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Journal de l'Association FRancophonie AVenir (A.FR.AV) - Troisième trimestre 2011
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FRATERNIPHONIE No 65 Page 1
Évidemment, à vouloir imiter les États-Unis d’Amérique en tout, à vouloir les singer jusqu’à, notamment, mettre leur langue partout, il fallait s’attendre qu’une crise les touchant, nous toucherait aussi. Ce n’est un secret pour personne, les États-Unis d’Amérique sont endettés, très endettés. Ce pays vit au dessus de ses moyens au point qu’il est au bord de la faillite et, ce n’est pas par hasard, puisque nous lui emboîtons le pas dans tout ce que nous faisons, que la plupart des pays européens connaissent, eux aussi, les mêmes symptômes de banqueroute.
Pensée unique, langue unique, maux communs, jamais cet adage ne se sera autant vérifié avec la crise financière qui s’abat aujourd’hui sur le monde occidental.
L’euro, la monnaie unique européenne, faite pour être forte comme l’était le mark allemand et pour servir une économie de type ultralibérale à l’anglo-saxonne, l’euro qui devait être synonyme de prospérité et de grandeur retrouvée, de plein emploi et de pouvoir d’achat en hausse, n’a fait, en réalité, que contribuer à la ruine des pays qui l’ont adopté.
À cause de lui, la Grèce, un des plus faibles pays européens économiquement parlant, est désormais attaquée par des hordes de banquiers qui eux-mêmes sont attaqués par des agences fantômes de notation, sorte de généraux en chef venus de nulle part, qui menacent de mal noter les banquiers-pilleurs qui ne pilleraient pas avec assez de tact et de rigueur.
Bref, une nouvelle guerre est née : la guerre financière. Sus aux guerres conven-tionnelles où la population risquait de voir l’ennemi et donc de tirer sur lui pour se défendre. Désormais, avec la nouvelle guerre, l’ennemi est invisible, virtuel, il détruit le tissu social et économique du pays qu’il attaque, met le peuple à genoux, mais laisse les infrastructures debout, intactes, prêtes à être rachetées au rabais par les autres financiers de l’équipe qui attendent en embuscade la fin du travail des premiers pour intervenir.
Avec cet euro fort, aux senteurs de mark allemand et d’ultralibéralisme anglo-saxon, fut promue, bien évidemment, la langue des généraux envahisseurs, c’est-à-dire l’anglais, la langue des États-Unis d’Amérique.
Ainsi, alors que la langue française était placée en première langue étrangère
enseignée à l’école au Portugal, en Espagne, en Italie et en Grèce, l’anglais vint prendre sa place. Ces pays, alors, « grâce » à l’Europe du traité de Maastricht, c’est-à-dire « grâce » à l’Europe telle que la voulaient les États-Uniens, libre-échangiste et ultralibérale, adoptèrent avec joie et empressement, l’euro et l’anglais. L’euro même qui est en train de les ruiner et l’anglais qui donnera l’occasion à une partie de leurs enfants de fuir le navire pour aller se vendre en anglais à l’étranger, en Australie, par exemple, ou ailleurs dans l’aire anglophone, contribuant ainsi à fortifier le nid d’où sont partis les vautours qui ont participé au dépeçage en règle de leur pays d’origine.
naissances, c’est-à-dire qu’il y aurait moins de problèmes s’il y avait moins de Français et donc, par voie de conséquence, plus de problèmes du tout si carrément la France disparaissait.
D’autres hommes politiques français ont également cet esprit de mort, cette envie de nous faire disparaître pour faire disparaître les problèmes à résoudre, un peu comme ces mauvais médecins qui souhaitent la mort du malade pour ne plus avoir à soigner sa maladie. « Faisons disparaître la France, pour résoudre les problèmes de la France » pourrait être la devise de ces fossoyeurs. Il en est ainsi des ministres Darcos, Chatel, Borloo, Pécresse et Cie qui rêvent que nos enfants apprennent l’anglais dès le berceau, ignorant, ou faisant semblant d’ignorer, qu’à créer ainsi de petits bilingues, on crée des Français prêts à être assimilés, prêts à accepter le basculement linguistique, c’est-à-dire prêts à disparaître avec leur langue maternelle dans le premier machin anglo-mondialisé qui les sifflera.
