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Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et

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Page 1: Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et
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DIÉTÉTIQUE

SPORTIVE

Page 3: Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et

CHEZ LE M Ê M E ÉDITEUR

Du même auteur :

LA FEMME ET LE SPORT, par A.F. CREFF et M.F. CANU. Collection des « Monographies de Médecine du Sport », 1984, 2e tirage, 13 figures, 7 tableaux.

ABRÉGÉ D'OBÉSITÉ, par A.F. CREFF et A.D. HERSCHBERG. Collection des « Abrégés de Médecine », 1987, 2e édition, 256 pages, 28 figures, 24 tableaux.

MANUEL DE DIÉTÉTIQUE EN PRATIQUE MÉDICALE COURANTE, par A.F. CREFF et collaborateurs. 1987, 2e édition, 240 pages, 1 figure.

MANUEL PRATIQUE DE L'ALIMENTATION DU SPORTIF, par A.F. CREFF et L. BÉRARD. 1980, 520 pages, 43 figures, 46 tableaux.

Dans la même collection :

CARDIOLOGIE SPORTIVE, par J.P. BROUSTET, 1978.

L'ÉPAULE DU SPORTIF, par M. et Ch. MANSAT, 1985. EXPLORATIONS FONCTIONNELLES NEUROMUSCULAIRES EN MÉDECINE DU

SPORT, par F. COMMANDRÉ et Y. BENCE, 1982.

LES URGENCES DU STADE, par CI. ZUINEN et F. COMMANDRÉ, 1981. MÉDECINE DE L'ALPINISME, par J.P. RICHALET, 1984. MÉDECINE DE LA DANSE, par D.D. ARNHEIM, 1982. MÉDECINE DE LA PLONGÉE, par B. TIBIKA, 1982. MÉDECINE DU CYCLISME, par H. JUDET et G. PORTE, 1983. MÉDECINE DU FOOTBALL, par A. DUREY et A. BOEDA, 1982. MÉDECINE DU RUGBY, par J. MOMBET, 1983. MÉDECINE DU TENNIS, par J.P. COUSTEAU, 1981. ŒIL ET SPORTS, par J.P. CHEVALERAUD, 1983. PSYCHOLOGIE SPORTIVE, par Ph. MOST, 1982. SPORT ET RÉÉDUCATION, par J.C. ETIENNE, 1980. TRAUMATOLOGIE SPORTIVE, par J. BENASSY, 1982. ANATOMIE FONCTIONNELLE DU SPORTIF, par J. WEINECK, 1984.

Autres ouvrages:

DIÉTÉTIQUE DE L'ENFANT, par G. ANDRÉ. Collection des « Abrégés de Médecine ». 1983, 288 pages, 32 figures.

ABRÉGÉ DE DIÉTÉTIQUE ET DE NUTRITION, par M. APFELBAUM, C. FORRAT et P. NILLUS. Collection des « Abrégés de Médecine ». 1982, 488 pages.

DICTIONNAIRE PRATIQUE DE DIÉTÉTIQUE ET DE NUTRITION, par M. APFEL- BAUM, L. PERLEMUTER, P. NILLUS, C. FORRAT, M. BEGON et collabo- rateurs. Collection des «Dictionnaires Pratiques», 1981, 736 pages.

NUTRITION ET ALIMENTATION, par B. JACOTOT, J.C. LE PARCO et colla- borateurs. Collection des « Abrégés de Médecine ». 1983, 320 pages, 42 figures, 50 formules.

DIÉTÉTIQUE DE LA FEMME ENCEINTE, par C. THOULON-PAGE, avec la col- laboration de J.M. THOULON. Préface de Y. MALINAS. Collection des « ABC de Gynécologie-Obstétrique ». 1984, 88 pages, 35 tableaux, 1 figure.

PRATIQUE DIÉTÉTIQUE COURANTE, par C. THOULON-PAGE. Préface de J.M. ROBERT. Collection des c Abrégés de Médecine ». 1984, 2E édition, 232 pages, 66 figures et tableaux.

