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Edition 1 janvier 2012
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RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
J a n v i e r 2 0 1 2 | N u m é r o 1
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Environnement La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles Page 4
Production végétale Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture Page 20
Eclairage Rentabilité de la production de viande de lapin Page 55
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW;
Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ALP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofenb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
SommaireJanvier 2012 | Numéro 1
Habitat du criquet des clairières.Les projets de mise en réseau améliorent la distribution du grillon champêtre (Gryllus campestris) et du criquet des clai-rières (Chrysochraon dispar). Afin de remédier à l’appauvris-sement de la biodiversité dans les zones agricoles, des paie-ments directs sont versés en Suisse depuis 1993 pour les surfaces de compensation écologique. (Photo: Roman Graf, Station ornithologique suisse de Sempach)
3 Editorial
Environnement
4 La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterellesMartin Duss, Kim Silvana Meichtry-Stier,
Gilberto Pasinelli, Bruno Baur et Simon Birrer
Production végétale
12 15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ARTIrene Bänziger, Silvia Zanetti, Thomas Hebeisen,
Laurent Graff et Susanne Vogelgsang
Production végétale
20 Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâtureBeat Boller, Peter Tanner et Franz Xaver
Schubiger
Production végétale
28 Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage Jacob Rüegg, René Total, Mauro Jermini,
Sebastiano Scettrini, Ronald Wohlhauser,
Stefan Wolf et Graham Sanderson
Production végétale
36 Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilésMarc Boessinger et Pascal Python
Production végétale
44 Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècleAnastase Hategekimana, David Schneider,
Dario Fossati et Fabio Mascher
Eclairage
52 Espèces aviaires pour une évaluation appro fondie des risques des pesticides en SuisseMichela Gandolfi et Thomas S. Reichlin
Eclairage
55 Rentabilité de la production de viande de lapinGregor Albisser Vögeli et Markus Lips
58 Portrait
59 Actualités
63 Manifestations
Editorial
3Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 3, 2012
Stephan Pfefferli, Sous-directeur Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Chère lectrice, cher lecteur,
Fin août 2011, Zurich a accueilli le congrès de l’European Association of Agri-
cultural Economists1 (EAAE). L’idée a germé en 2006 au congrès mondial de
Brisbane (Australie). C’est là qu'ART a commencé à sonder le Board de l’EAAE.
De retour en Suisse, ART a cherché à savoir si cette idée pourrait bénéficier
du soutien de l’Office fédéral de l’agriculture OFAG, de l’EPF et d‘Agroscope.
Manfred Bötsch a incité ART et l‘EPFL a déposer une candidature. En 2008, le
Board de l’EAAE a choisi le dossier de la Suisse parmi quatre autres candida-
tures.
Lors du congrès de l’EAAE à Gand (Belgique) en 2008, Zurich a été
présentée comme le lieu de la conférence 2011. Ce fut le début d’une période
de trois ans pendant laquelle le comité d’organisation local (COL) a préparé
le congrès en étroite collaboration avec le Board de l’EAAE et le comité du
programme. Le COL a par exemple cherché des sponsors, fait de la publicité,
organisé la restauration et le logement ainsi que diverses manifestations
sociales. L’EPF a mis ses locaux à disposition gratuitement et apporté un
grand soutien au travers de son service Manifestations. Les inscriptions et la
gestion des documents ont été déléguées à un office externe.
Le congrès a remporté un grand succès et récolté de nombreux compli-
ments. Près de 750 personnes de plus de 50 pays différents y ont participé.
Des personnalités comme la présidente de l’EAAE Monika Hartmann, le
directeur général de l’OMC Pascal Lamy et le conseiller fédéral Johann
Schneider-Ammann ont pris la parole lors de l’ouverture. Lors des trois
séances plénières qui se sont tenues dans le gymnase de l’EPF réaménagé
pour l’occasion, six chercheurs de renom ont présenté des exposés sur les
méthodes expérimentales pour l’évaluation du bien-être, l’aide à la prise de
décision, la politique agricole dans un monde incertain, la crise des denrées
alimentaires et l’économie politique, l’évaluation des risques des projets
d’investissement et le changement climatique. 220 papers et 250 posters
ont été présentés en trois jours et ont permis de donner une vue d’ensemble
de la recherche agronomique des trois dernières années en Europe. De
nombreux sponsors ont soutenu le congrès par d’importantes contributions,
de petites participations, l’organisation d’excursions ou par des presta-
tions en nature. Un grand merci à tous. Les photos sont disponibles sous
www.eaae2011.ch.
Lors des congrès, il est toujours appréciable pour chacun de pouvoir, en
l’espace de quelques jours, se faire une idée des travaux de recherches dans
un domaine et de pouvoir échanger avec des collègues. Cette fois, la Suisse
était l’hôte, ce qui a impliqué un surcroît de travail, pris également sur le
temps libre. C’est pourquoi un grand merci est adressé à tous les collègues
d’ART et du groupe Economie agroalimentaire et rurale de l’institut pour les
décisions environnementales de l’EPF, qui ont participé au COL. Un grand
merci également aux responsables d‘ART, de l‘OFAG et de l‘EPF pour le sup-
port du congrès.
Succès du congrès EAAE à Zurich
1Association européenne des économistes agricoles.
4 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012
I n t r o d u c t i o n
L’intensification croissante de l’agriculture a donné lieu
à une fragmentation et à une destruction considérables
de l’habitat. Des éléments paysagers tels que haies,
mares et vergers à litière ont été éliminés. Dans l’exploi-
tation herbagère, des mélanges de semences ont permis
d’aménager des prairies denses et pauvres en espèces,
qui ne constituent plus un habitat adapté pour la plu-
part des espèces animales et dont la fauche fréquente
s’avère mortelle pour de multiples invertébrés (Humbert
et al. 2009). Afin de remédier à l’appauvrissement de la
biodiversité dans les zones agricoles, des paiements
directs sont versés en Suisse depuis 1993 pour les sur-
faces de compensation écologique (SCE). L’impact de ces
surfaces écologiques sur la biodiversité varie d’une étude
Martin Duss1,2, Kim Silvana Meichtry-Stier1, Gilberto Pasinelli1, Bruno Baur2 et Simon Birrer1
1Station ornithologique suisse de Sempach, 6204 Sempach2Université de Bâle, Institut pour la protection de la nature, du paysage et de l’environnement, 4056 Bâle
Renseignements: Simon Birrer, e-mail: [email protected], tél. +41 41 462 97 38
La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles
E n v i r o n n e m e n t
Figure 1 | Prairie extensive de la plaine de Wauwil, avec une forte présence des grillons champêtres et de criquets des clairières. Au centre, une mare entourée de vieilles herbes. La végétation non fauchée revêt une grande importance pour le criquet des clairières. (Photo: Roman Graf)
La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles | Environnement
5
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012
Les projets de mise en réseau ont pour
objectif d’améliorer la qualité et l’intercon-
nexion des surfaces de compensation
écologique (SCE). Les incidences de ces
projets sur la distribution du grillon cham-
pêtre (Gryllus campestris) et du criquet des
clairières (Chrysochraon dispar) ont été
étudiées dans la plaine de Wauwil (LU). Les
populations de ces deux espèces ainsi que
huit variables d’habitat ont été cartogra-
phiées. Il est apparu que la mise en réseau
des SCE était essentielle pour les deux
espèces et en particulier la proximité d’une
surface déjà colonisée par l’espèce. Les
grillons champêtres privilégiaient les prairies
extensives et peu intensives ou les surfaces
présentant une végétation basse, et ils
évitaient les sites humides dotés d’une
végétation dense et haute. En outre, la
probabilité de trouver des grillons cham-
pêtres augmentait avec la taille de la surface.
S’agissant du criquet des clairières, il était
important qu’une partie de la végétation soit
maintenue durant l’hiver. Cette étude montre
ainsi que des espèces peu mobiles comme le
grillon champêtre et le criquet des clairières
peuvent être encouragées par les projets de
mise en réseau. Il convient de tenir compte
de divers facteurs en fonction de l’espèce.
à l’autre. Jusqu’à présent, les mesures n’ont guère suffi
pour promouvoir la rediffusion d’espèces menacées et
empêcher la disparition d’espèces inscrites sur la Liste
rouge (Kleijn et Sutherland 2003; Herzog et Walter 2005;
Kleijn et al. 2006; Zellweger-Fischer et al. 2011). Les
cultures intensives, le tissu urbain ainsi que le réseau
routier fragmentent et séparent les écosystèmes et donc
aussi les SCE. En outre, la qualité des SCE ne satisfait sou-
vent pas aux exigences des espèces menacées en matière
d’habitat. Les SCE fragmentées et mal interconnectées
ainsi que leur qualité médiocre peuvent expliquer le suc-
cès modeste obtenu dans la promotion de la biodiversité
(Whittingham 2007). En vue d’améliorer la qualité et
l’interconnexion des SCE, des contributions leur sont
accordées en Suisse depuis 2001 conformément à l’Or-
donnance sur la qualité écologique (OQE). Dans la plaine
de Wauwil, un projet de mise en réseau OQE est en cours
depuis 2003; les SCE concernées doivent soit contribuer à
la mise en réseau, soit remplir les exigences minimales en
matière de qualité biologique. A cet effet, plusieurs SCE
ont été valorisées par exemple au moyen de mares, haies,
réensemencements ou fauche échelonnée, afin de créer
un nouvel espace de vie destiné aux espèces présentant
des exigences spécifiques en matière d’habitat (fig. 1).
Les surfaces en réseau sont censées favoriser la diffusion
des espèces et l’échange entre les populations. En 2003,
30 % des SCE de la plaine de Wauwil étaient intégrées
dans le projet de mise en réseau; cinq ans plus tard, 41 %
des surfaces en faisaient partie (Graf 2009).
Figure 2 | Les grillons champêtres privilégient les sites secs offrant une végétation basse et clairsemée. (Photo: Albert Krebs)
Environnement | La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles
6 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012
La présente étude analyse l’influence de la structure, de
la qualité et de l’interconnexion des surfaces de com-
pensation écologique de la plaine de Wauwil sur la pré-
sence de grillon champêtre (Gryllus campestris; fig. 2) et
de criquet des clairières (Chrysochraon dispar; fig. 3). Les
deux espèces de sauterelles ont été sélectionnées pour
diverses raisons: d’une part, elles réagissent rapidement
aux modifications de leur environnement en raison de
leur courte durée de génération, si bien qu’un projet de
six ans devrait être suffisant pour mettre en évidence les
premiers effets; d’autre part, les exigences des deux
espèces sur le plan de l’habitat sont déjà connues et se
distinguent sensiblement (Detzel 1998; Baur et al. 2006).
Les deux espèces sont peu mobiles et permettent une
cartographie relativement facile. Tandis que le grillon
champêtre n’est pas considéré comme menacé en Suisse,
le criquet des clairières figure parmi les espèces poten-
tiellement menacées (Monerat et al. 2007).
M a t é r i e l e t m é t h o d e
Zone étudiée
L’étude a été menée sur la plaine de Wauwil (17 km²), un
paysage voué à une exploitation agricole intensive du
Plateau lucernois. La région englobe trois zones humides
et présente une très faible part de forêts et de construc-
tions. Grâce à ce paysage intact, la plaine a été inscrite à
l’inventaire fédéral des paysages, sites et monuments
naturels. Elle revêt une grande importance pour limi-
coles bruns, les amphibiens et les reptiles, mais aussi
pour les lièvres (Lepus europaeus). Plusieurs secteurs
figurent dans des inventaires de protection de la nature
d’importance régionale et nationale, comme par
exemple dans l’inventaire des bas-marais d’importance
nationale.
Variables d’habitat
Huit variables explicatives ont été utilisées pour décrire
la qualité de l’habitat et la disposition géographique des
SCE (tabl. 1). Comme il existe de nombreux types de SCE
non pertinentes pour les espèces étudiées, telles que
murs de pierres sèches ou arbres fruitiers à haute-tige,
seules les SCE de grande étendue ont été prises en consi-
dération.
Pour les sauterelles, la structure de la prairie est
importante (Laussmann 1999). Les SCE ont par consé-
quent été réparties en six types de prairies. Les espèces Figure 3 | Criquet des clairières mâle. Cette espèce affectionne la végétation haute. (Photo: Urs Lustenberger)
Type de surface écologique
Répartition des SCE en 4 types: prairie extensive, prairie peu intensive, haie, surface à litière.
Type de prairie
Les SCE ont été réparties en 6 catégories et désignées en fonction de l’espèce herbagère dominante: ray-grass, fromental (y compris prés fleuris riches en espèces), pâturin (y compris laîche hérissée), vulpin des prés, ourlet, roselière.
Distance de la SCE la plus proche
Distance en mètres par rapport à la SCE la plus proche.
Distance à la SCE colonisée la plus proche
Distance en mètres par rapport à la SCE la plus proche colonisée par l’espèce.
Distance au plan d’eauDistance en mètres par rapport au plan d’eau le plus proche.
Vieille herbePrésence (oui/non) de végétation maintenue durant l’hiver
Age Age de la SCE en années
Taille de la surface Superficie de la SCE en ha
Tableau 1 | Description des variables d’habitat
La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles | Environnement
7Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012
toutes les variables numériques standardisées en supplé-
ment (moyenne = 0, SD = 1). Les variations de taille, de
qualité et d’interconnexion des SCE ont été vérifiées au
moyen de tests de proportions. Les corrélations entre la
présence de sauterelles et les variables d’habitat ont été
testées séparément pour chaque espèce au moyen de
modèles linéaires généralisés (GLM), et la signification
des variables d’habitat a été contrôlée grâce à des tests
de ratio de vraisemblance.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Evolution des SCE
La part des SCE considérées sur l’ensemble de la sur-
face agricole utile (SAU) de la plaine de Wauwil n’a
guère évolué entre 2002 (env. 7,9 %, 119 ha) et 2008
(7,6 %, 112 ha). Mais leur qualité a varié. Durant la
même période, la part des surfaces de qualité OQE a
grimpé de 5,5 % à 18,6 % (Graf 2009), essentiellement
grâce aux mesures de valorisation des surfaces liées au
projet de mise en réseau, telles que l’ensemencement
en fleurs ou l’aménagement d’ourlets. Outre l’amélio-
ration de la qualité, le projet a aussi eu pour effet
d’accroître la part des SCE interconnectées, qui est pas-
sée de 55 % à 83 % (n=213 et n=356, x2 = 53,2,
p < 0,0001), certaines SCE étant déplacées vers des
sites plus appropriés. Dans cette étude, les SCE étaient
considérées comme mises en réseau si elles étaient dis-
tantes de 5 m au maximum. Cette distance peut être
facilement surmontée par les espèces étudiées et
empêche que des SCE voisines ne soient pas considé-
rées comme interconnectées par suite d’imprécisions
dans les relevés.
Le grillon champêtre semble tirer profit du projet
de mise en réseau et du regain de qualité et des
connexions qui en découlent. Entre 2005 et 2009, la
part des prairies extensives colonisées a sensiblement
végétales présentes dans la prairie et leur fréquence
ont également été prises en compte. La cartographie
des types de prairies s’est déroulée entre le 7 et le
15 juin 2009, c’est-à-dire avant la première fauche. Il a
été vérifié en même temps si les prairies présentaient
de la végétation non fauchée de l’année précédente
(vieille herbe).Comme les jachères (n=7) et les pâturages extensifs
(n=1) étaient rares parmi les types de surfaces écolo-
giques, de même que les jachères parmi les types de
prairie (n=1) et qu’ils ne correspondaient à aucune des
autres catégories, ils n’ont pas été intégrés dans l’ana-
lyse. Il restait 347 SCE permettant d’analyser la présence
des deux espèces.
Cartographie des sauterelles
La cartographie des sauterelles s’est déroulée en 2009,
par un temps chaud et sec, deux passages étant effec-
tués pour chaque espèce. Chaque SCE de la zone étudiée
a été parcourue selon un transect diagonal et la pré-
sence/absence de l’espèce a été consignée. Les grillons
champêtres mâles sont faciles à remarquer en raison de
leur chant sonore; ils ont été cartographiés en mai et en
juin. La cartographie du criquet des clairières a eu lieu
de fin juillet à début septembre. A cette saison, quelques
surfaces étaient déjà fauchées. Comme de nombreuses
sauterelles ne survivent pas à la fauche des prairies
(Humbert et al. 2009), ces surfaces ont été cartogra-
phiées au plus tôt trois semaines après la fauche. Les cri-
quets des clairières sont plutôt difficiles à repérer, car
leur chant est bas et ils privilégient une végétation haute
et dense.
Statistiques
Les évaluations statistiques ont été effectuées avec le
programme R 2.12.0. Les variables d’habitat qui n’étaient
pas normalement distribuées ont été transformées et
Distance de la SCE colonisée la plus proche LR = 23,37; p < 0,001 LR = 51,96; p<0,001
Distance de la SCE la plus proche ns LR = 11,92, p < 0,001
Type de surface écologique LR = 32,12; p < 0,001 ns
Type de prairie LR = 16,10; p = 0,007 ns
Taille de la surface LR = 25,34; p < 0,001 ns
Distance du plan d’eau ns LR = 7,785; p = 0,005
Vieille herbe ns LR = 15,72; p < 0,001
Age ns ns
Tableau 2 | Effet des variables d’habitat sur la présence des espèces étudiées: LR et p résultant des tests de ratio de vraisemblance. N = 347
Environnement | La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles
8 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012
progressé, passant de 23 % (Graf et al. 2006) à 59 % (n
= 112 et 238, x2 = 35,41, p < 0,0001). Les effectifs de
grillons champêtres peuvent subir de fortes variations
liées aux intempéries (Remmert 1979).
L’occupation constitue un indicateur plus stable que
la densité. L’accroissement constaté au niveau des sur-
faces occupées par les grillons n’est donc vraisemblable-
ment pas lié aux conditions météorologiques.
Concernant les effectifs de criquets des clairières,
aucune comparaison ne peut être établie sur plusieurs
années, car les données disponibles d’années anté-
rieures ne portent que sur des surfaces sélectionnées
et résultent d’une autre méthodologie.
Distance par rapport à la SCE (colonisée) la plus proche
Pour les deux espèces, un modèle a permis d’analyser l’ef-
fet des huit variables d’habitat sur la probabilité de pré-
sence de l’espèce. Il s’est avéré que la distribution des
espèces présentait une corrélation négative tant avec la
distance par rapport à la SCE la plus proche qu’avec la
distance par rapport à la SCE colonisée la plus proche
(tabl. 2, fig. 4a, fig. 5a, fig. 5b). Cependant, la variable
distance par rapport à la SCE la plus proche était corrélée
avec la variable distance par rapport à la SCE colonisée la
plus proche. Dans le modèle sans la variable distance par
rapport à la SCE colonisée la plus proche, la variable dis-
tance par rapport à la SCE la plus proche n’est plus signifi-
cative. Plus la distance de la SCE la plus proche est courte,
meilleure est l’interconnexion et plus grande est la proba-
bilité d’observer l’une des deux espèces sur une surface,
mais seulement si une surface déjà colonisée se situe le
plus près possible. Les grillons champêtres, tout comme la
plupart des criquets des clairières, ne sont pas capables de
voler et ne couvrent que de courtes distances pendant
0 100 200 300 400 500
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
distance de la SCE colonisée la plus proche [m]
a)
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
taille de la surface [ha]
b)
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
types de prairie
roba
bilit
é de
pré
senc
e ±
95%
CI
ray grass pâturin ourletfromental vulpin des prés roselière
c)
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
type de surface écologique
d)
prob
abili
té d
e pr
ésen
ce ±
95%
CI
2,0 2,50,0 0,5 1,0 1,5
EW WIW HS SL
Figure 4 | La probabilité de présence du grillon champêtre dépend des facteurs suivants: a) dis-tance par rapport à la surface de compensation écologique colonisée la plus proche; b) taille de la surface; c) type de prairie; d) type de surface écologique (EW = prairie extensive, WIW = prai-rie peu intensive, HS = haie, SL = surface à litière). Valeurs moyennes estimées par le modèle (lignes rouges), avec 95 % d’intervalle de confiance (lignes noires).
La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles | Environnement
9Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012
écologique et type de prairie (tabl. 2). Une corrélation
positive entre la taille de la surface et la présence de
l’espèce a aussi été mise en évidence, par exemple, pour
le grillon des bois (Nemobius sylvestris; Brouwers et
Newton 2009). Dans la présente étude, la probabilité
de présence du grillon champêtre grimpait rapidement
avec l’accroissement de la surface jusqu’à environ 0,5
ha et ne croissait que lentement pour les étendues
supérieures (fig. 4b). Nous supposons que, sur les sur-
faces réduites, la taille constituait le facteur limitant et
que, sur les surfaces plus vastes, en revanche, la qualité
était le facteur limitant. Néanmoins, il faut chercher à
créer des surfaces de la plus grande taille possible, car
la probabilité de découvrir des grillons ne s’élevait qu’à
65 % pour les surfaces de 0,5 ha.
leur durée de vie (Baur et al. 2006). De nouvelles surfaces
sont donc surtout colonisées si elles côtoient directement
une parcelle déjà colonisée. Nous avons pu le confirmer
dans notre étude. Peter et Walter (2001) ainsi que Walter
et al. (2004) ont montré que le nombre d’espèces de sau-
terelles sur une SCE présentait une corrélation positive
avec la part de surfaces riches en espèces limitrophes.
Pour promouvoir la diffusion et la conservation des deux
espèces, il est donc capital d’aménager des surfaces
appropriées de la manière la plus interconnectée possible.
Grillon champêtre
Outre la distance par rapport à la SCE colonisée la plus
proche, certaines variables ont influencé la présence du
grillon champêtre: taille de la surface, type de surface
100 150 200 250
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
distance de la SCE la plus proche [m]
a)
0 100 200 300 400 500
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
distance de la SCE colonisée la plus proche [m]
b)
100 150 200 250
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
distance du plan d’eau le plus proche [m]
c)
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
présence de vieilles herbes
oui non
d)
prob
abili
té d
e pr
ésen
ce ±
95%
CI
prob
abili
té d
e pr
ésen
ce ±
95%
CI
0 50
0 50
Figure 5 | La probabilité de présence du criquet des clairières dépend des facteurs suivants: a) dis-tance par rapport à la surface de compensation écologique la plus proche; b) distance par rapport à la surface de compensation écologique colonisée la plus proche; c) distance de la surface de com-pensation écologique par rapport au plan d’eau le plus proche; d) présence de vieilles herbes. Valeurs moyennes estimées par le modèle (lignes rouges), avec 95 % d’intervalle de confiance (lignes noires).
10
Environnement | La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012
Le type de prairie et donc la structure de la végétation
des SCE revêtent une grande importance pour le grillon
champêtre. Dans cette étude, il privilégiait les prairies
où prédominaient le pâturin des prés, le vulpin des prés
ou la laîche hérissée et évitait les bandes herbeuses et
les roselières (fig. 4c). Les sols des parcelles peuplées de
pâturin des prés présentent des carences en manganèse
(Schmid & Zihlmann 2009, non publié), ce qui explique la
persistance d’une végétation basse et clairsemée. De
même, le vulpin des prés et la laîche hérissée forment,
dans la zone étudiée, des surfaces à végétation basse et
clairsemée et au sol sec, correspondant aux attentes du
grillon champêtre en matière d’habitat. Il ne fréquen-
tait guère, en revanche, les stations humides ou les sur-
faces dotées d’une végétation haute et dense telle que
bandes herbeuses ou roselières. De même, les écotypes
secs du genre prairie extensive ou peu intensive étaient
plus souvent colonisés dans la zone étudiée que les bor-
dures de haies et les surfaces à litière relativement
humides et denses (fig. 4d).
Criquet des clairièresLa présence du criquet des clairières était influencée
par quatre variables d’habitat (tabl. 2). Outre la dis-
tance par rapport à la SCE la plus proche et la distance
par rapport à la SCE colonisée la plus proche, les fac-
teurs étaient la distance de la SCE par rapport à l’eau et
la présence de végétation non fauchée de l’année pré-
cédente (vieilles herbes) sur la surface (fig. 5c & 5d). En
même temps, la probabilité de cartographier des cri-
quets des clairières diminuait rapidement avec l’éloi-
gnement de l’eau par rapport à la SCE: elle était de
41 % à une distance d’1 m, s’abaissait déjà à 12 % à
10 m et descendait en dessous de 5 % à 37 m. Les SCE
situées à proximité de l’eau étaient des stations le plus
souvent humides, correspondant aux attentes du cri-
quet des clairières en matière d’habitat, car il privilégie
notamment les prairies humides, les zones littorales et
les bords de fossés (Detzel 1998; Baur et al. 2006). Ces
surfaces contiennent souvent des vieilles herbes, car
elles sont moins faciles d’accès et donc plus difficiles à
faucher. Ce phénomène apparaît également dans la
corrélation des variables distance par rapport à l’eau et
aux vieilles herbes (t-Test, t = 7,038, p < 0,0001). Les
vieilles herbes sont probablement plus importantes que
la proximité de l’eau. Les surfaces non fauchées et
proches de l’eau tendaient à être davantage colonisées
que les parcelles plus éloignées (glm, LR = 3,48, p =
0,062). Cela résulte sans doute du fait que, dans les
années 1970, les criquets des clairières n’étaient plus
observés qu’à proximité des plans d’eau, car les seules
surfaces présentant des vieilles herbes s’y trouvaient.
La végétation maintenue durant l’hiver s’est avérée très
importante pour le criquet des clairières. Sur les SCE
dotées de vieilles herbes, la probabilité de trouver des
criquets des clairières était nettement plus élevée (44 %)
que sur les surfaces intégralement fauchées (7 %). Les sur-
faces vouées à une fauche régulière manquent de possibi-
lités de pondaison nécessaires à la reproduction de l’es-
pèce. Les femelles pondent leurs œufs dans les tiges
médulleuses de framboisier, de laîche ou de massette, par
exemple, où les œufs peuvent passer l’hiver jusqu’à ce
qu'ils éclosent au printemps (Detzel 1998).
