DR DOMINIQUE GARREL QUESTION… · comme beaucoup d’autres, de l’idée que les calories ... car « l’homme n’est pas une machine ». J’eus beau invoquer les lois de la thermodynamique,

QUESTION DE MAIGRIRLA VÉRITÉ SUR L’OBÉSITÉ...

PANDÉMIE DU SIÈCLE

Comprendre les causes et la combattre

DR DOMINIQUE G A R R EL

Extrait de la publication


QUESTION DE MAIGRIR



QUESTION DE MAIGRIRLA VÉRITÉ SUR L’OBÉSITÉ...

PANDÉMIE DU SIÈCLE

Comprendre les causes et la combattre

DR DOMIN IQUE G A R R EL


Pour l’aide à la réalisation de son programme éditorial, l’éditeur remercie la Société de Développement des Entreprises Culturelles (SODEC)

Marcel Broquet Éditeur55A, rue de l’Église, Saint-Sauveur (Québec) Canada J0R 1R0Tél. : 450 [email protected] • www.marcelbroquet.com

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Dépôt légal : 1er trimestre 2010Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque et Archives CanadaBibliothèque nationale de France

© Marcel Broquet Éditeur, 2010

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction interdits sans l’accord de l’auteur et de l’éditeur.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Garrel, Dominique, 1948- Question de maigrir : la vérité sur l’obésité : comprendre les causes et la combattre Nouv. éd. rev. et augm. (Collection Santé bien-être) ISBN 978-2-923715-37-71. Perte de poids. 2. Obésité. 3. Poids corporel - Régulation. 4. Régimes amaigrissants. I. Titre. RM222.2.G37 2010 613.2’5 C2010-940430-0

Table des matières

Avant-propos 9

Chapitre 1 Encore un livre sur l’obésité ? 13

Chapitre 2 Qui a besoin d’énergie ? 20

Chapitre 3 Comment ça marche ? 27

Chapitre 4 Pourquoi engraisse-t-on ? 39

Chapitre 5 L’exercice physique fait-il maigrir ? 61

Chapitre 6 Comment faire un bilan ? 65

Chapitre 7 Que penser des diètes qu’on nous propose ? 93

Chapitre 8 Que faire ? 103

Chapitre 9 Mythe ou réalité ? 121

Questions 127


Avant-propos

L’idée de ce livre est née autour d’une table. Un de mes amis m’expliqua qu’il suivait le dernier régime à la mode et qu’il avait déjà perdu 20 livres

en 6 mois, sans privation. L’explication était simple : il ne fallait jamais manger de glucides et de lipides en même temps, car les glucides font sécréter l’insuline et cette insuline transforme les glucides ingérés en graisse. J’eus du mal à croire que le vieux serpent de mer des régimes hypoglucidiques refaisait surface, mais il fallait se rendre à l’évidence : la bête était de retour, et en force ! Les glucides, voilà l’ennemi. Cette nouvelle version de l’alimentation pauvre en glucides s’accompagnait, comme beaucoup d’autres, de l’idée que les calories n’ont rien à voir avec le poids corporel, car « l’homme n’est pas une machine ». J’eus beau invoquer les lois de la thermodynamique, nos connaissances actuelles sur l’assimilation des glucides et des lipides ; rien n’y fit. Mon ami, pourtant homme d’affaires avisé, resta sur


ses positions puisque après tout, « ma diète marche et ta science ne marche pas ! ». Je compris l’ampleur des dégâts quand plusieurs de mes confrères médecins m’assurèrent de leur croyance dans les vertus amincissantes des diètes dissociées ainsi que dans les dangers de l’insuline.

L’épidémie d’obésité à laquelle les pays développés font face, associée aux problèmes financiers considérables que traversent tous les systèmes de santé, rendent pour-tant urgente la diffusion d’informations précises et de conseils utiles à une prévention efficace. La science médicale est-elle impuissante ? Certains d’entre nous sont-ils génétiquement condamnés à l’excès de poids ? Allons-nous voir dans 20 ans le tiers de nos populations souffrir de diabète ?

Ce livre se veut le contraire d’une recette miracle pour perdre du poids. Il fait le pari que la compréhension des mécanismes de base du maintien du poids peut aider quiconque, non seulement à mieux gérer son poids, mais à vivre en santé sans se priver des plaisirs de la table.

