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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis). 1 Colloque national 20 ans du CNAHES Pourquoi faire de l’histoire dans le champ du travail social ? Novembre 2014 Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis) Compte-rendu réalisé par Astrid Marabet (Service civique à la FFMJC, Paris ; bénévole AFEV Paris et étudiante en histoire, Paris-Sorbonne)

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Compte-rendu du colloque national organisé à l'occasion des 20 ans du CNAHES aux archives nationales.

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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Colloque national

20 ans du CNAHES

Pourquoi faire de l’histoire dans le champ du travail social ?

Novembre 2014

Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis)

Compte-rendu réalisé par Astrid Marabet (Service civique à la FFMJC, Paris ;

bénévole AFEV Paris et étudiante en histoire, Paris-Sorbonne)

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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Sommaire

Introduction. Le sens du colloque p.3

1 - L’histoire peut-elle être sociale ?

p. 5

2 - Aux archives, citoyen-ne-s !

p. 7

3 - Commémorer ses 100 ans et être en devenir.

p. 7

4 - Inauguration officielle du prix Françoise Tétard.

p. 10

5 - Des jalons pour penser l’éducation spécialisée : les

apports d’un parcours à la croisée des courants et des

continents.

p. 11

6 - Le portail de ressources « Enfants en justice ».

Présentation, débat et signature de la Charte.

p. 14

Conclusion p. 15

Pour aller plus loin… p. 16

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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Introduction. Le sens du colloque Bernard Heckel, président du CNAHES

www.cnahes.org

Emmanuel Penicaut, représentant d’Hervé Lemoine, directeur chargé des archives de

France. SIAF (Service interministériel des archives de France).

L’administration des archives s’occupe d’abord des archives publiques. Le réseau

d’archives publiques très organisé et très hiérarchisé depuis la Révolution.

Les archives sont conservées en ce qu’elles sont un témoignage ; un reflet de la société.

Elles servent à écrire l’histoire, il faut les exploiter et les interpréter ; l’histoire, elle, servant à

trouver des réponses aux questionnements du présent.

Le CNAHES démontre que les archives publiques doivent aussi s’appuyer sur des acteurs

agissant dans le privé mais intéressant la société.

Emmanuel Rousseau, responsable des fonds et représentant de la directrice Françoise

Banat-Berger directrice des archives nationales (site de Pierrefitte, Seine-Saint-Denis).

Les archives du CNAHES ont déposées aux archives nationales depuis fin septembre

20141 : près de 4000 articles, presque 450m linéaire de documents. Pour ce classement, le

CNAHES a bénéficié de l’aide des archives du monde du travail à Roubaix (Nord), des

archives nationales et du service des archives privées.

Fond du CNAHES est considérable par la richesse de son contenu :

- Cohérence : archives des associations qui ont une portée nationale ; celles avec

une portée plus locale ont transféré leurs documents dans les services d’archives

départementales.

- Coopération : association des travailleuses sociales, association nationale des

travailleurs de jeunes inadaptés, Ministère de l’éducation nationale, Ministère de la

Justice.

- Variété de possibilités de thèmes de recherche : préoccupations très actuelles

(autisme, enfance maltraitée, psychosociologie, enfance inadaptée…).

- Valoriser l’histoire sociale de la France. Rappeler à quel point la préservation du

patrimoine archivistique est essentielle et fragile car il faut rendre possible, pour

les générations futures, l’histoire du travail social et de l’éducation spécialisée.

Catherine Sultan, directrice de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) partenaire

du CNAHES.

Convention depuis 2002 entre la PJJ et le CNAHES. Liens qui se traduisent à travers

leurs missions respectives mais aussi leurs efforts pour préserver leur patrimoine (en lien

avec l’Association pour l’histoire de la PJJ), l’importance de l’histoire de la prise en charge

des adolescents délinquants.

