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Faits et chiffres concernant la petite enfance Ce qu’il faut savoir sur les objectifs de Ready! Éditeur Fondation Jacobs Auteur INFRAS, Binzstrasse 23, 8045 Zurich Conception et mise en page BLYSS Brand Identity, Zurich

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Faits et chiffres concernant la petite enfance Ce qu’il faut savoir sur les objectifs de Ready!

Éditeur Fondation Jacobs

Auteur INFRAS, Binzstrasse 23, 8045 Zurich

Conception et mise en page BLYSS Brand Identity, Zurich

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Équité des opportunités Équiper chaque enfant selon ses besoins

Pourquoi faut-il davantage d’équité sur le plan des opportunités?La pauvreté, l’isolement, la précarité des emplois et un faible niveau de formation des parents sont quelques-uns des facteurs pouvant péjorer le développement des enfants. À ces facteurs s’ajoute souvent, chez les enfants de langue étrangère, des compétences linguistiques en retrait. Selon l’Office fédéral de la statistique, le taux de pauvreté chez les enfants de moins de 18 ans se situait à cinq pour cent en 2014, tandis que le taux d’enfants menacés de pauvreté s’élevait à 16 pour cent.1 Il existe un lien étroit entre l’arrière-plan socio-économique d’un enfant et ses opportunités de développement et d’éducation. Les observations tirées des études cantonales attestent que dès le début de la scolarité, il existe de grandes différences sur les plans linguistique, moteur, social et émotionnel chez les enfants, selon qu’ils pro-viennent de familles privilégiées ou défavorisées.

Objectifs de la charte Ready!Favoriser l’encouragement et l’accueil des petits enfants en fonction de leur âge et promou-voir l’équité des opportunités lorsqu’ils commencent leur scolarité. (Objectif 1)

Une meilleure intégration sociale des enfants, une meilleure maîtrise de la langue maternelle et des différentes langues nationales suisses chez les petits enfants. (Objectif 7)

Pour améliorer les chances des enfants qui ont besoin d’un accompagne-ment, il convient de leur offrir un soutien ciblé, déjà au stade préscolaire, et d’étoffer l’offre actuelle en matière de formation, d’accueil et d’éducation de la petite enfance.

Parmi les premiers de classe en mathématiques dans le canton de Zurich, près des deux tiers proviennent d’une famille (plutôt) privilégiée. A l’inverse, environ deux tiers des élèves obtenant des résultats médiocres ont un arrière-plan socialement défavorisé.

0 20 40 60 80 100

38%

14% 24% 29% 33%

27% 17% 18%

privilégié plutôt privilégié plutôt défavorisé défavorisé

Bons résultats

Résultats médiocres

Source: Direction de l’instruction publique, canton de Zurich, 2014.2

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Le retard est quasiment impossible à rattraperLes lacunes constatées au début de la scolarité sont extrêmement dif-ficiles à combler au cours des années suivantes. Les enfants concernés sont confrontés tout au long de leur parcours scolaire à des handicaps qui se traduisent notamment par le redoublement de certaines années d’école, un nombre moins élevé de recommandations pour le niveau gymnasial et des résultats de fin de scolarité plus médiocres. Il s’ensuit que ces enfants sont également plus limités dans le choix d’une pro-fession; le revenu tiré de leur métier est plus modeste et ils ont moins d’opportunités de participer à la vie de la société. Les experts estiment que près de 10 pour cent des enfants en Suisse sont défavorisés sur le plan de leur développement.3

L’encouragement doit commencer aussitôt que possible S’agissant du développement des capacités cognitives, sociales et émotionnelles, les jalons sont posés dès le plus jeune âge. Il est donc essentiel d’encourager très tôt les enfants issus d’un arrière-plan défa-vorisé, de même que leurs familles respectives. Des offres adéquates existent et elles ont fait leurs preuves, qu’il s’agisse des programmes de visite à domicile pour les familles à risque, des diverses solutions d’assistance-conseil père-mère en matière éducative, des haltes-jeux, des familles d’accueil de jour ou des crèches. Si les offres en matière de formation, d’accueil et d’éducation de la petite enfance (FAE-PE) sont d’un niveau élevé tout au long de la chaîne depuis la naissance jusqu’à l’entrée à l’école, les chances de développement en sont nettement améliorées. Les enfants, qui proviennent tous de conditions individuelles et sociales différentes, sont ainsi soutenus par un système de FAE-PE dans leur processus de développement et d’apprentissage, et peuvent mieux exploiter leur potentiel personnel. Les recherches montrent que les enfants ayant un arrière-plan socio-économique difficile profitent de manière particulièrement positive de mesures d’encouragement ciblées pour leur âge pendant leurs premières années de vie.4

Situation actuelleLes communes, les cantons et les acteurs privés ont déjà mis en place divers programmes visant à encourager le potentiel de développement individuel des enfants d’âge préscolaire. Les analyses des mesures réali-sées en Suisse montrent que l’impact est nettement positif 5,6: les compétences linguistiques, cognitives et non cognitives des enfants défavorisés s’améliorent et le passage à l’école enfantine s’effectue plus facilement. La combinaison de mesures de soutien ciblées pour les parents et de la prise en charge des enfants dans des haltes-jeux ou des crèches se révèle particulièrement efficace. Comme l’a montré le projet de recherche «Zweitsprache» (deuxième langue) dans le canton de Bâle-Ville, la fréquentation de structures d’accueil de jour représente, pour les enfants de langue étrangère, l’une des mesures les plus importantes qui soient pour l’apprentissage de l’allemand.7 À cet égard, la qualité des crèches joue un rôle capital: une bonne prise en charge influence favorablement le développement des enfants défavori-sés, tandis que des offres de mauvaise qualité risquent de nuire à tous les enfants.

Les mesures mises en place à ce jour ne touchent cependant qu’un petit nombre d’enfants et de familles ayant besoin de soutien.De plus, peu de communes ont élaboré une véritable stratégie pour la petite enfance ou créé un service dédié à la détection précoce des besoins chez les personnes concernées.

Formation, accueil et éducation de la petite enfance (FAE-PE)Des jalons importants pour le développement d’un enfant sont posés pendant les premières années de vie. Un système de formation, d’accueil et d’éducation de la petite enfance (FAE-PE) a pour but de soutenir tous les enfants dans leur processus d’apprentissage et de développement, depuis la naissance et jusqu’au début de leur scolarité, dans et hors de leur cadre familial. Un système FAE-PE contiendra des offres éducatives et d’accueil pour les enfants d’âge préscolaire (haltes-jeux, crèches, familles d’accueil de jour), des solutions diverses et variées d’assistance aux familles sur les plans social, médical et pédagogique, ainsi que des mesures d’assurance-qualité des institutions participantes. Le terme «formation» de la petite enfance désigne les processus éducatifs individuels de l’enfant qui entreprend d’explorer avec curiosité le monde qui l’entoure et d’en apprendre le fonctionnement. «Éducation» et «accueil» représentent les apports externes des adultes qui favorisent un développement harmonieux de l’enfant. Il s’agit en premier lieu de veiller à ce que les enfants évoluent dans un environnement stimulant et offrant une multitude d’occasions d’apprendre quelque chose. «Accueil» comprend également les notions de protection, de prise en charge et de soins, tant sur le plan physique qu’émotionnel. Le terme FAE-PE ne concerne pas l’encouragement précoce au sens d’éducation précoce spécialisée (pédagogie curative). De même, les crèches et les haltes-jeux de langue anglaise, les solutions d’encou-ragement pour les enfants par le dessin ou les groupes de yoga parents-enfants ne font pas partie du répertoire de la FAE-PE.

