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206 - ÉTUDE D'ENTOMOLOGIE AppliquéesurCosmopolites sordidus Germ . CHARANÇONDUBANANIER parJ .CUILLÉ INGÉNIEUR LA.N ., DOCTEUR ÈS-SCIENCES LebilanactueldesétudespoursuiviesparleService d'Entomologiedel'InstitutdesFruitsetAgrumes ColoniauxsurleCharançonduBananiervaêtrepro- chainementpubliédansunouvrageintitulé"Recherches surleCharançonduBananier Cosmopolites sordidus Germ ." . Cesrecherchesontétéréaliséescesdernièresannées aussibienenGuinéedanslesStationsdel'I .F .A .C . (LaboratoiredeCampagnedeLandreahprèsdeConakry etS'ationCentraledesCulturesfruitièresàKindia) qu'àParisauLaboratoired'ÉvolutiondesÊtres OrganisésdelaFacultédesSciencesquiabienvoulu accueillirlespécialistedel'I .F.A .C .etapporterainsi unecontributiontrèsimportanteauxétudesencours . Cetravailcomportel'étudebibliographiquede C .sordidus etrapporteletravailscientifiqueoriginal effectuépar J . CUILLÉ, Entomologistedel'LF .A.C . Cettepartieaconstituéunethèsededoctoratsoutenue devantlaFacultédesSciencesdeParissouslepatro- nageduProfesseurP .P . GRASSÉ . Lechapitrequenoussommesheureuxdeprésenterà noslecteursestuneétudepratiqueduproblèmeagricole poséparleCharançonduBananieretdesmoyens actuellementutilisablespourluttercontreceravageur desBananeraies . I. - IMPORTANCEÉCONOMIQUEDE C .SORDIDUS Ilaétéimpossiblejusqu'àprésentd'évalueravec exactitudelespertesoccasionnéespar C . sordidus. Eneffet,danslaplupartdescas,ilestdifficilede déterminerlapartquirevientauCharançondu Bananierdanslesdiminutionspassagèresderendement quel'onpeutêtreamenéàconstater .D'autres élémentsagissentsouventconcurremmenttelsque lasécheresse,lemauvaisdrainage,lacarenceen élémentsfertilisantsdessols,oud'autresmaladies Fruitsd'Outre-Mer - Vol .4,n°6,1949 duBananier .Lesvariationsderendementd'une plantationpeuventdoncdifficilementservirdecritère pourl'évaluationdedégâts,l'expertisedevientdece faittrèsardue ; d'autrepartlesdégâtssontessentiel- lementvariablesselonlestaded'invasiondela plantationpar C . sordidus .Toutefois,nouspensons quedanstouslescasd'attaquelégère,ladiminution derendementaffecteaumoins10%delaproduction bananière . Cetteproportionétantaugmentéeconsidé- rablementchaquefoisque,pouruneraisonquelconque, l'entretiendelaplantationestnégligé . LesravagesexercésparleCharançonduBananier revêtentenoutreplusieursaspects : Encultureintensive,ils affectentlerendement quantitatif,ladiminutionportantprincipalement surlepoidsdesrégimes . Encultureextensive, ilsamènentunedépréciation delaplantationelle-même,dontcertainesparcelles deviennentpratiquementimproductives . Enculturevivrière enfin(bananeraiessemi-cultivées), ilsamènentladestructiontotaledelaplantation . Quelquesoitdonclemodedeculture,l'importance économiqueestconsidérable :lacultureintensivedu Bananiervisanteneffetàlarecherchedeshauts rendementsàl'unité(aurégime)etlacultureextensive, augrandnombredesrégimesrépondantauxnormes del'exportation . Danstouslescas,l'importanceéconomiquede C.sordidus justifiedonclesdépensesengagéespour enrayersesdégâts,qu'ils'agissedemesurespréven- tivesoucuratives,surleplanprivéougénéral . Danslebutdeconcrétiserlesdonnéesthéoriques acquisesparl'étudescientifique,nousallonsenvisager l'aspectagricoledel'invasiondelabananeraiepar leCharançonduBananier,etlesprocédésdelutte pratiquementutilisables .

ÉTUDE D'ENTOMOLOGIE - agritrop.cirad.fragritrop.cirad.fr/457060/1/document_457060.pdf · Fig. 1. - Section d'une souche de Bananier montrant (en noir) les galeries larvaires. La

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ÉTUDE D'ENTOMOLOGIEAppliquée sur Cosmopolites sordidus Germ .

