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Anne Simon
Microbiologiste et
Spécialiste en prévention des infections
Cliniques Universitaires Saint-Luc
Prévention des infections associées aux soins au cabinet dentaire
11 octobre 2019
Prévention des infections associées aux soins au cabinet dentaire?
• Quels sont les risques?
• Comment les prévenir?
Infection associée aux soins (IAS)
Aussi connue sous les dénominations suivantes: « infection nosocomiale » ou « infection hospitalière »
Infection acquise par un patient au cours des soins délivrés à l’hôpital ou dans tout autre établissement de soins ou en pratique ambulatoire :
qui n’est ni présente, ni en incubation à l’admission ou au moment de délivrer les soins,
qui comprend l’infection contractée dans un établissement de soins mais qui ne se manifeste pas necessairement lors de l’hospitalisation
Fréquence des IAS dans le monde
Fréquence des IAS dans le monde
– Les IAS touchent des centaines de millions de personnes dans le monde et représentent un problème majeur pour la sécurité des patients
– Dans les établissements de soins modernes des pays développés, 5 à 10% des patients contractent une ou plusieurs IAS
– Dans les pays à ressources limitées, le risque d’IAS est 2 à 20 fois supérieur à celui dans les pays développés; la proportion de patients affectés par ces IAS peut dépasser 25%
– Dans les unités de soins intensifs, les IAS touchent environ 25% des patients et la mortalité associée peut atteindre 44%
– En Belgique, la prévalence de ces infections est d’environ 7%, tuent 3000 personnes et coutent plus de 400 000 000 euros /an.
Conséquences des IAS
Les IAS peuvent provoquer :
– Un prolongement de la durée de séjour
en établissement de soins
– Une invalidité à long terme
– Une mortalité excessive
(tuent plus que les accidents de la route
en Belgique)
– Une charge financière supplémentaire
– Une augmentation des coûts pour
les patients et leur famille
Les IAS en pratique ambulatoire
Circonstances
Petite intervention, ponction, injection
Endoscopie
Matériel à usage multiple contaminé:
Anesthésiques, vaccins, tuberculine
Aiguilles , instruments
Traitements intra-veineux ambulatoires
Examens ORL ou dentaires
Blessure objet contaminé par du sang
Microorganismes et infections
Infection de plaie, arthrite, abcès
Hépatite B (Hépatite C, HIV), mycobactéries, Clostridium difficile, entérobactérie, entérocoque
Infection locale ou générale
Hépatite B, C, HIV
Infection d’accès veineux, septicémie
Hépatite B, C, HIV, Herpès simplex
Hépatite B, C, HIV
Le risque d’IAS au cabinet dentaire
• pour le patient
• pour l ’équipe dentaire – praticien
– assistant lors d ’une intervention
– aide dentaire (gestion du matériel…)
– prothésiste
– technicien de surface
Routes potentielles de transmission
Patient Dentiste
et collaborateurs
Patient
Patient Patient
Dentiste
et collaborateurs
Voies de transmission préférentielles
Personnes présentes
Patient Praticien Assistant Aide dentaire Prothésiste
Technicien de surface
Voies de contamination
Inoculation (AES) et contact (Matériel mal désinfecté ou stérilisé)
Projections (aérosols/ instrumentation dynamique, éternuement du soignant)
Contact (personnel soignant: mains, tenue…)
Inoculation (piqûres, coupures…)
Projections (aérosols, poussières…)
Contact (liquides biologiques contaminés: sang, salive)
Inoculation (manipulation de matériel, prothèse souillée…)
Projections (polissage des prothèses…)
Contact (manipulation de matériel, empreinte, prothèse souillée)
Inoculation (élimination des déchets contaminés)
Contact (élimination des déchets contaminés)
Quels microorganismes ? AGENTS VIRAUX
– Les virus des hépatites
• Hépatite B (HBV) Hépatite C (HCV)
– Le virus de l ’immunodéficience humaine acquise (HIV)
– Les virus du groupe Herpès
• Herpes simplex 1 (HSV1) Epstein Barr virus (EBV)
• Herpes simplex 2 (HSV2) Cytomégalovirus (CMV)
– Le virus de la rougeole, oreillons, rubéole
– Le virus de la grippe (Influenza, Parainfluenza)
AGENTS BACTERIENS
– Mycobacterium tuberculosis et non tuberculeuses
– Staphylococcus aureus (MSSA/MRSA)
– Streptococcus pyogenes, pneumoniae
– Pseudomonas sp, Legionella sp
– Bactéries multi-résistantes
PRIONS
Quel mode de transmission ?
