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COUV 746 COUVs 745 - snes.edu · • Tout ce qu’il faut savoir ... se battre pour ses idées, ce n’est pas un vague supplément ... on ne peut lui demander de faire la même chose

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30 jours 4

Portrait 6• Directeurs de scènes nationales

Actualité 8• Semaine d’action pour la fonction publique• Décret sur les conseils (pédagogique,

école/collège, de cycle)• Fonction publique : budget 2015• Financement de la Sécurité sociale• Budget Éducation : indicateurs• Taxation sur les transactions financières ?• Syndicalisme retraité européen• CPGE

Élections professionnelles 15• Tout ce qu’il faut savoir

Changer d’ère 16• Le manuel numérique

Droits et libertés 17• Pour un avenir solidaire• Jeunes majeurs sans papiers

Éco/social 18• Loi sur la transition énergétique• Dictionnaire• Évolution du marché du travail

Dossier 21• Métier enseignant :

entre vocation et tensions

21 DossierMétier enseignant

Métier 28• Chantiers collège-lycée• Philosophie en séries technologiques• Programmes du collège• Consultation sur le socle : bilan du SNES

Catégories 30• Non-titulaires• Reclassement des contractuels• Mouvement 2015• Hors-classe des CPE

Fenêtre sur 32• L’OCDE

Sur le terrain 34• L’école à l’hôpital

Culture 36• Livres/Revues• Cinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions

Entretien 40• Bernadette Groison

International 42• Conférence de mi-mandat du CSEE• Mobilisations en Europe• Le SNES-FSU engagé

dans la solidarité internationale

Dans la classe 44• L’Éducation à la sexualité

Rattrapage 46• Les équipes de vie scolaire

ÉditoQu’est-ce qu’un syndicat fort ?Le Premier ministre en donnaitune curieuse définition lors de sondiscours à l’occasion des 50 ans dela CFDT.Si l’on peut acquiescer à sonpremier propos sur le fait qu’ils’agit de négocier, la suite nelaisse pas beaucoup de doute sursa conception du syndicalisme etde son rapport au politique.« Oser la négociation », c’est tenirle « langage du pragmatisme », cequi veut dire pour lui nedévelopper ses revendications quedans le cadre imposé par legouvernement, renoncer à aller leplus loin possible dans laconstruction d’un modèle socialsolidaire, quitte à acter un certainnombre de renoncements pour lessalariés.Développant son propos, ManuelValls prenait pour exemple laréforme des retraites de 2003,regrettant le manque de solidaritédu PS avec la CFDT lors de cetépisode de la vie politiquefrançaise qui draina des millions degens dans la rue et finit parl’imposition d’une réformemajoritairement contestée, et donton pourrait ajouter, en outre, quel’efficacité ne fut pas probante.Oui, la France a besoin dusyndicalisme, Monsieur le PremierMinistre, un syndicalismeindépendant, au service del’intérêt général et des droits dessalariés ! Oui, le dialogue socialest nécessaire pour faire avancerles revendications : un véritable

dialogue, et nonla seule voix duMEDEF et dugouvernement.

SOMMAIRE

Frédérique Roletcosecrétaire générale

L’Université Syndicaliste, le journal du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13. Tél. standard : 01 40 63 29 00). Directeur dela publication : Roland Hubert ([email protected]). Rédacteur en chef : Thierry Petrault. Secrétaire de direction : Bénédicte Derieux. Collaborateurs permanents : Nicolas Béniès,Jean-François Claudon, Monique Degos, Caroline Gros, Véronique Ponvert, Stéphane Rio, Nicolas Sueur. Régie publicitaire : Com d’habitude publicité, 25, rue Fernand-Delmas,19100 Brive. Clotilde Poitevin, tél. : 05 55 24 14 03, fax : 05 55 18 03 73, www.comdhabitude.fr. Compogravure : C.A.G., Paris. Imprimerie : SEGO, Taverny (95). C.P. N° 0118 S 06386.I.S.S.N. N° 0751-5839. Dépôt légal à parution. Conception : Voltaire & Associés, 15, rue de la Banque, 75002 Paris. Photo de couverture : © Fotolia.com/freshidea. Prix du numéro : 1,30€.Abonnement : 1) Personnels de l’Éducation nationale : France 30 € ; étranger et DOM-TOM : 44 €. 2) Autres, France : 42 € ; étranger : 56 €.

Publicité : GMF (p. 2), TARSUS (p. 5), MAE, Initiatives (p. 45), MGEN (p. 47), MAIF (p. 48). Joint à ce numéro : 24 p. Courrierde S1 n° 4 ; 40 p. Mouvement inter 2015 ; 8 p. CTM/CTA ; 8 p. CPE, 8 p. Chaires supérieures, 8 p. CO-Psy, 8 p. Non-titulaires,8 p. Certifiés, 8 p. AED , 8 p. Agrégés ; 4 p. Élections professionnelles n° 3 ; affiche A2 Élections professionnelles

EntretienBernadette Groison, secrétaire générale

de la FSU

34 Fenêtre surL’OCDE

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4 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

BILLET D’HUMEUR

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Mourir pour des idées

30 JOURS

d’un enfant du Tarn assassinépour ses idées pacifistes et soninternationalisme... Engagement, conviction, idéaux :tout cela ne serait que des motsde commémoration officielledénués de sens aujourd’hui  ? Ilest vraiment temps que lescitoyens réinvestissent mas -sivement le débat public et rap-pellent à certains élus quese battre pour ses idées, cen’est pas un vague supplémentd’âme pour activistes en mal degrand soir  ! n

Jean-François Claudon

Inégal face à EbolaMême si l’aide internationale et les efforts des trois pays africains les

plus durement frappés, Guinée, Sierra Leone et Libéria, ont com-mencé à sauver des vies, la crise actuelle d’Ebola est bien le reflet desinégalités persistantes d’accès aux soins. L’épidémie qui a fait plus de5 000 morts en Afrique de l’Ouest a surtout été médiatisée aprèsl’apparition de quelques cas aux États-Unis et en Europe. Elle a sur-tout suscité une indécente psychose. Les uns appelant à la fermeturedes frontières, le personnel de nettoyage de l’aéroport de New Yorkse mettant en grève... Et que dire de ceux qui en ont profité pour mettreen place un business lugubre : costumes d’Halloween, peluches, tee-shirts... ou de l’achat du nom de domaine « Ebola.com » pour plus de170 000 euros par une société russe !Alors que les soins prodigués ont permis de sauver ces Occidentauxet de rassurer, il n’en est malheureusement pas de même dans les paysafricains dont les guerres civiles ont mis à mal les structures de santé.Mettre fin à cette épidémie demande donc une intervention d’ur-gence qui soit à la hauteur du défi à relever. Les pays riches disposantde ressources et des connaissances doivent enfin se montrer soli-daires. Car sur le terrain d’autres sont convaincus que le pire est à venir.

Il a eu beau multiplier lesexcuses après sa bourde, le

mal était fait. Le président duconseil général du Tarn a oséaffirmer, suite au décès tragiquede Rémi Fraisse, que «  mourirpour des idées  » était «  relati-vement stupide et bête »... Dansquel pays vivons-nous pour qu’unélu se croit permis d’insulter,outre la mémoire du jeune mili-tant, le travail quotidien de tousceux qui combattent l’oppres-sion  ? Et dire que M. Cercenacs’est éreinté toute l’année àcélébrer le centenaire de la mort

Coulée pour toucherLa direction de la SNCM annonce le dépôt de bilan aux salariés.

1ER

nov.

Pas dans les nuagesEn Russie, le cloud « maison » sinon rien pour les géants du web.

2nov.

Pauvre de nousDes pauvres de plus en plus pauvres, selon le Secours catholique.

3nov.

Bizarre ce yachtIntempéries : un cargo s’échoue sur la plage du Carlton, à Cannes.

Elle a pleuré. Lydie Salvayre a remporté le Goncourt, pour son roman « Pas pleurer ».

4nov.

4nov.

Du pinacle au SénatMidterms : Obama perd la majorité au Congrès américain.

5nov.

Et Bahn !Grève historique des trains en Allemagne.

6nov.

Quel Lux...Plus de trois cents multinationales échappent à l’impôt au Luxembourg.

7nov.

Comète d’où on vient. Le petit robot Philae se pose sur la comète « Tchouri », à 511 millions de kilomètres.

12nov.

Pas rigoloLe phénomène des « clowns méchants » se développe en France.

22oct.

Tweet en tweedLa reine d’Angleterre envoie son premier tweet.

23oct.

Pourtant bien placé. Impôt sur la fortune :Gilles Carrez (UMP) risque le redressement fiscal.

24oct.

Ryan manque pas d’airRyanair condamné en appel pour travail dissimulé.

25oct.

DrameMort d’un jeune militant sur le site du barrage de Sivens.

26oct.

Des pépinsLa CNIL accuse Apple de surveiller ses salariés d’un peu trop près.

27oct.

Pas de stress...Les banques françaises ont réussi leurs stress-tests.

Drôles de dronesCinq centrales nucléaires survolées par des drones.

29oct.

Ils voient plus clercsTunisie : victoire du parti anti-islamiste Nidaa Tounès confirmée.

30oct.

Climat des gradésCoup d’État militaire au Burkina-Faso.

31oct.

28oct.

6 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

LA RENTRÉE THÉÂTRALE a été marquée par l’arrivée de jeunes metteurs en scène à la tête de plusieurs CDN (Centres dramatiques nationaux). Remplacement de directeurs en fin de contrat ou volonté deprofond renouvellement ? Deux portraits pour comprendre les évolutions : Marie-José Malis au Théâtre de La Commune à Aubervilliers. Jean Bellorini au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis.

Le TGP et La Commune sont tous deuxle produit d’une volonté politique fortede décentralisation de la culture par la

création de Centres dramatiques nationaux(CDN) en province et à la périphérie deParis. Tous deux ont démarré dans desimples salles des fêtes dans les annéessoixante et sont nés de la rencontre de muni-cipalités acquises à l’idée d’une politiqueculturelle en profondeur et d’hommes dethéâtre militants, Gabriel Garran à Auber-villiers et Jacques Roussillon à Saint-Denis.

Marie-José Malis succède à Didier Bezacequi dirigeait le théâtre de La Communedepuis 1997 et Jean Bellorini à ChristopheRauck à la tête du TGP de Saint-Denisdepuis 2008. Tous deux vont devoir impri-mer leur marque à ces théâtres par leurscréations et leur programmation mais aussipar leur capacité à inscrire leur action dansla ville. Tous deux se situent dans des ban-lieues plutôt défavorisées. Il leur faut atti-rer les spectateurs de la ville, et pas seule-

ment des Parisiens qui se hasardent au-delàdu périphérique, et surtout les jeunes. Tousdeux arrivent dans une période de pénuriebudgétaire, où les CDN se trouvent à untournant, où l’on n’a pas encore mesurél’impact que va avoir la réforme territo-riale qui risque d’être ravageuse pour lesfinances locales. Si Jean Bellorini défendl’idée d’une « révolution lente » des CDN,plutôt qu’une transformation radicale,Marie-José Malis estime que si le théâtre nepeut éviter d’avoir à partager les efforts entemps de crise, on ne peut lui demander defaire la même chose avec moins d’argent.Elle attend des pouvoirs publics « qu’ilsleur fassent confiance pour qu’ils puissentréinventer des modèles et remettre de lavitalité dans les CDN ».

Une vision de la fonctiondu théâtre assez différente Pour Marie-José Malis, un CDN doit pro-poser des œuvres qui permettent de pensernotre époque mais n’en restent pas à la cri-tique et à la déploration. «  Ce que jecherche c’est un théâtre qui pose les ques-tions, problématise les enjeux afin de sor-tir d’un monde mort. Au théâtre de l’imageet de l’ironie sur le monde, je préfère unthéâtre de la pensée, un théâtre dont les

« Ce que je cherche, c’est

un théâtre qui pose les questions

[...] et qui nous engage sur

un nouveau chemin de vie »

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PORTRAIT MARIE-JOSÉE MAL IS ET JEAN BELLORIN I

Renouvellement dans lesCentres Dramatiques Nationaux

« Le théâtre doit être une fête,

une fête joyeuse où l’on peut

tout entendre [...], un théâtre

pluriel, généreux, accueillant »

AU THÉÂTRE GÉRARD-PHILIPE, Jean Bellorini,après Liliom reprend Labonne âme du Se-Tchouanet créera une pièce de Ödönvon Horváth Un fils de notretemps, qui après trois repré-sentations au TGP, partiraen tournée en Île-de-France.

Beaucoup de spectaclesjoués peu de temps ponc-tueront la saison avec, entreautres, Erik Satie, mémoiresd’un amnésique, «  un petitopéra-comique sans lyrics »mais avec piano, une miseen scène par Jean-Yves Rufdes Trois sœurs de Tchekhov

et un spectacle mêlant dis-cours, documents d’archives,extraits de films et chansonssur l’histoire du mur de Ber-lin, Berliner Mauer : vestiges.Par ailleurs, Jean Bellorinianimera une troupe éphé-mère de jeunes de 15 à20 ans désirant créer unspectacle alliant théâtre etmusique, dont le projet seraprésenté en mai au théâtre.Le théâtre accueillera aussicertains spectacles du festi-val « Le standard idéal »,privé de ses locaux par lestravaux à la MC 93, et lethéâtre Majâz qui œuvrepour le rapprochementIsraélo-Palestinien.©

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Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 7

images sont humbles et hospitalières et quinous engage sur un nouveau chemin devie. Le théâtre peut contribuer à la trans-formation du monde parce qu’il nous donneà sentir comment on pourrait vivre autre-ment. » En même temps, elle dit aimerceux qui ont le courage de scandaliser enallant contre les conformismes, commePasolini et Vitez ou, dans la générationactuelle, Maguy Marin et Jérôme Bel. Samise en scène de Hypérion de Hölderlin enAvignon cet été a suscité des réactions vio-lentes et contradictoires, entre ceux qui yont vu un spectacle novateur « mettant,par sa lenteur, sa profondeur et sa durée, lespectateur dans un état de réflexion médi-tative  » et ceux qui y ont vu « un anti-théâtre lugubre sans jeu, sans élan, dissoutdans un bain prophétique où surnagent seu-lement quelques sentences ».Jean Bellorini met en avant sa volonté d’unthéâtre véritablement pour tous. Pour lui,«  le théâtre doit être une fête, une fêtejoyeuse où l’on peut tout entendre, y com-pris des drames, un théâtre pluriel, géné-reux, accueillant  », qui soit poétique etouvre l’imaginaire. Il dit aimer que le spec-tateur arrive à aller au-delà de la connais-sance et du cérébral, soit dans l’intuition etl’énergie, ce qui ne l’empêche pas pourautant de réfléchir. C’est dans cet espritqu’il a adapté Les Misérables dans Tem-pête sous un crâne qui a connu un trèsgrand succès l’an passé, tout comme il avaitadapté Rabelais dans Paroles gelées pourlequel il a obtenu en 2014 le Molière dumetteur en scène d’un spectacle de théâtre

public. Cette année il présente Liliom, dansun décor de fête foraine, en en restituant lamagie poétique. « On vient au théâtre pourêtre touché, pour regarder et écouter l’hu-main. » On retrouve là les vertus d’unhomme qui a travaillé avec Ariane Mnou-chkine et a gardé avec elle un rapport fort.

Une action en directiondes jeunes et de la ville Pour Jean Bellorini, un projet théâtral seconstruit à partir des témoignages des habi-tants du quartier du Franc-Moisin, mis enscène par Didier Ruiz avec la Compagniedes Hommes, des ateliers d’écriture, dethéâtre et de traduction pour les enfants desécoles, les collégiens et les lycéens. Sa pro-grammation fait une large place au jeunepublic avec neuf spectacles dédiés, ouvre laporte au jazz et à des concerts en écho auxspectacles théâtraux proposés. Pour Marie-José Malis, trois spectacles jeune public,dont un Ahmed philosophe, sur un texte

Portrait réalisé par Micheline Rousselet

d’Alain Badiou qui, à travers « un jeune far-ceur des banlieues et penseur audacieux,invite l’enfance au pays des idées ». Elleprésente aussi «  des pièces d’actualité  »,manière nouvelle de faire du théâtre en par-tant de la vie des gens et des questionsqu’ils se posent. L’idée est de faire duthéâtre l’espace public de nos questions etde rappeler que le théâtre est aussi uneagora où l’on débat et on échange. L’une deces pièces d’actualité, confiée à MaguyMarin, s’intéressera au quartier de la PetiteEspagne et s’attachera à la vie des ouvriersespagnols venus dans les années 30 et àcelle de leurs petits-enfants.Avec ces nominations, on assiste à la miseen place de projets assez différents, mais quivisent tous deux à développer un théâtrequi déploie sa fonction dans la cité. n

AU PROGRAMME DU THÉÂTRE DE LA COMMUNE, des spectacles qui risquent d’êtredécapants. En novembre-décembre un Avare, portrait de famille revu en ce début de troi-sième millénaire qui s’inscrit bien dans le projet de la metteure en scène Catherine Umb-denstock : interroger autant le répertoire que les valeurs du monde actuel. En janvier unepièce hyperréaliste d’un jeune metteur en scène argentin, Viejo, Solo y puto. En févrierEt balancez mes cendres sur Mickey la nouvelle création de Rodrigo Garcia. En avril unelibre adaptation de Moravia par Michel Deutsch et Mathias Langhoff, Cinéma Apollo.On attend avec curiosité la pièce pour le jeune public d’Alain Badiou, Ahmed Philosophe.La rencontre avec le prince du concept qu’est Alain Badiou peut être surprenante.Des spectacles pour enfants vont tourner dans les classes d’Aubervilliers et Marie-José Malis animera un atelier spectacle pour amateur.

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8 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

ACTUALITÉPOUR UNE FONCTIONPUBLIQUE À L’HONNEURLes services publics participent de notre modèlesocial, et tous les économistes affirment qu’ilsconstituent à eux seuls un « amortisseur » à la crise.Pourtant, la Fonction publique n’est pas considérée à sa juste valeur. C’est pourquoi, du 17 au22 novembre, la FSU mobilise au cours d’une semained’action pour la Fonction publique et ses personnels.

Quiconque chercherait dans les diversesallocutions du président de la Républiqueune mention de la Fonction publique ren-

dant justice à l’action de ses agents, à leur rôlepour la cohésion sociale et la correction desinégalités, risquerait de demeurer sur sa faim.Tant dans le discours que dans le projet de loide finances, les agents de la Fonction publiquene sont pas à l’honneur. La réduction drastiquedes dépenses pèse notamment dans le budget del’État sur les rémunérations des agents. Le geldu point d’indice se poursuit, les enveloppescatégorielles sont réduites de plus de la moitié.

Agressions diversesSi l’Éducation nationale reste un secteur prio-ritaire, c’est par redéploiement des emplois ausein de la Fonction publique et au prix d’unediminution dans d’autres ministères, dans unepériode où les besoins de la population aug-mentent.Ces mauvais traitements infligés à la Fonctionpublique encouragent tous ceux qui rêventdepuis longtemps de revenir sur le statut, d’af-faiblir les garanties des fonctionnaires, de lesfaire dépendre de l’arbitraire local.Au-delà des propos provocateurs de la droite,reprenant à l’envi la diminution drastique dunombre de fonctionnaires tant martelée par

Nicolas Sarkozy, c’est récemment lerapport du sénateur radical de gaucheTourret qui reprenait l’offensive contre laFonction publique.

Enjeu de sociétéC’est pourquoi la FSU, attachée à une Fonctionpublique soucieuse d’évolutions positives pourles usagers comme pour les agents, a décidéd’une semaine d’action du 17 au 22 novembre,intégrant un rassemblement pour les salaires le18 et un temps fort pour l’Éducation le 22novembre.Loin des idées fausses, de tous les poncifs cher-chant à opposer les uns aux autres, salariés duprivé contre salariés du public, la FSU est déter-minée à donner la parole aux personnels, àinterpeller le gouvernement pour le mettredevant ses responsabilités : il est plus que tempsd’affirmer avec fermeté que le pays a besoin dela Fonction publique, que le sort de ses agentsdoit être amélioré.

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42 HEURESDE TRAVAILEFFECTIFPAR SEMAINE

LE SNES-FSU SE BATPOUR LA DIMINUTIONDES MAXIMA DE SERVICE

Gel du point d’indiceQuatre ans de gel du point d’indice, l’an-nonce d’un maintien jusqu’en 2017, c’estinacceptable. Il faut que le gouvernementrevienne sur sa décision, ouvre des discussionssur les carrières et les rémunérations. L’aug-mentation des cotisations et le gel du pointd’indice ont causé une perte du pouvoird’achat pour tous les fonctionnaires ; cela nepeut plus durer alors que dans l’Éducationnationale, notamment, sévit une grave crise derecrutement.Aussi, avec les syndicats de la FSU faisons-nousentendre, participons aux initiatives organiséeslors de la semaine d’action. n

Frédérique Rolet

Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 9

UN MEETING POUR L’ÉDUCATIONDans le cadre de la semaine d’action FSU pour les services publics, les syndicats FSU de l’éducation ont décidé de tenir un meeting samedi 22 novembre à Paris. Il se tiendra à la Maison de la Chimie de13 heures à 15 heures et sera précédé d’un accueil convivial dès 11 heures sur l’esplanade des Invalides.

Il s’agit, alors que les déclarations gouver-nementales se multiplient sur le ton du tou-jours plus de rigueur, de peser dans le débat

public et d’imposer la nécessité d’investir dansl’Éducation nationale. Le pari sur l’avenir nepeut être tenu si l’on poursuit une politique édu-cative à court terme soumise aux aléas du mar-ché et aux recommandations de l’OCDE.Un meeting pour porter la parole de tous lesprofessionnels de l’éducation : personnels d’en-seignement, d’éducation, d’orientation, desanté, d’administration, assistant-e-s sociaux…réuni-e-s pour témoigner, revendiquer et ouvrirl’espoir. Pour dire qu’il est non seulement pos-sible, mais urgent, de leur faire confiance etd’investir dans la formation des jeunes.

Porter le projet FSUÀ partir de témoignages et de déclarations desdifférents syndicats de la FSU, seront abordéstous les thèmes portés dans le projet FSU pourle système éducatif : formation initiale et conti-nue des personnels, conditions de travail, derecrutement et d’emploi, salaires et pouvoir

d’achat, contenus enseignés, organisation desvies scolaires, orientation scolaire, équipespluriprofessionnelles au service de la réussitedes élèves...

Ouvrir des perspectivesCette journée revendicative doit ouvrir des

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Cette semaine d’action du 17 au22 novembre se traduira par demultiples initiatives autour de

la Fonction publique et des servicespublics, dont certaines ont un carac-tère unitaire, avec une initiative spé-cifique pour l’éducation à Paris,le 22 novembre. Durant cette semaine,sont notamment prévus :◗ une semaine d’action du SNUEP-FSU « pour l’enseignement profes-sionnel » avec notamment un rassem-blement au ministère le 20 ;◗ une semaine de l’enseignement agri-cole ;◗ un colloque du SNUipp-FSU surl’école maternelle (le 20 à Rennes) ;◗ une conférence/témoignages duSNES-FSU sur socle et programmesle 20 ;◗ un colloque du SNEP-FSU à Paris les20 et 21 sur les programmes.Elle s’achèvera donc à Paris le22 novembre par une grande jour-née : « Avec la FSU, l’Éducation donnede la voix ! ». Cette journée s’organi-sera autour d’un rassemblement surl’esplanade des Invalides à 11 heures etun meeting à la Maison de la Chimie de13 heures à 15 heures.

MOBILISATION EN CONTINU...

perspectives pour le second degré ; elle s’ins-crit dans la volonté du SNES-FSU de rassem-bler, au cours des mois à venir, dans des actionsd’ampleur, pour que la loi de refondation nedevienne pas l’habillage démocratique d’unepolitique de rigueur dont les perdants sont tou-jours les plus démunis. n Roland Hubert

10 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

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Aujourd’hui, le chef d’établissement nomme au conseil pédago-gique, après consultation des équipes,  des personnels volon-taires. À la rentrée les équipes pourront lui proposer, dans les

quinze premiers jours de l’année scolaire, les enseignants volon-taires « susceptibles d’être désignés »... Passé ce délai, en l’absencede propositions, il désignera qui bon lui semble. Installé, ce conseil fera des « suggestions » au chef pour la désigna-tion des enseignants du conseil école-collège et de ceux, parmi lesenseignants de Sixième, du conseil du cycle 3 dans les écoles scola-risant les élèves du secteur de recrutement. La notion de volontariat,pourtant présente dans le projet de texte soumis au Conseil supérieurde l’éducation, disparaît.

Petit père des peuples en son Gosplan… C’est aussi parce que ces structures bureaucratiques cherchent àdessaisir personnels et équipes, du secondaire comme du primaire, deleur liberté pédagogique pour y substituer l’imposition verticale debonnes pratiques que le SNES-FSU combat leur mise en place. Lorsde sa création, le SNES a dénoncé un conseil pédagogique conçu pourrenforcer le pouvoir du chef d’établissement, présidant le conseil eten nommant les membres, déléguant ainsi à quelques collèguesdésignés l’organisation pédagogique. Le décret du 14 octobre pose un problème supplémentaire : il prévoitque le conseil pédagogique «  formule des propositions quant auxmodalités de l'accompagnement pédagogique des élèves (...), plus par-ticulièrement sur la différenciation des approches pédagogiques,notamment les aides pour les élèves rencontrant des difficultés dansles apprentissages scolaires ». Est entretenue ainsi la confusion entreenseignement adapté qui fixe des objectifs spécifiques, et enseigne-ment différencié qui renvoie aux méthodes et à la liberté pédagogiquedes enseignants.

... impose plan pédagogiqueVient ensuite l’obligation, pour les collègues nommés, de participerau conseil école-collège et au conseil du cycle 3 dans chaque écoledu secteur ! Dans le premier, présidé par le principal et l’IEN, il fau-drait construire puis évaluer un programme d’actions et favoriser les

échanges de service inter-degré. Dans le second, ilfaudrait penser des progressions de cycle et élaborerla partie pédagogique du projet d'école pour le cycle !Il ne s’agit donc pas, comme le réclame le SNES-FSU, d’approfondir la connaissance réciproque descontenus et pratiques ni de favoriser l’articulation desdegrés d’enseignement dans le respect de leurs spéci-ficités pour améliorer la réussite des élèves, mais sim-plement de fixer la Sixième comme fin de la scolaritédu premier degré pendant que le conseil école-collège,continuum structurel primarisant le collège, construi-rait l’école du socle.Le SNES-FSU propose de rompre avec la logique dusocle Fillon et du LPC, et promeut une culture com-mune large, ouverte, diversifiée, répondant auxbesoins de jeunes en construction : cette véritablerefondation de l’école ne peut se faire qu’avec despersonnels respectés. Loin de cette ambition, cedécret signe la volonté ministérielle de placer soustutelle managériale une soi-disant refondation péda-gogique en laissant prospérer bureaucratie et déré-

glementation héritées des lois Fillon et réformes Chatel, en s’exo-nérant de ce fait d’une réflexion et de mesures permettant deréellement diversifier la prise en charge de la difficulté scolaire dansle premier comme le second degré.Il faut dans les établissements débattre dès maintenant de ces ques-tions pour être en mesure de prendre des positions collectives dès lapréparation de rentrée. n

Grégory Frackowiak, Fabienne Bellin

LA REFONDATION SE PERD EN CONSEILSUn décret relatif au conseil pédagogique, au conseil école-collège et aux conseils de cycles est parule 24 octobre 2014. Outre qu’il ajoute un énième conseil, ce décret (applicable le 1er septembre 2015),affirme le pouvoir des « managers » locaux. Au-delà de sa frénésie bureaucratique, c’est l’ensemblede sa philosophie que le SNES-FSU dénonce et combat.