CHARANÇON DU BANANIER

par J. CUILLÉINGÉNIEUR LA.N ., DOCTEUR ÈS-SCIENCES

Le bilan actuel des études poursuivies par le Serviced'Entomologie de l'Institut des Fruits et AgrumesColoniaux sur le Charançon du Bananier va être pro-chainement publié dans un ouvrage intitulé "Recherchessur le Charançon du Bananier Cosmopolites sordidusGerm. " .Ces recherches ont été réalisées ces dernières années

aussi bien en Guinée dans les Stations de l'I.F.A .C .(Laboratoire de Campagne de Landreah près de Conakryet S'ation Centrale des Cultures fruitières à Kindia)qu'à Paris au Laboratoire d'Évolution des ÊtresOrganisés de la Faculté des Sciences qui a bien vouluaccueillir le spécialiste de l'I.F.A .C. et apporter ainsiune contribution très importante aux études en cours .Ce travail comporte l'étude bibliographique de

C. sordidus et rapporte le travail scientifique originaleffectué par J . CUILLÉ, Entomologiste de l'LF.A.C .Cette partie a constitué une thèse de doctorat soutenuedevant la Faculté des Sciences de Paris sous le patro-nage du Professeur P .P . GRASSÉ .

Le chapitre que nous sommes heureux de présenter ànos lecteurs est une étude pratique du problème agricoleposé par le Charançon du Bananier et des moyensactuellement utilisables pour lutter contre ce ravageurdes Bananeraies .

I . - IMPORTANCE ÉCONOMIQUE DE C. SORDIDUS

Il a été impossible jusqu'à présent d'évaluer avecexactitude les pertes occasionnées par C . sordidus.En effet, dans la plupart des cas, il est difficile dedéterminer la part qui revient au Charançon duBananier dans les diminutions passagères de rendementque l'on peut être amené à constater . D'autreséléments agissent souvent concurremment tels quela sécheresse, le mauvais drainage, la carence enéléments fertilisants des sols, ou d'autres maladies

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du Bananier. Les variations de rendement d'uneplantation peuvent donc difficilement servir de critèrepour l'évaluation de dégâts, l'expertise devient de cefait très ardue ; d'autre part les dégâts sont essentiel-lement variables selon le stade d'invasion de laplantation par C . sordidus . Toutefois, nous pensonsque dans tous les cas d'attaque légère, la diminutionde rendement affecte au moins 10 % de la productionbananière . Cette proportion étant augmentée considé-rablement chaque fois que, pour une raison quelconque,l'entretien de la plantation est négligé .

Les ravages exercés par le Charançon du Bananierrevêtent en outre plusieurs aspects :

En culture intensive, ils affectent le rendementquantitatif, la diminution portant principalementsur le poids des régimes .

En culture extensive, ils amènent une dépréciationde la plantation elle-même, dont certaines parcellesdeviennent pratiquement improductives .

En culture vivrière enfin (bananeraies semi-cultivées),ils amènent la destruction totale de la plantation .

Quelque soit donc le mode de culture, l'importanceéconomique est considérable : la culture intensive duBananier visant en effet à la recherche des hautsrendements à l'unité (au régime) et la culture extensive,au grand nombre des régimes répondant aux normesde l'exportation .Dans tous les cas, l'importance économique de

C. sordidus justifie donc les dépenses engagées pourenrayer ses dégâts, qu'il s'agisse de mesures préven-tives ou curatives, sur le plan privé ou général .

Dans le but de concrétiser les données théoriquesacquises par l'étude scientifique, nous allons envisagerl'aspect agricole de l'invasion de la bananeraie parle Charançon du Bananier, et les procédés de luttepratiquement utilisables .

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II . - NATURE DE L'INVASION DE LA BANANERAIEPAR C. SORDIDUS

ContaminationLe Charançon du Bananier peut être introduit dans

une plantation saine de différentes manières- par l'apport de souches contenant des charançons

(oeufs, larves et adultes) ;- par le transport accidentel de l'insecte par

l'homme ou par les eaux ;- par les déplacements de l'insecte lui-même .

Fig . 1 . - Section d'une souche de Bananier montrant (en noir)les galeries larvaires .

La contamination par les souches charançonnées estla plus usuelle, ainsi que l'ont reconnu tous les auteursqui étudièrent cette question . Les transports desouches pour l'établissement de nouvelles plantationssont en effet très fréquents et s'effectuent nonseulement entre différentes régions, mais aussi entredifférents pays . C'est à ce mode de propagation quel'on doit attribuer en grande partie la vaste répartitionactuelle de C. sordidus .Étant donné le mode de reproduction du Bananier,

toute bananeraie en cours de plantation est tributaire

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de l'extérieur pour se procurer les plants nécessaires .Or, on peut affirmer que si ces plants proviennent d'unerégion où sévit C . sordidus la nouvelle plantationsera obligatoirement contaminée quelques soient lesprécautions qui puissent être prises . En effet, il n'y apratiquement pas de moyens de savoir si une soucheest immune ; les procédés préconisés par FROGGATT,TRYON, SEIN et qui consistent le plus souvent enl'habillage des souches destinées à la plantation sontinsuffisants : en effet, ces procédés consistent àécorcer au matchette toutes les souches afin de serendre compte de la présence éventuelle des galerieslarvaires ; les souches charançonnées étant ainsiéliminées ; ce procédé théoriquement possible, n'esten réalité que rarement réalisable étant donné sadifficulté.

