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Magazine d’information sur l’agriculture, l’élevage, la pêche et la forêt en Afrique
ISSN
033
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N°379 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2010
COUP DE PROJECTEUREnseignement et
Formation : le défi du réseau FAR PAGE 27
À LA UNEFruits et légumesau MarocP. 4
L'ACTU DES FILIÈRESL’Union Européenne à la rescousse de la filière coton P. 17
CÔTÉ SALONSLe SIAT tient ses promessesP. 45
PAGE 3 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2010 AFRIQUE AGRICULTURE
SOMMAIREAfrique AgricultureBIMESTRIELÉditeur : ATC SA au capital de 765 680 €.Siret 394 705 792 00114.Gérant : François Grandidier.Abonnement annuel, y compris les numéros spéciaux. France 39,50 € (dont TVA 2,10 %). Dom-Tom, Afrique francophone : 39,50 € (expédition par avion incluse). Au numéro : 7,60 euros. Versement par chèque en euros payable, si possible sur une banque française ou par mandat poste, à l’ordre de ATC.Directrice de la rédaction : Nathalie Ternois.Photographie : Laurent Theeten, responsable image.Conception graphique et secrétariat de rédaction : Pixel Image-ATC.Régie publicitaire : ATC SA : directeur commercial : Mathieu Tournier : Tél. : 01 42 74 28 73 - Fax : 01 42 74 28 35.Chef de publicité : Habib Kiour : Tél. 03 87 52 96 99 - Fax : 03 87 52 96 90.Éléments techniques : ATC : BP 90146 - 57004 Metz Cedex 1.Directeur de la publication : François Grandidier.Commission paritaire des publications et agences de presse : 0714 T 85079. Tous droits de reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, réservé pour tous pays. Copyright by ATC SA - 1991.Imprimeur : Groupe Socosprint Imprimeurs, 36 route d’Archettes, 88000 Épinal, certifié PEFC CTP/1-013. Imprimé sur papier PEFC issu de forêts gérées durablement.Siège social : 23 rue Dupont-des-Loges, BP 90146 - 57004 Metz Cedex 1. Tél. : 03 87 69 18 18, fax : 03 87 69 18 14.Dépôt légal : novembre 2010.Principaux actionnaires : FGCI, Idia Participations.Photos de couverture : DRPOUR FACILITER LES PROCÉDURES❚ Nous rappelons expressément à nos lecteurs, abonnés et annonceurs, que tout achat d’espace publicitaire ou d’abonnements se négocie directement avec nos responsables, au siège d'ATC en France.❚ Tous les contrats relatifs à notre activité commerciale sont émis directement de France et visés par nos services.❚ Nous n’acceptons aucun paiement de quelque nature qu’il soit, à moins qu’il n’ait été fait à la suite d’un acte commercial approuvé directement par les responsables de nos publications ou de la société éditrice en France.❚ Les paiements doivent être adressés à notre siège social ou virés directement sur nos comptes bancaires.❚ Sont mandataires pour recevoir les paiements d’abonnements, la Sotupresse en Tunisie, la Sochepresse au Maroc et notre mandataire en Algérie CHVC/Expovet (voir nos bulletins d’abonnement).
■ N°379 NOVEMBREDÉCEMBRE 2010
À LA UNE P.4
Fruits et légumes au Maroc❚ Marchés extérieurs : les opérateurs s’alignent aux référentiels européens
❚ Arboriculture fruitière : le coup de pouce du MCA
❚ Feu bactérien : la lutte continue, mais aussi la propagation
❚ Production : le palmier dattier, vecteur de développement des oasis
L'ACTU DES FILIÈRES P.12
Nigeria❚ L’Agence de la promotion et des exportations des matières premières
Togo❚ Repos biologique des ressources halieutiques du Lac Nangbéto
❚ L’Afrique de l’Ouest adopte un protocole d’échange de données hydroclimatiques
Ghana❚ Deux géants africains du cacao ambitionnent de peser davantage sur le marché mondial de la fève
Bénin❚ L’Inde donne une touche agricole au cinquantenaire de l’indépendance du Bénin
Burkina❚ L’Union Européenne à la rescousse de la filière coton
Niger❚ Un secteur à valoriser
❚ Le vécu d’une situation pastorale difficile
Algérie❚ La production végétale
Maroc❚ Pour le développement de la communication au service de santé animale en Afrique
Tunisie❚ Les prévisions de la production
❚ Valorisation et conservation in situ des variétés autochtones du blé dur
COUP DE PROJECTEUR P.27
Les enjeux de la formation professionnelle❚ Le réseau international FAR, « Formation Agricole et Rurale »
INFOS PRATIQUES P.32
Mali❚ Cérémonie des trophées de l’agriculture Toguna Agro Industries - 12 octobre 2010
Algérie❚ Pêche, aquaculture et apiculture : des productions en devenir en Algérie
CÔTÉ SALONS P.45
❚ Le Salon international de l’agriculture et de la technologie tient ses promesses
❚ Changement climatique : les pays du Maghreb se préparent…
Dans ce dernier numéro de l’année il sera question du prochain
rendez-vous du réseau Far ; en effet, du 25 au 27 novembre à Bamako
se tiendra la réunion des organisations paysannes ; depuis la naissance
de ce réseau nous reviendrons sur son rôle et ses objectifs pour
la formation des ruraux.