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COLLECTION DE MONOGRAPHIES DE MÉDECINE DU SPORT

Coordonnée par Philippe MOST

DIÉTÉTIQUE SPORTIVE

PHYSIOLOGIE NUTRITIONNELLE ET DIÉTÉTIQUE DES ACTIVITÉS PHYSIQUES

par

A.-F. CREFF

Médecin de l'Hôpital Saint-Michel Directeur d'Enseignement Clinique

à la Faculté (Paris)

L. BÉRARD

Diététicienne de l'Hôpital Saint-Michel (Paris)

avec la collaboration de

A. CUCULI-DECLERY et M. KOURDOULY

Médecins attachés de l'Hôpital Saint-Michel

QUATRIÈME ÉDITION ENTIÈREMENT REFONDUE

M A S S O N

Paris New York Barcelone Milan Mexico Sao Paulo 1987

Page 5: Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et

Cet ouvrage a été traduit :

— ell espagnol, Toray-Masson, Barcelone, 1978.

— en italien, Masson Italia Editori, Milan, 1979, 1984.

Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays.

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les c copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, c toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite ï. (alinéa 1er de l'article 40).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

(Ù Masson, Paris, 1976, 1987 ISBN : 2-225-81 032-X

ISSN : 0338-9383

MASSON S.A. 120, bd Saint-Germain, 75280 Paris Cedex 06 MASSON S.A. Balmes 151, 08008 Barcelona MASSON ITALIA EDITORI S.p.A. Via Giovanni Pascoli 55, 20133 Milano MASSON EDITORES Dakota 383, Colonia Napoles, 03810 Mexico D.F. EDITORA MASSON DO BRASIL Ltda Rua Borges Lago3 I04-f. CEP/04038 Sào Paulo, S.P.

Page 6: Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et

AVANT-PROPOS

L'augmentation du temps de loisir, et la trop grande sédentarité de la vie moderne, ont contribué à la prise de conscience du besoin de mouvement. Encore faut-il que ce mouvement soit bénéfique et que sa qualité et sa quan- tité ne viennent pas nuire à cette recherche d'une meilleure hygiène de vie. L'activité physique spontanée du sédentaire est souvent inadaptée soit par une pratique insuffisante, soit par excès, le sujet voulant obtenir des performances flatteuses sans le temps de préparation nécessaire.

Ainsi quelle que soit l'intensité d'activité physique en jeu : pratique sportive ou compétition de haut niveau, l'empirisme tend à faire place progressivement à des méthodes plus rationnelles : mesures de paramètres physiologiques et physiques, surveillances périodiques, etc.

La recherche de la meilleure performance et la nécessité de repousser tou- jours plus loin les frontières du possible, ne laissent plus de place à l'improvi- sation dans l'acquisition de la performance sportive de qualité.

L'environnement du sportif s'est modifié, l'athlète n'est plus seul, que ce soit pendant la préparation, au moment de la compétition, ou encore après celle-ci.

Dans ce concert, activités physiques pour le plus grand nombre et compé- tition pour l'élite, la Médecine du Sport joue un rôle sans cesse croissant, d'abord utile aux seules fins de l'aptitude à la pratique du sport, obligatoire en France depuis 1945, les médecins se sont spécialisés dans le traitement et la réparation des traumatismes, puis sont intervenus à titre préventif lors de, la préparation à la compétition : c'est la surveillance médicale de r entraîne, ment — explorations fonctionnelles, physiologiques, diététiques, psycholo- giques, etc.

Voyons succinctement comme est organisée actuellement la Médecine Sportive en France.

La politique médico-sportive est élaborée sur le plan national, par le Bureau Médical du Secrétariat d'Etat Jeunesse et Sports, relayée par des services à l'échelon régional puis départemental. Les missions de ces derniers sont de mettre en place et d'assurer le fonctionnement des structures de la médecine du sport. Leurs vocations essentielles sont : la prévention, l'enseignement, la recherche.

- La prévention : examens d'aptitude à la pratique sportive et surveillance médicale de l'entraînement du sportif : jeunes enfants, adultes et pratiquants du 38 âge, que ce soit dans le cadre des Centres Médico-Sportifs, ou à l'initiative des praticiens spécialisés.

Page 7: Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et

— L'enseignement :

— C.E.S. formant des praticiens après un an d'études;

- optionnel initiant des étudiants en Médecine aux données médico- sportives dans .le cycle des études médicales.

— L a recherche est assurée par l'université dans le cadre de l'enseignement des C.E.S., avec responsables de Laboratoires associés, et les médecins spécialistes concernés des Etablissements de la Jeunesse et des Sports.

La Société Française de Médecine du Sport s'enrichit chaque année de nouveaux membres et rend compte au cours de ses travaux nationaux et régionaux, de la vitalité des efforts auxquels se consacrent ses praticiens.