***

Pourquoi rééditer ce livre sur l’obésité 10 ans après ?

La principale raison est l’ampleur que cette maladie a prise dans notre société et dans le monde entier. Plus du tiers de la population américaine est obèse et en 2015, c’est-à-dire demain, plus de la moitié le sera si la tendance se maintient. Au Canada, les chiffres sont légèrement

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inférieurs (le quart actuellement et le tiers en 2015), mais la tendance vers l’augmentation est la même.

Le nombre de sujets obèses n’est pas la seule préoccu-pation. En effet, parmi les sujets obèses, le nombre de ceux qui sont très sévèrement atteints a augmenté cinq fois plus vite que celui des obèses moins atteints. Nous verrons que les conséquences sociales, économiques et médicales de ce phénomène sont très importantes.

Une autre raison d’inquiétude est l’augmentation consi-dérable de l’obésité chez l’enfant et l’adolescent. Un enfant d’âge scolaire sur cinq est obèse aux États-Unis et ce chiffre ne cesse d’augmenter. L’apparition de l’obésité chez les individus pendant la période de reproduction pourra changer de façon majeure l’évolution à long terme de la fréquence de la maladie, car la sélection naturelle a commencé son œuvre.

On assiste à un effort considérable de recherche pour connaître les causes de l’obésité et les moyens de traiter cette condition ainsi que les maladies qui lui sont asso-ciées. Une mise à jour dans ce domaine m’a donc paru appropriée.

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Chapitre 1Encore un livre sur l’obésité ?

Céline et Julie se sont donné rendez-vous dans un salon de thé. Elles ne s’étaient pas vues depuis 5 ans. Céline était en avance et avait commencé

à explorer l’étalage de gâteaux, tous plus appétissants les uns que les autres, faisant déjà ses choix. Lorsque Julie arriva, Céline ne put s’empêcher de remarquer que son amie avait pris pas mal de poids, mais bien sûr, elle ne lui en fit aucune remarque. Une demi-heure plus tard, Julie en était à son troisième gâteau, alors que Céline avait à peine osé entamer son premier, le seul qu’elle avait pu trouver qui ne contenait aucune crème. « Mais enfin Céline comment fais-tu pour garder la ligne en mangeant comme cela, alors que moi, je prends du poids simplement en regardant la vitrine d’une pâtisserie ! C’est injuste, j’ai sûrement un problème hormonal, il faut que je consulte un médecin ! »

Ce livre intéressera ceux qui veulent connaître les raisons du désarroi de Julie, ce que nos connaissances

scientifiques peuvent ou ne peuvent pas expliquer et ce que la médecine propose à ceux pour qui l’excès de poids est un problème de santé.

Évolution et obésité

L’homme évolue depuis environ deux millions d’années. Homo sapiens, notre ancêtre le plus proche, vivait il y a environ 200 000 ans. Or, l’homme est un des mammifères les plus gras de la création et, dans l’espèce humaine, la femelle est notablement plus grasse que le mâle, ce qui n’est pas vrai de la plupart des autres mammifères. Les raisons qui expliquent ce phénomène sont obscures. La théorie du gène économe, bien qu’elle soit loin d’être démontrée, est la plus en vogue dans les milieux scien-tifiques actuels. Il s’agirait de gènes qui favoriseraient l’accumulation des réserves énergétiques tout en per-mettant d’économiser les dépenses énergétiques.

Nous n’avons pas besoin de remonter bien loin dans la grande histoire de l’humanité pour comprendre cette théorie. Quant à l’adiposité féminine, il faut se rappeler que le déroulement d’une grossesse normale et la capacité d’allaiter supposent une quantité énorme d’énergie : à peu près 8 kg de tissu adipeux pour la grossesse, et l’équivalent de 500 kcal supplémentaires par jour pendant deux ans. Or, parmi les sociétés préindustrielles observées par les anthropologues modernes, près de la moitié des humains faisait face à des disettes plus d’une fois par an. On comprend donc facilement que la survie de l’espèce



dépendait d’une capacité exceptionnelle d’accumuler de la graisse.

