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La Biblio petit guide de l’exposition

Exposition : "La Bibliothèque du grand séminaire de Montpellier"

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Exposition : "La Bibliothèque du grand séminaire de Montpellier"

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La Biblio

petit guidede l’exposition

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La Bibliothèquedu grand séminaire

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Le 31 mai 1999, mon prédécesseur, le cardinal Jean-Pierre Ricard, au nom du

diocèse de Montpellier, a signé une convention de dépôt du fonds de livres

anciens (ouvrages d’avant 1914) des bibliothèques diocésaines Urbain V et

Saint-Guilhem à la bibliothèque municipale de Montpellier.

Ce riche fonds patrimonial (20000 documents environ), confié désormais à la

communauté d’agglomération de Montpellier, constitue un ensemble

important. Son intégrité méritait d’être préservée, d’autant plus qu’il

représente un complément pour les utilisateurs des fonds anciens des autres

bibliothèques de la région.

Aujourd’hui ce fonds ancien précieux bénéficie de conditions particulières de

sauvegarde et de conservation, et devient accessible à la consultation d’un

public plus large. Mis à la disposition de lecteurs, de chercheurs, d’étudiants et

d’érudits, il n’est pas détourné de sa fonction pédagogique, éducatrice et

culturelle, dans la fidélité à l’esprit et à la tradition de l’Eglise catholique. En

acceptant le dépôt de ces documents, les institutions et organismes publics

manifestent leur intérêt pour la culture émanant de l’Eglise.

Grâce à cette exposition de plusieurs centaines de documents (livres,

manuscrits, gravures) très représentatifs au niveau historique, liturgique,

théologique, spirituel et artistique, le passé et la tradition de l’Eglise

catholique dans toutes ses composantes pourront être connus et appréciés du

grand public.

�� Guy ThomazeauArchevêque de Montpellier

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Très attaché à ce que tous puissent connaître notre patrimoine écrit, je me réjouis

que les Languedociens puissent découvrir la bibliothèque du grand séminaire de

Montpellier, grâce à un partenariat privilégié entre l’archevêché de Montpellier et

la communauté d’agglomération de Montpellier.

En effet, le 31 mai 1999, une convention a rendu possible le dépôt d’une grande

partie du fonds ancien de la bibliothèque du grand séminaire à la médiathèque

centrale : quelque 20000 volumes pour former à la prêtrise, traitant aussi bien de

théologie que d’histoire, de philosophie et de littérature.

En décembre 2008, à l’occasion du déménagement de l’archevêché, du palais

épiscopal de la rue Lallemand à la Villa Maguelone, l’archevêque Mgr Thomazeau

et l’évêque auxiliaire Mgr Azéma ont complété le fonds initial par de la littérature

occitane, des gravures et des atlas. Qu’ils en soient vivement remerciés! Cet

ensemble documentaire représente un apport inestimable pour les chercheurs et

les curieux.

Par cette exposition de plus de 240 documents, nous souhaitons ouvrir au grand

public les portes de cette bibliothèque religieuse remarquable et pourtant

méconnue. Les expositions, mais aussi la bibliothèque numérique proposée sur le

site du réseau des médiathèques de Montpellier Agglomération, multiplient les

occasions de partage. L’accès du plus grand nombre à la culture et à la connaissance

– source d’ouverture d’esprit, de compréhension des cultures et de tolérance – est

une priorité de Montpellier Agglomération.

Le Présidentde Montpellier Agglomération

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1 - Catalogue méthodique de la bibliothèque du grand séminaire

De la bibliothèque du grand séminaire de Montpellier, nous possédons un catalogue méthodique, en4 volumes.C’est un témoignage irremplaçable sur les lectures des futurs prêtres, à la fin du XIXe siècle, et unesource importante de recherche sur la culture cléricale. Sa rédaction commence en 1896 pours’achever le 11 février 1899.

Le classement systématique de ce catalogue n’est pas celui des libraires de Paris au XIXe siècle. Parexemple, dans la classification de Brunet, les ouvrages de droit canon sont rangés dans le Droit, ce quin’est pas le cas ici.1. Ecriture sainte et théologie2. Droit canon, liturgie, SS. Pères, prédication, ascétisme3. Histoire (dont histoire ecclésiastique) et géographie4. Philosophie et littérature ; sciences et arts ; polygraphie, bibliographie

Chaque tome est accompagné d’une table des matières. La numérotation des courtes noticesbibliographiques est continue d’un volume à l’autre : 9194 entrées. La littérature profane fait partégale avec la littérature religieuse.

Ce catalogue est rédigé à l’encre noire, d’une écriture cursive, sur du papier Johannot d’Annonay,réglé à la main. Des annotations au crayon à papier, sont d’une main différente. Les 4 volumes sontreliés en chagrin bleu.

Il ne fait qu’en partie l’inventaire de ce qui a été déposé à la médiathèque centrale d’agglomération: on n’y trouve pas tous les ouvrages qui portent le timbre bibliothèque diocésaine Urbain V, qui luiest postérieur.Au fil du temps, le fonds du grand séminaire a continué de s’accroître grâce à la générosité de fidèleset de religieux, avant de parvenir jusqu’à nous.

Parmi les ouvrages de formation au sacerdoce, citons à titre d’exemple Devoirs d’un séminariste parJ. Guibert. Cette brochure est une œuvre d’éducation pastorale, venue compléter le tableau desdevoirs d’un séminariste, qui figurait en bonne place dans la plupart des grands séminaires. L’auteurnous indique que : « le Combat spirituel [de Scupoli] et l’Introduction à la vie dévote [de St Françoisde Sales] seront ses plus chers livres, après la Bible et l’Imitation ».

Catalogue méthodique de la bibliothèque dugrand séminaire de Montpellier [Manuscrit].Montpellier, 1896-1899. 4 vol. ; 28 cm. (page de gauche et ci-contre)

Jean Guibert. Devoirs d’un séminariste. Paris : Poussielgue, 1898. 11 cm.

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2 - Provenances et reliuresLa bibliothèque du grand séminaire de Montpellier a connu des vicissitudes, comme lesconfiscations de la Révolution et la séparation des Églises et de l’État (1905). Elle s’est aussi enrichied’apports multiples.

Elle se confond parfois avec celle du cardinal de Cabrières, évêque de Montpellier de 1874 à 1921.Beaucoup d’ouvrages portent sa marque : mentions manuscrites, ex-libris et reliures à ses armes.D’autres lui sont dédicacés. Avec le comte de Balincourt, son cousin au deuxième degré, il faitrevivre, dans leurs ex-libris armoriés, le souvenir des familles auxquelles ils sont apparentés :Reinaud, Génas et Guiraud.Une légende veut que le cardinal ait soustrait la bibliothèque à la vigilance des fonctionnaires venussaisir les biens du clergé en 1906.Les dons et legs de fidèles, de prélats, de simples prêtres et de congrégations religieuses ont permisd’augmenter le fonds du grand séminaire. Munis de leurs ex-libris et de leurs notes manuscrites, leslivres restituent la mémoire de leurs lecteurs qui n’est pas irrémédiablement perdue.Les reliures sont souvent modestes, parfois ouvragées, armoriées et signées.

Evoquons parmi les titulaires des marques de possession répertoriées : le Grand Dauphin de France(1661-1711) ; le tsar Alexandre 1er (1777-1825) ; le cardinal italien Alessandro Albani (1692-1779),protecteur des arts et des lettres ; Mgr Charles-Joachim Colbert de Croissy (1667-1738), évêque deMontpellier ; Mgr Anthyme Cohon (1595-1670), évêque de Nîmes ; la Grande Duchesse de Toscane,Marguerite Louise d'Orléans (1645-1721) ; un des présidents de la cour des comptes, aides etfinances de Montpellier, amateur d’art et naturaliste, Philippe Laurent de Joubert (1729-1792) ;l’avocat Frédéric Fabrège (1841-1915), artisan de la restauration de la cathédrale de Maguelone, etbien d’autres que nous aimerions nommer aussi.

Reliure de présent aux armes du tsar Alexandre 1er.Louis Lacoste. Précis historique du canal du Languedoc ou des deux-mers. Paris : Roblot-Gondar, 1810. 20 cm.