CONTACT
Contact particulier: inoculation directe Accident d’exposition au sang (AES)
• Piqures • Eclaboussures
Que sait-on?
La gravité de la contamination dépend du stade de la maladie chez le patient contaminant
de la sévérité de la blessure
de la charge virale inoculée
du type de virus
Que sait-on?
Si un professionnel non vacciné se blesse ou se pique avec un instrument ou une aiguille d’un patient porteur d’un de ces virus, il se contaminera et présentera une séroconversion dont la fréquence varie en fonction du virus
Patient porteur Risque de séroconversion
HBV 30%
HCV 3%
HIV 0.3%
Risque de transmission
des hépatites B et C et
du virus HIV
2
Taux d ’accidents d ’exposition au sang
• Etude prospective 1995
0.28/mois/dentiste
Siew et al. J Am Dent Assoc 1995; 126:1227-34
• Etude rétrospective : Diminution importante
» 1986: 1/mois/dentiste
» 1995: 1/4 mois/dentiste
Cleveland JL et al ICHE 1997;18:717-721
Epidémiologie des AES en dentisterie
Epidémiologie des AES en dentisterie Actes à risque • 60% blessures/coupures (fraise, curette, détartreur, lame, fils orthodontiques) • 36% piqûres (aiguille de seringue, aiguille à suture) • 3% projections sur une muqueuse ou sur la peau (œil, face) Localisations • 1 doigt ou le pouce 70 % • Main 20 % Circonstances • Pendant un soin (anesthésie, détartrage…) 54 % • Après le soin (nettoyage des instruments, …) 25 % Ramos Gomes F J Am Dent Assoc 1997;128:1253-1261
Etat de la visière après un détartrage
Vaccination du praticien et du personnel Hépatite B
Ce titrage doit être supérieur à 10 mIU/ml. Si cette valeur n’est pas atteinte, il est recommandé de procéder à un nouveau rappel sans dépasser 6 injections au total (cf. avis 8205 du CSS « Guide de vaccination »).
Influenza (grippe)
Une vaccination annuelle vis-à-vis de l’Influenza (grippe) est recommandée pour tous les travailleurs de santé, et donc pour les dentistes et leurs assistant(e)s, pouvant transmettre la maladie aux personnes à risque
Coqueluche: recommandé si soigne de jeunes enfants
Les précautions générales: on ne sait jamais…
• Hygiène des mains
• Equipement de protection individuel (EPI)
• Hygiène de la toux
• Prévention des AES
• Entretien de l’environnement, du matériel, du linge…
Les précautions générales
• Hygiène des mains
• Equipement de protection individuel
• Hygiène de la toux
• Prévention des AES
• Entretien de l’environnement, du matériel, du linge…
Hygiène des mains
LA première mesure de prévention de la transmission des infections
• Pas de bijoux au niveau des mains, des poignets
• Ongles courts et propres (pas de vernis- pas de faux ongles)
• Blessures recouvertes
• Manches courtes ou retroussables et retroussées!
Pour une bonne hygiène des mains
Contamination des bijoux
Contamination des bijoux
Ongles et bijoux
Avec quoi ?
• La technique de référence est la friction à la solution hydro-alcoolique (SHA) gel ou liquide
• La SHA doit répondre à la norme EN 1500 en max 30 secondes
• La compatibilité à la norme garantit la prévention de la transmission croisée des infections en éliminant en 30 secondes la flore transitoire
• Si les mains sont souillées, d’abord les laver à l’eau et au savon, puis les sécher, puis les frictionner
Et le savon/savon antiseptique ?