LA QUESTIONPÉDAGOGIQUE EST AU CŒUR DE LAREFONDATION DE L’ÉCOLE

LE SNES-FSU SE BAT POUR LERESPECT DE LA LIBERTÉPÉDAGOGIQUE, LA RECONNAISSANCEDE LA PROFESSIONNALITÉ,L’AMÉLIORATION DES CONDITIONSDE TRAVAIL

Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 11

Un récent sondage(1) montre que la popu-lation française exprime un attachementfort à la fonction publique et en défend

le statut dès lors qu’elle perçoit l’intérêt desservices rendus. Chaque catégorie de fonc-tionnaires citée, dont les enseignants, a uneimage positive.Cependant, le jugement pour la fonctionpublique de l’État (FPE) est sévère puis-qu’elle ne recueille que 46 % d’opinionsfavorables quand les deux autres versantssont jugés positivement. C’est en effet laFPE qui a été le plus désorganisée sous lequinquennat de N. Sarkozy  ; c’est le seulversant qui a perdu des emplois pendant lamême période.Alors que la majorité parlementaire a été éluesur un programme de rupture avec la politiquedont l’UMP était porteuse, on peut légitime-ment s’étonner qu’un député de gauche(2) sug-gère de rétablir la journée de carence et d’obli-ger le secteur privé à l’appliquer effectivement

DÉBAT BUDGÉTAIRE HARO SUR LES FONCTIONNAIRES !Que les leaders de droite rivalisent dans la remise en cause du statut des fonctionnaires est unechose. Mais quand un rapporteur de la majorité à l’Assemblée nationale propose d’approfondiret de systématiser les orientations qui ont présidé à la RGPP, il est urgent de réagir.

Le texte adopté en première lecture parl’Assemblée nationale le 28 octobre afait l’objet de peu d’amendements signi-

ficatifs hormis la modulation des allocationsfamiliales (AF) en fonction du revenu desparents que le SNES et la FSU contestent(pour les raisons évoquées dans L’US précé-dente). Les députés ont dans le même tempssupprimé la réduction de la prime de nais-sance et rétabli la majoration des AF à qua-torze ans, mais ils ont maintenu la réductionde fait du congé parental, au nom de l’égalitéfemmes/hommes. C’est donc une fragilisationde la politique familiale. Le projet de loi est actuellement examinépar le Sénat, repassé à droite depuis le 28 sep-tembre.

Un milliard d’économies en plusLa Commission des affaires sociales a déjàadopté 55 amendements parmi lesquels lasuppression de la modulation des AF (cedont on peut se réjouir), mais aussi desmesures fort contestables comme celles visant

à réaliser 1 Md d’euros d’économies sup-plémentaires sur l’objectif national desdépenses d’assurance maladie (que le gou-vernement a déjà fortement revu à la baisse)et à relever d’ici 2024 l’âge légal de départ enretraite pour le porter à 64 ans. Après le Sénat, le PLFSS devra repasser danschacune des deux chambres fin novembre(respectivement les 20 et 26 novembre) avantd’être définitivement adopté début décembre.

Avec la FSU, le SNES conteste tout ce quivise à organiser le démantèlement progressifde la Sécurité sociale au nom de la prétendueréduction de son « déficit ». Le gouvernementdoit cesser d’imposer des économies dras-tiques aux salariés et aux ménages en échangedes cadeaux qu’il octroie, sans contrôle nicontreparties, à toutes les entreprises à comp-ter du 1er janvier 2015 au nom du « Pacte deresponsabilité ». n Monique Daune

PLFSS 2015 : LE FEUILLETON CONTINUEL’examen définitif du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2015 est prévu pourdébut décembre. Le gouvernement cherche à tout prix à réaliser 10 Mds d’euros d’économies d’ici2017 sur le seul domaine de la Sécurité sociale (21 Mds sur l’ensemble de la protection sociale).

par mesure de justice. Il propose aussi d’im-porter dans la fonction publique le dispositifde rupture conventionnelle, en vue d’en rajeu-nir les effectifs. La FSU a immédiatementdemandé au gouvernement de ne pas donnersuite à ces propositions.

Besoin de Fonction publiqueLe débat est décidément mal posé qui partd’une supposée nécessité de réduire ladépense publique. Pour la FSU, l’entrée àimposer est bien celle du besoin de fonctionpublique pour la société française. C’est ceque la FSU porte dans la semaine d’actionqu’elle a décidée du 17 au 22 novembre,mettant l’accent le 18 sur les salaires et le 22sur l’éducation. Et s’il en fallait une preuve,ces derniers jours ont bien montré qu’il fau-dra poursuivre. n Anne Féray

(1) Sondage Ifop pour EY et Acteurs publics, 31 octobre 2014.(2) Conférence de presse d’Alain Tourret, 7 novembre 2014.

QUESTION DE RECETTESLe «  déficit  » de la Sécu n'est pas dû à des dépenses sociales qui seraient trop lourdes mais àl'insuffisance des recettes, liée à une politique économique et sociale qui aggrave le chô-mage, comprime les salaires, multiplie les exonérations et allègements de cotisations socialespour les employeurs, et au laxisme envers le recouvrement des sommes dues par les entreprises.La Cour des comptes a estimé qu'un plan résolu de lutte contre la fraude aux cotisations desentreprises pourrait rapporter entre 20,1 et 24,9 milliards d’euros pour l’année 2012. De tellessommes combleraient à elles seules le « déficit » estimé à 15,4 Mds d'euros en 2014. Mais, aprèsavoir perdu 1 500 postes depuis 2005, la branche recouvrement de l’URSSAF/ACOSS devrait enperdre encore 740 d'ici 2017. Comment les entreprises n'y verraient-elles pas un encourage-ment à continuer de frauder au niveau des cotisations sociales  ?

12 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

ACTUALITÉLES DESSOUS DU BUDGET 2015 :DES INDICATEURS TRÈS POLITIQUESDepuis 2006, est adossée au vote de la loi de finances la publication d’indicateurs de performance pluriannuels qui valent le coup d’œil.

Depuis cette date, le vote du budget porte non seulement sur lescrédits mais aussi sur des objectifs sur un an et sur cinq anspour chacun des « programmes ».

Dans le cadre du débat parlementaire, les législateurs peuventimposer des objectifs au gouvernement.

Des indicateurs doivent permettre de mesurer l’évolution au regarddes objectifs fixés.Peu débattus dans les hémicycles, ces objectifs et indicateurs plu-riannuels sont cependant inscrits dans la loi de finances et ils sontrévélateurs de la politique menée.

(du point de vue de l’usager)2012

2013 20142014 2015 2017

Unité RéalisationRéalisation Prévision

Prévision Prévision CiblePAP* 2014 actualisée

Postes enseignants du premier degré Nombre 960 1 390 < 500 < 950 < 750 < 500

Postes enseignants du second degré Nombre 2 091 2 780 < 1 200 < 2 000 < 1 800 < 1 200

Durée moyenne de vacance de poste second degré

Jour 13,2 13,5 < 12 < 12 < 12 < 12

INDICATEUR 1.1 : Nombre de postes d’enseignants non pourvus à la rentrée scolaire et durée moyenne de vacances de postes (enseignement public)

(du point de vue du citoyen)2012 2013

2014 20142015 2017

Unité Réalisation RéalisationPrévision Prévision

Prévision CiblePAP 2014 actualisée

Taux d’accès au DNB % 83,3 81,9 81,5 82 84 86

INDICATEUR MEC 2.1 : Taux d’accès au Diplôme national du brevet (DNB)

(du point de vue de l’usager)2012 2013

2014 20142015 2017

Unité Réalisation RéalisationPrévision Prévision

Prévision CiblePAP 2014 actualisée

En Sixième % 2,6 1,9 1,5 1,5 1 0,5

En Cinquième % 1,4 1 1 0,6 0,3 0,1

En Quatrième % 1,8 1,4 1,3 1 0,6 0,3

En Troisième % 3,5 3,3 2,5 3 2,5 2

En Seconde générale et technologique % 8,3 7,8 7,5 7,2 6,5 5,5

INDICATEUR 1.5 : Taux de redoublement

Le ministère poursuit sa campagne sur la remise en cause des « notesdémotivantes » dans les commentaires de cet indicateur. Les objectifsà la hausse sont justifiés par l’instauration du Conseil École-Collège

et la mise en place rapide d’une « évaluation positive, bienveillante,valorisant les progrès, lisible et compréhensible par les familles »...Les caricatures ont décidément la peau dure !

Les chiffres de cet indicateur mettent en évidence les effets de lacrise du recrutement particulièrement grave dans le second degré.Ils sont d’ailleurs sous évalués comme l’a mis en évidence la Courdes comptes qui pointe une différence de 7 000 entre le budget et

les postes réellement implantés dans le second degré en 2013. Lesobjectifs sont très optimistes, car rien n’a été fait au fond pourtraiter efficacement cette crise de recrutement, comme le montrentle bilan des concours 2014 et les inscriptions aux concours 2015.

QUELQUES EXEMPLES DANS LE BUDGET 2015

* Plan pluriannuel de performances

Les taux de redoublement en baisse constante et forte à tous lesniveaux depuis 2012, sont à nouveau prévus à la baisse pour 2015 et2017. Ces objectifs traduisent la volonté d’une marche forcée vers la sup-pression avec les économies que cela permet. La cible 2017 est « volon-tariste » selon le ministère qui considère ce dernier comme « peu

équitable, inefficace, démotivant et stigmatisant »... Mais aucune pro-position sur des mesures alternatives n’a été faite ni donc financée.

Seulement trois exemples, mais trois sujets qui mériteraient uneattention des parlementaires et devraient susciter plus de débatsur la politique éducative. n

Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 13

UN ENNEMI À QUI L’ON VEUT DU BIENLe gouvernement français vient de saboter la taxe sur les transactions financières pour la plus grande joie des banques et de la finance.

Imaginez un gouvernement qui, pressé parBruxelles de réduire son déficit public,procède à des coupes budgétaires sans pré-

cédent dans les services publics, la protectionsociale et les investissements d’avenir, et quise passe délibérément de 9 milliards d’eurosde recettes par an !Ce gouvernement est le gouvernement fran-çais, la recette est la part qui reviendrait à laFrance sur les 30 à 35 milliards que devraitrapporter la taxe européenne sur les transactionfinancières (TTF).

Nouveau recul gouvernementalCe projet, déposé en 2013 par la Commissioneuropéenne, qui réunit 11 pays de la zoneeuro, prévoyait d’imposer une taxe de 0,1 %sur les actions et les obligations et de 0,01 %sur les produits dérivés. La semaine dernière,Michel Sapin a confirmé le travail de sapeentamé depuis des mois par le gouvernementen déclarant dans Les Échos (3/11) que taxerl’ensemble des transactions financières consti-tuerait « un fantasme dangereux ou un rêvefutile ». Il a proposé au Conseil européen desministres des Finances du 7 novembre de viderla taxe de sa substance en la limitant aux seulesactions, ce qui correspond à la taxe françaisedéjà en œuvre (qui ne rapporte que 800 mil-lions), et qui ne frapperait que 3 % des produitsdérivés, épargnant ainsi l’immense majoritédes opérations les plus spéculatives.

Des intentions aux actesLes partenaires de la France dans ce projet,notamment les gouvernements allemand etautrichien, se sont opposés à cette mascaradeet la décision a été reportée au Conseil euro-péen de décembre.Le gouvernement français a une fois de pluscédé aux pressions du lobby des grandesbanques qui se sont spécialisées dans les tran-sactions hautement spéculatives sur les produitsdérivés. Le modèle de la « banque univer-

selle » représenté par les quatre grandesbanques « too big to fail » (« trop grandespour tomber » : BNP, Crédit Agricole, SociétéGénérale, BPCE) a un poids politique consi-dérable en France, comme l’a montré le sortde la loi sur la séparation des banques, elleaussi vidée de toute substance.Pris à la gorge par le manque de ressourcespubliques et secoués par les scandales à répé-titions qui révèlent au grand public commentles plus fortunés et les grandes entrepriseséchappent à l’impôt (le plus récent exempleest fourni par le Luxembourg), les États sem-blent vouloir s’attaquer au secret bancaire età la pratique de l’« optimisation fiscale ».Cependant les paradis fiscaux sont au cœurdu capitalisme financier, de puissants intérêtssont en jeu. L’expérience de la TTF montrequ’il est illusoire de croire que sans rapportde forces les intentions se convertiront enmesures conséquentes.La mobilisation contre l’austérité doit s’em-parer de ces enjeux.Sous l’impulsion d’Attac et d’autres associa-tions, une mobilisation pour interpeller Fran-çois Hollande est en cours. n Daniel Rallet

RAZZIA SUR LE HANDICAPLe candidat Hollande s’était engagéà garantir l’existence d’un volet han-dicap dans chaque loi et à renforcerles sanctions en cas de non-respectdes 6 % de travailleurs handicapésdans les entreprises, les servicespublics et les collectivités locales(engagement n° 32). Mais aucunesanction n’a été renforcée à ce jour.Pire, le gouvernement veut ponc-

tionner de 29 M€ par an les réservesde l’Agefiph (Association de gestiondu fonds pour l’insertion profession-nelle des personnes handicapées)et d’autant celles du Fiphfp (sonéquivalent pour la fonction publique)pour compenser une réduction dubudget général de l’État dans lefinancement des emplois aidés. Detelles ponctions ne pourraient que

fragiliser les actions engagées enfaveur des personnes en situationde handicap (qui cherchent un emploiou qui veulent le conserver malgréleur handicap) ! Elles sont inaccep-tables. Les organisations siégeantau FIPHFP ont dénoncé la main bassedu gouvernement sur l’argent duhandicap pour combler les budgetsministériels. Monique Daune

LUX...URIANT !Tandis que le gouvernement français s'en-tête à vouloir amadouer la finance, le scan-dale Luxileaks prouve le grand cas que lesentreprises internationales font du patrio-tisme fiscal. Au début du mois, un regrou-pement de journalistes a en effet mis aujour les accords secrets passés entre leGrand-duché du Luxembourg et 343 socié-tés, qui ont permis à ces dernières d'éco-nomiser entre 2002 et 2010 plusieursdizaines de milliards de dollars d'impôt.L'innovante patrie de Junker a institué desaccords au cas par cas permettant de déro-ger à l'impôt sur les sociétés de 29 % quifrappe la masse des entreprises troppetites pour négocier en sous-main avecles autorités luxembourgeoises. Après cenouveau scandale de «  l'optimisation fis-cale  », qui pourra encore dire qu'il estimpossible de financer les besoins sociaux,à commencer par l'éducation ?

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14 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

ACTUALITÉJOURNÉES D’AUTOMNE DE LA SFRN-FSU(1),DU SYNDICALISME RETRAITÉ EUROPÉENSi les luttes sociales au niveau national sont indispensables, elles le sont tout autant au niveau européen.

Les articles du décret de 1950 concernantles services des professeurs enseignantà temps complet en classes prépara-

toires restent en vigueur. Cependant, cer-tains rectorats n’appliquent pas la règle quistipule que lorsque le service est sur plu-

sieurs niveaux avec des effectifs différents,on doit retenir le maximum de service dedeuxième année, avec l’effectif le plus favo-rable, indépendamment de la répartitiondes heures. Cette règle, pourtant énoncéeclairement dans le décret, se heurte à une

interprétation restrictive qui vise à enexclure les professeurs littéraires des classeséco ou scientifiques. Pourtant la circulaire de mars 2004, abou-tissement d’une longue lutte syndicale, amis toutes les filières et tous leurs profes-seurs à égalité : « chaque discipline ayantsa place dans la formation des élèves.

À égalité« Il convient, donc, d’aligner tous les ensei-gnements sur le régime le plus favorable ».Il est important d’intervenir politiquementet syndicalement pour faire respecter l’espritde cette circulaire et la lettre du décret de1950. Il faut ensuite aller de l’avant pourassurer aux collègues de toutes les filièresdes maxima de service clairs et nationaux.Ainsi, le congrès de Marseille a voté unebase de 9 heures quelle que soit la classe,avec réduction en cas d’effectif pléthoriqueselon un seuil, considéré sur une ou plusieursclasses, à définir. n

Julien Luis, Jean-Hervé Cohen

Les deux Journées d’Automne sont l’oc-casion chaque année de réunir des retraitésde toute la France, de tous les syndicats

nationaux et courants de pensée, pour échan-ger. Cette année, une centaine de retraités ontdébattu notamment du syndicalisme européen.Pour ce faire, Bruno Constantini, secrétairegénéral de la FERPA (Fédération européennedes retraités et personnes âgées) est intervenudans le cadre d’une table ronde à laquelleparticipaient des représentants de l’UCR-CGT, de l’UNIRSolidaire et de la FGR-FP.La FERPA, créée en 1993, adhère à laCES(2). Elle regroupe 10 millions d’adhérentsissus de 21 pays différents, avec en Francela participation de  : CGT, CFDT, UNSA,FO, CFTC, CGC. Le même ostracismecontre la FSU (CES, intersyndicale UCR...)se poursuit ici.

Une Europe plus socialeAu cœur des revendications : la sécurité et laprotection sociale, l’accès aux soins, la dépen-dance, une pension permettant un niveau devie correct. La FERPA porte l’exigence d’uneEurope plus sociale, plus soucieuse des géné-rations futures. Elle a ainsi déposé le 15 mai

2013 devant le Parlement européen le projetd’Initiative citoyenne européenne (ICE), quipermet aux citoyens de l’UE de participerdirectement à l’élaboration des politiques euro-péennes. Il faut pour cela réunir en une annéeun million de signatures issues d’au moins unquart des États membres. Le but est d’aboutirà ce que la voix des retraités et personnes âgéessoit entendue au plan européen lors des déci-sions touchant à la perte d’autonomie, en réfé-rence avec le « droit de vivre dans la dignité ».

Initiatives citoyennesEn 2014, la Commission européenne a rejetél’ICE. Pour Bruno Constantini, ce refusrelève d’une démarche politique qui tient àdes dissensions internes. Le Comité exécutifde la FERPA a décidé d’adresser un recoursà la Cour européenne de justice et de déposerune nouvelle proposition d’ICE, en sep-tembre 2014.Certes, le syndicalisme européen n’est pas lapanacée. Nous connaissons tous sescontraintes et ses limites. Il peut cependantêtre un outil intéressant de rassemblementunitaire sur des bases communes. Et si lesluttes au niveau national sont indispensables,

elles le sont tout autant au niveau européencar aux deux niveaux nous avons plus quejamais besoin d’un mouvement social fort. n

Marylène Cahouet

(1) Section fédérale nationale des retraités(2) Confédération européenne des syndicats

CPGE, RÉGLEMENTATION À FAIRE RESPECTER Des rectorats n’appliquent toujours pas la règle, excluant de fait de nombreux enseignants.

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ÉLECTIONS PROFESSIONNELLESTOUT CE QU’IL FAUT SAVOIRLes élections professionnelles se dérouleront du 27 novembre 2014 10 heures au 4 décembre 201417 heures (heure de Paris) par voie électronique.

Ces élections représentent un enjeu poli-tique fort, dans une période où l’Éduca-tion nationale comme la Fonction

publique sont l’objet de réformes par tousles gouvernements. En votant massivement

lors de ces élections, vous donnerez à vos élusles moyens de vous défendre efficacement. Envotant SNES et FSU, vous porterez votredemande d’une Fonction publique forte, votreattachement au statut et votre volonté d’un

meilleur service public, dans l’intérêt despersonnels comme des usagers. Certains éléments sont indispensables pourvoter. Nous vous les rappelons dans cettepage.

MESSAGERIE ÉLECTRONIQUEVotre messagerie électronique professionnelle est un élé-ment clé du dispositif de vote. Vous recevrez, sur cetteadresse, un message vous permettant de valider la créationde votre compte électeur, pas-sage obligatoire pour accéderau bureau de vote. De plus,toutes les communications duministère au sujet des électionsprofessionnelles vous serontadressées sur cette boîte.Vous devez donc vérifier quevous avez bien accès à votreboite électronique profession-nelle et que celle-ci n’est passaturée. Toutes les informa-tions pour y parvenir sont dis-ponible sur le site internet duSNES (www.snes.edu/Acce-der-a-votre-messagerie.html).Pour cette opération, vous pou-vez avoir besoin de votreNUMEN. Pensez à vous enmunir.Si vous ne souhaitez pas suivreune boîte mail supplémentaire,vous pouvez rediriger votreboîte professionnelle sur uneautre adresse.

ESPACE ÉLECTEUR INDIVIDUEL  : VOTRE COMPTE ÉLECTEURDans votre espace électeur individuel, vous trouverez toutes les infor-mations vous concernant nécessaires pour les opérations électorales,en particulier : les informations administratives ayant un rapport avecle vote (civilité, nom, prénom, corps, grade et établissement d’affec-

tation) ; la liste des scrutinsauxquels vous êtes appelé àparticiper ainsi que les listeset professions de foi des orga-nisations syndicales candi-dates  ; les modalités pourpouvoir récupérer votre iden-tifiant de vote ; l’accès à laplate forme de vote (à partirdu jeudi 27 novembre 201410 heures, heure de Paris) ;les résultats pour les scrutinsauxquels vous êtes appelé àparticiper (à partir du ven-dredi 5 décembre 2014).Pour accéder à votre espaceélecteur individuel, vousdevez créer votre compteélecteur, c’est-à-dire créer unmot de passe personnel quivous permettra d’accéder àvotre espace électeur indivi-duel dans un premier temps(le login étant votre adressede messagerie profession-

nelle), puis au bureau de vote électronique (le login étant l’identifiantde vote contenu dans votre notice de vote).Toutes les informations pour y parvenir sont disponibles sur le siteinternet du SNES : www.snes.edu/Acceder-a-son-espace-electeur.html

NOTICE DE VOTEVous avez reçu, soit par l’intermédiairede votre chef d’établissement, soit direc-tement par voie postale, votre notice devote. Outre des informations sur lesmodalités de vote, vous y trouverezvotre identifiant de vote. Celui-ci estl’un des deux éléments qui vous servirapour accéder au bureau de vote entre le27 novembre et le 4 décembre 2014.Si vous n’avez pas reçu votre notice devote, connectez-vous à votre espaceélecteur afin de vérifier que vous êtesélecteur aux scrutins auxquels vouspouvez prétendre. En cas de problème(non reconnaissance de la qualitéd’électeur ou absence de scrutins aux-quels vous pensez devoir participer),contactez la section académique duSNES-FSU.

249 LISTES, 3 631 CANDIDAT(E)S  : LE SNES-FSU PRÉSENT PARTOUT POUR PORTER LA VOIX DES PERSONNELSLe SNES-FSU est le premier syndicat du second degré présentant des listes de candidats, tantà l’échelon national qu’académique, et ce, pour toutes les commissions (CAP, CCP, CT).Au niveau national, la FSU, en présentant 29 listes et 526 candidats aux 37 scrutins natio-naux du ministère de l’Éducation nationale, est la première fédération de l’EN. Tous cescandidats s’engagent pour :• représenter et défendre,• informer et conseiller les personnels du second degré dans toutes les instances dont ilsdépendent pour les promotions, mutations, conditions de travail, salaires...

EN CAS DE PROBLÈME :

Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 15

Question matièresiCe sont les mathématiques,la physique et la chimie quiconcentrent le plus fort tauxd’usage des manuels numériques :46 % des cours. Suivis parl’histoire-géographie (38 %), lessciences économiques et sociales(34 %) et les langues (34 %)… Endernier figure le français (24 %).

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2009Depuis 2009, l’expérimentation« Manuels numériques via l’ENT »permet à plus de 15 000 élèveset 1 200 enseignants de69 collèges  d’accéderdirectement à leurs manuelsdepuis leur espace numérique detravail (ENT). L’expérimentationest évaluée chaque année parles corps d’inspection en vued’une généralisation.

Chiffrei

21 C’est le nombre dedépartements impliqués dansl’expérimentation.L’Aisne, l’Allier, les Alpes-Maritimes, l’Ariège, l’Aveyron, leCantal, l’Isère,  la Haute-Loire, laHaute-Marne, la Meurthe-et-Moselle, l’Oise, le Rhône, le Bas-Rhin,  le Haut-Rhin, la Savoie, lesHauts-de-Seine, la Seine-et-Marne,la Somme, le Territoire de Belfort,le Val-de-Marne, le Val-d’Oise.

Seulement 7%Pour les élèves qui accèdent aumanuel numérique, 93 % le fontcollectivement en classe,seulement 7 % y auraient accèsindividuellement et par leurspropres moyens.

15%Le livre numérique serait 15 %moins cher à produire, puisqu’onsupprime le coût d’impression,de distribution et de stockage.

Des plateformes pour voiriLa seconde manière d’acquérir lesversions numériques simples desmanuels scolaires est de s’informer

sur les plateformes dedistribution dédiées, KNE(groupe Hachette etaffiliés) et CNS (groupeEditis, Nathan-Bordas), quigénéralement renvoient

vers les sites des éditeurs. À noterque la plateforme fédérée WizWiz,qui regroupe l’offre des deuxcatalogues, est commode pouravoir une vue d’ensemble (maisnon exhaustive) sur les manuelsnumériques commercialisés.

Au sein de l’établissement, l’utilisation dumanuel numérique nécessite un Environ -nement numérique de travail (ENT) fonc-

tionnel, le haut débit, desvidéoprojecteurs ou des TNI(Tableaux numériques inter-actifs), ou des VPI (Vidéo-projecteurs interactifs). Lesélèves sont alors automati-quement connectés à laversion élève du manuel deleur niveau, mais peuventaussi accéder au manueld’un autre niveau, alors queles professeurs accèdent auxversions professeur incluantles corrections. Cette inno-vation implique égalementque les élèves aient interneten haut débit et un ordina-teur/tablette chez eux.Au-delà des questions maté-rielles, les enseignants doivent être formés à la foisà l’utilisation des manuels numériques et de l’ENT,et la maintenance des équipements des établisse-ments et des élèves doit être assurée. Une théoriebien loin des réalités du terrain.

Des avantages, mais…Car dans la réalité, beaucoup d’établissementscumulent du matériel en nombre insuffisant, voireobsolète, avec des débits insuffisants. Le dévelop-pement de cet outil pose aussi la question de la findu manuel papier quand un enfant sur deux nepossède aucun livre dans les quartiers défavorisésselon l’AFEV(1).

Les avantages du manuel numérique sont pourtantmultiples : l’allégement du poids du cartable, l’in-térêt des élèves, l’usage d’outils numériques, le

développement du travailcollaboratif, l’accès à des res-sources numériques légales,le développement de la per-sonnalisation à la fois descontenus mais aussi desapprentissages, l’interacti-vité... Après trois annéesd’expérimentation, quelschangements sont observésavec ces nouveaux manuelsnumériques ? Comment l’uti-lisation des manuels numé-riques influence-t-elle les pra-tiques des enseignants ? Pourle moment, les usages péda-gogiques restent limités etressemblent encore à ceuxdu manuel papier, dont la

version numérique n’est qu’un complément selonl’expérimentation « manuels numériques vial’ENT ». Aucune étude ne démontre la supérioritéde cet outil pour lutter contre la difficulté scolaire.Le bilan de l’expérimentation insiste sur le « besoinde personnalisation » demandé par les enseignants.Il s’agit de pouvoir combiner les « ressources pro-posées par le manuel avec d’autres pour la construc-tion de parcours adapté ». Les derniers modèlesproposent cela mais à des prix très élevés et avec deslicences à durée déterminée qui ne permettent pasune libre utilisation des ressources numériques. n

(1) Association de la fondation étudiante pour la ville.

