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la revue de l’UFOLEP Décembre 2015 - N° 19 - Prix 3,50 en jeu une autre idée du sport e j TOUTES SPORTIVES AVEC L’UFOLEP DOSSIER Sport et climat

"En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

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Revue fédérale de l'Ufolep, fédération sport loisir. INVITEE: Marie-Françoise Potereau, conseillère au ministère des Sports chargée de la féminisation des fédérations DOSSIER: Sportifs, que faites-vous pour le climat ? REPORTAGE: Partenariat Ufolep-MGEN pour le "Bien-Être actif" HISTOIRES : Peter Stoterdijk, un philosophe sur le Ventoux; JE ME SOUVIENS : Lefred-Thouron

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la revue de l’UFOLEP Décembre 2015 - N° 19 - Prix 3,50 €

en jeu une autre idée du sportej

TOUTES SPORTIVES

AVEC L’UFOLEP

DOSSIERSport et climat

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Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 32 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

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Par Philippe Machu, président de l’Ufolep

L’Ufolep est une fédération d’associations citoyennes ! Engagée depuis ses origines dans le développement des pratiques sportives dans l’idée de les rendre accessibles à tous, sur tous les territoires, elle s’adapte aujourd’hui à la fois aux grandes préoccupations sociétales et… à la

nouvelle organisation des territoires de la République. Elle prend en compte ces différentes évolutions afin de remplir au mieux les missions de service public confiées par l’État, en résonnance avec ses propres valeurs de laïcité, de citoyenneté et de solidarité.Ce numéro de En Jeu témoigne ainsi de nos engagements fédéraux actuels : féminisation des pratiques et accès des femmes aux responsabilités dirigeantes ; éducation à l’environnement et réduction de l’empreinte écologique de nos activités ; contribution des activités physiques à la santé et au mieux-être de chacun… Mais aussi, concernant notre propre structuration, adaptation à la nouvelle carte des treize grandes régions en favorisant de nouvelles solidarités territoriales entre nos comités et entre nos associations.L’Ufolep se veut en effet une fédération d’associations localement impliquées, œuvrant sur le terrain à l’animation des territoires et à l’accueil attentif de tous les publics, dans leur diversité. Face aux discours de haine ou d’exclusion, elles doivent incarner et nourrir la cohésion sociale, l’enrichissement culturel et l’envie d’agir ensemble. Elles sont ainsi invitées à accueillir en leur sein des volontaires du service civique universel et à contribuer à l’insertion profession-nelle de ces jeunes, tout en développant leur projet associatif.Citoyennes et solidaires, plus que jamais les associations Ufolep font vivre « tous les sports autrement ». ●

coup de crayonpar Jean-Paul Thebault

Tout le sport mobilisé, ou presque…

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Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 3

Citoyennes !

en jeu “une autre idée du sport” est la revue de l’Union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep) et de l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (Usep), secteurs sportifs de la Ligue de l’enseignement Ufolep-Usep 3, rue Récamier, 75341 Paris Cedex 07 Téléphone 01 43 58 97 71 Fax 01 43 58 97 74 Sites internet www.ufolep.org et www.usep.org Directeur de la publication Nelly Aradan Président du comité de rédaction Philippe Machu Rédacteur en chef Philippe Brenot Ont participé à ce numéro Amandine Singla ; Adil El Ouadehe ; Pierre Chevalier ; Marina Chaumond ; Benoît Gallet ; Pierre Chevalier ; Laurence Nadaud Photo de couverture Ufolep / Ladji Real Maquette Agnès Rousseaux Impression et routage Centr’Imprim, rue Denis Papin 36 100 Issoudun Abonnement annuel 13,50 € Numéro de Commission paritaire 1015 K 79982 Numéro ISSN 1620-6282 Dépôt légal décembre 2015 Tirage de ce numéro 8096 exemplaires

som

mai

re

4 actualitéL’Ufolep aux premières Assises européennes du sport sur ordonnanceVuLuEntendu : Football, Jean-Philippe Tous-saint (Minuit) ; Maracanazo, Arthur Dapieve (Folies d’encre) ; Marco Pantani a débranché la prise, Jacques Josse (La Contre Allée)

6 spécial féminisation10 pratiqueService civique : quelles missions pour les volontaires accueillis dans nos associations ?

11 dossier19 fédéral Notre plan « Citoyens du sport » ;Réforme territoriale : faire d’une contrainte une opportunité ; Rassemblement « vie sportive et fédérative » à Bourges

22 reportage

Ufolep et MGEN partenaires du « Bien-être actif » dans onze départements tests.

25 réseau 150 ans de la Ligue : David Suarez (Loiret), délégué multisportsAssociation : le Moto Club de Compreignac (Haute-Vienne)Instantanés : marche gourmande dans la Meuse

28 histoiresMorceaux choisis : « Ma France », Peter Sloterdijk (Libella-Maren Sell) Je me souviens : Lefred-ThouronL’image : « Le grand match », par Jean-François Martin (Albin Michel Jeunesse)

30 repères« Sport et écologie, un esprit d’équipe » ; « Libérer le sport, 20 débats essentiels »

Sportifs, que faites-vous pour le climat ?

DOSSIER

Comme tout secteur d’activité, le monde du sport est concerné par la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques de Paris (COP 21), qui vise à trouver un accord pour limiter le réchauffement de la planète. Mais, au-delà de quelques bonnes pratiques, est-il prêt à remettre en cause ses modes de fonctionnement ?

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SPÉCIAL FÉMINISATIONToutes sportives !En 2016, l’Ufolep déclinera sous le slogan « Toutes sportives » un dispositif visant à mieux accompagner encore le développement du sport féminin en son sein. Une démarche

qui coïncide avec la formalisation du plan de féminisation désormais exigé des fédérations sportives.

l’UFOLEP lance l’année

Invitée : Marie-Françoise Potereau, féminisation mode d’emploiInterlocutrice des fédérations pour leurs plans de féminisation, Marie-Françoise Potereau promeut aussi le sport féminin à travers l’association Femix’Sports.

La moitié de l’UfolepL’Ufolep réunit aujourd’hui autant de licenciées que de licenciés. Le fruit de l’attention accordée de longue date à la place des femmes en son sein (page 8).

2016, année du sport fémininL’Ufolep a décrété 2016 « année du sport féminin » : une façon de donner toute la publicité nécessaire au nouveau dispositif « Toutes sportives » (page 9).

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4 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

actu

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éplainte auprès de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité, en s’étonnant « qu’une grande entreprise d’équipements de sports comme Adidas puisse flatter les pulsions individualistes et vanter la loi de la jungle, alors qu’elle devrait porter les valeurs du sport, du collectif, que nous avons à transmettre à la jeunesse ». Son comité d’éthique, le Jury de déontologie publicitaire, a donné raison aux plaignants. Dans un avis rendu public le 14 octobre, il a estimé que ces slogans, et leur association avec les photos de joueurs qui « banalisent des comportements agressifs », « présentent favorablement des actes antisociaux et légitiment des comportements qui seraient contraires aux principes de citoyenneté, ainsi qu’aux règles de savoir-vivre ensemble ». Dont acte.

Chèques santé sport

L’Ufolep a signé en juillet une convention d’un an reconductible avec la société Care Labs, émettrice du Chèque Santé : le premier titre prépayé dédié aux prestations de prévention santé et de bien-être, que les entreprises, les collectivités ou les mutuelles peuvent diffuser auprès de leurs employés ou adhérents. Care Labs constitue en effet un réseau d’experts en activités physiques afin de développer un titre spécifique « chèque santé sport ». C’est à ce titre qu’il est proposé aux comités Ufolep d’accepter le règlement par Chèque Santé. L’inscription est gratuite, le modèle économique de Care Labs reposant sur le versement de frais de traitement (de 3 à 8%) lorsqu’un bénéficiaire effectue un règlement avec le porte-monnaie

4 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

électronique Chèque Santé.Pour tout renseignement : [email protected]

Adidas remballe ses affiches« Sème le désordre », « Impose tes règles », « Gagne tout » : accolés aux portraits de footballeurs stars photographiés dans des poses agressives, ces slogans accompagnaient à la rentrée de septembre les panneaux publicitaires géants loués par Adidas dans les halls de gare et les couloirs du métro parisien. Parmi ces « héros », Léo Messi et surtout Luis Suarez, suspendu par le passé pour avoir mordu ses adversaires ou des comportements racistes… Cette campagne a suscité une vive réaction du collectif « Enjeu e-medias », un collectif regroupant des associations d’éducation populaire (dont la Ligue de l’enseignement) et de parents d’élèves (la FCPE). Celui-ci a interpelé les pouvoirs publics, la SNCF et la RATP, qui ont finalement retiré les affiches incriminées. Le collectif a également porté

L’UFOLEP AUX ASSISES EUROPÉENNES DU SPORT SUR ORDONNANCEAfin de partager les expériences de « sport sur ordon-

nance » initiées en France et à l’étranger, la Ville de

Strasbourg, pionnière en la matière, a organisé les

14 et 15 octobre les premières Assises européennes

sur le sujet. Elles ont réuni 500 participants : élus et

responsables de collectivités, agents des directions

de la Jeunesse et des Sports, etc. Huit ateliers thé-

matiques ont notamment permis d’échanger sur les

expériences innovantes et les bonnes pratiques, l’idée étant que

chacun reparte avec les connaissances et les contacts nécessaires

à la mise en place ou à la poursuite de son propre projet.

L’Ufolep et son partenaire Asalée (Action de santé libérale en

équipe) sont intervenus dans le cadre de l’atelier portant sur

le « modèle économique » du sport-santé. Ils y ont présenté

l’expérience menée dans les Deux-Sèvres auprès de personnes

souffrant de diabète de type 2, suivies par des infirmières-

relais intégrées à des cabinets médicaux. Ce projet repose sur le

principe d’activités gratuites, grâce notamment au Fonds euro-

péen pour le développement régional (Feder). Mais l’atelier a

permis d’envisager toutes les options possibles en matière de

sport sur ordonnance : financement public ou privé ? gratuité

ou non pour les usagers ? tarification solidaire ?

prise en charge des complémentaires santé ?

Lors de ces assises, les différentes interventions

ont mis en évidence les spécificités de chaque dis-

positif. La plupart du temps, la pratique est enca-

drée par des éducateurs municipaux : c’est le cas à

Strasbourg (où 180 médecins participent au dispo-

sitif lancé en 2012) et à Biarritz (22 médecins). À

Blagnac cependant, les patients sont orientés en fin de dispo-

sitif vers les associations sportives. Et, à Mont-de-Marsan, le

projet est porté conjointement par le club omnisport (fort de

50 salariés et de 6000 licenciés) et par Profession Sport, qui

gère les interventions des cadres sportifs.

Ce rassemblement s’est achevé par l’annonce de la création d’un

groupe de travail national composé de 23 villes (1) engagées

dans la mise en place d’un dispositif de prescription médicale

d’une activité physique adaptée. ●Laurence nadaud, dTn adjoinTe « sanTé »

[email protected] (1) Angers, Biarritz, Blagnac, Boulogne, Bourgoin-Jallieu, Cabriès, Cavalaire-sur-Mer, Château-Thierry, Coudekerque-Branche, Gif-sur-Yvette, Marseille, Mont-de-Marsan, Mulhouse, Nantes, Narbonne, Nice, Paris, Reims, Rennes, Saint-Paul de la Réunion, Strasbourg, Valence, Villeurbanne.

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14 et 15 octobre 2015à Strasbourg

14 et 15 octobre 2015à Strasbourg

S U R O R D O N N A N C EèresLes 1 Assises européennes

En partenariat avec

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VuLuEntenduLa Haute-Vienne marche nordique

Le premier « spot » de marche nordique Ufolep a été inauguré samedi 10 octobre à Bonnac-la-Côte, près de Limoges, en collaboration avec le comité de Haute-Vienne et l’association Bonnac-Rando. Une quarantaine de marcheurs ont eu la primeur des quatre circuits balisés, accessibles à tous gratuitement. L’Ufolep de Haute-Vienne souhaite conférer au site un large rayonnement en proposant des séances d’initiation à différentes associations (prêt de bâtons à l’appui) et en y encadrant des formations. Plusieurs autres « spots » Ufolep de marche nordique doivent prochainement être inaugurés dans d’autres départements.

Guy Le Mener est décédé

Sa barbe fleurie était son emblème : Guy Le Mener, président du comité Ufolep du Maine-et-Loire depuis 1985, est décédé de maladie à l’âge de 71 ans. Militant laïque, il fut administrateur de la délégation de la Ligue de l’enseignement et siégea à l’office municipal des sports d’Angers ainsi qu’au comité départemental olympique et sportif. Son engagement remonte à loin : instituteur à l’école du Daguenet, à Angers, il y développe tout d’abord l’Usep. Créateur d’un club de tennis Ufolep, il devient ensuite en 1995 président du club de tennis de table d’Avrillé, qui organisera le challenge Ufolep des « 12 heures ». Guy Le Mener était une figure de notre mouvement. À sa famille et à ses proches, l’Ufolep adresse ses condoléances.

FOOTBALLCe petit livre, Jean-Philippe Toussaint, écrivain rare qui manqua d’un souffle le Goncourt 2013, dit l’avoir écrit pour ne pas rompre « le fil ténu » qui le relie encore au monde. À l’un des bouts de ce fil distendu par le temps, les buts imaginaires que l’on marque à dix ans dans l’encadrement d’une porte ; à l’autre, le besoin subit et irrépressible d’un écrivain, coupé du monde par l’écriture et par l’orage, de suivre jusqu’à l’ultime tir au but la demi-finale du Mondial 2014 entre l’Argentine et les Pays-Bas. A-t-on jamais parlé aussi intimement du football, ou plus exactement du « sen-timent » de football ? De l’« émerveillement » qu’il suscite chez les jeunes âmes ou de l’importance de respecter la couleur des maillots : la France et l’Italie en bleu, l’Espagne en rouge, l’Allemagne en noir et blanc… À ces quarante premières pages, Jean-Philippe Toussaint ajoute des chroniques très personnelles sur les Coupes du monde dispu-tées depuis 1998. Le texte sur l’édition 2002 au Japon est un enchantement, les suivants plus dispensables ; il est vrai que pour 2006 l’auteur avait déjà tout dit dans La Mélancolie de Zidane (Minuit, 2006) et que 2010 fut de toute façon un cru exécrable. À la dernière page, Jean-Philippe Toussaint dit aussi en avoir fini avec le football. C’est ce qu’il semble croire… ●Football, Jean-Philippe Toussaint, Minuit, 124 pages, 12,50 €.

MARACANAZO« Maracanazo » est l’expression qui désigne au Brésil la défaite en finale de la Coupe du monde de football 1950, désastre national ayant eu pour cadre un stade Maracana tout juste achevé. Le jour-naliste carioca Arthur Dapieve la reprend en titre d’une nouvelle ayant pour cadre Rio et sa fameuse enceinte, lors du dernier Mondial. Toutefois le match autour duquel se noue l’intrigue ne met pas en scène les joueurs auriverde : c’est une rencontre décisive entre le Chili et l’Espagne, ancienne puissance coloniale et championne en titre, qui en sortira piteusement éliminée. Victor, jeune supporter madrilène, subit ainsi par procuration une amère défaite. Mais le hasard a fait asseoir près de lui une aimable supportrice chilienne... Ni bluette ni roman à l’eau de rose sur fond de ballon rond, Maracanazo est le récit de l’attraction de deux êtres aux héritages culturels et aux conceptions politiques opposés, avec pour second décor un Disneyland pour supporters où coule la bière, planté par la Fifa sur la plage de Copacabana. Même dans cet espace standardisé, la rencontre est possible. Elle n’en aboutira pas moins à un fiasco : un de ces « Maracanazo » intimes qui laissent en bouche un goût de cendre. Un ratage, un gâchis, à peine atténué par un involontaire échange de maillots entre deux adversaires qui, l’espace d’un soir, se seront malgré tout rapprochés. ● Ph.B.Maracanazo, Arthur Dapieve, éditions Folies d’encre, 2015, 104 pages, 13 €.

