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HAL Id: tel-00975393https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00975393
Submitted on 8 Apr 2014
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Elements de description phonologique et morphologiquedu Lumbu, langue bantu (B44) du Gabon parle
MayumbaLea Ghislaine Gamille
To cite this version:Lea Ghislaine Gamille. Elements de description phonologique et morphologique du Lumbu, languebantu (B44) du Gabon parle Mayumba. Linguistique. Universit de la Sorbonne nouvelle - ParisIII, 2013. Franais. .
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00975393https://hal.archives-ouvertes.fr
UNIVERSITE SORBONNE NOUVELLE - PARIS 3
ED 268 Langage, langues : description, thorisation, transmission
UFR Littrature, Linguistique et Didactique (LLD)
Thse de doctorat Sciences du Langage
La Ghislaine GAMILLE
ELEMENTS DE DESCRIPTION PHONOLOGIQUE ET MORPHOLOGIQUE DU
LUMBU LANGUE BANTU (B44) DU GABON PARLEE A MAYUMBA
Thse dirige par S-tg-nooma KABORE
Soutenue le 18 dcembre 2013
Jury :
Odile ISSA, Professeur, INALCO, PLIDAM (Rapporteur)
Annie RIALLAND, Directeur de recherche mrite au CNRS, Universit Sorbonne Nouvelle-Paris 3 (Examinateur)
Marie-Franoise ROMBI, Directeur de recherche au CNRS, M N H N, UMR 7206, (Rapporteur) S-tg-nooma KABORE, Professeur, Universit Sorbonne Nouvelle, ILPGA (Directeur de thse)
2
3
Rsum
Notre thse porte sur le Lumbu, une langue bantu parle au Gabon et au Congo. Nous avons
choisi de travailler sur la varit parle Mayumbu (sud du Gabon). Notre approche aborde la
phonologie et la morphologie de cette langue.
Le systme phonologique compte quinze phonmes consonantiques et dix phonmes
vocaliques. Le systme vocalique comporte des voyelles longues et brves mais pas de voyelles
nasales. On note plutt un phnomne de nasalisation favorise par la prsence dune consonne
nasale aprs la voyelle.
Le systme tonal comporte deux tons simples haut, bas et deux tons moduls montant
descendant. Cependant, la variation tonale est favorise par la prsence dun ton flottant haut ou
bas en structure.
Le systme nominal du Lumbu prsente treize classes nominales et trois classes locatives.
Ces classes sont regroupes en douze paires singulier / pluriel. Le prfixe de classes rgit laccord
des lments de lnonc qui lui sont dpendants : ladjectif, le dmonstratif, le possessif, etc.
La drivation est releve aussi bien dans le domaine lexical que verbal. Tout au long de
notre travail, nous avons procd une analyse drivationnelle en partant de la forme de base
jusqu la forme ralise. Cette faon de faire met en avant les diffrentes tapes du processus
drivationnel.
Mots cls : Lumbu, phonologie, classes nominales, prradical, ton flottant, morphologie, accord en
classe, drivation.
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5
Abstract
This work provides a systematic description of Lumbu, a bantu language spoken at
Mayumba, Gabon. I have chosen to focus on the phonological and morphological analysis.
The inventory of phonemes shows 16 consonants and 10 vowels. There are no nasal vowels,
but there is however nazalization favored by the presence of a nasal consonant after the vowel. This
part of the analysis is completed with the description of the tonal system. There are two simple
tones /H/ (high) and /B/ (low), and also a rising tone /Mt/ (for montant in French) and a falling
tone /Dt/ (for descendant in French). Tonal variation is induced by a floating tone.
There are 13 noun classes and 3 locative classes. As a rule, classes are grouped in pairs
(singular and plural). There is no masculine.feminin distinction. The class prefix of nouns governs
concord on all the terms that depend on the noun, i.e., adjectives, demonstratives, possessives, etc.
All through the work I have analysed the derivational processes step by step, from the root
upward to the surface form.
Key words: Lumbu, phonology, noun classes, floating tone, morphology, concord.
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7
Ddicace
A Judith Eulalie GAMILLE, ma jumelle de cur en souvenir des merveilleux moments
passs ensemble. En attendant nos possibles retrouvailles contente-toi de te rejouir pour ce
priple enfin achev.
A toi aussi Nancel, mon petit ange ador, ta seule prsence nous a tant combl de bonheur.
[mw:nd nt:nd, tll bb btwm]
8
9
Remerciements
Pour commencer, je voudrais remercier Monsieur S-tg-nooma Kabore qui a accept de
diriger cette thse. Merci pour toute lattention et la patience dont il a fait montre mon gard afin
de faire aboutir cette longue traverse du dsert.
Toute ma gratitude aux membres du LACITO qui mont accueillie et mont ainsi donne un
cadre de travail agrable et adquat pour mener bien mes recherches et avec lesquels jai partag
des moments de convivialit inoubliables.
Jadresse toute ma gratitude Patrice Kouendolo et Rgis Ollomo Ella pour leur aide face
mes lacunes en informatique.
Ma dette est plus quimmense auprs du Professeur Jean Paul Rkanga du Centre de
Linguistique Gabonaise de Libreville. Il ma ouvert les portes du centre quil dirige durant tout le
mois daout 2010. Le Professeur Rekanga ma initie en un temps absolument trs court aux
principes gnraux de description des langues africaines et la mthode de description des langues
bantoues du Gabon quil propose dans son laboratoire.
Toute ma gratitude Monsieur G. Philippson de mavoir donne mes premiers conseils
scientifiques le jour o il ma ouvert les portes de son laboratoire Lyon en mars 2008. Merci
infiniment.
QuAchille Mavoungou trouve ici toute ma reconnaissance. Il a consacr un temps fou,
malgr ses occupations, pour corriger ce travail.
Enfin mes remerciements vont lendroit de mes parents Monsieur et Madame Gamille
davoir cru en moi, votre amour indfectible et votre soutien restent pour moi un rempart de
scurit et de srnit dans les meilleurs moments ainsi que pendant les moments les plus prilleux
de mon existence. Je vous dois tout. Surtout que cette thse ma appris encaisser sans rchigner
tous les coups inimaginables. Merci papa et maman pour cet apprentissage de la vie.
Je remercie galement mes frres Jean, Yves, Eric, Fabrice, Tristan et mes surs Nelly,
Lucile qui mont soutenue moralement.
Je remercie surtout mes petits trsors Cindy et Andy qui sont la lumire qui gaie ma vie.
Cest bien grce vous que jai pu me relever lorsque certains de mes guides avaient choisi de
fermer les cluses avec un sourire en coin. Votre seule prsence ma permis de franchir les
barrires et garder la tte haute.
Que ceux que je nai pas cits trouvent ici toute ma gratitude de mavoir permis de raliser
ce travail.
10
11
Sommaire
RESUME ......................................................................................................................... 3
ABSTRACT ..................................................................................................................... 5
DEDICACE ..................................................................................................................... 7
REMERCIEMENTS ...................................................................................................... 9
SOMMAIRE .................................................................................................................. 11
ABREVIATIONS .......................................................................................................... 13
SYMBOLES .................................................................................................................. 14
INTRODUCTION GENERALE ................................................................................. 15
1 OBJECTIF 16
2 TRAVAUX EXISTANTS 16
3 DEMARCHE METHODOLOGIQUE 17
4 ENQUETE ET CORPUS 17
5 APPROCHE THEORIQUE 18
6 LOCALISATION GEOGRAPHIQUE DU LUMBU 21
7 MIGRATIONS DES LOCUTEURS LUMBU 25
8 ORGANISATION SOCIALE DES BALUMBU 26
9 CLASSIFICATION LINGUISTIQUE 28
10 SITUATION SOCIOLINGUISTIQUE DU GABON 33
11 STATUT DU FRANAIS AU GABON 36
12 STRUCTURATION DU TRAVAIL 39
PHONOLOGIE ............................................................................................................. 41
1 IDENTIFICATION DES SEGMENTS PHONOLOGIQUES DU LUMBU DE MAYUMBA 41
2 TONS 75
3 SYLLABE 83
4 PROCESSUS PHONOLOGIQUES 92
MORPHOLOGIE ....................................................................................................... 105
12
1 LE SYSTEME NOMINAL 105
2 LA DERIVATIO 134
3 SYSTEME VERBAL 184
4 LES SUFFIXES DE DERIVATION VERBALE 206
5 LA CONJUGAISON 230
CONCLUSION ........................................................................................................... 289
BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................... 293
TABLE DES ILLUSTRATIONS .............................................................................. 305
CARTES 305
TABLEAUX 305
FIGURES 305
TABLE DE MATIERES ............................................................................................ 307
13
Abrviations
B ton bas fixe
BH squence tonale bas-haut
b ton bas flottant
H ton haut fixe
h ton haut flottant
C consonne
Cl. Classe
ASSOC association tonale
ALVC allongement vocalique compensatoire
EFFAC effacement tonal
Ext extension
Fo formatif
Fin finale
Fric. fricative
IP indice personnel
IO indice objet
Imp. impratif
N Nasale
NEG. ngateur
pl. pluriel
PN prfixe nominal
Postfin post-finale
PP prfixe pronominal
PrFi. Pr-finale
Rad radical
RS rgle segmentale
RT rgle tonale
VL voyelle de liaison
14
Symboles
# limite de phrase ou de syntagme, limite de mot
+ limite de thme ou de radical
- limite de syllabe
> se ralise, devient
[ ] limite de transcription phontique
/ / limite de transcription des units phonologiques
| | limite de transcription morphologique
morphme signifiant zro
15
Introduction gnrale
Ce travail sintitule Elments de description du Lumbu (B44), langue Bantu du
Gabon parle Mayumba . Notre tude revt dune grande importance dans ce sens o le
Lumbu1 est une langue trs peu dcrite. Cette thse qui a pour objet dtude la description du
Lumbu a pour but dapporter sa contribution aux travaux de description qui sont dj raliss
sur les autres langues du Gabon.