• N’a qu’une action détergente insuffisante dans les soins
• Le temps de contact avec le savon antiseptique pour une efficacité optimale est trop longue et mal respecté donc non recommandé
Avec un flacon pompe Avec un flacon de poche
Prendre une quantité suffisante (3 ml soit souvent deux poussées) de solution hydro- alcoolique pour frictionner
les mains pendant 30 secondes comme suit :
Comment ?
• La durée de la méthode de désinfection des mains à la SHA est très courte (20 à 30 sec).
• Les solutions sont facilement accessibles.
Technique
Vérification possible de la qualité de la technique
www.who.int
Mise à disposition de SHA au point de soins. (Kirk et al., 2016).
Zone de soins
Zone Patient
Quand
Avant contact patient, Immédiatement avant
Pour protéger le patient en ne lui transmettant pas nos propres germes, ni ceux contractés lors de soins au patient précédent ou en touchant
l’environnement
Quand
Avant un acte propre ou invasif,
Immédiatement avant
Tous les actes dentaires sont propres et certains sont invasifs (endo, actes sanglants…)
Pour protéger le patient en ne lui transmettant pas nos propres germes, ni ceux contractés lors de soins au patient précédent ou en touchant
l’environnement, y compris ses propres germes à lui
Quand
Après contact patient,
Juste après
Pour se protéger soi-même ainsi que l’environnement
Quand
Après exposition à des liquides biologiques,
Juste après et après le retrait des gants
Le dentiste et ses collaborateurs ont des contacts permanents avec salive, sang (souvent), muqueuses
Pour se protéger soi-même ainsi que l’environnement
Quand
Après contact avec
l’environnement du patient
Pour se protéger soi-même ainsi que l’environnement
Les précautions générales
• Hygiène des mains
• Equipement de protection individuel
– Gants
– Masque
– Lunettes
– Blouse
• Hygiène de la toux
• Prévention des AES
• Entretien de l’environnement, du matériel, du linge…
L’équipement de protection individuel (EPI) 3
Port de gants (propres , non stériles)
Quand ?
pour tout contact avec du sang ou des liquides
biologiques, sécrétions, muqueuse, linge ou objets souillés par du sang ou des liquides biologiques.
Les gants à Usage Unique
Port de gants stériles
• Manipulation de matériel stérile • Intervention chirurgicale invasive • Franchissement de la barrière périostée
Port de gants propres non stériles
Pour tout soins dentaires
Comment enfiler des gants ?
Choisir le bon type et la bonne taille de gants
Prendre les gants de la boîte (sans contaminer la boîte et son contenu)
Enfiler les gants
Comment enlever les gants sans se contaminer les mains
encore quelques conseils…
• mettre des gants propres juste avant de toucher des muqueuses...
• enlever les gants dès la fin des actes ayant
nécessité les gants (nettoyage des instruments)
• se désinfecter les mains juste après pour éviter de transporter des germes à un autre patient ou de contaminer l’environnement
Enlever les gants dès que abimés
Ne pas laver les gants , ni les désinfecter pour les réutiliser
encore quelques conseils…
Choix des gants non stériles
Vinyl (y compris stretchvinyl):
• peu résistant
• mal adapté
Latex (sans poudre):
• résistant, confortable, bonne protection
• allergisant pour le praticien et le patient
Nitrile:
• excellente protection
• confortable si bonne qualité
• plus cher
L’équipement de protection individuel (EPI) 3
Masque et lunettes indissociables! Pourquoi ?
nécessaire pour protéger
• les yeux
• les muqueuses du nez et la bouche
Quand ?
durant des procédures susceptibles de générer des éclaboussures ou d’ aérosoliser du sang ou des liquides biologiques.