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Des tarifs dissuasifsUn autre point méritant réflexion est le fait que les enfants issus de familles défavorisées ont tendance à moins utiliser l’offre de crèches, de familles d’accueil de jour ou de haltes-jeux, même s’ils sont ceux qui en profiteraient le plus. Le facteur décisif ici est le niveau élevé des tarifs demandés aux parents. Une étude de la situation dans le canton de Vaud a montré qu’il existe un lien certain entre la conception des systèmes tarifaires et la proportion d’enfants fréquentant les structures d’accueil et provenant de familles à faible revenu. Les communes qui subventionnent plus largement les faibles revenus ont un taux plus élevé d’enfants de cette catégorie dans les crèches.8 Le subventionnement des crèches ou des haltes-jeux en Suisse est souvent peu développé. Les parents paient toujours entre 40 et 70 pour cent des coûts de prise en charge, ce qui explique que bon nombre de parents ne peuvent pas se permettre d’utiliser ces offres.

PerspectivePour obtenir l’équité des opportunités, il faut développer et subventionner plus largement les offres exis-tantes dans le domaine de la petite enfance. Un tel objectif nécessite des investissements plus importants. Cet appel s’adresse au monde politique et aux milieux économiques, car investir plus largement dans la petite enfance aura un effet bénéfique autant pour les entreprises que pour les pouvoirs publics.

Plus les mesures de soutien et d’encouragement interviennent tôt, plus elles sont rentables. Cette ren-tabilité résulte notamment des économies possibles réalisées au stade de l’enfance et de l’adolescence sur le plan des coûts dus à la maladie, au chômage, à l’aide sociale ou au traitement d’affaires par les tri-bunaux, mais elle résulte aussi de l’augmentation des recettes fiscales provenant de revenus plus élevés obtenus grâce à un niveau d’éducation plus poussé.9 Selon les estimations, les investissements dans le domaine de la petite enfance sont déjà intéressants pour l’économie nationale lorsque seuls quatre pour cent des enfants issus d’arrière-plan socio-économique défavorisé obtiennent par la suite un diplôme de formation supérieure.10

1 OFS 2016a: Armut und materielle Entbehrung von Kindern in der Schweiz 2014; https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/ home.assetdetail.1320142.html/ (lien vérifié le 04.05.2017).5

2 Direction de l’Instruction publique du canton de Zurich, 2014: Nach neun Jahren Schule. Entwicklung der schulischen Leistungen von Schülerinnen und Schülern im Kanton Zürich während der obligatorischen Schulzeit.

3 INFRAS & SEW 2016: Whitepaper zu den gesamtgesellschaftlichen Kosten und Nutzen einer Politik der frühen Kindheit4 Melhuish, E., Ereky-Stevens K., Petrogiannis K., Ariescu A., Penderi E., Rentzou K., Tawell A., Leseman P. and M. Broekhuisen 2015

CARE: A review of research on the effects of Early Childhood Education and Care (ECEC) upon child development Brussels: European Commission. On http://ecec-care.org/

5 Diez Grieser, M.T. und H. Simoni 2008: Zusammenfassung zur wissenschaftlichen Begleitung der Sprachförderung von Kindern mit Migrationshintergrund und/oder aus bildungsfernen Familien Projekt Spielgruppeplus. Amt für Jugend-und Berufsberatung und Volksschulamt der Bildungsdirektion des Kantons Zürich (Hrsg.).

6 a:primo 2011: Kurzbericht zur Basisevaluation des Programms schritt:weise in der Deutschschweiz.7 Grob, A., Keller, K., Trösch, L. 2014: Zweitsprache. Mit ausreichenden Deutschkenntnissen in den Kindergarten.

Wissenschaftlicher Abschlussbericht.8 Bonoli, G. & Vuille, S. 2012: L’accueil de jour des enfants dans le Canton de Vaud, Lausanne, Fondation pour l’Accueil de Jour

des Enfants (FAJE).9 Kanton Bern, Gesundheits- und Fürsorgedirektion & Erziehungsdirektion des Kantons Bern (2013): «Leitfaden für Gemeinden.

Schritte zu einer integrierten frühen Förderung». Bern.10 INFRAS 2016b: Kosten und Nutzen einer Politik der frühen Kindheit: Break Even-Analysen im Auftrag der Jacobs Foundation.

Document de travail non publié.

En bref–– Les enfants de familles défavo-

risées ont souvent, sur le plan des compétences sociales ou cognitives, un retard que l’on observe dès le début de la sco-larité et qu’il n’est quasiment pas possible de rattraper.

–– Les solutions de soutien pour la petite enfance sont utiles pour améliorer les chances de développement de ces enfants.

–– Plus les mesures de soutien et d’encouragement interviennent tôt, plus leur taux de rentabili-té est élevé.

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Financement Investir aujourd’hui dans l’accueil des enfants portera ses fruits demain

Pourquoi des moyens supplémentaires?Qu’il s’agisse de structures d’accueil de jour pour les enfants, de familles d’accueil de jour ou de haltes-jeux, il semble que les parents en Suisse disposent d’un vaste de choix de possibilités convenables. Néanmoins, en pratique, ce choix est souvent plus limité. Le problème est le suivant: outre que le fait que dans beaucoup de régions, l’offre d’accueil ne répond pas encore à la demande, bon nombre de parents ne peuvent se permettre une place en crèche ou en famille d’accueil de jour pour leur enfant qu’au prix d’un grand sacrifice financier. Cet obstacle est souvent insurmontable pour les familles issues d’un arrière-plan socio-économique défavorisé, notamment les familles d’immigrés. Mais même pour les familles de la classe moyenne, les dépenses pour la prise en charge d’un enfant représentent une charge financière énorme. Pour beaucoup de familles, l’impact est même négatif sur le plan de l’incitation salariale, comme l’ont montré de nombreux études.1,2 En d’autres termes: lorsqu’une famille augmente son revenu, elle boucle le mois avec un bilan moins enviable qu’auparavant. Le revenu supplémentaire est englouti dans les frais de prise en charge et dans la progression de l’impôt qui résulte d’un revenu plus élevé. C’est pourquoi en Suisse, il arrive souvent qu’un des deux parents –– généralement la mère –– renonce à exercer une activité lucrative ou exerce un emploi avec un très faible taux d’activité. Beaucoup de femmes voient ainsi leurs possibilités de carrière ou leurs options professionnelles être réduites, avec les inévitables répercussions négatives sur le plan de leur rente de vieillesse.3

Objectifs de la charte Ready!L’État et des acteurs privés (engagement accru des milieux économiques) fournissent des moyens supplémentaires en faveur d’un système de qualité pour la formation, l’accueil et l’éducation de la petite enfance (FAE-PE). (Objectif 2)

Les solutions d’accueil pour les enfants d’âge préscolaire sont diversifiées, mais surtout très onéreuses pour les familles. Cette situation, particulière-ment préjudiciable pour les enfants provenant d’un milieu socio-économique défavorisé, restreint également les options pour la classe moyenne.