Au manque de documentation sajoute le nombre rduit de locuteurs, ce qui fait du
Lumbu, une langue en danger. Le nombre de locuteurs gravite autour de 12 000 et 20 000
locuteurs (Grimes, 1996, cit par Mavoungou & Plumel, 2010: 21).
En somme, labsence quasi-totale dtudes majeures sur le Lumbu, le nombre rduit de
ses locuteurs susceptible de remettre en cause sa perptuit, nous ont encore plus motive
nous intresser tout particulirement cette langue.
En effet, lexception de quelques analyses sommaires de la phonologie et de la
morphologie du Lumbu par quelques auteurs comme Blanchon (1984), Mavoungou (2010) et
Mavoungou & Plumel (2010), aucune description majeure na encore t effectue sur le
systme phonologique, morphologique et syntaxique dans cette langue.
LEtat Gabonais a prconis la revalorisation des langues gabonaises par linsertion de
celles-ci dans le systme ducatif dune part et la ncessit de mieux dcrire cette langue
stait impose nous. Do notre cursus universitaire qui aprs la matrise nous prparait
dispenser ces langues (celles qui taient retenues) dans certains tablissements de Libreville.
La Constitution du 23 juillet 1995 prcise que La Rpublique Gabonaise adopte le
franais comme langue officielle de travail. En outre uvre pour la protection, la promotion
des langues nationales.
Cette volont portant sur la revalorisation des langues nationales sest matrialise en
1998, lorsque le Ministre de lEducation Nationale et de lEnseignement Suprieur a favoris
louverture du dpartement des Langues Nationales lEcole Normale Suprieure (ENS),
pour la formation des enseignants de langues dont nous sommes les pionniers.
Leffort ne sest pas limit la formation des enseignants, mais il a t aussi mis en
place une structure lIPN2 pour superviser llaboration des manuels didactiques consacrs
1 Cf. Blanchon (1984), Mavoungou (2010), et Mavoungou & Plumel (2010). 2 IPN : Institut Pdagogique National.
16
aux langues nationales. Lalphabet scientifique et lorthographe dont nous utilisons certains
graphmes, avait dj t propos au cours des sminaires (1997-1998) par ledit Ministre.
Il faut cependant, admettre que lenseignement des langues au Gabon ne sest jusque-
l fait qu titre exprimental grce la motivation de la Fondation Raponda Walker, depuis
1997. Sept langues nationales y sont enseignes de la 6me en 3me. Les supports didactiques
sont Rapidolangue I et II proposs par ladite Fondation.
Notre tude se propose de dcrire le systme phonologique et morphologique du
Lumbu. Concernant la phonologie, nous traiterons aussi bien du niveau segmental que du
niveau tonal.
1 Objectif
Builles (1998:187) souligne propos dune analyse phonologique quelle :
[] comporte trois (3) principales tapes. Tout dabord, on identifie les productions
phoniques et on dgage les units distinctives (phonmes, tons sil y en a). Ensuite, on
identifie les traits pertinents qui diffrencient les units distinctives les unes des autres par le
biais de la commutation. Enfin, on tudie la manire dont les units se combinent. Les
variations sont plus visibles lorsquon prend en considration la position des phonmes par
rapport lunit lexicale.
Ces lignes rsument bien ce que nous avons prvu faire comme analyse synchronique
de la phonologique du Lumbu. Nous avons souhait commencer par ltude de tout le
systme, cest--dire la phonologique et la morphologique pour le simple fait quelles sont
les niveaux susceptibles de prsenter une vue panoramique dune langue. Ainsi les tapes
suivivre telles quelles sont prsentes par Builles sont les meilleurs moyens de dcrire les
sons de la langue.
2 Travaux existants
Contrairement dautres langues gabonaises, le lumbu na pas fait lobjet de beaucoup
dtudes. Ainsi, notre documentation sest donc porte essentiellement sur dautres langues
bantu. Pour ce qui est du Lumbu, nous avons consult les quelques travaux des chercheurs
gabonais ou trangers savoir notamment :
P.A. Mavoungou (2002, 2010) et Saphou Bivigat (2010) ont dans le cadre de leurs
thses fait une tude lexicographique afin de concevoir un dictionnaire lumbu-franais.
Objectif que Mavoungou et Plumel ont concrtis en 2010.
17
Maganga - Maganga (2009), pour son Master 2 a travaill sur les emprunts du Lumbu
au franais.
J.A. Blanchon (1984, 1999) a fait un article sur le Lumbu. Dans son article, il traite les
divers aspects morphologiques et tonologiques du Lumbu, Punu et Vili. Il fait un
rapprochement entre les sons du Lumbu ceux du Punu (B43) et du Vili (H12). Il conclut en
disant que ces parlers se distinguent clairement des autres langues voisines, par certains traits
phonologiques: trois (3) degrs daperture des voyelles contre quatre (4) dans les groupes B10
et B50. Il remarque la prsence dun /l/ et dun /r/ absents dans le groupe B30, ainsi que dun
/g / absent du vili H12, qui a /t/ ou /k/ la place.
3 Dmarche mthodologique
Tous travaux scientifiques rpondent certaines exigences mthodologiques pour
garantir la fiabilit des donnes. Nous avons labor un corpus portant sur les mots de la
langue. Les enregistrements sur les bandes magntiques ont servi de base pour ce travail. Pour
la transcription des donnes, nous avons eu recours lexprience de Monsieur Rkanga au
Centre de Linguistique Gabon dont il est le responsable. Nous avons pass beaucoup de temps
en bibliothque et au Centre de Linguistique Gabon pour traiter les problmes inhrents aux
tons.
Les phonmes sont prsents entre barres obliques // et leurs ralisations entre
crochets []. Le systme de transcription employ dans ce travail est celui de lAPI. Les
amnagements que nous avons apports sont :
a) Les voyelles longues sont suivies par le signe de ponctuation (:)
b) Le tilde est mis sous la voyelle pour indiquer les voyelles nasalises.
4 Enqute et corpus
Le Lumbu est une langue tradition orale. Nous avons eu recours aux informateurs
natifs. La collecte des donnes a t ralise au cours de nos sjours au Gabon
particulirement Libreville et Mayumba.
Ceux-ci cumulent sept mois de travail : aot et novembre 2003, juillet- septembre
2006, aot 2007 et juillet 2010. Notre dmarche consistait recueillir les informations par
lenregistrement des lments sur bandes magntiques. Ces enregistrements ont constitu un
corpus sur lequel sest base lanalyse de cette langue.
18
Pour notre tude de terrain, nous nous sommes servis de la liste de Greenberg (1987)
et du questionnaire denqute de L.Bouquiaux et M.J.C.Thomas (1976, Vol I et 2). Le corpus
ainsi recueillit comprend au moins quinze (15) heures denregistrements sonores, et nous
avons rassembl environ deux milles (2000) mots en isolation ; nous avons galement ralis
deux cent cinquante (250) phrases qui ont servi lanalyse phonologique et morphologique
du Lumbu. Nous avons complt notre corpus par trois textes portant sur la vie quotidienne.
Tous les enregistrements ont t transcrits au Centre de Linguistique du Gabon avec laide de
Mr J.P. Rkanga et la participation des informateurs.
5 Approche thorique
Les approches thoriques que nous avons choisies pour laborer notre objet dtude ne
prtendent pas lexaustivit. Nous ne nous intressons dans le cadre de notre tude qu la
manire dont ces approches rendent comptent des phnomnes segmentaux et tonals de la
langue.
Pour dgager des phonmes segmentaux, nous avons observ les principes du
Structuralisme. Le but est davoir un aperu de la phonologie de la langue. Nous estimons
cette approche thorique la mieux adapte pour rendre compte des faits linguistiques du
Lumbu.
Du point de vu de la morphologie, nous la traitons telle quelle a t conue dans la
thorie structuraliste. Cette approche nous a permis didentifier les morphmes et de combiner
les units minimales (phonmes) dun corpus afin den faire des units de niveau suprieur.
Cependant, la combinaison des phonmes ne se fait pas de faon anodine car, ces units sont
dfinies en fonctions des environnements dans lesquels elles se trouvent.
Par contre, les tons et les segments tant intimement lis, nous avons sollicit pour les
besoins de lanalyse, les principes de la phonologie autosegmentale mise au point par J.
Goldsmith (1976).
Avant daborder vraiment notre travail, il convient de rappeler non pas lensemble des
principes fondamentaux des thories sur lesquelles nous allons nous sappuyer. Mais, de
prsenter quelques contours du cadre thorique dans lequel nous avons opt pour faire
lanalyse de notre objet dtude savoir le Lumbu.
19
a) Modle Structuraliste
Pour cette description phonologique nous avons adopt le modle structuraliste de
lEcole de Prague telle quelle a t labore par F. de Saussure dans son Cours de
Linguistique Gnrale (1916). Cette approche privilgie les diffrents niveaux danalyse que
sont les oppositions selon les contextes dapparition des phonmes. La dfinition et le
classement de ces phonmes sont faits en fonction de leur pertinence dans le systme de la
langue.
Dans la perspective structuraliste la langue est considre comme un systme de
signes dont les lments se dfinissent grce aux rapports quils entretiennent entre eux. En
effet, dans un systme, on observe deux types de relations loccurrence les relations
syntagmatiques et paradigmatiques.
