91
DAN .:: emergency needs assessment branch EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN SITUATION D’URGENCE Evaluation indépendante dans deux régions de Madagascar : Atsimo Atsinanana et Androy Juin 2005 Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) Rome

Evaluation indépendante dans deux régions de …...iii Glossaire : un mini lexique de terminologie employée dans le présent rapport La mission d’Evaluation de la sécurité alimentaire

  • Upload
    others

  • View
    3

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

◙DAN .:: emergency needs assessment branch

EVALUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN SITUATION D’URGENCE Evaluation indépendante dans deux régions de Madagascar : Atsimo Atsinanana et Androy

Juin 2005

Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) Rome

Evaluation indépendante de la sécurité alimentaire en situation d’urgence dans les regions d’androy et d’atsimo atsinanana au madagascar © 2005 Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) Via Cesare GiulioViola 68/70, Parco dé Medici, 00148, Rome, Italie Sous division de l’évaluation des besoins d’urgence (ODAN) Chef: Wolfgang Herbinger Administrateur de projet: Hirotsugu Aiga Tel: +39-06-6513-2231 Courriel: [email protected] Cette évaluation a été financée par le Département du développement international (DFID) du Royaume Uni

Préface

Dernièrement, un intérêt particulier a été porté à la mise en œuvre d’évaluations plus précises des besoins d’urgence. Le Programme alimentaire mondial (PAM), principal intervenant en matière d’assistance humanitaire, a su répondre à cet appel en organisant plusieurs consultations avec des experts, des agences partenaires et des donateurs. Ces consultations ont eu pour objectif d’identifier les améliorations nécessaires en matière d’évaluation des besoins d’urgence et de développer une stratégie pour le renforcement des capacités du PAM dans ce domaine. Cette stratégie, approuvée par le Conseil d’administration du PAM, comprend la préparation d’un manuel d’évaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence, des travaux de recherche sur les méthodologies d’évaluation, l’amélioration de la qualité des informations sur la sécurité alimentaire dans les pays qui connaissent des crises fréquentes, et l’établissement d’une capacité pour entreprendre des évaluations indépendantes.

La mise en place de cette capacité pour réaliser des évaluations indépendantes vise à combler les lacunes identifiées dans les trois situations suivantes : a) l’évaluation des besoins dans les pays où il n’existe pas de Bureau de pays du PAM, b) le renforcement des capacités d’évaluation dans les Bureaux de pays ayant des capacités limitées ; et c) l’apport d’une perspective extérieure dans les pays où les évaluations antérieures ont été contestées. Le présent rapport correspond à la deuxième situation.

Plusieurs localités de Madagascar souffrent de la combinaison d’une insécurité alimentaire chronique et de désastres fréquents et soudains comme les cyclones et les ouragans. De plus, les populations pauvres ont été confrontées à l’augmentation considérable du prix du riz en 2004.

L’évaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence faite en mai 2005 s’est intéressée aux deux régions les plus exposées à la survenue de chocs et dont les indicateurs de sécurité alimentaire et de nutrition étaient les moins favorables : les regions d’Atsimo Atsinanana et Androy. La région d’Atsimo Atsinanana a aussi été sélectionnée à cause du manque de données secondaires à jour s sur la situation actuelle dû à la faiblesse du réseau routier et aux problèmes de communication.

En accord avec les efforts du PAM pour distinguer l’insécurité chronique et transitoire, le rapport met en exergue la nécessité de prendre en compte ces caractéristiques dans le ciblage et dans la détermination de la durée de assistance.

Ce rapport devrait permettre une meilleure compréhension par les divers acteurs intervenant dans l’humanitaire de la nature de l’insécurité alimentaire des populations de ces régions de Madagascar.

Wolfgang Herbinger Chef, Sous-division de l’évaluation des besoins d’urgence Programme alimentaire mondial, Rome

ii

Composition de la mission

• Lezlie C. Morinière, Consultante indépendante (Chef de Mission)

• Claire Rahasinirina, Consultante indépendante (Superviseur de l’Equipe Androy)

• Marie-Donna Ranaivoarivalo, Consultante indépendante (Superviseur de l’Equipe Atsimo Atsinanana)

Le contenu de ce rapport représente une évaluation indépendante des consultants et n'engage pas la responsabilité du Programme alimentaire mondial des Nations Unies ou d’une autre agence du Système.

Remerciements

Les consultants remercient très vivement toutes les personnes et les ménages qui, malgré les grandes difficultés vécues pendant cette période à Madagascar, ont pris le temps de contribuer à cette évaluation indépendante. La mission n’aurait pas pu se dérouler sans l’appui administratif et logistique fourni par Gianluca Ferrera et son équipe du Bureau du PAM / Antananarivo (surtout Maherisoa Rakotonirainy), ainsi que par le Chef du sous- bureau de Ft. Dauphin (et leur personnel technique et administratif).

iii

Glossaire : un mini lexique de terminologie employée dans le présent rapport

La mission d’Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) à Madagascar a été effectuée alors qu’il n’existait encore aucun document en langue française. Les consultants ont donc été dans l’obligation de déterminer eux-mêmes les meilleures traductions des mots-clés nécessaires à cette évaluation. La terminologie employée dans le présent document résulte donc du consensus des consultants francophones participant à la mission. Aucun des termes n’est figé et pour ce qui concerne les futurs documents écrits en langue française relatifs à l’ESASU, toutes les suggestions seront les bienvenues. Néanmoins, la terminologie choisie par les consultants et employée lors des formations et dans les outils de collecte et d’analyse, a été retenue dans le présent rapport pour des raisons de cohérence et de continuité.

• Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) : cette traduction a été recommandée par l’ODAN.

• Risque : fonction de la vulnérabilité du ménage et des chocs auxquels il est exposé. Une communauté à risque est celle qui est la plus vulnérable et exposée au plus grand nombre (ou impact) de chocs (voir « choc » et « vulnérabilité » ci-dessous).

• Choc : événement exogène au ménage et qui l’affecte de façon défavorable. Un choc peut être un aléa climatique/environnemental, économique, épidémiologique/sanitaire, ou lié aux conflits/violences. Un choc devient une catastrophe quand le ménage n’a pas la capacité d’y faire face sans recourir à l’extérieur.

• Vulnérabilité : condition qui décrit le niveau de résilience d’un ménage, ou sa capacité à faire face aux chocs sans mettre en danger ses stratégies productives. NB : dans sa phase épidémique, le choléra est un choc, tandis qu’une fois devenu endémique, il contribue à la vulnérabilité d’une communauté.

• Stratégie de vie : synonyme de « moyens d’existence », « occupation », « modes de vie » ou « économie ménagère », (livelihood, en anglais). La présente terminologie est souvent préférée en Afrique francophone pour sa simplicité de comparaison/contraste avec le terme « stratégie de survie». Une stratégie de vie (une activité courante) peut être l’agriculture, mais une stratégie de survie est le plus souvent un changement de consommation ou l’adaptation ponctuelle d’une stratégie de vie.

• Stratégie de survie : le plus souvent, changement de consommation (contenu ou fréquence), adaptation ponctuelle d’une stratégie de vie, ou autre changement ponctuel qui aide un ménage à faire face aux chocs. Au sens large du terme, une stratégie de survie qui s’installe à long terme ou de façon habituelle pourrait devenir une nouvelle stratégie de vie (faire du commerce, par exemple).Quand une stratégie de survie met en danger la capacité d’un ménage à être productif (vendre des biens agricoles productifs, par exemple), elle devient une stratégie de détresse.

• Ménage : personnes qui partagent à la fois une maison/concession et le repas quotidien.

• Chef de ménage : personne dans un ménage qui a le plus de responsabilités décisionnelles et économiques.

• Repas : ensemble consistant d’aliments, d’habitude mangé chaud par un ménage.

• Période de soudure : période pendant laquelle une entité (ménage, communauté, district, etc.) éprouve de la difficulté à subvenir à ses propres besoins alimentaires, sans référence à une culture spécifique.

iv

Liste des tableaux

1.1 Niveaux d’échantillonnage

1.2 Selection des communes

2.1 Intervention en cours

4.1 Disponibilité et prix des aliments de base au marché

5.1 Activités économiques des ménages étudiées

5.2 Répartition de richesse

5.3 Calendrier de soudure ménagére

6.1 Stratégies de survie en ordre de fréquence par région

7.1 Présence de l’aide alimentaire dans les deux régions en 2004 et 2005

7.2 Forme d’aide alimentaire la plus fréquente, par classe socio économique

7.3 Durée de l’aide alimentaire, par type d’aide

7.4 Importance de l’aide alimentaire pour le bien être du ménage, par type

7.5 Stratégies adoptées en cas d’absence d’aide alimentaire par types d’aide

8.1 Indicateur suppletif de sécurité alimentaire

8.2 Socio démographie par groupe d’ecart

8.3 Ménage avec écart alimentaire

8.4 Nombre de bénéficiaires

8.5 Tonnes de vivres requis

8.6 Priorités sectorielles des ménages

Liste des graphiques

3.1 Typologie des chocs

5.1 Source de revenus monétaire

6.1 Diversité de consommation (contribution des aliments par région)

v

Acronymes

AED Academy for Educational Development BAD Banque Africaine de Développement BM Banque Mondiale CHD Centre Hospitalier de District CHR Centre Hospitalier Régional CNN Conseil National de Nutrition CNS Centre National de Secours CRENA Centre de Réhabilitation Nutritionnelle Ambulatoire CRENI Centre de Réhabilitation Nutritionnelle Intensive CRS Catholic Relief Service CSB Centre de Santé de Base DDSS Direction de la Démographie et des Statistiques DGPG Direction Générale de la Planification Globale du MEFB DIRDR Direction Inter-Régionale de Développement Rural DRDR Direction Régionale du Développement Rural DSM Direction Statistique des Ménages (de l’INSTAT) DSRP Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté EDS Enquête Démographique et de Santé ESASU Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence EPM Enquête Permanente auprès des Ménages EPP Equipe Permanente de Pilotage FAO Food and Agriculture Organisation FOFIFA Foibe Fikarohana momba ny Fampandrosoana ny eny Ambanivohitra (Centre national de Recherche Appliquée au développement rural) GTDR Groupe de Travail pour le Développement Régional IAC Insécurité Alimentaire Chronique IAS Insécurité Alimentaire Saisonnière IAV Insécurité Alimentaire et Vulnérabilité IDH Indice de Développement Humain IFPRI International Food Policy Research Institute INSTAT Institut National de la Statistique IDC Indice de Diversité de Consommation ISS Indice de Stratégies de Survie LPDR Lettre de Politique de Développement Rural MAEP Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche MEFB Ministère de l’Economie et des Finances et du Budget MENRS Ministère de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique MICS Multiple Indicator Cluster Survey (Enquête à Indicateurs Multiples) MinPop Ministère de la Population MinSan-PF Ministère de la Santé et du Planning Familial OMS Organisation Mondiale de la Santé ONG Organisation Non Gouvernementale ONN Office National de Nutrition PADR Plan d’Action pour le Développement Rural PAM Programme Alimentaire Mondial PDR Plan de Développement Régional PNC Programme de Nutrition Communautaire PNN Politique Nationale de Nutrition PNS Programme de Nutrition Scolaire PNSAN Programme National de Surveillance Alimentaire et Nutritionnelle PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement PPN Produits de Première Nécessité PSSA Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire

vi

RGPH Recensement Général de la Population et de l’Habitat ROR Réseaux d’Observatoires Ruraux SAP Système d’Alerte Précoce SEECALINE Surveillance et Education des Ecoles et des Communautés en matière d’Alim. et de

Nutrition Elargie SICIAV Système d’Information et de Cartographie sur l’Insécurité Alimentaire et la Vulnérabilité SIRSA Système d’Information Rurale et de Sécurité Alimentaire SMB Secrétariat Multi-Bailleur SNGRC Stratégie Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes SSA Service de Statistiques Agricoles UE Union Européenne UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’Enfance USAID United States Agency for International Development VCT Vivre contre Travail

vii

Table des matières

Composition de la mission et remerciements……………………………………………………………………... ii Glossaire………………………………………………………………………………………………………………. iii Liste des tableau et graphiques………………………………………………………………………………………iv Acronymes…………………………………………………………………………………………………………….. V Résumé………………… ……….. ……………………………………………………………………………………. 01 Introduction……………………………………………………………………………………….. ……….. ………..04 Chapitre 1 : Objectifs et méthodologie……………………………………………………..... ……….. ………. 04 1.1 Objectifs………………………………………………………………………………………. . ……….. ……….. 04 1.2 Hypothèses de base……………………………………………………………………………………………... 04 1.3 Source de données secondaires………………………………………………………………………………. 04 1.4 Cadre conceptuel………………………………………………………………………………………............. 05 1.5 Méthodologie de collecte et d’analyse……………………………………………………………….. ………. 08 1.6 Limites de l’analyse……………………………………………………………………………………………… 09 Chapitre 2 : Arriére plan socio economique, pré enquête………………………………………………….. 11 2.1 Arrière plan socio-économique …………………………………………………………………………………. 11 2.2 Activités économique pré enquête………………………………………………………………………………12 2.3 Marché………………………………………………………………………………………….. ……….. ……….. 13 2.4 Consommation des ménages……………………………………………………………………….… ……..… 13 2.5 Structures politico sociales en vigueur et intervention en cours…………………………………… ………. 13 Chapitre 3 : Inventaire des chocs et impact…………………………………………………………... ……… 15 3.1 Inventaire des chocs…………………………………………………………………………………………...… 15 3.2 Impact des chocs……………………………………………………………………………………..… ………. 18 3.3 Situation des groupes vulnérables face aux chocs de 2004-2005…………………………………………. 19 Chapitre 4 : Disponibilités alimentaires et dynamique des marchés……………………………………. 21 4.1 Disponibilité alimentaire : production………………………………………………………... ……….. ……….. 21 4.2 Dynamique des marchés…………………………………………………………………….. ……..… ……….. 22 Chapitre 5 : Accès à l’alimentation et stratégies de vie………………………………….. ……….. ……….. 24 5.1 Impact sur les stratégies de vie (activités économiques) des ménages……………………………….…… 24 5.2 Richesse, revenu et biens des ménages…………………………………………. ……….. ……….. ……….. 26 5.3 Demande des produits………………………………………………………………………... ……….. ……….. 28 5.4 Soudure………………………………. ……….. ………. ……….. ………. ……….. ………. ……….. ……….. 29 Chapitre 6 : Consommation, nutrition et santé……………………………………………………………….. 30 6.1 Consommation………………………………… ……….. ……….. ……….. ………. ……….. ……….. ……….. 30 6.2 Malnutrition………………………………………………………………………………………………………... 33 6.3 eau/assainissement…………………………………………………………………………………….. ……….. 34 6.4 Santé…………………………………………………………………………………………… ……… ……….. 35

viii

Chapitre 7 : Aide alimentaires…………………………………………………………………………………….. 36 7.1 Présence de l’aide alimentaire dans les deux régions……………………………………………………….. 36 7.2 Nombre de ménages bénéficiaires de l’aide après le choc 2004/2005…………………………………….. 36 7.3 Rôle de l’aide alimentaire dans les sources d’aliments consommés dans les ménages…………………. 37 7.4 Fréquence de l’aide alimentaire dans les stratégies de vie………………………………………………….. 37 7.5 Perception des ménages bénéficiaires………………………………………………………………. ……….. 37 Chapitre 8 : Assistance requise…………………………………………………………………………. ……….. 41 8.1 Ecart alimentaire………………………………………………………………………………………………….. 41 8.2 Volume des besoins……………………………………………………………………………………………… 43 8.3 Bénéficiaires : qui sont les plus vulnérables ?.......................................................................................... 44 8.4 Quels structures sont prioritaires chez ces bénéficiaires candidats………………………………………… 45 Chapitre 9 : Options de réponses………………………………………………………………………………… 46 9.1…………………………………………………………………………………………………………….. ……….. .46 9.2 Résumé par région……………………………………………………………………………………………….. 49 9.3 Que feront les ménages en cas de non intervention……………………………………………….. ……….. .49 Chapitre 10 : Conclusion et suivi…………………………………………………………………………………. 51 Annexes……………………………………………………………………………………………………… ……..….53

1. Bibliographie, ci-dessous

2. Questionnaires d’enquête : Village et ménages

3. Copie de l’article sur l’insécurité dans l’Atsimo Atsinanana

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

1

Résumé

La situation d’insécurité alimentaire chronique à Madagascar s’est trouvée aggravée par le passage sur l'île de deux cyclones, Elita et Gafilo (fin janvier et début mars 2004, affectant de façon significative la production rizicole-le rapport PAM-FAO a évalué les pertes en riz à 250,000 tonnes), mais aussi par la dépréciation de la monnaie nationale (qui a perdu 48 pour cent de sa valeur face au dollar entre décembre 2003 et juin 2004) et enfin, par la hausse importante du prix du riz sur le marché international (qui est passé de 213$ à 289$ entre février 2004 et janvier 2005 - soit presque 36 pour cent d’augmentation). Ces chocs avaient déjà mis en difficulté les groupes vulnérables, en provoquant notamment une « crise du riz » - une flambée des prix du riz (passés, par exemple, de 2 400 Fmg le kg en avril à près de 7 000 Fmg en décembre 2005) lorsque, en janvier 2005, deux cyclones tropicaux successifs, Ernest et Félipé, ont frappé les côtes de Madagascar provoquant d’importantes inondations, notamment dans la province de Toliara. En outre, des pluies diluviennes se sont abattues sur l’île de fin février à mi-mars 2005, détruisant les routes et inondant les rizières. L’est de la province de Toamasina et l’ouest de Mahajanga ont été particulièrement touchés.

En mai de l’année 2005, une équipe indépendante d’évaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) a été déployée à Madagascar durant six semaines, avec pour objectifs d’étudier l’insécurité alimentaire et les stratégies de vie des ménages, d’estimer le nombre de personnes ayant besoin d’aide alimentaire et non alimentaire, et d’identifier les possibles réponses et options de ciblage des populations nécessiteuses. La méthodologie employée a utilisé conjointement une analyse sommaire des données secondaires et une collecte des données primaires qualitatives et quantitatives sur 250 ménages, 37 informateurs clés et 50 focus groups dans 25 villages à l’intérieur des deux régions suivantes : Atsimo Atsinanana et Androy. Sans prétendre avoir une validité statistique, l’échantillonnage en trois stades servant de double stratification a été choisi afin d’assurer une image représentative des ménages les plus vulnérables des deux régions. L’étude a été limitée par le manque de listes officielles des villages, de cartographie sur les moyens d’existence, de données nutritionnelles au niveau des communes ainsi que par l’accès difficile à l’Atsimo Atsinanana.

Dans cette étude, une moyenne de 51 pour cent des ménages consultés considère que le contexte actuel est une situation de crise : 94 pour cent des ménages de l’Atsimo Atsinanana et 4 pour cent de ceux de l’Androy. Entre 2002 et 2005, un total de 53 chocs a été inventorié, le plus grand nombre --30-- ayant été répertorié dans l’Atsimo Atsinanana. Le choc économique, connu sous le nom de « crise du riz », en 2004, a été ressenti uniquement dans l’Atsimo Atsinanana. Même si les chocs sont plus fréquents dans l’ Atsimo Atsinanana, les ménages de l’Androy les considèrent comme étant plus importants dans leur région (4,3 contre 3,7 pour l’Atsimo Atsinanana). Les chocs enviro-climatiques sont plus fréquents, plus sévères et plus ciblés que les chocs économiques (qui, eux, touchent la totalité de la population) et que les chocs de santé humaine. Quel impact cette série de chocs a-t-il sur les survivants ? La taille des ménages dans les communes les plus vulnérables de l’Atsimo Atsinanana et d’Androy est de, respectivement, 7,7 pour cent et 6,0 membres (selon l’étude actuelle). Ces chiffres, 42 à 46 pour cent plus élevés que lors du Recensement National de 1993 et plus prévalents dans les ménages « riches », soulignent un phénomène peu connu qui est probablement lié à l’accès aux soins et au manque de main-d’oeuvre. 8 pour cent des ménages enquêtés (15 pour cent dans l’Androy contre 2 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana) sont composés d’une personne âgée seule, avec entre 2 et 9 dépendants. Ces ménages sont les plus démunis des régions étudiées.

La même saison 2004/2005 qui a favorisé la disponibilité alimentaire de l’Androy (après deux mauvaises années) a, par contre, été mauvaise pour la production agricole de l’Atsimo Atsinanana (cultures largement détruites). Au moment de l’enquête, les deux régions attendaient ou avaient commencé leurs récoltes et les ménages de l’Atsimo Atsinanana accusaient un stock ménager moyen d’un mois, contre deux mois dans l’Androy. En moyenne globale, 70 pour cent de la production sont consommés, 23 pour cent vendus, 11 pour cent gardés pour les semences et 1 pour cent perdu (la plus grande différence entre les deux régions est dans la proportion mise de côté pour les semences : 15 pour cent dans l’Androy et 9 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana). Les marchés locaux ne sont présents que dans trois villages de chaque région et les villageois font en moyenne 7,4km à pied pour rejoindre le marché hebdomadaire le plus proche dans l’Androy contre 5,8km dans l’Atsimo Atsinanana. En règle générale, il y a moins de denrées disponibles sur les marchés (surtout les produits animaliers, les légumineuses et les fruits/légumes dans l’Androy) et les prix

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

2

sont supérieurs par rapport à la normale des prix pratiqués avant les chocs récents. En moyenne générale, 4,8 mois par an (5,6 dans l’Androy contre 4 dans l’Atsimo Atsinanana) sont ressentis par les ménages comme difficiles, en particulier les mois d’octobre à décembre vécus comme les mois les plus durs.

Dans la moyenne globale des 25 villages, 70 pour cent des ménages sont des agriculteurs, 20 pour cent des éleveurs, 6 pour cent des ouvriers/salariés, 3 pour cent des pêcheurs et 1 pour cent des commerçants. Cependant, on a noté une énorme différence entre les deux régions. Dans l’Atsimo Atsinanana l’agriculture, l’élevage et le travail journalier sont les activités économiques ciblées par respectivement 58, 23 et 12 pour cent des ménages contre 83, 16 et 0 pour cent dans l’Androy. L’enquête actuelle met en évidence un phénomène de main-d’œuvre importante dans l’Atsimo Atsinanana qui avait échappé à l’attention et aux analyses antérieures. La main-d’œuvre fournit 47 pour cent du revenu ménager des plus pauvres dans la région de l’Atsimo Atsinanana, contre 23 pour cent du revenu de la classe moyenne (et 6 pour cent, chez les Antandroy). La plus grande source de revenu pour les ménages des deux régions est la vente des produits agricoles et/ou animaliers : 84 pour cent du revenu pour l’Androy et 54 pour cent pour l’Atsimo Atsinanana. En ce qui concerne la répartition de richesse, selon les perceptions des habitants il y a dans les villages de l’Atsimo Atsinanana deux fois plus de « démunis » mais aussi trois fois plus de ménages de classe moyenne, que dans les villages de l’Androy.

La consommation dans ces ménages révèle un état d’insécurité alimentaire. Les ménages de l’Atsimo Atsinanana mangent, en cette période de crise, une moyenne de 1,9 repas par jour (contre 2,7 dans l’Androy). Le régime alimentaire est bien plus diversifié dans l’Androy, avec un indice de 16,9 contre 12,9 dans l’Atsimo Atsinanana. Les stratégies de survie liées à la consommation sont beaucoup plus importantes dans l’Atsimo Atsinanana (25,7 contre 16,8 dans l’Androy) confirmant l’insécurité alimentaire aiguë de cette région en ce moment de crise. Ceci est renforcé par l’emploi des stratégies de détresse (vente des biens, d’outils, ou des animaux) 2,5 fois plus fréquent que dans l’Androy. Les dépenses allouées à la consommation par les ménages dans l’Atsimo Atsinanana sont plus importantes que dans l’Androy (86 pour cent contre 79 pour cent pour l’Androy). Les résultats des enquêtes des ménages ont permis de calculer un écart alimentaire de 28 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana et de 22 pour cent dans l’Androy.

Dans les deux régions, cette situation aiguë repose sur des problèmes conjoncturels. Les taux de malnutrition chronique, annoncés par le Projet Seecaline (2004) sont alarmants : 48 pour cent pour l’Atsimo Atsinanana et 44 pour cent pour l’Androy. Les causes de malnutrition sont multiples : l’enclavement, le manque d’eau et d’assainissement, la faible diversité de consommation (surtout pour l’Atsimo Atsinanana) et le poids des traditions qui enferment sans cesse les ménages dans une spirale de pauvreté. L’étude a permis de recueillir les perceptions des ménages sur les priorités de développement au niveau communautaire. Dans les deux régions, les problèmes les plus urgents exprimés et identifiés sont liés à l’agriculture et à la santé. Cependant, c’est dans la divergence des réponses des régions que l’on trouve la vraie solution durable pour l’avenir : désenclavement de la région de l’Atsimo Atsinanana et meilleur accès à l’eau pour l’Androy.

Depuis 15 ans, le PAM est devenu une véritable institution dans le grand sud de Madagascar et sa présence (avec bien d’autres acteurs) a fortement contribué à faire baisser les taux d’insécurité alimentaire et de malnutrition de la province de Toliara, taux relativement bas par rapport à ceux des autres provinces –comme en font mention sans équivoque, depuis plusieurs années les documents publiés sur la sécurité alimentaire à Madagascar. Il faut aussi comprendre que le peuple de l’Androy, depuis des générations, a adapté ses stratégies de vie et de consommation à son cruel, capricieux mais providentiel environnement. La moitié (50 pour cent , n=60) des ménages sélectionnés de façon tout à fait aléatoire dans les villages de l’Androy sont des bénéficiaires de l’aide alimentaire du PAM (cantine scolaire et/ou Vivres Contre Travail), 98 pour cent d’entre eux depuis déjà plus d’un an. Seuls 12 ménages parmi les 60 (20 pour cent) figurent parmi les « démunis » de leurs villages (selon la perception des villageois) –une tendance qui souligne l’intérêt d’étudier et de proposer un standard universel de ciblage pour toutes les interventions du PAM. 68 pour cent des ménages bénéficiant de cantines considèrent le PAM comme étant très important, contre 82 pour cent des ménages bénéficiant des VCT. 28 pour cent des bénéficiaires répondent qu’ils diminueraient leur consommation si le PAM n’existait pas, 23 pour cent pensent qu’ils consommeraient plus de raiketa, 22 pour cent travailleraient ou vendraient plus de biens, 7 pour cent migreraient (les autres n’ont aucune idée).

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

3

Cette enquête démontre qu’il faut rapidement trouver un compromis entre l’insécurité alimentaire plutôt transitoire du sud et une dépendance alimentaire potentielle due aux programmations du PAM.

Pour revenir aux objectifs et aux questions posées à l’origine de la présente étude, les résultats confirment sans équivoque le besoin d’interventions alimentaires et non alimentaires pour les ménages les plus vulnérables de Madagascar. La différence entre les deux régions est marquée et les indicateurs synthétisés par région masquent une grande hétérogénéité. L’étude des indicateurs au niveau des classes socio-économiques à l’intérieur des régions est donc préférable ; elle favorise une compréhension plus complète de l’insécurité alimentaire de la région. Les programmes actuels du PAM/Madagascar ont montré leur utilité (confirmée par une situation relativement stable au niveau des ménages plutôt résilients de l’Androy), mais ils gagneraient à intégrer un ciblage géographique (orientant plus les efforts dans les régions de l’est déjà mises en évidence par la littérature) et socio-économique ainsi qu’une mise en œuvre simultanée d’un paquet holistique d’interventions.

Cette enquête démontre que, des deux régions étudiées, la région la plus affectée par les chocs 2004/2005 est celle de l’Atsimo Atsinanana. Tous les indicateurs convergent pour mettre en évidence le besoin d’un paquet composé d’interventions. Suivant strictement les consignes ESASU, le transfert d’aliments ne sera que rarement requis à Madagascar, mais pour assurer une transition en douceur, les interventions classiques de VCT/VCF sont retenues dans la liste. Les auteurs proposent les options de réponse suivantes: soutien aux « livelihoods » et aux marchés dans les deux régions (avec la collaboration des partenaires) mais avec un appui Vivres Contre Travail ciblant le désenclavement dans l’Atsimo Atsinanana et l’invasion des raiketa mena dans l’Androy ; mise en place de cantines scolaires dans l’Atsimo Atsinanana accompagnée d’un projet de fortification en calcium, et un plaidoyer pour un soutien à l’infrastructure sanitaire, d’eau et d’assainissement, et enfin un exercice de Vivres Contre Formation ciblant principalement les règles d’hygiène pour les femmes chefs de ménage de l’Atsimo Atsinanana mais aussi l’alphabétisation des adultes en vue d’une meilleure interprétation des croyances traditionnelles dans l’Androy. Se basant sur une approche méthodologique purement qualitative, les enquêteurs estiment que 10 000 à 12 000 bénéficiaires (ayant un écart alimentaire aigu pas encore ciblé par des interventions en cours) dans la région de l’Atsimo Atsinanana pourraient recevoir entre 300 et 660 tonnes de vivres au cours de la période la plus critique de juillet 2005 à janvier 2006. En ce qui concerne les bénéficiaires ayant un écart alimentaire chronique, entre 23 000 et 46 000 d’entre eux, dans les deux régions pourraient recevoir entre 400 et 750 tonnes de vivres au cours des périodes les plus critiques (4 mois dans l’Atsimo Atsinanana et 5,6 dans l’Androy)

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

4

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

5

Chapitre 1 : Objectifs et méthodologie

1.1 Objectifs

Les objectifs généraux de la présente évaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) sont :

1. déterminer l’amplitude et la sévérité de la sécurité alimentaire des ménages habitant les zones prioritaires du PAM,

2. suggérer des améliorations pour les interventions d’aide alimentaire en cours et à venir. Pour ce faire, étudier la nature et les causes de l’insécurité alimentaire et dresser un état de la situation actuelle, suite aux chocs récents (2004/2005).