Comme, avec les années, la probabilité s’accroît
qu’une surface soit colonisée par des individus en dis-
persion, nous escomptons un effet positif de l’âge des
SCE sur la présence des espèces étudiées. Nous n’avons
toutefois pas pu le confirmer.
C o n c l u s i o n s
La présente étude confirme de nombreuses hypothèses:
•• les espèces peu mobiles comme le grillon champêtre
et le criquet des clairières peuvent être encouragées
par des projets de mise en réseau selon l’OQE.
•• Pour obtenir un impact aussi positif que possible pour
les deux espèces, il faudrait si possible connecter de
nouvelles SCE avec d’autres déjà existantes et les
aménager à proximité de populations existantes.
•• Outre la mise en réseau, il convient de prendre en
compte d’autres facteurs, en fonction de l’espèce à
promouvoir et de ses exigences en matière d’habitat.
•• Pour le grillon champêtre, cela implique notamment
que les SCE soient aménagées sur des sites secs
présentant une végétation basse, alors que, pour le
criquet des clairières, les surfaces incomplètement
fauchées s’avèrent essentielles. n
11
La mise en réseau des surfaces écologiques favorise les sauterelles | Environnement
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Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 4–11, 2012
Grasshoppers and crickets benefit from
connected ecological compensation areas
The quality and connectivity of ecological
compensation areas (ECA) may be improved by
habitat connectivity projects. The effects of such
a project on the distribution of field cricket
(Gryllus campestris) and large gold grasshopper
(Chrysochraon dispar) were studied in the Plain
of Wauwil (canton of Lucerne). The presence of
both species, as well as eight habitat variables
were mapped. The connectivity of ECAs was vital
for both species, especially links to ECAs where
the species had already settled. Field crickets
favoured short vegetation and meadows farmed
at a medium or low intensity; they avoided
damp sites with a dense sward of tall plants.
Moreover, the probability of encountering field
crickets increased with field size. For the large
gold grasshopper it was important that the
vegetation was not mown on part of the area
and remained undisturbed over winter. We show
that insects with a restricted mobility like the
field cricket and the large gold grasshopper
profit from habitat connectivity projects.
Depending on the species’ requirements,
however, specific factors have to be considered.
Key words: ecological compensation area,
habitat connectivity, grasshoppers, field cricket,
large gold grasshopper.
La connessione delle superfici ecologiche
favorisce le cavallette
I progetti di interconnessione intendono
migliorare la qualità e la connessione delle
superfici di compensazione ecologica (SCE).
Abbiamo studiato gli effetti di un progetto
di questo tipo nella pianura di Wauwil (LU)
sulla distribuzione del grillo campestre
(Gryllus campestris) e della cavalletta
Chrysochraon dispar. Sono state cartografate
le zone di presenza delle due specie e otto
variabili riguardanti l’habitat. E’ risultato che
per ambedue le specie erano importanti
l’interconnessione delle SCE e, in particolare,
la vicinanza a una superficie già occupata
dalla specie. I grilli campestri preferivano
prati poco intensivi ed estensivi o superfici
con vegetazione bassa, mentre evitavano siti
umidi con vegetazione alta e densa. La
probabilità di incontrare grilli campestri
aumentava inoltre in maniera direttamente
proporzionale alla grandezza della superfi-
cie. Per Chrysochraon dispar era importante
che una parte della vegetazione fosse
mantenuta durante l’inverno. Con il nostro
studio mostriamo che specie poco mobili,
come il grillo campestre e Chrysochraon
dispar, possono essere favoriti mediante
progetti d’interconnessione, ponendo
l’attenzione su fattori diversi a seconda delle
specie considerate.
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12 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012
I n t r o d u c t i o n
En Suisse, le marché des produits biologiques est en
phase de croissance. Il en découle que la demande en
semences produites selon les directives de la culture
biologique augmente aussi. De 2000 à 2010, les sur-
faces consacrées à la multiplication de semences de
céréales biologiques ont passé de 220 à 369 ha, ce qui
représentait quelque 5 % des surfaces consacrées à la
production de semences de céréales certifiées.
Depuis 2004, l’utilisation de semences produites
selon les principes de l’agriculture biologique est
ancrée dans «l’Ordonnance sur l’agriculture biolo-
gique et la désignation des produits et des denrées
alimentaires biologiques». Dans l’UE, la base légale se
trouve dans «l’Ordonnance n° 1452/2003 de la Com-
mission européenne». Il en découle que les semences
utilisées doivent être produites selon les directives de
l’agriculture biologique. Le recours à des semences
conventionnelles ne peut être justifié que dans des
situations exceptionnelles et il est soumis à autorisa-
tion.En Suisse, les principales maladies d’importance
économiques qui peuvent être transmises par les
semences sont: la moisissure des neiges (Microdo-
chium nivale et M. majus), la carie ordinaire (Tilletia
caries, syn. T. tritici), la carie naine (Tilletia controversa)
et la septoriose (Septoria nodorum). Cette dernière a
perdu de l’importance au cours des dernières années
grâce au développement des variétés de céréales tolé-
rantes. La carie naine se propage aussi par les semences
mais elle est principalement présente dans les sols.
Irene Bänziger, Silvia Zanetti, Thomas Hebeisen, Laurent Graff et Susanne Vogelgsang
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich
Renseignements: Irene Bänziger, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 72 27
15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Figure 1 | Germes infectés par la moisissure des neiges (Microdochium nivale et M. majus), carac-térisée par une couche de spores de teinte orange.
15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART | Production végétale
13
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012
Les investigations au cours de 15 ans de
contrôle des semences de céréales produites
dans les conditions de l'agriculture biolo-
gique ont mis en évidence toute la perti-
nence des tests de santé qui ont été effec-
tuées. La pression des maladies varie en
fonction des conditions météorologiques de
l'année. Cependant, l'intensité des infections
de carie ordinaire et de carie naine (Tilletia
caries et T. controversa) a augmenté graduel-
lement au cours des dernières années. Sur
épeautre, c'était surtout la carie ordinaire qui
est en augmentation, tandis que sur blé,
c'était surtout la carie naine. La variété
d'épeautre «Oberkulmer Rotkorn» semble
être particulièrement sensible à la carie
ordinaire. Comme cette maladie peut se
propager très rapidement à partir de
semences infectées, il est important que la
semence destinée à la multiplication soit au
départ saine. Au cours des hivers avec
couverture de neige persistante (2008/2009),
la carie naine pouvait aussi se développer en
zones de basse altitude. La moisissure des
neiges a posé des problèmes en particulier
sur seigle; fréquemment, plus de la moitié
des échantillons examinés ont dépassé le
seuil de tolérance. Pour la production
biologique, des produits de traitement des
semences homologués, efficaces existent que
contre la carie ordinaire du blé et de
l'épeautre. Leur effet contre la moisissure des
neiges (Microdochium nivale et M. majus) et
la carie naine n'est que partiel ou insuffisant.
Les maladies transmises par les semences créent de
sérieux problèmes que l’on rencontre dans le monde
entier. Le traitement des semences avec des fongicides
synthétiques permet de bien maîtriser les infections. En
revanche, les produits pour le traitement des semences
qui sont efficaces et dûment homologués pour l’agricul-
ture biologique sont rares. Par conséquent, le contrôle
phytosanitaire des semences biologiques est une mesure
importante pour identifier les maladies qu’elles peuvent
porter et assurer un contrôle de qualité efficace. En
Suisse, les seuils de tolérance pour l’utilisation de
semences non traitées ont été définis par Winter et al.
(1997): carie ordinaire et carie naine, 10 spores par
graine; moisissure des neiges, 10 %; septoriose, 40 %. Si
les examens effectués dans le cadre de la procédure de
certification des semences biologiques révèlent des taux
d’infection supérieurs, le service de certification d’Agros-
cope Reckenholz-Tänikon ART déconseille l’utilisation
de telles semences sans les traiter préalablement. Dans
les pays voisins, les seuils de tolérance diffèrent parfois
de ceux de la Suisse. Ainsi, en Bavière (Allemagne) par
exemple, les associations écologiques et l’Institut agri-
cole bavarois se sont accordés pour définir un seuil de
tolérance de 20 spores par grain pour la carie ordinaire
et la carie naine.
En Suisse, les principales maladies d'importance éco-
nomiques qui peuvent être transmises par les semences
sont: la moisissure des neiges (Microdochium nivale et
M. majus), la carie ordinaire (Tilletia caries, syn. T. tritici),
la carie naine (Tilletia controversa) et la septoriose (Sep-
toria nodorum). Cette dernière a perdu de l'importance
au cours des dernières années grâce au développement
des variétés de céréales tolérantes. La carie naine se pro-
page par les semences mais elle est principalement pré-
sente dans les sols.
Les infections de moisissure des neiges diminuent la
faculté germinative des semences de céréales, en parti-
culier par basse température; le taux de levée est faible
et, par conséquent, le peuplement de la céréale est lacu-
naire. Avec la carie ordinaire et la carie naine, des agré-
gats de spores toxiques et à l’odeur fétide se dévelop-
pent en prenant la place du grain. Ces deux agents
pathogènes possèdent un énorme potentiel de dissémi-
nation. Au cours du battage, les spores contaminent les
grains sains puis, après le semis, les plantules sont infec-
tées à leur tour. De surcroît, toute la chaîne est contami-
née, de la moissonneuse-batteuse au silo. En ce qui
concerne la carie ordinaire, c’est non seulement le taux
d’infection des semences (l’inoculum) mais aussi les
conditions météorologiques durant la phase de germi-
nation des graines qui jouent un rôle important. Des
conditions sèches ainsi que des températures entre 5 et
Production végétale | 15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART
14 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012
10 °C après le semis constituent des conditions d’infec-
tion idéales. Les infections de carie naine, quant à elles,
proviennent principalement du sol; les germes de la
céréale sont particulièrement exposés lorsque les tem-
pératures se situent entre 0 et 5 °C. La septoriose atteint
tout particulièrement les coléoptiles et les racines des
plantules dont elle affecte la vigueur et perturbe la
croissance, ce qui se traduit aussi par un peuplement
lacunaire. Dans la procédure de certification, tous les
échantillons de semences biologiques sont soumis à un
contrôle de pureté et de faculté germinative. Ces para-
mètres doivent satisfaire les exigences de l’Ordonnance
sur les semences du Département fédéral de l’économie
(DFE). Les seuils de tolérance indiqués plus haut sont en
fait des recommandations. Cependant, les membres de
la commission technique «Grandes cultures» de «Bio
Suisse» (Le Bourgeon) les ont reprises. Les responsables
des organisations de producteurs de semences sont
chargés de leur mise en pratique.
En culture biologique, on constate une recrudescence
du charbon nu de l’orge (Ustilago nuda). Un contrôle
lors de la visite de culture est possible car les épis infec-
tés sont bien visibles à ce moment; ce n’est en revanche
pas le cas pour les maladies fongiques du genre Tilletia.
L’identification du charbon nu sur la semence est diffi-
cile; le mycélium du champignon se trouve dans l’em-
bryon et son isolation est laborieuse.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Identification de Microdochium nivale et M. majus:
Le taux d’infection des semences de blé, de triticale et de
seigle par les champignons de la moisissure des neiges
est déterminé en même temps que la faculté germina-
tive mais en recourant à un test de germination modifié
(Winter et al. 1997).
A cet effet, on dépose 200 grains sur un papier filtre
humide, ensuite on les fait incuber, d’abord 5 jours à
10 °C à l’obscurité, puis 3 jours à 20 °C à la lumière. Une
infection par la moisissure des neiges se signale par une
déformation des germes, des brunissures sur les racines
ou l’absence totale de germination avec, autour du
grain, une tache blanc-rose typique révélant la présence
du mycélium de ce champignon.
Identification de Tilletia caries et T. controversa:
Le taux d’infection des semences de blé, d’épeautre et de
triticale par les spores de carie ordinaire et de carie naine
est déterminé par une méthode de filtration décrite par
Kietreiber (1984) et agrée par l’ISTA (International Seed
Testing Association).
250 graines (pour l’épeautre: 50 graines non décorti-
quées) sont trempées dans une solution de dihydrogéno-
phosphate de sodium (0,2 %) qui est ensuite filtrée à
Figure 2 | Spores de Tilletia caries (à gauche) et de T. controversa (à droite) avec un agrandissement de 400 fois.
Figure 3 | Pourcentage de lots refusés sur la base des échantillons dépassant les seuils de tolérance, pour les différentes maladies, au cours des années 1995 à 2010. Le nombre total des échantillons figure entre parenthèses.
0
10
20
30
40
50
60
'95 (2
0)
'96 (3
1)
'97 (3
7)
'98 (6
1)
'99 (6
2)
'00 (8
6)
'01 (9
2)
'02 (1
21)
'03 (9
7)
'04 (1
38)
'05 (1
48)
'06 (1
61)
'07 (1
54)
'08 (1
26)
'09 (1
36)
'10 (1
17)
Lots
refu
sés
(%)
M. nivale / M. majus T. caries / T. controversa S. nodorum
Seuils: M. nivale et M. majus: 10 %; T. caries et T. controversa: 10 spores/grain; S. nodorum: 40 %
15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART | Production végétale
15Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012
travers un filtre (Millipore™) à 5 mm. Le nombre de spores
de carie par grain est déterminé sous le microscope à un
agrandissement de 100 fois. Depuis 2009, on fait une dis-
tinction entre les spores de la carie ordinaire et ceux de la
carie naine en recourant à un agrandissement de 400 fois.
La surface des spores de la carie naine présente une
structure réticulée nettement plus marquée et aux
formes plus allongées que celles des spores de la carie
ordinaire (fig. 2).
Identification de Septoria nodorum:
La proportion de grains de blé et de triticale infectés par
la septoriose est déterminée à l’aide du test par fluores-
cence décrit par Kietreiber (1981) et agréé par l’ISTA.
On dépose les semences sur un papier filtre à triple
couche; ensuite on les met en germination pendant
3 jours à 18 °C, puis 4 heures à –20 °C (pour tuer le germe),
et finalement on les soumet à 4 jours d’incubation à
28 °C (pour stimuler le développement du champignon).
Toutes les phases du test se déroulent dans l’obscurité.
Le champignon produit une toxine qui peut être mise en
évidence par fluorescence sous une source de lumière
jaune soufre à une longueur d’onde de 366 nm.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
De 1995 à 2010, plus de 1500 échantillons de semences
biologiques ont été analysés. La première année, il n’y en
avait que 20, mais à partir de 2002, ce nombre a atteint
120 à 160 par année. La majorité des échantillons concer-
nait le blé. Au cours des dernières années, le nombre
d’échantillons de blé a diminué en faveur de l'épeautre.
Depuis 2005, l’épeautre constituait un tiers des lots, alors
que le seigle et le triticale ne représentaient que moins de
10 % chacun.
Etat sanitaire des échantillons reçus
La proportion d’échantillons sains a varié fortement en
fonction des conditions climatiques des années concer-
nées. Au cours des années 1996 à 1998, 2002 à 2004
ainsi que 2006, au moins 80 % des lots contrôlés, toutes
espèces confondues, se situaient en dessous des seuils
de tolérance et pouvaient donc être considérés comme
«sains» et aptes à être semés sans traitement préalable.
Au cours des années 1995, 1999, 2007, 2009 et 2010, un
quart des échantillons présentaient un taux de conta-
mination par Microdochium nivale et M. majus trop
élevé; les lots concernés ne pouvaient donc pas être
semés sans avoir été traités. Les contaminations par
Tilletia spp. ont augmenté depuis 2005, passant d’une
moyenne de 3 % à un taux situé entre 9 et 17 %; l’an-
née 2007 a fait exception avec 1 % seulement. La pro-
portion de lots refusés à cause leur contamination par
Septoria nodorum a été plus élevée seulement au cours
des années 1998, 1999 et 2001 (7 à 11 %) alors qu’elle
était insignifiante toutes les autres années (fig. 3).
Augmentation des contaminations du blé et de
l’épeautre par la carie ordinaire et par la carie naine
depuis 2005
L’augmentation des infections par Tilletia spp. (inten-
sité et fréquence) a été frappante. Pour mettre en évi-
dence la présence de cette maladie et la fréquence des
infections, on a pris en compte tous les échantillons
porteurs de plus d’une spore par graine (fig. 4). Rüeg-
ger et al. (1998) ont déjà signalé qu’il y avait lieu de
bien suivre l’évolution de la carie ordinaire et de la
carie naine sur les semences produites en conditions
biologiques. En effet, même si l’agent pathogène est
présent en très faibles quantités, sa dissémination peut
être élevée si l’on ne contrôle pas l’état sanitaire des
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
2000 (62)
2001 (61)
2002 (81)
2003 (65)
2004 (98)
2005 (89)
2006 (89)
2007 (81)
2008 (70)
2009 (76)
2010 (70)
Echa
ntill
ons
cont
amin
és (%
)
> 10 spores par grain > 1 spore par grain
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
2000 (18)
2001 (20)
2002 (27)
2003 (22)
2004 (32)
2005 (47)
2006 (59)
2007 (46)
2008 (42)
2009 (42)
2010 (39)
Echa
ntill
ons
cont
amin
és (%
)
> 10 spores par grain > 1 spore par grain
Figure 4a | Evolution des infections par Tilletia caries et T. contro-versa sur blé de 2000 à 2010. Le nombre total d'échantillons figure entre paranthèses.
Figure 4b | Evolution des infections par Tilletia caries et T. contro-versa sur épeautre de 2000 à 2010. Le nombre total d'échantillons figure entre parenthèses.
Production végétale | 15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART
16 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012
«Au cours de ces dernières années, la fréquence des
infections par la carie ordinaire et par la carie naine qui
ont été annoncées a de nouveau augmenté. Ce constat
vaut tant pour l’agriculture écologique que pour l’agri-
culture traditionnelle. Les infections recensées ont été
particulièrement sévères en 2004 pour ce qui est de la
carie ordinaire et en 2006 pour la carie naine» (traduc-
tion d’une citation extraite de la 58e Journée de l’Asso-
ciation des sélectionneurs de semences et des commer-
çants en semences d’Autriche, 2007).
La carie naine du blé est aussi présente dans les zones
plus basses
En général, la carie naine n’est présente que dans les
zones élevées, à des altitudes supérieures à 600 m où les
sols sont plus froids, étant donné que les spores germent
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
Blé (70) Epautre (42)
Blé (76) Epautre (42) Blé (70) Epautre (39)
Echa
ntill
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avec
> 1
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/gra
in (%
)
T. controversa T. caries
2008 2009 2010
Figure 5 | Proportion de Tilletia caries et Tilletia controversa sur blé et épeautre de 2008 à 2010. Nombre d'échantillons indiqué entre parenthèses.
Variété de blé Nombre d'échantillons M. nivale / M. majus (%) Tilletia spp. (spores par grain)
Fiorina 19 16,4 / 13,0 0,7 / 0,2
Ludwig 11 9,6 / 8,0 0,2 / 0,0
Runal 21 12,0 / 10,0 5,6 / 0,8*
Scaro 17 6,0 / 3,0 1,1 / 0,4
Siala 37 9,9 / 8,5 17,7 / 0,7*
Titlis 36 6,8 / 7,0 0,7 / 0,2
Wiwa 44 7,6 / 7,0 1,3 / 0,2
Tableau 1 | Infections par Microdochium nivale et M. majus ainsi que par Tilletia caries et T. controversa (moyennes / médianes) de diffé-rentes variétés de blé au cours des années 2008 à 2010
*Principalement T. controversa.
lots quant à la présence de spores et ne prend pas des
mesures adéquates. Il est aussi très important que la mul-
tiplication des semences soit réalisée à partir de lots sains.
Au cours de la visite de culture, il est parfois très difficile
d’identifier les épis de blé ou d’épeautre malades parmi
les sains, selon la variété et son stade de développement.
L’augmentation des cas d’infection sur épeautre concer-
nait principalement la carie ordinaire, tandis que sur blé
c’était plutôt la carie naine (fig. 5).
En Allemagne et en Autriche, on a relevé les observa-
tions suivantes: «La carie ordinaire ainsi que la carie
naine du blé sont actuellement les maladies des semences
les plus importantes en production écologique, avec une
tendance à l’augmentation» (traduction d’une citation
extraite de la 11e Journée scientifique sur l’agriculture
écologique, Giessen, 2011).
15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART | Production végétale
17Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012
grain (tabl. 3). Les variétés «Ostro» (17 spores par grain),
«Titan» (20 spores par grain) et «Tauro» (4 spores par
grain) ont subi des infections moins fortes et moins fré-
quentes. Sur le blé, la variété «Siala» a été la plus atteinte
par les deux espèces de carie, avec 18 spores par grain en
moyenne des trois dernières années (tabl. 1). Les variétés
«Fiorina», «Ludwig», «Scaro», «Titlis» et «Wiwa» ont
toutes présenté un taux de contamination inférieur à
deux spores par grain en moyenne.
Le seigle et le triticale ont rarement été contaminés,
et si tel était le cas, le taux restait faible.
Dans la statistique du contrôle des infections par la carie
ordinaire et par la carie naine, on a constaté que la
valeur médiane s’écartait parfois beaucoup de la valeur
moyenne. Ceci est symptomatique d’une variabilité des
contaminations beaucoup plus forte que celle des conta-
minations par la moisissure des neiges. De nombreux lots
étaient peu infectés, mais quelques-uns étaient forte-
ment contaminés, contribuant à faire grimper la
moyenne (tabl. 1 à 3).
D’anciens essais variétaux (Bänziger et al. 2003) ont
mis en évidence des différences de sensibilité à la carie
ordinaire significatives. Pour tester la sensibilité des
variétés actuelles, il faudrait réaliser des essais précis en
petites parcelles.
Efficacité du traitement des semences au Cerall®, admis
en culture biologique
Les produits pour le traitement des semences Cerall® et
Cedomon® (à base de bactéries Pseudomonas chlorora-
à des températures situées entre 0 et 5 °C. En 2009, on a
aussi observé des infections de carie naine dans des
zones plus basses, notamment à Fehraltorf (530 m),
Ober embrach (600 m), Brütten (610 m) et Schaffhouse
(600 m). Ce phénomène était probablement lié à des
chutes de neige plus abondantes et couvrant le sol plus
longtemps dans ces régions au cours de l’hiver 2008/2009
(Source: MeteoSuisse).
Différences variétales apparentes parmi les céréales
analysées
Moisissure des neiges:
Au cours des trois dernières années, on a constaté des
différences d’intensité d’infection par la moisissure des
neiges selon les variétés de blé (tabl. 1). «Fiorina» a été
la variété la plus atteinte (16 %) tandis que «Scaro» et
«Titlis» l’étaient moins (6 % et 7 %). Le seigle et le triti-
cale sont généralement plus sensibles à la moisissure des
neiges que le blé. La variété de seigle «Matador» a été
fortement infectée, avec un taux de 24 % en moyenne;
la variété «Recrut» l’a été moins avec 13 %. Les variétés
de triticale «Bedretto» et «Triamant» ont montré des
taux d’infection semblables (12 % et 11 %; tabl. 2). Sur
épeautre, la présence de moisissure des neiges sur les
semences a été insignifiante.
Carie ordinaire et carie naine:
Sur l’épeautre, c’était surtout la variété «Oberkulmer
Rotkorn» qui s’est révélée la plus infectée au cours des
trois dernières années, avec en moyenne 132 spores par
Céréale Variété Nombre d'échantillons M. nivale / M.majus (%)
Seigle Matador 8 24,1 / 20,0
Seigle Recrut 7 13,1 / 10,0
Triticale Bedretto 14 11,9 / 11,0
Triticale Triamant 5 11,4 / 10,0
Tableau 2 | Infections par Microdochium nivale et M. majus (moyennes / médianes) de différentes variétés de seigle et de triticale au cours des années 2008 à 2010
Variété Nombre d'échantillons M. nivale / M. majus (%) Tilletia spp. (spores par grain)
Alkor 9 < 2,0 3,3 / 2,0
Oberkulmer Rotkorn 30 < 2,0 131,9 / 18,5
Ostro 50 < 2,0 17,4 / 2,9
Samir 3 < 2,0 0,7 / 0,0
Tauro 11 < 2,0 4,2 / 0,0
Titan 14 < 2,0 19,6 / 0,2
Tableau 3 | Infections par Microdochium nivale et M. majus ainsi que Tilletia caries et T. controversa (moyennes/médianes) de différentes variétés d'épeautre au cours des années 2008 à 2010
18
Production végétale | 15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012
phis) sont homologués pour la culture biologique depuis
2007. Cedomon® a été développé pour des espèces de
céréales non décortiquées, contre l’helminthosporiose
(Drechslera teres) et la maladie des stries (Drechslera gra-
mineum) de l’orge ainsi que contre la carie ordinaire de
l’épeautre. Cerall® est efficace contre la carie ordinaire
du blé et de l’épeautre et il montre un effet partiel
contre les infections de moisissure des neiges sur les
semences de blé, de seigle et de triticale ainsi que contre
les infections de septoriose sur les semences de blé
(tabl. 4). Nos essais effectués sur 65 échantillons de
céréales présentant différents taux de contamination
ont montré qu’un traitement avec Cerall® augmentait la
faculté germinative des semences de 78 à 88 % et rédui-
sait le taux de contamination par la moisissure des neiges
de 20 à 9 %. Ainsi, les semences atteignaient le taux de
germination requis et ne dépassaient pas le seuil de tolé-
rance pour les infections par la moisissure des neiges, ce
qui permettait de les considérer comme appropriées
pour le semis.