De la préhistoire à la révolution industrielle

Avant l’apparition de l’agriculture, il y a environ 10 000 ans, celui qui pouvait survivre devait être le mieux adapté pour une utilisation minimale d’énergie et une capacité optimale d’emmagasinage des graisses. Prenons l’exemple d’une tribu vivant de la chasse. Pour chasser, il fallait pouvoir se cacher des heures et marcher pour trouver une proie, puis il fallait courir longtemps pour l’attraper ; finalement, il fallait une certaine force physique pour la tuer, l’emmener au campement et la dépecer. Le repas qui s’ensuivait permettait de récupérer l’énergie ainsi dépensée. L’effort était répété quotidien-nement. Mais la chasse n’était pas toujours fructueuse, on revenait alors bredouille ou avec des proies plus petites. Celui qui était en mesure d’emmagasiner son énergie sous forme de graisse pouvait, lorsque l’occasion se présentait, dépenser son énergie en réserve. Celui qui ne disposait pas de cet avantage génétique ne pouvait pas survivre longtemps.

Jusqu’à l’apparition de l’agriculture, une bonne quantité de graisse dans l’organisme permettait de survivre aux disettes, de mieux tolérer le froid et d’effectuer efficace-ment un travail physique constant. Il n’y a pas si long-temps, les pères avertissaient ainsi leurs fils : « « Ne marie pas une fille trop maigre, elle sera toujours malade. » Et

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à l’époque, ils avaient raison. Toute la sélection naturelle aurait donc favorisé une capacité plus grande d’emma-gasiner l’énergie sous forme de tissus graisseux. Pour couronner le tout, elle aurait aussi favorisé tous ceux qui, pour un même effort, dépensent le moins d’énergie.

En résumé, voici donc les caractéristiques que l’évolution aurait choisies afin de former l’être humain le mieux adapté :• capacité de résister au manque de nourriture (carence

nutritionnelle) ;• capacité d’assimilation optimale des aliments ;• métabolisme bas (peu de dépenses calorifiques) au

repos ;• capacité d’utilisation d’un minimum de calories à

l’effort.

Et l’abondance arriva…

Mais voilà, depuis les révolutions agricole et industrielle, l’environnement dans les pays développés a changé :• il n’y a plus de disette ;• les aliments se sont raffinés ;• les périodes de repos ont augmenté ;• les occasions de faire des efforts ont diminué.

Donc, le jour où il y a surabondance d’aliments, tous ces êtres humains, les mieux adaptés, deviennent obèses et certains d’entre eux, diabétiques. Deux millions et quelques années auraient prédisposé plus du tiers de la population à cette situation.



Alors, cessons de blâmer les aliments ou encore pire, de chercher une diète miracle. Il faut d’abord bien comprendre d’où viennent les problèmes, en quels termes ils se posent et comment y réagir.

La chaîne vitale de l’énergie

Nous allons consacrer toute une section (plusieurs chapi-tres) de ce livre à un concept à la fois simple et complexe : l’énergie. Simple à comprendre, car tout un chacun sait quelle énergie est nécessaire pour soulever un piano à queue, par exemple. Complexe parce que l’énergie est invisible et difficile à calculer dans le quotidien.

Toute l’énergie que nous retrouvons sur notre planète provient de cette gigantesque boule de matière en fusion que nous appelons le soleil. Une partie de cette énergie est absorbée par les eaux et le sol. Une autre est transformée par les plantes en oxygène et en matière nutritive. Les animaux mangent les plantes et transforment de nouveau l’énergie en d’autres types d’aliments desquels nous nous nourrissons : viande, lait, œufs, etc. Finalement, l’être humain traite ces aliments et en conçoit tous les sous-produits (fromage, pain, etc.) qu’il mange. Un jour, il meurt et restitue à la terre toute l’énergie contenue dans ses tissus. La chaîne énergétique passant par l’homme est ainsi bouclée. Un premier chapitre sur l’énergie détaillera ces notions essentielles.

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La compréhension de la chaîne énergétique passe aussi par l’acquisition de connaissances de base sur sa trans-formation à l’intérieur du corps humain.

Manger un peu, beaucoup, passionnément…

Lorsqu’on observe l’épidémie de l’obésitéà l’échelle mondiale , on constate que depuis 15ans, le nombre d’obèses est passé de 200 millions en 1995 à 400 mil-lions en 2005 et l’OMS prévoit que ce chiffre atteindra 2.3 milliards en 2015 , alors qu’avant, ce nombre était stable. Or, durant les 10 dernières années, il n’y a pas eu de révolution ni dans les régimes alimentaires ni dans les modes de vie qui pourrait expliquer une telle recrudescence. Les épidémiologistes ont vérifié si les gens mangeaient plus : la réponse est généralement NON, bien que les mesures soient par définition imprécises. De plus, le pourcentage des graisses dans l’alimentation a diminué significativement pendant la même période.

