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HAL Id: tel-00975393 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00975393 Submitted on 8 Apr 2014 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Elements de description phonologique et morphologique du Lumbu, langue bantu (B44) du Gabon parlée à Mayumba Lea Ghislaine Gamille To cite this version: Lea Ghislaine Gamille. Elements de description phonologique et morphologique du Lumbu, langue bantu (B44) du Gabon parlée à Mayumba. Linguistique. Université de la Sorbonne nouvelle - Paris III, 2013. Français. <NNT : 2013PA030176>. <tel-00975393>

Elements De description Phonologique et … · Le système vocalique comporte des voyelles longues et brèves mais pas de voyelles ... part of the analysis is completed with the description

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  • HAL Id: tel-00975393https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00975393

    Submitted on 8 Apr 2014

    HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

    Larchive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestine au dpt et la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publis ou non,manant des tablissements denseignement et derecherche franais ou trangers, des laboratoirespublics ou privs.

    Elements de description phonologique et morphologiquedu Lumbu, langue bantu (B44) du Gabon parle

    MayumbaLea Ghislaine Gamille

    To cite this version:Lea Ghislaine Gamille. Elements de description phonologique et morphologique du Lumbu, languebantu (B44) du Gabon parle Mayumba. Linguistique. Universit de la Sorbonne nouvelle - ParisIII, 2013. Franais. .

    https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00975393https://hal.archives-ouvertes.fr

  • UNIVERSITE SORBONNE NOUVELLE - PARIS 3

    ED 268 Langage, langues : description, thorisation, transmission

    UFR Littrature, Linguistique et Didactique (LLD)

    Thse de doctorat Sciences du Langage

    La Ghislaine GAMILLE

    ELEMENTS DE DESCRIPTION PHONOLOGIQUE ET MORPHOLOGIQUE DU

    LUMBU LANGUE BANTU (B44) DU GABON PARLEE A MAYUMBA

    Thse dirige par S-tg-nooma KABORE

    Soutenue le 18 dcembre 2013

    Jury :

    Odile ISSA, Professeur, INALCO, PLIDAM (Rapporteur)

    Annie RIALLAND, Directeur de recherche mrite au CNRS, Universit Sorbonne Nouvelle-Paris 3 (Examinateur)

    Marie-Franoise ROMBI, Directeur de recherche au CNRS, M N H N, UMR 7206, (Rapporteur) S-tg-nooma KABORE, Professeur, Universit Sorbonne Nouvelle, ILPGA (Directeur de thse)

  • 2

  • 3

    Rsum

    Notre thse porte sur le Lumbu, une langue bantu parle au Gabon et au Congo. Nous avons

    choisi de travailler sur la varit parle Mayumbu (sud du Gabon). Notre approche aborde la

    phonologie et la morphologie de cette langue.

    Le systme phonologique compte quinze phonmes consonantiques et dix phonmes

    vocaliques. Le systme vocalique comporte des voyelles longues et brves mais pas de voyelles

    nasales. On note plutt un phnomne de nasalisation favorise par la prsence dune consonne

    nasale aprs la voyelle.

    Le systme tonal comporte deux tons simples haut, bas et deux tons moduls montant

    descendant. Cependant, la variation tonale est favorise par la prsence dun ton flottant haut ou

    bas en structure.

    Le systme nominal du Lumbu prsente treize classes nominales et trois classes locatives.

    Ces classes sont regroupes en douze paires singulier / pluriel. Le prfixe de classes rgit laccord

    des lments de lnonc qui lui sont dpendants : ladjectif, le dmonstratif, le possessif, etc.

    La drivation est releve aussi bien dans le domaine lexical que verbal. Tout au long de

    notre travail, nous avons procd une analyse drivationnelle en partant de la forme de base

    jusqu la forme ralise. Cette faon de faire met en avant les diffrentes tapes du processus

    drivationnel.

    Mots cls : Lumbu, phonologie, classes nominales, prradical, ton flottant, morphologie, accord en

    classe, drivation.

  • 4

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    Abstract

    This work provides a systematic description of Lumbu, a bantu language spoken at

    Mayumba, Gabon. I have chosen to focus on the phonological and morphological analysis.

    The inventory of phonemes shows 16 consonants and 10 vowels. There are no nasal vowels,

    but there is however nazalization favored by the presence of a nasal consonant after the vowel. This

    part of the analysis is completed with the description of the tonal system. There are two simple

    tones /H/ (high) and /B/ (low), and also a rising tone /Mt/ (for montant in French) and a falling

    tone /Dt/ (for descendant in French). Tonal variation is induced by a floating tone.

    There are 13 noun classes and 3 locative classes. As a rule, classes are grouped in pairs

    (singular and plural). There is no masculine.feminin distinction. The class prefix of nouns governs

    concord on all the terms that depend on the noun, i.e., adjectives, demonstratives, possessives, etc.

    All through the work I have analysed the derivational processes step by step, from the root

    upward to the surface form.

    Key words: Lumbu, phonology, noun classes, floating tone, morphology, concord.

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    Ddicace

    A Judith Eulalie GAMILLE, ma jumelle de cur en souvenir des merveilleux moments

    passs ensemble. En attendant nos possibles retrouvailles contente-toi de te rejouir pour ce

    priple enfin achev.

    A toi aussi Nancel, mon petit ange ador, ta seule prsence nous a tant combl de bonheur.

    [mw:nd nt:nd, tll bb btwm]

  • 8

  • 9

    Remerciements

    Pour commencer, je voudrais remercier Monsieur S-tg-nooma Kabore qui a accept de

    diriger cette thse. Merci pour toute lattention et la patience dont il a fait montre mon gard afin

    de faire aboutir cette longue traverse du dsert.

    Toute ma gratitude aux membres du LACITO qui mont accueillie et mont ainsi donne un

    cadre de travail agrable et adquat pour mener bien mes recherches et avec lesquels jai partag

    des moments de convivialit inoubliables.

    Jadresse toute ma gratitude Patrice Kouendolo et Rgis Ollomo Ella pour leur aide face

    mes lacunes en informatique.

    Ma dette est plus quimmense auprs du Professeur Jean Paul Rkanga du Centre de

    Linguistique Gabonaise de Libreville. Il ma ouvert les portes du centre quil dirige durant tout le

    mois daout 2010. Le Professeur Rekanga ma initie en un temps absolument trs court aux

    principes gnraux de description des langues africaines et la mthode de description des langues

    bantoues du Gabon quil propose dans son laboratoire.

    Toute ma gratitude Monsieur G. Philippson de mavoir donne mes premiers conseils

    scientifiques le jour o il ma ouvert les portes de son laboratoire Lyon en mars 2008. Merci

    infiniment.

    QuAchille Mavoungou trouve ici toute ma reconnaissance. Il a consacr un temps fou,

    malgr ses occupations, pour corriger ce travail.

    Enfin mes remerciements vont lendroit de mes parents Monsieur et Madame Gamille

    davoir cru en moi, votre amour indfectible et votre soutien restent pour moi un rempart de

    scurit et de srnit dans les meilleurs moments ainsi que pendant les moments les plus prilleux

    de mon existence. Je vous dois tout. Surtout que cette thse ma appris encaisser sans rchigner

    tous les coups inimaginables. Merci papa et maman pour cet apprentissage de la vie.

    Je remercie galement mes frres Jean, Yves, Eric, Fabrice, Tristan et mes surs Nelly,

    Lucile qui mont soutenue moralement.

    Je remercie surtout mes petits trsors Cindy et Andy qui sont la lumire qui gaie ma vie.

    Cest bien grce vous que jai pu me relever lorsque certains de mes guides avaient choisi de

    fermer les cluses avec un sourire en coin. Votre seule prsence ma permis de franchir les

    barrires et garder la tte haute.

    Que ceux que je nai pas cits trouvent ici toute ma gratitude de mavoir permis de raliser

    ce travail.

  • 10

  • 11

    Sommaire

    RESUME ......................................................................................................................... 3

    ABSTRACT ..................................................................................................................... 5

    DEDICACE ..................................................................................................................... 7

    REMERCIEMENTS ...................................................................................................... 9

    SOMMAIRE .................................................................................................................. 11

    ABREVIATIONS .......................................................................................................... 13

    SYMBOLES .................................................................................................................. 14

    INTRODUCTION GENERALE ................................................................................. 15

    1 OBJECTIF 16

    2 TRAVAUX EXISTANTS 16

    3 DEMARCHE METHODOLOGIQUE 17

    4 ENQUETE ET CORPUS 17

    5 APPROCHE THEORIQUE 18

    6 LOCALISATION GEOGRAPHIQUE DU LUMBU 21

    7 MIGRATIONS DES LOCUTEURS LUMBU 25

    8 ORGANISATION SOCIALE DES BALUMBU 26

    9 CLASSIFICATION LINGUISTIQUE 28

    10 SITUATION SOCIOLINGUISTIQUE DU GABON 33

    11 STATUT DU FRANAIS AU GABON 36

    12 STRUCTURATION DU TRAVAIL 39

    PHONOLOGIE ............................................................................................................. 41

    1 IDENTIFICATION DES SEGMENTS PHONOLOGIQUES DU LUMBU DE MAYUMBA 41

    2 TONS 75

    3 SYLLABE 83

    4 PROCESSUS PHONOLOGIQUES 92

    MORPHOLOGIE ....................................................................................................... 105

  • 12

    1 LE SYSTEME NOMINAL 105

    2 LA DERIVATIO 134

    3 SYSTEME VERBAL 184

    4 LES SUFFIXES DE DERIVATION VERBALE 206

    5 LA CONJUGAISON 230

    CONCLUSION ........................................................................................................... 289

    BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................... 293

    TABLE DES ILLUSTRATIONS .............................................................................. 305

    CARTES 305

    TABLEAUX 305

    FIGURES 305

    TABLE DE MATIERES ............................................................................................ 307

  • 13

    Abrviations

    B ton bas fixe

    BH squence tonale bas-haut

    b ton bas flottant

    H ton haut fixe

    h ton haut flottant

    C consonne

    Cl. Classe

    ASSOC association tonale

    ALVC allongement vocalique compensatoire

    EFFAC effacement tonal

    Ext extension

    Fo formatif

    Fin finale

    Fric. fricative

    IP indice personnel

    IO indice objet

    Imp. impratif

    N Nasale

    NEG. ngateur

    pl. pluriel

    PN prfixe nominal

    Postfin post-finale

    PP prfixe pronominal

    PrFi. Pr-finale

    Rad radical

    RS rgle segmentale

    RT rgle tonale

    VL voyelle de liaison

  • 14

    Symboles

    # limite de phrase ou de syntagme, limite de mot

    + limite de thme ou de radical

    - limite de syllabe

    > se ralise, devient

    [ ] limite de transcription phontique

    / / limite de transcription des units phonologiques

    | | limite de transcription morphologique

    morphme signifiant zro

  • 15

    Introduction gnrale

    Ce travail sintitule Elments de description du Lumbu (B44), langue Bantu du

    Gabon parle Mayumba . Notre tude revt dune grande importance dans ce sens o le

    Lumbu1 est une langue trs peu dcrite. Cette thse qui a pour objet dtude la description du

    Lumbu a pour but dapporter sa contribution aux travaux de description qui sont dj raliss

    sur les autres langues du Gabon.