Oui, c’est donc bien l’esprit de mort qui habite un bon nombre de nos politiciens. La prochaine élection présidentielle doit alors être pour nous l’occasion de leur dire que nous ne voulons pas de leur mort annoncée, que nous ne voulons pas être euthanasiés à l’anglais, ni asphyxiés au système de vie et de pensée anglo-américain, et que, au contraire, nous voulons vivre, tournés vers l’Europe de la coopération entre Nations, vers la Francophonie internationale et solidaire, et, forts de cette base saine, vers le monde, tout simplement.
Le Président de l’A.FR.AV
TROISIÈME TRIMESTRE 2011 « La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ? », Racine Numéro 65
Mais comment nos politiciens ont-ils bien pu accepter que s’installe cette théorie de mort en France et partout en Europe ? Si gouverner, c’est prévoir, comment se fait-il qu’ils n’aient rien prévu, rien vu venir ?
Le Secrétaire d’État au Tourisme, ex- porte-paroles du Gouvernement, Monsieur Frédéric Lefebvre, nous a donné un début de réponse dans le parallèle qu’il a fait, récemment, entre chômage et natalité. En effet, n’a-t-il pas souligné qu’avec 140 000 à 150 000 jeunes par an entrant sur le marché du travail en France, il faut créer plus de 150 000 emplois pour faire baisser le chômage, « problème » moindre en Alle-magne, a-t-il déclaré, puisque ce pays a un taux de natalité qui s’est effondré (sic) ? Autrement dit, M. Lefebvre a eu l’air de regretter que la France ait une forte natalité, une forte natalité qui, au lieu d’être syno-nyme pour lui de vie et d’avenir pour le pays, est plutôt synonyme de punition. Ainsi, nous avons bien là un politicien qui a l’esprit de mort, pensant qu’il y aurait moins de chômage s’il y avait moins de
FRATERNIPHONIE LE JOURNAL DE L’ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR - A.FR.AV
Parc Louis-Riel - 2811 chemin de Saint-Paul, 30129 Manduel - FRANCE
Site : www. francophonie-avenir.com - Chaîne-vidéos : www.youtube.com/user/Fraterniphonie
É
D
I
T
O
R
I
A
L
SOMMAIRE
Éditorial : La théorie de la mort.
La Catalogne ou le vrai visage des
ethno-régionalistes.
Les irradiés de Tchernobyl.
Chanter en français.
Prime au bilinguisme, prime à la
défrancisation.
L’anglais dans nos aéroports.
La présidentielle de 2012.
La Libye et nos « amis » anglais !
Publications multilingues contre
science « unitariste ».
Avancée du français en Afrique de
l’Est.
Mots d’Or et Trophées du langage.
Wallonie, mon amie.
L’A.FR.AV en actions.
Frédéric Lefebvre,
un politicien adepte
de la théorie de la mort, c’est-à-dire de la théorie consistant à ne plus
exister pour ne plus avoir de problèmes à résoudre.
FRATERNIPHONIE No 65 Page 2
Comme nous avons pu le constater, à travers ce reportage, les
visiteurs du site de Tchernobyl
doivent signer un document écrit
tout en anglais et en anglais uni-
quement, mais cela, apparemment,
n'a gêné personne, tout le monde
avait même l'air de trouver ça
normal. En Ukraine, semble-t-il,
on considère que tout étranger
doit parler anglais, tout comme
dans l'ex-URSS, on considérait
que tout le monde devait parler
russe. Preuve qu'une dictature peut en remplacer une autre !
Cela dit, les journalistes du reportage sont allés voir un respon-
sable du tourisme ukrainien, M. Dimitri Zarouba, Vice-secrétaire
d'État au tourisme. On aurait pu
s'attendre alors, en toute logique, à
ce qu'ils profitent de leur entrevue
avec ce haut personnage pour lui
demander, entre autres choses, que
les mises en garde, adressées aux
touristes visitant la centrale de
Tchernobyl, soient faites en
plusieurs langues, dont le français ?