Comment ?
le masque doit couvrir le nez et la bouche
doit être éliminé après utilisation
le retrait doit être suivi par une friction des mains à l’alcool
Chercher les erreurs
Vêtements de travail
Vêtements professionnels
• Tablier
– Fermé jusqu’au cou
– Manches courtes ou retroussables
– ¾ si pas de pantalon spécifique
• Pantalon et chaussures spécifiques: idéal
Vêtements de travail Changer
– tous les jours
– Immédiatement si souillures
– Après chaque patient si patient porteur de BMR (sauf si surblouse spécifique cfr dias suivantes)
Laver
– Jamais avec le linge privé
– Idéalement entretenu par une firme spécialisée qui suit les reco du CSS
– Sinon dans le lave-linge familial, cycle séparé et à la température la plus haute possible
Port de sur blouses (propre , non stérile, manche
longue, poignet bien fermé)
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3
Pourquoi ?
• Pour protéger la peau et les vêtements pendant des procédures susceptibles de générer beaucoup d’ éclaboussures et de mouiller les vêtements de travail.
• Si patients porteurs d’une BMR ou en précautions ‘contact’
rem: Enlever la blouse sale aussi vite que possible.
Le retrait de l’ équipement de protection individuel
La façon de retirer l'EPI est très importante pour éviter une contamination des mains ou de la tenue de travail
1
2 3 4
Le retrait de l’équipement de protection individuel
5 6 7
8 9 10
Les précautions générales
• Hygiène des mains
• Equipement de protection individuel
• Hygiène de la toux
• Prévention des AES
• Entretien de l’environnement, du matériel, du linge…
Hygiène de la toux
• Utiliser un mouchoir à usage unique, le jeter immédiatement après usage, se frictionner les mains à la SHA
• Tousser dans un mouchoir à usage unique, le jeter et se désinfecter immédiatement après.
• Si pas de mouchoir, éternuer ou tousser dans son coude.
• Réaliser une hygiène des mains après contact avec des sécrétions respiratoires ou des objets contaminés
• Ne pas toucher les muqueuses (yeux, nez, bouche) avec des mains contaminées
Hygiène de la toux
• On met à disposition des patients, mouchoirs, poubelles, produits de désinfection des mains dans la salle d’attente
Les précautions générales
• Hygiène des mains
• Equipement de protection individuel
• Hygiène de la toux
• Prévention des AES (accident d’exposition au sang)
• Entretien de l’environnement, du matériel, du linge…
Prévention des AES
– Prévention des coupures et piqûres
• en manipulant des objets tranchants utilisés
• en éliminant les aiguilles utilisées
• en nettoyant des objets souillés par des soins
– Prévention des éclaboussures (cfr EPI)
Les travailleurs à risque
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Les AES peuvent survenir dans toutes les
catégories professionnelles actives dans les
institutions de soins.
Un « travailleur accidenté » peut donc se
retrouver parmi les catégories
professionnelles suivantes :
• personnel infirmier et médical,
• aide-soignant,
• stagiaires médecin et infirmier,
• personnel de laboratoire,
• personnel du service
d’anatomopathologie,
• dentiste,
• pédicure,
• personnel de la stérilisation,
• personnel paramédical,
• personnel logistique,
• personnel d’entretien,
• lingerie hospitalière,
• personnel des cuisines, etc.
2
CSS Belgique Mai 2011
Prévention du contact accidentel
A ne surtout pas faire!!!
Mauvaise utilisation des containers 3
Que faire pratiquement en cas de blessure accidentelle avec un objet souillé par du sang?
Accident percutané: lavage (eau + savon) puis antisepsie:
• avec une solution ou gel hydro-alcoolique ou à défaut de l’alcool à 70° jusqu’à séchage complet;
• avec une solution antiseptique (polyvidone iodée ou chlorhexidine) en solution alcoolique (0,5 %) jusque séchage complet;
• à défaut, à l’eau de Javel à minimum 12° diluée au 1/5 ou au 1/10 durant au moins 5 minutes.
• Il est important de ne pas faire saigner la lésion volontairement par compression, car cela augmente le risque de contamination.
Il s’agit là des premières mesures à prendre et qui devront être réalisées sur le lieu même de l’accident
Projection sur muqueuse: rinçage immédiat abondant à l’eau ou au liquide physiologique, durant au moins 5 minutes.
Si les mains ou la peau sont souillées de sang, il faut les laver immédiatement et soigneusement; elles sont ensuite désinfectées à l’aide d’une solution hydro-alcoolique.
