 4
solognots complèteraient le troupeau en début d’année. En effet, l’association caprin/ovin
permet de mettre en avant une gestion « double » : les ovins ont pour effet de garder la
pelouse rase tandis que les caprins permettent d’éviter sa fermeture en limitant les repousses
d’arbustes envahissants (aubépines, prunelliers,…), ce qui évite d’avoir à mettre en œuvre des
coupes.
NB : Les nombreux problèmes d’échappée d’un bouc de l’ouest en 2001 ainsi que les
problèmes d’abattage liés à la chasse nous ont conduits à ne pas effectuer de reproduction sur
le site. Ce site est donc utilisé pour faire pâturer les mâles reproducteurs du troupeau (hors
période de reproduction). Le nombre de mâles reproducteurs devra donc être contrôlé afin de
permettre de subvenir aux besoins de reproduction tout en évitant d’avoir un trop grand
nombre d’individus sur le coteau.
Les suivis scientifiques des carrés permanents doivent être poursuivis afin de contrôler l’état
de la pelouse.
Tableau 2 : Calendrier de pâturage proposé
Animaux Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc
Chèvres 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4
Solognots 4 4 4 4 4 0 0 0 0 0 0 0
2. Fruticées à Genévriers communs :
Les fruticées sont des fourrés inextricables qu’il est difficile de pénétrer et d’entretenir. Les
ormes, noisetiers, aubépines, ifs et genévriers sont intimement mêlés. Le stade de fruticée
évolue rapidement vers le boisement et les genévriers s’étiolent au profit des essences
arbustives. Le pâturage caprin a entraîné, les années précédentes, la réouverture des fruticées
grâce au broutage et à l’écorçage des ronces et des arbustes caducifoliés, au point que de
petites clairières se sont formées.
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 31
Mise en œuvre proposée :
Le bon travail du pâturage caprin doit être poursuivi. Cependant, la réouverture importante du
milieu peut laisser présager une réduction du nombre de genévriers. Un suivi d’individus doit
être mis en place afin d’évaluer l’impact réel des caprins sur ces arbustes.
2. GESTION DES OBJECTIFS SECONDAIRES (OS)
2.1. Concernant les espèces végétales
OS1 – Favoriser l’extension de la station à Gentiane d’Allemagne (Gentianella
germanica).
Cette espèce pionnière xérophile et calcicole demande une pelouse rase bien exposée. La
station est constituée d’une vingtaine de pieds (population très fluctuante selon les années) en
bordure de la pelouse et de la fruticée. Les arbustes ont été limités par débroussaillage dès
2000 pour maintenir et favoriser l’espèce.
Mise en œuvre proposée :
Le pâturage caprin a démontré son efficacité contre les arbustes envahissants. Une coupe à
proximité de la station ne semble donc pas nécessaire, le pâturage n’affectant pas le
développement de ces plantes. Il n’est donc pas indispensable d’exclure cette zone du
pâturage durant la saison de végétation.
Un suivi annuel du nombre d’individus doit être effectué.
OS2 – Favoriser l’extension de la station à Orchis grenouille (Coeloglossum viride).
La gestion par pâturage de la pelouse rase est favorable à l’espèce.
Mise en œuvre proposée
De même que pour la gentiane, le pâturage ne semble pas avoir d’incidence sur le
développement de cette espèce. L’absence de pâturage durant la saison de végétation n’est
donc pas obligatoire.
OS3 – Maintien des populations d’espèces « secondaires » :
Hippocrépide à toupet (Hippocrepis comosa)
Gaillet rude (Galium pumilum)
Hélianthème commun (Helianthemum nummularium)
Gymnadénie moucheron (Gymnadenia conopsea)
Ces espèces vivent sur la pelouse rase mésophile et le maintien de la pelouse rase leur sera
bénéfique.
Céphalanthère pâle (Cephalanthera damasonium)
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 32
Cette espèce est présente à la lisière des boisements et des fruticées à Genévrier. C’est une
espèce caractéristique des ourlets des forêts thermophiles sur calcaire. Le premier
débroussaillage de la pelouse en 1999 a entrainé la disparition d’une quinzaine de pieds qui
trouvaient des conditions favorables au pied des merisiers. A la suite de cette expérience, les
stations ont été maintenues en l’état sans intervention.
Un suivi annuel des populations permet d’évaluer l’évolution des stations et
d’affiner en conséquence la gestion. Dans l’immédiat, aucune intervention de
débroussaillage ou déboisement ne doit être pratiquée sur ces secteurs.
Bois Gentil (Daphne mezereum)
Ce petit arbuste fleuri en mars-avril est présent en lisière du bois de Canapville et le long du
chemin rural (les populations sont d’ailleurs plus importantes le long du chemin qu’à
l’intérieur du site). Cette espèce est caractéristique des lisières des hêtraies calcicoles.