Plus spécifiquement, la présente évaluation a été sollicitée afin d’étudier et d’établir :

• Dans les zones où l’insécurité alimentaire est identifiée : les causes et la pertinence des interventions alimentaires et non alimentaires pour les populations;

• Là où une intervention alimentaire est appropriée : les quantités requises, le nombre potentiel et la localité des bénéficiaires, les interventions les plus appropriées ainsi que le calendrier des besoins et les liens entre ces interventions et d’autres programmes en cours ou planifiés.

1.2 Hypothèses de base

Les hypothèses de base à l’origine de l’évaluation soulignent que:

1. les chocs en 2005 ont eu une incidence négative sur l’état de la sécurité alimentaire des ménages ;

2. l’insécurité alimentaire en résultant est axée sur une combinaison de facteurs conjoncturels et transitoires ;

3. la variation entre les zones prioritaires du PAM semble être importante d’après les données officielles de Madagascar.

1.3 Sources de données secondaires

Madagascar, pays riche en informations, souvent mal exploitées ou mal diffusées, bénéficie d’un bon nombre de sources d’information permettant une comparaison des six provinces, des 22 régions, des 111 districts et plus récemment des 1385 communes. Même si le recensement démographique date de 1993 (en cours de mise à jour pour 2007), l’Enquête Permanente des Ménages (EPM, INSTAT) et l’Enquête Démographique et Sanitaire (EDS, MACRO/USAID) produisent régulièrement des informations utiles et valables au niveau des six provinces (y compris les indicateurs de sécurité alimentaire et de la malnutrition). La Banque Mondiale avec le Projet Seecaline a construit en 1998 et à nouveau en 2004, une base de données sur la nutrition (indices anthropométriques) au niveau du district (n=111). Les Réseaux d’Observatoires Ruraux (ROR, sur financement européen) suivent l’évolution des ménages dans 18 sites sentinelles et le Système d’Alerte Précoce (SAP, AEDES) surveille la situation alimentaire dans 87 communes de la province de Toliara depuis 1997. En 2001, un recensement communal a été entrepris par le Projet ILO/Université de Cornell avec FOFIFA/INSTAT et est, à ce jour, la seule source d’information valable au niveau des communes et ceci pour le pays tout entier.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

6

1. 4 Cadre conceptuel

Pour atteindre les objectifs énumérés ci-dessus et dont l’importance a été confirmée par le PAM/Madagascar, des outils (voir Annexe 2) ont été élaborés pour établir une mesure quantitative et qualitative de l’état des lieux en sécurité alimentaire, l’inventaire des chocs, les stratégies de vie et de survie et enfin l’écart à l’alimentation. Ces notions ont été documentées et triangulées à travers plusieurs sources (informateurs clés, participants aux focus groups, ménages et mères) afin de permettre une connaissance complète de la situation de la sécurité alimentaire par région étudiée.

L’étude a été menée sur la base d’un cadre logique de Sécurité de Stratégies de Vie des Ménages (Household Livelihood Security en anglais) et de Gestion des Risques et Catastrophes (GRC, où la notion de « risque » est une fonction de choc et de vulnérabilité). L’équipe d’évaluation indépendante a employé ce cadre logique pour faire face de façon holistique à la panoplie des besoins d’un ménage. Une étude holistique permet une analyse triangulée des problèmes et contribue à l’identification des solutions (alimentaires ou non alimentaires) les plus susceptibles d’assurer un impact durable.

La Sécurité des Stratégies de Vie des Ménages est définie comme « l’accès adéquat et pérenne au revenu et/ou aux ressources suffisantes pour répondre aux besoins primordiaux » (y compris l’accès alimentaire, l’eau potable, la santé, l’éducation, l’habitat, la participation communautaire et l’intégration sociale). Les Stratégies de vie peuvent comprendre plusieurs activités et l’ensemble met à la disposition des ménages une variété de sources d’aliments et de revenu. Les stratégies de vie sont sécurisées lorsque les ménages s’approprient suffisamment de ressources (tangibles et intangibles) ou d’activités génératrices de revenu pour pouvoir réduire leur vulnérabilité et de ce fait atténuer les chocs et prévenir les désastres.

1.5 Méthodologie d’échantillonnage

L’objectif principal pris en compte dans l’échantillonnage était d’obtenir une représentativité qualitative des régions –mais surtout la représentativité des ménages les plus vulnérables dans chaque région. L’exercice n’a recherché aucune validité statistique dans la collecte des informations. La contrainte principale dans la détermination de la taille de l’échantillon des villages résidait dans le nombre de jours disponibles pour le travail de terrain (collecte des informations). Avec ces objectifs et ces limitations, la méthodologie de choix consistait à établir un échantillonnage en deux degrés avec une combinaison de sélection aléatoire, employant deux niveaux de stratification. La stratification est requise pour contrôler l’hétérogénéité dans les zones et villages et ne diminue aucunement la valeur d’une subséquente sélection aléatoire. Un minimum de 100 ménages a été recherché par région géographique, suivant les directives du Manuel ESASU. La méthodologie est détaillée dans le Tableau 1 ci-dessous.

L’échantillonnage dans les régions a été réalisé en quatre phases (région, commune, village, ménages) et a employé la stratification à deux niveaux : commune (qualitative et sans classification) et ménage (quantitative, et classification des ménages par le niveau perçu de richesse). Sans parvenir à une fiabilité parfaite dans les résultats, cette méthode réussit à capter toutefois une grande partie de la variance des communes les plus vulnérables à l’intérieur de chaque région – ceci grâce à la méthodologie de sélection des échantillons décrits ci -dessous. Elle permet également de connaître la diversité de vulnérabilité de chaque région et donc d’en donner une image représentative au moment de l’enquête.

A Definition of Livelihood ‘A livelihood comprises the capabilities, assets (stores, resources, claims and access) and activities required for a means of living: a livelihood is a sustainable strategy which can cope with and recover from stress and shocks, maintain or enhance its capabilities and assets, and provide sustainable opportunities for the next generation: and which contributes net benefits to other livelihoods at the local and global levels in the long and short term.’

Chambers and Conway, 1992

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

7

Tableau 1.1: Niveaux d'échantillonnage Niveau Nombre étudié Méthode de sélection Critères de sélection

1 Regions 2 Intentionnelle Zones de priorité PAM, basées sur une classification des régions (voir ci-dessous)

2 Communes Stratification qualitative (sans classification),

basée sur la diversité d’activité économique, de culture principale et de choc chronique (selon les données RC/ILO) et de présence de chocs récents (CNS)

3 Villages 25 Aléatoire Représentativité de la zone, employant le poids de population par commune

Stratification: 3 Strates par village (classification : Pauvres, Moyens et Non Pauvres) basée sur la perception des habitants employant des critères spécifiques à chaque village à travers un focus group

4 Ménages 250 Aléatoire Répartition selon les classes de richesse (voir stratification)

• Sélection des régions

La sélection des régions à étudier a été faite sur la base des cinq critères suivants :

o une analyse des données secondaires sur la situation structurelle des populations (une combinaison de trois indicateurs : le taux de malnutrition chronique, un indice d’insécurité alimentaire –sur le pourcentage des populations ayant des problèmes d’accès aux aliments– et le nombre de chocs exogènes). Cette analyse a permis une classification des communes en fonction de leur situation structurelle en sécurité alimentaire, et seules les communes se trouvant parmi les plus touchées ont été prises en considération (voir sélection des communes ci-dessous).

o l’occurrence des chocs actuels (saison cyclonique 2004/2005, selon le CNS)

o l’occurrence d’autres systèmes de collecte au niveau des ménages (afin d’éviter la duplication),

o le budget et le temps alloués à l’exercice (autorisation à visiter un maximum de 13 villages par région), et

o les priorités géographiques actuelles du PAM/Madagascar.

Deux régions ont été choisies pour l’enquête ESASU. Ces régions sont l’Androy (province Toliara) et l’Atsimo Atsinanana (province de Fianarantsoa) .Voir carte ci-dessous.

L’hypothèse de base reposant sur une différence importante entre les régions prioritaires du PAM, un examen de ces différences est nécessaire. Les données Seecaline/Banque Mondiale de 2004, par exemple, confirment un taux moyen de malnutrition chronique de 48 pour cent pour l’Atsimo Atsinanana --10 pour cent de plus par rapport à l’Androy (44 pour cent). L’Analyse de Risque de CNS/CARE (employant les données RC/ILO de 2001) souligne que le niveau de risque (vulnérabilité et choc) est plus élevé dans l’Atsimo Atsinanana (placée 4ème sur les 22 régions) que dans l’Androy (14ème place). L’analyse FAO/SICIAV (utilisant aussi les données RC/ILO), fait état d’un taux d’insécurité alimentaire chronique et transitoire plus élevé dans l’Atsimo Atsinanana (respectivement 10 et 48 pour cent) que dans l’Androy (respectivement 8 et 24 pour cent). Même si les indicateurs « outcome » demeurent plus élevés pour la région de l’Atsimo Atsinanana, d’autres indicateurs sont plus accentués dans l’Androy : le taux de femmes chefs de ménage (source : Recensement Démographique 1993), par exemple, reste plus élevé dans l’Androy (22 pour cent) que dans l’Atsimo Atsinanana (17 pour cent).

Limite DistrictLimite RégionLimite Région de la mission

LimiteLimite DistrictLimite RégionLimite Région de la mission

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

8

• Sélection des communes (stratification informelle)

Pour prendre en considération la variation importante agro-climatologique ainsi que la variété des moyens d’existence à l’intérieur de chaque région, une stratification a été requise. La sélection des villages à travers cette stratification permet d’assurer une représentativité (non statistique, mais qualitative) des villages les plus vulnérables dans les régions, –d’en donner du moins une image illustrative meilleure (plus riche en informations) que celle que l’on aurait obtenue si aucune stratification n’avait été employée.

Dans chaque région, un certain nombre de communes a été choisi afin de saisir la diversité (hétérogénéité) des ménages les plus vulnérables dans les deux régions. La commune n’a pas été choisie dans le but d’effectuer une comparaison de ces unités, mais parce que les données disponibles à ce niveau (les villages nous faisant défaut) permettaient une « stratification » informelle1 des stratégies de vie. Celle-ci a été faite avec des informateurs clés, sur la base des données du Recensement Communal (ILO/Cornell, 2001). Les indicateurs employés dans la sélection des communes étaient :

1. le score de risque (plus important que 1,3) dans la classification des communes, selon leur situation structurelle en sécurité alimentaire (voir plus haut),

2. la répartition des ménages à travers quatre activités économiques (agriculture, pêche, élevage, et service/urbain) afin de mettre en évidence la diversité de la commune,

3. la culture principale de la commune, et

4. la présence de chocs récents, un mélange de oui (inondation, cyclone) et de non.

Ces critères ainsi que les noms des communes sont définis par région dans le Tableau 2 ci-dessous.

Tableau 1.2: Séléction des communes Région

Nom de la Commune (Indice de risque; rang)

Activité économique (Ag/Pech/Elev/Serv) Culture principale Choc

actuel Atsimo Atsinanana (86 communes)

1. Midongy Atsimo (5,97 ; 2) 2. Maroteza (3,46 ; 7) 3. Karianga (2,73 ; 19) 4. Soakibany (2,42 ; 25)

1. 70/0/25/5 2. 99/0/0/1 3. 100/0/0/0 4. 60/25/15/0

1. Riz 2. Café 3. Café 4. Riz

1. Inondation 2. Inondation 3. Non 4. Non

Androy (46 communes)

1. Sarisambo (2,32 ; 1) 2. Beloha (1,78 ; 3) 3. Marovato (1,53 ; 4) 4. Faux Cap (1,37 ; 6)

1. 100/0/0/0 2. 80/0/9/11 3. 48/10/40/2 4. 36/26/36/2

1. Riz 2. Manioc 3. Maïs 4. Patate douce

1. Non 2. Non 3. Cyclone 4. Cyclone

• Sélection des villages

Le nombre maximum de villages à enquêter dans chaque région a été fixé à 13 (nombre limité aussi par le budget et le calendrier) ; ce nombre a été réparti par commune, selon le poids de sa population. Dans l’Androy entre 2 et 5 villages ont été sélectionnés par commune et dans l’Atsimo Atsinanana entre 1 et 7. Dans chaque commune, la liste des villages (fokotany) et leur nom ont été vérifiés avec les autorités communales (et si besoin était, une mise à jour a été effectuée). Un total de 25 villages a été sélectionné de façon aléatoire et étudiée (voir le nom des villages en annexe).

• Sélection des ménages

Partant de l’hypothèse qu’il y avait une hétérogénéité à l’intérieur des villages (pas forcement prise en compte dans un échantillonnage strictement aléatoire), les enquêteurs ont procédé à une stratification socio- économique. Une classification de richesse a été faite, utilisant les perceptions d’un groupe restreint de villageois ; et le nombre total des ménages a été réparti en quatre groupes : « riches », « moyens »,

1 Le résultat de cette stratification dite « informelle » n’est pas la comparaison des strates (communes) mais l’assurance que la diversité des zones les plus vulnérables a été prise en compte dans l’analyse des besoins. Aucune attention n’est donc donnée à la comparaison des strates/communes dans le présent rapport.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

9

« pauvres », et « démunis ». Les dix ménages ont été choisis de façon aléatoire, en fonction du poids de chaque classe. Un total de 250 ménages a été visité.

Lors de l’interview réalisée en grand groupe devant tout le village, un registre recensant les ménages a été établi avec, dans la mesure du possible, mention du nom et du genre du chef de ménage. Pendant l’exercice « Répartition de Richesse » (voir méthodologie qualitative ci-dessous) les ménages ont été scindés par un groupe d’informateurs clés / villageois en quatre classes en fonction de leur richesse relative: les « riches », les « moyens », les « pauvres », et les « démunis ». Cette classification2 était une seconde stratification –cette fois-ci au niveau des villages (voir Stratification B, Tableau 1 ci-dessus). Elle a permis d’éviter qu’un échantillonnage aléatoire ne tombe sur les ménages d’une même classe, les pauvres par exemple. Les critères de richesse reflétaient les perceptions des habitants des villages et ont donc été différents dans chaque village. L’évidence empirique affirme que cette méthodologie, dite qualitative, bien menée contribue à une meilleure compréhension des dynamiques villageoises. L’accent est mis moins sur la sélection des critères proposés par les habitants que sur la relative proportion de richesse qui en résulte ; ceci permet ensuite la sélection aléatoire des ménages à enquêter. Dans le cas de l’ESASU, la méthodologie garantit que l’ensemble des ménages dégage une image représentative du village ; elle est forcément plus riche qu’un échantillonnage des ménages purement aléatoire.

1.6 Méthodologie de collecte et d’analyse

Deux outils de collecte ont été employés dans la présente étude : 1. Fiche Enquête Village et 2. Fiche Enquête Ménage. Les deux fiches de collecte figurent en annexe du présent rapport. La Fiche Enquête Village est de 12 pages et la grande majorité des critères qu’elle contient est qualitatif. La Fiche Enquête Ménage (4 pages) est principalement quantitative. Pour faciliter les conclusions par village (conclusions à tirer en consensus, par les membres des équipes d’enquêteurs), une matrice de triangulation a été employée. Cette matrice, n’est pas un outil de collecte mais de conclusion qualitative par village.

Ces outils / questionnaires ont été finalisés par l’équipe des consultants au cours de la semaine précédant la formation. Le point de départ était constitué d’outils de collecte utilisés en Guinée lors d’une évaluation effectuée par TANGO fin 2004 ainsi qu’en RDC dans une évaluation PAM/ESASU. Aucune traduction française - la langue locale- n’a été effectuée car les délais fixés pour l’évaluation ne le permettaient pas.

Méthodologie qualitative et quantitative

Les techniques de recherche qualitative pour chaque village incluent : interviews en groupe, entretiens en groupe restreint (Focus), interviews avec les informateurs clés du village (commerçants, personnel de santé, enseignants, etc.) et Répartition de Richesse. Le Focus Group intitulé Répartition de Richesse (RR) est décrit avec davantage de détails dans le Texte Box ci-joint car c’est la technique qualitative la plus complexe et la moins connue. Chaque technique utilisée est le sujet d’une ou de deux pages dans la Fiche Enquête Village, qui oriente et standardise la collecte d’informations qualitatives. Ces outils de collecte ont été appliqués systématiquement dans chaque village, enregistrés dans la mesure du possible sur dictaphone et transcrits / saisis dans une matrice de triangulation en MS Word avec les conclusions de l’équipe de chercheurs. Les interviews des ménages (total de 250 ménages) ont été menées en employant un questionnaire de quatre pages contenant pour la plupart des aspects quantitatifs identifiant les caractéristiques des ménages, leurs biens, leurs stratégies de vie et leurs priorités.

2 Cette classification suit l’exemple testé et analysé lors du recensement communal/ILO, 2001 et est reprise dans l’analyse SICIAV, 2004.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

10

Focus Group : Répartition de Richesse (RR) Entre quatre et six représentants du village sont nommés pour participer à des focus groups. Les critères de participation sont : une présence dans le village depuis longtemps et une bonne connaissance nominative de la population. On veille à une bonne représentativité : âge, genre, stratégie de vie et richesse. Les informations échangées dans le focus group étant sensibles, elles resteront confidentielles et ne seront pas enregistrées. Si la liste des ménages est prête, complète et pas trop longue, la séance dure en moyenne 75 minutes. Elle est dirigée par au moins deux chercheurs. La séance s’organise autour de 3 petites questions. 1. La première question posée est : « comment savez-vous si un habitant de votre village est riche, pauvre… ? ».

Cette question engage d’habitude une conversation dynamique et colorée, et il faut encourager les opinions de chaque participant. Chaque critère proposé est valable et noté.

2. La deuxième question est censée approfondir la classification. Par exemple : « vous dites que le nombre de zébus appartenant à un habitant est important. Les riches, donc ont combien de vaches… ? et le pauvre, lui, en a combien ? » Il est toujours plus facile d’avoir une précision pour les « extrêmes », et plus difficile de déterminer les « moyens ». Tous les critères sont traités jusqu'à ce qu’on arrive à étoffer au moins trois critères avec des détails variés pour quatre catégories (riches, moyens, pauvres et démunis).

3. La dernière question est posée au vu de la liste de ménages, en prennant les noms des ménages un par un : «ce ménage est dans quelle catégorie, par rapport à nos trois critères ? ». Très souvent, il faut trianguler avec les autres habitants « Mr. X, a plus ou moins que Madame Y ?» ou avec les autres critères « vous avez dit que Mr. Y avait 6 bovins, mais combien de huttes a-t-il ? ». Quand la confusion règne au début de la liste, il faut saisir les occasions de changer/renforcer les critères avant de continuer.

Même si les critères employés diffèrent selon les villages (ceci mérite souvent une analyse à part), les résultats des villages ou zones sont comparables car ils représentent toujours la perception locale de richesse. La Répartition de Richesse construit une base de connaissances utiles et intéressantes, facilite la sélection des ménages à enquêter qui forment un ensemble représentatif, et permet une comparaison entre classes socio-économiques et zones d’étude.

• Organisation et formation des équipes et déroulement de la collecte, saisie et nettoyage

Une formation du personnel a eu lieu à Tananarive du 7 au 9 Mai 2005 pour 8 personnes. Le choix des participants s’est fait à partir de critères d’expérience, de connaissance des dialectes et de familiarité des zones. Ces agents ont été formés en techniques de recherche qualitative et quantitative. Les enquêteurs et les superviseurs des deux équipes ont été aussi formés à la saisie qualitative en MSWord et à la saisie quantitative en EpiInfo. Pour les deux sessions de formation, le Chef Formateur était Lezlie Morinière. Faute de temps, les outils de collecte n’ont été qu’informellement pré-testés à Tananarive entre les participants de la formation.

Les enquêteurs ont été regroupés en deux équipes, une par région. Le travail de terrain a commencé le mardi 10 mai 2005 et a duré approximativement 23 jours, avec un rythme d’un jour par village et un jour de voyage jusqu'à ce que tous les villages de la région aient été enquêtés. Les dernières copies des données papier sont arrivées à Tananarive le lundi 6 juin 2005. Les données quantitatives ont été saisies par les équipes à Tananarive, nettoyées et finalisées par l’équipe de consultants, supervisées par le Chef de Mission, le vendredi 10 juin 2005. Une semaine a été ajoutée aux contrats des enquêteurs afin qu’ils puissent mieux étoffer les informations qualitatives.

1.7 Limites de l’analyse

Les consultants sont convaincus que les données ESASU rendent compte de la situation des ménages les plus vulnérables dans les deux régions visitées au moment de l’étude. Les limitations de cette étude au niveau de la qualité des données et des conclusions sont inventoriées ci-dessous.

o Il n’y a pas de liste officielle définitive et complète des communes et des villages de Madagascar. Cette lacune a compliqué la présélection des communes et des villages dans l’échantillonnage. Une fois sur le terrain, on remarque très souvent que les noms des communes, ainsi que le nombre et les noms des fokotany (villages) sont erronés ou modifiés. Les données fiables relatives au nombre d’habitants font aussi défaut ;

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

11

o Le manque de fiabilité de la répartition géographique des stratégies de vies (moyens d’existence) des ménages dans les régions a rendu difficile la stratification des communes ;

o Le temps et le budget n’ont pas permis une collecte des données anthropométriques dans les villages étudiés. Le manque d’éléments, à ce niveau, a nui à la compréhension des causes et des déterminants de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition. Les analystes remercient le Projet Seecaline d’avoir donné les données anthropométriques non encore officielles au niveau des fivondronana ;

o Dans la région de l’Atsimo Atsinanana, l’infrastructure routière, les pluies mais aussi l’insécurité rendent difficile l’accès aux villages choisis de façon aléatoire. Deux villages présélectionnés dans cette région ont du être exclus de l’étude l’un, parce qu’il a été impossible d’ y accéder et l’autre parce qu’il a été trouvé vidé de ses habitants (en fuite à la suite d’une menace des dahalo, voleurs de zébus). Voir article dans l’annexe qui est sorti la semaine après l’enquête ESASU.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

12

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

13

Chapitre 2 : Arrière-plan socio–économique, pré-enquête

Ce chapitre a pour objectif de dresser l’état des lieux des deux régions avant les différents chocs de 20042005. Une grande partie de ce chapitre utilise des données et des rapports secondaires ; cependant, certaines conclusions décrites ci-dessous sont le fruit de la recherche qualitative au niveau de 25 villages et ne prétendent pas avoir une validité statistique.

2.1 Arrière-plan socio-économique, pré-enquête

Les deux régions qui font l’objet de la présente étude ESASU, l’Atsimo Atsinanana (qui se traduit littéralement par Sud-Est en français) et l’ Androy (traduit par pays des épines), sont séparées par la région de l’Anosy. Malgré leur proximité, elles présentent de grandes différences que ce soit sur le plan du microclimat, de la pluviométrie, du régime alimentaire ou des traditions. L’Atsimo Atsinanana appartient à la province de Fianarantsoa et l’Androy à celle de Toliara.

Actuellement, les plus grandes différences socio-démographiques entre les régions concernent la densité de la population et le niveau d’analphabétisme. (Voir Tableau 3). En règle générale, l’est du pays est bien plus peuplé que le sud et l’ouest ; 25 personnes/par km2 habitent la région de l’Atsimo Atsinanana tandis que 18 personnes/par km2 habitent l’Androy. L’importance donnée à l’éducation par les paysans du sud-est date de beaucoup plus longtemps que dans le sud – phénomène visible à travers le taux de fréquentation des écoles des chefs de ménage. Les villages de la région de l’Atsimo Atsinanana sont relativement mieux pourvus en écoles primaires et publiques (moyenne de 85 pour cent), en instituteurs et en matériel didactique. Actuellement, grâce au recrutement d’instituteurs suppléants, les infrastructures scolaires de la région sont très convenables. Les villageois envoient leurs enfants, filles et garçons en âge d’être scolarisés, à l’école (taux de scolarisation 81 pour cent). Dans la région d’Androy, les statistiques ont montré qu’il y avait une école primaire publique pour 2 villages (moyenne 58 pour cent). Il y a plus de filles que de garçons qui fréquentent l’école (ratio 6:1). Au Sud, les garçons commencent dès leur plus jeune âge l’apprentissage de la gestion du patrimoine (bovins). Les parents préfèrent que leurs fils reçoivent leur éducation en s’occupant du patrimoine et laissent leurs filles aller à l’école (taux de scolarisation 61 pour cent).

Dans les villages de la région de l’Atsimo Atsinanana étudiés ici, les ménages sont de taille plus grande que ceux de la région d’Androy avec des moyennes de 5,4 contres 4,01 dans l’Androy. Cette situation et le grand nombre de femmes, chefs de ménage au sud, s’expliquent par la polygamie pratiquée dans le sud-est qui veut que chaque femme du chef ait sa case et que, à l’âge de la puberté, les adolescents soient autorisés à vivre dans une case séparée de celle de leurs parents et de leurs jeunes frères et sœurs. Dans la région de l’Atsimo Atsinanana, les femmes chefs de ménage sont célibataires et peuvent avoir beaucoup d’enfants. La pratique de la polygamie entraîne une progéniture nombreuse. Ainsi, un ménage polygame a toujours des enfants de moins de 5 ans que les pères laissent à la charge des mères jusquà ce que les enfants soient en âge de travailler.

Dans la région de l’Atsimo Atsinanana, les villageois de la commune de Midongy du Sud sont en majorité originaires des Antaisaka mais on peut trouver des immigrants de Fianarantsoa (Betsileo). Au fur et à mesure que l’on pénètre dans les hautes terres, le nombre des immigrants venant de Fianarantsoa, Ambalavao et Ihosy augmente. La population de la région d’Androy est composée en majorité d’ Antandroy avec des minorités originaires de Vezo sur le littoral, de Tanosy et de Bara à Bekily.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

14

2.2 Activités économiques (moyens d’existence), pré-enquête

• Agriculture

La région de l’Atsimo Atsinanana posséde de vastes terres cultivables et aménageables, une plaine littorale, des bas-fonds, d’importantes richesses en biodiversité et des ressources forestières de différents types (forêt littorale, forêt dense et humide) et enfin de nombreux cours d’eau navigables et exploitables en hydro électricité. Globalement, dans la région de l’Atsimo Atsinanana, l’agriculture reste tributaire du régime des pluies. La culture fruitière est abondante, surtout la banane qui vient s’ajouter au café ainsi que les agrumes et les litchis. Sur la falaise, les accidents du relief et l’exiguïté des vallées aménageables limitent la surface des terres favorables à la culture du riz irrigué et la population locale a recours à la culture du riz sur brûlis. Dans le district de Midongy Atsimo, les cultures vivrières prédominent (riz de première et deuxième saison, manioc, patate douce, maïs, haricot et arachide) et, même si l’ensemble de la région est propice aux cultures de rente (en particulier le café), celles-ci sont marginales à Midongy. Par contre, dans le district de Vondrozo, elles sont très importantes. Le passage des cyclones (l’ensemble de la région est vulnérable aux phénomènes des cataclysmes naturels tels que inondation, cyclone et prédateurs) réduit la superficie cultivée et pour éviter ce cataclysme, les paysans cultivent le maïs après les périodes de froid (mois d’août) et après le passage des cyclones en février/mars. Le haricot se cultive sur des sols riches. Dans le Sud- Est, la culture de l’arachide est pratiquée pour l’alimentation humaine (80 pour cent) et pour la vente locale.

Globalement, les terres cultivables de l’Androy sont très limitées et leur exploitation semble atteindre le seuil de saturation. Les surfaces cultivables et qui sont déjà cultivées ne représentent que 3 pour cent de l’ensemble des terres de la région. Les raisons de cette situation sont les suivantes: dans les zones humides, les montagnes occupent une grande partie de la surface des terres et on rencontre peu de sol utile pour l’agriculture ; dans les zones côtières le sol est inculte ; dans l’Androy sédimentaire (Tsihombe, Beloha) qui jouit d’un climat influencé par l’humidité marine, les terres cultivables sont exploitées au maximum ; dans l’Androy cristalline, il y a peu de terre fertile. Le climat aride et semi-aride et les sols peu fertiles conditionnent le développement de l’agriculture. Dans l’ensemble de la région on rencontre trois types de culture : cultures vivrières composées principalement de riz, manioc et maïs ; cultures industrielles représentées par la canne à sucre et l’arachide ; cultures de rente, essentiellement le café et le sisal.

• Elevage

L’élevage bovin est majoritaire dans de nombreux districts de la région de l’Atsimo Atsinanana. Cependant on note aussi une forte proportion de porcins dont l’élevage dans certains endroits peut être plus important que l’élevage bovin ; il est bien plus développé ici qu’à l’Androy. En élevage bovin extensif, le pâturage naturel est de qualité médiocre sur tanety et surfaces érodées. L’élevage porcin et l’aviculture se rencontrent dans tout le Sud- Est en élevage extensif.