C o n c l u s i o n s
•• A peu près une année sur deux, la proportion des lots
de semences de céréales bio reconnus sains dépassait
80 %. Mais il y a aussi eu des années où la proportion
des lots pouvant être recommandés pour des semis sans
traitement préalable n'atteignait que 60 à 70 %.
•• L'augmentation du nombre d'échantillons présentant
un taux d'infection par la carie ordinaire et la carie
naine élevé requiert une attention particulière. Il est
absolument indispensable de suivre l'évolution de la
maladie par un test de santé annuel.
•• Pour éviter une dissémination accrue de ces maladies, la
préconisation «semences non appropriées à une
utilisation sans traitement préalable» prend ici toute
son importance. Si la pression de ces maladies devait
encore augmenter, il y aurait lieu de revoir les seuils de
tolérance qui sont admis aujourd'hui.
•• Différencier la carie ordinaire de la carie naine a tout
son sens puisque les contaminations par cette dernière
proviennent essentiellement de sols infectés.
•• Contre la carie naine, l'utilisation de semences saines
n'est pas une mesure suffisante car les spores de ce
champignon peuvent survivre jusqu'à dix ans dans le sol.
Pour cette raison, il ne faudrait pas cultiver de céréales
d'automne durant plusieurs années sur les sols infectés,
seulement des céréales de printemps ou de l'orge, ces
espèces n'étant pas atteintes par la carie naine.
•• Lorsque l'hiver est particulièrement froid, avec de
longues couvertures de neige, la carie naine peut aussi
sévir dans les zones plus basses.
•• La résistance aux caries devrait être intégrée aux
objectifs de sélection des variétés de céréales bio. Dans
d'anciens essais de blé et d'épeautre, on a observé des
différences de sensibilité entre les variétés face à la
carie ordinaire et à la carie naine; cependant, ce n'était
pas encore une vraie résistance. Toutefois, la variété
«Butaro», un blé d'automne réputé résistant issu de la
sélection du Dottenfelderhof, en Allemagne, est
actuellement testée dans les essais variétaux des
stations de recherche d'Agroscope.
•• Les agriculteurs disposent de trois produits pour le
traitement des semences admis pour la culture biolo-
gique. Cerall® (formulation aqueuse à base de bactéries)
est efficace contre la carie ordinaire du blé et partielle-
ment contre la moisissure des neiges. Cedomon®
(formulation huileuse à base de bactéries) est homolo-
gué pour combattre la carie ordinaire de l'épeautre.
Tillecur® (farine de moutarde jaune) peut être utilisé
contre la carie ordinaire du blé.
•• Il n'existe actuellement aucun produit de traitement des
semences qui soit biologiquement actif contre la carie
naine. Cerall® et Cedomon® peuvent être utilisés dans
les grandes installations de traitement des semences,
mais ce n'est pas possible avec Tillecur®.
•• Un inconvénient des deux produits à base de bactéries
est leur durée de conservation limitée, quelques jours
sans réfrigération, quelques semaines s'ils sont réfrigé-
rés. Cependant, les semences traitées avec l'un ou
l'autre de ces deux produits peuvent être stockées
jusqu'à 18 mois. n
Produit Dose / 100 kg de semences Efficacité contre des maladies transmises par les semences
Blé Seigle et triticale Epeautre Carie ordinaire Moisissure des neiges Septoria nodorum
Cerall 1000 ml 1000 ml 1500 ml + effet partiel effet partiel
Cedomon − − 1000 ml + − −
Tillecur 1,3 kg* − − + − −
Tableau 4 | Produits homologués pour le traitement des semences de céréales bio
*A incorporer dans 5–6 litres d'eau.
19
15 ans de tests de santé sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART | Production végétale
Ria
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Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012
Bibliographie b Bänziger I., Forrer H.-R., Schachermayr G., Frei P. & Gindrat D., 2003. Stinkbrandanfälligkeit in- und ausländischer Weizensorten, Agrarfor-schung 10, 328–333.
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b Kietreiber M., 1981. Filterpapier-Fluoreszenztest für die Feststellung von Septoria nodorum in Triticum aestivum unter Berücksichtigung des in Keim-ruhe befindlichen Saatgutes. Seed Science and Technology 9, 717–723.
b Kietreiber M., 1984. Wheat: dwarf bunt, bunt (stinking smut), smooth-spored bunt (stinking smut). In: ISTA Handbook on Seed Health Testing, ISTA, Zurich, Working sheet No 53, 1–4.
b Killermann B., Voit B. & Büttner P., 2007. Brandkrankheiten bei Weizen – Erfahrungen und Ergebnisse aus der Saatgutuntersuchung. 58e Journée de l'Association des sélectionneurs de semences et des commerçants en semences d'Autriche à Gumpenstein, 20–22 novembre 2007, 41–44.
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b Winter W., Bänziger I., Krebs H., Rüegger A., Frei P. & Gindrat D., 1997. Beizung nach Schadschwellen. Ergebnisse mit Sommerweizen. Agrarfor-schung 4, annexe séparée en couleur.
Fifteen years of organic cereal seed
health analyses at Agroscope ART
Investigations on organically produced
cereal seed over the past 15 years have
shown the importance of the control
of seed-borne diseases. Although
disease pressure depends on annual
fluctuations caused by the weather,
infestation with common and dwarf
bunt (Tilletia caries/T. controversa) has
increased in the last few years, with
the former primarily occurring on spelt
and the latter on wheat. On spelt, the
cultivar «Oberkulmer Rotkorn» seems
to be particularly susceptible to
common bunt. Since the disease can
spread very quickly through contami-
nated seed, it is important to use
non-infested starter seed. In winters
with abundant snow fall and persist-
ent snow cover (2008/2009), dwarf
bunt also occurred in lower altitudes.
Problems with snow mould occurred
primarily on rye, with over half of the
examined seed samples frequently
exceeding the threshold value.
Effective seed dressings registered for
organic farming are only available
against common bunt on wheat and
spelt; they are only partially or
insufficiently effective against snow
mould (Microdochium nivale/M. majus)
and dwarf bunt.
Key words: seed borne disease, soil
born disease, seed health testing,
bunt, snow mould, glume blotch,
threshold value, organic cereal seed.
15 anni di controlli sanitari su sementi
cerealicole biologiche presso Agroscope ART
Le ricerche condotte negli ultimi quindici
anni sulle sementi cerealicole biologiche
indicano l'importanza del controllo delle loro
patologie. La pressione esercitata dalle
malattie è legata a oscillazioni annuali,
influenzate dalle condizioni meteorologiche.
Tuttavia, negli ultimi anni, gli attacchi di
carie e carie nana del frumento (Tilletia
caries / T. controversa) sono aumentati. Si
sono riscontrati soprattutto più casi di carie
del frumento nella spelta e di carie nana nel
frumento. La varietà di spelta «Oberkulmer
Rotkorn» sembra particolarmente sensibile
alla carie del frumento. È importante
ricorrere a sementi sane, poiché questa
patologia si propaga molto rapidamente
mediante le sementi contaminate. Durante
gli inverni molto innevati e con manto
nevoso persistente (2008/2009), la carie nana
del frumento è apparsa anche in pianura. I
problemi con il mal del piede dei cereali si
sono manifestati soprattutto nella segale:
più della metà dei campioni di sementi
analizzate si trovava oltre il valore di soglia.
Dei prodotti fitosanitari efficaci e omologati
per l’agricoltura biologica esistono sola-
mente per il trattamento delle sementi
contro la carie del frumento che attacca
frumento e spelta. Tuttavia, essi riscontrano
solo una parziale o insufficiente efficacia
contro il mal del piede dei cereali (Microdo-
chium nivale / M. majus) e contro la carie
nana del frumento.
20 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
jeune avec, pour conséquence, l’excrétion d’importantes
quantités d’azote avec les émissions d’ammoniac qui en
découlent. De plus, si les conditions de croissance lui
conviennent bien et que la fumure azotée est réduite, il
peut concurrencer les graminées à un point tel que leur
proportion devient insuffisante, la composition bota-
nique est déséquilibrée, avec en plus le risque que le
gazon résiste mal au piétinement.
On a essayé de sélectionner la luzerne comme légu-
mineuse de substitution (Bouton et al. 1991; Piano et al.
1996). Dans les essais variétaux suisses, les types de
I n t r o d u c t i o n
De par sa nature, le trèfle violet (Trifolium pratense L.)
est peu adapté à une utilisation par la pâture. Le trèfle
blanc est la légumineuse qui se propage naturellement
dans les prairies pâturées et qui est intégré dans les
mélanges de semences pour pâtures. Grâce à ses stolons,
il est capable de se régénérer rapidement après le pas-
sage des animaux, ce qui assure sa pérennité. Toutefois,
son potentiel de rendement est faible (Lehmann 1999)
et sa très haute teneur en protéines entraîne un déséqui-
libre par rapport à la teneur en énergie du fourrage
Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâtureBeat Boller, Peter Tanner et Franz Xaver Schubiger, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART,
8046 Zurich
Renseignements: Beat Boller, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 73 63
Figure 1 | L'aptitude à la pâture de la nouvelle variété de trèfle violet Pastor a été testée à Reckenholz dans un essai pâturé par des génisses. (Photo: ART)
Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture | Production végétale
21
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012
Pastor est une nouvelle variété de trèfle
violet destinée à être cultivée en Suisse et
qui a la particularité d'avoir été sélectionnée
tout spécialement pour son aptitude à la
pâture. Pastor est issue de croisements entre
un écotype récolté dans le canton du Jura et
du matériel de sélection qui est à la base du
trèfle violet du type «Mattenklee». Cette
nouvelle variété se caractérise par sa taille
plutôt trapue et ses feuilles plus petites que
celles du trèfle violet habituel. Dans deux
essais en parcelles pâturées par des génisses
ou des vaches allaitantes, Pastor a mieux
persisté, jusqu'à fin de la seconde année
d'exploitation, que Milvus qui est pourtant
une variété appréciée. La part de Pastor dans
le couvert végétal était plus élevée, davan-
tage de plantes ont persisté et elles ont
développé deux fois plus de pousses par
plante et par unité de surface que la variété
Milvus. En introduisant la variété Pastor en
lieu et place du trèfle blanc dans les
mélanges standard MS 440 ou MS 462, qui
sont recommandés pour la pâture, on a
observé, en cours d'utilisation pastorale, des
gazons avec une part de trèfle plus régulière
qu'avec le trèfle blanc ou la variété de trèfle
violet Dafila. La nouvelle variété de trèfle
violet Pastor possède le potentiel nécessaire
pour remplacer le trèfle blanc dans les
mélanges destinés à être pâturés durant au
moins trois ans.
luzerne prévus pour la pâture n’ont pas atteint le niveau
souhaité (Mosimann et al. 2007).Le trèfle violet se caractérise par un potentiel de ren-
dement plus élevé et une teneur en protéines un peu plus
faible que celle du trèfle blanc. L’intense activité d’une
enzyme, la polyphénoloxydase (PPO), permet d’éviter la
dégradation dans la panse d’une importante proportion
des protéines, ce qui diminue les pertes d’azote au pâtu-
rage (Lee et al. 2004). Le trèfle violet ne développant pas
de stolons, il y a moins de risques qu’il concurrence les
graminées en cas de sous-fertilisation azotée. Toutefois,
les variétés usuelles de trèfle violet sont de grande taille
et peuvent concurrencer les graminées basses, comme le
ray-grass anglais et le pâturin des prés, qui sont impor-
tantes dans les pâtures tant pour la résistance du gazon
au piétinement que pour le maintien d’un gazon dense.
De plus, le trèfle violet supporte mal le piétinement et le
broutage bas. Il se régénère donc mal et, de ce fait, les
variétés usuelles ne permettent pas d’assurer une propor-
tion de trèfle stable dans la pâture. Ce constat a incité
ART à mettre sur pied un programme de sélection du
trèfle violet pour la pâture en 1990. Les objectifs suivants
ont été fixés: un potentiel de rendement satisfaisant, une
bonne persistance sans concurrencer les graminées ainsi
qu’une bonne capacité de régénération après la pâture.
Pastor est la première variété de trèfle violet issue de ce
programme qui peut être présentée. Evaluée sous le
numéro de lignée TP0325, sa valeur agronomique a été
testée avec succès (Frick et al. 2008) et, entre-temps, ses
caractères distinctifs et son homogénéité ont été établis,
ce qui a permis son inscription dans les catalogues offi-
ciels suisse et français en 2011.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Origine de la variété Pastor
La variété Pastor est issue d’un croisement entre du
matériel de sélection d’ART et un écotype provenant du
canton du Jura. En 1990, ART a reçu de Peter Thomet
(Haute école suisse d’agronomie de Zollikofen) de la
semence d’un écotype croissant dans la région de Pré de
Joux – La Metteneux, sur la commune d’Undervelier, à
620 m d’altitude. Cette population se trouvait sur un
pâturage à chevaux dont le gazon était toujours main-
tenu court. Elle a été mise en culture dans la pépinière
de Zurich-Reckenholz et 10 plantes typiques, à petites
feuilles et à port bas, ont été choisies. Elles ont été croi-
sées avec 20 plantes élite de trèfle violet du type Matten-
klee. La descendance (F1) a été recroisée avec du trèfle
violet longue durée («Mattenklee») et la population qui
en est issue, dont le matériel génétique contenait 75 %
de trèfle violet longue durée et 25 % de trèfle sauvage
Production végétale | Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture
22 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012
relativement peu intensive, la durée de pâture corres-
pondait à 4 à 5 passages de 2 à 3 semaines par année
d’utilisation principale. Dans l’essai 2008 – 2010, exploité
de manière intensive, on comptait 6 à 7 passages de 6 à
7 jours par année. Après que les animaux eurent quitté le
pâturage, les refus ont été fauchés si nécessaire afin de
disposer d’un gazon uniforme pour pouvoir procéder à
des notations objectives.
Avant chaque mise en pâture, la proportion de trèfle
a été estimée visuellement. Des échantillons ont été sou-
mis à une analyse botanique pour vérifier la validité des
appréciations visuelles. La correspondance s’est révélée
très bonne, avec une corrélation hautement significa-
tive (r = 0,985 pour n = 12 comparaisons) et une concor-
dance très bonne aussi entre les valeurs absolues, avec
24,5 % pour l’estimation visuelle et 25,0 % pour l’analyse
botanique. Le nombre de plantes de trèfle violet par
unité de surface ainsi que le nombre de pousses par
plante ont été déterminés à différentes dates.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Comportement dans les essais de pâture avec la
fétuque élevée
Dans le mélange simple avec la fétuque élevée (WV04,
2004−2006), Pastor s’est mieux développé que le trèfle
violet Milvus au cours du temps et a pris une part plus
élevée dans le couvert végétal (fig. 2). Alors que la propor-
tion de Milvus a régressé continuellement, celle de Pastor
a progressé légèrement jusqu’au milieu de la première
année d’utilisation principale, puis s’est maintenue à un
niveau constamment plus élevé jusqu’à la fin de l’essai.
Dans l’essai de pâture WV08a (2008−2010), Pastor a aussi
atteint la part de couvert végétal la plus élevée parmi les
quatre variétés testées (tabl. 2). Chaque année, en
automne, c’est Pastor qui a atteint le plus grand nombre
de plantes, de pousses par plante et de pousses par unité
de surface. Comparé à Milvus, Pastor comptait 2,6 à 3,0
fois plus de pousses par unité de surface. Les résultats de
cet essai ont été pris en compte par l’autorité responsable
de l’inscription des variétés au catalogue français et ont
influencé positivement l’admission de Pastor.Au pâturage, les plantes typiques de Pastor sont plus
trapues et présentent des feuilles plus petites et plus
rondes que celles du trèfle violet Dafila par exemple (fig.
3). Les jeunes pousses de Pastor sont nombreuses et par-
tent du centre de la plante quasiment à l’horizontale. La
disposition de ces pousses permet une rapide régénéra-
tion de la plante après la pâture. Des plantes filles se
développent à partir de l’aisselle des feuilles portées par
les tiges étalées; elles s’ancrent ensuite dans le sol par
des racines adventives.
du Jura, a été l’objet d’une sélection individuelle en
pépinière durant trois générations. A chaque généra-
tion, on a veillé à ne choisir que les plantes de taille
basse, à la pousse vigoureuse et à petites feuilles qui cor-
respondaient aux objectifs fixés. En 2002, 42 plantes
choisies ont été placées dans une enceinte isolée pour un
polycross. En 2003, la descendance des 25 plantes les plus
productives en semences ont été semées en lignes. De ce
matériel, on a choisi 21 descendants typiques qui,
ensemble, constituent la variété Pastor.
Essais de pâture
Pour tester la capacité de Pastor et de variétés de réfé-
rence à supporter la pâture, des parcelles d’essai d’au
moins 30 m² ont été mises en place à Zurich-Reckenholz
(fig. 1). Dans les essais WV04 (2004−2006) et WV08a
(2008−2010), le trèfle violet a été semé à une densité de
30 g/a avec une fétuque élevée à fines feuilles à 150 g/a
dans un dispositif avec quatre répétions. Dans l’essai
WV08b (2008−2010), on a semé des mélanges plus com-
plexes correspondant aux mélanges standard MS 462 et
MS 440 avec 4 à 5 répétitions (tabl. 1). Dans ce pro-
gramme, on a semé soit le mélange original contenant
du trèfle blanc, soit des mélanges où le trèfle blanc était
remplacé par une quantité comparable de trèfle violet
Pastor ou Dafila. A partir de l’automne de l’année de
semis, l’exploitation correspondait à celle d’une pâture
tournante. Dans l’essai 2004 – 2006, exploité de manière
Espèce VariétéDensité de semis g/a
MS 462 MS 440
Fétuque élevée BELFINE 150
Fléole RICHMOND 30
Ray-grass angl. (2n) ARVELLA 30 100
Pâturin des prés LATO 100 100
Fétuque rouge ECHO 50
Variantes de trèfle:
Trèfle violet PASTOR 40 40
Trèfle violet DAFILA 40 40
Trèfle blanc Gdes feuilles/petites f. 2/1 40 40
Total 320 320
Tableau 1 | Mélanges semés dans l'essai de pâture WV08b (2008–2010)
Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture | Production végétale
23Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012
de Milvus. Sa position par rapport à Milvus était inver-
sée dans les essais de pâture, ce qui mettait en évi-
dence l’aptitude particulière de Pastor pour cette uti-
lisation.
Dans les essais variétaux officiels exploités en tant que
prairies de fauche (Frick et al. 2008), l’aspect général,
le rendement ainsi que la capacité de concurrence de
Pastor étaient nettement inférieurs aux paramètres
Varitété Epoque Pastor Milvus Lemmon Mistral
Part de trèfle violet (%) au rendement
Moyenne de 12 enregistrements
2008 – 201039,7 a 35,2 b 35,3 b 28,4 c
Nombre de plantes de trèfle violet / m²
Automne 2008 65,3 a 55,5 a 63,8 a 55 a
Automne 2009 36,1 a 29,1 ab 35,1 a 20,2 b
Automne 2010 4,5 a 3,1 ab 2,3 ab 0,6 b
Moyenne de 3 notations
35,3 a 29,2 bc 33,7 ab 25,3 c
Nombre de pousses / plante
Automne 2009 21,6 a 9,8 bc 13,0 b 8,7 c
Automne 2010 8,9 a 4,4 b 4,3 b 3,8 b
Moyenne de 2 notations
15,2 a 7,1 bc 8,6 bc 5,9 c
Nombre de pousses / m²
Automne 2009 770 a 295 bc 450 b 170 c
Automne 2010 40 a 13 b 10 b 2 b
Moyenne de 2 notations
406 a 155 b 231 b 87 c
Tableau 2 | Part au rendement, nombre de plantes et nombre de pousses de Pastor, associé à la fétuque rouge, dans l'essai de pâture WV08a (2008 – 2010), comparé à des variétés de trèfle violet usuelles
Dans une ligne, les valeurs qui ne sont pas suivies de lettres communes sont significativement différentes les unes des autres (p<0,05).
0
10
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40
50
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02.09.04 14.04.05 30.06.05 24.04.06 30.05.06 04.07.06 14.08.06
Prop
ortio
n da
ns le
cou
vert
vég
étal
%
Trèfle violet pour pâture Pastor
MILVUS
2e année d'utilisation principale1re année d'utilisation principaleAnnée du semis
Ppds (5%)
Figure 2 | Evolution de la proportion estimée de Pastor et de Milvus dans le couvert végétal, en association avec la fétuque élevée, dans l'essai de pâture WV04 (2004 – 2006).
Production végétale | Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture
24 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012
Du trèfle violet plutôt que du trèfle blanc dans les
mélanges standard?
Il n’existe pas à ce jour de mélange standard recom-
mandé pour la pâture qui contienne du trèfle violet de
longue durée (Suter et al. 2008). Dans les mélanges stan-
dard, le trèfle blanc est la légumineuse de base pour les
utilisations en pâture. Dans cette étude, les aptitudes du
trèfle violet Pastor pour la pâture ont été testées en le
substituant au trèfle blanc dans les mélanges standard
MS 440 et MS 462 (tabl. 1).
Dans les deux mélanges avec trèfle blanc, celui-ci
s’est développé dans un premier temps comme le trèfle
violet dans les deux mélanges qui en contenaient; mais
par la suite, le trèfle blanc a pris visiblement plus de
Figure 3 | Plante typique du trèfle violet à pâturer Pastor (à gauche) comparée au trèfle violet Dafila (à droite). Ces plantes ont été obser-vées dans une pâture en automne de la première année d'exploitation principale. La plus jeune feuille sur les 7 pousses de Pastor ainsi que sur le 4 pousses de Dafila est marquée par un hachuré (dessins de Malin Maurer).
0
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20
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22.10
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08.04
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06.05
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15.06
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27.08
.10
26.10
.10Prop
ortio
n du
cou
vert
vég
étal
(%) d
ans
le M
S 44
0
PASTOR DAFILA Trèfle blanc
1re année d'utilisation principale
Année du semis
Ppds (5%)
0
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30
40
50
60
70
80
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01.09
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08.10
.08
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30.04
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27.05
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30.06
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05.08
.09
10.09
.09
22.10
.09
08.04
.10
06.05
.10
15.06
.10
27.08
.10
26.10
.10Prop
ortio
n du
cou
vert
vég
étal
(%) d
ans
le M
S 46
2
Ppds (5%)
Objectif: 30-40% de trèfle
2e année d'utilisation principale
1re année d'utilisation principale
Année du semis
2e année d'utilisation principale
Figure 4 | Evolution de la proportion du couvert végétal des trèfles violets Pastor et Dafila ainsi que du trèfle blanc dans l'essai de pâture WV08b (2008 – 2010). Noté avant le tour de pâture, sur le mélange standard MS 440 (à gauche) et sur le MS 462 (à droite). Les barres verti-cales situent la valeur moyenne ± la plus petite différence significative (p = 0,05).
place (fig. 4). Dès l’automne de la première année d’uti-
lisation principale, la part du trèfle blanc dans le cou-
vert végétal atteignait souvent plus de 50 %, soit nette-
ment au-dessus de celle des deux variétés de trèfle
violet. Une telle proportion de trèfle dans une pâture
n’est pas souhaitée. La composition du fourrage s’en
trouve déséquilibrée, avec trop de protéines et pas
assez d’hydrates de carbone facilement métabolisables;
il en résulte un risque d’augmentation des pertes
d’azote à travers le système digestif des ruminants. De
plus, les gazons ayant une trop faible proportion de
graminées sont moins résistants au piétinement. Ce
point est particulièrement délicat en agriculture biolo-
gique où il n’est pas possible de stimuler les graminées
Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture | Production végétale
25Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012
seconde année d’exploitation principale, a confirmé
l’abondance relative élevée du trèfle par rapport aux
graminées dans les mélanges avec trèfle blanc (fig. 5),
alors que ces valeurs étaient plus équilibrées dans les
variantes avec trèfle violet. A ce stade, on n’a pas
observé de différences significatives entre les variantes
avec trèfle violet, bien que l’abondance relative de Pas-
tor ait été légèrement plus élevée que celle de Dafila.
La substitution du trèfle blanc par le trèfle violet dans
le MS 462 a influencé non seulement le rapport entre
trèfle et graminées, mais aussi les proportions de gra-
minées entre elles. En effet, la part de fétuque élevée
a fortement augmenté (p < 0,05) au détriment du ray-
grass qui a diminué significativement tandis que de la
part totale des graminées dans le couvert végétal ait
augmenté. On peut en déduire que la fétuque élevée
s’accommode mieux que le ray-grass de la présence du
trèfle violet. Un peu de trèfle blanc s’est installé dans
toutes les parcelles avec trèfle violet, cependant un
peu plus dans Dafila que dans Pastor. Le trèfle blanc a
vraisemblablement occupé les espaces libérés par la
forte régression de Dafila au cours de l’été de la
seconde année d’exploitation principale (fig. 4).
par une fumure azotée dirigée. Le trèfle violet Dafila a
aussi atteint temporairement une part élevée dans le
couvert végétal, mais il a fortement régressé vers la fin
de la seconde année d’exploitation principale. Pastor,
en revanche, a occupé une proportion assez régulière
du couvert végétal. Il n’y a qu’au printemps de la pre-
mière année d’utilisation principale dans le mélange MS
462 qu’il a dépassé 40 %; il se situait en général entre
30 et 40 %. Vers la fin de la seconde année d’exploita-
tion principale, la part de trèfle violet a nettement
régressé, aussi avec Pastor. Parallèlement à cette régres-
sion, un développement spontané de trèfle blanc a été
observé dans ces couverts végétaux.
On a constaté un certain parallélisme de l’évolution
de la proportion de trèfle dans les mélanges MS 440 et
MS 462 (fig. 4). Les différences entre les variantes de
trèfle étaient cependant légèrement plus faibles dans le
MS 462 que dans le MS 440. Dans le MS 462, il a fallu plus
de temps jusqu’à ce que le trèfle blanc atteigne une part
dans le couvert végétal plus élevée que celle des deux
variétés de trèfle violet.