Eh bien, non ! Les journalistes
français ont montré le document au
responsable, mais n'ont dit mot sur le fait que les informations
données étaient en anglais et uniquement EN ANGLAIS !
Conclusion : Ce reportage nous a très bien montré l'état
d'esprit des journalistes français, insensibles, en général,
à la défense de la langue française, à la défense
du plurilinguisme, à la promotion de la Francophonie.
Scandaleux et triste, à la fois !
Les irradiés d’anglais
de Tchernobyl
Force est de constater qu’il y a une tendance de plus en plus
répandue dans les milieux régionalistes, en particulier en
Bretagne, à préférer désormais des mots bretons ou anglais aux
mots français : « une façon, sans doute, d'affirmer son identité,
sa culture, son particularisme, sinon même son opposition à
l'égard de l'État central (le phénomène n'est évidemment pas
propre à la Bretagne, on l'observe en d'autres régions de France
et de l'Union européenne, notamment en Catalogne) ».
Les photographies ci-après, extraites de divers quotidiens
sportifs, en apportent une démonstration assez spectaculaire.
Lors d'une grande compétition de football, le 8 mars dernier,
dans le fameux Camp Nou de Barcelone (le plus grand stade
d'Europe avec près de 100 000 places), on pouvait voir dans
les tribunes une grande banderole proclamant "Catalonia
is not Spain" (la Catalogne n'est pas l'Espagne).
Comme le disait la légende d’un des clichés, le club catalan
se veut « l'étendard de la catalanité, en opposition à l'hispanité
du Real », le grand club concurrent de Madrid, et il a
précisément choisi de l'exprimer en anglais, c'est-à-dire dans
une langue qui n'est pas la langue nationale.
P.-S. : Il est intéressant de noter que le magnifique stade en
question s'est officiellement appelé Estadio del FC
Barcelona jusqu'en 2000, date à laquelle lui a été donné le
nouveau nom de Camp Nou (nouveau stade, en catalan).
Jean-Pierre Busnel
Président de l'Institut André Busnel
La Catalogne ou le vrai visage
des ethno-régionalistes
Un reportage diffusé sur France 2, le 14 juillet 2011, dans l’émission « Envoyé Spécial », nous a montré cinq jeunes Français qui se rendaient à Minsk, en Ukraine, pour visiter le site irradié de Tchernobyl. Ces jeunes ont été accueillis en anglais et ont dû signer un document de décharge en anglais, mais aucun, parmi eux, n’a émis la moindre critique sur ce non-respect du plurilinguisme en général et de leur langue en particulier.
Pourtant, la centrale nucléaire de Tchernobyl a été sécurisée avec des fonds internationaux et la France n’a pas été la dernière à ouvrir son porte-monnaie pour cela.
Refusons l'Europe
ethnique
des Régions…
c'est-à-dire l’Europe
du concept
de chacun
sa langue ethnique
et l'anglais
pour tous ! Soyons pour nos langues
nationales et pour le respect
de leur diversité
dans la communication
européenne et mondiale.
Protestons contre nos journalistes qui, en général,
se font les porteurs de valises de l’anglais triomphant,
et, ce faisant, les fossoyeurs de notre langue :
École supérieure de
Journalisme de Paris 107 rue de Tolbiac
75013 Paris
Tél. : 33 (0)1 45 70 73 37
Fax : 09 58 26 08 86
Courriel :
Celsa
Paris-Sorbonne 77 rue de Villiers
92200 Neuilly-sur-Seine
Tél. : 01 46 43 76 76
Courriel :
philippe.vannier
@celsa.paris-sorbonne.fr
Colas, un jeune Français,
Professeur, de surcroît,
signe, sans trouver à redire,
le document en anglais !
Pauvre Colas,
il mesure
l’irradiation
qui l’entoure,
mais n’est pas
foutu de voir
l’anglais qui
le colonise !
FRATERNIPHONIE No 65 Page 3
« Je chante faux en français », Cocoon Yodélice, Aaron, Revolver, Izia, Pony Run Run, Moriarty,
Cocoon, Nouvelle vague, Sliimy, Charlotte Gainsbourg, Phoenix, Syd Matters et j’en passe… Ce n’est rien qu’une mode, une posture de l’esprit, un pet de l’âme, un pas grand-chose, un rien. C’est être dans le ton. Ça fait bien, ça fait jeune, branché, c’est tendance : c’est en anglais.