Reliure aux armes du cardinal Alexandre Albani.Tomaso-Maria Minorelli. Vita S. Pii V. Rome : F. Gonzaga, 1712. In-8°. (page de gauche)

Ex-libris armorié de Philippe-Laurent de Joubert.Orazio Torsellini. De vita Francisci Xaverii. Rome : A. Zannetti, 1596. In-4°.

Ex-libris armoriés de Jean-Maurice Reinaud,du Marquis du Vivier de Fay-Solignac et dePierre Guiraud.Saint Augustin. Divi Aurelii Augustini…Confessionum libri XIII. Anvers : Plantin-Moreti, 1650. In-8°. (ci-contre)

Reliure d’Albert Valat, aux armes ducardinal de Cabrières.Pierre Estrate. Vie de sœur Marie de Jésuscrucifié(1846-1878). Paris : J. Gabalda, 1913. 23 cm.

Cartonnage de l’éditeur. Percaline gaufrée.Just-Jean-Etienne Roy. Histoire de larévolution de 1688 en Angleterre. Tours :A. Mame, 1859. 22 cm.

Reliure du XVIIe siècle, avec fermoirs encuivre, aux armes d'un abbé.Caesar Baronius. Annales ecclesiastici. Anvers : C. Plantin, 1597-1612. 12 vol. ; in-folio.

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3 - Ecriture et histoire saintesAvant le concile de Trente (1545-1563), la lecture de la Bible était interdite aux laïcs ; le concilel’autorise à une élite éclairée.

En France, deux grands noms sont associés à la diffusion de l’Écriture sainte.Robert Estienne (1503-1559) signe deux superbes éditions de sa marque d’imprimeur : un olivierdont les rameaux non greffés sont coupés, avec ces mots de St Paul : « noli altum sapere » (garde-toi de l’orgueil). L’une, de 1544, en hébreu, est un chef-d’œuvre de typographie. Un de ses premierslecteurs l’a annotée en grec. La seconde, de 1546, en latin, s’adresse plus largement aux humanisteseuropéens. Illustrée de 22 bois gravés, les notes de François Vatable, du Collège de France, revues parEstienne dans un sens plus réformé, déchaînent une tempête, malgré la protection de François 1er. En1552, Robert Estienne fuit à Genève et se déclare calviniste.

Avec ses amis de Port-Royal, Isaac Lemaistre de Sacy (1613-1684) est l’auteur d’une traductionfrançaise destinée à un plus vaste public. Le premier tirage à 5000 exemplaires du NouveauTestament est vite épuisé et ses réimpressions sont innombrables. Clément IX déclare la traductiondu Nouveau Testament de Mons « téméraire, pernicieuse… et contenant des choses propres àscandaliser les simples ». En dépit de cette censure et de l’embastillement de Sacy en 1666,l’entreprise est menée à son terme (1653-1708). Cette traduction, reconnue comme un des chefs-d’œuvres de la littérature française classique, est utilisée par Dom Calmet pour recevoir ses Notes.Lors de la reconquête catholique du XIXe siècle, elle est encore amplement diffusée et destinée à unpublic plutôt féminin, comme en témoigne la belle édition illustrée de 1867, dont les gravuresreprésentent surtout les héroïnes bibliques.

L’Église du XIXe siècle veut désormais que l’Écriture s’adresse aussi au peuple, ouvriers et paysans.La Bible Populaire n’est pas une traduction, mais une réécriture : « Malgré les beautés que la Biblerenferme, chacun convient qu’elle ne peut être lue par tout le monde sans danger… Nous en avonsretranché les peintures trop naïves et les détails de mœurs d’un autre âge ». Cette Bible romancée,avec des gravures de Gustave Doré et des adaptations de tableaux de maîtres, paraît en 1864, enmême temps que les éditions illustrées des Misérables de Hugo.

Biblia hebraïca. Paris : R. Estienne, 1544-1546.17 parties en 8 vol. ; in-16°.

Biblia. Paris : R. Estienne, 1546. In-folio. (page de gauche)

Isaac Lemaistre de Sacy. L’histoire du Vieux et du NouveauTestament. Paris : Belin-Le-Prieur, 1818. 21 cm.

Claude-Oronce Fine de Brianville. Histoire sacrée en tableauxpour monseigneur le Dauphin. Paris : C. de Sercy, 1677. 3 vol. ;in-8°.

Isaac Lemaistre de Sacy. La sainte Bible, traduite en français.Nouvelle édition revue par M. l'abbé Jacquet. Paris : Garnierfrères, 1867-1868. 6 vol. ; 27 cm.

Claude-Joseph Drioux. La Bible populaire : histoire illustrée del’Ancien et du Nouveau Testament. Paris : Hachette, 1864-1865.2 vol. ; 31 cm. (ci-contre)

Jean Béraud. [Chemin de croix], 1894. 38 cm.

4 - Pèlerinages et voyagesDu latin peregrinatio qui signifie « voyage en pays étranger », le pèlerinage est un déplacementeffectué par un croyant vers un lieu consacré. Il existe déjà dans les religions antiques. Au IVe siècle,l’appui de l’empereur romain Constantin permet d’en développer considérablement la pratique. Serendre en Terre Sainte, aller à Rome sur les tombeaux des apôtres Pierre et Paul sont de grandsmoments de dévotion dans la vie d’un chrétien. Au XIXe siècle, les apparitions de la Vierge dansl’Isère et dans les Hautes-Pyrénées font de La Salette (1846) et de Lourdes (1858) des lieux depèlerinage importants. De nombreux récits paraissent aux XVIIe et XIXe siècles.

Au XVIIe siècle, Pierre de La Vergne de Tressan rédige Relation nouvelle et exacte d'un voyage de laTerre sainte ou Description de l'état présent des lieux où se sont passées les principales actions de lavie de Jésus-Christ. Un pèlerin utilisera plus tard l’exemplaire présenté ici comme guide et notera surla page de garde les frais occasionnés par ce voyage.

L’abbé Guillaume Martin, ancien aumônier de la Marine royale, publie en 1846 Histoire de la Terresainte depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, ornée de planches gravées sur acier.

Le photographe Félix Bonfils s’installe à Beyrouth en 1867. Il édite, en 1877-1878, une série de cinqvolumes intitulés Souvenirs d’Orient : album pittoresque des sites, villes et ruines les plusremarquables… Chaque album contient une quarantaine de photographies dont cette image du murdes Lamentations.

Gloires de Lourdes d’Henry Gaultier contient le récit de nombreuses guérisons miraculeuses. Notre-Dame de Lourdes d’Henri Lasserre connaîtra un immense succès. Contemporain des apparitions,l’auteur se considère aussi comme un miraculé : menacé de cécité, il guérit en 1862, grâce à desapplications d’eau de Lourdes.

Jean Berthier, de la Congrégation des missionnaires de La Salette, et l’abbé Perrin publient en 1888Pèlerinage de N.-D. de la Salette ou guide du pèlerin sur la sainte montagne.

Quel que soit le lieu de destination, le pèlerinage reste pour le croyant une quête du divin.

Pierre de La Vergne de Tressan. Relation nouvelle et exacted’un voyage de la Terre sainte. Paris : A. Dezallier, 1688. In-8°. (page de gauche)

Guillaume Martin. Histoire de la Terre sainte. Paris : librairieuniverselle, 1846. 22 cm.

Henry Gaultier. Gloires de Lourdes : N.-D. de Lourdes chez elle.Paris : Vic et Amat, 1913. 19 cm

Henri Lasserre. Notre-Dame de Lourdes. Paris : V. Palmé,1872. 18 cm. (ci-contre)

Jean Bertier ; Perrin. Pèlerinage de N.-D. de La Salette, ouguide du pèlerin sur la sainte montagne. Corps (Isère) : chezles pères missionnaires, 1888. 16 x 23 cm.

Félix Bonfils. Souvenirs d’Orient : album pittoresque de laTerre sainte. Alais [Alès] : chez l’auteur, 1877. 29 x 52 cm.(pages 12 et 13)

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5 - Le pape et la FranceL’histoire des papes, publiée en 1653 sous le gouvernement de Mazarin, est dédiée au cardinal deRetz. Les troubles de la Fronde terminés, le coadjuteur, en prison à Vincennes, devient archevêquede Paris sans retrouver les faveurs de la Cour, malgré le soutien d’Innocent X.Au XVIIe siècle, le pouvoir spirituel des papes donne lieu à des débats. L’Église française - gallicane -revendique ses libertés. Quand, cette même année 1653, le pape condamne cinq propositions deJansénius, il n’est pas suivi par tous les évêques de France. Ce n’est qu’au XIXe siècle que l’épiscopatfrançais se range unanimement derrière Rome.