À Zurich, une famille avec deux enfants d’âge préscolaire dépense une somme pouvant atteindre 19 pour cent de son revenu pour l’accueil si les enfants fréquentent une crèche 3,5 jours par semaine. Dans d’autres villes européennes, les familles dépensent au maximum quatre à six pour cent de leur revenu pour le même taux de prise en charge.

0 5 10 15 20

Proportion des coûts (nets) de l’accueil d’enfants par rapport au revenu brut moyen par ménage à l’échelle nationale, pour un couple marié (taux de travail 100%/67%) avec deux enfants d’âge préscolaire passant 3,5 jours par semaine en crèche.

Zurich

Lausanne

Lyon

Francfort

Salzburg

Source: INFRAS & SEW 20154

19%

13%

6%

5%

4%

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Les enfants socialement défavorisés sont les plus grands gagnantsDe nombreuses études ont démontré les effets positifs d’un système de qualité pour la formation, l’accueil et l’éducation de la petite enfance. Les enfants de toute catégorie sociale ––, mais en particulier ceux provenant de familles socio-économiquement défavorisées –– bénéficient d’un tel système. Les crèches, les familles d’accueil de jour et les haltes-jeux jouent un rôle important pour les préparer à l’école enfantine et pour améliorer les connaissances linguistiques des enfants de langue étran-gère. L’accès limité à ces offres entraîne un double effet négatif: d’une part, sur l’activité lucrative des femmes, et d’autre part, sur les oppor-tunités de développement et d’éducation des enfants issus de familles défavorisées.

Les mesures d’économie nuisent à la qualitéUne place en crèche revient à environ 110 francs par jour en Suisse, la plus grande partie de cette somme étant due aux coûts de personnel. Dans les débats politiques, il est souvent question d’une réduction des coûts. Cependant, le potentiel d’économie dans ce domaine est relati-vement faible, car les coûts totaux d’une place en crèche en Suisse –– compte tenu du pouvoir d’achat compensé –– ne sont pas plus élevés que dans d’autres pays. Quant aux salaires du personnel d’accueil, qui représentent le facteur de coût le plus important, ils sont plutôt bas en comparaison avec d’autres catégories professionnelles en Suisse. S’il fallait atteindre les exigences de qualité requises, p. ex. celles présidant à l’attribution d’un label comme QualilPE, il se pourrait bien que dans beaucoup de crèches suisses, on enregistre à nouveau une légère augmentation des coûts. En raison de la grande importance des premières années de vie d’un enfant pour son développement, il est indispensable que la qualité des offres d’accueil soit assurée. Une étude récente démontre qu’il existe un léger potentiel d’optimisation sur le plan des réglementations concernant le processus d’ouverture d’une crèche. Mais de telles amélio-rations n’auraient qu’un effet négligeable sur les coûts d’exploitation d’une structure.5

Situation actuelleEn Suisse, les dépenses consenties par les parents pour l’accueil extrafamilial sont élevés en compa-raison des autres pays. Bien que les coûts totaux soient comparables, les ménages suisses dépensent nettement plus pour une place en crèche. Cette situation s’explique principalement par la faible partici-pation des pouvoirs publics aux coûts: en Suisse, les dépenses publiques pour les crèches, les haltes-jeux et les familles d’accueil de jour représentent environ 0,1 pour cent du PIB. Dans les pays de l’OCDE, la moyenne des dépenses pour la petite enfance (0––3 ans) se situe à 0,3 pour cent. Pour se hisser au même niveau, la Suisse devrait dépenser environ 3,5 fois plus qu’aujourd’hui pour soutenir les offres d’accueil et d’éducation de la petite enfance.6

Le financement des crèches ou des familles d’accueil de jour relève des communes ou du canton concer-né. Résultat: il existe des différences considérables d’une région à l’autre. Dans le canton de Zurich, la part assumée par les parents représente deux tiers des coûts totaux, autrement dit les pouvoirs publics n’interviennent que pour un tiers de ces coûts. Dans le canton de Vaud, la contribution des parents est nettement inférieure, puisqu’elle atteint 38 pour cent. La part assurée par les pouvoirs publics représente tout juste la moitié des coûts, tandis que la part patronale constitue près de 9 pour cent des coûts. Dans d’autres cantons suisses romands, les employeurs contribuent également au financement des crèches et des structures d’accueil de jour moyennant un fonds spécial.

Modèles de financement en Suisse romandeEn Suisse romande, les pouvoirs publics investissent davantage dans la FAE-PE qu’en Suisse alémanique. Il faut mentionner en particulier le modèle vaudois (depuis 2006), grâce auquel la différence entre les contributions parentales et les coûts totaux est supportée non seulement par le canton et les communes, mais par les entreprises, par l’intermédiaire d’un fonds spécial. Les employeurs sont légalement tenus d’alimenter ce fonds: la contribution de l’employeur varie entre 0,04 et 0,18 pour cent de la masse salariale par année. Ce modèle a également été adopté par les cantons de Fribourg et de Neuchâtel.9

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Trop peu de places subventionnéesDans bon nombre de communes et de cantons, la proportion de places subventionnées est limité: alors qu’à Genève, Lausanne et Lucerne, presque tous les places d’accueil pour enfant sont subventionnées, ce n’est le cas que pour environ la moitié des places, voire moins, à Zurich, Saint-Gall ou Bâle.8 Cela signifie que principalement pour les familles à faible revenu, les places disponibles en crèches sont trop peu nombreuses.

PerspectivePour réduire la charge financière des familles et faciliter l’accès des familles à faible revenu aux offres d’accueil, les pouvoirs publics et les employeurs devraient s’engager davantage dans le financement des solutions d’accueil. Car en agissant ainsi, l’État et les milieux économiques fournissent une contribution essentielle sur le plan de l’équité des opportunités et en faveur d’un rendement accru du système éducatif en Suisse. C’est aussi un investissement rentable à long terme et profitable à tous, car il génère une main d’œuvre plus abondante et plus qualifiée pour répondre aux besoins de l’économie. L’État obtient ainsi da-vantage de recettes fiscales tout en économisant sur les dépenses en matière sociale, éducative et de san-té.10 Il est donc impératif qu’un débat s’instaure rapidement sur le financement futur des offres d’accueil.

1 Bütler Monika et Rüsch Martin 2009: Quand le travail coûte plus qu’il ne rapporte. Étude sur l’impact de la fiscalité et des frais des crèches sur l’activité professionnelle des femmes en Suisse Romande. Egalite.ch

2 Bonoli G., Abrassart A. et R. Schlanser 2010: La politique tarifaire des réseaux d’accueil de jour des enfants dans le Canton de Vaud3 Berner Fachhochschule Soziale Arbeit 2015: Gender Pension Gap in der Schweiz. Geschlechtsspezifische Unterschiede bei den

Altersrenten. Rapport final4 INFRAS & SEW 2015: Analyse der Vollkosten und der Finanzierung von Krippenplätzen in Deutschland, Frankreich und Österreich

im Vergleich zur Schweiz5 Ecoplan 2016: Regulierungen für die Eröffnung einer Einrichtung der familienergänzenden Kinderbetreuung.