Les relations syntagmatiques sintressent aux rapports entre les units dans un
nonc. Daprs F.D. Saussure (1967: 170) les relations sont fondes sur un caractre
linaire de la langue qui exclut la possibilit de raliser deux lments la fois () Et la
combinaison se fait de faon horizontale de la chane parle .
Les relations paradigmatiques traduisent les rapports des units qui peuvent apparatre
dans la mme position dans un nonc. Ces relations sont bases sur le choix, les units
figurant dans un mme contexte sexcluent mutuellement. La combinaison se fait de faon
verticale.
Ces types de relations sont valables aussi bien dans lanalyse phonologique que dans
lanalyse morphologique. Dans cette perspective lon note un fort attachement la structure
de la langue et au fonctionnement de celle-ci.
Nous avons aussi bnfici des bases mthodologiques de certains linguistes
africanistes en loccurrence D. Cresseils (1979, 1991). Lapplication de cette perspective nous
permet donc de considrer la langue comme un systme hirarchis et organis o la
dtermination des faits linguistiques est ralise par paliers. Chaque palier dispose de ses
propres units. Ainsi, la langue est conue ici comme un bloc, dans lequel les lments se
tiennent par rapport une hirarchisation cohrente. Par consquent, tous les lments mis
ensemble donne une vue panoramique de la langue en tant que systme.
b) Modle Autosegmental
La thorie autosegmentale issue de la phonologie gnrative a vu le jour avec J.
Goldsmith en 1976. La prise en compte des nombreuses langues africaines a conduit en effet,
20
Goldsmith remettre en question le strict principe de Linarit chre la Grammaire
Gnrative et Transformationnelle (GGT) de Chomsky.
Cest la Thorie labore pour tudier des relations entre les segments et les tons dans
les langues africaines. Daprs Boltanski (1999: 40) les tons sont traits comme des entits
part entire, placs sur leur palier, non comme des proprits intrinsques des syllabes ou
des noyaux vocaliques.
Elle se propose de traiter les phnomnes tonals. Dans cette perspective, les tons et les
segments vocaliques qui portent ces tons voluent de faon autonome. Pour marquer cette
autonomie entre les tons et les voyelles, on place les lignes dassociation dont le rle est de
marquer la correspondance entre les lments des ordres diffrents.
Les phonmes dans loptique auto segmentale sont reprsents par palier quon peut
appeler palier segmental pour les segments et palier tonal pour les tons. Chacun des paliers
dispose des lments autonomes les uns par rapport aux autres. Les lments du palier tonal
sont associs aux voyelles du palier segmental et ou un autre ton. Dans ce dernier cas de
figure nous parlerons du ton flottant (cf. le chapitre portant sur la syllabe)
En Lumbu, un ton est prserv mme aprs effacement de lunit qui le porte. Cette
unit est encore appele Unit Porteur de Ton (UPT).
Cette approche autosegmentale a mis en place la thorie de la structure syllabique, elle
se base sur lexplication de larchitecture de la phonologie par des principes gnraux
hirarchiss. Encrev (1988: 165) estime que : sur une ligne autosegmentale donne pour
toute paire dautosegments adjascents a et b, a est diffrent de b.
Nous illustrons ces propos comme suit :
21
6 Localisation gographique du lumbu
Le Lumbu, qui revt diverses dnomminations que sont yi-lumbu ou i-lumbu; est une
langue bantu parle la fois au Congo et au Gabon par le groupe socio-culturel qualifi de
Balumbu ou Lumbu.
Au Gabon, Les Balumbu du Gabon ctoient les Bapunu Tchibanga, Mongo,
Moulengui-Binza dans la province de la Nyanga ainsi que les Vili Mayumba dans la mme
province, dune part. Ils cohabitent avec les Bavarama, les Bavungu dans la province de
lOgoou-Maritime, dautre part. Ainsi, les principales zones de rsidence des Balumbu sont
la Nyanga (Tchibanga, Mongo, Moulengui-Binza et Mayumba) et lOgoou-Maritime (Sett
Cama et Gamba).
Au Congo Brazzaville, le Lumbu est parl dans les rgions du Niari et du Kouilou.
La prsente tude porte sur la varit du Lumbu parl Mayumba dans la province de
la Nyanga comme nous lavons soulign plus haut.
22
Carte 1:Carte administrative du Gabon (VAN DER VEEN, ELL2, 2006)
23
Carte 2 :Loango et sud-ouest du Gabon (2me
partie du XIXe
Sicle). Voyage de Du
Chaillu. Peuples courtiers et hirarchies ethniques (cf. Merlet 1991: 60).
24
Carte 3 : Carte linguistique du Gabon (VAN DER VEEN, ELL2, 2006)
7 Migrations des locuteurs lumbu
Le Lumbu est la langue des Balumbu (terme analogique pour dsigner les locuteurs de
la langue). Ce peuple trouve son histoire dans les rcits des migrations qui auraient eu lieu
entre le XII et le XIII sicle. Si aujourdhui les Balumbu et les Bapunu (de la langue Punu B
43) sont des voisins, certains rcits font venir les Balumbu avant les Bapunu, mais dautres en
revanche affirment lordre contraire darrive. Lhistoire a interess quelques anthropologues
notamment H. Deschamps (1962), Mayer (1989) pour ne citer que ceux-l. H. Deschamps
(1962) a propos un rcit migratoire qui explique la prsence des Balumbu dans la Nyanga et
lOgoou-Maritime partir de deux vagues successives de peuplement reprsentant une
occupation progressive au cours de plusieurs sicles.
Repris par Merlet (1991) :
Les Baloumbou sont venus de Mongo, du ct de Pointe-Noire, par la savane. Ils se
divisrent en Gango, demeurs dans la savane, et Baseri qui poursuivirent leur chemin le long
de la Nyanga. Les pygmes (Babongo), qui leur servaient dclaireurs, revinrent en leur
disant: Nous avons trouv une grande rivire sale dont on ne voit pas lautre bord. Les
Baloumbou stablirent sur la cte. Cependant Miyindou fait venir les Baseri de Sett-Cama.
Un trs grand temps sest coul depuis ces migrations. Certains Bapounou assurent
que les Baloumbou sont venus en mme temps queux, dautres le nient
De son ct, Mayer (1989: 200) a propos un rcit migratoire en deux grandes
priodes:
Cohabitation vili-lumbu au Kwilu-Nyari. Sont rejoints par les Punu qui venaient du
Zare. Descente avec les Punu du fleuve Nyanga jusqu Massanga et Mongu. Autre groupe
avec les Vili vers Ndindi, Sett-Cama. Mutation de langue (menana au lieu de merie).
Etablissement lintrieur Panga
Dans la communaut lumbu elle-mme, les versions faisant venir les Bapunu en mme
temps que les Balumbu sont assez marginales. On retrouve une telle version chez
Mouguiama-Daouda (1993: 60) :
Venus par le sud, du Congo selon certains, du Zare selon dautres, les Bapunu
constituent la dernire vague des migrations du groupe B 40. Suivant de prs les Balumbu ils
sinstallrent dans le sud-Gabon
Les traditions orales et les sources crites font donc venir les Balumbu de lancien
royaume de Loango (qui faisait lui-mme partie du grand royaume de Kongo). Dans lancien
26
royaume de Loango (dans la rgion du Niari-Kouilou), les Balumbu auraient cohabit
longtemps avec les Vili avant dtre rejoints par les Bapunu qui viendraient du Zare (actuel
RDC). Approximativement au XIIe ou XIIIe sicles, les Balumbu auraient migr et se
seraient installs entre les Bayaka (actuel Bapunu) et les Bavili, en claireurs, vers locan
daprs Ratanga-Atoz (1999: 152).
8 Organisation sociale des balumbu
Les villages traditionnel forment une sorte de ceinture avec une grande place au centre
o se trouve un hangar mwandz o se rassemblent tous les hommes au moment du repas,
du repos et pour rgler les litiges. Chaque village est plac sous la tutelle dun chef du village,
fumu bw:l . Le chef du village dcide sur les activits telle que le mariage, linitiation, la
protection des interdits. La rpartition du pouvoir est tablie en faveur de lan. Les relations
claniques, familiales et lignagres sont primordiales pour le regroupement des habitants. En
effet, les membres du village sont lis par une parent de type matrilinaire. Il suffit parfois de
parler le lumbu et dhabiter le mme village pour prtendre faire partie de telle ou telle
famille. Et cest surtout l que la notion de Ifumba cest--dire le clan, est important, car
les membres de celui-ci se doivent protection et assistance.
Les relations entre les habitants du village sont hirarchises selon la pyramide des
ges. Le respect est d aux personnes plus ges et le chef du village fm bwl est une
personne qui a un temprament assez remarquable et une forte personnalit. Il est dsign par
ses congnres. Son rle est dassurer la paix et la scurit des habitants, de les protger
contre des ventuelles agressions et aussi de rgler les diffrends lamiable. Pour accomplir
cette mission, le chef devait possder certains pouvoirs magiques qui le mettraient en contact
avec les esprits des anctres. La notion de pouvoir dans le contexte africain est dfinie par
Duverger (1973 :167)3, cit par Koumba-Manfumbi (1987: 167) comme :
Une forme dinfluence ou puissance qui est tablie par les normes, les croyances et
les valeurs de la socit o il sexerce. Son existence repose sur le fait que tous les groupes
sociaux admettent explicitement ou non des chefs, gouvernants, dirigeants (peu importe leur
nom officiel) auxquels est reconnu le droit de donner des ordres aux autres membres du
groupe pour les pousser faire ce quils nauraient pas fait sans cela. Les membres du
groupe sinclinent devant cette influence parce quils la considrent comme conforme au
systme des normes de valeurs du groupe.
