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www.postersession.com Au Burkina Faso, près de 40 % des décès en milieu rural sont attribués au paludisme 1 . Une prise en charge rapide et efficace pourrait alléger considérablement la mortalité et le fardeau de la maladie. Or, à peine un quart des paludismes de l’enfant sont pris en charge correctement dans les premières 24 heures 2 . Le nouveau programme national de lutte antipaludique [MEILUP] s’inspire des recommandations de l’Initiative Roll Back Malaria et poursuit 2 objectifs : 1. Préventif (volet « moustiquaires ») : Amener le taux d’utilisation des moustiquaires imprégnées à longue durée à 80 %. Après avoir recensé les besoins et distribués les moustiquaires, des agents de santé communautaires [ASC] feront le suivi de leur utilisation. 2. Curatif (volet « traitement ») : Former les ASC à prendre en charge dans les villages les cas de paludisme simple pour que 80 % des cas soient traités avec des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine [CTA], vendus pour un prix modique aux parents (0,2 $ CAD). L’étude se déroule dans le district de Kaya, situé à 100 km au nord-est de la capitale. Il se compose de 18 villages (milieu rural) et de 2 secteurs (milieu urbains), situés sur le territoire de 7 CSPS. La population à l’étude est constituée de 3686 ménages, soit 3887 enfants de moins de 5 ans. Méthodes Conclusion Évaluation de la fidélité d’implantation du programme national antipaludique dans le district de Kaya, Burkina Faso* Druetz T [1,2]** , Poppy S [3] , Millogo T [3] , Bado A [3] , Kouanda S [3] , Ridde V [1,2] , Haddad S [1,2] 1. Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal 2. Département de médecine sociale et préventive, Université de Montréal 3. Institut de Recherche en Science de la Santé, Ouagadougou Fig. 2 : Fidélité du contenu (volet MILDA) Bibliographie Contenu. Les composantes du volet « moustiquaires » ont été implantées conformément ou avec des modifications mineures par rapport à ce qui était prévu. Cependant de 12 % à 37 % des composantes du volet « traitement » ont été ajoutées ou retirées lors de l’implantation (Fig. 2 et 3). D’autres modifications ont été apportées en raison de la superposition locale d’une intervention thérapeutique semblable. La majorité des composantes de la MEILUP ont été implantées fidèlement. Quelques autres ont été ajoutées ou modifiées en raison de circonstances contextuelles. Néanmoins, des problèmes majeurs ont été identifiés : l’absence d’intégration avec des interventions antipaludiques locales une faible couverture géographique appropriée pour le volet traitement le retard important dans la distribution des moustiquaires les lacunes du réapprovisionnement en CTA le paiement tardif des indemnités de déplacement des animateurs Notre étude montre l’importance de considérer les stratégies d’adaptation au contexte dans les analyses de la fidélité d’implantation d’interventions complexes. Contexte Résultats Objectifs de l’étude Analyser la fidélité de l’implantation du programme national de lutte contre le paludisme au Burkina Faso, dans ses 3 dimensions : (i) le contenu ; (ii) la couverture ; (iii) la temporalité. Cette analyse s’inscrit dans une recherche de plus grande envergure destinée à évaluer l’impact du programme (évolution de la mortalité et la morbidité attribuables au paludisme et recours aux soins en cas d’épisode fébrile de l’enfant). 0% 20% 40% 60% 80% 100% Recrutement et formation Activités Rémunération 0% 20% 40% 60% 80% 100% Recrutement et formation Dotation de matériel Activités Rémunérations Fig. 3 : Fidélité du contenu (volet PECADO) Couverture. Selon les CSPS, entre 70% à 100% des ménages ont reçu les moustiquaires ( X = 0,92). Le suivi de leur utilisation n’est effectué que dans 75% des sites. La couverture appropriée des ASC PECADO est de 50% en moyenne. L’homogénéité de l’implantation est excellente ( X Moust. = 0,96 ; X Trait. = 0,91) (Fig. 4). Cependant, les composantes les plus importantes de l’intervention ont des indices d’homogénéité plus faible : 87% des ASC sont ré-approvisionnés en ACT; 73% ont suivi une séance de recyclage. Le cadre conceptuel est adapté de Carroll et coll. [3] (Fig. 1). Les 46 composantes du programme ont été regroupées en quatre fonctions : (i) recrutement et formation, (ii) dotation de matériel, (iii) conduite des activités et (iv) rémunération. La mesure de la fidélité de l’implantation repose sur : 10 rencontres avec les planificateurs nationaux 50 entrevues semi-dirigées avec les acteurs de terrain des données de registres d’activités, de consultation des ASC et des fiches de stocks de CTA de l’observation de terrain concernant le matériel et les stocks de CTA des ASC. Fig. 1 : Mesure de la fidélité de l’implantation Source : Caroll et coll. (2007) 0% 20% 40% 60% 80% 100% Recrutement et formation (moust.) Rémunération (moust.) Recrutement et formation (trait.) Dotation en matériel (trait.) Activités (trait.) Rémunération (trait.) Échéancier et fréquence des composantes. Les moustiquaires ont été distribuées avec six mois de retard, mais le suivi de leur utilisation est fréquent. Le volet traitement a précédé l’échéancier de la MEILUP car Kaya était un site pilote. La fréquence des activités des ASC et des animateurs est très difficile à vérifier mais 95% des acteurs disent réaliser leurs activités à la fréquence prévue. La procédure de réapprovisionnement en CTA a été supplantée lors de l’introduction d’une intervention thérapeutique similaire promue localement par une ONG. Par conséquent, certains ASC ne sont plus réapprovisionnés, d’autres le sont à une fréquence inappropriée (chiffres non disponibles). Les acteurs sont rémunérés avec plusieurs mois de retard. Fig. 4 : Homogénéité de l’implantation * La présente étude bénéficie d’une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada. ** L’auteur est financé par le Programme stratégique de formation en recherche en santé mondiale, un partenariat des Instituts de recherche en santé du Canada et du Réseau de recherche en santé des populations du Québec. Implanté normalement ou avec modifications Implanté normalement Implanté avec modifications Non implanté Ajouté 1. Hammer GP et coll. (2006). Pattern of cause-specific childhood mortality in a malaria endemic area of Burkina Faso, Malaria J, 5, 47. 2. Ministère de la Santé du Burkina Faso. (2010). Composante Paludisme 8ème Round. Mise à l’échelle des interventions de lutte contre le paludisme au Burkina Faso (MEILUP-BF), Ougadougou. 3. Carroll C et coll. (2007). A conceptual framework for implementation fidelity, Implement Sci, 2:40.