MARCO PANTANI A DÉBRANCHÉ LA PRISEBien que son nom soit lié à la gangrène du dopage, le tragique destin de Marco Pantani, retrouvé mort en février 2004 dans une chambre d’hôtel de Rimini, à l’âge de 34 ans, suscite volontiers l’empathie : une miséricorde posthume accordée à celui qui ne fut pas épargné par les coups du sort et paya au prix fort un péché alors très communément partagé. En 1998, année de l’affaire Festina, ce grimpeur de poche réalise le doublé Giro-Tour de France. Il est alors au pinacle. L’année suivante, il est mis hors course du Tour d’Italie en raison d’un taux d’hématocrite trop élevé, caractéristique de la prise d’EPO. Le début de la déchéance. En cela, celui qui fut surnommé Il Diablito puis Il Elefantino, pour ses grandes oreilles mises en valeur par un crâne lisse, restait humain, parmi un peloton où débutait le règne d’un surhomme nommé Lance Armstrong. Une humanité que le poète Jacques Josse s’emploie à ressusciter en 98 textes courts. ● Ph.B.Marco Pantani a débranché la prise, Jacques Josse, éditions La Contre Allée, coll. La Sentinelle, 14 €.

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Ne s’agit-il pas de catalogues de bonnes intentions ?Non, car chaque année une évaluation est réalisée sur la base d’indicateurs précis. J’ajoute que les fédérations qui voient leurs effectifs augmenter sont celles qui ont développé des plans de féminisation. De quoi faire réflé-chir les autres…

Vous êtes issue du cyclisme, une discipline très mas-culine. Quels freins y avez-vous rencontré en raison des mentalités ?Dans les années 1980, le cyclisme féminin avait du mal à se faire une place. Grâce à Jeannie Longo, nous avons obtenu le droit de courir avec les garçons : un premier frein a ainsi été levé. Dans le même temps, les Jeux olympiques ont accueilli le cyclisme féminin en 1984, et un Tour de France féminin a existé pendant plusieurs années à côté du Tour masculin, avant de disparaître au prétexte d’un manque de rentabilité. Néanmoins, avec Jeannie Longo puis aujourd’hui Pauline Ferrand-Prévost, le cyclisme féminin a bénéficié de têtes d’affiche. Il reste néanmoins beaucoup à faire pour favoriser la pratique, et notamment la mixité sur les épreuves.Côté encadrement, lorsqu’en 1992 j’ai passé le concours de professeur de sport (un diplôme interne au ministère, NDLR), l’option n’était tout simplement pas ouverte aux femmes en cyclisme sur route. Elle l’est désormais, et l’on rencontre des femmes qui sont cadre technique ou entraîneure nationale.

Et dans le hockey sur glace, où vous conservez des fonctions de directrice technique nationale adjointe ?L’évolution y est peut-être encore plus notable : disci-pline olympique pour les femmes depuis 1992, le hockey n’avait été autorisé pour elles en France que huit ans plus tôt ! En revanche, la fédération porte aujourd’hui un pôle France féminin alors qu’il n’existe pas de pôle France masculin : cela traduit une vraie volonté sur cet enjeu du haut niveau. D’ailleurs, quelle que soit la discipline, le mouvement sportif prend conscience que, face à une concurrence exacerbée, le sport féminin est pourvoyeur de médailles. À Londres, 44% de nos médailles ont été décrochées par les féminines, qui représentaient 40% de la délégation.

Les enjeux de l’accès à la pratique et de la médiatisa-tion sont-ils forcément liés ?

M arie-Françoise Potereau, vous êtes depuis un an conseillère interfédérale au ministère des Sports, chargée de la féminisation des fédérations (1) : en quoi cela consiste-t-il ?

J’accompagne l’ensemble des fédérations dans l’applica-ton de leur plan de féminisation : je réponds à leurs ques-tions et les conseille sur leurs actions. J’apporte égale-ment mon concours pour l’organisation de tables rondes ou de réunions de leurs instances sur cette thématique. Je suis aussi chargée des « 24 heures du sport féminin » : une action de promotion « médiatique » du sport féminin qui réunit le ministère des Sports, le secrétariat d’État chargé des droits des femmes et le Conseil supérieur de l’audiovisuel (2).

Depuis quand les fédérations ont-elles l’obligation de présenter un plan de féminisation, sous peine de voir leurs moyens financiers amoindris dans le cadre de leur convention d’objectifs ?Ces plans ont été initiés en 2012 et portent sur cinq grands points : féminisation des instances dirigeantes ; féminisa-tion de l’encadrement technique ; promotion des femmes dans le sport de haut niveau (via des conventions d’inser-tion professionnelle) ; médiatisation du sport féminin (par la diffusion d’épreuves) ; développement de la pratique.

Marie-Françoise Potereau : féminisation des fédérations, mode d’emploiInterlocutrice des fédérations pour leurs plans de féminisation, Marie-Françoise Potereau promeut aussi le sport féminin à travers l’association Femix’Sports, partenaire de l’Ufolep.

Présidente de Femix’sPorts, conseillère au ministère

Un temps monitrice de ski, Marie-Françoise Potereau a aussi été

cycliste de haut niveau : membre de l’équipe de France sur route

de 1983 à 1989, elle participe à cinq Tours de France aux côtés de

Jeannie Longo. Entraîneure au sein du Vélo Club d’Annemasse, elle

entame ensuite une carrière de cadre technique en région Rhône-

Alpes. DTN adjointe à la FFC en 2005, elle occupe à partir de 2009 le

même poste à la fédération de hockey sur glace avant d’être nom-

mée conseillère au ministère des Sports, chargée de la féminisa-

tion des fédérations. Cette nouvelle fonction rejoint son engage-

ment bénévole comme présidente de Femix’Sports. Créée en 2000

au lendemain des premières Assises nationales « femmes et sport »

initiées par la ministre Marie-George Buffet, cette association s’est

donnée pour mission de promouvoir l’accès des femmes à la pratique

sportive et aux postes de cadre, d’entraîneure et de dirigeante. ●

EX-COÉQUIPIÈRE DE JEANNIE LONGO

invi

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Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 7

Présidente de Femix’sPorts, conseillère au ministère

sation, et pour ses différentes initiatives : je pense en particulier à la recherche-action menée auprès des jeunes filles des quartiers avec l’université Paris-Descartes. C’est là une démarche fondamentale, qui permet ensuite de décliner des actions. J’ajoute que l’Ufolep touche des pra-tiquantes qui ne sont pas forcément des compétitrices, et propose une grande diversité d’activités. Or il faut goûter à l’activité avant d’entrer dans la compétition.

Femix’Sports et l’Ufolep ont signé en juillet une convention cadre : quel en est l’objet ?Il s’agit pour nous d’accompagner et de promouvoir les actions de l’Ufolep en matière de féminisation. Car communiquer, faire savoir ce que l’on fait, est essen-tiel. Il s’agit aussi de participer aux événements de la fédération et de partager des projets communs. Nous avons notamment celui d’une série d’émissions télé de 52 minutes qui parlerait du sport au féminin à travers la pratique quotidienne, sans faire référence au haut niveau. Un dossier de subvention a été déposé auprès du Centre national de développement du sport (CNDS) : nous attendons la réponse. ●

ProPos recueiLLis Par PhiLiPPe BrenoT

(1) Marie-Françoise Potereau consacre toutefois une partie de son temps (60% jusqu’à cet automne, 20% désormais) à ses fonctions de DTN adjointe de la Fédération française de hockey sur glace.(2) Les deux premières éditions se sont déroulées en janvier 2013 et 2014. La troisième pourrait prendre une forme différente.

L’un ne va pas sans l’autre : si l’on ne montre pas de sport féminin à la télé, on ne crée ni envie, ni modèle auquel s’identifier. Souvenez-vous de l’engouement sus-cité auprès des jeunes filles par les exploits de Laure Manaudou ou de Laura Flessel aux Jeux olympiques : aux rentrées suivantes, les gamines se pressaient à la porte des clubs de natation et d’escrime ! Et les deux premières éditions des « 24 heures du sport féminin » ont permis de faire la preuve par l’image que certains sports n’étaient pas réservés aux garçons !

Et la féminisation des cadres ?Quand des parents amènent leur fille dans un club et ne voient aucune femme dans l’encadrement, cela engendre parfois un blocage. Je prends un exemple : chaque deu-xième week-end de septembre, la fédération de hockey sur glace organise des journées portes ouvertes pour les filles. Elles se retrouvent à cinquante ou soixante, enca-drées par des femmes. Mais quand elles reviennent en club, elles sont souvent uniquement entourées de gar-çons et d’entraîneurs hommes, ce qui douche parfois les enthousiasmes...

Est-ce différent d’avoir un entraîneur femme ?Oui, je le crois. Surtout, il convient d’adapter la péda-gogie aux jeunes filles et aux femmes, qui n’ont pas les mêmes valeurs, les mêmes émotions ou les mêmes apti-tudes techniques que les garçons. La Fédération fran-çaise de tennis l’a bien compris et a produit un docu-ment sur la façon de s’adresser à une jeune fille. On ne peut nier une différence de sensibilité : l’obéissance est par exemple une valeur plus féminine, la rébellion une valeur plus masculine. Pour avoir moi-même entraîné, je puis affirmer qu’on ne parle pas à une fille comme à un garçon. Il est important qu’on apprenne, dans le milieu associatif sportif, à accepter et à gérer les différences.

Et que change la féminisation des instances diri-geantes ?Lorsque les femmes sont absentes ou très minoritaires dans un conseil d’administration, l’aspect féminin est systématiquement très peu pris en compte. Les femmes apportent également une autre sensibilité, une écoute particulière. C’est reconnu dans le monde de l’entreprise, qui promeut aujourd’hui les binômes homme-femme.

Quel lien faut-il voir entre vos fonctions au sein du ministère et votre engagement à la tête de l’associa-tion Femix’Sports ?Femix’Sports a toujours été dirigée par des personnes exerçant des fonctions au sein de l’Éducation nationale ou du ministère des Sports, comme c’est mon cas. Son action est complémentaire et relaie les politiques ministérielles. Concernant les plans de féminisation par exemple, depuis deux ans Femix est support organisationnel d’une journée d’échange entre fédérations sur leurs dispositifs et leurs actions, intitulée « Partageons nos elles ».

Femix’Sports décerne également des trophées. L’an passé, l’Ufolep a été distinguée aux côtés des fédé-rations de tennis et de la montagne et de l’escalade : sur quels critères ?Sur celui de son fort engagement en matière de fémini-

Marie-Françoise Potereau :« Les fédérations qui voient leurs effectifs augmenter sont celles qui ont développé des plans de féminisation. »

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8 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

Côté dirigeants, si au plan national la loi exige désor-mais une représentation proportionnelle au nombre de licenciées, on recense 30% d’élues au sein des comités départementaux, dont 17 seulement sont présidés par une femme. Là encore, l’évolution est certaine mais la marge de progression encore grande.GROUPES DE TRAVAIL. Surfant sur l’évolution des mœurs, une première impulsion fut donnée au début des années 1970 avec la création d’un premier groupe de travail « femmes et sport » à l’Ufolep, qui s’intéressa notamment à des initiatives locales de football féminin. C’est aussi à cette époque que fut créée la commission technique – essentiellement féminine – qui développa la gymnastique rythmique et sportive.L’action volontariste de Marie-George Buffet en faveur du sport féminin dès son arrivée au ministère des Sports a permis de relancer cette dynamique. Un nouveau groupe de travail lança une enquête sur la place des femmes parmi les dirigeants Ufolep et se préoccupa, entre autres, de la pratique des jeunes filles dans les quartiers. En Jeu s’en fit l’écho en novembre 2000 avec un dossier relayé par un éditorial signé par Valérie Marchand, jeune élue nationale. Sous le titre « La femme est-elle l’avenir de l’Ufolep ? », elle y détaillait les actions envisagées pour la promotion de la pratique féminine et insistait déjà sur « l’accès égal des femmes et des hommes aux instances dirigeantes ».HÉRITAGE CULTUREL. La place accordée à la pratique féminine à l’Ufolep s’explique aussi par sa double dimen-sion de fédération sportive et de mouvement d’éducation populaire issu de la Ligue de l’enseignement : par essence, la citoyenneté sportive se conjugue autant au fémi-nin qu’au masculin ! En outre, l’Ufolep a été étroitement liée au sport scolaire Usep (où la mixité est la règle) et son action s’est historiquement construite sur les catégo-ries jeunes, où la pratique féminine fut longtemps plus commune et développée que parmi les catégories adultes. Ceci explique aussi que, sans être absent, le machisme souvent rencontré dans le monde sportif y a peut-être été moins pesant qu’ailleurs… ●

adiL eL ouadehe, dTn adjoinT sPorT eT sociéTé[email protected]

L a parité, ou presque : parmi ses 364 000 licenciés, l’Ufolep compte aujourd’hui 49% de femmes contre 51% d’hommes. Il y a dix ans, celles-ci n’étaient encore que 42%. Il est permis de s’en féliciter, et

de voir dans cette évolution le fruit de la stratégie de fémi-nisation engagée depuis le début des années 2000.Une lecture plus attentive des chiffres montre toutefois qu’il reste du chemin à parcourir. En effet, si l’Ufolep a ga-gné 13 000 licenciées en dix ans, cette quasi-parité n’au-rait pas été atteinte sans la perte récente de pratiquants dans des activités très masculines (cyclosport, moto), ni sans le dynamisme d’activités très féminisées (gymnas-tique artistique et GRS, activités d’entretien et d’expres-sion). Certaines disciplines (le volley-ball par exemple) offrent toutefois un meilleur équilibre entre licenciés hommes et femmes. Il en est de même pour les pratiques loisirs ou plurisport, notamment à travers la mixité.FÉMINISATION DES CADRES ET DIRIGEANTS. Parfois spectaculaire, la féminisation de nos cadres reste tou-tefois à poursuivre. Au sein de la DTN, la moitié des 14 cadres nationaux sont aujourd’hui des femmes, alors qu’auparavant celles-ci étaient minoritaires (2, au sein d’une équipe plus réduite, en 2001). Et sur la centaine de directeurs départementaux et régionaux, un tiers sont des femmes : une révolution quand on se souvient qu’elles étaient 4% il y a vingt ans ! Mieux : 3 des 5 conseillers techniques sportifs (CTS) en région sont des femmes !

La moitié de l’UfolepL’Ufolep réunit aujourd’hui autant de licenciées que de licenciés. Le fruit de l’attention accordée de longue date à la place des femmes en son sein.

En France, 48% des personnes déclarant avoir une activité sportive

sont des femmes (1). On pourrait en déduire que le genre influe

peu sur le taux de pratique. Mais la surreprésentation des hommes

dans les pratiques fédérales en club, dites « traditionnelles » et

majoritairement compétitives, vient apporter un démenti : au sein

des fédérations sportives unisport olympiques, on compte seule-

ment 2,6 millions de licenciées femmes pour 5,9 millions de licen-

ciés hommes. Et l’écart se creuse au fur et à mesure que l’on monte

dans les catégories d’âge… À l’inverse, les fédérations multisports,

qui se caractérisent par des lieux d’accueils plus diversifiés et des

activités élargies au loisir et à l’entretien physique, comptent à peu

près autant de femmes (2,6 millions) que d’hommes (2,5 millions).

