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EDITORIAL
Voici le numéro 50 du bulletin de l’ASPS….
L’idée du bulletin vient de Christian Fasanino qui en 1991 estimait qu’après
trois ans d’existence notre association devait mettre en place un trait d’union
entre les participants. Ces premiers numéros fabriqués d’une manière
artisanale avec collage et photocopies ont vu leur qualité améliorée, lorsque
François Philippe prit en charge les photocopies. Certes il restait à relier les 200
numéros avec les boudins plastic. Il fallait ensuite mettre sous enveloppe,
écrire les adresses, coller les timbres et poster… En 2001, Pierre Sagnet, a
sollicité son ami Bruno Cohen patron de Regimédia pour éditer une revue
imprimée. Nous avions toute liberté d’expression, nous fournissions les articles
et Régimédia s’occupait du financement en trouvant des annonceurs. Au fil du
temps, la concentration des laboratoires et la crise ont réduit
considérablement les budgets publicitaires, au point que plusieurs numéros
sont parus sans publicité, c’est-à-dire aux frais de Régimédia. Cette situation ne
pouvant durer, nous avons opté pour la formule Internet. L’absence de papier
va permettre de reboiser la planète… surtout nous faisions l’économie des
enveloppes et des timbres à une époque ou le mécénat sportif ne s’adresse
plus aux petites associations. Françoise consacre beaucoup de temps à la
réalisation de quatre numéros par an, mais pour une production qui ne crée
pas de frais supplémentaires à notre association. Aujourd’hui nos partenaires
privilégiés sont la Boutique Marathon à Paris qui nous fourni des tee-shirts, les
dossards et bien d’autres cadeaux que les participants ont pu apprécier ces
dernières années et Contrastes Voyages qui accepte de nous organiser nos
voyages à des prix inférieurs aux prix du marché. Au demeurant nous sommes
toujours à la recherche de sponsors… car il nous faut financer, les casquettes,
les médailles, les ravitaillements etc. Enfin une ressource est essentielle pour
notre association : La cotisation de ses membres, même si une année vous ne
participez pas au voyage, est elle utile, celle-ci, à 25€ depuis dix ans, est
probablement la seule chose qui n’a pas augmenté pendant cette période.
Concernant le voyage ASPS autour de Kilimandjaro, ce numéro vous permettra
une première approche grâce au guide de Jean-Pierre Renouf.
Bonne lecture, et très bonnes Vacances.
Jean
Bulletin N°50
Editorial
Sommaire
Extension au Népal Martyne Köhler
DOULEURS DE LA VOUTE PLANTAIRE ET APONEVROSE PLANTAIRE
Docteur Franck SAGNET
Le YOGA, un art de vivre et une science Judith DELIGNY
La Rougeole, le grand retour Docteur Christian PENALBA
Lettre de « Ray monde » pour la contention sportive ou méthode
de compression Boutique Marathon
Guide Kenya/Tanzanie Jean-Pierre Renouf
Voyage en Ethiopie Pierre et Florence Fasquelle
RETROSPECTIVE : Qu’est-ce qui fait courir les V2 Docteur Christian Balthazard
ASPS RUN AND TRAIL RAJASTHAN 2010
Extension au Népal,
Martyne Köhler
Après 3 h de retard, nous avons enfin
atterri à Katmandou et sommes partis
directement avec notre guide (un
aryen...) à Bhaktapur, cité médiévale
située à 14 km de Katmandou, ville
extrêmement intéressante par ses
monuments, temples, statues, son
quartier des potiers...
Après une nuit passée à Dhulikhel, où
nous avons vu le lever du soleil sur
la chaine himalayenne, nous nous
sommes promenés dans les alentours en
passant par un petit village
extrêmement propre, avec des gens très
sympas, surtout les enfants, qui à 10
ans étaient capables de parler un
excellent anglais. Après un repas
barbecue à l'hôtel, nous voici en
route pour Pashipatinath. Ce temple
hindouiste est splendide. Il est situé
au bord d'une rivière sacrée aux eaux
noires !!!, sur les bords de laquelle
ont lieu les crémations, spectacle
très poignant.
Puis, (lorsque tout le monde était
enfin là, on était loin du respect des
horaires de l'ASPS...) nous sommes
partis pour Bodhnath, centre de
pèlerinage bouddhiste, très vivant
avec ses pèlerins népalais et
tibétains.
Katmandou a ensuite été au programme :
très vivante, bruyante, colorée,
fleurie pour la fête des lumières et
assez propre. Là nous avons eu la
chance de voir Kumari, la petite
déesse vivante, apparaitre à la
fenêtre de son palais.
La visite de Swayambhunath, où se
dresse l'un des stupas bouddhistes les
plus connus au monde a été construit,
selon la légende, il y a plus de 2000
ans.
L'après-midi, nous partons pour Patan,
aujourd'hui "Lalitpur" ville aux
petites ruelles tortueuses, maisons
aux balcons et fenêtres de bois
travaillés comme de la dentelle.
C’était déjà le dernier jour. Le
summum devait être un survol de
l'Himalaya. Mais après presque 2 h
d'attente à l'aéroport, sans aucun
renseignement, aucune possibilité de
décoller avant 11 h., nous nous sommes
mis en route pour visiter Bugamati,
ville des ébénistes et des menuisiers.
Nous avons fait un voyage dans le
temps et nous sommes retrouvés au
Moyen-Age ! Super visite.
Mais tout a une fin et nous voici
rentrés avec un goût de "revenez-y".
ASPS BULLETIN N°50
5
DOULEURS DE LA VOUTE
PLANTAIRE
ET APONEVROSE PLANTAIRE
Docteur Franck SAGNET
GENERALITES
Le pied est un système propulseur et
amortisseur. Le système achilléo-
calcanéo-plantaire est sollicité en
étirement lors de la marche, la
course et les impulsions. Pendant le
déroulé du pas, un transfert égal à 3
fois le poids du corps s'effectue de
l'arrière-pied vers l'avant-pied.
À la partie inférieure du calcanéum
s'insère l'aponévrose plantaire
superficielle. C’est une bande
fibreuse ayant une forme triangulaire
à sommet postérieur. Elle va de la
tubérosité postéro-interne du
calcanéum à la face plantaire des
articulations
métatarsophalangiennes. Elle est
composée de trois parties dont la
partie moyenne, épaisse en arrière,
plus mince en avant, est la poutre
maîtresse de ces structures.
L'atteinte de l'aponévrose plantaire
superficielle (APS) est une des
causes les plus fréquentes de douleur
de l'arrière-pied chez l'athlète. Elle
est multifactorielle.
Le diagnostic, guidé avant tout par la
clinique, permet d'opposer les
étiologies mécaniques, de loin les
plus fréquentes, aux étiologies
d'origine inflammatoire qu'il faut
savoir évoquer.
DIAGNOSTIC
INTERROGATOIRE
Horaires de survenue de la douleur :
contrairement à ce qui est observé
pour les articulations, les atteintes
rhumatismales inflammatoires
n'adoptent pas d'horaire nocturne au
talon.
Antécédents de pathologie
rhumatologique : rhumatisme
inflammatoire chronique tel que
spondylarthropathie surtout
(recherche de signes associés :
rachialgies d'horaire inflammatoire,
sciatalgie à bascule, atteinte
ASPS BULLETIN N°50
6
articulaire périphérique), voire
polyarthrite rhumatoïde.
Circonstances de survenue et mode
de début : activité sportive ou efforts
inhabituels, intenses et prolongés de
marche ou course. Une modification
du chaussage ou une notion de
traumatisme direct doit être
recherchée.
EXAMEN CLINIQUE
L'inspection recherche une
tuméfaction à la partie postérieure
du talon, ainsi que des signes
d'inflammation cutanée.
La pression sur le talon, tente de
reproduire la douleur inférieure ou
postérieure. Le palper bi-digital
consiste à comprimer les faces
latérales du calcanéum entre pouce
et index à la recherche d'une douleur
provoquée qui oriente alors vers une
étiologie osseuse.
L'étude de la marche ne doit pas être
omise. Un trouble statique du pied
est recherché. Les chaussures sont
également examinées à la recherche
de signes d'usure.
Au terme de cette étape clinique, le
diagnostic étiologique est, en
général, déjà fortement évoqué.
BIOLOGIE
Un syndrome biologique
inflammatoire doit être recherché.
Cependant, il est très important de
noter qu'une talalgie peut être
d'origine inflammatoire sans qu'il
existe pour autant de syndrome
biologique inflammatoire.
Si la symptomatologie fait suspecter
une spondylarthropathie, une
recherche de l'antigène HLA B27 est
demandée en sachant, là encore, que
sa présence ne constitue qu'un
argument parmi d'autres pour le
diagnostic de spondylarthropathie.
IMAGERIE
Les radiographies (profil en charge et
incidence rétro tibiale) des talons
sont demandées systématiquement.
Au talon, l’échographie est très
performante pour la recherche de
bursites, d'enthésopathies
mécaniques ou inflammatoires ainsi
que pour étudier l'aponévrose
plantaire superficielle.
L'utilisation du doppler puissance
couplé à l'échographie permet
d'améliorer les performances de
cette technique en objectivant la
nature inflammatoire de
l'enthésopathie.
L'imagerie par résonance magnétique
(IRM) a l'avantage de permettre non
seulement l'étude de l'aponévrose
ASPS BULLETIN N°50
7
plantaire, des enthèses mais
également des os et des
articulations.
La scintigraphie osseuse reste utile
pour rechercher, par exemple, une
fracture de fatigue, des signes
d'enthésopathie ou encore une
hyperfixation évocatrice
d'algodystrophie.
ÉTIOLOGIES
A) MECANIQUES
L'atteinte de l'aponévrose plantaire
superficielle se manifeste
principalement sous trois formes
cliniques bien individualisables :
1) APONEVROSITE PLANTAIRE D’INSERTION
La qualité de l'aponévrose
plantaire dépend de facteurs
génétiques, du type du pied, de
modifications hormonales, du
vieillissement ou plutôt du
kilométrage (marche à pied et
course à pied).
Typiquement, la douleur est
d'installation progressive, de
caractère mécanique, parfois
décrite comme une sensation de
clou dans la chaussure.
Elle apparaît le matin dès le lever,
dès les premiers pas, voire à la
reprise de la marche après station
assise prolongée mais s'atténue
après quelques minutes de
marche.
Elle peut également réapparaître
après une marche prolongée.
La talalgie est habituellement
unilatérale, le plus souvent sur le
pied d'appel ou d'impulsion. La
douleur irradie quelquefois à
l'avant-pied.
La dorsiflexion du pied et de
l'hallux peut également
déclencher les douleurs en
mettant en tension l'aponévrose
plantaire.