La méthode qui consiste à ne replanter que de jeunesrejets n'est pas toujours réalisable, de plus, les jeunesrejets peuvent également contenir des eeufs decharançons .

Les souches constituent donc, en général, le véhiculequ'emprunte C . sordidus pour s'introduire dans lesnouvelles plantations, soit que la souche contienne desceufs et, des larves, soit que l'adulte lui-même se trouvedans la portion de pseudo-tronc attenant au bulbe .Mais il existe d'autres agents vecteurs .

Transport accidentel .Il peut se trouver que des emballages de régimes,

surtout lorsqu'on utilise des feuilles de Bananier, ou desfeuilles qui ont longtemps séjourné à proximité iminé-diate des plantations, contiennent des charançons .Par la suite, au hasard des transports, ces charançonspeuvent se trouver libérés à proximité d'autresplantations .

Un autre mode fréquent de propagation, indiquépar FROGGATT, est constitué par le transport parvoie d'eau. A la suite de tornades ou de toutes autrescauses, des portions de bananier charançonnéespeuvent se trouver entraînées par les fossés d'irrigationjusqu'à des cours d'eau plus importants qui assurerontleur transport jusqu'à des endroits souvent éloignés .

Déplacements directs .Dans une plus faible mesure C . sordidus peut se

propager par ses propres moyens . Nous avons montréprécédemment que l'insecte était capable de voler .

Il ne faut pas mésestimer ce mode de propagation ;en effet, dans certaines régions les villages indigènessont peu éloignés et à chaque village correspond unpetit peuplement de Bananier, donc autant de relaispossibles pour la migration de C . sordidus .La propagation naturelle peut également se

combiner avec le transport des souches charan-çonnées, de village en village que ne manquent pasde réaliser les indigènes .On voit donc que la propagation de C . sordidus

s'effectue pratiquement sans qu'il soit facile de la

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réprimer : en effet, si l'on peut dans une certaine mesureinterdire les transports massifs de souches de Bananier,il est impossible d'empêcher le transport de quelquessouches, effectué par un individu isolé ; de même qu'ilne saurait être question de détruire tous les bananiersdes villages indigènes pouvant servir de relais à lapropagation du Charançon du Bananier .De nombreux exemples pourraient être cités

d'extension de l'aire du ravageur, à partir d'un foyerinitial ; en moins de 10 ans des régions entières setrouvèrent ainsi complètement contaminées, quelquemesure qu'on prenne pour y obvier .

Progression de l'invasion de la bananeraie par C . sordidus .

Le Charançon est en général introduit dans uneplantation en plusieurs points à la fois, c'est le caslorsqu'on a effectué la plantation avec des souchesdéjà attaquées . Il se crée ainsi au sein de la bananeraieun ou plusieurs foyers de multiplication . Lescharançons introduits avec les souches pondent surles rhizomes avoisinants et après plusieurs géné-rations, ils sont assez nombreux pour causer desdégâts appréciables à l'endroit précis où ils se trouvent .

Si l'invasion pouvait être détectée à ce moment-là,l'extinction des foyers serait encore possible, endélimitant avec précision les points d'invasion et endétruisant les bananiers atteints . Mais pratiquement,il n'en est jamais ainsi . Soit que la zone attaquée esten réalité plus importante qu'on ne le pense, soitque des individus isolés aient déjà émigré dans d'autresparties de la plantation . C'est pourquoi les tentativesde destruction qui ont été effectuées dans ces conditionsl'ont été en vain .

Une fois C . sordidus établi dans une plantation, on nepeut distinguer avec netteté dans l'aspect général dela bananeraie des taches de végétation affectée par leravageur. Il n'y a donc pas apparemment d'extensiondes dégâts selon l'aspect de la tache d'huile ; lorsquedes symptômes très nets se manifestent sur le végétalon est parvenu à un stade de l'invasion auquel la viede la plantation elle-même est en danger .Afin de schématiser la propagation des dégâts de

C. sordidus, nous allons nous efforcer d'en retracerl'historique sur une plantation donnée, dans desconditions de vie particulièrement favorables audéveloppement du Charançon du Bananier

10 L'introduction du Charançon du Bananier a étéréalisée d'une manière quelconque . Il se crée un ouplusieurs foyers de multiplication .

20 L'invasion latente : Après un temps variant dequelques mois à deux ans environ, les foyers demultiplication se sont développés et multipliés . Nouspensons, en effet, que c'est à ce stade de l'invasionqu'ont lieu surtout les déplacements d'adultes . D'aprèsles travaux de WALLACE, nous voyons que C . sordiduspeut se déplacer dans un rayon d'une dizaine de

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mètres en une quinzaine de jours . En période de grandeactivité ovarienne, le nombre de bulbes atteints parles pontes d'une seule femelle peut être assez consi-dérable bien que chaque femelle ponde plusieurs neufssur un même rhizome et que les femelles ne changentde bulbe au maximum qu'une fois par jour, ce quimême n'est pas prouvé .