→ 2015 : anniversaire2 de l’Ordonnance de 1945

3. Il faut penser à la réécriture de ce texte

aujourd’hui en s’appuyant sur le patrimoine archivistique et l’histoire de la PJJ, il faut

l’adapter à la jeunesse actuelle tout en restant dans la continuité de ce texte fondateur, inscrire

l’avenir dans l’histoire.

Louis-Xavier Colas, représentant de la Direction générale à la cohésion sociale (DGCS).

1 Côte 208 AS ; « AS » correspond au code pour les archives relatives aux associations.

2 Événement prévu le 2 février 2015, organisé par la Ministre de la Justice.

3 Ordonnance n°45-174 du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante.

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006069158

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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Depuis 20 ans, le CNAHES s’est donné la mission de collecter, témoignages et

documents des associations et professionnels de l’éducation spécialisée.

Travail des délégués régionaux pour aider au recueil et à la collecte de ces archives (mise en

réseau du CNAHES et des acteurs de l’éducation spécialisée…) car il est nécessaire, pour le

CNAHES, d’être davantage visible.

Faire du travail social, un sujet d’histoire est une idée judicieuse, même nécessaire car :

- C’est reconnaître l’intérêt historique et le travail d’archives du CNAHES.

- Intéressant pour le travail social lui-même qui a du mal à se situer dans le temps

faute de repères historiques.

Bernard Heckel, président du CNAHES

Il salue l’engagement du CNAHES où coopèrent professionnel-le-s et citoyen-ne-s.

Le sens de l’action du CNAHES peut se décliner de différentes formes :

- Permettre au travail social de savoir d’où il vient pour savoir où aller : relier

avec méthode et rigueur les traces du passé avec les enjeux présents et futurs.

- Les choix passés peuvent déterminer les choix futurs.

« L’action sociale est ce qui meut la société, ce qui la fait vivre », Emmanuel Penicaut.

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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1 - L’histoire peut-elle être sociale ? Mathias Gardet, Dominique Dessertine, Pierre Merle et Alain Vilbrod.

NB : Dominique Tartakowsky (professeure d’histoire contemporaine et présidente de

l’université de Paris 8), devait assurer l’intervention mais elle n’a finalement pas pu.

Mathias Gardet, maitre de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Paris 8.

Centre d’histoire sociale (CHS) du XXème siècle : http://histoire-sociale.univ-paris1.fr/

1ère

réflexion : Le CHS du XXème siècle fondé en 1966-67 par Jean Maitron4, et s’est

spécialisé dans l’histoire des ouvriers et ouvrières. Mais aujourd’hui, il veut étendre son

champ d’étude, toujours sur le syndicalisme mais aussi sur les politiques publiques dans le

domaine social, le territoire…etc soit 3 principaux pôles :

- Histoire sociale du politique

- histoire des représentations sociale

- Histoire des territoires de la ville et des migrations.

2nde

réflexion : conviction que les matériaux de l’histoire peuvent être des outils

pédagogiques pour les historien-ne-s mais aussi pour les personnes ne l’étant pas (personnes

s’intéressant sur l’histoire du social, personnes s’interrogeant sur l’action sociale aujourd’hui,

ses enjeux et son passé). Mais ces matériaux historiques sont, hélas, peu utilisés et exploités

par les non-historien-ne-s.

L’histoire est sociale car elle peut être appropriée par tou-te-s les citoyen-ne-s.

Dominique Dessertine, historienne et ancienne ingénieure de recherche au CNRS.

LARHRA (laboratoire de recherche historique, Rhône-Alpes), laboratoire d’histoire à Lyon

associé à l’ENS Lyon et aux universités lyonnaises.

http://larhra.ish-lyon.cnrs.fr/

Premièrement. Dans les années 70, l’histoire s’ouvre à la société dans ses profondeurs (grèves

ouvrières, travailleurs…), le marxisme de terrain a aidé à faire émerger les classes dominées

dans la recherche historique (notamment avec l’histoire économique).