La palpation retrouve un point
douloureux précis plantaire sur le
tubercule d'insertion postéro
médial du calcanéum.
Différents facteurs étiologiques
sont identifiés :
- Défauts architecturaux :
pied-plat valgus avec
horizontalisation du calcanéum,
pied creux avec tendon,
calcanéum court et tension
exagérée de l'aponévrose
plantaire, hyper pronation du pied
à la marche ;
- Sollicitations mécaniques
anormalement répétées et
intenses : courses et sauts ;
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8
mauvaise technique de course
négligeant le premier appui
talonnier.
- Terrains d'entraînement trop
durs, chaussures mal adaptées,
surcharge pondérale.
- Hygiène de vie : hydratation,
alcool, tabac, alimentation et
dérèglement psychosomatique
responsables de tensions des
structures aponévrotiques (le pied
est un organe réflexogène
important)
La radiographie standard peut
être normale, ou mettre en
évidence une enthésopathie sous
calcanéenne d'allure mécanique,
homogène, à bout acéré, bien
limitée, sans érosion osseuse
associée.
Il est parfaitement établi que «
l'épine » calcanéenne n'est que le
reflet des efforts de traction sur
l'insertion osseuse, et non la
cause de la douleur. D'ailleurs, on
peut remarquer que de
nombreuses exostoses
calcanéennes sont
asymptomatiques ou de
découverte fortuite.
L'échographie fournit, pour un
faible coût, des informations
fiables. L'aponévrose plantaire est
normalement fine (2 à 4 mm),
avec deux feuillets
hyperéchogènes, bien limités, à
bords parallèles. En cas de
myoaponévrosite plantaire,
l'insertion de l'aponévrose est
épaissie (supérieure à 4 mm),
hypoéchogène à bords flous . Le
doppler puissance objective une
hyper vascularisation
périphérique, à distance de
l'enthèse.
En IRM, l'aponévrose est
épaissie, mal limitée, en hyper
signal en T2 et en STIR. La zone
lésionnelle est rehaussée après
injection de gadolinium. Cet
aspect inflammatoire s'étend à la
graisse et aux muscles adjacents.
Un oedème médullaire du
calcanéum, localisé au voisinage
de l'insertion de l'aponévrose, est
fréquent, mais nettement moins
important qu'au cours des
enthésopathies inflammatoires.
Dans les formes chroniques, il
existe un aspect fusiforme ou
nodulaire.
Le traitement est souvent long et
difficile !
Les traitements médicamenteux
sont souvent très insuffisants,
ASPS BULLETIN N°50
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qu'il s'agisse des antalgiques ou
des anti-inflammatoires non
stéroïdiens (AINS).
Les mesures thérapeutiques de
base sont l'adaptation du
chaussage et le port d'orthèses
plantaires ou semelles
orthopédiques. Elles doivent
comporter un coussin amortisseur
placé sous le talon, réalisé en
mousse dépressible d'une
épaisseur proportionnelle au poids
du patient, de 10 à 25 mm. On y
associe volontiers une excavation
située en regard du point
douloureux exquis repéré à la
palpation.
La réduction d'une surcharge
pondérale est toujours
souhaitable, ainsi qu'un repos
relatif, permettant d'éviter les
stations debout et les marches
prolongées sur sol dur.
Les infiltrations locales de
corticoïdes sont également un
traitement classique de la
myoaponévrosite plantaire
d'insertion. Elles peuvent être
réalisées par voie latérale médiale
ou par voie plantaire. Une période
de repos de 24 à 48 heures est
conseillée dans les suites de
l'infiltration. En cas d'efficacité
partielle, le geste peut être
répété, classiquement à 1
semaine d'intervalle au minimum,
sans excéder trois infiltrations au
total. La remise en charge sera
très progressive et la course ne
sera autorisée que 6 semaines
après. La survenue d'une rupture
de l'aponévrose plantaire est une
complication classique de ces
infiltrations avec un taux de 10
%. Les résultats sur la douleur
sont le plus souvent favorables
Les ondes de choc font
maintenant partie des traitements
envisageables. Le pronostic serait
plus favorable en cas de talalgie
chronique évoluant depuis plus de
12 mois. L'existence d'un œdème
médullaire localisé sur le
calcanéus en IRM aurait une
valeur pronostique d'efficacité.
Parmi les traitements médicaux
peuvent également êtres utilisés
des techniques de kinésithérapie
(étirements, massages
transverses profonds) et de
physiothérapie.
En cas d'échec du traitement
médical, ce qui n'excéderait pas
10 % des cas après 1 an
d'évolution, un traitement
chirurgical peut être proposé. Il
n'y a, en revanche, aujourd'hui,
aucun consensus sur les
modalités techniques de
l'intervention. La chirurgie peut
être effectuée à foyer ouvert, par
voie percutanée ou endoscopique.
L'aponévrose peut être sectionnée
complètement ou partiellement à
son tiers médial au contact de son
insertion calcanéenne. L'excision
de tissu pathologique complète le
ASPS BULLETIN N°50
10
geste. L'attitude vis-à-vis de
l'enthésophyte est variable selon
les chirurgiens (excision de l’épine
calcanéenne).
La reprise d'appuis se fait
progressivement, en respectant
l’indolence, en 10 à 15 jours. Elle
s'accompagne d'une rééducation
associant les étirements du
système achilléo-calcanéo-
plantaire, le renforcement des
intrinsèques et extrinsèques du
pied et un travail proprioceptif.
La reprise du sport est autorisée
entre la 6 e et la 12 e semaine.
Si les taux de réussite sont bons,
seuls 45 % ont une guérison
complète avec retour aux
activités physiques antérieures
sans nécessité de traitement
médical.
Aussi, la chirurgie ne doit être
proposée qu'après échec d'un
traitement médical appliqué
suffisamment longtemps. Dans
ces conditions, la chirurgie serait
capable d'améliorer une majorité
de patients, même s'ils ne
récupèrent pas tous une capacité
fonctionnelle complète.
2) RUPTURE DE L’APONEVROSE
PLANTAIRE
La rupture se manifeste par une
douleur aiguë à l'occasion d'un
effort] (au démarrage, à
l'impulsion ou à la réception d'un
saut). On retrouve le plus souvent
une sensation de déchirure et
d'effondrement du pied
L'impotence fonctionnelle est
immédiate avec boiterie ou appui
impossible.
Le bord médial du pied est
empâté. La palpation réveille un
point douloureux sur le tiers
postérieur de l'aponévrose
plantaire superficielle et retrouve
une sensation de défect ou de
masse dure et douloureuse
L'ecchymose plantaire est
inconstante et elle est souvent
retardée.
L'IRM permet de faire le
diagnostic et précise le siège de la
rupture (insertion proximale ou 3
à 4 centimètres distalement). La
rupture est exceptionnellement
située au tiers antérieur.
L'évolution est le plus souvent
favorable en 2 à 6 semaines sous
traitement médical et
rééducation. L’appui peut être
contre-indiqué durant 15 jours
puis progressif sous couvert d’une
orthèse plantaire.
La reprise de la course à pied est
possible après 3 à 6 mois.
Dans les formes rebelles au
traitement médical, la
désinsertion chirurgicale avec
ablation des zones pathologiques
(calcification) donnent de bons
résultats.
3) LA FASCIITE PLANTAIRE
ASPS BULLETIN N°50
11
La fasciite plantaire s'observe
chez l'adulte jeune et sportif
La douleur mécanique apparaît
progressivement au tiers moyen
de l'arche médial du pied.
La palpation déclenche la douleur
et permet de percevoir un
crissement caractéristique.
Un traitement médical simple
(repos, anti-inflammatoire,
modification du chaussage,
physiothérapie, semelles) permet
d'obtenir l'indolence en 8 à 15
jours.
4) MALADIE DE LEDDERHOSE (fibromatose plantaire)
C’est une maladie du tissu fibreux
aponévrotique se traduisant par
l’apparition de nodules plantaires.
La maladie de Dupuytren est son
équivalent au niveau de la main.
Une exerese chirurgicale des
nodules ne s’envisage que s’ils
sont douloureux. Les récidives
sont fréquentes car c’est une
maladie évolutive.
B) INFLAMMATOIRES :
SPONDYLARTHROPATHIES
(SPONDYLARTHRITE
ANKYLOSANTE OU POLYARTHRITE
RHUMATOIDE)
La talalgie représente un symptôme
majeur au cours des
spondylarthropathies. Elle traduit une
enthésite calcanéenne qui serait
présente dans environ 42 % des
spondylarthropathies.
La talalgie est avant tout l'apanage
des sujets jeunes au point que toute
talalgie survenant avant l'âge de 40
ans, quelle qu'en soit l'apparence
clinique, doit faire évoquer jusqu'à
preuve du contraire une
spondylarthropathie.
La talalgie est volontiers bilatérale et
ne réveille jamais le malade la nuit.
Elle survient dès le lever à la mise en
charge où la douleur est
particulièrement vive puis s'estompe
lentement à la marche, en un délai
équivalent au dérouillage articulaire
matinal des arthrites.
La douleur ne réapparaît pas après
des efforts prolongés de marche
contrairement aux talalgies
inférieures par myoaponévrosite
plantaire d'insertion.
Sur les radiographies existent, de
façon retardée, des anomalies
postérieures surtout plantaires, à
l'insertion de l'aponévrose plantaire.
Schématiquement, on peut
retrouver, une érosion locale avec ou
sans début de reconstruction
périostée.
ASPS BULLETIN N°50
12
L'épine calcanéenne est cependant
l'image la plus fréquente. Il s'agit
d'une épine de type inflammatoire,
c'est-à-dire irrégulière et aux
contours parfois très développés,
flous, duveteux. L'aspect est très
différent de celui des épines banales,
de taille toujours modérée et de
contour net.
L'IRM est très utile pour le diagnostic
d'une enthésite, d'une bursite, voire
d'une calcanéite en montrant un
oedème intra-osseux.
Le traitement est le même que celui
de la myoaponevrosite plantaire
mécanique avec bien sur le
traitement spécifique de la maladie
rhumatismale.
DIAGNOSTICS DIFFERENCIELS
La recherche des diagnostics
différentiels est impérative : nous ne
citerons que les plus fréquents.
Les talalgies et notamment les
étiologies liées au tendon d’Achille,
souvent associées aux douleurs de
l’aponévrose plantaire ne seront pas
abordées mis à part chez l’enfant
avec la maladie de Sever.