Rubrique réalisée par Fabienne Sentex

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Côté enseignants◗ Gain de temps en classe par exemple pour corriger des exercices.◗ Mise en commun avec l’ensemble de la classe facilitée.◗ Enrichissement des cours par des contenus multimédia.◗ Regroupement des ressources éclatées par ailleurs.◗ Plus le problème des manuels oubliés à la maison.

Côté élèves◗ Motivation accrue des élèves retrouvant en situation scolaire des outils numériquesdésormais familiers. Ils participent volontiers au cours en venant au tableau et aimentutiliser les stylets numériques et les fonctionnalités du manuel.◗ Plus grande autonomie ou une facilité d’usage pour certains élèves en situationde handicap.◗ Disponibilité du manuel en tout lieu et à tout moment.

Côté établissement◗ Un coût réduit des pertes et dégradation des manuels par rapport au papier.

Les avantages ◗ Temps nécessaire pour la décou-verte et « la prise en main » desmanuels numériques dans uncontexte de nouveaux programmes.◗ Problèmes d’aménagement dessalles pour une visualisation enclasse entière.◗ Manque de matériel individuelpour permettre une visualisationindividuelle des manuels par lesélèves.◗ Manque d’interactivité et de res-sources de certains manuels pro-posés par les éditeurs.

Les limites

L’expérimentation « Manuels Numériques » en collège a permis de tirer de premiers enseignements.Extrait du rapport de l’IGAENR-IGEN réalisé en 2014

CHANGER D’ ÈRELE MANUEL NUMÉRIQUE

Rien d’un long fleuve tranquilleLe mois dernier, le Syndicat national de l’édition demandait un grand plan numérique en s’appuyantsur un sondage internet auprès de 15 000 enseignants. Il montrait que l’usage des manuelsnumériques a doublé depuis 2011. La mort du manuel papier est-elle alors programmée ? Le déficit d’équipements et de formation montre que le chemin du tout numérique est encore long.

16 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

DROITS ET LIBERTÉS

Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 17

Chiffrei1%Le chiffrede la pauvretéen France1 % des plus riches possèdent autantque les 70 % de Français les pluspauvres. Et les écarts se creusent...C’est le constat alarmant dressépar l’ONG Oxfam, études économiquesà l’appui. La crise économique n’a faitque renforcer les inégalités, enFrance et de façon plus généraledans le monde : les 85 plus grossesfortunes mondiales possèdenten effet autant que la moitié la pluspauvre de la population mondiale.À quand un partage plus justedes richesses ?

MIEi

Mineurs isolésétrangersAu moins dix millions de personnesà travers le monde souffrentdes conséquences de n’êtreressortissants d’aucun pays. Unecondition pourtant essentielle pourparticiper pleinement à la sociétéet préalable à la jouissancede l’ensemble des droits humains.

Les causes de l’apatridie sontdiverses  : discrimination à l’encontrede minorités dans la législation sur lanationalité, lorsque tous les résidentsn’ont pas été inclus parmi lescitoyens au moment del’indépendance d’un État ou parcequ’ils sont nés à l’étranger durantun conflit et n’ont pu être déclarés.

Mobilisation internationalei

Contre les violencesfaites aux femmesDans le cadre de la journéeinternationale contre les violencesfaites aux femmes, une manifestationnationale est prévue.

Rappelons que les violencesfaites aux femmes concernent tousles milieux, tous les territoires,tous les pays, et peuvent prendreplusieurs formes  : physiques,psychologiques, sexuelles...

Samedi 22 novembre à 14 h 30 à Paris

MAJEURS OU MINEURS isolés, avec ou sans papiers : garantir les droits de tous les jeunes

Les jeunes étrangers doiventpouvoir finir leurs formations

21-22 NOVEMBRE À PARIS. Initiative nationale pour l’égalité des Droits et des Libertés

Pour un avenir solidaire

Alors que depuis les tristes affaires Katchick etLeonarda plus aucun élève en situation irré-gulière n’avait été expulsé, deux « affaires »

viennent reposer la question des jeunes lycéensen situation irrégulière.D’abord une mobilisation se développe, en parti-culier à Paris : de jeunes mineurs isolés se retrou-vent à la rue, ne mangeant que grâce aux soupespopulaires et à la solidarité qui s’organise dans lesétablissements. Avec l’arrivée des mauvais jours, il

a fallu plusieurs manifestations et surtout l’initiativedu syndicat lycéen FIDL qui a pris en charge l’hé-bergement d’une quinzaine d’entre eux, pour quesoit brisé le mur du silence et que les choses com-mencent à bouger. Pour l’instant, la mairie de Parisne mettrait à disposition qu’une quinzaine de places.

L’État responsableL’État doit prendre ses responsabilités : les jeunes,c’est la loi, doivent être pris en charge et être héber-gés. Et il ne saurait être question de se réfugierderrière de pseudo-tests scientifiques pour nier laqualité de mineur à ces jeunes : que penser de testsqui donnent une réponse de « entre 15 et 30 ans » ?Ensuite, profitant peut-être des vacances d’automne,le gouvernement a tenté d’expulser Yero, jeune sanspapiers, dont la minorité est là encore contestée.Yero n’était pas en cours lundi 3 novembre avecses camarades : il était en centre de rétention, atten-dant peut-être d’être expulsé !Le SNES-FSU rappelle que pour lui, tout jeune,mineur ou majeur, en formation doit pouvoir finirses études. n F. S.©

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La crise économique, sociale et politique quenous vivons depuis plusieurs années se poursuitsans que le gouvernement donne une réponse

satisfaisante aux inquiétudes légitimes que chacunressent face à l’avenir : pauvreté, chômage...Cette situation, dangereuse, alimente une offen-sive antirépublicaine qui s’appuie sur la haine, l’ex-clusion des autres et la banalisation des idées del’extrême droite.Face à cette offensive, plus de 60 organisations se sontregroupées pour appeler à «  faire barrage à lahaine, à la xénophobie, à toutes les discrimi-nations et à combattre les propos sexistes,homophobes, racistes, antisémites, aux dis-cours anti-Roms, anti-musulmans » et lan-cer l’appel « Pour un avenir solidaire ».Autour de cet appel de nombreuxcollectifs ont vu le jour partout enFrance.

Pour lutter contre le repli sur soiCes collectifs, ainsi que le collectifnational, ont décidé d’organiser les 21et 22 novembre une grande initiativenationale à Paris, une semaine avantle congrès de la haine, celui duFront National à Lyon.Le vendredi soir seraorganisée, avec

Médiapart, une table ronde autour du thème : « lesens et les voies de l’engagement aujourd’hui. ».Samedi matin, une série d’ateliers permettra des’informer des expériences locales et de débattre surles actions à mener.Hélas, la haine et le rejet de l’autre sont des « solu-tions » si simples aux angoisses que génère la criseéconomique et politique actuelle que cette pre-mière initiative devra en préparer d’autres.

Une société plus justeDans nos pratiques professionnelles, nous

sommes confrontés aux idées de l’extrêmedroite et aux dangers qu’elles représen-

tent : journées de retrait, préférencenationale dans les cantines...C’est pourquoi le SNES-FSU, avecsa fédération, ne pouvait qu’être

partie prenante de ce combat pourune société plus juste, plus

solidaire, et s’opposer à toute forme dediscrimination. Le SNES est présentavec la FSU dans les collectifs locaux,et appelle à être nombreuses et nom-breux à Paris les 21 et 22 novembre. n

François Sauterey© Fiedels / Fotolia.fr

Réchauffement climatiqueI

Le GIECsonne l’alarmeDans son cinquième rapport, le groupeintergouvernemental d’experts surl’évolution du climat souligne que lesgaz à effet de serre ont atteint leursconcentrations les plus élevées « depuis800 000 ans » et que « nous avons peude temps avant que la possibilité derester sous les 2 °C de hausse globaledes températures ne disparaisse ».Atteindre cet objectif signifieraitimpérativement que la conférenceclimat de Paris (COP21) de mars 2015débouche sur un accord global pour uneréduction des émissions mondiales desgaz à effet de serre de 40 à 70 % entre2010 et 2050, et pour leur disparitiontotale d’ici 2100. Cela impliquenotamment de renoncer aux énergiesfossiles, d’améliorer fortementl’efficacité énergétique et de limiter ladéforestation.

ClimatI

Accord européenLes médias ont fait grand cas de ladécision « ambitieuse » des chefs d’Étatet de gouvernement, réunis à Bruxellesle 24 octobre, de diminuer leursémissions de gaz à effet de serre d’aumoins 40 % en 2030 par rapport à 2020.L’Europe serait ainsi un exemple pourconvaincre la Chine, les États-Unis etd’autres de rejoindre enfin le combatcontre le changement climatique. Ànoter cependant que si les lobbiesindustriels et les États membres les plusrécalcitrants souhaitaient ne pasdépasser les 35 %, l’objectif finalementretenu de 40 % repousse à l’après 2030l’essentiel des efforts à réaliser d’ici2050 pour obtenir une réduction de80 % des émissions, objectif minimalque s’est fixé l’Union européenne.

Salaires grecsI

– 24 % en quatre ansLe retour de la Grèce sur les marchésfinanciers a été salué avecenthousiasme par les adeptes despolitiques d’austérité. Les Grecs saventbien, eux, qu’ils n’ont pas fini d’en payerle tribut : salaires en recul de – 24 % enquatre ans, – 20 % pour le PIB depuis2009, 27 % de la population au chômage(record de l’OCDE), six millions depersonnes sous le seuil de pauvreté oumenacées par la pauvreté. Une récenteétude de l’OCDE a, de son côté, classé laGrèce 31e sur 32 pour « la qualité del’environnement au travail » et alertécontre les « effets négatifs » de cettesituation sur la santé des salariés.

Avant la tenue de la conférence internationaleParis Climat 2015 (COP 21) pendant laquellela France devra donner l’exemple, le texte

affiche la volonté d’engager le pays dans la voied’une « croissance verte » qui lutte contre le réchauf-fement climatique et réduit la facture énergétique dela France.Son Titre Ier fixe de grands objectifs : ramener de75 % à 50 % la part du nucléaire dans la productiond’électricité d’ici 2025, baisser de 40 % les émissionsde gaz à effet de serre en 2030 (par rapport à 1990)et les diviser par quatre en 2050, réduire de moitiéla consommation énergétique finale en 2050 (par rap-port à 2012) ; baisser de 30 % la consommation desressources fossiles en 2030, porter à 23 % en 2020et 32 % en 2030 la part des énergies renouvelables.Le Titre II porte sur l’isolation des bâtiments (réno-vation thermique de 500 000 logements par an, obli-gation de rénover l’ensemble du parc immobilier auxnormes bâtiments basse consommation d’ici à 2050,rénovation énergétique obligatoire en cas de travauxde ravalement, de toiture ou d’aménagement de nou-velles pièces). Un crédit d’impôt pour la transitionénergétique porte à 30 % l’allégement fiscal pouraider les ménages à financer ces travaux ou acquérirdes équipements générateurs d’économies d’énergie.

Favoriser une consommation responsableLe Titre III vise à développer les véhicules propres :quotas à respecter lors du renouvellement des flottesexistantes (État, sociétés de taxis, de location devéhicules...), 7 millions de bornes de recharge pourvéhicules électriques ou hybrides d’ici à 2030, primeà la reconversion sous conditions de ressources danscertaines zones... Le Titre IV prévoit de réduire de moitié d’ici 2025les quantités de déchets mis en décharge. L’« obso-lescence programmée » par les fabricants pourradésormais être sanctionnée comme une tromperie

« sur la durée de vie du produit intentionnellementraccourcie lors de sa conception ». La mise à dis-position des sacs plastique à usage unique dans lespoints de vente sera interdite à partir du 1/01/16 etla vente de vaisselle jetable en plastique en 2020.Le Titre V entend favoriser les énergies renouve-lables (éolien, solaire, bois, biomasse...) qui devrontfournir 40 % de l’électricité, 38 % de la chaleur et15 % des carburants en 2030. Le Titre VI vise à renforcer la sûreté nucléaire, maisla loi ne fait pas mention d’arrêt de réacteurs. La puis-sance du parc nucléaire est seulement plafonnée à sonniveau actuel (63,2 gigawatts). La fermeture d’unecentrale reste du seul ressort d’EDF qui devra tou-tefois se conformer à une programmation quin-quennale de l’énergie.

Des choix de financement à repenserPour lutter contre la précarité énergétique, le texteprévoit un « chèque énergie » pour permettre auxfoyers les plus modestes de payer les fournisseurs ouréaliser des travaux, en remplacement à terme desactuels tarifs sociaux visant les seuls foyers qui sechauffent à l’électricité ou au gaz. Mais la mesurecoûterait entre 0,5 et 1 Md d’euros. Pour relever le défi d’une telle transition énergétique,la question centrale est bien celle de son financementalors que le gouvernement a tout misé sur le Pacte deresponsabilité en faveur des entreprises et renoncé,après le fiasco de l’écotaxe poids lourds, à toute ini-tiative en matière de fiscalité écologique. Le prin-cipe d’une augmentation progressive de la « contri-bution climat-énergie » a été approuvé mais S. Royala refusé que soit fixée une valeur cible de 100 eurosla tonne de CO2 en 2030. De plus, cette « taxe car-bone » (censée générer 2,5 Mds d’euros en 2015) doitservir à financer le crédit d’impôt compétitivité emploi,l’une des clés de voûte de la politique de réduction du« coût » du travail ! n Monique Daune

ECO/SOCIALENVIRONNEMENT

Loi sur la transition énergétique

18 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

Après cinq jours de débats – parfois vifs lors de l’annonce de la suspension de l’écotaxe poidslourds devant la menace d’une mobilisation des transporteurs routiers – l’Assemblée nationalea adopté le 14 octobre en première lecture le projet de loi relatif à la transition énergétique. Le texte sera examiné par le Sénat en février prochain.

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GuerresI

Jamais aussi peu de victimes ?Rue 89 publie ce surprenantgraphique du magazine en ligne Voxselon lequel, à l’encontre dusentiment commun, le nombre depersonnes qui meurent de la guerreserait en très forte diminution. Ceserait aujourd’hui les guerres civiles,bien plus queles guerresentre États, quiferaient le plusgrand nombrede victimes.

Secret bancaireI

Accord à 80Au terme du forum mondial sur latransparence et l’échanged’informations, quatre-vingt paysréunis à Berlin, le 29 octobre, ontdécidé de mettre en place un échangeautomatique d’informationsfinancières d’ici 2017-2018. L’objectifest que chaque administration aitconnaissance des avoirs financiersplacés à l’étranger par sescontribuables, afin de mieux luttercontre la fraude fiscale. 5 800 milliardsd’euros seraient actuellementdissimulés dans les paradis fiscaux, soitun manque à gagner de 130 milliardspar an pour les administrations fiscalesdu monde entier.

Égalité hommes-femmesI

Pas avant 2095 ?Le rapport du Forum économiquemondial montre que l’égalitéprogresse lentement. Lesopportunités des femmes dans lesecteur professionnel atteignentaujourd’hui seulement 60 % de cellesdes hommes contre 56 % il y aneuf ans. Le rapport précise mêmequ’« en se fondant sur cettetrajectoire, toutes choses égales parailleurs, il faudra quatre-vingt-un ansdans le monde pour comblercomplètement ce handicap » ! Au classement à l’échellemondiale des pays  les plus égalitairessur tous les plans, les cinq pays dunord de l’Europe arrivent en têtederrière l’Islande. La France est 16e

devant les États-Unis (20e) et laGrande-Bretagne (26e).

Population animaleI

Divisée par deuxen quarante ansSelon le rapport « Planète vivante »,l’action de l’homme a entraîné ladisparition, de 1970 à 2010, de 52 % dela population des espèces de vertébrés(mammifères, oiseaux, reptiles,amphibiens et poissons). Cette

La finance de l’ombre, pour parlerfrançais, prend de plus en plusd’ampleur. De l’ordre de

75 000 Mds de dollars suivant leFinancial Stability Board. Créé auG20 d’avril 2009, ce Conseil destabilité financière regroupe 26 auto-rités financières nationales (dont lesbanques centrales et les ministresdes Finances), plusieurs organisa-tions internationales et des groupe-ments chargés d’élaborer des normes(dont celles dites Bâle 3). Il a pourobjectif de permettre les coopéra-tions en vue de la surveillance desinstitutions financières. En clair,proposer des réglementations pouréviter le retour de la crise financièred’août 2007 qui s’était traduite par la faillite deLehmann Brothers le 15 septembre 2008.

Des produits financiers risquésSuivant les chiffres publiés par ce Conseil, leShadow Banking occupe la première place devantles banques en termes d’actifs financiers aux États-Unis (25,2 mille milliards de dollars contre 20,2 auxbanques en 2013). Pour la zone euro, même si lapart des banques régresse depuis 2003, la financede l’ombre, en forte progression, atteint 25,3 millemilliards de dollars (35,7 pour les banques). Lerapport souligne que la zone euro est devenue laprincipale destination des « shadow bankers »,juste derrière les États-Unis. Ironiquement peut-être, le FSB précise que le terme« shadow banking » n’a rien de péjoratif en soi, maispropose, pour le prochain G20, de réglementer cetteactivité. Il la définit comme « une activité d’inter-médiation de crédit impliquant des entités situées endehors du système bancaire traditionnel », en clair,des opérations financières effectuées par d’autresagents que les banques. Ainsi se développent desopérations de crédit d’entreprise à entreprise. Trèssouvent les entreprises de la grande distributionqui possèdent des liquidités prêtent aux autres entre-prises, surtout à des PME ou Entreprises de TailleMoyenne, à des taux supérieurs à ceux du marché.Un pari risqué. En cas de défaillance, un effetdomino est possible.Font aussi partie de cette finance les Hedge Funds,les fonds d’investissement et surtout la titrisation descréances qui représente le « hors-bilan desbanques », sortes d’opérations invisibles. Il faut sesouvenir qu’une des causes de la crise financière de2007 fut la construction de ces Véhicules d’Inves-tissement Structurés ou ces CDO (CollateralizedDebt Obligations) qui a occasionné la crise dite

des « subprimes ». Actuellement, la finance chinoisese lance à son tour dans ces « produits dérivés »...D’autres innovations financières se développent. LesExchange Traded Funds, appelés aussi « Trackers »,qui permettent de construire un produit financier surles indices de matières premières ou encore le « gréà gré », contrat entre un financier et un spéculateurpour déterminer un produit financier spécifiquequi échappe à toute réglementation et à toutcontrôle. Tous ces instruments financiers – il s’encrée tous les jours – sont, au regard de la créationde richesses, inutiles et nuisibles.

Une frontière floue avec les banques légalesLe rapport du FMI, publié en octobre, s’inquiète dela place de plus en plus prégnante dans la financeinternationale de cette finance de l’ombre. Elles’expliquerait par une « réglementation bancaireplus contraignante » et par la politique monétaireexpansive des banques centrales. Il faudrait rajou-ter le blanchiment de l’argent sale, la corruptiongénéralisée qu’appelle ce système, la survivancedes paradis fiscaux et la fraude fiscale. Les richesveulent devenir encore plus riches et s’affranchis-sent de tout code éthique. Le recul des valeurs del’intérêt collectif au profit de l’intérêt individuel acomme conséquence un pourrissement de la société. Les frontières entre finance légale et ShadowBanking sont très floues. Ce sont les mêmes acteurs.Les banques procurent toujours ces produits finan-ciers pour réaliser le bénéfice spéculatif le plusélevé à court terme. De ce point de vue, les StressTests mis en place par la BCE ne sont en rien unegarantie. Quel que soit le niveau des fonds proprespar rapport aux engagements inscrits au bilan desbanques, il reste toute la partie immergée de cet ice-berg, le « hors-bilan ». Une nouvelle crise financièreest à nos portes. n Nicolas Béniès

DICTIONNAIRE

S comme Shadow bankingou comme Spéculation

Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 19

Le Shadow banking, ou finance de l’ombre, représente un poids financier croissant par rapportaux banques, en particulier aux États-Unis et en Europe. Multipliant les instruments financiershors contrôle, elle fait courir un risque accru de nouvelle crise financière.

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ECO/SOCIALLES MUTATIONS DE L’EMPLOI

Trois décenniesd’insécurisation du travail

Depuis 1975, la populationactive a augmenté de6,2 millions d’individus,

mais seuls 21 % de ces actifssupplémentaires ont un emploi àtemps plein. C’est d’ailleurs unedes mutations importantes : l’em-ploi à temps partiel s’est nette-ment développé, surtout pour lesfemmes, puisque 30 % desfemmes en emploi sont à tempspartiel en 2012, contre 16 % en1975. On peut nuancer en fai-sant remarquer qu’en 2012, 82 %des emplois sont à temps plein, àcondition de ne pas oublier l’iné -galité femmes/hommes à cesujet. Inégalité toujours structu-rante sur le marché du travail,même si le taux d’activité desfemmes s’est nettement rappro-ché de celui des hommes et siles taux de chômage selon lesexe sont désormais quasi-iden-tiques, après une longue période d’inégalité audétriment des femmes.L’enjeu de la qualification des emplois montre luiaussi des changements importants. Les emploistrès qualifiés, qui représentaient 40 % des emploisen 1982, en représentent désormais presque un surdeux. Mais, depuis les années 1990, la part desemplois peu qualifiés se stabilise, et ce sont lesemplois intermédiaires qui voient leur part rétrécir.Si la première tendance vient confirmer qu’il est per-tinent de vouloir élever le niveau de qualification desjeunes, la seconde laisse entrevoir un mécanisme de« dualisation du marché du travail » qui peut êtreinquiétant.

Un marché du travail rigide ?Mutations des systèmes productifs, de l’organisa-tion du travail et de l’environnement économiqueinternational ; inflexions des politiques éducatives ;changements des comportements d’activité... Tousces processus peuvent être convoqués pour rendrecompte des changements de la population active.Mais les évolutions de la précarité et du chômagepointent dans d’autres directions.Sans surprise, les emplois précaires (CDD, intérim,apprentis) concernent surtout les actifs les plusjeunes : depuis les années 1990, de 25 à 30 %des actifs de 15/24 ans ont un CDD, et entre 5 et7 % un emploi intérimaire. Surprise, en revanche :depuis les années 1990, le taux de chômage estdevenu beaucoup plus sensible à la conjonctureéconomique et « ce renforcement du lien négatif

entre la croissance et le chômage  » peut sansdoute s’expliquer par « la flexibilisation accrue dumarché du travail » depuis les années 1980. Onajoutera que l’emploi précaire est lui aussi très cor-rélé aux variations de la croissance : quand lechômage baisse, c’est surtout via la hausse del’emploi précaire.Ces deux tendances illustrent un processus enclen-ché depuis les années 1970. Les luttes socialesavaient permis de « sécuriser » l’emploi dans lecadre du salariat, contre le capitalisme débridé duXIXe siècle. Mais le capital, qui sait bien pratiquer lalutte des classes, a mené une offensive brutaledepuis trente ans pour reconquérir les territoiresperdus. Résultat : le travail est en passe de redeve-nir une simple marchandise, que le capital veutpouvoir acheter, ou ne pas acheter, en fonction deses intérêts du moment. On oserait presque parlerdu « retour » d’une « armée industrielle de réserve »,qui permet de faire pression à la baisse sur lessalaires. Cette insécurisation croissante des tra-vailleurs est justifiée par la « liberté d’entreprendre »de ceux qui « aiment prendre des risques ». Discoursidéologique qui masque mal le fait que le risque aété transféré sur les salariés au prix de la dégrada-tion de leurs conditions de travail, d’emploi etde revenu. Les « entrepreneurs », eux, ne cessentde geindre contre « l’insécurité juridique » que lecode du travail, l’inspection du travail, etc. feraientpeser sur eux. Pourquoi se priver, quand le gou -ver nement est si ouvertement à leur écoute ? Età leur service. n Romain Gény

disparition s’accélère (– 28 % entre 1970 et2008). Elle touche particulièrementl’Amérique Latine (– 83 %) et la zone Asie-Pacifique (– 6 7 %). Les causes de ce déclin,directement liées à la surconsommation deressources naturelles par l’humanité, sontla perte et la dégradation des habitatsdes populations animales (en cause :l’agriculture, l’urbanisation, ladéforestation, la chasse et la surpêche,le changement climatique).

Voyage dans le Venezuela bolivarienIUne journaliste et unphotographe ont parcouru enbus le pays dirigé pendantquinze ans par H. Chavez pourmener le lecteur au cœur des quartiers populaires,

des conseils communaux, des entreprisesrécupérées, des coopératives agricoles,des communautés indigènes. Loin desraccourcis caricaturaux, ce reportagephoto est une plongée vivante dans cepays aussi passionnant que paradoxal.• D. Hérard, C. Raimbeau, Chroniquesbolivariennes. Un voyage dans la révolutionvénézuélienne, Éditions du Croquant, 2014.

Niches fiscalesI

82 milliards d’eurosSi la maîtrise des dépenses est unepriorité affichée du gouvernement pour leprojet de budget 2015, les niches fiscalescontinueront de proliférer. Ellescoûteront, en 2015, 82 milliards d’eurosavec le CICE, soit 2 milliards de plus qu’en2014. Parmi les nouvelles nichesintroduites en 2015 : le nouveau créditd’impôt pour la transition énergétique(890 millions d’euros), de nouvellesexonérations fiscales sur le pétrole(200 millions d’euros) supplémentaires, denouvelles exonérations destinées auxagriculteurs (100 millions) et une haussedu crédit d’impôt dédié à l’apprentissage(100 millions).

Pauvreté dans les pays richesI

Les enfantsdirectement touchésLa crise au sein des pays développéstouche particulièrement les enfants. Ainsi,selon l’UNICEF, depuis 2008, 2,6 millionsd’enfants supplémentaires sont tombésdans la pauvreté, ce qui porte le total à76,5 millions. Parmi les quarante et unpays les plus riches, vingt-trois ont connuune aggravation de la pauvreté desenfants. Les pays qui ont connu la plusforte augmentation sont, sans surprise,les pays du sud de l’Europe (l’Espagne, laGrèce et l’Italie), ainsi que la Croatie, lesPays baltes et l’Irlande. Classée onzièmepays le plus touché, la France a vu sontaux de pauvreté passer de 15,6 % en2008 à 18,6 % en 2012, ce qui, selonl’Unicef, aurait fait basculer444 000 enfants dans la pauvreté.

20 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

L’Insee a publié en septembre dernier un dossier faisant le bilan de «  trois décenniesd’évolutions du marché du travail ». Si la plupart des constats sont connus,certains illustrent ce qu’«  insécurité sociale  » veut dire.

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DOSSIERMétier enseignant

21 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

En dépit des affirmations

optimistes des membres

du ministère de l’Éducation

nationale, la crise

de recrutement que connaît

le second degré est

enracinée depuis une bonne

dizaine d’années et les postes

programmés au budget risquent

de ne pas trouver preneurs faute

de candidatures suffisantes.