    Au manque de documentation sajoute le nombre rduit de locuteurs, ce qui fait du

    Lumbu, une langue en danger. Le nombre de locuteurs gravite autour de 12 000 et 20 000

    locuteurs (Grimes, 1996, cit par Mavoungou & Plumel, 2010: 21).

    En somme, labsence quasi-totale dtudes majeures sur le Lumbu, le nombre rduit de

    ses locuteurs susceptible de remettre en cause sa perptuit, nous ont encore plus motive

    nous intresser tout particulirement cette langue.

    En effet, lexception de quelques analyses sommaires de la phonologie et de la

    morphologie du Lumbu par quelques auteurs comme Blanchon (1984), Mavoungou (2010) et

    Mavoungou & Plumel (2010), aucune description majeure na encore t effectue sur le

    systme phonologique, morphologique et syntaxique dans cette langue.

    LEtat Gabonais a prconis la revalorisation des langues gabonaises par linsertion de

    celles-ci dans le systme ducatif dune part et la ncessit de mieux dcrire cette langue

    stait impose nous. Do notre cursus universitaire qui aprs la matrise nous prparait

    dispenser ces langues (celles qui taient retenues) dans certains tablissements de Libreville.

    La Constitution du 23 juillet 1995 prcise que La Rpublique Gabonaise adopte le

    franais comme langue officielle de travail. En outre uvre pour la protection, la promotion

    des langues nationales.

    Cette volont portant sur la revalorisation des langues nationales sest matrialise en

    1998, lorsque le Ministre de lEducation Nationale et de lEnseignement Suprieur a favoris

    louverture du dpartement des Langues Nationales lEcole Normale Suprieure (ENS),

    pour la formation des enseignants de langues dont nous sommes les pionniers.

    Leffort ne sest pas limit la formation des enseignants, mais il a t aussi mis en

    place une structure lIPN2 pour superviser llaboration des manuels didactiques consacrs

    1 Cf. Blanchon (1984), Mavoungou (2010), et Mavoungou & Plumel (2010). 2 IPN : Institut Pdagogique National.

  • 16

    aux langues nationales. Lalphabet scientifique et lorthographe dont nous utilisons certains

    graphmes, avait dj t propos au cours des sminaires (1997-1998) par ledit Ministre.

    Il faut cependant, admettre que lenseignement des langues au Gabon ne sest jusque-

    l fait qu titre exprimental grce la motivation de la Fondation Raponda Walker, depuis

    1997. Sept langues nationales y sont enseignes de la 6me en 3me. Les supports didactiques

    sont Rapidolangue I et II proposs par ladite Fondation.

    Notre tude se propose de dcrire le systme phonologique et morphologique du

    Lumbu. Concernant la phonologie, nous traiterons aussi bien du niveau segmental que du

    niveau tonal.

    1 Objectif

    Builles (1998:187) souligne propos dune analyse phonologique quelle :

    [] comporte trois (3) principales tapes. Tout dabord, on identifie les productions

    phoniques et on dgage les units distinctives (phonmes, tons sil y en a). Ensuite, on

    identifie les traits pertinents qui diffrencient les units distinctives les unes des autres par le

    biais de la commutation. Enfin, on tudie la manire dont les units se combinent. Les

    variations sont plus visibles lorsquon prend en considration la position des phonmes par

    rapport lunit lexicale.

    Ces lignes rsument bien ce que nous avons prvu faire comme analyse synchronique

    de la phonologique du Lumbu. Nous avons souhait commencer par ltude de tout le

    systme, cest--dire la phonologique et la morphologique pour le simple fait quelles sont

    les niveaux susceptibles de prsenter une vue panoramique dune langue. Ainsi les tapes

    suivivre telles quelles sont prsentes par Builles sont les meilleurs moyens de dcrire les

    sons de la langue.

    2 Travaux existants

    Contrairement dautres langues gabonaises, le lumbu na pas fait lobjet de beaucoup

    dtudes. Ainsi, notre documentation sest donc porte essentiellement sur dautres langues

    bantu. Pour ce qui est du Lumbu, nous avons consult les quelques travaux des chercheurs

    gabonais ou trangers savoir notamment :

    P.A. Mavoungou (2002, 2010) et Saphou Bivigat (2010) ont dans le cadre de leurs

    thses fait une tude lexicographique afin de concevoir un dictionnaire lumbu-franais.

    Objectif que Mavoungou et Plumel ont concrtis en 2010.

  • 17

    Maganga - Maganga (2009), pour son Master 2 a travaill sur les emprunts du Lumbu

    au franais.

    J.A. Blanchon (1984, 1999) a fait un article sur le Lumbu. Dans son article, il traite les

    divers aspects morphologiques et tonologiques du Lumbu, Punu et Vili. Il fait un

    rapprochement entre les sons du Lumbu ceux du Punu (B43) et du Vili (H12). Il conclut en

    disant que ces parlers se distinguent clairement des autres langues voisines, par certains traits

    phonologiques: trois (3) degrs daperture des voyelles contre quatre (4) dans les groupes B10

    et B50. Il remarque la prsence dun /l/ et dun /r/ absents dans le groupe B30, ainsi que dun

    /g / absent du vili H12, qui a /t/ ou /k/ la place.

    3 Dmarche mthodologique

    Tous travaux scientifiques rpondent certaines exigences mthodologiques pour

    garantir la fiabilit des donnes. Nous avons labor un corpus portant sur les mots de la

    langue. Les enregistrements sur les bandes magntiques ont servi de base pour ce travail. Pour

    la transcription des donnes, nous avons eu recours lexprience de Monsieur Rkanga au

    Centre de Linguistique Gabon dont il est le responsable. Nous avons pass beaucoup de temps

    en bibliothque et au Centre de Linguistique Gabon pour traiter les problmes inhrents aux

    tons.

    Les phonmes sont prsents entre barres obliques // et leurs ralisations entre

    crochets []. Le systme de transcription employ dans ce travail est celui de lAPI. Les

    amnagements que nous avons apports sont :

    a) Les voyelles longues sont suivies par le signe de ponctuation (:)

    b) Le tilde est mis sous la voyelle pour indiquer les voyelles nasalises.

    4 Enqute et corpus

    Le Lumbu est une langue tradition orale. Nous avons eu recours aux informateurs

    natifs. La collecte des donnes a t ralise au cours de nos sjours au Gabon

    particulirement Libreville et Mayumba.

    Ceux-ci cumulent sept mois de travail : aot et novembre 2003, juillet- septembre

    2006, aot 2007 et juillet 2010. Notre dmarche consistait recueillir les informations par

    lenregistrement des lments sur bandes magntiques. Ces enregistrements ont constitu un

    corpus sur lequel sest base lanalyse de cette langue.

  • 18

    Pour notre tude de terrain, nous nous sommes servis de la liste de Greenberg (1987)

    et du questionnaire denqute de L.Bouquiaux et M.J.C.Thomas (1976, Vol I et 2). Le corpus

    ainsi recueillit comprend au moins quinze (15) heures denregistrements sonores, et nous

    avons rassembl environ deux milles (2000) mots en isolation ; nous avons galement ralis

    deux cent cinquante (250) phrases qui ont servi lanalyse phonologique et morphologique

    du Lumbu. Nous avons complt notre corpus par trois textes portant sur la vie quotidienne.

    Tous les enregistrements ont t transcrits au Centre de Linguistique du Gabon avec laide de

    Mr J.P. Rkanga et la participation des informateurs.

    5 Approche thorique

    Les approches thoriques que nous avons choisies pour laborer notre objet dtude ne

    prtendent pas lexaustivit. Nous ne nous intressons dans le cadre de notre tude qu la

    manire dont ces approches rendent comptent des phnomnes segmentaux et tonals de la

    langue.

    Pour dgager des phonmes segmentaux, nous avons observ les principes du

    Structuralisme. Le but est davoir un aperu de la phonologie de la langue. Nous estimons

    cette approche thorique la mieux adapte pour rendre compte des faits linguistiques du

    Lumbu.

    Du point de vu de la morphologie, nous la traitons telle quelle a t conue dans la

    thorie structuraliste. Cette approche nous a permis didentifier les morphmes et de combiner

    les units minimales (phonmes) dun corpus afin den faire des units de niveau suprieur.

    Cependant, la combinaison des phonmes ne se fait pas de faon anodine car, ces units sont

    dfinies en fonctions des environnements dans lesquels elles se trouvent.

    Par contre, les tons et les segments tant intimement lis, nous avons sollicit pour les

    besoins de lanalyse, les principes de la phonologie autosegmentale mise au point par J.

    Goldsmith (1976).

    Avant daborder vraiment notre travail, il convient de rappeler non pas lensemble des

    principes fondamentaux des thories sur lesquelles nous allons nous sappuyer. Mais, de

    prsenter quelques contours du cadre thorique dans lequel nous avons opt pour faire

    lanalyse de notre objet dtude savoir le Lumbu.

  • 19

    a) Modle Structuraliste

    Pour cette description phonologique nous avons adopt le modle structuraliste de

    lEcole de Prague telle quelle a t labore par F. de Saussure dans son Cours de

    Linguistique Gnrale (1916). Cette approche privilgie les diffrents niveaux danalyse que

    sont les oppositions selon les contextes dapparition des phonmes. La dfinition et le

    classement de ces phonmes sont faits en fonction de leur pertinence dans le systme de la

    langue.