ORIGINE NEUROLOGIQUE PAR SYNDROME
CANALAIRE
Il peut s'agir de la compression du
nerf calcanéen médial, dans le canal
tarsien s'il naît à ce niveau, au-
dessus de celui-ci, voire le long de
son trajet jusqu'au talon. L'examen
ASPS BULLETIN N°50
13
recherche une hypoesthésie sur la
région antérieure du talon. La
pression ou la percussion de la zone
de conflit déclenchent la sensation de
brûlures à ce niveau. En cas d'échec
du traitement médical (correction du
défaut statique le plus souvent à
type de pied-plat valgus, infiltration
locale), la neurolyse est à envisager.
Il peut également s'agir d'une
compression du nerf du muscle
abducteur du 5e orteil par le bord du
muscle abducteur de l'hallux, ce
muscle étant mis en tension et
hypertrophié par les impulsions
répétées, particulièrement en cas de
valgus calcanéen. Le diagnostic
différentiel avec la
myoaponévropathie d'insertion de
l'aponévrose plantaire est souvent
difficile. Cette branche proximale du
nerf plantaire latéral suit un trajet
proche de la tubérosité postéro
médiale du calcanéus avant de
bifurquer vers le muscle abducteur
du cinquième orteil et de donner un
rameau sensitif pour le périoste du
calcanéum et l'aponévrose plantaire.
Son irritation est à l'origine de
talalgies à l'appui ; les douleurs à
type de paresthésies sont révélées
lors de la pression du bord médial et
de la partie antérieure du talon.
L'électromyogramme peut apporter
des arguments en faveur du
diagnostic. Une IRM est
systématiquement demandée à la
recherche d'une cause locale de
compression du nerf. Le traitement
initial associe correction du défaut
statique, le plus souvent pied-plat
valgus, infiltration locale,
éventuellement décompression
chirurgicale. À noter cependant que
le traitement chirurgical est réservé,
pour beaucoup de chirurgiens, aux
seuls cas où une étiologie particulière
a été individualisée, compression
extrinsèque ou pathologie du nerf
(neurinome).
TALONNADE
Ce terme désigne une talalgie
plantaire aiguë par attrition du
capiton plantaire suite à un
traumatisme par choc à la
réception, déclenchant une
douleur brutale gênant tout appui
talonnier.
En cas de microtraumatismes
répétés chez le sportif, des
talalgies plantaires peuvent
également survenir par cellulite
mécanique, difficile à différencier
d'une pathologie de surmenage
de l'abducteur de l'hallux.
Le traitement comporte un repos
de l'ordre de 3 semaines, le port
de chaussures avec une
talonnette en mousse et des
traitements anti-inflammatoires
locaux.
FRACTURE DE FATIGUE
Une fracture de fatigue
correspond à une pathologie
d'adaptation de l'os à l'effort
avec, en des zones localisées
comme le calcanéus ou l’os
naviculaire, une hyper résorption
ASPS BULLETIN N°50
14
ostéoclastique initiale, non
compensée ou compensée avec
retard par la reconstruction
ostéoblastique. Il en résulte donc
une insuffisance osseuse,
localisée et transitoire, fragilisant
l'os.
Le diagnostic de fracture de
fatigue du calcanéus est suspecté
dans un contexte d'efforts
physiques intenses, inhabituels et
répétés. La douleur est
typiquement de rythme
mécanique, déclenchée par la
mise en charge.
À l'examen, le palpé bi-digital
recherche une douleur de la
grosse tubérosité du calcanéum
dont les faces latérales sont
comprimées entre le pouce et
l'index.
Les radiographies standards, dont
les anomalies sont inconstantes et
retardées, peuvent mettre en
évidence une bande de
condensation perpendiculaire aux
travées osseuses, floconneuse,
hétérogène et à limites floues au
début, devenant plus nettes
ensuite.
L'hyperfixation scintigraphique est
précoce, quasi constante après 48
heures d'évolution mais n'est
cependant pas spécifique. Par sa
valeur localisatrice, elle permet de
guider ensuite une éventuelle
imagerie complémentaire.
L'IRM s'avère très performante
dans la détection des fractures à
leur stade pré radiologique. Elle
visualise le trait de fracture et
l'oedème médullaire qui
l'accompagne.
Le traitement débute, dès que le
diagnostic est évoqué, par l'arrêt
de l'activité physique en cause et
la mise au repos du membre.
Selon l'intensité de la douleur à
l'appui, celui-ci est total ou partiel
avec utilisation de cannes
anglaises permettant d'avoir un
appui limité au simple pas simulé.
L'appui est ensuite,
schématiquement au cours du
2emois d'évolution,
progressivement augmenté
jusqu'à l'appui total.
TALALGIE DE L’ENFANT : MALADIE DE SEVER
Elle correspond à une
ostéochondrose avec atteinte du
noyau d'ossification secondaire du
calcanéus chez un enfant, surtout un
garçon sportif de 8 à 13 ans.
L'enfant se plaint de talalgies uni- ou
bilatérales, d'aggravation
progressive, intermittentes, calmées
par le repos, réapparaissant à la
ASPS BULLETIN N°50
15
marche prolongée ou à la course. La
face postérieure du talon est
électivement et isolément
douloureuse à la palpation
Dans certains cas, la radiographie
peut mettre en évidence un noyau
secondaire fragmenté ou condensé,
sans spécificité.
Le traitement est représenté avant
tout par le repos sportif, le port de
chaussures à talons légèrement
surélevés et possédant un bon
contrefort et, dans certains cas, une
talonnette d'amortissement ou des
semelles orthopédiques en cas de
trouble statique. La guérison est
habituelle dans un délai de quelques
mois.
CONCLUSION
L’aponévrose plantaire est
responsable de nombreux maux,
notamment chez le pied du sportif.
Le traitement médical est de règle,
souvent long et délicat. La
prévention est primordiale.
ASPS BULLETIN N°50
16
Le YOGA,
un art de vivre et une science
Judih Deligny
« Il n’y a pas de piège égal à l’illusion, de
plus grande force que le yoga, de plus
grand ami que le savoir, de plus grand
ennemi que l’orgueil »
Gheranda Samhita
Quelles que soient les régions du globe, il
y a bien longtemps, les hommes mirent au
point des méthodes pour répondre à leurs
angoisses.
Dans la vallée de l’Indus, région du monde
aux confins des civilisations
mésopotamienne, grecque et asiatique, la
civilisation indienne est née dès la fin du
paléolithique.
C’est là, il y a quelques milliers d’années,
que des hommes se sont exercés à
développer les capacités de leur corps et
de leur esprit, ce qui devait donner
naissance à la méthode du yoga.
Les premières références au yoga nous
sont parvenues à travers des sculptures,
dont les plus anciennes, trouvées dans la
vallée de l’Indus, remontent à 2800 avant
Jésus-Christ. Elles sont l’œuvre d’un
peuple qui parlait le sanskrit archaïque et
dont les textes sacrés, les Veda, font
partie des textes les plus anciens de
l’histoire de l’humanité.
Bien sûr, comme dans toutes les
civilisations de l’époque, la pratique du
yoga allait être rattachée à des pensées
philosophiques ou religieuses qui
s’accompagnaient d’une explication du
monde. C’est ce qui apparaît dans un livre
essentiel de la religion hindoue, la
Bhagavad-Gîta. Mais, très vite, l’ensemble
des moyens mis en place par le yoga, tout
en continuant de faire bon ménage avec la
religion, devait s’en détacher et devenir
une méthode pratique indépendante.
Par la recherche patiente de nos ancêtres,
par l’étude passionnée de quelques
hommes, le yoga s’est constitué
progressivement. Puis il s’est perpétué et
enrichi de maître à disciple au fil des
siècles.
Lorsque nous étudions les yogis de
l’antiquité, nous constatons qu’ils sont
partis des idées consignées par les savants
de l’AyurVeda, la vieille science médicale
indienne, et qu’ils les ont dépassés,
puisqu’ils cherchaient, au-delà du savoir à
acquérir, à se dégager de la condition
humaine et à atteindre la connaissance de
l’Être suprême.
ASPS BULLETIN N°50
17
L’être humain constate qu’il lui est
impossible de sortir de la condition
humaine et de se rapprocher de la
condition divine en utilisant des moyens
physiologiques. C’est la pensée qui doit
agir, et elle est engagée dans un corps.
Or pour la science indienne ancienne, le
« vent » qui souffle et anime l’univers
emplit aussi le corps et l’esprit de
l’homme. Grâce à ce vent, les sensations
recueillies par les organes sensoriels sont
dirigées vers le cœur, siège de l’esprit, et
permettent une connaissance complète de
l’objet.
Etymologie
Le mot yoga vient de la racine sanskrite
« Yuj », joindre, qui possède au moins
trois sens : le premier signifie « union », le
second « contrôle » et le dernier
« intégration ».
L’union résulte du rapprochement de deux
choses : « Yuj » signifie aussi « mettre le
joug, atteler », le joug permet de réunir
côte à côte les deux bœufs dans l’attelage
traditionnel.
Nous sommes souvent confrontés à des
dispersions, à des éclatements internes. La
plupart du temps, notre volonté désire une
chose, nos pensées en désirent une autre
et nos besoins semblent encore
différents…
Le yoga se propose justement de nous
réconcilier avec nous-mêmes, afin
d’accorder ces différentes parties qui
composent notre personne.
La deuxième notion, celle du contrôle, est
tout aussi importante et complémentaire.
Si les bœufs de l’attelage traditionnel se
font face, il est impossible de les réunir. Il
faut donc que quelqu’un soit là pour
« contrôler » les deux animaux.
Dans notre vie quotidienne, nous nous
sentons souvent esclaves de nos passions.
Le yoga nous aide à redevenir maîtres de
nous-mêmes, en nous permettant de
mettre sous notre joug un ensemble de
mécanismes qui d’ordinaire sont
indépendants de notre volonté.
L’union et le contrôle sont inclus dans la
3ème approche qui fait appel à la
concentration profonde, à une meilleure
faculté de prise de conscience. C’est un
état qui nous permet de dépasser notre
individualité pour comprendre la
dynamique générale de la vie. Cela nous
permet de nous situer dans le temps et
l’espace tout en relativisant notre place.
Philosophie du yoga
Selon la conception cosmogonique
classique de l’Inde, l’évolution du monde
est soumise à des cycles, comme tout
phénomène de la manifestation. Chacun
ASPS BULLETIN N°50
18
des cycles est divisé en quatre périodes,
appelées yugas.
Une telle division du temps se retrouve
également dans de nombreuses
civilisations (chinoise, égyptienne,
grecque).
Ce mouvement cyclique des âges du
temps est régi, comme tout phénomène
cyclique, par un premier mouvement de
croissance et par un deuxième
mouvement, opposé mais
complémentaire, de décroissance. Les
deux premiers âges sont une évolution
spirituelle croissante, les deux derniers
voient en revanche une chute vers les
biens matériels.
