44
DOSSIER PEDAGOGIQUE LA VISITE DES LYCEENS FLORENT RUPPERT & JEROME MULOT 27 SEPTEMBRE – 21 DECEMBRE 2013 PROJET PEDAGOGIQUE CONDUIT EN PARTENARIAT PAR LA FONDATION D’ENTREPRISE ESPACE ECUREUIL POUR L’ART CONTEMPORAIN ET LE PAVILLON BLANC - MISSION CENTRE D’ART. L’EXPOSITION « LA VISITE DES LYCEENS » EST PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN Vernissage le 28 septembre à 12h - Conférences avec les artistes : sam. 28 sept. 11h & dim 17 nov 11h Thème du parcours : La relation entre la narration et les arts plastiques, le texte et l’image Cette exposition est en résonnance avec l’exposition « Les cadavres sont exquis » présentée à la Fondation Ecureuil du 22 novembre 2013 au 18 janvier 2014 DOS SIE R PÉD AG OGI QU E

dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

DOSSIER PEDAGOGIQUE

LA VISITE DES LYCEENS

FLORENT RUPPERT & JEROME MULOT

27 SEPTEMBRE – 21 DECEMBRE 2013

PROJET PEDAGOGIQUE CONDUIT EN PARTENARIAT PAR LA FONDATION

D’ENTREPRISE ESPACE ECUREUIL POUR L’ART CONTEMPORAIN ET LE PAVILLON

BLANC - MISSION CENTRE D’ART. L’EXPOSITION « LA VISITE DES LYCEENS » EST

PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL

DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

CONTEMPORAIN.

-Vernissage le 28 septembre à 12h

- Conférences avec les artistes : sam. 28 sept. 11h & dim 17 nov 11h

Thème du parcours : La relation entre la narration et les arts plastiques,

le texte et l’image

Cette exposition est en résonnance avec l’exposition « Les cadavres

sont exquis » présentée à la Fondation Ecureuil du 22 novembre 2013 au

18 janvier 2014

DOS SIER

PÉDAGOGIQU

E

Page 2: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

SYNOPSIS DU PARCOURS

« ART CONTEMPORAIN »

LE CONTEXTE

Le partenariat entre les deux expositions de la Fondation Ecureuil et le centre d’art de

Colomiers au Pavillon Blanc explore les enjeux des rapports entre narration et arts plastiques :

comment se répondent un artiste et un écrivain ? Comment des auteurs bd transposent-ils leur

art de la page au volume ? Et où se situe l’œuvre littéraire : dans l’objet, dans les mots ou entre

les lignes ?

DES EXPOSITIONS

Au Pavillon Blanc, Centre d’art I Médiathèque de ColomiersAu Pavillon Blanc, Centre d’art I Médiathèque de ColomiersAu Pavillon Blanc, Centre d’art I Médiathèque de ColomiersAu Pavillon Blanc, Centre d’art I Médiathèque de Colomiers

Le Centre d’art de Colomiers présente du 27 septembre au 21 décembre 2013, en partenariat

avec le festival de la bande dessinée de Colomiers, «««« La visite des lycéensLa visite des lycéensLa visite des lycéensLa visite des lycéens » » » » par les auteurs par les auteurs par les auteurs par les auteurs

Florent Ruppert et Jérôme MulotFlorent Ruppert et Jérôme MulotFlorent Ruppert et Jérôme MulotFlorent Ruppert et Jérôme Mulot. Le travail de ces artistes, issus de la bande dessinée et

formés à l’art contemporain, autorise la bande dessinée à sortir de la page, notamment sous la

forme d’installations.

A la Fondation Espace Ecureuil pour l’art contemporain, à ToulouseA la Fondation Espace Ecureuil pour l’art contemporain, à ToulouseA la Fondation Espace Ecureuil pour l’art contemporain, à ToulouseA la Fondation Espace Ecureuil pour l’art contemporain, à Toulouse

La Fondation Espace Ecureuil présente «««« Les cadavres sont exquisLes cadavres sont exquisLes cadavres sont exquisLes cadavres sont exquis » du 22 novembre au 18

janvier 2013, exposition collective de textes et de dessins au travers desquels les auteurs se

répondent.

LE LIEN ENTRE LES DEUX EXPOSITIONS

Ces deux expositions ont en commun d’explorer, entre autre, la construction de la narration, la

place du visiteur. Ce projet s'adresse donc particulièrement aux enseignants de lettres et d'arts

plastiques. Il se prête idéalement à un travail interdisciplinaire au sein duquel toutes les

disciplines du collège et du lycée peuvent croiser savoirs et compétences.

Le projet aura une double restitution des réalisationsdouble restitution des réalisationsdouble restitution des réalisationsdouble restitution des réalisations de tous les élèves participants :

- à la Fondationà la Fondationà la Fondationà la Fondation Espace EEspace EEspace EEspace Ecureuil à Toulouse, du 11 avril au 11 juin 2014cureuil à Toulouse, du 11 avril au 11 juin 2014cureuil à Toulouse, du 11 avril au 11 juin 2014cureuil à Toulouse, du 11 avril au 11 juin 2014

- au Pavillon Blanc à Colomiers, du 1er juin au 31 aout 2014au Pavillon Blanc à Colomiers, du 1er juin au 31 aout 2014au Pavillon Blanc à Colomiers, du 1er juin au 31 aout 2014au Pavillon Blanc à Colomiers, du 1er juin au 31 aout 2014

Les propositions qui ont été construites par nos services sont détaillées ci-dessous.

DES OUTILS PEDAGOGIQUES ET UN CALENDRIER COORDONNES

Page 3: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

Deux rencontresDeux rencontresDeux rencontresDeux rencontres----formation formation formation formation

• Le Centre d’art de Colomiers et La Fondation Espace Ecureuil proposent aux enseignants

de collèges et lycées de Colomiers de participer à 2 rencontres-formation au cours desquelles

les médiateurs des centres d’art présenteront le contenu des expositions et échangeront avec

vous :

- le mercredi 25 septembre à 16h00 le mercredi 25 septembre à 16h00 le mercredi 25 septembre à 16h00 le mercredi 25 septembre à 16h00 pour l’exposition « Les cadavres sont exquis » à à à à

la Fondation Espace Ecureuilla Fondation Espace Ecureuilla Fondation Espace Ecureuilla Fondation Espace Ecureuil

- le mercredi 2 octobre à 16h00 le mercredi 2 octobre à 16h00 le mercredi 2 octobre à 16h00 le mercredi 2 octobre à 16h00 pour l’exposition « La visite des lycéens » de Ruppert

et Mulot au Pavillon Blanc au Pavillon Blanc au Pavillon Blanc au Pavillon Blanc - Centre d’art / Médiathèque de Colomiers

La présence des enseignants est nécessaire sur les deux expositions. La présence des enseignants est nécessaire sur les deux expositions. La présence des enseignants est nécessaire sur les deux expositions. La présence des enseignants est nécessaire sur les deux expositions.

Un dossier pédagogique communUn dossier pédagogique communUn dossier pédagogique communUn dossier pédagogique commun

Un dossier pédagogique sera remis aux enseignants à cette occasion afin qu’ils préparent le

projet pour leur classe (préparation de la visite + construction du projet pédagogique ou

plastique).

Des outils spécifiquesDes outils spécifiquesDes outils spécifiquesDes outils spécifiques à chaque expositionà chaque expositionà chaque expositionà chaque exposition

Pour l’expPour l’expPour l’expPour l’exposition osition osition osition «««« La visite des lycéensLa visite des lycéensLa visite des lycéensLa visite des lycéens »»»» de de de de Ruppert et Mulot, Ruppert et Mulot, Ruppert et Mulot, Ruppert et Mulot,

des outils complémentaires seront disponibles pour les enseignants :

� 2 rencontres2 rencontres2 rencontres2 rencontres----conférences avec les artistesconférences avec les artistesconférences avec les artistesconférences avec les artistes, dans la salle de conférence du Pavillon

Blanc (accès libre dans la limite des places disponibles, possibilité de réservation au

0561635000 [email protected] ) :

o Le samedi 28 septembre à 11hLe samedi 28 septembre à 11hLe samedi 28 septembre à 11hLe samedi 28 septembre à 11h (conférence de 50 mn) : découverte du travail

des auteurs et questions réponses

o Le dimanche 17 novembre à 11hLe dimanche 17 novembre à 11hLe dimanche 17 novembre à 11hLe dimanche 17 novembre à 11h (conférence de 50 mn) : découverte de leur

pratique du dessin avec des membres de la revue Collection spécialisée sur le

dessin

Vous trouverez également sur le site du Pavillon Blanc des informations utiles à Vous trouverez également sur le site du Pavillon Blanc des informations utiles à Vous trouverez également sur le site du Pavillon Blanc des informations utiles à Vous trouverez également sur le site du Pavillon Blanc des informations utiles à

adresse suivanteadresse suivanteadresse suivanteadresse suivante : : : : http://www.pavillonblanc-

colomiers.fr/files_omega/1%20DP%20ruppert%20&%20mulot.pdf

� Une interview écrite des artistes Ruppert et Mulotinterview écrite des artistes Ruppert et Mulotinterview écrite des artistes Ruppert et Mulotinterview écrite des artistes Ruppert et Mulot par Arnaud Fourrier, le directeur

artistique du Centre d’art du Pavillon Blanc (photocopies à récupérer le 2 octobre).