Depuis, l’histoire des groupes sociaux s’est élargie et elle s’intéresse aussi à celle des élites.

Revue Le mouvement social (créé par Jean Maitron dans les années 60).

http://mouvement-social.univ-paris1.fr/sommaire.php?id=28

Deuxièmement. L’histoire portée par les interrogations de son temps : crise de l’autorité,

crise de la jeunesse, crise de la famille. Grandes vagues d’études démographiques et

historiques. La démographie est un approfondissement démocratique de l’histoire étant donné

que chacun de nous est concerné, elle emprunte à l‘ethnologie et à l’anthropologie.

Aujourd’hui, on traverse une crise économique et sociale. Comment juguler cette crise ? Il

faudrait se tourner vers le passé, non pour appliquer ce qui a été déjà fait, mais pour en tirer

des réflexions.

4 Jean Maitron (1910-87) historien français spécialiste du mouvement ouvrier et du mouvement

libertaire.

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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Rôle fondamental aujourd’hui des associations, appuyées par les pouvoirs publics, en ce

qu’elles suppléent à l’État providence qui ne peut plus répondre à tous les besoins.

Créer et développer des liens entre universitaires (histoire, sociologie, anthropologie,

ethnologie, démographie), acteurs du travail social, archivistes pour informer, nourrir le débat,

être une force de proposition auprès des décideurs.

Rôle du CNAHES dans cette optique : il permet des recherches dans des champs où les

enjeux sont très actuels et urgents.

Rôle du CNAHES dans la sauvegarde des archives écrites mais aussi dans la mémoire orale

avec la création d’une bibliothèque sonore conservant les témoignages des acteurs du travail

social.

Pierre Merle, adhérent du CNAHES, travailleur social et formateur en centre de formation en

travail social de base et supérieur.

Plusieurs niveaux de vécu :

- Nombreuses réformes de diplômes.

- Travaux universitaires sur le travail social qui s’accroissent et se diversifient.

Cela pose aussi le travail de recherche personnel et la reconnaissance extérieure.

Adhésion de l’association pour l‘histoire de la sécurité sociale.

Dans l’histoire du travail social, faire attention à l’illusion du commencement et à la tyrannie

de l’actualité. Mouvement sociaux autour de la recherche des origines. Vague d’entreprises

mémorielles qui recherchaient leur histoire.

1er

module : travail sur la notion de « passé » dans le cadre des institutions et du travail social.

2ème

module : travail sur l’histoire (lecture de : Pourquoi faire de l’histoire ? et Les lieux de

mémoire de Pierre Nora et Douze Leçons d’histoire d’Antoine Prost) et un livre de George

Perrec, W ou le souvenir d’enfance.

Alain Vilbrod, sociologue et professeur à l’Université de Brest.

Place entre mémoire et histoire.

Le retour sur le passé est essentiel : comment devient-on éducateur, éducatrice ou assistant-e

social-e ? Il y a un processus sur lequel on fonde son identité professionnelle.

- Incorporation progressive de valeurs et d’une éthique d’un corps professionnel

donné.

- Apprentissage de savoir-faire et de savoir-dire.

- Vigilance sur ses droits et devoirs

À quoi, qui sert ce travail sur le passé ?

- À celles et à ceux qui apprennent le métier. Le besoin d’histoire est constitutif de

leur identité professionnelle, connaître et reconnaître ses racines pour in fine poser

ses propres fondations.

- Recherche d’une sorte de continuité, voire d’immortalité.

« La mémoire cherche les similitudes et les permanences à travers le temps » Gérard Noiriel,

historien.

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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2 - Aux archives, citoyen-ne-s ! Directrice des archives nationales

Cf. intervention d’Emmanuel Rousseau, responsable des fonds et représentant de la

directrice Françoise Banat-Berger directrice des archives nationales (site de Pierrefitte,

Seine-Saint-Denis).

3 - Commémorer ses 100 ans et être en devenir.