3 DUVERGER, M. : Sociologie de la politique, P.U.F. Paris, Paris ; 1973, p.167
27
Lexprience tant lapanage des personnes ges, le pouvoir politique est la
disposition de ces dernires qui sont en fait secondes par le conseil danciens bnd .
Ainsi le droit danesse est de rigueur. En effet, le rle des ans est dapporter leur sagesse
aux jeunes.
La socit balumbu obit une organisation matrilinaire, comme la majorit des
socits gabonaises. Les enfants appartiennent au clan de la mre. Loncle maternel m
kts a une autorit sur la descendance de sa sur. Les neveux, bn b kts sont les
principaux hritiers au dtriment de sa propre descendance, la mort de loncle maternel. Le
rapport oncle/neveu repose sur le respect.
Les mariages inter-ethniques sont admis chez les Balumbu, ils ne rejettent pas les
mariages contracts entre une femme et un homme appartenant au mme clan. Un homme
peut prendre en mariage un membre de la famille de son pre. Cest toujours la femme qui
quitte sa famille pour rejoindre celle de son poux. Ce dernier nest autoris emmener une
femme dans son domicile quaprs avoir donn une dot et des prsents de diverses natures
sa belle-famille biwts . Par ailleurs, le divorce est accord, condition que la femme
rembourse lintgralit de la dot son mari. Pour avoir sa place dans la socit, il faut avoir
fait ses preuves. Un enfant doit par exemple passer une srie dpreuves physiques adaptes
son sexe et son ge. Une adolescente ntait considre comme une femme que lorsquelle
passait par une tape initiatique de ikumbi (vierge). Etape partir de laquelle on prpare la
jeune fille intgrer un foyer conjugal. Cette pratique tait galement courante chez les vili
(tikumbi), peuple qui ctoie les Balumbu. Cest seulement aprs, quelle pourrait prtendre
au mariage.
Les activits principales du village sont conditionnes par le rythme des saisons. Les
Balumbu vivent de la pche, de lagriculture et de la chasse. Chaque famille dispose au moins
dune pirogue. La pche se pratique de faon artisanale.
Pendant la saison sche, qui intervient entre juin et aot, les Balumbu dfrichent leurs
plantations. Ils pratiquent la culture sur brlis. Ce dur labeur est ralis par les hommes, car
les besognes les plus pnibles leur sont rserves.
Les Balumbu vivent des produits de la chasse, de la pche, de lagriculture ainsi que
de la cueillette. Leurs femmes sont aussi battantes dans les activits quotiennes que les
hommes.
En dbut de saison des pluies, prcisment de septembre novembre, les femmes
sactivent mettre les semences en terre. Les rcoltes se font selon la maturit des plantes.
Des plantations de manioc recouvrent une grande partie des terres cultives. Les sols
fertiles produisent des lgumes, des fruits, le manioc, des tarots, des ignames. Et derrire les
28
cases on trouve des ananeraies et des bananeraies ainsi que dautres arbres fruitiers. Les
revenus gnrs par la vente des excdents des produits de la cueillette, la pche et la chasse
permettent aux femmes dentretenir leurs familles.
Les Balumbu croient en lexistence dun tre suprme nzmb fumu , crateur du
ciel, de la terre et tout ce qui existe, Dieu tout puissant, lEtre en qui ils fondent tout leur
espoir, celui qui justifierait leur prsence sur cette terre.
Ils croient galement la prsence des gnies quils appellent bagisi , capables de
conjurer le mauvais sort et damliorer le quotidien. Ils rendent aux gnies un culte clbr
selon les situations qui se prsentaient eux (deuil, naissance, rcolte, etc.).
On note lexistence dautres croyances et des rites initiatiques tels que le bwiti qui
est rituel rserv aux hommes et le mb:mb , celui des femmes.
En effet, chez les Balumbu, le cri de certains oiseaux permet de comprendre le type de
message transmis ainsi que la notion de temps, car le cri dun oiseau par exemple pourrait
indiquer lheure de la journe. Ils sont superstitieux et certains phnomnes trouvent leurs
rponses dans le surnaturel. Le naturel cotoie le surnaturel dans la socit des Balumbu
La mort naturelle nexiste presque pas : lon trouve toujours un bouc missaire pour la
justifier, et cest souvent loncle qui en est responsable.
9 Classification linguistique
La classification linguistique a pour but de rpartir les langues en familles
linguistiques. Rappelons quon compte deux grands types de classification que sont, la
classification gntique qui consiste classer les langues en fonction dune parent ancienne.
La classification typologique quant elle range les langues en fonction des critres
linguistiques fixs ; ces critres peuvent tre morphologiques, phonologiques ou autres, ce qui
permet de remarquer lexistence des langues classes, des langues isolantes
Toujours est-il quon est dans une zone bantoue, o toutes les langues gabonaises sont
ranges dans une douzaine de groupes selon les chercheurs.
Par rapport aux donnes que nous disposons, nous nous sommes inspirs de la classification
des langues gabonaises ralises par Van Der Veen (ELL2, 2006)4 en collaboration avec
lUniversit de Tervuren (Belgique). Cette classification est le rsultat de la combinaison de
trois classifications faites par Jacquot, Hombert et Kwenzi-Mikala, la plus rcente.
4 ELL2 :cest un Laboratoire de recherche de lUniversit de Lyon 2
29
Tableau 1 : Tableaux des classifications des langues gabonaises Lgende : KM : Kwenzi- Mikala (1987) J : Jacquot (1978) H : Hombert (1980)
GROUPE SHIRA-PUNU (B40) GROUPE TEKE (B70)
Yesira
Yisagu yupunu
yilumbu
yibwisi
yiarama yiugu gubi yirimba
B41
B42
B43
B44
B401 (KM/H)
B402 (KM/H)
B403 (KM/H)
B404 (KM/H)
405 (KM/H)
latee
tsaayi
latsitsee
.
B71a
B73a (teint ?)
B700 (KM/H)
GROUPE NJABI (B50) GROUPE KIKONGO (H10)
Liduma
Inzebi
Itsgi Liwandzi
Imwl Iili
B51
B52
B53
B501 (KM/H)
B502 (KM/H)
B503 (KM/H)
Civili
Non bantou
(oubanguien)
Baka xxxxxxxxx
H12 ( KM /H)
GROUPE MBETE (B60)
Lembaama
Lendumu
Lempini
lekanii
B62 (dialecte mbete
B61)
B63 (dialectes: epii,
kanandz, kuya, nyari)
B601
B602
30
Le Lumbu appartient la famille des langues bantu dans la zone B40 du groupe shira-
punu sous lindex B44, dans la classification de Guthrie (1967-71). Il connat une riche
variation dialectale qui na pas encore t tudie. En effet, on note deux varits de Lumbu
savoir le yilumbu yi g:gu parl dans la Nyanga et le yilumbu yi mna:n parl dans
lOgoou-Maritime. Tout au long de notre travail seront utiliss les termes Lumbu comme
dnomination ethnoscientifique de la langue et Balumbu pour les locuteurs de cette langue.
Les autres langues du groupe shira-punu sont les suivants:
gisira B41
yisagu B42
yupunu B43
yilumbu B44
Kwenzi-Mikala a labor linventaire (1987, 1997) des langues Gabonaises sous la
base de lintercomprhension. En effet, il a regroup les langues en fonction de lnonc
introductif de la conversation dans les langues du Gabon qui se traduit par je dis que et
chacun des groupes des langues est appel Unit-langue . Le Lumbu est class dans
lUnit-Langue VI Mry qui se compose comme suit :
VI- unite-langue mry 10 parlers
1- gisira 6- yisangu
2- givarama 7- ngubi
3- givungu 8- civili
4- yipunu 9- yirimba
5- yilumbu 10- yigama
Dans leur dictionnaire du Lumbu, Mavoungou et Plumel (2010: 26-28) proposent un
schma de structuration du Lumbu travers les deux aires gographiques (Gabon, Congo)
ainsi quun panorama qui fait ressortir les divers dialectes de cette langue.
31
Figure 1 : Schma de la structuratuin du Yilumbu
YILUMBU
YILUMBU DU
GABON
YILUMBU DU
CONGO
yiluumbu yi ghaangu
yiluumbu yi basi kwiilu
yiluumbu yi basi nyaari
yiluumbu yi menaane
32
Figure 2 : Panorama de quelques sous dialectes ou parlers yilumbu autour du ylmb
y mnn
yl:mb y
g ylmb
y nd
ylmb y Mbnd
ylmb y
Mg ylmb y sy
ylmb y
ktnd
ylmb y
Mymb
yl:mb y mnn
ylmb y
Stkm ylmb
y kgwt
ylmb y
nd ylmb y tnd
ylmb y
mbs
ylmb y
mrmb
10 Situation sociolinguistique du Gabon
Le Gabon connat une multitude de langues sur tout le territoire national qui arrivent
mme une cinquantaine selon certains auteurs. Cependant, aucune de ces langues
rpertories ne bnficie dun statut de langue nationale, le franais tant la seule langue de
grande diffusion, lunique langue officielle. Il est parl dans toutes les sphres de la socit et
les langues locales sont rduites un usage familial et informel. Ne pouvant tre en marge de
cet engouement portant sur la valorisation des langues locales, le Gabon a mis en place une
politique linguistique qui consisterait promouvoir et insrer les langues locales dans le
systme ducatif.
Toutes les langues du Gabon ne disposent pas de la mme influence au sein des
populations. Certaines sont rserves au domaine rituel, tel est le cas du getsogo B31 qui est
une langue trs pratique dans le culte bwiti5. Dautres assurent des fonctions vhiculaires
selon lendroit o lon se trouve.