L’élevage bovin occupe une place primordiale dans la région d’Androy où il se trouve largement répandu. Il s’agit surtout d’un système d’élevage extensif. Les animaux sont laissés en pâturage lequel est généralement pauvre. Pour obtenir des repousses et des herbes plus abondantes en saisons de pluie, les éleveurs recourent aux feux de brousses en octobre et novembre. L’abreuvement reste aussi critique. D’où les transhumances signalées vers le Nord en saisons sèches (de Beloha vers Jafaro et Antanimora) par défaut d’hydraulique pastorale. Les haies de raiketa3 se vendent pour l’alimentation animale. Les bœufs conditionnent le rythme de vie de la population dans la région d’ Androy. Pris en général comme indicateurs de richesse en tant qu’épargne, les bœufs sont destinés à trois utilisations : moyen de production agricole, sacrifice dans les rites traditionnels ou marque de respect dans les cérémonies familiales, bien commercial échangé sur le marché spécifique des bovidés. Les ovins, caprins et volailles sont généralement destinés à l’autoconsommation et intègrent faiblement le circuit commercial. Les dindons constituent néanmoins une source de revenu des ménages qui en pratiquent l’élevage. L’élevage porcin existe, même si la consommation du porc est taboue pour les Antandroy.

3 Le raiketa (Opuntia dillenii) ou figuier de Barbarie, introduit dans le grand sud malgache par le comte de Modave au XVIII siècle constituait jadis une véritable manne en période de disette, servait et sert aujourd’hui encore de haie autour des villages et des maisons.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

15

2.3 Marché

Les marchés de l’Atsimo Atsinanana assurent à la fois une fonction de collecte et de redistribution des produits de l’élevage, de l’agriculture et de la pêche destinés à la consommation locale et à la commercialisation intérieure. Certains marchés sont importants comptes tenus de leur accessibilité et de leur rôle économique. D’autres marchés sont spécialisés dans la collecte de produits particuliers : le café dans 60 à 80 pour cent des exploitations mais aussi le poivre et le girofle dans les districts de Farafangana, Vondrozo, Vangaindrano. Les marchands ambulants se chargent du ravitaillement en produits de première nécessité provenant de l’Antananarivo ou de Fianarantsoa. Ils desservent surtout les zones enclavées à accès difficile. Il existe des détaillants/collecteurs dans la région. Ils travaillent dans les zones rurales, pour leur propre compte en général ; les producteurs leur apportent leur production. Dans la majorité des cas ce sont des grands commerçants qui jouent ce rôle. Ils achètent, soit le paddy, soit le riz blanchi. Souvent ils stockent le produit pour le vendre en période de soudure dans la même localité. Les produits de la pêche sont collectés hors marchés par les marchands ambulants. Tous les chefs-lieux de sous-préfectures ont également un marché hebdomadaire des bovins.

Dans l’Androy, les marchés assurent aussi à la fois une fonction de collecte et de redistribution des produits de l’élevage et de l’agriculture. Il existe des marchés spécialisés dans la collecte de produits particuliers : pervenche à Tsihombe, piment à Ranopiso, café et banane à Manantenina. Les marchands ambulants se chargent du ravitaillement en produits de première nécessité provenant de l’Antananarivo, Fianarantsoa et Taolagnaro. Ils desservent les axes RN10 et RN13 des principaux embranchements. Les produits de la pêche sont collectés hors marchés par les sociétés de pêche. Tous les chefs-lieux de sous-préfectures, excepté Taolagnaro, ont également un marché hebdomadaire des bovins.

2.4 Consommation des ménages

La région de l’Atsimo Atsinanana n’arrive pas à satisfaire les besoins en riz – aliment de base quasiment unique - de sa population, mais les ménages ont de plus en plus recours à d’autres cultures vivrières comme le manioc et la patate douce et à des cultures fruitières comme les bananes et les agrumes. Le facteur route condamne les ménages en majorité agriculteurs à renoncer à l’intensification de leurs cultures et à la recherche des aliments dans les communes avoisinantes (transport des produits difficile, commercialisation ponctuelle voire inexistante dans les différentes communes).Du fait du faible revenu des ménages, les produits animaliers sont réservés à la vente et aux grands malades.

Dans l’Androy, les aliments de base sont constitués de tubercules avec une forte proportion de manioc. Ensuite, vient le maïs qui se trouve défavorisé du fait qu’il requiert pour sa cuisson une forte demande en énergie. La végétation xérophile de la région offre elle aussi une richesse nutritionnelle toute l’année ; on procède à la cueillette ou au ramassage des tubercules sauvages. Dans ce paysage paradoxal, la nature offre un grand panel nutritionnel qui n’exige pas toujours la culture mais aussi la maîtrise de sous sol. Les produits animaliers ne sont pas destinés à la consommation journalière. Le lait caillé est aussi présent. La famille consomme du manioc, seul ou mélangé au voanemba (légumineuse locale) pendant toute l’année. La fréquence des repas est beaucoup plus fonction du temps consacré aux travaux agricoles et à la recherche de bois de chauffe que de la disponibilité du stock d’aliments.

2.5 Structures politico- sociales en vigueur et interventions en cours

Dans les deux régions, la structure administrative est bien en place avec des chefs de districts, des maires pour les communes et des chefs de quartiers pour les Fokontany. Si les chefs de district et les maires disposent de bâtiments administratifs pour leurs bureaux et de résidences, les chefs de quartiers utilisent leur maison /case comme bureau. Seul le Fokontany de Bekofafa dans la commune de Midongy du Sud (région du sud-est) n’a pas son chef de quartier lequel est désigné par le maire de la commune concernée et ce fokontany est administré actuellement par le Komitim-Pokonolona.

Si aucune ONG internationale n’a pu s’installer dans les communes les plus à risque de la région de l’Atsimo Atsinanana jusqu’à aujourd’hui, la région d’Androy par contre bénéficie depuis une vingtaine d’années d’une multitude de projets à moyen et long terme. A l’heure actuelle, 24 interventions externes sont inventoriées à

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

16

l’intérieur des 25 villages (voir Tableau 4): 4 dans l’Atsimo Atsinanana (une moyenne de 0,31 par village) et 20 dans l’Androy (une moyenne de 1,6 par village). Dans l’Atsimo Atsinanana, les secteurs ciblés par ces interventions sont surtout l’éducation et l’environnement tandis que presque la moitié des interventions dans le sud concernent le transfert alimentaire en cantine ou VCT, l’agriculture et l’enclavement.

Tableau 2.1: Interventions en cours

Nombre

total Nombre

par village Domaine d’intervention

Nb. intervention : Secteur (« autres » exclus)

Atsimo Atsinanana 4

Moyenne : 0,31 par village (4 villages:1 intervention ; 9 villages: aucune intervention)

2: Education (FID, Akamasoa), 1: Environnement

Androy 20

Moyenne : 1,6 par village (1 village : 4 interventions ; 2 villages : 3; 5 villages : 2; 5 villages : aucune intervention)

9: Aide alimentaire (PAM, Seecaline) 3: Agriculture (GTZ, PSDR, CRS) 2: Enclavement (Seecaline) 2: Crédit (FID/INPF) 1: Education (catholique)

Des interventions de développement existaient depuis 2003 comme la réhabilitation/construction d’écoles primaires (FID, UE) ; les interventions de la SEECALINE (nutrition) et le VCT (réhabilitation des routes) sont plus timides. Ces interventions sont appréciées par les ménages même si leurs impacts positifs ne sont pas connus. Dans la région de l’Androy, il y a beaucoup plus d’interventions extérieures en cours. Il s’agit des interventions des organismes suivants : AES/PAEPAR (eau/500 forages), PAM (AA/enclavement), PSDR (agriculture), BIT/UNICEF (éducation), Mission catholique (eau/assainissement) et GTZ.

Etant donné les difficultés en eau que connaît le Sud, le projet 500 forages ont été très attendus par les villageois. Mais, par la suite, les communautés l’ont refusé car les conditions de sa mise en œuvre étaient inadaptées aux capacités locales. « Le projet 500 forages est trop exigeant en ce qui concerne notre contribution. Donc, on a préféré l’arrêter » disent les villageois de Mahasoa, commune de Sarisambo, district de Bekily.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

17

Chapitre 3 : Inventaire des chocs et impact socio-démographique

Ce chapitre a pour objectif de dresser l’inventaire des chocs, de faire un état des lieux et enfin d’étudier l’impact socio-démographique de ces chocs sur les ménages les plus vulnérables des deux régions. Les conclusions décrites ci-dessous ne prétendent pas avoir une validité statistique, mais sont le résultat des déductions et des estimations faites par les auteurs et basées sur la triangulation de toutes les sources d’information disponibles (y compris les enquêtes des ménages).

3.1 Inventaire des chocs

• Arrière-plan

Madagascar est un pays fréquemment exposé à des catastrophes naturelles. Sur une période de 30 ans (1968 à 1999), on estime que les cyclones et les sécheresses ont causé plus de 1 000 morts et la destruction du logement d’environ 445 000 personnes avec des dégâts estimés à plus d’un milliard de dollars (CRED, 2000). Dans la partie méridionale du pays, des communes souffrent régulièrement de la sécheresse mais les données montrent que des régions de l’Est et de l’Ouest connaissent également ce fléau. En 1998-99, la province de Toliara détenait le record des communes présentant des problèmes liés à la sécheresse (52 pour cent).

Les analyses sur la pauvreté montrent toutes que ce sont les chocs à caractère familial, tels que les maladies ou les décès, qui précipitent les ménages dans la pauvreté. La spirale ne peut ensuite être brisée en raison de l’absence de mécanismes pouvant leur venir en aide. La perte du revenu du chef de famille décédé–aggravée déjà par le coût des funérailles supporté par les survivants- est la cause principale de la paupérisation des ménages vulnérables.

Les aléas climatiques de l’ Atsimo Atsinanana et l’appauvrissement des sols par érosion et cultures sur brûlis, ajoutés à l’absence d’un tissu industriel et à la paralysie des échanges internes, limitent les initiatives de développement du secteur primaire et entraînent une dégradation des revenus des paysans. A la fin de 2002, la région de l'Androy a connu une grande sécheresse qui s’est traduite par une période de soudure plus longue que d'ordinaire : il a fallu tirer la sonnette d’alarme quant à un éventuel kéré (famine). La sécheresse sévit également sur les hautes terres centrales bien que sa fréquence ait diminué au cours des dernières années. Par contre, à la même période, dans les autres provinces, ce fléau a augmenté.

La situation d’insécurité alimentaire chronique à Madagascar a été aggravée par le passage sur l'île de deux cyclones, Elita et Gafilo, (fin janvier et début mars 2004, qui ont affecté de façon significative la production rizicole --le rapport PAM-FAO a évalué les pertes en riz à 250,000 tonnes), mais aussi par la dépréciation de la monnaie nationale (qui a perdu 48 pour cent de sa valeur face au dollar entre décembre 2003 et juin 2004) et enfin, par la hausse importante du prix du riz sur le marché international (qui est passé de 213$ à 289$ entre février 2004 et janvier 2005 - soit presque 36 pour cent d’augmentation). Ces chocs avaient déjà mis en difficulté les groupes vulnérables, en provoquant notamment une « crise du riz » --une flambée des prix du riz (passés, par exemple, de 2 400 Fmg le kg en avril à près de 7 000 Fmg en décembre 2005) quand, en janvier 2005, deux cyclones tropicaux successifs, Ernest et Félipé, ont frappé les côtes de Madagascar provoquant d’importantes inondations, notamment dans la province de Toliara. En outre, des pluies diluviennes se sont abattues sur l’île de fin février à mi-mars 2005, détruisant les routes et inondant les rizières. L’est de la province de Toamasina et l’ouest de Mahajanga ont été particulièrement touchés.

• Chocs d’après l’ESASU

Un inventaire des chocs a été dressé pour chaque village. Cet inventaire a été utilisé dans les discussions en Focus Group. Sans imposer ni classification ni ordre, on a demandé aux participants de raconter les différents chocs qui ont perturbé leur vie au cours des trois dernières années. Ensuite, les enquêteurs ont pu classifier les chocs et approfondir les points suivants : fréquence, sévérité et cible de chacun ; dégâts

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

18

causés et actions entreprises par les participants avant (préparation ou prévention) et après (réponse) que le choc ait eu lieu ; perception de leur capacité actuelle à faire face aux chocs à venir. La typologie des chocs employée a permis de les répartir en 4 classes : environnemental/climatique (exemples : sécheresse, inondation, peste, érosion, maladies animales, déforestation), socio-économique (exemples: chocs politiques, discrimination, accès non équitable aux ressources, chocs macro-économiques, marché et échange), santé (exemples: maladies, épidémies, paludisme, choléra, dysenterie, SIDA, blessures), et conflit (exemples: guerre, violence, criminalité).

• Typologie des chocs

L’étude des villages visités lors de l’ESASU 2005 confirme que les ménages sont surtout vulnérables aux caprices de la nature (i.e. : chocs environnementaux). Il est intéressant de voir qu’un seul village de l’ Atsimo Atsinanana a mentionné la crise du riz. Le fait qu’aucun village de l’Androy ne l’ait citée souligne l’importance que revêt cette denrée pour la région. Parmi les chocs cités dans ces deux régions, il y a ceux qui sont de nature:

o environnementale (inondations, cyclone, sécheresse, vents violents secs, grêle, prédateurs) : un total de 45 chocs (soit 85 pour cent) est classé comme étant de nature environnemental, 25 chocs (80 pour cent) pour l’Atsimo Atsinanana et 20 chocs (89 pour cent) pour l’Androy.

o santé humaine (paludisme, diarrhées, rubéole et choléra) : 5 villages dans le Sud- Est et 3 dans le Sud, et

o socio-économique (crise du riz) : 1 village de l’Atsimo Atsinanana.

En moyenne globale, les chocs environnementaux sont plus fréquents que les chocs de santé humaine ou les chocs économiques. Selon les victimes, ils sont aussi les chocs les plus sévères4, avec un indice de 4,18 contre 4,0 pour la crise du riz et 2,9 pour les chocs de santé humaine. La crise du riz a touché 100 pour cent de la population du village enquêté tandis que les chocs environnementaux ont touché en moyenne 94 pour cent de la population et les chocs de santé humaine 38 pour cent. (Voir Graphique 1).

• Fréquence des chocs

Pendant les années 2002 à 2005 (trois ans), les communautés ciblées par les enquêtes ont mentionné la présence de 53 chocs : 30 chocs dans la région de l’Atsimo Atsinanana contre 23 dans celle de l’ Androy. En moyenne générale, chaque village a inventorié 2,12 chocs durant les derniers trois ans (2,14 par village de l’Atsimo Atsinanana et 1,92 par village d’Androy). Les villages de l’Atsimo Atsinanana ont noté un plus grand nombre de chocs différents, mais moins fréquents (3,33 fois en trois ans, contre 3,84 dans l’Androy), moins

4 La sévérité des chocs est exprimée par les victimes elles -mêmes sur une échelle allant de 1 (moins sévère) à 5 (le plus sévère).

Graphique 1: Typologie des Chocs

0 5 10 15

Inond

ation

Cyclon

e/Ven

t/Grele

Sech

eres

se

Pred

ateur

Sante

Autre

No. de Fois Inventories (3 ans, tous les villages compris)

Sud EstAndroy

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

19

de population touchée en moyenne (82 pour cent contre 91 pour cent dans l’Androy) et avec une moindre sévérité (3,7 contre 4,3 dans l’Androy sur un score maximal de 5).

Dans l’Atsimo Atsinanana, la fréquence des chocs (nombre de fois en 3 ans) s’explique par la situation géographique des fokontany ciblés par les enquêtes et par la dégradation de leur environnement. Ainsi, les fokontany de Morondava, d’Amboniasy et de Bekofafa sis dans la commune de Midongy du Sud ont été frappés par des inondations, de la grêle, des insectes et des épidémies qui ont atteint le maximum, 5 fois en 3 ans.

Dans l’Androy, la perception des communautés locales à l’égard de l’intensité des chocs est spécifique à chaque commune. Ainsi la fréquence de la sécheresse varie de 4 à 5 dans les fokontany appartenant à la commune de Beloha ; il en est de même pour les maladies épisodiques et le choléra ; la fréquence des vents violents secs est de 3 à 5 dans les communes de Marovato et de Faux Cap lesquelles se trouvent à proximité du littoral.

• Sévérité

Les chocs ont été classés par degré de sévérité (1 à 5, 5 étant le plus sévère). La moyenne --tout choc confondu --obtenue au niveau des deux régions n’accuse pas de différences significatives : elle est de 3,8 pour l’Atsimo Atsinanana contre 3,5 pour l’Androy. Cependant, cet indice est au maximum dans les 7 fokontany de la commune de Midongy du Sud qui ont subi des inondations (2 d’entre eux ont été également frappés par la grêle) ainsi que dans les 5 fokontany de Beloha et 2 autres fokontany de Sarisambo. Dans ces derniers concernés par la sécheresse, l’indice de sévérité a atteint le niveau le plus sévère, 5.

• Population touchée

Une grande différence est observée au niveau de la proportion de population touchée par l’ensemble des chocs : 84 pour cent pour l’Atsimo Atsinanana contre 68 pour cent pour l’Androy. Ainsi à l’exception d’une maladie qui a frappé 5 pour cent des enfants de Beharaotry, le pourcentage de population sinistrée dans l’Atsimo Atsinanana varie de 50 à 100 pour cent, alors que dans le Sud, c’est plutôt le faible pourcentage de population atteint de choléra (8 pour cent) qui influe sur la moyenne. Les résultats obtenus auprès des ménages ciblés par les enquêtes ont montré que les inondations constituent le choc le plus important pour le Sud-Est au cours de la dernière saison des pluies. Ce sont surtout les ménages « moyens »,, gros propriétaires des rizières, qui ont été les plus frappés (1,00 contre la moyenne régionale de 0,81). En effet, la commune de Midongy se trouve dans une cuvette où l’évacuation des eaux des rizières se fait difficilement.

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: « Quand les vents violents arrivent, le village entier est anéanti : les animaux domestiques moururent. Les zébus et les chèvres sont atteints de maladies hémorragiques graves chaque fois que les vents violents s’abattent sur le village ».

Un éleveur dans le fokontany d’Amboandelaka (Ccommune Tsihombe, Androy)

« Les habitations qui se trouvent sur le bas fond ont été inondées. Les populations fuyaient avec leurs animaux domestiques pour trouver un refuge sur la partie haute du village. Pour cela, ils ne demandaient plus l’autorisation de leurs hôtes mais se bousculaient dans des cases qui leur sont ouvertes. »

Le président du fokontany de Vohimanoro (commune Midongy, Atsimo Atsinanana)

« Je me souviens très bien qu’auparavant quand nous étions jeunes, il n’y avait pas d’inondation car l’écoulement des rivières était plus facilité car moins d’érosion »

Un père de famille dans la commune de Midongy du Sud (Atsimo Atsinanana)

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

20

Toutefois, les enquêtes menées auprès des ménages ont révélé que ce sont les « pauvres » et les « démunis » (2 ménages pauvres et un démuni) qui ont déjà bénéficié de l’aide post-choc dans l’ Atsimo Atsinanana.

La sécheresse a dominé dans l’Androy, notamment chez les « pauvres » (0,34 contre la moyenne régionale de 0,27) qui, dans la grande majorité, n’ont ni zébu, ni chèvre dont la vente pourrait servir de stratégie de survie au ménage face à un choc. Cependant, aucun ménage n’a déclaré avoir reçu de l’aide suite aux chocs 2004/2005.

• Préparation pour les chocs futurs

Les populations enquêtées dans la région de l’Atsimo Atsinanana ont déclaré trois fois plus souvent (1,4 fois en moyenne contre 0,5 dans l’Androy) qu’elles ne se sentent pas préparées pour affronter des chocs futurs –ou, moins bien préparées qu’avant. Les villages de l’Atsimo Atsinanana se sentent mieux préparés pour 7 chocs liés à l’environnement, à la santé et aux prédateurs, sur les 30 qui les ont frappés (soit 23 pour cent).

Concernant les inondations, les mesures préventives prises par les ménages concernaient : « la préparation de pirogue, la récolte précoce des produits agricoles, le stockage de vivres, le logement temporaire chez ceux qui habitent la hauteur, le renforcement des maisons d’habitations». La vaccination des enfants et l’adoption de comportements indiqués par des activités de sensibilisation étaient les stratégies utilisées par des fokontany avant l’arrivée des épidémies. Enfin, le fokontany d’Amboniasy (Midongy, Atsimo Atsinanana) procédait à l’utilisation d’insecticides pour protéger ses cultures contre l’arrivée des prédateurs.

C’est surtout l’absence d’information concernant aussi bien la menace d’un choc que les précautions à prendre qui expliquent le manque de préparation dans les deux régions. En effet, les enquêtes entreprises auprès des ménages ont montré, par exemple, que seulement 15 pour cent d’entre eux sont propriétaires de radio dans l’Atsimo Atsinanana contre 19 pour cent dans l’Androy.

3.2 Impacts des chocs

• Mortalité

Deux chocs principaux ont entraîné des pertes en vie humaine dans la région de l’Atsimo Atsinanana à savoir : la santé (le paludisme, les diarrhées et la rubéole) des populations dans 4 fokontany. Cette dernière ne touchait que les enfants de moins de 5 ans ; et les inondations qui se sont produites à Amboniasy dans la commune de Midongy. Dans l’Androy, l’épidémie de choléra a tué 26 personnes dans deux fokontany ciblés par les enquêtes à Faux-Cap. Enfin, la mort du cheptel aussi bien bovin que caprin était la conséquence de la sécheresse et/ou des vents violents.

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: Dans l’Androy, 13 pour cent des populations se préparent à faire face aux chocs imminents. « Pour cela, on procède au sacrifice d’une chèvre pour demander une bénédiction à Dieu autour de la pluie et de la cessation des vents. »

Deux fokontany de Beloha (Région Androy) atteints par la sécheresse et les vents violents.

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: « Après l’inondation, la qualité de l’eau de consommation est polluée. Des épidémies de diarrhées sévissent toute la population. Des enfants en sont particulièrement les victimes car ils sont très fragiles. Ils n’ont pas encore la force de lutter contre les maladies ».

Une mère de famille du fokontany Soakibany Centre (Midongy, Atsimo Atsinanana)

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

21

• Déplacement des populations

Depuis des générations dans le Sud, la migration est devenue une réponse saisonnière et/ou chronique à l’insécurité alimentaire. Beaucoup de familles sont parties vers les provinces de Mahajanga et d’Antsiranana pour ne plus revenir au village. Dans certains cas, les fils ou les filles mères célibataires partent laissant leurs enfants aux vieilles grand-mères maternelles. Au contraire au Sud-Est les villageois ne voyagent pas au-delà de la région et seulement pour une courte durée.

Si, après un choc, l’émigration des populations n’a pas été signalée dans l’Atsimo Atsinanana, celle-ci est plutôt importante chez les Antandroy., Les enquêtes effectuées auprès des communautés villageoises ciblées a révélé que, au total: « 189 ménages ont quitté la région depuis 2004». Par ailleurs, une moyenne de 0,28 pour cent d’un ménage enquêté du sud, est composée d’un membre parti vers d’autres régions pour « chercher du travail » ; une moyenne de 0,44 pour cent des ménages « démunis » est composée d’un membre déjà émigré. Son départ a-t-il mis en danger le ménage ou vice versa ?

Après la sécheresse ou le passage de vents violents, des déplacements vers Tuléar, Majunga, Diégo et Tsiroanomandidy ont été signalés car : « les cultures du manioc sont touchées, tout le cheptel bovin est mort». Si 5 fokontany sur les 12 étudiés dans l’Androy ont des habitants qui ont adopté récemment cette stratégie de réponse aux chocs, les 7 autres fokontany ont opté pour : « la consommation des raiketa et des tamarins, la vente du cheptel bovin ou caprin, l’entraide sociale, ou l’attentisme ».

3.3 Situation des groupes vulnérables face aux chocs de 2004-2005

Quand on demande aux villages « qui sont les premiers touchés par un quelconque choc ? », les réponses, dans les deux régions, illustrent parfaitement le poids de la tradition. Dans l’ Atsimo Atsinanana la réponse la plus fréquente concerne les femmes chefs de ménage5. Quant à l’Androy, 9 fois sur 10 la réponse touche ceux qui n’ont pas de zébu.

Dans l’Androy, 40 pour cent des ménages n’ayant ni zébu, ni chèvre, ni mouton (n=72) sont considérés par les villageois comme les plus vulnérables aux chocs. Cependant ce chiffre est respectivement de 7/39/55 pour cent pour les moyens/pauvres/démunis. L’ultime recours consiste à vendre des zébus pour acheter des produits de consommation familiale.

Outre les femmes chefs de ménage (et leurs enfants) et les ménages pauvres/démunis (n’ayant pas d’élevage, par exemple) d’autres groupes vulnérables ont été ciblés et touchent les familles nombreuses, les personnes âgées seules (ou avec des charges) et les ménages moins lettrés:

5 Un total de 83 pour cent d’entre elles sont des mères célibataires, c’est à dire qu’elles n’ont jamais été mariées alors qu’elles ont des enfants à leur charge. Par contre le reste concerne les femmes séparées, veuves ou abandonnées.

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: • « Depuis plusieurs années, des familles ont décidé de quitter

l’Androy pour Toliara, de Mahajanga et d’Antsiranana pour ne plus revenir au village. Quand la production est mauvaise, la prise de décision autour de l’émigration est immédiate. Pour avoir de l’argent, ceux qui s’émigrent, exercent des travaux journaliers dans ces régions. Les frais de taxi brousse équivalent au prix de vente de 1 ou 2 zébus. Il y a ceux qui partent avec leur familles si les frais sont suffisants ; sinon les femmes et les enfants restent au village.»

Région Androy • « Dans ma famille, personne n’est allé aussi loin que

Ranomena » un père de famille (Ranomena se trouve à 50 km de route secondaire de Midongy), Atsimo Atsinanana

• « 30 personnes environ ont contracté des passeports pour une émigration auprès du Fokontany » le Président du Fokontany de Bevaro Ambaro, Androy

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

22

• Familles nombreuses:

Le dernier Recensement National de la Population et de l’Habitat a donné, pour les deux régions, les chiffres suivants concernant la taille des ménages 5,4 membres par ménage pour l’Atsimo Atsinanana et 4,1 membres pour l’Androy. La présente étude ESASU 10 ans plus tard --visant les ménages des communes les plus vulnérables-- annonce une moyenne de 7,7 membres par ménage pour l’Atsimo Atsinanana et 6 membres pour l’Androy. Un total de 136 ménages (54 pour cent, ou 65 pour cent dans l’ Atsimo Atsinanana et 43 pour cent dans l’ Androy) a au moins 6 membres. Dans les deux régions, les ménages d’au moins 6 membres sont le plus souvent de classe moyenne (plutôt que « pauvres » ou « démunis ») : la répartition par classe est respectivement de 78/67/61 pour cent et de 73/42/32 pour cent pour les moyens/pauvres/démunis de l’Atsimo Atsinanana et l’Androy.

Cette énorme augmentation (entre 42 et 46 pour cent) de la taille des ménages correspond-elle à un phénomène de paupérisation chez les plus vulnérables ? Une tendance générale accompagnant le taux de croissance ? ou le moyen d’assurer de la main-d’œuvre aux ménages les plus aisés? Quelle que soit l’explication, beaucoup d’analyses confirment la vulnérabilité des grandes familles.

• Personnes âgées seules (ou avec des charges) :

8 pour cent des ménages enquêtés --et surtout les ménages « démunis »-- sont composés d’une personne âgée (60 ans ou plus) sans autre adulte (entre 15 et 59 ans) pour aider à gérer le ménage. Ce phénomène est beaucoup plus prononcé dans l’Androy : 15 pour cent contre 2 pour cent dans Atsimo Atsinanana. Les chefs de ménage âgés ont entre 2 et 9 dépendants (une moyenne de 5,5 dans l’Atsimo Atsinanana et de 3,5 dans l’Androy). Dans les deux régions, entre 50 et 61 pour cent de ces ménages (n=1 et 11), ont à leur tête des femmes chefs de ménage.

• Ménages avec des chefs moins lettrés

D’après les résultats ESASU, 18 pour cent des adultes dans l’Atsimo Atsinanana et 60 pour cent de ceux de l’Androy sont analphabètes. Dans les deux régions, le niveau d’éducation baisse avec la pauvreté: respectivement 7/18/20 pour cent pour les ménages moyens/pauvres/démunis de l’Atsimo Atsinanana et 43/63/81 pour cent pour l’Androy. On remarque un phénomène divergent intéressant en ce qui concerne la scolarisation des enfants. Dans l’Atsimo Atsinanana, le taux de scolarisation des enfants, 81 pour cent, est plus élevé que dans l’Androy, 61 pour cent. Cependant, le taux de scolarisation dans l’Atsimo Atsinanana diminue avec la pauvreté tandis que dans l’Androy le taux augmente avec la pauvreté : 100 pour cent des enfants des ménages de classe « moyenne » dans l’Atsimo Atsinanana sont scolarisés contre respectivement 82 et 77 pour cent pour les ménages « pauvres » et « démunis »,. Dans l’Androy, c’est l’effet inverse avec 53 pour cent des enfants scolarisés des ménages « moyens » comparés à 57 et 73 pour cent des ménages « pauvres » et « démunis ». Cette différence pourrait s’expliquer par le fait que les enfants de l’Atsimo Atsinanana sont retenus chez eux pour travailler les champs ou aider à la maison avec les nombreux autres enfants tandis que le système de cultures dans l’Androy est moins exigeant et les familles y sont plus petites. Si dans l’Atsimo Atsinanana le niveau d’éducation n’a pas ou peu de relation avec l’insécurité alimentaire aiguë suite à un choc, les ménages ayant des problèmes alimentaires chroniques y sont deux fois moins instruits. La relation éducation/vulnérabilité dans l’Androy est moins nette, mais les anecdotes de l’enquête ont révélé une tendance récente qui tend à privilégier l’éducation, malgré les difficultés. (voir Anecdotes en Boite de Texte).

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: La vente des zébus ne s’effectue que après un choc et si le cheptel caprin est épuisé.