→ Kathy Hazan, historienne au service Archives et Histoire de l’OSE (Œuvre de secours

aux enfants ; d’origine juive soit Organisation sanitaire pour les populations juives en

difficultés). http://www.ose-france.org/

1 - Motivations

Née en 1912. Volonté de se faire connaître davantage de la société car l’association est

financée à 90% par les pouvoirs publics.

- 1er

objectif : garder une identité culturelle et confessionnelle tout en recevant tous

les publics, quel que soit ses origines et en restant dans un esprit laïc.

Cette ONG a traversé le XXème siècle, elle est présente dans 33 pays différents.

- 2ème

objectif : OSE a organisé des voyages dans ses lieux historiques, nécessité de

recréer des liens internationaux.

- 3ème

objectif : développer les liens interprofessionnels étant donné qu’elle

regroupe près de 5 corps de métiers différents (histoire et archives, médecine,

social…).

2 - Organisation

→ Exposition sur le sauvetage des enfants juifs pendant la guerre, reconnaissance du rôle des

Justes + réalisation d’un documentaire sur le sujet (a été diffusé sur France 5).

→ Exposition sur le rôle de l’OSE en Russie, Pologne et Afrique du Nord et ses premiers

médecins issus du mouvement hygiénistes.

→ Organisation de colloques : un historique et un social (pratique sociale de l’OSE depuis

qu’elle existe en France). Les actes de ces deux colloques ont été publié Prévenir et guérir

dans un siècle de violence. L’OSE.

http://www.fondationshoah.org/FMS/IMG/pdf/Colloque_OSE_juin_2012.pdf

→ Et enfin, un concert festif dans le quartier de Reuilly.

3 - Conclusion

Rester audible et connu des pouvoirs publics. Mais faire attention à ne pas non plus trop

s’agrandir à « l’aveuglette », mener une logique de développement qui préserve l’engagement

militant comme véritable moteur.

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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→ André Morin, directeur général d’ESPOIR CFDJ http://www.espoir-cfdj.fr/

1 - Motivations

Naissance en 1914-15.

Divergences dans l’association dès la naissance. L’objectif du centenaire est donc de

retrouver une certaine cohérence pour aboutir à une cohésion au sein de l’association et

renouer avec une dynamique de communication interne et externe.

2 - Organisation

→ 4 journées d’études : chronologie de l’histoire, rôle de l’association au niveau de

l’éducation spécialisée. Mettre en perspective histoire et actualité. Conférences sur la semi-

liberté, la perception de la famille, la prévention spécialisée

3 - Conclusion

Le centenaire n’ayant pas encore eu lieu, en attente donc pour en tirer des conclusions.

Idées sinon pour plus de communication sur l’histoire et le rôle de l’association aujourd’hui.

L’histoire a permis à l’association de s’apaiser.

→ Gaëlle Sutter, secrétaire générale de l’Association Henri-Rollet (AHR) http://www.associationhenrirollet.fr/

1 - Motivations

AHR représente 2 établissements dans les Hauts-de-Seine. Créé en 1914 par le juge Rollet.

Le centenaire constitue aussi des enjeux de cohésion interne, créer et développer des liens

entre les deux établissements (les Météores et les Pléiades).

2 - Organisation

→ Entretenir la mémoire d’Henri Rollet (notamment sa tombe au cimetière Vaugirard).

→ Parution future (2015) d’un ouvrage sur l’association, écrit non par un universitaire mais

par un rédacteur professionnel.

→ Classement des archives de l’association par le CNAHES avec l’aide de Mathias Gardet.

3 - Conclusion

2013 : travail sur les archives de l’AHR.

2014 : réflexions sur le futur de l’AHR, quelle stratégie adopter, comment se développer

davantage et dans quelle perspective ?

→ Martine Trapon, directrice général de l’École normal sociale.

http://www.ensparis.fr/

1 - Motivations

Elles sont personnelles. Elle s’est sentie dans une filiation, une cohorte plutôt féminine mais

aussi une critique virulente du passé de ce corps de métier (travailleur social), la volonté de le

refonder.