Notre civilisation actuelle rend bien difficile
toute recherche spirituelle et accéder au
monde situé au-delà de nos cinq sens
exige un effort (tapas) personnel.
Le mot tapas est dérivé de la racine
« Ta » qui veut dire s’échauffer, devenir
brûlant.
Nous trouvons l’idée d’un dégagement de
chaleur après l’effort, souvent assimilé à
l’acte d’allumer le feu, symbole de toute
initiation.
Le feu chauffe dans le sens de
dégagement d’une force purificatrice et
illumine dans le sens de lumière éclairant
l’esprit.
La pratique du yoga
Le yoga est un système complet qui
considère l’homme sous ses aspects
corporel, intellectuel et spirituel. Il se
traduit par un état d’esprit et doit se
concrétiser par un mode de vie respectant
certaines règles; il possède donc des
effets indéniables sur la santé.
Pour le yoga traditionnel, la maladie
possède essentiellement deux causes : la
dispersion mentale et le non-respect des
règles d’hygiène et des lois naturelles.
L’hygiène mentale engendre des pensées
positives, elle conduit à éliminer celles de
haine, de jalousie et autres sentiments
générateurs de vibrations lourdes – pour
le yogi, la pensée est liée à des
phénomènes vibratoires – qui perturbent
l’équilibre énergétique du sujet et sont à
l’origine des maladies psychosomatiques.
En même temps, chaque fois que cela est
nécessaire, on doit agir sur les sources
d’approvisionnement en énergie, et en
premier lieu, sur la respiration et
l’alimentation.
La science de la respiration du yoga,
appelée Pranayama, avec ses multiples
exercices, permet un nettoyage des voies
respiratoires et de l’organisme en même
temps qu’une recharge énergétique, tandis
que sur le plan physique, elle réalise une
véritable gymnastique de tout l’appareil
respiratoire.
Le Hatha yoga est le fruit d’un travail
élaboré par des yogis qui ont insisté sur
des pratiques corporelles. Ce contrôle
corporel exige la prise de conscience d’un
ASPS BULLETIN N°50
19
certain nombre de forces vitales qu’il
faudra dompter, canaliser afin de les
unifier en un tout harmonieux permettant
de retrouver l’équilibre fondamental de
notre corps physique.
« Ha » signifie positif, soleil. « Tha »
signifie négatif, lune. Le Hatha yoga
signifie donc qu’il faut unir le plus et le
moins, le soleil et la lune, c’est-à-dire les
contraires.
Le yogi, s’il veut avancer dans la voie qu’il
a choisie, devra donc, à partir de son
travail corporel, percevoir, comme
l’enseigne la tradition, la correspondance
existant entre l’ordre cosmique et
l’organisation de la personne humaine.
Pour l’hindouisme, il y a continuité entre
les deux. Chaque partie est à l’image du
Tout comme le Tout l’est de chacune de
ses parties.
Cette perception de l’Unité universelle ne
peut se faire que par un changement
profond de notre personnalité, une
véritable conversion.
Le yoga permet de vivre en harmonie la
complémentarité du physique et du
mental. La pratique des postures amène
progressivement l’élève à un état de
stabilité intérieure, qui lui confère la
disponibilité, la vacuité, c’est-à-dire la
totale liberté intérieure.
Le yoga, un art de vivre et une
science
Le yoga est un art qui respecte les lois de
la vie.
Il se compose de multiples techniques
adaptées à la diversité des tempéraments,
des mentalités et des capacités de
chacun ; mais toutes mènent à un but
unique, celui de l’intégration et du
développement harmonieux de la
personnalité, en nous-mêmes et dans
notre environnement.
Quelle que soit sa conception de la vie, on
peut utiliser la technique du yoga comme
un art naturel, source d’une allégresse
intérieure qui dénoue les tensions et
favorise la conscience de soi.
Dans la science du yoga, le laboratoire se
situe en nous ; nous sommes notre propre
champ d’expériences.
Bibliographie
« Yoga et symbolisme », Shri Mahesh,
Editions du Rocher
« Le souffle, parole de vie », Shri Mahesh,
Editions du Rocher
« Mieux vivre par le yoga », Dr Lionel
Coudron, Editons J’ai Lu
« Le yoga chez vous », Tara Fraser,
Editions Solar
ASPS BULLETIN N°50
20
LA ROUGEOLE
le grand retour
Christian Penalba
La rougeole est une maladie infectieuse aiguë
virale quasi-obligatoire avant la vaccination,
qui confère une immunité à vie. Pour le grand
public, elle était considérée comme une
maladie bénigne mais cela ne concerne que
90% des personnes contaminées. Le virus est
un paramyxovirus du genre morbillivirus à
RNA, un seul sérotype, un seul hôte :
l’homme. Il se transmet de façon directe, par
des grosses gouttelettes, par des petites
gouttelettes, les précautions air doivent être
rigoureuses pour ne pas se contaminer. La
transmission aujourd’hui se fait surtout à
partir d’un patient en phase pré-éruptive,
donc la plupart des personnes développant
une rougeole n’ont pas le souvenir de ce
contact.
Le tableau clinique : une incubation de 10-12
jours, une phase d’invasion de 2 à 4 jours avec
une fièvre élevée, un cathare oculo-
respiratoire, un signe de Köplick au niveau de
la muqueuse jugale. L’éruption débute deux
semaines après le contage, elle est
initialement derrière les oreilles, puis
descendante, faite de maculo-papules avec
intervalles de peau saine, elle va durer une
semaine puis est suivie d’une desquamation
fine. Si vous pensez avoir une rougeole, de
grâce n’allez pas chez votre médecin-traitant
dans une salle d’attente ni aux urgences, vous
risquez de contaminer toutes les personnes
présentes qui ne sont pas protégées.
Un certain nombre de complications peuvent
survenir : infectieuse, otite moyenne aigüe,
pneumopathie, mais aussi diarrhée,
encéphalite, hépatite, péricardite, myocardite,
thrombopénie, leuco-encéphalite
(1 cas/100 000). Pneumopathie et encéphalite
sont responsables d’1 à 3 décès pour 1 000 cas
de rougeole. Les complications sont plus
fréquentes chez les tout-petits et après la
puberté
ASPS BULLETIN N°50
21
(augmentation de la gravité avec l’âge). Dans
les pays en voie de développement, les décès
au cours et au décours de la rougeole sont
fréquents, 1 à 5 %. En 2006, malgré toutes les
campagnes de vaccination déjà réalisées, on
notait 242 000 décès.
En France, nous vaccinons depuis 35 ans et
l’on peut considérer que l’on a évité des
dizaines de millions de cas de rougeole mais
surtout les complications : 1,4 millions d’otite
moyenne aigüe, 590 000 pneumonies, 16 800
encéphalites, 5 000 séquelles neurologiques et
11 500 décès. Avant l’heure de la vaccination,
le diagnostic de rougeole était facile, la
maladie était fréquente, les médecins et les
parents avaient l’habitude du diagnostic.
Aujourd’hui, elle n’est plus connue ni
reconnue, on trouve des formes atténuées
chez le vacciné, des tests biologiques de
confirmation deviennent nécessaires devant
un cas isolé. La déclaration est obligatoire
depuis juin 2005. La confirmation biologique
peut se baser sur la sérologie habituelle, la
détection d’IgM salivaires, des kits sont
disponibles, c’est l’outil diagnostic de
référence. On peut aussi s’aider de
prélèvement sur papier buvard avec une
sérologie ultérieure.
La vaccination : trois vaccins sont disponibles,
un vaccin monovalent le ROUVAX et deux
vaccins associés avec la rubéole et les
oreillons, le M-M-Rvax Pro et le PRIORIX.
Après une injection vaccinale, on a une
séroconversion pour plus de 90% des sujets.
La deuxième dose est nécessaire pour
rattraper ceux qui n’ont pas répondu à la
première dose afin de les protéger. Elle
augmente aussi la proportion de la population
immunisée contre la maladie.
En ce qui concerne les effets indésirables liés à
la vaccination, il faut être toujours très
prudent, des événements intercurrents liés
temporellement à la vaccination mais sans
réaction causale sont responsables d’un
certain nombre d’effets indésirables,
l’estimation des réactions secondaires n’est
que de 0,5 à 4% en fonction des symptômes.
Néanmoins, quand on lit les effets indésirables
classiquement rapportés, on note une fièvre à
plus de 39° chez 5 à 15% des enfants, une
éruption cutanée courte chez 5% des enfants,
des convulsions fébriles 1/4000, un purpura
thrombopénique 1/25 000 et une encéphalite
1 pour 1 million. Pour les allergies, gélatine et
néomycine peuvent parfois être impliquées.
Les contre-indications du vaccin : il faut donc
éviter de vacciner les femmes enceintes et
allaitantes, les personnes ayant une
immunodépression congénitale ou acquise et
celles ayant une allergie sévère à l’un des
constituants des vaccins.
Le vaccin est recommandé en France depuis
1983, la seconde dose a été proposée en
1996, le vaccin trivalent est remboursé depuis
1999. En 2007, mise en place du protocole
actuel, une première dose à 1 an et une
seconde dose entre 13 et 24 mois. La
première dose peut être avancée à 9 mois en
cas d’entrée en collectivité, mais la seconde
dose se fera entre 13 et 24 mois. La stratégie
vaccinale à deux doses est proposée en
France : en 2007 on avait une couverture
vaccinale à 24 mois de 90% et une couverture
deux doses à 44%, en 2009, la couverture est
de 97,9% pour une dose et de 75% pour deux
doses mais il faut 95 % minimum pour
empêcher les épidémies. En France, les taux
de couverture vaccinale anti-rougeoleuse à 24
mois montrent bien la grande différence
Nord-Sud. Une enquête en 2009 chez les
professionnels de santé étudiants : 79,3 % ont
reçu une dose de vaccin, 49,6 deux doses.
Une autre enquête chez les soignants en
France : 49,7 % sont bien vaccinés. En 2010,
64 cas nosocomiaux avaient été recensés.
ASPS BULLETIN N°50
22
En rattrapage, on propose la réalisation de
deux doses de vaccin pour ceux nés en 1992 et
après, entre 2 et 18 ans, une dose de
rattrapage pour ceux qui ont 19-30 ans. Les
professionnels de santé nés avant 1980 et qui
n’ont pas d’antécédent de rougeole ou pour
lesquels la sérologie est négative, il faut
absolument une dose de vaccin.