A ce stade de l'invasion, les souches attaquées necontiennent que quelques larves souvent introduitesà une période avancée de la végétation, les dégâts nepeuvent donc pas être nettement visibles. Nous avonsen effet déjà indiqué que plusieurs larves (une dizaine)étaient nécessaires à l'intérieur d'un rhizome deBananier de grande taille pour que la plante présenteextérieurement des signes d'affaiblissement .L'invasion est ainsi latente pendant plusieurs

années avant de se manifester avec acuité . Ce stadeest le plus dangereux pour la plantation, il est eneffet difficilement décelable et, de ce fait, aucunmoyen de lutte ne peut être envisagé. De plus,techniquement parlant, aucune mesure radicale delutte ne peut être tentée à ce stade .

Toutefois la détection de la présence du Charançondu Bananier peut être effectuée à ce moment-là. Nousconseillons, dans ce but, les méthodes suivantes à tousles planteurs, même dans les régions où l'on a encorejamais signalé C . sordidus- Chaque fois que l'on constate la présence d'un

régime nettement mal formé ou atrophié (moins de6 kg pour le Bananier de Chine), déterrer la soucheet la couper au matchette en fines tranches : si l'onnote la présence de galeries larvaires ou de larves,on aura ainsi la certitude de l'attaque par C .sordidus .- A intervalles de temps régulier, à la saison de

pleine production bananière, placer des pièges dans lesparcelles de la plantation semblant les moins vigou-reuses et, de temps en temps, relever ces pièges afinde noter la présence éventuelle de l'adulte .- Débiter en tranches toutes les souches qui ont

séjourné un temps assez long à l'air libre après leurarrachage, c'est le matériel dans lequel on a le plusde chances de découvrir les galeries larvaires duCharançon .

3° Dégâts apparents épars dans la végétation : A cestade de l'invasion, les dégâts matériels deviennentappréciables, toutefois, du fait de leur dispersion,ils peuvent encore échapper à l'observateur .

L'invasion massive de toute la plantation ou plusparticulièrement de certains secteurs, commence àproduire en certains points des foyers de forte pullu-lation . En effet, avec C . sordidus, on assiste, en unpoint, donné, au groupement des individus errantssous l'influence de l'interattraction que nous avonsmise en évidence expérimentalement au laboratoire .Cependant l'interattraction ne peut se manifester

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que lorsqu'une certaine densité d'individus a déjà étécréée par la multiplication naturelle de l'insecte .

Ces populations se créent donc dans une talle deBananier comportant plusieurs générations de rhizomeet, malgré « l'effet de groupe » que nous avonssignalé, la fécondité des populations est suffisante pourattaquer les jeunes pousses .

Les bananiers atteints sont le plus souventdéracinés par les tornades, leur régime est atrophié(4 à 5 kg) et, dans certains cas, ils présentent même dessymptômes foliaires caractéristiques (dessication desfeuilles). La présence de quelques bananiers affectésde la sorte montre aux planteurs l'ampleur del'attaque, on pourra considérer que toutes lesparcelles ainsi marquées par des bananiers détérioréssont amplement charançonnées . Il est donc nécessaire,dès ce stade de l'invasion, de mettre en oeuvre tous lesprocédés de lutte dont nous parlerons ultérieurement .Il est en effet essentiel de maintenir l'invasion à cestade auquel elle est encore compatible avec l'exploi-tation de la bananeraie .

4° Invasion localisée massive : Le processus, que nousavions décrit ci-dessus, de la formation de populationsstables à chaque talle de Bananier, se poursuit petità petit et gagne progressivement des parcelles deplus en plus grandes de la plantation . A ce stade,on remarque nettement par leur aspect extérieurles parcelles atteintes . Toutefois, la production de laplantation, sérieusement affectée, n'est pas totalementarrêtée. A la saison de pleine végétation, les bananiersont en général une vigueur suffisante pour produiredes régimes moins nombreux et moins pesants . Maisaux saisons extrêmes, affectant déjà la vigueur duBananier, les dégradations du Charançon accroissentconsidérablement les effets de la sécheresse, parexemple, et la production bananière limitée déjàen quantité et en poids l'est aussi dans le temps,la saison de production commençant plus tard etfinissant plus tôt .

A ce stade toute la plantation est atteinte maistoutes les parcelles ne connaissent pas une pullulationassez considérable pour affecter totalement la vigueurdes bananiers de toute la plantation .

Dès que cette importance des dégâts est atteinte,l'exploitation de la bananeraie est sérieusementcompromise et les mesures de lutte doivent être desplus énergiques .

5° Invasion massive généralisée : Si la plantationest particulièrement délaissée, la pullulation peutdevenir d'une importance considérable ; chaque talleabrite un nombre suffisant de charançons pourattaquer systématiquement chaque nouveau rejet,peu nombreux sont les pieds arrivant à maturité, ilssont alors atteints de nanisme et porteurs d'un régimeminuscule à une ou deux mains atrophiées .