Village Amboadelaka, Commune Marovato, Androy

En consultant ses archives sur la vente des zébus qui s’est produite dans son fokontany, « il existe une réduction importante au niveau du nombre de cheptel bovin des ménages. Ainsi, un éleveur propriétaire de 12 zébus en 2004 n’a plus que 8 en 2005 »

Président du fokontany d’Antavy Nord, Androy

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: L’école du village est fermée depuis 1987 : « L’école est maraboutée : ils ont fait tomber plusieurs foudres et envahir l’école de serpents ». Ceci a causé du mépris des villageois pour l’enseignement.

Village Zambe, Beloha, Androy L’accès facile de l’école incite les parents à envoyer les enfants suivre leurs études. L’école possède des outils assez satisfaisants pour réaliser l’éducation des enfants.

Village Vohimanoro, Midongy, Atsimo Atsinanana

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

23

Chapitre 4 : Disponibilité alimentaire et dynamique des marchés Ce chapitre a pour objectif d’expliquer la disponibilité alimentaire et l’état des marchés dans les deux régions. Les conclusions décrites ci-dessous ne prétendent pas avoir une validité statistique, mais sont le résultat des déductions et des estimations des auteurs, basées sur la triangulation de toutes les sources d’information disponibles (y compris les enquêtes des ménages).

Les sources d’aliments les plus fréquemment citées par les ménages sont la production agricole (97 pour cent, n=243 ménages sur 250 qui, en règle générale, consomment 70 pour cent de leur production) suivie du marché (95 pour cent, n=237). La disponibilité alimentaire à travers ces deux sources, production et marchée, est décrite ci-dessous.

4.1 Disponibilité alimentaire : production

Dans les deux régions, la disponibilité alimentaire sous forme de production agricole concerne principalement le riz et le manioc (ce qui confirme globalement les hypothèses sur lesquelles les communes ont été choisies). Dans l’Atsimo Atsinanana, dans 9/13 villages, le riz est la culture la plus importante en superficie, suivi par le manioc (n=4 villages) et il est encore plus important en valeur (cité comme la culture la plus importante en valeur par 12/13 villages). Dans l’Androy, 8/12 villages citent le manioc comme étant la culture la plus importante en superficie, et 7/12 le citent pour sa valeur. Les trois autres villages citent le haricot, le maïs et la patate douce comme les cultures les plus importantes en superficie et deux citent le haricot ; enfin un village cite le maïs, la patate douce et l’arachide pour leur valeur. Un total de 11 des 250 ménages (4 pour cent) ne pratique pas l’agriculture (tous les 11 se trouvent dans la région d’Androy avec respectivement 1/3/7 ménages venant des classes moyens/pauvres/démunis,).

En ce qui concerne l’Atsimo Atsinanana, l’équipe ESASU est arrivée sur le terrain à un moment de crise (une grande partie de la récolte prévue pour le mois de juin ayant été détruite) et juste avant la récolte prévue dans l’ Androy. Les mois les plus difficiles pour les ménages du sud-est sont d’habitude juillet à octobre. Les stocks alimentaires sont faibles à cause des chocs récents (cyclone et inondation en 2005) et du prix exorbitant des denrées. Les mois les plus difficiles pour les ménages du sud sont octobre à janvier.

Une fois leur production récoltée, qu’en font les ménages ? En moyenne globale, 70 pour cent de la production sont consommés, 23 pour cent vendus, 11 pour cent gardés pour les semences et 1 pour cent perdus (la plus grande différence entre les deux régions réside dans la proportion mise de côté pour les semences : 15 pour cent dans l’Androy et 9 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana).

Cette période d’insécurité transitoire (liée surtout aux inondations du sud-est mais aussi à la soudure saisonnière du sud), a eu pour conséquence une réduction des stocks ménagers. En moyenne globale, les ménages avaient en leur possession 1,5 mois de stocks alimentaires : 1 mois pour l’Atsimo Atsinanana et 2 mois pour l’Androy. Bien évidemment, les ménages « démunis » avaient moins : 0,9 mois pour l’Atsimo Atsinanana et 1,7 mois pour l’Androy. Seuls 8

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: Nous avons besoin des outils de travail comme la bêche et les brouettes pour accélérer nos travaux.

Village Vohimanoro, Midongy, Atsimo Atsinanana

L’insuffisance des matériels agricoles pour l’aménagement d’autres rizières nous pousse à faire le défrichement de la forêt.

Village Beharahotry, Commune Soakibany, Atsimo Atsinanana

Les femmes n’ont pas droit à l’héritage, notamment des rizières, dans la société traditionnelle de l’Atsimo Atsinanana. Elles ne disposent pas de force physique nécessaire pour assurer la riziculture sur colline. Les travaux journaliers auprès des riches constituent alors leur stratégie de vie alors que ceux-ci ne s’exercent pas pendant les inondations car les cultures sont touchées.

Réunion du fokontany à Milahila, Commune Midongy, Atsimo Atsinanana

Les femmes célibataires ne possèdent pas de terrain cultivable parce que ce sont les hommes qui sont toujours les héritiers des biens après le décès des parents. Des fois, les frères de ces femmes célibataires feront le secours pour les aider. Les femmes mères célibataires pratiquent surtout la chasse et la cueillette. Elles ne peuvent pas gagner assez parce qu’il faut aller loin du village et ce qui fatigue le plus. Alors qu’elles sont obligées de le faire faute de force de travail et faute de terrain à cultiver.

Village Vohimanoro, Midongy, Atsimo Atsinanana

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

24

ménages n’avaient aucun stock au moment de l’enquête – tous habitaientt dans l’Androy.

4.2 Dynamique des marchés

Les villages étudiés de la région de l’Atsimo Atsinanana sont médiocrement desservis par des pistes (qui ne sont praticables qu’un mois sur 12). Les villageois doivent marcher et porter les marchandises à dos d’homme sur en moyenne 17.54 Km avant d’arriver dans un endroit desservi par un taxi-brousse. Dans la région d’Androy, les fokontany sont accessibles toute l’année.

Dans les deux régions de l’Atsimo Atsinanana et d’Androy, seuls trois villages ont des marchés hebdomadaires. Les villageois enquêtés doivent parcourir en moyenne, respectivement 5,08 km dans l’Atsimo Atsinanana et 7,35 Km dans l’Androy pour aller aux marchés. Les boutiques, elles-aussi, sont rares avec 1 boutique pour 4 villages dans l’Atsimo Atsinanana et moins de deux boutiques par village dans l’Androy. On y trouve aussi des commerçants immigrants chinois et des marchands ambulants venant de Betsileo et de Bara. Ces commerçants de descendants chinois ont une activité intéressante dans la mesure où ils sont également des opérateurs économiques de la région. Ils collectent les produits locaux comme le riz, le café, la girofle, le raphia, et l’or. Les villageois arrivent chez ces collecteurs pour vendre ou troquer leurs produits et s’y ravitaillent en produits de première nécessité (PPN).

Pour la région d’Androy, même si les marchés sont plus éloignés des villages que dans l’Atsimo Atsinanana, les familles s’y rendent de la même façon pour se procurer les différents produits. Les interventions socio-économiques des Pères catholiques (utilisant le système HIMO/VCT pour la réhabilitation des pistes) constituent des éléments non négligeables dans le dynamisme des activités commerciales des villageois. Ceux-ci, en particulier les femmes, y participent durant une demi-journée pour se procurer des aliments de base et ont ensuite d’autres activités génératrices de revenu ou s’adonnent à l’agriculture.

• Disponibilité des produits aux marchés

En moyenne plus de la moitié des familles enquêtées ont dit trouver les légumineuses (70 pour cent), les fruits et légumes (62 pour cent), et les produits animaliers (56 pour cent) aux marchés. Cependant, ces chiffres présentent des différences entre l’Androy et l’Atsimo Atsinanana. Dans la région de l’Androy, l’accès de la population à ces produits est trois fois moindre par rapport à celui de la population de l’Atsimo Atsinanana. L’accès aux aliments de base ne présente pas beaucoup de différence entre les deux régions (98 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana et 92 pour cent dans l’Androy).

• L’offre et le prix des denrées sur le marché

En dehors des catastrophes naturelles, ce sont les fluctuations de prix qui sont le déterminant principal de l’insécurité alimentaire. L’analyse de l’IFPRI et du FOFIFA (1998) a mis en évidence le fait que ce sont principalement les fluctuations de prix du riz local, en particulier dans les régions ayant un accès difficile aux infrastructures (comme l’Atsimo Atsinanana), qui sont les plus directement associées à l’insécurité alimentaire.

Malgré des variations régionales importantes, la récolte principale de riz se fait généralement entre mars et août et les prix du riz sont au plus bas au mois de mai. Après la récolte, les prix atteignent un pic aux mois de février-mars et restent élevés jusqu’à la récolte suivante. La majorité des habitants de la région de l’Atsimo Atsinanana ne s’est pas encore remise de la chute des prix du café du début des années 90.

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: « La dernière fois que les automobiles ont été arrivées aux villages de la Commune de Moroteza c’était en 1953 »

l’Adjoint au Maire de VohiborekaAtsimo Atsinanana

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

25

Tableau 4.1 :

Disponibilité et prix des aliments de base au marché

La baisse des prix agricoles est d’ailleurs généralement perçue comme étant la cause principale de la dégradation des niveaux de vie dans la région. Les points saillants de la relation entre l’offre et les prix figurent ci-dessous et dans le Tableau 5. Cette relation reste proche de la normale dans l’Atsimo Atsinanana mais présente des anomalies accentuées dans l’Androy.

Région de l’Atsimo Atsinanana :

o Respectivement 61 pour cent et 77 pour cent des villages enquêtés ont trouvé que la disponibilité avait diminué aux marchés du riz et du manioc, par rapport à la normale.

o Prix : respectivement 46.2 pour cent et 61.5 pour cent des villages ont vu les prix du riz et du manioc augmentés après le choc, 31 pour cent et 23 pour cent trouvaient une stagnation des prix et pour les 23 pour cent et 15 pour cent restants, les prix des denrées aux marchés fréquentés étaient inférieurs à la normale.

o Relation normale : moins d’offre (riz et manioc), prix plus élevés.

Région d’Androy

o Respectivement 60 pour cent et 100 pour cent des villages enquêtés ont trouvé que la disponibilité aux marchés du riz et du manioc avait diminué, , par rapport à la normale. Pour 20 et 0 pour cent des villages enquêtés, la quantité des aliments disponibles aux marchés n’a pas changé et les 20 et 0 pour cent restants ont noté une augmentation des prix aux marchés.

o Prix : Les villages ont vu aux marchés les prix du riz (20 pour cent) et du manioc (20 pour cent) supérieurs après le choc. D’autres villages trouvaient une stagnation des prix (0 pour cent pour le riz et 40 pour cent pour le manioc) et pour les 80 et 40 pour cent restants (riz et manioc respectivement), les prix des denrées aux marchés fréquentés avaient baissé.

o Relation moins nette entre l’offre et les prix.

Riz Manioc Disponibilité Prix Disponibilité Prix Region Par rapport à la normale

n % n % n % n % 1: inférieur 8 61,5 3 23,1 10 76,9 2 15,4 2:même 0 0 4 30,8 2 15,4 3 23,1

Sud est (13 villages)

3:superieur 5 38,5 6 46,2 1 7,7 8 61,5 1: inférieur 3 60 4 80 5 100 2 40 2:même 1 20 0 0 0 0 2 40

Androy (5 villages)

3:superieur 1 20 1 20 0 0 1 20

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

26

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

27

Chapitre 5 : Accès à l’alimentation et stratégies de vie Ce chapitre a pour objectif d’expliquer l’état de l’accès à l’alimentation (à travers la vocation économique ou le revenu) des ménages les plus vulnérables des deux régions. Les conclusions décrites ci-dessous ne prétendent pas avoir une validité statistique, mais sont le résultat des déductions et des estimations des auteurs, basées sur la triangulation de toutes les sources d’information disponibles (et surtout les enquêtes des ménages).

5.1 Impact sur les stratégies de vie (activités économiques) des ménages

Selon la moyenne globale des 25 villages de ces communes 70 pour cent des ménages sont des agriculteurs, 20 pour cent des éleveurs, 6 pour cent des ouvriers/salariés, 3 pour cent des pêcheurs et 1 pour cent des commerçants. Cependant, il y a une énorme différence entre les deux régions, différence encore plus prononcée par rapport à celle démontrée dans les hypothèses sur lesquelles les communes ont été choisies. Dans l’Atsimo Atsinanana, l’agriculture, l’élevage et le travail journalier représentent les activités économiques principales de respectivement 58, 23 et 12 pour cent des ménages. Dans l’Androy, 83 pour cent sont des agriculteurs, 16 pour cent des éleveurs et 0 pour cent des ouvriers. (Voir Tableau 6).

Il est intéressant de noter que le Recensement Communal (RC/ILO) de 2001 ne souligne pas l’importance du Travail Journalier/Main-d’œuvre comme activité économique principale dans les deux régions étudiées par ESASU en 2005 ; selon le RC/ILO, , respectivement 0,28 et 0,16 pour cent de la population dans les régions de l’Atsimo Atsinanana et de l’Androy, le pratiquent. La présente étude ESASU annonce que 12 pour cent des ménages étudiés de l’Atsimo Atsinanana dépendent du Travail Journalier / Main-d’œuvre et que cette activité représente en moyenne 40 pour cent de leur revenu (chez les Antandroy, aucun ménage ne le pratique à l’exclusion d’autres activités mais il fournit en moyenne 6 pour cent de leur revenu). Cette différence importante pourrait s’expliquer par les faits suivants :

o les activités économiques des ménages ont peut-être évoluées depuis 4 ans6, et de plus en plus de ménages souffrant d’ une insuffisance de terrains fertiles, d’intrants, de main- d’œuvre ou de motivation, ont senti l’obligation de quitter leurs champs pour aller travailler dans les champs des voisins ;

o l’étude actuelle souligne un phénomène chez les ménages les plus vulnérables de la région (car la main-d’oeuvre dans l’Atsimo Atsinanana fournit 47 pour cent du revenu ménager chez les « pauvres » comparés à 23 pour cent dans la classe « moyenne ») qui n’a pas été noté en 2001 à travers les discussions au sein des mêmes communes.

Quelle qu’en soit l’explication, le phénomène semble exister et avoir un impact très important dans la région de l’Atsimo Atsinanana ; il mérite une confirmation.

Tableau 5: Activités économiques des ménages étudiés

6 Date du RC/ILO, 2001

% de ménages Atsimo Atsinanana (n=130) Androy (n=120)

Agriculteurs 58 83 Eleveurs 23 15,5 Ouvriers 13 0 Pecheurs 5 1

Commercants 1 0.5 100 100

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

28

• Agriculture

Dans l’Atsimo Atsinanana, dans 9/13 villages, le riz est la culture la plus importante en superficie, suivi par le manioc (n=4 villages) et le riz y est encore plus important en valeur (cité comme la culture la plus importante en valeur par 12/13 villages). Dans l’Androy, 8/12 villages citent le manioc comme plus important en superficie, et 7/12 le citent pour sa valeur. Cette importance donnée au manioc dépasse les hypothèses de base sur lesquelles les communes ont été choisies (une seule commune était supposée estimer le manioc comme la culture la plus importante). Les trois autres villages citent le haricot, le maïs et la patate douce comme la culture la plus importante en superficie, et deux citent le haricot, et un village cite le maïs, la patate douce, et l’arachide pour leur valeur.

D’après les enquêtes des ménages, 11 ménages sur les 250 ne pratiquent pas l’agriculture. Ces 4 pour cent des ménages étudiés se trouvent dans la région d’Androy avec respectivement 1/3/7 villages provenant des classes moyens/pauvres et démunis. Six villages sur 25 (5 villages dans l’ Atsimo Atsinanana et 1 dans l’Androy) accusent un manque de semences et seuls 2 villages accusent un manque d’outils agricoles.

• Elevage/pêche

On a demandé aux villages de classer leur bétail par ordre d’importance pour les ménages. De façon générale l’ordre proposé par les habitants est le suivant : le caprin, l’ovin, le bovin, la volaille et le porcin en dernière place. Dans l’Atsimo Atsinanana, l’élevage des caprins et des ovins n’est pas du tout pratiqué et la volaille est citée le plus fréquemment en première place d’importance, suivie par le bovin et le porcin. Chez les Antandroy, le bovin prend bien sûr la première place, suivi par le caprin, l’ovin, la volaille et le porcin.

Au niveau des ménages, l’étude a pu déterminer que 74 pour cent des ménages sont propriétaires de bétail : 114 ménages (88 pour cent) dans l’Atsimo Atsinanana et 72 ménages (60 pour cent) dans l’Androy. Dans les deux régions, 107 ménages (43 pour cent) disent qu’ils ont eu plus de bétail avant l’enquête, et ce beaucoup plus dans l’ Atsimo Atsinanana où 60 pour cent des ménages en ont vendu récemment et 12 pour cent ont prévu d’en vendre dans un avenir proche (surtout les « démunis », n=11 ou 16 pour cent de cette classe). Dans l’Androy, 25 pour cent (n= 30) disent avoir eu plus de bétail avant (surtout la classe « moyenne ») et 33 pour cent des ménages (n= 30) pensent en vendre dans un proche avenir.

Dans les deux régions, les ménages « moyens » ont plus de chance d’avoir du bétail que les « pauvres » et les « démunis ». Dans le cas de l’Androy, où le bétail –et surtout le zébu—joue un rôle particulièrement important, 93 pour cent (n=14) des ménages « moyens », 61 pour cent (n=41) des « pauvres » et 45 pour cent (n=17) des «démunis» sont propriétaires d’au moins un animal.

La pêche est pratiquée dans 5 des 13 villages étudiés de l’Atsimo Atsinanana, mais c’est seulement dans 4 villages qu’elle constitue l’activité principale de certains habitants (entre 10 et 40 pour cent de ménages). Seuls 3 des villages étudiés dans l’Androy la pratiquent et dans 2 villages se trouvent des ménages qui la pratiquent comme activité principale (5 pour cent des ménages). Un total de 30 pirogues et de 247 filets a été inventorié dans la région de l’Atsimo Atsinanana et une seule pirogue et 0 filet dans l’Androy. Selon les données RC/ILO, 2,5 pour cent des ménages de la région de l’Atsimo Atsinanana pratiquent la pêche, par rapport à 3,4 pour cent des ménages de l’Androy.

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: Question : « Dans votre village, qui sont les premiers touchés par un choc? » Réponse systématique:

• Atsimo Atsinanana : «les mères célibataires » • Androy : «ceux qui n’ont pas de zébu »

La vente de zébu est une situation de force majeure, et quand on est contraint de passer par cette étape, on ne va pas dépenser tout l’argent pour s’acheter des vivres, mais pour d’autres besoins (habillement, ustensiles) ou acheter un autre zébu plus petit. Et comme on a l’habitude de la situation de crise, il nous est difficile d’imaginer un sac de riz ou de manioc à stocker.

Focus Groupe Répartition de Richesse, Village Zambe, Beloha (Androy)

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

29

5.2 Richesse, revenu et biens des ménages

• Richesse

A travers la Répartition de Richesse, technique en recherche qualitative menée dans l’ensemble des 25 villages (et décrite ci-dessus au Chapitre 1, Méthodologie), on apprend que , les « démunis » représentent en moyenne 41 pour cent de la population rurale, les « pauvres » 45 pour cent, les « moyens » 10 pour cent, et les « non pauvres », 4 pour cent. Cette répartition varie beaucoup selon la région étudiée (voir Tableau 7 ci-dessous). Selon les perceptions des villageois, la plus grande proportion des «démunis» se trouve dans l’ Atsimo Atsinanana (52 pour cent contre 29 pour cent dans l’ Androy). Voir Tableau 7 pour les répartitions totales de richesse. Il est intéressant de noter que 5 villages sur 13 dans l’Atsimo Atsinanana et 11 sur 12 dans l’Androy ne pourraient pas concevoir d’avoir un pourcentage relatif de non pauvres dans leur entourage.

Tableau 5.2 : Répartition de richesse

* Non considérées dans l’échantillonnage aléatoire des ménages

Dans les deux régions, les ménages de classe « moyenne » sont plus susceptibles de donner la priorité aux problèmes de l’agriculture que les autres classes. Dans l’Androy, l’agriculture est remplacée chez les « pauvres » et les « démunis » par les problèmes de santé, d’eau et d’assainissement. Dans les deux régions, la stabilité des revenus diminue avec la pauvreté, et plus encore dans l’Atsimo Atsinanana que dans l’Androy

• Source de revenu

Lors de l’enquête des ménages on a demandé au chef du ménage de déterminer l’importance (formulée en pourcentage) des sources de revenu non alimentaires de son ménage ; il ressort de cette enquête que, en moyenne, , 69 pour cent du revenu des ménages proviennent de la vente des produits agricoles et/ou animaliers (riz, manioc, maïs, animaux, œufs, etc.), 24 pour cent du travail journalier/salariat, 4 pour cent des autres activités (artisanat, paiement informel pour travail comme guérisseur ou instituteur, par exemple), 3 pour cent des rémittences et 0,12 pour cent de l’aide alimentaire. Dans l’Atsimo Atsinanana (voir Graphique 2), les activités suivent le même ordre d’importance mais le travail journalier/main-d’oeuvre est deux fois plus important (40 pour cent), et les rémittences bien moins (0,4 pour cent). L’aide alimentaire semble être essentielle (0,23 pour cent) dans le revenu des ménages du sud-est, mais seuls 3 ménages disent en avoir reçu suite aux chocs 2004/2005. Dans l’Androy, la vente représente jusqu’à 84 pour cent du revenu ménager et les rémittences prennent la deuxième place avec 7 pour cent

En moyenne globale, 23 pour cent de la production agricole d’un ménage sont vendus sur le marché. Cette proportion varie entre 22 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana et 24 pour cent dans l’Androy. La vente des

Atsimo Atsinanana (n=13 villages)

Androy (n=12 villages)

Riches / Non Pauvres* 7 0,5 Moyens 14 5 Pauvres 27 65,5 Démunis 52 29

Source de Revenu MonétaireAtsimo Atsinanana à l'Intérieur, Androy à l'Extérieur

54%40%

1%5%

84%

6%7% 3%

Vente des ProduitsMain d'ŒuvreRémittencesAutre

Graphique 5.1: Source de revenu des ménages

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

30

produits représente respectivement 54 et 84 pour cent du revenu des ménages, dans l’Atsimo Atsinanana et l’Androy.

Les différentes activités génératrices de revenu (AGR) rencontrées lors de l’enquête ESASU sont décrites en Boite de texte ci-dessous.

Un système de crédit formel existe dans un seul village (de l’Atsimo Atsinanana) sur les 25 enquêtés. (voir Boite de Texte pour les anecdotes pertinentes). Aucun système informel ou caisse de villageois n’a été signalé. Par contre, l’achat des aliments à crédit est une stratégie fréquente (elle vient en cinquième position chez les Antandroy).

• Biens des ménages

On remarque une décapitalisation générale qui est antérieure à la période à laquelle a été faite l’enquête ESASU. Au moins 51 pour cent des 250 ménages (n=127) possèdent aujourd’hui moins de biens que dans un passé récent. Ce phénomène est beaucoup plus prononcé dans l’Atsimo Atsinanana (72 pour cent des ménages le signalent) que dans l’Androy (28 pour cent). Les articles les plus fréquemment disparus7 sont : le bétail (107 ménages en possédaient plus avant –59 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana et 25 pour cent dans l’Androy), les champs agricoles (53 ménages en avaient plus avant –tous sauf un, donc 40 pour cent des ménages dans l’Atsimo Atsinanana) et des lits (23 ménages accusent en avoir eu plus avant l’enquête, tous dans l’Atsimo Atsinanana).

Aujourd’hui, les ménages possèdent 4,4 biens différents en moyenne globale. Les ménages de l’Atsimo Atsinanana possèdent moins de 4 biens différents en moyenne, tandis que les ménages de l’Androy possèdent plus de 5 biens. Dans les deux régions, les « pauvres » et les « démunis » possèdent nettement moins que les ménages de classe « moyenne » (la répartition dans l’Atsimo Atsinanana est de respectivement 4,3/4,1/3,8 et dans l’Androy, de respectivement 7,9/5,3/3,6 pour les ménages moyens/pauvres/démunis,). Presque tous les ménages sont propriétaires d’un terrain, mais les autres articles varient comme suit :

o 96 pour cent des ménages sont propriétaires d’au moins un champ (97 pour cent dans l’ Atsimo Atsinanana et 94 pour cent dans l’Androy),

o 74 pour cent des ménages possèdent de l’élevage, (respectivement 88 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana et 60 pour cent dans l’Androy),

7 Les biens « disparus » sont vendus ou perdus, dans les inondations par exemple. Les instruments de collecte employés identifient le nombre de biens existant avant et après un choc, sans déterminer la raison de leur disparition. Volontaire ou involontaire, la disparition des biens est généralement indissociable d’un choc.

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: Les crédits ruraux n’ont jamais existé dans la Commune, encore moins dans notre village, et l’accès aux crédits ruraux n’accueillera pas l’adhésion des villageois car on a peur d’aller en prison en cas de non remboursement du prêt.

Village Ambanikily Voankira, Marovato, Androy

Il n’y a pas d’épargne dans le ménage. Tout ce qu’on gagne sera dépensé le jour même. Presque dans toute l’année, on vit de jour en jour.

Village Ambonihasy, Commune Midongy, Atsimo Atsinanana

L’élevage des bovins est le seul moyen de faire une épargne pour la population.

Village Emita, Commune Moroteza, Atsimo Atsinanana

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

31

o 58 pour cent des ménages possèdent des outils (houe, machette, pioche avec 31 pour cent seulement dans l’Atsimo Atsinanana comparés aux 88 pour cent dans l’Androy),

o 55 pour cent des ménages possèdent un lit (62 pour cent dans l’ Atsimo Atsinanana et 47 pour cent dans l’Androy),

o les vélos et les radios sont plus nombreux dans l’Androy que dans l’Atsimo Atsinanana (respectivement 6 et 15 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana et 7 et 19 pour cent dans l’Androy).

Plus de 27 pour cent des ménages (n=69) prévoient de vendre des biens dans un avenir proche : 20 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana (n=26) et 36 pour cent dans l’Androy (n=43). L’article qui sera le plus probablement vendu concerne un bien productif : l’élevage (55 ménages prévoient de vendre du bétail, respectivement 12 et 33 pour cent des ménages de l‘Atsimo Atsinanana et de l’Androy, n=16 et 39 ménages).

5.3 Demande des produits

La dynamique du marché étant plus développée dans le Sud-Est, un informateur clé approprié a été identifié dans tous les 13 villages de l’Atsimo Atsinanana et dans seulement cinq des 12 villages de l’Androy. A travers les entretiens avec ces informateurs clé, et en observant les marchés lors des visites de terrain, on confirme que la demande de produits dans l’ Atsimo Atsinanana n’est pas satisfaite par l’offre. Dans l’Androy, la demande générale des produits demeure très faible vis-à-vis de l’offre :

o Pour 6 villages sur 13 (soit 46 pour cent) dans l’ Atsimo Atsinanana, la demande de riz est plus grande que l’offre. Parmi les cinq villages répondant à la question dans l’Androy, deux estiment que la demande de riz est plus faible que l’offre, et dans les trois autres, la demande correspond à l’offre.

o Dans 11 marchés sur 13 (85 pour cent) dans l’ Atsimo Atsinanana, la demande de manioc dépasse l’offre. Dans l’Androy, la réponse est très variée.

o Dix des 13 villages (77 pour cent) accusent une demande de patate douce dépassant l’offre dans l’Atsimo Atsinanana. Il n’y a pas de demande intéressante de patate douce sur le marché dans l’Androy.

o Quatre des 7 villages ayant un marché de bétail signalent que la demande de bovin correspond à l’offre. Trois villages sur 5 de l’Androy accusent une demande de tête de bovin nettement plus faible que l’offre.

o Six marchés sur dix dans l’ Atsimo Atsinanana, et deux sur trois dans l’Androy accusent une demande de poisson inférieure à l’offre.

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: Le commerce, c’est l’activité génératrice de revenu pour les femmes abandonnées et les vieilles. Les femmes sont surtout concernées par la cueillette et la chasse dans la forêt qui se trouve à 2 kilomètres du village pour combler ce qui manque dans le ménage.

Village Beharahotry, Commune Soakibany, Atsimo Atsinanana Je construis des tombeaux, j’achète des chèvres que je laisse à ma famille pour prévoir la nourriture et ma femme continue à cultiver. Mais je crains l’avenir, car les gens s’appauvrissent en zébu et les tombeaux a construire se font rares.

Un travailleur journalier, Village Zambe, Beloha, AndroyLa plupart des femmes chefs de ménage appartenant au groupe pauvres exercent le petit commerce. Il y a plus de femmes que d’hommes dans le commerce : gargote, épicerie, vente de boissons alcooliques, revente. « Cette activité contribue à l’amélioration du revenu de mon ménage ».

Village Sarisambo, Bekily, AndroyLa vannerie et élevage de volaille permettent d’acheter des PPN, Une jeune femme projette de s’acheter une machine à coudre : « si elle a les moyens ».

Village Ambanikily Voankira, Marovato, Androy

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

32

Dans l’ Androy, cette situation s’explique par les faits suivants : un régime alimentaire tout à fait différent du reste du pays, une disponibilité plus importante des stocks alimentaires des ménages, l’existence d’un pouvoir d’achat et enfin l’emploi des stratégies de survie.

5.4 La soudure

Malgré des variations régionales importantes à Madagascar, la principale récolte de riz est généralement faite entre mars et août et les prix du riz sont au plus bas au mois de mai. L’enquête ESASU a été menée en mai 2005 et les ménages des deux régions démarraient en principe leur récolte.