Autour d’un cas de rougeole, il faut mettre en
place des mesures barrières. Le patient est
contagieux 5 jours avant le début de l’éruption
(le lendemain des premiers symptômes) et 5
jours après, il doit donc être isolé. Son
environnement et les sujets contacts doivent
être contrôlés, mise à jour du calendrier
vaccinal. Chez les tout-petits, nourrissons de 6
à 11 mois non vaccinés, il faut les vacciner,
vaccin monovalent entre 6 et 8 mois, vaccin
trivalent entre 9 et 11 mois et ce dans les 72
heures. On a aussi à notre disposition des
immunoglobulines polyvalentes qui seront
réservées aux femmes enceintes non
vaccinées sans antécédent de rougeole, aux
immunodéprimés, aux enfants de moins de
6 mois dont la mère présente une rougeole et
qui n’est pas vaccinée et qui n’a pas fait de
rougeole, ainsi que les enfants de 6 à 11 mois
non vaccinés s’ils sont vus plus de 72 heures
après le contact.
En 2008, 604 cas déclarés, 1 525 en 2009,
5022 en 2010 et 3479 en 2011 (2 mois). 5
décès sont aussi à déplorer. Si l’on regarde les
cas de rougeole, 85% ne sont pas vaccinés
contre la rougeole, 13% ont reçu une dose, 2%
ont reçu deux doses. Actuellement, la région
Rhône-Alpes est la plus touchée, les épidémies
se rencontrent dans certaines communautés
non vaccinées, des cas nosocomiaux sont
régulièrement rapportés. En Grande-Bretagne,
en 1988, un gastro-entérologue anglais
accusait le vaccin de la rougeole d’être
responsable de l’autisme. La vaccination a
donc chuté de manière importante avec de
nouveau des épidémies de rougeole. L’étude
n’était pas scientifiquement satisfaisante. 25
études complémentaires ont été réalisées ne
montrant aucun lien entre cette vaccination et
l’autisme.
La rougeole n’est pas si bénigne que cela.
Vérifiez vos carnets de santé et ceux de vos
enfants : deux vaccins doivent être notés, ils
sont impératifs, sauf bien sûr si vous avez fait
la rougeole maladie. Voyageurs, soyez encore
plus vigilants.
ASPS BULLETIN N°50
23
A la demande de Jean, je me lance dans le conseil médico-sportif pour vous parler de la
contention sportive ou méthode de compression.
Vous avez sûrement déjà vu ces fameuses chaussettes et manchons de compression sur
des coureurs et « pas très esthétique » (franchement ça donne un drôle de look !) vous
devez vous posez la question de savoir si cela sert vraiment à quelque chose et comment ça
fonctionne.
Voici la synthèse des explications des différentes marques :
-->1. Les muscles ont besoin de « carburant » pour fonctionner et
principalement d’oxygène et lors d’un effort il se produit une véritable combustion qui génère
du gaz carbonique et des toxines dont l’acide lactique. Ces déchets doivent être rapidement
éliminés sous peine d’asphyxie et ces échanges se font par l’intermédiaire des artères qui
apportent l’oxygène aux muscles et par les veines qui sont là pour le retour veineux et
l’élimination des toxines. Pendant l’effort le débit cardiaque augmente de 3 à 6 fois et le débit
musculaire de 10 à 20 fois.
-->2. Ce système arrive alors à saturation. Il se produit une dilatation des
veines entraînant une baisse de l’apport d’oxygène, une augmentation des toxines, une
baisse des performances, des douleurs musculaires et des crampes dus à l’excès d’acide
lactique. Le risque de blessures musculaire ou ligamentaire augmente. Aussi pour des
performances optimales il faut donc un apport majeur d’oxygène et un retour veineux
efficace.
ASPS BULLETIN N°50
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Que choisir manchons ou chaussettes ?
-->3. Les chaussettes
ASPS BULLETIN N°50
25
-->a. Les chaussettes se portent plus régulièrement en récupération et le tissage
permet une pressothérapie qui élimine les toxines en 1h30 et permet une véritable
régénération musculaire.
-->b. Elles existent aussi pour le voyage lorsque le sportif est en position statique, et la
pompe du mollet ne fonctionnant plus le risque est la formation d’un œdème de la cheville et
du pied et là il s’agira d’un tissage pour pression progressive sur le pied pour l’empêcher de
gonfler et une pression maximale sur le tiers inférieur de la jambe et dégressive pour
chasser l’œdème et les lourdeurs de jambes. Idéal pour les voyages en avion !
-->4. Les manchons
L’action est dirigé directement sur la pompe du mollet afin d’augmenter la vitesse du retour
veineux et retarder l’encrassement musculaire, l’asphyxie du muscle et la baisse physique.
En encadrant le mollet d’une zone rigide on l’empêche de se développer vers l’extérieur
décuplant ainsi sa force. Il a été calculé que le volume du muscle qui ne peut se développer
vers l’extérieur se répercute à l’identique vers l’intérieur d’où une chasse veineuse profonde
et importante. Donc en améliorant le retour veineux le manchon favorise l’oxygénation des
muscles et réduit la fatigue. Il limite l’apparition des crampes et les douleurs du mollet.
Pour l’achat de votre contention mieux vaut les conseils d’un magasin spécialisé pour
déterminer la bonne mesure et faire confiance à leurs sélections de marques.
RAY MONDE CORNOU
Boutique Marathon
26 rue Léon JOST 75017 PARIS tel : 01 42 27 48 18 Fax: 01 44 40 25 55
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ASPS BULLETIN N°50
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Le Kenya Jean-Pierre Renouf
Il y a 15 millions d'années, la terre, sous l'effet d’une formidable activité volcanique, se déchira en arcs
de cercle allant du Mozambique jusqu'à la Syrie tandis que des flots de lave recouvraient le fond de ce
qui devait devenir la vallée du Rift.
En se pétrifiant la roche liquide a formé de chaque coté d’une gigantesque dépression pouvant
atteindre
80 km de large des escarpements aigus qui se succèdent en fentes parallèles.
Il s'agit de l'une des plus gigantesques fractures de l'histoire de la terre survenue dans l'Afrique de
l'Est du nord au sud sur 7000 kilomètres ; Cette formation s'est accompagnée d'un chapelet de lacs
de toutes les dimensions et de cônes volcaniques hérissant le fond même de la vallée.
Des fentes rocheuses fusent encore des jets de vapeur témoins d’une activité volcanique.
Autour de cette épine dorsale, s’étendent le Kenya et la Tanzanie
Le Kenya ; Un pays de 582 647 km² situé de part et d'autre de l'Équateur donc à cheval sur les deux
hémisphères. C'est un pays légèrement plus grand que la France.
Du niveau de la mer au sommet du mont Kenya, dont les pics neigeux culminent à plus de 5000 m, le
sol se creuse, se plisse, se convulse, s'aiguise en crêtes dentelées, entrecoupé de plateaux dont le
niveau moyen oscille entre 1600 et 2000 m.
La diversité du relief explique les nombreux micros climats rencontrés.
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Le pays est cerné au nord par l'Éthiopie, à l'est la Somalie, à l'ouest l'Ouganda avec au sud-ouest le
lac Victoria ; Au sud-ouest la Tanzanie et enfin au sud est, il présente une zone côtière avec l'océan
Indien et ses 500 km de plages.
On attribue au Kenya l'une des plus anciennes présences humaines avec l'australopithèque,
intermédiaire bipède entre le singe et l'homme.
C'est pourquoi on a désigné cette région comme le berceau de l'humanité.
Elle accueille la plus forte concentration de flamants roses au monde au niveau du lac Bogoria.
Cette extraordinaire arche de Noé terrestre qui semble contenir tous les animaux en même temps a
inspiré de nombreux réalisateurs de films comme :
Les neiges du Kilimandjaro d'après la nouvelle d’Hemingway ; African Queen de John Houston ; Les
racines du ciel de John Houston ; Out of Africa de Sydney Pollack ; Sur la route de Nairobi ; Hatari….
L'intérieur se compose de diverses régions : La région centrale montagneuse est divisée en deux par
la vallée du Rift.
Un grand plateau Sud Ouest est volcanique et montagneux ; Nairobi, la capitale, se situe à l'extrémité
orientale de ces hauts plateaux.
Vers l'ouest, passé le fossé d'effondrement de la vallée du Rift, les White Highlands ont été autrefois
le domaine d'élection des colons anglais ; On y cultive toujours le thé et le café en abondance.
À l'approche du lac Victoria, les collines cèdent le pas à une plaine intensivement cultivée où vivent
les Luos, le deuxième groupe ethnique du Kenya.
Le centre nord, très fertile autour du mont Kenya est lui aussi couvert de plantations. C'est la région
des Kikuyus.
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À l'est du Kenya, l'altitude décroît ; Les plaines ponctuées de collines s'étendent à l'infini en direction
de la Somalie.
Le tiers nord du pays et le fief des tribus nomades : Turkanas, Pokots, Somalis.
Il s'agit d'une steppe désertique entrecoupée par endroits de lits de rivières asséchées.
La vallée du Rift
Cette faille dans l'écorce terrestre se serait étendue du Proche-Orient à l'Afrique Australe en passant
par la mer Morte, la mer Rouge, la dépression éthiopienne, le lac Turkana et la Tanzanie jusqu'au lac
Malawi sur une distance de 7000 km.
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La vallée du Rift a une largeur autour de 40 km et sa profondeur peut dépasser 2500 m ; Sur les
franges surélevées de la vallée, des dizaines de volcans à l'instar du Kilimandjaro ou du mont Kenya
agissent comme des bouchons de cocotte-minute évacuant une pression souterraine qui pourrait se
faire trop forte.
Le terrain continue de s'enfoncer de quelques millimètres par an et s'élargit de plusieurs centimètres
par an selon la dérive des continents.
Dans cette hypothèse, l’écartement pourrait, à terme, donner naissance à un nouvel océan séparant
l'Afrique de l'Est du reste du continent.
Les différentes ethnies
La population regroupe 31 millions d’habitants ; Elle connaît une mortalité excessive liée au sida qui
atteindrait 13% de la population.
L’espérance de vie est en moyenne de 47 ans
Les ethnies Bantou
ASPS BULLETIN N°50
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Le groupe Bantou est numériquement le plus important puisqu’il représente la 2/3 de la population.
Il est composé de 3 sous groupes à tradition agricole.
Le premier groupe, installé à l’Ouest de la vallée du Rift comprend les Abaluya vivants sur le lac
Victoria, les Kisii (6% de la population).
Le deuxième sous groupe à l’Est de la vallée du Rift est le plus important ; Il englobe
- Les Kikuyus ; Ils représentent 22% de la population ; Voisins du fameux mont Kenya ils pratiquent d'abord l'agriculture.
C'est l'ethnie la plus nombreuse du Kenya et ont été jadis à l'origine du mouvement nationaliste.
- Les Merus : ils sont 1,8 millions et proches voisins des Kikuyus ; Ils pratiquent une agriculture sur le versant nord est du mont Kenya ainsi que l'élevage.