Les vêtements de travail souillés de sang sont immédiatement remplacés.
Le matériel réutilisable souillé de sang est toujours nettoyé et désinfecté avant d’être utilisé chez un autre patient.
Le sang répandu sur les surfaces de travail doit immédiatement être essuyé au moyen d’un chiffon jetable. Le port de gants est dans ce cas indiqué. La surface de travail est ensuite nettoyée puis désinfectée.
Les précautions générales
• Hygiène des mains
• Equipement de protection individuel
• Hygiène de la toux
• Prévention des AES
• Entretien de l’environnement, du matériel, du linge…
Classement des dispositifs médicaux et niveau de traitement requis (Spaulding)
Destination Matériel
Classement Matériel
Risque infectieux
Traitement requis
Système vasculaire Cavité stérile Tissu stérile
Critique Haut risque Stérilisation UU stérile
Muqueuse ou Peau lésée
Semi critique
Risque moyen
• Stérilisation • Désinfection Haut
niveau
Peau saine Sans contact
Non critique
Risque faible
Nettoyage ou Désinfection Bas niveau
Entretien de l’environnement
Gestion des risques infectieux liés à l’environnement
Agencement des zones du point de vue de la prévention des infections
Principes généraux
• séparation claire entre la zone privée éventuelle et le cabinet
• ne pas mélanger le propre et le sale, distinction nette, emplacements spécifiques
– Dans chaque pièce: une zone propre et une zone sale, une zone ‘humide’ et une zone ‘sèche’
Il faut au moins:
– Salle d’attente
– Zone administrative
– Zone d’examen et de soins
– Zone de nettoyage, désinfection et stérilisation + local technique
Agencement des zones du point de vue de la prévention des infections
Principes généraux
• Revêtement de sol non poreux résistant bien aux produits de nettoyage et aux produits colorés éventuellement (isobétadine…)
• Matériaux et équipements ergonomiques, faciles à nettoyer et désinfecter (attention aux surpiqûres des fauteuils, pas de textiles)
• Limiter le matériel et l’équipement au strict minimum
• Favoriser l’équipement sur roulette
• Eviter toute source et réservoir potentiels d’agents infectieux ou d’allergènes (par ex. les plantes, les tapis, etc.).
Local de soins
• Zone la plus critique
• Armoires fermées pour stockage du matériel et instruments propres et stériles
• Un point d’eau équipé
• Un distributeur de SHA
• Poubelle avec sac sans couvercle
ou avec commande de l’ouverture au pied
« Chaque chose à sa place, une place pour chaque chose »
Environnement facilitant
Mobilier
• Design lisse, le moins possible de raccords
• Poignées faciles à désinfecter (ou protégées par un film, housses interchangeables)
• Toutes les poignées touchées pendant les soins doivent être désinfectées: Bras orientable, scialytique, tiroirs, microscope…
• Tablette de travail protégée, protection changée entre chaque patient, désinfectée si souillures visibles ou si pas protégée, désinfectée de toute façon en fin de journée
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Entretien des locaux
« Housekeeping Surfaces »
Entretien des locaux: Principes
• Nettoyage toujours du plus propre au plus sale
Ex sanitaires, d’abord le lavabo mais puis l’extérieur de la toilette, puis l’intérieur de la toilette
• Chiffons jetables ou lavés à plus de 60°C
• Nettoyage ménager quotidien
• Si souillures par des liquides biologiques, celles-ci sont éliminées rapidement d’abord au moyen d’un papier absorbant. Après le nettoyage, on désinfecte avec de l’alcool à 70% ou de l’eau de javel à 1000 ppm soit de l’eau de javel de ménage (10 à 12°de chlorimétrie ) à 1:30 sur chiffon ou en spray
• Les déchets sont éliminés tous les jours ainsi que le linge sale
• De l’importance de la formation du personnel de nettoyage!!!
