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Perçu t rop longtemps c o m m e un sport redoutable et violent où tous les coups sont permis, le football amér i cain est en réalité un jeu ex t rêmement sophist iqué. Sa complex i té st ratégi que et l'éventail des qual i tés athlét i ques et psychomotr ices qu'il requiert , en font non seulement un vaste champ d'expér ience et de travail pour le sportif intéressé à cet te prat ique, mais encore un outil privilégié pour l 'éducateur à qui il p ropose de nombreuses situations originales.
Le football américain appartient à la famille des jeux de gagne-terrain (avec le rugby et le jeu à XIII) où la progression de l'équipe attaquante, matérialisée par la progression du ballon, a pour but l'envahissement du camp, c'est-à-dire de l'en-but adverse, et où l'affrontement physique entre les deux équipes détermine, d'une manière prépondérante, la circulation de la balle. L'existence d'une véritable « ligne de front », au départ de chaque phase de jeu et, la nature de la lutte pour l'occupation du terrain nous permettent de parler du football américain comme d'un réel sport de combat collectif. Pour une meilleure compréhension des situations, nous présentons, au préalable, les aspects essentiels du jeu et de son originalité.
LE JEU
Organisation
La partie Elle se déroule sur un terrain rectangulaire composé d'un champ de jeu de 100 yards (1 yard = 91,5 cm) sur 55 prolongé par deux en-buts de 10 yards de profondeurs (cf. dessin 1). Les poteaux de but. plantés dans le fond de l'en-but, sont comparables à ceux du rugby. Le temps de jeu est réparti en quatre quart-temps de quinze minutes de temps effectif, soit, pour une partie, une présence des joueurs d'environ trois heures sur le terrain.
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Revue EP.S n°207 Septembre-Octobre 1987 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé
FOOTBALL AMERICAIN APPROCHE PEDAGOGIQUE
EN MILIEU SCOLAIRE
PAR L. PLEGELATTE
Le ballon
De forme ovale. ¡1 pèse environ 400 grammes et son diamètre est de 29 centimètres (il est plus petit et plus léger que le ballon de rugby).
Déroulement du jeu
La partie proprement dite oppose deux équipes formées, chacune, de plusieurs dizaines de joueurs dont onze seulement participent simultanément au jeu. Chaque équipe, en fait, est composée d'une formation offensive de onze joueurs et de leurs remplaçants, d'une formation défensive distincte du même nombre, et d'unités « spéciales »(onze joueurs) pour
les coups de pied, le nombre de remplacements autorisé étant illimité.
L'équipe en possession du ballon (après réception du coup de pied d'envoi, par exemple) dispose de quatre tentatives ou « downs » (comparables aux « tenus » du rugby à XIII) pour progresser de dix yards ; ce déplacement ne peut être réalisé sur coup de pied.
• Si le contrat est rempli, l'équipe aura quatre tentatives supplémentaires pour poursuivre son avancée vers l'en-but adverse. Dans ce cas, l'objectif sera :
- Principalement : de franchir la ligne d'en-but, balle en main, ou de réceptionner une passe avant dans l'en-but pour marquer un essai (touch down) d'une valeur de six points avec : transformation au pied (1 point) ou à la main (2 points).
- Secondairement : de « botter » entre les poteaux (field-goal), action réalisée comptant pour trois points.
• Si le contrat de progression de l'équipe attaquante (A) n'est pas réalisé, ce sont les adversaires (équipe B) qui engageront à leur tour. Ils effectueront leur poussée offensive dans l'autre sens en partant de l'endroit où la progression de l'équipe A aura été enrayée.
La progression de la balle
Outre les coups de pied d'engagement (kick-off), de dégagement (punt) ou « au but » (field-goal), une équipe a la possibilité, pour faire avancer la balle, de : - courir balle en main ; - réaliser des passes arrières et latérales en nombre illimité ; - effectuer des passes avant.
Remarque : cette dernière modalité est une particularité du football américain, par rapport au rugby, qui permet des gains spectaculaires. Toutefois, elle est
assortie de certaines contraintes telles que le droit de ne faire qu'une seule passe avant par tentative (nécessité alors pour le lanceur de se trouver derrière la ligne de mêlée au moment du lancer).
