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Seuil poursuit sa route !
Depuis notre dernier numéro
des Nouvelles en octobre 2015,
nous avons progressé sur notre
difficile chemin.
La réflexion conduite par le
Conseil d’administration sur nos
objectifs à trois ans a abouti aux
principales orientations qui vous
sont présentées page suivante.
Parallèlement à la définition de
ces plans d’avenir, nous avons
bien sûr mené des actions
à effet plus immédiat.
Nous avons modernisé notre
site internet et y avons introduit
la possibilité d’opérer des dons
en ligne : faites-y donc un tour
(www.assoseuil.org) et usez
de cette nouvelle possibilité !
Nous avons activement
collaboré à l’organisation de
l’exposition qui aura lieu cet été
à l’abbaye de Conques. Ce sera
aussi l’occasion de donner la
parole aux jeunes qui ont
marché avec Seuil.
Nous avons poursuivi
les échanges de réflexions
avec nos homologues européens
du réseau « BA Network » :
une excellente opportunité
pour Seuil de faire le bilan
de son expérience. Nous
relaterons ces échanges dans un
prochain numéro.
édito
L’assemblée générale annuelle
de Seuil se réunira le 25 juin ;
elle sera l’occasion de faire
le bilan détaillé de notre activité,
de produire les comptes annuels
et puis, le mandat des
administrateurs actuels venant
à échéance, de désigner
un nouveau conseil
d’administration.
Nous comptons sur votre
présence et sur votre soutien !
L’équipe de Seuil
Au cours de l’an dernier,
32 jeunes ont marché avec Seuil,
pour un total de 1 464 jours de
marche.
Sur cette base, l’ambitieux
programme de développement
qui nous motive, nous le
mènerons à bien, grâce à notre
équipe salariée, grâce à tous les
bénévoles qui œuvrent pour
Seuil, grâce aux mécènes qui
nous soutiennent, et grâce aux
adhérents qui permettent
à notre association de vivre.
Le trajet suivi par nos marches à travers l’Espagne
2
1. En premier lieu : consolider notre organisation. Pour ce faire, il fallait
renforcer notre équipe permanente : une seconde « responsable
de marches », Marina Ferrari, avait été recrutée en août 2015 ;
elle complète avec succès l’action d’Anthony Bigot dans le suivi des
marches, ses interventions étant grandement facilitées par sa localisation
permanente en Espagne. Par ailleurs, après un premier essai infructueux,
nous avons recruté en janvier 2016 une nouvelle secrétaire-comptable
à temps partiel : Chanrotha Sim apporte désormais un soutien précieux
à l’administration de notre association. Bienvenue à toutes deux !
2. Faire face à une demande croissante, améliorer la qualité de l’assistance
auprès des jeunes sont autant de préoccupations qui impliquent
d’augmenter chaque année notre capacité à lancer davantage de
marches : aujourd’hui nous sommes en mesure d’organiser 25 à
30 marches par an, pour environ 1.500 jours de marche effectifs.
Nos objectifs vis-à-vis des administrations dépassent 2.000 jours par an,
et il serait éminemment souhaitable de pouvoir doubler ce rythme dans
les trois ans qui viennent.
3. Cet objectif ô combien ambitieux pose d’abord un problème financier :
comme nos adhérents le savent, le prix de journée versé par
l’administration ne couvre pas les 350 €/ jour nécessaires pour
fonctionner. L’apport des dons et du mécénat est donc indispensable à
notre survie et à notre développement. Depuis plusieurs années, des
fondations nous soutiennent : la Fondation Blancmesnil, la Fondation
Lemarchand, la Fondation de France, la Fondation Neuvoies. Récemment
encore, deux nouvelles fondations ont décidé de nous aider : la
Fondation Caritas et la Fondation Yara LNC. Qu’elles en soient une
nouvelle fois remerciées ! Mais d’autres soutiens nous sont nécessaires.
4. Idée ancienne, l’accroissement d’activité ne se fera pas sans développer
progressivement un « réseau Seuil » en régions. Le Conseil en a défini
les principales étapes : le premier pas consistera à former le plus
largement possible un réseau de correspondants bénévoles, si possible
constitués en équipes d’au moins deux personnes par région, dont
la mission sera vaste : entretenir les contacts les plus étroits possibles
avec les administrations en charge des jeunes qui nous occupent (ASE et
PJJ), intensifier la communication auprès du grand public, élargir le cercle
de nos adhérents, seconder la recherche des jeunes, et renforcer la
recherche des accompagnants. Près de trente bénévoles se sont déjà
manifestés auprès de nous pour apporter leur aide dans cet esprit.