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Ce degré d'invasion n'est atteint que dans des casparticuliers très rares en culture bananière normale .

Les conclusions que nous pouvons tirer de cetteétude théorique de l'invasion d'une plantation, nousmontre les caractéristiques que nous résumons ci-dessous

1 0 L'introduction du Charançon du Bananier passeen général inaperçue .

2 0 Pendant une période d'une durée variable selonles conditions de culture, la présence de C . sordidusn'est pas visible mais le ravageur s'installe et segénéralise dans la plantation .

3 0 Les dégâts affectent gravement le Bananier carla pullulation est déjà très importante . Les pieds sontendommagés par des populations de charançonsrelativement stables stationnant au contact d'unetalle ou à proximité immédiate .

Il en résulte qu'en général l'invasion n'est découverteque lorsque l'insecte est déjà installé depuis un tempsassez long (plusieurs années le plus souvent) .

40 Les dégâts peuvent détruire presque complè-tement la plantation si l'on ne prend aucune mesurede lutte énergique .

Conditions favorisant ou minimisant les dégâts de C .sordidus .Il est bien évident que la progression de C . sordidus

dans une bananeraie est essentiellement sous ladépendance des conditions rencontrées par l'insectepour sa reproduction .

a) Conditions d'exploitation .Parmi ces conditions, la plus essentielle est celle du

mode d'exploitation de la bananeraie. En effet, on aassisté, dans certains territoires bananiers, à uneévolution considérable des procédés de productionla bananeraie à caractère semi-définitif et demeurantun temps très long sur le même sol, étant remplacée,grâce à la mécanisation agricole par une culturen'occupant pas le sol plus de 3 à 4 ans . Dans cesconditions nouvelles, le Charançon du Bananier cessed'être un ravageur de première importance . Oncomprends aisément, en effet, qu'étant donné lecaractère de l'invasion - dégâts importants produitsseulement par de fortes pullulations plus la culturebananière occupe longtemps le même sol plus lesdégâts ont une chance d'être importants . C'est laraison pour laquelle, lorsque après 2 à 3 ans de rapportla bananeraie est arrachée pour céder sa place à uneautre culture, l'invasion ne peut se généraliser niatteindre une acuité dangereuse . Le problème consistesimplement dans ce cas à effectuer les plantations avecdes souches et des rejets sains ou peu attaqués . Maisdans bien des cas l'évolution de la culture bananière

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dans ce sens est impossible, la bananeraie plantée etcultivée à la main a un caractère permanent particu-lièrement propice aux fortes pullulations decharançons . En effet, après 4 à 5 années de présencesur un même terrain, la bananeraie peut connaîtreune population de charançons abondante : on setrouve donc à la limite de l'équilibre entre le végétalet l'insecte au delà duquel les dégâts peuvent devenirnettement gênants .

b) Conditions climatiques et agrologiques .Parmi les conditions extérieures susceptibles de

ralentir ou au contraire de favoriser la propagationde C . sordidus, nous pouvons citer

La température qui, si elle atteint des maximaet des minima importants réduit la multiplication duravageur pendant les saisons extrêmes, par contre,une température sensiblement constante, comme c'estsouvent le cas dans les régions tropicales, est particu-lièrement favorable .

L'humidité . - Les plantations de bas-fondssont toujours les plus gravement atteintes ; dans cesterrains toujours humides, le Charançon du Bananierrencontre, en effet, clés conditions qui lui sontparticulièrement favorables. De plus, la forte teneuren eau des sols et son irrigation en font un élémentde régularisation thermique également favorable àl'insecte . Mais, au contraire, dans les terrains s'asséchantfortement à certaines saisons, plantations de côteaux,la multiplication de C . sordidus est pratiquementarrêtée aux saisons sèches .

Des conditions culturales peuvent égalementintervenir : la présence de plantes de couverture, dupaillage ou branchage du sol, de façons culturales,mais nous envisageons ces divers éléments à proposdes procédés de lutte .

III . - LUTTE CONTRE C. SORDIDUS

PAR DES PROCÉDÉS PRÉVENTIFS OU CULTURAUX

L'exposé ci-avant ayant défini les conditions del'invasion des bananeraies par le Charançon duBananier, nous avons pu voir que dans bien des casla lutte contre le ravageur devait être entreprise afind'éviter de fortes pullulations toujours désastreuses ;mais le problème qui se pose n'est pas toujours lemême selon les conditions (le cultures ou d'invasion,aussi bien envisagerons-nous tous les aspects quepeuvent revêtir les procédés de lutte, qu'ils aient pourbut

- d'éviter l'introduction du Charançon du Bananierlors de la création d'une bananeraie,- d'enrayer la multiplication du ravageur dans

une plantation aux premiers stades de l'invasion,- ou de s'attaquer à de fortes pullulations comme

c'est bien souvent le cas pour « remonter » uneplantation ou la préserver clé la ruine économique .