- Le troisième sous groupe s’échelonne le long de la cote et comprend du sud au nord : Les Digos, les Taita, les Girama et les Bajun ; Ils sont influencées par l’occupation arabe et
presque totalement islamisés.
Ils viennent de Somalie.
Le groupe nilotique
Il n’y a pas d’unité ni de ressemblance à l’intérieur de ce groupe ; Il comprend :
Les Massais
Peuple de pasteurs nomades, les Massaïs vivent par et pour le bétail.
Chaque homme possède en moyenne une dizaine de têtes mais les plus influents peuvent en avoir
plus de 100.
Les Luo : Ils habitent entre les Abaluyia et les Kisii et représentent 13% de la pulpation.
Presque aussi nombreux que les Kikuyu, ils quittent facilement leur région pour jouer un rôle dans la
vie publique ou les affaires.
ASPS BULLETIN N°50
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Les Kalenjin : ils regroupent un grand nombre de tribus différentes parlant toute la même langue. Ils
représentent 12% de la population.
Il ne faut pas perdre de vue qu’actuellement les ethnies sont surtout devenues des objets de folklore
et des ressources électorales manipulées par les politiques pour trouver un électorat facile.
De l’ethnicité au tribalisme, le pas est vite franchi avec le coût humain que l’on connaît pouvait
déboucher sur de véritables conflits armés.
Les Religions
Le territoire est partagé entre 45% de protestants, 33% de catholiques, 10% de musulmans et 10% de
croyances indigènes.
L'économie
L'horticulture est devenue la quatrième source de devises étrangères.
La politique d’intensification agricole a été un succès et les rendements obtenus par les paysans
avoisinent ceux des plantations.
Les productions exportables sont le café et le thé
Les fermes céréalières de la Vallée du Rift sont prospères ; La zone entre Naivasha et Nakuru
concentre la plus part des plantations.
Le Kenya n’a pas de ressource énergétique ni de matière première non agricole ; L’industrie dans ces
conditions a beaucoup de mal à se développer.
La construction d'usines hydroélectriques sur la Tana River et la mise en service de l'énorme barrage
de Turkwell ont amorcé une réduction de la dépendance énergétique.
Les partenaires commerciaux à l’exportation sont : la Grande Bretagne, la Tanzanie, l’Ouganda et
l’Allemagne.
Les parcs nationaux.
Le tourisme est la première source de rentrées de devises.
Inaugurés au temps de la colonie, le système des parcs nationaux kenyans est l'un des plus anciens
d'afrique.
Il compte aujourd'hui plus de 50 parcs et réserves y compris plusieurs réserves marines jalonnant la
côte de l'océan Indien.
Le seul parc de Tsavo avec plus de 20 000 km² est aussi grand que l'État d'Israël
Néanmoins, le taux de chômage reste autour de 40%.
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Un peu d'histoire
En 1498, Vasco de Gama après avoir fait le tour de l'Afrique par le
cap, atteint Mombasa et Malindi.
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Puis en 1505, Francisco d’ Almeida s'empara de Mombasa après un
combat de rue acharné.
Sur la côte, la confusion n'a pas cessé de régner à cette époque car les sultans et émirs indépendants
de chacune des petites villes côtières étaient en guerre les uns contre les autres ; Ils appelèrent à
l'aide les arbitres étrangers portugais qui n'attendaient que ça !
En 1593, les Portugais s'installèrent en force à Mombasa où ils construisirent l'imprenable fort Jésus
qui ….fut pris par les Turcs en 1698.
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Des missionnaires, armés de leur bible, vont percer les premiers mystères du continent noir en 1844 ;
Le premier missionnaire à débarquer sur la côte de Mombasa était un protestant allemand :
Johann Ludwig Krapf.
Encouragé par un monde commerçant à la recherche de débouchés et par un clergé en manque
d'âmes à convertir, le Royaume-Uni va se faire le chantre de l'exploration de l'Afrique.
Les Anglais, après l'abolition de l'esclavage en 1848, prirent position sur cette côte de l'océan Indien
pour protéger la région des esclavagistes arabes.
Puis en 1863 le révérend Charles New, un missionnaire aventurier méthodiste, explore l'Afrique de
l'Est et est le premier occidental à parvenir à la limite des neiges éternelles du Kilimandjaro en 1871.
Un grand nombre de missionnaires se sont succédés jusqu'en 1893 date à laquelle l'Angleterre a pris
en main la gestion des Colonies d'Afrique de l'Est en proclamant le protectorat de l'Est Africain par
unification du Kenya et de l'Ouganda.
Il s'agissait pour les Britanniques de contrôler les sources du Nil afin de mieux renforcer la présence
anglaise en Égypte.
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Ce fut l'époque de David Livingston
et de son collègue Stanley ;
l'Afrique de l'Est fut alors partagée par les Anglais et les Allemands qui s'installèrent au Tanganyika
(actuelle Tanzanie) en 1886.
L'exploitation la plus rentable de la région était le commerce de l'ivoire, principale richesse du pays; Il
fallut donc créer un moyen de locomotion entre l'Ouganda et la côte est à Mombasa.
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En 1895 commença la construction d'un chemin de fer avec une main-d’œuvre
hindoue.
Ces travaux connurent des épidémies, inondations et des attaques de fauves qui se succédaient sans
répit et laissèrent peu de survivants.
Les travaux durant les six années de construction pour s'achever en 1901 auront coûté plusieurs
centaines de vies d'ouvriers indiens.
Les années qui suivirent virent arriver en masse de nombreux colons européens voulant exploiter des
pâturages d'altitude de qualité exceptionnelle mais qui appartenaient pour la plupart au peuple
Massaï.
Le pays de l'homme blanc était né.
À la fin de la première guerre mondiale, le pays est alors officiellement baptisé Kenya est déclaré
colonie de la Couronne Anglaise.
Le réveil africain est surtout le fait de l'ethnie Kikuyu en 1924.
D’autres ethnies vont bientôt les suivre et se regrouper au sein de différentes associations pour
combattre le gouvernement colonial et réaliser une plus juste répartition des terres.
En 1940 fut crée l'Union Africaine du Kenya (KAU) ; Bien qu'étant officiellement un organisme
interethnique, sa direction n'en était pas moins assurée par des Kikuyus et sa présidence a été
confiée à Jomo Kenyatta.
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Ce nouveau mouvement qui représentait l’ensemble des populations du Kenya pris la tête d'une
politique de revendications pour l'indépendance.
C'est alors qu'éclata un conflit sanglant entre les colons britanniques et les africains regroupés en une
association politique qu'on appela les Mau Mau.
La révolte des Mau Mau avait commencé.
En 1952, plus de 250 000 Kikuyus ont prêté un serment Mau Mau et il s'ensuit une vague de
destruction de propriétés coloniales et surtout des assassinats en masse des Kikuyus restés loyaux à
l'égard des autorités.
L'organisation des Mau Mau est alors interdite et Kenyatta est condamné à sept ans de prison.
L'état d'urgence fut décrété dans les communautés rurales en pays Kikuyu.
L'indépendance est finalement proclamée le 12 décembre 1963.
Le Kenya est devenu indépendant sous l’impulsion de Jomo Kenyatta
qui restera à la tète du pays jusqu’à sa mort en 1978, date de la prise de pouvoir de l’actuel président
Daniel Toroitich arap MOI.
Le Kenya n'a pas complètement échappé aux maux de l'Afrique et en particulier à l’affrontement des
différentes tribus en compétition pour le pouvoir.
Le pays est doté d'une constitution qui définit les pouvoirs des différents organes gouvernementaux.
Le Président est à la fois chef d’état et chef de gouvernement.
Le pouvoir législatif est partagé entre le Président de la République et l'assemblée nationale.
Cette assemblée nationale se compose de 170 membres.
Le pouvoir exécutif est représenté par le Président de la République, le vice président et les ministres
qui sont par ailleurs tous membres de l'assemblée nationale et choisis par le Président.
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Kenya pratique
Aucune vaccination n’est obligatoire mais la vaccination contre la fièvre jaune et un traitement
antipaludéen sont très vivement recommandés
La monnaie du pays est le Shilling Kenyan : KES
Le dollar américain est la monnaie la plus utile au Kenya. Un dollar vaut 79 KES
Les cartes de crédit sont régulièrement utilisées chez les libraires, les supermarchés, boutiques de
souvenirs et dans les hôtels ; Il est possible de retirer de l'argent avec des distributeurs dans les
grandes villes comme Nairobi ou Mombasa.
Le courant électrique
Les appareils français prévus pour le 220V peuvent être branchés sans risque mais il faudra un
adaptateur
De nombreux dialectes sont parlés mais les langues officielles sont l’Anglais et le Kiswahili.
Décalage horaire
Le Kenya est en avance d'une heure sur la France en été et de deux heures en hiver.
Quand il est midi à Paris, il est 13 heures à Nairobi en été et 14 heures en hiver
Le climat
Le Kenya est traversé par l'Équateur ; Le soleil se lève toute l'année vers six heures ou 6h 30 le matin
et se couche entre 18h30 ou 19h.
Le climat est généralement sec et ensoleillé.
Il y a deux saisons des pluies :
La première de la fin mars à la fin mai et la deuxième à l'automne.
Ces pluies tombent souvent en fin d'après-midi après une journée fraîche et ensoleillée ; Elles sont
beaucoup moins abondantes que les moussons asiatiques.
Les régions subissent les lois de l'altitude et de l'alternance des vents des moussons venues de
l'océan Indien :
Sur la côte, le climat est tropical avec un air chaud et humide mais les vents de moussons tempèrent
le climat toute l'année.
- D'octobre à mars, un vent doux et continu souffle du Nord Est ; Cet alizé amène quelques petites pluies au mois de novembre.
- Janvier et février enregistrent les plus fortes températures ; C'est la saison de la pêche et de la plongée.
- D'avril à septembre le vent souffle violemment du Sud Est en important des pluies qui durent de mai à juillet avec une mer houleuse.
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Quelques Régions
Nairobi
Ville équatoriale située à 1680m d’altitude, elle peut être très fraîche.
En 1896 le plateau marécageux qui sert de frontière aux Kikuyus et aux Massais n’est que le lit d’une
rivière qui descend des collines de Ngong.
C’est un endroit paisible pour faire paître les troupeaux et c’est cet endroit qui a été retenu pour
entreposer le matériel nécessaire à la construction de la voie ferrée en 1898.
Une véritable ville apparaît dés 1906 avec 7 quartiers différents dont un quartier européen avec des
villas résidentielles.
En 1907 la ville champignon du Far West devient la capitale du pays.