Il faut, lorsque l’on transmet ses savoirs et ses savoir-faire, accepter que la nouvelle

génération se les réapproprient, les détruisent pour en construire de nouveau.

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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2 - Organisation

→ Travail sur les archives et réalisation d’une exposition « l’École des femmes » avec

Mathias Gardet et réalisation d’un documentaire avec Étienne Tack, « l’ENS, laboratoire du

travail social ».

→ Ce retour sur l’histoire permet de revenir sur ses racines et d’y poser un regard critique

pour mieux appréhender le futur et comprendre le présent.

→ Classement des archives de l’association par le CNAHES avec l’aide de Mathias Gardet.

3 - Conclusion

Important aujourd’hui de « faire trace ». Enjeu fondamental du travail social de se pencher sur

son histoire, se faire entendre des autres.

Soutenir la recherche et préserver le patrimoine archivistique pour davantage valoriser le

travail social dans la société actuelle et montrer tout son importance, son caractère

indispensable.

→ Jean-Pierre Villain, président de la FGPEP.

http://www.lespep.org/

1 - Motivations

Pourquoi fêter le centenaire ?

1ère

raison : éthique.

La reconnaissance est une valeur qui aurait disparu de la société. Donc rappeler et souligner

ce que les générations antérieures ont réalisé. Militer à nouveau pour des valeurs de

solidarité, de fraternité et d’humilité ; redynamiser le militantisme.

2ème

raison : stratégique.

Se réinscrire et investir le débat public. Devenir une force de proposition. Aspect

commémoratif et aspect prospectif.

2 - Organisation

Réalisation d’exposition avec le soutien d’associations locales.

Classement des archives.

Publication d’un ouvrage sur l’association réalisé par Mathias Gardet, sortie prévue mai 2015.

3 - Conclusion

Problème du manque de conservation, aujourd’hui, des documents par les associations, ce qui

risque dans les années à venir d’occulter la mémoire de ces associations et de ce qu’elles ont

traversé.

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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4 - Inauguration officielle du prix Françoise Tétard. En présence de Madame Ginette Tétard, mère de Françoise Tétard.

Denise Barriolade

Portrait de l’historienne Françoise Tétard,

- A travaillé au Ministère de la Jeunesse et au sport, rôle dans la création du Fonjep.

- Presque simultanément sont nés le PAJEP et le Comité d’histoire des ministères

chargés de la jeunesse et des sports5, notamment à l’initiative de Françoise Tétard.

Gisèle Fiche, Présidente de l’AHPJM (Association pour l’histoire sur la protection judiciaire

pour les mineurs ; http://ahpjm.hypotheses.org/).

Prix pour encourager de jeunes historien-ne-s à effectuer des recherches dans le champ du

travail social et de l’éducation spécialisée.

Prix Françoise Tétard Créé par l’action conjointe de l’Association pour l’histoire sur la protection judiciaire pour les

mineurs, du CNAHES et de l’ADAJEP (association des déposants aux archives de la jeunesse

et de l’éducation populaire).

Fonds de dotation (montant 1500€) pour aider à la recherche historique, récompense des

travaux sur :

- Histoire de l’enfance et adolescence irrégulière, inadaptée, marginale ou

marginalisée, maltraitée, abandonnée, en danger ou dangereuse. Tant du côté des

publics concernés (les jeunes), que des politiques ou institutions socio-éducatives

en charge de ces publics, en France et dans le monde.

- Histoire de la jeunesse et de l’éducation populaire en France et dans le monde.

5 http://www.sports.gouv.fr/organisation/missions-organisation/reperes-histoire/le-comite-d-histoire/

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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5 - Des jalons pour penser l’éducation spécialisée : les apports d’un parcours à la croisée des courants et des continents. Michel Lemay, professeur émérite à l’université de Montréal.