Entre vocation et tensions

Dossier coordonné par Jean-François Claudon et Véronique Ponvert, réalisé par Alice Cardoso, Odile Cordelier, Anne Féray, Caroline Lechevalier,Bruno Mer, Lionel Millot, Thierry Reygades, Frédérique Rolet et Valérie Sipahimalani

Au-delà de la politique erratique en termes de nombre de postes auxconcours, propre à décourager les étudiants car ne leur permettant pas dese projeter dans l’avenir, c’est dans la représentation du métier d’ensei-gnant et ses conditions d’exercice qu’il faut rechercher les causes duproblème. Les conditions de travail, la disparition quasi-totale de la

formation continue, la dévalorisation salariale et ce qu’elle traduit de symbolique surla place de l’enseignant dans la société ont conduit à un sentiment de dégradation dumétier. Quand on ajoute l’absence de projet politique apte à combattre efficacementles inégalités sociales et scolaires, et la responsabilité sans cesse renvoyée au systèmeéducatif et ses personnels de la panne de démocratisation, on comprend les motifs dedésaffection vis-à-vis du métier. Dans le même temps, les jeunes qui s’y engagent,comme leurs prédécesseurs, le font pour faire vivre des valeurs fortes, partager la saveurdes savoirs avec les jeunes. Souvent critiques vis-à-vis du sort qui leur est fait, leurstémoignages disent aussi les petits bonheurs quotidiens de ce métier, l’absence de rési-gnation, la volonté de faire évoluer les situations. C’est en ce sens que le SNES-FSUavance des propositions sur la formation, les conditions de salaire et d’emploi, le travailcollectif. Mais avant tout, la nécessité de prérecruter et aider les étudiants à passer etréussir les concours pour accéder à un métier qui demeure passionnant. n

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La désaffection vis-à-vis du métier estpatente pour de multiples facteurs, lesconcours de recrutement ne font plus

le plein et pourtant le métier d’enseignant dusecond degré reste un métier choisi.

Paradoxe ?De fait, ceux qui optent pour ce métier enconnaissent la relative faiblesse salariale, ledéfi que constitue l’hétérogénéité desélèves, les difficultés de gestion de classe ;mais le plaisir d’enseigner une disciplinequ’on aime et le contact avec les élèves

Entre 1996 et 2008 (mandature J. Chirac),les postes offerts aux concours passentde près de 19 600 en 1996 à 8 200 en

2008, soit une diminution de 58 %, aveccependant un sursaut entre 2001 et 2003.Entre 2008 et 2012, le nombre de recrute-ments est au plus bas en raison du non- remplacement d’un fonctionnaire sur deuxpartant à la retraite (= RGPP) décidé sousN. Sarkozy.La session 2013 est la première organiséesous F. Hollande. Son programme prévoitl’arrêt de la RGPP et la création de54 000 emplois d’enseignants et de CPE surla mandature. Cette politique se traduit par

une augmentation du nombre de postesouverts aux concours externes permettantune hausse de 5 881 en 2012 à 7 340 en2013 (+ 25 %) des admis et de 4 640 à 6 024(+ 30 %) des stagiaires affectés dans lesecond degré(1).En 2014, l’ouverture de deux sessions deconcours permet des recrutements records(13 812 admis soit + 88 %, 11 479 stagiairessoit + 91 %).Les études statistiques des concours(2) mon-trent que l’augmentation du nombre de postesofferts génère une hausse du nombre de can-didats, avec cependant un décalage de troisà quatre années. Ces augmentations de

postes, confirmées en 2015 (+ 20 %), sontdonc un levier important pour rendre lesconcours d’enseignants et de CPE de nou-veau attractifs. n1. Hors PLP et EPS2. Note de la DEPP n° 24 de juin 2014

demeurent des déclencheurs essentiels.Puis, même si de nombreux problèmes appa-raissent après l’entrée dans le métier, d’affec-tation, de surcharge de travail, de superpositionde missions et de tâches diverses, de manquede formation, à l’issue de leurs premièresexpériences la plupart des nouveaux ensei-gnants gardent pratiquement intacte la moti-vation qui les a poussés vers ce métier. Letravail de socialisation par les savoirs, le fait dedonner aux élèves des outils de compréhensiondu monde, de participer à leur développementpersonnel demeurent des objectifs forts.

Le contact avec des jeunes, la constructionprogressive du rapport avec les élèves pren-nent une importance de plus en plus grande,les enseignants intégrant rapidement le faitque faire acquérir des savoirs est dépendantde la relation éducative. Ce qui se joue dansla classe, l’attention portée aux processusd’apprentissage, est un travail constant quirend le métier de professeur prenant, maisqui en fait aussi la richesse, loin du côtérépétitif.Cette liberté d’agir est d’autant plus fruc-tueuse qu’elle se développe dans le cadred’échanges avec d’autres professionnels, deconfrontations et de controverses profes-sionnelles, laissant à chacun son autonomietout en évitant l’isolement.Métier d’autonomie donc, de conceptionmais aussi un métier qui s’exerce avecd’autres, au service de principes d’égalité, deprogrès, métier porteur d’enjeux sociaux,telles sont les caractéristiques qui suscitentl’adhésion des candidats aux concours derecrutement, voire conduisent des salariésdu privé, las des objectifs de concurrence etde performance, à se reconvertir.Un bémol cependant, les enquêtes montrentque la satisfaction générale décroît avec l’an-cienneté, que les enseignants français se sen-tent peu valorisés. Cela conforte l’urgenced’améliorations sensibles. n

En France, l’immense majorité des enseignants (90 %) sedéclarent bien ou très bien préparés dans leur discipline,mais ils sont nettement moins nombreux à estimer que c’estle cas sur le plan pédagogique, qu’il s’agisse des contenus àenseigner (60 %) ou des pratiques de classe (58 %).

Formation initiale et continueSource pour tous leschiffres du bandeau :DEPP, enquête TALIS 2013,publiée en juin 2014

Les enseignants sont seuls dans leur métier,ils sont plus de 78 % à déclarer ne jamaisobserver le travail de leurs collègues ou fairecours à plusieurs en classe.

Pratiques collaboratives

Entre mission et vocation

Un métier qui a du sensInstruire la jeunesse, éduquer de futurs citoyens, travailler en équipe : autant de motivations pour de nombreux enseignants.

Les augmentations de postes 2015 sont un levier

Postes ouverts aux concours

Un effort réel depuis 2013Après la saignée de l’ère Sarkozy, le recrutement était à reconstruire.

Métierd’autonomie,de conception,porteur d’enjeuxsociaux

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Conséquence : sur les 4 112 emplois créésau budget 2013 pour le second degré,seuls 726 ont été consommés. Du fait du

cumul des déficits de recrutement sur lesannées 2012 et 2013, l’équivalent de près de7 000 emplois n’ont pas été consommés pourle seul second degré en 2013(1). Par ailleurs, lenombre d’enseignants titulaires a diminué de356 871 à 355 423 (– 0,4 %) entre 2012 et2013(2). Ainsi, la hausse des recrutements en2013 n’a pas permis de compenser les départsd’enseignants et CPE titulaires. Pourtant, à larentrée 2013, 51 000 nouveaux élèves ontintégré le second degré.Or, la dernière étude prospective de la DEPP surles recrutements de 2005 situait les besoins dusecond degré à 19 000 nouveaux recrutementspar an sur la période 2005-2013. Les gouver-nements d'alors, s’enfermant dans le dogme dela réduction de l’emploi public, ont préférén’ouvrir en moyenne que 9 811 postes auxconcours externes par an entre 2004 et 2012. Leretard de recrutements accumulé dans le seconddegré atteint donc un niveau « himalayen ».Avec 12 800 postes ouverts aux concoursexternes 2015 et même si elle maintient unebelle augmentation par rapport à la session2013, la session 2014 fait tout de même pâlefigure par rapport aux 19 000 recrutementsannuels nécessaires établis par la DEPP en

2005 et aux 17 000 postes aux concoursexternes des années 97-2002.Pour faire face, les rectorats sollicitent lestitulaires pour prendre des heures supplé-mentaires : les enseignants ont ainsi enmoyenne 1,4 heure supplémentaire et 65,8 %des enseignants ont au moins une heure sup-plémentaire (71,8 % de ceux à temps plein)(2).Les rectorats ont aussi recours aux non-titu-laires, allant même recruter à Pôle Emploi.Ainsi, alors que l’ouverture du concoursréservé en 2013 devait permettre de résorberla précarité, le nombre de non-titulaires aug-mente entre 2012 et 2013 de 25 031 à 25 207

(+ 0,7 %)(2), notamment par le recours auxcontractuels admissibles, pour atteindre 7,2 %des enseignants en exercice. Mais même lerecours aux non-titulaires n’est pas suffisantpour assurer tous les remplacements, et desclasses se retrouvent sans enseignants. Il estdonc indispensable de mettre en place desmesures comme les prérecrutements pourrendre attractifs nos métiers afin d’augmenterles recrutements pour satisfaire les besoinscroissants du système éducatif. n

(1) Rapport de la Cour des comptes mai 2014(2) Repères et références statistiques 2014

86 % des enseignantsaffirment que leur travailleur donne satisfaction.58 % pensent que lesavantages de leur métier

compensent sesinconvénients.Très peu (5 %) estimentque leur métier est valorisé dans la société.

Un beau métier !Le temps de travail « effectif » en classe,consacré explicitement à l’enseignement(estimé à 76 %) doit se conjuguer avec letemps passé à l’instauration d’un climat declasse favorable (16 %) et à

l’accomplissement de tâches administratives(appel, etc.). En éducation prioritaire, le tauxd’enseignement est plus faible (70 %), lestâches de maintien de la discipline prenantplus de temps (21 % du temps de classe).

Temps de travail réel en classe

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Évolution du nombre de postes et d’admis aux concours externes – Base 100 en 2000

Face aux besoins

Des recrutements insuffisantsLa hausse des admis aux concours ne permet cependant pas de pourvoir tous les postes ouverts aux concours externes.

Crise

Relative selon les disciplinesLa crise du recrutement est sérieuse, mais elle ne touche

pas toutes les disciplines de la même façon.

Depuis 2011, des postes aux concoursexternes ne sont pas pourvus. Si, dans lesannées 90, la crise touchait toutes les dis-

ciplines dont 20 à 30 % des postes n’étaient paspourvus, celle actuelle est circonscrite à cer-taines disciplines, d’autres restant pour lemoment attractives.Ainsi, sont touchées depuis 2010 : les lettresmodernes (23 % de postes non pourvus auCAPES 2014 rénové), les lettres classiques(59 %), l’anglais (29 %), l’allemand (38 %),l’Éducation musicale (13 %), les mathéma-tiques (37 % au CAPES et 30 % à l’agrégation).Les autres disciplines ont suffisamment decandidats de qualité ce qui permet de pourvoirtous les postes. Certaines ont même un taux

de sélectivité très important comme parexemple la philosophie avec 12,2 présents parposte au CAPES 2014 rénové, l’histoire-géo-graphie (5,4), les SES (6,3), l’espagnol (7,6).Il a même été possible de constituer des listescomplémentaires au concours rénové 2014 :en histoire-géographie (252 inscrits sur listescomplémentaires), en espagnol (43), en SVT(66), en arts plastiques (48), en documenta-tion (30).Ces écarts d’attractivité ont diverses explica-tions  : concurrence avec les emplois privésbac + 5 en mathématiques et en langues, désaf-fectation pour les filières mathématiques àl’université, diminution de l’offre de formationet désaffection pour les langues anciennes et

l’« option lourde » musique en collège et lycée,voire pour la filière littéraire.Sans autre action du gouvernement que l’aug-mentation du nombre de postes, les craintes sontcependant grandes que la crise s’élargisse àd’autres disciplines. n

Le retard de recrutement atteint un niveau « himalayen »

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Une fois le concours en poche, et la titu-larisation acquise après le stage, c'estbien souvent encore une nouvelle

« mise à l'épreuve » qui attend les nouveauxtitularisés. Les conditions d'entrée dans lemétier sont loin d’être faciles pour les débu-tants. Les classes surchargées, où l’hétéro-généité est forte, ne permettent pas si aisémentd’appliquer les méthodes pédagogiques prô-nées par les formateurs. Les heures en petitsgroupes, qui permettraient de mettre en œuvreles remédiations nécessaires, sont devenuesportion congrue dans le secondaire. Très vite,les recettes miracles montrent leur peu d’ef-ficacité, ce qui entraîne doute et remise encause. Le public scolaire, particulièrementen collège et dans l'éducation prioritaire, qui

Entrée dans le métier

Un enjeu décisifLes conditions d’entrée dans le métier font souvent percevoir

le métier d’enseignant comme téméraire.

Rigidités ?

Un statutet des droits

Les enseignants sont des fonctionnaires.Si leur statut les protège,

il comporte aussi des contraintes.

de qualité.  Leur incapa-cité actuelle à mettre enplace le « parcours de for-mation adapté  » prévupour les stagiaires déjàtitulaires d'un M2 ou quien sont dispensé-e-s et lerecours à des options diverses et inadaptéesen sont la preuve la plus récente. Présent aucôté des stagiaires, le SNES-FSU continued’exiger avec eux un service comprenant

deux tiers de formation et un tiers de cours,et un cadrage national de la formation dansdes ESPE dotées de moyens budgétaires ethumains adéquats. n

Nécessité d’unapprentissage

progressif du métier

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L’année de stage

Un parcours du combattant ?La formation des enseignants était une des mesures phares de la Refondation. Pourtant...

Depuis 2010, les stagiaires étaient àtemps plein devant élèves, avec, aumieux, trois heures de décharge, sacri-

fiant ainsi la formation. Ce déni de la néces-sité d'un apprentissage progressif de notremétier vient seulement de prendre fin, pourla moitié des stagiaires seulement, avec lamise en place de la réforme Peillon qui réduitle service des stagiaires devant élèves à unmi-temps afin d’être formé sur le reste de leurservice. Mais certains devront valider le M2MEEF qui leur sert de formation.Or, multiplier les objectifs la même année(responsabilité devant élèves, titularisation etvalidation du M2) entraîne une surchargede travail et un stress important. D’autrepart, les ESPE, structures décentralisées,manquent de moyens et de personnels, ce quiest un obstacle pour délivrer une formation

Ailleurs en EuropeLa pénurie d’enseignants qualifiésest un phénomène pointé par desorganismes internationaux commel’OCDE et par la Commission euro-péenne. Les difficultés du métierenseignant (déclassement salarial,dégradation des conditions d'em-ploi et de service, charge de travailalourdie, etc.) sont des constatspartagés mais ne débouchent suraucune décision d’améliorationdans chacun des pays concernés.

La dernière enquête TALIS del’OCDE, menée dans trente-quatrepays dont dix-neuf pays d’Europe,se base sur les réponses fourniespar des enseignants et des chefsd’établissement niveau collège.Près de cent mille enseignantsont répondu à cette enquête dont55 000 en Europe. Deux tiers des enseignants, prin-cipalement en Europe, estimentque leur métier est insuffisam-

ment valorisé au sein de la société.En Europe, plus de 80 % considè-rent qu’ils ne sont pas reconnus àleur juste valeur. La pénurie d’en-seignants touche principalementles Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Roumanie et l’Estonie. La ques-tion importante des précaires estrarement abordée (Italie parexemple). La revalorisation de laprofession enseignante partout enEurope est une urgence.

est souvent le lot des jeunes enseignants, estloin d'être docile, ni acquis d'emblée à lasaveur des savoirs. L’autorité du professeurne va plus de soi, et il faut sans cesse la négo-cier dans un face à face qui peut s’avérerépuisant ou déstabilisant, renforcé par l'im-prévisibilité des situations de classe.Or, cela se sait... L’image renvoyée par lesadolescents réfractaires à l’ordre scolaire ou,au mieux, à l'entrée dans les apprentissages,a largement envahi le discours médiatique. Sile professeur peut être vu comme un privilé-gié de par son statut, il est aussi perçu commece héros téméraire qui « va au front » sur unterrain miné. Cette image explique sans douteaussi la réticence de certains étudiants à choi-sir cette voie professionnelle. n

Pas un jour sans qu’on nous expliqueque les difficultés de ce pays trouventleur source dans les « rigidités » de la

Fonction publique et qu’être « moderne »serait savoir « réformer ».Dans le second degré, le moyen trouvé pourassurer le droit qu’a chaque enfant de cepays à un enseignement de qualité est celuides concours nationaux de recrutement etd’affectations opérées dans le cadre du mou-vement national.Cette garantie pour la Nation est, pour lespersonnels, une des « obligations » du statutdes fonctionnaires. Plutôt que de chercher à casser ce cadrenational, au risque d’aggraver les difficultésdes territoires et de la population en difficulté,il faut répondre aux besoins des personnelsconcernés, en particulier par une aide aulogement, une amélioration des conditions detravail et de rémunération.Comme le droit à la mobilité profession-nelle, le SNES-FSU défend le droit à muta-tion. Il sera d’autant mieux assuré que despostes seront créés sans que, sous couvert degestion « plus humaine », ne soit requis l’avisdu supérieur hiérarchique. C’est là, en effet,à nos yeux une « rigidité » dont il y a tout lieude s’affranchir ! n

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Salaires mensuels nets moyens en 2012Ce constat, l’OCDE le fait à sa manièreen indiquant que la France partage avecla Grèce et le Japon le triste privilège

d’avoir vu le salaire réel(1) des enseignantsdiminuer d’environ 10 %(2) depuis 2000,alors que l’ensemble des autres pays a reva-lorisé leur situation, afin de rendre le métierattractif pour les jeunes diplômés commepour inciter les professeurs à le rester.En France, les gouvernements ont donc réussià payer moins des personnels dont ils exi-geaient en même temps une qualificationplus élevée. Les ministres Darcos et Chatel,confrontés à une situation déjà tendue, ontappliqué le fameux slogan « travailler pluspour gagner plus  » par le développementdes heures supplémentaires au détriment del’emploi et de l’égalité professionnelle, mais

ils ont aussi pris des mesures pour revalori-ser le traitement indiciaire de début de car-rière en recrutant les enseignants débutantsau troisième échelon et en portant le traite-ment mensuel de début à 2 000 euros brut. Lanouvelle réforme du recrutement a permis àPeillon de rétablir un traitement de début decarrière à peine supérieur au SMIC(1,12 SMIC en brut).En 2012, un enseignant gagne en moyenne38 % de moins qu’un cadre du privé et 31 %de moins qu’un cadre de la fonction publique.Le problème reste entier ; les politiquesd’austérité pénalisent fortement le systèmeéducatif. n

1. Incluant les primes et heures supplémentaires.2. Regards sur l’éducation, édition 2014

Les médias véhiculent depuis de nom-breuses années une image dégradée del'école en focalisant sur la violence en

milieu scolaire, le stress des enseignants,mais aussi des parents et des élèves, lesfaibles perspectives de carrière pour les per-sonnels. Ces représentations martelées s’ac-compagnent souvent, d’ailleurs, d’une visionidéalisée du passé scolaire où l’autorité du« maître » était respectée. Et alors qu’elle alongtemps représenté un vecteur de trans-formation sociale, l’école française connaîtaujourd’hui une crise de confiance. Elleserait inefficace et inégalitaire. D’après unsondage Ipsos de 2011, 64 % des personnesinterrogées estiment que l’institution fonc-tionne plutôt mal, notamment pour assurerl’égalité des chances.Dans un monde marqué par le primat del’économie, les notions de performance, decompétition et de rentabilité, qui induisentindividualisme forcené et consumérisme,entrent en tensions avec l’institution sco-laire, son fonctionnement et ses objectifs.L’École serait « hors du monde », les ensei-gnants n’auraient jamais quitté l’école.La culture elle-même est dévalorisée au pro-fit de l’« employabilité » d’un « capitalhumain ». L’« individualisation », la « per-sonnalisation » des parcours, des apprentis-sages, qui innervent de nombreux discours,percutent les valeurs même de l’École, fondées

Inadmissible

Dévalorisation salarialeDe 2000 à 2014, le traitement net d’un enseignant a perdu deux mois de sa valeur réelle. En cause, la faible revalorisation

du point d’indice puis son gel depuis 2010 et l’augmentation de la retenue pour pension liée à la réforme des retraites.

L’École dans la société

Une image en tension(s)Dans un contexte de difficultés économiques persistantes et de dévalorisation des institutions, l’École et les enseignants

sont au cœur du malaise d’une dociété en crise et en tensions.

Source : rapport annuel sur l’état de la Fonction publique, 2014.

Clémence, prof en éducation prioritaire (collège Courbet, Gonfreville l’Orcher 76)À la télé, dans les journaux, à la radio, toujours les mêmes mots : insultes, agression, violence…« racaille » ou « sauvageons » sont aussi élégamment employés par certains élus, pour qualifiernos élèves avec qui on échange et partage notre vie quotidiennement  !En classe, c’est autre chose : élève arrivant en larmes parce qu’à la maison, c’est très dur ; adolescentexplosant de rage face à une injustice  ; collégien non-lecteur suite à des lacunes accumulées… Lesdifficultés sont multiples, variées… On apprend peu à peu à en parler, à trouver des outils pour lesdépasser : on découvre et on apprend ensemble à être enseignant et élève  !Oui, nous travaillons avec les enfants du peuple d'en bas(1) ! Et c'est aussi un choix  : celui de redéfinirchaque jour notre métier, celui de continuer à réfléchir aux moyens pour que nos élèves deviennentdes adultes émancipés, bref celui d’apprendre et d’enseigner ! Un programme plein de vie  !

D’après le titre du livre de Jack London, Le Peuple d’en Bas, paru aussi sous le titre Le Peuple de l’Abîme.

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sur le travail collectif et le par-tage d’une culture commune. Dans une société au rythmeeffréné, l’École doit pourtantrester le lieu de la constructionpatiente des apprentissages pourformer une culture communequi, au-delà des impératifs éco-nomiques, fonde une société oùrègne une cohésion sociale. n

La culture estdévalorisée au profit

de l’«  employabilité ».

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L’US : Vous dites que la notion de «  vocation » n’est pluspertinente pour analyser les trajectoires des enseignantsdébutants dans le choix du métier.Par contre, l’accès au métier procède encore largement du goût voire de la passion pour telle ou telle discipline. Quels ajustements cela implique-t-il  ?« L’amour de la discipline » joue un rôle inégal selon les ensei-gnants et les disciplines. Il est plus déterminant chez les ensei-gnants de lettres et langues que chez les enseignants de matièresscientifiques ou technologiques par exemple. Il joue souvent unrôle moteur dans les motivations d’accès à la fonction mais sa placese redéfinit au fil des épreuves des débuts dans l’en-seignement. Des ajustements sont nécessaires. Danscertains cas, la « passion » pour la discipline fait queles enseignants débutants ont du mal à voir au débutque les élèves ne partagent pas spontanément cetteappétence pour la matière. Mais la discipline vaaussi servir une visée éducative plus large puisque lessavoirs servent finalement à porter un regard sur lemonde. La fonction de transmission des contenusdans la discipline représente alors une médiationpour travailller avec des jeunes et leur offrir uneouverture personnelle et une formation intellectuelle.Ainsi, les savoirs disciplinaires sont paradoxalementde plus en plus nécessaires et de moins en moinssuffisants pour exercer une activité qui réclame uneposture réflexive, qui est au fondement de la professionnalisation.

L’US : Une part importante de votre livre porte sur «  la mise à l’épreuve » du débutant, confronté à un régime d’incertitudepédagogique dans un ordre scolaire instable. À quellesdifficultés particulièrement aiguës doivent faire face ces enseignants ? Comment perçoivent-ils les solutions qu’ils mettent en place pour y répondre ?En classe, la réalité déborde ici ou là ce qu’ils avaient imaginé,que ce soit l’hétérogénéité des classes, l’imprévisibilité dessituations ou le maintien de l’ordre scolaire. Le monde de la classene bénéficie plus de la régulation légitime de l’institution oureconnue à la fonction enseignante. Les professeurs débutants, surla question de l’autorité, ont le sentiment d’être très exposés, voirevulnérables face à la classe. Chacun « bricole » son rôle, parfoisavec succès, parfois en s’écartant de certaines normes qui bous-culent leur éthique professionnelle (paroles maladroites, sanctionsinjustes...). Ils en retirent en tous cas le sentiment d’un métier trèslié à leur personnalité.

L’US : Trouvent-ils des ressources (formation théorique,collectif formel ou informel) pour dépasser ce renvoi à une pure subjectivité  ?

Ce qui est frappant, c’est leur capacité à verbaliser leur expérience.Ces jeunes professeurs racontent assez facilement les difficultésauxquelles ils sont ou ont été confrontés (l’enquête en témoigne !).Ils le font beaucoup dans un cadre informel, entre eux, ce qu’onpourrait appeler « la formation en coulisse ». Au-delà de l’an-née de stage, prévenir et gérer les épreuves subjectives et pro-fessionnelles des débuts implique de mettre en place des dispo-sitifs d’accompagnement des personnels qui doivent se poursuivreles premières années d’exercice du métier, voire au-delà, tout enprenant en compte les effets de contexte (type d’établissement,de classe) qui sont très importants.

L’US : Quelles sont les critiques qui reviennent de manière récurrente sur la formation initialequ’ils reçoivent où ont reçu en IUFM ? Si l’on regarde globalement, le jugement émis estassez critique, mais il faut être prudent. D’unepart, la préparation des séquences est perçuecomme nécessaire.Par exemple, les séances d’analyse de pratiquessont jugées assez intéressantes, mais des effets desite (selon les ex-IUFM) existent. Ce qui les inté-resse le plus, c’est le stage de pratique lui-même,avec cependant des expériences contrastées selonla qualité du tutorat. La formation transversale,quant à elle, fait l’objet d’une révision après la

première année. Lors de la première année, ils sont saturés d’in-formations et ont l’urgence des cours à gérer. En revanche, au fildu temps, ils vont réévaluer l’intérêt et la pertinence de cette for-mation transversale (sociologie de l’éducation, psychologie del’adolescent...). Face aux épreuves vécues en classe et aux ques-tions soulevées, ils vont revisiter et réévaluer les apports de la for-mation.

L’US : Vous évoquez la solitude du correcteur, face aux divers dilemmes qui concernent les nouveaux enseignants dans leur activité d'évaluation. Pensez-vous qu'il s’agisse d’une spécificité liée à l’entrée dans le métier  ?Non, effectivement, tous peuvent être concernés mais les pro-fesseurs débutants découvrent le problème, n’ont pas encorestabilisé les normes ou barèmes d’évaluation, et enseignent dansdes classes de niveaux très hétérogènes. De plus, la notation estaussi un enjeu de gestion de la classe et des relations avec lesélèves difficiles. Mais ils s’aperçoivent parfois qu’être indulgentet noter de manière plus favorable, pour éviter le conflit ou queles élèves ne décrochent des apprentissages, peut être une stra-tégie dont les élèves ne sont pas totalement dupes. n

(1) Pierre Périer, Professeurs débutants. Les épreuves de l’enseignement, PUF, 2014.

Entretien

« L’amour de la discipline joue un rôle moteur dans les motivations des candidats »Pierre Périer est sociologue et professeur de sciences de l’éducation à l’université Rennes2. Son livre(1) est issu d’une enquête menée sur trois sites académiques (Créteil, Lyon, Rennes)avec des formateurs IUFM et des enseignants chercheurs. Elle s’est étendue sur deux ans(2006-2007) et a porté sur un échantillon de trente-quatre stagiaires, puis néotitulaires, qui ont

été plusieurs fois interviewés (soit quatre-vingt-quatre entretiens au total). L’enquête a porté notamment sur des débutantsenseignant en éducation prioritaire, puisque financée en partie par le Centre d’études Alain Savary. L’ouvrages’appuie aussi sur une enquête de 2008 de la DEPP qui a porté sur mille deux-cent-neuf professeurs du secondaire.