Aucun déboisement ou débroussaillage ne doit être pratiqué le long du chemin
rural.
2.2. Concernant la faune sauvage OS4 – Assurer les conditions écologiques favorables au maintien des lépidoptères.
La plupart des lépidoptères présents sur le site sont inféodés aux pelouses, notamment les
Lycènes.
Le maintien des lépidoptères passe donc par un maintien de la pelouse.
OS5 – Assurer le rôle de refuge du site pour les mammifères et les oiseaux.
L’interdiction de chasser permet au site d’être un refuge pour les mammifères lors des
périodes de chasse. Il faut toutefois veiller au respect de cette mesure.
Des trous ont été aménagés dans la bergerie pour la nidification des passereaux cavernicoles
(2 nichées en 2000 et 2001).
Le maintien des lisières et des fruticées est favorable à ces espèces.
3. GESTION DES OBJECTIFS ANNEXES (OA)
OA – Valoriser le site par un programme annuel de visites mis en place avec les
associations locales pour le grand public dans le respect des exigences écologiques du
site.
Maintien du programme de visites. Ces animations permettent également de
compléter les inventaires existants.
Pose d’un passage d’homme pour faciliter l’accès au site
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 33
4. SUIVI BOTANIQUE ET INVENTAIRES (I)
Dés le début du plan de gestion, il est nécessaire de mettre en place des systèmes
d’évaluation. Ce suivi sera réalisé par le CFEN et devra tenir compte du temps réservé
annuellement aux suivis des réserves. Les évaluations ont trois objectifs :
Le suivi des stations d’espèces végétales remarquables.
Le suivi et l’évaluation du patrimoine naturel.
Le suivi et l’évaluation de la gestion.
Afin d’étudier l’impact de la gestion sur la flore, les suivis des carrés permanents seront
poursuivis sur :
- la pelouse rase mésophile
- la pelouse calcicole dense (clairières sur la zone pentue)
- la pelouse méso-xérophile dégradée (déboisement en 2002) afin de poursuivre
l’étude du retour à une pelouse rase après un abandon de longue durée et un stade
de boisement déjà avancé
Suivi de la repousse éventuelle des ligneux
Inventaire des lichens, des champignons et des bryophytes.
Compléter les inventaires entomologiques (beaucoup de bois mort) et effectuer
l’inventaire des arachnides
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 34
Section D : Programmation Des Opérations Et
Estimatifs Des Couts De Réalisation
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 35
Calendrier prévisionnel des opérations et estimatif des coûts de
réalisation
Intitulé des objectifs et des
opérations
Années de réalisation et estimatifs des
coûts
2003 2004 2005 2006 2007
Objectif principal OP1 – Assurer le maintien par une gestion adaptée du
Mesobromion Pâturage
4 400 €
4 400 €
4 400 €
4 400 €
4 400 €
OP2 – Assurer le maintien par une gestion adaptée des
fruticées Pâturage (cf OP1)
Objectifs secondaires
Espèces végétales OS1 – Favoriser l’extension de la station à Gentiane d’Allemagne
Pâturage (cf OP1)
OS2 – Favoriser l’extension de la station à Orchis grenouille
Pâturage (cf OP1)
OS3 – Maintien des populations
d’espèces « secondaires » Pâturage (cf OP1)
Faune sauvage
OS4 – Assurer les conditions écologiques pour les lépidoptères
Pâturage (cf OP1)
OS5 – Assurer le refuge pour les
mammifères et oiseaux Pas d’intervention sur les lisières
et les fruticées favorables à ces
espèces
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 36
Objectifs annexes
Animation et accueil Programme des visites 800 € 800 € 800 € 800 € 800 €
Pose d’un passage d’homme 1000 €
Suivi botanique et inventaires Suivi botanique 2400 € 2400 € 2400 € 2400 € 2400 €
Inventaire arachnides et
complément inventaires entomologiques
4500 €
TOTAL
13 100 €
7600 €
7600 €
7600 €
7600 €
Plan de gestion 2009-2013 – Coteau de la Cour-Cucu – CFEN 37
Conclusion Le coteau de la cour Cucu bénéficie d’une maitrise foncière et d’un plan de gestion. Ce site
de petite taille d’un intérêt patrimonial certain est un bon exemple de la diversité botanique
des picanes du Pays d’Auge. La gestion entreprise par le Conservatoire permet de
sauvegarder à long terme les richesses de ce site.
Ce plan de gestion est un gage de suivi des opérations de gestion sur 5 ans. Les suivis
scientifiques permettront de mesurer l’impact de ces opérations et de les affiner selon les
résultats obtenus. Le site, intégré dans le réseau européen NATURA 2000, pourra servir
d’exemple pour la gestion des coteaux calcaires.
Le Conservatoire s’engage à rechercher les moyens humains et financiers nécessaires à la
réalisation de ce plan de gestion.