    Dans la perspective structuraliste la langue est considre comme un systme de

    signes dont les lments se dfinissent grce aux rapports quils entretiennent entre eux. En

    effet, dans un systme, on observe deux types de relations loccurrence les relations

    syntagmatiques et paradigmatiques.

    Les relations syntagmatiques sintressent aux rapports entre les units dans un

    nonc. Daprs F.D. Saussure (1967: 170) les relations sont fondes sur un caractre

    linaire de la langue qui exclut la possibilit de raliser deux lments la fois () Et la

    combinaison se fait de faon horizontale de la chane parle .

    Les relations paradigmatiques traduisent les rapports des units qui peuvent apparatre

    dans la mme position dans un nonc. Ces relations sont bases sur le choix, les units

    figurant dans un mme contexte sexcluent mutuellement. La combinaison se fait de faon

    verticale.

    Ces types de relations sont valables aussi bien dans lanalyse phonologique que dans

    lanalyse morphologique. Dans cette perspective lon note un fort attachement la structure

    de la langue et au fonctionnement de celle-ci.

    Nous avons aussi bnfici des bases mthodologiques de certains linguistes

    africanistes en loccurrence D. Cresseils (1979, 1991). Lapplication de cette perspective nous

    permet donc de considrer la langue comme un systme hirarchis et organis o la

    dtermination des faits linguistiques est ralise par paliers. Chaque palier dispose de ses

    propres units. Ainsi, la langue est conue ici comme un bloc, dans lequel les lments se

    tiennent par rapport une hirarchisation cohrente. Par consquent, tous les lments mis

    ensemble donne une vue panoramique de la langue en tant que systme.

    b) Modle Autosegmental

    La thorie autosegmentale issue de la phonologie gnrative a vu le jour avec J.

    Goldsmith en 1976. La prise en compte des nombreuses langues africaines a conduit en effet,

  • 20

    Goldsmith remettre en question le strict principe de Linarit chre la Grammaire

    Gnrative et Transformationnelle (GGT) de Chomsky.

    Cest la Thorie labore pour tudier des relations entre les segments et les tons dans

    les langues africaines. Daprs Boltanski (1999: 40) les tons sont traits comme des entits

    part entire, placs sur leur palier, non comme des proprits intrinsques des syllabes ou

    des noyaux vocaliques.

    Elle se propose de traiter les phnomnes tonals. Dans cette perspective, les tons et les

    segments vocaliques qui portent ces tons voluent de faon autonome. Pour marquer cette

    autonomie entre les tons et les voyelles, on place les lignes dassociation dont le rle est de

    marquer la correspondance entre les lments des ordres diffrents.

    Les phonmes dans loptique auto segmentale sont reprsents par palier quon peut

    appeler palier segmental pour les segments et palier tonal pour les tons. Chacun des paliers

    dispose des lments autonomes les uns par rapport aux autres. Les lments du palier tonal

    sont associs aux voyelles du palier segmental et ou un autre ton. Dans ce dernier cas de

    figure nous parlerons du ton flottant (cf. le chapitre portant sur la syllabe)

    En Lumbu, un ton est prserv mme aprs effacement de lunit qui le porte. Cette

    unit est encore appele Unit Porteur de Ton (UPT).

    Cette approche autosegmentale a mis en place la thorie de la structure syllabique, elle

    se base sur lexplication de larchitecture de la phonologie par des principes gnraux

    hirarchiss. Encrev (1988: 165) estime que : sur une ligne autosegmentale donne pour

    toute paire dautosegments adjascents a et b, a est diffrent de b.

    Nous illustrons ces propos comme suit :

  • 21

    6 Localisation gographique du lumbu

    Le Lumbu, qui revt diverses dnomminations que sont yi-lumbu ou i-lumbu; est une

    langue bantu parle la fois au Congo et au Gabon par le groupe socio-culturel qualifi de

    Balumbu ou Lumbu.

    Au Gabon, Les Balumbu du Gabon ctoient les Bapunu Tchibanga, Mongo,

    Moulengui-Binza dans la province de la Nyanga ainsi que les Vili Mayumba dans la mme

    province, dune part. Ils cohabitent avec les Bavarama, les Bavungu dans la province de

    lOgoou-Maritime, dautre part. Ainsi, les principales zones de rsidence des Balumbu sont

    la Nyanga (Tchibanga, Mongo, Moulengui-Binza et Mayumba) et lOgoou-Maritime (Sett

    Cama et Gamba).

    Au Congo Brazzaville, le Lumbu est parl dans les rgions du Niari et du Kouilou.

    La prsente tude porte sur la varit du Lumbu parl Mayumba dans la province de

    la Nyanga comme nous lavons soulign plus haut.

  • 22

    Carte 1:Carte administrative du Gabon (VAN DER VEEN, ELL2, 2006)

  • 23

    Carte 2 :Loango et sud-ouest du Gabon (2me

    partie du XIXe

    Sicle). Voyage de Du

    Chaillu. Peuples courtiers et hirarchies ethniques (cf. Merlet 1991: 60).

  • 24

    Carte 3 : Carte linguistique du Gabon (VAN DER VEEN, ELL2, 2006)

  • 7 Migrations des locuteurs lumbu

    Le Lumbu est la langue des Balumbu (terme analogique pour dsigner les locuteurs de

    la langue). Ce peuple trouve son histoire dans les rcits des migrations qui auraient eu lieu

    entre le XII et le XIII sicle. Si aujourdhui les Balumbu et les Bapunu (de la langue Punu B

    43) sont des voisins, certains rcits font venir les Balumbu avant les Bapunu, mais dautres en

    revanche affirment lordre contraire darrive. Lhistoire a interess quelques anthropologues

    notamment H. Deschamps (1962), Mayer (1989) pour ne citer que ceux-l. H. Deschamps

    (1962) a propos un rcit migratoire qui explique la prsence des Balumbu dans la Nyanga et

    lOgoou-Maritime partir de deux vagues successives de peuplement reprsentant une

    occupation progressive au cours de plusieurs sicles.

    Repris par Merlet (1991) :

    Les Baloumbou sont venus de Mongo, du ct de Pointe-Noire, par la savane. Ils se

    divisrent en Gango, demeurs dans la savane, et Baseri qui poursuivirent leur chemin le long

    de la Nyanga. Les pygmes (Babongo), qui leur servaient dclaireurs, revinrent en leur

    disant: Nous avons trouv une grande rivire sale dont on ne voit pas lautre bord. Les

    Baloumbou stablirent sur la cte. Cependant Miyindou fait venir les Baseri de Sett-Cama.

    Un trs grand temps sest coul depuis ces migrations. Certains Bapounou assurent

    que les Baloumbou sont venus en mme temps queux, dautres le nient

    De son ct, Mayer (1989: 200) a propos un rcit migratoire en deux grandes

    priodes:

    Cohabitation vili-lumbu au Kwilu-Nyari. Sont rejoints par les Punu qui venaient du

    Zare. Descente avec les Punu du fleuve Nyanga jusqu Massanga et Mongu. Autre groupe

    avec les Vili vers Ndindi, Sett-Cama. Mutation de langue (menana au lieu de merie).

    Etablissement lintrieur Panga

    Dans la communaut lumbu elle-mme, les versions faisant venir les Bapunu en mme

    temps que les Balumbu sont assez marginales. On retrouve une telle version chez

    Mouguiama-Daouda (1993: 60) :

    Venus par le sud, du Congo selon certains, du Zare selon dautres, les Bapunu

    constituent la dernire vague des migrations du groupe B 40. Suivant de prs les Balumbu ils

    sinstallrent dans le sud-Gabon

    Les traditions orales et les sources crites font donc venir les Balumbu de lancien

    royaume de Loango (qui faisait lui-mme partie du grand royaume de Kongo). Dans lancien

  • 26

    royaume de Loango (dans la rgion du Niari-Kouilou), les Balumbu auraient cohabit

    longtemps avec les Vili avant dtre rejoints par les Bapunu qui viendraient du Zare (actuel

    RDC). Approximativement au XIIe ou XIIIe sicles, les Balumbu auraient migr et se

    seraient installs entre les Bayaka (actuel Bapunu) et les Bavili, en claireurs, vers locan

    daprs Ratanga-Atoz (1999: 152).

    8 Organisation sociale des balumbu

    Les villages traditionnel forment une sorte de ceinture avec une grande place au centre

    o se trouve un hangar mwandz o se rassemblent tous les hommes au moment du repas,

    du repos et pour rgler les litiges. Chaque village est plac sous la tutelle dun chef du village,

    fumu bw:l . Le chef du village dcide sur les activits telle que le mariage, linitiation, la

    protection des interdits. La rpartition du pouvoir est tablie en faveur de lan. Les relations

    claniques, familiales et lignagres sont primordiales pour le regroupement des habitants. En

    effet, les membres du village sont lis par une parent de type matrilinaire. Il suffit parfois de

    parler le lumbu et dhabiter le mme village pour prtendre faire partie de telle ou telle

    famille. Et cest surtout l que la notion de Ifumba cest--dire le clan, est important, car

    les membres de celui-ci se doivent protection et assistance.

    Les relations entre les habitants du village sont hirarchises selon la pyramide des

    ges. Le respect est d aux personnes plus ges et le chef du village fm bwl est une

    personne qui a un temprament assez remarquable et une forte personnalit. Il est dsign par

    ses congnres. Son rle est dassurer la paix et la scurit des habitants, de les protger

    contre des ventuelles agressions et aussi de rgler les diffrends lamiable. Pour accomplir

    cette mission, le chef devait possder certains pouvoirs magiques qui le mettraient en contact

    avec les esprits des anctres. La notion de pouvoir dans le contexte africain est dfinie par

    Duverger (1973 :167)3, cit par Koumba-Manfumbi (1987: 167) comme :

    Une forme dinfluence ou puissance qui est tablie par les normes, les croyances et

    les valeurs de la socit o il sexerce. Son existence repose sur le fait que tous les groupes

    sociaux admettent explicitement ou non des chefs, gouvernants, dirigeants (peu importe leur

    nom officiel) auxquels est reconnu le droit de donner des ordres aux autres membres du

    groupe pour les pousser faire ce quils nauraient pas fait sans cela. Les membres du

    groupe sinclinent devant cette influence parce quils la considrent comme conforme au

    systme des normes de valeurs du groupe.