Fruits d'Outre-Mer - Vol. 4, n° 6, 1949

A. - Procédés culturaux .

On est bien souvent tenté, à propos de tous lesinsectes nuisibles, de recommander aux agriculteursd'améliorer et clé soigner particulièrement les pratiquesculturales, le premier souci du médecin pour luttercontre la maladie n'est-il pas de fortifier l'état généraldu malade !

En ce qui concerne le Charançon du Bananier, il nes'agit pas là d'une vaine formule de technicien enmal de technique, mais d'une réalité dont nousfournissons despreuves . A telpoint que desauteurs tels queWALLACE puis-sent voir dansces mesures lasolution du pro-blème agricoleposé par C . sordi-dus, voyons quelssont les argu-ments de cet au-teur

Toute la thèsede WALLACE s'ap-puie sur le fait,qui est indiscu-table selon lui, àla suite de nom-breuses observa-tions, que seuls lespieds de Bananierdébiles reçoiventla ponte de lafemelle, de mêmeque les vieillessouches de bananier, les troncs coupés, etc . . . Ilexisterait donc, selon cet auteur, une corrélationentre la vigueur des bananiers et leur attaque parC. sordidus . Malheureusement, cette affirmation estnettement exagérée, et malgré quelques très bonnesobservations le travail de WALLACE manque de basesexpérimentales et partant devient critiquable à lasuite de nos propres résultats .

Cet auteur affirme, en premier lieu, que tous lesbananiers sur pieds, attaqués par C . sordidus, sontdes plantes sans vigueur ; mais il ne semble pas s'êtredemandé si la plante était sans vigueur avant laponte de C . sordidus ou si elle l'était devenue à la suited'une attaque larvaire précoce .

De plus, WALLACE affirme que les jeunes rejets etles souches en cours de développement ne sont pasfavorables à la ponte de la femelle . Or, nous avonsmontré qu'il n'en était rien et qu'à tous les stades dudéveloppement et surtout aux premiers stades, lerhizome pouvait recevoir des pontes .

Fig . 2 . - Préparation d'une série detests de laboratoire sur le chimiotropisme(le G . sorctidus .

Fruits d'Outre-Mer - Vol . 4, no 6 , 1949

11 semble donc que WALLACE se soit laissé abuser surla vraie nature des ravages de C . sordidus par des casparticuliers .

Il est indiscutable et nettement à souligner que lavigueur des bananiers est un facteur de résistance àl'attaque de C. sordidus, mais dans ce sensseulement, qu'un pied vigoureux sera moins affectéqu'un pied débile par la présence des galeries larvairesdans son rhizome . Toutes mesures contribuant àaugmenter la vitalité du Bananier fera donc paraîtreles dégâts de C . sordidus moins visibles, mais elles nechangeront en rien l'attaque elle-même .Nous pensons que WALLACE, étudiant en 1937 en

Australie le Charançon du Bananier, n'a plus retrouvéles conditions qu'avait rencontré FROGGATT lors deses travaux poursuivis de 1920 à 1925. Les conditionsculturales s'étaient nettement modifiées dans leursdonnées essentielles : les perfectionnements de latechnique et le piegeage pratiqué depuis fort longtempsavaient réduit les pullulations de charançons . C'estsans doute ce qui donna à penser à WALLACE que lesestimations des auteurs précédents étaient exagérées,alors qu'elles correspondaient à un état de chosedisparu et ce en partie, grâce aux procédés de luttequ'avaient préconisé les anciens auteurs .Des travaux comme ceux de WALLACE repris

ensuite par plusieurs auteurs ne sont donc pasconstructifs, ils peuvent être tout au plus appliquésaux pays de culture bananière mécanisée, mais netrouvent aucune application et apportent des donnéesfausses pour les pays de cultures bananières nedisposant pas ou ne pouvant mettre en couvre desmoyens mécaniques importants .

Cette mise au point étant faite, envisageons lesmesures d'ordre cultural propres à limiter l'invasiondu Charançon du Bananier.

Le renouvellement fréquent des plantations et larotation des cultures, dont nous avons déjà parlé, estla condition la plus essentielle pour réduire l'invasionde C . sordidus . Dans tous les cas où elle estpossible, nous sommes d'accord avec WALLACE pouraffirmer que C . sordidus n'est qu'un ravageur de faibleimportance et que des mesures prophylactiquessimples peuvent rendre ses dégâts anodins . Maisdans tous les cas ou, pour des conditions économiques,topographiques ou culturales, il n'est pas possible depratiquer de la sorte et où les bananeraies doiventdemeurer presqu'indéfiniment sur le même sol,l'invasion des plantations par C. sordidus revêt alorstoute son importance et les moyens de lutter sontbeaucoup plus difficiles à mettre en couvre .

Voyons donc comment doit s'effectuer le renouvel-lement des plantations dans les différentes conjoncturespouvant se présenter

Io Renouvellement fréquent des plantations avec rotationdes cultures .