Aujourd’hui il s’agit d’une ville aux gratte ciels d’allure internationale comme la tour ronde du Kenyatta
Conférence Center.
Il s’agit d’une ville aérée entre coupée de parcs soignés. Elle se visite à pieds et sa position centrale
prés du Mont Kenya en fait une base de départ pour des excursions dans tout le pays.
Dans la même journée, on change perpétuellement d’ambiance entre les temples consacrés à Shiva,
les immeubles aux petites fenêtres de style britannique et les couleurs multicolores des boubous
africains.
Citons comme lieux touristiques : L’aquarium marin ; Le parc aux serpents ; L’arboretum et
éventuellement le Musée National.
Le parc national d'Amboseli (220km de Nairobi)
C'était l'un des endroits préférés d'Hemingway.
C'est aussi le parc le plus proche de Nairobi et de ce fait il est très fréquenté.
Un lac souvent à sec est entouré d'une savane ouverte dominée par des acacias parasol.
Au centre du parc, une colline bien placée peut servir de poste d'observation pour admirer le
Kilimandjaro.
Le Kilimandjaro, situé en territoire tanzanien, est le principal attrait de ce parc ; On peut l'admirer
particulièrement le soir lorsque les nuages se dissipent car il est, la plupart du temps, entouré de
nuages dans la journée.
Les buffles et les éléphants y sont nombreux ; Les girafes y abondent et côtoient les troupeaux de
gnous mêlés eux-mêmes aux hordes de bubales ou de zèbres.
On notera pour mémoire les habituelles gazelles Grant, Thomson ainsi que les Impalas que l'on
retrouve partout.
Au nord du parc s'observent les hyènes, les lycaons ainsi que les chacals.
L'une des vedettes du parc et l'otocyon renard à larges oreilles.
Dans les marais, la population des échassiers est considérable : ibis, aigrettes, avocettes, cigognes
sont omniprésents.
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Le parc national de Tsavo
Tsavo West :
Limité au nord par la route de Nairobi à Mombasa et au sud par la frontière tanzanienne.
Ce parc offre une étonnante variété de paysages et une grande richesse de vie animale sur 7000Km2
de savane arbustive.
La partie nord est la plus facile à visiter et c'est là que la faune s'observe le plus couramment.
Hormis les éléphants, aussi nombreux ici qu'à Tsavo Est, la principale attraction du parc vient de
hardes d’herbivores : Buffles, zèbres, oryx, koudous.
La grande attraction naturelle de ce parc ouest est constituée par les sources de Mzima : Source au
débit fantastique de 10 millions de litres à l'heure ; L'eau filtrée par la lave des sols environnants est
d'une grande limpidité.
Ces eaux sont canalisées jusqu'à Mombasa par des pipelines mais constituent quand même 2 lacs
sur des niveaux différents reliés par une petite cascade.
Tsavo Est
Au nord de la route de Nairobi - Mombasa, Tsavo Est s'étend sur plus de 13 000 km².
Il s'agit d'espaces arides et monotones à type de savane arbustive ; Néanmoins le plateau est connu
pour son extraordinaire concentration d'animaux en particulier des troupeaux d'éléphants.
Il faut 150 kilos de fourrage par jour pour nourrir un éléphant ; La dévastation du paysage va bon train
dans ces conditions !
Les lions ont fait la réputation de ce parc ainsi que beaucoup d'autres carnivores comme les
guépards, le chacal et la panthère.
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Mombasa
Situé à 500 km de Nairobi, il s'agit de la deuxième ville du Kenya et le seul port important du pays.
Trois ponts plus un ferry relient le continent à l'île sur laquelle est construite la ville.
On s’est beaucoup battu à Mombasa et les maisons arabo africaines du 15 ème siècle ont disparu.
Les maisons avec leurs moucharabiehs ou balustrades sculptées y sont fortement arabisées.
Le caractère oriental de la ville est accentué par la présence des Indous qui font le commerce des
épices.
Fort Jésus :
Exemple d’architecture militaire du 16 éme siècle ; Il a été bâti par les portugais en 1593 pour protéger
l’accès au port.
Il fut investi et repris de nombreuses fois par les arabes.
Il fut converti en prison par les anglais ; Il est occupé actuellement par les services de National
Museum of Kenya.
La Tanzanie
Situé au sud du Kenya, la Tanzanie avec ses 946 000 km2 est le plus vaste pays de l'Afrique de l'Est.
Baigné à l'Est par l'Océan Indien, ce territoire est entouré par huit pays différents :
le Kenya et l'Ouganda au nord
le Congo démocratique (ex Zaïre), le Burundi et le Rwanda à l'ouest
la Zambie, le Malawi et le Mozambique au sud.
Au Nord Ouest se situe le lac Victoria et au sud Ouest le lac Tanganyika.
Ce pays est constitué pour l’essentiel de grandes plaines, de lacs immenses et de hautes montagnes.
La majeure partie du pays est formée par des hauts plateaux dont l'altitude oscille autour de 1500 m.
Nous retiendrons comme point fort de ce pays ses deux sommets qui le séparent du Kenya : le mont
Kilimandjaro à 5895 m et le mont Meru à 4500 m.
Les parcs de Tanzanie sont moins nombreux qu'au Kenya mais ils sont beaucoup plus étendus ; En
particulier le Serengueti où les animaux y naissent, y grandissent et se reproduisent pour y passer leur
vie.
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Le nom de Tanzanie est formé par la contraction lors de l'indépendance en 1961 des deux régions : le
Tanganyika (TAN) et Zanzibar (ZANIE).
Les villes les plus importantes sont Dar El Salaam ancienne capitale, Arusha et l’île de Zanzibar.
En 1886, les allemands s’installèrent au Tanganyika et construisirent les voies ferrées mais les terres
se révélèrent impropres à la culture ; La mouche tsé tsé rendit l’élevage impossible sur de vastes
zones ;
De ce fait les régions les plus propices à l’agriculture ont été cantonnées à la bande côtière et au pied
des monts Meru et du Kilimandjaro.
A la fin de la seconde guerre mondiale, le territoire fut remis par les allemands sous mandat anglais.
En 1961, le Tankanyika acquit son indépendance et fut rejoint par l’île de Zanzibar (sous protectorat
anglais) en 1963 pour former la Tanzanie.
Le parc national de Tarengire
De taille moyenne comparée à ses voisins, il s'étend sur 2600 km² et se situe à 1100 m d'altitude.
Jusqu'à sa fondation en 1970, les pasteurs nomades Massai y vivaient.
Aucun village aujourd'hui n’est situé à l'intérieur de ce parc qui offre de vastes paysages de plaines
vallonnées et parsemées de nombreux baobabs.
Il n'y a pas de cratère de volcan ni de sommets enneigés ; Le territoire est traversé du nord au sud par
la rivière Tarengire qui a donné son nom au parc ; Cette rivière sert d'abreuvoir à des milliers
d'animaux assoiffés en saison sèche (de juillet à novembre) dont les zèbres, des buffles, des
éléphants, des girafes, les élans, les bubales, les impalas, les phacochères.
On y trouve aussi quelques grands prédateurs tels que les lions et les panthères.
Le couvert végétal est largement dominé par de véritables champs de baobabs ; Le parc inclus aussi
des zones d’acacias qui constituent un habitat idéal pour les impalas.
Le parc national du lac Manyara
Il a quelque chose d'unique : il s'agit d'une immense vallée (Rift vallée) dont le fond n'est que
partiellement occupé par un grand lac et un morceau de forêt tropicale dans sa partie nord ouest.
Le lac s'étend sur une quarantaine de kilomètres du nord au sud et une quinzaine de kilomètres d'est
en ouest.
En saison sèche, les rives du lac se découvrent et de nombreuses zones marécageuses et humides
apparaissent où viennent s'abreuver de nombreux animaux.
Sur sa partie ouest, la vallée du Rift est bordée d’un long et haut escarpement rocheux qui forme une
sorte de balcon surplombant le lac et constitue un lieu d’observation idéal.
Ce parc fut créé en 1960 ; Plus de 380 espèces d’oiseaux y ont été recensées mais il est surtout
célèbre pour ses lions qui se reposent dans les acacias.
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Ethiopie un pays fascinant Florence et Pierre
Nos valises pas encore remisées après notre séjour au Rajasthan, nous retrouvons à Roissy ce 3
décembre 2010 quelques amis de l’asps pour un vol à destination d’Addis Abeba-Ethiopie.
Ethiopie, pays complexe, à la fois proche de nous par sa culture chrétienne et difficile à
appréhender dans nos logiques occidentales. Un pays qui souffre surtout d’une récurrente image de
misère, peut être d’une absence d’ouverture, et surement d’une mauvaise image probablement liée
à des décennies de guérilla. Ici pas de grosses infrastructures qui risqueraient de remettre en cause
l’équilibre social et culturel, mais de nombreux hôtels construits et gérés par l’état du temps du
négus, qui auraient pu si le pays avait évolué différemment politiquement, l’aider à décoller sur le
plan touristique. Parce qu’il y a des choses fascinantes à découvrir, visite guidée pour un voyage à
effectuer les yeux grands ouverts.
Arrivée matinale à Addis, 2400m, troisième capitale la plus haute du monde. C’est la fraicheur qui
nous accueille et pour se réchauffer de nombreux hommes portent la traditionnelle Chama, une
pièce de drap blanc rectangulaire avec laquelle ils couvrent la partie supérieure du corps et la tête.
Le temps de poser nos valises à l’hôtel et c’est le départ pour une visite de la ville. Situé dans un des
ex palais d’Hailé Sélassié l’université abrite le musée ethnologique. Ici pas de photographies si vous
ne vous acquittez pas d’une taxe, votre appareil est déposé dans une armoire fermée à clé jusqu’à
votre sortie de l’établissement. Y sont exposés toute une série d’outils, d’objets d’artisanat, de la vie
quotidienne des différentes ethnies, et elles sont nombreuses, qui constituent le peuple Ethiopien.
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Une reconstitution des appartements du négus avec chambre à coucher et salle de bain nous
confirme la petite taille de l’empereur. C’est ici même qu’il mourut dans des conditions
mystérieuses en 1975. Le début d’après midi est consacré à la découverte du musée archéologique
qui recèle de nombreux vestiges préhistoriques dont toute une série de cranes découverts dans
cette région d’Afrique et qui retrace l’évolution de l’homme. La pièce maitresse du musée est une
copie du squelette reconstitué de l’australopithèque Lucy découvert dans l’est de l’Ethiopie. Un
petit bout de bonne femme d’environ 1m20 qui n’est pas sans nous rappeler la taille de
l’empereur…mais la comparaison s’arrête là !
