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Journal de Gyn´ ecologie Obst´ etrique et Biologie de la Reproduction (2011) 40, 529—534 TRAVAIL ORIGINAL Étude des facteurs favorisant la survenue du paludisme à Plasmodium falciparum chez les femmes enceintes dans le district sanitaire de Bogodogo à Ouagadougou, Burkina Faso Study of factors favouring the occurrence of Plasmodium falciparum in pregnant women in the health district of Bogodogo C.M.R. Ouédraogo a,,b , G. Nébié c , L. Sawadogo d , G. Rouamba e , A. Ouédraogo b , J. Lankoandé b a Service de gynécologie obstétrique, hôpital de district de Bogodogo, Bogodogo, Burkina Faso b Unité de formation et recherche en science de la santé (UFR/SDS), université de Ouagadougou, Ouagadougou, Burkina Faso c Pharmacie, dépôt répartiteur du district de Bogodogo, Bogodogo, Burkina Faso d Université de Bobo-dioulasso, Bobo-dioulasso, Burkina Faso e Pharmacie, district sanitaire de Bogodogo, Bogodogo, Burkina Faso Rec ¸u le 15 d´ ecembre 2010 ; avis du comité de lecture le 11 mars 2011 ; définitivement accepté le 18 mars 2011 Disponible sur Internet le 22 avril 2011 MOTS CLÉS TDR ; Plasmodium falciparum ; Grossesse ; Prévention Résumé But. — Le comportement des femmes enceintes vis-à-vis des mesures de prévention, l’attitude des agents de santé, l’accès aux mesures de préventions et l’insuffisance dans l’aménagement urbain contribuent certes à la persistance du paludisme. Le but de ce travail était d’analyser les facteurs favorisant la survenue du paludisme chez les femmes enceintes dans le district sanitaire de Bogodogo. Patients et méthodes. — Il s’agit d’une étude transversale qui s’est déroulée en saison plu- vieuse, période de haute transmission du paludisme. Le test rapide de diagnostic (TDR) utilisant les antigènes solubles (HRPII) de Plasmodium falciparum a été la méthode de diagnostic uti- lisée dans ce travail et réalisée sur 810 femmes enceintes dans l’aire sanitaire du district de Bogodogo à Ouagadougou, Burkina Faso. Résultats. — La prévalence d’ensemble de l’antigène HRPII de P.falciparum était de 18,6 % avec un IC de [16,1—21,5] à 95 %. Il ressort de ce travail que le risque d’infection palustre était significativement plus élevé chez les femmes enceintes qui : étaient non-scolarisées, Auteur correspondant. 04, BP 8201, Ouagadougou, Burkina Faso. Adresse e-mail : [email protected] (C.M.R. Ouédraogo). 0368-2315/$ – see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.jgyn.2011.03.005

Étude des facteurs favorisant la survenue du paludisme à Plasmodium falciparum chez les femmes enceintes dans le district sanitaire de Bogodogo à Ouagadougou, Burkina Faso

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Journal de Gynecologie Obstetrique et Biologie de la Reproduction (2011) 40, 529—534

TRAVAIL ORIGINAL

Étude des facteurs favorisant la survenue dupaludisme à Plasmodium falciparum chez lesfemmes enceintes dans le district sanitaire deBogodogo à Ouagadougou, Burkina FasoStudy of factors favouring the occurrence of Plasmodium falciparum inpregnant women in the health district of Bogodogo

C.M.R. Ouédraogoa,∗,b, G. Nébiéc, L. Sawadogod, G. Rouambae,A. Ouédraogob, J. Lankoandéb

a Service de gynécologie obstétrique, hôpital de district de Bogodogo, Bogodogo, Burkina Fasob Unité de formation et recherche en science de la santé (UFR/SDS), université de Ouagadougou, Ouagadougou, Burkina Fasoc Pharmacie, dépôt répartiteur du district de Bogodogo, Bogodogo, Burkina Fasod Université de Bobo-dioulasso, Bobo-dioulasso, Burkina Fasoe Pharmacie, district sanitaire de Bogodogo, Bogodogo, Burkina Faso