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En une dizaine d’années, les équipes descollèges et des lycées ont perdu en pou-voir d’achat l’équivalent de deux mois

de salaire par an. Cette dégradation s’estdoublée de celle des conditions de travail. Lessuppressions de postes de 2007 à 2012,conduisant à environ 10 % de personnels enmoins dans un contexte de hausse démogra-phique, ont mécaniquement produit unehausse du nombre d’élèves par classe. Dansle même temps, la mise en place de la loiFillon en 2005 s’est traduite par de fortes

pressions des hiérarchies intermédiaires pourimposer le socle et le livret personnel decompétences en collège. En lycée, la réformede 2008 a instauré la concurrence entre éta-blissements, mais aussi entre disciplines etentre enseignants.Absence de reconnaissance salariale pourun métier demandant un haut niveau de for-mation et exigeant au quotidien, dégrada-tion des conditions de travail : il est néces-saire de revaloriser ! Dégeler les salaires,calculés d’après le point d’indice de la fonc-tion publique, qui n’a pas été réévalué depuis2010. Améliorer les conditions de travail :mettre en place d’autres relations avec leschefs d’établissements et les inspecteurs,revoir les programmes et les possibilités deprévention et de remédiation pour luttercontre l’échec scolaire, revoir l’organisationdu lycée, relancer la formation continue quia presque disparu. Tel est le programme derevalorisation défendu par le SNES-FSU. n

On ne résoudra pas les problèmes cau-sés par plus de dix années de sous-recrutement et une dévalorisation sen-

sible du métier de professeur sans conjuguerplusieurs mesures.L’une d’elle, portée inlassablement par leSNES-FSU auprès des ministres successifs,consiste à mettre en place des prérecrutements,en plus d'aides financières aux étudiants.Cette voie d’accès aux concours de l’Éducationnationale a existé pendant de nombreusesannées, existe toujours dans les Écoles Nor-males Supérieures et ne demande qu'à être réac-tivée et adaptée à la situation actuelle, pourfaire face à la baisse du nombre de candidats auxconcours d'enseignement tout en diversifiantles viviers (cf. rapport du Sénat, juin 2012).

Que met-on sous le terme prérecrutement ?Il s'agit d’offrir à des étudiants un temps deformation à temps plein, rémunéré, pendantlequel le jeune se consacre uniquement àses études, à la différence des EAP, contrel'engagement de suivre régulièrement les

formations, passer les concours puis servirl’État pendant une durée déterminée.L'étudiant prérecruté a le statut d’élève fonc-tionnaire et cotise pour la retraite, ce quin’est pas négligeable à l’heure actuelle !Les prérecrutements ont pris plusieurs formesdans le passé, les plus connus dans le seconddegré étant les IPES* créés en 1957, sup-primés en 1978, qui permettaient de recruteraux différentes étapes de la licence.

Le SNES-FSU propose de réactiver un dis-positif de ce type en précisant les modalitésconcrètes répondant au mieux aux besoinsactuels (modalités d’accès au dispositif,épreuves du concours...).Quelle que soit l’option choisie, la questiondes prérecrutements est plus qu’actuelle pourjuguler la crise. n

* Instituts de préparation à l’enseignement secondaire

Revalorisation

Respect, dignité, reconnaissanceLa revalorisation est la clé de voûte des revendications du SNES-FSU. Il ne faudrait pas l’entendre dans un sens restreint.

Nécessité impérieuse

Prérecruter !Aucun professeur n’échappe au questionnement sur et autour de l’évaluation, que ce soit du fait des élèves,

des collègues voire des parents. Il faut souvent composer avec plusieurs impératifs contradictoires.

Enseigner  : une seconde carrière

Ingénieur, après avoir travaillé en rechercheet développement pour un grand groupe indus-triel, il a créé son entreprise. La pression desclients, des banques, des heures que l'on necompte pas, l’ont amené à s'interroger sur lesens de son métier. Après avoir réussi leCAPES de maths, il enseigne aujourd'hui dansun collège. Certes son salaire a été réduitde moitié mais il peut aujourd'hui allier sonactivité professionnelle et ses passions, l'as-tronomie, l'écologie. Comme lui, ils sontquelques centaines de salariés en quête desens à quitter le privé pour l'enseignement. Latrentaine, majoritairement des femmes, ilsenvisagent cette seconde carrière commeun moyen d'assouvir une vocation et de quit-ter un secteur privé qui ne les satisfait plus.Parfois surpris par la « Grande Maison », cescollègues sont incontestablement une richessepour le système éducatif. Il serait bon que leministère mette en place des dispositifs per-mettant d'améliorer leur accueil.

Les EAP  : inadaptés pour lutter contre la crise de recrutementLes Emplois d’Avenir Professeur (EAP) sont des emplois ouverts aux étudiants boursiers dans lesdisciplines en crise. En contrepartie d’un salaire et d’une bourse de service public, ils doivent9 heures en établissement + 3 heures de préparation, ce qui empiète sur leurs études et hypothèque leur réussite.

Arthur, Lyon« Les fonctions d’EAP sont encore très floues pour mon principal qui me considère comme un Assistant Pédagogique. Au début, il m’imposait 1 heure de tâches administratives. »

Pauline, Rennes« Je suis censée ne pas manquer les cours pour qu’EAP n’empiète pas sur mes études, sauf qu’àla fac j’ai cours tous les jours et mon emploi du temps change tout le temps. »

Absence de reconnaissancesalariale

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L’AUDIENCE MINISTÉRIELLE du 3 novembre marque une première avancée sur la question des dédoublements enphilosophie, dans les séries technologiques. Grille horaire nationale contre autonomie locale, la partie est engagée !

Gagner les dédoublements

La démarche unitaire syndicale et asso-ciative initiée l’an dernier pour sauverles conditions d’étude et d’enseigne-

ment de la philosophie en voie technolo-gique a enfin été entendue : la ministre a faitsavoir son intention d’écrire aux recteurspour leur demander de prêter une attentionparticulière aux dédoublements en philo-

28 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

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LE SNES-FSU a été reçu par F. Robine, directrice générale de l’enseignement scolaire, fin octobre, et par le cabinet de la ministre début novembre : socle, collège, lycée, calendrier et méthode de travail...

Un calendrier de travail chargéL

es résultats du traitement statistique de laconsultation sur le socle commundevraient être connus dans les jours qui

viennent : 175 000 questionnaires ont étérenseignés, 45 000 réponses ouvertes serontà traiter, sans que l’on sache à ce jour com-ment. Le Conseil supérieur des programmesdevrait reprendre le projet du Socle com-mun de connaissances, de compétences et deculture à l’aune de ces retours, avec une pré-sentation au Conseil supérieur de l’Éducationen janvier. Les projets de nouvelles grilles ducollège seront connus à la même époque.Viendrait ensuite la consultation sur les pro-grammes du collège, pour une entrée envigueur en classe de Cinquième en 2016(puis Quatrième et enfin Sixième et Troi-sième).

Ça bouge au lycéeCôté lycée, les discussions sur le bilan « par-tagé » de la réforme s’ouvrent, enfin !, en jan-vier, suivies d’aménagement des structures etdes programmes pour les rentrées 2016 ou2017. Le ministère annonce enfin ne pasavoir demandé de fermeture de SixièmesSegpa à la rentrée prochaine, et que les arbi-trages quant à d’éventuelles fermetures declasses préparatoires seront pris en décembre. Sur toutes ces questions, le SNES-FSU aconsulté la profession par le moyen d’en-

quêtes et de stages académiques et natio-naux, et continuera de le faire afin dedéfendre l’Éducation au plus près des besoinset des revendications des personnels et desétablissements. La réforme du lycée, avec ladotation globalisée des horaires de groupeprovoquant de la concurrence à toutes leséchelles, la diminution des horaires disci-

plinaires au profit d’un accompagnementpersonnalisé au cadrage déconnecté du ter-rain, des programmes écrits à la va-vite et destroncs communs absurdes, tout cela devraservir d’exemple de ce qu’il ne faut pas fairepour le collège. Le SNES-FSU l’a rappeléfermement à ces interlocuteurs. n

Valérie Sipahimalani

sophie dans ces séries. Mis en place en 94 avecla réforme Jospin, ledédoublement d’unepartie de l’horaire dephilosophie en sériestechnologiques venaittardivement répondre àun malaise, constaté dèsles années 70 et 80 (rap-port Bouveresse Der-rida de 1989, etc.).

Victimes del’autonomie localeDepuis la réforme Cha-

tel, le ministère estime que moins d’undédoublement sur deux a survécu à la logiquede l’autonomie des lycées (45 % en 2013-2014). Plus inquiétantes sont les grosses dis-parités constatées (allant d’une classe surdix dédoublée à deux sur trois) dictées, parla taille des établissements et des académiesplus que par celle... des classes : bien loin

donc des priorités pédagogiques de terrain !Mais la partie ne sera gagnée que lorsque lesdédoublements, livrés à l’arbitraire de l’au-tonomie locale induit par la réforme Chatel,seront à nouveau garantis par un horaireréglementaire national, seul capable d’assu-rer l’avenir de l’enseignement de la philo-sophie en séries technologiques. Le SNES-FSU, qui porte cette revendication pourl’ensemble des disciplines, compte bien peserde tout son poids dans le dénouement de cedossier lors du bilan de la réforme du lycéeannoncé pour janvier 2015. La déterminationdes professeurs de philosophie commence àporter ses fruits, il faudra transformer cetessai pour l’ensemble des enseignements.Le SNES-FSU s’y emploiera bien évidem-ment ! n Jean-François Dejours,

Valérie Sipahimalani

Le communiqué :www.snes.edu/Rentree-2015-

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LA CONSULTATION MINISTÉRIELLE sur le socle commun de connaissances de compétences et de culture s’est déroulée mi-octobre. Ses résultats doivent maintenant être rendus publics afin que le Conseil supérieurdes programmes puisse commencer l’écriture des projets de programmes des cycles 2, 3 et 4.

Consultation socle : la profession impliquée

Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 29

DANS LE CADRE DE LA REFONTE IMMINENTE DES PROGRAMMES, le SNES-FSU vient de rendre publiques ses analyses et ses prescriptions. Tour d’horizon de nos préconisations.

Programmes du collège : un bilan précieuxÀ

partir de la réflexion qu’il mène sur lesprogrammes et les pratiques avec deschercheurs, des formateurs, des asso-

ciations, mais aussi des enquêtes discipli-naires récentes soumises à des collèguessyndiqués et non syndiqués, le SNES-FSUprésente aujourd’hui son bilan et ses propo-sitions qu’il remettra au conseil supérieurdes programmes. • Des programmes nationaux avec desrepères annuels forts, accompagnés d’indi-cations sur les conditions matérielles d’en-seignement, en particulier les horaires enclasse entière et en groupe. Ce cadre annuelstructurant est nécessaire pour tous, en par-ticulier pour les élèves en cas de changementd’établissement et pour les enseignants dansdes collèges où la stabilité des équipes estmise à mal par la multiplication de servicespartagés. L’exemple des programmes d’édu-cation musicale avec un seul texte de laSixième à la Troisième montre les limitesd’un programme sans repères annuels.• L’arrêt de l’empilement des prescrip-tions (socle, programmes, thèmes de conver-

gence, grilles de références, histoire des arts,compléments de programmes divers en ligne,etc.). Cette inflation de textes auxquels lesenseignants doivent se référer n’est pas com-patible avec la recherche de cohérence. Lesprogrammes doivent préciser les attendus etles articulations entre connaissances, com-pétences et culture, en lien avec des pra-tiques pédagogiques possibles et avec uneréflexion sur l’évaluation des élèves. Lesréférentiels sur le PEAC et le PIIODMEP,l’enseignement moral et civique, les « édu-cations à » doivent être interrogés et tra-vaillés en lien avec les nouveaux programmesdisciplinaires.• Des objets d’études ou des problématiquesinterdisciplinaires inscrites dans les pro-grammes, suffisamment larges pour quechaque discipline puisse s’y impliquer et ytrouver sens (le travail en histoire des artspourrait notamment s’y intégrer). Les résultats des enquêtes et nos analysespar discipline sont en ligne sur www.snes.edu/Bilan-et-propositions-du-snes-sur-27663.html n Sandrine Charrier

Les personnels ont apprécié de pouvoirdébattre ensemble de leur métier, sur untemps banalisé. Le questionnaire conçu

par la DGESCO a cependant rebuté beau-coup de collègues à cause de sa longueur et decertaines questions « piège » ou mal posées. La consultation a été diversement organi-

sée, certains chefs d’établissement laissantcarte blanche aux collègues pour les débats,une minorité cadrant la journée pour tenterd’imposer d’autres sujets de débat, commepar exemple une réflexion sur le conseilécole-collège. Certains recteurs ont parfoisdemandé des comptes rendus aux établisse-

ments afin de produire des synthèses acadé-miques (en Guadeloupe par exemple).

Globalement positifLes remontées des établissements font glo-balement état d’une satisfaction quant auxprincipes portés par ce nouveau projet desocle, qui prend davantage en compte lesdisciplines. Il se démarque ainsi du socle de2005 qui organisait une double prescription :socle d’un côté et programmes de l’autre. Lescollègues ont souvent souligné le fait qu’ilétait difficile de se prononcer sur ce texte sansdisposer des projets de programmes. Ledomaine 3 a fait l’objet de beaucoup dedébats débouchant souvent sur l’idée que cedomaine n’était pas évaluable. Les établissements ont confirmé massive-ment le rejet de toute forme de livret per-sonnel de compétences, ont débattu de l’éva-luation des élèves tout en regrettant que leprojet de socle développe peu de pistes surcette question. Pour le SNES-FSU, cette consultation a sur-tout mis en évidence le besoin de concerta-tion et de temps de réflexion collective dansles établissements. Le ministère devra intégrer cette dimension dans les décisionsqu’il prendra dans les mois à venir pour lecollège. n Sandrine Charrier©

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30 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

CATÉGORIES

Depuis la rentrée, de nom breuxmédias se sont emparés de lacrise du recrutement des ensei-

gnants pour mettre l’accent sur lesoffres d’emploi de professeurs paruessur Le Bon coin ou à Pôle emploi, eten profitent pour instruire uneenquête, à charge, sur les enseignantscontractuels  !  Il est fort regrettableque certains se fassent l’écho de quali-ficatifs aussi péjoratifs envers les non-titulaires tels que « prof amateur » ou« gens qui deviennent profs sansjamais avoir été formés » ou « quienseignent d’après leurs souvenirsd’école... », alors que ceux-ci œuvrenten majorité depuis des années pour lacontinuité du service public.

Des personnels qualifiésLes professeurs non titulaires repré-sentent près de 40 000 agents au seinde l’Éducation nationale et, pour laquasi totalité d’entre eux, ils sontrecrutés sur la base de compétencesvérifiées, de leur expérience profes-sionnelle et de diplômes correspondant à leur discipline d’ensei-gnement ! Ils s’estiment insultés par ces propos violents, d’autant plus

que leurs conditions d’exercice exi-gent une immense capacité d’adap-tation. En effet, ils peuvent changerd’établissement plusieurs fois par an,sans enseigner sur les mêmes niveauxet sans temps de préparation ! Résul-tat, il leur faut travailler encore pluspour être à la hauteur de la tâcheconfiée, idem en ce qui concerne lacommunication avec des équipespédagogiques toujours nouvelles etla hiérarchie !

Dans l’action !Sans compter qu’ils sont évalués etinspectés exactement sur les mêmescritères que les professeurs titulaires.Pour ceux qui ne réussissent pas cetteépreuve, la sanction est radicale puis-qu’ils sont frappés de non-renouvel-lement de contrat ! Le SNES et la FSU qui luttent pourune revalorisation du métier et despersonnels respectés, et exigent unvrai plan de titularisation reconnais-sant l’expérience de nos collègues,

feront entendre la voix des personnels, lors de la semaine d’action du18 au 22 novembre ! n Nadine Krantz

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Fruit de l’intervention syn-dicale, un décret publié le6 septembre dernier sup-

prime la clause du butoir,laquelle avait souvent pour effetde priver les contractuels titula-risés de toute reprise d’ancien-neté. La mesure s’applique auxstagiaires de la rentrée 2014. Les

contractuels ayant réussi lesconcours lors de sessions anté-rieures peuvent avoir intérêt àdemander la révision de leurclassement.

Révision, mode d’emploiLors de l’élaboration du décret, leSNES-FSU est intervenu pour

que les contractuels nommés sta-giaires lors d’une précédente ren-trée puissent demander la révi-sion de leur classement. C’estpossible, mais dans ce nouveaucalcul, les services effectuésdepuis la nomination en tant questagiaire et jusqu’à la rentrée2014 seront neutralisés, rédui-sant ainsi l’ancienneté reconnue.La FSU a contesté cette restric-tion en déposant un amendementau CTM du 9 juillet ; l’UNSA etle SGEN n’ont pas soutenu cettedemande !Concrètement, la demande derévision devra être adressée aurecteur avant le 6 mars 2015 etcomporter tous les éléments utilesdu dossier (garder une copie pourune éventuelle contestation). Ilconvient de conserver lapreuve du dépôt de lademande (courrier avecaccusé de réception ou attes-tation de dépôt par le secré-tariat de l’établissement d’af-

RECLASSEMENT des anciens contractuels

Révision à demander avant le 6 mars 2015fectation). Dès réception de laproposition de nouveau classe-ment, contacter la section acadé-mique du SNES-FSU pour lavérifier. Attention, vous dispo-serez alors de deux mois seule-ment pour faire connaître votreréponse à l’administration.

Une avancée syndicaleMalgré une portée limitée par lavolonté gouvernementale decontenir le coût de cette mesure,la publication de ce texte est uneavancée due à la déterminationdes syndicats de la FSU. Du vœuprésenté au Conseil supérieur dela fonction publique de l’État le26 septembre 2006 aux 25 recourssoutenus auprès des tribunauxadministratifs d’Amiens, Rouen,

Grenoble, Marseille,Limoges... autant d’in-terventions syndicalesqui viennent de débou-cher. n

Anne Féray

LES AGENTS NON TITULAIRES ne sont pas des « profs amateurs » !

En quête de respectabilité

ENSEMBLE, POUR REVALORISER LE SECOND DEGRÉ

MAINTENIRDES MILLIERS DECONTRACTUELS DANSLA PRÉCARITÉ EST-CE LA SOLUTION ?

LES SYNDICATS DE LA FSUINTERVIENNENT POUR UN PLANDE TITULARISATION MASSIF

Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 31

Le SNES-FSU agit à tous lesniveaux pour que l’accès à lahors-classe soit le débouché natu-rel de carrière pour tous ! n

Pascale Balestrat

Contrairement à ce que nous demandons,et sans grande surprise, le mouvement« général » (hors postes spécifiques) se

fera toujours en deux temps – inter puis intra-académique – via, dans la plupart des cas, sai-sie de la demande sur un serveur dédié« iProf/SIAM » ouvert du 20 novembre au9 décembre midi. Pour le reste, les modifi-cations opérées l’an dernier concernant lesrapprochements de conjoints et les annéesde séparation restent inchangées.

NouveautésSuite à la mise en place de la nouvelle cartede l’éducation prioritaire, le dispositif« APV » est remplacé par un nouveau dis-positif bonifiant les affectations en« REP/REP+ » auquel le ministère joint lesétablissements relevant de la « politique de laville ». Cependant, la logique ne change pas :faute de réussir à stabiliser les équipes édu-catives dans ces établissements en améliorantles conditions de travail et d’exercice du

métier, le ministère organise une« noria » en donnant une bonification desortie de 320 points au terme de cinqannées (160 en REP). L’effet perversde blocage du mouvement, déjà connuavec le dispositif APV, risque ainsi des’amplifier. Par ailleurs, après avoirgagné le reclassement des personnelsnon titulaires avec la suppression de laclause du buttoir, le SNES-FSU aobtenu la prise en compte dans lebarème de l’échelon de reclassementdes stagiaires ex-non-titulaires.

Informer et conseillerConscient de l’importance de l’enjeu, leSNES, comme chaque année, tant dans lesacadémies qu’au niveau national, avec sespublications, son site internet, ses élus dansles instances paritaires, ses réunions « muta-tions », se tient à la disposition de tous. Don-ner à chacun une information fiable, desconseils avisés et s’assurer dans les diverses

HORS-CLASSE DES CPE : 2014 est la deuxième année où le contingent de promotions a été calculé à partird’un ratio promus/promouvables de 7 % pour les CPE. Le bilan et l’analyse des résultats académie par académiemontrent l’insuffisance du contingent, sa mauvaise répartition entre les académies et l’incidence catastrophiquede certains barèmes académiques pour la promotion des collègues les plus anciens dans le 11e échelon.

Un rapport de forces essentiel

LE MINISTÈRE PUBLIE AU B.O. du 13 novembre la note de servicequi fixe les règles et le barème du « mouvement » 2015. Qu’en retenir  ?

Mouvement 2015 : quoi de neuf ?

commissions, à chaque étape du mouvement,que les règles affichées sont respectées etque nul « passe-droit » ne prévaut, tel est lesens et la conception que nous avons du pari-tarisme. Pour donner au SNES les moyensd’assurer cette mission, votez pour les listesSNES et FSU aux élections professionnellesdu 27 novembre au 4 décembre ! n

Lionel Millot

Le contingent, malgré lahausse de 2  %, ne permetpas encore de promouvoir

à la hors-classe tous les col-lègues du 11e échelon. Il fautqu’il soit augmenté afin que tousles collègues puissent partir à laretraite à l’échelon terminalde la hors-classe et que lesplus anciens soient promus enpriorité.

Disparités et inégalitésLa répartition du contingent dansles académies a été pondérée parle ministère en fonction de larépartition des personnels aux

10e et 11e échelons. Malgré cettepondération, le nombre de pro-motions possibles par rapportaux effectifs du 11e est trèsvariable d’une académie àl’autre (50 à 140 %). La réparti-tion entre académies doit êtrefonction du nombre de CPE au11e échelon.Le nombre de collègues au 11e

promus est, pour une académiesur deux, inférieure au contin-gent académique. En cause, lesbarèmes académiques qui don-nent un poids trop important auxavis des chefs d’établissementet des IPR. Le SNES-FSU lutte

pour que ces avis soient suppri-més. Nous demandons que lesnotes de service ministériellesimposent aux recteurs de pro-mouvoir en priorité les collèguesdu 11e échelon et parmi eux, lesplus anciens.

Lutte syndicale sur le terrainL’analyse fine des avis portéspar les chefs d’établissement etles IPR-EVS, qui parfois neconnaissent ni le métier ni lescollègues, est riche d’enseigne-ments  : ce qui est valorisé estrarement en rapport avec lesmissions des CPE.

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mique), fondée en 1948 pour répartir lesfonds alloués par les États-Unis aux payseuropéens dans le cadre du Plan Marshall. Aulendemain d’un conflit qui avait dévastél’Europe, il s’agissait pour les Américains destimuler leur économie par un rapide relè-vement du « vieux monde », mais surtoutd’éviter que la misère et les privations nejettent leurs alliés naturels dans les bras sovié-tiques. L’OECE était une construction insti-tutionnelle de guerre froide, en tant qu’or-ganisation vouée à répartir harmonieusementles dollars du Plan, mais aussi en tant

qu’agence consacrée à la promotion du libé-ralisme économique en Europe. Ce club dedix-sept pays a en effet joué, en une décen-nie, un rôle important dans la libéralisationdes échanges européens. La fin de l’aide US,la création de la CEE (1957), mais aussi sesprincipales réussites (chute des tarifs doua-niers et création de l’Union européenne despaiements), la rendant obsolète, l’OECEdevait être dépassée. Conscients qu’unecoopération plus poussée était nécessaireavec l’Europe non communiste, les États-Unis proposèrent de rejoindre les dix-septmembres de l’OECE, ce qui fut fait en 1961.À un club atlantiste, mais strictement euro-péen, succédait l’OCDE, organisation atlan-tique tout autant qu’atlantiste.En bonne héritière, l’OCDE ne pouvait quereprendre à son compte les attendus idéolo-giques qui prévalaient dans la maison-mère.Elle a toutefois ceci de nouveau que, contrai-rement à sa prédécesseur, elle est une orga-nisation permanente et autonome, mais sur-tout qu’elle a inscrit dans ses statuts la volontédes pays membres de « contribuer à une

L’OCDE ressemble au temps chezAugustin. Tout le monde connaît cesigle, mais, quand il s’agit d’expliquer ce

à quoi il renvoie, personne ne se dévoue pourle faire... Peu de gens savent par exemple quecette discrète organisation intergouverne-mentale siège au Château de la Muette, dansle XVIe arrondissement ! Pourtant, l’OCDEjoue un rôle décisif dans la définition despolitiques économiques menées dans les paysindustrialisés et préside de ce fait au destin demilliards d’individus touchés par les consé-quences des choix qu’elle préconise. Loindes certitudes des complotistes pour qui lesmaîtres du monde avancent toujours masqués,il faut affronter ce paradoxe en rentrant dansles détails du fonctionnement de cette orga-nisation qui mérite d’être mieux connue.

Un objet idéologiquement identifiéL’OCDE (Organisation de coopération et dedéveloppement économiques), forte de trente-quatre membres en 2014, est à tous les pointsde vue la continuatrice de l’OECE (Organi-sation européenne de coopération écono-

CLUB DE PAYS RICHES ? Lobby imposant aux dépens des peuples l’idéologie libérale sur la terre entière ? Simpleoutil froid et impartial permettant de mieux connaître l’état du monde ? Peu connue, car médiatisée uniquement à la sortie d’une nouvelle note, l’OCDE intrigue plus qu’elle ne suscite l’adhésion.

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Organisation de coopération et de développement économiques

La carte d’identité de l’OCDEMembres actuels : trente-quatre Étatsmembres en 2014, représentant 80 % du PIBmondialMembres fondateurs : vingt pays en 1961Siège : La Château de la Muette à ParisLangues officielles : l’anglais et le françaisSecrétaire général : José Ángel Gurria(Mexique), depuis 2006

Une «  muette  » qui fait beaucoup de bruit...

saine expansion économique dans les pays[...] non-membres  ». Comme le notentJ. Bonvin et Chr. Morrisson, l’oppositionEst-Ouest s’étant « déplacée à la fois sur lefront économique et hors d’Europe […], onse rend compte que le nouveau champ derivalité est le développement des pays duTiers-Monde »(1). Mutatis mutandis, les objec-tifs fondamentaux de l’OCDE restaient deconjuguer l’« expansion [...] de l’économieet de l’emploi  » avec la «  stabilité finan-cière » et de développer le commerce mon-dial « sur une base multilatérale et non dis-criminatoire ». La sacro-sainteté du marchéétait réaffirmée avec force.

