Upload
others
View
1
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Un Peuple - Un But – Une Foi
MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DU PLAN
DIRECTION GENERALE DE LA PLANIFICATION ET DES
POLITIQUES ECONOMIQUES
DIRECTION DE LA PREVISION ET DES
ETUDES ECONOMIQUES
METHODOLOGIE D’ELABORATION D’UN INDICATEUR
DE CONFIANCE DES MENAGES
DPEE/DSC @Juin 2015
Indicateur de confiance des ménages DPEE/DSC @Juin 2015 2
Sommaire I. INTRODUCTION .......................................................................................................................... 3
II. METHODES DE CONSTRUCTION D’UN INDICATEUR SYNTHETIQUE DE
CONJONCTURE .................................................................................................................................. 4
II.1 L’approche quantitative ............................................................................................................. 4
II.2 L’approche qualitative ............................................................................................................... 6
III. ELABORATION DE L’INDICATEUR DE CONFIANCE DES MENAGES POUR LE
SENEGAL .............................................................................................................................................. 6
III.1. Présentation .............................................................................................................................. 6
III.2. Questions de base de l’indicateur ICM ................................................................................. 7
III.3. Calcul de l’indicateur de confiance des ménages .............................................................. 8
III.4. Pratiques internationales ........................................................................................................ 8
ANNEXES : QUESTIONNAIRE D’ENQUETE ............................................................................... 10
Indicateur de confiance des ménages DPEE/DSC @Juin 2015 3
I. INTRODUCTION
Les enquêtes conjoncture ont pour objet de recueillir l’opinion les agents
économiques sur la situation socioéconomique actuelle et sur les perspectives
d’évolution. Elles fournissent une vaste information qualitative, riche en
enseignement en un temps réduit. En effet, les questionnaires qui les sous tendent
sont souvent légers permettant une collecte et un traitement rapide de l’information.
Ces types d’enquêtes devancent, ainsi, la statistique classique lorsque les deux
outils portent sur le même objet. Cette rapidité est, au demeurant, une condition sine
qua non pour que les enquêtes de conjonctures puissent fournir des informations
susceptibles de jouer le rôle d'indicateurs avancés.
L’interprétation des réponses d’une enquête d’opinion (notamment sur des réponses
trichotomiques) est souvent effectuée sur la base de soldes d’opinions. Celles-ci
désignent la différence entre le nombre de réponses positives et le nombre de
réponses négatives à une question. L’évolution d’un solde d’opinion peut être
considérée comme significative des changements de tendances intervenus ou
probables dans l’évolution de la grandeur réelle considérée. En effet, « il existe une
liaison linéaire à coefficients constants, entre le solde des réponses et les variations
de la grandeur à étudier »1. Cela justifie, en partie, l’utilisation des indicateurs
d’opinion dans le diagnostic et la prévision économique à court terme.
L’information contenue dans une enquête de conjoncture est souvent très diversifiée.
Il est utile de la résumer en une statistique unidimensionnelle. Il s’agit alors de
construire un indicateur synthétique sur la base des principaux soldes issues de
l’enquête. L’indicateur synthétique de conjoncture est supposée capable de décrire le
mouvement conjoncturel dans un ou plusieurs secteurs d'activité économique voire
dans l'ensemble de ceux-ci. C’est une grandeur mesurable à partir des données de
terrain et dont l’interprétation permet d’établir un diagnostic sur un effet étudié.
L’indicateur de conjoncture doit être robuste, fiable, précis, capable de refléter les
variations de ce qu’il est censé résumer. Il doit être également compréhensible et
simple d’utilisation. Enfin, l’indicateur synthétique doit être calculable par intervalles
de temps réguliers.
1 Michel Fansten (1976), “Introduction à une théorie mathématique de l’opinion”, Annales de l’INSEE, No. 21
(Jan. – Mar., 1976) PP. 3 - 55
Indicateur de confiance des ménages DPEE/DSC @Juin 2015 4
Le présent document décrit une méthodologie d’élaboration d’un indice de confiance
(ICM) des ménages sénégalais (partie 2) et présente le questionnaire qui sous-tend
le calcul de cet indicateur (annexes). Auparavant, une brève revue des approches de
construction d’indicateurs synthétiques de conjonctures est présentée dans la
première partie.