� Une interview vidéo des artistes Ruppert et Mulotinterview vidéo des artistes Ruppert et Mulotinterview vidéo des artistes Ruppert et Mulotinterview vidéo des artistes Ruppert et Mulot, téléchargeable à compter

d’octobre) Un ppppower poinower poinower poinower point mettant en relation lt mettant en relation lt mettant en relation lt mettant en relation le trae trae trae travail de Ruppert et Mulot et la vail de Ruppert et Mulot et la vail de Ruppert et Mulot et la vail de Ruppert et Mulot et la

bbbbande dessinéeande dessinéeande dessinéeande dessinée et une série d’images des auteurs, des scans d’articles et interview sur

les auteurs, dossier réalisé par une bibliothécaire spécialisée dans la bande dessinée à

récupérer sur demande avec une clé USB.

Page 4: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

� Une fiche visiteur adultefiche visiteur adultefiche visiteur adultefiche visiteur adulte et uneet uneet uneet une fiche visiteur enfant de l’expositionfiche visiteur enfant de l’expositionfiche visiteur enfant de l’expositionfiche visiteur enfant de l’exposition La visite des

Lycéens (téléchargeable à compter du 27 septembre).

� Des bandes dessinées de Ruppert et Mulot à emprunterbandes dessinées de Ruppert et Mulot à emprunterbandes dessinées de Ruppert et Mulot à emprunterbandes dessinées de Ruppert et Mulot à emprunter à la Médiathèque du

Pavillon Blanc (destinées aux adultes ; emprunt avec la carte collectivité une fois l’école

inscrite au pavillon Blanc. Modalités d’inscription : http://www.pavillonblanc-

colomiers.fr/files_omega/LAPLAQUETTE_WEBpdf_0.pdf ).

Pour Pour Pour Pour l’exposition l’exposition l’exposition l’exposition «««« Les cadavres sont exquisLes cadavres sont exquisLes cadavres sont exquisLes cadavres sont exquis »»»»

� Un dossiedossiedossiedossier pédagogiquer pédagogiquer pédagogiquer pédagogique spécifique orienté sur les notions de collections, relations

image/texte, déplacement dans l’espace, projection du spectateur dans la

scénographie.

� Une exposition itinéranteexposition itinéranteexposition itinéranteexposition itinérante constituée de supports extraits de la collection, de

documentations bibliographiques, d’outils pédagogiques (sous réserve de disponibilité).

� Une rencontrerencontrerencontrerencontre----formation formation formation formation en direction des enseignants et en présence d’une partie des

artistes mercredi 20 novembre à 16hmercredi 20 novembre à 16hmercredi 20 novembre à 16hmercredi 20 novembre à 16h

� Une « bibliothèque idéalebibliothèque idéalebibliothèque idéalebibliothèque idéale » des artistes et des auteurs qui fait partie de la

scénographie de l’exposition .

� Un dispositif audiodispositif audiodispositif audiodispositif audio permettant de découvrir les œuvres et les textes de manière sonore

(enregistrements). A l’attention des personnes déficientes visuelles comme du grand

public.

� Des rencontres avec les auteurencontres avec les auteurencontres avec les auteurencontres avec les auteursrsrsrs dans le cadre du salon « Vivons livres » en partenariat

avec le Centre Régional des Lettres.

� Un échange de livreséchange de livreséchange de livreséchange de livres mis en place durant toute l’exposition.

Page 5: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

UN PROJET PEDAGOGIQUE ACCOMPAGNE

Visite des expositionsVisite des expositionsVisite des expositionsVisite des expositions

• En automne : Visites libres des deux expositions d’art contemporain, menées par les

enseignants avec leurs classes à Colomiers et à Toulouse, avec l’aide des outils pédagogiques

fournis.

Elaboration du projet en classeElaboration du projet en classeElaboration du projet en classeElaboration du projet en classe

• La mise en place et l'élaboration des projets plastiques et (ou) pédagogiques seront

conduits dans les classes par les enseignants. Les médiateurs de la Fondation Ecureuil et du

Pavillon Blanc resteront à la disposition des enseignants pour les aider à construire leur projet

et assureront le suivi des projets.

Expositions des réalisations des élèvesExpositions des réalisations des élèvesExpositions des réalisations des élèvesExpositions des réalisations des élèves

• En mai / juin : Les réalisations littéraires et/ou plastiques de tous les élèves seront

exposées dans les deux structures d'art contemporain qui assureront l'accrochage (en mai à la

Fondation Ecureuil, en juin au Pavillon Blanc)

Des interlocuteurs spécialisés pour réfléchir, s’informer, construire son projet :

- Julie Rouge, assistante de direction, service des publics ; contact@caisseepargne-art-

contemporain.fr

- Nadèje Koutsikidès, médiatrice spécialisée art contemporain au Centre d’art de

Colomiers, au Pavillon Blanc : 0561635015 ; [email protected]

- Caroline Escouboué, bibliothécaire responsable du pôle BD à la Médiathèque de

Colomiers, au Pavillon Blanc : 0561635005 [email protected]

Page 6: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

DOSSIER PEDAGOGIQUEDOSSIER PEDAGOGIQUEDOSSIER PEDAGOGIQUEDOSSIER PEDAGOGIQUE

La visite desLa visite desLa visite desLa visite des lycéenslycéenslycéenslycéens

Florent Ruppert et Jérôme MulotFlorent Ruppert et Jérôme MulotFlorent Ruppert et Jérôme MulotFlorent Ruppert et Jérôme Mulot

ExExExExposition du 27 septembre au 15 décembre2013position du 27 septembre au 15 décembre2013position du 27 septembre au 15 décembre2013position du 27 septembre au 15 décembre2013

Page 7: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

I.I.I.I. Une exposition à la croisée de l’art contemporain et de Une exposition à la croisée de l’art contemporain et de Une exposition à la croisée de l’art contemporain et de Une exposition à la croisée de l’art contemporain et de la la la la

bande dessinéebande dessinéebande dessinéebande dessinée

Ce n'est pas la première fois que Florent Ruppert et Jérôme Mulot sont invités à exposer,

néanmoins il s’agit de leur première exposition d’aussi grande envergure dans un Centre d’art.

Ces deux auteurs issus de la bande dessinée indépendante travaillent depuis leur début en duo.

Ils se prêtent au jeu de l'exposition qui leur est proposée à l'automne 2013 au Centre d'art de

Colomiers, dans un temps consacré au dessin contemporain. Il s’agit pour le Centre d’art de la

première invitation faite à des dessinateurs issus de la bande-dessinée. Ils conçoivent une

exposition dans un lieu - le Pavillon Blanc – qui accueille également une Médiathèque, à un

moment où est aussi programmé le festival BD de Colomiers. Les auteurs imaginent une

dizaine d'installations qui jalonneront la galerie du Centre d'art, passant du dessin à l'objet, de

la blague à l'installation. On y découvrira des auteurs dont la pratique du dessin est centrée sur

la narration, le mouvement et l’interactivitéla narration, le mouvement et l’interactivitéla narration, le mouvement et l’interactivitéla narration, le mouvement et l’interactivité. Dans le Centre d’art, la bande dessinée

déborde des pages du livre pour s’installer entre les murs blanc de la salle d’exposition,

empruntant à la littérature, aux arts visuels et au cinéma.

1. De l’art contemporain vers la bande dessinée De l’art contemporain vers la bande dessinée De l’art contemporain vers la bande dessinée De l’art contemporain vers la bande dessinée

Les artistes viennent des beaux-arts et baignent dans l’univers de l’art contemporain. Ils

arrêtent net leurs activités contemporaines pour faire de la BD alors qu’ils expérimentaient

précédemment la vidéo, l’installation, les conférences pour Jérôme Mulot, la danse pour

Florent Ruppert... Amoureux de l'art en général et de la création contemporaine en particulier,

ils sont venus à la BD par opportunisme. Alors que l’art contemporain semblait aux artistes

semé d’embûche, ils ont rapidement fait leurs premières armes avec des fanzines en allant de

festival en festival, ce médium leur permettant de pousser au plus haut point leurs

expérimentations à moindre frais. La bande dessinée favorise une possibilité de se produire

immédiatement, de publier, d’être assez libre de faire ce qu’ils veulent sans les contraintes

inhérentes à la galerie. La bande dessinée était pour les artistes l’endroit où il n’y avait pas de

question d’argent et où il était possible de réunir toutes leurs préoccupations sans avoir de

rapport avec la galerie. Le livre devient une vitrine parfaite pour montrer leur travail. Ils

continuent les recherches qu’ils avaient expérimentées dans les médiums antérieurs. Mais

privilégient la bande dessinée qui permet de faire rentrer toutes leurs problématiques dans

une case. Leurs bandes dessinées exploreront les techniques de narration, mais aussi le

mouvement à travers des procédés de découpage du mouvement image par image emprunté

au cinéma ou encore demanderont au spectateur d’être partie prenante de la narration.