Il est donc permis de penser que la sous-représentation des femmes

parmi les pratiquants licenciés est davantage dû à la place réduite

qu’on leur accorde qu’à une supposée incompatibilité entre le sport

(y compris dans sa dimension compétitive) et le public féminin.

Ainsi convient-il de questionner l’offre de pratique émanant des

fédérations et de favoriser les dispositifs ou les services en direc-

tion du public féminin, si l’on veut rééquilibrer les choses. ●(1) Les Clés du sport 2014 (source ministère des Sports).

UNE PLACE RÉDUITE DANS LE SPORT FÉDÉRAL

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Le volley-ball Ufolep réunit 4700 licenciées.

Page 9: "En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 9

mené en partenariat avec le Cercle Paul Bert de Rennes par la doctorante Camille Collet. L’idée est toujours de s’appuyer sur une analyse des données recueillies pour outiller les acteurs de terrain souhaitant s’engager dans la problématique « femmes et sport ».PARTENARIATS. D’autres partenariats nationaux viennent s’inscrire dans cette stratégie fédérale : avec Femix’Sports (lire pages précédentes), mais aussi avec la Fondation de France (dans le cadre de l’appel à projet « Allez les filles ») ou bien encore avec les ministères de la Ville et des Sports et le Secrétariat d’État au Droit des femmes (qui apporteront leur soutien institutionnel). Ces partenariats portent sur l’organisation de conférences et d’événement sportifs sur les thèmes en lien avec le sport féminin. Autant d’actions ayant pour objet de sensibili-ser le mouvement associatif sportif et d’accompagner le changement des mentalités. ● a.e.L.

L a stratégie de féminisation déployée par l’Ufolep se traduit aujourd’hui par un dispositif fédéral « global », intitulé « Toutes sportives ». Il sera officielle-

ment lancé en 2016, campagne de communica-tion à l’appui. Pour autant, ce dispositif n’est pas une opération ponctuelle : il s’inscrit sur le long terme et repose sur plusieurs axes de développement.ACTIVITÉS. L’Ufolep va poursuivre l’accompa-gnement des activités les plus « féminines », notamment via des appels à projet. S’y ajou-tera un dispositif de dotation aux associations qui s’inscriront dans le dispositif « Toutes sportives » dans le but de toucher de nouvelles pratiquantes, au quotidien ou dans le cadre de projets innovants. Dans le même temps, un coup de pouce sera donné à la féminisa-tion des disciplines considérées comme plus « masculines », en prenant en charge les frais liés à la création de sections féminines au sein des clubs qui n’en possèdent pas encore.FORMATION. L’Ufolep va mettre en place des modules spécifiques en direction des diri-geantes sportives. D’autres formations, conçues autour du concept « We talk », valoriseront des réussites et des parcours « exemplaires » au féminin. L’Ufolep a éga-lement développé à destination de son réseau des outils pédagogiques qui abordent la pratique féminine (guide Éducation-Insertion, guide contre les préjugés et discri-minations) et des supports de communication (dont une exposition sur la place des femmes dans la société).RECHERCHE-ACTION. L’Ufolep promeut des travaux de recherche, à l’image de ceux menés en 2013-2014 avec l’Université Paris-Descartes sur la pratique des jeunes filles en zone urbaine sensible (voir EJ Ufolep n°14, décembre 2014). Cette recherche-action débouchera en 2016 sur la publication d’un livre coordonné par la chercheuse Carine Guérandel sur « Sport, cités et genre ». Dans la continuité de celle-ci, l’Ufolep et le ministère de la Ville s’apprêtent à lancer une étude complémentaire sur la pratique spor-tive dans les territoires prioritaires. Citons aussi le travail

2016, année du sport fémininL’Ufolep a décrété 2016 « année du sport féminin » : une façon de donner toute la publicité nécessaire au nouveau dispositif « Toutes sportives ».

Le lancement du dispositif « Toutes sportives » s’accom-

pagne d’une communication grand public destinée à tou-

cher les femmes « sédentaires » ou « semi-actives ». Un clip

vidéo ciblant ce public a ainsi été réalisé. Cette campagne de

communication utilisera les réseaux sociaux (avec le hashtag

#ToutesSportives) et la presse féminine et sportive. Elle sera

également relayée sur la chaîne Eurosport par une série d’émis-

sions intitulées « Demain je m’y mets », conçues en partena-

riat avec Femix’Sports. Par ailleurs, un site internet permettra

d’orienter les internautes vers des comités et des associations

Ufolep proposant une pratique sportive près de chez soi.

Plusieurs événements de promotion de la pratique sportive

et de l’engagement au féminin seront organisés à travers la

création d’un trophée « Toutes sportives ». S’appuyant sur des

dispositifs de financement participatif, ce trophée valorisera

des projets « femmes et sport » sur différentes thématiques. ●

« TOUTES SPORTIVES », LE PLAN COM’

Images extraites du clip promotionnel « Toutes sportives ».

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l’UFOLEP lance l’année

Page 10: "En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 1110 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

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Sportifs, que faites-vous pour le climat ?

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C Créer 1000 missions de service civique parmi ses associations et ses comités (1) d’ici 2017 : c’est l’objec-

tif que l’Ufolep s’est donné dans le cadre du plan ministériel « Citoyens du sport ». Rappelons que le service civique, devenu « universel » depuis le 1er juin 2015, est un engagement volontaire d’une durée de 6 à 12 mois proposé à des jeunes âgés de 16 à 25 ans pour l’accomplissement d’une mission d’intérêt général. Cette mis-sion est d’une durée hebdomadaire de 24 h minimum et le jeune reçoit une indemnité de l’État, complétée par l’association d’accueil (2).

INTÉRÊT GÉNÉRAL. La mission doit relever de l’intérêt général et être à la fois utile au jeune (pour sa formation, dans une démarche de recherche d’emploi) et à la struc-ture qui l’accueille (pour le développement de son action).La mission doit être accessible à tous les jeunes, sans condition de diplôme ou de qualification. L’action du jeune en service civique doit viser à développer de nou-veaux projets au service de la population, démultiplier l’impact d’actions existantes en touchant davantage de bénéficiaires, ou bien encore renforcer la qualité du ser-vice déjà rendu.

Les volontaires assurent princi-palement des fonctions d’accom-pagnateur, d’ambassadeur ou de médiateur. Cela signifie qu’ils font du lien, qu’ils vont à la rencontre de la population ou des publics auprès desquels agit la structure d’accueil. Précision importante : un volon-taire en service civique intervient en complément de l’action des salariés, des stagiaires et des bé-névoles, sans s’y substituer. En re-vanche, il peut exercer sa mission au sein de plusieurs associations si celles-ci se situent à proximité les unes des autres.

AUCUNE DÉMARCHE. Toutes les structures affiliées à l’Ufolep bénéficient déjà de l’agrément national de la Ligue de l’enseignement. Les délégations départemen-tales de la Ligue se chargent également de toutes les démarches administratives.

UN TUTEUR. L’association se doit accueillir le jeune dans de bonnes conditions en mettant à sa disposition un poste de travail (éventuellement dans un local mutualisé). Elle désigne également un tuteur chargé d’accompagner le jeune dans sa mission, mais aussi dans sa réflexion sur son projet d’avenir. Le dispositif d’accompagnement de la Ligue instaure un double tutorat : un tuteur au sein de l’association et un référent au sein de la fédération départementale de la Ligue ou du comité Ufolep (3).

FORMATION. La Ligue de l’enseignement propose à chaque jeune une formation civique et citoyenne en deux volets : d’une part, une formation pratique sous la forme d’une formation aux premiers secours (PSC1) ; de l’autre, une formation théorique ayant pour objectif de sensibiliser aux enjeux de la citoyenneté. Enfin, un bilan doit être réalisé avec le volontaire en fin de mission, avec la participation du tuteur de l’association.

CONTACT. Les associations désireuses d’accueillir un ou des volontaires doivent se rapprocher de leur comité départemen-tal Ufolep ou de la fédération de la Ligue de l’enseignement. ●

amandine singLa, cTn à L’[email protected]

(1) Ou au sein des structures partenaires affiliées à l’Ufolep.(2) Le montant de ce complément est de 106,31€ par mois. La somme est prélevée dans son intégralité et pour toute la durée de la mission par la fédération départementale de la Ligue, qui reverse chaque mois l’indemnité au volontaire.(3) Selon les modalités définies conjointement par les deux structures.

Service civique : quelles missions ?Nouveaux publics, citoyenneté, sport-santé… Les jeunes en service civique sont prêts à œuvrer au sein de votre association.

La Ligue de l’enseignement dispose d’un « catalogue » de mis-

sions dont bon nombre peuvent se décliner dans le domaine du

sport. Elles concernent notamment l’accueil de publics éloignés

de la pratique (femmes, seniors, handicap…), la promotion de la

citoyenneté et celle des bienfaits du sport sur la santé. Au service

du projet préalablement identifié, le volontaire pourra mener les

actions suivantes :

– renforcer l’accueil du club pour rencontrer les pratiquants, les

accompagnateurs, le public, et recenser leurs besoins ;

– proposer dans le cadre d’événements sportifs des ateliers de sen-

sibilisation sur le thème inhérent à sa mission (développement

durable, santé, citoyenneté) ;

– proposer des animations ponctuelles (journées découverte, ate-

liers en parallèle de créneaux de pratique) ;

– communiquer sur son projet (Internet, réseaux sociaux, etc.) ;

– venir en soutien d’un animateur sportif lors de quelques séances

(sans que cela corresponde à la majorité de sa mission). ●

AU SERVICE DE VOTRE PROJET

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Objectif 1000 volontaires dans nos associations !

Page 11: "En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 11

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Comme tout secteur d’activité, le monde du sport est

concerné par la Conférence des Nations unies sur les

changements climatiques de Paris (COP 21), qui vise à

trouver un accord pour limiter le réchauffement de la

planète. Mais, au-delà de quelques bonnes pratiques,

est-il prêt à remettre en cause ses modes de

fonctionnement ?

Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 11

Sportifs, que faites-vous pour le climat ?

Page 12: "En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 1312 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

L’ urgence climatique est déclarée, et le fait que la Conférence des Nations unies sur les change-ments climatiques soit organi-

sée à Paris, du 30 novembre au 11 décembre, confère une résonnance médiatique parti-culière au sujet. Pour la présidence fran-çaise de cet événement, c’est l’occasion d’affirmer à la fois sa fibre écologique et son influence sur la marche du monde. Mais c’est surtout, pour les dirigeants de tous les pays, le moment de se montrer enfin à la hauteur des enjeux, six ans après l’échec de la conférence de Copenhague et de l’accord alors signé au Danemark : des engagements

à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) restés le plus souvent lettre morte, alors qu’entre temps les manifes-tations du réchauffement climatique ont fait taire jusqu’aux « climatosceptiques » les plus virulents.Le sport, comme tout secteur de l’activité humaine ayant un impact sur l’environne-ment, est concerné. Il l’est d’abord par les effets directs sur la pratique des sports de nature, notamment en montagne, où quelques degrés supplémentaires se tra-duisent par la fonte des glaciers, un ennei-gement aléatoire et de plus courte durée, des chutes de pierre et des précipitations

favorisant les glissements de terrain. Il s’agit donc pour les adeptes des activités de plein air, qu’ils soient alpinistes, marcheurs, trai-leurs, skieurs ou kayakistes, de préserver leur propre terrain de jeu. Tout footballeur ou handballeur sait aussi combien il est pé-nible de pratiquer sous un soleil torride ou dans la touffeur d’un gymnase : des condi-tions de jeu pourtant amenées à devenir de plus en plus fréquentes... Inversement, les installations sont susceptibles d’être endommagées par de violentes intempéries, comme l’a été plusieurs fois le stade de la Mosson, à Montpellier... Et demandez aux joggers et cyclistes urbains ce qu’ils pensent de la contribution des pots d’échappement à leur pratique ! En raison de la pollution de l’air dans les grandes villes, certains jours la pratique sportive y est d’ailleurs déconseil-lée, voire impossible.Les sportifs sont également concernés en ce qu’ils contribuent eux-mêmes, à titre personnel et collectif, à l’émission de gaz à effet de serre (GES) : à travers leurs dé-placements pour se rendre sur le lieu de pratique ou supporter leur équipe, la (sur)consommation de matériels sportifs ou bien encore l’utilisation d’infrastructures qu’il faut chauffer, éclairer…

BONNES PRATIQUES

L’invitation à la sobriété aujourd’hui relayée par la COP 21 concerne également les fédé-rations, qui toutefois se montrent diverse-ment sensibles aux principes du développe-ment durable ayant trait à la préservation de l’environnement et du climat. « L’Ufolep, la FSCF, les fédérations de badminton, de ten-nis, de basket, de triathlon ou de montage et d’escalade ont, parmi d’autres, engagé une réflexion globale, même s’il est toujours difficile de mesurer précisément l’impact des actions engagées », observe Maël Besson, chargé de mission sport et développement durable au sein du ministère des Sports. S’il

Le sport, un Bilan CarboneÀ la veille de la conFérence de Paris

Face à l’urgence climatique, fédérations et acteurs sportifs multiplient les initiatives. Mais jusqu’où sont-ils prêts à aller dans la sobriété ?

2003 : adoption de l’Agenda 21 du sport français,

déclinaison d’une démarche impulsée par le CIO pour

traduire au sein du mouvement olympique les recom-

mandations du Sommet de la Terre de Rio de 1992.

2006 : Guide Ufolep « Manifestations sportives &

Développement durable », qui obtient la « bourse

nationale » de la Fondation Nicolas-Hulot.

2008 : Guide « Bilan Carbone des activités fédé-

rales », élaboré avec l’appui de l’Ademe et de l’Ufolep.

2009 : Charte du développement durable proposée par le Comité national

olympique et sportif français aux fédérations.

2011 : Stratégie nationale du développement durable du sport (SNDDS)

2012 : Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) ; intégration de l’édu-

cation à l’environnement et au développement durable (EEDD) dans les

diplômes Jeunesse et Sport ; lancement du centre de ressources Sport et déve-

loppement durable.

2013 : le développement durable entre dans les conventions d’objectifs des

fédérations.

2015 : outil d’aide à l’optimisation des déplacements dans les rencontres

sportives.

LES ÉTAPES D’UNE PRISE DE CONSCIENCE

DR

Page 13: "En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 13

reconnait que toutes les fédérations ne font pas du développement durable l’une de leurs priorités, Maël Besson se refuse en revanche à pointer les mauvais élèves : « C’est souvent une question de sensibilité personnelle des dirigeants en responsabilité, et de culture propre à la discipline : voyez les différences qui existent au sein de la famille cycliste entre le tout terrain, la route et la piste ! »En pointe sur le sujet (lire page 17), l’Ufolep a notamment lancé dès 2007, par l’intermé-diaire de son comité régional Rhône-Alpes, un concept de raid nature éco-respon-sable destiné à servir de modèle. Depuis, le « Raid’Spect Nature » a débouché sur un « Éco-Tour » qui fédère une vingtaine de ma-nifestations. Mais, d’où qu’elles viennent, les initiatives ne manquent pas. Il y a dix ans déjà, dans le cadre d’un plan de moder-nisation, la fédération de voile lançait un programme de réutilisation des matériaux usagés : bateaux, planches à voiles… Dans le même temps, l’aviron mettait au point un bateau à propulsion électrique et non plus thermique pour encadrer les évolutions de

ses esquifs. Plus récemment, la Fédération française de football, peu réputée pour son volontarisme en la matière, a mis l’accent sur les économies d’énergie du centre na-tional de Clairefontaine : c’est dire !Au rayon recyclage, on citera aussi l’opé-ration « balles jaunes » initiée en 2008 par la Fédération française de tennis. Elle se traduira en 2015 par la collecte, via ses clubs, de 1,6 million de balles usagées (sur les 14 millions vendues chaque année en France). Séparée de sa feutrine, l’enveloppe de caoutchouc est transformée en granu-lats utilisés pour réaliser des sols spor-tifs. L’initiative est très pédagogique en ce qu’elle implique les licenciés. Et il est d’autant plus facile d’élargir le message à l’ensemble des préceptes du développement durable que la démarche possède aussi une dimension économique (il s’agit de tout un processus, de la collecte au recyclage) et social (les sols sont offerts à des structures locales notamment dédiées à la rééducation ou au handicap). Profitant du poids que lui confère son million de licenciés, la FFT im-

pose également ses règles du jeu à ses four-nisseurs pour les tournois qu’elle organise, Roland-Garros en tête.