Nous reviendrons également sur l’actualité des filières telles que
le cacao ou le coton au travers des exemples du Ghana, de la Côte
d’Ivoire ou du Burkina Faso. Vous retrouverez également dans vos rubriques
habituelles l’actualité pour l’élevage, la santé animale ou la production végétale.
Bonne lecture à tous et rendez-vous en 2011 !
Rendez-vous avec le FAR
N°378 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2010
Magazine d’information sur l’agriculture, l’élevage, la pêche et la forêt en Afrique
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L’ACTU DES FILIÈRESNigeria: rentabilité, les bons points des produits phytosanitaires LIRE P. 24
COUP DE PROJECTEURFiche technique : l’œufde consommation de qualité en pays chauds LIRE P.31
CÔTÉ SALONSTunisie : « Siat 2010 » à Elkram du 6 au 9 octobre 2010 LIRE P. 47
È
Ô É
À LA UNE PAGE 4Un nouveau soufflepour l’aviculture marocaine ?
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■ LE MOT DE LA RÉDACTION
PAGE 27 JUILLET-AOÛT 2010 AFRIQUE AGRICULTURE
COUP DE
PROJECTEUR
Les enjeux de la formation
professionnelleLe réseau international FAR,
« Formation Agricole et Rurale »
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TROIS GRANDES RÉALITÉS
DÉMONTRENT L’IMPORTANCE
CRUCIALE DE L’ENSEIGNEMENT
TECHNIQUE ET DE LA FORMATION
PROFESSIONNELLE :
LE NOMBRE DE JEUNES EN ●
MILIEU RURAL VA AUGMENTER
LA POLITIQUE D’« ÉDUCATION ●
POUR TOUS » N’A D’INTÉRÊT
QUE SI LES JEUNES RURAUX ONT
ACCÈS À UNE FORMATION LEUR
PERMETTANT DE S’INSÉRER
DANS LE MARCHÉ DU TRAVAIL
LE SECTEUR INFORMEL DANS ●
LEQUEL LES JEUNES SE
FORMENT « SUR LE TAS » EST
LE PREMIER SECTEUR D’EMPLOIS
ET D’ENTREPRENARIAT.
L’agriculture joue un rôle majeur dans le développement économique et social de l’Afrique
dont les pays doivent se doter de moyens stratégiques, opérationnels et financiers pour que leurs producteurs
– paysans, exploitants, entrepreneurs, ouvriers, fermiers… – soient autonomes et maîtrisent
leur avenir. C’est l’implication des organisations professionnelles (OP) agricoles et rurales, en premier
lieu dans l’élaboration de politiques de formation, mais aussi dans l’identification des besoins,
le financement, la gestion et la gouvernance des formations pour les ruraux, qui est au centre du débat.