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Dans ce cas la seule précaution indispensable résidedans le choix des rejets ou de souches saines

Avec les rejets, on peut considérer que lorsque lasouche mère elle-même n'est pas attaquée le rejetest indemne . On se rend compte alors de l'état sanitairede la souche mère en la débitant en tranches lorsquecela est possible ou simplement en « l'habillant n

comme le conseillent SEIN et FROGGATT .Les autres mesures de lutte culturales ou artificielles

dont nous traitons ultérieurement ne se justifient quelorsque l'on a de fortes chances d'invasion, dues à laproximité immédiate d'un foyer d'infection ou à lapersistance sur le sol d'anciennes souches contaminéeset en nombre important .

Lorsque la plantation est dessouchée pour laisserla place à une autre culture, il est indispensable de nelaisser subsister sur le terrain aucune trace deBananier. La méthode qui consiste à confectionnerdu fumier avec les débris de Bananier est bonne àcondition d'en excepter les souches, et de provoquerune fermentation rapide . En aucun cas les vieillessouches ne doivent être abandonnées sur le sol, maisil faut les débiter en fines parcelles et les brûler àl'essence ou les enfouir après les avoir recouvertes dechaux vive en quantité massive .

2° Renouvellement d'une plantation ou d'une parcelle surplace dans une bananeraie attaquée par C . sordidus.

Lorsque certaines parcelles de la plantation cessentd'être productives, on procède généralement à leurreplantation ; pour ce qui concerne le Charançon duBananier, nous voyons peu de différence entre uneparcelle sur un terrain vierge à proximité immédiatede la plantation et un carré dessouché et replantéimmédiatement. Dans les deux cas, l'introduction duravageur est assurée.Pour opérer avec le maximum de chances de

réussite, il faut dès l'abord faire disparaître toute tracede Bananier et ne pas entreposer les restes de l'ancienpeuplement à proximité ; les débris de toutes naturesseront transformés en fumier (dans une fosse à fumier)et les souches seront débitées (le hachoir mécaniqueest à conseiller) . Après avoir effectué les façonsculturales nécessaires, et creusé les trous destinés àrecevoir les nouvelles souches il est intéressant desaupoudrer celles-ci de cyanamide ou d'un insecticideà base d'Hexachlorocyclohexane, produits répulsifspouvant écarter momentanément les adultes .

Les jeunes peuplements ainsi constitués doivent êtresurveillés attentivement et si de mauvaises reprisessont constatées, on doit remplacer et détruire toutesles souches donnant des rejets de mauvaise venue .

Bien que les nouveaux carrés soient attaqués parC. sordidus, il est intéressant de rajeunir le pluspossible les plantations ; par cette pratique, en effet,on détruit les populations stables constituées dans les

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talles de Bananier et, par un piegeage précoce etcontinu, on arrive à réduire considérablementl'invasion .

31 Façons culturales .

Les binages n'ont pas une action directe sur leCharançon du Bananier et l'enfouissement des adultesdans le sol ne pourrait être efficace que s'il était suivipar le tassage du sol (roulage), pratique impossible .Mais le travail du sol contribuant à accroître lavigueur du Bananier, tant par la destruction de lavégétation adventice que par l'aération et l'ameublis-sement du sol, augmente la résistance du Bananier .WALLACE fit à ce sujet l'expérience suivante : deuxrangées de Bananier furent plantées, l'une régulière-ment binée et bien entretenue, l'autre abandonnée sansaucun soin après sa plantation . La contamination parC. sordidus fut laissée au hasard . Au bout de 6 mois,la bande bien entretenue présentait un aspect satis-faisant et les souches étaient peu attaquées alors quedans celle dont on avait négligé l'entretien, 40des pieds étaient morts et les autres étaient trèsfortement contaminés . Sans vouloir tirer de tropvastes conclusions de cette simple expérience, ellemet néanmoins en évidence l'importance des façonsculturales .

La couverture du sol des bananeraies a une grandeinfluence sur les pullulations de charançons . Nousvenons de voir que la présence de mauvaises herbessemblait favoriser l'attaque de C . sordidus, on peutdonc se demander s'il n'en est pas de même avec lesplantes de couverture et le paillage .

En effet, toute couverture entretient au niveau dusol un milieu favorable au Charançon du Bananier ;réduction du rayonnement calorifique et de l'éclai-rement, maintien de l'humidité . . . Les conditions lesmeilleures pour limiter l'invasion sont donc réaliséeslorsque le sol est nu et tassé, de plus, la profondeur àlaquelle les souches sont enfoncées dans le sol présenteune grande importance ; en effet, il a été remarquéqu'en bien des cas, les veufs étaient disposés au colletdu Bananier qui est la partie la plus accessible àl'insecte, et les pontes, qui sont effectuées en d'autrespoints du Bananier, le sont en général (FROGGATT)lorsque la souche s'est trouvée déchaussée par leseaux de ruissellement ou par l'influence du paillage .