Nous allons pouvoir maintenant donner très rapidement suite à leurs
offres de disponibilité. N’hésitez pas à nous contacter pour
rejoindre ces équipes !
5. Pour mener ces actions, nous avons décidé le recrutement d’un
responsable de la collecte de fonds et de la communication, qui sera
chargé d’assurer et développer les liens avec nos mécènes, prendre
en charge la communication de Seuil auprès du grand public et,
en liaison avec notre directeur Paul Dall’Acqua, animer le réseau
de correspondants Seuil.
Un programme ambitieux
Fraîchement retraité de la Protection Judiciaire de la Jeunesse où il a commencé comme éducateur
et terminé comme directeur des Hauts de Seine, Paul s’est un jour présenté à Seuil, poussé par la curiosité
de connaître cette OVNI qui surgissait dans l’univers un peu fermé des associations prenant en charge
des adolescents.
Il ne pouvait pas tomber mieux. Nous pataugions, pleins de bonne volonté et vides de savoir dans
ce domaine. Il a été tout de suite le guide qui nous a éclairé, d’abord dans le vocabulaire abscons qui est
le propre de toutes les administrations. Puis il a fait un pas de plus en demandant à accompagner un jeune ou
prendre une responsabilité de marche. Lorsque enfin, nous nous sommes séparés d’un directeur embauché
à la suite d’une erreur de casting, il s’est proposé comme directeur bénévole.
Portraits des acteurs de Seuil
Paul Dall’Acqua, directeur de l’Association
Le site internet de Seuil
fait peau neuve .
Seuil grandit et se professionnalise en grande partie grâce à celles et ceux
qui font le choix d’offrir gracieusement leurs compétences. C’est ainsi qu’est
née une belle collaboration entre l’association et l’agence Adfinitas qui
s’est mobilisée pour embellir et moderniser notre site internet.
Nous tenons à remercier
chaleureusement toute l’équipe
d’Adfinitas pour leur soutien
constructif et bienveillant, en
particulier, Héloise Temps, Audrey
Peeters, Lucas Ghionna, Anne-Laure
Goussot, Martin Desrumaux et
Arnaud Masselin.
Au-delà de son apparence plus
dynamique, le site est à présent
accessible sur tous supports
(smartphones/tablettes), sa gestion
est réactive et un module de don
en ligne sécurisé a été créé.
Un an de travail main dans la
main pour un résultat qui, nous
l’espérons, vous plaira autant
qu’aux bénévoles qui l’ont conçu.
Sans Paul Dall’Acqua, Seuil serait
encore une association
embourbée dans le marigot
des associations pratiquant
« la rupture ».
Son professionnalisme fait
merveille. Il faut le voir et
l’entendre dans un entretien
avec un jeune coincé, méfiant,
voire hostile. En quelques mots,
Paul sait ouvrir la boite dans
laquelle le ou la jeune s’était
barricadé. Sans doute son allure
sportive (il lui arrive d’aller
quand il en a le temps, visiter un
camp de base dans les Everest)
et son physique de boxeur
mettent-ils en confiance ces
jeunes qui repoussent les
bouées qu’on leur jette mais
acceptent certaines mains
tendues.
Sans cesse en mouvement —
il habite Rennes mais navigue
entre la Bretagne, Paris et les
prisons de jeunes où il
rencontre des ados incarcérés
— il fait partie de ces retraités
qui, parfois, sont plus actifs et
passionnés que durant leur
carrière professionnelle.
3
www.assoseuil.org
Être accompagnant, c’est entrer en résonance avec soi et avec l’autre. C’est l’acte éducatif à l’état pur.
C’est une action résiliente par excellence.
L’accompagnant(e), c’est le cœur même du projet. C’est lui, c’est elle, qui va lui permettre de vivre,
de respirer, d’avancer et au jeune de « franchir la ligne d’arrivée », si lointaine et si porteuse d’espoir
qu’elle soit, à Séville, Roncevaux, Irun ou Porto.
Être accompagnant, c’est s’engager dans une aventure physique – 1600 à 1900 km en marchant, sac à dos,
par tous les temps, en toutes saisons, sur les chemins d’Espagne ou d’Italie, avec le soutien indéfectible
de l’équipe éducative de Seuil.
Accompagnant pour Seuil,
le plus beau des « boulots »
de la planète éducative !
