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Pratiques psychologiques 14 (2008) 137–146 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Dossier Demandes de transformations corporelles esthétiques et/ou sexuelles par la chirurgie : proximités et différences Demands for aesthetic and/or sexual transformational surgery: Proximity and differences A. Michel a,,1 , J.-L. Pedinielli b,2 a HDR, laboratoire de psychologie, EA4210, psychopathologie et société, université Paul-Valéry–Montpellier-III, route de Mende, 34199 Montpellier, France b Centre psycle, université de Provence, 29, avenue Robert-Schuman, 13621 Aix-en-Provence cedex 1, France Rec ¸u le 1 er janvier 2007 ; accepté le 1 er novembre 2007 Résumé Le demandeur d’intervention corporelle chirurgicale transformatrice, ne peut se satisfaire d’un corps jugé déplaisant à ses yeux et recourt dès lors à une transformation corporelle porteuse de tous les espoirs d’améliorations. Jamais, il ne s’interroge sur la représentation mentale de son corps, ce qui entraînerait un coûteux travail psychique. Seule son anatomie, susceptible d’être amélioré par un acte chirurgical, semble en cause. Dans les différents contextes de transformation esthétique, le geste chirurgical apparaît comme une finalité sans besoin de recourir à d’autres investigations. Pourtant le psychologue clinicien est fréquemment sollicité dans la prise en charge de ces demandes particulières. Il doit questionner, entendre et appréhender un malaise singulier qui trouve comme solution ultime une réponse inscrite sur et dans le corps. Certains auteurs ont montré combien le fait même de devoir s’en remettre à un tiers pour atteindre ses objectifs était générateur de positionnements psychiques particuliers. Ainsi, l’accompagnement psychologique de ces demandes de modification corporelle présente un certain nombre de spécificités que nous mettons en évidence dans le cadre de cet article. © 2008 Société franc ¸aise de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Auteur correspondant. Adresses e-mail : [email protected] (A. Michel), [email protected] (J.-L. Pedinielli). URL: http://www.up.univ-mrs.fr/wpsycle (J.-L. Pedinielli). 1 MCF en psychologie clinique, HDR. 2 Professeur en psychologie clinique, professeur de psychopathologie clinique. 1269-1763/$ – see front matter © 2008 Société franc ¸aise de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.prps.2007.11.011

Demandes de transformations corporelles esthétiques et/ou sexuelles par la chirurgie : proximités et différences

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Pratiques psychologiques 14 (2008) 137–146

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

Dossier

Demandes de transformations corporelles esthétiqueset/ou sexuelles par la chirurgie :

proximités et différences

Demands for aesthetic and/or sexual transformationalsurgery: Proximity and differences

A. Michel a,∗,1, J.-L. Pedinielli b,2

a HDR, laboratoire de psychologie, EA4210, psychopathologie et société, universitéPaul-Valéry–Montpellier-III, route de Mende, 34199 Montpellier, France

b Centre psycle, université de Provence, 29, avenue Robert-Schuman, 13621 Aix-en-Provence cedex 1, France

Recu le 1er janvier 2007 ; accepté le 1er novembre 2007

Résumé

Le demandeur d’intervention corporelle chirurgicale transformatrice, ne peut se satisfaire d’un corpsjugé déplaisant à ses yeux et recourt dès lors à une transformation corporelle porteuse de tous les espoirsd’améliorations. Jamais, il ne s’interroge sur la représentation mentale de son corps, ce qui entraînerait uncoûteux travail psychique. Seule son anatomie, susceptible d’être amélioré par un acte chirurgical, sembleen cause. Dans les différents contextes de transformation esthétique, le geste chirurgical apparaît comme unefinalité sans besoin de recourir à d’autres investigations. Pourtant le psychologue clinicien est fréquemmentsollicité dans la prise en charge de ces demandes particulières. Il doit questionner, entendre et appréhenderun malaise singulier qui trouve comme solution ultime une réponse inscrite sur et dans le corps. Certainsauteurs ont montré combien le fait même de devoir s’en remettre à un tiers pour atteindre ses objectifsétait générateur de positionnements psychiques particuliers. Ainsi, l’accompagnement psychologique deces demandes de modification corporelle présente un certain nombre de spécificités que nous mettons enévidence dans le cadre de cet article.© 2008 Société francaise de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

∗ Auteur correspondant.Adresses e-mail : [email protected] (A. Michel), [email protected] (J.-L. Pedinielli).URL: http://www.up.univ-mrs.fr/wpsycle (J.-L. Pedinielli).