Introduction, Guy Dréano.

Apports de Michel Lemay sur la psychopathologie juvénile. Contribution à l’essor et au

développement de l’éducation spécialisée (acteur et porte-parole).

INTERVENTION DE MICHEL LEMAY.

1 – Description de son parcours

1.1 – Expériences successives

Son expérience professionnelle d’éducateur, en parallèle de ses études de médecines à

Rennes, a débuté en 1949. Jacques Guyomarc’h6 et Henri Joubrel

7 l’ont aidé à partir en

voyage d’études aux États-Unis : pour ses études et pour poursuivre son travail d’éducateur

spécialisé. Michel Lemay a ainsi rencontré beaucoup de spécialistes de la question.

En 1973, Lemay est invité par l’Université de Montréal pour devenir professeur en

psychopathologie infantile (assurer des cours pour les futurs pédopsychiatres). En parallèle, il

travaille dans les services hospitaliers et a participé à l’ouverture d’un service spécialisé pour

les enfants atteints de TSA.

1.2 – Premières années de travail et voyage aux États-Unis

Fin des années 40-début des années 50, période des pionniers :

- Peu de moyen financier, matériel et humain.

- Champ d’étude de la psychiatrie peu connue.

Sortie d’une période dramatique (WWII) où jeunes avaient été enfermées dans des

institutions particulièrement strictes où étaient pratiqués maltraitances et châtiments corporels.

Absence de lien entre ces institutions et les familles. Absence de méthodes précises pour

prendre en charge les enfants en difficultés, théories en psychopathologie infantile mal vues et

sous-estimées au début.

Très vite, l’éducation spécialisée a commencé à se définir comme une discipline particulière :

- Professionnalisation de la discipline : centre de formation qui se multiplient dans

les grandes villes ; formations diplômantes.

- Installation, en parallèle, de services d’aides à la famille.

- Liens qui se créent entre les familles et les établissements prenant en charge ces

enfants. Les établissements développent aussi leur offre de soin et d’activité

culturelle et sportive.

6 Cf fiche biographique sur Jacques Guyomarc’h

http://enfantsenjustice.fr/spip.php?article76 7 Cf fiche biographique sur Henri Joubrel

http://enfantsenjustice.fr/spip.php?article200

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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1956 : Lemay aux États-Unis avec une incursion au Canada.

La profession d’éducateur spécialisé n’existait pas dans les internats recevant les

enfants en difficultés aux États-Unis. C’était de simples intervenants qui n’ont pas de

formation d’éducateur spécialisé, ils voient de temps en temps des travailleurs sociaux.

Lemay a rencontré une équipe qui a tenté de décrire le comportement de groupe d’enfants

dans trois situations différentes. Livre intitulé L’enfance agressive.

La prise en charge des enfants en difficultés, aux États-Unis, étaient pris en charge non

par des éducateurs spécialisés mais par des social workers divisés en trois groupes. On

n’exigeait pas toujours de formation particulière, du moins une expérience de parent, car on

considérait ce travail comme quelque chose d’ordinaire. Difficultés pour percevoir la

nécessité des soins, d’un accompagnement spécifique.

1.3 – L’éducation spécialisée au Québec

Les équipes québécoises s’inspiraient des recherches françaises, notamment celles d’Henri

Joubrel. Recherche d’une méthodologie précise en éducation spécialisée et qui soit

transmissible.

1.4 – Le développement de l’éducation spécialisée en France dans les années 60

1962 : innovations en France en matière d’éducation spécialisée :

- Prévention devant une réelle priorité : accompagnateurs s’installant dans certains

quartiers des grandes villes pour aider les jeunes désœuvrés.

- Transformation des foyers de l’enfance. Implantation d’une autre méthodologie

éducative, notamment pour les enfants susceptibles de développer des troubles de

l’attachement.

- Milieu pédopsychiatriques où les éducateurs deviennent des personnages clé

pour aider les enfants à construire leur identité.