Recu le 15 decembre 2010 ; avis du comité de lecture le 11 mars 2011 ; définitivement accepté le 18 mars 2011Disponible sur Internet le 22 avril 2011

MOTS CLÉSTDR ;Plasmodiumfalciparum ;Grossesse ;Prévention

RésuméBut. — Le comportement des femmes enceintes vis-à-vis des mesures de prévention, l’attitudedes agents de santé, l’accès aux mesures de préventions et l’insuffisance dans l’aménagementurbain contribuent certes à la persistance du paludisme. Le but de ce travail était d’analyserles facteurs favorisant la survenue du paludisme chez les femmes enceintes dans le districtsanitaire de Bogodogo.Patients et méthodes. — Il s’agit d’une étude transversale qui s’est déroulée en saison plu-vieuse, période de haute transmission du paludisme. Le test rapide de diagnostic (TDR) utilisantles antigènes solubles (HRPII) de Plasmodium falciparum a été la méthode de diagnostic uti-lisée dans ce travail et réalisée sur 810 femmes enceintes dans l’aire sanitaire du district de

Burkina Faso.

Bogodogo à Ouagadougou, Résultats. — La prévalence d’ensemble de l’antigène HRPII de P. falciparum était de 18,6 %avec un IC de [16,1—21,5] à 95 %. Il ressort de ce travail que le risque d’infection palustreétait significativement plus élevé chez les femmes enceintes qui : étaient non-scolarisées,

∗ Auteur correspondant. 04, BP 8201, Ouagadougou, Burkina Faso.Adresse e-mail : [email protected] (C.M.R. Ouédraogo).

0368-2315/$ – see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.jgyn.2011.03.005

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530 C.M.R. Ouédraogo et al.

habitaient les quartiers périphériques dits « zones non loties » de la ville et les villages envi-ronnants, qui n’utilisaient pas la moustiquaire. Pour diverses raisons, l’administration de lasulfadoxine/pyriméthamine n’était pas supervisée et, moins de 50 % des femmes dormait régu-lièrement sous moustiquaire.Conclusion. — La lutte contre le paludisme chez les femmes enceintes doit mettre l’accentsur la communication pour le changement de comportement des femmes enceintes et aussi desprofessionnelles de la santé. La lutte anti-vectorielle doit être envisagée dans les zones rurales.© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSTDR;Plasmodiumfalciparum;Pregnancy prevention

SummaryObjective. — The behaviour of pregnant women live in towards prevention, attitude health wor-kers, access measures prejudices and inadequate in urban design contribute to course thepersistence of malaria. Objective analyse the factors leading to occurrence of malaria in womenspeakers in the health district Bogodogo.Patients and methods. — He acts sectional study was place in the rainy season period high mala-ria transmission. The test rapid diagnosis (TDR) using soluble antigens (HRPII) of Plasmodiumfalciparum was the diagnostic method used in this work and carried on 810 pregnant women inthe health area District Bogodogo in Ouagadougou, Burkina Faso.

Results The overall prevalence of antigen HRPII P. falciparum was 18.6% with a CI [16.1—21.5]to 95%. It follows from this work that the risk of infection malaria was significantly higher amongpregnant women: that were not educated, lived in outlying areas called ‘‘zones not off’’ ofthe town and villages nearby, who were not using net. For various reasons, the administrationof sulfadoxine/pyrimethamine was not supervised and less than 50% of women regularly sleptunder a mosquito net.Conclusion. — The fight against malaria in pregnant women should focus on communication forchange of behaviour of pregnant women and also of health professionals. The fight antivectormust be considered in rural areas.