Selon les ménages enquêtés dans la présente étude, la période de soudure la plus récente (lors des derniers 12 mois) a duré 7,8 mois de l’année. Cette période est plus longue dans l’Androy (8,5 mois) que dans l’Atsimo Atsinanana (7,8 mois). La durée de la période de soudure diminue avec la richesse dans les deux régions (5,4/6,3/7,8 mois chez les moyens/pauvres/démunis dans la région de Atsimo Atsinanana et 7,1/9,0/8,3 mois dans l’Androy). Les anecdotes de l’Androy soulignent que les « démunis » sont habitués a être aidés et entretenus par les parents et les amis --et donc perçoivent la période de soudure comme étant moins longue que les « pauvres ». (Voir Tableau 8).

Lors des focus groups avec les plus vulnérables de chaque village (groupes de femmes, de mères célibataires, de « démunis » ou autres), le concept de soudure a été approfondi et confirmé. Encore à ce niveau, la soudure « ménagère » chez les plus vulnérables est perçue comme étant plus longue dans le sud (moyenne de 5.6 mois) que dans le sud-est (moyenne 4 mois). Même si cette estimation de la durée de la soudure est proche de celle du rapport FAO/SICIAV (moyenne de 4 mois) basée sur les données RC/ILO, il est probable que la durée soit plus longue chez les ménages les plus vulnérables que la moyenne générale.

L’occupation majeure de la grande majorité de la population du sud-est est constituée par l’agriculture et l’élevage. Comme la région de l’Atsimo Atsinanana et en particulier les communes étudiées sont montagneuses et couvertes de forêts, les villageois pratiquent la déforestation pour obtenir des surfaces cultivables. Par conséquent, l’érosion et l’inondation aggravent l’insuffisance de terres cultivables et de la production. Ceci entraîne une longue période de soudure et, pour survivre, les ménages des classes « pauvres » et « démunis » emploient leurs journées comme main-d’œuvre agricole auprès des ménages « riches » pour avoir un peu d’argent ou font la cueillette des aliments de détresse pour se nourrir. Ainsi, l’écart entre les « riches », et les pauvres / démunis s’agrandit à chaque saison car les « riches » continuent à produire avec plus de main-d’œuvre tandis que les « pauvres » continuent à moins produire. Pendant la période de soudure, les ménages « pauvres » et les « démunis » dépendent beaucoup du marché pour subvenir à leurs besoins en aliments de base.

L’occupation majeure de la grande majorité de la population du sud est constituée par l’agriculture et l’élevage. L’occupation secondaire exercée pendant la période de soudure est le troc qui consiste essentiellement à échanger du manioc contre le zébu. Ainsi, ce dernier contribue à l’autosuffisance alimentaire pendant la période de soudure. Le prix de vente du manioc est très élevé pendant la période de soudure, alors que celui des zébus est très bas. Les « riches » profitent de cette situation pour augmenter le nombre de leur cheptel bovin. Les cantines scolaires allègent les difficultés des parents d’élèves à affronter la soudure car les enfants passent la plus grande partie de l’année à l’école (septembre à juin), alors que la soudure bat son plein à partir du mois d’octobre jusqu’au mois d’avril.

Tableau 5.3 : Calendrier de soudure ménagère

Janvier Fevrier Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Septembre Octobre Novembre Decembre

Atsimo Atsina-nana

28 42 62 62 37 48 72 84 91 96 49 31

Androy 88 85 73 54 41 43 52 59 74 87 91 93

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

33

Chapitre 6 : Consommation, nutrition et santé Ce chapitre a pour objectif d’expliquer l’état nutritionnel et sanitaire, en insistant surtout sur l’aspect « utilisation » de la sécurité alimentaire. A travers l’Indice de Diversité de Consommation, le nombre de repas et les stratégies de survie liées à la consommation (indicateurs supplétifs8 pour la sécurité alimentaire) des ménages les plus vulnérables des deux régions, il identifie les causes de la malnutrition et de l’insécurité alimentaire. Les conclusions décrites ci-dessous ne prétendent pas avoir une validité statistique mais sont le résultat des déductions et des estimations des auteurs, basées sur la triangulation de toutes les sources d’information disponibles (et surtout les enquêtes des ménages).

6.1 Consommation

La fréquence et la variété de consommation à Madagascar varient beaucoup selon les régions. Plusieurs critères illustrent le niveau de consommation des ménages: la diversité de consommation, le nombre de repas pris par jour, ainsi que les stratégies de survie. Ces indicateurs sont détaillés ainsi que d’autres ci-dessous dans le Chapitre 8, Tableau 9.

• Indice de Diversité de Consommation (IDC)

L’Indice DC est calculé à travers la fréquence de consommation de 6 groupes d’aliments lors des 7 derniers jours (enquête faite auprès des chefs de ménage). Les six groupes sont : les aliments de base (céréales et tubercules mélangés), produits animaliers, légumineuses, fruits/légumes, huile et sucre. L’IDC est un indice qui illustre la variété de la consommation ménagère, pondérée par la valeur respective des groupes d’aliments. L’utilisation de cette mesure résulte de l’observation à travers le monde que les ménages les plus en sécurité consomment une plus grande variété d’aliments. L’évidence empirique indique qu’elle est associée au niveau d’acquisition calorique. La littérature nutritionnelle souligne de plus en plus l’importance de la variété de consommation. Cet indice, lié à la notion d’utilisation des aliments, représente une fréquence et une variété pondérées de consommation au cours des sept derniers jours. Plus le nombre est important, plus la diversité est grande.

L’Indice de Diversité de Consommation globale dans la présente étude est de 14,82 :12,9 dans la région de l’Atsimo Atsinanana et 16,9 dans l’Androy. La consommation dans l’Androy est plus diversifiée et équilibrée que dans l’Atsimo Atsinanana. Dans les deux régions, la consommation est plus diversifiée chez les « moyens » et les « pauvres », que chez les « démunis » (respectivement 16/13/12 pour l’Atsimo Atsinanana et respectivement 24/17/14 pour l’Androy). Si l’on compare l’Indice de Diversité de Consommation avec un régime minimum, l’écart alimentaire général est de 25 pour cent, avec un écart de 28 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana et de 22 pour cent dans l’Androy.

En règle générale, la consommation hebdomadaire des ménages est composée de : 7 fois par semaine les aliments de base, 1,3 fois les légumineuses, 1,2 fois les fruits/légumes, 0,5 fois les produits animaliers, 0,5 fois le sucre et 0,3 fois l’huile.

8 Traduit en anglais par « Proxy Indicator ».

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: La consommation de lait de vache caillé (abobo) et de chèvres avec du manioc est très commun ici.

Village Amboadelaka, Marovato, AndroyLa plupart de nous ne consomment pas du sucre. Ainsi, on a du mal a acheter du café qui est pour nous « fortifiant ». L’huile alimentaire est substituée par l’arachide. Aucun ménage n’élève de porcs car : « le porc est tabou pour les Antandroy ».

Village Sarisambo, Bekily, AndroyLe riz est devenu le produit des riches et pour les invités. Ils font la collecte pour donner à manger aux invités du village.

Village Ambonihasy, Commune Midongy, Atsimo Atsinanana

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

34

Graphique 3 : Diversité de consommation (contribution des aliments par région)

Les plus grandes différences entre les régions concernent la consommation de l’huile (84 pour cent plus fréquente dans l’Androy), de sucre (67 pour cent plus courante dans l’Androy), de légumineuses (45 pour cent plus fréquente dans l’Androy et de produits animaliers (28 pour cent plus fréquente dans l’Atsimo Atsinanana). Ces différences sont démontrées (voir Graphique 3) à travers la contribution de chaque aliment à la consommation totale moyenne hebdomadaire dans les deux régions.

.

• Nombre de repas consommés, budget alloué à la consommation et sources d’aliments

Le nombre de repas pris en temps normal et le nombre de repas pris en temps de crise9 sont des indicateurs liés à la notion d’accès aux aliments (voir ci-dessous Indice de Stratégie de Survie ISS). Dans l’étude actuelle, les ménages prennent en général 2,7 repas en temps normal et 1,9 en temps de crise. Ce chiffre est presque identique dans les deux régions et, dans les deux cas, diminue avec la richesse : respectivement 2,89/2,73/2,71 repas pour les moyens/pauvres et démunis dans l’Atsimo Atsinanana en temps normal par rapport à respectivement 2,9/2,8/2,5 repas pris en temps normal dans l’Androy.

Lors du passage de l’équipe ESASU, 122 ménages sur les 130 (94 pour cent) de l’Atsimo Atsinanana vivaient ce quiils considéraient être pour eux une période de crise comparés aux 5 ménages sur les 120 (4 pour cent) dans l’Androy. Cette situation est expliquée en détail ci-dessus dans le Chapitre 3.

La part des dépenses allouées à la consommation des ménages est globalement de 83 pour cent : elle est de 86 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana et de 79 pour cent dans l’Androy. Systématiquement, les ménages « pauvres » et « démunis » dépensent encore plus pour la consommation que ceux de la classe moyenne. Dans l’ Atsimo Atsinanana c’est de l’ordre de respectivement 79/84/88 pour cent et dans l’Androy de 74/78/85 pour cent pour les moyens/pauvres/démunis.

Les sources d’aliments les plus fréquemment citées par les ménages sont : la production agricole (97 pour cent, n=243 ménages sur 250 qui, en règle générale, consomment 70 pour cent de leur production, et bien plus chez les « pauvres » et les « démunis » que dans les classes « moyennes »), le marché (95 pour cent, n=237), la pêche/chasse/cueillette (n=164), l’aide des parents/amis (n=17) et l’aide alimentaire (2 ménages). On a demandé aux ménages de classer par ordre de priorité leurs trois principales sources d’aliments ; dans l’Atsimo Atsinanana, l’ordre est le suivant : marché, production, pêche/chasse/cueillette. Dans l’Androy, la production prime sur le marché et l’importance de la pêche/chasse/cueillette est deux fois plus grande par rapport à l’Atsimo Atsinanana. Les aliments provenant des contacts sociaux sont cités comme une des trois sources les plus importantes par 15 ménages (12 pour cent) de l’Androy et par seulement 2 ménages (1,5 pour cent) de l’Atsimo Atsinanana. Dans les deux régions, les « démunis »

9 La présente enquête n’a pas collecté de détails sur la fréquence des repas par âge ou par genre.

Anim alier5%

Legum ineus e9%

Fruits /Leg11%

Huile1%

S uc re3%

C ereale/Tuber71%

C e re a le /T u b e r6 0 %

An im a l ie r4 %

L e g u m in e u s e1 4 %

F ru i ts /L e g1 1 %

H u ile4 %

S u c re7 %

A n d ro yID C : 1 6 ,9

A ts im o A ts in a n a n aID C : 1 2 ,9

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

35

dépendent plus de la production et du réseau social que les autres classes socio-économiques ; la pêche/chasse/cueillette est légèrement plus souvent cité par la classe « moyenne ».

• L’Indice de Stratégies de Survie (ISS)

Les stratégies de survie sont employées par un ménage lorsqu’ il ressent de la difficulté à nourrir sa famille.. D’habitude il s’agit de réflexes automatiques face aux chocs saisonniers ou ponctuels. Quand les stratégies de survie deviennent l’habitude quotidienne, le ménage est en situation dangereuse et sa sécurité alimentaire est précaire. On a demandé aux chefs de ménage d’inventorier les stratégies qu’ils utilisent quand ils éprouvent des difficultés à nourrir leur famille, et les réponses ont été distribuées selon les 17 catégories que comporte la grille ISS (voir fiche de collecte Ménage,Annexe). Les 17 réponses concernent 1.) La quantité de consommation au sein du ménage 2.) Le contenu de consommation, 3.) Les activités de recours a l’extérieur du ménage et 4.) Les stratégies de détresse (la vente/troque des biens personnels ou des moyens de production).

L’indice ISS est une valeur moyenne pondérée par la sévérité des stratégies ; il indique simultanément la fréquence moyenne du recours à une stratégie et le degré d’insécurité alimentaire.L’ISS est équivalent à la somme [(fréquence * poids) + (fréquence * poids) +…..] des stratégies de survie individuelles. L’ISS le plus élevé, le plus fréquent et le plus intense est l’insécurité alimentaire des ménages.

Dans la présente étude, tous les chefs de ménage (sur les 250 interviewés) ont dit avoir des difficultés alimentaires et ont répondu à la question de l’ISS. L’indice global de Stratégies de Survie (voir Tableau 8) est de 21,44 : il est plus important dans l’Atsimo Atsinanana (ISS : 25,70) que dans l’Androy (ISS : 16,8). Le score maximum d’ISS pour un ménage dans l’Atsimo Atsinanana est de 39, tandis qu’il est de 33 dans l’Androy.

Actuellement, le score moyen des ménages lors d’une crise est de 25 (n=127) tandis que le score pour les ménages en période normale est de 17, ce qui confirme l’emploi des stratégies en temps de crise.

Dans les deux régions, les réponses des 250 ménages relatives au groupe de stratégies le plus fréquemment employé étaient les suivantes : 1) réduction de la quantité de consommation (ISS : 7,64) 2) recours aux stratégies de détresse (ISS : 5,8), 3) changement de contenu (ISS : 4,03) 4) recours à l’extérieur du ménage (ISS : 4,02). L’utilisation des stratégies se fait dans un ordre qui diffère selon les deux régions. Dans l’ Atsimo Atsinanana, l’ordre est le suivant : 1) Détresse (biens personnels et productifs combinés,(ISS : 8,2), 2) Quantité (ISS :7,6) , 3) Contenu (ISS : 7,3) 4) Externe (ISS : 2,7 ). Ceci contraste avec le choix des ménages dans l’Androy qui emploient les stratégies dans un ordre différent : 1) Quantité (ISS : 7,7) 2) Externe (ISS : 5,5) 3) Détresse (ISS : 3,2) 4) Contenu (ISS : 0,5). Voir Tableau 8.

Tableau 6.1 : Stratégies de survie, en ordre de fréquence par région

A l’intérieur des deux régions, il y a des différences liées à la classe socio-économique. Dans les deux régions, les « démunis » utilisent le changement de contenu plus fréquemment que les autres classes, et les « pauvres » utilisent les stratégies de recours à l’extérieur plus que les autres classes.

(ISS : Valeur de l’Indice) Atsimo Atsinanana (ISS : 25,7)

Androy (ISS : 16,8)

Groupe No. 1 Détresse (8,2) Réduire Quantité (7,7) 2 Réduire Quantité (7,6) Recours à l’Extérieur (5,5) 3 Changer Contenu (7,3) Détresse (3,2) 4 Recours à l’Extérieur (2,7) Changer Contenu (0,5)

Stratégie No. 1 Réduire portions (2,9) Réduire portions (2,5)

2 Aliments moins Cher (2,5) Dépendre parents/amis (2,4) 3 Réduire no. de repas (2,2) Sauter journées (2,3) 4 Réduire portions adultes (2,1) Envoyer manger ailleurs (0,8) 5 Vendre animaux (1,2) Acheter à crédit (0,7)

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

36

La stratégie la plus fréquemment utilisée par les chefs de ménage en général consiste à « réduire la portion des repas » (stratégie employée par 236 ménages sur les 250, 94 pour cent). Ceci est valable pour les deux régions. Les 14 ménages qui n’emploient pas cette stratégie se trouvent tous dans l’Androy. La stratégie qui arrive en deuxième position est celle qui consiste à «dépendre de l’aide des parents ou des amis» (ISS : 1,52, 186 ménages, 74 pour cent). Cette stratégie est la 2ème en importance dans l’Androy (ISS : 2,43, 90 pour cent des ménages) mais est peu fréquente dans l’Atsimo Atsinanana (ISS : 0,68, 60 pour cent des ménages).

Il est utile de noter l’impact des us et coutumes sur les stratégies de survie à Madagascar. Dans l’Androy, il est commun de passer des jours entiers sans manger (ISS : 2.3, 106 des 130 ménages et dans l’Atsimo Atsinanana 16 sur 130 ménages) ; ceci est préféré à la vente d’un zébu ou d’un autre animal (ISS : 0,20, 24 ménages –contre 123 ménages dans l’Atsimo Atsinanana). Les ménages de l’Atsimo, cependant, passent rarement des journées entières sans manger (ISS : 0,12) et préfèrent réduire le nombre de repas (ISS : 2,24, 125 sur 130 ménages comparés à 27 pour les Antandroy).

Dans la région de l’Atsimo Atsinanana, 64 ménages sur 130 (49 pour cent) mangent leurs stocks de semences et 57 ménages (44 pour cent) consomment la récolte précoce. Dans l’Androy, sur les 120 ménages interviewés seuls 12 ménages mangent les semences et les 7 autres consomment la récolte précoce.

6.2 Malnutrition

Aucune source officielle n’annonce un taux de malnutrition chronique important dans la province de Toliara. L’Enquête Démographique et Sanitaire la plus récente confirme que le taux de Retard de Croissance le plus élevé concerne les provinces de Tananarive et de Mahajanga –avec respectivement 50 et 49 pour cent.

La seule source d’information à Madagascar concernant le taux de malnutrition au niveau de la sous-province est celle de Seecaline / Banque Mondiale. En 1998 et de nouveau en 2004, une collecte d’indices anthropométriques (Retard de Croissance, Insuffisance Pondérale et Emaciation) a été menée auprès des enfants de moins de trois ans dans chaque fivondronana (district, n=111). Ces indices, agrégés au niveau des provinces, montrent que Tananarive et Toamasina (en 1998, avec un taux de 51 pour cent chacune) et Tananarivo et Fianarantsoa (en 2004, avec un taux de respectivement 56 et 54 pour cent) sont les provinces les plus touchées par la malnutrition chronique. Même si Toliara a vu empirer la malnutrition chronique entre 1998 et 2004 (de 37 à 43 pour cent), cette province reste parmi les moins touchées du pays –comparée à celle de Fianarantsoa (54 pour cent)

L’indice de malnutrition chronique, agrégé au niveau de la région, donne une classification des 22 régions : l’Atsimo Atsinanana est en 13ème position avec un taux de 48 pour cent et l’Androy en 15ème position avec un taux de 44 pour cent. Dans tous les cas de figure, le seuil de 40 pour cent10 est dépassé et la situation nutritionnelle au niveau des régions mérite l’attention –surtout chez les vulnérables.

Les enquêteurs n’ont noté aucun signe alarmant dans les deux régions, mais la malnutrition n’a malheureusement pas été mesurée lors de l’enquête ESASU/Madagascar. Les équipes sur le terrain ont essayé en vain d’obtenir les

10 Seuil de malnutrition chronique défini par l’OMS au-delà duquel la situation est considérée comme très grave.

CCrrooyyaanncceess ttrraaddiittiioonnnneelllleess :: « Mais, pourquoi on construit des maisons pour les vieux qui sont plus jolies que celles des vivants ? » Petite touriste vazaha de 6 ans dans l’Androy • Les pratiques funéraires sont encore plus coûteuses dans l’Androy

puisqu’elles impliquent que la famille du défunt doit s’occuper de nourrir tous les invités aux fêtes funéraires qui peuvent durer des semaines entières. A cette occasion, tous les zébus du défunt sont sacrifiés maisles repas impliquent aussi la consommation de riz, manioc ou maïs qui auraient pu nourrir la famille directe pendant une période plus longue. Or, selon les ménages enquêtés, la consommation des zébus est réservée pour les invités.

• La région de l’Androy est connue pour produire des patates douces et du maïs en quantités suffisamment importantes pour permettre d’alimenter la région et même exporter. D’autres types de contraintes font que ces surproductions ne sont pas toujours bien exploitées. En guise d’exemple, les patates douces, séchées, pourraient se conserver longtemps et être consommées tout au long de l’année. Or, dans beaucoup de villages de l’Androy, cette pratique n’est pas utilisée en raison de la conviction que sécher des patates douces provoque le malheur.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

37

données anthropométriques des Sites Seecaline actifs dans les régions jusqu’à fin 2004. La malnutrition a été dénoncée par les autorités de santé des villages comme étant une des maladies principales dans 1 seul village de l’Atsimo Atsinanana (chez les adultes) et dans 2 villages de l’Androy (chez les adultes et les enfants). Dans aucun village elle n’a été citée comme étant une cause de mortalité récente chez les enfants de moins de 5 ans.

• Déterminants de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition

Les causes de la malnutrition et de l’insécurité alimentaire sont multiples : l’enclavement, le manque d’eau et d’assainissement, la faible diversité de consommation (surtout dans l’Atsimo Atsinanana) et le poids des traditions qui enferme sans cesse les ménages dans une spirale de pauvreté. L’étude a permis de recueillir les perceptions des ménages sur les priorités de développement au niveau communautaire.

Dans les deux régions, les problèmes les plus urgents exprimés et identifiés sont liés à l’agriculture et à la santé. Cependant, c’est dans la divergence des réponses des régions que l’on trouve la vraie solution durable pour l’avenir, c’est-à-dire : le désenclavement de la région de l’Atsimo Atsinanana et un meilleur accès à l’eau pour l’Androy. Les causes de la malnutrition et de l’insécurité alimentaire chez les ménages les plus à risque dans les deux régions sont à la fois transitoires et conjoncturelles.

Même si les problèmes transitoires touchent les deux régions régulièrement, actuellement, beaucoup de ménages enquêtés dans l’Atsimo Atsinanana souffrent d’une insécurité alimentaire transitoire à la fois liée aux chocs récents (les inondations et la crise du riz) et à la période de soudure saisonnière. Cette période dite « transitoire » pourrait dans certains cas extrêmes durer jusqu'à 8 mois. Dans le sud, elle est fortement liée à la pluviométrie ; elle reste donc imprévisible.

Dans les deux régions, les facteurs conjoncturels influencent la disponibilité, l’accessibilité et l’utilisation des aliments, ainsi que la nutrition des ménages.

o Les tendances observées relatives à la disponibilité des aliments dans les deux régions d’étude reflètent l’inefficacité des politiques antérieures visant à éliminer les principales contraintes dans le domaine de l’agriculture, en particulier : la main-d’œuvre –surtout dans les ménages monoparentaux dirigés par une femme, le niveau d’équipement dérisoire des agriculteurs et les problèmes d’insécurité (voir Annexe).

o En ce qui concerne l’accès aux aliments, les facteurs démographiques aggravent les problèmes fonciers déjà importants et la taille des ménages ; l’éloignement des marchés (particulièrement dans l’Androy) et le mauvais état des routes entraîne des coûts de transport trop élevés (particulièrement dans l’Atsimo Atsinanana).

o Quant à l’utilisation des aliments, la forte prédominance du riz (dans l’Atsimo Atsinanana) et de mauvaises habitudes alimentaires contribuent à expliquer l’état nutritionnel assez alarmant de la population. Le riz et le manioc, qui constituent la nourriture de base de la grande majorité des ménages malgaches, sont en effet trop souvent considérés comme suffisants au détriment de compléments nutritifs importants tels que les légumes. Dans les régions les plus reculées, l’accès limité à l’eau potable (surtout dans l’Androy) et le poids de tabous traditionnels contribuent à l’insécurité alimentaire généralisée. La promotion de changements est rendue difficile par le faible niveau d’instruction des habitants de ces régions. Les pratiques et croyances traditionnelles11 contribuent à entretenir ce cycle vicieux de pauvreté et d’insécurité alimentaire chronique des ménages. (voir texte box sur deux de ces croyances dans l’Androy).

6.3 Eau / assainissement

En 2002, 29 pour cent de la population avaient accès à l'eau potable. En 200 ?, ce taux tombait à 27 pour cent et se répartissait comme suit: 67 pour cent en milieu urbain et 12 pour cent en milieu rural, ce qui classe Madagascar parmi les pays les plus en retard dans ce domaine.

11 Source : FAO/SICIAV, 2004

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

38

Dans les ménages étudiés dans l’Atsimo Atsinanana, la principale source d’eau est le lac/fleuve/rivière. Dans l’Androy c’est le plus souvent les puits non protégés (n=44), suivis par les stations de pompage (n=27), les puits protégés (n=22), et les lacs/fleuve/rivières (n=21). En général, la distance qui sépare ces ménages vulnérables de la principale source d’eau est de 2,4 km. La distance moyenne est dix fois plus importante dans l’Androy (4,4km) que dans l’Atsimo Atsinanana (0,5km).

Le rapport entre cette distance et la classe socio-économique des ménages de l’Androy est évident: le ménage le plus pauvre habite, le plus près de l’eau (respectivement 5,7/ 4,7/ 3,4km pour les moyens/pauvres/démunis). La moitié des ces ménages « démunis » (47 pour cent, n=90) vit près de la rivière et l’emploie comme source principale d’eau.

Un seul ménage (de classe « moyenne ») sur les 250 de l’Androy déclare employer une latrine.

Au Sud, l’éloignement des points d’eau constitue un problème quotidien pour les ménages, en particulier pour les femmes seules et âgées. La recherche de l’eau y est devenue une activité masculine. Il n’y a pas d’assainissement particulier mais les villageois utilisent directement l’eau des rivières pour tous les usages domestiques.

6.4 Santé

Un centre de santé en moyenne (CSB ou Dispensaire) des sert 6 villages dans les 2 régions étudiées. Les hôpitaux qui sont localisés au niveau des districts sont éloignés des villages. Le transport des malades gravement atteints se fait à dos d’hommes. L’auto-médication est très pratiquée à cause de l’éloignement du centre de santé et/ou de la non disponibilité des médicaments. Les accouchements sont assistés par une matrone qui vit dans le village. Un guérisseur parfois titulaire du « certificat de guérisseur traditionnel » exerce dans les villages.

Dans chaque région, sur les 25 villages étudiés, seuls deux d’entre eux (entre 15 et 17 pour cent) hébergent une structure de santé. Les enquêteurs ont cherché à discuter avec la personne la mieux informée de l’état sanitaire du village. La plupart du temps, ils avaient comme interlocuteurs une matrone, un guérisseur, un aide sanitaire ou une sage-femme. Dans l’Atsimo Atsinanana on a pu identifié l’informateur clé pertinent 12 fois sur 13. Dans l’Androy, on n’a trouvé une personne adéquate que dans 7 villages sur les 12 existant (58 pour cent), et deux fois il s’agissait d’un revendeur de médicaments. Même si ces personnes servaient d’informateurs clé en matière de santé, il est évident que leurs connaissances et leur capacité étaient limitées, et les informations qu’elles ont fournies et qui sont reportées ci-dessous sont à prendre avec beaucoup de prudence.

92 pour cent des 12 villages de l’Atsimo Atsinanana ont bénéficié d’une campagne de vaccination lors des derniers 12 mois, 33 pour cent des 12 villages (n=4) de la visite d’un agent de santé pour d’autres interventions. Tous les villages (n=7) de l’Androy ont bénéficié d’une campagne de vaccination lors des derniers 12 mois et un seul a bénéficié de la visite d’un agent de santé pour les autres interventions. Dans l’Atsimo Atsinanana 8 villages sur les 12 (66 pour cent) et dans l’Androy 4 villages sur 7 (57 pour cent ) ont des médicaments disponibles dans le village même (au niveau d’une épicerie, d’une pharmacie ou d’un autre dépôt). Seuls 4 des 12 informateurs clés (33 pour cent) dans l’Atsimo Atsinanana et 4 sur les 7 dans l’Androy connaissent le VIH/SIDA.

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: Dans un hameau de pêcheurs, il y a un puits près de la mer à 15 km, mais c’est trop loin pour notre village. L’eau y est trop salée et ne convient pas à la consommation, mais pour ceux qui n’ont pas la possibilité de payer le seau d’eau, ils préfèrent y aller.

Village Amboadelaka, Marovato, Androy Un seau d’eau nous coute: 1500fmg en période de sécheresse.

Village Antavy Nord, Faux Cap Androy

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: Les infections respiratoires sont importantes --surtout pendant les périodes de passage des vents violents.

Village Antavy Nord, Faux CapL’inondation entraîne pour le ménage une mortalité infantile assez élevée. Cela est dû à l’inaccessibilité de l’eau potable.

Village Ambonihasy, Commune Midongy, Atsimo Atsinanana

Les causes de la propagation de la tuberculose sont la consommation de lait non pasteurisé et caillé, la non vaccination des zébus, l’habitude des malades de cracher partout et sous les nattes.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

39

Dans les villages vulnérables des deux régions les maladies les plus fréquentes chez les adultes sont, par ordred’importance : paludisme, diarrhée et infections respiratoires. Chez les enfants, l’ordre est différent : paludisme, malnutrition et diarrhée. La prévalence des maladies dans l’Atsimo Atsinanana suit le même ordre, que dans l’Androy mais dans cette dernière région l’infection respiratoire est plus importante que la diarrhée chez les adultes et chez les enfants. Des cas de tuberculose semblent fréquents dans l’Androy.

Mortalité

Lors de l’enquête ESASU, les réponses des informateurs clés ont permis d’identifier le nombre et les principales causes de décès chez les enfants de moins de cinq ans lors des 12 derniers mois Ils ont signalé un taux de mortalité alarmant dans les villages étudiés. Un total de 244 enfants sont décédés –205 (entre 3 et 40 par village) dans l’Atsimo Atsinanana et 39 (entre 0 et 31 dans les 7 villages) dans l’Androy. Ce nombre, divisé par le nombre total d’enfants (estimation des villages), dénonce un taux de mortalité infantile de 49 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana et de 15 pour cent dans l’Androy. Ce taux est suffisamment élevé pour paraître suspect et mérite une confirmation (en cours par le MSF). Les causes de mortalité dans l’ Atsimo Atsinanana, sont le paludisme suivi par la diarrhée; dans l’Androy la diarrhée est citée plus souvent que le paludisme.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

40

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

41

Chapitre 7 : Aides alimentaires Pour répondre au besoin du PAM/Madagascar de mieux comprendre l’impact de plus de 10 ans d’aide alimentaire dans le grand sud, l’ESASU vient d’ajouter au questionnaire ménage un module spécifique qui dépasse ses objectifs d’origine. Ce module a été utilisé dans chacune des enquêtes ménages (n=63) où l’aide alimentaire PAM a joué un rôle.