Le relevé exact de la composition botanique au moyen
de la méthode Daget-Poissonnet, à l’automne de la
F.a.
F.a.
F.a.
L.p.
L.p.
L.p.
L.p.
L.p.
L.p.
P.p.
P.p.
P.p.
P.p.
P.p.
P.p.
T.p.
T.p.
T.p.
T.p.
T.r.
T.r.
T.r.
T.r.
T.r.
T.r.
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Avec trèfle violet PASTOR
Avec trèfle violet DAFILA
Avec trèfle blanc
Fétuque élevée (F.a.) Ray-grass anglais (L.p.) Pâturin des prés (P.p.) Timothe
Fétuque rouge Autres graminées Trèfle violet (T.p.) Trèfle blanc (T.r.)
Dent de lion Autres dicotylédones
MS 440
MS 462
Avec trèfle violet PASTOR
Avec trèfle violet DAFILA
Avec trèfle blanc
Figure 5 | Abondance relative des différentes espèces évaluée d'après la méthode Daget-Poissonnet en automne 2010 dans l'essai de pâture WV08b (2008 – 2010) avec les variantes basées sur les mélanges standard MS 440 et MS 462: mélange original avec trèfle blanc, mélange modifié avec trèfle violet Dafila ou Pastor à la place du trèfle blanc. Le trèfle blanc observé dans les variantes avec trèfle violet s'est installé spontanément, sans avoir été semé.
26
Production végétale | Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012
Laisser grainer pour maintenir la part du trèfle violet
Malgré la meilleure aptitude de Pastor pour la pâture
que celle des variétés de trèfle violet usuelles, il subit
aussi une régression du nombre de ses plantes qui va
augmentant au fil des trois années d’observation
(tabl. 2). Pour compenser cette régression et maintenir
durablement une proportion de trèfle violet adéquate, il
faudrait que celui-ci puisse produire des graines. Dans
nos essais, les refus ont été fauchés après le passage des
animaux pour faciliter les observations et favoriser une
repousse homogène. De ce fait, le trèfle violet ne pou-
vait guère produire de graines, les quelques boutons flo-
raux formés n’ayant pas la possibilité de mûrir. En renon-
çant à la fauche des refus, les chances d’une production
de graines pourraient être augmentées. Dans un nouvel
essai de pâture en cours, des observations faites vers
l’automne de la première année d’exploitation princi-
pale (2011) semblent indiquer que Pastor aurait de
bonnes dispositions pour grainer, à condition que l’on
renonce à la fauche des refus pendant la période pro-
pice, soit en fin d’été et en automne. Dans des mélanges
fourragers contenant différentes variétés de ray-grass et
qui ne sont plus fauchés après la pâture de septembre,
on a pu dénombrer, au début d’octobre, en moyenne de
12 parcelles, 18,6 inflorescences avec des graines en cours
de maturation pour Pastor et 8,8 pour Dafila. Le poten-
tiel grainier plus élevé de Pastor tient manifestement au
fait que grâce à ses tiges basses, un plus grand nombre
d’inflorescences peuvent échapper au broutage, ce qui
n’est le cas chez Dafila.
C o n c l u s i o n s
•• Pastor est la première variété de trèfle violet dispo-
nible en Suisse pour les prairies temporaires et qui,
intégré dans un mélange de semences adéquat, a le
potentiel nécessaire pour bien supporter la pâture.
•• En système de fauche, Pastor n'a pas atteint le niveau
de rendement des variétés de trèfle violet usuelles de
type Mattenklee.
•• En revanche, en association avec la fétuque élevée
dans les essais de pâture, Pastor s'est toujours révélé
supérieur au trèfle violet Milvus. Il doit cet avantage
principalement à un nombre élevé de pousses par
plante et par unité de surface.
•• La substitution du trèfle blanc par le trèfle violet
Pastor dans les mélanges standard MS 440 et MS 462
a permis d'obtenir des pâtures contenant une propor-
tion de trèfle plus stable au cours des trois années
d'utilisation (semis au printemps de la première année,
puis deux ans d'utilisation principale).
•• Pastor a en effet l'avantage de ne pas proliférer et
dominer temporairement dans le couvert végétal,
contrairement au trèfle blanc et aux variétés usuelles
de trèfle violet.
•• Une variété de fétuque élevée à feuilles fines semble
être un bon partenaire pour le trèfle violet Pastor
dans les mélanges fourragers destinés à la pâture. n
27
Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012
Bibliographie b Bouton J. H., Smith S. R. J., Wood D. T., Hoveland C. S. & Brummer E. C., 1991. Registration of 'Alfagraze' alfalfa. Crop Science 31, 479.
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b Lehmann J., 1999. Der Ertrag und Nährwert von Futterpflanzen und die Milchleistung. Vorträge für Pflanzenzüchtung 44, 102–109.
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Pastor – a new red clover suitable for grazing
For the first time, a red clover variety bred and
tested especially for its suitability for grazing
is available to Swiss agriculture. Named Pastor,
this variety traces back to crosses between an
ecotype stemming from the canton of Jura,
and Mattenklee breeding material. The new
variety is characterised by a lower, flatter
growth habit and smaller leaves than conven-
tional Mattenklee. In two plot trials where
beef cattle or suckler cows were grazed, it
performed better than the recommended
Mattenklee variety Milvus up to the end of the
second year. Pastor achieved higher percent-
ages of the total population and more plants
survived than with Milvus, and it formed at
least twice as many shoots per plant and per
unit of area as the latter. Where Pastor was
sown and grazed in the standard mixtures
recommended for pasture (SM 440 or SM 462)
instead of white clover, stands developed
which, over time, had a better-balanced
proportion of clover than was the case with
white clover or with the Mattenklee variety
Dafila. In suitable mixtures, the new red-clover
variety Pastor has the potential to take on the
role of white clover as a grazing legume for at
least three years.
Key words: breeding, cultivars, grazing, red
clover, selection, Trifolium pratense.
Pastor, un nuovo trifoglio rosso per il
pascolo
Pastor è, la prima varietà di trifoglio rosso a
disposizione dell’agricoltura svizzera,
selezionata e testata per il pascolo. Essa
risale a incroci tra un ecotipo originario del
canton Giura e alcune varietà coltivate di
trifoglio pratense lunga durata. Si distingue
per il portamento basso, rampante, e per le
foglie più piccole del trifoglio pratense lunga
durata comune. Questa varietà, in due
parcelle sperimentali pascolate da manzi e
mucche allattanti, si è mantenuta fino alla
fine del secondo anno di sfruttamento con
risultati migliori della varietà raccomandata
di trifoglio pratense lunga durata Milvus.
Pastor raggiunge un’importante copertura
vegetale con un maggior tasso di sopravvi-
venza e, rispetto a Milvus, gli individui
producono almeno il doppio di germogli per
pianta e per unità di superficie. Sostituendo
Pastor al trifoglio bianco impiegato in due
miscele standard raccomandate, SM 440 o
SM 462, le semine si sono sviluppate in una
popolazione più equilibrata rispetto alle
miscele contenenti trifoglio bianco o
trifoglio pratense lunga durata della varietà
Dafila. In miscele adeguate, la nuova varietà
di trifoglio rosso Pastor ha il potenziale di
assumere il ruolo di leguminosa da pascolo
per almeno tre anni di utilizzazione.
28
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012
sont généralement répétés et menés à titre préventif. Il
n’existe en effet pas de modèles fiables pour le pronostic
des principales maladies fongiques attaquant les cultures
sous serre, et il est donc impossible d’appliquer un traite-
ment approprié au moment propice sur la base d’un pro-
nostic. On attend d’une protection des plantes moderne
que les agents phytosanitaires soient utilisés de manière
à la fois appropriée, efficace et économique. Une protec-
tion phytosanitaire adaptée aux cultures comprend deux
éléments: a) il faut adapter la dose du produit sélec-
tionné et le volume d’eau à la culture en question et à sa
croissance et b) le dispositif d’application doit permettre
de répartir le produit autant que possible régulièrement
et sur la totalité de la culture. Dans la plupart des cas, il
faut traiter tout le feuillage de la culture. Mais selon
l’agent pathogène et le stade de culture, il faut traiter
I n t r o d u c t i o n
Maintenir les maladies et les ravageurs en-dessous du
seuil de tolérance est un des facteurs-clé de réussite des
cultures sous serre de tomates, de concombres, d’auber-
gines et de poivrons. Les insectes nuisibles et les acariens
sont principalement tenus en échec par l’utilisation de
leurs antagonistes biologiques; l’application d’insecti-
cides et d’acaricides a nettement reculé ces dernières
années, mais ceux-ci restent occasionnellement néces-
saires dans les cas de multiplication rapide et critique des
ravageurs. Dans les serres modernes, l’expansion des
maladies fongiques peut être fortement contenue par
une bonne conduite du climat, mais elle ne peut pas tou-
jours être suffisamment contrôlée. Les traitements fon-
gicides à base de différents groupes de matières actives
Jacob Rüegg1, René Total1, Mauro Jermini2, Sebastiano Scettrini2, Ronald Wohlhauser3, Stefan Wolf3 et Graham
Sanderson3
1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil, Centre de Cadenazzo, 6594 Contone3Syngenta Crop Protection AG, Groupe Technique d’application (Gruppe Applikationstechnik), 4002 Bâle
Renseignements: Jacob Rüegg, e-mail: [email protected], tél. 044 783 64 28 / 079 777 26 17
Figure 1 | Aubergines variété Madonna, distance interligne 2 mètres. 14 jours après la plantation: hauteur de la haie foliaire 53 cm, surface calculée de la haie foliaire 5340 m² par ha, surface foliaire obtenue environ 2800 m² par hectare (A). 121 jours après la plantation: hauteur de la haie foliaire 227 cm, surface calculée de la haie foliaire 22 710 m² par ha, surface foliaire obtenue environ 65 000 m² par hectare (B).
A B
Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage | Production végétale
29Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012
Rés
um
é
seulement certaines parties du feuillage. Pour la protec-
tion de l’utilisateur et de l’environnement ainsi que pour
des raisons financières, il faut aspirer à un taux de récu-
pération maximal, c’est-à-dire qu’un pourcentage aussi
élevé que possible de la quantité totale de matière
active épandue (60 – 85 %) devrait se retrouver sur la
culture. Les exigences en matière d’adaptation de la pro-
tection phytosanitaire aux conditions de culture ne sont
pas faciles à satisfaire. Avec les appareils habituels, on
constate souvent une répartition assez irrégulière des
produits phytosanitaires sur l’ensemble des cultures, la
face inférieure des feuilles, notamment, n’étant que peu,
voire jamais atteinte. En collaboration avec l’industrie,
ACW évalue actuellement les dispositifs existants et nou-
veaux pour les traitements phytosanitaires. Le travail
présenté ici se penche également sur le problème de
l’adaptation de la dose de produit et du volume d’eau à
la surface foliaire de la culture considérée, aspect qui n’a
pas encore trouvé de réponse satisfaisante. Un premier
pas important est d’arriver à mieux cibler la surface
foliaire à traiter et à la caractériser correctement au
moyen d’une valeur de référence aussi simple que pos-
sible.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Entre 2009 et 2010, ACW a procédé à des mesures répé-
tées dans ses propres cultures de tomates, de concombres,
d’aubergines et de poivrons, ainsi que dans des exploita-
tions du sud et du nord de la Suisse (fig. 1 à 3). A des
intervalles d’une à trois semaines, la hauteur et la lar-
geur de la haie foliaire ont été mesurés pour dix plants
représentatifs, et le nombre de feuilles par plant a été
compté. Des échantillons représentatifs de feuilles ont
été prélevés et la projection de leur surface a été déter-
minée électroniquement (planimètres de la maison
LI-COR Inc. Lincoln, Nebraska USA; modèle stationnaire
LI-3100A et modèle portatif LI-3000A; fig. 3a). Le nombre
de plants par hectare a pu être déterminé à partir des
intervalles entre les plants dans les lignes et des distances
entre les lignes. Avec ces données, la surface foliaire par
plant et par hectare a été calculée.
Pour les plants d’aubergine (fig. 1a, 1b), de concombre
(fig. 2a, 2b) et de poivron, l’augmentation hebdoma-
daire de la surface de la haie foliaire et de la surface du
feuillage était assez variable. La surface ciblée par le
traitement phytosanitaire se modifiait fortement au
cours de la croissance, les résultats obtenus n’étant pas
les mêmes pour toutes les cultures. Les données dispo-
nibles jusqu’ici devront être complétées par des mesures
supplémentaires pour pouvoir livrer une image plus
complète de la croissance du feuillage.
Actuellement, les praticiens ne savent pas
exactement comment adapter le dosage des
fongicides, insecticides et acaricides à la crois-
sance des cultures maraîchères de grande
taille sous serre (tomates, concombres,
aubergines et poivrons). Dans la plupart des
cas, les produits de lutte contre les ravageurs
et les champignons doivent être appliqués
sur le feuillage. Des mesures préliminaires
montrent que la surface du feuillage des
cultures d’aubergine, de concombre et de
poivrons, peut être estimée indirectement et
avec suffisamment de précision via la surface
de la haie foliaire, elle-même simple à
déterminer. Pour les tomates, des mesures
complémentaires sont nécessaires en raison
de la diversité des formes de cultures et des
variétés. Un modèle de travail est proposé
provisoirement à partir de l’hypothèse
suivante: une haie foliaire de 20 000 m² par
hectare correspond à la quantité de base de
produit, calculée à partir du volume de base
d’eau de 1000 litres par hectare et de la
concentration d’application autorisée. Tout
comme en arboriculture, en viticulture et
dans les cultures de baies, le volume de
bouillie à concentration simple pourrait alors
être adapté de manière linéaire à la hausse
ou à la baisse, en fonction de la surface de la
haie foliaire. Ce modèle provisoire de dosage
devra être validé par des mesures et des
essais supplémentaires. De plus, d’autres
améliorations doivent être réalisées au
niveau des outils d’application afin que le
volume de bouillie puisse être réparti autant
que possible régulièrement sur la totalité de
la culture traitée.
Production végétale | Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage
30 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Comme expliqué brièvement, la détermination de la sur-
face du feuillage d’une culture est une procédure com-
pliquée. Il est donc logique de rechercher une référence
qui permette de décrire la surface du feuillage simple-
ment, rapidement et avec une précision acceptable. La
hauteur de la haie foliaire, soit la distance entre la feuille
la plus basse et le sommet de la tige, est simple et facile
à déterminer. Le producteur connaît la distance entre les
lignes de par les modalités de plantation, et c’est aussi
une valeur est aisément vérifiable. A partir de ces deux
valeurs simples à mesurer, il est facile de calculer par hec-
tare la surface de la haie foliaire des deux côtés des
lignes de plantation et pour toutes les lignes. La figure 4
présente, à l’exemple de l’aubergine, les mensurations
nécessaires et le calcul qui en résulte. De manière analo-
gue, il est possible de déterminer rapidement et à tous
les stades de croissance la surface de la haie foliaire pour
les concombres, les poivrons et les tomates. Les figures 5
et 7 montrent, pour l’aubergine et le concombre, l’évo-
lution de la surface de la haie foliaire et de la surface
effective du feuillage pendant la croissance de ces
cultures.
Figure 3a | Projection de la surface foliaire d’un nombre représen-tatif de feuilles par plant de poivron – la surface foliaire est mesu-rée électroniquement au moyen d’un planimètre mobile. Chaque instant de mesure repose sur un échantillon de dix plants.
Figure 3b | Poivrons variété Derby, distance interligne 2,2 mètres. 57 jours après la plantation, hauteur de la haie foliaire 102 cm; sur-face calculée de la haie foliaire 9309 m² par ha, surface foliaire ob-tenue environ 11 500 m² par hectare.
Figure 2 | Concombres variété Loustik, distance interligne 2 mètres. 16 jours après la plantation: hauteur de la haie foliaire 80 cm, surface calculée de la haie foliaire 8100 m² par ha, surface foliaire obtenue environ 3000 m² par hectare (A). 56 jours après la plantation: hauteur de la haie foliaire 332 cm, surface calculée de la haie foliaire 33 200 m² par ha, surface foliaire obtenue environ 22 500 m² par hectare (B).
A B
Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage | Production végétale
31Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012
pour les tomates, malgré les différences inter-variétés, la
surface de la haie foliaire est une valeur appropriée pour
la caractérisation de la surface du feuillage.
Sur la base des mesures déjà effectuées, nous par-
tons provisoirement de l’hypothèse que la surface de la
haie foliaire permet d’estimer avec suffisamment de
précision la surface du feuillage, et donc la surface à
cibler par les traitements fongicides, insecticides et aca-
ricides des cultures d’aubergines, de concombres, de
tomates et de poivrons. La prochaine étape est de savoir
comment la valeur «surface de la haie foliaire» peut être
traduite en prescriptions de dosage.
La surface de la haie foliaire, paramètre facile à détermi-
ner, est-elle cependant une référence appropriée pour
la description de la surface effective du feuillage? Des
calculs de régression (fig. 6 et 8) montrent qu’il existe
réellement une association valable entre les deux sur-
faces. Concrètement, la surface approximative du
feuillage peut être déduite de la surface de la haie
foliaire. Pour les cultures de poivrons aussi, les mesures
effectuées jusqu’ici (fig. 9) montrent que la surface de la
haie foliaire, rapide et simple à déterminer, peut être
prise indirectement comme référence pour la détermi-
nation de la surface foliaire totale. Nous présumons que
Figure 4 | Calcul de la surface de la haie foliaire à l'exemple d'une culture d'aubergines.
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
70 000
80 000
90 000
0 14 28 42 56 70 84 98 112 126 140 154 168 182
Jours depuis la plantation
Surface de la haie foliaire en m² par ha Surface du feuillage en m² par ha
Distance entre les plants 60 cmDistance entre les lignes 200 cmPlants par m² 1,67
Figure 5 | Évolution de la surface de la haie foliaire et de la surface foliaire effective d'une culture d'auber-gines de la variété Madonna, du 7e au 176e jour après la plantation.
Hauteur de la haie foliaire
Distance entre les doubles lignes
Calcul de la surface de la haie foliaire en m² par hectare:
2 × hauteur de la haie foliaire m × 10 000 m²
Distance entre les doubles lignes en m
Exemple: Hauteur de la haie foliaire 2,2 m, distance entre les doubles lignes 2,0 m
2 × 2,2 m × 10 000 m²
2,0 m = 22 000 m²
Production végétale | Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage
32 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012
C o n c l u s i o n s
En Suisse, la plupart des autorisations de produits phyto-
sanitaires destinés à être épandus en serre préconisent
une certaine concentration d’utilisation (voir informa-
tion dans l’encadré). L’utilisateur sait quelle concentra-
tion le produit doit avoir dans la bouillie, mais la quan-
tité de bouillie, et donc de produit, à appliquer sur la
culture en question reste vague. ACW et le groupe Tech-
nique d’application de l’entreprise Syngenta Crop Pro-
tection AG entretiennent depuis de nombreuses année
une bonne collaboration dans le domaine de l’arboricul-
ture, de la viticulture et de l’horticulture. Ils ont analysé
les données actuellement disponibles en Suisse et à
l’étranger sur les cultures maraîchères conduites sous
serre. Un modèle de travail provisoire est actuellement
40 000
y = 0,0009×1,7864 R² = 0,9103 N=90
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
70 000
80 000
90 000
100 000
0 24 000 28 000 32 000 36 000
Surfa
ce d
u fe
uilla
ge e
n m
² par
ha
Surface de la haie foliaire en m² par ha
Distance entre les plants 60 cmDistance entre les lignes 200 cmPlants par m² 1,67
4000 8000 12 000 16 000 20 000
Figure 6 | Lien entre la surface de la haie foliaire et la surface du feuillage pour les aubergines de la variété Madonna.
0
5000
10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
35 000
40 000
0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77
Jours depuis la plantation
Surface de la haie foliaire en m² par ha Surface du feuillage en m² par ha
Distance entre les plants 80 cmDistance entre les lignes 200 cmPlants par m² 1,25
Figure 7 | Évolution de la surface de la haie foliaire et de la surface foliaire effective d’une culture de concombres de la variété Loustik, du 7e au 77e jour après la plantation.
Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage | Production végétale
33Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012
foliaire de 15 000 m²/ha, le volume de bouillie, moyen-
nant une concentration inchangée, serait abaissé à
750 l/ha. Inversement, pour une surface de haie foliaire
de 30 000 m²/ha, le volume de bouillie serait augmenté
à 1500 l/ha. Dans la pratique, il faudrait donc calculer la
surface de la haie foliaire et la diviser par 20 pour obte-
nir le volume de bouillie à la concentration simple auto-
risée du produit phytosanitaire. Ce modèle de travail est
en discussion, qu’il s’agira encore de vérifier et de com-
pléter avec des données supplémentaires, puis de valider.
Ce modèle se base sur l’hypothèse selon laquelle la
quantité de base de produit, calculée à partir de la
concentration d’application autorisée et de la quantité
de base d’eau de 1000 litres par hectare, doit se référer à
une surface de la haie foliaire de 20 000 m² par hectare.
Si, pour une culture, on obtient une surface de haie
0
5000
10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
0 5000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000 40 000
Surfa
ce d
u fe
uilla
ge e
n m
² par
hec
tare
Surface de la haie foliaire en m² par hectare
y = 0,0222 × 1,3285 R² = 0,9664 N=100
Distance entre les plants 80 cmDistance entre les lignes 200 cmPlants par m² 1,25
0
5000
10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
35 000
40 000
45 000
50 000
0
Surfa
ce d
u fe
uilla
ge e
n m
² par
hec
tare
y = 0,0007 × 1,8179 R² = 0,9433 N= 110
2500 5000 7500 10 000 12 500 15 000 17 500 20 000
Surface de la haie foliaire en m² par hectare
Figure 8 | Lien entre la surface de la haie foliaire et la surface du feuillage pour les concombres de la variété Loustik.
Figure 9 | Lien entre la surface de la haie foliaire et la surface du feuillage pour les poivrons des variétés Derby, Golden Summer et Selmabel.
34
Production végétale | Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012
maintenant en discussion dans le contexte européen, en
arboriculture, en viticulture comme en horticulture.
Moyennant des adaptations éventuelles aux différentes
cultures maraîchères, il devra être validé par d’autres
essais et mesures quant à son effet et aux résidus. Toute-
fois, pour pouvoir être appliqué avec succès dans la pra-
tique, il est nécessaire de travailler avec des outils d’ap-
plication qui dispersent bien la bouillie dans la culture, y
compris sur la face inférieure des feuilles. Des instru-
ments bien conçus et adaptés à la culture devraient assu-
rer un taux de récupération aussi élevé que possible.
Les travaux et discussions menés jusqu’ici avec des
collègues en Europe permettent d’espérer que nous
nous trouvons sur une voie prometteuse. Il y a certes
encore un certain travail à faire jusqu’à l’établissement
de recommandations solides, valables pour la pratique,
en Suisse comme dans nos pays voisins en Europe. On
peut cependant tabler sur l’élaboration de solutions
concrétisables pour les importantes cultures sous serre
que sont la tomate, le concombre, l’aubergine et le poi-
vron, à l’instar des modèles de dosage valables et de
bons instruments sont déjà appliqués en horticulture
(Rüegg J. et Viret O. 1999; Rüegg J. et al. 1999), en viti-
culture (Siegfried W. et al. 2007) et dans les cultures de
baies (Rüegg J. et Neuweiler R. 2003). n
Dosage des produits phytosanitaires
Pour la plupart des fongicides, des insecticides
et acaricides, les autorisations de produits phy-
tosanitaires actuellement en vigueur en Suisse
se contentent d’indiquer une concentration
en % pour la préparation de la bouillie desti-
née aux cultures sous serre. Dans d’autres pays
européens, on indique souvent la quantité de
produit par 100 litres de bouillie. La quantité
de produit par hectare est habituellement cal-
culée pour une quantité de base d’eau de 1000
litres par hectare. Un dosage uniforme par hec-
tare fait toutefois peu de sens parce que les
plantes grandissent, raison pour laquelle une
adaptation à la croissance de la culture serait
souhaitable (Rüegg J. et al. 2007; Albert R. et
al. 2009).
35
Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage | Production végétale
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Bibliographie b Rüegg J. & Viret O., 1999. Determination of the tree row volume in stone fruit orchards as a tool for adapting the spray dosage. EPPO Bulletin 29, 95–101.
b Rüegg J., Siegfried W., Holliger E., Viret O. & Raisigl U., 1999. Anpassung der Menge des Pflanzenschutzmittels an das Baumvolumen der Kern- und Steinobstbäume. Schweizerische Zeitschrift für Obst- und Weinbau 9, 237–240.
b Rüegg J. & Neuweiler R., 2003. Massgeschneiderter Pflanzenschutz in Beerenkulturen. Schweizerische Zeitschrift für Obst- und Weinbau 4, 1–12.
b Rüegg J., Heller W., Baur R., Krauss R. & Neuweiler R. 2007. Pflanzen-schutzmittel im Gemüsebau: Dosierung und Wasservolumen. Der Gemü-sebau 5, 9.
b Siegfried W., Viret O., Huber B. & Wohlhauser R., 2007. Dosage of plant protection products adapted to leaf area index in viticulture. Crop Pro-tection 26, 73–82
b Albert R., Luedtke H. &Merz F., 2009. Pflanzenschutz im Erwerbsgemüse-bau 2009. Landwirtschaftliches Technologiezentrum Augustenberg (LTZ), 76227 Karlsruhe, Baden-Württemberg.