Mais la Médecine sportive est également une médecine de soins et convient à la réadaptation : traumatologie sportive, rééducation fonctionnelle, mais aussi réentraînement des cardiaques, des hypertendus, des diabétiques à l'effort.

Il était donc nécessaire de faire le point des connaissances. Certes cet te série d'ouvrages s'adresse aux Spécialistes et aux Médecins praticiens qui, dans le cadre de clubs ou simplement dans leur localité d'exercice, se voient con- frontés à ces problèmes. Elle intéresse également les auxiliaires médicaux, les enseignants d'E.P.S.; les dirigeants et sportifs qui s'efforcent de s 'adapter aux méthodes modernes d'entraînement et de compétition où les aspects tech- niques et physiques ne sont plus les seules données suffisantes.

Dans cette collection de monographies, les ouvrages seront tour à tour consacrés à la Traumatologie, la Diététique, la Cardiologie, la Kinésithérapie, la Physiologie, l'organisation administrative et réglementaire de la Médecine du Sport, la Psychologie...

Ainsi seront étudiées successivement les différentes disciplines médicales participant à cette médecine nouvelle.

DT PH. MOST.

Page 8: Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et

TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS v

INTRODUCTION 1

HISTORIQUE 3

1. Principes de base 5

Le besoin énergétique 5

Le besoin plastique qualitatif 9 Les standards alimentaires 9

Facteurs qui influencent le rendement musculaire 11

2. Valeur des glucides dans l'alimentation sportive 13

Rappel chimique 13

Digestion des sucres 14

Biochimie des glucides 14

Sources alimentaires des glucides 16

Physiologie nutritionnelle des glucides dans la pratique des sports . . . . . . . . 24

3. Le rôle des protides en diététique sportive 37

Rappels physico-chimiques 37

Digestion des protéines 38

Métabolisme des protéines 38

Les sources d'aliments protidiques 40 Les produits laitiers 43

Les autres sources de protides 46 Physiologie nutritionnelle des protides 47

4. La place des lipides en diététique sportive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Rappel des propriétés physiques et chimiques 59 Les lipides dans l'organisme 60 Digestion des lipides 61

Métabolisme des acides gras . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

Page 9: Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et

Les sources a l imen ta i r e s de l ipides 63

Les l ipides de cons t i tu t ion 67

Les besoins en l ipides 67

Lip ides et f ro id 72

5. Le b e s o i n h y d r i q u e 75

E v a l u a t i o n du besoin h y d r i q u e n o r m a l 75

Les boissons 77

6. Le b e s o i n m i n é r a l 81

Rô le du sod ium, d u ch lo re et d u p o t a s s i u m 82

Le p h o s p h o r e 84

Le m a g n é s i u m 84

Le ca l c ium 85

Le fe r 86

Le souf re 87

L ' iode 87

Les o l igo-é léments 87

7. L e b e s o i n v i t a m i n i q u e 89

Généra l i tés . Class i f icat ion des v i t amines 89

Les v i t amines : ana lep t iques b io log iques spor t ives 90

Les aut res v i tamines 94

Les v i tamines l iposolubles 95

8. L a r a t i o n e n p é r i o d e d ' e n t r a î t i e r i t e n t 99

C o m m e n t é tab l i r ce r ég ime individuel ? 99

La ra t ion- type d ' e n t r a î n e m e n t 103

9. Les r a t i o n s (le c o m p é t i t i o n 109

Bases p ra t iques 110

Bases théor iques 111

A d a p t a t i o n s p ra t iques c o n c e r n a n t l ' a l imen ta t ion p récompé t i t i ve . . . . . . . . . . . . 114

10. A l i m e n t a t i o n p e r c o m p é t i t i v e p r o p r e à c e r t a i n s s p o r t s 117

R e c o m m a n d a t i o n s généra les p o u r tous les spor ts 117

Par t icu lar i tés nu t r i t ionne l les p r o p r e s à ce r ta ins sports 121

L e p r o b l è m e des séries 138

Appét i t et anxiété le j ou r de la compé t i t i on 139

I l . La r a t i o n d e r é c u p é r a t i o n 141

Données pra t iques 141

Données théor iques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144

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12. L a c o r r e c t i o n d i é t é t i q u e d e q u e l q u e s é t a t s d e m é f o r m e s p o r t i v e . . . . . . . . 147

Les t roubles digestifs 147

L ' h y p e r u r i c é m i e 158

Le p r o b l è m e de po ids 159

Diabè te et sports 162

13. C o n c l u s i o n 165

ANNEXE 168

ELÉMENTS POUR UNE ÉDUCATION NUTRITIONNELLE DE MASSE 175

BIBLIOGRAPHIE RÉSUMÉE 176

INDEX ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177

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INTRODUCTION

Vous avez joué au ballon et vous avez été sobre... On se porte toujours bien avec de la sobriété et de l'exercice.