7.1 Présence de l’aide alimentaire dans les deux régions

Si la région d’Androy bénéficie des aides alimentaires depuis plus d’une décennie, la région de l’Atsimo Atsinanana, quant à elle, n’a pas eu de programme alimentaire de longue durée (Cantine Scolaire). Suite aux chocs assez réguliers, la région de l’Atsimo Atsinanana bénéficie ponctuellement d’aide d’urgence (distribution gratuite ou sous forme de Vivre Contre Travail). Les Sites Seecaline ont été actifs dans les deux régions jusqu’à fin 2004 et ont renforcé la nutrition des enfants de moins de trois ans (voir Tableau 9 ci-dessous).

Tableau 7.1 : Présence de l’aide alimentaire dans les deux régions 2004/2005

Androy Atsimo Atsinanana Tonnage Bénéficiaires Tonnage Bénéficiaires

Cantines scolaires (PAM)

1 341 tonnes de CSB, riz, légumineuses, huile (y compris 54t à Beloha, 73t à Bekily et 140t à Tsihombe) (PRRO : sept 04 à juin 05)

72 300 élèves, instituteurs et cuisiniers de 129 écoles primaires (y compris 3265 à Beloha, 4387 à Bekily et 8145 à Tsihombe)

Néant Néant

VCT (PAM) 2 300 tonnes (EMOP, nov 05 à présent)

62 500 personnes dont 12 500 participants, pas dans les communes étudiées

100t riz et 15 t légumes (5 janvier à présent)

X personnes dans communes…

Alimentation thérapeutique : Creni/Crena (PAM)

Sites Seecaline (jusqu’à fin déc 2004)

Enfants < 3 ans à travers 183 sites (y compris 24 dans les communes enquêtées)

Sites Seecaline (jusqu’à fin déc 2004)

Enfants < 3 ans à travers 215 sites (y compris 9 dans les communes enquêtées)

Distribution gratuite générale (PAM)

de18t de BP5 et 50t de riz et 50t de légumineuses (EMOP : avril à mai 2005, à dos d’hommes vers Midongy après les inondations avec AAA)

16 000 personnes dans communes…..

Autres / Gouvernement Pas d’information

60 t de riz (le gouvernement) et 7 t (chef de région) ; savon

16000 sinistrés de Midongy

Les critères de ciblage adoptés par le PAM et ses partenaires opérationnels visent les communes en Difficulté Alimentaire (DA) telles qu’elles sont décrites par le Système d’Alerte Précoce (SAP). Ce dernier critère n’est pas encore pris en compte dans le sud-est du fait de la non disponibilité des données y afférentes. Pour une comparaison entre les données ESASU et celles du SAP, voir 8.1 ci-dessous.

7.2 Nombre de ménages bénéficiaires de l’aide après le choc 2004/2005

Aucun ménage ciblé par les enquêtes menées dans l’Androy n’a bénéficié de l’aide après le passage des chocs 2004-2005, alors que 3 ménages sur 130 (soit 2 pour cent) issus des groupes « pauvres » et « démunis » dans l’Atsimo Atsinanana ont reçu du riz après les inondations survenues au début de l’année 2005.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

42

Selon les informations fournies par le Conseil National de Secours au mois d’avril 2005, « 60 tonnes de riz allouées par le gouvernement et 7 tonnes par le chef de région étaient distribuées aux 16000 sinistrés de Midongy ». Ce qui signifierait que la quantité de l’aide est loin de couvrir les besoins immédiats de ces derniers. Cependant, le PAM a alloué 50 tonnes de riz, 50 tonnes de légumineuses et 18 tonnes de biscuits BP56 aux partenaires (i.e. l’Association Agro-Action Allemande) pour subvenir aux besoins des victimes des dernières inondations. Cette Association a confié au diocèse de Midongy le soin de les distribuer à partir d’un programme Vivres Contre Travail (VCT).

La route principale reliant tous les fokontany frappés par les inondations au chef-lieu de la commune de Midongy dans la région de l’Atsimo Atsinanana n’est pas praticable durant toute l’année ; ce qui rend difficile l’acheminement des aides aux sinistrés dans cette région. La zone d’accès la plus proche par voie terrestre se trouve à 51 km, à Ranomena. Ainsi les sinistrés en attendant l’arrivée des aides, sont obligés de faire face aux insuffisances alimentaires causées par les inondations.

7.3 Rôle de l’aide alimentaire dans les sources d’aliments consommés dans les ménages

L’importance donnée à l’aide alimentaire dans la consommation des ménages enquêtés est minimale dans les deux régions. Seuls cinq d’entre eux (soit 2 pour cent) ont déclaré que l’aide alimentaire constitue la source d’aliments la plus importante dans la consommation du ménage. Etant donné le nombre de ménages bénéficiaires, ceci n’est pas surprenant.

7.4 Fréquence de l’aide alimentaire dans les stratégies de survie

Dans l’ensemble des deux régions, 22 pour cent des ménages ont eu recours à l’aide alimentaire (tout type confondu, formel, ou informel ; local ou PAM) comme stratégie de survie lors des dernières semaines: 14 pour cent des ménages dans l’Atsimo Atsinanana et 21 pour cent dans l’Androy.

7.5 Perception des ménages bénéficiaires

o Forme d’aides alimentaires les plus fréquentes

Au total, trois ménages ciblés par les enquêtes effectuées dans la région de l’Atsimo Atsinanana ont déclaré avoir bénéficié du don de riz du gouvernement après les inondations, et ceci à travers les distributions générales.

La moitié (50 pour cent, n=60) des ménages sélectionnés de façon tout à fait aléatoire dans les villages de l’Androy sont des bénéficiaires de l’aide alimentaire PAM (Cantine Scolaire et/ou VCT) : 98 pour cent d’entre eux depuis déjà plus d’un an (voir Tableau 10). 27 pour cent d’entre eux ont des enfants scolarisés dans

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: « Les femmes doivent manipuler des outils inadaptés à leur force physique entraînant des ampoules au niveau de leurs mains ». « Une femme s’était fait avorter après avoir effectué le VCT.»

Focus group des femmes d’Ankilimiary (Commune Midongy, Atsimo Atsinanana)

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: Aussi bien les femmes que les hommes travaillent dans la réhabilitation des routes pour avoir une quantité de riz. L’intervention du prêtre de Midongy s’avère ainsi indispensable pour les ménages.

Un chef de ménage d’Ambonihasy (Commune Midongy, Atsimo Atsinanana)

Les aides alimentaires sont très importantes pour la vie du village car il faut beaucoup de temps pour enlever l’eau et le sable qui inondent les rizières. Elles nous servent donc à combler les pertes durant les chocs et à affronter les difficultés alimentaires.

Village Bekofafa (Commune Midongy, Atsimo Atsinanana)

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

43

une école primaire publique dotée de cantines scolaires installées par le PAM et 73 pour cent ont reçu des vivres (riz ou maïs) après avoir effectué des travaux communautaires VCT12.

Seuls 12 ménages sur les 60 (20 pour cent) figurent parmi les « démunis » de leurs villages (selon la perception des villageois) –une tendance qui souligne l’importance d’étudier et de proposer un standard universel de ciblage pour toutes les interventions PAM. La plus grande partie de l’aide (44 pour cent des cantines et 73 pour cent des VCT) ont ciblé les ménages « pauvres », tandis que la plupart des ménages « démunis » n’en ont pas bénéficiée. Même si toutes les classes économiques sont victimes de l’insécurité alimentaire, le but du ciblage est d’inclure « les pauvres » et les « démunis » dans toutes les interventions du PAM et de ses partenaires.

Tableau 7.2 : Forme d’aide alimentaire la plus fréquente, par classe socio-économique

Région : Androy Moyens Pauvres Démunis Total Cantines scolaires 5 (31%) 7 (44%) 4 (25%) 16 (27%) VCT 4 (9%) 32 (73%) 8 (18%) 44 (73%) Néant 5 28 27 60 Total 14 67 39 120

o Durée de l’aide alimentaire et l’utilisation des vivres

Presque la totalité des aides alimentaires date de plus d’une année (voir Tableau 11) car les cantines scolaires ont commencé à fonctionner au cours de l’année scolaire 2002-2003, alors que les VCT ont été mis en place en 2003.

Tous les vivres distribués dans les deux régions sont totalement consommés --ce qui voudrait dire que les élèves ne rapportent pas chez eux une partie de la ration distribuée en classe. Le PAM offre 2 repas par jour aux élèves. Le petit déjeuner est constitué de CSB (25g), alors que le riz et les légumineuses sèches (180g) sont servis au déjeuner. Concernant les cantines scolaires, les chefs de ménage ont fourni les explications suivantes : l’enfant mange un peu à l’école, les enfants sont rassasiés à l’école, la présence des cantines scolaires encourage les enfants à aller à l’école et les dépenses consacrées à la consommation familiale sont donc réduites.

Tableau 7.3 : Durée de l’aide alimentaire, par type d’aide

Nombre de ménages Plus d’une année 6-12 mois <6 mois Première

fois Total

Cantines scolaires 15 1 0 0 16 VCT 44 0 0 0 44 Total 59 1 0 0 60

o Importance de l’aide alimentaire pour le bien-être du ménage

Un total de 68 pour cent des ménages bénéficiant des cantines les considère comme étant très importantes, contre 82 pour cent des ménages bénéficiant des VCT, (voir Tableau 12 ci-dessous). Beaucoup de ménages trouvent que les vivres sont très importants pour le bien-être du ménage, car les VCT « aident à vivre, ils permettent d’obtenir de quoi manger, ils offrent du riz à manger, ils ont sauvé des vies, ils contribuent au soulagement des obligations familiales ». Ils pensent que les VCT les touchent plus directement que les cantines scolaires. L’on remarque, par ailleurs, qu’aucun ménage n’a noté le bénéfice obtenu par le VCT dans le désenclavement, l’assainissement ou la disponibilité d’un point d’eau dans le fokontany.

Les ménages bénéficiaires ont signalé l’importance du programme VCT initié par le PAM dans l’Androy. Ce programme a été remarqué par les fokontany ciblés par les enquêtes dans la commune de Beloha. Il concernait essentiellement : le déblayage de la route menant au fokontany et l’assainissement d’une mare (ou sihanaka) pouvant servir de point d’eau. En ce qui concerne le VCT, l’appréciation des ménages demeure positive malgré le fait que les travaux exigés par le VCT soient considérés comme étant très durs physiquement. 12 Ce programme de VCT, entrepris dans les fokontany dans la commune de Beloha, a été commandité par le PAM et SEECALINE.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

44

Tableau 7.4 : Importance de l’aide alimentaire pour le bien-être du ménage, par type Nombre de ménages Extrêmement Très Moyen Peu Total Cantines scolaires 3 11 (61%) 2 0 16 VCT 5 36 (82%) 1 2 44 Total 8 47 (78%) 3 2 60

o Stratégies à adopter sans l’aide alimentaire

Si l’aide alimentaire PAM s’arrête aujourd’hui, que feriez vous ? (Voir réponses Tableau 13 ci-dessous). 28 pour cent (n=17) des bénéficiaires répondent qu’ils diminueraient leur consommation si le PAM n’existait pas, 23 pour cent (n=6) consommeraient plus de raiketa, 13 pour cent travailleraient plus, 8 pour cent vendraient plus de biens et 7 pour cent migreraient (les autres n’ont aucune idée). Mais sans les aides alimentaires, 20 pour cent des ménages (n=26) feraient autre chose : épuiseraient leur stock de réserves (1 ménage), vendraient des bois de chauffe (1 ménage), et 10 ménages n’ont exprimé aucune idée.

Tableau 7.5 : Stratégies adoptées en cas d’absence d’aide alimentaire, par type d’aide

Nombre de ménages Manger moins

Consommer Raiketa

Travailler plus

Vendre plus Emigration

Pas d’idée ou

autres Total

Cantines scolaires 6 4 2 1 0 3 16 VCT 11 10 6 4 4 9 44

Total 17 (28%) 14 (23%) 8 (13%) 5 (8%) 4 (7%) 12 (20%) 60

o Suggestions autour des aides alimentaires Quatre vinght et un pour cent des bénéficiaires des cantines scolaires n’ont émis aucune suggestion. Les autres ont proposé l’augmentation de la ration distribuée aux élèves, ou encore l’octroi d’aide alimentaire aux parents d’élèves.En revanche, 84 pour cent des suggestions concernent la reprise du VCT où l’éradication des raiketa mena sera entreprise par les travaux communautaires. Pour cela des propositions relatives à l’amélioration du ciblage des personnes pouvant participer aux travaux et à l’augmentation de la ration ont été émises.

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: • « Les adultes qui ont participé aux VCT ont consommé la totalité des vivres et n’ont pas vendu

une partie de la ration au marché.» Le Directeur de l’EPP d’Anovy Sud, Androy

• « Les cantines scolaires garantissent la ration journalière de nos enfants sauf pendant les jours fériés et les vacances scolaires. Ils mangent à satiété à l’école pendant la journée et ne reçoivent qu’une petite part le soir à la maison. Ce qui allège, en partie, nos difficultés alimentaires ».

Focus group de 6 mères de familles à Sarisambo, Androy

• « C’est au niveau de l’insuffisance alimentaire qui handicape la présence effective des élèves à l’école pendant toute l’année »

Le Directeur de l’EPP de Milahila Midongy du Sud, Sud-est

• « Nous trouvons que le VCT est bénéfique pour tout le monde car il a permis de recevoir une ration alimentaire pouvant satisfaire les besoins de la famille, ne serait-ce que pendant une période déterminée.

Focus group de 6 femmes chefs de ménage à Ankilimiary, Androy

• Les parents d’élèves bénéficiaires de la cantine se doutent de la quantité et la qualité du repas que les enfants cuisinent eux mêmes. « arrivés à la maison, nos enfants demandent tout de suite à manger, on pense que la ration est insuffisante ».

Village Antavy Nord, Faux Cap, Androy

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

45

Enfin, des suggestions concernant la distribution gratuite aux tuberculeux, aux personnes âgées vivant seules ont été proposées. Ce rapport plaide encore une fois en faveur de l’utilisation d’approches qui favorisent la participation véritable des ménages et des populations à la recherche de solutions adaptées pour réduire l’insécurité alimentaire en renforçant leurs moyens de subsistance et en diversifiant leurs activités. L’expérience a montré que les programmes établis avec la participation des bénéficiaires sont plus efficaces que ceux qui leur sont imposés. Depuis 15 ans, le PAM est devenu une véritable institution dans le grand sud de Madagascar et sa présence (avec bien d’autres acteurs) a fortement contribué à faire baisser les taux d’insécurité alimentaire et de malnutrition de la province de Toliara, relativement faibles par rapport aux autres provinces. Ceci a été mentionné, sans équivoque, depuis plusieurs années dans les documents publiés sur la sécurité alimentaire à Madagascar. Il faut aussi comprendre que le peuple de l’Androy a, depuis des générations, adapté ses stratégies de vie et de consommation à son cruel, capricieux mais providentiel environnement. Il faudra trouver un compromis entre l’insécurité alimentaire plutôt transitoire du sud et une éventuelle dépendance alimentaire due aux programmations PAM.

AAnneeccddootteess ddeess VViillllaaggeess :: Le programme VCT contre destruction des raiketa mena est prioritaire. En effet, ces derniers constituent une menace aussi bien pour la disparition des raiketa jaunes nécessaires pour la consommation familiale que pour l’environnement.

Réunion villageoise d’Ankilimiary, Androy

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

46

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

47

Chapitre 8 : Assistance requise Ce chapitre a pour objectif de proposer et de décrire l’assistance requise (échelle/volume, secteurs nécessitant des interventions, bénéficiaires et répartition géographique) par les plus vulnérables des deux régions. Les conclusions décrites ci-dessous ne prétendent pas avoir une validité statistique, mais sont le résultat des déductions et des estimations des auteurs, basées sur la triangulation de toutes les sources d’information disponibles (y compris les enquêtes des ménages).

8.1 Ecart alimentaire

Basé uniquement sur l’Indice de Diversité de Consommation (IDC, décrit ci-dessus), l’écart alimentaire actuel par rapport au seuil minimum requis (l’équivalent d’un des trois groupes majeurs d’aliments consommés chaque jour, selon la méthodologie ESASU) est de l’ordre de 28 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana et de 22 pour cent dans l’Androy. Cependant, ayant davantage confiance dans les données qualitatives, les auteurs préfèrent, pour estimer l’écart alimentaire, la triangulation d’une combinaison d’indicateurs supplétifs (voir Tableau 14 ci-dessous). Une combinaison d’indicateurs a donc été réalisée en deux étapes: une étape pour estimer l’écart aigu face à un problème transitoire, et une seconde étape pour estimer un besoin chronique face à un problème structurel.

• Ecart aigu

Les 250 ménages ont été repartis en deux groupes : un groupe de ménages qui répond à tous les critères suivants et l’autre qui n’y répond pas :

o En période de crise actuellement

o Nombre de repas aujourd’hui: < 2

o Indice de Diversité de Consommation : < 15 (Moyenne : 14)

o Indice Stratégies de Survie « Détresse »: > 6 (Moyenne : 5,8).

Tableau 8.1 : Indicateurs supplétifs de sécurité alimentaire

Seuls 13 ménages répondent positivement aux 4 critères et ils appartiennent tous à la région de l’Atsimo Atsinanana.

Résultat : 13/130 ménages = 10 pour cent des ménages dans les communes les plus vulnérables de la région de l’Atsimo Atsinanana ont un écart de 28 pour cent par rapport au seuil minimum requis. Les ménages de l’Androy ne sont pas soumis à un écart aigu en ce moment.

Le pire est en couleur rouge / souligné

Atsimo Atsinanana (n=130)

Androy (n=120)

Indice Diversité de Consommation (IDC) 12,9 16,9 Nombre de repas normal/crise % des ménages en crise actuelle

2,7 / 1,9 94% (n=122)

2,7 / 1,9 4% (n=5)

Indice de Stratégie de Survie (ISS) 25,7 16,8

Sources principales d’aliments Marché/ Production Production/ PPC

Nombre de mois de stocks « aujourd’hui » 1 2

Nombre de mois de soudure (12 derniers mois) 7 8,5

Niveau de RISQUE (Choc/vulnérabilité, 1=pire)

1,92 (1,46 / 1,77)

3,42 (4,67 / 3,08)

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

48

• Ecart chronique

Les 237 ménages restants ont été repartis en deux groupes : un groupe de ménages qui répond à tous les critères suivants et l’autre qui n’y répond pas (donc un écart alimentaire acceptable):

o Nombre de mois de soudure : > 8 mois

o Source principale d’aliment: le marché

o Indice de Stratégie de Survie : > 20 (Moyenne : 21)

o Biens : < 4 (Moyenne : 4,3).

Seuls 12 ménages répondent positivement aux 4 critères, 8 dans la région de l’Atsimo Atsinanana et 4 dans l’Androy.

Résultat :

8/130 ménages = 6 pour cent des ménages dans les communes les plus vulnérables de la région de l’Atsimo Atsinanana ont un écart de 28 pour cent par rapport au seuil minimum requis.

4/120 ménages = 3 pour cent des ménages dans les communes les plus vulnérables de la région d’Androy ont un écart de 22 pour cent par rapport au seuil minimum requis.

Ces trois groupes, 1.) Ménages à l’écart aigu, 2.) Ménages à l’écart chronique et 3.) Ménages à l’écart alimentaire acceptable font l’objet d’une étude approfondie d’indicateurs sociodémographiques (voir Tableau 15). Il est intéressant de noter que les ménages à l’écart alimentaire « aigu » ont les plus grandes familles (taille= 9). Les ménages à l’écart alimentaire « chronique » sont plus souvent dirigés par une femme (36 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana), ont le plus faible taux d’alphabétisation chez les chefs (30 pour cent des ménages « chronique » sont analphabètes, dans l’Atsimo Atsinanana) et de scolarisation des enfants (seulement 68 pour cent dans l’Atsimo Atsinanana et 54 pour cent dans l’Androy). Ces tendances sont particulièrement nettes dans l’Atsimo Atsinanana et beaucoup moins dans l’Androy.

Tableau 8.2 : Socio-démographie par groupe d’écart

Atsimo Atsinanana

% de la population

totale

Bénéficiaire de l’aide alimentaire

Femmes chefs de ménage

Taille de ménage Analphabétisation Enfants

scolarisés

Ecart acceptable 84% 1% 27% 7,6 16% 74%

Ecart chronique 6% 0 36% 7,45 30% 68% Ecart severe 10% 0 15% 9 15% 88%

Androy % de la

population totale

Bénéficiaire de l’aide alimentaire

Femmes chefs de ménage

Taille de ménage Analphabétisation Enfants

scolarisés

Ecart acceptable 97 50% 27% 6 43% 56%

Ecart chronique 3 0 25% 5,7 38% 54% Ecart severe 0

• Que dit le Système d’Alerte Précoce (SAP) sur ces ménages à l’écart alimentaire chronique dans la région de l’Androy?

La sélection des communes réalisée pour l’étude ESASU a été faite sur la base d’une étude préliminaire sur le niveau de risque avec les données RC/ILO (insécurité alimentaire et nombre de chocs exogènes) et Seecaline/Banque Mondiale (malnutrition chronique). Dans les deux régions, les communes ayant un Indice de Risque Chronique inférieur à 1,3 n’ont pas été prises en considération. Dans la région d’Androy, seules 6 des 45 communes (13 pour cent de la région) ont été classées « à risque ».

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

49

L’étude SAP, se basant sur le nombre de fois où une commune a été déclarée en « difficulté alimentaire » durant la période 1997 à 2004, a classé 3 des six communes « à risque » ESASU comme ayant une vulnérabilité « importante ». Deux autres communes sont considérées par le SAP comme étant d’une vulnérabilité « moyenne » et une autre d’une vulnérabilité « faible ». Selon le Pronostic SAP Préliminaire 2005, aucune des six communes « à risque » n’est déclarée en « difficulté alimentaire ». Si les analyses chroniques ESASU/SAP ne correspondent pas parfaitement, l’analyse de la situation actuelle, dite « aiguë », dans les quatre communes enquêtées de l’Androy, est similaire dans les deux sources.

8.2 Volume des besoins

La méthode (décrite ci-dessous) utilisée pour déterminer le volume de vivres dont ces ménages ont besoin va servir à illustrer une application des données ESASU dans la quantification des besoins. Elle devrait être revue chaque fois que les données sont remises à jour ou que les principes de base évoluent. L’estimation du volume des besoins est présentée ci-dessous en trois étapes : déterminer les fourchettes, calculer le nombre de bénéficiaires et chiffrer le besoin en tonnes de vivres.

1. Déterminer les fourchettes

Sur la base des pourcentages de ménages identifiés ci-dessus avec un écart alimentaire (10 et 6 pour cent dans l’ Atsimo Atsinanana et 3 pour cent dans l’Androy), on applique une fourchette d’environ 30 pour cent13. Donc, au lieu de « 10 pour cent des ménages avec un écart aigu» dans l’Atsimo Atsinanana, on estime qu’entre 7 et 13 pour cent des ménages parmi les plus vulnérables sont touchés. Les 6 pour cent d’écart chronique dans l’ Atsimo Atsinanana deviennent entre 4 et 8 pour cent et les 3 pour cent d’écart chronique dans l’Androy deviennent entre 2 et 4 pour cent. (voir Tableau 16 pour les résultats).

Tableau 8.3 : Ménages avec écart alimentaire 2. Calculer le nombre de bénéficiaires

Les fourchettes développées ci-dessus sont appliquées sur la population totale des communes « à risque » de chaque région (selon la combinaison de critères14 cités au Chapitre 1, Méthodologie). Dans la région de l’Atsimo Atsinanana, la population totale « à risque » est d’environ 533 000 habitants et dans la région de l’Androy elle est de l’ordre de 81 000 personnes. Les communes de l’Atsimo Atsinanana qui sont à la fois « à risque » et ayant subi un choc récent sont au nombre de 170 143. (Voir Tableau 17 pour les résultats). Ces calculs donnent un nombre qui varie entre 33 150 et 68000 personnes qui nécessitent une attention alimentaire.

Tableau 8.4 : Nombre de bénéficiaires

Atsimo Atsinanana 533 000 à risque (170 143 avec choc récent) Chronique 4 à 8% 21 320 – 42 640 personnes Aigu 6 à 13% 10 209 –22 119 personnes

13 Ce chiffre est arbitraire. 14 Dans cette analyse, un score a été attribué à chaque commune dans les deux régions. Ce score oscille entre 7 et 2, et un seuil de 1,35 a été établi dans les deux régions pour classer les ménages, au-dessus du seuil, comme étant « à risque » et les ménages ,en-dessous de 1,35 comme étant « moins à risque ».

Atsimo Atsinanana

Acceptable 84%

Chronique 6% 4 à 8% Aigu 10% 6 à 13%

Androy Acceptable 97% Chronique 3% 2 à 4 % Aigu 0%

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

50

Androy 81 000 à risque Chronique 2 à 4 % 1 620 – 3 240 personnes Total (Chronique / Aigu) 33 149 – 67 999 personnes

(22 940 – 45 880 / 10 209 – 22 119)

3. Chiffrer le besoin en tonnes de vivres

Le besoin en tonnes de vivres (voir Tableau 18) est différent pour les deux groupes de bénéficiaires, ceux qui ont un écart alimentaire mensuel aigu et ceux qui ont un écart alimentaire mensuel chronique. L’objectif est de compléter le panier minimum mensuel de consommation (15kg15, ou 0,015 tonne, * l’écart) par bénéficiaire pendant la période la plus difficile.

Tableau 8.5 : Tonnes de vivres requises

Atsimo Atsinanana Chronique 21 320 – 42 640 personnes * (Ecart à 28%=0,004t * 4 mois) 341t – 682t Aigu 10 209 – 22 119 personnes * (Ecart à 34%=0,005t * 6 mois) 306 t – 664t Total Atsimo Atsinanana (t) 347t – 1346t Androy Chronique 1 620 – 3 240 personnes * (Ecart à 22%=0,003t * 5,6 mois) 27t – 54t

Total Global

(t) Total global (t) 675t – 1400t

Pour les bénéficiaires à l’écart alimentaire mensuel aigu, le besoin est immédiat ; il est estimé afin de combler les besoins pendant 6 mois --jusqu’à la prochaine récolte de décembre/janvier, ou quand le pourcentage de ménages en difficulté est le plus bas. L’écart alimentaire moyen de ces ménages est de 34 pour cent; multiplié par 0,015 tonne de vivres, l’écart mensuel aigu se traduit par 0,005 tonne de vivres par bénéficiaire et par mois.

Pour les bénéficiaires à l’écart alimentaire mensuel chronique: les écarts alimentaires pour la région de l’Atsimo Atsinanana et d’Androy ont été établis préalablement (voir 8.1 ci-dessus) à respectivement 28 et 22 pour cent. La période de soudure retenue pour ces calculs est celle des focus groups, donc 4 mois pour l’Atsimo Atsinanana et 5,6 mois pour l’Androy (voir Tableau 18 ci-dessus). Les écarts mensuels chroniques se traduisent par 0,004 tonne de vivres par bénéficiaire et par mois dans l’Atsimo Atsinanana et par 0,003 tonne dans l’Androy Les transferts alimentaires devraient correspondre aux dates et aux durées respectives de soudure.

8.3 Bénéficiaires : qui sont les plus vulnérables?

Selon les villageois eux-mêmes, les personnes les plus vulnérables de l’Atsimo Atsinanana sont les femmes chefs de ménage tandis que dans l’ Androy ce sont les ménages sans zébu.

Dans cette étude ESASU , en ce qui concerne les deux régions, les ménages qui ont bénéficié de l’aide alimentaire préalable (voir Tableau 14) ne sont pas identifiés comme étant les plus vulnérables (i.e. à l’écart alimentaire « aigu » et/ou « chronique »). Ce fait souligne l’importance qui doit être donnée à un ciblage systématique des bénéficiaires par tous les opérateurs et partenaires PAM. Ce sujet mérite une étude approfondie afin que puisse être développée une procédure standard de ciblage des plus vulnérables à Madagascar --adaptée systématiquement à chaque région.

Certaines caractéristiques liées à la vulnérabilité s’appliquent aux deux régions. L’ESASU oriente l’attention surtout sur les groupes suivants :

• les ménages dirigés par les femmes et les enfants de moins de cinq ans 15 Dans l’Annexe 3.1 du Manuel d’Alimentation et Nutrition du PAM, les rations journalières types sont estimées en grammes par jour. La moyenne de ces rations journalières a été multipliée par 30 jours pour arriver à 15Kg (ou 0,015tonne) par bénéficiaire et par mois.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

51

• les ménages composés de nombreuses personnes (plus de cinq),

• les ménages constitués de personnes âgées, (surtout en situation « démunis », selon les critères de la présente étude)

• les ménages où le chef est illettré et où les enfants sont peu scolarisés.

8.4 Quels secteurs sont prioritaires chez ces bénéficiaires candidats ?

Les problèmes majeurs évoqués par les villageois enquêtés de cette région de l’Atsimo Atsinanana sont au nombre de deux : 1.) l’enclavement (d’une part, faible accès aux marchés des autres communes, faible écoulement des produits, faible rentrée de revenus ; d’autre part, les produits qui entrent dans la commune reviennent très chers à cause du mauvais état des routes) 2.) L’inondation et le cyclone (destruction des terres et des cultures, donc faible production). Cependant, les villageois sont aussi conscients de la dégradation de l’environnement due à la pratique du tavy qui consiste à chercher des terres en haut de la colline pour échapper à l’inondation.