2.2.2.2. De la bd vers l’art contemporain De la bd vers l’art contemporain De la bd vers l’art contemporain De la bd vers l’art contemporain

Page 8: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

Les deux artistes n’ont pas cherché à exposer dans des lieux d’art contemporain. Leurs

expositions sont des réponses à des invitations et non des demandes. Invités à la ferme du

Buisson en 2009, Florent Ruppert et Jérôme Mulot se sont associés au metteur en scène Jean-

François Auguste et aux comédiens Valérie Kéruzoré, Jean-Noël Lefèvre et Benjamin Morrier

pour faire une performance totalement caustique inspirée de la bande dessinée « Panier de

Singe » où l'on croise aussi bien des prostituées mutilées que des zoophiles nocturnes, vraie

plongée loufoque dans l'univers trivial et burlesque de Ruppert et Mulot.

Ils participent à la troisième biennale d’art contemporain du Havre avec l’exposition du petit

théâtre de l’Ebriété en 2010. On les trouve en 2011 dans « Futur antérieur », une exposition

collective organisée par la galerie du Jour Agnès B, en 2012 dans l’exposition collective

« Houille! » organisée par la Galerie du Jour Anne Barrault.

II.II.II.II. La question de la narration dans l’œuvre de RuLa question de la narration dans l’œuvre de RuLa question de la narration dans l’œuvre de RuLa question de la narration dans l’œuvre de Rupppppert et pert et pert et pert et

MulotMulotMulotMulot

Les auteurs font sortir du champ du livre, la narration pour l’appliquer à des expositions de

dessins, des installations, des conférences, des sculptures animées où est raconté par exemple

le déroulement d’une audition de théâtre ou des acteurs affublés de masques doivent jouer

l’ébriété à l’occasion d’un spectacle pour les alcooliques anonymes suisses…

1.1.1.1. La narration dans l’expositionLa narration dans l’expositionLa narration dans l’expositionLa narration dans l’exposition

Les deux artistes réfléchissent aux questions de narration dans les différentes formes de leur

production que ce soit dans la bande dessinée, les expositions ou les conférences. Lors de leur

première collaboration, pendant un festival bd, alors que les artistes n’avaient pas encore de

livres, ils ont fait une performance nommée « Les dédicaces de la page blanche ». La dédicace

est alors un espace de narration qui relate le dialogue qui s’installe entre le spectateur venu

faire sa dédicace et les auteurs. La discussion, s’organisant sur la page en un dessin à 4 mains

est quelque fois stoppée par un « chut » des auteurs afin qu’ils aient le temps de dessiner dans

les carrés. La feuille est manipulée dans tous les sens. A la fin elle est pliée et constitue un livre

de 8 pages, espace de la narration. Plus la situation provoquée entre les auteurs et le spectateur

était bizarre et meilleur les artistes trouvent le livre. La dédicace est le récit. Cette expérience

est fondamentale pour les auteurs : noter une conversation leur fait prendre conscience de

tous les tics de langage, de répétitions qui en général, ne sont pas retranscrits. Cela montre

aussi les failles du cerveau humain, son absurdité. Cela a marqué leur style en bd.

Page 9: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

Tandis que la spécificité de leurs albums réside avant tout dans la volonté permanente de

tester de nouveaux modes de narration et de faire voler en éclat l'utilisation classique de

l'espace à l'intérieur de la bande dessinée, au Pavillon Blanc l’espace d’exposition est envisagé

comme un espace narratif fait de scénettes où le spectateur peut activer le récit. Pour les

auteurs le passage de la bande dessinée vers l’exposition est assez naturel. A travers les livres

qu’ils ont écrits, ils ont envie de pousser la fiction vers la réalité où la réalité vers la fiction. A la

lecture de l’album « le Royaume », il est demandé au lecteur de loucher pour pouvoir regarder

des images en stéréoscopie produites par un personnage photographe de la bande dessinée. Le

lecteur s’identifie au personnage et a aussi une implication physique dans la lecture du livre. La

réalité rejoint par ce geste la fiction. Dans l’exposition, les interventions des artistes croisent le

dessin. La narration s’amorce avec des ingrédients disposés dans l’espace, une hache ou une

masse, des objets autour desquels les visiteurs pourront se mettre en scène. Ces mises en

scènes sont accompagnées de dessins, scénarios possibles restituant ce qu’il a pu se passer

dans l’exposition lors de la visite des lycéens. Le spectateur en se mettant en scène dans

l’espace de l’exposition réactive le dessin, rejoue le scénario. Dans ce que l’on nommera « la

grande histoire numérotée », l’espace est découpé en 3 pans de murs qui peuvent figurer des

cases de bande dessinée. Les spectateurs créeront l’image : tandis que l’un des spectateurs

s’assied sur la chaise, l’autre empoigne le bras de la hache faisant mine de le décapiter son

comparse. Les textes sont écrits au feutre dans des bulles pré-dessinées sur un tableau blanc.

Les ingrédients d’une narration sont posés, les spectateurs s’en emparent pour la construire en

s’asseyant sur les chaises.

Croquis de la grande histoire numérotée, exposition La visite des lycéens

Parfois, le dessin permettra au visiteur de comprendre que ce qu’il regarde pourrait lui arriver.

Ici, c’est l’effet, la surprise et la tautologie qui intéressent les auteurs ; et le mélange entre la

Page 10: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

fiction et la réalité. Par exemple, ils sont intervenus lors de la création d’un photomaton

présenté à l’accueil du Palais de Tokyo à Paris : il s’agit d’un dessin en anamorphose qui

nécessite de la part du visiteur de prendre une position ridicule et vulnérable… Dans ce genre

de photomaton où l’on se fait prendre en photo à deux, le visiteur qui regarde l’anamorphose

comprend alors que le dessin montre sa propre position et ce qui pourrait lui arriver, le dessin

invitant son camarade à lui faire un geste obscène. Et quand le 2ème visiteur regarde à son tour

le dessin, le 1er visiteur a alors la possibilité de faire ce geste obscène… le dessin prend un sens

tout comme cela a alors un sens de faire un geste obscène. Le sens de cette installation, ce sont

les possibilités de fiction et d’action sur le réel. Dans l’exposition, ce n’est pas tant la sculpture

ou l’installation qui intéressent Ruppert et Mulot, ce sont les possibilités narratives, l’usage de

la forme.

Page 11: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

2.2.2.2. La narration dans les La narration dans les La narration dans les La narration dans les bandes dessinées de Ruppert et Mbandes dessinées de Ruppert et Mbandes dessinées de Ruppert et Mbandes dessinées de Ruppert et Mulotulotulotulot

Chaque album est expérimental, radical et repousse dans ses derniers retranchements les

limites du langage de la bande dessinée. Entre expérimentation oubapienne et performance

live, Ruppert et Mulot inventent un langage, mais aussi une tactique.

Ils proposent une nouvelle approche de la narration et du découpage, notamment par l'usage

de l'«l'«l'«l'« arborescencearborescencearborescencearborescence » de dialogues» de dialogues» de dialogues» de dialogues (série de phylactères alternés verticaux). Une sorte de

ping-pong verbal qui donne une tonicité aux dialogues et permet une lecture verticale au sein

de la même case. On retrouvera cette même forme dans les dessins figurant dans l’exposition :

une lecture verticale où les dialogues s’enchevêtrent.

« La visite des lycées », Ruppert et Mulot, Pavillon Blanc, Centre d’art de Colomiers, 2013

Page 12: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

« Le Tricheur » Ed. L’Association

Page 13: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

On découvre très souvent au fil des pages des saynètes qui confinent à la poésie. Chaque

planche fait un écho insolite, comique ou paradoxal à la précédente. Dans les bd « Safari

Monsieur », « Panier de Singe » et « Le Tricheur » , le fil narratif continu est entrecoupé par des

saynètes en apparence autonomes . Mais le lien commun est d’utiliser les mêmes personnages

ou le même espace de vie .

« Panier de Singe » Ed. L’Association

Page 14: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

« Le Tricheur » Ed. L’Association

Ruppert et Mulot ne se limitent pas au formatRuppert et Mulot ne se limitent pas au formatRuppert et Mulot ne se limitent pas au formatRuppert et Mulot ne se limitent pas au format, à la dimension de la BD classique. Une de

leur dernière œuvre « le Royaume » est imprimée sur du papier journal, dont « les dimensions

sont les mêmes que le journal Libération, mais multipliées par deux ». Ils jouent avec cet

espace pour mélanger différents scénarii et travailler sur la verticalité et l’horizontalité de la

double page qui peut se lire dans les deux sens. Les histoires se lisent parallèlement les unes

aux autres et trouvent pour la chute des points de rencontre.

Dans « Sol Carrelus », des planches ludiques sont présentées sous forme de « strips

croisés ». Toute lecture, qu’elle soit horizontale ou verticale, doit être possible. De ce fait, la

compréhension varie selon le sens de lecture, chacune apparaissant comme un degré possible

d’hallucination. S’il souhaite tout lire, le lecteur ne peut se concentrer uniquement sur l’image

globale. Au contraire, il doit participer activement à l’organisation en séquences de chacune

des images locales.