ADAPTER LES CHAMPIONNATS

Néanmoins, en dépit de leur pertinence, ces initiatives restent isolées et n’interrogent qu’à la marge le mode de fonctionnement des fédérations. Un fonctionnement qui repose sur une pyramide de champion-nats à plusieurs échelons et aux multiples « poules », gérés sur chaque territoire par des bénévoles, des commissions techniques et des comités. Or, pour se rendre à un match ou une réunion, on utilise généra-lement sa voiture : autant de déplacements générateurs de gaz à effet de serre... C’est pourquoi l’Ufolep a réalisé dès 2009 un Bi-lan Carbone de ses activités. Celui-ci s’est traduit par une modification du barème de remboursement des frais de déplacement, afin d’encourager le co-voiturage et l’usage du train plutôt que de l’avion.Tout en appliquant le même type de ba-rème, il y a trois ans la Fédération française

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Sportifs, que faites-vous pour le climat ?

Le Raid’Spect de l’Ufolep Rhône-Alpes : un raid nature qui sensibilise et montre l’exemple.

Page 14: "En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 1514 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

de tennis de table a pris une décision qui, cette fois, touchait au cœur même de l’acti-vité : réduire le nombre de joueurs de six à quatre par équipe afin de n’utiliser qu’une voiture, contre deux auparavant. « Cela représente une économie de 1,5 million de kilomètres rien que pour les six divisions nationales : N1, N2 et N3, chez les filles et les garçons. Et encore, nous n’avons pas calculé le gain enregistré aux échelons régionaux et départementaux, où la règle s’applique éga-lement ! » explique Pascal Griffault, chargé de mission développement durable à la FFTT. En assemblée générale, les débats ont été vifs, et les « purs et durs » sont montés au créneau, clamant qu’on « perdait le sens de l’équipe ». « Mais cela s’est vite tassé et la réforme est entrée dans les mœurs. Certes, sans coéquipier pour vous encourager pen-dant la partie, on perd un peu en ambiance. En revanche, comme il y a moins de matchs les rencontres sont plus courtes, alors qu’elles pouvaient s’éterniser jusqu’à cinq ou six heures », ajoute Pascal Griffault, lui-même éducateur sportif dans les Deux-Sèvres. Autre avantage, il est plus facile de pallier les absences de l’un ou de l’une : « Les équipes tournent à présent avec cinq joueurs suscep-tibles de représenter le club en compétition. » Les clubs se sont donc adaptés, n’ont pas engagé davantage d’équipes – ce qui aurait ôté sa pertinence à la réforme –, et l’impact s’est révélé « neutre » en termes de licenciés.

UN LOGICIEL RÉVOLUTIONNAIRE

C’est là une initiative que tout autre sport individuel dont les rencontres se disputent

par équipe (escrime, tennis, badminton, judo, etc.) pourrait copier. Mais il est éga-lement possible de diminuer l’émission de gaz à effet de serre sans réduire ni le nombre d’équipiers ni celui des rencontres jouées : il suffirait de rationaliser le décou-page territorial des poules de champion-nat afin d’éviter les déplacements les plus longs. Or c’est justement le projet que porte aujourd’hui la Fédération française de bas-ket-ball (FFBB), après avoir déjà réalisé, à l’exemple de l’Ufolep, son Bilan Carbone (1). D’un coût de 140 000 € (2) ce projet repose

sur un logiciel qui pourrait permettre de réduire de 5 à 15 % les émissions de gaz à effet de serre directement liées aux ren-contres.Ce logiciel complexe, qui devait être finalisé pour la COP 21, intègre les codes postaux de tous les clubs et des données détaillées sur les réseaux routiers. Il doit également prendre en compte des critères sportifs et non pas seulement géographiques, et sur-tout offrir une interface facile à utiliser, sous peine de n’être jamais adopté. « Au ministère, confie Maël Besson, nous croyons

DES GRANDS ÉVÉNEMENTS ÉCOLOGIQUEMENT PEU EXEMPLAIRESEt dire que le Comité international olympique se voulait

exemplaire en matière de développement durable ! Le gigan-

tisme des Jeux d’été de Pékin 2008 et les incroyables ravages

écologiques des Jeux d’hiver de Sotchi 2014 ont prouvé que

cela pesait de peu de poids face aux enjeux politiques et

économiques. Pékin organisera d’ailleurs également les

Jeux d’hiver de 2022 sans une once de neige naturelle… Et

n’oublions pas Athènes 2004 et ses infrastructures sorties

de terre pour être aussitôt laissées à l’abandon !

La Fifa s’enorgueillit elle aussi d’un riche catalogue de

stades surdimensionnés, édifiés pour les Coupes du monde

de football 2010 et 2014 en Afrique du Sud et au Brésil,

en attendant l’édition 2022 au Qatar et la promesse sur-

réaliste d’enceintes climatisées, remisée depuis au profit

d’une organisation hivernale. On attend quand même avec

curiosité le Bilan Carbone de la compétition, vu le faible

potentiel de supporters locaux…

Plus généralement, on assiste à une inflation de compéti-

tions internationales : toujours plus de sports, de pays par-

ticipants et de catégories (hommes, femmes, moins de 21,

de 19, de 17, etc.). Soit plus de déplacements et d’émissions

de gaz à effet de serre… Impossible de ne pas songer non

plus à ces finales de coupe d’Europe de rugby opposant des

clubs français sur le sol britannique, transhumance des sup-

porters comprise. Et que penser du projet de grand stade sur

lequel s’arc-boute la FFR quand le Stade de France est sous-

utilisé. Là encore, le gain économique espéré prime sur le

coût environnemental avéré. ●

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Le basket porte pour l’ensemble du mouvement sportif un projet visant à rationaliser les poules de championnat, réduction des gaz à effet de serre à la clé.

Page 15: "En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 15

beaucoup à ce logiciel d’optimisation des déplacements, qui a vocation à être utilisé par toutes les fédérations dont l’activité s’or-ganise sous la forme de championnats. » Le contexte est favorable : « Au-delà de l’impul-sion que nous pouvons donner, la réforme régionale en cours oblige les fédérations à se poser la question du redécoupage terri-torial. » Et puis il y va tout simplement de leur intérêt et de celui des clubs : réduire la longueur des déplacements, c’est diminuer les coûts de transport. Un argument de poids, à l’heure où dotations ministérielles et revenus du sponsoring sont à la baisse.

REPENSER LE SYSTÈME ?

Cela suffira-t-il à convaincre des respon-sables de fédérations, parfois frileux à l’idée qu’en fin de mandature on leur tienne rigueur de mesures pouvant être perçues comme contraignantes ? L’État ne doit-il pas se résoudre à manier aussi le bâton pour que sa « stratégie développement durable » soit réellement partagée ? « Les conventions d’objectifs sont un moyen de faire entrer les fédérations dans une telle démarche, estime Maël Besson. Et si aujourd’hui l’évaluation

se fait sur la base d’indicateurs partagés, à l’avenir les critères seront plus exigeants. »Second moyen de pression : conditionner les subventions du CNDS (Centre national de développement du sport) à la prise en compte du développement durable. « Mais il faut le faire en douceur, pas de but en blanc, tempère Maël Besson : il ne s’agit pas de mettre en difficulté les associations, les bénévoles et le mouvement sportif, mais de les accompagner vers ce qui, à terme, de-viendra incontournable. »Mais le mouvement sportif peut-il adapter son « logiciel » ? « Plus vite, plus haut, plus fort », clame toujours la devise olympique. Né avec la Révolution industrielle, et tout à son idéologie de la performance, le sport moderne a intériorisé la notion de progrès sans limite. Le sport spectacle, caractérisé par la médiatisation et les enjeux écono-miques qui l’accompagnent, n’est-il par le symbole du capitalisme aveugle qui, juste-ment, mène la planète à son épuisement ?Plus généralement, le mouvement sportif peut-il accepter l’idée que son terrain de jeu est limité, et qu’à trop fouler celui-ci demain l’herbe pourrait n’y plus pousser, la

chaleur devenir intenable, et l’air irrespi-rable ? Il a d’ailleurs sans doute plus à y gagner qu’il ne le croit : alors que nombre de fédérations voient s’éroder leurs effec-tifs, celles-ci n’ont-elles pas intérêt à jouer davantage la carte de la proximité plutôt que d’envisager le développement de la pra-tique à travers des championnats aux dépla-cements coûteux, y compris en temps pour les joueurs et leurs accompagnateurs ?En cela, le sport est bien au cœur des enjeux de la COP 21 et des réflexions sur une économie et un mode de vie caractérisé par la sobriété et la mesure. Se dépasser, oui, mais sans rien sacrifier de sa santé, du bien-être de tous et de la vie en société, dans un environnement préservé. ●

PhiLiPPe BrenoT

(1) « L’Ufolep a d’ailleurs participé aux premiers groupes de travail qui ont permis de développer l’idée » souligne Laetitia Zappella, ancienne chargée de mission de la fédération.(2) Cofinancé par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), le CNDS (Centre national de développement du sport), la FFBB et le ministère en charge des Sports.

Sportifs, que faites-vous pour le climat ?A

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Tempêtes, nouvelles routes : la course au large subit elle aussi l’influence du réchauffement du climat et des océans.

Page 16: "En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

16 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

LES COLLECTIVITÉS LOCALES AUSSILe premier réflexe d’une collectivité locale qui construit un

équipement sportif est de s’assurer qu’il soit facilement acces-

sible aux différents publics en transport en commun. Mais elle

peut aller plus loin. « En vertu de son Plan climat ou de son

Agenda 21, elle peut édicter des normes de construction des

infrastructures sportives prenant en compte les performances

énergétiques des bâtiments. Elle peut aussi responsabiliser les

clubs : en contrepartie de la mise à disposition d’un gymnase, ils

paient l’eau et l’électricité, façon d’inciter à éteindre la lumière

en repartant et à ne pas faire couler les douches inutilement »

explique Isabelle Niesseron, responsable développement de la

Ville de Lyon. Certaines collectivités introduisent en outre une

« éco-conditionnalité » des subventions, ou imposent pour les

manifestations organisées sur leurs installations un cahier des

charges encourageant le co-voiturage et les transports en com-

mun ou exigeant l’utilisation de gobelets réutilisables, la récu-

pération et le tri des déchets. La région Centre-Val-de-Loire

a ainsi édicté une charte des manifestations responsables.

Enfin, l’évolution des réglementations peut aussi générer des

économies : « Auparavant, explique Maël Besson, la vidange

des piscines était obligatoire tous les six mois, ce qui se tra-

duisait par la perte de millions de litres d’eau et un surcoût de

chauffage. L’amélioration des techniques sanitaires a permis de

supprimer cette contrainte. » ●

« Moins de kilomètres, autant de matchs »mutation culturelle. Réfléchir à la réduc-tion du nombre des manifestations spor-tives n’est d’ailleurs pas forcement contraire à l’idée du développement de la pratique. Mais, même si l’on est en droit de se poser la question, une grande marge de progression est possible en rationnalisant l’organisation des championnats. Il ne s’agit pas de réduire le nombre de rencontres mais les distances parcourues. Cela permettrait du même coup d’optimiser le temps de transport au regard du temps d’activité. Ce ne sont pas les pa-rents qui conduisent leurs enfants sur le lieu des rencontres qui vont s’en plaindre !

Toutes les fédérations sont-elles prêtes à entendre ce discours ? Oui, car nous sommes tous d’accord sur l’objectif de continuer à développer la pra-tique, tout en limitant les impacts négatifs et en favorisant l’impact positif, émotion-nel. C’est ensuite que les appréciations peuvent diverger. Mais les solutions pour réduire l’empreinte écologique sont elles-mêmes multiples ! Prenons l’exemple d’un ravitaillement : entre une banane bio ache-minée par avion et un kiwi local produit hors agriculture raisonnée, quel choix est le moins « impactant » ? Impossible à dire, car comment mettre dans la balance d’un côté les émissions de gaz à effet de serre, et de l’autre la pollution des sols ! De même, y-a-t-il un plus grand bénéfice à supprimer une rencontre de championnat ou à mettre en place des transports collectifs efficaces ?

Pour Maël Besson, chargé de mission d é ve l o p p e m e n t durable au minis-tère des Sports, il ne s’agit pas de réduire le nombre de rencontres spor-tives mais d’opti-miser le nombre de

kilomètres générés par celles-ci.

Maël Besson, le mouvement sportif a-t-il intégré les enjeux de la préservation de l’environnement et du développement durable ? Je le crois. Il y a quatre ou cinq ans, nous de-vions encore souvent expliquer le lien entre sport et développement durable : ce n’est plus le cas aujourd’hui. En revanche, passé un effet de nouveauté, on a pu constater une certaine lassitude du mouvement spor-tif à l’égard d’un discours pas toujours facile à traduire en actes. Mais en remettant le sujet dans l’actualité, avec un portage poli-tique fort, la COP 21 a relancé la dynamique autour du développement durable.

Les initiatives fédérales ne manquent pas. Mais, au nom de la limitation de son empreinte écologique et climatique, le monde du sport ne doit-il pas égale-ment se résoudre à réduire le nombre de matchs et de compétitions ?Il s’agirait là d’une évolution, voire d’une

Et même si l’on parvient à comparer les Bilans Carbone de ces deux solutions, com-ment mettre dans la balance la dimension humaine et la dynamique associative ?