Le Concordat, signé en 1801 par Pie VII et Bonaparte, est une étape de la normalisation des rapportsentre le Saint-Siège et la France. Après la Révolution, il organise la restauration de l’Église de France.Les prêtres sont payés par l’État, les évêques nommés par le gouvernement, en accord avec lenonce. Les évêchés coïncident avec les départements. L’archevêché de Narbonne étant supprimé,Montpellier est rattaché à Toulouse. Ce concordat régit les rapports de l’État et de l’Église jusqu’à laloi de séparation de 1905.Les conflits ne disparaissent pas pour autant. Pie VII, d’abord favorable à la France, réagit àl’annexion des états pontificaux en 1809, en excommuniant l’empereur. En retour, celui-ci le faitemprisonner à Savone, puis à Fontainebleau, qu’il ne quittera qu’à la chute de l’Empire en 1814.

Déjà au XIVe siècle, un pape passe en France la plus grande partie de son pontificat. Urbain V(Guillaume Grimoard), né en Lozère en 1309 ou 1310, a fait ses études à Montpellier, où il est devenudocteur en droit canon. Elu pape en 1362, sans être ni évêque, ni cardinal, il n’a de cesse de ramenerle Saint-Siège d’Avignon à Rome; avant son départ pour la cité éternelle, il veut une dernière foisrevoir Montpellier. Il y séjourne deux mois, le temps de consacrer la future cathédrale Saint-Pierre(14 février 1367) dont il regrette le manque d’ambition : « J’avais mandé de construire une église etvous n’avez fait qu’une chapelle ». Son séjour à Rome est si mouvementé qu’il revient mourir enAvignon en 1370. C’est son successeur, Grégoire XI, qui rétablira la papauté à Rome en 1377.

Giovanni-Battista Caprara. Concordat et recueil desbulles et brefs de N. S. P. le pape Pie VII. Paris : Lamy,1802. 22 cm.

André et François Du Chesne. Histoire des papes etsouverains chefs de l’Église. Paris : J. Roger, 1653. 2 vol. in-folio. (page de gauche et ci-contre)

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6 - La litanie des saintsLa vénération et l’invocation des saints tiennent une place importante dans la vie des croyants. Al’origine de la chrétienté, la sainteté est attribuée aux martyrs qui deviennent des « modèles » et des« témoins de Dieu ».

Au cours des siècles, de nombreuses biographies, souvent hagiographiques, seront proposées auxfidèles.Vers le milieu du IVe siècle apparaissent les premières vies de saints, reprises notamment auXIIIe siècle par Jacques de Voragine dans la Légende dorée qui va connaître un grand succès. AuXIIe siècle, le pape Alexandre III codifie les procédures de béatification et de canonisation.

Saint François d’Assise (1182-1226) deviendra de son vivant un personnage de légende et soniconographie sera tout de suite très riche. Paul Milet retrace la vie de ce saint très populaire qui fondel’ordre des Frères mineurs. Il poverello est canonisé dès 1228 par le pape Grégoire IX.

Né à Montpellier au XIVe siècle, saint Roch mènera une vie de pèlerin. Il soignera les malades atteintsde la peste et la contractera. Son culte se répandra essentiellement à partir du XVe siècle. Invoquépour la protection des pestiférés, il est représenté en compagnie de son chien.

Béatifiée en 1909, Jeanne d’Arc (1412-1431) sera canonisée en 1920. Un manuscrit inédit, écrit enoccitan par Jean Laurès, Jano d’Arc : pouèmo en trés butados (1879), est présenté ici. Dans la préface,Alphonse Roque-Ferrier propose l’édification d’une statue de Jeanne d’Arc, à Montpellier, sur laplace d’Aviler (entre le Peyrou et le Jardin des Plantes). Finalement, la statue sera érigée boulevardPasteur en 1918.Bien avant d’être l’homme de l’amendement portant création de la IIIe République, Henri Wallon estcelui d’une biographie, celle de Jeanne d’Arc, parue en 1860. Sa diffusion, autant que son impact, futconsidérable. Le but de l’auteur est de concilier deux conceptions de Jeanne d’Arc : celle dupanthéon républicain et celle des serviteurs de l’Église.Jeanne d’Arc va inspirer au fil du temps de nombreuses œuvres littéraires, musicales etcinématographiques.

Henri Wallon. Jeanne d’Arc. Paris :Firmin-Didot, 1876. 29 cm. (page de gauche)

Jean Laurès. Jano d’Arc : pouèmo entrés butados [Manuscrit]. Avec unelettre-préface d’Alphonse Roque-Ferrier. 1879. 22 cm.

Paul Milet. Saint François d’Assise.Paris : Bonne Presse, 1926. 18 cm.

Vies des saints illustrées. Paris :Bonne Presse, fin XIXe-début XXe. 4 vol. ; 27 cm. (ci-contre)

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7 - Une piété aimableL’Imitation de Jésus-Christ (1424) est lue par tous les fidèles et sans cesse rééditée. La vignette deJosse Bade, reprise ici par son gendre Roigny, représente un atelier d’imprimerie, écho en quelquesorte de cette immense diffusion.

La censure de l’Office de l’Eglise et de la Vierge n’empêche pas son succès. C’est que la traductionest agréable et rompt avec les précédentes « aussi obscures que le latin même ». Elle est deLemaistre de Sacy et les illustrations sont de Jean Morin, un élève de Philippe de Champaigne. Toussont proches de Port-Royal.

Le Messel romain traduit en françois est l’œuvre de Joseph de Voisin, aumônier du prince de Contiqui, après avoir été le protecteur de Molière à Pézenas, est devenu dévot. Dédié à la princesse deConti, illustré par Claudine Bouzonnet-Stella, il contient les prières propres à toutes les messes del’année liturgique.

A la fin du XIXe siècle, toute polémique oubliée, les quatre volumes du Paroissien de Rouen, dansleur écrin cadeau, peuvent sans problème être offerts à tous et à toutes.

Le Bréviaire de Paris (1736) est un autre exemple de cet esprit de conciliation. Nommé archevêquede Paris, pour éradiquer le jansénisme favorisé par son prédécesseur, Mgr de Vintimille Du Luc enconfie paradoxalement la rédaction à trois jansénistes déclarés. Mais, pour contrebalancer la rigueurdu texte, il charge François Boucher de l’illustrer. Perçu d’emblée comme un chef-d’œuvred’équilibre, ce bréviaire est repris dans de nombreux diocèses.

Le livre des Devoirs des prêtres, destiné aux séminaristes, définit avec la même sagesse les troisvertus principales du prêtre : « piété, science et prudence ». La sévérité du propos est un peuatténuée par la tranche rose et verte du livre.

Pour le Caeremoniale episcoporum destiné à régler les cérémonies épiscopales, le latin est de mise,mais la solennité de cette liturgie est adoucie par l’élégance du volume, la richesse de la reliure,l’illustration et les belles lettrines à fleurs : « Dieu ne défend pas les routes fleuries quand ellesservent à venir à lui » écrit Chateaubriand dans son Génie du Christianisme en 1802.

Joseph de Voisin. Messel (sic) romain, selon le règlement duconcile de Trente. Paris : F. Léonard, 1668. 6 vol. ; in-12°.

L’office de l’Eglise en latin et en françois (sic). Paris : P. LePetit, 1700. In-8°.

Paroissien romain… à l’usage du diocèse de Rouen. Tours :A. Mame et fils, 1904. 4 vol. dans un coffret ; 12 cm.

[Bréviaire]. Breviarium parisiense. Paris : libraires associéspour les usages du diocèse, 1736. 4 vol. ; in-4°.

Devoirs des prêtres par rapport à l’administration dessacrements. Lyon et Paris : Périsse frères, 1844. 20 cm.