Entretien des locaux « Clinical contact surfaces »
Attention aux surfaces « manutouchées » ou potentiellement contaminées par aérosols produits par les soins
Classement des dispositifs médicaux et niveau de traitement requis (Spaulding)
Destination Matériel
Classement Matériel
Risque infectieux
Traitement requis
Système vasculaire Cavité stérile Tissu stérile
Critique Haut risque Stérilisation UU stérile
Muqueuse ou Peau lésée
Semi critique
Risque moyen
• Stérilisation • Désinfection Haut
niveau
Peau saine Sans contact
Non critique
Risque faible
Nettoyage ou Désinfection Bas niveau
Praticiens
Aides dentaires
Techniciennes de surface
Crachoir
• Soigneusement désinfecté et SECHE entre chaque patient
• Le séchage diminue le risque de formation de calcaire. Si calcaire risque de biofilm. Si biofilm, présence de microorganismes
Design le plus lisse possible, peu de soudure, pas de surpiqure, si couture, elles seront en dessous
Commande au pied si possible
Système touchscreen, pas de bouton type poussoir, si inévitable, couverture plastique
Repose-tête, accoudoirs, panneau de commande protégés ou désinfectés entre chaque patient
Le fauteuil entier est nettoyé et désinfecté en fin de journée
Fauteuil
Aspirations et filtres
• Tuyaux de l’aspire salive et aspiration chirurgicale irrigué à l’eau claire après chaque patient pendant 20 secondes et désinfectés conformément aux instructions du fabriquant (1 à 2x/j en général)
• Embout à UU, sinon changés entre chaque patient et stérilisés
• Filtres remplacés conformément aux instructions du fabriquant (port de masque et gants pendant la manipulation des filtres usagés)
Local de soins, chercher l’erreur!
Entretien du matériel
Local d’entretien nettoyage, désinfection, stérilisation
• Idéalement le nettoyage se fait dans un local distinct du local où on emballe le matériel avant la stérilisation
• Si pas possible, il faut bien distinguer les deux zones et s’assurer que pas de contact possible du matériel propre avec du matériel sale.
• Il faut organiser l’activité pour toujours aller du sale vers le propre, de l’humide vers le sec.
• Bon éclairage, bonne ventilation
• Grand évier réservé à cette activité à prévoir
Définition des traitements requis Nettoyage ou désinfection de bas niveau:
L’élimination de la saleté visible et des matières organiques visibles et invisibles afin d’empêcher que les micro-organismes puissent persister, se multiplier et être dispersés.
Désinfection :
Réduction du nombre de micro-organismes sur les surfaces inertes jusqu’à un niveau estimé acceptable. Limitée à des situations pour lesquelles la stérilisation n’est pas requise mais pour lesquelles le nettoyage seul ne réduit pas suffisamment le niveau de contamination, comme par exemple en cas d’éclaboussure de sang ou de contamination par du matériel sur lequel du sang est visible. Toute désinfection doit toujours être précédée d’un bon nettoyage.
Stérilisation :
Procédé qui tue ou inactive tous les micro-organismes. Par ce biais, la probabilité de persistance d’un organisme vivant est inférieure à une chance sur un million. Toute stérilisation doit toujours être précédée d’un bon nettoyage.