Wissenschaftlicher Bericht. Im Auftrag des Bundesamts für Sozialversicherungen BSV. Bern. 2016 6 INFRAS & SEW 2016: Whitepaper zu den gesamtgesellschaftlichen Kosten und Nutzen einer Politik der frühen Kindheit 7 INFRAS & SEW 2015: Ebenda.8 BFS 2016: Qualité de vie dans les villes 2016. https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/catalogues-banques-donnees/

publications.assetdetail.1401991.html (dernière vérification: 04.05.2017).9 kibesuisse 2015: Kinderbetreuung in der Schweiz. Eine Übersicht. 10 Fritschi, T. und S. Strub 2007: Volkswirtschaftlicher Nutzen von Kindertageseinrichtungen in der Region Bern.

En bref–– En Suisse, les familles dé-

pensent beaucoup plus d’argent pour l’accueil de leurs enfants que les familles des pays voisins. Raison principale: le faible niveau de participation au financement de la part des pouvoirs publics.

–– Le niveau élevé de dépenses consenties pour l’accueil des enfants est l’une des raisons pour lesquelles bon nombre de mères n’ont qu’un taux d’activité professionnelle réduit ou n’exercent aucune activité lucrative.

–– Les places subventionnées font souvent défaut, de sorte que les familles à faible revenu ne peuvent même pas se permettre une place en crèche pour leur enfant.Zurich Vaud

112.4 CHF

Coûts CoûtsFinancement Financement

110.6 CHFAutres

coûts 28%

Autres coûts 25%

Autres 4%

Employeurs 9%

Parents 66––68%

Parents 38%

Pouvoirs publics 32––34%

Pouvoirs publics49%

Coûts de personnel

72%

Coûts de personnel

75%

Les coûts totaux d’une place en crèche sont sensiblement les mêmes dans les cantons de Vaud et de Zurich. La différence se situe cependant au niveau du financement: alors que dans le canton de Zurich, les parents financent eux-mêmes environ 66 pour cent des coûts totaux, ce chiffre n’atteint que 38 pour cent dans le canton de Vaud.

Source: INFRAS & SEW 20157

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Complémentarité entre famille et travail Modèles de complémentarité famille et travail pour l’avenir

Pourquoi une meilleure complémentarité est-elle nécessaire?En Suisse, le modèle familial a considérablement évolué ces dernières années. Il est de plus en plus fréquent que les deux parents exercent une activité lucrative. Aujourd’hui, presque quatre mères sur cinq sont professionnellement actives, selon l’Office fédéral de la statistique. Au début des années 90, cette proportion était nettement plus faible. Reste que les pères exercent souvent une activité professionnelle à plein temps, tandis que la plupart des femmes ayant des enfants de moins de 14 ans travaillent selon un horaire nettement plus réduit.1 Concilier la vie de famille et le travail reste un défi pour beaucoup de couples et de parents seuls.

Les parents sont aujourd’hui soumis à la grande pression d’être performants, même si ce sont souvent eux qui se soumettent à une telle exigence. Ils aimeraient être présents pour leurs enfants et les accompagner à chaque étape de leur développement. Par ailleurs, les contraintes du monde professionnel ne cessent de s’alourdir. L’exigence de disponibilité permanente devient toujours forte –– de même que le stress qui l’accompagne. Dans les milieux scientifiques, le dilemme de cette double exigence est dénommé «care crisis».2

La complémentarité et ses multiples composantesLa complémentarité entre la vie de famille et le travail signifie que les mères, autant que les pères, ont suffisamment de temps en dehors du travail pour s’occuper de leurs enfants. Mais en même temps, il ne faut pas que les enfants soient un obstacle à l’avancement de la carrière professionnelle. Afin d’améliorer la complémentarité entre vie de famille et travail, on peut agir sur les éléments suivants, le premier étant un haut niveau de qualité dans les crèches, les familles d’accueil de jour et les structures d’accueil scolaire de jour. Deuxième élément: le temps dont disposent les parents. Un congé paren-tal payé faciliterait la tâche des parents professionnellement actifs pour s’occuper eux-mêmes d’un enfant pendant un certain temps après la naissance et pour construire les liens affectifs essentiels avec l’enfant. Les entreprises peuvent également apporter une contribution importante à la complémentarité entre la vie de famille et le travail, à savoir par la mise en place de modèles de temps de travail flexibles et conviviaux pour les pères et les mères.

Objectifs de la charte Ready!Une meilleure complémenta-rité entre la vie de famille et le travail grâce à des possibi-lités de prise en charge plus nombreuses et de qualité dans toutes les régions de Suisse.(Objectif 6)

De nombreux parents ayant de petits enfants trouvent difficile de concilier la vie de famille et le travail de manière satisfaisante. Un développement plus intensif des places d’accueil pour enfants d’âge préscolaire, l’introduc-tion d’un congé parental et la promotion de modèles de travail avec horaire flexible profitent aux mères, aux pères, à leur progéniture, mais également aux employeurs.

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Situation actuelleMême si, au cours des 15 dernières années, un grand nombre de places d’accueil ont été créées, il reste d’importantes lacunes sur le plan des offres.3 En 2015, on estime que la Suisse comptait quelque 45’000 places dans les structures d’accueil de jour. En comptant avec un taux de fréquentation de 2,5 jours par semaine, ce sont environ 90’000 enfants, ou 24 pour cent de tous les enfants d’âge préscolaire, qui peuvent être pris en charge.4 Un nombre supplémentaire équivalant à quatre pour cent des enfants de cette catégorie d’âge peuvent être gardés dans des familles d’accueil de jour. Selon ses objectifs de Barcelone, l’UE vise à atteindre un taux de prise en charge d’au moins 33 pour cent.

Importantes différences régionalesAu niveau régional, l’offre de places d’accueil est très variable. Le grave fossé ville-campagne est éloquent à cet égard: le taux de couverture –– à savoir la proportion d’enfants pour lesquels une place d’accueil serait disponible dans leur commune cinq jours par semaine –– est nettement plus élevé dans les grandes agglomérations de Suisse que dans les communes des zones rurales. L’offre est supérieure à la moyenne en particulier dans les cantons suisses romands ainsi que dans les cantons de Bâle-Ville, de Zurich et de Zoug.

En Suisse romande, le taux de couverture pour les enfants d’âge préscolaire est relativement élevé, tandis qu’en Suisse orientale et en Suisse centrale, le nombre de places d’accueil est comparative-ment moins élevé.

GE

VD

VS

TI

GR

BE

LU

AG ZH

TG

SG

GL

JUBL

SO

OWNW

UR

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SH

ARAI

ZG

BS

FR

NE

Taux de couverture 0––3 20%, 60% 15%, 20% 10%, 15%

5%, 10% 0%, 5% Données non

disponibles

Source: INFRAS/SEW 20135

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La plupart des pays de l’UE se sont dotés d’un congé parentalDepuis juillet 2005, toutes les mères exerçant une activité lucrative en Suisse ont droit, pendant 14 se-maines après la naissance d’un enfant, d’une allocation de maternité. Un congé similaire pour les pères n’est pas encore prévu par la loi. Ces derniers temps, la prolongation du congé maternité et l’introduc-tion d’un congé paternité ou d’un congé parental a régulièrement fait l’objet de débats politiques. Il faut savoir que dans la plupart des pays de l’UE, le congé payé consécutif à la naissance d’un enfant est d’une durée nettement plus longue.