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Ltftrltrl’échantillon. À été incluse dans l’étude, toute femme

© 2011 Elsevier Masson SAS

ntroduction

n Afrique sub-saharienne, le paludisme constitue un pro-lème de santé publique en raison de ses nombreusesonséquences maternelles, fœtales et économiques [1—5].n effet, l’infection à Plasmodium falciparum survenantu cours de la grossesse est à l’origine de nombreusesomplications fœto-maternelles avec plusieurs cas de décèsaternels et de mort fœtale in utero [1,6]. Au Burkina

aso, le paludisme sévit de facon endémique. Afin deutter contre le paludisme chez la femme enceinte etrévenir ses effets néfastes, et conformément aux direc-ives de l’OMS, le ministère de la Santé a mis en œuvrene stratégie de lutte intégrée dans l’offre de soins pré-ataux, entièrement gratuits et comprenant : l’éducationour la santé ; la distribution de moustiquaire imprégnée’insecticide (MII) ; la distribution de comprimés de sulfa-oxine/pyriméthamine ; et le traitement curatif des cas.algré cette offre, le paludisme demeure un problèmeajeur de santé chez les femmes enceintes. Pour illustra-

ion, 5732 cas sur 21 619 premières consultations prénatales26,5 %) et 8576 cas sur 23 333 premières consultations pré-atales (36,8 %) ont étés notifiés respectivement en 2008 et009 dans le district sanitaire de Bogodogo. Devant ceonstat, il nous a paru justifié de mener une étude pourstimer le portage de P. falciparum et d’appréhender les

acteurs favorisant la transmission de l’infection chez lesemmes enceintes dans le but de formuler des recomman-ations pour améliorer la lutte contre le paludisme chez lesemmes enceintes.

esén

rights reserved.

atients et méthodes

adre et type d’étude

e district sanitaire de Bogodogo dans la ville de Ouaga-ougou a servi de cadre d’étude. Il comprend une partierbaine et une partie rurale et couvre une population esti-ée à 615 481 habitants en 2010. Un choix aléatoire de dix

ormations sanitaires du district (1er et 2e niveau) a été réa-isé et ces formations sanitaires ont constitué les sites de’étude. Il s’est agi d’une étude transversale comparativeu cours de laquelle la mesure de l’infection et des facteursavorisants ont été réalisés en même temps.

atientes et échantillonnage

’étude a concerné les femmes enceintes recues en consul-ation prénatale ou en consultation curative dans les dixormations sanitaires retenues. Un échantillonnage aléa-oire a été réalisé au niveau des formations sanitairesetenues dans le cadre de notre étude. Il a concernées femmes enceintes qui fréquentent la formation sani-aire pour quelques raisons que se soit. Nous avonsetenu 850 patientes pour assurer la représentativité de

nceinte se présentant dans l’une des formations sanitairesite de l’étude et qui a donné son consentement verbalclairé. Nous n’avons pas inclus les femmes enceintes qui’ont pas souhaité participer à l’étude.

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asmodium falciparum au cours de la grossesse 531

Tableau 1 Répartition des patientes selon la tranched’âge.Distribution of patients according to age group.

Âge Effectifs Pourcentage

≤ 20 191 23,621—25 261 32,226—30 211 26,031—35 98 12,136—40 42 5,241 et plus 7 0,9

3s

Ce

Lafdése6art

Cl

ULDtoujours dormis sous moustiquaire au cours des trois der-niers mois et pour la même période, celles qui n’ont jamaisdormi sous moustiquaire représentaient 29,0 %. Nous avonsrépertorié les raisons évoquées par les femmes enceintes