Si on demande aux ménages d’identifier la priorité principale pour une amélioration future, ils placent en priorité les secteurs suivants (Tableau 19):

Tableau 8.6 : Priorités sectorielles des ménages Priorité Atsimo Atsinanana Androy

1 Agriculture: 98 ménages (75%) Agriculture: 95 ménages (79%)

2 Enclavement: 14 ménages (11%) Santé: 11 (10%, et encore plus chez les « démunis »)

3 Santé: 9 (7%, et encore plus chez les « démunis ») Eau /Assainissement: 5 ménages

L’agriculture se trouve à la première place des solutions proposées par les ménages des deux régions. La santé figure aussi dans les « top trois » des deux régions et reste la préoccupation des plus vulnérables (ou des « démunis »). Mais la grande différence concerne les déterminants conjoncturels spécifiques de l’insécurité alimentaire des deux régions : l’enclavement de l’Atsimo Atsinanana et l’eau (l’eau potable, pour l’hygiène et pour les cultures) de l’Androy. Même si peu de ménages ont mis en priorité ces deux secteurs (parmi les trois secteurs les plus importants), la conclusion à tirer est que les routes sont pour l’Atsimo Atsinanana ce qu’est l’eau pour l’Androy, c’est-à-dire la solution la plus susceptible d’avoir un impact durable sur l’insécurité alimentaire chronique des plus vulnérables.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

52

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

53

Chapitre 9 : Options de réponse Face à cet écart alimentaire (Chapitre 8, Assistance requise) et afin de préciser les options de réponse pertinente aux problèmes et aux causes d’insécurité alimentaire (Chapitres 3 à 6), l’équipe de consultants a travaillé sur le Graphique 9b (dans le Manuel ESASU) intitulé « Guide for identifying appropriate types of response ».

9.1 A travers six questions spécifiques concernant les deux régions étudiées, ce chapitre propose les options de réponse les plus appropriées. Il développe ensuite les interventions non alimentaires et leurs modalités d’application, il identifie enfin les partenaires potentiels, ceci à titre illustratif.

Question 1 : Etant donné que les ménages étudiés ne possédent ni accès sécurisé à une alimentation ni produits agricoles à échanger, ont-ils cependant des occasions d’augmenter leur production ou leur revenu ?

• Région Atsimo Atsinanana

Réponse : Oui, car les occasions d’augmentation de production ne dépendent que de la disponibilité d’outils et de main-d’œuvre (et/ou de force physique et de temps) des femmes chefs de ménage. L’augmentation de revenu de la population agricole entière est liée au problème de l’enclavement des routes pour l’évacuation des produits. Les activités génératrices de revenus potentiels sont nombreuses : petit commerce, vannerie, maraîchage, etc.

Intervention(s) appropriée(s) : Soutien aux «Livelihoods » en collaboration avec des partenaires ou

Vivres contre Travail (VCT) comme soutien au revenu pendant la période de soudure et au désenclavement. A travers la communication, renforcer les activités agricoles avec des outils, engrais, et techniques.

Faciliter l’accès à la terre pour les femmes célibataires. Identifier et mettre en place des activités génératrices de revenu et/ou des interventions de micro-crédit pour les femmes chefs de famille.

• Région Androy

Réponse : Oui, les occasions ne manquent pas pour augmenter la production, mais les outils, les charrues et les semences font souvent défaut. Toute la population réclame la destruction des raiketa mena.

Intervention(s) appropriée(s) : Soutien aux « Livelihoods » en collaboration avec des partenaires ou

Vivres Contre Travail (VCT) comme soutien au revenu pendant la période de soudure et soutien à la destruction des raiketa mena.

A travers la communication, renforcer les activités agricoles avec des outils, engrais, techniques.

Modalités et partenaires potentiels pour les interventions non alimentaires:

Distribution des services d’extension et des outils, avec le Ministère de l’Agriculture et/ou la FAO. Distribution de fours améliorés et interventions du foncier, AGR et micro-crédit pour les femmes, avec les ONGs.

Question 2 : Etant donné qu’il n’ y a pas d’aliments adéquats à des prix abordables dans les marchés locaux, une intervention au niveau du marché est elle faisable ?

• Région Atsimo Atsinanana

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

54

Réponse : Les prix des Produits de Première Nécessité (PPN) sont très élevés dans la région et même si les produits agricoles ne sont pas chers –comparés aux zones urbaines, par exemple, le pouvoir d’achat très limité des ménages rend ces produits inaccessibles.

Intervention(s) appropriée(s) : Soutien aux marchés en collaboration avec des partenaires ou

Vivres Contre Travail (VCT) comme soutien au revenu pendant des moments difficiles.

Amélioration de la production et stockage ménager du riz. Augmentation du revenu à travers des AGR et diversification des cultures.

• Région Androy

Réponse : Le manque de diversité des produits sur les marchés entraîne une consommation peu variée. Il y a un manque important de légumes et de fruits dans la plupart des marchés.

Intervention(s) appropriée(s) : Soutien aux marchés en collaboration avec des partenaires ou

Vivres Contre Formation (VCF) pour promouvoir l’alphabétisation des adultes vulnérables en vue d’atténuer l’impact néfaste de certaines croyances traditionnelles.

Augmenter le revenu à travers des AGR et la diversification des cultures.

Modalités et partenaires potentiels pour les interventions non alimentaires:

Interventions au niveau du marché lors des crises afin de stabiliser la fluctuation des prix, Ministère de l’Agriculture et/ou la FAO. Distributions des entrants et des techniques avec le gouvernement/FAO. AGR avec les ONGs.

Question 3 : Etant donné que les ménages ont de l’argent pour des achats alimentaires, et qu’il n’y a pas un taux élevé de malnutrition aigüe, y a-t-il des individus à l’intérieur des ménages qui ont des besoins alimentaires non satisfaits ?

• Région Atsimo Atsinanana

Réponse : Oui, selon les us et coutumes de cette région, les enfants mangent moins de nourriture au bénéfice des adultes productifs du ménage.

Intervention(s) appropriée(s) : Cantines scolaires comme filet de sécurité pour le renforcement de la consommation ménagère. Augmentation de la production et du revenu afin de renforcer l’accès aux aliments pour tous les membres de la famille.

• Région Androy, Réponse : Non, ce problème ne se pose que rarement dans l’Androy.

Modalités et partenaires potentiels pour les interventions non alimentaires:

Distribution des entrants et des services agricoles, Ministère de l’Agriculture et/ou la FAO et les ONGs. Potagers communautaires et autres activités génératrices de revenu avec les ONGs.

Question 4 : Y a t-il des risques de déficience des micronutriments spécifiques ?

• Région Atsimo Atsinanana

Réponse : Oui, il y a un manque prononcé de calcium dans les régimes alimentaires de cette région. Les lipides et protéines manquent également. On mange surtout du riz et le régime demeure très peu diversifié.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

55

Intervention(s) appropriée(s) : Fortification des aliments avec du calcium, fer et vitamine A. , Soutien à la diversification agricole, à la consommation (à travers la communication) et aux potagers scolaires ou villageois

• Région Androy

Réponse : Non, les peuples du sud sont connus pour avoir un régime alimentaire varié. Ceci est du à la consommation du poisson, à un variété d’aliments de base (manioc, maïs, patate douce) et à une adaptation de la consommation à la sécheresse. La consommation de lait caillé est aussi prévalente.

Question 5 : Les ménages, disposent –ils des moyens adéquats pour préparer leur nourriture ?

• Région Atsimo Atsinanana

Réponse : Non, les ménages de la classe des « démunis » n’ont presque pas de marmites et manquent d’autres ustensiles nécessaires à la préparation et à la consommation des aliments.

Intervention(s) appropriée(s): Distribution très ciblée d’ ustensiles lors d’un prochain choc.

• Région Androy

Réponse : Non, les ménages ont de grandes difficultés à satisfaire leur besoin en eau et en bois de chauffe.

Intervention(s) appropriée(s) : Distribution très ciblée et ponctuelle de l’eau lors d’un prochain choc ou Vivre Contre Formation pour les foyers améliorés, meilleur accès aux forages/puits et meilleure hygiène/traitement de l’eau.

A travers la communication, valoriser l’emploi d’autres techniques de cuisine, par exemple des fours améliorés, etc.

Question 6 : La prévalence de diarrhée ou d’autres maladies, affecte-t-elle l’absorption d’aliments et de micronutriments chez la population étudiée?

• Région Atsimo Atsinanana

Réponse : Oui, la diarrhée coûte chère dans la région, surtout lorsqu’elle est saisonnière.

Intervention(s) appropriée(s) : Plaidoyer pour un soutien en infrastructure sanitaire, en eau/assainissement ou Vivres Contre Formation (VCF) pour apprendre aux femmes les règles d’hygiène.

• Région Androy, Réponse : Non.

Aide Non Alimentaire

• Renforcement du dispositif Gestion des Risques/Catastrophes :

o Désigner un responsable par village pour faire passer les messages pertinents.

o Améliorer l’accès aux radios (par exemple, par l’intermédiaire du doyen du village, d’un commerçant ou d’un instituteur).

o Améliorer le niveau de prévention des catastrophes : stockage, routes, etc.

o Modalités et partenaires potentiels : GRC à travers le CNS local. Radios/piles avec les ONGs et commerçants. Gouvernement/FAO pour le volet stockage et routes.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

56

• Communication et sensibilisation : pour la diversification, l’amélioration des techniques agricoles, les potagers communautaires ou scolaires, les activités génératrices de revenu, et l’amélioration des pratiques de consommation et de l’hygiène.

9.2 Résumé par région

Etant donné la grande diversité existant entre les deux régions étudiées, l’approche et les interventions sont tout à fait différentes selon chacune d’elle. On doit avoir présent à l’esprit que si on suit strictement les consignes du PAM concernant les interventions, les transferts d’aliments ne sont que rarement requis à Madagascar. Même si un paquet d’interventions est l’idéal, il faudra être prudents dans le timing des interventions simultanées. Pour assurer une transition en douceur de la situation d’urgence au développement du pays, on a retenu les interventions de transfert suivantes.

• Les interventions pertinentes et appropriées dans l’Atsimo Atsinanana :

o Soutien aux «Livelihoods » en collaboration avec des partenaires ou Vivres contre Travail (VCT) comme soutien au revenu pendant la période de soudure et soutien aussi au désenclavement.

o Soutien aux marchés en collaboration avec des partenaires ou Vivres Contre Travail (VCT) comme soutien au revenu pendant des moments difficiles.

o Cantines scolaires

o Fortification des aliments avec du calcium, fer et autre

o Distribution très ciblée d’ustensiles lors d’un prochain choc

o Plaidoyer pour un soutien en infrastructure sanitaire, eau/assainissement ou Vivres Contre Formation (VCF) pour apprendre aux femmes les règles d’hygiène

o GRC et communication en vue de la diversification des cultures, potagers, etc.

• Les interventions pertinentes et appropriées dans l’Androy :

o Soutien aux « Livelihoods » en collaboration avec des partenaires ou Vivres Contre Travail (VCT) comme soutien au revenu pendant la période de soudure et soutien également à la destruction des raiketa mena.

o Soutien aux marchés en collaboration avec des partenaires ou Vivres Contre Formation (VCF) pour apprendre aux populations vulnérables le maraîchage, l’entretien des potagers et/ou l’alphabétisation des adultes en vue d’atténuer l’impact de certaines croyances nocives.

o Distribution très ciblée de l’eau lors d’un prochain choc ou Vivre Contre Formation pour les foyers améliorés.

o GRC et communication en vue de la diversification des cultures, potagers, etc.

9.3 Que feront les ménages en cas de non intervention ?

On a posé la question suivante aux ménages :« Comment voyez-vous l’avenir ? ». Répondant à la question, ils ont décrit un changement de revenu, les biens qu’ils prévoyaient vendre, les sources d’aliments susceptibles de changer et le nombre de repas qu’ils comptaient prendre dans les prochains mois. En général, les ménages ont trouvé ces questions difficiles, car prévoir l’avenir semble compliqué et étrange quand on vit au jour le jour. Cependant, la recherche a souligné quelques points intéressants :

• Changement de revenu : 24 pour cent des ménages des deux régions prévoient dans les prochains mois un changement de revenu tiré de la vente des produits agricoles et animaliers. Dans l’Atsimo Atsinanana, 28 pour cent des ménages (n=36) parlent d’augmenter la production et

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

57

de diversifier les cultures (donnant la préférence à la patate douce et au manioc) afin de pouvoir vendre plus sur le marché. Dans l’Androy, les ménages (19 pour cent, n=23) envisagent d’accroître l’élevage des animaux afin de bénéficier de leur vente. Deux fois plus de ménages de l’Atsimo Atsinanana parlent d’augmenter leur travail journalier / main-d’œuvre comparés à ceux de l’Androy. Trois fois plus de ménages dans l’Androy pensent bénéficier de plus de rémittences dans un proche avenir.

• Biens a vendre : 69 ménages (28 pour cent, 20 pour cent de l’Atsimo Atsinanana et 36 pour cent dans l’Androy) comptent vendre au moins un de leur biens dans un proche avenir. Chez les ménages de l’Atsimo Atsinanana il s’agit surtout de décapitaliser les articles de luxe, comme un vélo, une radio ou un lit, tandis que dans l’ l’Androy il s’agit le plus souvent de la vente de petits animaux.

• Source d’aliments : Dans l’Atsimo Atsinanana, 35 pour cent (n=45) des ménages prévoient de cultiver plus de patate douce et/ou de manioc afin de combler un nouvel écart alimentaire. Dans l’Androy, 10 pour cent (n=12) des ménages comptent cueillir davantage de raiketa et 9 pour cent (n=10) pensent devoir acheter davantage au marché.

• Nombre de repas : L’estimation du nombre de repas que les ménages pensent manger dans le proche avenir est indicative de leur pessimisme, les ménages de l’Androy étant plus pessimistes que ceux de l’Atsimo Atsinanana. Au moins 51 pour cent des ménages étudiés (n=127, 122/130 dans l’Atsimo Atsinanana et 5/120 dans l’Androy) considéraient qu’ils vivaient, au moment de l’enquête, une période de crise, et en général les ménages sont pessimistes quant à leur avenir. Les ménages du sud-est ne mangent que 1,9 repas par jour en ce moment et pensent devoir diminuer cette fréquence – de 1,9 à 1,3-- dans un proche avenir. Même les ménages du sud, qui consommaient une moyenne de 2,7 repas par jour au moment de l’enquête, projetaient de diminuer jusqu’à 2,13 dans le proche avenir, malgré une récolte qui démarre. La force de ce pessimisme dans l’Atsimo Atsinanana est liée à une période transitoire difficile suite aux inondations et la crise du riz que complique un enclavement chronique. Dans l’Androy, le pessimisme est plus difficile à expliquer car l’excès de pluie à l’est était plutôt bénéfique pour le sud (surtout après 2 précédentes mauvaises saisons agricoles). Les auteurs déduisent qu’il s’agit là plutôt de prudence.

• Etat de préparation face aux chocs potentiels: les ménages (dans 6 villages sur les 13) de l’Atsimo Atsinanana pensent être moins prêts pour la prochaine inondation qu’ils ne l’étaient avant celle de 2004/2005. Un village, Milahila de la commune Midongy Centre, se sent très vulnérable face à une prochaine crise du riz. Quatre des 12 villages de l’Androy se sentent moins prêts pour une prochaine sécheresse, malgré le caractère devenu chronique de ce phénomène dans la région.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

58

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

59

Chapitre 10 : Conclusions et suivi

Dans ce rapport, on s’est efforcé de comprendre et de documenter la situation de ceux qui, jour après jour, doivent inlassablement lutter pour assurer pour eux-mêmes et pour leurs familles les besoins minimaux en nourriture. On s’est penché sur les questions clés permettant de mieux comprendre la gravité de la situation actuelle, sur les raisons pour lesquelles ces familles sont victimes de l’insécurité alimentaire transitoire ou conjoncturelle, et sur les interventions qui pourraient améliorer leur quotidien.

L’analyse ESASU a confirmé que :

• les communes de l’étude ESASU --choisies pour leur vulnérabilité relative dans les deux régions, Atsimo Atsinanana et Androy, manifestent des caractéristiques plus accentuées que les communes voisines ;

• l’insécurité alimentaire est répandue dans les deux régions, mais avec des intensités variables et des différences importantes entre les deux régions et à l’intérieur même des régions;

• les deux régions étudiées, exposées aux mêmes chocs en 2004/2005, subissent dans la plupart des cas des impacts très différents , tant sur les cultures que sur les ménages ;

• l’insécurité alimentaire transitoire actuelle n’est importante que dans la région de l’Atsimo Atsinanana et mérite une réponse rapide;

o les déterminants de l’insécurité alimentaire transitoire dans l’Atsimo Atsinanana sont directement liés aux inondations de 2004/2005 (la destruction des cultures) et à l’effet de la crise du riz dans une zone chroniquement inaccessible;

o le nombre de bénéficiaires nécessitant une réponse rapide est de l’ordre de 10 000 à 22 000 personnes et l’on estime que 306 à 600 t de vivres sont susceptibles de combler un écart alimentaire de 34 pour cent pendant 6 mois (jusqu’à décembre 2005/janvier 2006);

o un niveau indéterminé d’aide alimentaire est déjà en cours de distribution dans cette région, et seul le complément sera requis ;

• l’insécurité alimentaire conjoncturelle/chronique mérite des interventions de réponse dans les deux régions, mais est plus plus répandue dans l’Atsimo Atsinanana que dans l’Androy ;

o les déterminants de l’insécurité alimentaire conjoncturelle concernent surtout l’enclavement dans l’Atsimo Atsinanana et l’eau dans l’Androy, mais aussi la taille des ménages, l’alphabétisation des chefs de ménage et le statut des femmes chefs de ménage ;

o le nombre de bénéficiaires méritant une réponse durable est de l’ordre de 23 000 à 46 000 personnes et 400 à 750 tonnes sont proposées comme pouvant combler les écarts alimentaires (28 et 22 pour cent) des ménages dans les régions de l’Atsimo Atsinanana et d’Androy pendant respectivement 4 et 5,6 mois de l’année;

• les options de réponse pertinente sont composées de: un soutien aux « livelihoods » et aux marchés dans les deux régions (avec la collaboration des partenaires) mais avec un appui Vivres Contre Travail ciblant le désenclavement dans l’Atsimo Atsinanana et l’invasion des raiketa mena dans l’Androy ; une mise en place de cantines scolaires dans l’Atsimo Atsinanana accompagnée d’un projet de renforcement de calcium, et un plaidoyer pour un soutien à l’infrastructure sanitaire, d’eau et d’assainissement et enfin un exercice de Vivres Contre Formation ciblant principalement les règles d’hygiène pour les femmes chefs de ménage de l’Atsimo Atsinanana et l’alphabétisation des adultes en vue d’une meilleure interprétation des croyances traditionnelles dans l’Androy. Dans les deux régions, les plus vulnérables ne semblent pas être les bénéficiaires du volume d’aide alimentaire déjà existant, et il est nécessaire de mieux cibler les personnes les plus vulnérables.

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

60

L’analyse ESASU a pu chiffrer et déterminerer --de façon qualitative— l’importance des phénomènes et des tendances ressentis depuis un moment, à savoir :

• le sentiment de la région de l’Atsimo Atsinanana d’être largement oubliée malgré son taux élevé d’insécurité alimentaire,

• l’existence d’un certain niveau de dépendance des ménages de l’Androy par rapport à l’aide

• alimentaire et son taux d’insécurité alimentaire relativement faible du au fait qu’il reçoit de l’aide

• depuis vingt ans, et finalement

• un défi vital pour le PAM et ses partenaires de trouver une façon adéquate de cibler les personnes

• les plus vulnérables quelle que soit l’intervention.

Plus spécifiquement, l’enquête ESASU souligne des phénomènes moins connus comme :

• le rôle du travail journalier/main-d’œuvre dans le revenu actuel des ménages de l’Atsimo Atsinanana ;

• des ménages beaucoup plus grands aujourd’hui que lors des anciens recensements ;

• la présence accentuée des grands ménages monoparentaux dirigés par des personnes âgées, surtout dans l’Androy ;

• des stratégies de survie très différentes dans les deux régions qui illustrent l’insécurité alimentaire;

• un rapport entre classe économique et scolarisation qui est inversé dans les deux régions.

Les informations qui manquent aujourd’hui pour aider à une meilleure compréhension de l’insécurité alimentaire des plus vulnérables sont : une répartition géographique des économies de vie alimentaire (suivant l’exemple de Save the Children) et les stratégies de survie dans chacune, ainsi que la mise à jour des chiffres relatifs à la population et aux productions agricoles.

Pour revenir aux objectifs et aux questions posées à l’origine de la présente étude, les résultats confirment sans équivoque le besoin d’interventions alimentaires et non alimentaires pour les ménages les plus vulnérables de Madagascar. La différence entre les deux régions est marquée et les indicateurs synthétisés par région masquent une grande hétérogénéité. L’étude des indicateurs au niveau des classes socio-économiques à l’intérieur des régions est donc préférable, elle favorise une compréhension plus complète de l’insécurité alimentaire de la région. Les programmes actuels du PAM/Madagascar ont montré leur utilité (confirmée par une situation relativement stable au niveau des ménages plutôt résilients dans l’Androy), mais ils gagneraient à intégrer un ciblage géographique (orientant plus d’efforts dans les régions de l’est déjà mises en évidence par la littérature) et socio-économique ainsi qu’une mise en œuvre simultanée d’un paquet holistique d’interventions.

Cette enquête démontre que la région la plus affectée par les chocs 2004/2005 est la région de l’Atsimo Atsinanana. Se basant sur une approche méthodologique purement qualitative, elle indique que 10 000 à 12 000 bénéficiaires (ayant un écart alimentaire aigu, pas encore ciblé par des interventions en cours) dans la région de l’Atsimo Atsinanana pourraient recevoir entre 300 et 660 tonnes de vivres au cours de la période la plus critique de juillet 2005 à janvier 2006. En ce qui concerne les bénéficiaires ayant un écart alimentaire chronique, entre 23 000 et 46 000 d’entre eux, dans les deux régions, pourraient recevoir entre 400 et 750 tonnes de vivres au cours des périodes les plus critiques (4 mois dans l’Atsimo Atsinanana et 5,6 dans l’Androy).

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

61

Annexes

1. Bibliographie, ci-dessous

2. Questionnaires d’enquête : Village et ménages

3. Copie de l’article sur l’insécurité dans l’Atsimo Atsinanana

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

62

Bibliographie

1) Action Agro Allemande. PISAF (Projet intégré de sécurité alimentaire dans la région de Faranga). Situation de base / Rapport semestriel n°6. juin 2002 ;

2) AEDES Système d'information rurale et de sécurité alimentaire ; Rapport sur les choix des communes et des indicateurs à suivre. février 2005;

3) AEDES Paul-Marie Boulanger, Denis Michiels, Christophe De Jaegher. Système d'information pour la sécurité alimentaire: l’expérience AEDES en Afrique, 2004 ;

4) AEDES / PADR. Système d'information rurale et de sécurité alimentaire. Bulletin n°2. mars 2005. 5) AEDES / PADR. Système diInformation rurale et de sécurité alimentaire. Questionnaire Enquête

communale annuelle mars 2005 ; 6) AEDES / PADR. Système d'information rurale et de sécurité alimentaire. Questionnaire Enquête

communale mensuelle. mars 2005 ; 7) AEDES/ UE. Jean-François Detry. Système d'information rurale et de sécurité alimentaire - fascicule

de présentation. novembre 2004 ; 8) Institut Royal Tropical (KIT) / PAM. Evaluation thématique des interventions du PAM en nutrition

des mères et enfants (MCHN), Aide- mémoire. avril 2005 ; 9) CARE/SIRCAT (CNS). Morinière Lezlie, Rakotoarimanana Ginna. Analyse de risque: profils

communaux non publié – 2004 ; 10) CNS / CARE. Document stratégique du Système National d'Alerte Précoce (SNAP), Résumé

exécutif. 2004 ; 11) CNS. Jean Seth Rambeloalijaona et Lucile Randranaorivelo. Les systèmes d'alerte précoce en

Afrique: le cas de Madagascar. Acte de: Second International Conférence on Early Warning à Bonn, Germany. octobre 2003 ;

12) CRS/ CARITAS. Programme de suplémentation nutritionnelle dans le diocèse de Tolagnaro, Phase 1 (programme de gestion des risques et des catastrophes). Janvier 2003.

13) MACRO USAID. Madagascar Demographic and Health Survey 2003-2004, Key findings (Enquête Démographique et Sanitaire, EDS). 2004;

14) FANTA . Bergeron Gilles. Food Security in Madagascar: a situation analysis. Juin 2001; 15) FAO. Plan d'action national pour la sécurité alimentaire - version provisoire. juin 2005 ; 16) FAO/PAM. Cecile Ramanitrera, Lydia Rondro-Harisoa. Evaluation des dégâts cycloniques Elita et

Gafilo (Interventions de Secours Madagascar) - rapport de mission. mai 2004 ; 17) GRES. Centre d'économie du développement, Université Bordeaux IV. Claire Gondard-Delcroix.

Dynamique de pauvreté en milieu rural malgache. 2005 ; 18) GRET. Rapport d'activité NUTRIMAD 2004. 2004 ; 19) GTZ. Marzella Wüstefeld. Bekily: Pays des tamariniers - quelques aspects de sécurité alimentaire

dans le Sud de Madagascar. 2001; 20) ILO/CORNELL University, FOFIFA. Jean-Claude Randrianarisoa, Bart Minten. Agricultural

Production: Agricultural Land and Rural poverty in Madagascar. Septembre 2001; 21) ILO/ CORNELL University, FOFIFA, INSTAT. Bart Minten, Jean-Claude Randrianarisoa, Lalaina

Randrianarison Agriculture, pauvreté rurale et politiques économiques à Madagascar. novembre 2003 ;

22) ILO/CORNELL University, FOFIFA, INSTAT. Recensement des communes 2001 - Base de données (http://www.ilo.cornell.edu) 2001 ;

23) ILO/ CORNELL University, FOFIFA, INSTAT. Recensement des communes 2001 - Note explicative sur la base de données sur les communes de Madagascar. juin 2003 ;

24) ILO/ CORNELL University, FOFIFA, INSTAT. Recensement des communes 2001 - Questionnaires. 2001 ;

25) MACRO/ EDSMD-IIIn MEFB, INSTAT. Enquête démographique et de santé, 2003/2004. avril 2005 ;

26) MAEP. Etude diagnostic des capacités et des performances des organisations paysannes à Madagascar. juillet 2004 ;

27) MAEP. Unité de politique pour le développement rural. Monographies régionales des 18 DIRDR. juin 2003 ;

28) MAEP/FAO. Rapport national sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité. à Madagascar. août 2004 ;

29) MDM. Enquête anthropométrique suite au passage du cyclone GAFILO, Maroanstetra/Toamasina. août 2004 ;

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

63

30) MEFB, INSTAT . Enquête auprès des ménages 2002 Rapport principal. novembre 2003 ; 31) MEFB/INSTAT. Enquête sur les marchés ruraux 2003. février 2005 ; 32) MEFB/INSTAT. Questionnaire enquête auprès des ménages 2005. mai 2005 ; 33) MESRES/UNICEF/CRS. Enquête nutritionnelle chez les enfants de 6 à 59 mois dans la région

d'Androy. juillet 2003 ; 34) MFE/ INSTAT Benoit Dostie, Steven Haggblade, Josée Randriamamonjy. Saisonnalité de la

consommation alimentaire des ménages pauvres à Madagascar. février 2000 ; 35) Ministère de la Population de la Protection Sociale et des Loisirs. Stratégie de gestion des

risques et de protection sociale. mai 2005 ; 36) Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche (MAEP) Assistance à la mise en place

d'actions pilotes dans le cadre du Programme de promotion du Système d'Information et de Cartographie sur l'Insécurité Alimentaire et de la Vulnérabilité (SICIAV) - document de projet 2002 ;

37) MOST/ USAID micronutrient Program. Razafiarisoa Berthine. Enquête sur la carence en vitamine A chez les femmes et les enfants et enquête sur l'anémie chez les écoliers de 6 à 14 ans.septembre 2001 ;

38) MSF Virginie Razanatsoa, Philippe Cachet. Rapport d'évaluation rapide de la situation nutritionnelle Région de l'Androy. 2005;

39) FANTA Gilles Bergeron and Megan Deitchler. Report of the 2004 Joint Baseline Survey (JBS) in the Target Areas of the PL480: Title II Program in Madagascar. Novembre 2004;

40) PAM. John Magnay, Olivier Jenn- Treyer. Rice Market in Madagascar 2005 - draft report. Juin 2005;

41) PAM. Joyce Luma, Wanja and Selvi Vikan. Mission Report Madagascar - Rapport interne. décembre 2004 ;

42) PAM. Country Program Madagascar 2005-2009. 2004; 43) PAM. Fiche Analyse/Evaluation EMOP 10236. mars 2004 ; 44) PAM. Opération d'urgence assistance aux victimes de la crise politique en zones urbaines du

cyclone et des inondations à Toamasina et de la sécheresse dans le Sud de Madagascar 2004 ; 45) PAM. Sécurité alimentaire: atténuation des effets des catastrophes naturelles et protection de

l'environnement Madagascar 2005-2009- Activité 2.2004 ; 46) PAM. Djivadjee Patricia ; Evaluation sommaire des besoins d'aide alimentaire- Androy. mai 2003 ; 47) PAM. Note interne. Marina Raïs. Une analyse des pronostics et diagnostics du SAP. mars 2003 ; 48) PAM. VAM. Catherine Chazaly. Analyse de la vulnérabilité à Madagascar: VAM issues Paper.

avril 2002 ; 49) PNSAN - MENRES / SDN-MinSan-PF/ ASOS/ UNICEF. Rapport de l'enquête nutritionnelle dans

les fivondronana sinistrés par les cyclones Elita et Gafilo. juin 2004 ; 50) République de Madagascar / Système des Nations Unies. Bilan Commun de Pays (CCA):

Madagascar. juillet 2003 ; 51) République de Madagascar. Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté. mars 2003 ; 52) République de Madagascar. Lettre de politique de développement rural. janvier 2001 ; 53) République de Madagascar. Plan d'Action pour le Développement Rural (PADR). janvier 1999 ; 54) République de Madagascar. Politique nationale de nutrition. juin 2004 ; 55) République de Madagascar /CNS/UNDP. Rodriguez Fainula. Stratégie nationale de gestion des

risques et des catastrophes 2001 ; 56) RESAL/ AEDES/ UE. François Grunewald. Gérer les risques et l'impact des catastrophes

naturelles – propositions pour la cellule sécurité alimentaire de la commission européenne à Madagascar. juillet 2001 ;

57) Revue Développement durable et Territoires. Claire Gondard-Delcroix, Sophie Rousseau. Vulnérabilité et stratégies durables de gestion des risques: une étude appliquée aux ménages ruraux de Madagascar dossier 3 "les dimensions sociales et humaines du développement durable (http://www.revue-ddt.org). février 2004 ;

58) ROR. Les cahiers du ROR n°5 - Les ménages ruraux durant la campagne 2003 . décembre 2004 ; 59) ROR. Réseaux "Observatoires Ruraux" - Base de données 1999-2004 - Farafangana et Androy.