Voltaire (Zadig)

Cet ouvrage va nous permettre de faire le point des problèmes de l'alimen- tation du sportif qui se sont posés et des solutions qu'a pu envisager toute une équipe médicale se basant sur l'expérience d'une trentaine d'années de pra- tique. Ceci dans le but d'être utile à tous :

— D'être utile au médecin spécialiste de la biologie sportive, en intégrant à la diététique générale qu'il connaît, les aspects plus particuliers de celle du sportif, vue à travers la physiologie nutritionnelle.

— D'être utile à l'entraîneur et au soigneur en leur exposant les différents problèmes alimentaires qu'impliquent les activités physiques.

— D'être utile au sportif, quelle que soit sa discipline, en lui donnant de son sport des notions diététiques précises et pratiques.

Il est déjà loin le temps où le sportif se contentait de quelques séances d'entraînement, le plus souvent non contrôlées. A l'heure présente toute réussite athlétique ne peut être que la résultante d'un certain nombre de facteurs :

— entraînement général;

— préparation spécialisée; — contrôle médical;

— observation d'une bonne hygiène de vie, en particulier d'une diététique correcte adaptée à la discipline pratiquée et aussi, à l'individu.

Ce manuel est divisé en trois parties. Après un rapide historique, la première partie aborde l'étude des principes

généraux de l'hygiène alimentaire en général, et de celle appliquée aux sports en particulier. Nous y traiterons des besoins énergétiques et plastiques de l'athlète.

Chaque grande catégorie de nutriments, chaque besoin alimentaire parti- culier, feront l'objet d'un chapitre comportant un paragraphe expérimental et surtout un paragraphe pratique où sera étudiée « la valeur sportive » de chaque aliment.

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Nous recommanderons l'emploi de certains aliments et, par contre, décon- seillerons celui de certains autres.

La deuxième partie sera la partie pratique. Elle nous permettra de déter- miner les rations sportives.

Nous étudierons les problèmes diététiques de certains sports de référence qui serviront de base, sur le plan nutritionnel, à l'étude des autres sports.

Nous préciserons successivement : 1) La ration d'entraînement.

2) La ration de compétition. 3) La ration de récupération.

La troisième partie traitera de la thérapeutique. En effet, la pratique du sport peut amener, dans certains cas, à des états morbides ou pathologiques. Il nous a paru intéressant de les envisager, car leur correction, simple souvent, est avant tout d'ordre diététique.

Si cet abrégé de diététique appliquée aux sports a pu intéresser le lecteur, celui-ci pourra se reporter, pour plus amples informations et pour explications plus précises à notre ouvrage « Manuel pratique de l'alimentation du sportif », (506 p.) publié en 1980 aux mêmes Editions Masson.

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HISTORIQUE

Le régime des athlètes devient une préoccupation naturelle avec la naissance des sports.

H s'inscrit sous le signe de la rigueur : les premiers athlètes des Jeux Olympiques (884 avant J.-C.) s'astreignent pour la plupart à une alimentation à dominante végétale : céréales, galettes de froment, fromage, figues sèches, miel et fruits crus. Certains cependant optent déjà pour la viande en plus des céréales et fruits.

La sévérité sportive y laisse son empreinte : le vin est interdit aux athlètes. L'influence des premiers esprits universels de la Grèce amorce un assouplisse- ment de l'alimentation des athlètes.

Après Pythagore, partisan d'une alimentation presque exclusivement végé- tarienne, c'est Hippocrate qui introduit les notions de variété en qualité et en quantité, et de tempérance, pas de rigueur, ni de quantité excessive.

L'œuvre d'Epicure, devenu symbole de recherche de plaisir, est sage sur le chapitre de la diététique : « les mets simples nous procurent, dit-il, autant de plaisir qu'une table somptueuse ».

La consommation de viande fait l'objet de recherches : dans sa quantité, puis dans sa variété : aux sauteurs la viande de chèvre, aux coureurs la viande de taureau, le proc très gras est réservé aux lutteurs et aux gladiateurs.