D’un bout à l’autre de votre bande FM, en plus de cette chanson anglo-saxonne qui se taille la part du lion, vous avez à profusion ces Français qui chantent en… anglais.
De plus en plus, les festivals « de chanson française », l’avez-vous remarqué, s’anglicisent, sans doute pour être dans le ton, la couleur de l’époque.
Et les salles dites « de musiques actuelles » font dans l’anglais à tour de bras : la « chanson française » n’émarge sans doute pas, sans doute plus, dans ce qui est « actuel ».
C’est du suicide linguistique qui fait le beurre des affairistes. Même dans la fière province du Québec, où l’on sait ce
qu’identité et résistance linguistiques veulent dire, même en Acadie où il fallut payer en vies le droit de parler et de chanter en français, les digues cèdent. La Word Compagny a-t-elle ga-gné la partie avant que celle-ci ne soit jouée ?
Ah ! chanter en anglais des textes pas regardants, que la ma-jorité des auditeurs ne comprendra pas… Chanter des trucs insipides, bons pour doper les linéaires des hypermarchés, pour vous accaparer l’esprit sans vous prendre la tête, pour vous décerveler. Le rêve de l’ultralibéralisme.
La « nouvelle scène (française) » chante en anglais. Pop, rock, chanson, tout est bon pour cuisiner à l’anglo-saxon, pour supprimer le texte, le ravaler au rang du son. Ce son dont on gave les ânes.
Quand il n’y aura plus personne pour chanter en français, pour parler en français, pour penser en français, où serons- nous ?
Convoquera-t-on encore le souvenir de Trenet et de Brassens, de Béranger et de Barbara ? « La première fois que j’ai écouté du Brel ou du Gainsbourg, j’ai trouvé ça bizarre, carrément laid. J’ai même pensé que c’était un crime de chanter en français » déclarait à Télérama Mark Daumail, le jeune chanteur et guitariste du duo folk clermontois Cocoon.
« Je chante faux en français… » se justifie, quant à elle, la jeune chanteuse niçoise Emilie Satt, ajoutant sans rire : « Ben le français, t’es un peu à poil quand tu chantes tes textes en français ; il n’y a plus de barrière… ».
Chanter en français
Le succès que rencontre le festival Chansons de
Parole de Barjac (30 -
Gard) pourrait nous faire
croire que tout va bien
dans le meilleur des
mondes. Voici une petite
note discordante, que
Michel Kemper avait
rédigée il y a quelques
mois de cela en guise
d’éditorial dans le
j o u r n a l d u s i t e
Thou’Chant…
Courriel : [email protected]
Site : http://nosenchanteurs.wordpress.com/
« Izia chante en anglais, une langue très rythmique, qui sonne. Pour arriver à extirper du français une langue qui cogne autant, accroche-toi ! Bien sûr, certains ont réussi : Victor Hugo, par exemple, dont le verbe chante tout seul. Magni-fique et rare. » Là, c’est Higelin père qui
parle de sa fifille. Il me semble, sauf à me tromper lourdement, que lui a su pourtant trouver la recette du français qui cogne, dont les mots font bulles, pétillantes à souhait. Lui et, entre autres, Trenet, qu’il tient pour maître.
Moi je dis, presque en reprenant Sarcloret, suisse farou-chement francophone, que les (jeunes) chanteurs sont des crétins. S’ils ne savent aligner deux vers cohérents, s’ils ne savent les chanter, qu’ils s’abstiennent. Il y a d’autres métiers qui ne sont pas faits pour les chiens. Leur pseudo posture artis-tique n’est qu’un vide sidéral, sidérant. Qui plus est néfaste, mortel même pour leur langue maternelle. Ces petits cons nous rejouent Vercingétorix jetant ses armes aux pieds de César, abdiquant. Mais le chef gaulois avait des excuses que ces prétendus artistes n’ont point. Vantez les mérites de la Gains-bourg ou de Yodélice, d’Aaron ou de The Do : ils nous amènent d’eux-mêmes la marginalisation de notre langue.