Le paillage ou branchage, qui est effectué sur lesplantations de certaines régions, a en effet pourconséquence de diminuer la profondeur de l'enra-cinement et de provoquer le déchaussement dessouches. On évitera cet inconvénient par des buttageseffectués à la saison des binages. Nous accordons unegrande importance à cette mesure .

Les autres procédés culturaux amoindrissant lesdégâts de C . sordidus n'ont rien de très particulier, ilsconstituent l'entretien agricole de la plantation, aussi

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nécessaires à la production intensive qu'à la luttecontre le Charançon du Bananier .

Ce sont le drainage, l'irrigation (JEPSON, KNOWLES,EDWARDS) et l'entretien de la fertilité du sol .

B . - Entretien de la plantation .

Outre les mesures purement agronomiques surlesquelles nous venons d'insister, il est un travaild'entretien souvent négligé et dont l'importance estconsidérable . En effet, il faut détecter avec soin tousles foyers de multiplication possibles et les détruire .Ce travail commence à la coupe du régime, le pseudo-tronc est élagué et les feuilles tombent sur le sol ;il n'y a pas lieu de les enlever, sauf dans le cas où ellespourraient être utilisées pour la confection de fumierartificiel, ce qui serait évidemment le mieux . Quantau pseudo-tronc, nous conseillons de le laisser surpieds jusqu'au moment où il pourra être débité pourla confection des pièges dont nous parlerons ultérieu-rement. Lorsque le piégeage ne se justifie pas, débiterle pseudo-tronc en rondelles d'une épaisseur de 10 cmau maximum et l'abandonner sur le sol ou mieuxsur le paillage lorsque la plantation est paillée. A notreavis, il est préférable de sectionner le pseudo-troncau ras du bulbe, à condition de recouvrir la section dubulbe de terre et de débiter en très petits morceaux(quelques centimètres) la base du pseudo-tronc qui,sans cela, recevrait des pontes et constituerait unfoyer de multiplication ; le mieux serait d'empoisonnerce matériel comme les vieilles souches ainsi que nousl'indiquerons ultérieurement . Ces premières mesuresprises lors de la coupe, sur lesquelles nous ne saurionstrop insister, facilitent l'entretien de la plantation .La question des troncs étant ainsi réglée, il ne resteplus qu'à considérer celle des souches-mères et grand-mères .

En aucun cas, des souches arrachées ne doiventséjourner sur une plantation, elles assurent à peu prèscertainement un accroissement de 20 à 50 charançonspar souche, ainsi que nous l'avons constaté en Guinée .Les vieilles souches qui ne sont d'aucune utilitédoivent être détruites, celles qui sont destinées à lareplantation doivent être enlevées le jour même de leurarrachage et entreposées, si besoin est, le plus loinpossible de toute plantation .

Toute souche inutile doit donc être détruite,certains planteurs procèdent même à l'arrachage dessouches mères lorsque le rejet a déjà acquis unecertaine vigueur. Du point de vue qui nous occupe,cette pratique est utile de même que l'arrachage dessouches grand-mères, mais nous avons vu dansplusieurs cas ce travail important et coûteux renduinutile par une mauvaise destruction des souches . Eneffet, débiter les souches en fragments, ce qui estd'ailleurs un gros travail lorsqu'il est effectué à lamain, est notoirement insuffisant . Nous avons obtenudans des fragments de bulbes de 10 cm x 5 cm x 2 cm

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le développement complet de 3 à 4 larves . De plus, detels fragments exposés à l'air ne se dessèchent ni nepourrissent rapidement ; le bulbe du bananier, mêmedébité, demeure vivant fort longtemps . C'est la raisonpour laquelle lorsqu'on se donne la peine de dessoucher,pratique excellente, il est nécessaire de détruire lessouches par le feu ou par les traitements chimiquesque nous allons envisager ci-après .En résumé, l'entretien normal de la plantation

réside donc en deux catégories de travaux différentsLe débitage des troncs et la destruction des souches .Il faut ajouter à ce travail habituel, les quelquesmesures à prendre lorsque des pieds sont abattuspar le vent ou par suite des dégâts du Charançon .Dans ce cas, le pseudo-tronc doit être débité en fines

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rondelles et la souche replantée ou détruite, selonqu'elle recèle ou non des galeries de charançons . Enaucun cas, des bananiers couchés au sol ne doiventdemeurer sur plantation .

Par l'exécution de ces simples mesures agrono-miques, on peut prévenir et enrayer dans une forteproportion, le développement de l'invasion de laplantation par le Charançon du Bananier . C'est pardes mesures de cet ordre que de nombreux territoiresbananiers, aidés par ailleurs par les conditionsextérieures, sont arrivés à éliminer pratiquementC. sordides, mais il existe bien des cas où ces mesuresindispensables ne sont pas à elles-seules suffisantes,et il faut envisager alors l'emploi de mesures curatives .

(A suivre) .