La défense
Les défenseurs peuvent agir sur le porteur du ballon. Ils ont le droit de plaquer, de pratiquer toutes les « saisies » susceptibles d'enrayer sa progression à l'exclusion de celle du casque et de la grille.
Les contacts
Tous les contacts sont strictement réglementés et les coups, définis comme dan-
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LE TERRAIN
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gereux, interdits. Les pénalités font l'objet d'une perte de terrain plus ou moins importante selon la gravité de la faute. Entre chaque tentative, les équipes ont un temps limité à 25 secondes pour choisir leur tactique et remettre la balle en jeu : c'est le moment du « huddle ».
LA SPECIFICITE DU FOOTBALL AMERICAIN
Elle réside dans le fait que les coéquipiers du porteur de ballon peuvent protéger et favoriser sa progression en réalisant sur leurs adversaires défenseurs des contacts, percussions, contrôle (sans saisie) appelés « blocks » qui seraient considérés dans d'autres sports collectifs comme des obstructions. Ces blocks, qui ont pour but de frayer la voie, « déblayer le terrain » vers l'en-but adverse, sont agressifs, souvent violents, mais très réglementés. Les coups de poing, pied, coude... sont prohibés ; on peut bloquer avec ses avant-bras, ses épaules, la grille de protection du visage, les flancs. Ces blocks sans saisie, sont techniquement très variés et donnent lieu, ainsi que les réactions des défenseurs pour s'en dégager, à un long apprentissage où le travail des appuis (comme dans tous les sports de combat) est prépondérant. Nous sommes loin de la pure brutalité
dont on a, parfois, voulu faire la caractéristique majeure de ce sport. En outre, pour être efficaces, les blocks de l'ensemble de la formation offensive doivent être orientés collectivement, sous-tendus par un projet commun dont l'ordre précis est lancé avant le down par le capitaine. Qu'il s'agisse de dégager un chemin à cinq mètres de la ligne de touche ou d'ouvrir un « trou » en « plein ventre » de la formation défensive, la clef du succès sera donnée par la cohésion, la rigueur, la coordination de tous les joueurs portant le même maillot.
Si, dès le départ de balle, les joueurs feintent, s'entrecroisent dans tous les sens alors que la balle est dissimulée quelques instants, si les coups s'échangent aux quatre coins du terrain, ce n'est pas là l'expression - comme le perçoit souvent le profane - de la confusion, de la violence aveugle ou du chaos, mais bien celle d'un ballet compliqué et réglé avec minutie par des heures de tableau noir et d'entraînement.
Chaque équipe possède des dizaines, voire des centaines de « jeux », élaborés d'abord théoriquement, puis répétés, pour mémoire, avec leurs noms de code, à l'entraînement. A titre d'exemple, le dessin n° 2 présente
l'une des formations les plus usitées par les unités offensive et défensive avant le départ d'une tentative ; et, le dessin 3, un « diagramme » de jeu offensif où les objectifs de chaque joueur de la formation sont indiqués. Afin d'illustrer cette première approche du football américain, nous abordons ci-après, dans les limites de cet article, trois situations de jeu.
QUELQUES SITUATIONS DE JEU
Quelque soit le niveau de familiarisation avec ce sport, les exercices auront pour objectif : l'utilisation des blocages dans la progression collective. Afin de faciliter la mise en place des situations, il convient d'apporter quelques précisions.
Modalités
Dans chaque situation, une équipe en possession du ballon va tenter, contre opposition, une progression matérialisée par la course d'un porteur du ballon vers l'en-but adverse. Les défenseurs pourront disposer pour empêcher cette avancée de divers moyens selon : - les acquis moteurs du groupe considéré (expérience ou non du placage en rugby) ;
Formation la plus usitée avant le départ d'une tentative. Défense DLM : Defense linemen : ligne défensive LB : Line backers : second rideau défensif D.B. : Defensive backfield : arrières défensifs
Attaque QB : Quarter back : quart arrière C : Center : centre G : Guard : garde T : Tackle : bloqueur
Hommes « forts » de la ligne d'attaque
SE : Split end : ailier écarté TE : Tight end : ailier rapproché FLB : Flanker back : arrière de flanc RB : Running back : porteur de ballon
receveurs de « passes avant »
Diagramme de jeu offensif : Course de débordement vers la droite après passe arrière
Légendes des dessins : : trajet aérien de la balle
• : déplacement avec balle : déplacement sans balle : déplacement et « block »
joueurs casque noir : attaquant A joueurs casque blanc : défenseurs B
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- les conditions matérielles (nature du sol...). Si le placage du porteur de balle ne peut être envisagé, on peut l'arrêter de diverse manières : - en le touchant à deux mains au-dessus de la ceinture (touch-football) ; - en lui arrachant l'un des deux foulards glissés latéralement dans sa ceinture (flag-football) ; - en le ceinturant... Après un échauffement généralisé, complété par les « spécifiques » classiques des sports de contacts, on réservera une partie de la séance à des exercices d'appui en position semi-fléchie, tels que : - travail de réaction « en miroir » ; - « mini-sumo » sans saisies...