Des chiffres et des hommesComme l’affirme Chloé Maurel, depuis lesannées 1990, « l’OCDE se présente commel’agence internationale de référence. Ellepublie chaque année 300 à 500 rapports quisont présentés par la presse comme faisantautorité »(2). En effet, l’OCDE édite chaqueannée des rapports périodiques spécialisés,ainsi que des rapports ponctuels dans certainsdomaines, mais aussi des données statis-tiques, des études-pays et des documents detravail au contenu plus technique. Ses rapports annuels les plus connus traitent des« Perspectives économiques », des « Pers-pectives de l’emploi » ou encore des « Prin-cipaux indicateurs économiques del’OCDE ». De nombreuses polémiques ontété provoquées par les chiffres utilisés parl’organisation pour mettre sur pied ses prin-cipaux indicateurs. Ainsi, en 2004, dansLe grand bond en arrière, Serge Halimi amontré que l’« étude sur l’emploi », publiéepar l’OCDE en 1994 et qui a largement ins-piré les politiques libérales de Juppé et deSchroeder, « fut échafaudée sur la base decomparaisons statistiques notoirement peufiables, de réfutations désinvoltes et d’oc-cultations délibérées ». Toutefois, force estde constater que les 730 spécialistes recrutéspar le secrétariat de l’Organisation (écono-mistes, statisticiens, informaticiens...) ont

considérablement amélioré la qualité de laproduction documentaire sortie du Château dela Muette ces dernières années.Dès lors, faut-il considérer que l’OCDE,notamment suite à l’effondrement de l’URSS,aurait abandonné ses prérequis idéologiquespour devenir un simple fournisseur de donnéesstatistiques ? La réalité est évidemment pluscomplexe. L’objectivisation de sa techniquestatistique n’implique en rien la neutralisa-tion idéologique de l’institution. Comme l’asouligné le sociologue des organisations Vin-cent Gayon, il existe une « homologie destructuration » entre l’OCDE et l’UE. Dansces deux institutions, le pôle « économique »donne le ton et domine de fait le pôle« social ». Si l’on compare par exemple la

« Stratégie européenne pour l’emploi », miseen place à la fin des années 1990, et la « Jobstrategy » formalisée par l’OCDE dès 1995, onconstate que, dans les deux cas, le Comité depolitique économique dame le pion au Comitéde l’emploi et du marché du travail. Cetteasymétrie contribue au processus d’« écono-micisation (néo)libérale du social » et participed’une vision du monde où les salariés seraientréduits au rang d’individus atomisés définis parleur employabilité propre. Dans le domaine del’emploi, la structuration interne de l’OCDEa certainement davantage influencé les poli-tiques européennes que les indicateurs qu’elleproduit à longueur de temps.Créée il y a plus de 40 ans, l’OCDE a atteintl’âge où l’on devient ce que l’on est. Si elleaffiche une façade consensuelle, ses notesn’étant publiées qu’après une intense phasede dialogue avec les pays impactés, elle resteune organisation de combat contre les acquisdémocratiques et sociaux des salariés dumonde entier. n Jean-François Claudon

(1) Bonvin J. et Morrisson Chr., L’OCDE, « Quesais-je ? » n° 3405, 1998(2) Maurel C., « L’OCDE, instrument efficace de l’offensive libérale mondiale », Transform! n° 9,25 novembre 2011

L’OCDE :chronologie sommaire

◗ 1948 : fondation de l’OECE pour répartir lesfonds du Plan Marshall.◗ 1961 : création de l’OCDE, regroupant les 17membres de l’OECE, ainsi que les États-Unis,le Canada et le Portugal.◗ 1964-1973 : intégration de quatre nou-veaux membres (Japon, Finlande, Australie etNouvelle-Zélande).◗ 1973-1994 : aucun élargissement de l’OCDEdont la réputation de « club de riches » se ren-force.◗ 1994-2010 : phase d’élargissement (lesquatre derniers entrants en 2010 : le Chili, laSlovénie, Israël et l’Estonie).

Trois questions à...

L’US : Pourquoi cetintérêt si vif de

l’OCDE pour l'éducation ?L’OCDE reconnaît depuis longtemps le rôleclé de l’éducation dans la croissance, l’em-ploi, la citoyenneté et la santé. Ces dernièresdécennies ont vu l’émergence de sociétés deplus en plus fondées sur les connaissances,où la demande de compétences élevées rendl’éducation encore plus essentielle auprogrès. L’OCDE s’intéresse donc naturel-lement aux liens existant entre l’éducation etces différentes variables de réussite. Ellemène, pour ce faire, d’importants travauxstatistiques afin de dresser un état des lieuxdes systèmes d’éducation.Par ailleurs, ces vingt dernières années,les systèmes d’éducation ont connu d’im-portantes évolutions, notamment avec lamassification de l’enseignement supérieuret l’émergence de nouveaux acteurs. Lamondialisation s’est accompagnée d’unedemande plus importante d’analysescomparatives internationales, afin demettre au jour les recettes des systèmesd’éducation performants. L’OCDE y arépondu en créant des enquêtes interna-tionales telles que PISA et TALIS.

L’US : Comment sont élaborées les préconisations de l'OCDE en matièred'éducation ? Quelles sont les princi-pales d'entre elles ?

L’OCDE se base sur les résultats de sesenquêtes et de ses études pour élaborerses préconisations. La Direction de l’édu-cation et des compétences collecte ainsitout un ensemble de statistiques pourdresser un état des lieux des systèmeséducatifs, avant d’analyser les « bonnespratiques », les réformes mises en place etleurs résultats.Concernant les préconisations pour laFrance, plusieurs axes se dessinent : l’af-fectation de ressources plus importantesaux établissements en zones prioritaires,notamment pour attirer les professeursexpérimentés ; la formation des ensei-gnants et la revalorisation de leur métier ;la valorisation des filières professionnelleset le développement des programmes deseconde chance...

L’US : Quels sont les rapports qu'entre-tient l'Organisation avec le syndicalismeenseignant ?La Commission syndicale consultativeauprès de l’OCDE (TUAC) est l'interfaceentre syndicats de salariés et l’OCDE. Ils’agit d’un organisme syndical interna-tional bénéficiant d’un statut consultatifauprès de l’OCDE et de ses divers comités.Le syndicalisme enseignant a ainsi un rôleimportant auprès de la Direction, en assis-tant à ses réunions et en participant activement à certains de ses projets.

Corinne HeckmannAnalyste à la Direction de l’éducation et des compétences de l’OCDE

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Ces associations suppléent parfois à l’absencede l’Éducation nationale, comme à l’hôpitalNecker. Certains hôpitaux font aussi appel à desécrivains comme Véronique Pittolo qui anime,depuis 2007, des ateliers d’écriture à Gustave-

Roussy, un centre de cancérologie. Son travailest financé par des fondations d’entreprise,comme Roche (laboratoire pharmaceutique)ou Air France aujourd’hui.

De la salle de classe à la chambre d’hôpitalEnseigner à l’hôpital, c’est travailler en équipe.Alain Le Grand débute la journée par uneréunion avec l’équipe médicale, ce qui lui per-met de savoir qui il doit voir dans la journée.Certains hôpitaux mettent à la disposition desenseignants des salles de cours qui font aussifonction de salle des professeurs. C’est le cas àNantes où la salle de classe principale, qui dis-pose d’une petite bibliothèque, permet de réunirles enfants hospitalisés en pédiatrie. À l’hôpitalde Beauvais, où les enfants sont soignés pourdes courts séjours, « une chambre est aménagéeau milieu du service, avec une table, trois ordi-nateurs disposant d’une liaison internet, ainsiqu’une imprimante » explique V. Marandola.

Il existe, dans certains hôpitaux, des ensei-gnants affectés sur des postes spécifiques.C’est le cas d’Alain Le Grand, professeur

d’histoire-géographie qui, après avoir ensei-gné près d’une dizaine d’années en établisse-ment, occupe désormais un poste au CHU deNantes. Contacté à l’origine par le SAPAD(voir ci-dessous) pour s’occuper d’un élèvemalade, il a décidé de candidater sur le postespécifique créé par le rectorat à l’hôpital. Véro-nique Marandola enseigne à l’hôpital de Beau-vais depuis maintenant trois ans. Auparavantdirectrice d’école, elle voulait « faire autrechose », souhaitait « travailler différemment ».« Enseigner à l’hôpital, explique-t-elle, c’est êtreen permanence dans l’adaptation scolaire »avec un public qui va de 6 à 18 ans. L’Éduca-tion nationale n’est pas présente partout et s’enremet parfois à des associations qui s’appuientsur des bénévoles. C’est le cas de la Fédérationpour l’enseignement des malades à domicile età l’hôpital, dont fait partie l’École à l’hôpital.

SUR LE TERRAIN

JUSQU’AU XIXe SIÈCLE, l’hôpital accueille des publics divers et parmi eux des enfants. Dès le XVIe siècle, un enseignementest dispensé dans certaines institutions, avant que les enfants ne soient placés en apprentissage. Devenus des lieuxde soins, les hôpitaux proposent aujourd’hui des cours à des enfants confrontés à des pathologies très différentes. L’éducation est un droit que la maladie, bénigne ou grave, et les logiques économiques peuvent menacer.

Un enfant malade reste un jeunequi construit son avenir

L’école à l’hôpital

L’ÉDUCATION NATIONALEÀ L’HÔPITAL

D’après la loi, « dans la mesure où leurs conditionsd’hospitalisation le permettent, les enfants en âgescolaire ont droit à un suivi scolaire adapté au seindes établissements de santé ». Art. L.1110-6.Article 3, de la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002relative aux droits des malades et à la qualité dusystème de santé. Malgré cette obligation, laprise en charge reste très inégale sur le territoire.Le nombre d’enfants scolarisés en moyenne paran dans les établissements hospitaliers ou sani-taires s’élève à 11 000 et près de 800 ensei-gnants spécialisés sont affectés dans les hôpitaux.

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Cependant, dès que l’enfant est atteint d’unepathologie grave, l’enseignant est amené à sedéplacer à son chevet. « Une chambre d’hôpi-tal est un lieu rempli de mouvement. Repas,soins, visites, télévision, chambre double... l’en-seignant doit se glisser dans ce mouvementperpétuel » souligne Élodie Fuchs, enseignanteà l’Hôpital des Enfants malades de Toulouse.L’arrivée de l’enseignant dans la chambre peutd’ailleurs être « perçue comme une formed’agression », poursuit-elle. « Il faut s’adapterà l’ergonomie du patient » précise V. Pittolo,« certains enfants sont allongés et ne peuventécrire. Ce sont alors eux qui dictent et moi quiprends les notes ».

Une relation individuelle forteTous les enseignants le reconnaissent : la rela-tion avec les parents occupe à l’hôpital uneplace centrale. « Le parent, c’est la premièrepersonne que l’on rencontre » affirmeA. Le Grand. « Il faut en tenir compte dans lessituations d’apprentissage, relève E. Fuchs.Certains mettent de la pression à des enfants quine sont pas en mesure de l’assumer, d’autres aucontraire font barrage ». L’enseignement àl’hôpital s’appuie par ailleurs sur une relationinterpersonnelle forte entre l’enseignant etl’élève. « Dans l’ensemble, les élèves sont endemande d’école, explique A. Le Grand, maisles traitements sont parfois tellement lourds,c’est le cas des chimiothérapies par exemple,que parfois ils disent non ». Comme le rappelleÉlodie Fuchs, chaque jour débute par cettequestion fatidique : « Est-ce que tu veux tra-vailler ce matin ? ». « Les enfants atteints detumeur cérébrale ont des déficits cognitifs oumoteurs importants à cause de la tumeur »

note quant à elle V. Pittolo. L’atelier d’écriturea pour fonction de leur redonner confiance.

L’hôpital : une zone d’incertitude scolaireLes traitements de certains enfants peuventdurer plusieurs années et sont entrecoupés deretour à la maison. « Au quotidien, j’essaie desuivre la progression de ce que l’élève doitfaire en classe et je suis surtout une ensei-gnante numéro 2. Pour cette raison, le lien avecles enseignants de l’établissement a une impor-tance essentielle » souligne E. Fuchs. Enseignerà l’hôpital, c’est ainsi évoluer en permanencedans une zone d’incertitude. « On ne sait pastoujours dans quel état va être l’élève, ni surquoi l’on va travailler. Cela nécessite d’avoirune grosse expérience sur le collège et sur lelycée » poursuit E. Fuchs. « L’autre difficultétient au fait qu’il faut se glisser dans une struc-ture hospitalière qui n’est pas pensée pour lescolaire. À l’hôpital, c’est l’acte médical qui estprioritaire et l’élève est avant tout un malade.On peut être dérangé pour des soins. Du couple cours peut durer vingt minutes, comme uneheure et demie. » Pour A. Le Grand « enseigner

à l’hôpital, c’est répondre à un besoin parti-culier en même temps, reconnaît-il, c’est trèsdécousu, on ne peut pas s’inscrire dans ladurée ». E. Fuchs évoque quant à elle l’im-pression d’un travail morcelé. « Je fais despetits bouts de textes et parfois j’aimerais avoirdes élèves toute l’année. » n

Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 35

Élodie FuchsProfesseur agrégée de Lettres à l’École des Enfants et Adolescents Hospitalisés de Toulouse.

Trois questions à...

L’US Mag : Qu’est-ce qui vousa amené vers l’enseignement àl’hôpital ?Élodie Fuchs : Je suis restéelongtemps TZR et j’ai été ame-née à effectuer un remplace-ment à l’hôpital des enfants deToulouse-Purpan. Lorsque ceposte spécifique s’est libéré, j’ai décidé decandidater. Après un entretien, j’ai suiviune formation au terme de laquelle j’aiacquis une certification. J’ai rédigé unmémoire et ai été évaluée en situation d’en-seignement par une formatrice et un ins-pecteur ASH (Adaptation et situation dehandicaps). Cela fait maintenant huit ansque j’enseigne à l’hôpital. Mon service, de15 heures, se répartit entre l’hôpital desenfants (7 heures) et un hôpital de jour psy-chiatrique (8 heures).

L’US Mag : Quelles sont les particularitésde l’enseignement en hôpital psychia-trique ? E. F. : Dans une institution psychiatrique,le travail se construit en équipe. À l’hôpitalde jour, c’est près de vingt-cinq per sonnes(instituteurs, infirmiers, psychologues,orthophonistes, psychomotriciens...) quisont amenées à travailler ensemble sur labase de projets discutés collectivement.Cette année, nous proposons différentesactivités aux enfants  comme des ateliers

d’écriture ou de chanson fran-çaise. Dans le cadre de l’atelier« boussole », on emmène lesélèves à l’extérieur pour qu’ilsrencontrent des acteurs de la viepolitique locale. L’objectif est deles aider à se repérer dans la viequotidienne. C’est une forme

d’éducation civique appliquée.

L’US Mag : Justement, comment se passele travail avec les enfants en hôpital psy-chiatrique ? E. F. : Dans un hôpital de jour, les jeunesarrivent le matin et repartent le soir. Ils ont,pour la plupart, du mal à entrer dans lesapprentissages car ils n’ont jamais vrai-ment accroché. Chaque enfant nécessite unsuivi particulier. Avec des psychotiques oudes autistes, il faut d’abord créer une rela-tion. Certains enfants ont besoin de rituels,d’autres d’être plus libres. Tout ceci néces-site une adaptation très poussée de l’ensei-gnement. J’arrive toujours avec plusieurspropositions sous le coude, ce qui supposeun travail de préparation assez important enamont. En ce moment je travaille avec unélève sur un film, Le voyage de Chihiro,avec un autre sur les arts martiaux. Parfoisj’ai un petit groupe, mais ça ne dépassejamais quatre élèves. Bien qu’ils n’aientpas le même niveau, j’essaie de les faire tra-vailler ensemble.

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Rubrique réalisée par Nicolas Sueur

Les dispositifs de prise encharge éducative des malades

◗ FDEMH : Fédération pour l’enseignement desmalades à domicile et à l’hôpital. Créée en 1992,elle a passé un accord avec le ministère de l’Éducation nationale. Elle regroupe des asso-ciations (L’École à l’hôpital, par exemple) qui pro-posent un enseignement gratuit aux enfantsmalades ou accidentés. Les enseignants sontdes bénévoles, généralement à la retraite.◗ SAPAD : Service d’aide pédagogique à domi-cile. Il intervient à l’échelle du département etmet en place un dispositif qui permet à l’en-fant de poursuivre sa scolarité à la maison.

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36 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

CULTURE L iv res/Revues

À LIRENotre sélection� LE SOCIALISME DE JAURÈS

Jean Jaurès est devenu un mytherépublicain au prix de multiplesdéformations de sa pensée etd’« usages politiques  » qui ontbrouillé sa figure et son message.Jean-Paul Scot dans Jaurès et le

réformisme révolutionnaire proposeune analyse renouvelée et solide de lapensée jaurésienne. Faits et textes àl'appui, l’historien démontre la viséerévolutionnaire de Jean Jaurès. Enenpruntant à Marx la formule de «  l’évo-lution révolutionnaire », l’unificateur dusocialisme français a cherché à élabo-rer une méthode politique permettantde vaincre le système capitaliste. En1899, il écrivait ainsi, «  Il ne s’agit pasde choisir entre le réformisme et laRévolution, mais entre la conceptionmorte et la conception vivante de l’ac-tion révolutionnaire ». J.-P. Scot détailleainsi la dialectique jaurésienne de la finet des moyens. Si toutes les «  reven-dications immédiates » des travailleurs(salaires, conditions de travail, droitssociaux) sont à soutenir, le Parti socia-liste doit également avancer desréformes « nettement orientées vers lapropriété sociale  » (services publics,assurances sociales, gestion démo-cratique). Il est temps que certainshéritiers autoproclamés lisent enfin...

S. Rio• Jaurès et le réformisme révolutionnaire,Jean-Paul Scot, Le Seuil.

� COMMENT DEVENIR VIGILED’abord être grand et costaud,ensuite noir, congolais, ivoirienou ce que l’on voudra. Pour lereste, situation administrative,qualifications, les employeurs ne

sont pas regardants. Entré chômeurdans le bureau de recrutement, on ensort titulaire avec costume et chemise.Suivent de longues heures à surveiller,dans un brouhaha mâtiné de musique àtrois balles, les clientes et leurs sacs àmain, pour un salaire de misère. Gauz,dans Debout-payé, retrace à grandstraits et sans indulgence, mais avechumour, l’histoire des vigiles africains enFrance des années 60 jusqu’après le11 septembre. Il parsème son romand’observations inspirées du vécu surclients, marchandises et vigiles. Pas-sent les années, ceux-ci restent exploi-tés par une société qui use les hommeset s’en débarasse lorsqu’elle n’en a plusbesoin. Impitoyablement. Catie Pillé• Debout-payé, Gauz, Le nouvel Attila.

Inclassable... Ce livre, Rouge ou mort, ne res-semble à aucun autre, mais il résonne en nousd'un écho séculaire. Son récit, centré sur le par-

cours hors du commun d’un homme ordinaire,évoque les grandes fresques romanesques et seshéros aux épreuves surmontées, aux exploits répé-tés. Le héros, Bill Shankly, entraîneur du mythiqueclub de foot de Liverpool dans les années 70,connaît lui aussi ces épreuves et ne renonce pas,mène des combats qui semblent perdus et les gagne,sublime chaque match comme autant de victoires surle destin. David Peace, surtout connu pour sesromans policiers, signe là une œuvre étonnante etdécalée : c'est le thème choisi – le football – quiimpose l’écriture particulière du récit. Le style y estmorcelé, les phrases courtes, empreintes d’oralité,impriment chaque geste ou mot dans un espace-temps quasi réel. Les matchs sont relatés par le menu,chaque passe de chaque joueur est consignée, et lerécit revêt alors une grande puissance visuelle. Lesvivats du public sont audibles, les slogans marteléss’impriment de façon indélébile : LI-VER-POOL,scandé par des milliers de spectateurs, et repris àl’envi par l’auteur comme un vibrant hommage auclub, à ses victoires, à ses joueurs et à l’homme quia su en faire des héros.Rouge ou mort, c’est aussi une réflexion sur letemps qui passe, et qui pousse les hommes vers lasortie : Peace retrace les différentes périodes de lavie de cet homme, joueur professionnel, puis entraî-neur, enfin retraité... Le temps qui transcende leshommes un jour et les oublie le lendemain. Si

l’universalité du pro-pos est poignante, saforte coloration socialel’est aussi : BillShankly est un hommedu peuple, proche deses joueurs, humaniste,qui s’insurge contre lafermeture des mines du nord de l’Angleterre etdonne sa vie à la jeunesse, pour combattre, aussi, lefléau qu’est le chômage. Au-delà des multiples intérêts narratifs, la lecturede Rouge ou mort frappe par la particularité deson écriture : s’y déploie une langue très incisive,ramassée, qui peut s’avérer rude à lire par manque– volontaire – de fluidité. Cette œuvre magistrale,très dense, très longue, rappelle les chansons degeste. Le style épique est constamment présent,dans les motifs évoqués (le héros, les épreuves,les exploits, les adjuvants, et les monstres –modernes, ceux-ci : le chômage, la peur, la défaite,la mort...), mais aussi et surtout dans une écrituretrès répétitive, à la fonction rituelle et obsessionnelledes épithètes homériques. C’est un long poèmequi chante le destin d’une figure emblématique duLFC, un homme pourtant comme les autres, qui aréussi par la force de sa volonté, et sa confiance enla lutte collective à faire entrer le club dans lalégende. Un poème en prose qui séduira d'autantplus, il faut l’avouer, les lecteurs passionnés dejoutes footballistiques n Véronique Ponvert• Rouge ou mort, David Peace, Éditions Rivages.

les années 30,cette montée dufascisme commedes réactions indi-viduelles barbares. Promenade ducrime, premier volet, posait lesquestions développées dans Le dernier roi de Brighton – deuxièmevolet – qui trouvent des réponsesdans ce dernier opus, Abandonnésde Dieu. Brighton et sa guerre desgangs, les anciennes mafias seheurtent à celles venues de l’Eu-rope de l’Est, sert de microcosme.La mémoire est nécessaire.C’est aussi le sujet d’une autre tri-logie, celle de Hugh Howey, Silo.Elle se clôt avec Générations,hymne à la révolte contre tous lesordres établis dans un avenir indé-terminé où le genre humain vit dansdes silos. Une femme, Juliette, estl’héroïne principale. Elle veut par-ticiper, comme Donald, à la libé-ration des êtres humain(e)s, leur

PARCOURS HORS DU COMMUN

La Geste ordinaire

John Burdett, avocat de profes-sion, a créé un drôle de person-nage, l’inspecteur Sonchaï

Jipleecheep. Un fin limier mais aussiun peu patron de bordel avec samère, dans une Thaïlande qui vit à lafois du « tourisme sexuel » et des tra-fics illégaux à commencer par celuide la drogue. Pour cette cinquièmeenquête, Le pic du vautour, il estchargé par Vikorn – à la fois chef dela police et premier trafiquant enconcurrence avec le chef des armées– d’une mission sur le trafic d’or-ganes, un autre créneau très lucratif.Il rencontre des jumelles, Yip, chi-noises de Hong Kong que rien n’ar-rête, pour des aventures à la foisdrolatiques et documentaires.Peter Guttridge, ancien critique lit-téraire (de polars), a choisi, en unetrilogie, de raconter la Grande-Bre-tagne de 1914 à nos jours. Les trau-matismes de la guerre de 14 expli-quent les prises de position pendant

Beaux livres,essais, polars,CD jazz,

festivals, films... :CRITIQUES SUR LE SITEWWW.SNES.EDU

donner les moyens de comprendre,la lucidité qu’ils refusent pour secomplaire dans les croyances. Ilfaut lutter, vaincre les peurs, surtoutles angoisses pour construire unautre monde. La mémoire estnécessaire. Il faut renouer les fils dupassé pour appréhender le présentet construire un avenir. Les dicta-teurs de tout poil, qui se prennentpour Dieu – Thurman ici en est lafigure – l’ont bien compris quidécomposent et recomposent lepassé. Une fois encore, l’auteurréussit à nous emporter dans cemonde très près du nôtre. Unegrande réussite. n Nicolas Béniès• Le pic du vautour, John Burdett,10/18  ; Abandonnés de Dieu, Peter Guttridge, Rouergue/Noir  ; Généra-tions, Hugh Howey, Actes Sud/Exofic-tions. Recensions à lire aussi sur le site.

Le coin du polarDrôle de monde que le nôtre

Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 37

«J e m’en allais faire la vraie guerre et je nesavais même pas pourquoi. Moi, je vou-lais juste rester avec mes amis. Être

comme eux. » Julien, dix-sept ans, est un fils debonne famille en rupture de ban. En quête derespect et de reconnaissance, il est prêt à toutpour être comme ses compagnons Christian etP’tit Kalibre, deux adolescents livrés à eux-mêmes dansune société de non-droit. Depuis janvier, la guerre faitrage, bombardements, rackets, pillages. Quelle guerre ?On l’ignore. Aucune précision de date, ni de lieu. Notespour une histoire de guerre, paru en 2005, est proba-blement inspiré des conflits des Balkans. Mais cettefable urbaine à l’époque d’internet pourrait évoquerdes combats plus récents. Loin des récits d’enfants-victimes, Gipi met en scènel’histoire hautement vraisemblable de trois adolescents enmarge qui choisissent délibérément la voie de la vio-lence, pour s’acheter de belles fringues, pour être respectés,pour maîtriser leur destin. Dans le parcours qui les conduitdes collines à la ville en guerre, la rencontre avec Félix estdéterminante. Ce mafieux voit en P’tit Kalibre un suc-cesseur possible. Il lui confie ses affaires en ville pendantque lui-même s’engage comme mercenaire avec seshommes. Les visages changent : chez les ados, les der-nières rondeurs de l’enfance s’estompent, les traits sedurcissent, Félix, lui, perdra un œil. À travers ces per-sonnages cruels et sans espoir, Gipi propose une réflexionsur la tentation de s’affranchir des règles pour gagner une

liberté dérisoire. Il met en lumière lesmécanismes fondamentaux de la culturede la haine fondée sur la notion de patrio-tisme et son influence sur la jeunessedésœuvrée.Les lavis en camaïeu de gris créentune atmosphère à la fois tragique et

mélancolique. Les rêves brouillons de Julien insèrentune dimension fantastique, en contrepoint au réalismecru de l’histoire. La trame narrative est ponctuée dequelques retours en arrière aussi brefs que saisissants,rendus sous forme d’esquisse. Ces ruptures graphiquesvont dans le sens d’un dessin dynamique et fort. Sansparler de la conclusion, brillante.Notes pour une histoire de guerre est sans conteste l’undes romans graphiques les plus aboutis de Gian AlfonsoPacinotti, dit Gipi. Le dessinateur italien, né en 1963 àPise, est désormais un artiste d’envergure internationale.Connu en France depuis 2005 avec la publication dequatre de ses œuvres, il est aujourd’hui un des illustrateursattitrés de La Repubblica, dirige des séminaires sur labande dessinée et s’intéresse également au cinéma. Si sesfictions ont la force des témoignages, c’est qu’elles sontl’incarnation de ses fantômes et de ses traumatismes.Son œuvre autobiographique, S. et Ma vie mal dessinée,est d’un abord complexe, mêlant souvenirs, fantasmeset réalité. Son dernier album, Vois comme ton ombres’allonge, est paru fin octobre. n Stéphanie Marco• Notes pour une histoire de guerre, Gipi, Actes Sud BD.