2004 ; 60) ROR. Réseaux "Observatoires Ruraux" - Fiches signalétiques 2000 à 2004: résultats des

enquêtes du réseau des observatoires ruraux de Madagascar campagne 2004 ; 61) ROR. Réseaux "Observatoires Ruraux" – Questionnaire. 2004; 62) SAGA / Cornell University. Jean-Yves Duclos, David E. Sahn, Stephen D. Younger. Robust

Multidimensional Spatial poverty Comparisons in Ghana, Madagascar and Uganda - SAGA Working paper. mai 2005;

Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar Evaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (ESASU) au Madagacar

64

63) SAGA / Cornell University. Peter Glick, Josée Randriamamonjy, David E. Sahn. Determinants of HIV knowledge and behavior of women in Madagascar: an analysis using matched household and community data – SAGA working. novembre 2004 ;

64) SAP / AEDES. Données structurelles concernant la sécurité alimentaire. 2001 ; 65) SEECALINE. Draft Rapport sur la situation nutritionnelle à Madagascar. non publié – 2005 ; 66) SEECALINE / Banque mondiale. Emmanuela Galasso. Enquête anthropométrique 2004 et

évaluation du projet ; 67) SICIAV. Main-d'œuvre et pauvreté à Madagascar: SICIAV brief n°3. mars 2003 ; 68) STATECO. Droy Isabelle, Ratovorinony Raphaël, Roubaud François. Les observatoires ruraux à

Madagascar 1995-1998: une méthodologie originale pour le suivi des campagnes, n°95-96-97. 2000 ;

69) Université Catholique de Louvain. EM-DAT: the OFDA/CRED international disaster database (www.em-dat.net) .juin 2005 ;

70) World Bank. Bradford Mills Carlo del Ninno, and Harivelo Rajemison. Commune Shocks and Asset Buffers in Madagascar - workshop on Risk and Vulnerability in Africa.2004;

71) PAM. Compte rendu de la réunion mensuelle des intervenants à Ft. Dauphin. janvier 2004.

Code Village ,65

65

Evaluation d’Urgence en Sécurité Alimentaire (EUSA) Questionnaire au Niveau des Villages (Madagascar, 2005)

Canevas de Conclusions

INDICE Appréciation / Score du Village (Consensus de

l’Equipe défendu dans ce document et a compléter avant de quitter le village)

Choc (C) Plus 1 2 3 4 5 Moins Vulnérabilité (V) Plus 1 2 3 4 5 Moins RISQUE (R = C ; V) Plus 1 2 3 4 5 Moins

Tableau de Matières: A. La Premier Discussion de Groupe (Village Entier): A0: Introduction et Descriptions des Objectives, page 2 A1: Infrastructure Accès, page 3 A2: Infrastructure Marché, page 3 A3: Infrastructure Education, page 3 A4: Infrastructure Santé, page 3 A5: Infrastructure Eau/Assainissement, page 3 A6: Stratégies de Vie, page 4 A7: Agriculture/Elevage/Pêche, page 4 A8: Crédit, page 4 A9: Interventions, page 4 A11: Démographie, Emigration, page 5 A12 : Inventaire des Chocs, page 6 B. Les Outils Qualitatifs Parallèles :

B1: Recensement / RR, Vulnérabilité, page 7 B2: Informateur Clé : MARCHE, page 9 B3: Informateur Clé : SANTE, page 10 B4: Focus Groupe : GROUPE VULNERABLE, page 11 Voir aussi (non joint):

• Fiche d’Enquête Ménage

IDENTIFICATION (voir codification) Province: ______________ Nom de CL_Fokotany: __________ Fivondronana: ______________ Nom des Hameaux: _____________ Commune: ______________ Date (JJ/MM/AA): / / Nom de Rapporteur: __________________________________ Nom d’Animateur: __________________________________

Vérifié: ______

Code Village ,66

66

A1 : Premiére séance devant tout le village : Introduction

• Mot d’introduction du chef d’équipe (à répéter avec chaque outil en cas de besoin)

Nous sommes une équipe indépendant composé des Consultants. Nous sommes venus visiter votre village parce que nous voudrions mener une évaluation d’urgence en sécurité alimentaire (EUSA). Il s’agit pratiquement de récolter des informations qui peuvent renseigner, notamment, sur :

- les stratégies de vie des populations,

- les situations de santé, nutrition, éducation, etc.

- les stratégies de survie auxquelles recourent les ménages en temps de crise.

Pour ce faire les activités suivantes seront menées pendant toute la durée de la mission (1-2 jours):

- des interviews avec les informateurs clé ;

- des discussions en groupes

- des interviews dans les ménages avec le chef et son épouse.

Les résultats de cette évaluation vont permettre de mieux comprendre la condition de vie dans votre village et de disponibiliser les informations dont le gouvernement, les acteurs humanitaires (UN, ONG, etc.) et les autres organisations, requiert pour faire le plaidoyer ou élaborer les stratégies d’intervention les mieux appropriées pour répondre aux différents besoins en assistance ressentis par le village.

• Présentations : procéder a tour de rôle a une brève présentation de chacun des participants (dire nom/organisation et éventuellement fonction).

• Donner un peu de temps (15 a 20 min) pour quelques questions d’éclaircissement sur le mot d’introduction du chef d’équipe.

Code Village ,67

67

Infrasturcture de base du village

A1. Accès / Enclavement : La route principale entre le Fokotany et le Chef Lieu de la Commune est-elle praticable par taxi brousse durant toute l’année ? Oui Non

A1A. Sinon, la distance par rapport à la route alternative: km

A1B. Combien de mois de l’année le village est-il enclavé ? /12m

A1C. Période de coupure habituelle (entourer les mois): J F M A M J J A S O N D

(Nombre de mois entoures = chiffre note en A1B)

A2. Marché hebdomadaire dans le village ? Oui Non

A2A Sinon, marché le plus fréquenté est à quelle distance ? Km

A2B Nombre des boutiques PPN villageoises / gargottes bars

Avec qui pouvons nous discuter pour mieux comprendre les dynamiques du commerce ici ?

Nom :_____________________________________________

A3. Existence d’écoles dans le village ? Oui Non

A3A. Si oui, Nombre d’enfants scolarisés : Garçons Filles

A3B. Nombre d’Instituteurs dan le Village :

A3C.Si non, distance a l’école le plus près : km

A4.Existence d’une structure sanitaire ? Oui Non

Avec qui pouvons nous discuter pour mieux comprendre le secteur santé ici ?

Nom : _____________________________________________

A5. Eau/Assainissement : Quelle source d’approvisionnement en eau de consommation sert la majorité des habitants (entourer un)? Source/Captage Mares Bornes Fontaines Puits Non Protéges Puits Protéges

Lac/Rivier/Fleuves Camion Citerne Autre_________________________

A5A Distance moyenne entre le centre du village et cette source km

A5B Nbre Puits protégés :

A5C. Nbre puits non protégés :

A5D. Nbr Bornes Fontaines :

Code Village ,68

68

A6 Stratégies de vie

Qu’est ce qui constitue la principale activité / source de revenue pour les habitants ? Quelle % de des habitants

le pratique comme activité principale ?

A6A. Agriculture A6B. Pêche

A6C. Elevage A6D. Commerce

A6E. Main d’œuvre/Salariat 100% exactement

A7. Agriculture /Pêche/ Elevage

A7A/B Agriculture : quelle est votre culture principale :

a. Plus important en superficie: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10=_______________

b. Plus important en valeur : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 =________________

1= Manioc 2=Mais, 3=Haricot, 4=Riz, 5=Banane, 6=Arachide, 7=Pomme de Terre, 8= Maraîchage, 9=Rente, 10=…….

A7C. Disponibilité d’intrant agricole :

A7C1. Semences ? Oui Non A7C2. Outils ? Oui Non

A7D. Types de Bétails Classer ces animaux en ordre d’importance (1 a 5) pour le village: bovin porcin ovin caprin volaille

A7E. Pêche : Oui Non Nbr. Pirogues Nbr. Filets

A8. CREDIT Existence de structures d’épargne et de crédit ? Oui Non

A8A. Si oui, formelles ou tontines/informelles ?

A8B. Nbre de Caisses Villageoises

A9. Interventions Existe-t-il des interventions dans le village les derniers 5 ans? Oui Non Si Oui, lesquelles ?

Code Village ,69

69

A10. Données démographiques (estimations)

Nombre de Ménages

Estimation de la population totale (A10A)

Date : _______

Total (A10B)

Dirigés par des

Hommes (A10C)

Dirigés par des

Femmes (A10D)

Ayant au Moins 1 Personne

en Emigration (A10E)

Y a-t-il une recensement/ou une liste complète de chaque ménage ? Oui Non A11. Groupes vulnérables A11a. Dans votre village, quel groupe est le première touché par un choc (1 seule groupe, par exemple les femmes chefs de ménages, ou les vieux…)? _______________________________________________ ______________________________________________________________________________ Fournir les noms des représentants de la communauté qui connaît tous les ménages par nom pour le Focus

« Répartition de Richesse / Groupes Vulnérables »? Entre 4- 6 personnes représentatifs, ou représentants des hameaux qui connaissent les menages par

nom..…..

1. Nom des structures d’intervention

2. Domaines d’intervention

1= Agriculture ; 2=Santé ; 3=Eau/Assain. 4=Com/Crédit ;

5= Education ; 6=Enclavement ; 7= Aide Alimentaire 8=Autre (préciser)

3. Impacts et

Acquis organisationnels

A

B

Code Village ,70

70

A11.Inventaire des chocs exogénes Quels ont été les chocs les plus dévastateurs pour vous les dernier 5 an

Niveau Cible Stratégies employées

1/2. Type de chocs et

description voir liste ci bas

3. Fréquence: combien de fois derniers

5 ans

4. Sévérité (1-5, ou 5

est le pire)

5. Collectif (% de population

affecte)

6. Aléatoire/Indi

viduel (Nombres d’affectes)

7. Dégâts au capital

8. Avant son arrivée 9. En Réponse

10. Capacité actuel 1=Mieux préparés 2=Même niveau 3=Moins Préparé Expliquer…

A 1. Choc :

2. Type :

1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 %

B 1. Choc : 2. Type : 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 %

C 1. Choc : 2. Type : 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 %

D 1. Choc : 2. Type : 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 %

E 1. Choc : 2. Type : 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 %

• Pour 6 : Décrire la façon que chaque choc influence le capital Physique/Matériel, Naturel, Social/Organisationnel, Motivation/Attitudinal, Economique et Humain TYPES DE CHOCS : Codification A-F, attribuer une code par ligne ci haut A. ENVIRONNEMENTAL (Exemples: Sécheresse, inondation, pestes, érosion, maladies d’animaux) ; B. SOCIAL (Exemples: Politiques, discrimination, accès non équitable aux ressources) ; C. SANTE (Exemples: Maladies, épidémiques, palu, cholera, dysenterie, SIDA, blessures) ; D. ECONOMIQUE (Exemples:Politique Macro-économique, marche et échange) ; E. CONFLIT (Exemples: Guerre, violence, crime...) ; F. AUTRE

Code Village ,71

71

B1. Focus groupe : Répartition des ménages en classe de richesse 1. Combien de ménages existent dans ce village ? mettre leurs noms un par un en stipulant nom, et sexe du chef ___________ménages

3. Profil des Groupes de Sécurité Alimentaire du Fokotany

No. Ménages

par Catégorie

1. % des familles appartenant aux

différentes classes sur l’ensemble du

Fokotany

2. Le principal problème (1) rencontré par les ménages

dans chaque catégorie

CODES : a. Agriculture, b. Santé, c.

Eau/Assainissement, d. Commerce / Crédit, e.

Education, f. Enclavement g. Sécurité Physique, h.

Foncier i. Autre (à préciser)

3. La stabilité des revenus d'une année à

l'autre pour les ménages dans cette

catégorie CODES : 1- très instables 2- à peu près stables 3- stables

A. Les familles mangent à satiété toute l'année (même pendant une année mauvaise)

B. Les familles mangent à satiété toute l'année sauf pendant les mauvaises années.

C. En année normale les familles mangent à satiété sauf en période de soudure. Lors des mauvaises années, elles ont également des problèmes en dehors de la soudure. (Insécurité alimentaire transitoire, IAT)

D. Elles ont des problèmes pour avoir assez à manger pendant toute l'année. (Insécurité alimentaire chronique, IAC)

Total = 100% exactement

4. Dans quelle catégorie se trouve les Ménages dirigés par les femmes ?

Entourer : Riche Moyens IAT IAC Expliquer :_________________________________________________________________________

5. En discutant, et en assurant un consensus homme/femme, placer ces ménages dans des catégories de vulnérabilité selon les critères identifiés, quand un consensus est atteint, calculer les nombres et pourcentages correspondants utilisant le tableau ci haut.

2. Répartition en Critères selon Perception Locale Riches « A »

Moyens « B »

Pauvres IAT « C »

Démunis IAC « D »

Exemples : Nombre de Bovins Habillement NOTRE CRITERE : Nombres de mois a Manger a satiété

10 Occidental

12

8 12, sauf choc

5 Traditionnel 6-12mois

1 sale, usé 0-1mois

a.

b.

c.

Code Village ,72

72

6. Répartition en Chiffres Ecarter les « Riches » d’abord. Recalculer les pourcentages a nouveau –sans les riches. Appliquer les pourcentages aux 10 ménages qu’on doit enquêter, en assurant qu’au moins un ménage dirigé par une femme soit inclut.

Moyens, B Pauvres/IAT, C Démunis/IAC, D % X 10 =

ménages à enquêter % X 10 =

ménages à enquêter % X 10 =

ménages à enquêter 5. De façon aléatoire, choisir les ménages à enquêter, et lister ici :

Moyens, B Pauvres/IAT, C Démunis/IAC, D 1. 2.

3.

4.

5.

6. 7. 8.

Code Village ,73

73

B2. Informateur clé : Marché

Nom de l’informateur(s) : ___________________________ Rôle Entourer un : Revendeur, Epicier, Commerçant, Autre_________

A. Disponibilités par rapport à la normale

B. Prix par rapport à la normale C. Equilibre offre et la demande

(CODES : 1=nettement inférieure, 2=assez semblable,

3= nettement supérieure)

(CODES : 1=nettement inférieure, 2=assez semblable, 3= nettement supérieure)

(CODES : 1=la demande est nettement plus petite que l'offre,

2=la demande correspond +/- à l'offre, 3= la demande est nettement plus grande

que l'offre)

Riz

Mais / Fruits a Pain

(Soanambo)

Manioc

Patate Douce

Tetes de Bovin

Poisson

Code Village ,74

74

B3. Informateur clé : Santé 1. Nom ___________________________________ Le(s) répondant(s) est un? Entourer un par répondant : sage femme/infirmière aide sanitaire matrone guérisseur médecin 2. Principales MALADIES prévalentes au cours des 12 derniers mois :

Maladies (Dans « R » Noter de 1 à 3 pour chaque colonne, ou 1=plus important:)

1. Adultes 2. Enfants 0-5ans

A. Fièvre / Paludisme

Rang

Rang

B. Diarrhée / Parasitose

Rang

Rang

C. Infections Respiratoires / IRA

Rang

Rang

D. Lésions / Peau

Rang

Rang

E. Malnutrition

Rang

Rang

F. IST

Rang

Rang

G. Autre

Rang

Rang

3. Nombre de DECES d’enfants de 0 - 5 ans (derniers 12 mois) : Deux principales causes (employer codes a-f ci haut) : 3a. _____________________________________ 3b. _____________________________________ 4. Y-a-t-il eu une campagne de VACCINATION au cours des 12 derniers mois ? Oui Non 5. Connaissance du VIH/SIDA? Oui Non 6. Disponibilités des médicaments dans le village (Epicerie, Pharmacie/PCV ou dépôt de médicament)?

Oui Non 7. En dehors de la vaccination, avez-vous bénéficiez des services d’un AGENT DE SANTE au cours des

12 derniers mois Oui Non

Code Village ,75

75

B4. Focus groupe : Groupe vulnerable ***A Enregistrer sur Dictaphone Nom/Description du Group : ____________________________________________ Entourer un : Femmes BeneficiairesAA IAChronique IATransitoire Autre

Sujet Discussion Consensus 1. Sécurité Alimentaire : quand est ce que vous n’avez pas suffisamment a manger? POURQUOI (Cherche causes)?

période de soudure ___ mois a ____ mois

2. Dépenses : Quelle proportion du revenu mensuel familial est dépensée sur l’alimentation ? Qui prend des décisions alimentaires (dépenses et consommation) dans vos ménages?

____%

3. Utilisation des aliment : aliment de base, diversification de régime, source d’énergie, répartition intra ménage (Père vs. Enfants)

4. Priorités Majeurs pour une meilleure vie et qu’est ce que vous compter faire pour l’améliorer (Cherche capacité) CODES : a. Agriculture, b. Santé, c. Eau/Assainissement, d. Commerce / Crédit, e. Education, f. Enclavement, g. Sécurité Physique, h. Foncier i. Autre (à préciser)

____

5. Aide Alimentaire Avez-vous été bénéficiaires, quelle forme, fréquence, ciblage, avantages, inconvénients, suggestions…

Code Village ,76

76

EUSA/Rapide : Questionnaire ménage

A. Identification A1. Faritany: A6. Nom d’Enquêteur :

A2. Région : A7. Date : / / 2005

A3. District (Fivondronana): A8. Chef de Ménage, Nom: No.:

A4. Commune (Firaisana) :

A9. RR, Classe de Vulnérabilité (Selon exercice RR) : Riche Moyens Pauvre Démunis

A5. Fokotany: Control (Nom/Paraphe du Chef d’Equipe) :

B. Socio-démographie du ménage (ceux qui mange et dorment ensemble) B1. Sexe du Chef (Chef=décideur écono. Entourer un) : H F

B2. Stratégie de Vie Principale du Ménage (Entourer un) : Agriculture Pêche Elevage Commerce Main d’œuvre/Journalier Artisanat Salariat Autre : _________________________

Ages Nombre d’Hommes Nombre de Femmes 0-59 mois B3. B7. 5-14 ans B4a. B4b. Fréquente l’école : B8a. B8b. Fréquente l’école :

15-59 ans B5a. B5b. Ne sait ni lire ni écrire

B9a. B9b. Ne sait ni lire ni écrire

60+ B6. B10. B11. TOTAL (B3+4+5+6+7+8+9+10) B12. Nombre de Membres Partis (qui

contribuent a ce ménage) Par Cause Départ : Chercher Travail Ecole Se soigner Autre :__________________

C. Chocs (Dernières 6 Mois)

C1. La famille est elle atteinte par un choc important en derniers 6 mois ? Oui Non (Si non, passez a D) Si OUI, quels sont les chocs? (Entourer tous ce qui est mentionné)

a. Cyclone b. Inondation c. Sècheresse d. Criquets e. Autre : _________________________________

C2. Quels dégâts avez-vous subi ? (Entourer une réponse par ligne)

a. Logement : rien peu beaucoup total b. Cultures : rien peu beaucoup total c. Elevage : rien peu beaucoup total d. Famille : aucun blessure/maladie décès/disparu ne manque de vivres

C3. Avez-vous reçu de l’aide après ce choc ? Oui Non (Si non, passez a D), Si OUI quelle type d’aide : (Entourer tous ce qui est mentionné)

a. Aide Alimentaire/PPN b. Mat. de construction c. Aide Financ. d. vest. /couvertures e. Intrants f. Médicaments g. Autre : ______________

Code Village ,77

77

D. Source de revenu monétaire du ménage Source (entourer a gauche, puis compléter les lignes pertinents, b,a,c..)

a. Avant

b. Actuel (1 a 100%)

c. Avenir : quels changements prévus prochains mois ?

D1. Vente de Produits (Vivriers / Maraîchage, Cultures de Rente) et Animaux / Poissons / Produits

+ = --

D2. Main d’œuvre Journalier Agricole, Salariat + = --

D3. Rémittences : Famille / Amies, etc. + = --

D4. Aide Alimentaire (Gouvernement, ONG/PAM ou Autre) + = --

D5. Autre : _________________________ + = --

SOMME=100%

E. Biens du ménage Votre ménage, possède t il…. ….. ? (Commencer avec l’actuel (b), puis a,c…)

a. Avant (Entourer un)

b. Actuel (Entourer un)

c. Avenir : SI B=OUI, prévoir vendre prochains mois ? (Entourer un)

E1. Terrain d’Habitation + = -- Oui Non Oui Non E2. Champ(s) Agricole(s) + = -- O N O N E3. Elevage / Animaux + = -- O N O N E5. Pirogue(s) / Charette (s) a Zebu + = -- O N O N E6. Charrue(s) + = -- O N O N E7. Houe(s), Machette(s), Pioche(s) + = -- O N O N E8. Bicyclette(s) /Velo(s) + = -- O N O N E9. Radio(s) + = -- O N O N E10. Lit(s) ou Matelas + = -- O N O N

F. Crédit/Marché

F1. Avez-vous accédé à un CREDIT récemment? (Entourer un) Oui / Non

F2. Avez vous accès a un MARCHE hebdomadaire ? (Entourer un) Oui / Non

F3. Si OUI, A combien de km d’ici ? , km

Quels sont les articles qu’on peut y acheter ? (Entourer un)

b. Prix Avant par rapport a Maintenant: (Entourer un:

Plus (+), Même (=), Moins (--))

F4a. Aliments de base (Céréales, tubercules) Oui Non + = -- F5a. Produits animaliers (Lait, Viande, Œufs) O N + = -- F6a. Légumineuses (Lentilles, haricots…) O N + = -- F7a. Fruits/ Légumes O N + = -- F8a. Huile alimentaire O N + = -- F9a. Sucre O N + = -- F10a. Autres Produits de Premier Nécessité (PPN) O N + = -- F11. Quelle % de vos DEPENSES est attribuée à votre consommation ?

%

Code Village ,78

78

G. Source d’aliments consommés Parmi tous ce que votre ménage consomme, quelles sont les sources d’aliments les plus importantes ? (Commencer avec l’actuel….)

a. Avant Plus (+), Même (=) Moins (--)

b. Actuel en Rang

d’Importance#1, le plus,

#2, #3

c. Avenir Proche: quel changement prévu prochains mois ?

G1. Production Agricole Personnel + = --

G2. Achat au Marche + = --

G3. Pèche/Chasse/Cueillette + = --

G4. Contacts Sociaux : ami/famille + = --

G5. Aide Alimentaire + = --

H. Eau / Assainissement et préparation H1. Quelle est la source principale d’EAU utilisée dans le ménage? 1 : Source/Captage ; 2 : Mares ; 3 : Bornes Fontaines ; 4 : Puits Non Protéges ; 5 : Puits Protéges ; 6 : Lac/Rivier/Fleuves ; 7 : Camion Citerne ; 8 :Autre_________________________

Code :

H2. Quelle est la DISTANCE de votre ménage à cette source ? , km H3. Employez vous une LATRINE ? (Entourer un) Oui Non

I. Consommation

I1. Si votre ménage cultive des champs, quelle % de votre récolte annuelle agricole est…….. ? Si NON, passez a I2. (ATTENTION : Total a+b+c+d+e = 100% exactement):

a. Consommé

b. Vendu

c. Gardé pour

Semences

d. Perdu (Bêtes..)/

Vole

e. « Remboursé »

(Métayage)

f.

Autre

SOUDURE : période ou il y a des difficultés a subvenir aux besoin alimentaires se la famille

a. Temps Normal

b. Temps de Crise (et/ou Soudure)

c. Avenir Proche

I2a. Aujourd’hui c’est (entourer un) Oui Non Oui Non I2b. Nombre de REPAS Définition: toute nourriture consistante partagé par les membres

I3. A partir d’aujourd’hui vous avez assez de vivres (stocks ou sur champ) pour nourrir la famille COMBIEN DE MOIS?

mois (Max : 12)

I4a. Les 12 derniers mois, combien de mois êtes vous dans la SOUDURE (voir définition ci haut)?

Mois / 12 (NB : si 0, sauter Section J ci bas)

I4b. Quels sont les MOIS les plus DURS (entourer le nombre approprié, selon durée de soudure citée en 14a)?

J F M A M J J A S O N D

Code Village ,79

79

I5. Diversité de consommation Au cours de la dernière semaine, Combien de JOURS avez-vous mangé…. ? (Entourer un par ligne) a. Aliment de Base (Céréales/Tubercules…) 0 1 2 3 4 5 6 7 b. Produits animaliers (Viande, Poisson, Lait, Oeufs…) 0 1 2 3 4 5 6 7 c. Légumineuses (Lentilles / Haricots, etc.) 0 1 2 3 4 5 6 7 d. Fruits / Autres Légumes 0 1 2 3 4 5 6 7 e. Huile alimentaire 0 1 2 3 4 5 6 7

f. Sucre 0 1 2 3 4 5 6 7

J. Stratégie de survie Quand vous avez des difficultés alimentaires (ou pas assez d'argent pour vous en acheter), à quelle fréquence avez-vous fait recours à la stratégie suivante: Commencer en cerclant les lettres pertinents (a gauche), et puis cocher la fréquence par semaine, 1 case par ligne

Chaque jour

Quelquefois

Jamais

a. Réduire la portion du repas? b. Réduire le nombre de repas/jour? c. Passer des jours entiers sans manger? d. Réduire les repas des enfants au profit des membres productifs? e. Réduire les repas des adultes au profit des petits enfants? f. Consommer des aliments de famine (raketa, tsiborake, kobokoboke…)? g. Se rabattre sur les aliments moins préférés et moins chers? h. Consommer les semences et/ou géniteurs? i. Consommer les récoltes précoces? j. Dépendre des aides des parents ou des amis ? k. Dépendre de l'aide alimentaire organisée (distributions, VCT, etc.)? l. Acheter des aliments a crédit ou emprunter?

m. Envoyer des membres de famille manger ailleurs? n. Envoyer des enfants pour travailler contre la nourriture? o. VENDRE / TROQUER DES BIENS PERSONNELS / HERITAGES? p. VENDRE /TROQUER DES MOYENS DE PRODUCTION AGRICOLE? q. VENDRE/TROQUER LES ANIMAUX / ELEVAGE ?

K. Aide alimentaire /AA (pour ce qui ont mentionné AA au C3, D4, G5 et/ou Jk) K1. Quelle est la forme la plus fréquente? Entourer un :

a. Distribution général/gratuite b. VCT c. Cantine Scolaire d. Alim. Infantile e. Autre :__________

K2. Depuis combien de temps recevez vous cette forme l’aide alimentaire : Entourer un :

a. > d’une année b. 6-12 mois c. < 6 mois d. C’est la première fois

K3. Que faites vous avec les vivres reçus ? Entourer tous ce qui est vrai:

a. Totalement consomme b. Partiellement Vendu/Echange c. Partiellement Utilise pour Planter d. Partiellement pour Nourrir Animaux

K4. Quelle est son importance pour le bien être de votre ménage ? Entourer un :

a. Extrêmement b. Très c. Moyen d. Peu e. Néant

K5. Pourquoi, expliquer ?

K6. Que ferez vous différemment SANS cette aide alimentaire ? Comparer avec SS et Entourer un:

a. Travailler plus b. Manger Moins c. Vendre plus d. Emigration e. Autre : _____________

K7. Quelles suggestions avez-vous concernant l’AA ? (Exemple : Ciblage, forme, composition, fréquence…)

Code Village ,80

80

M. Priorités familiaux M1. Le PROBLEME majeur général dans votre ménage s’agit de…? (entourer un) a. Agriculture b. Santé c. Eau/Assainissement d. Commerce/Crédit

e. Education f. Enclavement g. Sécurité Physique h. Foncier i. Autre (préciser)_______________

M2. Selon vous, quelles sont les CAUSES de ce problème ?

M3. Quelle sont les SOLUTIONS ? a. Prises déjà ?

b. Envisages dans le proche avenir?

OBSERVATIONS des ENQUETEURS : sur le verso ------

Code Village ,81

81

Article sur l’insécurité dans l’Atsimo Atsinanana