Page 15: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

« Sol Carrelus » Ed. L’Association

« Sol Carrelus » Ed. L’Association

Page 16: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

III.III.III.III. Corps et mouvementCorps et mouvementCorps et mouvementCorps et mouvement

On a parfois le sentiment que ce n'est pas simplement la bande dessinée ni l'art

contemporain qui intéresse Ruppert et Mulot mais le cinéma et l'animation : on pense aux

gags de Charlie Chaplin et au cinéma muet en noir et blanc en se promenant sur leur site

internet (www.succursale.org). Dans l’exposition du Pavillon Blanc, on trouve un film

animé montrant une scène de gymnastique absurde avec un trampoline et un cheval d'arçon.

Devant le film d’animation sont montrés les éléments de gymnastique de la vidéo incitant le

spectateur à se projeter dans un scénario identique. Il y a aussi les dessins montés sur carrousel

où l'image s'anime par rotation d'un disque au sol, à la manière des dispositifs pré-

cinématographiques. En bande dessinée, les artistes dessinent un langage du corps dans une

case et cadrent tout comme au cinéma. Ils utilisent continuellement la référence au film et au

cinéma. Ils revendiquent, qu’ avant d’être un art entre la littérature et les arts plastiques, la

bande dessinée soit comme du temps. « C’est du corps en mouvement, des choses qui

bougent, de la lecture, du temps mêlé avec du trait. Il y a une time line, un curseur qui avance.

Nous sommes les chefs d’orchestre mais nous jouons avec les personnages, avec ce qu’ils

disent. En fin de compte, nous faisons évoluer des corps dans l’espace, nous faisons une sorte

de cinéma. Quand tu fais du cinéma, tu enregistres le mouvement. La bande dessinée n’est pas

du dessin arrêté. »

1.1.1.1. Corps et mouvementsCorps et mouvementsCorps et mouvementsCorps et mouvements dans l’expositiondans l’expositiondans l’expositiondans l’exposition

Florent Ruppert a fait de la danse contemporaine et travaille « le

langage du corps ». Jérôme Mulot a travaillé sur l’image, le

cinéma (montage photos, fausses vidéo). On retrouve dans leur

travail un intérêt pour le mouvement qui emprunte aux procédés

cinématographiques. Il n’est pas étonnant de trouver une

importance donnée au mouvement dans l’exposition de Ruppert et Mulot. Dans le petit

carrousel exposé au Pavillon Blanc, on retrouve un procédé ancien d’animation des images

avant l’avènement du cinéma. Il s’agit de série de dessins montés sur un socle tournant (ici une

platine de disque) qui créera l’illusion de mouvement.

L’importance est marquée pour les gestes et les postures. Ainsi toutes les propositions

d’amorces de récit que Ruppert et Mulot mettent à disposition des spectateurs jouent avec les

corps de ces derniers. S’ils veulent se prêter au jeu de la narration, les spectateurs vont mouler

leur corps dans les postures proposées par les artistes : s’asseoir sur une chaise avec une masse

Page 17: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

en plastique au-dessus de la tête, poser les doigts dans des trous sous une hache, s’allonger au

sol pour pouvoir observer un dessin… Ce n’est pas anodin non plus

qu’une des installations invite le spectateur à se projeter dans une figure gymnique ou bien à

fabriquer des avions en papier et les lancer dans la médiathèque.

Dans la proposition de Ruppert et Mulot, le corps n’est pas limité à se tenir debout face à

l’œuvre, le regard fortement activé mais il est entièrement sollicité.

Les diapositives qui défilent dans le petit carrousel montrent des corps sculptés, des corps

sculpture qui sont non sans rappeler les performances d’Erwing Wurm du titre générique

« One minute sculpture ». L’artiste invite une personne à se mettre de façon temporaire en

situation avec un objet du quotidien.

Ces « sculptures » éphémères, disparaissent au bout d'une minute, les positions étant

incongrues et parfois acrobatiques, elles continuent d’exister grâce à des photos ou à des

vidéos.

Corps en jeu et en mouvement, telle est la posture que l’on trouvait

déjà dans les bande dessinées réalisées par les auteurs.

Erwing Wurm, One minute sculpture, Cahors, 1999

2.2.2.2. Corps et mouvementsCorps et mouvementsCorps et mouvementsCorps et mouvements dandandandans la bande dessinées la bande dessinées la bande dessinées la bande dessinée

On retrouve de la même manière dans les bandes dessinées de Florent Ruppert et Jérôme

Mulot des procédés cinématographiques.

Le découpage image par image

Dans la mise en page de leurs planches, les séquences sont décomposées en de multiples

petites cases. On voit le découpage maniaque d’une séquence de gestes en dizaines de cases

presque identiques, comme si le temps de la séquence graphique était brutalement ralenti, en

une sorte de flip-book linéaire et muet .

Ainsi une des étapes de la mutilation des deux prostituées dans « Panier de Singe » est

décomposée en 62 cases sur une seule planche, qui pour 56 d’entre elles proposent le même

cadrage avec une infime variation du geste représenté.

Page 18: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

« Panier de Singe » Ed. L’Association

Page 19: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

Ralentir le récit en donnant une importance au geste

Dans « Panier de Singe » huit strips en huit cases successives, étroites et horizontales

décomposent chaque étape de la course d’aveugles du départ jusqu’ à la chute, une

décomposition du mouvement dans une gestuelle très précise.

« Safari Monsieur » Ed. L’Association

Ce goût du geste se retrouve aussi dans «Les sourds ne sont pas manchots», qui reprend l’idée

de faire figurer le langage des signes dans les bulles — idée déjà exploitée dans « La poubelle

de la Place Vendôme » et« Safari Monsieur » .

« La Poubelle de la Place Vendôme » Ed. L’Association

Page 20: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

« Panier de Singe » Ed. L’Association

Dans tous les cas, il s’agit de ralentir délibérément le récit, en sur-jouant la forme sérielle des

images : infiniment décomposé, le geste perd son sens, oublie le récit même, s’installe comme

seul objet visible et racontable, et déforme tout le plan du langage (l’exemple des sourds-

muets le montre très bien, de même que la longue double-page illustrant un passage à tabac :

50 petites cases de même format, alternant champs et contre-champs ; d’un côté, un type à

terre se fait rouer de coups par un autre, et de l’autre un autre type, bras levés, articule

lentement en alphabet phonétique, la phrase suivante : « non mais attends je déconnais c’est

pas lui qui t’a accroché ce poisson dans le dos c’est ni moi d’ailleurs » .

Le mouvement des corps, les gestes, tout est induit de façon très naturelle : le découpage des

planches qui va de peu de cases à une multitude d’entre elles, jouant à comprimer ou élargir la

notion même de temps et l’incroyable vie qui habite chacun de leur dessin. Une alternance de

cases très petites côtoie des doubles planches en une vignette très aérée, comme une

respiration.

Page 21: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

« Panier de Singe » Ed. L’Association

Le rapport au corps

Les artistes énoncent dessiner le langage du corps dans une case. Ce rapport au corps est

omniprésent dans les propositions de Ruppert et Mulot. On trouve dans « Le Royaume » la

présence de danseuses qui évoluent seules ou en groupe dans des positions et des postures

différentes. Tandis que les danseuses virevoltent jusqu’à la mort d’autres groupes de

personnes volent, chutent, flottent dans un espace intersidéral où les corps ne sont plus en

prise à l’attraction terrestre. Le corps est libre de ses mouvements.

Page 22: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

« Le Royaume » Ed. L’Association

Le jeu des corps, obsession récurrente de l’œuvre de Ruppert et Mulot, les mouvements

cinématiques des personnages ou les interstices répétitifs qui fonctionnent comme le refrain

d’une chanson donnent aux pages démesurées du « Royaume » des airs de symphonie visuelle.

« Le Royaume » Ed. L’Association

Page 23: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

Tandis que le visage des personnages n’est pas précisément dessiné (seul un triangle inversé

figure les traits du visage) l’attention dans les dessins est très marquée pour les gestes et les

postures. L’importance du corps l’emporte sur le trait de caractère du personnage.

Certains héros notamment dans « Gogo Club » portent des grosses têtes en papier mâché qui

cachent leur vrai visage.

« Irène et les clochard » Ed. L’Association

« Gogo Club » Ed. L’Association

Page 24: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

La focalisation sur le corps du personnage est appuyée également par la démultiplication du

geste image par image. On retrouve l’importance du rapport au corps dans l’exposition « La

visite des lycéens » où le corps du spectateur est appelé à s’engager et permet l’écriture de la

narration dans l’œuvre.

IV.IV.IV.IV. L’interactivité L’interactivité L’interactivité L’interactivité entre l’œuvre et le spectateurentre l’œuvre et le spectateurentre l’œuvre et le spectateurentre l’œuvre et le spectateur

1.1.1.1. DDDDans l’expositionans l’expositionans l’expositionans l’exposition

L’espace d’exposition est envisagé par les auteurs comme un espace narratif fait de scénettes

où le spectateur peut activer le récit. . . . L’expérience du spectaL’expérience du spectaL’expérience du spectaL’expérience du spectateur et teur et teur et teur et la la la la mismismismiseeee en jeu de son en jeu de son en jeu de son en jeu de son

corpscorpscorpscorps sont les ingrédients de lsont les ingrédients de lsont les ingrédients de lsont les ingrédients de la construction de l’expositiona construction de l’expositiona construction de l’expositiona construction de l’exposition (le spectateur fait le récit)

comme de sa réception. Il y a, par exemple, cette installation composée d'une hache sur un

socle dans laquelle les visiteurs peuvent mettre leurs doigts et se faire photographier par

d’autres visiteurs comme s’ils s’étaient fait couper trois doigts.