Être accompagnant, c’est
l’histoire d’un duo qui se
construit avec un jeune souvent
en souffrance, en manque
de repères. C’est une histoire
de complicité gagnée jour après
jour, de partage de tous
les instants, de colère, de
dispute, de bonheur, d’émotion,
de solitude. C’est surtout une
formidable aventure humaine,
faite d’une multitude de
rencontres, bienveillantes,
amicales, chaleureuses, qui vont
contribuer à reconstituer
le capital confiance de
l’adolescent/e.
Être accompagnant, c’est
découvrir au moment de la fête
de retour, dans les yeux du
jeune, de ses parents, de ses
frères et sœurs, la fierté d’avoir
réussi ce défi qui paraissait
presqu’insurmontable.
Faut-il être éducateur pour être
accompagnant ?
Pas nécessairement, même si
les compétences d’un éducateur
sont évidemment un atout.
Néanmoins, comme un
comédien au théâtre,
l’accompagnant-éducateur doit
entrer sur la scène du chemin
avec la légèreté et la fluidité
d’un candide, en laissant ses
« techniques » d’éducateur en
coulisse, pour être avant tout,
un homme, une femme cadrant,
patient, disponible, attentif, dans
l’écoute et l’empathie.
4
Seuil cherche des accompa-
gnant(e)s, salarié(e)s.
Si vous ou un(e) de vos
proches ressemble à ce
portrait, et veut relever ce
beau défi, dites le !
C’est important, car à Seuil,
pas d’accompagnant(e), pas
de marches !
Annonce de recrutement d’accompagnants
5
Cette année nous aurons la joie d’accueillir dans l’abbatiale de Conques, une
exposition sur votre Association Seuil. Elle nous tient beaucoup à cœur parce que
le projet de Seuil est en grande cohérence avec ce qui se vit chez nous.
En effet, notre village est l’une des principales étapes du chemin de Saint Jacques
de Compostelle au départ du Puy en Velay. Tout au long de l’année, nous avons
la joie d’accueillir pèlerins et marcheurs au long cours. Parmi eux, beaucoup
vivent cette marche habités par une quête intérieure, un passage à franchir, une
page à tourner ou une libération à recouvrer. Nous sommes ainsi toujours
heureux de voir passer nos amis d’Oikoten qui a inspiré les marches Seuil.
Mais le lien avec la démarche de Seuil est plus profond. Depuis le haut Moyen-
âge, on vient à l’abbatiale de Conques en pèlerinage vénérer Sainte Foy, petite
martyr d’Agen en 303, réputée y accomplir des miracles, et en particulier délivrer
les prisonniers.
Aux alentours de l’an Mille, Bernard d’Anger, universitaire réputé à l’époque, écrit
dans son livre des miracles (1013) : « Le genre de prodiges le plus familier à
Sainte Foy, celui qui a donné à son nom une célébrité universelle, c'est la
délivrance des prisonniers qui ont recours à son assistance ». Cette tradition est
inscrite dans l’architecture même de l’abbatiale : à travers son fameux tympan où
sont sculptées des chaines de prisonniers offertes en « ex voto » et ses grilles de
fer forgé (XIIème s.) réalisées avec ces même chaines. Plutôt que de lire ces
histoires seulement comme des choses du passé, n’est-il pas plus intéressant d’y
voir une invitation à faire de Conques un lieu qui œuvre pour la libération des
prisonniers ? Notre monde a bien besoin de libération. Derrière cette thématique,
il y a bien sûr les prisons officielles et la difficile question de la réintégration dans
notre société des personnes détenues, mais il est bien d’autres enfermements :
victimes des prises d’otages, prisons psychiques et intérieures…
A travers ses « marches de rupture », Seuil, qui œuvre pour la libération par la
marche, de jeunes enfermés dans des situations inextricables, trouve ainsi sa
place tout naturellement à Conques. En outre, l’enjeu est d’importance dans la
situation actuelle où notre pays semble tenté par une politique de l’enfermement
et du repli sur soi. La manière dont un pays sait s’occuper de sa jeunesse en
difficulté est sans doute révélateur de sa grandeur et de son avenir.
f. Pierre-Adrien - Abbaye Sainte-Foy de Conques
Du 8 juillet
au 9 octobre 2016,
Seuil s’expose
à Conques !
Contactés pour réaliser
dans l’Abbatiale de Conques
une exposition présentant
nos activités, nous avons
mis en avant notre caractère
totalement a-confessionnel
et laïc.