29.30%

23.70%

47.00%

0.00%

10.00%

20.00%

30.00%

40.00%

50.00%

Fréq

uenc

es

ToujoursParfois/SouventJamais

Utilisation de MII

Étude des facteurs favorisant la survenue du paludisme à pl

La collecte des données

La collecte des données s’est déroulée sur la période allantdu 12 juillet au 28 août 2010. Les données ont été collectéesà l’aide d’un questionnaire adressé aux femmes enceintes.Les informations ont été obtenues par interview. Ellesétaient relatives aux caractéristiques sociodémographiqueset économiques des femmes enceintes, à leurs caractéris-tiques obstétricales et les données sur les comportementsvis-à-vis des stratégies de prévention mises en œuvre. Lediagnostic du paludisme a été fait au moyen d’un test immu-nochromatographique à la recherche de l’antigène solublehistidin rich protein 2 (HRPII) de P. falciparum. Les don-nées ont été saisies et analysées à l’aide du logiciel EPIinfo 2000 version 3.5.1. Le test du Chi2 de Mantel-Haenszela été utilisé pour la comparaison des proportions. Le seuilde signification statistique a été fixé à 5 %.

Résultats

Le nombre de femmes enceintes enquêtées et dépistéesétait de 850 et 810 fiches d’enquêtes (95,3 %) ont pu êtreexploitées. Les fiches écartées l’ont été du fait de mauvaisremplissage et/ou du renseignement insuffisant du question-naire.

Caractéristiques sociodémographiques etéconomiques de la population étudiée

Nous avons étudié les caractéristiques sociodémographiqueset économiques de notre série de 810 femmes enceintes.

Le niveau d’instruction des patientes• Non-scolarisée : 358 patientes, soit 44,2 % ;• primaire : 167 patientes, soit 20,6 % ;• secondaire : 259 patientes, soit 32,0 % ;• supérieur : 26 patientes, soit 3,2 %.

La situation maritaleElle était caractérisée par une vie en union dans 788 cas,soit 97,3 %, et une vie seule dans 22 cas, soit 2,7 %.

La profession des patientes

• Fonctionnaire : 96 cas, soit 11,9 % ;• commercant/emploi secteur informel : l13 patientes, soit

16,9 %,• ménagère : 577 patientes, soit 71,2 %.

Le lieu de résidence des patientes• Village (absence totale d’urbanisation, milieu rural) :

162 patientes, soit 20,0 % ;• milieu semi-rural (absence d’électrification, absence

d’eau courante, absence de caniveaux, rues spontanées) :355 patientes, soit 43,8 % ;

• milieu urbain à environnement viabilisé : 293 patientes,soit 36,2 %.

L’âge des patientesL’âge moyen des femmes enceintes était de 25,5 ± 5,8 ans[15—47] et 81,9 % des femmes enceintes avaient au plus

FdDg

Total 810 100

0 ans. Le Tableau 1 présente la répartition des patienteselon l’âge.

aractéristiques obstétricales des femmesnceintes

a parité moyenne était de 1,4 ± 1,5 enfants par femmevec un maximum à neuf. On observe une prédominance deemmes se trouvant aux deuxièmes et troisièmes trimestrese la grossesse 42,8 % et 40,4 %. La consultation prénataletait le principal motif de consultation avec 574 patientes,oit 70,9 %, dont 43,2 % consultaient pour la première foist 31,5 % pour la deuxième consultation prénatale. En tout,6,1 % des femmes consultant pour la première fois étaientu deuxième trimestre de la grossesse, alors que la majo-ité des femmes qui ont effectué plus d’une consultation serouvaient au troisième trimestre.

omportement des femmes enceintes vis-à-vis dea stratégie de prévention

tilisation de la moustiquaire imprégnée d’insecticidea Fig. 1 illustre les différents modes d’utilisation de la MII.es 810 femmes enquêtées, 381 (47,0 %) ont déclaré avoir

igure 1 Répartition des 810 femmes enceinte selon le mode’utilisation de la moustiquaire imprégnée.istribution of 810 pregnant women by mode of use of impre-nated mosquito nets.

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532 C.M.R. Ouédraogo et al.