Dans une autre scénette, le spectateur se retrouve devant une vidéo montrant des

personnages qui sautent successivement au-dessus d’un cheval d’arçon puis tombent et font

un tas et tombent dans une trappe. Devant la vidéo, on retrouve le cheval d’arçon et le

spectateur peut se projeter dans la même situation que le personnage à l’écran.

Schéma de la hache et la bière sans la bouteille, croquis pour l’exposition

« La visite des lycéens »

Page 25: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

Croquis pour une installation de l’exposition « La visite des lycéens »

En continuant le parcours, on arrive devant une anamorphose. Il faut que le spectateur se

couche sur le tapis pour découvrir l’image qui montre un personnage dans la position où il est

lui-même et ce qu’il pourrait alors lui arriver étant ainsi positionné.

Plus loin, le spectateur monte sur une estrade et est invité à se positionner de telle façon que

des flèches semblent lui transpercer le corps tel un Saint-Sébastien.

Croquis pour l’installation de Saint-Sébastien pour l’exposition « la visite des lycéens »

Le personnage du Saint- Sébastien existe aussi dans la BD « Le Tricheur » tout comme on

retrouvera la scène de la hache plantée dans la tête du personnage ou l’utilisation d’une trappe

dans le sol. Le spectateur est donc invité, non seulement à être un ingrédient de la narration

mais aussi à prendre la place d’un personnage de bande dessinée déjà créé. La frontière entre la

réalité et la fiction est très mince, les auteurs brouillent les contours. Il y a une circulation des

Page 26: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

personnages entre l’espace du livre et celui de la salle d’exposition, une confusion entre le

personnage et le spectateur.

« Le Tricheur » Ed. L’Association

Page 27: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

« La Maison Close » Ed. L’Association

Pendant l’exposition, les spectateurs sont invités à fabriquer des avions en papier et à les lancer

dans l’espace de la Médiathèque. L’œuvre s’invite parmi les livres, les avions en papier rendant

poreuses les limites du Centre d’art.

Page 28: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

« Sol Carrelus » Ed. L’Association

Alors que dans l’exposition, Ruppert et Mulot incitent les spectateurs à créer des scénettes et à

se photographier, notamment une hache au-dessus de leur crâne rendu sanguinolent par un

faux sang de plastique, on trouve une scène similaire dans la bande dessinée « Sol Carrelus ».

Ruppert et Mulot font rejouer au spectateur la scène de la hache et la mise en abîme de cette

scène par la photographie.

Un lecteur acteur

Le travail de Ruppert et Mulot parvient à vraiment toucher le lecteur en l’impliquant dans la

lecture. Les ajouts d’éléments à découper, coller, plier, la lecture de strips entrecoupant le récit

principal, les appels sur le Net aux internautes pour participer à des concours sont autant de

jeux permettant au lecteur de s’investir et devenir acteur. Qu’il cherche ou pas à être complice

de l’auteur, le lecteur finit toujours par être manipulé. Son implication dans la manipulation ou

l’écriture en fait un personnage même de la BD. Il y a bien d’autres façons pour Ruppert et

Mulot de faire collaborer le lecteur. Au fil des pages en lisant « Le Royaume », le lecteur est

invité par les auteurs à transformer cette BD très grand format

(40 x 58 cm) imprimée sur du papier journal. Il modifie l’œuvre en devenant acteur. Il doit plier,

découper, coller donc redonner à cette œuvre une autre valeur. Cette BD redevient un simple

bien de consommation un simple journal que l’on va jeter et non plus une BD à conserver.

Page 29: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

« Le Royaume » Ed. L’Association

Page 30: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

Un lecteur empathique qui s’identifie au héros

Le lecteur est invité à faire un pliage en cône d’une page de journal pour plus facilement

s’identifier au héros dont la tête est un également un cône.

« Le Royaume » Ed. L’Association

Page 31: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

Interactivité toujours quand le lecteur est chargé de trouver la solution de devinettes, de

découper, de plier et même de loucher pour faire apparaître une illustration en 3D.

« Le Royaume » Ed. L’Association

Page 32: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

Les traits des personnages n’étant pas marqués mais remplacés par un triangle, les lecteurs

peuvent mieux s’identifier au personnage. Seuls les auteurs lorsque s’ils sont en situation dans

la BD se représentent avec des yeux, un nez et une bouche.

« Irène et les clochard » Ed. L’Association

Le lecteur n’est plus passif mais impliqué dans le livre. Le travail entier des artistes semble

dédié à développer l’empathie du lecteur avec les personnages.

Page 33: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

« Safari Monsieur » Ed. L’Association

La représentation la plus flagrante est le «V» cinglant le visage de tout être vivant dessiné par

Ruppert et Mulot. C’est en fait l’incarnation graphique d’une volonté générale de forcer le

lecteur à s’attarder, à interpréter, à décrypter, en somme à ne plus être seulement un

spectateur passif mais à être impliqué dans le livre, consciemment ou non.

Dans « Sol Carrelus » les personnages n’ont pas de nom. Mais on peut penser que la

dénomination de ceux-ci par leurs attributs : vampire, zombie, bossu, sorcière (le procédé étant

déjà employé dans « Le Tricheur ») participe à l’investissement du lecteur dans la narration. . . . Les

« mises à mort » apparaissent à cet égard comme un autre moyen pour transmettre ce qui tient

du domaine de « l’inconscient des personnages ».

Page 34: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

VVVVIIII Le Le Le Le ccccadavreadavreadavreadavre exqexqexqexquisuisuisuis

Que ce soit dans l’espace d’exposition ou entre les pages du livre il y a une fusion complète et

totale de deux dessinateurs pour une seule œuvre. Il est impossible de reconnaitre la patte de

l’un ou l’autre des auteurs, l’un commence un dessin, l’autre le termine, les propositions de l’un

se nourrissent de celles de l’autre à la façon d’un cadavre exquis, processus cher aux

surréalistes. On retrouve ce principe du cadavre exquis dans la construction d’œuvres

collectives telles « La maison close » où Ruppert et Mulot ont demandé à des dessinateurs de

participer à l’écriture d’une bande dessinée. Les illustrateurs sont aussi les protagonistes de

cette BD, chacun apportant son propre style graphique. Une œuvre atypique qui par une mise

en abîme présente en off des œuvres « interdites pornographiques » de ces même artistes.

« La Maison Close » Ed. L’Association

Page 35: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

« La Maison Close » Ed. L’Association

VIVIVIVIIIII Exposer dans un livre, Exposer dans un livre, Exposer dans un livre, Exposer dans un livre, exposerexposerexposerexposer dans un centre d’artdans un centre d’artdans un centre d’artdans un centre d’art Ruppert et Mulot se servent du livre comme espace d’exposition demandant au lecteur d’être

actif en participant à l’histoire, de mettre en jeu son corps, d’être acteur. Aussi l’histoire

déborde sans cesse des pages, accrochant le lecteur, et l’incitant à faire le lien entre les espaces

fictifs, réels ou virtuels (dans la bande dessinée « Le Tricheur », un lien vers le site internet des

auteurs, propose au lecteur de continuer en ligne un jeu commencé dans le livre par les

personnages). On retrouve ce principe dans l’exposition où les spectateurs se mettant en

scène, sont amenés à rejouer des scènes dessinées dans les BD. Si le rapport au livre est plutôt

intime, l’exposition va s’appréhender aux côtés d’autres visiteurs et engendrer de

l’interactivité. Ruppert et Mulot proposent aux visiteurs de se mettre en scène

à plusieurs dans « La Masse » et de se photographier.

L’espace d’exposition devient une scène de théâtre, un livre en 3 dimensions. Mais un va et

vient entre l’image en 2D et l’image en 3D est permanent grâce à l’utilisation de la

photographie. Avec Ruppert et Mulot, les

genres n’ont plus de frontière et les

recherches restent les mêmes qu’elles se

déroulent dans les champs de la

performance, du livre ou de l’exposition.

Dans le Centre d’art de Colomiers, ce qui

fait œuvre sont moins les installations que

le récit. Ce dernier étant activé par les

spectateurs les frontières entre l’œuvre, le spectateur, la fiction et la réalité deviennent

poreuses. « Qu’est ce qui fait art ? » est une des questions que ravive l’exposition de Ruppert et

Mulot.

Page 36: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

VIIIVIIIVIIIVIII La provocation, l’impertinence, la violenceLa provocation, l’impertinence, la violenceLa provocation, l’impertinence, la violenceLa provocation, l’impertinence, la violence

Que ce soit dans les bandes dessinées ou dans l’exposition « La visite des Lycéens », Ruppert et

Mulot abordent des thèmes qui frisent le tabou : la violence, la drogue, l’alcool, la sexualité, la

pédophilie, le racisme. Traités avec beaucoup de débordements, de détails comiques façon

bande dessinée, les narrations provoquent le rire beaucoup plus que l’indignation. Rire de notre

humanité et de ses penchants tordus que l’on essaie de cacher. Ruppert et Mulot lèvent des

voiles, regardent les tabous en face. Tout en permettant d’une façon très intelligente de

questionner chaque spectateur sur sa posture voire de le déranger, l’exposition est un point de

départ pour enclencher un dialogue entre les enseignants, les parents, les adolescents, les

enfants et globalement tous les spectateurs. Sous un angle faussement bête et méchant, sous

des airs de potaches, l’exposition de Ruppert et Mulot nous invite à interroger notre société, à

prendre une distance critique.