1 MCF en psychologie clinique, HDR.2 Professeur en psychologie clinique, professeur de psychopathologie clinique.

1269-1763/$ – see front matter © 2008 Société francaise de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.prps.2007.11.011

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Abstract

People who ask for transformational surgery are dissatisfied with their own body. However, they avoidquestioning themselves about their psychological attitude to their body, focusing only on physical appea-rance. In all types of body transformation, surgery seems to be the appropriate and conclusive solution. Theemotional and psychological aspect is not taken into account. The professional opinion of a clinical psycho-logist is often necessary. Experts show how the patients attitude is to convice and solicite approval ratherthan questioning themselves deeply as to their motivation, expectations and feelings. This article focuses onthe psychological accompaniment of this specific situation; the desire for body transformation.© 2008 Société francaise de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Chirurgie esthétique ; Modifications corporelles ; Psychopathologie ; Transsexualisme

Keywords: Aesthetic surgery; Cosmetic surgery; Psychopathology; Transsexualism

1. Introduction

Les premières interventions esthétiques remontent à la fin du XIXe siècle mais restent très mar-ginales jusqu’au début du XXe siècle. Charles Miller, chirurgien talentueux, considéré comme lepère de la chirurgie esthétique, mesure tout le potentiel de cette nouvelle discipline. Il publie en1906 le premier livre sur la chirurgie esthétique. Dans cet ouvrage, maintes fois réédité, il décritplusieurs modifications du visage (corrections nasales, modifications des lèvres, des oreilles ;atténuation des rides. . .) (Miller, 1907). Avec la première guerre mondiale, elle s’efface au profitd’une chirurgie plastique réparatrice plus lourde visant à redonner un visage aux « gueules cas-sées ». Avec les années folles, la chirurgie esthétique reprend un certain essor et propose touteune série de modifications (blépharoplastie, lifting, rhinoplastie, plastie mammaire de réduction,chirurgie de la calvitie etc.). La chirurgie réparatrice est à nouveau beaucoup pratiquée pendantla seconde guerre mondiale avec l’afflux de blessés et de grands brûlés. À partir des années cin-quante, elle prend son envol pour s’imposer dans les années soixante-dix et devenir un phénomèneincontournable au début des années 1990 (Glicenstein, 2003).

À l’image de la chirurgie esthétique, la demande de changement chirurgical de sexe émergedans les années 1950 suite à la publication, dans un quotidien à grand tirage, le Daily News,des comptes rendus du premier changement complet de sexe (Hamburger et al., 1953). Cettepossibilité d’une transformation sexuelle va soulever un nombre impressionnant de demandesde changement de sexe à travers le monde, comme en témoigne le courrier recu par l’équiped’Hamburger (Hamburger, 1953).

Actuellement, bien qu’il soit difficile de fournir des statistiques fiables pour la France (parmanque d’études épidémiologiques), on peut considérer que comme les interventions de chirurgiesesthétiques (Sarver et Crerand, 2004), les demandes de changement de sexe (De Cuypere et al.,2007) sont en augmentations constantes et bien que ne faisant pas l’objet de statistiques officielles,on évalue, en France, le nombre des interventions plastiques entre 100 000 et 150 000 par an (Davidet al., 2007) (aucune donnée épidémiologique n’est disponible concernant le transsexualisme).

Il s’agit de deux situations très différentes que ce soit pour les types de demandes, la population,les effets concrets et les suites psychologiques. Pourtant, fondamentalement, anthropologiquementla démarche est la même : demander à la Médecine de réparer un corps pour le rendre conforme àcertains canons culturels d’apparence ou de genre. Et si les anthropologues ont raison, la tentativede transformer le Moi par l’intervention sur le corps – double du Moi (Le Breton, 1999, 2003a,b ;