Parmi les jeunes de 10 18 ans interrogs pendant notre priode de stage
lImmacule Conception et au collge Notre Dame de Quaben (1999-2001) et dont les parents
taient locuteurs aguris, dans ces tablissements prs de 40% ne parlaient aucune autre
langue que le franais. Les mariages endogamiques qui avaient la possibilit de favoriser
lpanouissement des langues ne leur permettent pas toujours dmerger, car le franais
sutiliserait comme seule langue de communication entre les enfants et les parents ; et entre
les membres de la famille et le monde extrieur.
Les nouvelles gnrations non locutrices des langues locales vont en saccroissant.
Elles se verront dans lincapacit de transmettre leur progniture les rudiments des langues
quelles nont mme pas.
Cependant, seules les personnes vivant dans les zones rurales o les langues subsistent
encore sont susceptibles den faire usage, dautant plus que toutes leurs activits quotidiennes
sont loccasion de les utiliser.
Le Ministre de la Planification et de lAmnagement du Territoire dans le cadre du
recensement gnral de la population de 1993 a labor au moins neufs tableaux des langues
du Gabon selon lenvironnement dans lesquels on rencontre ceux qui les pratiquent. Nous
avons regroup ces tableaux en un seul, pour nous permettre davoir une vue synoptique des
5 Rite initiatique du Gabon qui a une forte influence chez les Mitsogo.
34
chiffres. Celui-ci prsente la distribution de la population gabonaise par groupes ethniques
selon le lieu de rsidence.
Tableau 2 : Locuteurs selon les groupes linguistiques
Provinces Groupes ethniques
Fang Kota-kele mbede myene Nzebi-duma Okande-tsogo Sira-punu
Estuaire 136882 19268 21837 25162 40249 8817 101012
Haut-
Ogoou 2704 8458 58.185 416 18.113 901 4017
Moyen-
Ogoou 12.467 3.175 173 3.873 2.871 3.065 13.560
Ngouni 1.013 2.435 192 140 22.614 11.815 35.264
Nyanga 523 203 61 103 319 347 35.915
Ogoou-
Ivindo 11.443 28.985 342 98 1.045 1.087 2.103
Ogoou-
Lolo 763 6.357 896 88 23.221 5.107 5.157
Ogoou-
Maritime 10223 1.652 1.048 18.788 4.898 1.541 43.756
Woleu-
Ntem 82.573 818 156 99 326 114 1.170
Depuis 1997, le Ministre de lducation nationale estime que lenseignement de nos
langues est le seul facteur de consolidation de la relation identit culturelle et identit
nationale . La concrtisation de cet engagement se manifeste par lorganisation de nombreux
sminaires portant sur llaboration dun alphabet scientifique propre aux langues du Gabon
et la mise en place dune orthographe qui permettrait de les crire.
Jusquici, lenseignement desdites langues se fait titre exprimental. Il se base sur
linitiative prive de la Fondation Raponda Walker qui procure aussi les documents utiliss
par les enseignants. La Fondation a labor des manuels dapprentissage (Rapidolangue) en
quelques langues locales (myene, fang, tsogo, kota, punu, nzebi, lembama).
Quant lInstitut Pdagogique National (I.P.N), il a mis en place un dpartement des
langues nationales qui a pour mission la conception des manuels didactiques et la
normalisation des langues en vue de leur utilisation.
35
Nous convenons avec A. Jacquot (1988 :404) que La langue nationale, expression
dune tradition locale, apparat donc, souvent, comme la touche finale qui confre au nouvel
Etat, sa personnalit et son originalit face lancienne puissance coloniale dune part, face
aux autres pays, et surtout aux pays voisins, dautre part .
Notre objectif est loin de faire le contre-poids au franais, langue dj bien ancre dans
les us de la socit gabonaise. Nous esprons plutt que les lves nourriront aussi un intrt
pour les langues nationales.
Une langue nationale serait un outil essentiel de communication pour la population
gabonaise. Une langue comme objet de toute activit serait un plus, quel que soit le milieu.
Les Gabonais seraient capables de partager ce quil y a dessentiel dans une socit
harmonieuse. Jacquot (1988 : 412) ajoute que Cette adaptation tous les besoins de la
communication, quil sagisse de lexpression de la tradition ou du moderne et de lactuel, est
la condition de son utilit, et partant de l, son attrait pour la population .
Ltude portant sur le Lumbu, souhaitons-le aura pour dessein de poser les bases qui
serviraient ultrieurement la conception dune mthodologie dapprentissage.
La situation linguistique du Gabon prsente un panorama diglossique avec une quasi-
cohabitation entre le franais et les langues locales. Les fonctions les plus dterminantes de la
socit (administration, enseignement, la politique lconomie, etc.) sont rserves au
franais. Ces fonctions peuvent tre considres comme des fonctions hautes . Les langues
locales quant elles servent la communication intra-ethnique ; elles sont parles sur les
marchs et semploient dans les changes interpersonnels.
La diglossie telle quelle est conue par Gumperz et Fishman, peut tre applique entre deux
langues issues de familles diffrentes non apparentes, tel est le cas du franais et des langues
du Gabon.
Les gens sont obligs doprer un choix dans lusage de telle ou telle langue en fonction des
activits qui les mettent en relation avec des personnes qui nappartiennent pas au mme
groupe linguisque queux.
Pour Ferguson (1959), lutilisation des varits seffectue par rapport des situations bien
prcises, ces varits sont simultanes au sein de la socit. Chacune delles a un rle prcis
jouer, cette conception permet donc de faire une distinction entre le bilinguisme qui relve le
plus souvent de lindividu et la diglossie qui caractrise la socit.
Chaque groupe est localis dans un lieu prcis du territoire. Compte tenu du fait que nous
navons pas pu avoir des lments sur les chiffres exacts de locuteurs pour chaque langue,
nous prsentons plutt le nombre de locuteurs par groupe linguistique.
36
11 Statut du franais au gabon
Cest un pays multilingue, la communication dans toutes les strates de la socit se fait
en franais. Le caractre officiel du franais nest plus prouver puisquil est consign dans la
Constitution. Il assume les fonctions les plus prestigieuses, langue littraire, de la justice et
autres domaines importants de la socit. En effet, comme le dit P. Dumont (1990, 31)6 que
Le franais a longtemps t considr, et continue de ltre juste titre dans bon nombre
dEtats, comme la langue de llite, du pouvoir, de la promotion sociale. Ceci reste vrai dans
les Etats dAfrique noire francophone. Mais cette situation nest pas immuable .
Afin de faire ressortir linfluence du franais face aux langues nationales, nous
prsenterons un tableau ralis par M. Rebecca (2000 :187).
Ce tableau est le rsultat dun travail qui a port sur la distribution des langues au sein
de la socit gabonaise.
Tableau 3 : lusage du franais face aux langues locales
Bureau administratif
Langues locales (L) Franais (Fr) Alternance (A)
10.8%
0%
69.2%
89.0%
11.0%
Amis en brousse
Au village
85.4%
88%
2.3%
5.5%
3.8%
6.4%
Camarades
collgues
amis
12.3%
0%
0%
50.8%
96.3%
56.9%
2.3%
3.7%
4.0%
Patron/ matre
Suprieur/professeur
9.2%
0%
59.2%
95.4%
4.6%
A table
A la maison
89.3%
31.2%
1.5%
42.2%
2.3%
26.6%
Il ressort donc de ce tableau une appropriation trs marque du franais face aux
langues locales, pris ici comme une langue indispensable, incontournable, moderne et langue
de prestige.
6 DUMONT, P. 1990. Le Franais langue africaine.
37
On constate que lusage du franais est rserv aux structures publiques, aux
environnements o lon a la possibilit de retrouver toutes les couches sociales et tous les
reprsentants de chacune des langues du Gabon. En effet, le franais est une langue dont les
Gabonais font usage pour tablir facilement la communication avec autrui. Ce choix de
langue peut la limite paratre rglement au lieu dtre spontan, au mieux naturel.
Ce choix peut aussi sinterprter comme une marque de respect son statut
professionnel.
Langue de toutes les instances, le franais est obligatoire dans les situations tatiques
et interethniques. Il favorise la communication entre les personnes qui nont pas la mme
langue maternelle.
Ainsi, lusage du franais simpose suivant les contextes. Si lon veut rellement faire
des tudes suprieures, le Gabonais na dautres choix que dapprendre en franais. Car
aucune des langues locales na ce pouvoir pour linstant daccorder ce privilge qui consiste
la russite sociale.
La prpondrance du franais peut aussi sexpliquer par cette tendance de le prendre
pour une langue dlite susceptible de propulser celui qui la dtient vers des hauts sommets.
Le franais est de ce fait favorable cet effet linsertion sociale et professionnelle.
Cest une langue qui permet davoir une ouverture vers le monde extrieur.
En effet, le franais dtient sa supriorit par le simple fait quil est ldifice mme de
lEtat, le vhicule privilgi des nantis africains. Le franais est aussi le mdium exclusif
du savoir scolaire et universitaire.
Les travaux de Zang Bie et Emejulu (1999) inspirs dun tableau de Fisherman (1991)
ont constat que les langues du Gabon sont classes aux stades 6, 7, 8.
Le stade 6 : ce stade correspond aux enfants qui apprennent la langue par le biais des
parents, du voisinage et des communauts ;
Le stade 7 : ici, la langue reste limite aux vnements et crmonies culturelles ;
Le stade 8 : la langue est parle par quelques personnes ges. Elle est voue
lextinction.
Les langues gabonaises sont relgues au bas de lchelle sociale et sont exclues de la
vie publique.