    3 DUVERGER, M. : Sociologie de la politique, P.U.F. Paris, Paris ; 1973, p.167

  • 27

    Lexprience tant lapanage des personnes ges, le pouvoir politique est la

    disposition de ces dernires qui sont en fait secondes par le conseil danciens bnd .

    Ainsi le droit danesse est de rigueur. En effet, le rle des ans est dapporter leur sagesse

    aux jeunes.

    La socit balumbu obit une organisation matrilinaire, comme la majorit des

    socits gabonaises. Les enfants appartiennent au clan de la mre. Loncle maternel m

    kts a une autorit sur la descendance de sa sur. Les neveux, bn b kts sont les

    principaux hritiers au dtriment de sa propre descendance, la mort de loncle maternel. Le

    rapport oncle/neveu repose sur le respect.

    Les mariages inter-ethniques sont admis chez les Balumbu, ils ne rejettent pas les

    mariages contracts entre une femme et un homme appartenant au mme clan. Un homme

    peut prendre en mariage un membre de la famille de son pre. Cest toujours la femme qui

    quitte sa famille pour rejoindre celle de son poux. Ce dernier nest autoris emmener une

    femme dans son domicile quaprs avoir donn une dot et des prsents de diverses natures

    sa belle-famille biwts . Par ailleurs, le divorce est accord, condition que la femme

    rembourse lintgralit de la dot son mari. Pour avoir sa place dans la socit, il faut avoir

    fait ses preuves. Un enfant doit par exemple passer une srie dpreuves physiques adaptes

    son sexe et son ge. Une adolescente ntait considre comme une femme que lorsquelle

    passait par une tape initiatique de ikumbi (vierge). Etape partir de laquelle on prpare la

    jeune fille intgrer un foyer conjugal. Cette pratique tait galement courante chez les vili

    (tikumbi), peuple qui ctoie les Balumbu. Cest seulement aprs, quelle pourrait prtendre

    au mariage.

    Les activits principales du village sont conditionnes par le rythme des saisons. Les

    Balumbu vivent de la pche, de lagriculture et de la chasse. Chaque famille dispose au moins

    dune pirogue. La pche se pratique de faon artisanale.

    Pendant la saison sche, qui intervient entre juin et aot, les Balumbu dfrichent leurs

    plantations. Ils pratiquent la culture sur brlis. Ce dur labeur est ralis par les hommes, car

    les besognes les plus pnibles leur sont rserves.

    Les Balumbu vivent des produits de la chasse, de la pche, de lagriculture ainsi que

    de la cueillette. Leurs femmes sont aussi battantes dans les activits quotiennes que les

    hommes.

    En dbut de saison des pluies, prcisment de septembre novembre, les femmes

    sactivent mettre les semences en terre. Les rcoltes se font selon la maturit des plantes.

    Des plantations de manioc recouvrent une grande partie des terres cultives. Les sols

    fertiles produisent des lgumes, des fruits, le manioc, des tarots, des ignames. Et derrire les

  • 28

    cases on trouve des ananeraies et des bananeraies ainsi que dautres arbres fruitiers. Les

    revenus gnrs par la vente des excdents des produits de la cueillette, la pche et la chasse

    permettent aux femmes dentretenir leurs familles.

    Les Balumbu croient en lexistence dun tre suprme nzmb fumu , crateur du

    ciel, de la terre et tout ce qui existe, Dieu tout puissant, lEtre en qui ils fondent tout leur

    espoir, celui qui justifierait leur prsence sur cette terre.

    Ils croient galement la prsence des gnies quils appellent bagisi , capables de

    conjurer le mauvais sort et damliorer le quotidien. Ils rendent aux gnies un culte clbr

    selon les situations qui se prsentaient eux (deuil, naissance, rcolte, etc.).

    On note lexistence dautres croyances et des rites initiatiques tels que le bwiti qui

    est rituel rserv aux hommes et le mb:mb , celui des femmes.

    En effet, chez les Balumbu, le cri de certains oiseaux permet de comprendre le type de

    message transmis ainsi que la notion de temps, car le cri dun oiseau par exemple pourrait

    indiquer lheure de la journe. Ils sont superstitieux et certains phnomnes trouvent leurs

    rponses dans le surnaturel. Le naturel cotoie le surnaturel dans la socit des Balumbu

    La mort naturelle nexiste presque pas : lon trouve toujours un bouc missaire pour la

    justifier, et cest souvent loncle qui en est responsable.

    9 Classification linguistique

    La classification linguistique a pour but de rpartir les langues en familles

    linguistiques. Rappelons quon compte deux grands types de classification que sont, la

    classification gntique qui consiste classer les langues en fonction dune parent ancienne.

    La classification typologique quant elle range les langues en fonction des critres

    linguistiques fixs ; ces critres peuvent tre morphologiques, phonologiques ou autres, ce qui

    permet de remarquer lexistence des langues classes, des langues isolantes

    Toujours est-il quon est dans une zone bantoue, o toutes les langues gabonaises sont

    ranges dans une douzaine de groupes selon les chercheurs.

    Par rapport aux donnes que nous disposons, nous nous sommes inspirs de la classification

    des langues gabonaises ralises par Van Der Veen (ELL2, 2006)4 en collaboration avec

    lUniversit de Tervuren (Belgique). Cette classification est le rsultat de la combinaison de

    trois classifications faites par Jacquot, Hombert et Kwenzi-Mikala, la plus rcente.

    4 ELL2 :cest un Laboratoire de recherche de lUniversit de Lyon 2

  • 29

    Tableau 1 : Tableaux des classifications des langues gabonaises Lgende : KM : Kwenzi- Mikala (1987) J : Jacquot (1978) H : Hombert (1980)

    GROUPE SHIRA-PUNU (B40) GROUPE TEKE (B70)

    Yesira

    Yisagu yupunu

    yilumbu

    yibwisi

    yiarama yiugu gubi yirimba

    B41

    B42

    B43

    B44

    B401 (KM/H)

    B402 (KM/H)

    B403 (KM/H)

    B404 (KM/H)

    405 (KM/H)

    latee

    tsaayi

    latsitsee

    .

    B71a

    B73a (teint ?)

    B700 (KM/H)

    GROUPE NJABI (B50) GROUPE KIKONGO (H10)

    Liduma

    Inzebi

    Itsgi Liwandzi

    Imwl Iili

    B51

    B52

    B53

    B501 (KM/H)

    B502 (KM/H)

    B503 (KM/H)

    Civili

    Non bantou

    (oubanguien)

    Baka xxxxxxxxx

    H12 ( KM /H)

    GROUPE MBETE (B60)

    Lembaama

    Lendumu

    Lempini

    lekanii

    B62 (dialecte mbete

    B61)

    B63 (dialectes: epii,

    kanandz, kuya, nyari)

    B601

    B602

  • 30

    Le Lumbu appartient la famille des langues bantu dans la zone B40 du groupe shira-

    punu sous lindex B44, dans la classification de Guthrie (1967-71). Il connat une riche

    variation dialectale qui na pas encore t tudie. En effet, on note deux varits de Lumbu

    savoir le yilumbu yi g:gu parl dans la Nyanga et le yilumbu yi mna:n parl dans

    lOgoou-Maritime. Tout au long de notre travail seront utiliss les termes Lumbu comme

    dnomination ethnoscientifique de la langue et Balumbu pour les locuteurs de cette langue.

    Les autres langues du groupe shira-punu sont les suivants:

    gisira B41

    yisagu B42

    yupunu B43

    yilumbu B44

    Kwenzi-Mikala a labor linventaire (1987, 1997) des langues Gabonaises sous la

    base de lintercomprhension. En effet, il a regroup les langues en fonction de lnonc

    introductif de la conversation dans les langues du Gabon qui se traduit par je dis que et

    chacun des groupes des langues est appel Unit-langue . Le Lumbu est class dans

    lUnit-Langue VI Mry qui se compose comme suit :

    VI- unite-langue mry 10 parlers

    1- gisira 6- yisangu

    2- givarama 7- ngubi

    3- givungu 8- civili

    4- yipunu 9- yirimba

    5- yilumbu 10- yigama

    Dans leur dictionnaire du Lumbu, Mavoungou et Plumel (2010: 26-28) proposent un

    schma de structuration du Lumbu travers les deux aires gographiques (Gabon, Congo)

    ainsi quun panorama qui fait ressortir les divers dialectes de cette langue.

  • 31

    Figure 1 : Schma de la structuratuin du Yilumbu

    YILUMBU

    YILUMBU DU

    GABON

    YILUMBU DU

    CONGO

    yiluumbu yi ghaangu

    yiluumbu yi basi kwiilu

    yiluumbu yi basi nyaari

    yiluumbu yi menaane

  • 32

    Figure 2 : Panorama de quelques sous dialectes ou parlers yilumbu autour du ylmb

    y mnn

    yl:mb y

    g ylmb

    y nd

    ylmb y Mbnd

    ylmb y

    Mg ylmb y sy

    ylmb y

    ktnd

    ylmb y

    Mymb

    yl:mb y mnn

    ylmb y

    Stkm ylmb

    y kgwt

    ylmb y

    nd ylmb y tnd

    ylmb y

    mbs

    ylmb y

    mrmb

  • 10 Situation sociolinguistique du Gabon

    Le Gabon connat une multitude de langues sur tout le territoire national qui arrivent

    mme une cinquantaine selon certains auteurs. Cependant, aucune de ces langues

    rpertories ne bnficie dun statut de langue nationale, le franais tant la seule langue de

    grande diffusion, lunique langue officielle. Il est parl dans toutes les sphres de la socit et

    les langues locales sont rduites un usage familial et informel. Ne pouvant tre en marge de

    cet engouement portant sur la valorisation des langues locales, le Gabon a mis en place une

    politique linguistique qui consisterait promouvoir et insrer les langues locales dans le

    systme ducatif.

    Toutes les langues du Gabon ne disposent pas de la mme influence au sein des

    populations. Certaines sont rserves au domaine rituel, tel est le cas du getsogo B31 qui est

    une langue trs pratique dans le culte bwiti5. Dautres assurent des fonctions vhiculaires

    selon lendroit o lon se trouve.