Druetz, Évaluation de la fidélité d'implantation

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Au Burkina Faso, près de 40 % des décès en milieu rural sont attribués au paludisme1. Une prise en charge rapide et efficace pourrait alléger considérablement la mortalité et le fardeau de la maladie. Or, à peine un quart des paludismes de l’enfant sont pris en charge correctement dans les premières 24 heures2. Le nouveau programme national de lutte antipaludique [MEILUP] s’inspire des recommandations de l’Initiative Roll Back Malaria et poursuit 2 objectifs : 1. Préventif (volet « moustiquaires ») : Amener le taux d’utilisation des moustiquaires

imprégnées à longue durée à 80 %. Après avoir recensé les besoins et distribués les moustiquaires, des agents de santé communautaires [ASC] feront le suivi de leur utilisation.

2. Curatif (volet « traitement ») : Former les ASC à prendre en charge dans les villages les cas de paludisme simple pour que 80 % des cas soient traités avec des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine [CTA], vendus pour un prix modique aux parents (0,2 $ CAD).

L’étude se déroule dans le district de Kaya, situé à 100 km au nord-est de la capitale. Il se compose de 18 villages (milieu rural) et de 2 secteurs (milieu urbains), situés sur le territoire de 7 CSPS. La population à l’étude est constituée de 3686 ménages, soit 3887 enfants de moins de 5 ans.

Méthodes Conclusion

Évaluation de la fidélité d’implantation du programme national antipaludique dans le district de Kaya, Burkina Faso*

Druetz T[1,2]**, Poppy S[3], Millogo T[3], Bado A[3], Kouanda S[3], Ridde V[1,2], Haddad S[1,2]

1. Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal 2. Département de médecine sociale et préventive, Université de Montréal 3. Institut de Recherche en Science de la Santé, Ouagadougou

Fig. 2 : Fidélité du contenu (volet MILDA)

Bibliographie

Contenu. Les composantes du volet « moustiquaires » ont été implantées conformément ou avec des modifications mineures par rapport à ce qui était prévu. Cependant de 12 % à 37 % des composantes du volet « traitement » ont été ajoutées ou retirées lors de l’implantation (Fig. 2 et 3). D’autres modifications ont été apportées en raison de la superposition locale d’une intervention thérapeutique semblable.