Il est tout de mme ncessaire de reconnatre quil existe une coexistence tolre entre
le franais et les langues nationales, bien que ces dernires ne soient voues qu un usage
familial ou crmoniel, initiatique. Elles sont peine reprsentes dans les mdias.
Cette coexistence nous laisse penser quil rgne au Gabon une diglossie, au sens de
Furguson. La diglossie est, dans le cadre du Gabon tolre .
38
Car comme lcrit Davesne (1933 : 4)7 cit par Dumont (1983 : 202) La langue
franaise est un incomparable instrument de civilisation et les langues africaines les
dialectes uniquement parls, lextension singulirement limite .
En effet nous avons dun ct une langue haute qui est le franais et une langue
basse , catgorie dans laquelle nous rangeons toutes les langues vernaculaires.
Cependant, le franais du Gabon peut avoir une certaine originalit, comme on le
rencontre dans les autres coins de lAfrique francophone dailleurs.
Il est imprgn des termes venus de nos langues locales qui viennent enrichir le
franais en leur donnant un sens originel propre au Gabon. Comme le souligne M. Chansou
(1989 :101)8 la langue a d faire face dnormes dnominatifs pour dsigner des nouvelles
ralits () importes
Car, nous avons cette possibilit de retrouver des termes puiss dans les langues
nationales insrs dans les phrases bties en franais. Bien videmment ces mots ont plus une
coloration hybride.
Pour A. Jacquot (1979 :493)9 cinq types de langues peuvent tre reconnus au Gabon
en fonction de leur contexte sociologique : le franais, langue officielle ; les langues
vernaculaires propres une communaut humaine gographiquement localisable ; des langues
vhiculaires, le franais et les variantes du franais, langues locales ; des langues spciales,
langues secrtes rituelles ; les langues propres certaines minorits dimmigrants dont lusage
ne sort pas de ces communauts .
Compte tenu de la place de choix quoccupe le franais, est-il possible quil soit
considr comme une langue maternelle (LM), langue seconde (LS) ou une langue trangre
(LE) ?
Lusage du franais et des langues gabonaises sur le territoire est un indicateur de
bilinguisme envelopp dun soupon de diglossie qui ne dit pas son nom. Il existe de ce fait
un rapport dingalit sociale.
Nous nous sommes inspirs des travaux raliss par Idiata (2002: 81) sur la vitalit des
langues gabonaises dans un environnement urbain pour montrer le comportement des lves
face aux langues. Ainsi, lanalyse faite par lauteur donne les rsultats suivants prsents sous
forme de tableau.
7 Davesne, A., 1983, La langue franaise, langue de civilisation en Afrique Occidentale Franaise, Saint-Louis.
P.4.
8 Chansou : 1989, P101. Rf du doct. 9 Jacquot :1979, P 493
39
Tableau 4 : des pourcentages des langues utilises par les enfants
Ethnies Langues
parles
A la
maison
Avec la
mre
Avec le
pre
Avec
frres et
soeurs
Avec
camarades
de jeux
Avec
grands
parents
fang fang 29.03 12.90 7.52 2.41 0.26 22.04
franais 39.78 48.11 64.51 84.67 97.58 22.04
masangu Isangu 15.38 7.69
franais 38.46 30.76 38.46 76.92 92.30 7.69
Nzebi nzebi 26 2.5 3.33
franais 53.33 45 60.83 65.83 91.66 18.33
Kota kota 23.07
franais 53.84 7.69 15.38 84.61 100
Myene myene 14.29 7.14 7.14
franais 57.14 57.14 76.19 90.47 100 30.95
Gisir gisir
franais 86.66 33.33 40 53.33 93.33 13.33
Obamba obamba 5.00
franais 60.00 70.00 80.00 100 100 5.00
Punu punu 13.25 3.61 6.02 9.63
franais 62.65 32.53 55.42 80.72 97.59 16.86
Teke teke 8.00
franais 64.00 52.00 60.00 92.00 100 24.00
Ce tableau nous montre la place que les langues gabonaises occupent dans les
pratiques linguistiques quotidiennes des jeunes.
On remarque que certaines langues ne sont presque pas usites, sauf lorsque les
enfants se retrouvent auprs des grands-parents.
12 Structuration du travail
Dans notre introduction nous avons prsent les contextes sociolinguistique,
gographique, social et linguistique des Balumbu et nous avons donn un aperu du contexte
global du milieu dans lequel se pratique la langue.
40
La prsente description sarticule autour de deux grandes parties : la phonologie et la
morphologie du Lumbu.
La partie phonologie commence par lidentification des phonmes vocaliques et
consonantiques ; elle procde ensuite la dfinition et au classement des phonmes
rpertoris dans la langue. Vient enfin lexamen des tons et ltude de la syllabe qui clt cette
partie.
La deuxime partie -la morphologie- comprend deux chapitres : le systme nominal et
le systme verbal. Ltude de la morphologie nominale dbouche la prsentation des classes
nominales qui ont un rle primordial sur les accords de classes en Lumbu.
Quant la morphologie verbale, elle est organise par la prsence dun certain nombre
de morphmes varis qui sont accolls au radical verbal. Ainsi, la forme verbale est donc
constitue dun indice sujet, dun marqueur de temps, ainsi des morphmes dextension, pour
ne citer que ces quelques lments. Cette partie sera close par la conjugaison.
41
Phonologie
La phonologie se fonde sur lanalyse des phonmes. Traditionnellement, le phonme
se dfinit comme une unit qui se caractrise par sa valeur distinctive. Pour dterminer les
phonmes du Lumbu, nous avons fourni les chantillons de paires minimales qui mettent en
vidence la fonction distinctive des phonmes. Ainsi, les phonmes sont considrs travers
la mthode de commutation.
Cette mthode consiste mettre en parallle les mots de la langue plus ou moins
identiques sur le plan phonique. Pour ce faire, nous avons tenu compte de toutes les positions
que le phonme occupe dans le mot. Les mots mis en opposition appartiennent une mme
catgorie grammaticale.
Le Lumbu tant une langue tons, nous avons tenu compte des tons des voyelles de
ces paires minimales afin de souligner lidentit phonmique et lenvironnement tonal des
substantifs opposs.
Nous prsentons dans cette partie les rsultats de notre analyse du systme
phonologique. Nous commenons dabord par dterminer le statut phonologique de ces
segments. Nous procderons ensuite la dfinition et au classement des phonmes que nous
aurons identifis.
1 Identification des segments phonologiques du Lumbu de
Mayumba
Ce chapitre traite de lorganisation en systme des sons de la langue et prsente leur
ralisation. En effet, nous allons procder lidentification des units distinctives.
Nous avons utilis les symboles phontiques proposs par lAlphabet Phontique
International (API) pour la transcription des occurrences linguistiques du Lumbu.
1.1 Analyse phonologique des voyelles
Il existe dix voyelles en Lumbu dont cinq voyelles brves (i, , a, , u) et cinq voyelles
longues (i:, :, a:, :, u:). Signalons toutefois que la flche () justifie le fait que la voyelle de
la dernire syllabe est ralise plus bas que la voyelle prcdente.
Les voyelles se distinguent ici par leur degr daperture et leur point de localisation.
Par consquent, les paires minimales sont prsentes sous leur forme de base, cest--dire le
radical verbal pour le verbe et le thme pour le nom prcd de leurs prfixes respectifs.
42
Les voyelles brves 1.1.1
1.1.1.1 Le phonme /i/
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
i/u
saluer bl ] casser
ll pleurer ll brler, piquer
s creuser s nager
i/
b goter b toucher
mn foi mn cou
Le phonme /i/ est phontiquement ralis comme une voyelle antrieure, non-
arrondie, de 1er degr daperture, brve.
1.1.1.2 Le phonme /u/
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
u/i
Dj effectu propos de /i/.
u/
l vomir l jeter un sort
s nager s transvaser
Le phonme /u/ est phontiquement ralis comme une voyelle postrieure arrondie de
1er degr daperture ferme, brve.
1.1.1.3 Le phonme //
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
/i
Dj effectu propos de /i/
/
bl avoir tort bl pourir
s ronger s transvaser
43
/a
s ronger s scouer
b apporter b possder
Le phonme // est phontiquement ralis comme une voyelle antrieure de 3me
degr daperture ouverte non-arrondie, brve.
1.1.1.4 Le phonme /a/
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
a/
s scouer s battre (les cartes)
a/
Dj effectu propos de //
Le phonme /a/ est phontiquement ralis comme une voyelle centrale ouverte non-
arrondie de 3me degr daperture, brve.
1.1.1.5 Le phonme //
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
/a
Dj effectu propos de /a/
/u
Dj effectu propos de /u/
/
Dj effectu propos de //
Le phonme // est phontiquement ralis comme une voyelle postrieure de 3me,
mi-ferme arrondie et brve.
Les voyelles [e] et [o] sont gnralement les ralisations conditionnes des voyelles /
/ et // dans un environnement de voyelles fermes. Cependant, il y a des cas, peu nombreux
certes et marqus par ailleurs, dans lesquelles les voyelles // et // nalternent pas avec leurs
correspondantes mi-fermes. Nous pensons que la situation qui vient dtre prsente semble
indiquer que le lumbu de Mayumba connat actuellement un systme vocalique transitoire qui
44
consiste au passage quasiment achev dun ancien systme 7 voyelles vers un nouveau
systme 5 voyelles.
Les voyelles longues 1.1.2
On parle de longueur vocalique lorsque la ralisation dune voyelle prend plus de
temps que celle dune voyelle brve. Cette longueur vocalique est pertinente en Lumbu. Il
faut toutefois signaler que la corrlation de quantit est observe en position mdiane de mot.