En effet nos sociétés contemporaines ont tendance à condamner la violence alors qu’elles en

font usage de façon hypocrite ou indirecte. Les élevages d’animaux en masse dans des

conditions sordides, la course à l’armement et les guerres successives, notre impuissance

coupable dédouanée d’une compassion devant les plus démunis…. Les sociétés archaïques

moins pusillanimes ritualisaient la violence : pratiques initiatiques mutilantes, codes pénaux

inflexibles détaillant les châtiments corporels les plus atroces…

Depuis la nuit des temps , l’art met en scène la violence pour structurer positivement notre

imaginaire collectif. La violence est alors intégrée à l’histoire de l’homme dont elle est une des

composantes, l’art permet de transcender le réel et produire du symbole. Nombreuses sont les

scènes religieuses qui mettent en scène cette violence, le signe de la chrétienté est un homme

dont les membres sont cloués sur une croix…A toute époque les artistes traiteront la violence

destructrice de l’homme, Picasso qui dépeint la guerre civile espagnole à travers Guernica. Plus

contemporains, Michel Journiac fait du boudin avec son sang ou Chris Burden se fait tirer sur

l’épaule…. Dessiner la violence, la transcender, la jouer, permet de la mettre à distance et de

l’interroger, tout en l’admettant comme une des composante de notre société.

IX IX IX IX ConclusionConclusionConclusionConclusion

Les histoires, les expositions, les performances de Ruppert et Mulot s’articulent en parallèle,

s’imbriquent les unes dans les autres, sortent de leurs cadres, pour ne former in fine qu’une

œuvre globale.

Ruppert & Mulot court-circuiteront bien les esprits, ce duo a l'un des bicerveaux les plus

prolifiques au renouvellement de la bande dessinée et de l’art contemporain.

Page 37: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

VII BibliographieVII BibliographieVII BibliographieVII Bibliographie

Albums et recueilsAlbums et recueilsAlbums et recueilsAlbums et recueils

• Safari Monseigneur, L'Association, coll. « Ciboulette », 2005.

• La poubelle de la Place Vendôme, L'Association, coll. « Patte de Mouche », 2006.

• Panier de singe, L'Association, coll. « Ciboulette », 2006.

• Gogo Club, L'Association, coll. « Mimolette », 2007.

• Le Tricheur, L'Association, coll. « Éperluette », 2008. Sélection officielle du Festival

d'Angoulême 2009.

• Sol Carrelus, L'Association, coll. « Éperluette », 2008.

• Irène et les clochards, L'Association, coll. « Ciboulette », 2009.

• Le Royaume, L'Association, 2011.

• La Grande Odalisque, avec Bastien Vivès, Dupuis, coll. « Aire libre , 2012.

CollectifsCollectifsCollectifsCollectifs

• « Meatã », dans Panier de singe, La Cinquième Couche, coll. « F. », 2006.

Magazines et revuesMagazines et revuesMagazines et revuesMagazines et revues

• 24 pages d'entretien dans la revue Collection, n°1, mai 2010.

• Trois pages dans Bile Noire n°14, Atrabile, 2004.

• « Les Pharaons d'Égypte », dans Ferraille Illustré n°26, Les Requins Marteaux, janvier

2005.

• « Les portraitistes - Le petit garçon » et « Les portraitistes - Les deux prostituées », dans

Ferraille Illustré n°27, Les Requins Marteaux, janvier 2006.

• « Dédicace et performance », dans L'Éprouvette n°1, janvier 2006.

• « Propagandes de bite », dans L'Éprouvette n°2, juin 2006.

• « Duel contre Daredevil, RING MASTER et son cirque du crime », dans Lapin n°36,

septembre 2006.

• Lapin n°40, novembre 2009.

BibliographieBibliographieBibliographieBibliographie

• Julie Delporte, « Une analyse du ludique dans La Maison close », dans Comix Club n°11,

janvier 2010, p. 34-49.

• Ruppert & Mulot (int. Jean-Christophe Menu), « Dédicace et performance », dans

L'Éprouvette n°1, janvier 2006.

Page 38: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

VIIVIIVIIVIIIIII. Pistes d’ateliers pédagogique. Pistes d’ateliers pédagogique. Pistes d’ateliers pédagogique. Pistes d’ateliers pédagogiquessss

1.1.1.1. Fabriquer des images en mouvementFabriquer des images en mouvementFabriquer des images en mouvementFabriquer des images en mouvement

Le zootropeLe zootropeLe zootropeLe zootrope

Objectif Animation Jeu optique Cinéma d’animation

© 2005 Office national du film du Canada / Objectif Animation

La construction d’un zootropeLa construction d’un zootropeLa construction d’un zootropeLa construction d’un zootrope

HistoriqueHistoriqueHistoriqueHistorique

Le zootrope est conçu en 1833 par le mathématicien anglais William George Horner. On perçoit

alors

son invention comme un jeu optique et on lui donne le nom de Daedolum ou « roue du diable

». Ce

n’est qu’en 1902 que le Français Benjamin Bourdon décide de l’utiliser pour comprendre et

expliquer les illusions au cinéma. Il publie d’ailleurs ses études sur le sujet dans un livre intitulé

La perception visuelle de l’espace.

MatérielMatérielMatérielMatériel

- Le fond d’une boîte ronde de fromage du commerce (2 cm de hauteur, 11 cm de diamètre)

- Des crayons de couleur

- Un crayon à mine

- Une vis à bois de calibre 10, de 1 pouce ½ de longueur (vendue en quincaillerie)

- Une rondelle d’acier au trou central assez grand pour que passe la vis (vendue en quincaillerie)

- Un bouchon de liège

- Du carton noir rigide

- Une règle

- Des ciseaux

- Une agrafeuse et des agrafes

- Du papier blanc

ConstructionConstructionConstructionConstruction

Le suppoLe suppoLe suppoLe supportrtrtrt

Étape 1 :Étape 1 :Étape 1 :Étape 1 :

Prends le fond d’une boîte de fromage ronde et décore son contour extérieur à ta guise.

Étape 2 :Étape 2 :Étape 2 :Étape 2 :

a) Au crayon à mine, trace une croix à l’intérieur de la boîte. Le centre de ta croix doit

correspondre au centre de la boîte.

Page 39: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

b) Fais passer la vis à bois à travers le fond de la boîte où se situe le centre de la croix. Attention!

Tu dois insérer la vis à l’intérieur de la boîte afin qu’elle sorte en dessous.

c) Pour solidifier le tout, retire la vis avant de placer la rondelle d’acier vis-à-vis de ton trou, puis

remets la vis en place. Celle-ci doit pouvoir tourner sur elle-même facilement.

Étape 3 :Étape 3 :Étape 3 :Étape 3 :

Enfonce le bouchon de liège dans le bout de la vis qui se trouve sous la boîte, jusqu'à ce qu’il

touche la surface de la boîte.

Voici le résultat que tu devrais obtenir.

Étape 4 :Étape 4 :Étape 4 :Étape 4 :

Cette première partie du zootrope s’appelle le support. Mets-la de côté.

La couronneLa couronneLa couronneLa couronne

Étape 5 :Étape 5 :Étape 5 :Étape 5 :

a) Dans du carton noir rigide, découpe une bande de 36 cm de longueur sur 7 cm de largeur.

b) Pars d’une extrémité de la bande et, à 2,5 cm de celle-ci, découpe une encoche de 0,5 cm de

largeur et de 3,5 cm de longueur (elle se rendra jusqu’au milieu de la largeur de la bande).

c) À partir du bord de cette encoche, mesure une fois de plus 2,5 cm et découpe une autre

encoche pareille à la première.

d) Continue jusqu’au bout de la bande : tu obtiendras 11 encoches et 12 «dents ».

Étape 6 :Étape 6 :Étape 6 :Étape 6 :

a) Roule ta bande dentelée sur elle-même et agrafe-la en prenant soin de superposer

les deux dents des extrémités. Tu obtiendras une rondelle à 11 dents.

b) Cette deuxième partie du zootrope s’appelle la couronne. Mets-la de côté.

La bande imagéeLa bande imagéeLa bande imagéeLa bande imagée

Étape 7 :Étape 7 :Étape 7 :Étape 7 :

a) Dans du papier blanc, découpe une bande de 36 cm de longueur sur 4 cm de largeur.

b) Sépare ta bande en 9 cases de 4 cm de longueur et trace un «X » dans la dernière case.

Page 40: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

Étape 8 :Étape 8 :Étape 8 :Étape 8 :

a) Imagine le mouvement simple que pourrait effectuer un objet, un humain ou un animal : les

aiguilles d’une horloge qui tournent, un personnage qui agite le bras,un oiseau qui bat des

ailes… Tu devras décomposer ce mouvement en 8 étapes.

b) Au crayon à mine, dessine le même objet, personnage ou animal en décomposant le

mouvement qu’il fait en 8 étapes, 1 étape par case.

c) Ajoute de la couleur à tes dessins.