Crop-adapted crop protection measures in
high-growing greenhouse vegetables
Currently the grower of glasshouse crops
such as tomatoes, cucumbers, eggplants or
sweet pepper does not have a clear guid-
ance on how to adapt the dosage of
fungicides, insecticides or acaricides to his
growing crops. In most cases the total leaf
area of the crop represents the target area
for the application of crop protection
products against diseases and pests. Prelimi-
nary measurements on eggplants, cucum-
bers and sweet pepper show that the total
leaf area can be adequately estimated by the
leaf wall area which is easy and quick to
determine. More measurements will be
necessary for tomatoes since the many varie-
ties and forms of cultivation complicate
matters here considerably. As a tentative
model to estimate the total leaf area the leaf
wall area is suggested whereby a leaf wall
area of 20 000 m² per hectare would corre-
spond to a single strength spray broth
volume of 1000 liters per hectare. Similarly
to models used in fruit-, berry- and grape
production, the dose of the crop protection
product would be increased or decreased
linearly in relation to a greater or smaller
leaf wall area. This tentative model must be
tested and verified through further experi-
ments and measurements. In addition to
better crop adapted dosage of crop protec-
tion products current spray equipment used
in glasshouses must be improved so as to
achieve an even spray deposit on the entire
canopy and a high rate of product recovery
on the crop.
Key words: leaf area model, dosage, crop
protection products, vegetables, glasshouse,
eggplant, cucumber, sweet pepper, tomato,
crop adapted spraying.
Sulla via verso una protezione fitosanitaria
adattata alla coltura di ortaggi a crescita
indeterminata in serra
Attualmente per i produttori non è molto
chiaro come adattare il dosaggio di fungicidi,
insetticidi e acaricidi alla crescita delle
colture a crescita indeterminata in serra
come pomodori, cetrioli, melanzane e
peperoni. Nella maggior parte dei casi
l’obiettivo nell’uso dei prodotti contro
parassiti e malattie fungine deve essere
orientato alla superficie fogliare della
coltura. Misurazioni preliminari mostrano
che la superficie fogliare delle colture di
melanzane, cetrioli e peperoni può essere
stimata indirettamente e in modo sufficien-
temente preciso mediante il semplice
rilevamento della superficie della parete
fogliare. Nel pomodoro, a causa dei diversi
sistemi di coltura e delle numerose varietà, è
necessario eseguire ulteriori misurazioni.
Proponiamo come modello di lavoro provvi-
sorio, una superficie fogliare di 20 000 m²/ha
come base di riferimento per una poltiglia di
1000 l/ha contenente il prodotto alla
concentrazione omologata. Come per la
coltivazione di frutti, uva e bacche la
poltiglia aumenterà, o diminuirà, linear-
mente a dipendenza della superficie della
parete fogliare presente. Questo modello di
dosaggio provvisorio dovrà essere validato
attraverso ulteriori misure e prove. Per
quanto concerne le irroratrici, bisognerà
migliorare la loro capacità di distribuzione
della poltiglia in modo da ottenere una
copertura la più completa possibile della
coltura.
36
Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012
I n t r o d u c t i o n
Depuis 1979, dans le cadre de l’enquête annuelle sur les
foins séchés ventilés ou séchés au sol, la centrale de vul-
garisation agricole AGRIDEA collecte sur tout le terri-
toire national les résultats d’analyses (constituants orga-
niques, minéraux et valeurs nutritives calculées) pour les
ruminants, les interprète et les diffuse (Boessinger et al.
2011). Les données traitées proviennent des principaux
laboratoires helvétiques d’analyses pour aliments. Au-
delà de l’intérêt direct des résultats d’analyses pour le
client, la synthèse des résultats constitue un outil de
référence pour la vulgarisation, l’enseignement et la
pratique, car elle livre chaque année des valeurs
moyennes par région. A long terme, cette mise en valeur
permet de suivre l’évolution de la qualité des fourrages
secs sur une période, en relation avec le climat, le sol et
les modes d’exploitation (Boessinger et al. 2010; Python
et al. 2010).
Les objectifs de la présente étude étaient, sur la base
des données de l’enquête 2005 à 2009, d’évaluer statis-
tiquement les facteurs d’influence significatifs sur la
qualité des fourrages secs, en particulier de répondre
aux interrogations suivantes:
•• Quelles sont les influences des facteurs année, région,
altitude et composition botanique sur les valeurs
nutritives (constituants organiques, minéraux et
oligoéléments) des fourrages secs ventilés?
Selon la situation de la parcelle, la météo, les caractéristiques du sol et l’exploitation influencent différemment la composition et la qualité du foin. (Photo: AGRIDEA)
Pascal Python et Marc Boessinger, AGRIDEA 1006 Lausanne
Renseignements: Marc Boessinger, e-mail: [email protected], tél. +41 52 354 97 68
Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés | Production végétale
37Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012
Rés
um
é
Les résultats d’analyses de 1077 échantillons
de fourrages secs ventilés provenant de
l’enquête 2005–2009 d’AGRIDEA ont été
utilisés dans une mise en valeur statistique
pour mettre en évidence l’influence des
facteurs année, région, altitude et composi-
tion botanique sur les constituants orga-
niques, minéraux et oligoéléments des
fourrages secs ventilés.
Les résultats indiquent une influence
significative de la région sur la majorité des
teneurs, cuivre excepté. L’altitude agit sur la
cellulose brute, les minéraux majeurs, la
manganèse et le zinc. L’année exerce une
influence significative sur une grande partie
des teneurs, à l’exception de la matière
azotée, des cendres et du potassium. Les
échantillons issus de prairies équilibrées ou
riches en graminées n’ont pas permis de
détecter des influences significatives en
raison de leur grand nombre.
La mise en valeur donne un reflet représenta-
tif de la qualité régionale des fourrages secs
de la Suisse. Les différences entre régions
fourragères intensives et régions d’altitude
sont parfois importantes. A l’avenir, ces
données devraient connaître une utilisation
accrue dans les banques de données pour
aliments ou dans le système d’information
géographique.
•• Quelle est la représentativité des données de
l’enquête pour décrire la qualité régionale des
fourrages secs par rapport aux références de la Base
suisse de données des aliments pour animaux de
Agroscope Liebefeld-Posieux ALP (feed-ALP; 2009)?
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Echantillons
L’ensemble des résultats d’analyse utilisés dans la mise
en valeur provient d’un seul laboratoire (UFAG SA), évi-
tant ainsi les différences liées aux laboratoires. Cinq
types d’information sur l’origine des échantillons étaient
disponibles: a) foin (1re coupe) ou regain (coupes sui-
vantes), b) mode de conservation: ventilé ou séché au sol,
c) composition botanique selon l’ADCF (2007), d) attribu-
tion à l’une des 12 régions (fig. 1) grâce au numéro pos-
tal de l’exploitation et e) altitude de l’exploitation
(répartition en 4 classes: ≤ 599; 600 – 799; 800 – 999;
≥ 1000 m au-dessus du niveau de la mer).
Figure 1 | Découpage de la Suisse en 12 régions pour l’enquête sur les fourrages secs.
en g/kg MS en mg/kg MS
MA CB 1NDF 1ADF 1Sucres CE Ca P Mg K 2Na 2Fe 2Cu 2Mn 2Zn
n 1073 1076 460 460 457 1054 1054 1076 1066 1073 212 214 216 216 212
Minimum 76,0 172,3 424,0 223,0 70,0 65,0 3,8 1,7 1,1 14,1 0,08 75,9 5,6 17,6 20,1
Maximum 185,0 316,0 594,0 356,0 196,0 161,3 12,4 4,7 3,7 40,1 0,77 1363,0 10,1 194,8 44,5
Médiane 129,0 245,2 489,0 280,0 123,0 110,3 7,2 3,5 2,2 28,5 0,3 474,0 7,9 75,7 30,1
Moyenne, 128,6 245,0 491,4 279,5 126,9 111,5 7,4 3,4 2,2 28,0 0,29 530,7 7,9 82,1 30,6
Ecart-type, s 16,4 21,5 33,5 22,6 25,0 14,7 1,5 0,5 0,5 4,4 0,15 268,1 0,9 36,8 4,5
Cœff. de variation % 12,7 8,8 6,8 8,1 19,7 13,2 20,1 15,8 20,1 15,6 50,1 50,5 11,1 44,9 14,8
Tableau 1 | Valeurs nutritives des fourrages secs ventilés, 2005 – 2009
echantillons: 12008 – 2009, 22009.
Production végétale | Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés
38 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012
Au total, les analyses de 1077 échantillons de fourrages
secs ventilés prélevés de 2005 à 2009 ont été incluses
dans la mise en valeur. Le nombre d’analyses (n) par
région est indiqué dans le tableau 3. Les analyses effec-
tuées englobent la matière sèche (MS), la cellulose brute
(CB), la matière azotée (MA), les cendres (CE), le calcium
(Ca), le phosphore (P), le magnésium (Mg) et le potas-
sium (K). De plus, les analyses sur les teneurs en parois
(NDF), lignocellulose (ADF) et sucres étaient connues
pour 460 de ces échantillons pour les années 2008 et
2009; et 218 échantillons pour 2009, avec les teneurs,
pour la première fois, en sodium (Na), fer (Fe), cuivre
(Cu), manganèse (Mn) et zinc (Zn).
Analyse statistique
Les effets des facteurs année, région, altitude et compo-
sition botanique, de même que les interactions entre ces
facteurs, sur les caractères teneurs d’analyses des consti-
tuants organiques et minéraux, ont été testés par l’esti-
mation du modèle linéaire par la méthode du Maximum
Likelihood. La méthode statistique de Tukey-Kramer a
été utilisée pour comparer les moyennes significatives.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Statistiques descriptives
Les teneurs d’analyses des constituants organiques et
minéraux sont résumées dans le tableau 1. Le coefficient
de variation atteint presque 50 % pour le Fe, Mn et Na. Il se
situe entre 15 et 20 % pour les autres minéraux analysés.
Dès 1000 m d’altitude, la majorité des écarts-types double
par rapport à la classe précédente d’altitude (tabl. 2).
La répartition des moyennes et écarts-types par région
(tabl. 3) montre quelques extrêmes entre les régions. Les
Grisons (10) et le Valais (12) sont les régions avec les
teneurs les plus basses en MA, P et K, et les plus élevées
en Ca et Mg. Ces régions ont une majorité d’analyses
issues de parcelles provenant de 1000 m d’altitude et
plus, dont l’intensité d’exploitation et de fumure est
habituellement plus faible que dans les régions de basse
altitude. A l’opposé, les régions fourragères intensives
telles Berne-Soleure (4) et la région vaudoise (2) produi-
sent des fourrages avec les teneurs les plus élevées en
MA; Lucerne-Argovie (6) et Zurich-Thurgovie (8) ont les
teneurs les plus élevées en P. Les fourrages secs les plus
riches en K se situent dans les régions Lucerne-Argovie
(6) et Berne-Soleure (4).
Analyses par région, altitude et composition botanique
Le tableau 3 contient l’ensemble des moyennes et écarts-
types par région. Un nombre restreint d’analyses était
disponible pour les régions 1, 2, 5, 10 et 12, et aucune
analyse pour la région du Tessin (11). La répartition des
1077 échantillons par altitude était la suivante (tabl. 2):
380 échantillons à moins de 600 m, 385 entre 600 et 799
m, 235 entre 800 et 999 m, et 77 à 1000 m et plus (soit
moins de 10 % des échantillons).
La répartition des échantillons selon la composition
botanique était la suivante: 433 de prairies équilibrées
(E, autres graminées), 448 échantillons issues de prairies
équilibrées (ER, principalement ray-grass), 92 de prairies
riches en graminées (G, autres graminées), 89 de prairies
riches en graminées (GR, principalement ray-grass) et
15 échantillons de prairies riches en diverses autres
Altitude n
en g/kg MS en mg/kg MS
(m) MA CB 1NDF 1ADF 1Sucres CE Ca P Mg K 2Na 2Fe 2Cu 2Mn 2Zn
a) ≤ 599 380
IA= s2(n – 1) x 130,2 245,9 494,2 276,9 133,5 109,6 7,1 3,5 2,1 29,2 0,3 436,2 7,8 56,7 28,4
s 0,9 1,1 2,2 1,9 2,2 0,7 0,1 0,02 0,02 0,2 0,02 27,6 0,1 2,3 0,4
b) 600 – 799 385
IA= s2(n – 1) x 129,4 246,3 492,7 279,3 126,0 112,4 7,3 3,5 2,2 28,7 0,3 560,1 7,9 79,6 30,7
s 0,8 1,1 2,6 1,6 1,8 0,8 0,1 0,03 0,02 0,2 0,02 27,3 0,1 3,2 0,5
c) 800 – 999 235
IA= s2(n – 1) x 127,4 240,8 482,4 279,5 122,8 113,8 7,6 3,3 2,4 26,7 0,2 586,7 8,0 114,6 32,9
s 1,0 1,4 3,7 2,1 2,0 1,0 0,1 0,03 0,03 0,3 0,02 41,4 0,1 5,3 0,6
d) ≥ 1000 77
IA= s2(n – 1) x 120,0 246,7 501,7 298,6 107,1 109,4 8,8 2,8 2,5 23,1 0,3 652,6 7,5 108,6 32,3
s 1,6 2,4 8,0 4,1 3,3 1,9 0,2 0,07 0,06 0,5 0,05 108,3 0,3 10,4 1,1
Tableau 2 | Valeurs nutritives (moyenne et écart-type) des fourrages secs ventilés par altitude, 2005 – 2009
echantillons: 12008 – 2009, 22009.
Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés | Production végétale
39Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012
2008, et entre 2005 et 2009. Durant l’année 2005, les four-
rages récoltés étaient de bonne qualité en raison des
bonnes conditions météorologiques, d’où des valeurs
logiquement plus basses en CB (233,4 ± 1,4 g/kg MS) en
comparaison des années 2008 et 2009 avec des conditions
majoritairement défavorables et donc des teneurs élevées
en CB (250,3 ± 1,4 g et 253,4 ± 1,2 g/kg MS). La moyenne
de la teneur en Ca pour l’année 2008 est significativement
plus basse (6,8 ± 0,08 g/kg MS) qu‘en 2006 (7,8 ± 0,1 g/kg
MS), 2007 (7,1 ± 0,1 g/kg MS) et 2009 (7,7 ± 0,1 g/kg MS).
Facteur région
Le facteur région influence significativement la majorité
des teneurs (tabl. 4). Les teneurs en CE et en Mn ne sont,
quant à elles, que faiblement reliées au facteur région.
Le test ne met en évidence aucune influence de ce fac-
teur sur les teneurs en cuivre.
plantes ou légumineuses. La majorité (98,6 %) des
échantillons provient de prairies équilibrées ou riches en
graminées.
Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives
Facteur année
Le tableau 4 montre que la grande majorité des valeurs
nutritives (CB, NDF, sucres, CE, Ca, P, Mg) sont significati-
vement influencées par l’année et par les conditions
météorologiques qui conditionnent la date de coupe et
le séchage. Seules les teneurs moyennes MA, ADF et K ne
sont pas influencées d’une année à l’autre. Comme nous
n’avions que les analyses de 2009 pour les oligoéléments
et le sodium, le facteur année n’a pas pu être testé statis-
tiquement pour ces teneurs.Par exemple, les moyennes de la teneur en CB sont
significativement différentes entre les années 2005 et
en g/kg MS en mg/kg MS
Région n MA CB 1NDF 1ADF 1Sucres CE Ca P Mg K 2Na 2Fe 2Cu 2Mn 2Zn
1 JU, NE 23IA= s2(n – 1) x 126,6 263,5 509,4 301,9 106,9 111,4 8,0 3,3 1,9 27,5 0,4 574,9 7,8 67,4 27,6
s 3,6 5,8 11,4 6,2 4,7 3,1 0,4 0,1 0,1 1,0 0,04 95,7 0,3 5,7 1,5
2 VD 22IA= s2(n – 1) x 131,2 248,8 109,1 8,1 3,4 2,1 29,3
s 5,3 4,5 3,5 0,4 0,1 0,1 0,9
3 BE, FR 251IA= s2(n – 1) x 122,8 251,0 506,0 291,6 116,6 112,7 7,2 3,3 2,2 26,5 0,3 521,4 7,7 103,8 32,6
s 1,0 1,3 3,8 2,1 1,7 1,0 0,1 0,03 0,03 0,3 0,02 36,5 0,1 5,7 0,8
4 BE, SO 55IA= s2(n – 1) x 134,0 262,8 511,2 296,8 106,8 110,9 7,5 3,5 2,0 29,8 0,4 437,4 8,0 69,4 28,4
s 2,5 2,8 5,0 3,5 3,4 1,8 0,2 0,1 0,04 0,6 0,04 98,7 0,3 9,1 0,9
5 BS, BL 2IA= s2(n – 1) x 122,0 265,5 105,0 8,8 3,4 2,6 26,2
6 LU, AG 201IA= s2(n – 1) x 130,2 251,1 506,2 279,0 133,7 107,5 6,5 3,7 1,9 30,1 0,3 349,5 7,6 61,7 28,1
s 1,3 1,3 2,7 2,1 2,8 1,0 0,1 0,03 0,02 0,3 0,02 38,6 0,2 3,9 0,8
7OW, NW, SZ, UR
127
IA= s2(n – 1) x
127,8 240,0 475,1 271,5 131,5 117,2 7,9 3,3 2,2 27,6 0,3 621,5 8,0 82,4 31,7
s 1,2 1,3 3,2 2,0 3,0 1,4 0,1 0,05 0,03 0,3 0,02 40,0 0,1 4,7 0,6
8 ZH, TG 229IA= s2(n – 1) x 132,3 237,6 478,4 269,8 135,3 110,8 7,3 3,6 2,4 29,1 0,3 540,4 8,2 63,7 29,7
s 1,1 1,4 2,9 2,6 2,7 0,9 0,1 0,03 0,03 0,3 0,02 40,5 0,1 4,7 0,6
9 GL, AR, AI 138IA= s2(n – 1) x 130,7 229,3 467,4 268,8 131,2 113,7 7,9 3,3 2,6 27,2 0,2 612,5 8,0 106,7 31,8
s 1,0 1,5 2,9 1,9 2,7 1,2 0,1 0,04 0,04 0,3 0,03 42,0 0,1 7,1 0,6
10 GR 24IA= s2(n – 1) x 120,5 254,1 101,1 9,3 2,6 2,6 21,1
s 3,3 4,0 2,7 0,4 0,1 0,1 1,2
12 VS 5IA= s2(n – 1) x 117,0 240,2 117,3 10,3 2,4 3,1 23,8
s 4,0 3,4 15,1 1,0 0,3 0,2 2,8
Tableau 3 | Valeurs nutritives (moyenne et écart-type) des fourrages secs ventilés par région, 2005–2009
echantillons: 12008 – 2009, 22009.
Production végétale | Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés
40 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012
La moyenne de la région 1 (JU, NE) se différencie signifi-
cativement des moyennes des régions 7, 8 et 9 (Suisse
centrale et orientale) pour la CB et le Mg. Ces différences
sont liées avant tout à la répartition déséquilibrée des
échantillons par altitude. La moyenne pour la teneur en
CB, NDF, ADF et Na de la région 4 (BE, SO) est aussi signi-
ficativement différente des régions 8 (ZH, TG) et 9 (GL,
AR, AI), où les conditions météorologiques locales sem-
blent être responsables. Lorsqu’on se penche sur le cas
du P, seule la région 3 (BE, FR) se différencie significative-
ment de la moyenne de la région 8 (ZH, TG).
Facteur altitude
L’altitude, qui se traduit par des effets du climat, par une
intensité d’exploitation et une composition botanique
modifiées, a une influence significative sur les teneurs
en CB, Ca, P, Mg, K, Mn et Zn. Par contre, le facteur alti-
tude n’influence pas les teneurs en MA, NDF, ADF, sucres,
CE, Na, Fe et Cu. Il est à observer que le cuivre est l’une
des seules teneurs qui ne dépend ni de la région, ni de
l’altitude (P > 0,05; tabl. 4), et son coefficient de varia-
tion est l’un des plus bas (11 %) parmi les minéraux ana-
lysés (tabl. 1).
Effet MA CB NDF ADF Sucres CE Ca P Mg K Na Fe Cu Mn Zn
Année n.s. ** ** n.s. ** ** ** * ** n.s. NA NA NA NA NA
Région * ** ** ** ** P = 0,06 ** ** ** ** ** * n.s. P = 0,08 *
Altitude n.s. ** n.s. n.s. n.s. n.s. * ** ** ** n.s. n.s. n.s. ** **
Compos. bot. n.s. n.s. n.s. n.s. n.s. n.s. n.s. P = 0,10 n.s. n.s. n.s. P = 0,07 n.s. n.s. n.s.
Tableau 4 | Résultats du test avec Maximum-Likelihood
*P ≤ 0,05 ; **P ≤ 0,01 ; n.s.: non significatif; nA : non analysé.
1,5
2,0
2,5
3,0
3,5
4,0
4,5
5,0
10 15 20 25 30 35 40
Tene
ur e
n P
[g/k
g M
S]
Teneur en K [g/kg MS]
feed-ALP Enquête 2005-09 linéaire (Enquête)
Figure 2 | Corrélation des teneurs en phosphore (P) et potassium (K) des fourrages secs ventilés.
Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés | Production végétale
41Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012
De plus, les régions fourragères très intensives telles
que la région 6 (LU, AG), P = 3,7 ± 0,03 g et K = 30,1
± 0,3 g/kg MS, et la région 8 (ZH, TG), P = 3,6 ± 0,03 g et
K = 29,1 ± 0,3 g/kg MS, ont les teneurs les plus élevées de
l’enquête en P et en K. Pourtant, les teneurs de l’en-
quête de ces deux régions se situent en dessous des
valeurs de références feed-ALP.
Autres minéraux
Dans les résultats, quatre coefficients de corrélation de
Pearson sont supérieures à 0,50: R = 0,64 entre Ca et Mg
(n = 1050), R = 0,56 entre Cu et Mg (n = 215), R = 0,54
entre Zn et Mn (n = 210) et R = 0,54 entre Mg et Zn (n =
211).
C o n c l u s i o n s
•• La région, en particulier ses spécificités naturelles et
anthropogéniques, influence fortement la plupart des
teneurs du fourrage sec. L’influence de la région
englobe l’altitude, des facteurs tels que le climat
(pluviométrie, température, exposition), l’intensité
d’exploitation et de fumure, et les caractéristiques du
sol. La teneur en cuivre est l’unique élément qui ne
dépend ni de la région, ni de l’altitude. Il est à
remarquer que nous n’avions à disposition qu’un
faible volume d’analyses pour le cuivre de même que
pour les autres oligoéléments.
•• La question de la représentativité des échantillons se
pose pour les données de l’enquête sur les fourrages
secs. Il ne s’agit pas d’un échantillonnage homogène
car seules les exploitations intéressées par les résultats
d’analyse envoient leurs échantillons. En outre,
l’échantillon n’est souvent pas clairement déterminé.
Des différences significatives sont observées pour la
teneur en CB entre les altitudes a) et c), b) et c) et pour la
teneur en Mg entre a) et b) jusqu’à d). Pour K, seule la
moyenne de l’altitude a) se différencie significativement
de l’altitude d). Pour P, il n’y a qu’une tendance entre
l’altitude a) et d) (tabl. 2).
Facteur composition botanique
Il est connu que les prairies contenant des autres plantes,
légumineuses ou luzernes, se distinguent par des teneurs
plus élevées en Mg et Ca que les prairies à forte propor-
tion en graminées et équilibrées. Avec seulement 15 ana-
lyses, il n’a pas été possible de contrer la forte représen-
tation des échantillons de prairies riches en graminées
pour mettre en évidence des différences significatives.
Seuls deux légers effets de la composition botanique sur
les teneurs en phosphore (P = 0,10) et le fer (P = 0,07)
sont à relever (tabl. 4).
Corrélation des teneurs en minéraux
Phosphore et potassium
Le coefficient de corrélation de Pearson entre P et K est
de 0,72. Daccord et al. (2001) avait déjà relevé une corré-
lation élevée. La figure 2 montre la relation entre ces
deux caractères de 1074 analyses d’où la régression sui-
vante est déduite: P [g/kg MS] = 0,089 × K [g/kg MS] +
0,935, R2 = 0,52.
Les valeurs de références de feed-ALP des composi-
tions botaniques G, GR, E et ER des stades de développe-
ment 3 (début épiaison) et 4 (pleine épiaison) des four-
rages secs sont intégrées dans la figure 2. Les moyennes
(stades 3 et 4) de feed-ALP sont de P = 3,9 g et K = 34,0
g/kg MS tandis que les moyennes de l’enquête sont légè-
rement plus basses : P = 3,4 ± 0,5 g et K = 28,0 ± 4,4 g/kg
MS (tabl. 1).
Moyennes,g/kg MS
MA CB NDF ADF Sucres CE Ca P Mg K Na
Enq.a 128,6 245,0 491,4 279,5 126,9 111,5 7,4 3,4 2,2 28,0 0,29
feed-ALPb 132,3 249,3 455,0 283,9 104,6 92,1 15,5 / 27,2 3,9 11,5 / 22,3 34,0 0,20
Tableau 5 | Valeurs moyennes de l’enquête et feed-ALP pour les fourrages secs
1 1re pousse; 2 repousses.a enquête 2005 – 2009.b Base suisse de données des aliments pour animaux ALP, fourrages secs des stades 3 et 4, composition botanique g, gR, e, eR.
42
Production végétale | Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012
Il peut provenir d’une ou plusieurs coupes effectuées
sur plusieurs parcelles, à des stades différents et sa
composition botanique peut diverger de celle annon-
cée. De plus, la détermination correcte de la composi-
tion botanique n’est souvent pas assurée, d’autant
plus que la composition botanique évolue: la propor-
tion de légumineuses et autres plantes tend à aug-
menter avec l’altitude au détriment des graminées
(Kessler 1989). Malgré toutes ces imprécisions difficile-
ment maîtrisables, la présente mise en valeur permet
d’illustrer les relations distinctes entre les facteurs
d’influence et les caractéristiques qualitatives du
fourrage sec.