    Parmi les jeunes de 10 18 ans interrogs pendant notre priode de stage

    lImmacule Conception et au collge Notre Dame de Quaben (1999-2001) et dont les parents

    taient locuteurs aguris, dans ces tablissements prs de 40% ne parlaient aucune autre

    langue que le franais. Les mariages endogamiques qui avaient la possibilit de favoriser

    lpanouissement des langues ne leur permettent pas toujours dmerger, car le franais

    sutiliserait comme seule langue de communication entre les enfants et les parents ; et entre

    les membres de la famille et le monde extrieur.

    Les nouvelles gnrations non locutrices des langues locales vont en saccroissant.

    Elles se verront dans lincapacit de transmettre leur progniture les rudiments des langues

    quelles nont mme pas.

    Cependant, seules les personnes vivant dans les zones rurales o les langues subsistent

    encore sont susceptibles den faire usage, dautant plus que toutes leurs activits quotidiennes

    sont loccasion de les utiliser.

    Le Ministre de la Planification et de lAmnagement du Territoire dans le cadre du

    recensement gnral de la population de 1993 a labor au moins neufs tableaux des langues

    du Gabon selon lenvironnement dans lesquels on rencontre ceux qui les pratiquent. Nous

    avons regroup ces tableaux en un seul, pour nous permettre davoir une vue synoptique des

    5 Rite initiatique du Gabon qui a une forte influence chez les Mitsogo.

  • 34

    chiffres. Celui-ci prsente la distribution de la population gabonaise par groupes ethniques

    selon le lieu de rsidence.

    Tableau 2 : Locuteurs selon les groupes linguistiques

    Provinces Groupes ethniques

    Fang Kota-kele mbede myene Nzebi-duma Okande-tsogo Sira-punu

    Estuaire 136882 19268 21837 25162 40249 8817 101012

    Haut-

    Ogoou 2704 8458 58.185 416 18.113 901 4017

    Moyen-

    Ogoou 12.467 3.175 173 3.873 2.871 3.065 13.560

    Ngouni 1.013 2.435 192 140 22.614 11.815 35.264

    Nyanga 523 203 61 103 319 347 35.915

    Ogoou-

    Ivindo 11.443 28.985 342 98 1.045 1.087 2.103

    Ogoou-

    Lolo 763 6.357 896 88 23.221 5.107 5.157

    Ogoou-

    Maritime 10223 1.652 1.048 18.788 4.898 1.541 43.756

    Woleu-

    Ntem 82.573 818 156 99 326 114 1.170

    Depuis 1997, le Ministre de lducation nationale estime que lenseignement de nos

    langues est le seul facteur de consolidation de la relation identit culturelle et identit

    nationale . La concrtisation de cet engagement se manifeste par lorganisation de nombreux

    sminaires portant sur llaboration dun alphabet scientifique propre aux langues du Gabon

    et la mise en place dune orthographe qui permettrait de les crire.

    Jusquici, lenseignement desdites langues se fait titre exprimental. Il se base sur

    linitiative prive de la Fondation Raponda Walker qui procure aussi les documents utiliss

    par les enseignants. La Fondation a labor des manuels dapprentissage (Rapidolangue) en

    quelques langues locales (myene, fang, tsogo, kota, punu, nzebi, lembama).

    Quant lInstitut Pdagogique National (I.P.N), il a mis en place un dpartement des

    langues nationales qui a pour mission la conception des manuels didactiques et la

    normalisation des langues en vue de leur utilisation.

  • 35

    Nous convenons avec A. Jacquot (1988 :404) que La langue nationale, expression

    dune tradition locale, apparat donc, souvent, comme la touche finale qui confre au nouvel

    Etat, sa personnalit et son originalit face lancienne puissance coloniale dune part, face

    aux autres pays, et surtout aux pays voisins, dautre part .

    Notre objectif est loin de faire le contre-poids au franais, langue dj bien ancre dans

    les us de la socit gabonaise. Nous esprons plutt que les lves nourriront aussi un intrt

    pour les langues nationales.

    Une langue nationale serait un outil essentiel de communication pour la population

    gabonaise. Une langue comme objet de toute activit serait un plus, quel que soit le milieu.

    Les Gabonais seraient capables de partager ce quil y a dessentiel dans une socit

    harmonieuse. Jacquot (1988 : 412) ajoute que Cette adaptation tous les besoins de la

    communication, quil sagisse de lexpression de la tradition ou du moderne et de lactuel, est

    la condition de son utilit, et partant de l, son attrait pour la population .

    Ltude portant sur le Lumbu, souhaitons-le aura pour dessein de poser les bases qui

    serviraient ultrieurement la conception dune mthodologie dapprentissage.

    La situation linguistique du Gabon prsente un panorama diglossique avec une quasi-

    cohabitation entre le franais et les langues locales. Les fonctions les plus dterminantes de la

    socit (administration, enseignement, la politique lconomie, etc.) sont rserves au

    franais. Ces fonctions peuvent tre considres comme des fonctions hautes . Les langues

    locales quant elles servent la communication intra-ethnique ; elles sont parles sur les

    marchs et semploient dans les changes interpersonnels.

    La diglossie telle quelle est conue par Gumperz et Fishman, peut tre applique entre deux

    langues issues de familles diffrentes non apparentes, tel est le cas du franais et des langues

    du Gabon.

    Les gens sont obligs doprer un choix dans lusage de telle ou telle langue en fonction des

    activits qui les mettent en relation avec des personnes qui nappartiennent pas au mme

    groupe linguisque queux.

    Pour Ferguson (1959), lutilisation des varits seffectue par rapport des situations bien

    prcises, ces varits sont simultanes au sein de la socit. Chacune delles a un rle prcis

    jouer, cette conception permet donc de faire une distinction entre le bilinguisme qui relve le

    plus souvent de lindividu et la diglossie qui caractrise la socit.

    Chaque groupe est localis dans un lieu prcis du territoire. Compte tenu du fait que nous

    navons pas pu avoir des lments sur les chiffres exacts de locuteurs pour chaque langue,

    nous prsentons plutt le nombre de locuteurs par groupe linguistique.

  • 36

    11 Statut du franais au gabon

    Cest un pays multilingue, la communication dans toutes les strates de la socit se fait

    en franais. Le caractre officiel du franais nest plus prouver puisquil est consign dans la

    Constitution. Il assume les fonctions les plus prestigieuses, langue littraire, de la justice et

    autres domaines importants de la socit. En effet, comme le dit P. Dumont (1990, 31)6 que

    Le franais a longtemps t considr, et continue de ltre juste titre dans bon nombre

    dEtats, comme la langue de llite, du pouvoir, de la promotion sociale. Ceci reste vrai dans

    les Etats dAfrique noire francophone. Mais cette situation nest pas immuable .

    Afin de faire ressortir linfluence du franais face aux langues nationales, nous

    prsenterons un tableau ralis par M. Rebecca (2000 :187).

    Ce tableau est le rsultat dun travail qui a port sur la distribution des langues au sein

    de la socit gabonaise.

    Tableau 3 : lusage du franais face aux langues locales

    Bureau administratif

    Langues locales (L) Franais (Fr) Alternance (A)

    10.8%

    0%

    69.2%

    89.0%

    11.0%

    Amis en brousse

    Au village

    85.4%

    88%

    2.3%

    5.5%

    3.8%

    6.4%

    Camarades

    collgues

    amis

    12.3%

    0%

    0%

    50.8%

    96.3%

    56.9%

    2.3%

    3.7%

    4.0%

    Patron/ matre

    Suprieur/professeur

    9.2%

    0%

    59.2%

    95.4%

    4.6%

    A table

    A la maison

    89.3%

    31.2%

    1.5%

    42.2%

    2.3%

    26.6%

    Il ressort donc de ce tableau une appropriation trs marque du franais face aux

    langues locales, pris ici comme une langue indispensable, incontournable, moderne et langue

    de prestige.

    6 DUMONT, P. 1990. Le Franais langue africaine.

  • 37

    On constate que lusage du franais est rserv aux structures publiques, aux

    environnements o lon a la possibilit de retrouver toutes les couches sociales et tous les

    reprsentants de chacune des langues du Gabon. En effet, le franais est une langue dont les

    Gabonais font usage pour tablir facilement la communication avec autrui. Ce choix de

    langue peut la limite paratre rglement au lieu dtre spontan, au mieux naturel.

    Ce choix peut aussi sinterprter comme une marque de respect son statut

    professionnel.

    Langue de toutes les instances, le franais est obligatoire dans les situations tatiques

    et interethniques. Il favorise la communication entre les personnes qui nont pas la mme

    langue maternelle.

    Ainsi, lusage du franais simpose suivant les contextes. Si lon veut rellement faire

    des tudes suprieures, le Gabonais na dautres choix que dapprendre en franais. Car

    aucune des langues locales na ce pouvoir pour linstant daccorder ce privilge qui consiste

    la russite sociale.

    La prpondrance du franais peut aussi sexpliquer par cette tendance de le prendre

    pour une langue dlite susceptible de propulser celui qui la dtient vers des hauts sommets.

    Le franais est de ce fait favorable cet effet linsertion sociale et professionnelle.

    Cest une langue qui permet davoir une ouverture vers le monde extrieur.

    En effet, le franais dtient sa supriorit par le simple fait quil est ldifice mme de

    lEtat, le vhicule privilgi des nantis africains. Le franais est aussi le mdium exclusif

    du savoir scolaire et universitaire.

    Les travaux de Zang Bie et Emejulu (1999) inspirs dun tableau de Fisherman (1991)

    ont constat que les langues du Gabon sont classes aux stades 6, 7, 8.

    Le stade 6 : ce stade correspond aux enfants qui apprennent la langue par le biais des

    parents, du voisinage et des communauts ;

    Le stade 7 : ici, la langue reste limite aux vnements et crmonies culturelles ;

    Le stade 8 : la langue est parle par quelques personnes ges. Elle est voue

    lextinction.

    Les langues gabonaises sont relgues au bas de lchelle sociale et sont exclues de la

    vie publique.

    Il est tout de mme ncessaire de reconnatre quil existe une coexistence tolre entre

    le franais et les langues nationales, bien que ces dernires ne soient voues qu un usage

    familial ou crmoniel, initiatique. Elles sont peine reprsentes dans les mdias.