1.7

20.7

0

60.8

30 0

4.6

9.3

33.3

5.7

15.1

1.6

22.9

0 0.5

8.9

12

00

63.8

0 0

7.9

27.8

0 0.50

10

20

30

40

50

60

70

Pour

cent

age

(%)

jamais Parfois/souvent toujoursMode d'utlisationdes MII

chaleur sous la moustiquaire étouffe sous moustiquaire pour éviter les piqures de moustiquesabsence de moustiquaire négligence par habitudespour se protéger du paludisme usée autres raisons non exprimées

F ons et le mode d’utilisation de la moustiquaire imprégnée.D r of use of impregnated mosquito nets.

pr

fadpmmptc2d

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LlDdo1dspapp

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19,8 % affirment que c’est sur indication de l’agent desanté qu’elles devraient faire la prise ultérieurement à lamaison. Chez 15 % des enquêtées, c’est l’absence d’eaupotable à la formation sanitaire qui a motivé le différé del’administration.

Utilisation d’autres moyens de lutte contre le paludismeDans notre étude, 362/810 (44,7 %) femmes enceintesont dit utiliser les produits anti-moustique en serpen-tin ; 193/810(23,8 %) les insecticides en aérosol ; et 82/810(10,1 %) ont recouru aux pommades répulsives anti-moustiques.

Parmi les femmes qui ne dormaient pas sous mousti-quaire, 64,1 % ont utilisé les insecticides en serpentin etseulement 28,3 % de celles qui ont déclaré avoir toujoursdormi sous moustiquaire ont eu recours aux serpentins.

Figure 3 Répartition des 507 femmes enceintes selon lesraisons de non-supervision de l’administration de la dose de

igure 2 Répartition des 810 femmes enceintes selon les raisistribution of 810 women pregnant for the reasons and manne

our justifier leur comportement à l’égard de la MII. Lesésultats sont illustrés sur la Fig. 2.

La plupart des femmes enceintes, 144, soit 60,8 % desemmes qui ont affirmé n’avoir pas dormi sous moustiquaireu cours des trois derniers mois, a justifié la non-utilisatione la moustiquaire par le fait qu’elles n’en possédaientas. Parmi les femmes, 20,7 % ont dit étouffer sous laoustiquaire et 9,3 % n’ont pas justifié leur comporte-ent quant à la non-utilisation de la moustiquaire. Lesrincipaux motifs que les femmes ont avancé pour jus-ifier l’utilisation irrégulière de la moustiquaire sont lahaleur et la négligence, respectivement chez 33,3 % et2,9 % des 192 femmes qui se sont inscrites dans ce mode’utilisation.

Des 381 femmes qui ont déclaré dormir toujours sousoustiquaire, 63,8 % l’ont fait pour éviter les piqûres deoustiques, 27,8 % pour se protéger du paludisme et 7,9 %orment sous moustiquaire par habitude.

’administration du traitement présomptif intermittent àa sulfadoxine/pyriméthamineans notre série, 577 femmes avaient recu au moins uneose thérapeutique de sulfadoxine/pyriméthamine (SP) pers. L’administration de cette dose à été supervisée chez1, 1 % de ces femmes (prise des comprimés devant l’agente santé). L’administration a été différée et donc non-upervisée pour 513 femmes (88,9 %). Parmi elles, 507 ontu justifier le fait que la prise ait été différée. Les raisonsvancées sont présentées sur la Fig. 3. En outre, nous avonsu noter que 15/577 femmes, soit 2,6 %, ont recu la SP auremier trimestre de la grossesse.

Diverses raisons ont été avancées par les femmes

nceintes pour expliquer le fait que l’administration n’aitas été supervisée : 58,3 % des femmes ont évoqué le faitu’elles étaient à jeun lors de la consultation, alors quee produit ne se prend pas à jeun. Parmi les femmes,

sulfadoxine pyriméthamine.Distribution of 507 pregnant women as reasons for notoverseeing the administration of the dose of sulfadoxine pyri-methamine.