La majorité des composantes de la MEILUP ont été implantées fidèlement. Quelques autres ont été ajoutées ou modifiées en raison de circonstances contextuelles. Néanmoins, des problèmes majeurs ont été identifiés : • l’absence d’intégration avec des interventions antipaludiques locales • une faible couverture géographique appropriée pour le volet traitement • le retard important dans la distribution des moustiquaires • les lacunes du réapprovisionnement en CTA • le paiement tardif des indemnités de déplacement des animateurs Notre étude montre l’importance de considérer les stratégies d’adaptation au contexte dans les analyses de la fidélité d’implantation d’interventions complexes.

Contexte

Résultats Objectifs de l’étude Analyser la fidélité de l’implantation du programme national de lutte contre le paludisme au Burkina Faso, dans ses 3 dimensions : (i) le contenu ; (ii) la couverture ; (iii) la temporalité. Cette analyse s’inscrit dans une recherche de plus grande envergure destinée à évaluer l’impact du programme (évolution de la mortalité et la morbidité attribuables au paludisme et recours aux soins en cas d’épisode fébrile de l’enfant).

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Fig. 3 : Fidélité du contenu (volet PECADO)

Couverture. Selon les CSPS, entre 70% à 100% des ménages ont reçu les moustiquaires (X = 0,92). Le suivi de leur utilisation n’est effectué que dans 75% des sites. La couverture appropriée des ASC PECADO est de 50% en moyenne. L’homogénéité de l’implantation est excellente (X Moust. = 0,96 ; X Trait. = 0,91) (Fig. 4). Cependant, les composantes les plus importantes de l’intervention ont des indices d’homogénéité plus faible : 87% des ASC sont ré-approvisionnés en ACT; 73% ont suivi une séance de recyclage.

Le cadre conceptuel est adapté de Carroll et coll.[3] (Fig. 1). Les 46 composantes du programme ont été regroupées en quatre fonctions : (i) recrutement et formation, (ii) dotation de matériel, (iii) conduite des activités et (iv) rémunération. La mesure de la fidélité de l’implantation repose sur : • 10 rencontres avec les

planificateurs nationaux • 50 entrevues semi-dirigées avec les acteurs de terrain • des données de registres

d’activités, de consultation des ASC et des fiches de stocks de CTA

• de l’observation de terrain concernant le matériel et les

stocks de CTA des ASC.

Fig. 1 : Mesure de la fidélité de l’implantation

Source : Caroll et coll. (2007)

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Échéancier et fréquence des composantes. Les moustiquaires ont été distribuées avec six mois de retard, mais le suivi de leur utilisation est fréquent. Le volet traitement a précédé l’échéancier de la MEILUP car Kaya était un site pilote. La fréquence des activités des ASC et des animateurs est très difficile à vérifier mais 95% des acteurs disent réaliser leurs activités à la fréquence prévue. La procédure de réapprovisionnement en CTA a été supplantée lors de l’introduction d’une intervention thérapeutique similaire promue localement par une ONG. Par conséquent, certains ASC ne sont plus réapprovisionnés, d’autres le sont à une fréquence inappropriée (chiffres non disponibles). Les acteurs sont rémunérés avec plusieurs mois de retard.

Fig. 4 : Homogénéité de l’implantation

* La présente étude bénéficie d’une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada. ** L’auteur est financé par le Programme stratégique de formation en recherche en santé mondiale, un partenariat des Instituts de recherche en santé du Canada et du Réseau de recherche en santé des populations du Québec.

■ Implanté normalement ou avec modifications

■ Implanté normalement ■ Implanté avec modifications

■ Non implanté ■ Ajouté

1. Hammer GP et coll. (2006). Pattern of cause-specific childhood mortality in a malaria endemic area of Burkina Faso, Malaria J, 5, 47.

2. Ministère de la Santé du Burkina Faso. (2010). Composante Paludisme 8ème Round. Mise à l’échelle des interventions de lutte contre le paludisme au Burkina Faso (MEILUP-BF), Ougadougou.

3. Carroll C et coll. (2007). A conceptual framework for implementation fidelity, Implement Sci, 2:40.