[Cérémonial]. Caeremoniale episcoporum. Rome : sociététypographique, 1600. In-folio. (page de gauche)

Thomas a Kempis. Opera [De imitatione Christi]. Paris :J. Roigny, 1549. In-folio. (ci-contre)

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8 - Dogmes et controversesLe XVIIIe siècle hérite des querelles théologiques du Grand Siècle. La plus dramatique opposecatholiques et protestants. Dans les années 1680, Bossuet tente encore de ramener les réformésdans le giron de l’Église.

Exilé à Rotterdam, le pasteur Pierre Jurieu tente par son Préservatif contre le changement de religiond’affermir dans leur foi ses coreligionnaires restés en France. D’Uzès, citadelle réformée, unchanoine entreprend de le réfuter. Son Inutilité du préservatif contre le changement de religion nesera jamais imprimé : en 1685, Louis XIV choisit la manière forte et révoque l’Edit de Nantes. Lesdragons remplacent les missionnaires.

Alors que le jansénisme du XVIIIe siècle s’est éloigné de la pure philosophie de Pascal, pourparticiper aux débats de la société : liberté gallicane, révolte des Parlements et contestationpolitique, certains écrivains jansénistes sombrent, eux, dans la vaine polémique. C’est le cas del’abbé Margon, un Lodévois qui, d’abord aux côtés des jésuites, change tout à coup d’opinion etdevient leur farouche adversaire. Sa Réponse au P. Tournemire sur son extrait d’un livre intitulé : leJansénisme démasqué est un pamphlet contre ses anciens amis.

Au cimetière parisien de Saint-Médard, les miracles attribués au diacre Paris, mort en 1727,dégénèrent en spectacles sado-masochistes ou grand-guignolesques. Catherine Turpin a vu sacroissance arrêtée par la maladie. Elle est difforme. Sur le tombeau du diacre, elle se fait bastonnerà la volée. Après six mois de ce traitement, elle a grandi de vingt centimètres. Certains sescandalisent et dénoncent une imposture, mais nombreux sont ceux qui croient au miracle.

C’est au XVIIIe siècle que naît et se diffuse la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. De 1673 à 1675,Marguerite-Marie Alacoque, religieuse à Paray-le-Monial en Bourgogne, voit à trois reprises le cœurde Jésus brûlant de flammes. Cette nouvelle piété est d’abord vivement combattue, et les jésuiteseux-mêmes sont obligés de la condamner. En 1726, le futur directeur de l’Académie de France àRome, le Nîmois Charles Natoire en dessine les premiers emblèmes pour le livre de l’Aixois Josephde Galliffet. C’est une dévotion d’avenir, puisqu’en 1899 Léon XIII consacre au Sacré-Coeurl’ensemble du genre humain.

Joseph de Galliffet. - De cultu sacrosancti cordis Dei acDomini Nostri Jesu Christi. Rome : J.-M. Salvioni, 1726.In-4°. (ci-contre et pages 22 et 23)

Le Queux, avocat. Requeste présentée au Parlementpour Marguerite-Catherine Turpin, dont les os se sontreformés après l’âge de vingt-sept ans… Paris : P. N.Lottin, 1735. In-4°. (page de gauche)

Bernard Meynier. De l’exécution de l’Édit de Nantes.Pézenas : J. Martel, 1662. In-4°.

Guillaume Plantavit de La Pause, abbé de Margon.Réponse au P. Tournemire sur son extrait d’un livreintitulé : Le jansénisme démasqué [Manuscrit]. 1716. 18 cm.

Inutilité du préservatif contre le changement de religion[Manuscrit]. Uzès, ca 1684. 30 cm.

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9 - Philosophie et polémiques, ou Dieu existe-t’-il ?La confiance dans la science et la raison pousse les hommes du XVIIIe siècle, et plus particulièrementles philosophes, à rejeter le surnaturel et les religions révélées, au profit d’une simple croyance enl’existence de Dieu.

Pour s'élever contre la défiance de Hobbes envers l’humanité, le ministre anglican RichardCumberland (1632-1718) compose De legibus naturae disquisitio philosophica ; il est possible dedégager des lois naturelles et universelles, parce que la nature humaine se retrouve toujours etpartout la même. Cumberland prêche l’amour de Dieu et du prochain pour administrer la société. LeTraité philosophique des loix (sic) naturelles sera une des lectures de Rousseau pour le grandouvrage qu’il projetait, Institutions politiques.

L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert est accusée « d’élever les fondements de l’irréligion et del’incrédulité » (arrêt de 1752), car les philosophes fondent leur pensée sur des faits réels et avérés,et refusent le mystère de la Trinité et les dogmes.

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) a le sentiment que Dieu existe, mais il n’accepte pas larévélation que Dieu fait de lui-même dans le Christ ; il rejette dans l’Évangile tout ce qui est contraireà son propre jugement. Le 9 septembre 1762, Émile est officiellement condamné et, au mois de novembre, est publiée laCensure de la Faculté de Théologie de Paris contre le livre qui a pour titre Émile ou de l'Éducation.Selon le rapport du syndic de la faculté, en s'élevant contre le culte public, Rousseau cherche àrenverser « les temples » ; en traitant de faiblesse d'esprit la soumission raisonnable, il préfigure laruine de la monarchie. En regardant chaque religion comme salvatrice, l'auteur de Émile incite seslecteurs au relativisme religieux.

Dans L’Évolution créatrice (1907), Henri Bergson (1859-1941) s’appuie sur une réalité ignorée jusque-là,l’expérience intérieure qui échappe aux sciences. Cette métaphysique empirique repose surl’intuition, c’est à dire sur « la vision directe de l'esprit sur l'Esprit », qui est « conscienceimmédiate ». L’exemplaire présenté ici a été abondamment annoté et commenté, ce qui démontreune lecture attentive et l’influence de Bergson sur le catholicisme.

Denis Diderot et Jean Le Rond d’Alembert. Encyclopédie ouDictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.Genève : J.-L. Pellet, 1777-1781. 36 vol. ; in-4°.

Richard Cumberland. Traité philosophique des loix (sic)naturelles. Amsterdam : P. Mortier et Paris : Huart, 1744. In-4°.(page de gauche)

Université de Paris. Faculté de théologie. Censure de lafaculté de théologie de Paris du livre qui a pour titre, Emileou De l’éducation [par J.-J. Rousseau]. Paris : C.-P. Berton,1776. In-8°.(ci-contre)

Henri Bergson. L’évolution créatrice. Paris : F. Alcan, 1909.23 cm.

10 - Belles-lettresPour lire la Bible dans le texte, il faut avoir appris les langues anciennes, dans le cadre de seshumanités : araméen, hébreu, grec et latin.

Jean Mercier (1525?-1570), titulaire de la chaire d'hébreu au Collège de France, rédige sescommentaires sur l’Écriture sainte dans des langues sémitiques. Ce calviniste, chassé de France,épouse la belle-fille d’un martyr protestant, Jean Morel, frère de son imprimeur humaniste,Guillaume Morel, typographe du roi pour les lettres grecques.L’exemplaire présenté de Chaldaea interpretatio proverbiorum Salomonis… est couvertd’annotations manuscrites en latin.

Le Révérend Père Brumoy (1686-1742) enseigne, avec le Théâtre des Grecs (1730), que la littératurefrançaise doit beaucoup aux lettres anciennes. Ce jésuite prend position, dans le Journal de Trévoux,en faveur des spectacles contre leurs détracteurs, les jansénistes des Nouvelles ecclésiastiques ;quand les « bons pères » font jouer la comédie à leurs élèves, ils n’ont pas de mots assez durs pourles en blâmer.

La Divine Comédie de Dante Alighieri (1265-1321) est un voyage mystique au pays de la mort,commencé comme une descente d’Orphée dans l’abîme infernal, pour mieux accéder au paradis.L’auteur choisit délibérément de s’exprimer en italien. Il est traduit ici en français par Julien-JacquesMoutonnet-Clairfons (1740-1813).

La littérature emblématique apparaît à la Renaissance. Le livre du père Augustin Chesneau (1615 - après 1669), Orpheus eucharisticus, sive Deus absconditus, s’en inspire pour proposer desméditations sur la présence de Dieu, cachée dans les merveilles de la nature. Ce traité théologiquedu saint sacrement est illustré de 100 vignettes gravées à l'eau-forte par Albert Flamen (1620-1674).