•• En considérant les moyennes de l’enquête 2005 – 2009
avec les valeurs feed-ALP (tabl. 5) et la corrélation de
la figure 2, une bonne concordance est observée entre
les valeurs des deux sources, même si les teneurs en P
et K de l’enquête sont légèrement inférieures et celles
en Ca et Mg sont légèrement plus élevées que les réfé-
rences de feed-ALP.
•• En considérant les influences significatives des facteurs
année, région et altitude sur un grand nombre de
valeurs nutritives, la différenciation supplémentaire
de la qualité des fourrages secs selon la zone clima-
tique (région et altitude), en plus des critères usuels
tels que la composition botanique, cycle et stade de
développement (Daccord et al. 2006), apparaît comme
appropriée.
•• L’enquête annuelle des fourrages secs donne cepen-
dant un aperçu actuel de la qualité des fourrages secs
helvétiques. Sur la durée, elle pourrait servir comme
source dans les banques de données pour aliments et
dans les systèmes d’information géographique
(structure multidimensionnelle des données dans le
temps et l’espace). n
Remerciements
Les auteurs remercient le Dr. Werner Luginbühl (ChemStat) pour son précieux appui et ses conseils pour la mise en valeur statistique, de même que les labora-toires UFAG SA pour la mise à disposition des résultats d’analyses des années 2005 à 2009 de l’enquête sur les fourrages secs.
43
Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés | Production végétale
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Bibliographie b ADCF, 2007. Estimation de la valeur du fourrage des prairies: valeur nut-ritive et production de lait ou de viande, ADCF 3, 2007.
b Agroscope Liebefeld-Posieux, 2009. Base Suisse de données des Ali-ments pour Animaux.Accès: http://www.agroscope.admin.ch/futtermit-teldatenbank/index.html?lang=fr
b Boessinger M., Buchmann M. & Python P., 2011. Valeur des fourrages secs récoltés en 2011. Publication annuelle, AGRIDEA. Accès: www.agri-dea-lausanne.ch/pages/productions_techniques.htm#134
b Boessinger M., Buchmann M. & Python P., Tagungsbericht, ETH Zürich, Institut für Pflanzen-, Tier- und Agrarökosystem-Wissenschaften, 2010. Dürrfutterproduktion: Von den Besten kann noch gelernt werden.
b Daccord R., Arrigo Y., Kessler J., 2001. Nährwert von Wiesenpflanzen: Gehalt an Ca, P, Mg und K; Agrarforschung 8, 264–269.
b Daccord R., Wyss U., Kessler J. Arrigo, Y. Rouel, M. Lehmann, J. & Jean-gros B., 2006. Apports alimentaires recommandés et tables de la valeur nutritive des aliments pour les ruminants, valeur nutritive des fourrages. Livre Vert, chap. 13.
b Kessler J., 1989. Mineralstoffgehalt von Wiesenfutter : Zusammenfassen-de Ergebnisse. Landwirtschaft Schweiz 9 (2), 523–526.
b Python P., Boessinger M. & Buchmann M., Frühjahrstagung ETH Zürich, 2010. Teneur moyenne en minéraux majeurs des fourrages secs ventilés selon l’altitude et la situation géographique.
Fattori che influenzano il contenuto di
nutrienti e minerali del foraggio secco
ventilato
I risultati d'analisi di 1077 campioni di
foraggio secco ventilato, provenienti da
un’inchiesta condotta da AGRIDEA dal
2005 al 2009, sono stati sottoposti a
un’analisi statistica per evidenziare
l’effetto dei fattori anno, regione, altitu-
dine e composizione botanica sul valore
nutritivo determinato da sostanze minerali
e oligoelementi del foraggio secco
ventilato. I risultati mostrano un influsso
significativo della regione sulla maggior
parte delle tenori sostanze contenute nel
fieno ad eccezione del rame. L'altitudine
agisce in modo significativo sul contenuto
di fibre, la quantità di elementi e su
manganese e zinco. Anche il fattore anno
influenza in modo significativo gran parte
tenori delle sostanze contenute, eccezion
fatta per proteina grezza, ceneri e sodio.
Non è stato possibile provare statistica-
mente l’influenza della composizione
botanica, poiché i campioni provenivano
principalmente da pascoli equilibrati e
ricchi in graminacee. Quest’inchiesta
annuale offre un quadro rappresentativo
della qualità regionale e nazionale del
foraggio secco svizzero, illustrando le
importanti differenze tra le tipiche regioni
foraggere intensive e montane d’alta
quota. In futuro questi dati potrebbero
essere pubblicati nella banca dati dei
foraggi o nel sistema d'informazione
geografico.
Factors influencing the nutrient and
mineral content of ventilated dry forage
AGRIDEA has assembled the results of
its annual forage survey (nutrient, mineral
and trace elements content) undertaken
between 2005 and 2009. Data of
1077 samples of ventilated dry forage
were used in a statistical analysis to detect
the various influences of factors such as
year, region, altitude and botanical
composition on the nutrient and mineral
content of ventilated dry forage.
The region influences significantly most of
the nutrient contents, except for copper.
Altitude influences the crude fiber, major
minerals, manganese and zinc. The effect
of the year is statistically significant on a
majority of the nutrient contents, with the
exception of crude protein, ash and
potassium. The effect of botanical compo-
sition could not be determined due to the
fact that most samples came from bal-
anced meadows or grass-rich meadows.
This study provides a representative
picture of the regional quality of dry
forages in Switzerland. Differences
between intensive forage regions and
mountain zones are sometimes consider-
able. This survey data could in the future
be used in feed data bases or geographic
information systems.
Key words: forage, survey, influence
factors, nutrient content, mineral content,
trace elements.
44 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012
Dernières notations dans les essais avant la récolte. (Photo: ACW)
I n t r o d u c t i o n
En Suisse, la sélection du blé, initiée à la fin du 19e siècle,
poursuit trois objectifs: rendement élevé et stable, bonne
résistance aux maladies et excellente qualité boulangère
(Fossati et Brabant 2003). Le rendement moyen national
de blé panifiable a sensiblement augmenté, passant
d’environ 13 dt/ha en 1850 à plus de 60 dt/ha aujourd’hui
(Fossati et Brabant 2003; SWISSGRANUM 2011). Cette
énorme augmentation est due à l’amélioration des
méthodes de culture, à l’utilisation d’engrais, en particu-
lier de l’azote minéral, et au progrès génétique réalisé
par la sélection. Il est difficile de quantifier précisément
la contribution de chaque facteur dans le progrès global.
En ce qui concerne l’évolution des variétés, on constate
que la part du grain dans la masse aérienne totale de la
plante (indice de récolte) est passée de 35 % en 1930 à
50 % en 1980 (Fossati et Paccaud 1986). Ce changement
des proportions s’est accompagné d’une réduction de la
longueur de la tige, ce qui a permis d’accroître l’apport
d’azote tout en évitant la verse (Fossati et Paccaud 1986).
La forte contribution de l’emploi de l’azote dans l’aug-
mentation des rendements du blé est un fait connu
(Ladha et al. 2005). L’évolution de l’efficacité de l’utilisa-
Anastase Hategekimana, David Schneider, Dario Fossati et Fabio Mascher
Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1
Renseignements: Fabio Mascher, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 47 33
Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
45
Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle | Production végétale
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012
Le rendement moyen de blé en Suisse est
passé de 13dt/ha en 1850 à 60dt/ha
aujourd’hui. Cette étude a analysé le facteur
variété dans cette spectaculaire progression
de rendement. Le rendement, les composants
du rendement ainsi que l’efficacité d’utilisa-
tion de l’azote de sept variétés de blé suisses
homologuées entre 1926 et 2003 et de la
variété française Caphorn (2001) ont été
examinés dans des essais standardisés
pendant 2 ans avec 2 régimes de fertilisation
azotée (niveau faible et niveau Extenso). Les
rendements en grain montrent un accroisse-
ment constant en fonction de l’année
d’inscription au catalogue national et
s’élèvent à environ 0,24dt/ha/an. Cet
accroissement extraordinaire est certes dû à
une augmentation du nombre de grains par
m². Toutefois, l’amélioration constante de
l’utilisation de l’azote joue également un rôle
primordial dans cette évolution. La compré-
hension de ce progrès, accompli au niveau
morphologique et physiologique de la plante,
permettra à l’avenir de sélectionner des
variétés avec une haute efficacité d’utilisa-
tion de l’azote.
tion de l’azote par les variétés de blé d’automne suisse
est en revanche peu connue, malgré son rôle de polluant
(Spiess et Richner 2005). Considérant que les variétés les
plus anciennes ont été sélectionnées dans des conditions
de faible disponibilité d’azote, il est concevable qu’elles
absorbent et utilisent l’azote plus efficacement. L’effica-
cité d’utilisation de l’azote par la plante est un indicateur
agronomique pour évaluer l’efficacité avec laquelle
l’azote apporté à la culture est absorbé, avant d’être
métabolisé puis remobilisé vers les grains.
L’efficacité est définie comme étant la masse de
grains produits par unité d’azote disponible dans le sol,
ce qui permet de caractériser et de comparer des varié-
tés (Foulkes et al. 2009). L’efficacité d’utilisation de
l’azote peut être déclinée en: (1) l’efficacité de la plante
à prélever l’azote du sol et (2) l’efficacité d’utilisation de
l’azote pour produire des grains (Moll et al. 1982).
Cette étude compare le rendement, les composantes
du rendement et l’efficacité d’utilisation de l’azote de
sept variétés de blé suisse mises sur le marché entre 1926
et 2003 ainsi que de la variété française récente Caphorn.
Il est ainsi possible de mieux comprendre les améliora-
tions apportées par la sélection au niveau de la plante,
lesquelles ont contribué à l’augmentation globale du
rendement. Les expériences sont menées avec deux
niveaux de fumure azotée (niveau usuel et niveau très
faible), pour pouvoir mieux comparer les variétés
anciennes et modernes, issues de contextes de disponi-
bilité d’azote contrastés. Ces informations sont utiles
pour l’orientation future de la sélection de variétés com-
pétitives et moins exigeantes en azote.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Variétés utilisées et caractéristiques
L’essai inclut les variétés de blé d’automne suisses les
plus cultivées à leur époque, ainsi que, à titre de compa-
raison, deux variétés récentes: Piotta (Agroscope/DSP) et
la variété française Caphorn (Florimont-Desprez; tabl. 1).
Toutes les variétés sont de qualité boulangère 1 ou 2 et
peuvent donc être comparées dans ce contexte.
Conditions de mise en place de l’essai
L’essai a été conduit pendant deux ans (2005 et 2006) sur
le site de Changins, situé à 440 m d’altitude, avec une
pluviométrie de 755 mm pendant la phase végétative de
l’essai pour l’expérimentation 2004 – 2005 et de 707 mm
pour l’expérimentation 2005 – 2006. En 2004, le sol de la
parcelle était composé de 24,3 % d’argile, 47,4 % de
limon et 28,3 % de sable, tandis que celui de la parcelle
de 2005 contenait 26,6 % d’argile, 42,2 % de limon et
31,6 % de sable. Le précédent cultural était dans les deux
Nom ObtenteurAnnée d’inscription
au catalogue national
Classe de qualité
MC 245 Agroscope 1926 II
MC 268 Agroscope 1926 II
Probus Agroscope 1948 I
Zénith Agroscope 1969 II
Arina Agroscope/DSP 1981 I
Zinal Agroscope/DSP 2003 I
Piotta Agroscope/DSP 2003 II
Caphorn Florimond-Desprez 2001 III
Tableau 1 | Année d’inscription et classe de qualité des variétés de blé étudiées
46
Production végétale | Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012
cas le pois protéagineux d’automne, sans fumure azotée.
Pour éviter des interférences dues aux différences de
hauteur des plantes, chaque variété a été semée sur trois
parcelles adjacentes de 4,7 m de long et 1,5 m de large
chacune. La parcelle centrale a été utilisée pour les ana-
lyses de rendement. Le semis a été réalisé avec une den-
sité de 350 grains/m² semés sur 8 lignes.
Afin de prévenir les problèmes de verse sur les par-
celles à haut niveau d’azote en 2006, le régulateur de
croissance Moddus (Syngenta, Bale, Suisse) a été appli-
qué au stade de «2 nœuds» (BBCH32) à raison de 0,4 l/ha.
Niveaux d’azote et fractionnement des apports
L’azote (N) a été apporté d’après la méthode de la norme
corrigée (Sinaj et al. 2009). Pour 2005, le niveau extenso
correspondait à 120 kg N/ha et pour l’année 2006 à
180 kg N/ha. Le faible niveau d’azote correspondait à la
norme corrigée moins 50 unités N (soit 70 kg N/ha) pour
l’année 2005, et à la norme corrigée moins 90 unités N
(soit 20 kg N/ha) pour l’année 2006. L’azote a été apporté
sous forme de nitrate d’ammonium (27,5 % d’azote)
avant l’épiaison, en deux apports en 2005 et en quatre
apports en 2006.
Paramètres observés
La densité des épis et le nombre de grains par épi ont été
déterminés sur un échantillon représentatif dans chaque
parcelle. Après récolte, le poids de mille grains (PMG) et
le poids à l’hectolitre ont été mesurés.
Pour l’analyse de la biomasse et de la teneur en
azote de la plante à floraison et à maturité, des plantes
ont été prélevées sur une longueur de 25 cm au centre
de la troisième ligne, dans les parcelles latérales de
chaque variété.
La teneur en azote des grains et de la plante entière
(à floraison et à maturité) a été déterminée par spectros-
copie proche infrarouge (NIRS) appliquée sur des échan-
tillons moulus (NIRS6500, FOSS NIRSystems, Inc., Laurel,
MD, USA). Les analyses réalisées se basent sur des cali-
brages avec du matériel végétal analysé selon la
méthode de référence Kjeldahl. Dans cette étude, la
courbe de référence NIRS a été validée avec des échan-
tillons additionnels (Fossati et al. 1993).
L’efficacité d’utilisation de l’azote apporté (NUE) et
ses deux composantes, notamment l’efficacité d’absorp-
tion de l’azote apporté (NUpE) et l’efficacité d’utilisa-
tion de l’azote absorbé (NUtE) ont été calculées avec la
méthode proposée par Moll et al. (1982). Le calcul de
l’efficacité de remobilisation de l’azote (ERemN) se base
sur les méthodes de Barbottin et al. (2005).
Analyse statistique
Le dispositif expérimental utilisé était un split-plot à
trois répétitions divisées, dont la fertilisation constituait
le facteur principal et les variétés le facteur secondaire.
Toutes les analyses statistiques ont été réalisées avec le
logiciel Sigma Plot 11 (Systat Software Inc., Chicago,
USA). Les différents facteurs et leurs interactions ont été
MC 245
MC 268
ProbusZenith
Arina
ZinalPiotta
Caphorn
MC 245
MC 268
Probus
Zenith Arina
Zinal
PiottaCaphorn
R² = 0,8247 pente = 0,20dt/ha.an
R² = 0,7329 pente = 0,27 dt/ha.an
30,00
35,00
40,00
45,00
50,00
55,00
60,00
65,00
70,00
1920 1940 1960 1980 2000 2020
Années d'inscription des variétés au catalogue national
Niveau extenso
Faible niveau de N
Régression faible niveau de N Régression niveau extenso
Rend
emen
t en
grai
ns (d
t/ha)
Figure 1 | Rendement en grains en fonction de la date d’inscription au catalogue national des variétés de blé panifiable d’automne sélectionnées en Suisse au cours du 20e siècle, à faible niveau d’azote (ligne et triangle bleus) et à un niveau extenso (ligne et triangle rouges). Moyennes de deux ans d’expérimentation.
47
Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle | Production végétale
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012
variété MC 268 (tabl. 2). La régression du rendement
selon l’année d’inscription des 8 variétés testées (fig. 1)
montre une augmentation du rendement importante
d’environ 0,24 dt/ha/an.
Pour mieux comprendre les aspects de rendement
qui ont été modifiés par la sélection, les composantes
principales du rendement (le nombre d’épis par m², le
nombre de grains par épi, le nombre de grains par m² et
le poids de mille grains) ont été examinées (tabl. 2). Les
résultats montrent une nette augmentation du nombre
de grains par épi, qui se répercute sur le nombre de
grains par m², qui atteint environ 10 000 grains par m²
(variétés Mont Calme) à 15 000 grains par m² pour les
comparés statistiquement avec le module ANOVA, après
s’être assuré avec le module «Normalité» que les résidus
sont distribués normalement. Les analyses de régression
et de corrélation ont été effectuées avec les modules
correspondants.
R é s u l t a t s
Rendement en grains et composantes du rendement
Le rendement le plus élevé a été réalisé par la variété
française Caphorn (61,58 dt/ha), suivi de près par la
variété suisse Piotta (59,82 dt/ha), tandis que le plus
faible rendement (35,56 dt/ha) a été observé avec la
VariétésRendement en grains
(dt/ ha)Nombre d’épis par m²
(NE2)Nombre de grains
par épi (NGE)Nombre de grains par
m² (NG2)Poids de mille grains
(PMG)
MC 245 42,70 (±8,53) 369 (±51) 28 (±6) 10092 (±2042) 42,48 (±0,65)
MC 268 35,56 (±5,19) 311 (±44) 30 (±5) 9124 (±1060) 40,26 (±1,08)
Probus 46,78 (±11,59) 324 (±57) 36 (±6) 11586 (±2986) 40,33 (±1,21)
Zénith 53,99 (±10,40) 376 (±65) 39 (±6) 14503 (±3344) 37,74 (±1,44)
Arina 51,03 (±10,05) 409 (±93) 33 (±6) 13104 (±2500) 38,99 (±0,57)
Zinal 52,28 (±13,21) 392 (±80) 32 (±6) 12537 (±3082) 41,80 (±1,39)
Piotta 59,82 (±10,96) 461 (±67) 32 (±3) 14627 (±3229) 40,82 (±1,31)
Caphorn 61,58 (±16,22) 361 (±48) 42 (±9) 15092 (±3895) 40,76 (±0,94)
Tableau 2 | Rendement en grains et de ses composantes. Moyennes de données obtenues avec 2 niveaux d’azote et durant 2 ans observation
MC 245 MC 268
Probus
Zénith
Arina
Zinal
Piotta
Caphorn
y = 0,9866x - 1,1328 R² = 0,9876 (p < 0,001)
4,00
4,50
5,00
5,50
6,00
6,50
7,00
7,50
5,00 6,00 7,00 8,00 9,00
Azot
e re
mob
ilisé
ver
s le
gra
in (g
/m²)
Azote absorbé par la plante à la floraison (g/m²)
Faible niveau de N
MC 245
MC 268 Probus
Zénith
Arina
Zinal
Piotta
Caphorn
y = 0,8292x + 0,0541 R² = 0,9695 (p < 0,001)
5,00 5,50 6,00 6,50 7,00 7,50 8,00 8,50 9,00 9,50
10,00
7,00 9,00 11,00 13,00
Azot
e re
mob
ilisé
ver
s le
gra
in (g
/m²)
Azote absorbé par la plante à la floraison (g/m²)
Niveau extenso
A B
Figure 2 | Relation entre la quantité d’azote absorbée et remobilisée vers les grains et la quantité d’azote absorbé par la plante avant la floraison, à faible niveau d’azote (A) et à un niveau extenso (B).
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Production végétale | Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012
variétés les plus récentes. Le poids de mille grains
dépend bien de la variété, mais ce facteur de rendement
ne semble pas avoir évolué en fonction de l’année d’ins-
cription. L’analyse de variance (tabl. 3) montre que le
facteur variété a fortement influencé les différences des
rendements et de toutes les composantes du rendement.
Les facteurs année d’expérimentation et fertilisation
ont également influencé certaines composantes du ren-
dement, mais dans une moindre mesure.
Absorption et remobilisation de l’azote
Les variétés ont absorbé en moyenne 7,82 g N/m² avant
floraison et remobilisé 6,48 g N/m² après floraison, tous
procédés confondus (tabl. 4). La figure 2 montre la rela-
tion entre la masse d’azote absorbée avant floraison et
la masse remobilisée vers les grains après floraison pour
les 8 variétés. L’absorption et la remobilisation sont for-
tement corrélées et la proportion d’azote remobilisé
(ERemN) est en moyenne de 82 % pour toutes les varié-
tés. La quantité d’azote absorbée et remobilisée dépend
de la disponibilité d’azote pour la plante dans le sol
(tabl. 5). La figure 2 suggère que les variétés plus récentes
absorbent une plus grande quantité d’azote par rapport
aux variétés plus anciennes.
Cette tendance n’est toutefois pas cautionnée par
l’analyse de variance (tabl. 5). Par ailleurs, on remarque
que les variétés qui ont réalisé le meilleur rendement,
tous procédés confondus, sont celles qui ont stocké le
plus d’azote avant la floraison et qui sont capables de
remobiliser l’azote rapidement vers les grains.
Source de variation
Degrés de liberté
Rendement en grains (g/m²)
Nombre d’épis par m² (NE2)
Nombre de grains par épi (NGE)
Nombre de grains par m² (NG2)
Poids de mille grains (PMG)
Année (A) 1 * ns ns ** ***
Variété (V) 7 *** *** *** *** ***
Azote (N) 1 ns * ns ns **
A × V 7 ns ns * ns **
A × N 1 ns ns ns ns ns
V × N 7 ns ns ns ns ns
A × V × N 7 ns ns ns ns ns
Tableau 3 | Analyse de variance du rendement en grains et de ses composantes
***hautement significatif (P ≤ 0,1 %); **très significatif (P ≤ 1 %); *significatif (P ≤ 5 %); ns: non significatif.
Variété
Azote absorbé avant floraison
(g/m²)Nf
Azote absorbé après floraison (g/m²)
Napf
Azote présent dans la paille à maturité
(g/m²) Npm
Azote remobilisé vers les grains après
floraison (g/m²)NRem*
Efficacité de remobili-sation post-floraison
de l’azote (Index)ERemN*
Teneur en protéines dans le grain (%)
MC 245 7,08 (±2,09) 1,69 (±1,76) 1,44 (±0,66) 5,64 (±1,97) 0,78(±0,10) 12,25 (±1,42)
MC 268 6,25 (±0,83) 2,39 (±1,74) 1,21 (±0,35) 5,04 (±0,57) 0,81 (±0,05) 12,26 (±1,67)
Probus 7,84 (±1,56) 2,16 (±1,48) 1,33 (±0,37) 6,51 (±1,41) 0,83 (±0,04) 12,14 (±0,76)
Zénith 7,44 (±1,11) 2,83 (2,31)± 1,16 (±0,34) 6,29 (±1,20) 0,83 (±0,05) 10,42 (±0,92)
Arina 7,47 (±3,06) 2,26 (±0,87) 1,16 (±0,52) 6,32 (±2,57) 0,85 (±0,02) 11,49 (±0,76)
Zinal 8,41 (±0,99) 2,55 (±2,30) 1,55 (±0,39) 6,86 (±0,99) 0,82 (±0,05) 11,09 (±0,52)
Piotta 8,48 (±1,21) 3,54 (±0,93) 1,24 (±0,12) 7,24 (±1,11) 0,86 (±0,01) 10,60 (±0,36)
Caphorn 9,59 (±2,26) 2,43 (±1,64) 1,61(±0,19) 7,98 (±2,21) 0,83 (±0,05) 10,27 (±0,42)
Moyenne 7,82 (±1,64) 2,48 (±1,63) 1,33 (±0,37) 6,48 (±1,50) 0,82 (±0,05) 11,32 (±0,85)
Tableau 4 | Absorption et remobilisation de l’azote
*nRem = nf-npm et eRemn = (nRem/nf)*100.
49
Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle | Production végétale
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012
une structure de rendement particulière, ce sont princi-
palement les changements morphologiques de la plante
qui ont rendu l’augmentation du rendement possible.
En particulier, il s’agit de l’augmentation du nombre de
grains par épi et du nombre d’épis par m², tandis que le
poids de mille grains, critère important pour l’améliora-
tion du triticale (Schori et al. 2011), n’a guère évolué. Les
résultats obtenus ici avec quelques-unes des variétés
commercialement les plus importantes entre 1926 et
2003 confirment donc les observations réalisées sur un
assortiment de variétés plus restreint par Fossati et Pac-
caud (1986). Différentes études sur les variétés de blé
françaises inscrites entre 1946 et 1992 ont rapporté une
évolution analogue du rendement et des modifications
morphologiques des plantes (Le Buanec 1999; Trottet et
Doussinault 2002).
Au cours du 20e siècle, la fertilisation azotée a été
fortement augmentée pour améliorer les rendements.
La sélection a mis à disposition des variétés résistantes à
la verse, capables de supporter des apports d’azote
Efficacité d’absorption et d’utilisation de l’azote
L’efficacité d’utilisation de l’azote par les variétés de blé
testées est présentée à la figure 3. Toutes les variétés, à
l’exception d’Arina, montrent une efficacité plus impor-
tante à faible niveau d’azote qu’au niveau extenso. Les
différences entre les variétés sont plus évidentes à faible
niveau d’azote où, par exemple, Caphorn montre une
efficacité significativement supérieure à MC 245. En
général, à faible niveau d’azote, les variétés récentes ont
tendance à mieux valoriser l’azote que les variétés Mont
Calme 245 et 268 ou Arina. L’efficacité d’absorption de
l’azote des 8 variétés (fig. 4) montre une tendance simi-
laire à l’efficacité d’utilisation de l’azote.