Émancipation féminine Calpurnia déteste bro-der, tricoter, cuisiner,jouer du piano... Toutesles activités que luiimpose sa mère l’en-nuient prodigieusement.Ajoutez à cela un sensaigu de l’injustice, uneintelligence vive et, pour faire bonnemesure, une curiosité insatiable…Évidemment, cette adolescente de11 ans vivant au Texas en 1889, affu-blée de six frères, a un rêve. Suivredes études à l’université et conti-nuer la découverte de la nature, ini-tiée par son grand-père, le fantasqueMr Tate passionné de faune et deflore. Calpurnia Tate va devoirdéfendre habilement son projet,impensable à cette époque, contrela volonté de ses parents. Comment ?Pourra-t-elle compter sur l'aide deson grand-père ? Un roman pleind’humour, de fantaisie et de finesseoù l’on apprend beaucoup sur lesfemmes du XIXe siècle. C. Pillé• Calpurnia de Jacqueline Kelly, Écoledes Loisirs, 416 p.

FOR THE KIDS

NOS COLLÈGUES PUBLIENT� UN LAC COMME UNE MERGrand comme la Belgique,en expansion, Baïkal est leplus ancien et le plus pro-fond lac du monde, auquelon peu accéder avec leTranssibérien. C’est aussi laplus grande réserve d’eau douce. Peut-on encore parler de lac ? Les regardscroisés d’un Français et d’une Sibé-rienne permettent de découvrir lesmultiples facettes, touristiques, histo-riques, économiques, géologiques, reli-gieuses... de cette région. Son bassind’alimentation presque aussi étenduque la France fut à l’initiative de scien-tifiques, celle de l’éveil d’uneconscience écologique, avec les pre-mières mobilisations publiques en URSSdébouchant sur des mesures de pro-tection dès les années 60. P. L.• Baïkal Mer sacrée par Philippe Guichardazet Irina Muzyka, Ed. Pages du monde, 2014.

� 11 NOVEMBRE 1940Des centaines de lycéens deJanson de Sailly manifestentdans les rues de Paris pourprotester contre la suppres-sion de ce jour férié par lerégime de Vichy. Ivan Denys,alors en classe de Troisième, était deces jeunes. Il permet de saisir le réel dela résistance dans le Paris occupé. Cha-hut lors de la venue de représentants dugouvernement de Vichy, participation à«  la campagne des V », distribution detracts et de brochures... une structu-ration progressive dans le Front Natio-nal des lycéens, avec comme figure deproue le professeur Lablénie, qui futsi important pour la libération de Paris.

S. R.• Lycéen résistant, Ivan Denys, ÉditionsSignes et Balises.

Le XXe siècle a-t-il révolutionnéles relations amoureuses ? Lesrévolutions de l’amour est un

livre passionnant et formidable-ment documenté sur cette ques-tion. De 1914 à 2013, ruptures etcontinuités de l’ensemble des rela-tions intimes entre les individus,« à la fois émotions, fantasmes,rêves, gestes amoureux et éro-tiques, modes de séduction, ainsique les représentations que les indi-vidus en ont » sont étudiés. Lesauteurs ont fait le tour desrecherches. Grâce à l’utilisationd’un très grand nombre de sources(journaux intimes, essais et romans,chansons, films, émissions radio...),ils permettent aux lecteurs de seplonger dans un siècle d’amour.Que de bouleversements entre lapudeur qui entoure les mœurs audébut du XXe et la surmédiatisationde la sexualité à l’heure d’internet.Toutefois, cette révolution estmoins une rupture qu’un lent pro-cessus qui a remis en cause lecarcan moral du siècle précédent.Le plus grand apport du livre estde dresser des portraits trèsfouillés qui permettent de saisirau plus intime le sentiment amou-

reux à différentesépoques et selon l’ap-partenance sociale.Grâce à des correspondances pri-vées, d’un sous-lieutenant durantla Première Guerre mondiale etd’une jeune fille bourgeoise durantl’entre-deux-guerres, les histo-riens abordent les questions sen-timentales durant la GrandeGuerre, le poids du catholicismedans la définition des normesamoureuses, ou encore descontraintes bourgeoises dansl’économie du mariage. Les deuxauteurs nous font aussi découvrirdes itinéraires bouleversants,notamment d’homosexuels dontles vies ont été bouleversées dufait de la négation sociale de leursexualité. « Homosexualité dupauvre » ignorée jusque dans lescercles cultivés parisiens desannées 70 et 80, ou amour les-bien détruit dans les familles bour-geoises du fait des conventions !Pénicaud et Vidal-Naquet s’arrê-tent aussi sur des artistes qui ontillustré ces révolutions de l’amour.La correspondance d’Henry Milleret d’Anaïs Nin dans les années 30illustre une liberté de ton inédite, le

drame personnel vécupar Michel Simon du faitde la fermeture des mai-

sons closes en 1946, la vie decouple des époux Wolinski àl’épreuve de la révolution sexuellede mai 68, les véritables bombescinématographiques qu’ont repré-senté Jeanne et le garçon formi-dable et Les nuits fauves jettant lalumière sur le drame du sida àpartir des années 80.À travers cette très riche analyse,c'est une histoire du XXe siècle quiest écrite. Une histoire culturelle,mais aussi politique et sociale. Etsi transformation des normessexuelles et amoureuses il y abien eu, les auteurs rejoignent lapensée de Michel Foucault pourdire que celles-ci n'ont pas étéabolies mais déplacées. Et de citerDavid Halperin, un des ses dis-ciples, « La libération sexuelle apeut-être libéré nos sexualités,mais elle ne nous a pas libéré denotre sexualité ». (Saint Foucault,APEL, 2000) n Stéphane Rio• Les révolutions de l’amour. Sexe,couple et bouleversements des mœursde 1914 à nos jours, Blandine Péni-caud et Vincent Vidal-Naquet, Perrin.

RÉVOLUTION SEXUELLE OR NOT

Aimer et être aimé

Le coin de la BDFaire la guerre pour exister

38 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

Ils sont six élèves de Terminale d’un lycée de Boulogne-sur-Mer,une ville durement touchée par la crise économique. Ils ont vécu,proches les uns des autres et dans une certaine insouciance, des

années d'amitié. La classe de Terminale est celle du choix de l’orien-tation et les décisions à prendre – hésitantes ou déterminées – met-tront un terme à une première séquence de leur vie. Issus du mondeouvrier ou de la classe moyenne, idéalistes, un peu rebelles, ils vont,une année scolaire durant, livrer à la caméra de David André leursrêves, leurs doutes, leurs enthousiasmes et les moments de décou-ragements.Chante ton bac d’abord approche ces six grands adolescents avec unegrande justesse et beaucoup de sensibilité, mêlant moments de gra-vité et d’insouciance. Ce film ne se limite pourtant pas à une gale-rie de portraits. Si le sujet du film reste l’adolescent au pied du murde sa prochaine vie d’adulte, David André à su incorporer à son« récit-documentaire » d’une grande fluidité narrative, les parents dechacun des protagonistes. Ces interventions d’adultes vigilants,inquiets ou distants, sans n’être jamais insistantes, apportent unautre éclairage au film, l’étoffant, lui donnant une autre profondeur

pour mieux cerner la contradictoire fragilité du monde adolescent.Le film ne serait peut-être qu’un arrêt sur image sur une année de Terminale, s’il n’était ponctué par onze scènes où chaque personnageprécise, en chansons, ce que la seule parole ne nous avait peut-êtrepas complètement livré sur eux-mêmes. Ces chansons, interprétéespar les protagonistes, sont un joyau d’écriture, de justesse et d’émo-tion, une incursion décalée bienvenue, au milieu du réel. Chante tonbac d’abord témoigne d’un monde en mutation où même les histoiresd'amour se vivent et se racontent autrement... n Francis Dubois

• Chante ton bac d’abord, un film de David André.

CINÉMABelfast 1971Le conflit entre protestants etcatholiques vire à la guerrecivile. La patrouille à laquelleappartient Gary, jeune recrueanglaise, est prise en embus-

cade. Dans la confusion de l’af-frontement, le jeune soldat seretrouve isolé, pris au piège en ter-ritoire ennemi. Yann Demangetraite, dans un premier tiers de sonrécit, le conflit en Irlande du Nordau début des années 70, mais bien-tôt il transforme son film en unthriller efficace. Les événementsspécifiques sont laissés de côté pouraller vers un conflit guerrier plusuniversel et intemporel en suivantGary qui tente de sauver sa peau.Le film aurait-il dû s’en tenir ausujet initial et rester dans une tona-lité plus sobre ? La scénarisation durécit avec rebondissements et sus-pense nous éloigne-t-elle trop deBelfast au bénéfice du film degenre ? Après s’être montré hési-tant, Yann Demange donne l’avan-tage à la seconde option. Les ama-teurs de suspense y trouveront leurcompte. Les images du début, sai-sissantes, liées au conflit en Irlandedu Nord, resteront présentes dans lamémoire du spectacteur. n F. D.• 71, un film de Yann Demange.

DVD - SÉRIE RECTIFYDifficile retour à la vieDaniel Holden avait 18 ans quand ila été accusé du viol et du meurtre desa copine Hannah. Après dix-neufans dans le couloir de la mort, ilvient d’être libéré pour vice de formemais pas innocenté. Un nouveauprocès se prépare. Tout en se déga-

geant progressivement des pesantssouvenirs de sa vie carcérale, cethomme brisé subit de plein fouet ledécalage entre le monde de son ado-lescence et la société actuelle. Tan-dis que les habitants de sa petiteville de Géorgie le croient toujourscoupable. Rectify mêle avec une

habileté confondanteréalisme des person-nages et des situations.L’émotion surgit à toutmoment, suggérée parles objets, les gestes, les

rêves, les mots mais aussi lessilences et regards de Daniel.Une œuvre dense, aux dialoguesphilosophiques, qui trouve un échoprofond en notre humanité. n

Catie Pillé• DVD, saison 1 diffusée en ce moment surArte et la saison 2 programmée en 2015.

RADIOLe Masque et la PlumeCette très vieille émission n’a paspris une ride : née dans lesannées 50, elle répondait alors à lafois au foisonnement culturel etintellectuel d’une époque et à laplace prépondérante et dominantede la radio. Aujourd’hui, plus riende cela : l’émission reste pourtantincontournable par son concept, sesintervenants, sa liberté de ton etson absence totale de langue debois. Les échanges sont vivants etsouvent drôles, le discours peut, àl’occasion, n’être pas du tout châtié.Cette discussion à bâtons rompus,riche d'arguments étayés, d’ana-lyses pertinentes bien que contra-dictoires parfois, fait l’intérêt decette émission qui traite de l’actua-lité littéraire, théâtrale et cinéma-tographique. n Véronique Ponvert• France Inter, entre 20 h et 21 h le dimanche.

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CULTURE Cinéma/Théât re/Spectac leCHANTE TON BAC D’ABORD

Un monde en mutation

MUSIQUE• CLASSIQUE

Héroïque EgypteEn 1753, à la fin de laquerelle des Bouffons,qui opposa partisans dela musique française et

de la musique italienne, Rousseau,fervent partisan des Italiens, écri-vait : « Je crois avoir fait voir qu’iln’y a ni mesure ni mélodie dans lamusique française, parce que lalangue n’en est pas susceptible ; quele chant français n’est qu’un aboie-ment continuel ». Six ans plus tôt, en1747, Les fêtes de l’hymen et del’amour, ballet héroïque de Rameaus’inspirant de la mythologie égyp-tienne, étaient créées à l’occasiondu second du mariage du Dauphin.Héritier de l’opéra-ballet, le ballethéroïque tire son argument de sujetsnobles. Son intrigue débouche sur undivertissement chorégraphique etchoral ponctué d’airs virtuoses. L’en-registrement d’Hervé Niquet est sansdoute le meilleur démenti à l’asser-tion brutale de Rousseau : lamusique est brillante, sans tempsmort, pleine d’élégance et de raffi-nement et, parfois, grandiose. Onne peut que saluer la distributionvocale, et l’orchestre regorge desouffle et d’allant. Un beau cadeaupour célébrer les 250 ans de la mortde Rameau. Nicolas Morvan• Les Fêtes de l’Hymen et de l’Amour, deJean Philippe Rameau.

EXPOSITIONSDapper : L’art de mangerSe nourrir ne permet pas seulementde vivre, c’est un acte social qui ins-crit l’individu dans sa culture. L’artde manger est au cœur des systèmes

symboliques qui codifient les notionsd’hospitalité et d’offrandes aux êtresde l’autre monde pour contrer leursmauvaises intentions ou les hono-rer. Le Musée Dapper a rassemblésur ce thème un grand nombre dejarres, plats, cuillers, pilonsvenus d’Afrique, d’Insulindeet d’Océanie, souvent extrê-mement ouvragés. Très bienprésentés, ils sont accompa-gnés de cartels explicatifs etde petits films ethnographiques. Desanimations accompagnent l’exposi-tion tout au long de l’année. n

Micheline Rousselet• Musée Dapper, 35 bis, rue Paul-Valéry,75116 Paris. Rés. au 01 45 00 91 75.

Maillol : Au temps des BorgiaLes Borgia  ? Une famillesulfureuse, une image quinous vient de nos livresd’histoire, de lecturesdiverses. Les deux livres,Les Borgia et leur temps etAu temps des Borgia tentent decerner le contexte en insistant sur ledéveloppement des arts et sur lafin du Moyen Âge. Le petit livresigné par Marie Viallon est àrecommander pour tous les élèvesqui voudraient entrer dans cemonde étrange... César Borgia, lepape Alexandre VI (1431-1503),eut plusieurs enfants dont César,la figure centrale du « Prince » deMachiavel, et Lucrèce, présentéecomme une diablesse en fait unefemme qui se libère comme beau-coup d’autres en ce milieu duxve siècle. n Nicolas Béniès• Musée Maillol, jusqu’au 15 février2015. Les Borgia et leur temps, collectif, catalogue de l’exposition, Gal-limard/Musée Maillol  ; Au temps desBorgia, Marie Viallon, Gallimard/Horssérie Découvertes.

Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 39

l’actualité culturellewww.snes.edu

Savez-vous qu’en complément despages de ce Magazine, une dizaine d’ar-ticles sont mis en ligne chaque semainesur www.snes.edu/-Culture-.html ? Uneéquipe de militants du SNES alimenteune dizaine de rubriques : cinéma,théâtre, musique, arts plastiques, ren-contres et débats, festivals, livres etcréations de collègues... pour ne citerque les plus fréquemment actualisées.Est également accessible en perma-nence la présentation, en cours d’ac-tualisation, de la centaine de lieux culturels et festivals partenaires« Réduc’snes » (= tarif réduit sur réser-vation et présentation de la carte SNES)dans toute la France...N’hésitez pas à nous informer de créa-tions et de lieux culturels que vousappréciez et qui ne seraient pas encorepartenaires... [email protected]

Ph. L.

Truffaut à la Cinémathèque

Une exposition pour le trentième anniversairede la mort de François Truffaut, disparuprématurément à 52 ans, le 21 octobre 1984,

alors qu’il travaillait à plusieurs projets cinémato-graphiques. Il méritait bien un tel hommage pourson œuvre et son influence d’une grande richesse

après avoir réalisé unetrentaine de films, dontvingt et un longsmétrages, et écrit descentaines d’articles etplusieurs livres sur lecinéma. La Cinéma-thèque lui devait bien ça.Il la fréquenta assidû-ment durant toute sa jeunesse, y puisant l’essentielde sa formation et passion pour le cinéma, souventen cachette, avec la complicité bienveillanted’Henri Langlois qu’il défendit victorieusement enfévrier 68.Un ensemble d’initiatives sont prévues dans ethors la Cinémathèque avec divers partenaires,dont Arte, jusqu’au 25 janvier 2015. De multiplesextraits de films, d’écrits et documents inéditsrassemblés dans une présentation dynamique parSerge Toubiana (et ancien responsable des Cahiersdu cinéma), qui a également bien connu toutecette période. Nous en reparlerons dans le cadred’une approche plus globale des activités actuellesde la Cinémathèque, à Paris et en diverses régions,de ses articulations avec l’enseignement... avec sonactuel directeur général. n P. L.• Cinémathèque Française – Musée du cinéma, 51, rue deBercy, 75012 Paris – 01 71 19 33 33 – toute la program-mation sur www.cinematheque.fr• Présentation plus détaillée du contenu de l’exposition etde son environnement sur www.snes.edu/-Culture-.html

Àquelques jours d’intervalle, le Présidenta inauguré deux musées : l’un public, le

musée Picasso, l’autre entièrement privé, laFondation Louis Vuitton. Symboliquement,sa présence « à égalité » à ces deux inau-gurations induit l’idée que, public ou privé,pas de différence...Pourtant, au milieu des concerts de louangessaluant l’ouverture de la Fondation LouisVuitton, que Bernard Arnault a tenu à appe-ler « musée », quelques voix s’élèvent. Unetrentaine d'artistes et de philosophes signentun article dans Médiapart du 20/10, intitulé« L’art n’est-il qu’un produit de luxe ? ». Ilscritiquent le rôle croissant des grandsgroupes financiers dans l’art contemporain,dénoncent les « nobles mécènes » qui « nesont en vérité que des spéculateurs ». Ilsrappellent que le mécénat pratiqué par cessoi-disant industriels, Bernard Arnault aprèsFrançois Pinault – qui a dû renoncer à s’ins-taller à Boulogne – et bien après Cartier,sont passés de l’entreprenariat industriel àla finance. Ils n’ont rien à voir avec unedémarche désintéressée. L’art est en faitun produit destiné à gagner de l’argent, àspéculer – et à faire monter le prix desœuvres à leur profit –, à échapper au fisc.Surtout à communiquer, à créer de l’évé-nement. La publicité et l’événementiel étantdevenu le moteur du développement de cesentreprises financières. Ces artistes posentainsi la question de leur liberté et de leur

indépendance,et de l’attitudequ’ils doiventadopter dansce cadre-là.Leur conclu-sion est édi-fiante : « Ilnous sembleurgent, en tout cas (...) d’exiger des insti-tutions publiques qu’elles cessent de servirles intérêts de grands groupes privés en secalant sur leurs choix artistiques ».C’est aussi le thème développé sur FranceCulture par le muséologue François Mairesse, interrogé par Marie Richeux dansLes nouvelles vagues du 24/10. Il dénoncele glissement de la notion de mécénat verscelle de « sponsoring », intervenue surtoutà partir des années 80 sur fond de désenga-gement de l’État. Il évoque aussi longuementla notion de don et de désintéressement. Il faut lire et écouter ces prises de posi-tions, facilement trouvables sur internet,car ces débats salutaires sont trop confi-dentiels, occultés par les envolées lyriquessur la beauté (réelle) du bâtiment de FranckGehry. Notons quand même que si le conte-nant est souvent évoqué, on ne trouve guèred’éléments sur le contenu, les œuvres pré-sentées et leur intérêt artistique. Commequoi, l’essentiel est surtout d’être vu... n

Sylvie Chardon

Réflexion sur la Fondation Louis Vuitton

Mécénat ou spéculation ?

Expositions

Rêve et réalité mêlésLe catalogue de l’exposition veut explorer l’intimité de lacréation de cette figure phare de la Nouvelle Vague. FrançoisTruffaut est un maître dans l’art de se servir de ses réali-tés pour construire sa fiction. Les auteurs réunis par SergeToubiana parcourent les grands thèmes qui ont agité lecinéaste : le rapport masculin/féminin, l’Amérique... surtoutcelui avec la littérature vue comme l’art suprême. Son tra-vail voulait couvrir tous les aspects de la construction d’unfilm, de l’écriture du scénario au montage final. Le livre est

illustré de photographies destournages, de témoignages deses collaborateur(e)s, de car-nets inédits pour construireune sorte de journal.Les auteurs de ce catalogue selivrent à une véritable enquêtepolicière pour rassembler lesindices permettant de dévoi-ler la personnalité d’un créa-teur qui reste mystérieux.

Nicolas Béniès• François Truffaut, ouvrage collectif sous la direction de SergeToubiana, Flammarion.

Soutien aux jeunes créateursPéril Jeune  ! Septième FestivalAvec le Théâtre 13 et ses « Prix-program-mations » dédiés aux jeunes créationsdepuis neuf ans (voir nos articles en ligne surwww.snes.edu/-Culture-.html), Confluences,« lieu d'engagement artistique », est l’un desrares théâtres qui construisent durablement, enÎle-de-France, une politique d'encouragement etde soutien aux jeunes artistes. Il s’efforçe, mal-gré l’austérité croissante dans le domaine de laculture, «  d’offrir aux talents émergents desconditions favorables pour développer et pré-senter leurs projets, dans une démarche deprofessionnalisation ». Sans « jeunisme » maisavec la claire conscience de la précarité et desconséquences spécifiques des cloisonnements,difficultés d’accès aux scènes, difficultés d’êtrevus, entendus par l’institution et un largepublic... Confluences organise, pour la septièmeannée consécutive, deux mois de rencontresautour de trente et une propositions artistiques,retenues parmi cent quarante candidatures,théâtrales, musicales, chorégraphiques, plas-tiques... portées par de jeunes artistes dediverses régions. Un festival à découvrir et àencourager. Sa pérennité n’est pas acquise.Dans le contexte des régressions du statut desintermittents, rien ne serait pire péril que la sté-rilisation de la jeune création. Ph. Laville• Confluences, 190, bd de Charonne 75020, 01 40 2416 46. Programme sur www.confluences.net

Une histoire en train de se faire«  Les Françaises au cœur de la guerre  »fait partie de ces ouvrages nécessaires.Pour rendre compte d’un contexte, celui del’Occupation (1939-1945) en redonnant auxfemmes, à leur combat, la place essentiellequi doit être la leur. Pour plusieurs raisons. Leursituation révèle la barbarie de cette guerre. Lesviolences faites aux femmes, la politique de la«  femme au foyer  » en disent beaucoup plussur l’époque que bien des ouvrages savants.Les revendications féministes prennent, danscette période, une nouvelle dimension. ÉvelyneMorin-Rotureau, qui a dirigé cet ouvrage, a dirigéla série, chez Autrement, Combats de femmes.

Nicolas Béniès• Les Françaises au cœur de la guerre, 1939-1945, sousla direction de Évelyne Morin-Rotureau, Éditions Autrement. Un compte rendu plus détaillé  sur le site.

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40 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

ENTRETIEN BERNADETTE GROISON

L’US : Pourquoi ce livre ? Y a-t-il une raison particulière de défendreaujourd’hui la cause des services publics et de ses agents ? Bernadette Groison : Noustraversons une période de criseéconomique et sociale, et plus elle seprolonge, plus les discours divisant lescitoyens se multiplient. Alors que lacroissance est en panne, que l’on parlebeaucoup du déficit public, on entenddire que ce serait « la faute desfonctionnaires ». Les agents de laFPE(1) (et particulièrement lesenseignants et les personnels del’éducation), ceux des collectivitésterritoriales et des hôpitaux, quireprésentent au total plus de cinqmillions de personnes en France,seraient « trop nombreux », « pasassez efficaces ». Ils seraient « mieuxpayés que les salariés du privé »,« préservés de la précarité » et« privilégiés grâce la garantie del’emploi » dont ils bénéficient. L’Étatet les collectivités qui les emploientseraient un « millefeuille indigesteresponsable du gaspillage des denierspublics ». Ce n’est pas possible, à laFSU, de laisser se propager de telsponcifs, aussi inexacts que nocifs. Le rôleet la responsabilité d’une organisationsyndicale, c’est aussi de se tourner vers lespersonnels et l’opinion publique, dechercher à convaincre, à faire partager sesvaleurs, à peser pour que le projet desociété que nous défendons voie le jour.Aujourd’hui, les services publicsreprésentent un enjeu majeur pour notresociété.

L’US : En quoi les services publics sont-ilsparticulièrement attaqués ? Est-ce pour des raisons essentiellement économiques ? B. G. : Les raisons invoquées sontéconomiques, mais le fond est bien uneremise en cause du rôle de l’État. J’en aiassez d’entendre dire, que ce soit dans les

FP(3) tout en récusant son inefficacitéet son coût prétendu : la tâche n’estpas aisée car les SP(4) ont étéconsidérablement dégradés durant lesannées Sarkozy (environ 150 000emplois détruits dans la FPE), et forceest de constater que les servicesrendus aux usagers sont parfois demoindre qualité et que l’égalitéd’accès sur l’ensemble du territoire estloin d’être réelle. Mais ce n’est pas lafaute des agents : il faut leur rendrejustice, ils ont fait et font beaucoup,souvent dans des conditions difficiles,pour que les SP existent. Rétablir unevérité nécessaire pour revaloriserl’image des services publics de nosjours, c’est aussi la fonction de cetouvrage.

L’US : Cette image dégradée est-elle le fruit de fantasmes ou de méconnaissance ? Quel intérêt sert-elle, au final ?B. G. : Ces clichés sont souvent lefruit d’une méconnaissance légitime(qui peut juger d’un métier, de sapénibilité, de la justesse de sesmissions ou de sa rémunération, quandce n’est pas le sien ?), sur laquelle se

greffent des discours idéologiques quitrouvent un écho en ces temps troublésd’une société en perte de repères : diviserla société, faire miroiter des privilèges pourcertains, quand tant d’autres souffrentd’une situation précaire, cela permet aussiau pouvoir politique de ne pas poser lesbonnes questions. Cela n’est passupportable pour la FSU : il est vital decontrer ces idées fausses, de déconstruire lediscours dominant à force d’argumentschiffrés et précis, d’abreuver, s’il le fallait,les lecteurs de données objectivesincontestables pour rétablir la vérité, sansfaux-fuyants, de notre fonction publiqueaujourd’hui. Le débat est nécessaire, maisil doit se faire sur la réalité de la situationde la fonction publique.