Dédié à Louis XIV, alors âgé de huit ans, La Doctrine des mœurs (1646) constitue un cas à part dansla production de Gomberville (1600-1674), romancier à succès. Ce livre d’apparat use du pouvoir deséduction des images. A des fins pédagogiques, il récupère un trésor iconographique du XVIIe siècleflamand : Emblemata oratiana (1607) d'Otto Van Veen. L’éditeur et graveur Pierre Daret a faitcompléter les gravures du maître de Rubens par des figures nouvelles, commandées à Eustache LeSueur et Charles Errard.

Jean Mercier. Tabulae in grammaticenlinguae chaldaeae, quae et syriaca dicitur.Paris : G. Morel, 1560. In-4°. (ci-contre)

Dante Alighieri. La divine comédie : l’enfer.Traduction par M. Moutonnet de Clairfons.Florence et Paris : Le Clerc ; Le Boucher, 1776.In-8°.

Pierre Brumoy. Le théâtre des Grecs. Paris :Rollin père ; Coignard et Rollin fils, 1730. 3 vol. ; in-4°.

Augustin Chesneau. Orpheus eucharisticus,sive Deus absconditus. Paris : F. Lambert,1657. In-12°.

Marin Le Roy de Gomberville. La doctrine desmœurs tirée de la philosophie des stoïques.Paris : L. Sevestre, 1646. In-folio. (page de gauche)

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11 - Amitiés félibréennesPour les jeux floraux de Montpellier, en 1878, Mgr de Cabrières invite Frédéric Mistral à l’évêché. Tousdeux sont nés en 1830, à quelques kilomètres de distance. Ils se connaissent depuis 15 ans. L’un acréé le félibrige, l’autre en est devenu officiellement membre, dès le dépôt des statuts en 1877.Notre exemplaire de La Genèsi (1910) porte un envoi à l’évêque de soun devot felibre. Or, dévot,Mistral ne l’est certes pas. La traduction de la Bible, son dernier livre, est plus un acte littéraire quereligieux. C’est parce que « la vie biblique et sa langue pastorale ressemble beaucoup à celle desbergers et gardians de Camargue » qu’il a eu « idèio e goust » de la traduire. Car malgré latransmission de la Bible en judéo-provençal par les Juifs du Comtat, il n’en existe aucune traductionen provençal moderne. C’est aussi certainement plus par amitié que par dévotion que le prix Nobeldemande au cardinal d’entendre sa dernière confession en 1914. Mais il meurt avant sa venue. Sousla photographie du frontispice, Mistral a choisi de résumer l’épisode où Abraham chasse Agar, samaîtresse, avec leur enfant. Il fait référence à un épisode de sa jeunesse, toujours présent à sonesprit : à la mort de son père, lui-même a dû quitter le mas natal avec sa mère.

François Dezeuze, dit l’Escoutaïre, a quarante ans de moins que Cabrières. De leur rencontre en 1910naît une grande amitié : « Dix paroles, et il me sembla que nous nous étions toujours connus, et jefus certain de l’aimer toujours ». C’est un exemplaire du Saint Roch de l’Escoutaïre que Cabrières,devenu cardinal, choisit d’offrir à Pie X, à qui il commente quelques pages en occitan. En 1913, ilpréside une représentation du Doutou Purgamini, ou Guerit e pas countent par les séminaristes. Desnotes sur l’exemplaire de La fenna muda e l’ome sourd prouvent que le fabuleux succès du théâtrede François Dezeuze se poursuivait dans les années 1950.

La Langue d’Oc à l’école et dans les patronages est un programme qui ne laisse pas insensiblel’évêque de Montpellier.

La superbe édition de l’abbé Fabre, le grand écrivain occitan du XVIIIe siècle, illustrée par EdouardMarsal en 1878, est un autre témoignage de ce théâtre de l’absurde qui avait des racines profondesà Montpellier.

Frédéric Mistral. La Genèsi traducho en prouvençau.Paris : H. Champion, 1910. 23 cm. (page de gauche)

Marthe de Digoine du Palais. La langue d’oc à l’écoleet dans les patronages. Avignon : Aubanel, 1911. 24 cm.

Jean-Baptiste-Castor Fabre. Obras lengadoucianas,edicioun illustrada pèr Edouard Marsal. Montpellier :E. Marsal, 1878. 25 cm.

François Dezeuze, dit l’Escoutaïre. Moussu Coucou-mella ; La fenna muda e l’ome sourd ; Lou juge depas de Corconas ; Lou carnabal das nouvèls riches ;Lou doutou purgamini. Montpellier : F. Dezeuze,1923-1925. 15 cm. (ci-contre)

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12 - L’archevêque de Narbonne, président-né des états duLanguedoc

Les états de Languedoc, établis au XIVe siècle et supprimés en 1790, rassemblent 23 représentantsdu clergé, 23 de la noblesse et 46 du tiers état. Présidés de droit par l’archevêque de Narbonne, ilssont chargés d’établir le montant de l’impôt royal, sa répartition et sa levée dans une province quiva de Toulouse au Rhône. D’abord itinérants (Pézenas, Toulouse, Nîmes…), ils se fixent à Montpellierau début du XVIIIe siècle. Chaque hiver, ils se réunissent dans la grande salle de l’hôtel de ville(actuelle place Jean-Jaurès) pour voter les grands travaux, soutenir l’agriculture, l’industrie etvérifier la gestion des villes.

La bibliothèque du grand séminaire possède les manuscrits de plusieurs procès-verbaux desséances antérieures à la décision de les imprimer en 1776. Les derniers états du règne de Louis XVsiègent du 4 novembre au 13 décembre 1773. La France est en crise et la commission déplore « letriste état des ouvriers… encore aggravé par le prix excessif de toutes les denrées. La multitude desmendiants est innombrable et les maladies meurtrières moissonnent tous les jours ces misérables ».Pour une année, certains impôts sont donc réduits d’un tiers. D’importants crédits sont affectés aucanal du Midi, aux ports de Sète et d’Agde, à la route et au pont de Gignac, aux digues du Lez ouaux mines de charbon des Cévennes.A Montpellier, la place royale du Peyrou est encore en chantier : empierrement des sols, massif derochers devant le Château d’eau, plantation d’arbres, installation des grilles. Un détail retient notreattention : « le paiement des peinture et impression faits par trois couches à l’huile pour laconservation des ornements de sculpture faits dans le pourtour de l’enceinte de la place (360 £ ausieur Fontane) ». Les sculptures en bas-reliefs des murs du Peyrou étaient donc peintes commecelles de l’Arc de triomphe.

Soucieux de faire l’histoire de la province, les états entendent aussi l’écrire. C’est à leur initiativequ’est rédigée la monumentale Histoire générale de Languedoc par les bénédictins Vic et Vaissete.C’est à leur demande aussi que sont fixés, dans L’Armorial des états de Languedoc, les noms desrares personnages qui peuvent entrer aux états, parfois à tour de rôle ; on recense 239 blasons defamilles, de communautés ou de fonctionnaires royaux.

Procès-verbal des séances des états de Languedoc pour l’année 1773 [Manuscrit]. Montpellier, 1773. 38 cm.(ci-dessus)

Denis-François Gastelier de La Tour. Armorial des états de Languedoc. Paris : P. Vincent, 1767. In-4°. (page de gauche)

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13 - HistoiresLa bibliothèque du grand séminaire ne met pas seulement des livres sur l’histoire religieuse à ladisposition des séminaristes ; elle propose également des ouvrages sur le monde profane et sonévolution, depuis l’Antiquité jusqu’au début du XXe siècle.

Le chevalier de Folard (1669-1752) a consacré sa vie au métier des armes, considéré comme un artsavant et profond. Il commente ici l’Histoire générale de Polybe (1753), militaire et historien grec desguerres puniques (244-146 av. J.-C.). Une gravure de Matthys Pool met en scène la bataille de laHache, ainsi appelée à cause de la configuration du lieu, où le général Hamilcar Barca noie la révoltedes mercenaires dans un bain de sang.

Sous le règne de François 1er, Charles de Grassaille (1495-1582) est l’un des premiers juristes àdéfendre la théorie de la monarchie absolue. Dans Regalium franciae libri duo (1538), le roi endossele principe de la plenitudo potestatis : il ne reconnaît, ni en droit, ni en fait, aucun supérieur dans leschoses temporelles, pas plus le souverain pontife que l’empereur. L’ouvrage exposé s’ouvre sur lesixième droit, qui consiste à pouvoir ordonner la réparation d’une église : une gravure sur boisreprésente un prince qui désigne aux moines des ouvriers restaurant un édifice religieux.