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Kaufmann, 2004), se retrouve dans les deux situations. Notre objectif est, ici, partant des deuxsituations, de montrer au-delà des différences évidentes des populations, attentes et conséquences,les proximités des attentes et du recours à « l’industrie chirurgicale du corps » dans une attente quin’est ni seulement esthétique ni seulement « de genre ». Nous présenterons, par choix, la chirurgieesthétique à proprement parler, définie comme,« une chirurgie qui modifie les formes naturellesdu visage et du corps dans un but d’embellissement ou de conservation » (Flageul et al., 2003). Ence sens, ne sont pas prises en considération toutes les chirurgies à visée réparatrice (déformationsdues à un traumatisme, une malformation congénitale ou chirurgicale). Ainsi, la spécificité de lachirurgie esthétique réside dans le fait que son indication ne provient pas d’une nécessité médicalemais d’une demande émanant du patient. À ce titre, la demande de changement de sexe répond àce même paradigme : le transsexuel ne souffre d’aucune pathologie médicale qui le contraindraità une telle intervention chirurgicale. Cette réassignation sexuelle attendue répond de la seulevolonté du sujet. En ce sens, il nous est apparu pertinent de tenter de rapprocher ces deux demandessingulières et de comprendre leurs similitudes tout en gardant à l’esprit leurs possibles différences.Certes, la demande de changement de sexe correspond à une modification plus radicale, plusfondamentale du corps, mais elle s’inscrit, au même titre que la chirurgie esthétique, dans unemise en conformité d’un vécu psychique (la non-adéquation entre le corps et le psychisme) avec lacorporéité. La demande de changement de sexe résulte d’une perturbation psychique plus lourdemais sa concrétisation au travers de la demande chirurgicale résulte de la même volonté que ledemandeur de chirurgie esthétique. Si l’objectif n’est pas seulement l’apparence mais bien, pour letranssexuel demandeur, l’identité de genre – pour soi et pour les autres – la demande est aussi cellede la réparation d’une souffrance psychique par un moyen médical, radical et placant entièrementl’individu sous la dépendance d’un geste technique de démarquage-remarquage du corps. Laconfirmation par l’autre (chirurgien) de l’existence d’une atteinte à réparer, l’en-plus produit parl’opération (même s’il s’agit de retirer) permet la pleine jouissance d’un corps conditionnantl’identité.

2. Le désir de modification chirurgicale, nouvelle réponse sociale ?

On peut s’interroger sur les rapports entre les demandes de modifications chirurgicales et l’offrechirurgicale qui en est faite tant il ne peut y avoir de chirurgies esthétiques ou de transsexualismeconsommés sans intervention chirurgicale. Cela signifie-t-il pour autant que la possibilité tech-nique créé la demande ? Il serait arbitraire de considérer – comme certains l’ont fait (Pauly,1965) – ces requêtes comme un seul tableau iatrogène, pur produit de la médecine techni-cienne moderne et de ses pouvoirs. On peut néanmoins penser que la recrudescence actuellede ces demandes répond quelque peu à l’offre de plus en plus alléchante qui en est faite.Au-delà de la technicité rendue toujours plus performante, il apparaît essentiel de considérerces demandes dans leurs contextes social et culturel. Il reste que le pouvoir de sollicitation,d’incitation à la consommation – directe ou indirecte par la multiplication des émissions, repor-tages ou transmission de personne à personne, par la « média-modernité » (Le Louarn et LeLouarn, 2005) – est grand dans une culture alliant présentation de modèles esthétiques, survalo-risation du corps et rentabilité. Rappelons que le développement de la société de consommationet les mouvements d’émancipation de la femme sont à l’origine d’une véritable industrie dela beauté. Les premières transformations esthétiques s’inscrivent dans ce contexte et illustrentl’engouement pour tout ce qui peut cacher les imperfections et les traces du vieillissement(Glicenstein, 2003). Déjà dès 1926, Suzanne Noël, pionnière dans ce domaine, considère lesinterventions esthétiques comme un véritable « bienfait social » susceptible d’offrir jeunesse et

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beauté tout en permettant de prolonger les possibilités de travail d’une manière inespérée (Noel,1926).