Étape 9 :Étape 9 :Étape 9 :Étape 9 :

a) Roule ta bande imagée sur elle-même et glisse-la à l’intérieur de ta couronne.

b) Agrafe ta bande imagée à ta couronne à l’endroit où se trouve le « X ».

Voici à quoi cela ressemblera.

L’assemblageL’assemblageL’assemblageL’assemblage

Étape 10 :Étape 10 :Étape 10 :Étape 10 :

Glisse ta couronne à l’intérieur de ton support.

Tu obtiendras ce résultat.

Étape 1Étape 1Étape 1Étape 11 :1 :1 :1 :

En tenant le bouchon de liège à la base de ton support, fais tourner ton zootrope devant tes

yeux et regarde entre les encoches… tu verras ton dessin s’animer! Voir fiche technique : la

construction d’un zootrope en fin de document

2.2.2.2. Construire une naConstruire une naConstruire une naConstruire une narrationrrationrrationrration

Les élèves se mettent en scène dans l’exposition et se photographient. A la façon de Ruppert et

Mulot, les élèves créeront le mouvement en photographiant les gestes images par images.

Les images servent à créer une bande dessinée où le texte et les bulles se rajoutent.

Page 41: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

ANNEXESANNEXESANNEXESANNEXES

INTERVIEW DE RUPPERT & MULOT AVEC ARNAUD FOURRIER

AVRIL 2013

Ce n'est pas la première fois que Florent Ruppert et Jérôme Mulot sont invités à exposer, Ce n'est pas la première fois que Florent Ruppert et Jérôme Mulot sont invités à exposer, Ce n'est pas la première fois que Florent Ruppert et Jérôme Mulot sont invités à exposer, Ce n'est pas la première fois que Florent Ruppert et Jérôme Mulot sont invités à exposer,

néanmoins il s’agit de leur première exposition d’aussi grande envenéanmoins il s’agit de leur première exposition d’aussi grande envenéanmoins il s’agit de leur première exposition d’aussi grande envenéanmoins il s’agit de leur première exposition d’aussi grande envergure dans un centre d’art. Cesrgure dans un centre d’art. Cesrgure dans un centre d’art. Cesrgure dans un centre d’art. Ces

deux auteurs issus de la bande deux auteurs issus de la bande deux auteurs issus de la bande deux auteurs issus de la bande dessinée indépendante travaillent depuis leur début en duo. Ils se dessinée indépendante travaillent depuis leur début en duo. Ils se dessinée indépendante travaillent depuis leur début en duo. Ils se dessinée indépendante travaillent depuis leur début en duo. Ils se

prêtent au jeu de l'exposition qui leur esprêtent au jeu de l'exposition qui leur esprêtent au jeu de l'exposition qui leur esprêtent au jeu de l'exposition qui leur est proposée à l'automne 2013 au Ct proposée à l'automne 2013 au Ct proposée à l'automne 2013 au Ct proposée à l'automne 2013 au Centre d'art de Colomiers, entre d'art de Colomiers, entre d'art de Colomiers, entre d'art de Colomiers,

dans un temps consacré au dans un temps consacré au dans un temps consacré au dans un temps consacré au dessin cdessin cdessin cdessin contemporain. Il s’agit pour le Contemporain. Il s’agit pour le Contemporain. Il s’agit pour le Contemporain. Il s’agit pour le Centre d’art de la première entre d’art de la première entre d’art de la première entre d’art de la première

invitation faite à des dessinateurs issus de la bandeinvitation faite à des dessinateurs issus de la bandeinvitation faite à des dessinateurs issus de la bandeinvitation faite à des dessinateurs issus de la bande----dessinée. Ils conçoivent une exposition dans dessinée. Ils conçoivent une exposition dans dessinée. Ils conçoivent une exposition dans dessinée. Ils conçoivent une exposition dans

un lieu un lieu un lieu un lieu ---- le Pavillon Blanc le Pavillon Blanc le Pavillon Blanc le Pavillon Blanc –––– qui accueille également une médiathèque, à un momqui accueille également une médiathèque, à un momqui accueille également une médiathèque, à un momqui accueille également une médiathèque, à un moment où est ent où est ent où est ent où est aussi aussi aussi aussi

programmé le Fprogrammé le Fprogrammé le Fprogrammé le Festival BD de Colomiers. Les auteurs imaginent une dizaine d'installations qui estival BD de Colomiers. Les auteurs imaginent une dizaine d'installations qui estival BD de Colomiers. Les auteurs imaginent une dizaine d'installations qui estival BD de Colomiers. Les auteurs imaginent une dizaine d'installations qui

jalonneront la galerie du centre d'art, passant du dessin à l'objet, de la blague à l'installation. On y jalonneront la galerie du centre d'art, passant du dessin à l'objet, de la blague à l'installation. On y jalonneront la galerie du centre d'art, passant du dessin à l'objet, de la blague à l'installation. On y jalonneront la galerie du centre d'art, passant du dessin à l'objet, de la blague à l'installation. On y

découvrira des auteurs dont la pratique du dessin esdécouvrira des auteurs dont la pratique du dessin esdécouvrira des auteurs dont la pratique du dessin esdécouvrira des auteurs dont la pratique du dessin est centrée sur la narration, le mouvement et t centrée sur la narration, le mouvement et t centrée sur la narration, le mouvement et t centrée sur la narration, le mouvement et

l’interactivité. La bandel’interactivité. La bandel’interactivité. La bandel’interactivité. La bande----dessinée devient alors un medium, un moyen efficace et radical pour dessinée devient alors un medium, un moyen efficace et radical pour dessinée devient alors un medium, un moyen efficace et radical pour dessinée devient alors un medium, un moyen efficace et radical pour

créer, mais sans cesse débordé et régénéré par un art qui emprunte à la littérature, aux arts visuels créer, mais sans cesse débordé et régénéré par un art qui emprunte à la littérature, aux arts visuels créer, mais sans cesse débordé et régénéré par un art qui emprunte à la littérature, aux arts visuels créer, mais sans cesse débordé et régénéré par un art qui emprunte à la littérature, aux arts visuels

et au cinéma.et au cinéma.et au cinéma.et au cinéma.

Arnaud Fourrier - Vous faites partie des figures historiques de la maison d'édition de bande-dessinée

L'Association et vous êtes tous les deux passés par une école d'art, l'Ensba de Dijon. Dans une

conversation précédente vous m'aviez parlé de la bd comme d'un art bâtard, à mi-chemin entre la

littérature et les arts visuels. Vous sentez-vous comme des artistes de bd et comment abordez-vous la

création en ce qui concerne ces étiquettes et classifications artistiques ? Quelle est votre position face à

ces invitations à exposer – comme cela fut le cas par le passé dans les galeries Anne Barrault (invités pour

l’exposition Killofer) et Agnès B en 2012 (exposition Futur Antérieur) et aujourd'hui à Colomiers ?

Jérôme Mulot - Effectivement nous avons le sentiment de faire de la bande-dessinée d’auteur comme il

existerait du cinéma d’auteur. Nous sommes dans des enjeux plastiques, notre objectif n’est pas

simplement de faire rire. Quant à Agnès B, elle nous avait invité à reproduire une forme qui fait, pour

nous, partie du « petit théâtre de l’ébriété » dans le cadre de l’exposition Futur antérieur [une sculpture

de dessin où des personnages s’animent en tournant sur un carrousel, généralement un tourne disque].

Florent Ruppert - En fait nous ne nous posons pas la question de l’étiquette, jamais. Si nous sommes

classés dans un domaine ou un autre, c’est que quelqu’un met une étiquette sur quelque chose et que

nous, nous sommes cette chose. Nous, nous n’en parlons pas. Nous avons des débats entre nous mais

c’est plus d’ordre rhétorique qu’autre chose. A la sortie des beaux-arts, nous avons pris la décision

d’arrêter d’utiliser tous les médiums sur lesquels nous avions commencé à travailler, notamment la

danse contemporaine pour moi, la vidéo, l’installation, les conférences pour Jérôme. Nous avons décidé

d’arrêter tout cela pour faire de la bande-dessinée et d’une certaine manière pour continuer à faire

toutes ces choses que nous avions commencé dans d’autres mediums en les faisant rentrer dans une

case. Nous avons fait un choix radical de medium en sachant que toutes les envies que nous avions, nous

pouvions les travailler en bande-dessinée. Notre but n’était pas d’exposer dans des lieux d’art

contemporain mais cela nous arrive aujourd’hui. Nous ne faisons que répondre à des invitations.

Page 42: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

JM - Au final nous ne changeons jamais l’axe de notre travail, c’est l’angle de réception qui est différent

suivant les terrains. Par exemple, nous avons réalisé des formes de conférences dans lesquels nous

travaillons la narration.