Les inconnus

Le problème de l’excès de poids est donc complexe. Plusieurs facteurs restent inconnus, malgré l’état des recherches actuelles. De simples questions comme : Qu’est-ce qui déclenche le mécanisme de la faim ? Qu’est-ce qui nous dicte quand arrêter de manger ? demeurent en grande partie des énigmes scientifiques.


Dans ce livre, nous ne vous proposons pas de diète miracle. Nous ne tentons pas non plus de vous faire croire qu’il existe des solutions faciles. Notre but est plutôt de vous fournir toute l’information possible afin que vous puissiez intervenir efficacement sur votre problème relié à la nourriture. Et surtout, nous voudrions que, lorsque se présentera un nouveau gourou qui vous proposera LE RÉGIME du siècle, vous sachiez résister à l’envie de croire au miracle.

La première section de l’ouvrage est consacrée à l’équilibre énergétique. Il s’agit de la notion la plus importante dans le contrôle efficace du poids. Il n’existe qu’une balance véritable sur le plan corporel : ce n’est pas le pèse-personne mais plutôt la balance énergétique. Nous y aborderons aussi les conséquences médicales et psychosociales des problèmes alimentaires. Que l’on parle d’obésité ou de son opposé, l’anorexie, elles ont des conséquences sur la santé tant psychologique que physique. Manger n’est pas uniquement ingérer un nombre de calories quotidiennement.

Puis, nous jeterons un coup d’œil sur ce que tous ces magiciens nous offrent. Diètes miracles, diètes selon le groupe sanguin, etc. ont tôt fait de se faire un nombre considérable d’adeptes. Par la suite, elles tombent dans l’oubli jusqu’à ce qu’un nouveau gourou vienne les déterrer, les dépoussiérer et les revendre sous un emballage nouveau…

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Finalement, nous vous proposons un questionnaire qui vous permettra de tester vos connaissances et celles de vos amis experts.




QUESTION DE MAIGRIRVOULEZ-VOUS SAVOIR CE QUI SE PASSE RÉELLEMENT DANS VOTRE ORGANISME ET EN FINIR AVEC LES RÉGIMES.VOUS VOULEZ ÊTRE EN BONNE SANTÉ… À VOUS DE JOUER !

Bien des gens veulent perdre du poids. Malheureusement ils se font berner par des régimes miracles. L’obésité, dont les conséquences sur la santé sont connues depuis l’Antiquité, a pris des proportions pandémiques qui affecteront bientôt la moitié de l’Amérique du Nord. Les causes résident dans des interactions entre la génétique et l’environnement où entrent en jeu l’alimentation, l’activité physique et la vie émotionnelle. Conséquences de ce fléau : des maladies chroniques et coûteuses pour les systèmes de santé comme le diabète. Le meilleur traitement durable provient d’interventions multidisciplinaires et non d’un seul thérapeute.

Au niveau sociétal, la tâche est immense. Il faut en finir avec les préjugés dont sont victimes ces patients porteurs d’une maladie visible. Il faut changer les mauvaises habitudes : sédentarité, aliments hypercaloriques pauvres en nutriments et accessibles à un prix modique et le stress permanent.

Le développement de la chirurgie bariatrique (modification du tube digestif) nous a prouvé les bienfaits considérables de l’amaigrissement. Cependant, sans changements majeurs des modes de vie, il est peu probable que la médecine soit capable, un jour, de répondre adéquatement à l’obésité.

Cette lecture, mettant en lumière les récentes recherches, vous permettra de comprendre ce qui se passe dans votre organisme et vous déciderez, en pleine connaissance de cause, de régulariser votre poids.

Dominique Garrel a été formé à l’Université de Lyon en médecine spécialisée en endocrino-logie. Il a poursuivi ses recherches sur la nutrition à l’Université de Berkely en Californie. Il est professeur titulaire et directeur du département de nutrition de la faculté de médecin de l’université de Montréal et chercheur et endocrinologue au Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM). Conférencier expert de renommée internationale, il a écrit de nombreux articles et livres sur la nutrition.

Collection SANTÉ BIEN-ÊTRE


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