II. METHODES DE CONSTRUCTION D’UN INDICATEUR
SYNTHETIQUE DE CONJONCTURE
Plusieurs travaux se sont penchés sur l’élaboration d’indicateurs composites
capables de traduire l’évolution d’une partie et/ou de l’économie toute entière.
Toutefois, la littérature sur les méthodes utilisées est peu diversifiée. Globalement,
on peut distinguer les méthodes quantitatives de celles qualitatives.
II.1 L’approche quantitative
Elle est la plus utilisée. Elle est statistique et économétrique et permet, à partir d’un
ensemble d’informations rapidement disponibles, d’obtenir une valeur dont l’évolution
reflète celle de l’activité ou d’une grandeur considérée. On peut retenir trois
méthodes quantitatives de construction d’indicateurs synthétiques de conjonctures.
Une combinaison linéaire d’indicateurs non composites
La philosophie générale de cette méthode est de disposer d’une démarche simple et
rapide qu’on peut mettre en œuvre quel que soit le jeu de variable dont on dispose.
Elle a été par initiée par le Bureau Fédéral du Plan (BFP), en Belgique.
La combinaison linéaire d’indicateurs avancés non composites a été appliquée par
l’Association Suisse pour l’Approvisionnement et l’Achat (ASAA) et le Crédit Suisse
pour élaborer un indicateur composite du climat des affaires (Purchasing Managers
Index) basée sur les soldes d’opinion d’une enquête mensuelle de conjoncture dans
l’industrie suisse. La banque nationale de Belgique publie également un indicateur
synthétique, « l’indicateur de confiance des chefs de ménages belges » sur des
soldes d’opinion issus d’une enquête mensuelle de conjoncture dans l’industrie
manufacturière, la construction, le commerce et les services. A ce niveau, la
démarche adoptée est de calculer une moyenne arithmétique simple des soldes
d’opinion corrigés des variations saisonnières, pondérés et agrégés pour les
principales branches d’activité.
Indicateur de confiance des ménages DPEE/DSC @Juin 2015 5
La méthode de Doz et Lenglart
Doz et Lenglart (1999) ont proposé une méthode, basée sur l’analyse factorielle, qui
permet de résumer l’information contenue dans plusieurs variables dans un nombre
plus limité de variables sous jacentes. Ces dernières, inobservables, sont appelées
facteurs communs et sont construites à partir de combinaisons linéaires des
variables initiales.
La méthode de Doz et Lenglart a été appliquée par l’INSEE sur les données de
l’enquête mensuelle d’activité réalisée dans l’industrie. Les soldes d’opinion des
réponses à six questions, sur la période mars 1976 - mars 1997, ont été utilisés.
L’indicateur avancé composite construit permet de mesurer le climat général des
affaires. Il est publié par l’INSEE depuis juin 2000. La même méthode a été aussi
employée par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour
construire un indicateur synthétique de conjoncture basée sur les variables de
l’enquête mensuelle de conjoncture au niveau des pays de l’UEMOA. Elle a été
appliquée sur les soldes d’opinions au niveau de l’UEMOA sur la période 1997-2000.
L’avantage de la méthode de Doz et Lenglart est qu’elle a un fondement scientifique
rigoureux, la démarche est bien structurée et permet de juger la qualité des résultats
obtenus.
La principale critique à la méthode est qu’elle ne peut conduire à un seul indicateur
que si les données sont fortement corrélées. Aussi, sa mise en œuvre requiert
l’utilisation de logiciels statistiques pour faire l’analyse factorielle, les régressions et les
tests d’hypothèses.
La méthode employée par la banque de France
La banque de France publie depuis février 2000 dans son bulletin et dans la note
d’analyse des résultats de l’enquête mensuelle de conjoncture un indicateur
dénommé « Indicateur Synthétique Mensuel de l’Activité de la banque de
France (ISMA) ». Il s’agit d’un instrument de projection de l’activité, à fréquence
mensuelle. La méthode utilisée repose sur une analyse en composantes principales
(ACP) qui résume l’information contenue de façon diffuse dans les variables de
l’enquête de conjoncture.