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Étude des facteurs favorisant la survenue du paludisme à plasmodium falciparum au cours de la grossesse 533

Tableau 2 Prévalence de l’infection selon le niveau d’instruction, la zone d’habitation, l’utilisation de la moustiquaire impré-gnée d’insecticide et la stratégie d’administration de la sulfadoxine pyriméthamine.Prevalence of infection by level of education, residential area, the use of insecticide-treated nets and the strategy of adminis-tration of sulfadoxine pyrimethamine.

Variables Effectifs Fréquence HRPII (%) Chi2 IC/dL p

Prévalence 810 18,6 [16,1—24,5]

Niveau d’instruction (n = 810)Non-scolarisée 358 22,3 5,8 1 0,01Scolarisée 452 15,7

Zone d’habitation (n = 810)Village 162 31,5Semi-rural 355 16,3 22,4 2 < 10−4

Rural 293 14,3

Mode d’utilisation de la moustiquaireimprégnée d’insecticide (n = 810)Jamais 237 24,1Parfois 192 25,0 23,5 2 < 10−4

Toujours 381 12,1

Stratégie d’administration de lasulfadoxine pyriméthamine (n = 577)

1414

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àédeE

LP

LNfié

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LNmLzdp

Non-supervisée 513Supervisée 64

Estimation de la prévalence du paludisme chez lafemme enceinte

Parmi nos patientes, 11 % ont déclaré avoir présenté sur lestrois dernières semaines au moins un des symptômes ren-contrés au cours d’un paludisme simple (fièvre, arthralgies,céphalées, frissons, vomissement).

Sur les 810 femmes enceintes dépistées, le test à étépositif chez 151 femmes enceintes et négatif chez les659 autres ; soit une prévalence du paludisme de 18,6 % avecun IC de [16,1—21,5] à 95 %.

Prévalence de l’infection selon le niveaud’instruction, la zone d’habitation, l’utilisation dela moustiquaire imprégnée d’insecticide et lastratégie d’administration de la sulfadoxinepyriméthamine

L’étude de la prévalence des facteurs favorisant l’infectionà P. falciparum est présentée dans le Tableau 2.

Discussion

La prévalence du paludisme pendant la grossesse

Nous avons trouvé une proportion de 151/810 femmesenceintes dont le test antigénique à la recherche deHRP2 était positif, soit une prévalence de 18,6 % IC

de [16,1—21,5] à 95 %. Une étude antérieure menée àOuagadougou par Sabatinelli et al. [7] chez les enfants de 0 àcinq ans pendant le pic de la saison de transmission en 1984(août à septembre), a montré une prévalence globale de

pAra

,6,1 0,1 1 0,91

’infection de 14,8 % avec une variation de 3 à 26,4 % selones quartiers. Baragatti et al. ont estimé la prévalence de’infection à 26,1 % dans la ville de Ouagadougou en périodeivernale en 2004 [8].

Notons que des études de prévalence de l’infectionOuagadougou sur les femmes enceintes exclusivement

taient rares. Des études menées ailleurs en Afrique ontonné des prévalences de 57 % et 58,4 % chez les femmesnceintes respectivement à Libreville au Gabon [9] et ànugu au Nigéria [10].

es facteurs favorisant le paludisme à. falciparum pendant la grossesse

e niveau d’instructionous avons trouvé que l’infection à P. falciparum était signi-cativement plus élevée chez les femmes qui n’ont jamaisté scolarisées que chez celles femmes scolarisées.

L’analphabétisme et le faible niveau d’instruction ontéjà été décrits comme étant des facteurs favorisant lesttaques palustres à Khartoum [11].

a zone d’habitationous avons constaté qu’il y avait une relation statique-ent significative entre le lieu d’habitation et l’infection.

e risque évoluait en decrescendo de la périphérie vers laone urbaine lotie viabilisée (p < 0,000). Nous avons obtenues prévalences de 14,% ; 16,3 % et 31,5 % respectivementour la zone lotie viabilisée, la zone non lotie et les villages

ériurbains. Ce constat avait été fait par d’autres auteurs.insi, Sabatinelli et al. [7] ont mis en évidence des diffé-ences importantes entre les zones de la ville. Dabire [12]également relevé des taux de prévalence différents entre
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5

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[16] Arnold M. Chimio prophylaxie du paludisme pendant la

34

e centre-ville, les zones à travers les canaux et les zonesroches des lacs artificiels. Dans notre série, cela pourrait’expliquer la différence d’urbanisation, faisant que le palu-isme sévirait plus en milieu rural qu’en milieu urbain.