© PHOTOS : RÉSEAU FAR
PAGE 28 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2010AFRIQUE AGRICULTURE
RÉUNION DES OP AGRICOLES ■ET RURALES AFRICAINES, DU 25 AU 27 NOVEMBRE À BAMAKO
Renforcer le rôle des producteurs dans la mise en œuvre des politiques de formationL e réseau international
FAR, « Formation Agri-
cole et Rurale », va réunir
les représentants d’OP d’une
vingtaine de pays africains(1)
ainsi que les responsables de
cinq faîtières régionales(2) à
une réflexion commune sur
leur rôle, en synergie avec les
autres parties prenantes de ce
secteur, dans l’émergence, la
construction et l’organisation
des dispositifs de formation
professionnelle. Un des objec-
tifs de cette rencontre sera de
rassembler les éléments d’un
argumentaire en faveur des dis-
positifs de formation de masse
pour les populations agricoles
et rurales, un argumentaire à
présenter aux niveaux déci-
sionnels, politiques et admi-
nistratifs, nationaux et locaux,
en charge de la formation pro-
fessionnelle.
Cet atelier international com-
prendra des présentations de
l’activité des OP dans la for-
mation professionnelle, des
travaux de groupes sur l’impli-
cation des partenaires sociopro-
fessionnels, une table ronde sur
le rôle des OP et de la société
civile dans la définition de po-
litiques et stratégies nationales
de formation agricole et rurale,
ainsi qu’une visite de terrain à
quelques OP maliennes.
LES ENJEUX DE L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
Trois grandes réalités démon-
trent l’importance cruciale de
l’enseignement technique et de
la formation professionnelle
(ETFP) : d’abord, le nombre
de jeunes en milieu rural va
augmenter pendant encore
plusieurs décennies en Afri-
que subsaharienne même en
tenant compte de l’urbanisation
croissante ; ensuite, la politi-
que d’« Éducation pour tous »
- c’est-à-dire l’accès généralisé
COUP DEPROJECTEUR
La vitesse des
évolutions et
la complexité des
phénomènes
économiques et
sociaux requièrent
l’extension
des capacités
d’analyse,
de diagnostic,
d’anticipation,
d’adaptation
et d’innovation
en matière
de formation
professionnelle.
PAGE 29 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2010 AFRIQUE AGRICULTURE
à l’école primaire - n’a d’intérêt
que si les jeunes ruraux suppo-
sés savoir lire, écrire et compter
ont accès à une formation leur
permettant de s’insérer dans le
marché du travail ou de créer
des activités génératrices de re-
venus (micro et petites unités
de production et de services) ;
enfin, le secteur informel dans
lequel les jeunes, notamment
non scolarisés ou déscolari-
sés, se forment « sur le tas »(3)
est, toutes branches d’activités
économiques confondues, le
premier secteur d’emplois et
d’entreprenariat.
En effet, s’il est difficile d’es-
timer avec exactitude l’impor-
tance de l’économie informelle
puisqu’elle ne concerne pas
un secteur d’activité précis
du type commerce, industrie
ou services, qu’elle échappe à
toute comptabilité et ne permet
souvent pas de prélèvements
publics et parapublics(4), en
revanche, on s’accorde sur le
fait qu’elle contribue de façon
significative à la richesse na-
tionale des pays - souvent à
hauteur de la moitié, parfois
plus, du produit intérieur brut
(PIB) - et que le secteur agri-
cole et rural, en majeure partie
inclus dans le secteur informel,
prédomine presque partout en
Afrique. En matière d’emplois
et auto-emplois, les différentes
études conduites dans les pays
d’Afrique de l’Ouest démon-
trent le faible poids du secteur
formel (10 à 15 % dont la moi-
tié et plus relevant du secteur
public) et l’importance du sec-
teur informel, notamment du
sous-secteur agricole pouvant
représenter de 50 à 85 % de
l’économie selon les pays. Les
estimations de l’Institut natio-
nal de la statistique camerou-
nais font état de 90 % d’emplois
informels - auto-emplois com-
pris - dans ce pays en 2006 avec
une répartition rural-urbain de
deux tiers-un tiers, le Cameroun
faisant partie avec, par exemple,
le Burkina Faso et le Mali des
pays d’Afrique subsaharienne
qui ont vraisemblablement les
taux les plus élevés d’emplois
en secteur informel. Au Maroc,
l’apport total de l’activité infor-
melle au PIB est communément
estimé à 40 % et, en Afrique
du Sud, ce secteur représente
31 % de l’emploi, à quoi il
faut ajouter 10 % d’activités
informelles dans l’emploi for-
mel, indique Richard Walther,
expert consultant de l’Agence
Française de Développement
(AFD). Or, toujours d’après ce
dernier, seuls 2 à 6 % des indi-
vidus ont eu accès à l’ETFP en
Afrique subsaharienne, ce qui
est aussi la proportion d’ETFP
dans les dépenses publiques
d’enseignement.