— Lettre à Monsieur Jean-Paul Fournier, maire de
Nîmes, suite au concert organisé, le
10 septembre 2011, sur le chantier
de la future scène nîmoise des
musiques dites actuelles, la Paloma :
Monsieur le Maire, la ville de Nîmes
attribue chaque année une Bourse
Jeune talent, à de jeunes artistes. Ce
soir, les 5 lauréats, des 5 dernières
années - Émilie Chick, Lanes, The
Morningstones, Mofo Party Plan, Wat-
terlillies - vont donner un concert sur
le chantier de la Paloma. Force est de
constater cependant que tous vont
chanter en anglais. Monsieur le Maire,
en tant qu’élu de la Nation, croyez-vous vraiment qu’il soit de
votre rôle d’encourager ainsi, en leur donnant une bourse, ces
jeunes Nîmois qui ignorent notre langue et qui participent de ce
fait à son effacement sur le plan local, et peut-être un jour, s’ils
font carrière, sur le plan national et international ? Je vous
demande, par conséquent, de ne plus donner de bourse, de Prix,
d’argent public à ces jeunes qui ne travaillent pas pour nos
intérêts, puisqu’ils travaillent en anglais.
Et le massacre continue, encore et encore...
— Lettre au CSA, suite à la diffusion, samedi 24 septem-bre de l’émission Sing-off : Comment se fait-il que France 2,
chaîne publique de télévision, qui a dans son cahier des charges, entre autres missions, de veiller à la promotion, à la défense et à la diffusion de la
langue française, crée une émission au nom anglais Sing-off, dont le contenu est aussi anglophone que francophone ?
Que fait le CSA pour la langue française ? Que fait le CSA pour arrêter l'anglicisation en marche sur nos antennes ?
À quoi sert-il au juste, s’il ne fait rien contre ce massacre ? Emplois fictifs ?
Écrire pour protester avec nous :
Courriel : [email protected]
Écrire pour protester avec nous :
Courriel : [email protected]
FRATERNIPHONIE No 65 Page 4
PRIME À LA DÉFRANCISATION Vendre son droit de travailler en français !
Voici un article de Patrick Duquette du journal Le Droit, paru le samedi 3 septembre 2011 :
Jean-Paul Perreault s'offusque d’une
mesure « révoltante » qui anglicise
Gatineau. Des cols blancs récolteront
une prime au bilinguisme
Une prime au bilinguisme récompensera les employés de
la Ville de Gatineau capables de s'exprimer en français et
en anglais. L'organisme Impératif français jette déjà de
hauts cris face à cette prime sans pareille dans toute la
fonction publique québécoise. Cette prime de 45 centimes l'heure fait partie de l'entente de
principe conclue
cette semaine entre la Ville de Gatineau et ses cols blancs.
La prime est un ajout à la nouvelle convention collec-
tive qui doit être ratifiée dans les pro-chaines semaines.
Pour avoir droit à la prime, les employés dont les compétences linguistiques n'ont pas été reconnues devront se soumettre à un test d'anglais. S'ils
échouent à l'examen, ils ne pourront toucher la prime. Mais ils conserveront tout de même leur poste, selon les informations obtenues par Le Droit.
Il ne suffira pas à un col blanc de maîtriser l'anglais pour toucher la prime. La Ville de Gatineau fournira au syndicat, dans les 60 jours suivant la signature de la convention collec-
tive, une liste de postes pour lesquels l'anglais est exigé. Le syndicat aura alors la latitude de contester la liste par voie de grief.
La Ville de Gatineau a refusé hier de chiffrer le nombre de postes bilingues au sein de son administration, sous prétexte que la nouvelle convention collective n'est pas encore signée.
Le président du syndicat des cols blancs, Marc Demers, n'a pas rappelé Le Droit.
Impératif français « révolté » Pour Jean-Paul Perreault d'Impératif français, l'ajout d'une
prime au bilinguisme est tout à fait inacceptable. « Ça veut dire que la Ville de Gatineau va encore plus loin dans sa démarche
d'anglicisation. Elle met tout son poids, non pas à faire la promotion de son identité française, mais à s'angliciser. Quand on en est rendu à offrir des primes au bilinguisme dans la
Instaurer une prime pour parler anglais, voilà la dernière trouvaille que l’on voudrait mettre en place pour les employés municipaux de la ville de Gatineau, au Québec.