Le mouvement olympique montre-t-il toujours l’exemple ?Le Comité national olympique et sportif français, avec l’Agenda 21 développé dès 2008, et le Comité international olympique, avec notamment l’Agenda 2020, intègrent et impulsent depuis longtemps cette démarche. J’entends également Tony Estanguet, ancien kayakiste, médaillé olympique et représen-tant français au CIO, parler de sobriété, de qualité plutôt que de quantité. Et le pré-sident de la FFBB Jean-Pierre Siutat, très engagé sur le dossier du développement durable, est vice-président du CNOSF. Tout le mouvement sportif n’est peut-être pas aussi impliqué, mais ne tombons surtout pas dans le dogmatisme ! Le sport exige de se rencontrer, de partager les choses ensemble : c’est son essence même ! Pour revenir à votre question précédente, le but n’est donc pas de supprimer les rencontres sportives. J’établirais plutôt une comparai-son avec le télétravail, qui représente un gain de temps et d’argent, moins de fatigue pour les personnes et moins d’émission de gaz à effet de serre. Il ne remplace pas les réunions physiques ! Oui, le sport doit faire vœu de sobriété, mais en conservant toute sa dimension humaine et sa pertinence édu-cative, relationnelle. ●

Maël Besson

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Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 17

L’ Ufolep se serait-elle engagée de manière aussi volontariste en matière d’environnement et de développement durable si elle

n’avait fait partie de la Ligue de l’ensei-gnement ? Peut-être pas. Dès le milieu des années 1990, la Ligue s’est en effet lan-cée dans l’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD) et la labellisation « Citoyenneté-Environnement-Développement durable » (CED) d’une qua-rantaine de centres accueillant le jeune public. La prise de conscience de l’Ufolep s’est effectuée conjointement.MANIFESTATIONS RESPONSABLES ET BILAN CARBONE. L’Ufolep a intégré dès 2002 les problématiques environnementales à son projet politique. Cela explique qu’elle fut la première fédération sportive à s’enga-ger dans un diagnostic de son impact envi-ronnemental, via un Bilan Carbone de ses activités, et participé activement à la réali-sation en 2008 du Guide « Bilan Carbone des activités fédérales ». L’Ufolep a aussi parti-cipé aux réflexions qui ont accompagné en 2003 la définition de l’Agenda 21 du sport français. Puis elle a paraphé la Charte du sport pour le développement durable initiée en 2009 par le CNOSF, tout comme elle est signataire de la Stratégie national pour le développement durable du sport (SNDSS) et

de la Stratégie nationale pour la biodiver-sité (SNB). RAID’SPECT NATURE. Par des cahiers des charges mentionnant l’appel à des pro-ducteurs locaux, l’impression des flyers de promotion sur papier recyclable ou l’usage de gobelets réutilisables, l’Ufolep promeut l’éco-responsabilité à travers ses manifes-tations nationales, régionales ou départe-mentales, comme le Playa Tour, le Raidy To Go en Île-de-France ou le Tour de l’Ossau en Pyrénées-Atlantiques. Par l’intermé-diaire de l’Ufolep Rhône-Alpes, elle a aussi développé en 2007 un raid nature conçu comme une vitrine et un laboratoire du développement durable dans le sport. Le Raid’Spect Nature s’efforce de limiter le plus possible son empreinte environne-mentale tout en assurant la promotion du développement durable auprès du public à travers des stands, des ateliers et des débats. La démarche a également débouché sur un « Éco-Tour », sorte de label accordé aujourd’hui à une vingtaine d’autres événe-ments sportifs de la région.GUIDE ET TROPHÉES. Pour accompagner la prise en compte du développement durable au sein de son réseau, l’Ufolep a édicté un Guide pratique, réactualisé en 2015 et dis-ponible sur demande. De façon plus incita-tive, le concours des Trophées Générations

Développement Durable, désormais spon-sorisé par notre partenaire Eco Cup (gobe-lets réutilisables), récompense des projets innovants. Le thème du concours photo sur Facebook est également souvent en lien avec l’environnement : « sport et biodiver-sité » en 2014, « le sport à travers les élé-ments naturels » en 2015. PARTENAIRES. Parmi ses partenaires, sollicités entre autres pour le jury des « Trophées », l’Ufolep compte aussi l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maî-trise de l’énergie), la Fondation Nicolas-Hulot, l’association SV Planète, Mountain Riders, Surf Riders, Éthique sur l’étiquette et le World Wildlife Fund (WWF).INITIATIVE RÉSEAU. Exemple de prise en compte du développement durable par le réseau Ufolep : le comité de la Manche a décliné le Guide Ufolep développement durable sous la forme d’un outil pratique. Baptisé « La boîte à DD », il réunit des fiches pratiques directement utilisables par les associations pour l’organisation d’évé-nements. Rappelons aussi que la Loire-Atlantique s’est dotée d’un Agenda 21 qui intègre les associations dans son périmètre et que le Lot-et-Garonne mène au plan départemental des actions communes avec la Ligue de l’enseignement. ● Ph.B.

L’Ufolep, une démarche globaleComposante d’un mouvement d’éducation populaire, l’Ufolep s’est naturellement appropriée la thématique environnementale

Sportifs, que faites-vous pour le climat ?

Dernière nouveauté en date, la mise en ligne début octobre sur l’Ufoweb d’un

site internet animé par Bruno Aguiar Valadão, qui a succédé à Laëtitia Zappella

au poste de chargé de mission développement durable de l’Ufolep. « Le site

réunit toutes les ressources et tous les outils disponibles à l’échelon national

et auprès de notre réseau, mais aussi ceux du ministère des Sports et de son

Pôle ressources Sports de nature, explique-t-il. Y figurent également les appels

à projet et l’actualité du groupe de travail (GT) développement durable de

l’Ufolep. » Le site rappelle en outre les axes prioritaires de l’Ufolep en matière

de développement durable. Il présente ses éco-événements et les projets en

cours, comme par exemple l’engagement dans la Stratégie nationale biodiver-

sité (SNB). Il offre enfin une vitrine aux partenaires de l’Ufolep. ●

www.thema.ufolep.org/devdurable / [email protected]

UN SITE INTERNET DÉDIÉ

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En mai 2012, le climat faisait déjà la « couv ».

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18 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

La COP 21 au cœur des Rencontres EEDD

le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat. C’est aussi à la lumière de la préparation de la COP 21 qu’ont été présen-tés des « récits de vie » et des productions réalisées dans le cadre du programme « Our Life 21 », qui propose aux plus jeunes d’en-visager leur avenir et celui de la planète.

L’AIR ET L’EAU

Au cœur de cette édition figuraient des ateliers portant sur « les scénarios de la transition énergétique », le public des jeunes enfants (en partenariat avec l’Usep) ou sur « la participation citoyenne » en tant qu’enjeu du développement durable. Le quatrième, qui soulignait le lien entre l’éducation au développement durable, l’environnement et la santé, était porté par l’Ufolep. Après l’intervention d’une responsable de l’Ades (Association départementale d’édu-cation à la santé) du Rhône, cet atelier a abordé la question de l’alimentation, en pointant les bienfaits du « bio ». Autre question débattue : l’impact des pollutions de l’air et de l’eau sur les pratiques phy-siques et sportives, du jogging au canoë-kayak. « La question concerne à la fois les

La Ligue de l’enseignement, l’Ufolep et l’Usep organisent chaque année, en partenariat, avec les Francas, autre grand réseau de l’éducation

populaire, des Rencontres nationales de l’éducation à l’environnement et au déve-loppement durable (EEDD). La 6e édition a réuni une centaine de personnes, du 3 au 5 novembre, au centre de vacances géré par la Ligue de l’enseignement à Buis-les-Baronnies (Drôme) – centre qui possède le label Citoyenneté-Environnement-Dévelop-pement durable (CED).« Ce rassemblement est l’occasion de faire le point sur les actions des centres CED, de l’Ufolep, de l’Usep et des fédérations dépar-tementales de la Ligue de l’enseignement, parallèlement à des temps de travail animés par chacun de ces réseaux » explique Hélène Guinot, chargée de mission environnement et développement durable à la Ligue de l’enseignement.Chaque année, un thème est mis en avant : en 2015, à la lumière de l’actualité, ce fut évidemment la conférence climat, avec un débat auquel ont notamment participé Michèle Rivasi (députée européenne EELV) et Stéphane Labranche, membre du GIEC,

pratiquants et les clubs Ufolep et les centres de loisirs proposant des jeux en extérieur » insiste Bruno Aguiar Valadão, chargé de mission développement durable à l’Ufolep. À défaut d’apporter des solutions immé-diates, les témoignages de terrain sont venus rappeler l’urgence non plus d’une simple prise de conscience, mais de mesures concrètes. ● Ph.B.

L’enjeu de la préservation du

climat se situe à la confluence

des engagements collectifs et

des démarches personnelles.

Parmi celles-ci, on peut men-

tionner le parcours origi-

nal de Christophe Lamaison,

ancien international de rug-

by recyclé dans les énergies

durables, quand d’autres pré-

fèrent se reconvertir comme consultants… « Mes activités

tournent autour de l’économie des énergies renouvelables.

Plus explicitement, j’essaie d’aider les gens dans tout ce

qui est maîtrise de l’énergie : l’isolation, les process ther-

miques, l’éclairage », expliquait-il au site Rugbyrama.fr

Parallèlement, ce héros de la victoire sur les All Blacks lors

de la Coupe du monde 1999 entraine dans le petit club

basque d’Arcangues, où ses enfants sont inscrits à l’école

de rugby : « Le président m’a demandé un coup de main et,

quand on est passionné, on met un pied, puis les deux... Je

me suis occupé de l’équipe première pendant quatre ans et

j’ai maintenant basculé vers les plus jeunes. »

Ces jeunes, quel sport et quelle planète leur laisserons-

nous ? ●

CHRISTOPHE LAMAISON, ITINÉRAIRE D’UN CHAMPION ÉCLAIRÉ

éducation PoPulaire et déveloPPement durable

La Ligue de l’enseignement organisait début novembre les 6es Rencontres nationales de l’EEDD. L’Ufolep y a animé un atelier sur l’impact de la pollution sur les pratiques.

Christophe Lamaison

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L’Ufolep a fait la promotion de l’Éco-Tour Rhône-Alpes.

Page 19: "En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 19

L e 6 mars 2015, deux mois après les tragiques événements ayant frappé la France en janvier, le premier ministre a réuni un comité intermi-

nistériel à l’égalité et à la citoyenneté autour d’un programme intitulé « La République en actes ». Un programme où, Manuel Valls l’a souligné, le sport occupe une place essen-tielle : « Du sport, parce que c’est par lui que, dès le plus jeune âge, chacun fait l’expérience concrète des valeurs de solidarité, d’entraide et de tolérance mais aussi de l’effort, du dépassement de soi. Nous allons bâtir avec nos partenaires, les fédérations sportives, des ”plans citoyens du sport”. » Et pour que le mouvement sportif se mobilise sans attendre, il a été fait de la mise en place d’un plan « Citoyens du sport» un prérequis à l’établissement des conventions d’objectifs entre l’État et les fédérations.À la fois fédération sportive et mouvement d’éducation populaire, l’Ufolep s’est pleinement associée à une ini-tiative gouvernementale qui vient prolonger les actions qu’elle mène déjà. Notre convention avec le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports liste en effet des « objectifs » et des « actions » qui correspondent à ceux et celles que les fédérations sont invitées à décliner autour de deux axes : la « transmission des valeurs citoyennes » et l’« accession des jeunes à la pratique sportive ».

VALEURS CITOYENNES

En matière de citoyenneté, le guide d’accompagnement du ministère invite notamment les fédérations à « outil-ler les acteurs fédéraux ». Or à l’Ufolep ceux-ci disposent de plusieurs supports comme le guide « Sport Éducation Insertion » (ressources documentaires, méthodologie et fiches projets) et le guide pédagogique visant à per-mettre aux éducateurs de remédier aux situations de dis-crimination et d’exclusion que l’on peut rencontrer sur

les terrains. Notre revue En Jeu consacre également des dossiers de fond aux ques-tions du racisme et de l’homophobie dans le sport ou de la mixité sociale.Cette sensibilisation de nos responsables associatifs rejoint les demandes du minis-tère de « créer une rubrique spécifique “Citoyens du sport” sur le site internet fédé-

ral » (ce qui sera fait) et d’« intégrer des contenus autour des valeurs éducatives et citoyennes dans les formations fédérales » et celles des « dirigeants et bénévoles ». Alors que notre plan de formation est en cours d’actualisation, nous insisterons désormais de manière plus explicite sur la dimension citoyenne dans nos brevets fédéraux d’ani-mateurs et d’officiels. Relevons au passage que, parmi les 28 000 journées de formation que l’Ufolep a organisées en 2014, bon nombre portaient sur le secourisme, où la dimension citoyenne est implicite.

ACCESSIBILITÉ

Concernant l’accès des jeunes (jusqu’à 20 ans) à la pra-tique sportive, on rappellera que ceux-ci représentent un tiers des effectifs de l’Ufolep et que nous proposons des activités adaptées à toutes les tranches d’âge. Pour les adolescents, en plus des activités traditionnelles, l’Ufolep propose des raids nature qui – à l’exemple du Raidy To Go en Île-de-France – insistent sur la solidarité et la citoyenneté. Pour les plus jeunes, nous encourageons la création d’écoles de sport tandis que, partout où elle en a les moyens, l’Ufolep s’implique dans les animations périscolaires, avec des contenus pédagogiques visant l’ac-quisition de compétences (savoir rouler, s’orienter, porter secours) et des kits de matériel.« Proposer des activités mixtes », l’Ufolep le fait, avec un souci particulier pour la pratique des jeunes filles des quartiers. Nous ajoutons même à la mixité sexuelle la mixité sociale (dans les raids nature en particulier) et la pratique intergénérationnelle (avec notre concept de Plurisport). « Proposer des animations sportives esti-vales », c’est aussi le cas, tant en milieu rural qu’urbain, la plus emblématique étant notre Playa Tour, qui de fin juin à fin août n’oublie pas les plans d’eau intérieurs.Enfin, l’Ufolep développe à l’intention du grand public l’application smartphone « Tout Terrain », qui permet aux pratiquants isolés de se regrouper pour pratiquer ensemble le sport de leur choix. Une innovation qui rejoint la demande ministérielle de « communiquer sur les bienfaits d’une activité sportive régulière auprès des parents (flyers, site internet…) ». ●

Pierre chevaLier, dTn de L’[email protected]

« Citoyens du sport » : l’Ufolep s’engageLes fédérations sportives sont invitées à participer à la mobilisation citoyenne décrétée par le gouvernement après les attentats de janvier.

transmission des valeurs, accession À la Pratique

fédé

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SERVICE CIVIQUELe volet « accession des jeunes à la pratique sportive » des plans

Citoyens du sport définit aussi des objectifs en matière d’insertion

professionnelle. Ces dernières années, l’Ufolep a notamment créé

de nombreux emplois d’avenir au sein de ses comités et assuré

auprès de ces derniers la promotion du service civique : depuis

2012, environ 200 volontaires âgés de 16 à 25 ans sont accueil-

lis chaque année. Et aujourd’hui, dans le cadre du service civique

« universel », l’Ufolep va pouvoir ouvrir aussi à ces jeunes les

portes de ses associations locales (lire page 10). ●

Page 20: "En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

20 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

C omme toutes les fédérations sportives, l’Ufolep va devoir modifier d’ici le 31 décembre 2016 l’organi-sation et la gouvernance de ses comités régionaux. Ceci afin de se conformer à la loi sur la « nouvelle

organisation des territoires de la République » (NOTRe), carac-térisée par le passage de 22 à 13 régions. C’est évidemment une contrainte. Mais on peut aussi voir là l’opportunité d’améliorer nos modes de fonctionnement, d’affirmer notre identité, de développer les solidarités entre comités et de construire des projets de territoire adaptés à tous les publics.RÉUNIONS DE RENTRÉE. Voilà pourquoi l’Ufolep a orga-nisé à la rentrée un premier cycle de réunions dans les 13 futures régions (1). Elles ont permis de dresser un état des lieux « personnalisé » des comités régionaux et départementaux actuels. Au-delà d’un cadre administra-tif commun, chaque territoire possède des spécificités qu’il convient de prendre en compte pour dégager des propositions portant sur la structuration, le mode de fonctionnement et les projets à mener. Cela vaut tout autant pour les régions dont les frontières ne sont pas modifiées que pour les Dom-Com (lesquels ont été accom-pagnés via des outils de communication à distance).INTERCOMMUNALITÉ. Une synthèse de ces réunions a été proposée mi-octobre à Bourges lors du rassemblement des acteurs de la vie sportive et fédérative Ufolep (élus, permanents, commissions sportives…), où un atelier s’est

également intéressé à l’enjeu de l’intercommunalité. En effet, dans le cadre de la réforme territoriale, cet échelon administratif situé entre la commune et le département est amené à accroître ses compétences : c’est désormais à cet échelon encore très peu investi par l’Ufolep et les fédérations sportives que beaucoup de choses se décide-ront demain.Un second cycle de réunions a depuis été lancé et s’achè-vera en décembre. Il s’agit d’une part de faire le point sur l’aspect administratif (démarches, modalités de création des nouvelles instances et de suppression des anciennes), et d’autre part d’élaborer un projet fédéral pour la nou-velle région. Par ailleurs, chaque futur comité régional est « accompagné » par un binôme élu national-membre de la DTN, tandis que les commissions nationales Statuts et règlements et Finances sont associées à ces travaux.RENDEZ-VOUS AU PRINTEMPS. Les 29 et 30 avril 2016, l’assemblée générale de Port-Leucate sera invitée à voter des modifications statutaires relatives aux futurs comités régionaux. Puis les comités départementaux Ufolep dési-gneront en mai leurs candidats pour les AG électives des comités régionaux, prévues pour juin 2016.Précisons que la démarche engagée l’est en étroite col-laboration avec la Ligue de l’enseignement, qui mène un travail similaire en s’appuyant sur les compétences d’un cabinet d’avocats, dont l’Ufolep bénéficie également. En effet, cette évolution statutaire doit aussi être l’occasion de renforcer la cohérence de nos projets et les solidari-tés nécessaires entre la Ligue de l’enseignement et son secteur sportif. ● marina chaumond

[email protected]

réForme territoriale

Faire d’une contrainte une opportunitéComment s’adapter à la réforme territoriale pour en faire un levier de développement ?