En effet, les voyelles longues contrairement aux voyelles brves, sappuient sur une attaque
pour fonctionner comme noyau de syllabe. Cette longueur vocalique se justifie comme nous
allons le voir plus loin, par le procd dlision, de smi-vocalisation et de prnasalisation.
Lallongement vocalique en Lumbu est srement occasionn par des rgles morphologiques
Nous avons choisi de matrialiser la longueur dune voyelle par le signe diacritique (:).
1.1.2.1 Le phonme /i:/
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
i/u:
Saisir, attraper ] acheter
i/
g accepter g insulter
l:nd] demander l nd] dtester, har
:nd] immerger nd offrir
i/
l:nd] demander lnd] rapicer
i:/a:
l:nd demander land] suivre
b:nd] tresser bnd] maigrir
Le phonme /i:/ est phontiquement ralis comme une voyelle antrieure ferme,
non-arrondie, de 1er degr daperture, longue.
45
1.1.2.2 Le phonme /:/
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants:
:/i:
Dj effectu propos de /i:/
:/
l:nd] har l:nd] rapicer
s:mb]blmer s:mb] emprunter
rnd ] tailler (ongle) rnd] remercier
bg ] murir (fruit) bg] prendre
:/a
s:nd]offrir s:nd]trier
l:nd] har l:nd] suivre
1.1.2.3 Le phonme /u:/
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants:
u/i
Dj effectu propos de /i/
u/u
l] dshabiller l] sentter
u/
bg] se dbattre b:g] prendre
lg] attendre lg] conseiller
Le phonme /u/ est phontiquement ralis comme une voyelle postrieure arrondie de
1er degr daperture ferme, long.
1.1.2.4 Le phonme /:/
Son identit phonologique ressort des rapprochements ci-aprs :
46
/u
Dj effectu propos de /u/
/
Dj effectu propos de /u/
/
l crier l: jeter un sort
bl ramesser bl pourrir
lt dartre lt cuiller
/a
ml paresseux ml pieds
sl fripprie sl sel
Le phonme /:/ est phontiquement ralis comme une voyelle postrieure de 3me,
mi-ferme arrondie, longue.
1.1.2.5 Le phonme /a:/
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
a/
sl travailler sl] couper les lgumes
a:/a
Jouer Se peigner
a/
Dj effectu propos de //
a/a
mbts ami mbts demain
Le phonme /a/ est phontiquement ralis comme une voyelle centrale 3me degr
daperture ouverte non-arrondie, longue.
Nous avons labor le systme vocalique travers le processus de la commutation
entre les voyelles. Le caractre distinctif est avr lorsque la commutation entrane une
47
diffrence de sens. Les phonmes /i, u, , , a/ peuvent tre longues. La longueur vocalique est
distinctive lorsquelle implique une diffrence de sens, auquel cas, elle sexplique par des
rgles morphologiques. Les voyelles brves, certaines en tout cas peuvent constituer elles
seules le noyau dune syllabe, ce qui nest pas le cas pour les voyelles longues qui ont
toujours besoin dune attaque pour former une syllabe. En outre, la longueur vocalique est
pertinent en Lumbu tel que le montrent les oppositions distinctives qui nous ont dailleurs
permis de ressortir ce trait de longueur.
Distribution vocalique 1.1.3
Le systme vocalique du Lumbu comporte dix voyelles ranges selon leur dgr
daperture (trois degrs). Les voyelles brves ont une correspondance avec les voyelles
longues, dans lensemble.
Toutes les voyelles napparaissent pas dans toutes les positions: initiale, mdiane et
finale. Certaines vont occuper la position mdiane et finale, mais pas la position initiale.
Ainsi, les voyelles /i/ /u/ et /a/ occupent toutes les positions initiale, intervocalique et
finale. Elles constituent dans le noyau de la syllabe. Ces voyelles reprsentent respectivement
des prfixes de classes, particulirement de classes 7 et 15 et lindice sujet de la troisime
personne du singulier.
Les voyelles // et // quant elles ne sont notes quen position mdiane. Par ailleurs,
on rencontre les ralisations e] et o] lorsque les phonmes // et // sont prcds ou suivis
dune voyelle ferme (i, u).
Ce tableau nous permet de mettre en vidence les traits distinctifs des dix phonmes
vocaliques du Lumbu dont cinq voyelles longues et cinq voyelles brves.
Antrieures Centrale Postrieures
Longues Brves Longues Brves Longues Brve
Fermes i i u u
Moins ouvertes
Ouverte a a
48
Les variantes contextuelles 1.1.4
Les phonmes / e / et / / ont respectivement les allophones [e] et [o] lorsquils sont
suivis dune voyelle ferme (i, u).
/e / > [e] / - Ci, u (1)
/nesi/ [nsi] non
/dmesi/ [dmsi] quelque chose dautre
/e/ > [e] Ailleurs (2)
/leb/ [uleb] se promener
/teb/ [teb] casser (une noix)
// > [o] /- Ci, u (3)
/nds/ [nds] rve
/mls/ [mls] sorcier
// > [] / Ailleurs. (4)
/gd/ [d] frapper
/dk/ [dk] cueillir
En effet, en dbit normal de la voix la voyelle /a / des syllabes inaccentues est
rduite un schwa [], lorsquelle nest pas tout simplement efface []. Voici des exemples
montrant la voyelle /a / reprsente par [] en position mdiane ou finale.
Exemples :
a. |yd+m| [ydm] tombe (5)
b. |d+bgl| [dbl] garon
c. |+ll+m+| [llm] se pendre
Voici des exemples montrant la voyelle /a / reprsente par [] en position mdiane ou
finale.
49
a. |d+N+zl| [dndzl] ongle, doigt (6)
b. |+krs| [krs] pantalon
c. | d+kwl| [dkwl] hareng
Nasalisation 1.1.5
Nous avons not labsence des voyelles nasales dans le systme vocalique. Cependant,
nous avons tout de mme relev une nasalisation phontique. En effet, la nasalit nest pas un
trait pertinent pour le simple fait quelle est conditionne par la prsence dune nasale dans la
squence Voyelle-Nasale (VN). Une voyelle qui prcde immdiatement une consonne nasale
se retrouve nasalise. La nasalisation des voyelles est note par un tilde souscrit.
Exemples
] blmer (7)
] Emprunter (8)
] Cuisiner (9)
:mb] tendre des piges (10)
1.2 Definition et classement des phonemes vocaliques
Lidentification des phonmes vocaliques effectue la suite des oppositions
minimales a permis de dfinir et classer lesdits phonmes.
Dfinition des phonmes vocaliques 1.2.1
Le systme vocalique se distingue par le dgr daperture, le lieu darticulation et la
quantit vocalique (brve/ longue):
Nous avons donc :
50
/i/ antrieur i/u
ferm i/
/u / postrieur u/i
ferm u/a
/ / antrieur /
mi-ferm /u
/ / postrieur /i
mi-ouvert /u
/ a / central a/
ouvert a/u
/i:/ antrieur i:/u
ferm i:/
/u: / postrieur u:/i
ferm u:/a
/:/ antrieur :/
mi-ferm :/u
/ / postrieur :/i
mi-ouvert :/u
/ a / central a:/
ouvert a:/u
51
Classement des phonemes vocaliques 1.2.2
Selon G.Mounin (1971:113) la classification consiste regrouper les phonmes de
faon faire apparatre la fois, les traits pertinents qui les constituent, leur interdpendance
et leurs oppositions . Pour le classement des phonmes vocaliques, nous avons retenu le
mode darticulation et le degr daperture comme critres.
Les phonmes du lumbu sont classs sous trois ordres et trois sries.
1.2.2.1 Classement selon leurs ordres
On dnombre trois ordres :
a) Premier degr daperture : i ; i: ; u
b) Deuxime degr daperture : ; : ; ; :
c) Troisime degr daperture : a ; a:
1.2.2.2 Classement selon leurs Sries
On compte aussi trois sries qui sont :
a) Antrieur : i ; i: ; ; : b) Postrieur : u ; u: ; ; : c) Central : a ; a:
Ce qui nous donne le tableau ci-aprs :
Ordre
Sries 1er degr 2me degr 3me degr
brve longue brve longue brve longue
Antrieur i i: :
Central a a:
Postrieur u u: :
Le systme vocalique du Lumbu comprend dix voyelles orales avec un certain
quilibre entre les voyelles brves et les voyelles longues. Nous navons pas relev de
voyelles nasales, il existe plutt des voyelles nasalises grce la prsence dune nasale
subsquente. La nasalit nest donc pas pertinente en Lumbu.
52
1.3 Analyse phonologique des consonnes
La structure syllabique tant ouverte, cest--dire se termine par une voyelle ; nous
avons donc choisi de faire les commutations au niveau des consonnes en position initiale ou
intervocalique.
Les phonmes consonantiques du Lumbu sont ici prsents dans les oppositions
distinctives afin de faire ressortir leur particularit. Limportance est donne aux paires
minimales en contexte identique. Ainsi, les traits pertinents que nous allons relever par le
biais de la commutation, permettrons aux consonnes de la langue de se voir accorder un statut
phonologique.
Le phonme /p/ 1.3.1
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants
p/b
pl] rival(e) bl] banc
p/k
ts] arachides ts] scarifications
[p] doute k:] grands-parents
p/g
mls gourmand ms gnie
p/t
] arracher ] sparer
p/n
psi serment nsi non
p/s
ptl] arracher sbl] faire traverser
p/v
[dp:g] terrain [d:g] amiti
53
p/l
ps ombre, fade ls boutique
p/r
dp:g parcelle, terrain dr:gnombre
Le phonme /p/ est phontiquement ralis comme une consonne occlusive labiale
sourde et orale.