Source: OECD Family Database 2016: Child-related eave (Key characteristics of parental leave systems)

La Suisse est l’un des pays possédant le plus court congé maternité payé.

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180

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Congé maternité payé Congé parental payé

En bref–– Des places de qualité dans

les crèches, un congé paren-tal payé et des modèles de travail à horaire flexible sont indispensables pour assurer la complémentarité entre la vie de famille et le travail.

–– Les mères sont plus nom-breuses à exercer une activité lucrative lorsqu’il existe une meilleure complémentarité entre la vie de famille et le travail. Par conséquent, l’économie profite d’une main d’œuvre plus abondante.

–– Les investissements en faveur de la complémentarité pro-duisent un effet positif autant pour l’économie nationale que pour les entreprises. En effet, l’économie en général dispose ainsi de main d’une œuvre qualifiée. Quant à l’État, il bénéficie de recettes fiscales plus élevées et d’une réduction des dépenses sociales.

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1 BFS 2016c: https://www.bfs.admin.ch/bfs/de/home/statistiken/wirtschaftliche-soziale-situation-bevoelkerung/ gleichstellung-frau-mann/vereinbarkeit-beruf-familie.assetdetail.349762.htm

2 Jurczyk, K. & Klinkhardt, J., 2014: Vater, Mutter, Kind? Acht Trends in Familien, die die Politik heute kennen sollte. Gütersloh: Verlag Bertelsmann Stiftung

3 INFRAS & SEW 2015: Analyse der Vollkosten und der Finanzierung von Krippenplätzen in Deutschland, Frankreich und Österreich im Vergleich zur Schweiz

4 INFRAS & SEW 2016: Whitepaper zu den gesamtgesellschaftlichen Kosten und Nutzen einer Politik der frühen Kindheit5 INFRAS & SEW 2013: Familienergänzende Kinderbetreuung und Gleichstellung. Schlussbericht des gleichnamigen

NFP60-Forschungsprojekts.6 INFRAS/SEW 2016: Whitepaper zu den gesamtgesellschaftlichen Kosten und Nutzen einer Politik der frühen Kindheit7 Forschungszentrum Familienbewusste Personalpolitik FFB 2013: Status quo der Vereinbarkeit von Beruf und Familie in

deutschen Unternehmen sowie betriebswirtschaftliche Effekte einer familienbewussten Personalpolitik. Ergebnisse einer repräsentativen Studie

8 Prognos 2005: Betriebswirtschaftliche Kosten-Nutzen-Analyse familienfreundlicher Unternehmenspolitik

Coûts et utilité des mesures favorisant la famille pour les entreprisesLes entreprises trouvent un avantage dans le fait que les femmes, après une naissance, reprennent leur emploi et réduisent moins fortement le taux d’activité professionnelle. Certes, la création de postes à temps partiel occasionne des coûts pour les entreprises, p. ex. sur le plan de la coordi-nation et de l’administration. Mais elles compensent ces coûts en réemployant les mères, puisqu’elles n’ont ni besoin de mettre le poste au concours, ni de former un nouvel employé. Une telle approche permet également à une entre-prise d’être plus attractive, ce qui facilite le recrutement de nouveaux collaborateurs. Les recherches montrent qu’ainsi, le personnel est en général plus satisfait, motivé et produc-tif, et que le taux d’absentéisme s’en trouve réduit.7 Une étude8 a permis de calculer que pour les entreprises suisses, le bilan coût-utilité de mesures favorables à la famille est nettement positif. Selon cette étude, le retour sur investis-sement se chiffre à huit pour cent.

PerspectiveLes conditions générales entourant la complémentarité entre la vie de famille et le travail en Suisse sont susceptibles de vastes améliorations: il faut notamment continuer à développer les offres d’accueil et introduire un congé parental payé. L’État et le secteur économique privé sont sol-licités. Les employeurs peuvent encourager les pères et les mères dans leurs décisions de carrière en leur proposant, par exemple, des modèles de travail à horaire flexible. Une telle initiative aura des répercussions positives pour les entreprises: l’augmentation du taux d’activité lucrative des mères a déjà pour conséquence qu’elles disposent aujourd’hui d’une main d’œuvre qualifiée plus abondante. À moyen et à long terme, elles pourront bénéficier de personnel mieux formé. En effet, les enfants qui grandissent aujourd’hui dans des structures d’accueil de qualité pour la petite enfance seront les spécialistes compétents de demain.

C’est une évidence: le développement des solutions d’accueil ou l’intro-duction d’un congé parental s’accompagnera de coûts supplémentaires. En fonction du degré de développement de ces solutions, il faut compter avec un surcroît de dépenses d’environ deux milliards de francs par an. Les coûts annuels totaux d’une telle politique de la petite enfance atteignent, selon les estimations, jusqu’à 4,6 milliards de francs par an. À moyen et à long terme, ces investissements seront cependant plus que rentabilisés grâce au surcroît de recettes fiscales et aux économies en faveur des pouvoirs publics, mais aussi en raison de l’utilité qui en résultera pour les entreprises.6 Des études empiriques réalisées en Suisse et à l’étranger montrent que l’amélioration des conditions-cadres entourant la complémentarité entre vie de famille et travail entraîne un engagement accru des mères sur le marché du travail. Cet effet, lui aussi, contribue de manière importante à combler les lacunes de main d’œuvre qualifiée. Quant à l’État, il peut en outre augmenter ses recettes fiscales et réaliser des économies sur le plan des dépenses sociales, car le risque de pauvreté –– p. ex. en cas de divorce ou d’absence de revenu du partenaire –– s’en trouve réduit, y compris au moment de la retraite, puisque les rentes de vieillesse seront plus élevées.

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Politique globale de la petite enfance Coordonner la planification et agir en réseau

Pourquoi une politique de la petite enfance est-elle nécessaire?Les recherches, dans leur état actuel, montrent que le lieu d’apprentissage privilégié des enfants est la famille, le terrain de jeu, la halte-jeu ou la crèche, et non l’école. Dès la naissance, les enfants acquièrent, de manière ludique, des aptitudes complexes et des connaissances fondamentales en côtoyant leurs personnes de référence et leurs camarades. Il est donc particulièrement profitable de favoriser et d’en-courager de manière ciblée l’acquisition de ce qu’il est convenu d’appeler les connaissances informelles pendant les premières années de vie d’un enfant. Plus les mesures de formation et d’encouragement interviennent tôt, plus leur taux de rentabilité est élevé.