Classement des dispositifs médicaux et niveau de traitement requis (Spaulding)
Destination Matériel
Classement Matériel
Risque infectieux
Traitement requis
Système vasculaire Cavité stérile Tissu stérile
Critique Haut risque Stérilisation UU stérile
Muqueuse ou Peau lésée
Semi critique
Risque moyen
• Stérilisation • Désinfection Haut
niveau
Peau saine Sans contact
Non critique
Risque faible
Nettoyage ou Désinfection Bas niveau
Instruments et objets à usage unique/ matériel réutilisable
Principe de base
• Le matériel à UU ne peut jamais être réutilisé chez un autre patient qu’il soit propre ou stérile et doit être éliminé suivant la législation régionale en vigueur
• Le matériel réutilisable implique l’application de procédures adéquates: cfr Spaulding
Classement des dispositifs médicaux et niveau de traitement requis (Spaulding)
Destination Matériel
Classement Matériel
Exemples Traitement requis
Système vasculaire Cavité stérile Tissu stérile
Critique Instrumentation chirurgicale, endodontique
Stérilisation UU stérile
Muqueuse ou Peau lésée
Semi critique
Instrumentation pour examen de
la bouche, mise en place et finition des obturations, matériel
orthodontique
Désinfection Haut
niveau Préférer la stérilisation
Peau saine Sans contact
Non critique
Lunette de protection, bol de
mélange
Nettoyage ou Désinfection Bas niveau
Nettoyage
Principes de base
• Après utilisation tout le matériel doit être nettoyé même et surtout si il va subir une désinfection ou une stérilisation
• Eviter de laisser sécher du sang ou des liquides biologiques sur des instruments (cfr purée sur l’assiette)
• Ne pas laisser tremper les instruments plus longtemps que nécessaire car risque de corrosion
• Toutes les parties de l’instrument doivent être accessibles au nettoyage donc les nettoyer en position ouverte
• Les objets creux doivent être soigneusement nettoyés avec un goupillon
Type de nettoyage Nettoyage en machine
– Toujours à privilégier car diminue les risques d’accident
– Processus contrôlé
– Permettant une traçabilité
Nettoyage par ultrasons, détergent à changer régulièrement (cfr reco du fabriquant)
– Approprié pour le nettoyage d’instruments fins, difficiles à nettoyer (fraises, instruments endodontiques)
Nettoyage manuel
– Par brossage sous la surface de l’eau,
– Utilisation des EPI vivement recommandée
– Favorise les accidents par piqûre
Type de désinfection (toujours précédée d’un nettoyage) Thermodésinfection
• Toujours à privilégier
• Utilise de l’eau entre 60 et 100°C
• Dans un laveur désinfecteur (pas un lave-vaisselle ménager) donc toujours associé à un nettoyage mécanique préalable
Trempage
• A éviter
• A garder pour les instruments thermosensibles
• Utiliser un produit autorisé et enregistré
• Suivre les recommandations du fabriquant à la lettre (dilution, temps de contact, température d’utilisation)
La stérilisation
• Chaleur sèche (poupinel): non recommandé
• Vapeur formaldéhyde (chemiclave) : non recommandé pour pièces creuses
• Stérilisation par la vapeur d’eau saturée (stérilisateur vapeur ou autoclave): – Stérilisation suivant l’avis 9256 de 2017du CSS
– Le matériel est exposé à de la vapeur d’eau saturée sous pression à une température déterminée, durant un temps de contact déterminé
– Le cycle est adapté au matériel à stériliser. Cycle B, S, N sont fixés par la norme: cfr tableau ci après
En pratique
• Peuvent être placés dans l’autoclave, les instruments nettoyés et secs
• Si le matériel doit être conservé, il doit être emballé (6 mois max si emballage intact)
• Sachets laminés (plastic/papier) soit panier avec simple ou double emballage (non tissé)
– Indicateur de couleur indiquant si stérilisé
– Date de la stérilisation, ne pas écrire au marqueur
• Le matériel doit sortir sec de l’autoclave et être stocké dans un lieu propre et sec
• Programmes utilisés:
Matériel non emballé Matériel emballé
Cycle 134°C 3 minutes 5 minutes
Cycle 121°C 15 minutes 21 minutes
Prise en charge de l’instrumentation
Les contre-angles doivent être stérilisés entre chaque patient : ceci suppose la présence d’un parc suffisant pour répondre à l’activité journalière.
Instruments rotatifs et seringue multi fonction
• Nettoyés et désinfectés (idéalement stérilisés) après chaque patient
• Pointe interchangeable pour seringue multi-fonction éliminée après chaque patient
• Support et cordons nettoyés et désinfectés entre chaque patient
Matériel spécifique: instruments à main
Miroir, sonde, scalers (curette à détartrer), curettes, instruments utilisés pour les obturations….
• Nettoyage (si design compliqué, bains US)
• Le trempage trop long favorise la corrosion!