Pour les raisons qu’il expose
ci-contre, le frère Pierre-Adrien,
en charge du projet à l’abbaye
de Conques, nous a rassurés :
cette laïcité revendiquée n’est
pas un obstacle pour l’abbaye.
Nous avons ainsi accepté cette
belle opportunité de parler
de nous à un public nombreux :
plusieurs centaines de milliers
de visiteurs et 30.000
marcheurs chaque année.
Quelle belle occasion donnée
aux jeunes marcheurs de Seuil
de faire part de leur expérience !
Durant tout l’été 2016, huit
grands panneaux présenteront
notre association sous les voûtes
de l’abbatiale. Des photos prises
par nos jeunes marcheurs,
des vidéos et des films seront
également projetés dans
une salle attenante.
Il est prévu que David
Le Breton, auteur notamment
de « Eloge de la marche »,
et Bernard Ollivier, y donnent
une conférence le jour
de l’inauguration,
le 8 juillet prochain.
Une raison supplémentaire
de passer cet été à Conques,
ce magnifique village médiéval
classé parmi les plus beaux
villages de France,
et d’y contempler l’admirable
abbatiale romane Sainte-Foy,
son célèbre tympan ainsi que
les vitraux de Pierre Soulages !
L’Assemblée générale
annuelle de Seuil aura lieu
le samedi 25 juin 2016
à 10h30, au siège de
l’association : 31 rue
Planchat – 75020 Paris.
Seuil existe et se développe grâce à la générosité de ses adhérents et donateurs. Vous pouvez nous soutenir soit par don en ligne sécurisé sur le site www.assoseuil.org, soit par chèque à l’ordre de Seuil, envoyé à l’adresse ci-dessous. Un reçu fiscal adressé par retour accompagnera nos remerciements.
SEUIL
31 rue Planchat 75020 Paris
Tél. 01 44 27 09 88 - Fax. 01 40 46 01 97
e-mail : [email protected]
site internet : www.assoseuil.org
ACTUALITÉS
Après la trilogie « longue marche » de
Bernard Ollivier (éditions Phébus), voici
« Longue marche, suite et fin », en
collaboration avec sa compagne
Bénédicte Flatet. Parution le 11 mai 2016.
Présentation au Festival des Etonnants
Voyageurs de Saint-Malo (14 au 16 mai)
avec participation des auteurs.
Décès de Bertrand Martineau
De nombreux adhérents nous rejoignent mais cela n’atténue pas notre
peine quand l’un d’eux nous quitte. Bertrand Martineau a rendu sa belle
âme ce printemps. Il était un adhérent de la première heure, passionné par
notre action et avait acheté une grange en Espagne qu’il souhaitait aménager
et mettre à la disposition de Seuil en guise de gîte pour les marcheurs.
Toutes nos condoléances à sa famille et à son fils Alexandre.
Maxime (*) – 17 ans et 7 mois. A terminé sa marche en avril 2016. Voici ce qu’il
écrivait le samedi 27 février, à Fisterra, pendant sa journée de repos :
« Là, je ne sais pas comment je pourrais l’expliquer, mais je suis rentré en résonance avec
moi-même. Les rafales de vent que je me prenais en pleine face venaient de la droite et
fouettaient mon visage. Je les ai prises comme des baffes que la vie me donnait pour
toutes les conneries que j’avais faites et toutes les fautes que j’avais pu commettre. C’était
comme pour me rappeler tout çà, respirant uniquement par le nez, les rafales de vent
vraiment violentes à chaque inspiration que je pouvais prendre, c’était comme une bouffée
d’oxygène avant de replonger dans la violence du vent. Les vagues de la mer s’échouant
sur les rochers me rappelaient tous les projets tombés à l’eau que j’avais pu vouloir
entreprendre.
La mer très agitée me rappelait l’instabilité de ma vie d’avant, le stress et la parano qui
m’entouraient. En plein milieu de toute cette agitation est survenu, comme par magie, un
moment de pur calme où le vent a cessé de souffler, la mer a cessé de s’agiter et en plein
cœur des nuages gris comme le gravier, est survenu un magnifique soleil apparaissant
comme la lumière que j’avais trouvée sur le chemin, identique aux coquillages qui nous
indiquent ce chemin tout le long de la route. C’était comme pour célébrer mon retour à la
lumière et donc ma sortie des ténèbres par le biais du chemin. La nature fait ressentir et
interpréter des choses étranges. Vous ne trouvez pas ? »
(*) : pour respecter l’anonymat de l’auteur, le prénom a été changé.
6
Paroles
de
marcheur