En Suisse, il existe une multitude de solutions destinées aux enfants d’âge préscolaire et à leur famille. Les offres relevant de la formation, de l’accueil et de l’éducation de la petite enfance (FAE-PE) per-mettent de soutenir les enfants, en stimulant leur curiosité naturelle, de même que les parents dans leurs tâches éducatives. Pour les enfants de familles provenant d’un arrière-plan socio-économique défavorisé, l’équité des opportunités est rétablie lors de leur entrée à l’école, et les mesures dont ils ont bénéficié représentent une importante contribution à l’intégration et à la lutte contre la pauvreté.

De nombreux acteurs du domaine de la formation, de l’accueil et de l’éducation de la petite enfance soutiennent les parents dès la naissance d’un enfant et jusqu’au début de sa scolarité.

Objectifs de la charte Ready!Une politique globale de la petite enfance portée conjoin-tement par le système éducatif ainsi que les départements de l’éducation, des affaires sociales et de la santé. (Objectif 3)

Une mise en œuvre de la politique de la petite enfance rassemblant toutes les ins-titutions et tous les secteurs concernés. (Objectif 4)

La palette des offres, des acteurs et des compétences en matière de formation, d’accueil et d’éducation de la petite enfance en Suisse est très diversifiée, au point qu’il est difficile de dresser un portrait clair de la situation. Il manque une structure de coordination. C’est précisément à ce niveau que les milieux poli-tiques doivent intervenir. Il s’agit de mettre en place une stratégie globale per-mettant à la Confédération, aux cantons et aux communes de s’assurer que des offres de qualité produisent un résultat optimal pour les enfants et les parents.

Source: Fondation Jacobs 2016

Période périnatale 1re et 2e année 3re et 4e année 5re et 6e année

Haltes-jeux, conseils éducatifs

École enfantine, école FoyerPsychologue scolairePédagogie spécialisée

Groupes père-mère-enfant, conseils père-mère, éducation précoce, services de visite à domicile

CrèchesPlaces de jeu, centres familiaux

Pédiatres obstétriciens/-ennes Lieux de naissance Sages-femmes

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Afin que personne ne passe entre les mailles du filet Les compétences de gestion pour les offres FAE-PE sont très diversement attribuées. Les crèches ou les programmes de visite à domicile, par exemple, relèvent souvent des services sociaux, les consultations père-mère appartiennent plutôt au domaine de la santé, tandis que les mesures d’appui linguistique pour petits enfants sont gérées par les départements de l’instruc-tion ou de l’intégration. De nombreuses offres ont aussi vu le jour à la suite d’initiatives purement privées, ce qui explique pourquoi la situation est assez confuse pour les communes et les cantons. Autre problème: la qualité et le financement des offres ne sont souvent pas garantis.

Il existe donc un risque réel que des familles ou certains enfants n’obtiennent pas le soutien requis, même si une solution adéquate existe par ailleurs. Il n’est pas rare que cette situation touche ceux qui ont le plus besoin d’aide. L’échange d’informations entre personnes concernées n’est pas non plus assuré. Afin d’obtenir une meilleure harmonisation et coordination entre les offres dans le domaine de la petite enfance, et afin de faciliter la tran-sition vers l’école, il est impératif de mettre en place une politique globale de la petite enfance qui soit à même relier en réseau les différentes mesures et les acteurs concernés. C’est la solution qui permettra d’éviter les doublons, d’utiliser les moyens financiers à bon escient et de réaliser des économies sur les coûts.

Qu’est-ce qu’une politique globale de la petite enfance?Une politique globale de la petite enfance veille à établir des structures adaptées aux besoins en matière de formation, d’accueil et d’éducation de la petite enfance (FAE-PE) pour les familles et en milieu extrafamilial, et à en assurer la qualité. Elle est le système fédérateur des offres concernant la petite enfance. L’échange d’informations et l’harmonisation entre les offres et les acteurs créent des synergies et accroissent l’efficacité. Ainsi, les enfants bénéficient d’un système d’encouragement qui fonctionne de manière optimisée même lors des transitions, par exemple lors du passage d’une halte-jeu à une crèche, ou d’une crèche à l’école enfantine. Cette tâche doit être assurée conjointement par les services de l’éducation, de la santé et des affaires sociales. Il est important que la palette des offres comprenne des solutions à la fois pour tous les enfants, pour des catégories spécifiques de personnes et pour des familles individuelles.

Idéalement, les communes et les cantons élaborent une stratégie globale transversale et interdépartementale qui sert de base pour la mise en œuvre d’une politique de la petite enfance. Se fondant sur une analyse précise des offres existantes et des actions nécessaires, le canton ou la commune décline la stratégie en objectifs et sous forme de plan de mesures. Une telle stratégie aide les prestataires à fournir des solutions de qualité et adaptées aux besoins, et à rendre ces dernières accessibles à toutes les familles. Elle est également une aide pour les parents et les enfants, qui réussissent ainsi à mieux se repérer dans la multitude des offres disponibles. Le succès d’une stratégie globale de la petite enfance dépend essentiellement de la volonté politique et de l’adoption d’une approche cohérente lors de sa mise en œuvre.

Prévention universelle

Facilitation d’un dévelop-

pement positif

Politique de la petite enfance

Mesures de protection de l’enfance

Santé Affaires sociales Éducation

Conditions-cadres favorables pour la vie et le développement des enfants

Offres destinées à des groupes particuliers de familles et d’enfants

Prévention sur indices/intervention

Le modèle Primokiz: modèle intégré pour la formation, l’accueil et l’éducation de la petite enfance © Fondation Jacobs 2012

La politique de la petite enfance repose sur trois piliers: les départements de l’éduca-tion, de la santé et des affaires sociales. Elle englobe des offres destinées aux enfants sans distinction, mais aussi à des catégories spécifiques de personnes et à des familles individuelles ayant des besoins particuliers.

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Situation actuelleLa compétence en matière de petite enfance relève essentiellement des communes. Les cantons jouent néanmoins un rôle important sur les plans de la coordination, du financement et de la mise en œuvre des mesures. Dix cantons disposent actuellement d’une stratégie pour la petite enfance. En juin 2016, sept autres cantons travaillaient à l’élaboration d’une telle stratégie.1 D’autres cantons encore ont formulé des mesures qui s’inscrivent dans le cadre de leur politique de la famille et de l’enfance et qui traitent de certains aspects de la petite enfance. Certains cantons sont également en train de mettre en place de nouvelles formes de collaboration et d’échange qui ont parfois débouché sur une nouvelle répartition des tâches entre le canton et les communes. Dans leur programme cantonal d’intégration (PCI), tous les can-tons abordent certains aspects liés à la petite enfance, toutefois uniquement sous l’angle de la population migrante.

La plupart des grandes villes, elles aussi, disposent d’une stratégie, tandis que les villes de moyenne et de petite taille suivent lentement le mouvement. Pour élaborer un document stratégique, il est utile de se référer par exemple au Manuel pratique du programme Primokiz de la Fondation Jacobs2. Entre 2013 et 2015, 17 communes ont développé leur stratégie de la petite enfance à l’aide de ce programme. La seconde phase du programme (de 2016 à 2020) vise à assister 80 autres communes et cantons pour l’élaboration d’une stratégie globale dans le domaine de la petite enfance.