« Les services publics participentdu projet de société solidaire qui est le nôtre »Bernadette Groison est secrétaire générale de la FSU, première organisation syndicale dans

l’Éducation nationale et seconde dans la fonction publique d’État. Attachée à la défense des agentscomme à la promotion du bien commun que sont les services publics, elle déplore le fait

que la fonction publique est attaquée, et particulièrement en ces temps de crise : objet de critiquesrépétées, cible d’économies budgétaires, elle doit faire la démonstration, de façon récurrente, de

son efficacité. B. Groison a publié à ce titre un ouvrage sur les fonctionnaires et la fonction publiquepour tordre le cou aux idées reçues, complaisamment véhiculées par les médias.

médias ou dans la bouche de responsablespolitiques, que la fonction publique estarchaïque, qu’elle ne sert plus à grand-chose et, bien sûr, qu’elle coûte trop cher àun État présenté comme en quasi-faillite.Déjà, en 2007, la RGPP(2) s’est mise enplace pour réduire le périmètre de l’État etla dépense publique, présentée commeseule responsable de la dette. Depuis, etavec la crise de 2008, nous savons quec’est la financiarisation de l’économie quiporte la responsabilité de la crise, et que lesservices publics, justement, servent entemps de crise d’amortisseur à lapaupérisation de la société. C’est un facteurd’égalité et de cohésion sociale quiparticipe du projet de société solidaire quiest le nôtre. Il est essentiel de défendre la

« Nous savons que c’est lafinanciarisation de l’économie qui porte

la responsabilité de la crise »

Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 41

L’US : Quels sont les clichés les plusrépandus auxquels il a fallu répondreen priorité dans ce livre ?B. G. : Ils sont nombreux, on peut entendreà l’envi qu’il y a trop de fonctionnaires,qu’ils coûtent trop cher à la nation, qu’ilssont absentéistes, toujours en grève etqu’ils travaillent moins que les salariés duprivé, qu’ils sont, et leurs syndicats aveceux, hostiles à toute réforme.Sur le nombre de fonctionnaires et leurcoût pour notre société, il faut rappeler qued’une part, cela répond aux besoins d’unesociété qui évolue (dont la durée de vies’allonge, par exemple, avec une hausse dutaux de natalité et de l’espérance de vie), etque par ailleurs, le taux d’emploi dans lesadministrations publiques en France est aumême niveau que celui du Royaume-Uni,et inférieur à celui des pays nordiques ; quel’État et les collectivités territoriales sontdes acteurs incontournables de la vieéconomique et sociale, à travers lefinancement et la réalisationd’infrastructures majeures, et que 73 % desinvestissements en terme d’équipementreposent sur les collectivités territoriales :ce n’est pas de pas de coût, maisd’investissement qu’il faut parler. Concernant l’absentéisme, les salariés desentreprises privées ont été absents pourraison de santé 16,6 jours par an enmoyenne en 2013, quand ceux de la FPEont comptabilisé 13 jours d’arrêt, et 16,3pour ceux de la FPH(5). D’autres chiffresviennent contredire encore ce cliché,pourtant répandu.Par ailleurs, non, les fonctionnaires ne sontpas toujours en grève, ils le sont enmoyenne une journée par an alors que,pourtant, la situation ne cesse de sedégrader.Il est fréquent d’entendre dire que lesenseignants travaillent moins que lessalariés du privé. Pourtant, c’est le MEN(6)

qui le dit, le travail invisible des enseignantsporte leur temps de travail moyen à44 heures par semaine pour ceux du premierdegré et à 43 heures pour ceux qui exercentdans le second degré. Et les enseignantstravaillent aussi pendant leurs congés...Enfin, pour battre en brèche l’idée selonlaquelle fonctionnaires et syndicatsrésistent à toute innovation et réformes,croit-on que les services publics auraientpu faire face aux besoins issus del’évolution de la société sans évoluer eux-mêmes ni innover ? Rappelons par exempleque le pourcentage d’une classe d’âge quiaccède au baccalauréat a été multiplié partrois au cours des trente dernières années...Quant aux syndicats, non seulement ils nesont pas hostiles aux réformes mais ils enproposent, et demandent que les agentssoient associés à leur conception et mise enœuvre. Seulement, lorsque dans l’esprit desgouvernants le mot réforme n’est que le

« Dans l’esprit des gouvernants

le mot réforme n’est que le paravent

d’une préoccupationdominante, à savoirréduire les coûts »

paravent d’une préoccupationdominante, à savoir réduireles coûts pour réduireen retour les impôts des plusfortunés, il est clair quele sens et le contenu du motréforme ne sont pas lesmêmes pour les syndicatsqui les portent, quicherchent plus de qualité,d’efficacité et le moyend’améliorer les conditionsde travail des agents, et pour la puissancepublique qui les met en œuvre.

L’US : Ce livre suffira-t-il, à lui seul,à changer le regard de l’opinion publiquesur les fonctionnaires et pèsera-t-ilsuffisamment pour que le gouvernementmodifie ses orientations budgétairesen termes de dépenses publiques ? B. G. : Il n’est pas facile de combattre desidées reçues, surtout lorsqu’elles sontdiffusées par les médias sans êtreinterrogées ni contrecarrées ; certainsespèrent ainsi, à force de dénigrerl’administration, pouvoir en réduire leseffectifs avec l’assentiment des citoyens.Pourtant, l’opinion publique, même si elle se

laisse parfois gagner par ce que je nomme le« fonctionnaire-bashing », résiste à cetteentreprise de sape : les citoyens savent à quelpoint les services publics et leurs agents,chaque jour garants de la défense de l’intérêtgénéral, leur sont indispensables etcontribuent, par l’accès de tous les usagersaux droits et à l’effectivité de ces droits, àmaintenir une cohésion sociale bienémoussée par des politiques économiques etfiscales toujours plus inégalitaires. Pour quecette cohésion sociale retrouve de la vigueur,il faut investir dans la Fonction publique, etpour cela, il est nécessaire et urgent demettre en place une véritable réforme fiscalepour plus de justice sociale. Il est doncessentiel de continuer à marteler un discoursqui permette de faire partager nos valeurs,pour emporter l’adhésion des salariés auprojet de transformation sociale que nousportons, pour rassembler les organisationssyndicales autour de ce projet et construireles mobilisations qui seront nécessaires pourl’imposer au pouvoir politique en place.Parce que, comme nous le répétons auxagents, au cours de notre campagne fédérale,« la fonction publique est votre choix, vousdéfendre est notre combat ». n

Propos recueillis par Véronique Ponvert

(1) Fonction publique de l’État(2) Révision générale des politiques publiques(3) Fonction publique(4) Services publics(5) Fonction publique hospitalière(6) Ministère de l’Éducation nationale

CHIFFRES AVÉRÉSVERSUS IDÉES FAUSSES

Trop payés ? Le salaire moyen d'un enseignant estinférieur de 30 % à celui d'un cadre de la FP et de38 % à celui d'un cadre du secteur privé (Source :DGAFP 2013).

Trop chers ? En 1978, les rémunérations despersonnels de la FPE représentaient 7,2 pointsde PIB. En 2000, elles ne représentaient plus que6,9 points de PIB et en 2011, 5,8.

Responsables de la dette ? 59 % de la dettepublique résultent de la conséquence de choixfiscaux favorables aux plus riches et de politiquesen direction des marchés financiers (Source : CAC.Que faire de la dette ? Un audit de la dette publiquede la France, mai 2014).

42 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

INTERNATIONALCampagne internationalei

Uni(e) pourl’ÉducationL’Internationale de l’Éducation (IE),qui réunit trente millionsd’adhérent(e)s, a décidé de lancerune campagne mondiale contrela privatisation de l’éducation.Voir le site du SNES « Unengagement à l’international  ».

Canadai

Réduire la tailledes classesPlus de 8 000  enseignantsont répondu au sondagede la Fédération Canadiennedes Enseignants sur la  recherchede l’équilibre travail-viepar le personnel enseignant.Le sondage les invitait àsélectionner les quatre mesures,parmi les quatorze  proposées, lesplus susceptibles selon euxd’améliorer leur équilibre travail-vie et de leur permettre de devenirun enseignant plus efficace. Sont arrivés  nettement en têteles quatre demandes suivantes :réduire la taille des classes,améliorer le soutien aux élèvesayant des besoins particuliers,augmenter le temps depréparation et de planification,réduire le travail administratif.

Chiffresi

Situation des femmes dansle monde2/3 des 774 millions de personnes qui ne savent pas lire sont des femmes.

Dans le monde, 32millions defilles ne sont toujours passcolarisées.

70 % des personnes lesplus pauvres sont des femmes.

Deux tiers des 774millionsde personnes qui ne savent paslire sont des femmes.

Dans le monde, 32millions defilles ne sont toujours passcolarisées.

70 % des personnes lesplus pauvres sont des femmes.

Avec pour thème phare « l’avenir de la profes-sion enseignante », la Conférence de mi-man-dat du CSEE (Comité syndical européen de

l’éducation) aura lieu à Vienne du 25 au27 novembre avec des modalités de travail alternantséances en plénière et ateliers. 200 participants,cinq langues de travail, anglais, français, espagnol,allemand et russe. Pour le CSEE et ses 129 syndi-cats membres qui représentent plus de 11 millionsd’adhérents du pré-primaire à l’enseignement supé-rieur et la recherche dans 45 pays d’Europe, nom-breux sont les défis à relever.Dans bon nombre de pays, la profession ensei-gnante souffre d’un manque d’attractivité et son sta-tut n’a cessé de se dégrader durant ces dernièresannées. Dans le contexte actuel des politiquesd’austérité mises en œuvre par certains gouver-nements, les syndicats enseignants d’Europe rejet-tent ces politiques, fruits d’idéologies hostiles àl’accès et au financement publics d’un enseigne-ment de qualité. Ce n’est pas un hasard si onretrouve parmi les campagnes menées une reven-dication essentielle, celle de la revalorisation entermes de salaires et de conditions de travail pourl’ensemble des personnels de l’enseignement etde l’éducation en général.Fait marquant : la question de la revalorisationdemeure un axe fort non seulement de campagnesmais aussi de mobilisations (voir article ci-des-sous). C’est la raison pour laquelle le CSEE a faitle choix de présenter après consultation de ses affi-liés un projet de résolution sur « le profil de la pro-fession enseignante au XXIe siècle ». Seront débat-

tus des thèmes aussi importants que le finance-ment public de l’enseignement dans un contexte oùles partenariats publics-privés se multiplient, oùles inégalités sociales touchent de plein fouet élèveset étudiants. Quand la Commission européennepromeut une vision étriquée de l’enseignement etfeint d’ignorer le rôle des services publics, en par-ticulier celui de l’éducation, comme facteur decohésion sociale et de croissance économique, il nereste plus aux syndicats enseignants qu’à se battresur le terrain. Parce que la réussite des élèves et desétudiants partout en Europe est liée à la situation etaux conditions d’exercice des personnels. Débattredes problèmes et des défis communs : nul doute queles 200 délégués s’y emploieront, ainsi qu’à lareconnaissance des syndicats comme piliers d’unesociété démocratique. n Odile Cordelier

Oui, il y a urgence et pas seulement en France !Les manifestations et actions de grève qui ontponctué le mois d’octobre dans plusieurs pays

témoignent à la fois du malaise et de la fragilisationdu service public d’éducation chez nos voisins euro-péens. Et au-delà de la question de la revalorisationde la profession enseignante, c’est l’avenir des ser-vices publics qui est en jeu. Ils étaient des milliers (90 000) à manifesterle 18 octobre dans les rues de Londres à l’appel duTUC (Trades Union Congress). Avec pour slogan« La Grande-Bretagne a besoin d’une hausse desalaire », les enseignant(e)s ont rejoint les autres tra-vailleurs. Non aux politiques d’austérité qui depuisquatre ans conduisent à une réduction des salaires,à l’augmentation des cotisations pour la retraite et àune crise de recrutement tant le déclassement sala-rial auquel s’ajoute la dégradation des conditionsd’emploi fait figure de repoussoir. Les deux syndi-cats enseignants, la NUT tout comme la NASUWT,ont fait campagne sur le thème « Agir pour l’édu-cation ». Cet acharnement contre les enseignants auRoyaume-Uni reflète les tendances que l’on peut

observer dans d’autres pays et « la volonté de nuireau statut des enseignant(e)s et de dévaloriser leur pro-fessionnalisme », a déclaré Patrick Roach, secré-taire général adjoint de la NASUWT.En Serbie, le 22 octobre, les quatre syndicats ensei-gnants ont appelé à une journée de grève pour s’op-poser aux réductions salariales dans le service public.Le 26 octobre, malgré la mobilisation, le gouver-nement a décidé une baisse de 10 % des salaires etdes pensions du service public. Du jamais vu ! Lesalaire moyen d’un(e) enseignant(e) sera de 328 € parmois. En Ukraine le 15 octobre, à l’occasion de lajournée internationale pour l’éradication de la pau-vreté, des mobilisations ont été organisées à Kiev parla Fédération des syndicats ukrainiens, dont labranche enseignante le STESU, sous le slogan « pourun travail décent, pour une vie décente ». D’autres mobilisations sont d’ores et déjà pro-grammées : 8 novembre, manifestation natio-nale à Rome des travailleurs des services publics,27 novembre, grève générale en Grèce afin des’opposer au projet de budget pour 2015. La luttecontinue ! n O. C.

© DR

MOBILISATIONS EN EUROPE. Dans plusieurs pays, les syndicats impulsent la mobilisationsur le terrain.

Pour la revalorisation de la profession

CONFÉRENCE DE MI-MANDAT DU CSEE. Les syndicats membres du CSEE débattront de larevalorisation de nos métiers et de la consolidation de services publics souvent fragilisés.

Débattre des défis communs

Supplément au no 746 du 3 novembre 2014 - US MAGAZINE - 43

Le SNES-FSU, depuis de nombreusesannées, met en œuvre des programmes decoopération avec des syndicats de tous

les continents.Une partie des cotisations des adhérents duSNES-FSU est affectée, depuis de nom-breuses années, à la solidarité internationale.Cela lui confère une autonomie d’actionunique, quand d’autres – essentiellementd’Amérique du Nord et d’Europe du Nord –

doivent subitement stopper des coopérationslorsque leurs bailleurs de fonds choisissentd’autres priorités.Cette année, le SNES-FSU va organiser àBudapest un séminaire regroupant des repré-sentants syndicaux de tous les pays d’EuropeCentrale et Orientale. En Amérique latine, ilsoutient depuis l’an dernier la mise en placed’un observatoire des politiques éducatives(http://www.observatorioeducacion.org).

En Palestine, il aide pour la deuxième annéedes enseignants d’écoles situées près decolonies à travailler avec leurs élèves sur letémoignage. En Afrique, les coopérationsbi- ou multi-latérales couvrent de nombreuxchamps, visant le renforcement de capaci-tés des équipes et une augmentation de lasyndicalisation, seule voie vers l’autono-mie d’action. n

Florian Lascroux

LE SNES-FSU engagé dans la solidarité internationale.

Une solidarité active pour des valeurs communes

FEMMES ET JEUNES, POUR LE SYNDICALISME DE DEMAIN AU SÉNÉGAL  !

MALIRelance du bulletin syndical.Actions pour obtenir latitularisation des précaires.

MAURITANIEDiffusion d’un guide syndical.Tournées d’établissements pourrenforcer la syndicalisation.

SÉNÉGALAteliers en province à destinationdes femmes et des jeunes.Diffusion d’un guide syndical.Relance d’un bulletin syndical.

BURKINA FASOAteliers de formation regroupant des militants de plusieurs pays d’Afrique Centrale et de l’Ouest,sur les élections professionnelles, l’évaluationpar compétences, les publications syndicales.

TOGOAtelier de rédaction d’un dépliantpour la promotion des droits des enseignantes.

BÉNINSoutien à la plate-formeunitaire pour un statutparticulier des enseignants.

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUEDU CONGOFormation à l’utilisation d’un guide syndical.Relance d’un bulletin syndical.

NiGERAtelier sur le fonctionnementtransparent des carrières etles élections professionnelles.

TUNISIESoutien à la participation desyndicats africains au Forum SocialMondial de Tunis (mars 2015).

Lorsqu’on pose le pied au pays de L. S. Senghor, on ne s’attend pas à trou-ver partout des classes de près de cent élèves, des infrastructuresdéfaillantes, un matériel didactique absent, des enseignants peu forméset mal payés. C’est pour bâtir une nouvelle dynamique que la SecrétaireGénérale de l’UDEN*, Awa Wade, a sollicité le soutien du SNES-FSU pourorganiser des ateliers dans des villes de province, avec à chaque foistrente enseignants, uniquement des femmes et des jeunes. À Saint-Louis, Kaffrine, Diourbel et Thiès, les militants du SNES-FSUont conduit le débat autour des préoccupations des collègues  : comment

lutter contre les retards de promotion ? Comment gérer des conflits avecles chefs d’établissement ? Comment stopper l’empilement de réformesimposées et jamais évaluées ? Les échanges ont été d’autant plus fruc-tueux que les systèmes éducatifs français et sénégalais ont la mêmestructure (inspecteurs, carrières, commissions paritaires...). Les jeunescollègues sont repartis motivés, prêts à convaincre leurs collègues derejoindre les 12 000 adhérents de l’UDEN !

* Université Cheikh Anta Diop de Dakar, soixante-dix mille étudiants** Union Démocratique des Enseignantes et Enseignants du Sénégal

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DANS LA CLASSECESCi

Obligatoire dans tous les collèges et lycées, le Comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté est composé des personnelsd’éducation, de santé et sociaux del’établissement, des représentantsdes personnels enseignants, desparents et des élèves, ainsi quedes représentants de la commune etde la collectivité de rattachement.Présidée par le chefd’établissement, cette instanceveille à la mise en œuvre dansl’établissement du projetd’éducation à la citoyenneté et à la santé, et de prévention de la violence. En fonction des problématiques éducatives à traiter, le CESC organise lesdifférents partenariats possibles. Circulaire n° 2006-197 du 30/11/2006.

À lirei

Éduquer à la sexualitéPatrick Pelège, Chantal Picod, Chronique sociale, 2010.

Éducation à la sexualité : Guided’intervention pour lescollèges et les lycéesCNDP, 2005.

Chiffresi

176 000 mineuresavortent chaque année en France.Selon l’INPES, malgré les différentscontraceptifs, une grossesse surtrois reste encore non désirée.Dans six cas sur dix ces grossessesaboutissent à une IVG (Interruptionvolontaire de grossesse).

1 enfant sur3a, à 12 ou 13 ans, déjà vu un filmou des images pornographiques.

À découvriri

Zizi sexuel : cetteexposition, visible àla Cité des sciences et de l’industrie, permet de découvrir, à travers

des vidéos et des jeux, lesmystères du sentiment amoureux,la question de la puberté,la reproduction mais aussi lesdangers de l’inceste et de lapédophilie. Respect de l’autre et desoi-même, consentement mutuel,égalités des sexes sont des valeursdéfendues par cette exposition.

prévoit pour les élèves trois séancesannuelles les informant des notionsde respect, de liberté et des différentesdimensions de la sexualité (biologique,affective, sociale, culturelle, éthique,juridique). Le CESC (voir colonne ci-contre) définit ces séances (durée, tailleet mixité des groupes...) par une équipede personnels volontaires et formés(enseignants, CPE, infirmières sco-laires). Mais faute de formation, lesenseignants ne se sentent pas forcé-ment à l’aise avec cette question. Deplus, l’absence de moyens et de tempsne permet pas une mise en applicationsatisfaisante de ces séances qui res-tent aléatoires, trop ponctuelles et quine concernent le plus souvent qu’unepartie des élèves (Troisième et Qua-trième). La loi n’est pas à la hauteur dece qu’elle devrait être.

Actions diversifiéesLes équipes en charge de l’éducationà la sexualité s’appuient aussi sur despartenaires extérieurs agréés. Orga-nisées autour de supports favorisant leséchanges (vidéos, jeux, théâtre-forum,

groupes de paroles, expositions...),ces interventions permettent auxélèves de s’exprimer et d’échanger.Ces rencontres sont l’occasion de faireconnaître aux élèves les ressourcesspécifiques d’information, d’aide et desoutien dans les établissements ainsiqu’à l’extérieur : les lieux d’accueil(infirmerie, CPEF...), les numérosutiles (Fil-santé-jeunes, Ligne Azur,Sida info service) et les sites internetde référence (INPES, onsexprime.fr,choisirsacontraception.fr). Certains événements, comme la jour-née mondiale de lutte contre le sida(1er décembre), sont souvent l’occa-sion d’organiser des actions éduca-tives ou des campagnes d’informa-tions à destination des élèves.

Infirmière à la PMI/CPEF, Joëlle Cordier coanime avec uneconseillère conjugale et familiale des séances d’informa-tion auprès d’élèves de Troisième. Si celles-ci sont l’oc-

casion d’informer les collégiens sur la sexualité et les diffé-rents moyens de contraception, elles permettent aussid’expliquer aux élèves ce que sont la PMI et le CPEF. « Âgésd’une quinzaine d’années, beaucoup n’ont pas encore eu derapports sexuels et ont du mal à se sentir directement concer-nés. Pourtant, il est important de les prévenir et de leurexpliquer notre rôle » explique Joëlle Cordier. Le CPEFregroupe des professionnels (gynécologue, sage-femme,infirmière et conseillère conjugale et familiale) qui accueillentlors de consultation les jeunes dès quinze ans. Toutes les ques-tions peuvent être posées, sans tabou, à ces professionnellesen toute confidentialité. « C’est important de dire aux ado-lescents qu’ils peuvent parler en toute confiance, que rien ne

sera raconté à leurs parents » insiste Joëlle Cordier. Les inter-ventions proposées sont rapides (une heure seulement) et nepermettent pas de rentrer dans les détails. Mais le discourssemble entendu, puisque des adolescents, surtout des filles,viennent ensuite à la PMI/CPEF pour consulter ou se ren-seigner. Ces réunions d’information mériteraient d’être mul-tipliées mais, comme le précise Joëlle Cordier, le manque detemps et de personnes ne le permet pas : « des lycées sou-haiteraient que nous intervenions mais étant moi-même à mi-temps et ma collègue étant sur trois CPEF, nous manquonsde créneaux disponibles pour répondre à leur demande ».Pourtant, s’appuyer sur des professionnels de la santé, com-pétents et expérimentés, apparaît indispensable dans l’édu-cation à la sexualité des élèves.

Rubrique réalisée par Caroline Gros

L’ÉDUCATION À LA SEXUALITÉ

Le rôle indispensable de l’école

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L’âge moyen du premierrapport sexuel est de 17 ans.

INTERVENTION EN MILIEU SCOLAIRE

« Prévention et information »

Les journées de retrait de l’écolecontre les ABCD de l’égalité, lemouvement autour du mariage

pour tous ou la pétition contre l’ex-position Zizi sexuel montrent à quelpoint les questions autour de la sexua-lité suscitent la polémique.Pourtant, en mars 2014, l’OMS(Organisation Mondiale de la Santé)soulignait l’importance d’enseigner lasexualité dans toutes les écoles, et cedès l’âge de douze ans. Afin de luttercontre les grossesses non désirées,l’OMS recommande de sensibiliserdès le plus jeune âge à l’utilisation descontraceptifs. En France, le concept d’éducation à lasexualité en milieu scolaire est pluslarge et est obligatoire depuis la loiAubry du 4 juillet 2001. Elle a pourobjectif principal de développer chezles élèves un comportement respon-sable, dans le respect de soi et desautres. Elle s’inscrit ainsi dans unelogique de prévention et de réductiondes risques (grossesses précoces nondésirées, mariages forcés, infectionssexuellement transmissibles, sida), delutte contre les comportements homo-phobes, sexistes et contre les violencessexuelles, mais aussi d’égalité entreles femmes et les hommes.

Sa mise en œuvreDans son application, l’éducation à lasexualité se décline sous deux formescomplémentaires : des contenus d’en-seignement visant l’acquisition deconnaissances scientifiques (cours deSVT) et des séances d’informationspécifiques. Dans le secondaire, la loi

Les partenariatsINPES : Institut national de prévention etd’éducation pour la santé.CPEF : Centre de planification et d’édu-cation familiale.PMI : Protection maternelle et infantile.CRIPS : Centre régonial d’informationet de prévention du sida.

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CPEiLes recrutements de CPE,en baisse depuis 2004,s'effondrent en 2006, leur remontée en 2011reste bien insuffisantepour couvrir les besoins.

Regards sur le métieriS’appuyant sur des contributionsd’universitaires, de formateurs et de professionnels, cet ouvrages’adresse à tous ceux qui aspirentà réussir l’un des concours les plussélectifs de l’Éducation nationale,mais aussi aux CPE eux-mêmes.• Éditions Adapt.

RATTRAPAGE

2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 20142001 2003 2005 2007 2009 2011 20130

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Composées de contrats divers, de droit public (AED) et de droit privé (EVS), elles participent étroitement à la viede l’établissement. Les dotations varient au gré des crédits rectoraux et des politiques d'emploi. Organisées et animéessous la responsabilité du CPE, ces équipes agissent sur le climat scolaire en instaurant des conditions de vie scolairefavorables aux apprentissages par le respect des règles, du vivre ensemble, la surveillance et la sécurité, l’animationsocio-éducative, la vie citoyenne. Leur renforcement est un enjeu majeur pour la démocratisation du système.

46 - US MAGAZINE - Supplément au no 746 du 3 novembre 2014

Les équipes de vie scolaire

CPELes conseillers principaux d’éducationCorps créé en 1970 en lieu et place de celui des surveillants généraux, leursdomaines de compétences sont décrits dans la circulaire d’octobre 1982qui officialise leur disjonction de l’équipe de direction. Leurs missions : • Le fonctionnement de l’établissement : contrôle des effectifs, de l’assiduité,de l’organisation du service du personnel de surveillance...• La collaboration avec les enseignants : échanges sur le comportement etsur l’activité des élèves, suivi de la vie de classe, mise en œuvre de projets...• L’animation éducative : relations directes avec les élèves de manièreindividuelle ou collective, organisation de la concertation, participation auxconseils d’établissement, à la formation et à l’élection des délégués d’élèves...Depuis 1989 ils sont associés explicitement aux équipes pédagogiques.Le référentiel de compétences de juillet 2013 définit des compétencescommunes avec les enseignants et spécifiques au métier. n

Personnels d’assistance éducativeC'est le nombre d’AED et d’assistantspédagogiques (AP) comptabilisés en2012/2013. 55 % ont moins de 30 ans et 6 %plus de 50 ans, 70 % sont des femmes. Autotal, il n’y a que 33 689 emplois équivalentstemps plein, soit une moyenne d’un emploipour 128 élèves, tous niveaux confondus, ce qui est bien peu. n

AED–AESH

« Pions »La disparition en 2003 des surveillants sous statut MI-SE s’est traduite parl’apparition de nouveaux contrats de travail plus précaires (AED assistantsd’éducation, EVS emplois vie scolaire…). La rotation des personnels, la mise enplace d’une gestion déconcentrée au niveau des établissements et du recrutementlocal ont renforcé l'instabilité des équipes. Les conditions de travail alourdiessont peu compatibles avec une poursuite d'études pour les AED.Les AESH (Accompagnants des élèves en situation de handicap) ont un nouveau type de contrat depuis cette rentrée, contrat qui remplace celui des AVS. Leur contrat peut se transformer en CDI ce qui est un premier pas versla reconnaissance de ce nouveau métier. n

3801 CPE pour 380élèves en 2013L’âge moyen des CPE est de 44,5 ans (46 anschez les certifiés), 71 % sont des femmes ; 6 %sont à temps partiel. En 2005, 45 % sont encollège, 35 % en lycée d’enseignement général ettechnique, 20 % en lycée professionnel, lesstatistiques ministérielles sont ensuite moinsprécises. Avec un tel taux d’encadrement,remplir leurs nombreuses missions est biendifficile. Agir en complémentarité avec tous lespersonnels de l’établissement – enseignants,assistantes de service social, infirmières,conseillers d’orientation-psychologues,personnels administratifs et techniques – afin defavoriser la réussite scolaire des élèves mais aussileur épanouissement devient de plus en plus unemission impossible ! n

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Cap-concours et ASP sont conçus et réalisés en partenariat avec Rue des écoles – 2 ter rue des chantiers – 75005 Paris. L’assurance des risques professionnels relève de l’Offre Métiers de l’Éducation, contrat proposé par la coassurance MAIF et USU. MAIF – Société d’assurance mutuelle à cotisations variables – 79038 Niort cedex 9. USU – Société d’assurance mutuelle des Autonomes de Solidarité Laïques à cotisations variables – 7 Rue Portalis – 75008 Paris. Entreprises régies par le Code des assurances. Fédération des Autonomes de Solidarité Laïque – Association régie par la loi de 1901 – 7 rue Portalis – 75008 Paris.

LA MAIF ET L’ÉCOLE, 80 ANS DE COOPÉRATION.Accompagnement, soutien, mise à disposition de ressources pédagogiques... la MAIF s’efforce d’assurer et d’accompagner au mieux les personnels éducatifs dans leur parcours professionnel et leur vie privée.

160 000enseignants

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3 770entrants dans

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et responsabilités de

leur fonction (professeurs

stagiaires, masters, AVS)

65 000inscrits à Cap Concours

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« Éducation parents-profs »

455 000personnels de l’éducation assuréspour leurs risques professionnels