LOI MAPTAM. En vertu de la loi dite de modernisation de l’action

publique territoriale et d’affirmation des métropoles, depuis le 1er

janvier 2015 les villes destinées à jouer le rôle de pôle bénéficient

du statut de « métropole » : Rennes, Bordeaux, Toulouse, Nantes,

Brest, Lille, Rouen, Grenoble, Strasbourg, Montpellier. Plus Lyon

(avec un statut particulier) et Nice (qui en bénéficiait déjà), en

attendant Paris et Aix-Marseille-Provence (au 1er janvier 2016).

TREIZE RÉGIONS. Le Conseil constitutionnel a validé le 15 janvier la

nouvelle carte à 13 régions : Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine,

Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin, Auvergne-Rhône-Alpes, Basse

et Haute-Normandie, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Centre,

Corse, Île-de-France, Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, Pays-de-

la-Loire, Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

LOI NOTRE. Adoptée le 16 juillet par l’Assemblée nationale, la loi

sur la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe)

répartit les compétences entres les quatre échelons administratifs du

« mille-feuille » français (commune, intercommunalité, département,

région), sans en supprimer aucun. ●

LES TROIS VOLETS DE LA RÉFORME

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Les treize nouvelles régions.

Page 21: "En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 21

T raditionnellement, les membres des commissions nationales sportives (CNS) de l’Ufolep sont réunis tous les deux ans pour adapter leurs plans d’actions aux orientations de la fédération. Si cet objectif

demeure, le rendez-vous a été élargi aux représentants des comités départementaux. Ainsi, ce sont tous les acteurs de la vie sportive fédérale qui se sont retrouvés les 17 et 18 octobre au Creps de Bourges avec les élus nationaux et les membres de la DTN. Cette évolution prolonge le choix, opéré lors du dernier renouvellement des CNS, de doter celles-ci de groupes de travail temporaires, ciblés sur des priorités de déve-loppement, parallèlement au suivi habituel de l’activité qu’elles gèrent : règlements, compétitions… Le but est de mieux accompagner les formes de pratique davantage axées sur la proximité, le bien-être ou la multi-activi-té, de s’adapter à la diversité des publics et de mieux accueillir les disciplines émergentes.

QUATRE FILIÈRES DE DÉVELOPPEMENT

En effet, il n’y a plus aujourd’hui une seule « filière » de développement de nos activités, mais plusieurs. Quatre précisément, selon celles identifiées lors du congrès d’Or-léans en avril dernier.Premièrement, la filière « fédérale », de structure pyrami-dale : celle des compétitions nationales et de leurs ramifi-cations régionales ou départementales. Une filière animée par les CNS, à l’image d’activités emblématiques comme le cyclosport, la gymnastique artistique ou la GRS.Deuxièmement, la filière « territoriale », qui consiste à diffuser ailleurs sur le territoire des réussites départe-mentales ou régionales : le foot à 7 en Eure-et-Loir et dans l’Yonne, ou le concept « kid bike » en Aquitaine.Troisièmement, la filière « partenariale », quand seul le rapprochement avec des partenaires extérieurs permet de développer des activités innovantes telles que la slackline ou le parkour.Quatrièmement, la filière « mutualiste », où l’idée est de faire profiter toute une région de l’expertise acquise par un comité, que ce soit en matière de plurisport, d’activi-tés périscolaires ou de « petite enfance », comme c’est par exemple le cas de la Creuse.

TABLES RONDES ET ATELIERS

C’est dans cet esprit qu’avait été conçu le programme de ce rassemblement. Celui-ci a débuté avec deux tables rondes, l’une avec des intervenants divers (1), l’autre nourrie de témoignages de terrain. Au menu de la première : l’évolu-tion des pratiques, les politiques éducatives et de territoire, les modèles associatifs et la valorisation du bénévolat.Lors de la seconde table ronde sont intervenus trois comi-

rassemblement « sPort, éducation et citoyenneté »

Repenser notre développement fédératifDeux cents représentants des comités et membres des commissions nationales sportives Ufolep étaient réunis mi-octobre à Bourges.

tés départementaux. La Creuse a exposé sa démarche de développement fédératif : intervention sur des ter-ritoires « carencés » afin d’y susciter dans un deuxième temps la création d’associations, affiliation de structures non sportives via le dispositif C3S, etc. Le comité des Pyrénées-Orientales a détaillé les services qu’il offre à ses associations. Enfin, le Pas-de-Calais a expliqué comment il a répondu aux sollicitations des collectivités locales pour proposer des activités destinées au jeune public.Quinze ateliers, par activité puis par thème (« vie associa-tive » par exemple), ont ensuite permis de partager des exemples de bonnes pratiques, de recenser les besoins en outils techniques et en formation, mais aussi d’entrer dans les modes d’accompagnement du réseau, à chaque échelon : région, département, association, licencié. Car la grande question est : qui fait quoi ? Enfin, les travaux du dimanche matin ont porté sur l’adap-tation de notre organisation fédérale au redécoupage des régions (lire page précédente). Autant d’éléments qui contribueront à nourrir les futurs projets régionaux de développement… ●

BenoîT [email protected]

(1) Nadia Bellaoui (secrétaire nationale adjointe de la Ligue de l’ensei-gnement), Cédric Chaumond (représentant du ministère des sports pour le plan Citoyens du sport, Dominique Charrier (maître de conférences à Paris Sud-Orsay) et Clément Prévitali (sociologue, auteur de Le sport à la campagne).

•Citoyens du sport. Durant ce regroupement, plusieurs animations ont éclairé les préoccupations « citoyennes » de l’Ufolep : projection du long métrage « De toutes nos forces » (qui aborde le thème du handicap, avec Jacques Gamblin) et du film « Vestiaire de filles » (réalisé avec l’ap-pui du Cercle Paul Bert de Rennes) ; animation théâtrale sur le thème « quel avenir pour les associations sportives ? » ; démonstrations de parkour et de canne de combat…

Certains participants n’ont pas manqué de poser devant un photo call « citoyen du sport ».

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22 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

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eL e « Bien-être actif » : tel est le concept choisi par la

Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN) pour inciter ses adhérents à la pratique physique, via des séances animées par des éducateurs sportifs

de l’Ufolep. Concrètement, dans les onze départements rete-nus pour l’expérimentation (1), les délégations de la MGEN et de l’Ufolep étaient invitées à se rapprocher pour définir ensemble les programmes à mettre en place. À l’une de solli-citer ensuite ses adhérents, à l’autre d’encadrer les séances.Ces programmes sont au nombre de trois : « enfant », « adulte » et « famille ». Le premier propose de « Découvrir pour mieux choisir », le deuxième reprend le concept de « Bien-être actif » pour inviter à reprendre ou démarrer une activité, tandis que le troisième table sur le « Plaisir de bouger ensemble », en partageant un moment ludique en famille.Plusieurs catégories d’âges et profils-types ont également été identifiés. Le programme « famille » associe ainsi des binômes parent-enfant de 3 à 5 ans. Le programme « adulte » distingue pour sa part les 30-50 ans et les plus de 50 ans. Enfin, le programme « enfant » cible deux tranches d’âge (6-8 ans et 8-10 ans).Ce programme « enfant » offre une particularité : il doit être forcément associé à un programme adulte, l’idée étant que petits et grands se retrouvent en un même lieu, à la même heure, tout en pratiquant séparément. À travers cette formule qui règle le problème de la garde des enfants, la MGEN souhaite ramener vers la pratique les mères et pères de familles qui s’en étaient éloignés.

FAMILLE EN LOIRE-ATLANTIQUE

Premier comité à décliner la convention, la Loire-Atlantique a convenu avec l’antenne locale de la MGEN de cibler les familles. « Sur le plan pédagogique, cela nous est apparu particulièrement intéressant, car nouveau pour nous. Nous avions aussi l’idée que nous pourrions peut-être reprendre ensuite le concept dans nos écoles de sport ou nos amicales laïques » explique Maxime Lethu, chargé de mission à l’Ufolep 44.Chacune des neuf séances organisées de fin avril à mi-juin a réuni au moins sept ou huit binômes parent-enfant sur les douze inscrits. D’abord en salle autour des habile-tés motrices, de jeux athlétiques ou de la manipulation de ballons, puis dans le parc de l’Île de Nantes, ce qui a permis d’élargir ces jeux aux activités de plein air (orien-tation, kinball, jeux d’opposition), pour le plus grand plaisir de tous. « Les activités se déroulant le mercredi après-midi de 16 h à 17 h, nous avions plutôt des mamans, mais pas seulement, souligne le chargé de mission. Parfois, on

voyait aussi soit le père soit la mère, en fonction des disponibilités de chacun. » Sur certaines activités, les parents étaient davantage dans l’accompagnement, et ne s’autorisaient à pratiquer eux-mêmes qu’une fois leur enfant (âgé de 3 à 5 ans) suffisamment autonome dans sa pratique. « Mais des parents se sont aussi vus genti-ment “chambrer” par leur enfant parce qu’ils n’étaient pas non plus très à l’aise, sur des rollers par exemple » sourit Maxime Lethu. À l’issue de la dernière séance, une liste d’associations Ufolep susceptibles d’accueillir les uns et les autres a été remise aux participants, sachant toutefois qu’il n’existe pas dans le département – du moins pour l’instant – de club ou d’amicale proposant une pratique commune parent-enfant. Mais pourquoi pas demain, quand les enfants auront un peu grandi ?Sans attendre, un nouveau cycle de neuf séances a débu-té en septembre, avec de nouveaux binômes mais tou-jours à Nantes et sur le même modèle. En attendant le lancement, au printemps 2016, du programme destiné cette fois aux adultes « décrocheurs ».

SENIORS EN PYRÉNÉES-ATLANTIQUES

Dans les Pyrénées-Atlantiques, le partenariat s’est orienté vers une offre ciblée sur le public senior et la ville de Pau. « Nous avons répondu aux objectifs de développement de la MGEN. Dans ce département partagé entre Pays basque et Béarn, il existe déjà un très dynamique club de retraités de la MGEN à Bayonne, qui propose notamment des activités physiques et sportives, mais pas encore sur la ville-préfec-ture » explique le délégué Ufolep, Stéphane Lalanne.Les invitations, lancées par la MGEN auprès de 800 adhérents de plus de 65 ans, se sont traduites par vingt inscriptions fermes et autant de réponses de personnes intéressées à moyen terme. Car il fallait réagir très vite : par souci de rester sur la dynamique du projet, celui-ci a été monté en un mois, et les huit séances se sont ensuite déroulées sur trois semaines, du 1er au 17 juin. « Trois par semaine, c’est trop dense, nous en sommes conscients, reconnaît Stéphane Lalanne. Mais il fallait avancer. » Certains n’ont pas participé non plus à l’intégralité des séances : ils devaient garder leurs petits-enfants… Ils ont été remplacés par d’autres, ce qui a permis de fonction-ner à chaque fois avec une quinzaine de personnes.Trois cycles hebdomadaires figuraient au programme : gymnastique d’entretien, randonnée (découverte de la forêt puis marche nordique) et jeux de coopération. Les séances étaient encadrées par Céline Ganteaume, sta-giaire BP Jeps expémentée, avec l’aide d’un titulaire du CQP pour la marche nordique (2).

Partenariat uFoleP-mGen

« Bien-être actif », c’est parti !En vertu d’un protocole d’action signé en février, l’Ufolep anime des cycles d’activités physiques pour des adhérents de la MGEN dans plusieurs départements tests. Premiers retours d’expérience.

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Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 23

à l’issue de sa formation » explique Stéphane Lalanne.Seul bémol, au regard du public touché : « Les seniors qui ont répondu présent sont généralement les plus dyna-miques et les plus actifs par eux-mêmes. Pas les personnes les plus isolées ou les plus éloignées de la pratique » constate le délégué Ufolep. Mais là, c’est davantage à la MGEN qu’il revient de les convaincre. Cette première expérience ne pourra qu’y aider. ●

PhiLiPPe BrenoT

(1) Tous situés en régions Aquitaine, Pays-de-la-Loire et Rhône-Alpes. Outre les deux exemples ici présentés, les programmes ont débuté cet automne en Lot-et-Garonne, Mayenne, Drôme, Savoie et Maine-et-Loire (où, à titre d’exemple, il cible les 30-50 ans). De leur côté, Dordogne et Rhône attendront 2016 pour se lancer, tandis qu’en Gironde le contact restait à établir. (2) Il s’agit précisément d’un brevet professionnel jeunesse, éducation populaire et sports (BP Jeps) « activités physiques pour tous ». CQP : Certificat de qualification professionnel, délivré par l’Ufolep.

Du côté de la MGEN, « le bilan est positif », et la com-mission qui suit le dossier s’est dite « très favorable » à la poursuite du partenariat. Deux remarques ont toute-fois été relayées par la déléguée départementale de la mutuelle, Valérie Éliçalde : « choisir une période où les possibilités naturelles de bouger par soi-même sont moins évidentes (l’hiver par exemple) » et « étendre le pro-gramme sur une période plus longue ».Côté Ufolep, on insiste sur les perspectives de développe-ment ouvertes par un tel partenariat. « Pour nous, c’est une ouverture concrète vers ce secteur sport et société que nous avons localement encore du mal à investir. Le type d’atelier que nous avons animé pour la MGEN, nous pourrons le proposer aussi à d’autres structures. Dans cette idée, nous envisageons de créer un poste d’agent de développement que pourrait occuper Céline Ganteaume

Trois initiatives départementales

en début de saison dans les locaux de l’Ufolep à Toulon pour une triple découverte (marche nordique, gymnas-tique chinoise, danses traditionnelles) prolongée par une conférence donnée par une naturopathe et coach sportif. Ils sont ensuite accueillis dans des associations Ufolep pour deux séances à l’issue desquelles il leur est proposé de se licencier gratuitement. « La méthode a été validée par le fait que 12 personnes ayant pratiqué l’an passé la marche nordique dans notre club de Toulon ont repris une licence cette année, en la payant » insiste le président du comité, Denis Fabre. La marche nordique apparaissant comme la discipline la plus porteuse, l’action a été recon-duite à la rentrée autour de cette seule activité, mais sur deux sites : Toulon et Gonfaron, territoire plus rural où il existe un autre club Ufolep de marche nordique. ●

Outre le programme « Bien-être actif », l’Ufolep et la MGEN ont signé une convention-cadre destinée à favoriser les partenariats locaux : trois exemples parmi d’autres.