3. Quelles attentes derrière ces demandes de modification chirurgicale ? Seulement unemodification du corps ?

La société actuelle, dite hypermoderne, dans sa dynamique évolutive irrépressible, a engendréde nouvelles requêtes, dicté par de nouveaux cadres et modèles du monde contemporain. Poussépar un idéal hédoniste, le sujet actuel réclame de multiples transformations du corps, visant avanttout à parfaire son intégration sociale. En effet, le corps est devenu à lui seul une identité à cepoint centrale qu’elle peut constituer un facteur d’intégration ou d’exclusion de l’individu dansla société (Le Breton, 1999, 2003a,b). Pris dans cette recherche de normalisation, le sujet tendà gommer toute caractéristique corporelle qui pourrait le stigmatiser et répond dès lors à sonmalaise en cherchant à modifier concrètement son corps.

Le domaine de ces demandes adressées à la Médecine est vaste et hétérogène. Même enlaissant de côté la chirurgie plastique, il existe des situations subjectives et psychologiques trèsdifférentes que l’on aurait tendance à isoler. Pourtant, sur un certain plan, elles participent d’unmême recours à la chirurgie, de la même attente que la transformation du corps entraîne unemodification de soi, de son rapport aux autres, voire même une correction de ce que la nature aimparfaitement réalisé. S’il est évident que la subjectivité du patient qui demande un changementde sexe est différente de celle de la personne qui souhaite se faire refaire le nez, les seins ou lesfesses, il existe, cependant, des points communs dans les attentes et les adresses à la chirurgie.Ces points concernent la certitude qu’un changement de son apparence ou de son « genre », opéréde l’extérieur par technique issue d’une discipline scientifique (la médecine) porteuse de tousles espoirs de domination de la mort et de la souffrance (Clavreul, 1978), rendra conforme à ceque l’on est, devrait être ou aimerait être. Il reste que l’esthétique (le beau) et le changementde sexe (rendre le réel corporel conforme au « vrai » de la représentation psychique) ne sontpas équivalents, le changement de sexe impliquant plus l’identité psychique, corporelle, sociale,politique et culturelle qu’esthétique et comportant, en plus, un caractère d’irrévocabilité.

La société encadre la démarche des requérants en assignant au psychologue (entre autres) desmissions s’interposant entre la demande et le geste chirurgical. Bien que floues, ces missionsont trait à l’évaluation de la demande, à l’évaluation de la personne, au pronostic sur les effetsde l’intervention. Qu’il s’agisse de procédures codifiées (cas du changement de sexe) ou depratiques visant l’intérêt du patient (appréciation des effets négatifs éventuels de l’intervention),ou de précautions contre les risques de recours engagés par des « quérulents processifs », il estrare que le demandeur vienne consulter pour s’interroger sur le sens de sa démarche : les sujetss’affirment sûrs du bien-fondé de leur demande et peu concernés par la consultation. De notrecôté, la tâche est assez déroutante. La relation paraît souvent limitée par la position d’un sujetqui doit en passer par nous pour obtenir un « quitus » lui permettant de réaliser ce qui va annulerl’origine de sa souffrance alors qu’il nous arrive de penser que, précisément, cette demande et lasolution ne sont pas aussi simples qu’on nous l’affirme.

Exemple 1. Ce jeune homme de 21 ans nous est adressé par un ORL, qui fait aussi de la chirurgieesthétique, à la suite d’une demande de modification de certains aspects du visage (forme desyeux). Ce jeune homme, présente par ailleurs une phobie sociale (impossibilité de parler auxautres) et des compulsions. Ces troubles, gênants dans ses rapports avec les femmes et avec sescopains, ont connu une nette aggravation il y a deux ans lors de la mort de son père. Son discours

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atteste de son sentiment de désarroi à cause de son absence de réussite sentimentale : il se sentincapable de parler aux filles ne sachant trop quoi leur dire et en retrait sur les garcons de sonâge qui ont une vie sentimentale et sexuelle qu’il imagine particulièrement diversifiée. Pendanttoute son enfance, il s’est senti différent des autres, est resté dans le giron familial protecteur. Lamort de son père semble l’avoir laissé sans « modèle » pour s’affirmer et en décalage avec lesautres jeunes de son âge. Il imagine que la modification de la forme de ses yeux (qu’il considèrecomme « héritée » de sa mère au visage « asiatique ») permettrait que les filles s’intéressent à lui,viennent lui parler et comblent ce qu’il n’arrive pas à faire avec elles : affirmer sa position. Lacorrection chirurgicale de son visage est, pour lui, le seul moyen de changer sa vie, de modifierce qui le lie à la mère, le trait commun, la féminité dans le réel corporel, mais il lui paraît, enrevanche, très difficile d’envisager une thérapie, qu’il s’agisse de la phobie, de l’affirmation desoi ou de sa position par rapport à la masculinité.