Une mesure, bien entendu, pour angliciser encore un peu plus la population et s’assurer dans l’avenir de son basculement linguistique.
Méfions-nous que de telles mesures anglicisantes n’arrivent un jour en France, et, en attendant, soyons solidaires de nos amis québécois en lutte contre cette énième tentative d’anglicisation.
quatrième ville du Québec, ça pue. Payer des employés pour angliciser le milieu du travail,
c'est tout simplement révoltant. »
Le versement d'une prime au bilinguisme est monnaie courante au sein de la fonction publique fédérale. Les employés du gouvernement canadien reçoivent un montant de 800 $ par
année s'ils parviennent à démontrer une maîtrise suffisante des deux langues officielles. La situation est différente au Québec,
où le français est la seule langue de travail reconnue. « Dans la fonction publique québécoise, il n'y a aucune prime au bilin-guisme », assure Clément Falardeau, porte-parole du secrétariat
du Conseil du Trésor, à Québec. Aux yeux de Jean-Paul Perreault, le seul fait d'exiger la
maîtrise de l'anglais pour l'obtention d'un poste est un sacrilège.
« En exigeant la connaissance d'une langue qui n'est pas à proprement parler la langue officielle du Québec, la Ville de Gatineau prive des gens du droit de travailler en français »,
s’insurge-t-il.
La loi respectée Vérification faite, la Charte québécoise de la langue
française n'est pas aussi exigeante que ne l’est M. Perreault. La loi québécoise autorise une administration publique à
exiger la maîtrise de l'anglais pour l'obtention d'un poste, mais à certaines conditions. « Il est interdit d'exiger la maîtrise d'une autre langue si la tâche ne le justifie pas, explique Marc
Paquette, porte-parole de l'Office québécois de la langue fran-çaise. On ne peut pas dire qu'on veut des personnes bilingues juste pour le plaisir d'en avoir, au cas où on aurait quelqu'un, un
moment donné, à qui on aurait besoin de parler en anglais. Et quand on exige l'anglais, il faut voir si le parfait bilinguisme est exigé ou seulement une certaine connaissance. »
Existe-il une telle prime au bilinguisme du côté
du Canada-anglophone ?
Est-ce que les Canadiens anglophones
employés d'une grande ville, hors Québec,
perçoivent une prime pour parler français ?
Puisque, en réalité, cette prime n'existe pas
hors Québec, pourquoi existerait-elle au Québec ?
Pourquoi, en la matière,
y aurait-il deux poids, deux mesures ?
Pourquoi les francophones seraient-ils condamnés
au bilinguisme, tandis que leurs compatriotes
anglophones en seraient exceptés ?
N'acceptons pas la discrimination entre Canadiens !
Le 20 septembre, M. Perreault obtint gain de cause :
les élus gatinois votèrent contre la mise en place de la
prime au bilinguisme. Vous pouvez les féliciter d’avoir
pris cette sage décision, par courriel :
Pour soutenir l’action de M. Perreault, l’A.FR.AV a
envoyé un message, sous forme de questions, aux
membres du conseil municipal de Gatineau :
[email protected], [email protected],
[email protected], [email protected],
[email protected], [email protected],
[email protected], [email protected],
[email protected], [email protected],
[email protected]; [email protected];
[email protected], [email protected],
[email protected], [email protected],
[email protected], [email protected],
Prime au bilingue, prime à la défrancisation
FRATERNIPHONIE No 65 Page 5
Monsieur le Sénateur,
Puisque j’ai eu l’occasion de constater dans la revue « L’accent du Sud » de ce mois de septembre que vous défendez les langues régionales et que vous vous intéressez donc aux problèmes linguistiques, je me permets de vous adresser cette lettre qui va vous montrer que j’ai été bafoué dans ma langue. J’espère, ce faisant, que vous voudrez bien intervenir pour que de pareilles choses ne se reproduisent plus.