UN BESOIN DE COMPÉTENCES MULTIPLES
La production agricole, l’éle-
vage, la pêche, l’exploitation
des ressources forestières, en
incluant les activités qui y sont
liées en amont (outillage et ma-
chines, semences, engrais, pro-
duits de protection des plantes
et de santé animale, crédit…)
et en aval (négoce, transport,
stockage, transformation…)
demandent de prendre en
compte d’une part les divers
éléments au sein des systèmes
de production et d’autre part les
évolutions des techniques, des
contextes sociaux et économi-
ques, et de l’environnement. La
maîtrise de ces changements
exige une culture de base et des
connaissances qui doivent être
régulièrement actualisées par
l’accès à l’information techno-
logique, économique, scientifi-
que, culturelle. Elle exige donc
de ceux et celles qui produisent,
transforment, commercialisent,
etc., des compétences toujours
plus vastes et diversifiées.
À cela, il faut bien sûr ajouter
toutes les activités de produc-
tion de type artisanal ou semi-
industriel avec de nombreux
corps de métiers concernés
- maçonnerie, mécanique,
menuiserie, forge, tissage,
vannerie, couture, poterie…
- et d’autres importantes acti-
vités de services : commerce,
restauration, éducation, santé,
administration, information,
tourisme… Or dans la plu-
part des pays d’Afrique, ces
compétences s’acquièrent en
grande partie par l’enseigne-
PAGE 30 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2010AFRIQUE AGRICULTURE
COUP DEPROJECTEUR
ment informel, l’apprentissage
sur le tas. Pourtant, la vitesse
des évolutions et la complexité
des phénomènes économiques
et sociaux requièrent l’exten-
sion des capacités d’analyse,
de diagnostic, d’anticipation,
d’adaptation et d’innovation.
UN SYSTÈME D’ENSEIGNEMENT ET DE FORMATION POUR LE PLUS GRAND NOMBRE
Le développement de ce qu’on
appelle couramment le « capital
humain » apparaît aujourd’hui
comme une des conditions de
réussite de la transformation du
secteur agricole pour faire face
aux crises alimentaires, rendre
économiquement attractif le
métier d’agriculteur, améliorer
les revenus et conditions de vie
dans les campagnes, diminuer
l’exode rural, protéger les res-
sources naturelles et contribuer
au développement économique
et social des pays. Comme
aurait pu l’écrire le célèbre
agronome français, René Du-
mont, auteur de L’Afrique noire est mal partie, il ne s’agit pas
tant de passer d’une économie
de subsistance à une économie
créatrice de richesses que de
donner à tous les producteurs
les moyens de manger à leur
faim, de vivre décemment et
de décider de leur futur au sein
de sociétés démocratiques et
équitables.
Souvent les appareils actuels
d’enseignement technique et de
formation professionnelle agri-
coles se caractérisent par leur
inadaptation : fragmentation
entre plusieurs ministères de
tutelle, faible adaptabilité aux
besoins, cloisonnement entre
niveaux différents, voire entre
niveaux équivalents, absence
de relations avec le système
éducatif primaire, secondaire
et technique, éloignement fré-
quent du milieu professionnel
agricole et des organismes de
recherche. Il faut également
noter l’important déséquilibre
des flux d’élèves au détriment
des formations professionnel-
les de base, notamment des
producteurs qui sont pourtant
les acteurs des évolutions de la
profession agricole. Parallèle-
ment, de nombreuses initiatives
sous forme de projets innovants
générés par les secteurs privés,
associatifs et de la coopération
internationale sont peu inté-
grées au système public alors
qu’elles mériteraient d’être
mieux connues et valorisées.
En outre, la formation agricole
et rurale fait figure de parent
pauvre au point de vue éco-
nomique : les budgets qui lui
sont alloués sont extrêmement
faibles au regard de l’impor-
tance des besoins. Et si dans
le meilleur des cas les besoins
en formation sont estimés, il
faut pouvoir convaincre les
décideurs nationaux et interna-
tionaux qu’il est indispensable
d’investir dans ce secteur. Dans
ce sens, Adama Coulibaly, Pré-
sident du comité de pilotage du
réseau FAR, estime que les ré-
flexions et travaux conduits par
le réseau conduisent à se pen-
cher d’urgence sur la problé-
matique de la formation de la
grande masse des producteurs
et productrices en milieu ru-
ral dans le cadre des politiques
nationales.