Wang et al. [13] ont montré en 2002 qu’il y’avait un gra-ient d’endémicité entre le centre urbain et la périphériee Ouagadougou. Baragatti et al. avaient également montréue le risque d’infection à P. falciparum était significative-ent plus élevé dans les zones à faible densité bâtie et dans

es zones irrégulièrement construites [8].

’utilisation de la moustiquaire imprégnée d’insecticideous avons trouvé à l’instar d’autres études [14,15] que

’utilisation de la moustiquaire réduisait de facon signifi-ative la transmission de l’infection. (p < 10−4). Cependant,es auteurs ont indiqué que les moustiquaires traitées sontfficaces lorsqu’elles sont utilisées sur une grande échelle eton pas à un niveau individuel. Une telle utilisation à grandechelle agit sur la longévité et l’infectivité des vecteurs14]. Du reste, l’utilisation individuelle protège la femmees piqûres d’anophèle femelle pendant le sommeil.

a stratégie d’administration de la sulfadoxineyriméthamineous n’avons pas trouvé dans cette étude de différencentre les femmes enceintes qui ont avalé leur dose de SP àa formation sanitaire sous la supervision de l’agent de santét celles qui ont différé l’administration (avalé à la maison).ependant, Mireille avait montré que l’observance au trai-ement préventif était faible au Mali (36 %) et en Afrique enénéral [16]. Il serait donc judicieux de rappeler aux agentse santé la nécessité de l’application stricte des directivesur la TPI chez les femmes enceintes afin d’assurer le béné-ce des investissements.

onclusion

otre étude a permis d’estimer la prévalence de l’infectionP. falciparum et aussi d’identifier les facteurs favorisants

ans la population des femmes enceintes de l’aire sanitaireu district sanitaire de Bogodogo. Ainsi, nous avons trouvéue la prévalence de l’infection à P. falciparum était de8,6 % et que la zone d’habitation, le niveau d’instruction,e mode d’utilisation de la MII influencerait la survenue de’infection.

Bien que notre enquête de prévalence n’ait pas utilisées méthodes paludométriques usuelles, nous pensons qu’à’instar du VIH, les TDR pourraient être utilisées pour estimera prévalence de l’infection dans la population des femmesnceintes qui sont des terrains de paludisme silencieux auxonséquences graves. Notre échantillon, sans avoir la pré-ention d’être représentatif des femmes enceintes de toutea ville de Ouagadougou, avait une taille suffisante pouronner une bonne description de la population de femmesnceintes, surtout leurs comportements vis-à-vis des stra-égies de prévention du paludisme chez la femme enceinteises en œuvre. La connaissance de ces facteurs devra per-

ettre aux autorités sanitaires du Burkina Faso de mettre

’accent sur la sensibilisation et la communication pour lehangement de comportement afin que les femmes utilisentffectivement les moyens de prévention mis à leur dispo-

C.M.R. Ouédraogo et al.

ition. En outre, cette étude pourrait être une base pour’autres études d’évaluation comparée de la prévalence dualudisme entre la population générale et la population deemmes enceintes qui bénéficie des nombreuses interven-ions.

éclaration d’intérêts

es auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

éférences

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de pauvreté des enfants en afrique. Available from:http://www.rollbackmalaria.org/docs/rps publications/unicef malaria fr.pdf.

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grossesse : évaluation de l’observance à Sikasso (Mali)par la méthode de Saker-Solomons Thèse de doctorat :université Genève, 2004, no. Med 10363 at: http://archive-ouverte.unige.ch/unige:251.