Dans son ouvrage Discours sur les monuments publics (1775), l’abbé de Lubersac de Livron (1730-1804) répertorie les palais, cathédrales et ouvrages d’art érigés en France. Il présente un projet demonument à la gloire de Louis XVI qui vient d’être sacré.

De par sa fonction de grand vicaire du cardinal de Rohan, Jean-François Georgel (1731-1813) est undes témoins privilégiés dans l’affaire du collier de la reine Marie-Antoinette. Dans ses Mémoires pourservir à l'histoire des événemens (sic) de la fin du dix-huitième siècle, une planche reproduitgrandeur nature le fameux collier du joaillier Boehmer.

Ces deux livres nous interpellent sur la splendeur et la décadence du règne de Louis XVI, et sur ladésacralisation de la figure du souverain.

Polybe. Histoire, nouvellement traduite du grec par DomVincent Thuillier. Amsterdam : Chatelain et fils, 1753. 7 vol. in-4°.

Charles de Grassaille. Regalium franciae libri duo. Lyon :héritiers de S. Vincent, 1538. In-8°.

Jean-François Georgel. Mémoires pour servir à l’histoire desévénemens (sic) de la fin du dix-huitième siècle. Paris : Eymeryet Delaunay, 1817-1818. 6 vol. ; 21 cm.(page de gauche)

Charles-François de Lubersac de Livron. Discours sur lesmonumens (sic) publics… suivi d’une description demonument projeté à la gloire de Louis XVI. Paris : Imprimerieroyale, 1775. In-folio.(ci-contre)

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14 - Découverte du mondeLa mission répond à l'injonction du Christ dans l'évangile selon saint Matthieu : « Allez, faites detoutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. » (28, 19).Ainsi l’activité missionnaire prend son essor dès les premiers jours de l’Église.Avant l'époque des grandes découvertes, l'expansion du christianisme reste bloquée au sud et à l'estde la Méditerranée par un monde musulman en grande partie sous domination ottomane etimperméable à la diffusion du christianisme.Au début de la période moderne, l’attrait de l’Inde conduit les Européens à découvrir le NouveauMonde et des espaces immenses à évangéliser. En Amérique latine et aux Philippines, lesmissionnaires espagnols et portugais, souvent jésuites, convertissent les populations à la foicatholique.Pour centraliser l’activité missionnaire, Grégoire XV crée en 1622 la Congrégation de la propagationde la foi. En 1658 naît à Paris la Société des missions étrangères, qui opère surtout en Asie et toutparticulièrement en Chine.Du XVe au XIXe siècle, l’évangélisation s’effectue parallèlement à la colonisation, avant de devenirautonome au XXe siècle.

Il n’est pas étonnant qu’une bibliothèque ecclésiastique propose aux séminaristes des livres degéographie et de la documentation sur les pays étrangers. Nous retrouvons ici : Histoires de Grèceet d’Italie du docteur Duponchel et Histoires de la Chine, du Japon… de l’orientaliste distinguéSaurigny, édités tous deux par la Librairie universelle en 1846, dans la collection Le monde ouhistoire de tous les peuples. Ces deux ouvrages sont ornés de gravures sur acier, représentant lesprincipaux sites, les monuments, ainsi que les costumes civils, militaires et religieux des peuplesdécrits. L’appropriation du monde se fait aussi par la lecture de cartes géographiques, dont le grandséminaire de Montpellier est riche. L’incontournable grand dictionnaire géographique, historique etcritique en 6 volumes (1768) de Bruzen de La Martinière donne des informations sur les paysétrangers et sur la France. Un article sur Montpellier est particulièrement intéressant.

Comme on peut le voir, le christianisme n’incline pas au repli sur soi, mais participe à la découvertedu monde.

Amédée-Augustin Duponchel. Histoires deGrèce et d’Italie. Paris : Librairie universelle,1846. 22 cm.

Saurigny. Histoires de la Chine, du Japon, dela Perse, de l’Inde… Paris : Librairieuniverselle, 1846. 22 cm.(page de gauche)

Antoine-Augustin Bruzen de la Martinière. Legrand dictionnaire géographique, historiqueet critique. Paris : libraires associés, 1768. 6 vol. ; in-folio.

Adrien Launay. Atlas des missions de laSociété des missions étrangères : 27 cartes en5 couleurs accompagnées de 27 noticesgéographiques et historiques. Lille : imprimépar la Société de saint Augustin ; Desclée deBrouwer, 1890. 54 cm.(ci-contre)

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Images religieuses

Au cours de l’histoire, les images religieuses ont été tolérées, interdites, détruites ou reconnues. Lesreligions ont toujours oscillé entre répression et exaltation.

Le culte de l’image commence dès le IIIe siècle, avec l’ornementation des catacombes et dessarcophages, et se développe aux VIe et VIIe siècles. Dès la fin du VIIe siècle et durant le siècle suivant,les images sacrées vont être vivement contestées : c’est la querelle des iconoclastes. En 787, le concile de Nicée met fin au débat en autorisant les représentations religieuses, mais lesdifférentes opinions vont continuer à s’opposer.

Aux XVe et XVIe siècles, la Réforme, commencée par Luther en Allemagne et poursuivie par Calvinen Suisse et en France, va remettre en cause la vénération des images religieuses : leur culte estconsidéré comme hérétique. Convoqué par le pape Paul III en 1542, en réponse aux objectionsformulées par la Réforme, le concile de Trente a pour objectif de définir la doctrine et la discipline del’Église catholique, apostolique et romaine. Dans une de ses sessions, il reconnaît l’usage desimages religieuses.

La Contre-réforme confirme cette pratique. Au XVIIe siècle, les jansénistes vont exprimer quelquesréticences à l’égard de certaines représentations artistiques.

Toutes ces polémiques n’ont jamais empêché l’engouement pour les images religieuses.Considérées comme de véritables supports de la vie spirituelle, elles ont contribué à répandre lemessage de l’Église à travers le monde. Affichées sur les murs des maisons, glissées dans lesmissels, voyageant avec les pèlerins, omniprésentes dans la peinture et la gravure, les imagesreligieuses ont su traverser tous les siècles et s’adapter aux évolutions des styles et des sociétés.

Gravures de Boèce de Bolswerte, extraites de Via Vitae aeterna. Antoine Suquet. Anvers, 1620. 32 pl. ; in-8°

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Le grand séminaire de Montpellier en quelques dates

Les grands séminaires sont des établissements catholiques qui assurent la formation des prêtres.Les petits séminaires, créés au XIXe siècle, correspondent aux collèges et lycées. Ils préparent l’accèsau grand séminaire et forment aussi des élèves qui resteront laïcs.

1563 : le concile de Trente préconise la création d’un séminaire par diocèse.

1620 : le cardinal de Bérulle, fondateur de l’Oratoire, crée le séminaire parisien de Saint-Magloire.

1641 : Jean-Jacques Olier ouvre le séminaire Saint-Sulpice à Paris. En France, la plupart desséminaires sont fondés après 1650.

1659 : Mgr François Bosquet fait appel aux lazaristes pour établir un séminaire à Montpellier, dansles murs du nouveau palais épiscopal, jouxtant la cathédrale.

1665 : appelés par Mgr Bosquet, les oratoriens prennent la direction du séminaire. Ils logent rue dela Vieille-Aiguillerie, dans l’Ile de la Salle-L’Évêque.

1690 : le séminaire s’installe près de l’église Sainte-Foy (actuellement la chapelle de la Confrériedes pénitents blancs) entre l’Esplanade et l’actuelle rue Jacques-Cœur.

1698 : réorganisé par Mgr Colbert de Croissy, le séminaire est placé sous la conduite du pèrePouget, rédacteur du Catéchisme de Montpellier. Les postulants sont admis à 22 ans pour quatreannées d’études et de probation.

1738-1739 : fermé provisoirement par ordre de Mgr de Charancy pour cause de jansénisme.

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Un déjeuner pris par le grand séminaire de Montpellier en plein air, devant la chapelle de la campagne de la Croix d’Argent, route de Toulouse. Actuellement Domaine de la Providence.