Organisation
La tenue traditionnelle d'EPS conviendra parfaitement. Toutefois, si les condit ions matér iel les l ' au tor i sen t , le « confort » sera augmenté par l'utilisation de coudières en mousse.
• Le ballon sera maniable et de n'importe quel type : hand-ball, rugby...
• Les dimensions du terrain et le nombre de joueurs pourront être modifiés en proportion selon les conditions réelles de travail dans les collèges.
• Les joueurs devront, dans chaque jeu, occuper à tour de rôle les différentes positions (travail de polyvalence). Deux joueurs minimum assureront l'arbitrage.
Situation 1
Objectif
Découvrir, pour les partenaires du porteur de balle, l'efficacité d'une protection en avant de la progression du ballon.
Organisation
Quatre défenseurs et six attaquants en début de partie (cf. dessin 4). Après plusieurs répétitions, si les attaquants réussissent, on augmentera le nombre des défenseurs (6, 7...).
Consignes
• Pour les attaquants : courir dès le lancer de balle du professeur à l'un des joueurs de l'équipe A du deuxième rideau, en essayant de toucher les défenseurs B.
• Pour les défenseurs : arrêter le porteur du ballon sans être touché. Quand un défenseur B est touché, il lève le bras et est éliminé de la phase de jeu.
• Pour le porteur du ballon : courir le plus loin possible vers l'en-but adverse.
Attribution des points
Chaque zone franchie donnera à l'équipe attaquante : 1, 2, 3 ou 6 points. Après quatre lancers effectués, les joueurs changent de rôle et l'on totalise le nombre de points.
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Situation 2
Idem situation 1, seules les consignes pour les attaquants diffèrent.
Consignes
• Pour les attaquants, partenaires du porteur du ballon : courir dès le signal de la passe et « bloquer » leurs adversaires B.
Remarque : avant de réaliser cette situation, des exercices de blocages, deux par deux, doivent être réalisés. Dans un premier temps, le défenseur sera passif puis il résistera de plus en plus.
• Pour « bloquer » : se placer les mains ouvertes, coudes écartés et jambes demi-fléchies de manière à faire obstacle avec son corps et à repousser son adversaire vers la droite, la gauche ou l'arrière, en insistant sur le déplacement de tout le corps (cf. dessin 5).
Remarques En jeu. la fonction du « bloqueur » sera d'éloigner le défenseur du partenaire porteur de balle. Ceci contraint l'équipe attaquant de décider ensemble et « en secret » d'un schéma tactique. Celui-ci se fera dans le cadre du Huddle de 25 sec. avant la réception du ballon et aura pour objet de définir l'orientation de la course (balle en main) vers la droite ou la gauche afin que les blocks soient effectués collectivement et efficacement. Le dessin 6 présente un exemple de retour droit avec blocks vers la gauche.
Situation 3
Objectif
Déborder ou jouer « dans le paquet ».
Organisation
Six attaquants dont un joueur Al, porteur de balle, contre cinq défenseurs. En plus du professeur, trois joueurs arbitreront pour veiller au bon déroulement du jeu et sanctionneront : - les saisies : 5 mètres de pénalité ; - les coups dangereux : 10 mètres de pénalité. Avant le début du jeu, au moment du
« Huddle », les attaquants conviennent : - d*un nombre qui servira de signal de départ ; - de la direction de la course droite, centre ou gauche pour définir les blocages (cf. dessin 7).