D i s c u s s i o n
Les variétés de blé suisses développées au cours du 20e
siècle et utilisées dans la présente étude ont montré une
augmentation constante du rendement, qui s’élève à
environ 0,24 dt/ha/an. Bien que chaque variété possède
Source de variation
Degrés de liberté
Azote absorbé avant floraison (g/m²)
(Nf)
Azote absorbé après floraison
(en g/m²)(Napf)
Azote remobilisé vers les grains après
floraison (g/m²)NRem
Efficacité de remobili-sation de l’azote
(en %)(ERemN)
Teneur en protéines dans le grain (%)
Variété (V) 7 ns ns ns ns ***
Azote (N) 1 *** ns *** ns ***
V × N 7 ns ns ns ns ns
Tableau 5 | Analyse de variance des paramètres d’absorption et de remobilisation de l’azote
***hautement significatif (P ≤ 0,1 %); **très significatif (P ≤ 1 %); *significatif (P ≤ 5 %); ns: non significatif.
cbc
bcbc
abc
bcbc b
aa
a aa
aa
a
0,00
20,00
40,00
60,00
80,00
100,00
120,00
MC 245 MC 268 Probus Zenith Arina Zinal Piotta Caphorn
Effic
acité
d‘u
tilisa
tion
de l‘
azot
e (N
UE) e
n g
(g-¹ )
Variétés
Faible niveau de N Niveau extenso
Figure 3 | Efficacité d’utilisation de l’azote apporté (NUE) de sept variétés de blé panifiable d’automne sélectionnées en Suisse au cours du 20e siècle et de la variété française Caphorn, testées avec deux niveaux d’azote pendant deux ans. L’erreur standard est représentée par les barres. Les lettres différentes indiquent les différences statistiquement significatives entre variétés.
b b
b b b b b
b
a b a b a a a a b a b a b
0,00
0,50
1,00
1,50
2,00
2,50
MC 245 MC 268 Probus Zenith Arina Zinal Piotta Caphorn Effic
acité
d‘a
bsor
ptio
n de
l‘az
ote
appo
rté
(Nup
E) e
n g
(g-1
)
Variétés
Faible niveau de N Niveau extenso
Figure 4 | Efficacité d’absorption de l’azote apporté (NUpE) de sept variétés de blé panifiable d’automne sélectionnées en Suisse au cours du 20e siècle et de la variété française Caphorn, testées avec deux niveaux d’azote pendant deux ans. L’erreur standard est représentée par les barres. Les différentes lettres indiquent les différences statistiquement significatives entre variétés.
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Production végétale | Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012
considérables. Les résultats élaborés dans cette étude
montrent également qu’en termes de rendement, les
variétés les plus récentes utilisent toujours mieux l’azote.
En effet, l’effet variétal sur l’efficacité d’utilisation de
l’azote apporté est statistiquement significatif. L’amé-
lioration des deux critères, soit l’absorption et l’utilisa-
tion de l’azote, permet une meilleure performance des
variétés également dans des conditions de disponibilité
d’azote restreinte. L’amélioration de l’absorption de
l’azote peut être obtenue par l’accroissement du sys-
tème racinaire (Le Gouis et al. 2000; Foulkes et al. 2009)
et par l’amélioration de l’absorption de l’azote par la
racine (Slimane 2010). L’étude de l’architecture et de la
fonctionnalité de la racine des variétés de blé n’a pas pu
être réalisée dans le contexte de ce travail.
Entre 60 et 95 % de l’azote assimilé par la plante est
remobilisé vers les grains à maturité (Barbottin et al.
2005). Les valeurs recueillies ici montrent que toutes les
variétés se trouvent dans la région supérieure de cette
fourchette. Pour ce trait, il n’y a pas de différences entre
les variétés. La proportion d’azote remobilisé est déjà
assez élevée dans les variétés Mont Calme, suggérant
que ce trait n’a pas été davantage amélioré au cours de
la sélection.
C o n c l u s i o n s
•• La sélection de génotypes de blé produisant un plus
grand nombre de grains par m² a permis d’augmenter
sensiblement les rendements des variétés de blé
sélectionnées en Suisse au cours du 20e siècle.
•• En parallèle, l’efficacité d’utilisation de l’azote a été
améliorée au cours des années, principalement par
une meilleure absorption de l’azote.
•• Des études supplémentaires seraient nécessaires pour
clarifier la contribution de chacun des deux facteurs
clés de l’absorption à cette évolution: l’architecture de
la racine et la capacité de celle-ci à absorber l’azote.
•• Les variétés modernes examinées dans cette étude ont
mieux utilisé l’azote que les variétés anciennes, dans
des conditions de faibles disponibilités en azote.
•• Mieux comprendre les progrès accomplis par les
variétés modernes permettra de sélectionner des
génotypes présentant davantage une capacité élevée
d’utilisation de l’azote. n
Remerciements
Ce travail a été réalisé dans le cadre de l’action COST 860 SUSVAR (Sustainable low-input cereal production: required varietal characteristics and crop diversity). Les auteurs tiennent à remercier le Secrétariat d’Etat à la formation et la recherche SER, groupe pour le soutien financier (contrat no. C04.0203).
Source de variation Degrés de libertéEfficacité d’utilisation de
l’azote apporté (NUE)Efficacité d’absorption de
l’azote apporté (NUpE)Efficacité d’utilisation de
l’azote absorbé (NUtE)
Variété (V) 7 * ns ns
Azote (N) 1 *** *** ns
V × N 7 ns ns ns
Tableau 6 | Analyse de variance de l’efficacité d’utilisation de l’azote apporté (NUE) et de ses composantes (NUpE et NUtE) avec deux niveaux d’azote
***hautement significatif (P ≤ 0,1 %) ; **très significatif (P ≤ 1 %) ; *significatif (P ≤ 5 %) ; ns: non significatif.
51
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle | Production végétale
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012
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Performance and nitrogen efficiency of
Swiss wheat varieties of the 20th century
The average wheat yield in Switzerland has
increased from 13dt/ha in 1850 to 60dt/ha
today. The present study investigates the
factor variety in this spectacular yield
improvement. Yield, yield components and
nitrogen efficiency efficacy of seven Swiss
wheat varieties released between 1926 and
2003 and the French variety Caphorn
(released in 2001) have been studied in
standardized plot trials for 2 years and at
2 nitrogen fertilization levels (low nitrogen
level and medium extenso level). Grain yield
shows a constant increase of about
0.24dt/ ha/year, in direct correlation with the
year of release of the varieties. This impres-
sive increase is due to the net increase of the
number of grains produced per square
meter. However, constant improvement of
nitrogen utilization by the plants has
strongly contributed to this evolution.
Understanding of the evolution at both the
morphological and the physiological level
will contribute, in future, to breed varieties
displaying an even more elevated efficacy of
nitrogen utilization.
Key words: wheat, breeding, low input
agriculture, breeding for undemanding
varieties.
Evoluzione della resa e dell'efficacia
d'utilizzazione di varietà di frumento
selezionate in Svizzera durante il novecento
La resa media di frumento in Svizzera è
passata da 13q/ha nel 1850 all’attuale
60q/ ha. Questo studio ha analizzato il
fattore varietale in questa impressionante
progressione della resa. Attraverso delle
prove standardizzate sull’arco di due anni
e con due regimi di fertilizzazione d’azoto
(livello basso e livello Extenso), si è
esaminato le rese, i componenti di essa e
l’efficacia dell’impiego dell’azoto di sette
varietà di frumento svizzere omologate
tra il 1926 ed il 2003 e della varietà
francese Caphorn (2001). La resa in grani
mostra un aumento costante in funzione
dell’anno d’iscrizione al catalogo nazio-
nale delle varietà e ammonta a ca.
0,24q/ ha/anno Questo incremento
straordinario è sicuramente dovuto ad un
aumento del numero di grani per m².
Tuttavia, anche il miglioramento costante
nell’uso dell’azoto ricopre un ruolo primor-
diale in quest’evoluzione. La compren-
sione di questo progresso, realizzato a
livello morfologico e fisiologico della
pianta, permetterà, in futuro, di selezio-
nare le varietà con un’elevata efficacia
nell’uso dell’azoto.
52
E c l a i r a g e
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 52–54, 2012
Une étude a été menée en 2011 par Agroscope Chan-
gins-Wädenswil ACW pour déterminer les espèces
aviaires typiques des zones agricoles suisses pouvant se
prêter à une évaluation réaliste des risques des pesti-
cides sur les oiseaux en Suisse.
Contexte
Selon les règles de bonne pratique agricoles, les pesti-
cides (produits phytosanitaires, PPh) ne doivent pas
avoir d’impact intolérable sur l’environnement (OPPh
2010). Les entreprises requérantes doivent attester au
travers d’un dossier l’innocuité de leurs produits sur les
organismes non visés, entre autres sur les oiseaux. Le
groupe d’écotoxicologie de la station de recherche
Agroscope Changins-Wädenswil ACW examine les docu-
ments fournis par les entreprises et procède, à l’exemple
de l’UE, à une évaluation des risques adaptée aux condi-
tions suisses.
L’évaluation des risques pour les oiseaux se déroule
en plusieurs étapes. On part tout d’abord du modèle le
plus défavorable (worst case), qui suppose qu’une
espèce d’oiseau fictive se nourrit exclusivement dans les
cultures venant d’être traitées avec un produit donné. Si
au cours de cette première étape un risque ne peut être
écarté, une analyse plus poussée doit être conduite
(EFSA 2009). Pour cela, on a recours à des espèces exis-
tant réellement, dites «espèces focales» (traduction de
l’anglais focal species), qui sont supposées se trouver
effectivement dans les cultures au moment du traite-
ment. Pour ces espèces réelles, des facteurs écologiques
L’alouette des champs, une espèce typique de la zone agricole. (Photo: Markus Jenny)
Michela Gandolfi et Thomas S. Reichlin,
Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil
Renseignements: Michela Gandolfi, e-mail: [email protected], tél. +41 44 783 62 70
Espèces aviaires pour une évaluation appro fondie des risques des pesticides en Suisse
Espèces aviaires pour une évaluation appro fondie des risques des pesticides en Suisse | Eclairage
53Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 52–54, 2012
Type de culture Stade Nourriture Cultures Espèce focale
Grandes cultures
Sans couverture végétale
Insectes terrestres Toutes Rougequeue noir (printemps)
Bruant jaune (automne)
Graines d’adventices Toutes Chardonneret (printemps)
Linotte (automne)
Vers Toutes Grive litorne
Semis Semences
Céréales, betterave à sucre, colza, légumes
Maïs, haricots, pois, tournesol, pommes de terre
Alouette des champs
Pigeon ramier
Levée
Insectes terrestres Toutes Bruant jaune
Graines d’adventices Toutes Linotte mélodieuse
Plantules
Céréales betterave à sucre, colza, légumes, maïs, haricots
Pois, tournesol, pommes de terre
Alouette des champs
Pigeon ramier
Végétation
Insectes Toutes Bruant jaune
Graines d’adventices
Céréales, maïs, betterave à sucre, pommes de terre,
Haricots, pois, tournesol
Colza
Légumes
Alouette des champs
Verdier
Caille
Pigeon ramier
Après récolteInsectes
Céréales, maïs, betterave à sucre, colza, pommes de terre
Bergeronnette grise
Haricots, pois, tournesol Bruant jaune
Graines d’adventices Toutes Verdier
Arboriculture fruitière Tous
Insectes terrestres Toutes Rougequeue à front blanc
Insectes foliaires Toutes Mésange bleue
Graines d’adventices Toutes Chardonneret
Vers/fruits Toutes Grive litorne
Viticulture Tous
Insectes foliaires et terrestres Toutes Rougequeue noir
Graines d’adventices Toutes Chardonneret
Vers / baies Toutes Étourneau sansonnet
Culture des baies Tous
Insectes terrestres Toutes Bergeronnette grise
Graines d’adventices Toutes Verdier
Vers / baies Toutes Grive litorne
Insectes foliaires Seulement arbrisseaux à baies Mésange bleue
Plantes d’ornement Tous
Insectes terrestresFleurs et arbrisseaux
Prairies
Grive litorne
Bergeronnette grise
Insectes foliaires Seulement fleurs et arbrisseaux Mésange bleue
Graines d’adventicesFleurs et arbrisseaux
Prairies
Verdier
Chardonneret
Vers Toutes Grive litorne
Tableau 1 | Liste des espèces focales suisses pour toutes les cultures principales
Eclairage | Espèces aviaires pour une évaluation appro fondie des risques des pesticides en Suisse
54 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 52–54, 2012
et biologiques, comme l’utilisation de l’habitat et le
comportement alimentaire, peuvent être utilisés pour
évaluer de façon plus réaliste l’exposition aux PPh.
Méthode de détermination des espèces focales
Les espèces focales de Suisse ont été déterminées à partir
d’observations sur le terrain effectuées en Suisse, de
nombreux ouvrages ornithologiques suisses (Baur et al.
2005; Maumary et al. 2007; OFEV et OFAG 2008; Schmid
et al. 1998; www.vogelwarte.ch) et avec la collaboration
de spécialistes.
Les espèces aviaires entrant en ligne de compte pour
les principales cultures de Suisse ont été examinées indé-
pendamment par le groupe d’écotoxicologie et deux
ornithologues, dans le but de savoir si elles convien-
draient comme espèces focales. Les critères suivants ont
été retenus:
•• association étroite avec la culture;
•• abondance de la population dans la culture;
•• ingestion d’une grande quantité de nourriture par
rapport à la masse corporelle.
Pour l’ensemble des cultures de Suisse et leurs différents
stades de croissance, deux à quatre espèces focales ayant
différentes préférences alimentaires ont été définies. Les
évaluations des divers experts se recoupaient générale-
ment. Les différences ont été passées en revue une à une
et harmonisées.
Espèces focales suisses et leur utilité
Les espèces focales déterminées (tabl. 1) pourraient être
utilisées à l’avenir pour une évaluation spécifique et
assez réaliste des risques que les PPh pourraient faire
courir aux oiseaux de Suisse. Les deux exemples ci-après
permettent d’expliquer d’une part les réflexions qui ont
été déterminantes pour le choix des espèces focales, et
d’autre part l’importance de ces dernières.
Le rougequeue noir dans le vignoble
Le rougequeue noir est une espèce très commune
(500 000 couples nicheurs) et répandue dans toute la
Suisse. On la rencontre fréquemment dans les vignes, où
elle trouve facilement de quoi se nourrir. Compte tenu
de son faible poids (13 g), l’oiseau est obligé, comparati-
vement aux plus grandes espèces, de consommer plus
d’insectes par rapport à sa masse corporelle afin de cou-
vrir ses besoins alimentaires et énergétiques quotidiens.
Si une vigne est traitée avec des PPh, le rougequeue
ingère proportionnellement plus de PPh en consommant
des insectes contaminés que les espèces d’oiseaux de
plus grande taille. Il est donc beaucoup plus touché par
le traitement. Si les risques sont considérés comme
acceptables pour le rougequeue, il est donc fort pro-
bable que les autres espèces d’oiseaux insectivores vivant
dans les vignes ne sont pas non plus menacées. Le rouge-
queue noir est donc considéré comme une espèce focale
insectivore de la vigne.
L’alouette des champs dans les cultures de céréales
L’alouette des champs est une espèce d’oiseau typique
de la zone agricole. Bien qu’elle soit moyennement fré-
quente en Suisse (50 000 couples nicheurs), elle est
cependant largement répandue et est inféodée aux
champs de céréales et autres grandes cultures. Dans les
champs de céréales, l’alouette peut entrer en contact de
diverses manières et à des moments différents avec un
PPh, notamment: i) en ingérant des semences traitées
après les semis, ii) en consommant des plantules traitées
après la levée et iii) en consommant des graines d’adven-
tices contaminées poussant au milieu des céréales.
L’alouette des champs est donc considérée comme
espèce focale granivore en champs de céréales.
Les détails méthodologiques et autres informations sont
disponibles chez l'auteure. n
Bibliographie b Bauer H.-G., Bezzel E. & Fiedler W., 2005. Kompendium der Vögel Mittel-europas Band I. Aula Verlag. 808 p.
b EFSA, 2009. Guidance Document on Risk Assessment for Birds & Mam-mals. EFSA Journal 7 (12),1438.
b Maumary L., Vallotton L. & Knaus P., 2007. Les oiseaux de Suisse. Station ornithologique, Sempach, et Nos Oiseaux, Montmollin. 848 p.
b OFEV et OFAG, 2008. Objectifs environnementaux pour l’agriculture. Connaissance de l’Environnement n° 0820. OFEV, Berne.
b Ordonnance du 12 mai 2010 sur la mise en circulation des produits phy-tosanitaires (Ordonnance sur les produits phytosanitaires, OPPh).
b Schmid H., Luder R., Naef-Daenzer R., Graf R. & Zbinden N., 1998. Atlas des oiseaux nicheurs de Suisse: Distribution des oiseaux nicheurs en Su-isse et au Liechtenstein 1993–1996. Station ornithologique de Sempach.
b www.vogelwarte.ch.
Remerciements
Un grand merci aux ornithologues Simon Birrer de la Station ornithologique suisse et Michael Schaad de l’Aspo/BirdLife pour leur précieuse collaboration.
55Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 55–57, 2012
E c l a i r a g e
Sur une consommation totale de 1866 tonnes de viande
de lapin en 2009, seuls 35 % (645 tonnes) provenaient de
Suisse (Office fédéral de la statistique 2011). Pour
répondre à la demande, la production indigène pourrait
être probablement étendue et constituer une branche
de production intéressante pour plusieurs exploitations
agricoles. Afin d’évaluer la rentabilité de cette produc-
Un calcul des coûts complets a été établi pour évaluer la
rentabilité de la production de viande de lapin. Les coûts
de revient sont de CHF 14,23 par kg de poids à l’abat-
tage pour des recettes de CHF 12,25. La perte qui résulte
de ce calcul se traduit par un salaire horaire d’à peine
CHF 14.– et non de CHF 28.– comme pris en compte dans
le calcul de base.
Rentabilité de la production de viande de lapin
Gregor Albisser Vögeli et Markus Lips, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen
Renseignements: Markus Lips, e-mail: [email protected], tél. +41 52 368 31 85
Seul un tiers de la quantité totale de viande de lapin consommée est d’origine suisse. (Photo: H. R. Kyburz Vieh und Fleisch SA)
56 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 55–57, 2012
tion de niche, les rendements (recettes) et les coûts de
revient ont été évalués à partir de calculs des coûts com-
plets, pour l’élevage et l’engraissement de lapins.
Cinq exploitations analysées
L’étude repose sur cinq exploitations agricoles prati-
quant la production de lapins. Toutes les exploitations
font partie de l’«Intégration Kyburz» de la société
H. R. Kyburz Vieh und Fleisch SA. Elles détenaient initia-
lement des vaches laitières ou des porcs. Au lieu d’effec-
tuer les rénovations devenues nécessaires dans leurs
étables, mais qui n’étaient plus rentables, les exploita-
tions ont décidé de se convertir à la garde de lapins. Ce
choix était donc premièrement motivé par la volonté de
continuer à utiliser les anciens bâtiments. Outre la pro-
duction de lapins, toutes les exploitations étudiées prati-
quent également les grandes cultures.
Trois des cinq exploitations pratiquent aussi bien
l’élevage que l’engraissement de lapins. Un producteur
ne s’adonne qu’à l’élevage, et un autre qu’à l’engraisse-
ment. On dispose dès lors de quatre résultats par
branche de production, lesquels reflètent des formes de
détention très diverses. Dans l’élevage, le nombre de
lapines oscille entre 42 et 400. Les deux plus petits éle-
veurs pratiquent l’élevage individuel, tandis que dans
les exploitations plus importantes les lapines sont déte-
nues en groupes. Dans l’engraissement, la fourchette va
de 1400 à 5400 lapins d’engraissement par an, sachant
que les quatre branches de production remplissent les
exigences SST (système de stabulation particulièrement
respectueux des animaux).
Calcul des coûts completsLes calculs des coûts complets ont été établis séparément
pour les branches de production élevage et engraisse-
ment. Ensuite les valeurs moyennes sont calculées pour
les deux branches. Le kilogramme de poids à l’abattage
de la viande de lapin a servi de valeur de référence, dans
l’hypothèse que chaque animal (jeune) atteint un poids
de 1,5 kg à l’abattage. Pour limiter les influences spéci-
fiques à chaque exploitation dans l’élevage de lapins, les
calculs ne se sont pas basés sur le nombre effectif de
petits par lapine et par an, mais sur des valeurs empi-
riques de plusieurs années (45 petits pour l’élevage indi-
viduel et 40 pour l’élevage en groupes).
Pour les recettes, les contributions SST ont été calcu-
lées à partir des effectifs animaux. Les autres recettes
ainsi que les coûts spécifiques pour les aliments pour
lapin, la litière, le vétérinaire et les médicaments pro-
viennent des comptabilités des exploitations interrogées.Les coûts du foin produit sur l’exploitation sont éva-
lués au prix du marché (Agridea 2010). Les coûts du rem-
placement des animaux d’élevage reposent sur une
expertise de Michael Notter de l’«Intégration Kyburz».
La répartition des coûts dans les exploitations qui prati-
quent à la fois l’élevage et l’engraissement repose éga-
lement sur des expertises. Pour les équipements
d’étables, la durée d’amortissement supposée à partir
de l’investissement est de cinq ans. Les coûts des bâti-
ments ont été calculés sur la base d’un bâtiment neuf
(construction en bois avec isolation sur dalle en béton)
avec un racleur d’évacuation pour le fumier et une fosse
à lisier ainsi qu’un silo à aliment d’une taille correspon-
dante. Les calculs sont basés sur des coûts de construc-
tion de CHF 255.– par m3 et une durée d’utilisation de
30 ans. Tandis qu’une lapine (et ses petits) ont besoin de
1,8 m3 en élevage individuel, l’espace nécessaire pour
une lapine en élevage en groupe est de 3,9 m3, soit plus
du double. L’espace nécessaire par place d’engraisse-
ment en revanche n’est que de 0,5 m3. Dans l’élevage de
lapins, le taux d’occupation du bâtiment varie suivant la
saison et est inférieur de 25 % en été, ce qui est pris en
compte dans les coûts liés aux bâtiments. Le taux d’inté-
rêt du capital engagé est de 3,75 % et le salaire horaire
appliqué de CHF 28.– (Gazzarin et Albisser 2010). Les
coûts de main-d’œuvre reposent sur les estimations de
chefs d’exploitations consultés par rapport à leur temps
de travail.
Les coûts de l’énergie électrique, de l’eau et du télé-
phone sont issus de l’enquête réalisée auprès des chefs
d’exploitation interrogés. Les coûts des assurances (bâti-
ments), la part pour la voiture et les frais généraux d’ex-
ploitation ont été estimés sur la base des données comp-
tables (Dux et Schmid 2010) ainsi que sur des expertises.
R é s u l t a t s
Le tableau 1 présente les valeurs moyennes de l’élevage
et de l’engraissement des quatre branches de produc-
tion, ainsi que les coûts de production qui en résultent et
les coûts totaux de la production de lapins. Toutes les
données se rapportent à un kg de poids de viande de
lapin à l’abattage.
Mis à part le produit des lapins d’élevage de réforme,
les recettes proviennent de la vente de lapins d’élevage
et des contributions SST. Les recettes moyennes obte-
nues au total s’élèvent à CHF 12,25 par kg de poids à
l’abattage. Les coûts par kg de poids à l’abattage sont
de CHF 6,75 pour l’élevage et de CHF 7,48 pour l’engrais-
sement, soit un coût total de CHF 14,23. Compte tenu
des recettes, la perte est de près de CHF 2.– par kg de
poids à l’abattage. Cette perte montre que le salaire
horaire de CHF 28.– utilisé pour le calcul n’est pas atteint.
La valorisation du travail investi est donc en moyenne à
Eclairage | Rentabilité de la production de viande de lapin
Rentabilité de la production de viande de lapin | Eclairage
57Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 55–57, 2012
peine de CHF 14.–, l’hypothèse étant que 0,15 heure de
main-d’œuvre sont nécessaires par kg de poids à l’abat-
tage – 0,1 heure pour l’élevage et 0,05 heure pour l’en-
graissement.
Si l’on considère la structure des coûts de la produc-
tion totale des lapins, l’importance du coût des aliments
(38 %) et du travail (29 %) est flagrante, puisqu’ils repré-
sentent deux tiers des coûts (67 %). Les installations
(11 %) et les bâtiments (7 %) sont également significatifs,
avec près de 20 % en totalité.
C o n c l u s i o n s
Le bilan des recettes et des coûts montre clairement que
le salaire horaire cible de CHF 28.– est loin d’être atteint
dans la production de viande de lapin. Rappelons égale-
ment que les exigences requises pour les chefs d’exploi-
tation sont très élevées et qu’il existe un risque de pertes
de production à cause des agents pathogènes. Par consé-
quent, la production de lapins est pour l’instant peu
attrayante et n’incite pas à s’y convertir.
On peut se demander comment améliorer la rentabi-
lité de cette branche de production. Si l’on part de la
structure des coûts, on constate que la main-d’œuvre
est centrale. La comparaison d’exploitations de diffé-
rentes tailles montre que, notamment dans l’élevage,
les coûts de main-d’œuvre diminuent plus la taille de
l’effectif augmente (Albisser et Lips 2011). Le manage-
ment est un autre point sur lequel il est possible d’inter-
venir, par exemple en augmentant le nombre de petits
par lapine, de manière à mieux répartir les coûts.