- Donner de l’importance au vécu et aux soins.

- De puissantes associations de parents se sont aussi créées pour bousculer les

pouvoirs publics et accélérer le développement de ces centres spécialisés.

Placements familiaux spécialisés se mettaient en place : l’enfant placé devant

recevoir une aide, un soutien et l’ouverture sur des activités culturelles et sportives.

Importance de développer des pratiques pour ensuite les transmettre.

1.5 – Développement de l’éducation spécialisée au Québec

Difficultés d’ordre logistique au début : manque de personnel, manque

d’établissement, difficultés pour s’organiser.

Développement d’ateliers intensifs pour prendre connaissance de soi par des exercices

d’auto-observation, par l’apprentissage d’une gestion de son comportement et des habilités

sociales. Mais aussi, développement de cadres dits sécuritaires où des adolescents en

difficultés sont pris en charge par ces centres s’efforçant de leur organiser le plus court séjour

possible (mais pouvant les reprendre plusieurs fois).

1.6 – En conclusion de ces expériences

Une vision intégrative peut changer les mentalités et apporter des résultats effectifs

dans la prise en charge de cette enfance et adolescence en difficultés. On ne considère plus la

famille comme coupable, comme responsable des difficultés de l’enfant ; désormais on

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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l’intègre et on travaille avec elle sur la prise en charge éducative et médicale de l’enfant. Les

pouvoirs publics sont aussi plus vigilants concernant les centres prenant en charge ces

enfants, requérant des personnes formées et compétentes, faisant en sorte que les enfants ne

soient plus jamais victimes de maltraitances de toute sorte comme cela a pu arriver

auparavant.

Il y a eu, en France et outre-Atlantique, des avancées indéniables même si l’éducation

spécialisée est envisagée de manière variable.

Les courants psychanalytiques ont joué un rôle prépondérant dans l’essor et le

développement dans la prise en charge de l’enfance en difficulté et de l’éducation spécialisée.

2 – Ce qui parait à garder, à évincer, à modifier

Lemay se base sur ses expériences et sur les échanges qu’il a eus avec des acteurs de

l’éducation spécialisée.

→ Imaginer des options éducatives pour plus de flexibilité et lieux s’adapter à l’enfant.

→ Psychothérapie ne doit pas devenir une dénomination passe-partout, elle doit rester une

discipline avec ses méthodes bien précises et spécifiques pour répondre de manière

adéquate et efficace aux besoins du jeune.

→ Il est aussi nécessaire de développer des postes de tuteurs qui pourraient ainsi

accompagner au quotidien l’enfant, faire le lien entre la famille et l’établissement prenant en

charge l’enfant, ce dernier devant se sentir entouré et inscrit dans une stratégie thérapeutique

lui permettant de se sortir de ses difficultés et in fine, s’épanouir, se socialiser au sein de

groupe (par le sport, la culture), régler ses éventuelles crises. Le tuteur se doit d’être une

personne de confiance, efficace, qui puisse anticiper, agir mais aussi s’effacer

progressivement pour laisser l’enfant prendre davantage d’autonomie tout en restant très

présent.

→ Problèmes de restrictions budgétaires touchant en premier ces secteurs du culturel, du

service à la personne et de la santé, déjà vulnérables. Ce qui instaure, dans cette profession, un

sentiment de morosité et d’insécurité.

Ce qui concerne l’enfance a du mal à être pris au sérieux, on ne s’y intéresse que si cela

devient gênant et on cherche à l’encadrer par des normes trop strictes, sans se demander ce

qui pose vraiment problème.

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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6 - Le portail de ressources « Enfants en justice ». Présentation, débat et signature de la Charte.

Véronique Blanchard, membre du CNAHES, doctorante en histoire de la justice.

Enfants en justice. XIXème-XXème siècles. http://enfantsenjustice.fr

Né en 2007 : la PJJ avait demandé au centre d’exposition d’imaginer un site, ce site

deviendrait celui des ressources de l’histoire de la justice des enfants. Soutien d’universités et

d’école de travail social.