Les modalités nous dérangent parfois aussi : attester qu’une personne ne présente ni pathologieavérée, ni souffrance excessive, ni attentes irréalistes n’est pas aisé mais nécessaire (Aouizerate etal., 2003 ; Castle et al., 2002 ; Clarke et al., 2005 ; Cook et al., 2006 ; Hassan, 2000). Certes, uneposition expertale est toujours possible en mettant en évidence l’absence de pathologie (troubleset personnalité), à partir du moment où l’on exclut l’objet qui motive la consultation (la certitudequ’en changeant le corps dans le réel, le rapport aux autres, la souffrance en sera modifiée).

Exemple 2. Cette patiente de 35 ans est rencontrée à la suite d’une tentative de suicide intervenueau décours d’un épisode dépressif majeur et à la suite d’une séparation sentimentale. Son histoirepersonnelle est extrêmement douloureuse. Elle est issue d’une famille de quatre enfants dont elleest le principal soutien. Son père a abandonné la famille quand elle avait une dizaine d’annéeset les souvenirs qu’elle garde de cette époque sont ceux de la violence physique du père sur lamère et de son alcoolisme. La mère semble présenter des traits psychotiques et la patiente a dûjouer un rôle particulier : aller réclamer régulièrement l’argent chez le père, travailler pour aidersa mère et ses sœurs plus jeunes. Elle mentionne sa haine pour ce père violent, « alcoolique »,« sans envergure » qu’elle devait solliciter et qui cédait devant elle et finissait par donner l’argentnécessaire. Il est mort quelques années avant que nous la rencontrions et elle estime n’avoirressentie aucun chagrin, simplement du « soulagement », voire « une certaine satisfaction ». Ellevit toujours avec sa mère et l’homme idéalisé avec lequel elle avait noué une relation n’a pasvoulu s’engager dans un projet de vie commune. Elle considère qu’elle a toujours eu beaucoupde mal à « intéresser les hommes » et que les quelques relations nouées ont été des échecs, sansdoute à cause de son physique Au bout de quelques temps de thérapie, elle évoque le fait que, unan auparavant, elle avait eu recours à la chirurgie esthétique pour se « faire refaire le nez ». Ellepensait alors que celui-ci, particulièrement disgracieux, était un obstacle à sa rencontre avecles hommes et imaginait qu’une fois son visage transformé, elle serait désirable, intéressanteet aimable pour les hommes. Sur notre demande, mais sans réticence, elle précise aussi qu’elle« avait le nez de son père », ce qui lui déplaisait particulièrement, tant pour des raisons esthétiquesqu’imaginaires puisqu’elle retrouvait le père quand elle se regardait dans une glace. À la suite decette intervention physiquement douloureuse (elle insiste sur la douleur) et techniquement réussie,elle n’avait constaté aucun changement dans l’attitude des hommes et celui avec lequel elle avaitnoué une relation lui disait l’aimer « plus pour le caractère que pour le physique ». L’absence dechangement du regard des hommes avait été une blessure constante associée à l’idée « d’avoirsouffert pour rien » et que rien ne pouvait la rendre désirable par les hommes qu’elle présentaitsouvent dans son discours comme des indécis, peu capables de s’exprimer en privée ou d’agir.Que venait-elle donc demander au chirurgien ? Qu’attendait-elle de l’intervention ? le désir des

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hommes, la modification d’une longue histoire familiale de femmes blessées, marquées par lafolie ou la mort, la transformation de la marque du père en elle ?

Par expérience, nous savons que notre contre-transfert (dans son sens restreint de nos« préjugés » théoriques et subjectifs) est extrêmement actif : spectres de la psychose et de sesperturbations délirantes de l’image du corps, de l’hypocondrie et de son déplacement de la dou-leur sur l’organe malade, de la dysmorphophobie, de l’auto-engendrement ou, plus simplement,de la localisation sur l’allure et le corps représenté de l’insatisfaction et de la douleur d’exister : dela « fatigue d’être soi » (Ehrenberg, 2000) au « corps double de soi », nous sommes subjectivementdans l’inconfort pratique (Kaufmann, 2004 ; Krotenberg et Latouche, 2002).