1763 : confié par lettre-patente à des prêtres séculiers, le séminaire reprend ses activités rue desCarmes (actuelle rue Montels, ancien centre Saint-Guilhem) en 1770. Les 50 élèves disposent d’unepetite bibliothèque.

1790 : supprimé par décret, ses locaux et ses biens sont saisis et vendus comme biens nationaux.

1807 : le séminaire est rétabli dans l’ancien couvent des récollets, qui accueillera le service desarchives départementales en 1910. Une riche bibliothèque est reconstituée. Des enseignementsvariés sont dispensés : liturgie, théologie dogmatique, morale, histoire de l’Eglise, histoire dudiocèse, ascétique, Écriture sainte, théologie fondamentale, philosophie.

1844 : la direction est confiée aux lazaristes.

1852 : construction d’un nouveau bâtiment pour la bibliothèque.

1905 : séparation des Églises et de l’État.

1907 : Pour une saison, le séminaire s’installe à Palavas-les-Flots, rive gauche, au Grand Hôtel prêtépar Frédéric Fabrège, puis les sœurs de l’Assomption l’accueillent, rue du Carré-du-Roi.

1909 : l’évêché ayant racheté les lieux, le séminaire se réinstalle, rue des Carmes. Progressivement,la bibliothèque est séparée en deux parties : moderne et ancienne.

1972 : fermeture du séminaire. Les séminaires diocésains sont regroupés en séminaires interdiocésains.

1999-2008 : dépôt d’une grande partie de la bibliothèque à la médiathèque centrale d’agglo-mération de Montpellier.

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Groupe de séminaristes (1912-1913). Images extraites de “Mes souvenirs Janvier-Juin 1973” Chanoine J. Segondy.

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Glossaire

Pendant les trois premiers siècles de la chrétienté, le seul livre sacré était la Bible.

Antienne : du latin antiphona « qui répond à ». A l’origine, le chant antiphoné est exécuté à deuxchœurs, qui se répondent l’un à l’autre alternativement et fusionnent parfois ; c’était la pratique deschœurs dans les tragédies grecques. L’antienne est l’ancêtre du refrain.

Antiphonaire : livre de chœur contenant le texte et la notation musicale des antiennes, psaumes,hymnes, versets de l’office de jour. Les antiennes de l’office de nuit sont dans le responsorial.

Bréviaire : du latin brevarium « résumé ». Livre abrégé de l’office divin, renfermant les prières dechaque jour et de toutes les heures. A partir de l’an mille, il réunit des livres précédemment distincts,comme le psautier, l’homéliaire, l’antiphonaire, le responsorial et le sermonnaire.

Calendrier : calo, en latin, et kaléô, en grec, signifient « appeler », « convoquer ». Le calendrier estdonc le livre des échéances, mais aussi la liste des jours où l’on est convoqué pour rendre descomptes, le comput de l’année. Le calendrier liturgique est la liste annuelle des diversesconvocations de l’assemblée chrétienne, réunie par Dieu et pour Dieu, en vue de célébrer l’Alliance.

Catéchisme : exposé officiel des articles de la foi ou vade-mecum théologique à l’usage desnouveaux convertis. Parmi les plus connus : le catéchisme romain, à destination du clergé, issu duconcile de Trente (1556), celui de Bellarmin, traduit en français par saint François de Sales (1601),celui de Bossuet, et plus récemment, le catéchisme promulgué par le Vatican (1992).Les catéchismes diocésains sont publiés pour un diocèse particulier par l’évêque du lieu qui enrecommande ou en ordonne l’usage. Commandé par Mgr Colbert au père Pouget, le catéchisme deMontpellier (1702) fut adopté dans de nombreux diocèses de France et constamment réédité tout aulong du XVIIIe siècle.

Cérémonial : coutumier réglant la liturgie des cérémonies ecclésiastiques.

Concile de Trente : XIXe concile œcuménique convoqué par le pape Paul III, à la demande deCharles Quint, pour contrer le développement de la réforme protestante. Il s'est tenu à trois reprises(1545-1549,1551-1552,1562-1563). Il devait permettre à l'Église de revoir sa doctrine et de rassemblerà nouveau les chrétiens. S'il eut effectivement le mérite d'abolir un certain nombre d’abus dansl'Église catholique et de réviser ses institutions, il aboutit finalement à la séparation définitive desdeux religions.

Evangile : du grec eu-aggélion « bonne nouvelle ». Ce mot résume la bonne nouvelle du salutannoncé et opéré par Jésus-Christ. Il désigne ensuite les quatre récits de la vie, de la mort et de larésurrection de Jésus, qui constituent le sommet de toute l’Écriture sainte.

Evangéliaire : livre utilisé pour la proclamation ou le chant des évangiles à la messe, pour chaquejour de l’année liturgique.

Graduel : du latin gradus « marche », « degré ». Les psaumes “graduels” étaient ces « psaumesdes montées » que les Israélites chantaient en montant les degrés du Temple, quand ils arrivaient enpèlerinage à Jérusalem (Ps. 119 à 133). Livre de chants grégoriens utilisé à la messe.

Heures : recueil de dévotion privée à l’usage des laïcs, renfermant les prières de l’office divin. Ilcomprend huit parties ou heures, d’inégales longueurs : matines, laudes, prime, tierce, sexte, none,vêpres, complies. On appelle “petites heures” celles de prime, tierce, sexte, none et complies ;“grandes heures” celles de matines, laudes et vêpres ; “heures diurnes” toutes les heures, saufmatines.

Hymnaire : les hymnes se distinguent des psaumes et des cantiques scripturaires. Poèmes en versdistribués en strophes, habituellement placés au début des Heures de l’office divin.

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Lectionnaire : ensemble des lectures pour telles ou telles cérémonies. Pour la messe, on distinguele lectionnaire dominical et le lectionnaire de la semaine.

Litanie : prière liturgique où toutes les invocations sont suivies d’une formule brève récitée ouchantée.

Martyrologe : calendrier où sont inscrits les noms des martyrs et des saints à célébrer chaque jourde l’année.

Missel : livre des prières et lectures nécessaires à la célébration de la messe pour l’année entière,avec l’indication des rites et des cérémonies ecclésiastiques. Il en existe deux modèles : le misseld'autel, à l'usage du célébrant, et le missel paroissien, à l’intention des fidèles. Le missel paroissien aprobablement été « abrégé » en paroissien.

Office divin ou liturgie des heures : ensemble des prières de l’Église réparties aux heures de lajournée.

Ordo : calendrier des diverses parties de l’année liturgique de l’Église universelle et d’une Égliseou d’un ordre particulier.

Pontifical : livre liturgique rassemblant les rituels des fonctions réservées habituellement auxpontifes, c’est-à-dire aux évêques : le rituel des ordinations épiscopales, presbytérales et diaconales ;le rituel de la confirmation, de la bénédiction abbatiale, de la consécration des vierges, de la dédicacedes églises et des autels, de l’institution des lecteurs, de l’admission parmi les candidats au diaconatet au presbytérat, et de la promesse de célibat. Ce sont les principales parties du pontifical romain,telles qu’elles ont été restaurées sous l’impulsion de Vatican II (1962-1965).

Processionnal : livre liturgique contenant les pièces de chants à exécuter pendant les processions,essentiellement des répons, des antiennes et des hymnes.

Propre des saints ou sanctoral : ensemble des liturgies célébrées par une Église, à l’occasiondes fêtes des saints, qu’ils soient communs à la chrétienté ou propres à un diocèse.

Psautier : recueil des poèmes religieux chantés, accompagnés d’un instrument à cordes. Le rosaireest appelé « le psautier des pauvres », parce qu’il contient autant de grains que le roi David acomposé de psaumes (150).

Répons : du latin responsorium « chant avec réponse ». Le répons est un chant liturgique quisuppose une certaine alternance entre un soliste et le chœur.

Responsorial : livre liturgique de chants grégoriens, contenant les répons notés de l’office de nuit,ainsi que les antiennes des nocturnes et le texte noté de l’invitatoire.

Sacramentaire : du latin sacramentarium « livre liturgique pour l’administration des sacrements ».Dans les premiers temps de la liturgie chrétienne, le sacramentaire était le livre du prêtre dans lacélébration de la messe : il contenait oraisons, préfaces et canons.