LA DÉFINITION DE POLITIQUES NATIONALES D’ÉDUCATION ET DE FORMATION
Cinq conditions majeures
justifient la définition de po-
litiques nationales d’éducation
et de formation selon Pierre
Blaise Ango, coordonnateur
du programme camerounais
d’appui à la rénovation et au
développement de la formation
professionnelle dans le secteur
PAGE 31 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2010 AFRIQUE AGRICULTURE
de l’agriculture, de l’élevage et
de la pêche. La première né-
cessité est de construire une
vision globale et partagée
entre les divers acteurs insti-
tutionnels et leurs partenaires
socioprofessionnels. Deuxiè-
mement, les politiques de for-
mation des ruraux font partie
intégrante des politiques de
développement économique
et social et ne doivent pas être
traitées en marge d’une vision
nationale. Troisièmement, des
questions importantes sont à
poser comme les types d’agri-
culture à promouvoir, les mé-
tiers ruraux porteurs en termes
d’employabilité, de croissance
économique, de durabilité et
d’insertion sociale, et les po-
tentialités locales à valoriser.
Il s’agit enfin de décliner des
objectifs politiques en objectifs
stratégiques en caractérisant
les bénéficiaires, les acteurs
et partenaires financiers et
techniques : un cadre régle-
mentaire clarifie les parcours
de formation, les structures
mises en œuvre, les modes
de gestion et de certification,
l’intégration des systèmes in-
formels de formation dans les
politiques de formation. Pour
conclure, la fixation de modes
de financements pérennes est
une condition indispensable.
Il y a par ailleurs nécessité de
développer une expertise natio-
nale, en matière de formation,
afin de réunir tous les acteurs
impliqués dans la création,
l’animation et la gestion des
dispositifs de formation. Il
s’agit également d’approfon-
dir des thèmes de réflexion et
d’action tels que le financement
de la formation, la construction
de la demande sociale, l’orga-
nisation des formations par
alternance, l’évaluation des
impacts de l’ETFP sur l’acti-
vité économique ou le marché
du travail ainsi que les moda-
lités de reconnaissance et de
certification des capacités et
situations professionnelles des
personnes actives.
QUELLES FORMATIONS POUR LES POPULATIONS RURALES ?« Les producteurs et productri-ces doivent être les acteurs de leur propre développement »,
aime à rappeler Babacar Ndao,
représentant le ROPPA, lors de
l’atelier organisé par le réseau
FAR et la FAO en juin 2009 sur
le thème « crise alimentaire : la
formation des ruraux en ques-
tion ». Sur un socle issu de la
transmission de savoirs par la
famille et par l’école primaire,
la formation professionnelle
donne accès à des connaissan-
ces scientifiques, techniques et
économiques aux producteurs.
Elle leur permet d’identifier
et d’analyser les évolutions de
leur environnement (fertilité,
climat, ressources génétiques,
commercialisation…), de maî-
triser les processus techniques
de production, de raisonner le
fonctionnement de l’exploita-
tion familiale ainsi que d’exer-
cer des responsabilités au sein
des organisations paysannes
ou sociales.
Précisons que les quatre ter-
mes - éducation, enseigne-
ment, formation, vulgarisa-
tion - sont souvent employés
de manière indifférente alors
qu’ils revêtent des concepts
variés et se traduisent par des
actions différentes mais néces-
sairement complémentaires.
Ainsi, l’éducation est pour une
large part réalisée par les pa-
rents, la famille, l’entourage et
se traduit par l’apprentissage de
l’autonomie, de règles morales
et sociales, de savoirs… L’en-seignement correspondant au
développement de connaissan-
ces complexes, il est dès lors
plutôt réalisé dans des écoles
par des maîtres. La formation
vise l’acquisition de compé-
tences liées à l’exercice d’un
métier. La formation continue
permet l’adaptation des tra-
vailleurs aux changements des
techniques et des conditions
de travail. Enfin, la vulgari-sation est l’outil de conseil aux
paysans et paysannes dans les
processus d’adaptation à un
contexte en évolution ; elle dif-
fuse l’information technique
et facilite le développement de
synergies.