Le thème de la petite enfance fait également l’objet d’une action concertée, dans le cadre du Programme national contre la pauvreté, par l’Association des Communes Suisses, l’Union des villes suisses et l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). Le projet «Les communes en tant que plateforme stratégique et réseaux dans le domaine de l’encouragement précoce» aide les communes à développer et mettre en œuvre leur stratégie. Au niveau national, il existe également d’autres initiatives menées par les offices fédéraux et organismes intercantonaux compétents dans les domaines de la santé, de la migration, de l’éducation et des affaires sociales. Tous ces organismes ont reconnu l’importance du thème de la petite enfance et se concentrent sur les divers aspects prioritaires pour eux.

PerspectiveMême si le domaine de la petite enfance est en constante évolution, il reste beaucoup à faire à tous les niveaux. La Confédération et les cantons doivent mettre en place les bases légales et réglementaires, prévoir les moyens financiers et assister les communes lors de la réalisation d’un réseau pour la forma-tion, l’accueil et l’éducation de la petite enfance. Il s’agit d’institutionnaliser davantage la politique de la petite enfance et d’encourager les contacts réguliers entre les services concernés.

La politique de la petite enfance est d’une utilité considérable pour l’économie nationale et l’économie privée: elle permet d’améliorer la complémentarité entre la vie de famille et l’exercice d’une profession, et de ce fait, elle contribue à court terme à pallier le manque de main d’œuvre qualifiée et la pauvreté des familles. Grâce aux meilleures opportunités de développement pour les enfants de familles défavorisées sur le plan socio-économique, les mesures prises conduisent, à moyen et à long terme, à une répartition plus équitable de l’éducation et des revenus, renforçant ainsi la place de la Suisse en tant que site éco-nomique et d’innovation. Autre conséquence: elles permettent de réduire, à moyen et à long terme, les dépenses des institutions sociales, de santé et du système judiciaire.

1 INFRAS 2016: Stratégies cantonales et coordination dans le domaine de l’accueil et de l’éducation de la petite enfance. Un état des lieux dans les cantons. Jacobs Foundation JF en partenariat avec l’Office fédéral des assurances sociales OFAS (Programme national contre la pauvreté) et le Secrétariat d’Etat aux migrations SEM

2 Fondation Jacobs 2016: Manuel technique Primokiz pour le développement d’une stratégie globale pour la petite enfance

En bref–– Les offres pour la petite

enfance doivent être mieux coordonnées pour qu’elles produisent leur effet optimal.

–– La politique de la petite en-fance est une tâche commune des domaines de l’éducation, des affaires sociales et de la santé.

–– Confédération, cantons et communes sont invités à développer, à leur niveau, une stratégie globale pour la poli-tique de la petite enfance.

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La qualité dans le domaine de la petite enfance Les petits enfants ont besoin d’offres d’accueil de qualité

Pourquoi faut-il assurer un haut niveau de qualité dans le domaine de la petite enfance?La formation, l’accueil et l’éducation de la petite enfance (FAE-PE) en milieu institutionnel –– p. ex. une crèche ou une halte-jeu –– ont des effets positifs sur les aptitudes cognitives, linguistiques, relationnelles et émotionnelles d’un enfant. Un bon système FAE-PE profite à tous les enfants, en particulier à ceux issus de familles défavorisées sur le plan socio-économique. À long terme, la FAE-PE contribue à l’équité des opportunités et favorise un haut rendement éducatif. Quant à savoir si et dans quelle mesure l’accueil extrafamilial a un effet bénéfique sur les compétences des enfants, la réponse dépend de la qualité des solutions d’accueil. Ce constat est corroboré par un grand nombre d’études réalisées tant en Suisse qu’à l’étranger. Lorsque la qualité d’une solution d’accueil n’est pas suffisante, les conséquences peuvent mêmes être dommageables.1 À l’inverse, la qualité d’une offre d’accueil est importante non seulement pour le développement de l’enfant, mais également pour les parents. En effet, ces derniers ne peuvent s’engager pleinement dans leur travail que s’ils savent que leur enfant est en de bonnes mains. La qualité des offres joue également un rôle important pour la réputation d’une commune.

Le personnel d’accueil porte une lourde responsabilitéPrécisément parce que l’accueil précoce joue un rôle si important pour le développement des enfants, il est important que ces derniers soient pris en charge par des personnes compétentes, qualifiées et reliées entre elles au sein d’un réseau. La prise en charge des nourrissons et des petits enfants s’accompagne d’une grande responsabilité. Cependant, une bonne partie du personnel dans les structures d’accueil de jour ne possède de qualifications formelles reconnues dans ce domaine. Dans le canton de Zurich, la proportion de personnel non formé –– par exemple des stagiaires et des personnes en formation –– atteint environ 40 pour cent.2 La qualité des crèches est parfois grevée par le taux élevé de rotation du personnel. Dans de nombreuses institutions, le nombre d’employés varie notablement, comme l’indique une étude réalisée pour la ville de Zurich.3 La raison principale en est l’absence de reconnaissance des professions de l’accueil. Selon l’étude zurichoise, la proportion du personnel d’accueil se disant satisfait des conditions de travail ne dépasse pas 60 à 70 pour cent. Ces valeurs sont nettement inférieures à celles relevées pour la plupart des autres secteurs d’activité.

Situation actuelleOn est relativement peu renseigné sur la qualité des offres d’accueil à ce jour. Les chiffres dont on dispose ne concerne que certaines institutions ou des régions précises.4,5 Il n’existe pas non plus de données chiffrées sur la formation et la formation continue du personnel d’accueil.

Les cantons et les communes compétents pour l’approbation et la surveillance des crèches ou des familles d’accueil de jour n’émettent généralement des directives que pour la qualité de la structure, p. ex. la taille des groupes ou les dimensions des locaux. Il n’existe guère de critères régissant la qualité des processus pédagogiques, autrement dit l’interaction avec les enfants et les parents, ou les autres aspects de la qualité. En revanche, on dispose d’un Cadre d’orientation pour la formation, l’accueil et l’éducation de la petite enfance en Suisse, et cet instrument constitue une base de travail importante en matière de qualité pédagogique.6 Il concerne tous les acteurs assumant directement ou indirectement une responsabilité à l’égard d’enfants pendant leurs premières années de vie.

Objectifs de la charte Ready!La garantie que des personnes compétentes et qualifiées prennent en charge les enfants entre 0 et 4 ans et que ces éducateurs/trices travaillent ensemble au sein d’un réseau. (Objectif 5)

Les quatre premières années de vie sont essentielles pour le développement d’un enfant. Il est donc impératif que les structures d’accueil soient de qualité. On est actuellement peu informé sur le niveau de qualité dans les crèches, les familles d’accueil et le haltes-jeux en Suisse. Disposer de personnel spécialisé en suffisance et correctement formé est un important facteur de qualité. Il ap-paraît clairement que la qualité joue un rôle de premier plan et qu’elle a un prix.

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Aide décisionnelle pour les parents Il est extrêmement important, surtout pour les parents, de pouvoir évaluer la qualité d’une institution. La décision de placer un enfant dans une crèche n’est pas facile à prendre pour les parents, surtout si le choix des établissements possibles est limité. Il peut alors être utile de s’en reférer, par exemple, au label QualilPE, qui propose une définition complète de ce qu’est la qualité. Ce label englobe le travail effectué avec les enfants, la collaboration avec les parents, de la forma-tion et la formation continue du personnel, le concept général et le type de gestion utilisés par une institution. Cependant, seul un petit nombre de crèches en Suisse portent ce label, notamment parce que le processus de certi-fication est relativement onéreux et coûteux en temps.