A noter que les cinq exploitations analysées repré-
sentent un petit échantillon et que, par conséquent,
les effets spécifiques à chaque exploitation ont un
gros impact. n
Bibliographie b Agridea, 2010. Preiskatalog, Ausgabe 2010. Agridea, Lindau. b Albisser G. & Lips M., 2011. Vollkostenrechnung für Kaninchenfleisch, Schlussbericht, Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen.
b Office fédéral de la statistique, 2011. Encyclopédie statistique de la Suisse: bilan de la viande 2009, Neuchâtel. Accès: http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/de/index/themen/07/22/lexi.Document.21051.xls [13 mai 2011]
b Dux D. & Schmid D., 2010. Rapport de base 2009. Dépouillement centrali-sé des données comptables, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen.
b Gazzarin Ch. & Albisser G., 2010. Coûts-machines 2010. Rapport ART 733. Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen.
Branche de production Elevage Engraissement Production de lapins Part des coûts totaux
Produit des lapins d’élevage réformés 0,01 0,01
Produits des lapins d’engraissement 11,85 11,85
Contribution SST 0,39 0,39
Total des rendements 0,01 12,24 12,25
Aliment 1,69 3,72 5,41 38 %
Litière 0,06 0,11 0,17 1 %
Remplacement des animaux d’élevage 0,3 0,3 2 %
Vétérinaire et médicaments 0,1 0,08 0,18 1 %
Total des coûts spécifiques 2,15 3,91 6,06 43 %
Installation 0,83 0,67 1,5 11 %
Bâtiment 0,49 0,56 1,05 7 %
Intérêt du capital engagé 0,46 0,28 0,74 5 %
Main-d’œuvre 2,67 1,52 4,19 29 %
Autres coûts d’exploitation (y compris électricité, eau, assu-rances, part auto)
0,15 0,54 0,69 5 %
Total des coûts 6,75 7,48 14,23 100 %
Tableau 1 | Calcul des coûts complets de l’élevage et de l’engraissement en CHF par kg de poids de viande de lapin à l’abattage
58 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 58, 2012
Stefan Rieder, le nouveau responsable du département de recherche Haras national, est également responsable de la recherche sur les abeilles à Agroscope. (Photo: ART)
«Lorsque je fais du cheval avec mes deux garçons, nous
prenons une à deux juments non portantes et nous alter-
nons les montures, entre vélo et cheval.» Sur le Mont
Vully avec vue sur les Alpes, le Jura et le Plateau: c’est là
que Stefan Rieder et sa famille ont acheté, il y a plusieurs
années, une maison qu’il rénove lui-même progressive-
ment. «Nous avons de la place pour notre ménagerie»,
déclare Stefan Rieder pour justifier le choix du site. Mais
quiconque sait que les vignes et l’élevage de chevaux
caractérisent le paysage des environs du «Haras»
d’Avenches près du lac de Morat, sait d‘avance ce qui
peut y attirer les amoureux des chevaux. Il n’y a donc
rien d’étonnant à ce que cet ancien professeur de géné-
tique animale et de sciences équines à la HESA* soit venu
s’installer dans la région, même avant d’être nommé res-
ponsable du département de recherche Haras national à
Agroscope en 2011.
Le cheval, force motrice
Après avoir terminé un apprentissage de commerce, Ste-
fan Rieder s’est toujours consacré aux thèmes du cheval
et de l’élevage animal. Il a d’abord travaillé dans des
fermes en Amérique du Sud, puis il a parcouru l’Europe
à cheval. Cet animal et la culture qui s’y rattache l’ont
toujours fasciné, lui qui, bien qu’ayant des racines rurales,
a grandi dans la région de Berne. Ayant échappé au tra-
vail de bureau, il se consacre à fond à ce domaine. Durant
ses études d’agronomie à l’EPF de Zurich, un de ses tra-
vaux semestriels portait déjà sur la question des méla-
nomes chez les chevaux. Il a posé ainsi des jalons qui lui
ont servi jusqu’à sa thèse de doctorat, puis son postdoc
réalisé à l‘INRA en France. En 2003, sa vocation a entraîné
à la HESA*, où Stefan Rieder a principalement mis en
place une équipe de cinq à dix personnes, financée entre
autres par des fonds externes et travaillant dans le
domaine de la protection des animaux. Il a également
participé à la création du cursus sur les sciences équines.
Du cheval aux abeilles
«En Suisse, comme à l’étranger, je me suis toujours parti-
culièrement intéressé au cheval dans le contexte agri-
cole. En outre, l’élevage et la génétique sont deux
domaines qui me tiennent particulièrement à cœur. C’est
pourquoi dans mes nouvelles fonctions, l’enjeu consiste
pour moi à donner au Haras la place qui lui revient dans
le monde de la recherche agricole», déclare-t-il. C’est
également valable pour les domaines qui jusqu’ici
n’étaient pas directement rattachés à un centre de
recherche. Un enjeu que vient compléter le département
de recherche sur les abeilles. Selon Rieder, la distance
entre la recherche sur les chevaux et celle sur les abeilles
est moins grande que l’on ne croit. «Dans les deux
domaines, il s‘agit d’un vaste système de milice ayant un
impact sur l’agriculture et la biodiversité. » Sur ce plan,
le département de recherche Chevaux et abeilles peut,
grâce à des expertises neutres et ciblées, répondre à la
demande de marchés très hétérogènes composés d‘ama-
teurs et de spécialistes.
Etel Keller-Doroszlai, Station de recherche Agroscope Reckenholz-
Tänikon ART, 8356 Ettenhausen
Stefan Rieder: élevage et génétique du cheval
P o r t r a i t
*Depuis janvier 2012, la Haute école suisse d’agronomie HESA a changé de nom pour s’appeler Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimen-taires HAFL (Hochschule für Agrar-, Forst- und Lebensmittelwissenschaften).
59Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 59–63, 2012
A c t u a l i t é s
Actualités
La direction de l’EPF Zurich a décidé de dissoudre le
Département d’agronomie et des sciences alimentaires
(D-AGRL) et d’intégrer les deux entités, sciences alimen-
taires et agronomie, dans deux nouveaux départements
dès le 1er janvier 2012. L’Institut des sciences agrono-
miques (IAS) et celui des sciences environnementales
formeront ensemble le Département des sciences des
systèmes environnementaux (D-USYS). L’Institut des
sciences alimentaires, nutritionnelles et de la santé
fusionnera avec celui des sciences du mouvement dans
un nouveau Département de la santé et de la technolo-
gie (D-HEST).
Pour les sciences agronomiques, en fonction depuis
près de 150 ans, cette fusion marque l’entrée dans une
nouvelle phase. L’agriculture durable, postulat fonda-
mental de la sécurité alimentaire mondiale, devient
ainsi l’une des priorités de la recherche à l’EPFZ. Cette
nouvelle orientation correspond aux défis futurs que
l’humanité sera amenée à relever.
La barre des 7 milliards d’habitants a été franchie.
Sans une intensification durable de la production tenant
compte de la préservation des ressources naturelles, l’ap-
provisionnement de la planète en denrées alimentaires
ne peut être garanti. Les défis à relever sont multiples et
comportent diverses facettes, élevant ainsi le niveau de
complexité. La clé pour une recherche efficace et pros-
père réside dans une collaboration étroite entre les dif-
férentes disciplines des systèmes environnementaux.
La nouvelle structure D-USYS réunit les compétences des
Instituts des sciences agronomiques (IAS), des sciences de
l’atmosphère et du climat (IAC), de la biogéochimie et de
la dynamique des polluants (IBP), de la biologie intégra-
tive (IBZ), des Ecosystèmes terrestres (ITES), des décisions
environnementales (IED) sous un même et unique toit et
définit, tout en liant utilisation et protection de l’envi-
ronnement, cinq thèmes principaux qui seront au centre
des activités scientifiques futures:•• Prestations des systèmes environnementaux: les
systèmes environnementaux intacts remplissent de
multiples fonctions et fournissent des prestations. La
préservation des capacités fonctionnelles doit être
assurée.
•• Rareté des ressources: l’utilisation rationnelle et
efficace des ressources non renouvelables devient une
tâche urgente, afin de réduire la pression sur les
écosystèmes.
•• Sécurité alimentaire: une population croissante avec
de nouvelles habitudes alimentaires défie la pérennité
de la production alimentaire mondiale et requiert le
développement de systèmes de production et de
distribution solides et durables.
•• Changements climatiques: les modifications clima-
tiques sont des phénomènes complexes qui restent
partiellement compris. Les émissions de CO2 et la
protection du climat nécessitent des solutions tech-
niques, écologiques et socio-économiques, basées sur
des modèles climatiques performants.
•• Environnement et santé: les changements climatiques
influencent la santé de l’homme, du monde animal et
végétal et exigent des programmes de recherche dans
les domaines des polluants et des maladies infec-
tieuses et misant sur des progrès en biologie molécu-
laire, en génétique et en immunologie.
Par les relations existantes entre les institutions fédé-
rales de recherches, telles que l’EAWAG, le WSL ou
encore Agroscope et ses propres instituts de recherche,
le nouveau département est idéalement situé dans l’en-
vironnement suisse. Les liens actuels avec les sciences ali-
mentaires seront également cristallisés dans la récente
création d’un centre de compétences World Food System
(WFS). La restructuration et la mise en commun des
forces crée d’une part des opportunités pour les cher-
cheurs et les étudiants et d’autre part des synergies
essentielles contribuant à relever les défis de la sécurité
alimentaire mondiale.
Jörg Beck, ETH Zurich
Nouveau Département des sciences des systèmes environnementaux à l’EPFZ – Fusion des sciences agronomiques et des sciences environnementales
60 Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 59–63, 2012
Actualités
La Haute école suisse d’agronomie HESA de Zollikofen a
changé de nom: depuis janvier 2012, elle s’appelle
Haute école des sciences agronomiques, forestières et
alimentaires (HAFL – «Hochschule für Agrar-, Forst- und
Lebensmittelwissenschaften»). Elle n’est désormais plus
régie par le concordat réunissant tous les cantons suisses
et le Liechtenstein, mais uniquement par le canton de
Berne.
Depuis l’entrée en vigueur de la Loi fédérale sur les
hautes écoles spécialisées, la plupart des HES sont régies
par le canton où elles ont leur siège. Ceci est maintenant
aussi le cas de la HESA. Rattachée administrativement à
la Haute école spécialisée bernoise (HESB) depuis plus de
dix ans, elle en est désormais un département à part
entière. Cette nouvelle structure nécessite une nouvelle
appellation: la Haute école suisse d’agronomie a été
rebaptisée Haute école des sciences agronomiques,
forestières et alimentaires.
Par rapport à l’ancienne appellation, le nouveau nom
indique plus clairement que les prestations et l’orienta-
tion de la haute école ne se limitent pas à l’agronomie,
mais englobent aussi la foresterie et la technologie ali-
mentaire.
L’emballage change, mais pas le contenu
La Haute école des sciences agronomiques, forestières et
alimentaires jouera le même rôle dans le système éduca-
tif suisse. De même, ses prestations et son orientation ne
changeront pas. Elle continuera de mener à l’échelle
nationale et internationale ses différentes activités d’en-
seignement, de recherche, de services et de formation
continue dans les trois domaines spécialisés.
Gaby Allheilig, Haute école des sciences agronomiques, forestières et
alimentaires (HAFL)
Informations actuelles de la recherche
pour le conseil et la pratique:
Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois
par année et informe sur les avancées en
production végétale, production animale,
économie agraire, techniques agricoles,
denrées alimentaires, environnement et
société. Recherche Agronomique Suisse
est également disponible on-line sous
www.rechercheagronomiquesuisse.ch
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AgRARfoRSchung Schweiz
RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
Talon réponse à envoyer à:Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.chwww.rechercheagronomiquesuisse.ch
NOUVEAU
Nom / Société
Prénom
Rue/N°
Code postal / Ville
Profession
Date
Signature
Recherche Agronomique Suisse/ Agrarforschung Schweiz est une publica-
tion des stations de recherche agronomique
Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-
naires sont l’office fédéral de l’agriculture
ofAg, la haute école suisse d’agronomie de
zollikofen heSA, AgRiDeA Lausanne &
Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de
zurich eTh zürich, Department of agricultural
and foodscience. Agroscope est l’éditeur.
cette publication paraît en allemand et en
français. elle s’adresse aux scientifiques,
spécialistes de la recherche et de l’industrie,
enseignants, organisations de conseil et de
vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,
praticiens, politiciens et autres personnes
intéressées.
La HESA change de nom et de régie en 2012
61Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 59–63, 2012
Coûts-machines 2011
Rapport ART 747
La présente compilation de données contient des bases
et des valeurs indicatives pour l’indemnisation des
machines agricoles utilisées en commun. Les tarifs d’in-
demnisation ont un caractère purement indicatif. Ce
sont des valeurs calculées qui permettent d‘utiliser la
machine en couvrant les coûts dans le cadre des hypo-
thèses admises. Les rendements se réfèrent uniquement
au temps de travail effectif au champ; par conséquent,
les temps de panne, de préparation et de trajet ne sont
pas pris en compte (sauf pour les véhicules de transport).
Les tarifs d’indemnisation s’appliquent par séquence de
travail. Les coûts de carburant sont compris. Pour le
calcul des coûts dans les cas particuliers, les hypothèses
doivent être adaptées à la situation concrète de l’exploi-
tation. Dans la pratique, les tarifs d’indemnisation effec-
tivement en vigueur sont en outre soumis à la loi de
l’offre et de la demande, de sorte qu’ils divergent plus
ou moins des tarifs ART.
Christian Gazzarin, ART
Impressum
Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Traduction:ART
Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d‘abonnementset de numéros particuliers:ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7576
Rapport ART 747
Coûts-machines 2011
Avec les coûts des parties du bâtiment et des installations mécaniques
Septembre 2011
La présente compilation de données con-tient des bases et des valeurs indicativespour l’indemnisation des machines agrico-les utilisées en commun. Les tarifs d’indem-nisation ont un caractère purement indi-catif. Ce sont des valeurs calculées quipermettent d‘utiliser la machine en cou-vrant les coûts dans le cadre des hypothè-ses admises. Les rendements se réfèrentuniquement au temps de travail effectif auchamp; par conséquent, les temps depanne, de préparation et de trajet ne sont
pas pris en compte (sauf pour les véhiculesde transport). Les tarifs d’indemnisations’appliquent par séquence de travail. Lescoûts de carburant sont compris.Pour le calcul des coûts dans les cas particu-liers, les hypothèses doivent être adaptéesà la situation concrète de l’exploitation.Dans la pratique, les tarifs d’indemnisationeffectivement en vigueur sont en outresoumis à la loi de l’offre et de la demande,de sorte qu’ils divergent plus ou moins destarifs ART.
La nouvelle répartition des tracteurs permet d’établir des configurations individuelles avecles équipements supplémentaires. (Photos: Christian Gazzarin, ART).
Auteur
Christian Gazzarin,[email protected]
Actualités
Emissions d’ammoniac dans les stabulations libres de vaches laitières avec aire d’exercice extérieure: moins de pertes en hiver
Rapport ART 745
Les stabulations libres repré-
sentent d’importantes sour-
ces d’émissions d’ammoniac.
Jusqu’à présent aucune don-
née n’était disponible sur les émissions des stabulations
libres à logettes avec aire d’exercice extérieure, qui sont
fréquemment répandues en Suisse. La station de recherche
Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et l‘Empa ont calculé
les émissions d’ammoniac du système de détention stabu-
lation libre à logettes avec surfaces de circulation en dur et
aire d’exercice extérieure attenante pour vaches laitières.
Les mesures ont été effectuées dans six exploitations et
réparties sur toute l’année. Elles ont ainsi permis de couvrir
les différences liées aux saisons et aux exploitations. Afin
de décrire chaque situation de mesure, plusieurs données
ont été relevées: des données relatives à l’exploitation, au
climat, à la saleté des surfaces de circulation, au lieu de
séjour des animaux ainsi que des données sur l’input, les
émissions et la valorisation de l‘azote. Les moyennes jour-
nalières des émissions d’azote vari aient en été de 31 à 67 g
par unité gros bétail (1 UGB = 500 kg poids vif) et jour (d).
Pendant la période de transition, elles variaient de 16 à
44 g/UGB·d et en hiver de 6 à 23 g/UGB·d. L’émission
d’ammoniac est liée à la température extérieure, à la
vitesse du vent et à la teneur en urée du lait conservé dans
le tank: lorsque les températures et les vitesses du vent
sont élevées, les émissions d’ammoniac sont nettement
plus importantes. La quantité d’azote contenue dans les
excréments est également décisive. La teneur du lait en
urée donne des informations à ce propos. Ces paramètres
sont à l’origine des objectifs de réduction qui prônent une
alimentation équilibrée et conforme aux besoins des ani-
maux et qui concernent aussi les aspects du climat d’étable.
Avec un avant-toit, une protection contre le vent et le sol-
eil, il est possible de réduire la température et la vitesse du
vent et par conséquent, les émissions d’ammoniac. D’autres
mesures portent sur la taille des surfaces de circulation
souillée, la fréquence et la qualité du nettoyage.Sabine Schrade et Margret Keck, ART
Kerstin Zeyer et Lukas Emmenegger, Empa
Impressum
Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Traduction:ART
Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d‘abonnementset de numéros particuliers:ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7576
Autrices et auteurs
Sabine Schrade, Margret Keck,ARTKerstin Zeyer, Lukas Emmenegger,[email protected]
Rapport ART 745
Emissions d’ammoniac dans les stabulations libresde vaches laitières avec aire d’exercice extérieure:moins de pertes en hiver
Mai 2011
Les émissions d’ammoniac (NH3) ont été déterminées pour les stabulations libres de vacheslaitières avec ventilation naturelle, surfaces de circulation en dur et aire d’exercice extérieure typiques de la Suisse. (Photo: ART)
Les stabulations libres représentent d’im-portantes sources d’émissions d’ammo-niac. Jusqu’à présent aucune donnéen’était disponible sur les émissions desstabulations libres à logettes avec aired’exercice extérieure, qui sont fréquem-ment répandues en Suisse. La station derecherche Agroscope Reckenholz-TänikonART et l‘Empa ont calculé les émissionsd’ammoniac du système de détention sta-bulation libre à logettes avec surfaces decirculation en dur et aire d’exercice exté-rieure attenante pour vaches laitières. Lesmesures ont été effectuées dans six exploi-tations et réparties sur toute l’année. Ellesont ainsi permis de couvrir les différencesliées aux saisons et aux exploitations. Afinde décrire chaque situation de mesure,plusieurs données ont été relevées: desdonnées relatives à l’exploitation, au cli-mat, à la saleté des surfaces de circulation,au lieu de séjour des animaux ainsi quedes données sur l’input, les émissions et lavalorisation de l‘azote. Les moyennes jour-nalières des émissions d’azote variaient
en été de 31 à 67 g par unité gros bétail(1 UGB = 500 kg poids vif) et jour (d). Pen-dant la périodede transition, elles variaientde 16 à 44 g/UGB·d et en hiver de 6 à 23 g/UGB·d. L’émission d’ammoniac est liée à latempérature extérieure, à la vitesse duvent et à la teneur en urée du lait conservédans le tank: lorsque les températures etles vitesses du vent sont élevées, les émis-sions d’ammoniac sont nettement plusimportantes. La quantité d’azote contenuedans les excréments est également déci-sive. La teneur du lait en urée donne desinformations à ce propos. Ces paramètressont à l’origine des objectifs de réductionqui prônent une alimentation équilibrée etconforme aux besoins des animaux et quiconcernent aussi les aspects du climatd’étable. Avec un avant-toit, une protec-tion contre le vent et le soleil, il est possi-ble de réduire la température et la vitessedu vent et par conséquent, les émissionsd’ammoniac. D’autres mesures portent surla taille des surfaces de circulation souillée,la fréquence et la qualité du nettoyage.
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
62
M e d i e n m i t t e i l u n g e n
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen
Actualités
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 59–63, 2012
19.12.2011 / ACW Entrez dans la ronde aromatique des pommes! Le monde des arômes est tellement vaste qu’un «GPS»
est nécessaire pour s'y orienter. La Station de recherche
Agroscope Changins-Wädenswil ACW a mis au point
dans ce but une première roue des arômes pour les
pommes, qui fonctionne sur le même principe que celle
du vin. Les informations qu’elle fournit aident les
consommateurs à choisir plus précisément parmi les
variétés et donnent aux spécialistes l’outil adéquat pour
les dégustations professionnelles.
15.12.2011 / ACWDes semences de pomme de terre in vitro à récolter en boîte de culture «Agrobox» Désormais les pommes de terre poussent aussi en boîtes
et produisent des tubercules de la même manière
que celles qui sont produites en terre. Les travaux de
recherche conduits à la Station de recherche Agroscope
Changins-Wädenswil ACW en biotechnologie ont abouti
à la fabrication d’un conteneur de culture permettant de
produire tout au long de l’année des pommes de terre
de haute qualité sanitaire.
08.12.2011 / ACWUn diagnostic accéléré pour les agents patho-gènes Le consommateur associe inconditionnellement les
fruits et légumes à l’image de fraîcheur et de santé. Pour
maintenir cette confiance, les laboratoires doivent pou-
voir identifier de façon fiable les germes pathogènes.
Afin d’accélérer ce processus, la Station de recherche
Agroscope Changins-Wädenswil ACW a mis au point une
nouvelle méthode en collaboration avec le Functional
Genomics Center Zurich (FGCZ) et propose un test simple
pour diagnostiquer les bactéries et les champignons
pathogènes. ACW contribue ainsi à garantir la sécurité
alimentaire des fruits et légumes.
06.12.2011 / ALP-HarasLes yogourts moins sucrés et moins aromatisés ont les faveurs des consommateurs et des consommatrices Les consommateurs apprécient un yogourt moins sucré
et moins aromatisé. C’est ce qui ressort d’une enquête
réalisée par Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras
auprès du grand public.
28.11.2011 / ACWFaire bronzer des légumes pour soigner ses pieds L'application de rayonnements ultraviolets sur des
plantes permet de stimuler la production d’un grand
nombre de nouvelles molécules présentant des activités
biologiques intéressantes, tant pour l’agronomie que
pour la médecine. La technique développée par la Sta-
tion de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW
permet de revisiter la diversité des espèces végétales
autochtones connues depuis des siècles pour y découvrir
des propriétés biologiques jusque là insoupçonnées, par
exemple contre des mycoses résistantes aux traitements
pharmaceutiques classiques.
www.agroscope.admin.ch/communiques
63
Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 59–63, 2012
M a n i f e s t a t i o n s
Janvier 2012
12. – 15.01.2012Agroscope à Swiss’Expo 2012Stations de recherche Agroscope ACW, ALP-Haras et ARTLausanne
21.01.2012Journée d`information HAFLHaute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFLZollikofenInformations: www.hafl.bfh.ch
24.01.2012Journée suisse de l’arboriculture 2012Agroscope Changins-Wädenswil ACWMartigny, Agrovina
26.01.2012ART-Tagung 2012Agroscope Reckenholz-Tänikon ARTTänikon
Février 2012
03.02.2012Journée Agriculture 2012Agroscope Changins-Wädenswil ACWACW, Changins Aula
23. – 26.02.2012Agroscope à Tier & Technik 2012Agroscope ACW, ALP-Haras et ARTSt. Gallen
Mars 2012
13. – 14.03.201218. Arbeitswissenschaftliches KolloquiumAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTTänikon
Mai 2012
09. – 10.05.2012Landtechnik im AlpenraumAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTFeldkrich, Autriche
L i e n s I n t e r n e t
2012: Année de l'énergie durable pour tous
www.unesco.ch
L'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé 2012
Année internationale de l'énergie durable pour tous.
Les découvertes de pétrole atteindront leur maximum
au cours des 20 prochaines années.
Les énergies renouvelables auront le rôle essentiel
de placer le monde sur une trajectoire énergétique plus
sûre, plus fiable et plus durable. Le potentiel est incon-
testablement vaste, mais le rythme auquel la contribu-
tion de ces ressources augmentera pour répondre aux
besoins énergétiques mondiaux n’est pas encore décidé.
Février 2012 / Numéro 2
•• Indicateurs urinaires du statut acido-basique pour la
prédiction de la fièvre du lait chez la vache laitière,
Michel Rérat et Hans Dieter Hess, ALP-Haras
•• Efficacité de la surface fourragère en système laitier
dans le canton de Fribourg, Lucie Winckler et al., HAFL
•• Réaction à la fumure azotée de nouvelles variétés de
pommes de terre admises à la liste officielle,
Thomas Hebeisen et al., ART et ACW
•• Variétés, densité de semis et fumure azotée sur orge
d'automne, Raphaël Charles et al., ACW
•• Attractivité des prairies extensives pour les prédateurs
des pucerons, Lisa Eggenschwiler et al., ART
•• Plus de surfaces de compensation écologique et de
meilleure qualité grâce au conseil, Véronique
Chevillat et al., FiBL, Station ornithologique suisse
et Agrofutura
•• La Banque de données suisse des aliments pour
animaux www.feedbase.ch, Monika Boltshauser,
ALP-Haras
•• Listes recommandées des variétés de soja, tournesol,
pois protéagineux et maïs pour la récolte 2012
La fièvre du lait est la maladie la plus fréquente et la plus importante du point de vue économique chez les vaches à haute performance après vêlage. Des chercheurs d’Agroscope ALP-Haras ont étudié si les para-mètres acido-basiques dans l’urine des vaches avant vêlage permet-taient d’informer de manière prédic-tive sur le risque de fièvre du lait.
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
bachelor en technologiealimentaireformation diversifiéeFood Science &Management
Haute école spécialisée bernoiseHaute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires
Venez voir !Journée d’information, 21 janvier 2012 www.hafl.bfh.ch
bachelor enforesterieseule filière deforesterie en Suisse
bachelor enagronomiepar exemple avecspécialisation ensciences équines
master enLife Sciencessciences appliquéesagronomiques etforestières
Vendredi 3 février 201220 ans de productionintégrée en grandes culturesStation de recherche Agroscope ACW - Changins
http://www.agroscope.admin.ch/journee-agricultureou Agnès Welten Tél. 022 363 46 71 [email protected]
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