Le Portail « Enfants en Justice XIXe-XXe siècles » vise à promouvoir l’histoire de la Justice

des mineurs sur le web en mettant à disposition des chercheurs et du grand public des outils

documentaires et des corpus thématiques raisonnés. Cette présentation de l’histoire entend se

faire selon les méthodes de pédagogie active, avec une animation interactive, qui s’appuie en

permanence sur des ressources variées et référencées : images, archives écrites, coupures de

presse, films, vidéos, dessins, objets…

→ NB : de nombreux travaux de recherches en histoire mais ils sont méconnus ou dispersés.

Il s’agit donc de les rendre plus visibles, plus accessibles, de les mettre en valeur.

Classement en diverses thématiques pour faciliter la consultation des sources :

- rééducation des filles, mineurs en prison, prévention, manifestations de la

délinquance, images et représentations.

Donne des axes pour effectuer de la recherche, certains domaines manquent de travaux et la

demande est importante.

- la rééducation des filles, éducation spécialisée dans les anciennes colonies, la

parole des jeunes placés, la géographie de l’intervention sociale, la Loi du 22

juillet 1912, le Décret de 1935, l’Ordonnance du 2 février 1945.

Bibliographie et sources régulièrement mises à jour.

Idem pour les images, elles sont régulièrement mises à jour, elles sont sourcées et comportent

un commentaire critique.

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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Conclusion Michel Lemay

Note de la rédactrice : étant prise par des impératifs de temps, je n’ai pu rester pour la

conclusion. Toutefois, les conférences ayant été enregistrées et filmées, elles seront bientôt

disponibles via le CNAHES, ainsi que les actes du colloque.

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Colloque des 20 ans du CNAHES, Archives nationales de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis).

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Pour aller plus loin…

Centres de recherches et laboratoires universitaires Centre d’histoire sociale du XXème siècle, Université Paris-Panthéon

http://histoire-sociale.univ-paris1.fr/

GEHFA (Groupe d'étude - Histoire de la formation des adultes) : http://www.gehfa.com/

Revues universitaires Revue d’histoire de l’enfance irrégulière (RHEI) : http://rhei.revues.org/

Réseau Histoire du travail social (RHTS) : http://www.cedias.org/dossier/reseau-histoire-

travail-social

Histoire Histoire de la protection judiciaire de la jeunesse

http://www.justice.gouv.fr/histoire-et-patrimoine-10050/le-ministere-dans-lhistoire-

10289/histoire-de-la-protection-judiciaire-de-la-jeunesse-16946.html

Archives et ressources documentaires Cedias, Musée social (Centres d’études, de documentation et d’information et d’actions

sociales) :

CODOS (Collectif des centres de documentation en histoire ouvrière et sociale) :

http://www.codhos.org/

CNAHES (Conservatoire national des archives et de l’histoire de l’éducation spécialisée et de

l’action sociale) : http://www.cnahes.org/fr/conservatoire-national-des-archives-et-de-l-

histoire-de-l-education-specialisee-et-de-l-action-sociale,2.html

École nationale de protection judiciaire de la jeunesse :

http://www.enpjj.justice.fr/mediatheque/

Enfants en justice : http://enfantsenjustice.fr/

PAJEP (Pôle d’archives sur la jeunesse et l’éducation populaire) :

http://archives.cg94.fr/pajep

Associations, groupes et comités Association française pour l’histoire de la justice : http://www.afhj.fr/

Association française des Magistrats de la jeunesse et de la famille : http://www.afmjf.fr/

Association pour l’histoire de la protection judiciaire de la jeunesse :

http://ahpjm.hypotheses.org/

Comité d’histoire des ministères chargés de la jeunesse et des sports :

http://www.sports.gouv.fr/organisation/missions-organisation/reperes-histoire/le-comite-d-

histoire/