Dans l’Allier, l’Ufolep anime jusqu’en juillet des rendez-vous sportifs « famille » destinés aux adhérents de la MGEN, hors du cadre de la convention nationale. À raison de neuf séances, des binômes parent-enfant se retrouvent le samedi matin de 10 h à 11 h 15 à Montluçon, Moulins et Vichy. Les séances seront encadrées par des BP Jeps, avec l’appui des associations Ufolep locales. « Pour notre comité, en déclin ces dernières années, c’est l’occasion de relancer une dynamique, de communiquer et, peut-être, de susciter la création de nouveaux clubs » estime la pré-sidente départementale, Hélène Piquet.Dans la Creuse, un premier contact a débouché dès la rentrée sur la mise en place de séances hebdomadaires, en deux lieux. « À Auzances, il s’agit de plurisport en famille, et à Aubusson d’une pratique simultanée de parents et de leurs enfants : dans la même salle mais séparément » pré-cise la déléguée Ufolep Véronique Michnowsky. La MGEN offre la licence à ses adhérents et prend en charge le coût de l’encadrement.Dans le Var, l’action menée depuis deux ans cible les plus de 50 ans non sportifs. Le principe initial était le sui-vant : 30 adhérents de la MGEN volontaires se retrouvent

Ufo

lep

Loir

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lant

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La Loire-Atlantique a proposé un programme ciblé sur la pratique commune parents-enfants.

Ufo

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La marche nordique, support du partenariat dans le Var.

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24 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

pétition. Enfin, l’Ufolep est présente sur de nombreux territoires, notam-ment ruraux. Or, en termes d’équité d’accès, nous ne pouvons limiter notre action aux grandes villes quand nombre de nos adhérents sont éloignés des centres urbains : n’oublions pas que, dans l’Éducation nationale, il existe autant de lieux de travail que d’écoles !

Quelle est la philosophie du pro-gramme « Bien-être actif » ?Nous l’avons conçu comme un pro-gramme de reprise de l’activité physique

pour les personnes qui se sont éloignées de celle-ci, quel que soit leur âge. Et nous avons tenu à proposer des for-mules de pratique conjointe enfant-adulte : à nos yeux, c’est un bon moyen de favoriser le retour à la pratique, en particulier des femmes. Nous souhaitons travailler sur la durée, même si ces programmes ne touchent qu’une faible part de nos adhérents et que, pour une évidente question de coût, il n’est pas envisageable de les proposer à tous.

Entendez-vous vous appuyer sur votre réseau de clubs des retraités MGEN ?Oui, mais pas uniquement. Par ailleurs, concernant les seniors, la MGEN est gestionnaire d’Ehpad, et l’un des axes de la convention d’application signée avec l’Ufolep porte sur la formation, au sein de ces « établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes », d’ani-mateurs d’activités physiques adaptées (1). Car même à un âge avancé, l’activité physique a des effets bénéfiques sur la santé.

Outre l’expérimentation en cours, avez-vous d’autres projets de partenariat avec l’Ufolep ?Oui, car la convention-cadre signée en février doit s’incar-ner dans des conventions d’application plus ciblées. Nous allons par exemple apporter notre soutien au plan de féminisation de l’Ufolep en proposant, sur une large part du territoire, un accompagnement à la reprise d’une acti-vité physique. Il s’agit de concevoir une reprise d’activité, avec une progression adaptée à chacune, d’une séance à l’autre, sur toute une saison sportive (2). Comme pour le projet « Bien-être actif », des tests physiques en début et fin de cycle doivent permettre de quantifier le bénéfice pour la santé. Je le répète, généraliser ces programmes serait trop coûteux, Mais on peut remettre le pied à l’étrier à un certain nombre de personnes. ●

ProPos recueiLLis Par Ph.B.

(1) Cet axe n’a toutefois pas encore été décliné.(2) La MGEN soutient le plan de féminisation de l’Ufolep dans son volet communication (clip, site Internet…) et la mise en place de programme d’activités « femmes et sports » sur les territoires « carencés » en termes d’équipements et d’offre associative.

C aroline Dudet, pourquoi la MGEN a-t-elle souhaité enga-ger un partenariat avec une fédération sportive comme

l’Ufolep ?Pour une mutuelle comme la MGEN, l’ac-tivité physique et sportive est un enjeu essentiel : en matière de santé, c’est l’un des principaux facteurs de la prévention « primaire », qui s’attache à réduire les facteurs de risques auprès de l’ensemble de la population. C’est via cet axe de prévention par le sport que la MGEN s’est rapprochée de l’Ufolep.

Pourquoi avec l’Ufolep en particulier ?Pour trois raisons. Premièrement, pour une question d’af-finité. De par ses liens avec la Ligue de l’enseignement, l’Ufolep rayonne auprès d’un public qui nous est large-ment commun : en effet, nos adhérents appartiennent majoritairement à l’Éducation nationale. Ensuite, l’Ufolep promeut le sport loisir et la MGEN se retrouve dans cette conception où l’important est de pratiquer une activité physique, quelle qu’elle soit, dans une dimension de bien-être et non dans une perspective où prime la com-

« Des affinités et des objectifs communs »Responsable « santé » et « prévention » à la MGEN, Caroline Dudet détaille les objectifs du partenariat noué par la mutuelle avec l’Ufolep.

MGE

N

Chaque automne, la cam-

pagne Octobre Rose média-

tise le cancer du sein pour

favoriser la prévention et

l’écoute des malades. Elle

suscite localement des ini-

tiatives du réseau Ufolep :

cette année, le club 4S de

Chambéry (Savoie), qui accompagne la reprise d’activités phy-

siques après la maladie, a par exemple organisé une randonnée

cyclotouriste par étapes jusqu’à la Méditerranée. L’association a

bénéficié d’une aide régionale de la MGEN, tandis que les délé-

gations départementales de l’Ufolep et de la MGEN animaient un

stand commun sur le village départ. Ailleurs, l’Ufolep a organisé

des animations pour la MGEN : une après-midi sportive (kinball,

floorball, zumba) avec collecte de fonds en Loire-Atlantique, une

randonnée pédestre dans les Yvelines, ou bien encore une soirée

« black zumba » dans la Creuse, où une pratique ludique allait de

pair avec les interventions d’une gynécologue et d’un responsable

de la Ligue contre le cancer. ●

UFOLEP ET MGEN RÉUNIES POUR OCTOBRE ROSE

Caroline Dudet

Ufo

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Creu

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Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 25

seau David, délégué multisports

Délégué Ufolep du Loiret depuis dix ans, David Suarez revient sur son engagement au sein du mouvement et pour le sport loisir.

« esPrit liGue »

du nombre de licenciés, est là pour nous le rappeler. » En revanche il s’efforce de se démarquer des fédérations délégataires, avec des pratiques tournées vers le loisir. « C’est le cas en volley-ball, où cette année nous sommes passés de zéro à 120 licenciés en répondant à la demande de clubs qui aspiraient à moins de contraintes d’ordre administratif » explique le délégué.David Suarez s’efforce également de développer le lien entre les associations. « Cet esprit de convivialité et de solidarité est particulièrement présent en natation, qui historiquement est notre activité phare. Et il s’est récem-ment renforcé en VTT après l’organisation, en avril 2014, du National Ufolep, à laquelle tous les clubs ont active-ment participé. »En revanche, en dépit de deux ou trois initiatives cou-ronnées de succès, David peine à développer autant qu’il le souhaiterait le concept de « plurisport », qui incarne pourtant à ses yeux l’essence même de l’esprit Ufolep. « Souvent, les associations apprécient qu’on leur propose une telle animation de manière ponctuelle, lors d’une période de vacances par exemple. Mais le reste du temps elles demeurent attachées à leur discipline de base » observe-t-il.

PROJET COMMUN

Lui qui a connu l’Ufolep à travers ses interventions auprès d’un centre de la Ligue de l’enseignement regrette égale-ment que, malgré divers échanges et collaborations – la promotion auprès du réseau Ligue des formations aux premiers secours (PSC1) de l’Ufolep, par exemple –, les deux structures ne possèdent pas véritablement de « pro-jet commun » dans le département. Mais ce sera peut-être le cas en 2016 : « Je souhaite que nous organisions conjointement, une étape du Playa Tour : Ufolep et Ligue, sport et culture, ça va bien ensemble, non ? » ●

PhiLiPPe BrenoT

À 44 ans, dont vingt comme éducateur sportif puis délégué départemental du Loiret, David Suarez a appris à connaître de l’intérieur l’Ufolep et la Ligue de l’enseignement. Son parcours éclaire

aussi la façon dont, de fil en aiguille, un étudiant tout juste sorti de la fac a fait sienne une certaine idée du sport…« Après une quasi-maîtrise de Staps – il me manque le rapport de stage, j’étais alors un peu perturbé par la nais-sance de ma fille –, j’effectuais parmi divers petits bou-lots des animations hebdomadaires pour Profession Sport. L’une d’elles se déroulait sur le terrain des gens du voyage d’Orléans : j’arrivais avec mes propres ballons et j’utilisais les installations disponibles : une table de ping-pong en béton, un petit plateau goudronné, un mauvais terrain de foot en calcaire » se souvient David Suarez, qui fait alors appel à toute son expérience d’entraîneur d’équipes de jeunes de handball.

DE LA LIGUE À L’UFOLEP

Le mercredi, David côtoie et sympathise avec les éduca-teurs du centre de loisirs attenant, qui accueille le même public. Un centre géré par la Ligue de l’enseignement, qu’il rejoint lorsqu’un poste se libère. « Nous nous effor-cions d’ouvrir ces enfants sur l’extérieur, avec des sorties en ville ou au lac de Cerdon, en Sologne : c’est là que j’ai ren-contré l’équipe Ufolep, lors d’une journée canoë et vélo… »Du coup, on pense à lui quand, en 1999, un poste d’édu-cateur sportif chargé de développement est créé – via le dispositif emploi-jeune – pour épauler le délégué dépar-temental, Alain Garnier : « J’ai développé le futsal, qui a réuni jusqu’à 15 équipes avant d’être phagocyté par la FFF, ainsi que le multisports. J’intervenais auprès de plusieurs communes et d’un centre social de Pithiviers. J’y travail-lais avec des jeunes des quartiers qu’il fallait d’abord convaincre qu’il n’y avait pas que le foot dans la vie, mais aussi le basket, le badminton ou l’ultimate… Cela a pris quelques semaines, mais ça a marché. »Et quand en 2005 l’heure de la retraite sonna pour le délégué, que croyez-vous qu’il arriva ? « La succession a été bien préparée : la saison précédente, j’ai été présenté aux membres des commissions sportives et informé des dossiers. À ma place, nous avons recruté une éducatrice, avec qui j’ai mis l’accent sur le sport féminin et ce que nous n’appelions pas encore le secteur “sport et socié-té”. Jeunesse et Sports a d’ailleurs été sensible au fait que nous nous adressions à de nouveaux publics, tant en ville qu’à la campagne, en passant par les maisons de retraite, et nous a apporté son soutien », souligne le délégué.Mais David Suarez n’oublie pas que le secteur « sport édu-cation » demeure le socle de l’Ufolep Loiret : « La subven-tion du conseil général, calculée exclusivement au regard

David Suarez : goût du plurisport et sens de la pédagogie.

À l’occasion des 150 ans de la Ligue de l’enseignement, En Jeu met l’accent sur des engagements sportifs qui ont contribué à son rayonnement et à celui de l’Ufolep.

Ufo

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Loir

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Contact :[email protected]él. 01 43 58 97 61

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26 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

piste plus spectaculaire et plus attrayante. Ce qui fut fait l’an passé entre Noël et début janvier : nouveau tracé, nouveaux sauts et piste élargie à 5 m afin de pouvoir accueillir des quads.Après la pré-homologation conjointe de la FFM et de l’Ufolep en avril, et alors que seule une partie du ter-rain était utilisable pour l’école de conduite, l’homolo-gation officielle (préfecture, pompiers, commune) a été accordée au début de l’été. La piste a ensuite pu ouvrir début septembre. « Nous tablons dessus pour attirer de nouveaux licenciés, insiste Teddy Boudy. Nous allons éga-lement réinscrire au calendrier régional Ufolep l’épreuve d’endurance qui, courant mars, réunissait jusqu’à 100 équipages moto, et 60 en quad. Et nous avons le projet d’un grand rassemblement des écoles de conduite de toute la région Limousin. »Qu’on se le dise : le Moto Club de Compreignac revient en piste, pour les petits et les grands. ● Ph.B.

En moto-cross, le terrain c’est primordial. Le Moto Club de Compreignac ne porterait d’ailleurs pas ce nom s’il n’avait trouvé à se fixer sur le territoire de ce bourg

de 1800 habitants. Une commune située à une vingtaine de kilomètres au nord de Limoges, et accessible depuis la préfecture de la Haute-Vienne en une dizaine de minutes par l’autoroute.C’est en 1992 que l’association, qui naviguait auparavant d’un site à l’autre, s’est installée à demeure sur une parcelle vallonnée et rocheuse par endroits. Un terrain non constructible et impropre à l’exploitation agricole, loué au club par une connaissance de l’ancien président. Puis, au décès du propriétaire, la commune a racheté le terrain pour en abandonner l’usage au Moto Club de Compreignac.

SORTIR DE L’ORNIÈRE

Hélas, un terrain de moto-cross cela s’abîme,… Entre les profondes ornières qui se creusaient et les pierres qui affleuraient, celui de Compreignac s’est irrémédia-blement dégradé, entraînant une déperdition parmi les pilotes adultes. Jusqu’à ce que le club n’en compte plus qu’une dizaine, contre jusqu’à trente quelques années plus tôt. « Si la hausse du coût de la licence ces dernières années n’a pas contribué à enrayer cette tendance, la perte de licenciés est antérieure, vraiment liée au ter-rain lui-même » observe Teddy Boudy, qui préside le club depuis l’an passé.Chef de chantier dans le bâtiment, le nouveau président s’est donc attelé à la réfection du terrain, avec la colla-boration bénévole d’un terrassier. Au passage, il a dessiné les quelques « gros sauts » qui manquaient pour rendre la

association : moto-club de comPreiGnac (87)

Regagner le terrain perduLe club de Compreignac mise sur sa nouvelle piste pour retrouver une pratique adulte aussi dynamique que son école de conduite moto.

Teddy Boudy, 41 ans, préside depuis juin

2014 le Moto-Club de Compreignac, dont il

était membre depuis l’année précédente.

Une rapide promotion, hâtée en partie par

l’accident dont il fut victime pour sa deu-

xième course sous les couleurs du MC 87.

« Je viens de La Rochelle, où j’étais licencié

FFM, mais j’ai arrêté toute pratique à mon

arrivée en Haute-Vienne, explique-t-il. Puis j’ai découvert le

club de Compreignac en venant assister à des courses d’endu-

rance (1). Et il y a deux ans, l’envie de replonger a été trop

forte » explique Teddy Boudy, qui a également passé son brevet

fédéral d’animateur (BFA1) pour encadrer en école de pilotage,

comme il le fait actuellement auprès des 6-12 ans.

Créée il y a cinq ans, celle-ci connaît un franc succès, avec une

bonne trentaine de jeunes. « Cela me ravit. Je m’occupe plus

particulièrement des petits, tandis qu’un autre animateur s’oc-

cupe des adolescents et un troisième de la pratique en quad »

précise celui qui imaginait seulement reprendre une licence de

pratiquant et s’est retrouvé à la fois éducateur et dirigeant ! ●

(1) L’endurance est une course de 1 h 30 disputée sur un circuit de 5 km durant laquelle se relaient généralement deux pilotes (même si les meilleurs peuvent aussi disputer l’épreuve entière).

PRÉSIDENT ET ÉDUCATEUR

DR

Teddy Boudy

Mot

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L’école de quad, sur le terrain rénové.