Le phonme /b/ 1.3.2
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants
b/p
Dj effectu propos de /p/
b/d
bk] tuer ] cueillir
b/g
] possder ] barrer
b/s
b l ramasser sl] choisir
b/v
pourrir [ fumer
b/l
pourrir ll] aboyer
tb] casser (noix) tl] appeler
b/w
l] Etre malade l] Se marier
bltrouver wlrpondre
b/m
bwm gosme mwm goste
54
b/n
bt couvrir une casserole avec des feuilles nt emmener
Ce phonme /b/ est phontiquement ralis comme une consonne occlusive, labiale
sonore, orale.
Le phonme /t/ 1.3.3
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
t/p
Dj effectu propos de /p/
t/k
Apprends marcher ! kl] marchande !
t/d
t] plaisanter d] faire craquer quelque chose
t/s
tn retrouver sn jouer
tl grossir sl dbroussailler
t/f
t arriver s] nager
tttirer ft rembourser
t/r
rm envoyer dm] gronder (tonnere)
t/l
ll] bercer tl] appeler
t/y
tb dpasser yb savoir
55
Le phonme /d/ 1.3.4
Son identit phonologique ressort des rapprochements ci-aprs :
d/p
Dj effectu propos de /p/
d/b
Dj effectu propos de /b/
d/l
dk] suinter lk] recueillir(de leau)
d/g
[d]voler, drober [ barrer
d/k
dd] picorer dk] cueillir(feuille)
d/t
Dj effectu propos de /t/
d/n
dk] suinter nk] craser (une puce)
insister tirer !
Ce phonme /d/ est phontiquement ralis comme une consonne occlusive dentale et
sonore.
Le phonme /k/ 1.3.5
Son identit phonologique ressort des rapprochements ci-aprs :
k/b
Dj effectu propos de /b/
k/p
Dj effectu propos de /p/
k/t
Dj effectu propos de /t/
56
k/g
attacher frire
k/l
kg nouer, attacher l:g se saouler
k/r
kl sasseoir rl corcher
k/s
kl sasseoir sl choisir
k/m
k:g] nouer, attacher m:grefuser
k/n
tskn bois de chauffe tsnnoiseaux
Le phonme /g/ 1.3.6
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
g/p
Dj effectu propos de /p/
g/b
Dj effectu propos de /b/
g/d
[b] rgime de noix de palme [db] palmier
g/k
Dj effectu propos de /k/
g/v
s ronger s rire
57
g/l
llancer barrer
g/r
barrer r (se) gratter
g/m
n] menacer mn terminer
[ mur [ miracle
g/n
m essorer nm coller
g/w
bpartager wb pcher
g/y
b partager yb savoir
Ce phonme /g/ est phontiquement ralis comme une consonne occlusive, vlaire,
sonore.
Le phonme /f/ 1.3.7
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
f/b
Dj effectu propos de /b/
f/t
Dj effectu propos de /t/
f/d
Dj effectu propos de /d/
f/s
[ insulter accepter
58
[l envoyer l] badigeonner
f/v
fl souffler :l dshabiller
fnd rclamer [nd] se reposer
f/l
fl envoyer ll pleurer
f/n
fn vagabonder nn vieillir
f/w
flenvoyer wlapprendre
Ce phonme /f/ est phontiquement ralis comme une consonne fricative labiodentale
sourde.
Le phonme /v/ 1.3.8
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants
v/p
Dj effectu propos de /p/
v/b
Dj effectu propos de /b/
v/g
Dj effectu propos de /g/
v/l
:ndfaire des ftiches l:ndsuivre, pourchasser
v/r
l tailler rlcorcher
v/s
l tailler sl choisir
59
v/f
Dj effectu propos de /f/
v/m
:n donner m n germer
v/n
d:g amiti dn:gmpris
v/w
: g faire w:g abattre les arbres
v/y
yts froid ts au sol
Le phonme /v/ est phontiquement ralis comme une consonne fricative bilabiale
sonore.
Le phonme /s/ 1.3.9
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
s/p
Dj effectu propos de /p/
s/b
Dj effectu propos de /b/
s/t
Dj effectu propos de /t/
s/k
Dj effectu propos de /k/
s/g
Dj effectu propos de /g/
s/t
Dj effectu propos de /t/
s/l
sl] couper (lgumes) s:s] accoster
60
s/r
skl cueillir rkldraciner
s/f
Dj effectu propos de /f/
s/v
Dj effectu propos de /s/
s/m
s secouer m monter
s/w
stsfaire travailler wtsremplir
Ce phonme /s/ est phontiquement ralis comme une consonne fricative
labiodentale, sourde.
Le phonme /l/ 1.3.10
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
l/p
Dj effectu propos de /p/
l/b
Dj effectu propos de /b/
l/d
Dj effectu propos de /d/
l/m
lgse suler mgrefuser
l/k
Dj effectu propos de /k/
l/g
Dj effectu propos de /g/
l/v
Dj effectu propos de /v/
61
l/r
[l] Cuisiner faire des piges
l/w
llpleurer wlapprendre
Ce phonme /l/ est phontiquement ralis comme une consonne latrale.
Le phonme /r/ 1.3.11
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
r/p
Dj effectu propos de /p/
r/g
Dj effectu propos de /g/
r/l
Dj effectu propos de /l/
r/v
Dj effectu propos de /v/
r/d
Dj effectu propos de /d/
r/t
Dj effectu propos de /t/
r/s
Dj effectu propos de /s/
r/k
Dj effectu propos de /k/
r/w
rglire, compter wg abattre (un arbre)
r/m
fr moustique fm grossesse, ventre
Ce phonme /r/ est phontiquement ralis comme vibrante, apico-dentale sourde.
62
Le phonme /m/ 1.3.12
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
m/p
Dj effectu propos de /p/
m/b
Dj effectu propos de /b/
m/k
Dj effectu propos de /k/
m/g
Dj effectu propos de /g/
m/t
Dj effectu propos de /t/
m/d
Dj effectu propos de /d/
m/r
Dj effectu propos de /r/
m/l
Dj effectu propos de /l/
m/s
Dj effectu propos de /s/
m/v
Dj effectu propos de /v/
m/n
mn finir nntirer
Ce phonme /m/ est phontiquement ralis comme une consonne nasale bilabiale
sonore.
Le phonme /n/ 1.3.13
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
n/d
Dj effectu propos de /d/
63
n/b
Dj effectu propos de /b/
n/p
Dj effectu propos de /p/
n/m
Dj effectu propos de /m/
n/t
Dj effectu propos de /t/
n/g
dj effectu propos de /g/
n/k
Dj effectu propos de /k/
n/f
Dj effectu propos de /f/
n/v
Dj effectu propos de /v/
n/s
Dj effectu propos de /s/
Ce phonme /n/ est phontiquement ralis comme une consonne nasale apico-dentale.
Le phonme /w/ 1.3.14
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants :
w/b
Dj effectu propos de /b/
w/g
Dj effectu propos de /g/
w/f
Dj effectu propos de /f/
w/v
Dj effectu propos de /v/
w/s
Dj effectu propos de /s/
w/r
Dj effectu propos de /r/
64
w/l
Dj effectu propos de /l/
w/y
wbpcher (les poissons) ybsavoir
Ce phonme /w/ est phontiquement ralis comme une semi-consonne bilabiale
sourde.
Le phonme /y/ 1.3.15
Son identit phonologique ressort des rapprochements suivants
y/g
Dj effectu propos de /g/
y/t
Dj effectu propos de /t/
y/v
Dj effectu propos de /v/
y/w
Dj effectu propos de /w/
Le phonme /y/ est phontiquement ralis comme une continue palatale sonore.
1.4 Les allophones consonantiques
La consonne [z] 1.4.1
Cette consonne est la ralisation allophonique du glide /y/ aprs la squence |n+- |. La
rgle snonce comme suit :
/y/ [z] / nd-
|N+dyv+l| [ndzvl] manire de jouer (11)
La consonne [] 1.4.2
La nasale [] est une ralisation allophonique du /N / indtermine devant la consonne
vlaire /g/.
65
La rgle snonce comme suit :
/ N / [] /-g
|N+gm| [gm] tam-tam (12)
|N+gNb| [g:mb] raphia (13)
Par ailleurs, le phonme /m/ se ralise [] devant les phonmes /f/ et /v/. Ou encore :
/m/ [] / - f, v
|N+vl| [vl] pluie (14)
|N+vmbi| [vmbi] cadavre (15)
|N+fb| [fb] hippopotame (16)
|N+f+Ng| [fw:g] mauvais prsage (17)
La consonne 1.4.3
Le phonme /v/ a deux ralisations allophoniques.
On a donc :
/v/ [v] / N-
|N+vNd| v:nd salet, crasse (18)
|N+vl| vl antilope (19)
/v/ [] / Ailleurs
|d+vt| [dt] cte (20)
|d+vNg| [d:g] amiti
66
La consonne [] 1.4.4
Le phonme /g/ connat deux ralisations allophoniques distinctes selon le contexte
dapparition.
On a :
/g/ [g] / N
|d+Ngts| dg:ts racine (21)
|N +gm| g:m inondation (22)
/g/ [] / Ailleurs
|d+gl| dl charbon (23)
|m+gts| mts pouse (24)
/g/ se ralise [g] lorsquil apparat aprs nasale. Ailleurs quaprs nasale, il se
ralise]. Ainsi, la consonne [] est la ralisation allophonique de la vlaire /g/ devant
voyelle.
La consonne [] 1.4.5
Les complexes phontiques glide ([Cw] et [Cy]) sont considrs comme drivs de
segments simples.
Le son , nasale palatale, est la ralisation particulire de la squence /ny/
On a par e