• Thermodésinfection idéale et conservation propre et sèche
• Si utilisation critique du matériel: stérilisation obligatoire avec conservation stérile
Matériel spécifique: pièces à mains et contre-angles
Procédure d’entretien :
− Après chaque utilisation auprès d’un patient, les pièces à main sont nettoyées
extérieurement (les souillures visibles sont éliminées avec de l’eau et du savon) et
désinfectées (mouchoir en papier imbibé de solution alcoolique).
− Les pièces à main sont nettoyées intérieurement (le lubrifiant est éliminé) et désinfectées selon les instructions établies par le fabricant.
− Juste après, les pièces à main sont lubrifiées au moyen d’une huile thermorésistante adéquate, spécialement destinée à cet effet (suivre les instructions établies par le fabricant, certaines pièces à main ne pouvant être lubrifiées qu’après stérilisation).
Matériel spécifique: pièces à mains et contre-angles
Procédure d’entretien :
− Les pièces à main sont emballées, de préférence dans un emballage laminé (permettant ainsi de prévenir toute souillure de la paroi interne de l’autoclave).
− Les pièces à main sont auto-clavées selon les instructions du fabricant. L’autoclave doit
permettre la stérilisation du matériel creux (les autoclaves de type B y satisfont, certains
de type S également : il importe de consulter les spécifications de l’appareil en question).
− Enfin, ils doivent être stockés dans un endroit propre et sec.
Le nettoyage, la lubrification de même que la stérilisation peuvent s’effectuer au moyen
d’appareils spécifiquement prévus à cet effet.
Prise en charge des pièces à main et contre -angle
Matériel spécifique: fraise, embouts de nettoyage
Attention aux AES
• Si non stérilisables (brosse à polir, cupule en caoutchouc): UU
• Si non critique: Petits instruments donc idéalement nettoyés le plus rapidement possible dans un bain à US, rincés, séchés et emballés.
• Préférer l’autoclavage si utilisation semi-critique et critique
• Autoclavage obligatoire si utilisation critique (chirurgie, traitement canalaire) avec emballage et stockage dans un lieu propre
Matériel spécifique: instruments endodontiques
Fins, variés, structure complexe, matériau particulier (nickel, titane), utilisation critique
• Nettoyage immédiat après utilisation suivant les reco du fabriquant dans un bain à US
• Rincés, séchés, emballés pour être autoclavés
• Il existe des containers spécifiques
• Si un container est ouvert, tout son contenu doit être à nouveau stérilisé avant utilisation chez un patient suivant!
Le matériel est stérilisé et doit être utilisé stérile
En résumé Les instruments et objets à usage unique ne peuvent jamais être réutilisés.
Le matériel réutilisable et les instruments sont classés en 3 groupes :
Le matériel non-critique (contact uniquement avec une peau intacte) est soigneusement nettoyé et séché.
Le matériel semi-critique (contact uniquement avec les muqueuses ou la peau non intacte) est nettoyé, séché et ensuite stérilisé ou désinfecté.
Le matériel critique (introduit dans des cavités stériles ou en contact avec des tissus stériles) est nettoyé, séché et stérilisé.
Le nettoyage mécanique s’effectue de préférence dans une machine à laver les instruments ou un bain à ultrasons.
La désinfection peut s’effectuer par thermodésinfection ou immersion dans un désinfectant (p.ex. alcool à 70 % {éthanol ou isopropanol} sans ajout).
Pour la stérilisation, on utilise la technique de l’autoclavage. Un autoclave de type B permet la stérilisation d’objets creux ou poreux (emballés ou pas). Un autoclave de type S ne le permet pas toujours, les spécifications de l’appareil doivent être consultées.
Le matériel spécifique demande une attention supplémentaire. Les pièces à main et contre-angles sont, après chaque usage, nettoyés à l’intérieur et à l’extérieur, lubrifiés et autoclavés.
Observance des mesures de prévention chez les dentistes
Facteur prédictif du bon respect des mesures de prévention
Assistance à des séances de formation continue dans les deux dernières années
– >10 heures: OR 6.3 p< 0.05
– 6-10 heures: OR 3.3 p< 0.05
Mc Carthy et al ICHE 1997;18:699-703