Page 27: "En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 27

Inst

anta

nés

UFOLEP MEUSE : LA MARCHE DÉGUSTATIVE FAIT RECETTELes organisateurs de randonnées de masse savent que les

haltes ravitaillement sont toujours les bienvenues. L’Ufolep

de la Meuse est allée encore plus loin dans la démarche en

imaginant une « marche dégustative » dont la 6e édition a

réuni 550 participants, dimanche 11 octobre à Bar-le-Duc.

Ceux-ci avaient le choix entre deux circuits de 12 ou 16

km, au long desquels ils ont successivement pu reconstituer

leurs forces avec du pain d’épice, de la compote, du jus de

pomme, du saucisson et de la terrine, avant de se voir offrir

une assiette gourmande à l’arrivée. « C’était une balade tran-

quille : j’ai parcouru les 12 km en 2 h 25. Cela fait 268 calories

consommées que j’ai dû largement récupérer à l’arrêt charcu-

terie » s’amusait un marcheur cité par L’Est Républicain.

Cette marche est aussi un exemple de partenariat, notam-

ment avec l’office du tourisme et l’association Bar-le-Duc

animations, qui proposait aux inscrits l’entrée gratuite au

Salon de la gastronomie et du terroir organisé le même

week-end. Ce partenariat s’appuie par ailleurs sur l’établis-

sement public local d’enseignement et de formation profes-

sionnelle agricole (EPL Agro) de Bar-le-Duc : les marcheurs

partaient du parking de l’établissement et se voyaient pro-

poser une visite de ses ateliers. En outre, l’événement se

veut un modèle d’éco-citoyenneté, avec une vaisselle (gobe-

lets, assiettes) recyclable et l’utilisation de produits locaux.

Autant de raisons qui expliquent que la marche dégustative

de l’Ufolep fait désormais partie des randonnées « incon-

tournables », un réseau réunissant huit manifestations

phares du département. ● chrisToPhe chaomLeffeL

Ufo

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Page 28: "En Jeu, une autre idée du sport" décembre 2015

Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 2928 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

perdu la vie ici en 1967, peu avant la fin de l’ascension, on est déjà quelque peu démoralisé et, l’espace de quelques secondes, on se pose des questions sur le caractère sensé de l’entreprise.Pourquoi le cyclisme est-il devenu votre sport ?Plus ou moins par hasard. Autrefois, j’étais plutôt un coureur, mais avec le temps j’ai constaté que les articula-tions n’aiment pas cela. Entre-temps, mon goût pour le cyclisme est devenu suffisamment notoire pour que des col-lègues m’aient offert un maillot jaune

pour mon anniversaire.Quelles distances parcourez-vous ?En un été, cela doit bien faire quelques milliers de kilo-mètres. Le vélo, pour moi, c’est un retour à l’ancien Adam de la savane, celui qui chasse et court toute la journée en restant toujours en pleine forme.Quand on est sur le mont Ventoux, a-t-on une idée de ce qu’un professionnel du vélo doit accomplir pour vaincre une montagne de ce type ?Cela va encore plus loin : on comprend que ce que ces hommes accomplissent dépasse tout ce que peuvent concevoir des mortels ordinaires. Cela rappelle presque un cursus d’études théologiques : on a besoin du premier degré d’ordination pour comprendre qu’on ne comprend rien. Le plus spirituel de tout ce qui a jamais été écrit sur le Tour est sorti de la plume du Roland Barthes de la première période, lequel ne développe pas par hasard une théologie du sport cycliste en bonne et due forme. Dans son essai sur cette épopée que l’on appelle le Tour de France, on trouve un passage dans lequel il décrit le mont Ventoux comme un dieu du Mal qui exige des sacrifices

(1). Barthes met les héros du sport cycliste sur le même plan que les guerriers d’Homère dans l’Iliade. Pour lui, le duel primitif entre Hector et Achille se répète parmi les coureurs qui montent la montagne. Après tout, n’importe qui peut se battre dans la plaine, mais celui qui demeure jusqu’au bout capable de lutter en duel sur le flanc de la pire des montagnes est déjà, ne serait-ce que pour cette raison, un Hector ou un Achille.Dans cet essai de 1957, Barthes parle déjà du dopage.À ses yeux, le dopage était impardonnable parce qu’il représentait un rabaissement vers le profane. Barthes se réjouissait de l’idée que la force avec laquelle le coureur maîtrise les sections les plus difficiles ne vient pas de lui-même.Mais des dieux ?Quelque chose de ce genre, oui. (…) ●

© Peter Sloterdijk / Libella-Maren Sell 2015

(1) Roland Barthes, « Le Tour de France comme épopée », in Mythologies, Seuil, coll. Points Essais.

hist

oire

s )

Morceaux choisis Peter sloterdijk

Un philosophe sur le VentouxD er Spiegel : Monsieur Sloterdijk,

il y a deux ans [en 2006, NDRL], vous avez gravi à vélo le mont Ventoux, l’une des montagnes

mythiques du Tour de France, avec ses 1 900 mètres d’altitude. Pourquoi ?Peter Sloterdijk : Peut-être pour prouver que les hommes autour de la soixantaine ne sont pas obligatoirement bons pour la ferraille. Apporter cette démonstra-tion était d’une extrême urgence : on est pourvu d’une image intuitive de l’étendue que peut avoir sa vie, et en dépit de la légèreté d’esprit innée qui nous aide à ne pas toujours percevoir l’écoulement du temps, il existe des césures au contact desquelles on croit sentir comment les choses tombent en chute libre. La soixantaine est une césure de ce type.Et vous étiez dopé ?Pas le moins du monde ; mon ami hollandais et moi-même nous sommes laissé suffisamment de temps pour que la valeur sportive de l’entreprise ne se situe pas à un niveau exagéré – il était en tout cas bien plus bas que pour les sportifs, qui montent toujours à la limite de leurs capaci-tés et sans mettre pied à terre.Combien de temps vous a-t-il fallu ?Quelque chose comme deux heures et demie. Il faut savoir que le mont Ventoux a une aura très bizarre, quelque chose de rebutant. Une fois qu’on a atteint le seuil où la végétation ne pousse plus, on se retrouve tout à coup dans un paysage lunaire. Les coureurs cyclistes n’en sentent pas grand-chose, bien entendu, parce que l’effort les aveugle. Nous autres, amateurs que nous sommes, nous avons été d’une lenteur tellement phé-noménale, pendant la dernière montée, que nous avons constamment ressenti cette ambiance de zone de la mort qui entoure les environs du sommet. Quand, en plus, on passe devant le cénotaphe de ce pauvre Simpson, qui a

UNE CERTAINE IDÉE DE LA FRANCEProfesseur de philosophie et d’esthétique, l’Allemand Peter

Sloterdijk est considéré comme l’une des grandes figures de la phi-

losophie contemporaine. Dans Ma France, ce francophile évoque

à travers vingt-trois textes les idées et les écrits de Rousseau,

Voltaire, Foucault, Derrida, Althusser, Tocqueville, Jules Verne,

Paul Valéry, etc. Il commente aussi notre histoire et notre vie poli-

tique. Une sorte de portrait intellectuel de la France, à l’empa-

thie jamais complaisante, que vient clore un entretien où Peter

Sloterdijk raconte sa passion du vélo et l’expérience que fut pour

lui, à l’âge de 60 ans, l’escalade du mont Ventoux. ● Ph.B.

Ma France, Peter Sloterdijk, Libella-Maren Sell, 256 pages, 20 €.

DR

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Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19 29

C’était contre Vic-sur-Seille ou Blainville-sur-l’Eau, une ville thermale en tout cas. Je me retrouve en position de libéro décroché, allez savoir pourquoi puisque mon poste est avant-

centre. On parle des années 70, des schémas de jeu assez stricts de l’époque, les arrières à l’arrière, les avants à l’avant. Et des tactiques sommaires des équipes de jeunes de tous les pays, toutes époques confondues : on balance devant pour le grand. Bref, moi l’avant-centre qui joue la fille de l’air repliée dans son camp, je tente de rattraper à la course l’avant-centre adverse qui file au but.De la main courante fusent les consignes. « Fauche-le ! mais fauche-le bordel ! » Qui parle ? Spectateurs, accom-pagnateurs, entraîneur ? Ça va très vite. Années 70, années d’avant la nouvelle règle : sécher l’adversaire en position de dernier défenseur valait un coup franc, éventuellement un carton jaune si l’autre se tortillait par terre en pleurant. Un rouge seulement en cas de fracture du péroné. Et encore, ouverte, la fracture.Mon cerveau est ainsi fait qu’il filtre l’invective et désire filer droit. Je ne prétends pas à la science infuse ni à

l’intelligence absolue. Seulement à la liberté de juge-ment et la fidélité à quelques principes. Et ces principes étaient, déjà : faucher = pas le droit, enfreindre = bour-rin. Avant-centre (on le saura) je pestais suffisamment contre la rugosité des stoppeurs qui distribuaient des coups de coude à l’envi, laissaient traîner la semelle, pour agir de même, dût-ce coûter un but à mon équipe.La fin de l’histoire ? J’ai rattrapé mon bonhomme, on s’est retrouvé côte-à-côte au moment où il devait prendre sa décision. Frapper au but, tenter le lob ou faire un crochet pour m’éliminer et armer plus tran-quillement. Trop de choix tue le choix, notre goal a pu lui plonger dans les pattes et récupérer le ballon. Pour finir, on a gagné. Revenu à ma position de (vous le savez maintenant) avant-centre, j’ai même marqué.La moralité ? L’esthétique et le fair-play ont-ils triomphé ce jour-là ? Ne sais. On m’a félicité pour le but, pas pour avoir tremblé au moment de perpétrer un acte violent. Ce but m’a peut-être évité un savon ? Va savoir. C’est la pas glorieuse incertitude du sport. Qui m’a conduit plutôt vers une carrière dans l’enluminure. ●

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je me souviens... leFred-thouron

Caricaturiste au Canard enchaîné, Lefred-Thouron croque chaque semaine dans L’Équipe-Magazine l’actualité du sport et du ballon rond. Sélection de dessins parus entre 2000 et 2014, Le football n’est plus ce qu’il est… (Fluide Glacial, 96 pages, 10,95 €) dézingue joyeusement les faux-semblants et la langue de bois d’un milieu qui n’en est pas avare. Réjouissant.

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LE GRAND MATCHl’image

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Le Grand Match, texte de Fred Bernard, illustrations de Jean-François Martin, Albin Michel Jeunesse, format 190 x 320, 40 pages, 15 €. À partir de 8 ans.

« Dans un pays imaginaire, un régime totalitaire s’impose par la terreur (…). Volodia, Eugenio et les joueurs de l’ancienne Équipe Nationale de rugby doivent affronter celle des Aigles Frères, l’équipe officielle du pouvoir… » Tant par son argument que son graphisme, Le Grand Match renvoie aux heures sombres des années 1930, quand Mussolini instrumentalisait les victoires des footballeurs italiens et Hitler les médailles des athlètes allemands aux Jeux de Berlin. On songe surtout au « match de la mort » qui, en 1942, vit les joueurs ukrainiens du FC Start refuser de se coucher devant l’équipe de la Luftwaffe : plusieurs le payèrent de leur vie. Parce que le combat physique collectif est son fondement, le rugby se prête particulièrement bien à ce récit, initialement destiné au jeune public mais qui constitue aussi un précieux aide-mémoire pour les plus âgés. Superbe ●

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30 Décembre 2015 en jeu une autre idée du sport ufolep n°19

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seconde, orientée vers l’action. Elle aborde les questions de santé, de citoyenneté, d’insertion sociale dans les quartiers, mais aussi les pratiques urbaines libres et les solutions écologiques pour les équipements. Et défend pour finir « une approche responsable des événements sportifs ». Le propos est clair, le discours mesuré et responsable, mais sans langue de bois. Quelle que soit sa sensibilité politique, tout responsable associatif sportif pourra ainsi y trouver matière à réflexion. Ajoutons que la convergence de vue avec les orientations de l’Ufolep est troublante. Un peu moins lorsqu’on

« L’EPS doit-elle être une matière importante à l’école ? » ; « Faut-il limier les salaires des sportifs professionnels ? » ; « Le sport peut-il être encore facteur de progrès technique et humain ? ». Le ton est mordant, le propos parfois clivant, et les exemples de bonnes pratiques généralement puisés dans le vivier du sport ouvrier incarné par la FSGT. Mais, encore une fois, les militants Ufolep qui conçoivent le sport comme un enjeu de société y trouveront de quoi réfléchir et argumenter. Ph.B.Libérer le sport, 20 débats essentiels, Nicolas Bonnet-Oulaldj et Adrien Pécout, préface de Pierre Villepreux, Les Éditions de l’Atelier, 158 pages, 10 €.

TRIATHLONIl y a quelques années de cela, le Dr Stéphane Cascua

avait fait du bruit dans le Landerneau sportif avec un

ouvrage au titre provocateur : Le sport est-il bon pour

la santé ? Également co-auteur d’Alimentation pour le

sportif (Amphora), il revient avec la version actualisée

d’un manuel dédié au Triathlon. En introduction, il tord

le cou aux lieux communs qui collent aux basques de

ce sport, à commencer par l’incompatibilité musculaire supposée des trois

disciplines qui le composent. Pour répondre à ceux qui associent encore le

triathlon au surhumain Ironman de Hawaï, le médecin du sport souligne au

contraire la dimension ludique d’une activité sportive qui varie les plaisirs,

et insiste sur le succès rencontré par les épreuves « découverte » ou « XS »

(500 m de natation, 20 km de vélo, 5 km de course à pied). Des épreuves où

les triathlètes lambda « entretiennent leur santé ou l’améliorent sans trop

empiéter sur leur vie familiale ou professionnelle ». ● Ph.B.Triathlon, s’initier et progresser, Dr Stéphane Cascua, Amphora (www.ed-amphora.fr), 252 pages, 29,95 €.

sait que l’un des auteurs, cadre du ministère chargé des Sports, a fait partie de l’équipe technique nationale de la fédération, où il portait avec ardeur le dossier du développement durable… Ph.B.Sport et écologie : un esprit d’équipe, sous la direction de Anne-Marie Heugas, Arnaud Jean et Julien Bonnet, Cédis/Le Passager Clandestin, 100 pages, 10 €.

LIBÉRER LE SPORTDans un registre voisin, Nicolas Bonnet-Oulaldj, président de la commission sport du Parti communiste français, lance avec la collaboration d’un journaliste du Monde « vingt débats essentiels » visant à Libérer le sport. Les questions posées sont organisées en quatre grands chapitres : « Donner au sport une nouvelle place dans la société », « Garantir le sport pour tous », « Contrer les dérives du sport » et « Inventer le sport de demain ». Ce qui donne, par exemple : « Est-il souhaitable pour Paris d’organiser les Jeux olympiques ? » ;

SPORT ET ÉCOLOGIE

Le titre de l’ouvrage – Sport et écologie : un esprit d’équipe – peut prêter à confusion. Car le but des auteurs, tous trois membres d’une équipe municipale, n’est pas seulement d’insister sur la nécessaire prise en compte de la préservation de l’environnement dans les pratiques sportives, mais de décliner de manière globale la conception que les élus écologistes ont du sport. Aussi les titres des premiers chapitres semblent-ils renvoyer aux différents points d’un programme électoral : « Repenser l’économie du sport » ; « La gouvernance du sport français, un modèle unique à conserver ? » ; « Le défi des handicaps » ; « L’égalité pour les femmes, une exigence ? » ; « Réduire les inégalités d’accès aux pratiques sportives »… À cette première partie – qui, partant de ces constats, souligne le rôle des collectivités locales – succède une

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