Le demandeur de modification corporelle chirurgicale vient nous questionner sur notre proprerapport au corps sexué (comme dans la demande de changement de sexe) ou dans ses aspects plusesthétiques (comme dans la demande de chirurgie esthétique).

4. Une corps nouveau, promesse d’une nouvelle existence ?

Ainsi, cette demande faite à la chirurgie semble traduire l’impuissance à admettre la concrétudede la réalité corporelle et signe du même coup l’impossibilité pour le sujet de renoncer à lareprésentation idéalisée de lui-même. En ce sens, de manière de plus en plus radicale, le corpsen vient à se modeler selon l’envie (et non l’inverse) : « le corps n’est plus un destin auquel ons’abandonne, il est un objet que l’on faconne à sa guise. Le rapport de la conscience du sujet à soncorps s’est profondément modifié. L’imaginaire contemporain subordonne le corps à la volonté,il fait du premier un objet privilégié de l’environnement de la seconde » (Le Breton, 2003a,b,p. 162). Poussé par un devoir de bonheur que Bruckner décrit comme tyrannique (Bruckner,2000), le demandeur de modification corporelle chirurgicale s’inscrit comme digne représentantdu sujet hypermoderne, visant par essence à répondre à son malaise existentiel en modifiant soncorps ; promouvant le passage à l’acte chirurgical comme réponse à la souffrance. Dans un telcontexte, en suivant David et al, on peut se demander si ces hommes et ces femmes attendent unesolution qui « n’est plus esthétique mais existentielle dans l’acte chirurgical, comme si celui-cipouvait refaire l’Être et non simplement le corps » (David et al., 2007).

De surcroît, à l‘image de la société hypermoderne dans laquelle il évolue, l’individu contempo-rain, gouverné par l’urgence de l’accomplissement de son désir, est à la recherche d’une solutionradicale, toute prête, l’impliquant à minima : il ne s’agit en aucun cas de prendre le temps des’interroger sur les fondements psychiques du désir. La déficience de la pensée symbolique esttelle que, seule la primauté d’une solution dans le réel, est envisageable (Mormont et al., 1995).Ainsi, par essence, la modification du corps doit s’obtenir sans qu’il faille consentir à un travaild’élaboration psychique coûteux. La solution réclamée ne vise pas un changement psychique, toutau contraire, elle procède d’une opération « concrète sur et dans » le réel. En conséquence, seull’acte chirurgical, concret et tangible, en contournant le conflit psychique, viendrait compenserle manque d’élaboration interne et pourrait permettre le travail de restauration narcissique. À cetégard, selon certains auteurs, une perte d’objet ou sa menace de perte (décès, licenciement, diffi-cultés conjugales. . .) est souvent à la source de la demande de chirurgie esthétique (Lefebvre etHernalsteen, 1990 ; Legouès, 1990). À cette situation de perte ne succèderait pas un authentiquetravail de deuil qui impliquerait un repli narcissique, puis un renoncement à l’objet permettant deréinvestir un autre objet. Les capacités d’élaboration nécessaires à ce travail, par ailleurs porteurtransitoire de souffrance, semblent faire défaut aux demandeurs de chirurgie esthétique mais éga-lement aux demandeurs de changement de sexe (Fautrat, 2001, Lothstein, 1997 ; Oppenheimer,

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1997). Selon Lefebvre et Hernalsteen (1990), les demandeurs de chirurgie esthétique seraientincapables d’élaborer une représentation psychique de l’objet du manque. Ainsi, la chirurgie,acte concret et tangible, viendrait combler ce manque. Dans cette même optique, Selvini (1967)considère que l’inscription d’une représentation douloureuse sur le corps permet d’expulser del’espace psychique les éléments conflictuels et offre l’avantage d’ignorer le caractère douloureuxdu conflit. Ainsi, par le déplacement du conflit psychique sur le réel, le travail de restaurationnarcissique va se faire par le biais du corps. La demande de chirurgie esthétique signerait unedemande de réparation corporelle à défaut de capacités de restauration mentale (Peruchon, 1983).