La qualité des offres d’accueil et ses différentes dimensions –– La notion de qualité de la structure comprend différents aspects tels que la taille

des groupes, les différents âges des enfants, les relations entre le personnel et les enfants, les dimensions et l’équipement des locaux, les qualifications et l’expérience professionnelle des éducateurs et éducatrices, ou encore les salaires du personnel spécialisé.

–– Quant à la qualité des orientations, elle recense les valeurs pédagogiques, les orientations et les positions du personnel spécialisé ainsi la présence d’un concept pédagogique obligatoire.

–– L’expression qualité de processus pédagogique désigne l’approche pédagogique concrète avec un enfant et un groupe d’enfants, autrement dit toutes les interactions et expériences vécues par un enfant dans la crèche avec son environnement spatial et matériel.

–– La qualité de gestion et d’organisation comprend des critères tels que la répartition équitable des tâches au sein d’une équipe, une direction compétente et engagée à la tête de l’établissement, les liens entre ce dernier et d’autres offres, ou encore l’existence de formations continues et d’une surveillance.

–– La qualité du contexte désigne par exemple un financement assuré ou un soutien assuré par les organes responsables de la crèche.

1Activités de développement, de soutien et d’apprentissage

2Relations et interactions

6Personnel et qualifica-tions

7Gestion et administration

8Concept institutionnel et règles

5Sécurité, hygiène et équipements

Développement positif de l’enfantEn bonne santé et protégé/équilibré socialement et émotionnellement/ apte à la vie à l’école (enfantine)/liens d’attachement et de confiance

3Inclusion et participation

4Participation parentale et collaboration familiale

Enfant

Grafique QualilPE Source: QualilPE 2017.8

Le label QualilPE utilise huit domaines de développement pour évaluer la qualité d’une structure d’accueil de jour.

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La qualité a un prixDans les crèches suisses, les coûts de personnel représentent environ trois quarts des coûts totaux, même si les salaires sont relativement bas.9 Il se pourrait que les coûts augmentent encore si la proportion d’éducateurs et éducatrices qualifiés augmentait dans ces institutions. Les coûts dépendent notamment du nombre d’enfants par membre du personnel d’accueil (rapport personnel-enfant) et de la proportion de personnel qualifié. Ce sont également des facteurs décisifs déterminant la qualité de la prise en charge. Ils influencent par exemple la capacité du personnel à reconnaître les besoins individuels des enfants ou le temps disponible pour s’occuper de chaque enfant. Les mesures d’économie sont le plus souvent réper-cutées sur le personnel, avec des conséquences néfastes sur la qualité de l’établissement et, en définitive, sur le bien-être des enfants.

Perspective«On n’a généralement pas encore assimilé qu’un accueil comprenant tous les soins et l’attention né-cessaires n’est pas gratuit», regrette la psychologue bâloise Heidi Simoni dans une interview accordée à l’hebdomadaire «Die Zeit» en avril 2017.10 La qualité a un prix: dans les crèches, on ne peut pas faire l’économie de collaborateurs qualifiés et en nombre suffisant, ni de bonnes conditions de travail. Ces aspects doivent être pris en considération par les communes et les cantons dans leurs plans de subventions. Une bonne qualité ne peut être garantie à long terme que si les offres destinées à la petite enfance reposent sur un financement solide.

Les organisations responsables privées, les cantons et les communes sont invités à poursuivre leurs efforts pour assurer le développement de la qualité dans les crèches, les familles d’accueil de jour et les haltes-jeux. Pour pouvoir correctement cibler les investissements dans un système de formation, d’accueil et d’éducation de la petite enfance, il faut également disposer d’une meilleure base de don-nées sur la qualité des offres d’accueil en Suisse. Des recherches complémentaires doivent être menées afin de combler les lacunes en matière de renseignements sur la formation et la formation continue du personnel d’accueil et sur la qualité pédagogique.

1 Melhuish, E., Ereky-Stevens K., Petrogiannis K., Ariescu A., Penderi E., Rentzou K., Tawell A., Leseman P. and M. Broekhuisen 2015 CARE: A review of research on the effects of Early Childhood Education and Care (ECEC) upon child development Brussels: European Commission. On -http/ecec-care.org/

2 INFRAS & SEW 2015: Analyse der Vollkosten und der Finanzierung von Krippenplätzen in Deutschland, Frankreich und Österreich im Vergleich zur Schweiz

3 Blöchliger, Olivia; Bauer, Georg F 2014: Zürich: Stadt Zürich, Sozialdepartement, Koordination Frühe Förderung. http/www.zora.uzh.ch/105928/1/2014%20POH_Bauer_GF_Bl%C3%B6chliger_Personal-Studie_Kitas.pdf (lien vérifié le: 04.05.2017).

4 Burger K., Neumann S., und K. Brandenberg 2017: Studien zur frühkindlichen Bildung, Betreuung und Erziehung in der Schweiz. Eine Bestandsaufnahme erstellt im Auftrag der Jacobs Foundation. État: 20 janvier 2017

5 Perren, S., Frei, D., & Herrmann, S. (2016). Pädagogische Qualität in frühkindlichen Bildungs- und Betreuungseinrichtungen in der Schweiz: Erste Erfahrungen und Befunde mit dem CLASS toddler Beobachtungsverfahren. Frühe Bildung, 5 (1), 3––12

6 Wustmann Seiler C. & Simoni H. (2012). Cadre d’orientation pour la formation, l’accueil et l’éducation de la petite enfance en Suisse Élaboré par le Marie Meierhofer Institut für das Kind, établi sur mandat de la Commission suisse pour l’UNESCO et le Réseau suisse d’accueil extra-familial. Zurich.

7 Hellmann J., 2015: Kita-Qualität als komplexes Zusammenwirken vieler Aspekte auf unterschiedlichen Dimensionen und Kinder. Nr 95, 5––17.

8 QualilPE 2017: Le Label de qualité des institutions de la petite enfance. https:/https://quali-ipe.ch/fr/qualiipe/ la-qualite-dans-les-structures-daccueil/ (lien vérifié le: 04.05.2017).

9 INFRAS & SEW 2015: Analyse der Vollkosten und der Finanzierung von Krippenplätzen in Deutschland, Frankreich und Österreich im Vergleich zur Schweiz

10 Die Zeit 2017. «Ein gutes Herz allein reicht nicht». Interview mit Heidi Simoni. http://www.zeit.de/2017/14/kindertagesstaetten- qualitaet-heidi-simoni-interview (lien vérifié le 04.05.2017)

En bref–– Les offres de formation et

d’accueil de la petite enfance ne bénéficient aux enfants que si leur qualité est bonne.

–– Le personnel est un facteur de qualité important. Actuellement, bon nombre de personnes chargés de l’accueil dans les crèches travaillent sans formation pédagogique.

–– La qualité a un prix: tant les acteurs publics que privés sont invités à mettre à disposition les moyens financiers néces-saires.

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