La voie est ouverte aux excès que durent combattre les premiers « médecins sportifs » connus :

— Claude Galien, médecin de l'école des gladiateurs de Pergame, recom- mande de moins boire en période d'entraînement, de ne pas manger trop de viande.

— Philo strate de Lemnos réclame, contre la gloutonnerie et le relâchement moral du milieu sportif, un retour à l'austérité et à l'alimentation simple des anciens athlètes grecs.

La disparition des Jeux Olympiques en 395 n'empêche pas une grande curiosité des habitudes alimentaires en Occident.

La célérité des Hérules, la force des Huns au javelot et les prouesses nau- tiques des Francs, sont expliquées par l'alimentation spécifique de ces peu- plades : végétariennes pour les Hérules, dominante carnée pour les Huns et les Francs.

Page 15: Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et

Les lutteurs bretons de François Ier devaient leur invincibilité à une alimentation où viande et légumes faisaient bon équilibre.

Puis avec une civilisation plus axée sur les jeux de l'esprit que du corps, le sport ne devient plus qu'un divertissement et on perd trace de la diététique sportive.

Il faudra attendre plusieurs siècles pour que se réunissent les éléments solides de la diététique sportive.

Grands éducateurs physiques, Jahn, Ling, Don Francisco Amoros, D. Lewis, Hebert et Demery, Michael Murphy, contribuent à rassembler les éléments d'une science qui est encore en pleine évolution, mais qui, depuis trente ans, a tout de même fait d'indéniables progrès.

Page 16: Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et

1

PRINCIPES DE BASE

L'alimentation doit répondre à un double besoin :

— le besoin énergétique, nécessaire au maintien de la vie et à l'activité musculaire;

— le besoin plastique qu'impliquent la protection, la réparation et l'édifi- cation des tissus.

Glucides, lipides, protides ont, plus ou moins, une activité à la fois énergé- tique et plastique; minéraux, vitamines et eau n'ont qu'une activité plastique.

LE BESOIN ÉNERGÉTIQUE

L'organisme doit fournir de l'énergie pour : — le besoin de base;

— le besoin de thermo-régulation; — le besoin de travail; — le besoin de croissance.

— l'action dynamique spécifique des aliments.

7° Le besoin de base

C'est le besoin nécessaire à l'entretien de la vie au repos. On le définit comme étant la dépense calorique d'un sujet au repos, allongé, éveillé, à jeun, soustrait aux pertes de chaleur et au calme émotif. Dans ces conditions l'homme ne dépense que l'énergie nécessaire à la vie fondamentale des

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cellules, mouvements respiratoires, battements de cœur, et au maintien du tonus musculaire inconscient.

Différents facteurs peuvent modifier le métabolisme de base :

— l'âge : le métabolisme de base diminue de la naissance à la vieillesse; — le sexe : les femmes ont un besoin basal moindre que celui des hommes;

— l'entraînement physique abaisse le métabolisme basal de 5 à 10 %; — le sommeil durant lequel le besoin basal diminue;

— les produits toniques, physiques ou psychiques (caféine, adrénaline, extraits thyroidiens...) augmentent considérablement (jusqu'à 50 % et plus) le métabolisme de base. (Fumer une cigarette l'augmente déjà de 20 %);

— des circonstances pathologiques, telles que l'anxiété ou la fièvre aug- mentent ce besoin (7 % par degré de température au dessus de 37°).

En revanche, la race, le climat et l'altitude ne semblent pas modifier le métabolisme de base.

2° Le besoin de thermorégulation

Une cellule humaine ne peut vivre de façon prolongée qu'entre 35 et 42°. Or, il arrive que le sportif soit amené à vivre dans des climats froids (alpinisme, sports de neige, spéléologie), ou des climats chauds (compétitions d'été). Il faut donc que l'organisme lutte :

a) Contre la chaleur

— par radiations vers des objets plus froids situés à distance;

— par conduction et convection si la température ambiante est moins élevée que celle de la peau;

— par évaporation (respiratoire et cutanée).

L'évaporation d'un litre de sueur demande 580 calories.

b) Contre le froid

La lutte est plus importante. L'efficacité de cette thermo-régulation varie en fonction de plusieurs facteurs :

— le facteur constitutionnel;

— l épaisseur du pannicule adipeux sous-cutané;

la circulation sous-cutanée qui dépend du système neurovégétatif.