    Cette coexistence nous laisse penser quil rgne au Gabon une diglossie, au sens de

    Furguson. La diglossie est, dans le cadre du Gabon tolre .

  • 38

    Car comme lcrit Davesne (1933 : 4)7 cit par Dumont (1983 : 202) La langue

    franaise est un incomparable instrument de civilisation et les langues africaines les

    dialectes uniquement parls, lextension singulirement limite .

    En effet nous avons dun ct une langue haute qui est le franais et une langue

    basse , catgorie dans laquelle nous rangeons toutes les langues vernaculaires.

    Cependant, le franais du Gabon peut avoir une certaine originalit, comme on le

    rencontre dans les autres coins de lAfrique francophone dailleurs.

    Il est imprgn des termes venus de nos langues locales qui viennent enrichir le

    franais en leur donnant un sens originel propre au Gabon. Comme le souligne M. Chansou

    (1989 :101)8 la langue a d faire face dnormes dnominatifs pour dsigner des nouvelles

    ralits () importes

    Car, nous avons cette possibilit de retrouver des termes puiss dans les langues

    nationales insrs dans les phrases bties en franais. Bien videmment ces mots ont plus une

    coloration hybride.

    Pour A. Jacquot (1979 :493)9 cinq types de langues peuvent tre reconnus au Gabon

    en fonction de leur contexte sociologique : le franais, langue officielle ; les langues

    vernaculaires propres une communaut humaine gographiquement localisable ; des langues

    vhiculaires, le franais et les variantes du franais, langues locales ; des langues spciales,

    langues secrtes rituelles ; les langues propres certaines minorits dimmigrants dont lusage

    ne sort pas de ces communauts .

    Compte tenu de la place de choix quoccupe le franais, est-il possible quil soit

    considr comme une langue maternelle (LM), langue seconde (LS) ou une langue trangre

    (LE) ?

    Lusage du franais et des langues gabonaises sur le territoire est un indicateur de

    bilinguisme envelopp dun soupon de diglossie qui ne dit pas son nom. Il existe de ce fait

    un rapport dingalit sociale.

    Nous nous sommes inspirs des travaux raliss par Idiata (2002: 81) sur la vitalit des

    langues gabonaises dans un environnement urbain pour montrer le comportement des lves

    face aux langues. Ainsi, lanalyse faite par lauteur donne les rsultats suivants prsents sous

    forme de tableau.

    7 Davesne, A., 1983, La langue franaise, langue de civilisation en Afrique Occidentale Franaise, Saint-Louis.

    P.4.

    8 Chansou : 1989, P101. Rf du doct. 9 Jacquot :1979, P 493

  • 39

    Tableau 4 : des pourcentages des langues utilises par les enfants

    Ethnies Langues

    parles

    A la

    maison

    Avec la

    mre

    Avec le

    pre

    Avec

    frres et

    soeurs

    Avec

    camarades

    de jeux

    Avec

    grands

    parents

    fang fang 29.03 12.90 7.52 2.41 0.26 22.04

    franais 39.78 48.11 64.51 84.67 97.58 22.04

    masangu Isangu 15.38 7.69

    franais 38.46 30.76 38.46 76.92 92.30 7.69

    Nzebi nzebi 26 2.5 3.33

    franais 53.33 45 60.83 65.83 91.66 18.33

    Kota kota 23.07

    franais 53.84 7.69 15.38 84.61 100

    Myene myene 14.29 7.14 7.14

    franais 57.14 57.14 76.19 90.47 100 30.95

    Gisir gisir

    franais 86.66 33.33 40 53.33 93.33 13.33

    Obamba obamba 5.00

    franais 60.00 70.00 80.00 100 100 5.00

    Punu punu 13.25 3.61 6.02 9.63

    franais 62.65 32.53 55.42 80.72 97.59 16.86

    Teke teke 8.00

    franais 64.00 52.00 60.00 92.00 100 24.00

    Ce tableau nous montre la place que les langues gabonaises occupent dans les

    pratiques linguistiques quotidiennes des jeunes.

    On remarque que certaines langues ne sont presque pas usites, sauf lorsque les

    enfants se retrouvent auprs des grands-parents.

    12 Structuration du travail

    Dans notre introduction nous avons prsent les contextes sociolinguistique,

    gographique, social et linguistique des Balumbu et nous avons donn un aperu du contexte

    global du milieu dans lequel se pratique la langue.

  • 40

    La prsente description sarticule autour de deux grandes parties : la phonologie et la

    morphologie du Lumbu.

    La partie phonologie commence par lidentification des phonmes vocaliques et

    consonantiques ; elle procde ensuite la dfinition et au classement des phonmes

    rpertoris dans la langue. Vient enfin lexamen des tons et ltude de la syllabe qui clt cette

    partie.

    La deuxime partie -la morphologie- comprend deux chapitres : le systme nominal et

    le systme verbal. Ltude de la morphologie nominale dbouche la prsentation des classes

    nominales qui ont un rle primordial sur les accords de classes en Lumbu.

    Quant la morphologie verbale, elle est organise par la prsence dun certain nombre

    de morphmes varis qui sont accolls au radical verbal. Ainsi, la forme verbale est donc

    constitue dun indice sujet, dun marqueur de temps, ainsi des morphmes dextension, pour

    ne citer que ces quelques lments. Cette partie sera close par la conjugaison.

  • 41

    Phonologie

    La phonologie se fonde sur lanalyse des phonmes. Traditionnellement, le phonme

    se dfinit comme une unit qui se caractrise par sa valeur distinctive. Pour dterminer les

    phonmes du Lumbu, nous avons fourni les chantillons de paires minimales qui mettent en

    vidence la fonction distinctive des phonmes. Ainsi, les phonmes sont considrs travers

    la mthode de commutation.

    Cette mthode consiste mettre en parallle les mots de la langue plus ou moins

    identiques sur le plan phonique. Pour ce faire, nous avons tenu compte de toutes les positions

    que le phonme occupe dans le mot. Les mots mis en opposition appartiennent une mme

    catgorie grammaticale.

    Le Lumbu tant une langue tons, nous avons tenu compte des tons des voyelles de

    ces paires minimales afin de souligner lidentit phonmique et lenvironnement tonal des

    substantifs opposs.

    Nous prsentons dans cette partie les rsultats de notre analyse du systme

    phonologique. Nous commenons dabord par dterminer le statut phonologique de ces

    segments. Nous procderons ensuite la dfinition et au classement des phonmes que nous

    aurons identifis.

    1 Identification des segments phonologiques du Lumbu de

    Mayumba

    Ce chapitre traite de lorganisation en systme des sons de la langue et prsente leur

    ralisation. En effet, nous allons procder lidentification des units distinctives.

    Nous avons utilis les symboles phontiques proposs par lAlphabet Phontique

    International (API) pour la transcription des occurrences linguistiques du Lumbu.

    1.1 Analyse phonologique des voyelles

    Il existe dix voyelles en Lumbu dont cinq voyelles brves (i, , a, , u) et cinq voyelles

    longues (i:, :, a:, :, u:). Signalons toutefois que la flche () justifie le fait que la voyelle de

    la dernire syllabe est ralise plus bas que la voyelle prcdente.

    Les voyelles se distinguent ici par leur degr daperture et leur point de localisation.

    Par consquent, les paires minimales sont prsentes sous leur forme de base, cest--dire le

    radical verbal pour le verbe et le thme pour le nom prcd de leurs prfixes respectifs.

  • 42

    Les voyelles brves 1.1.1

    1.1.1.1 Le phonme /i/

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    i/u

    saluer bl ] casser

    ll pleurer ll brler, piquer

    s creuser s nager

    i/

    b goter b toucher

    mn foi mn cou

    Le phonme /i/ est phontiquement ralis comme une voyelle antrieure, non-

    arrondie, de 1er degr daperture, brve.

    1.1.1.2 Le phonme /u/

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    u/i

    Dj effectu propos de /i/.

    u/

    l vomir l jeter un sort

    s nager s transvaser

    Le phonme /u/ est phontiquement ralis comme une voyelle postrieure arrondie de

    1er degr daperture ferme, brve.

    1.1.1.3 Le phonme //

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    /i

    Dj effectu propos de /i/

    /

    bl avoir tort bl pourir

    s ronger s transvaser

  • 43

    /a

    s ronger s scouer

    b apporter b possder

    Le phonme // est phontiquement ralis comme une voyelle antrieure de 3me

    degr daperture ouverte non-arrondie, brve.

    1.1.1.4 Le phonme /a/

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    a/

    s scouer s battre (les cartes)

    a/

    Dj effectu propos de //

    Le phonme /a/ est phontiquement ralis comme une voyelle centrale ouverte non-

    arrondie de 3me degr daperture, brve.

    1.1.1.5 Le phonme //

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    /a

    Dj effectu propos de /a/

    /u

    Dj effectu propos de /u/

    /

    Dj effectu propos de //

    Le phonme // est phontiquement ralis comme une voyelle postrieure de 3me,

    mi-ferme arrondie et brve.

    Les voyelles [e] et [o] sont gnralement les ralisations conditionnes des voyelles /

    / et // dans un environnement de voyelles fermes. Cependant, il y a des cas, peu nombreux

    certes et marqus par ailleurs, dans lesquelles les voyelles // et // nalternent pas avec leurs

    correspondantes mi-fermes. Nous pensons que la situation qui vient dtre prsente semble

    indiquer que le lumbu de Mayumba connat actuellement un systme vocalique transitoire qui

  • 44

    consiste au passage quasiment achev dun ancien systme 7 voyelles vers un nouveau

    systme 5 voyelles.

    Les voyelles longues 1.1.2

    On parle de longueur vocalique lorsque la ralisation dune voyelle prend plus de

    temps que celle dune voyelle brve. Cette longueur vocalique est pertinente en Lumbu. Il

    faut toutefois signaler que la corrlation de quantit est observe en position mdiane de mot.

    En effet, les voyelles longues contrairement aux voyelles brves, sappuient sur une attaque

    pour fonctionner comme noyau de syllabe. Cette longueur vocalique se justifie comme nous

    allons le voir plus loin, par le procd dlision, de smi-vocalisation et de prnasalisation.