Sermonnaire : recueil des sermons des Pères de l’Eglise ou de grands évêques, qui servent decanevas aux prêtres pour rédiger leurs homélies.

Vespéral : livre contenant les prières et les offices du soir.

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Quelques symboles chrétiens

L’agneau est le symbole du Christ, appelé Agnus Dei (Jean, 1. 29).Immolé pour le salut des hommes, il prend ainsi la place d’un agneau surl’autel qu’est sa croix.L’agneau pascal, auréolé, tient la bannière du Christ au bout d’une croix.

Un ange tenant un pentagramme, pointe en bas, dans chaque main, etportant une équerre sur les épaules. A ses pieds, l’agneau et la palme dumartyre.Le pentagramme est l’étoile des mages, le signe que le Verbe s’est faitchair. Pointe inversée, l’étoile exprime la dualité humaine. Léonard de Vincia représenté l'homme comme un pentagramme, symbole pythagoriciende perfection et de beauté. Emblème franc-maçon, l’équerre représentela rectitude morale. Si le compas est associé au spirituel, l’équerrecorrespond au matériel. Portée sur les épaules comme un chevron, ellerenvoie à la croix du Christ. La palme est attribuée aux martyrs,triomphant de la mort. L’association de ces symboles évoque Jésus-Christ.

Le calice est la coupe qui, lors du sacrifice eucharistique de la messe,reçoit le vin devenu le sang du Christ, dès lors qu’il est consacré. Il doitn’être affecté qu’à un usage liturgique. Calice et ciboire deviennent desvases sacrés par la bénédiction d’un évêque. Un ciboire rayonnant, d’oùs’élève une hostie, est une image de l’incarnation et de la passionsalvatrice de Jésus-Christ.

Le chérubin est un ange représenté sous la forme d’un visage enfantinencadré de deux ailes.

Un cœur transpercé de trois clous, entouré d’une couronne d’épines,évoque la Vierge Marie qui fait sienne la passion du Christ.

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La colombe est le symbole du Saint-Esprit. Elle descend du ciel lors dubaptême du Christ pour signifier qu’il est l’élu de Dieu (Jean, 1.32-34). Elleévoque aussi la paix quand elle tient dans son bec un rameau d’olivier.

La gloire est un ornement imitant un halo lumineux. Quand elle entourela tête, on l’appelle nimbe, quand elle environne le corps, on la nommeauréole ou mandorle. L’auréole ne convient qu’à Dieu et aux saints.

Un œil dans un triangle équilatéral, auréolé de lumière, figure la SainteTrinité. Dans l’iconographie maçonnique, l’œil qui voit tout représente leGrand Architecte de l’univers.

L’hostie désigne la victime sacrificielle, qui doit être frappée et immolée,avant d’être présentée à Dieu. Son fils incarné s’est livré en « hostie ». C’estla victime eucharistique, telle qu’elle apparaît sur l’autel, sous les espècesdu pain et du vin : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vieéternelle » (Jean, 6.54).

Avec le judaïsme et l’islam, le christianisme est l’une des trois religions dulivre. Le Christ Pantocrator tient dans sa main gauche le livre ouvert de laparole divine (le Logos). On y lit parfois les lettres alpha et oméga.

Le pélican, qui ouvre son flanc pour nourrir ses petits, symbolise lacrucifixion, mais aussi le Christ qui, lors du dernier repas avec sesdisciples, dit : « Prenez et buvez en tous, car ceci est mon sang, versé pourvous ». Au-dessus du pélican, un phylactère porte ces mots : « Sic his quosdiligo » (ainsi j’agis pour ceux que j’aime).

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L’angoisse de la mort a inspiré aux religions des images chargées d’espoir,tel le phénix, oiseau mythique supposé renaître de ses cendres. Il est unsymbole de la résurrection du Christ.

La marque typographique de Robert Estienne est un olivier enté, dontplusieurs branches rompues tombent; un vieillard en désigne la cime etprofère la devise empruntée à St Paul (Rom 11.17-21) « noli altum sapere,sed time » (garde toi de l’orgueil, mais crains). « Mais si quelques-unes desbranches ont été coupées, et si toi, qui n’étais qu’un olivier sauvage, tu asété greffé à leur place, participant à la racine et à la sève, ne va pas faire lefier aux dépens des branches. Si tu te glorifies, sache que ce n’est pas toiqui portes la racine, mais que c’est la racine qui te porte. Tu diras sansdoute : ces branches ont été retranchées, afin que je sois enté. Fort bien;elles ont été coupées à cause de leur incrédulité, et toi, tu subsistes par lafoi. Garde-toi de l’orgueil, crains plutôt. Car si Dieu n’a pas épargné lesbranches naturelles, il ne t’épargnera pas non plus. ».

Christogrammes

L'alpha et l'omégaCes deux lettres de l'alphabet grec se réfèrent à l'Apocalypse de saint Jean. Elles signifient que leChrist est à l’origine et à la fin de toute chose. Autrement dit, elles traduisent l’incarnation etl'éternité du Seigneur.

IXTYS = ICHTHUSLe mot grec « IXTYS » se traduit par « poisson ».Dans les premiers siècles du christianisme, ce symbole est utilisé par les chrétiens pour sereconnaître entre eux.Chaque lettre du mot renvoie à Jésus : « Ièsous Christos Théou Uios Sôtêr » (Jésus-Christ, Fils deDieu, Sauveur).

IHSOn trouve ce monogramme sur les ornements liturgiques. C’est l’acronyme de l’expression latine« Iesus Hominum Salvator » (Jésus, sauveur de l’humanité) et de la prophétie « In Hoc SignoVinces » (Sous ce signe tu vaincras) annoncée à l’empereur romain Constantin, victorieux au PontMilvius, en mettant son armée sous l'emblème de la croix. Chez les jésuites, IHS signifie : « IesuHumilis Societas » (l’humble société de Jésus) ou : « Iesum Habemus Socium » (nous avons Jésuspour compagnon). Le strois clous de la Passion sont associés au sceau de la compagnie. Ils sontconsidérés comme l’expression de trois vœux : pauvreté, chasteté et obéissance.

Le chrisme = XPLe premier monogramme pour désigner Jésus ne s'est pas inspiré de son nom, mais de son titre demajesté « Christos » (l’oint du Seigneur), abrégé en XP, les lettres khi (X) et rhô (P) de l’alphabet grec.Le chrisme est souvent inscrit dans un cercle, signe géométrique de la perfection divine.

INRIAbréviation de l’inscription latine « Iesus nazarenus, rex Iudaeorum » (Jésus de Nazareth, roi desJuifs) de l’écriteau, cloué sur la croix sur ordre de Pilate, comme motif de la condamnation de Jésus(Jean, 19.19-20).

Informations pratiques

Exposition ouverte du jeudi 15 octobre au mercredi 30 décembre 2009

Mardi : de 12h à 19h00Mercredi : de 10h à 19h00Jeudi : de 12h à 21hVendredi : de 12h à 19h00Samedi : de 10h à 18h30Dimanche : de 14h30 à 18h00

(Fermeture les 31 octobre, 1er et 11 novembre, 25, 26 et 27 décembre 2009)

Entrée libre (accessibilité complète aux handicapés)

Visites guidées (durée 1 heure)Mercredi : 14hJeudi : 18h Vendredi : 14h (sauf le 25 décembre 2009) Samedi : 14h (24 octobre, 28 novembre et 12 décembre 2009)

Visite de groupe sur rendez-vous (Tél. 04 67 34 87 00)

Organisation

CommissariatGilles Gudin de Vallerin, Directeur du réseau des médiathèques de MontpellierAgglomération, Conservateur général

Avec la collaboration de :Guy Barral, Elisabeth Prost, Jean-Marc Salagé, Catherine Sévérac

Communication : Annie Coutaud, Coralie Triguéros

Photographies : Frédéric Jaulmes

Scénographie et graphisme : Hervé Mangani

Mise en lumière : Christophe Guibert

Les entreprises : Postercolor, Pôle Sud

Médiathèque centrale d’Agglomération Emile Zola218 boulevard de l’Aéroport International 34000 MontpellierTél. 04 67 34 87 00

Tramway : lignes 1 et 2 (place de l’Europe)Parking Europa

www.montpellier-agglo.com/mediatheques

Création Hervé Mangani 2009 - Imprimé par JF Impression, Montpellier en octobre 2009.