Il est donc difficile, du fait de la diversité de ces facteurs, d'établir avec précision le besoin calorique de la thermo-régulation. Aussi, se réfère-t-on aux données de Johnson et Kark qui ont fait admettre que le besoin calorique entraîné par la thermo-régulation devait être augmenté ou diminué de 5 % lorsque la température variait de ~ 10° par rapport à la moyenne considérée comme normale.

Page 18: Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et

3° Le besoin de travail

Une machine ne transforme pas complètement en travail l'énergie qui lui est fournie; une partie plus ou moins importante est en effet transformée en chaleur. Pour le « moteur humain » le rendement est de 25 %, c'est-à-dire qu'il faut lui donner 4 calories (1) pour qu'il en transforme 1 en travail, les 3 autres étant utilisées pour le réchauffement.

Il est bien évident que la dépense énergétique de travail, que le besoin calorique du travail varient en fonction du travail ou de l'activité sportive effec- tués; et depuis les travaux de Christensen en 1932, on sait que chez l'homme, il existe un rapport linéaire entre le kgm et 1'02 consommé.

Vue en fonction de l'activité sportive, l'augmentation calorique horaire pour Kesterer et Ruipping est de :

/ Vitesse 500 \ Demi-fond 930

Course a pied Fond 750 ( Marathon 700

Lancers 460 Sauts 400

I Sur piste 220 l Derrière entraîneur 350 \ Sur route 360

Cyclisme Sur route avec vent debout . . . . . . . . . . . . . . . . . 600 f Vitesse 700

\ Fond 450 Aviron 500

Sk' l j ( Vitesse 960750 ( Artistique 600

Patinage ! Vitesse 720 ( Simple 800

Tennis i Double . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 350 Lutte 900 Boxe 600 Haltérophilie 450 Escrime 600 Basket-ball 600 Hand-ball 500 Football 400 Rugby 500 Water-polo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 600

(1) Il serait plus judicieux de s'exprimer en joules, mais l'expérience montre que le terme calorie est encore mieux perçu. Une calorie : 4,18 joules.

Page 19: Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et

D'autres études ont été faites par Widdowson, Mac Cance et Fletcher, mais il faut retenir que tous ces chiffres ont une valeur relative et moyenne car l'entraînement et la tension au travail interviennent directement dans les variations de consommation calorique horaires.

En ce qui nous concerne, nous admettrons que : En travail léger ou dans l'intervalle entre deux compétitions, le besoin

calorique horaire est de 75 à 100 calories. — En travail moyen (entraînement par exemple) : 100 à 300 calories.

— En travail lourd (compétitions dites « dures » : water-polo, ski nordique, par exemple) : > 500 calories.

4° Le besoin de croissance

TI joue un rôle important chez les enfants et les adolescents car il correspond au travail d'élaboration des tissus.

On peut l'évaluer à 50 % plus élevé chez l'adolescent que chez l'adulte.

5° L'action dynamique spécifique (ADS)

Ce sont les glucides, les lipides et les protides qui fournissent les calories nécessaires au besoin énergétique.

Schématiquement :

1 g de glucide ou de protide libère 4 calories 1 g de lipide libère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 calories

Mais cette valeur calorique est relative car pour brûler 1 g de ces corps, l'organisme fait un travail qui libère lui-même de l'énergie; cette extra-chaleur dépend :

— du travail mécanique du tractus digestif; — et de la nature du nutriment ingéré : c'est l'Action Dynamique Spéci-

fique (ADS) des aliments. L'ADS est la plus élevée pour les protides (30 %)

moindre pour les lipides (12 %) basse pour les glucides ( 6 %)

6° Evaluation de la ration calorique moyenne d 'un sportif

En connaissant la valeur en calories de ces différents besoins, on peut calculer la ration calorique journalière nécessaire pour les différents sports. Mais si le besoin basal peut être calculé avec une certaine rigueur (grâce aux tables de « taille-poids », l'une des plus simples et des plus pratiques étant le « Food Normogramm » de Boothby et Berkson), les besoins musculaires et de thermo-régulation échappent à des mesures précises.

Page 20: Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et

MASSON, Ed i teur

120, b d Saint-Germain, 75280 Par i s Cedex 06

Dépôt légal : ju i l le t 1987

Impr imer ie l 'Union Typographique Villeneuve-Saint-Georges (V.-de-M.)

Dépôt légal : ju in 1987

No d ' impress ion : 377-86

Page 21: Diététique sportive. Physiologie nutritionnelle et

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections

de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

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