MARTIN WEISS ET IGOR BESSON, CHARGÉS DE MISSION AUPRÈS DU RÉSEAU
FAR ([email protected])
(1) Les douze pays francophones représentés au comité de pilotage du réseau – Algérie, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Madagascar, Mali, Maroc, Sénégal, Tchad et Tunisie – ainsi que l’Angola, le Ghana, le Kenya, le Mozambique, le Nigeria, la Tan-zanie et le Zimbabwé.(2) Afrique du nord (Umagri, Union maghrébine des agriculteurs), de l’est (EAFF, Eastern Afri-can Farmers Federation), australe (Sacau, Southern African Confederation of Agricultu-ral Unions), de l’ouest (Roppa, Réseau des organisations paysannes des producteurs agricoles) et centrale (Propac, Plateforme sous régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale).(3) On parle d’ailleurs de formation informelle ou d’autoformation, c’est-à-dire l’apprentis-sage en faisant, en répétant et en imitant ce que font ou disent de faire les parents, les « patrons », les chefs de chantier, les mem-bres de coopératives ou d’associations… bref, ceux et celles qui veulent bien partager leurs compétences et transmettre leurs va-leurs sociales et professionnelles, tous savoir, savoir-faire et savoir être que nous nous gar-dons bien de qualifier de traditionnels ou de hérités du passé car les innovations sont foi-sonnantes et les métiers, notamment en mi-lieu rural, n’ont pas tous de tradition d’apprentissage.(4) Cette dernière idée est toutefois à rela-tiviser car d’une part, le secteur informel est plutôt polarisé sur la création d’emplois et surtout sur l’auto-emploi plutôt que la dynamique entrepreneuriale et, d’autre part, les entreprises concernées sont de trop petite taille et trop pauvres pour être sour-ces de recettes fiscales importantes d’après la dernière édition d’African Economic Out-look de l’OCDE.
Le réseau FAR est né de la demande des participants (une centaine) lors de la rencontre sur la « Formation de masse en milieu rural, élément de réflexion pour la définition d’une politique nationale », qui s’est tenue à Ouagadougou en 2005. Ces participants, venus
d’une vingtaine de pays, impliqués dans les processus d’élaboration de politiques et de stratégies de formations agricoles et rurales, ont souhaité partager leurs différentes expériences, analyses, difficultés et développer conjointement des argumentaires, des savoirs, des outils en matière de création et gestion de dispositifs de formation au sein d’un réseau. Aujourd’hui, le réseau FAR réunit des producteurs, des membres d’organisations professionnelles, des vulgarisateurs, des techniciens, des enseignants et formateurs, des représentants d’institutions et de collectivités nationales et locales, des personnels d’organisations internationales et des décideurs politiques, soit plus d’un millier de personnes d’une quarantaine de pays dont treize sont actuellement représentés dans le comité de pilotage. Le réseau FAR contribue au renforcement des compétences des différents acteurs en charge des formations, notamment au travers de son programme spécifique d’appui au développement de l’expertise en formation agricole et rurale financé par l’Agence Française de Développement (AFD). Il initie et mène des actions de sensibilisation des décideurs sur les enjeux et conditions de la mise en œuvre de formations pour les ruraux et sur le rôle des différents types d’acteurs.Coordonnées du Réseau FAR :- Adama Coulibaly, président du Comité de Pilotage, [email protected] Bernard Cavaillé, secrétaire exécutif, [email protected]
LE RÉSEAU INTERNATIONAL ■« FORMATION AGRICOLE ET RURALE »
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N°378 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2010
Magazine d’information sur l’agriculture, l’élevage, la pêche et la forêt en Afrique
ISSN
033
7 95
15 -
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ESTR
IEL
- PRI
X 7,
6O €
L’ACTU DES FILIÈRESNigeria: rentabilité, les bons points des produits phytosanitaires LIRE P. 24
COUP DE PROJECTEURFiche technique : l’œufde consommation de qualité en pays chauds LIRE P.31
CÔTÉ SALONSTunisie : « Siat 2010 » à Elkram du 6 au 9 octobre 2010 LIRE P. 47
È Ô É
À LA UNE PAGE 4
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