5. Quel accompagnement psychologique ?

Dans un tel contexte d’économie psychique, l’accompagnement psychologique des deman-deurs de modifications corporelles chirurgicales s’avère délicat tant il suppose d’amener lecandidat à élaborer les fondements de sa démarche, réflexions auxquelles il ne souhaite abso-lument se consacrer. En effet, selon lui, si des solutions chirurgicales toutes prêtes – répondantformellement à la demande – sont proposées, pourquoi s’adonnerait-il à des investigations pous-sées de son désir ? Limité dans l’expression même de sa demande, il se montre cantonné dans unerequête réductrice de laquelle il lui est impossible de se défaire. Embrigadé dans cette représen-tation stéréotypée, un peu comme s’il devait être cet être totalisant et totalisé par sa demande, ilne peut dès lors s’autoriser à exprimer d’autres souffrances.

Le demandeur de chirurgie esthétique comme le transsexuel définit – selon sa propre subjec-tivité – les insuffisances de son corps. La disgrâce est tangible et doit trouver réparation dans lesmains du chirurgien. Centré sur son propre point de vue, le sujet ne peut accepter que sa demandesoit questionnée. Selon lui, il convient uniquement d’enteriner son désir et de le concrétiser grâceà l’intervention chirurgicale. Un tel positionnement nous enseigne combien toute investigationpsychique est – par essence – vouée à l’échec. Et pourtant, le psychologue clinicien est régulière-ment sollicité dans la prise en charge de ces demandes particulières. Il doit questionner, entendreet apprécier un malaise singulier qui ne veut s’appréhender sur la scène psychique.

Nos recherches portant sur la demande particulière, celle de changement de sexe, nous per-mettront d’étayer notre réflexion sur la chirurgie esthétique qui, comme on l’a vu jusqu’à présent,présente de grandes similitudes formelles avec la demande de changement de sexe. Certes, cesdemandes esthétiques et la revendication de transformation radicale du transsexuel ne peuventcomplètement se superposer. Néanmoins, au-delà de leurs différences, dans le processus mêmede la requête similaire qui les caractérise, elles s’en remettent toutes deux à la chirurgie pouratteindre leurs objectifs. Ainsi, nos études sur le transsexuel nous serviront de paradigme réflexif.

Lors de la prise en charge de la demande de changement de sexe, nous nous sommes renduscompte combien le fait même de devoir s’en remettre à un tiers – psychologue – était générateurde dispositions psychiques particulières. Ainsi, par exemple, lors de la phase de diagnostique, ledemandeur de changement de sexe manifeste un blocage défensif de toute élaboration mentaleet se montre imperméable à tout auto-examen de sa demande (Michel et Mormont, 2002). Touteréflexion, toute tentative de compréhension de l’émergence de cette requête est rejetée tant ellesupposerait du même coup de s’interroger sur les fondements psychiques de la demande de chan-gement de sexe. Cette imperméabilité majeure consisterait, défensivement, à empêcher l’autrede questionner la demande mais, plus encore, signerait l’impossibilité d’accéder à ses propresdoutes et angoisses qui accompagnent immanquablement cette démarche singulière. Par ce blin-dage introspectif, il convient dès lors de se protéger des autres mais plus encore de soi même(Michel et Mormont, 2004).

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En outre, lorsque le candidat au changement de sexe rencontre le psychologue afin que celui-ci remette un avis au psychiatre, le transsexuel est littéralement « contraint » de convaincrel’intervenant du réalisme de sa demande. Cette situation lui est particulièrement inconfortablecar il craint le scepticisme de l’intervenant auquel il déclare sa difficulté. Il appréhende d’autantplus de s’ouvrir à d’autres de ses difficultés qu’il se trouve dans un processus d’évaluation faceauquel il cherche avant tout à apparaitre crédible. Son devenir dépend de l’avis et de la décisiondu psychologue. Afin d’obtenir l’adhésion du clinicien à son projet, le candidat au changementde sexe va mobiliser toute son énergie dans cette entreprise de persuasion. Il se montrera, certes,imperméable à tout autoexamen, mais plus encore à tout point de vue qui ne confirmerait pas sonopinion personnelle.