Tafessa notre guide nous ayant assuré de la tranquillité du centre d’Addis Abeba, nous décidons
Florence Babette et moi de parcourir à pied les 3 à 4 km qui nous séparent de l’hôtel. Sur les larges
avenues du centre ville circulent de nombreux taxis bleus « Fiat » pour la plupart, d’une vétusté
incomparables au milieu des voitures officielles et des rares véhicules de particuliers. Surprise,
arrivés sur une grande place circulaire entourée de bâtiments ministériels lugubres et décrépis,
symbole des grandes heures du communisme, nous découvrons un escalier grillagé dont les
marches sont envahies par une foule d’hommes assis absorbés par la lecture du journal. Ici le
journal se loue et la lecture se fait sous la
surveillance des propriétaires.
Une nuit n’étant jamais synonyme de
sommeil réparateur pour les touristes que
nous sommes, les paupières sont
rapidement lourdes.
Réveil matinal pour décollage prévu à 7
heures pour le lac Tana et les chutes du Nil.
Ah l’Afrique …. Prévu à 7 heures puis 8
heures….. puis 9 heures enfin décollage à 9h30 pour une petite heure de vol jusque Bahar Dar. Une
trentaine de km de route et de piste nous amènent à proximité du Nil Bleu que nous franchissons
en barque et après une petite demie- heure de marche nous voici au pied des chutes de Tissisat. La
construction d’une centrale électrique et d’un barrage en amont prive malheureusement le site de
son intérêt originel en diminuant considérablement le débit du fleuve ce qui altère l’un des plus
beaux sites d’Afrique. Même si comme nous avons pu le constater, la partie existante des chutes
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fait toujours le bonheur des visiteurs Ethiopiens ivres de joie au milieu de l’aérosol dégagé par cette
impressionnante chute d’eau.
Il est bien connu que la marche ouvre l’appétit aussi à
peine arrivés au magnifique Kiriftu lodge sur les rives du lac
Tana, nous prenons la direction de la salle à
manger.
Ayant entendu dire qu’il était impardonnable de faire escale, ne serait ce qu’un seul jour, sur le sol
Ethiopien sans gouter l’incontournable galette d’Injera, quelques un d’entre nous tentent
l’expérience. Il s’agit d’une grande galette fermentée et spongieuse, au gout acide préparée avec de
la farine de tef (de son vrai nom eragrostis tef) une céréales qui produit des grains plus petits
qu’une tête d’épingle et qui pousse partout ou presque en Ethiopie. Accompagnée de sauce
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pimentée (wat) préparée à base de condiments et de beurre fondu savamment associés on partage
entre amis le même grand plat posé traditionnellement sur une petite table de vannerie. Pour ce
qui est du goût je laisserai au voyageur que vous êtes la responsabilité de son appréciation ! Sans
compter l’effet ravageur du plat sur le tube digestif de Bernard et Pascale !!
Une demie- heure de bateau pour traverser le lac Tana jusque la péninsule de Zéghé où nous
visiterons notre première église. Vingt minutes de marche en montée et chemin faisant nous
rattrapons une maman avec ses deux jeunes
fillettes lourdement chargées de bidons d’eau
prélevée
dans le lac. Une eau boueuse, trouble, paradis des moustiques et autres insectes qui sert à la
cuisine, la toilette mais aussi d’eau de boisson…….. Je soulage la plus jeune des fillettes en lui
portant son bidon. Un large sourire traverse son visage……..
Uhra kidane Mehret est une église semblable à de nombreuses présentes en Ethiopie, circulaire
entourée d’un déambulatoire où ont lieu les cérémonies religieuses, protégée par l’avancée d’un
toit soutenu par de nombreux piliers autour de
l’édifice.
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Toutes
les parois sont recouvertes d’anciennes peintures religieuses du 18e siècle reprenant les différents
thèmes de la rédemption depuis l’annonciation Jusqu’à la passion du Christ en passant par la
nativité, le baptême, le mont des oliviers, la descente aux enfers
etc…
Une débauche de peintures un peu fouillis, mais aussi des objets de culte inaccessibles au public sur
lesquels veillent jalousement les prêtres et quelques gardes armés.
Le lendemain est une journée de transfert vers le parc du Simien. De chaque coté de la route des
cultures à perte de vue, de nombreuses petites parcelles et ici point de tracteurs ni de matériel
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motorisé. Des hommes , des femmes, de nombreux enfants, tous à la peine, courbés sur une faux,
une faucille, une binette. Ici tout est fait à la main. Une autre époque mais toujours avec des gens
charmants et souriants. Peut-être pouvons-nous en tirer
quelques leçons .Au bord de la route nous découvrons
des plantations de khat, petit arbre qui peut atteindre 6m
de haut dans certaines régions.
Le khat, un mal utile dans le pays car bien que sa
consommation ait à long terme des conséquences
néfastes sur la santé il contribue à une certaine
prospérité de l’économie locale. Dune manière générale
l’exploitation du khat assure aux paysans un certain
revenu avec une productivité plus importante que le café par exemple. Nous nous essayons à une
séance de broutage peu convaincante, un jus âpre s’extrait des feuilles mastiquées et un peu
écœuré je recrache l’ensemble de la mixture. Mais voila qu’au bout de la piste s’ouvrent après les
formalités administratives les portes du parc du Simien.
Ce soir nous dormons au Simien Lodge, 3260m d’altitude. Des bungalows au confort un peu
rustique et à perte de vue les montagnes lacérées de gorges profondes aux impressionnantes parois
verticales. Pour nous réchauffer, Florence en accord avec notre hôte, un Anglais installé dans ce
bout du monde, part en cuisine et sous les yeux ébahis des cuistots nous prépare un typique vin
chaud savoyard que chacun appréciera devant la cheminée du grand salon.
Une bonne nuit de sommeil sous d’épaisses couvertures, un solide petit déjeuner, chaussures de
marche aux pieds, sac à dos nous partons pour une journée de découverte du Simien, région
inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
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La roche basaltique ciselée au cours des siècles par
l’érosion pluviale est découpée d’impressionnantes
gorges étroites et encaissées atteignant plus de
1500m de profondeur. Souvent comparé au grand
canyon américain, nous sommes face au relief le
plus escarpé du continent africain. Deux rencontres
marqueront particulièrement nos esprits ce jour là:
des adultes et des enfants en haillons, pieds nus,
démunis de tout.
Nous sortons de nos sacs des
chaussures des vêtements amenés de France que nous distribuons au cours de nos rencontres. Qui
sera le plus heureux ce jour là ? Ces enfants ébahis de recevoir ces chaussures, sweat-shirt, vestes
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qui leur permettrons d’affronter le rude climat de ces montagnes ou nous Européens vivant dans
notre confort douillet, ravis d’avoir apporté cette petite goutte dans un océan de pauvreté? Notre
deuxième rencontre fut d’un tout autre ordre : le face à face avec des animaux extrêmement rares,
le babouin Gelada espèce endémique du
Simien.
Assis à même le sol nous les attendons, ils arrivent par dizaines, placides, grattant le sol pour
trouver des racines qui sont la base de leur nourriture. Des males avec leur crinière abondante sur
la tête et les épaules, des femelles avec leurs espiègles petits se livrant à toutes sortes de pitreries.
La tribu nous entoure à peine deux ou trois mètres
entre nous, quel émerveillement !
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Le lendemain notre route nous mène à Gondar ancienne capitale de l’Ethiopie à partir de la fin du
15e siecle. Les rois successifs y ont construit
de nombreux châteaux et églises et c’est
dans l’une d’elle (Debré Birhan) que nous
admirons un plafond richement décoré. C’est
l’occasion de découvrir l’un des traits
caractéristiques de la peinture Ethiopienne :
des regards fascinants aux pupilles immenses
vives et captivantes.
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Notre périple touche à sa fin et cerise sur le gâteau, notre dernière halte sera pour Lalibella.
Célèbre pour ses églises taillées dans une roche relativement tendre et classées au patrimoine
mondiale de l’Unesco, cette citée vaut presque à elle seule le voyage en
Ethiopie.
Les édifices religieux monoblocs dont la taille s’est effectuée du haut vers le bas sortent du rocher
comme s’ils avaient de tous temps existés dans la masse de manière invisible. Sur les parois
intérieures, des bas-reliefs, des tapisseries, des tableaux et dans chaque recoin sombre un
capharnaüm d’objets de culte, de coffres en bois, de
tambours, de croix, de bâtons de prières ……
A Petra en Jordanie les églises ont été taillées dans la
falaise comme des grottes, ici l’église jaillit de la falaise.
Un travail colossal effectué il y a 800 ans sous les ordres
du roi Gebra Maskal Lalibella. Tout un monde de
prêtres, de pèlerins, de dévots, d’ermites circule entre
ces édifices reliés entre eux par d’étroits boyaux ou par
des tunnels creusés dans la roche.
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Tradition Asps oblige, ce soir nous allons courir. Lalibella ne connais pas le goudron, les pistes sont
caillouteuses et irrégulières, uniquement en montées ou descentes, un paradis pour Gilles
Lavigne qui aime mettre nos organismes à rude épreuve ! Quelques adolescents nous
accompagnent et nous impressionnent par leur aisance sur ces chemins en altitude. A leurs pieds de
vielles chaussures dont les semelles trouées laissent apparaitre la plante des pieds.
Rendez vous est pris pour le lendemain, nous leur
laisserons nos Nike Asics ou autres Mizuno avant notre
départ. C’est le
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grand bonheur !
De retour à Addis Abeba nous ne pouvons manquer le Merkato, qui a la réputation d’être un des
plus grand marché à ciel ouvert d’Afrique. Ce grand Bazard regroupe par quartiers les confréries
commerçantes les plus diverses mais aussi les contrebandiers de tout poil. Ici tout se marchande
âprement . Un garde du corps, espèce « d’huggy les bons tuyaux » local nous accompagne, gare aux
pickpockets et tant pis pour les photos. Pour notre dernière soirée un restaurant local nous
accueille. Au menu : injera, celle là même qui avait causé quelques déboires digestifs dans notre
groupe et hydromel, mélange d’alcool de grain et de miel. A nos cotés, un repas de mariage, nous
sommes invités à partager boissons et gâteaux avec les mariés, c’est la fête et la soirée se termine
en danses et en chansons.
Bye bye Ethiopie, un pays que j’espère vous avoir donné envie de parcourir et d’en découvrir les
richesses. Un pays dont on revient différent, forcément différent……..
Merci à Jean-Pierre Baille, encore un voyage contraste Top niveau.
Merci aux amis Jean et Françoise, Babette, Bernard et Pascale, Chantal et Jean-Claude notre
photographe, Dominique, Michèle, sa sœur et ses amis avec qui nous avons partagé ces dix jours.
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RETROSPECTIVE
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