    Lallongement vocalique en Lumbu est srement occasionn par des rgles morphologiques

    Nous avons choisi de matrialiser la longueur dune voyelle par le signe diacritique (:).

    1.1.2.1 Le phonme /i:/

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    i/u:

    Saisir, attraper ] acheter

    i/

    g accepter g insulter

    l:nd] demander l nd] dtester, har

    :nd] immerger nd offrir

    i/

    l:nd] demander lnd] rapicer

    i:/a:

    l:nd demander land] suivre

    b:nd] tresser bnd] maigrir

    Le phonme /i:/ est phontiquement ralis comme une voyelle antrieure ferme,

    non-arrondie, de 1er degr daperture, longue.

  • 45

    1.1.2.2 Le phonme /:/

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants:

    :/i:

    Dj effectu propos de /i:/

    :/

    l:nd] har l:nd] rapicer

    s:mb]blmer s:mb] emprunter

    rnd ] tailler (ongle) rnd] remercier

    bg ] murir (fruit) bg] prendre

    :/a

    s:nd]offrir s:nd]trier

    l:nd] har l:nd] suivre

    1.1.2.3 Le phonme /u:/

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants:

    u/i

    Dj effectu propos de /i/

    u/u

    l] dshabiller l] sentter

    u/

    bg] se dbattre b:g] prendre

    lg] attendre lg] conseiller

    Le phonme /u/ est phontiquement ralis comme une voyelle postrieure arrondie de

    1er degr daperture ferme, long.

    1.1.2.4 Le phonme /:/

    Son identit phonologique ressort des rapprochements ci-aprs :

  • 46

    /u

    Dj effectu propos de /u/

    /

    Dj effectu propos de /u/

    /

    l crier l: jeter un sort

    bl ramesser bl pourrir

    lt dartre lt cuiller

    /a

    ml paresseux ml pieds

    sl fripprie sl sel

    Le phonme /:/ est phontiquement ralis comme une voyelle postrieure de 3me,

    mi-ferme arrondie, longue.

    1.1.2.5 Le phonme /a:/

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    a/

    sl travailler sl] couper les lgumes

    a:/a

    Jouer Se peigner

    a/

    Dj effectu propos de //

    a/a

    mbts ami mbts demain

    Le phonme /a/ est phontiquement ralis comme une voyelle centrale 3me degr

    daperture ouverte non-arrondie, longue.

    Nous avons labor le systme vocalique travers le processus de la commutation

    entre les voyelles. Le caractre distinctif est avr lorsque la commutation entrane une

  • 47

    diffrence de sens. Les phonmes /i, u, , , a/ peuvent tre longues. La longueur vocalique est

    distinctive lorsquelle implique une diffrence de sens, auquel cas, elle sexplique par des

    rgles morphologiques. Les voyelles brves, certaines en tout cas peuvent constituer elles

    seules le noyau dune syllabe, ce qui nest pas le cas pour les voyelles longues qui ont

    toujours besoin dune attaque pour former une syllabe. En outre, la longueur vocalique est

    pertinent en Lumbu tel que le montrent les oppositions distinctives qui nous ont dailleurs

    permis de ressortir ce trait de longueur.

    Distribution vocalique 1.1.3

    Le systme vocalique du Lumbu comporte dix voyelles ranges selon leur dgr

    daperture (trois degrs). Les voyelles brves ont une correspondance avec les voyelles

    longues, dans lensemble.

    Toutes les voyelles napparaissent pas dans toutes les positions: initiale, mdiane et

    finale. Certaines vont occuper la position mdiane et finale, mais pas la position initiale.

    Ainsi, les voyelles /i/ /u/ et /a/ occupent toutes les positions initiale, intervocalique et

    finale. Elles constituent dans le noyau de la syllabe. Ces voyelles reprsentent respectivement

    des prfixes de classes, particulirement de classes 7 et 15 et lindice sujet de la troisime

    personne du singulier.

    Les voyelles // et // quant elles ne sont notes quen position mdiane. Par ailleurs,

    on rencontre les ralisations e] et o] lorsque les phonmes // et // sont prcds ou suivis

    dune voyelle ferme (i, u).

    Ce tableau nous permet de mettre en vidence les traits distinctifs des dix phonmes

    vocaliques du Lumbu dont cinq voyelles longues et cinq voyelles brves.

    Antrieures Centrale Postrieures

    Longues Brves Longues Brves Longues Brve

    Fermes i i u u

    Moins ouvertes

    Ouverte a a

  • 48

    Les variantes contextuelles 1.1.4

    Les phonmes / e / et / / ont respectivement les allophones [e] et [o] lorsquils sont

    suivis dune voyelle ferme (i, u).

    /e / > [e] / - Ci, u (1)

    /nesi/ [nsi] non

    /dmesi/ [dmsi] quelque chose dautre

    /e/ > [e] Ailleurs (2)

    /leb/ [uleb] se promener

    /teb/ [teb] casser (une noix)

    // > [o] /- Ci, u (3)

    /nds/ [nds] rve

    /mls/ [mls] sorcier

    // > [] / Ailleurs. (4)

    /gd/ [d] frapper

    /dk/ [dk] cueillir

    En effet, en dbit normal de la voix la voyelle /a / des syllabes inaccentues est

    rduite un schwa [], lorsquelle nest pas tout simplement efface []. Voici des exemples

    montrant la voyelle /a / reprsente par [] en position mdiane ou finale.

    Exemples :

    a. |yd+m| [ydm] tombe (5)

    b. |d+bgl| [dbl] garon

    c. |+ll+m+| [llm] se pendre

    Voici des exemples montrant la voyelle /a / reprsente par [] en position mdiane ou

    finale.

  • 49

    a. |d+N+zl| [dndzl] ongle, doigt (6)

    b. |+krs| [krs] pantalon

    c. | d+kwl| [dkwl] hareng

    Nasalisation 1.1.5

    Nous avons not labsence des voyelles nasales dans le systme vocalique. Cependant,

    nous avons tout de mme relev une nasalisation phontique. En effet, la nasalit nest pas un

    trait pertinent pour le simple fait quelle est conditionne par la prsence dune nasale dans la

    squence Voyelle-Nasale (VN). Une voyelle qui prcde immdiatement une consonne nasale

    se retrouve nasalise. La nasalisation des voyelles est note par un tilde souscrit.

    Exemples

    ] blmer (7)

    ] Emprunter (8)

    ] Cuisiner (9)

    :mb] tendre des piges (10)

    1.2 Definition et classement des phonemes vocaliques

    Lidentification des phonmes vocaliques effectue la suite des oppositions

    minimales a permis de dfinir et classer lesdits phonmes.

    Dfinition des phonmes vocaliques 1.2.1

    Le systme vocalique se distingue par le dgr daperture, le lieu darticulation et la

    quantit vocalique (brve/ longue):

    Nous avons donc :

  • 50

    /i/ antrieur i/u

    ferm i/

    /u / postrieur u/i

    ferm u/a

    / / antrieur /

    mi-ferm /u

    / / postrieur /i

    mi-ouvert /u

    / a / central a/

    ouvert a/u

    /i:/ antrieur i:/u

    ferm i:/

    /u: / postrieur u:/i

    ferm u:/a

    /:/ antrieur :/

    mi-ferm :/u

    / / postrieur :/i

    mi-ouvert :/u

    / a / central a:/

    ouvert a:/u

  • 51

    Classement des phonemes vocaliques 1.2.2

    Selon G.Mounin (1971:113) la classification consiste regrouper les phonmes de

    faon faire apparatre la fois, les traits pertinents qui les constituent, leur interdpendance

    et leurs oppositions . Pour le classement des phonmes vocaliques, nous avons retenu le

    mode darticulation et le degr daperture comme critres.

    Les phonmes du lumbu sont classs sous trois ordres et trois sries.

    1.2.2.1 Classement selon leurs ordres

    On dnombre trois ordres :

    a) Premier degr daperture : i ; i: ; u

    b) Deuxime degr daperture : ; : ; ; :

    c) Troisime degr daperture : a ; a:

    1.2.2.2 Classement selon leurs Sries

    On compte aussi trois sries qui sont :

    a) Antrieur : i ; i: ; ; : b) Postrieur : u ; u: ; ; : c) Central : a ; a:

    Ce qui nous donne le tableau ci-aprs :

    Ordre

    Sries 1er degr 2me degr 3me degr

    brve longue brve longue brve longue

    Antrieur i i: :

    Central a a:

    Postrieur u u: :

    Le systme vocalique du Lumbu comprend dix voyelles orales avec un certain

    quilibre entre les voyelles brves et les voyelles longues. Nous navons pas relev de

    voyelles nasales, il existe plutt des voyelles nasalises grce la prsence dune nasale

    subsquente. La nasalit nest donc pas pertinente en Lumbu.

  • 52

    1.3 Analyse phonologique des consonnes

    La structure syllabique tant ouverte, cest--dire se termine par une voyelle ; nous

    avons donc choisi de faire les commutations au niveau des consonnes en position initiale ou

    intervocalique.

    Les phonmes consonantiques du Lumbu sont ici prsents dans les oppositions

    distinctives afin de faire ressortir leur particularit. Limportance est donne aux paires

    minimales en contexte identique. Ainsi, les traits pertinents que nous allons relever par le

    biais de la commutation, permettrons aux consonnes de la langue de se voir accorder un statut

    phonologique.

    Le phonme /p/ 1.3.1

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants

    p/b

    pl] rival(e) bl] banc

    p/k

    ts] arachides ts] scarifications

    [p] doute k:] grands-parents

    p/g

    mls gourmand ms gnie

    p/t

    ] arracher ] sparer

    p/n

    psi serment nsi non

    p/s

    ptl] arracher sbl] faire traverser

    p/v

    [dp:g] terrain [d:g] amiti

  • 53

    p/l

    ps ombre, fade ls boutique

    p/r

    dp:g parcelle, terrain dr:gnombre

    Le phonme /p/ est phontiquement ralis comme une consonne occlusive labiale

    sourde et orale.