Une fois l’intervention obtenue, le maintien d’une attitude « combattante », qui consiste àconvaincre l’autre, n’est intrinséquement plus nécessaire. Il s’ensuit une relative démobilisationqui laisse le champ libre à une démarche plus réflexive et plus ouverte. Un tel revirement s’observecliniquement : beaucoup de transsexuels abordent plus facilement – et parfois même de faconspontanée – les angoisses, les incertitudes, les craintes qu’ils ont connues, silencieusement, durantla phase de revendication. Ils peuvent revenir sur ces éléments du passé et questionner enfin lesfondements psychiques de leur demande (Michel et Mormont, 2002).

6. Un repositionnement pragmatique indispensable

Au vu de ces constatations, il semble primordial de faire en sorte que le candidat à toutemodification corporelle chirurgicale ne soit pas contraint de convaincre l’autre du réalisme desa requête. En effet lorsqu’il est engagé dans cette entreprise d’adhésion à son projet, touteintrospection, tout doute intérieur, toute mise en question de sa demande, doivent dès lors êtreécartés. En ce sens, en laissant au sujet la responsabilité du choix de sa solution, on peut supposerque le sujet pourra ainsi davantage mobiliser son énergie à s’interroger sur les raisons profondesqui l’amènent à formuler une telle demande de transformation. En quelque sorte, le sujet pourraitalors se dégager de sa position de combativité (convaincre l’intervenant) et retrouver dès lors unecertaine autonomie psychique qui lui permettrait de faire un choix librement.

Ainsi, d’un point de vue pragmatique, en se montrant aussi peu critique que possible faceà la réalisation ou non de l’intervention chirurgicale, le psychologue rendra plus libre l’accèsà la propre réalité de son patient. En ce sens, le principe même de l’intervention chirurgicaleserait acquis et ne devrait donc plus être négocié ; le sujet de demandeur qu’il était deviendraitl’acteur de sa confrontation à la réalité sociale ; il ne dépendrait plus des intervenants que pourl’exécution concrète du changement anatomique ; il retrouverait une certaine liberté de choixpuisqu’il ne serait plus confiné dans une attitude de revendication, ni contraint à convaincre lesautres. Maintenant qu’il aurait symboliquement la possibilité de recourir à cette intervention, ils’ensuivrait une relative démobilisation, une certaine forme d’autonomie psychique qui laisseraitainsi le champ libre à une démarche plus réflexive et plus ouverte, permettant d’accéder davantageà sa propre réalité. C’est précisément dans ce contexte que le travail du psychologue clinicien prendtout son sens et toute sa légitimité, il permet d’accompagner le travail d’élaboration portant surles conditions psychiques de l’émergence de la demande ainsi que sur les aboutissants inévitablesd’une pareille intervention.

Au-delà même de ce positionnement thérapeutique qui nous semble aujourd’hui essentield’adopter dans ce type de demande, il convient de s’interroger sur la place du psychologue face àla chirurgie transformatrice. Quel accompagnement psychologique de ces demandes peut il êtreproposé ? Finalement face à l’enjeu, le sujet semble se réfugier dans une position de passivité

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et de dépendance qui lui permet de ne pas affronter réellement le problème et mettre l’autre endemeure d’agir à sa place. Où se situe la demande ? Elle n’est certes pas adressée au psychologuecomme on a pu le voir. Il n’empêche qu’il constitue dans bien des cas un passage obligé auquelil convient de se soumettre. Elle n’est pas une demande d’écoute mais davantage une demanded’intervention, de reconnaissance d’une souffrance qui se donne à voir à travers le corps.

Ces diverses prises en charge soulèvent des problèmes éthiques essentiels puisqu’ils concernentles conditions et plus encore les limites de notre intervention, en tant que spécialistes, sur quelquechose d’aussi central que l’identité corporelle. Quel droit (ou quel devoir) avons-nous de nousinterposer entre la demande de changement et la possibilité chirurgicale d’y répondre ? La questiondoit alors être formulée autrement et consiste à se demander si le droit de disposer librement desoi-même – et de son corps – implique que les autres soient obligatoirement requis à ratifier, en tantque tiers, que représentant du social, l’usage individuel qui est fait de ce droit. . . : la revendicationde l’individualité se ferait-elle par perte des espaces sociaux, c’est-à-dire par refus du tiers.

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