Indicateur de confiance des ménages DPEE/DSC @Juin 2015 6
Les contraintes de la méthode sont liées au fait que le nombre de facteurs
significatifs issus de l’ACP est important lorsque les données utilisées sont peu
corrélées, ce qui peut entrainer un choix des facteurs les plus pertinents et, par suite,
une perte d’information. Une méthode similaire est utilisée par la Caisse des Dépôts
et Consignations Française (CDC) pour construire un indicateur avancé de
conjoncture puis reprise par la Direction de la Politique Economique Générale au
Maroc dans un «essai de mise en place d’un indicateur synthétique de conjoncture».
II.2 L’approche qualitative
S’agissant de l’approche qualitative, elle s’articule essentiellement autour de la
méthode de construction d’un indicateur probabilistique de retournement.
En effet, une difficulté pour appréhender un indicateur avancé vient du fait que deux
erreurs sont possibles : le risque de faux signal et le risque de signal manquant. Une
voie consiste à ne pas se contenter du signal instantané de l’indicateur avancé mais
de traiter de façon probabilistique ce signal pour inférer une probabilité de
retournement de cycle de référence. Le retournement conjoncturel est défini comme
un changement de régime, une discontinuité entre deux états. L’indicateur de
probabilité de retournement obtenu ne sera pas simplement binaire, elle augmentera
en intensité à l’approche du changement de régime. Le signal du retournement sera
effectué au franchissement d’un certain seuil de probabilité.
L’existence d’une variable latente traduisant l’état de la conjoncture sous-tend la
plupart des modèles utilisés (Gregoir & Lenglart. (2000), Baron et alii (2002)). En
outre l’hypothèse que les enquêtes de conjoncture fournissent une information sur
l’état actuelle de la conjoncture est faite.
III. ELABORATION DE L’INDICATEUR DE CONFIANCE DES
MENAGES POUR LE SENEGAL
III.1. Présentation
Dans le cadre de l’amélioration des dispositifs de suivi de la conjoncture économique
et sociale, la Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE)
entreprend de mesurer la confiance des ménages sénégalais, à travers un indicateur
composite. L’indice de confiance des Ménages (ICM) initié par la DPEE, est un
instrument conjoncturel qui permet d’évaluer le « moral des ménages sénégalais ». Il
Indicateur de confiance des ménages DPEE/DSC @Juin 2015 7
synthétise, en une variable unique, l’opinion de ces derniers sur leur situation
personnelle et sur l’environnement économique d’ensemble du pays. Il s’agit de mesurer
la perception de la conjoncture par les ménages, indépendamment de l’élaboration des
indicateurs macro-économiques quantitatifs (prix, chômage, épargne, etc.). Les
informations sur le comportement de consommation actuel des ménages, ainsi que sur
leurs anticipations de consommation et d’épargne sont prises en compte.
L’indicateur est calculé sur la base des soldes d’opinions issues des réponses de
l’Enquête mensuelle de perception de la Conjoncture par les Ménages (EPCM). Celle-ci
est organisée par la DPEE depuis 2008 sur un échantillon de 480 ménages des
départements de Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque. D’une part, les questions de
l’EPCM concernent les cinq plus importants postes du budget de consommation des
ménages retenus à partir de l’enquête sur les dépenses des ménages de la capitale
(EDMC, 2008). D’autre part, les questions sont relatives au bien-être passé et futur au
Sénégal, à la situation financière passée et future des ménages, à la perspective de
chômage, à l’opportunité de faire des achats importants (meubles, matériels
électroniques, etc.) et à la capacité actuelle et future à épargner.
III.2. Questions de base de l’indicateur ICM
L’indicateur est élaboré sur la base des soldes d’opinion émanant des questions
qualitatives qui concernent:
- Le bien-être passé au Sénégal ;
- le bien-être futur au Sénégal ;
- les perspectives d’évolution de l’emploi dans le ménage;
- l’opportunité de faire des achats importants ;
- les dépenses alimentaires ;
- les dépenses de santé ;
- les dépenses d’éducation ; et
- la capacité à épargner actuelle et dans le mois à venir.
Le solde d’opinion calculé pour chaque question est la différence entre les pourcentages
des réponses positives et négatives. Les réponses neutres ne font pas partie du calcul.
Solde = %réponses positives - % réponses négatives
Indicateur de confiance des ménages DPEE/DSC @Juin 2015 8
III.3. Calcul de l’indicateur de confiance des ménages
L’indicateur de confiance des ménages décrit, en une seule variable, les soldes d’opinion
sélectionnés.
Une moyenne pondérée des soldes d’opinion sélectionnés est d’abord calculée ;
permettant d’obtenir la variable ; avec
.