FR – Oui, notre première collaboration a eu lieu lors du festival bd, elle s’appelait La dédicace de page

blanche. Nous n’avions pas encore de livre. A partir d’une feuille blanche avec des carrés pré-dessinés,

nous invitions une personne à parler pour lui dédicacer le « livre ». Nous lui disions : « on commence

maintenant » et tout ce qui était échangé était alors noté sur cette page blanche ; nous avions alors une

discussion bizarre dessinée à 4 mains durant laquelle nous stoppions parfois par un « chut » pour avoir le

temps de dessiner dans les carrés. Nous manipulions la feuille dans tous les sens, c’était un moment

assez étrange ! A la fin nous plions la feuille et nous l’agrafions pour constituer un livre de 8 pages, récit

de la conversation. Notre objectif était de créer une narration avec un début et une fin sur le temps de la

dédicace. Plus la situation était bizarre et meilleur le livre était ; nous nous mettions vraiment en danger.

La dédicace était le récit… cela a été une expérience fondamentale pour nous, à plusieurs titres. Quand tu

notes ce qui est dit dans une conversation, tu remarques qu’il y a des dizaines de tics de langage, de

répétitions qui ne sont pas retranscrits dans d’autres médiums. Cela a marqué notre style oral en bd.

Cela permet également d’ouvrir un rideau sur le fonctionnement d’un cerveau et son degré d’absurdité :

nous faisons un peu le portrait de la bêtise humaine, je crois que c’est important pour nous aussi. La

notion d’auteur est aussi importante.

JM – Il y a aussi le temps et l’improvisation : nous sommes débordés, nous sommes dans l’urgence, il faut

trouver une chute, nous posons des questions provocantes à travers lesquelles nous cherchons les traits

de la personne.

AF – Après ce genre d’expérience, pourquoi avoir choisi le papier et la bd plutôt que ce genre de

conférences performées ?

JM –Pourquoi nous avons quitté l’art contemporain pour aller vers la bd après l’école ? Tout simplement

parce que nous avons fait nos premières armes en faisant des fanzines et en allant de festivals en

festivals pendant que l’art contemporain nous semblait semé d’embuches. La bande-dessinée nous

permettait de nous produire tout de suite, de publier et de faire ce que nous voulions. C’était pour nous

la meilleure vitrine.

FR – A cette époque-là, nous étions de grands lecteurs de l’Association. Nous avions senti qu’il y avait un

espace avec la bande-dessinée et des gens qui avaient ouvert des brèches vers de nouveaux territoires. Il

s’agissait de Guy Delisle, David B, les débuts de Sfarr, etc. Ils faisaient de l’autobiographie. Cela nous a

ouvert le champ des possibles. Quand nous faisons la dédicace de page blanche, nous faisons de

l’autobiographie. Nous le faisons parce qu’il y a eu l’autobiographie auparavant : nous emmenons des

situations autobiographiques vers l’absurde en cassant des codes préexistants. Cela a vraiment été un

environnement déterminant pour nous.

AF - Vous semblez travailler uniquement en duo. Lors de nos premières rencontres, vous m'avez parfois

donné l'impression de partager vos fonctions cérébrales et expressives, réfléchissant ensemble, Jérôme

étant les yeux et les oreilles et Florent assurant la parole et le geste. Quelles sont les origines et le mode

de fonctionnement de votre duo?

Page 43: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

FR – Jérôme m’a dit un jour en 2ème année des beaux-arts, pendant des vacances, qu’il voulait faire de la

bd. Il lisait de nombreuses bd et avait des idées sur comment faire de la bd. Il voulait écrire un livre en

une semaine. Je me rappelle qu’il prenait l’exemple de Napoléon qui se défatiguait après la bataille en

faisant du cheval. Notre façon de travailler c’est notre histoire personnelle, c’est aussi l’histoire de nos

livres. Nous avons par exemple du mal à faire des tomes 2. Chaque livre est une aventure.

JM – Les livres sont des fragments, des histoires, des choses sur lesquelles nous revenons. Les va et vient

et la méthode ne changent pas, c’est la grammaire de nos livres qui change.

FR – Et puis sur cette question du duo depuis l’origine de notre collaboration, nous trouvons des milliards

de combines pour ne pas répondre à cette question.

JM & FR:

AF – Pour l'exposition au Pavillon Blanc, vous envisagez l'espace d'exposition comme un espace narratif

fait de scénettes où le visiteur pourra activer le récit. Il y a par exemple cette installation composée d'une

hache sur un socle dans laquelle les visiteurs pourront mettre leurs doigts et se faire photographier par

d’autres visiteurs comme s’ils s’étaient fait couper trois doigts. Que vous apporte ce passage à

l’exposition ? Est-ce de rejouer la narration d'une autre manière, de passer de la page à la sculpture? Ou

de jouer avec le visiteur?

FR – Le passage à l’exposition est assez naturel. A travers les livres que nous avons écrits, nous avons

toujours eu cette envie de pousser le réel vers la fiction et de ramener la réalité dans le livre. Par exemple

nous avons produit un livre où il faut loucher pour lire. Le personnage principal est un cow-boy et

photographe. Il réalise des stéréoscopies, c’est-à-dire des images en volume que tu vois en louchant. Ce

personnage louche, en arrivant dans une nouvelle ville, il tombe sur un autre personnage qui lui tend un

piège. L’histoire raconte leur duel. Au final, nous poussons le lecteur à loucher, à s’identifier

physiquement au personnage mais surtout à se dire qu’il a physiquement une implication dans la lecture

du livre. Dans une autre œuvre, le Royaume, nous avons inséré un cône et notre but est que le spectateur

mette la tête dedans. L’exposition de Colomiers nous permet de plus impliquer le corps que dans un

processus de lecture.

JM – Dans l’exposition, le visiteur sera mis en scène. Nos interventions croisent le dessin, ce qui est

visible et ce qui est possible. La narration s’amorce avec des ingrédients disposés dans l’espace, une

hache ou une masse, des objets autour desquels les visiteurs pourront se mettre en scène. Parfois, le

dessin permettra au visiteur de comprendre que ce qu’il regarde pourrait lui arriver. Ici, c’est l’effet, la

surprise et la tautologie qui nous intéressent ; et le mélange entre la fiction et la réalité. Pour donner un

exemple, nous sommes intervenus lors de la création d’un photomaton présenté à l’accueil du Palais de

Tokyo à Paris : il s’agit d’un dessin en anamorphose qui nécessite de la part du visiteur de prendre une

position ridicule et vulnérable… Dans ce genre de photomaton où l’on se fait prendre en photo à deux, le

visiteur qui regarde l’anamorphose comprend alors que le dessin montre sa propre position et ce qui

pourrait lui arriver, le dessin invitant son camarade à lui faire un geste obscène.

FR – Et quand le 2ème visiteur regarde à son tour le dessin, le 1er visiteur a alors la possibilité de faire ce

geste obscène… le dessin prend un sens tout comme cela a alors un sens de faire un geste obscène. Le

sens de cette installation, ce sont les possibilités de fiction et d’action sur le réel. Nous pensons que le

dessin a un pouvoir magique, un pouvoir fort et mystérieux. Nous sommes toujours surpris par le dessin ;

mais c’est aussi quelque chose de capricieux qui ne fonctionne pas toujours.

Page 44: dossier p dagogique RM ok Caroline...PRESENTEE PAR LE CENTRE D’ART DE COLOMIERS A L’OCCASION DU FESTIVAL DE BANDE DESSINEE DE COLOMIERS ET DE GRAPHEÏNE, LA SAISON DU DESSIN

JM – Dans l’exposition, ce n’est pas tant la sculpture ou l’installation qui nous intéressent, ce sont les

possibilités narratives, l’usage de la forme.

AF : On a parfois le sentiment que ce n'est pas simplement la bande-dessinée ni l'art contemporain qui

vous intéressent au fond, mais le cinéma et l'animation : on pense aux gags de Charlie Chaplin et au

cinéma muet en noir et blanc en se promenant sur votre site internet (www.succursale.org). Vous

envisagez d'ailleurs de créer pour l'exposition un film animé montrant une scène de gymnastique

absurde avec un trampoline et un cheval d'arçon. Il y a aussi ce projet de dessins montés sur carrousel où

l'image s'animera par rotation d'un disque au sol, à la manière des dispositifs pré-cinématographiques.

Quel est votre rapport au cinéma?

JM – Clairement, chez Charlie Chaplin nous sommes frappés par la façon qu’il a de cadrer les choses, sa

manière frontale de filmer. En bande-dessinée nous cadrons également. Nous dessinons le langage du

corps dans la case.

FR – Nous utilisons continuellement la référence au film et au cinéma. Ce que les gens ont tendance à

oublier avec la bande-dessinée c’est qu’il s’agit de mouvements. Certes c’est un art bâtard entre la

littérature et les arts plastiques mais avant toute chose c’est du temps ; du corps en mouvement, des

choses qui bougent, de la lecture, du temps mêlé avec du trait. Il y a une time line, un curseur qui avance.

Nous sommes les chefs d’orchestre mais nous jouons avec les personnages, avec ce qu’ils disent. En fin

de compte, nous faisons évoluer des corps dans l’espace, nous faisons une sorte de cinéma. Quand tu fais

du cinéma, tu enregistres le mouvement. La bande-dessinée n’est pas du dessin arrêté.

JM - On se dit parfois que le personnage ne parle pas bien dans une case ; c’est qu’il joue mal. Le geste

doit être juste. Si le dessin est bon c’est que sa façon de parler est juste.