    Le phonme /b/ 1.3.2

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants

    b/p

    Dj effectu propos de /p/

    b/d

    bk] tuer ] cueillir

    b/g

    ] possder ] barrer

    b/s

    b l ramasser sl] choisir

    b/v

    pourrir [ fumer

    b/l

    pourrir ll] aboyer

    tb] casser (noix) tl] appeler

    b/w

    l] Etre malade l] Se marier

    bltrouver wlrpondre

    b/m

    bwm gosme mwm goste

  • 54

    b/n

    bt couvrir une casserole avec des feuilles nt emmener

    Ce phonme /b/ est phontiquement ralis comme une consonne occlusive, labiale

    sonore, orale.

    Le phonme /t/ 1.3.3

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    t/p

    Dj effectu propos de /p/

    t/k

    Apprends marcher ! kl] marchande !

    t/d

    t] plaisanter d] faire craquer quelque chose

    t/s

    tn retrouver sn jouer

    tl grossir sl dbroussailler

    t/f

    t arriver s] nager

    tttirer ft rembourser

    t/r

    rm envoyer dm] gronder (tonnere)

    t/l

    ll] bercer tl] appeler

    t/y

    tb dpasser yb savoir

  • 55

    Le phonme /d/ 1.3.4

    Son identit phonologique ressort des rapprochements ci-aprs :

    d/p

    Dj effectu propos de /p/

    d/b

    Dj effectu propos de /b/

    d/l

    dk] suinter lk] recueillir(de leau)

    d/g

    [d]voler, drober [ barrer

    d/k

    dd] picorer dk] cueillir(feuille)

    d/t

    Dj effectu propos de /t/

    d/n

    dk] suinter nk] craser (une puce)

    insister tirer !

    Ce phonme /d/ est phontiquement ralis comme une consonne occlusive dentale et

    sonore.

    Le phonme /k/ 1.3.5

    Son identit phonologique ressort des rapprochements ci-aprs :

    k/b

    Dj effectu propos de /b/

    k/p

    Dj effectu propos de /p/

    k/t

    Dj effectu propos de /t/

  • 56

    k/g

    attacher frire

    k/l

    kg nouer, attacher l:g se saouler

    k/r

    kl sasseoir rl corcher

    k/s

    kl sasseoir sl choisir

    k/m

    k:g] nouer, attacher m:grefuser

    k/n

    tskn bois de chauffe tsnnoiseaux

    Le phonme /g/ 1.3.6

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    g/p

    Dj effectu propos de /p/

    g/b

    Dj effectu propos de /b/

    g/d

    [b] rgime de noix de palme [db] palmier

    g/k

    Dj effectu propos de /k/

    g/v

    s ronger s rire

  • 57

    g/l

    llancer barrer

    g/r

    barrer r (se) gratter

    g/m

    n] menacer mn terminer

    [ mur [ miracle

    g/n

    m essorer nm coller

    g/w

    bpartager wb pcher

    g/y

    b partager yb savoir

    Ce phonme /g/ est phontiquement ralis comme une consonne occlusive, vlaire,

    sonore.

    Le phonme /f/ 1.3.7

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    f/b

    Dj effectu propos de /b/

    f/t

    Dj effectu propos de /t/

    f/d

    Dj effectu propos de /d/

    f/s

    [ insulter accepter

  • 58

    [l envoyer l] badigeonner

    f/v

    fl souffler :l dshabiller

    fnd rclamer [nd] se reposer

    f/l

    fl envoyer ll pleurer

    f/n

    fn vagabonder nn vieillir

    f/w

    flenvoyer wlapprendre

    Ce phonme /f/ est phontiquement ralis comme une consonne fricative labiodentale

    sourde.

    Le phonme /v/ 1.3.8

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants

    v/p

    Dj effectu propos de /p/

    v/b

    Dj effectu propos de /b/

    v/g

    Dj effectu propos de /g/

    v/l

    :ndfaire des ftiches l:ndsuivre, pourchasser

    v/r

    l tailler rlcorcher

    v/s

    l tailler sl choisir

  • 59

    v/f

    Dj effectu propos de /f/

    v/m

    :n donner m n germer

    v/n

    d:g amiti dn:gmpris

    v/w

    : g faire w:g abattre les arbres

    v/y

    yts froid ts au sol

    Le phonme /v/ est phontiquement ralis comme une consonne fricative bilabiale

    sonore.

    Le phonme /s/ 1.3.9

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    s/p

    Dj effectu propos de /p/

    s/b

    Dj effectu propos de /b/

    s/t

    Dj effectu propos de /t/

    s/k

    Dj effectu propos de /k/

    s/g

    Dj effectu propos de /g/

    s/t

    Dj effectu propos de /t/

    s/l

    sl] couper (lgumes) s:s] accoster

  • 60

    s/r

    skl cueillir rkldraciner

    s/f

    Dj effectu propos de /f/

    s/v

    Dj effectu propos de /s/

    s/m

    s secouer m monter

    s/w

    stsfaire travailler wtsremplir

    Ce phonme /s/ est phontiquement ralis comme une consonne fricative

    labiodentale, sourde.

    Le phonme /l/ 1.3.10

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    l/p

    Dj effectu propos de /p/

    l/b

    Dj effectu propos de /b/

    l/d

    Dj effectu propos de /d/

    l/m

    lgse suler mgrefuser

    l/k

    Dj effectu propos de /k/

    l/g

    Dj effectu propos de /g/

    l/v

    Dj effectu propos de /v/

  • 61

    l/r

    [l] Cuisiner faire des piges

    l/w

    llpleurer wlapprendre

    Ce phonme /l/ est phontiquement ralis comme une consonne latrale.

    Le phonme /r/ 1.3.11

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    r/p

    Dj effectu propos de /p/

    r/g

    Dj effectu propos de /g/

    r/l

    Dj effectu propos de /l/

    r/v

    Dj effectu propos de /v/

    r/d

    Dj effectu propos de /d/

    r/t

    Dj effectu propos de /t/

    r/s

    Dj effectu propos de /s/

    r/k

    Dj effectu propos de /k/

    r/w

    rglire, compter wg abattre (un arbre)

    r/m

    fr moustique fm grossesse, ventre

    Ce phonme /r/ est phontiquement ralis comme vibrante, apico-dentale sourde.

  • 62

    Le phonme /m/ 1.3.12

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    m/p

    Dj effectu propos de /p/

    m/b

    Dj effectu propos de /b/

    m/k

    Dj effectu propos de /k/

    m/g

    Dj effectu propos de /g/

    m/t

    Dj effectu propos de /t/

    m/d

    Dj effectu propos de /d/

    m/r

    Dj effectu propos de /r/

    m/l

    Dj effectu propos de /l/

    m/s

    Dj effectu propos de /s/

    m/v

    Dj effectu propos de /v/

    m/n

    mn finir nntirer

    Ce phonme /m/ est phontiquement ralis comme une consonne nasale bilabiale

    sonore.

    Le phonme /n/ 1.3.13

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    n/d

    Dj effectu propos de /d/

  • 63

    n/b

    Dj effectu propos de /b/

    n/p

    Dj effectu propos de /p/

    n/m

    Dj effectu propos de /m/

    n/t

    Dj effectu propos de /t/

    n/g

    dj effectu propos de /g/

    n/k

    Dj effectu propos de /k/

    n/f

    Dj effectu propos de /f/

    n/v

    Dj effectu propos de /v/

    n/s

    Dj effectu propos de /s/

    Ce phonme /n/ est phontiquement ralis comme une consonne nasale apico-dentale.

    Le phonme /w/ 1.3.14

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :

    w/b

    Dj effectu propos de /b/

    w/g

    Dj effectu propos de /g/

    w/f

    Dj effectu propos de /f/

    w/v

    Dj effectu propos de /v/

    w/s

    Dj effectu propos de /s/

    w/r

    Dj effectu propos de /r/

  • 64

    w/l

    Dj effectu propos de /l/

    w/y

    wbpcher (les poissons) ybsavoir

    Ce phonme /w/ est phontiquement ralis comme une semi-consonne bilabiale

    sourde.

    Le phonme /y/ 1.3.15

    Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants

    y/g

    Dj effectu propos de /g/

    y/t

    Dj effectu propos de /t/

    y/v

    Dj effectu propos de /v/

    y/w

    Dj effectu propos de /w/

    Le phonme /y/ est phontiquement ralis comme une continue palatale sonore.

    1.4 Les allophones consonantiques

    La consonne [z] 1.4.1

    Cette consonne est la ralisation allophonique du glide /y/ aprs la squence |n+- |. La

    rgle snonce comme suit :

    /y/ [z] / nd-

    |N+dyv+l| [ndzvl] manire de jouer (11)

    La consonne [] 1.4.2

    La nasale [] est une ralisation allophonique du /N / indtermine devant la consonne

    vlaire /g/.

  • 65

    La rgle snonce comme suit :

    / N / [] /-g

    |N+gm| [gm] tam-tam (12)

    |N+gNb| [g:mb] raphia (13)

    Par ailleurs, le phonme /m/ se ralise [] devant les phonmes /f/ et /v/. Ou encore :

    /m/ [] / - f, v

    |N+vl| [vl] pluie (14)

    |N+vmbi| [vmbi] cadavre (15)

    |N+fb| [fb] hippopotame (16)

    |N+f+Ng| [fw:g] mauvais prsage (17)

    La consonne 1.4.3

    Le phonme /v/ a deux ralisations allophoniques.

    On a donc :

    /v/ [v] / N-

    |N+vNd| v:nd salet, crasse (18)

    |N+vl| vl antilope (19)

    /v/ [] / Ailleurs

    |d+vt| [dt] cte (20)

    |d+vNg| [d:g] amiti

  • 66

    La consonne [] 1.4.4

    Le phonme /g/ connat deux ralisations allophoniques distinctes selon le contexte

    dapparition.

    On a :

    /g/ [g] / N

    |d+Ngts| dg:ts racine (21)

    |N +gm| g:m inondation (22)

    /g/ [] / Ailleurs

    |d+gl| dl charbon (23)

    |m+gts| mts pouse (24)

    /g/ se ralise [g] lorsquil apparat aprs nasale. Ailleurs quaprs nasale, il se

    ralise]. Ainsi, la consonne [] est la ralisation allophonique de la vlaire /g/ devant

    voyelle.

    La consonne [] 1.4.5

    Les complexes phontiques glide ([Cw] et [Cy]) sont considrs comme drivs de

    segments simples.

    Le son , nasale palatale, est la ralisation particulire de la squence /ny/

    On a par e