A défaut d’informations sur l’importance relative de chacune des questions de base dans
la confiance de ménages, les scores relatifs seront tous égaux ( ). Par
conséquent, l’indice synthétique devient une moyenne arithmétique simple des différents
soldes.
Par ailleurs, pour réduire les biais relatifs à l’optimisme ou le pessimisme des réponses
aux questions de l’enquête et faciliter les comparaisons, la variable MP est centrée et
réduite.
; où µ est la moyenne de MP et son écart-type.
Par la suite, ICM est obtenu en effectuant la transformation suivante :
.
Autrement dit, la moyenne de l’ICM est normée à 100 et son écart-type à 10. Cette
transformation permet d’interpréter plus facilement la valeur prise par l’ICM. En effet, si :
- si ICM > 100, alors la confiance des ménages est favorable car supérieure à sa
moyenne de long terme;
- si ICM < 100, alors la confiance des ménages est défavorable (inférieure à sa moyenne
de long terme).
En définitive, la confiance des ménages est d’autant meilleure que l’ICM a un niveau
élevé.
III.4. Pratiques internationales
Plusieurs pays à travers le monde produisent des indicateurs de confiance des
ménages, basés sur les résultats d’enquête de conjoncture. L’indice de confiance le
plus connu est celui de l’Université de Michigan (Index of Consumer Sentiment). Il
est calculé depuis 1940 et est basé sur une enquête mensuelle effectuée auprès de
500 ménages américains. D’autres pays tels que la France, l’Italie ou le Japon ont
commencé à élaborer un tel indice depuis les années 80.
Indicateur de confiance des ménages DPEE/DSC @Juin 2015 9
Tableau 1: Quelques exemples d'enquêtes de conjoncture auprès des ménages
Pays Date de début
Périodicité Taille de
l'échantillon
Nombre d'indicateurs dans
l'indice de confiance
France 1987 Mensuelle 3300 5
Italie 1980 Mensuelle 2000 9
Etats-Unis (Université du Michigan) 1940 Mensuelle 500 5
Maroc 2007 Trimestrielle 3000 7
Japon 1987 Trimestrielle 5040 5
Turquie 2002 Mensuelle 1550 5
Mexique 1997 Mensuelle 2330 5
Sénégal 2014 Trimestrielle 480 5
Indicateur de confiance des ménages DPEE/DSC @Juin 2015 10
ANNEXES : QUESTIONNAIRE D’ENQUETE
Question 1 (niveau de vie passé)
- A votre avis, au cours des douze derniers mois, le niveau de vie au Sénégal
s’est :
Nettement amélioré (+)
Peu amélioré (+)
resté au même niveau
Quelque peu dégradé (-)
Dégradé (-)
Question 2 (niveau de vie futur)
- A votre avis, au cours des douze prochains mois, le niveau de vie au Sénégal
va :
Nettement s’améliorer (+)
Un peu s’améliorer (+)
Resté au même niveau
Quelque peu se dégrader (-)
Se Dégrader (-)
Question 3 (chômage)
- Pensez-vous que durant les douze prochains mois, le nombre de chômeurs
va :
Fortement augmenter (+)
Un peu augmenter (+)
rester au même niveau
Diminuer un peu (-)
Fortement diminuer (-)
Question 4 (capacité d’épargne actuelle)
- Laquelle des affirmations suivantes vous semble décrire le mieux la situation
financière actuelle de votre ménage ?
Indicateur de confiance des ménages DPEE/DSC @Juin 2015 11
Vous arrivez à beaucoup épargner (+)
Vous arrivez à épargner un peu (+)
Vos revenus couvrent juste vos dépenses
Vous tirez un peu sur vos réserves (-)
Vous êtes en train de vous endetter (-)
Question 5 (capacité d’épargne future)
- Pensez-vous réussir à épargner au cours des trois prochains mois ?
Oui, certainement (+)
Oui, peu être (+)
Non, probablement pas (-)
Non, certainement pas (-)
Question 6 (opportunité d’achat)
- Pensez-vous faire des achats importants (meubles, électroménagers, matériel
électroniques ou informatiques, etc.) sur les trois mois à venir ?
Oui, le moment est plutôt favorable (+)
Le moment n’est ni favorable, ni défavorable
Non, le moment est plutôt défavorable (-)