Consignes
• Pour le porteur de balle A1 : - tenir la balle immobile, bras tendus au-dessus de la tête et « crier » à ses équipiers : « prêts ! 1 ou 2, 3... ». Ce nombre, par exemple convenu au préalable, déclenchera l'action ; - courir le plus loin possible vers l'en-but adverse. Pour cela, le joueur aura droit à trois tentatives maximum pour atteindre la première ligne. Il repartira chaque fois de l'endroit où il a été arrêté.
• Pour les attaquants : « bloquer » les joueurs B dès le signal. Les blocages seront effectués différemment selon la direction de course choisie. Exemples : course au centre (cf. dessin 8), course à gauche (cf. dessin 9). • Pour les défenseurs : - réagir dès le mouvement du porteur de balle en se déplaçant pour venir stopper ce dernier ; - éviter les blocks par des crochets, des changements de direction... ; - repousser les bloqueurs.
Attribution des points
• Le franchissement de la ligne de but adverse par le porteur de balle donnera 6 points à l'équipe attaquante A et les rôles seront inversés : l'équipe B attaquera à son tour.
• L'arrêt de l'attaque, après trois tentatives et une progression de balle de moins de quinze mètres, donnera lieu également à un changement d'attaque : balle à l'équipe B.
Pour tous ces exercices, le jeu pourra être adapté, dans le cas d'une réussite trop évidente de l'une des deux formations offensive ou défensive : - si l'attaque avance trop rapidement, il convient d'agrandir les zones : - si l'attaque ne parvient pas à progresser, on retirera un ou plusieurs défenseurs du jeu. Les situations et les blocages cités en exemple sont susceptibles de constituer une base de travail. Très rapidement, élèves et professeurs pourront ensuite faire évoluer l'exercice-jeu en variant les positions des défenseurs et en « écrivant » d'autres cheminements collectifs des blocages.
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CONCLUSION
Dans ce premier article, nous avons seulement dégagé les caractéristiques les plus importantes de ce sport, fort complexe, et proposé une direction d'application pédagogique. Avant que d'autres parutions - dans ces colonnes -viennent préciser et compléter ces premières informations, les enseignants, désireux d'inclure une approche du football américain dans leur pogramme, peuvent contacter l'auteur qui les renseignera d'une façon plus approfondie (adresser votre courrier à la Revue EPS).
Laurent Plégelatte Professeur EPS, Lycée
Dorian (Paris), Président Honneur de la F.F.F.A.
DESSINS : JEAN-CLAUDE PRESSUROT
LE FOOTBALL AMERICAIN HIER... AUJOURD'HUI
Le football américain est né, autour de 1870, d'une codification originale de football-rugby, pratiqué jusqu'alors avec des contours institutionnels et réglementaires plus que flous dans quelques grandes écoles nord-américaines. Une trentaine d'années plus tard, il sort des facultés pour intéresser le milieu sportif « civil » et se constituer rapidement en sport professionnel. Sport populaire n° 1 aux Etats-Unis, aujourd'hui, et pratiqué massivement en milieu scolaire et sous des formes « adoucies » (Touch et Flag Football) par les femmes, les enfants et les amateurs, le football américain continue de témoigner, par sa complexité stratégique, de ses origines universitaires. Adopté depuis plusieurs décennies par le Japon, le Mexique et le Canada (Mac Gill étant co-inventeur), ce sport s'est implanté en Europe il y a une dizaine d'années, autour des bases militaires américaines le plus souvent.
Aujourd'hui... La Fédération Européenne de Football américain regroupe onze nations qui se disputent un championnat depuis 1983. En France, en 1980, il est importé par L. Plégelatte qui fonde le premier club « Le Spartacus de Paris ». En collaboration avec Michel Gofman est créée la Fédération Française de Football Américain (FFFA), en 1983. Agréée en 1985 par le Ministère Jeunesse et Sports, la FFFA se développe avec obstination : - plus de quarante clubs (de 30 à 80 membres) affiliés aujourd'hui ; - un championnat national (senior exclusivement) à deux niveaux depuis 1982.
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Pour tous renseignements, s'adresser à la Fédération Française de Football Américain (FFFA, présidé par Jacques Accambray : 37, rue Lafayette, 75009 Paris, tél. 42 81 51 02.
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