Voici les faits : Vendredi 2 septembre 2011, je me rends à l’aéroport de Montpellier pour aller y acheter un billet d’avion pour Caen. Je vais au guichet d’Air France, une hôtesse me renseigne et, in fine, j’achète mon billet d’avion. L’hôtesse me donne alors un récépissé d’embarquement intitulé "Electronic ticket passenger itinerary receipt", faut-il le dire, ce document est tout en anglais (voir, la copie ci-contre). Ainsi, comme on peut le constater, un Français qui achète un billet d’avion dans un aéroport français (Montpellier), pour une destination française (Caen), à une société française (Air France), se voit remettre un reçu d’embarquement en anglais. N’y a-t-il pas là de quoi pousser un grand cri d’indignation ? Au-delà du fait qu’il n’est ni commercial ni poli de la part d’Air France de mépriser ainsi la langue de ses clients français, francophones ou francophiles, cette façon de faire est illégale, puisque selon la loi n°94-665, dite loi Toubon, tout cela est contraire : — à son article 1er qui dit :
— à son article 2 qui dit :
J’ai constaté également, en visitant l’aéroport, que toute la signalétique était en bilingue français-anglais, comme si notre pays était sous protectorat anglo-américain. Je ne pense pas que, par réciprocité, il y ait du bilinguisme anglais-français dans les aéroports britanniques ou étatsuniens, par contre, je sais qu’il y a du français dans les aéroports du Maghreb. Ce faisant, ne pourrait-on pas, par réciprocité, et pour rendre la politesse à ces pays qui, du fait d’employer notre langue, participent à lui conserver son rang de langue internationale, adopter un affichage trilingue français-anglais-arabe dans les aéroports de Midi où il y a, qui plus est, un fort trafic de passagers arabo-
phones ? Ainsi d’une pierre deux coups, par l’arabe nous remercierions les pays du Maghreb d’utiliser le français chez eux et nous ferions contrepoids à la toute puissance de l’anglais impérialiste chez nous.
En espérant que vous voudrez bien intervenir auprès d’Air France pour que cette société respecte la loi linguistique de notre pays et, par delà, ses clients francophones, en espérant aussi que vous voudrez bien vous pencher sur l’idée que je lance d’un affichage trilingue dans les aéroports du Midi, et, en profitant de cette lettre pour remercier M. Christian Bourquin, Président de la Région Languedoc-Roussillon qui a fait enlever l’affreux et illicite « MADE IN » de la campagne publicitaire des produits FAITS EN Languedoc-Roussillon, je vous prie de croire, Monsieur le Sénateur, en l’assurance de toute ma considération.
Régis Ravat, Président de l’A.FR.AV.
P.-S. : Merci de bien vouloir intervenir également pour que soient déclarées illicites les dénominations anglaises du futur Nailloux
fashion village, du Toulouse school of economics (TSE), etc., notre identité régionale, latine et francophone est vraiment menacée de mort.
L’anglais dans nos aéroports et dans nos avions
Prendre l’avion, lorsqu’on est un défenseur de la langue française et du plurilinguisme, est
une vraie torture. Récemment, j’ai dû me rendre à Caen par la voie des airs et je dois dire,
en plus du problème que je soulève ci-après dans une lettre que j’ai adressée au sénateur
ethno-régionaliste, Robert Navarro, que l’anglais est omniprésent non seulement dans nos
aérogares, mais aussi dans nos avions. Pour couper court à cette dictature de l’anglais, la
France devrait instaurer, partout où il y a obligation de mettre de l’anglais (à cause de
traités internationaux mal négociés), une deuxième langue étrangère, au minimum.
Pas de réponse à ce jour
A.FR.AV Manduel, le 12 septembre 2011
El Robert Navarro
FRATERNIPHONIE No 65 Page 6
Le dimanche 4 septembre 2011, Jean-Louis Borloo passait dans l'émission « Dimanche + », une émission
politique diffusée le dimanche à 12h45 sur CANAL+ et sur CANALPLUS.FR et présentée par Anne-Sophie Lapix. Force a été de constater que durant l’entrevue, M. Borloo en vint à dire qu’il trouvait tout à fait normal que l'anglais soit appris en France comme une langue maternelle. Il affirma même haut et fort qu’il fallait que 100% des gamins à la fin du primaire sachent lire, écrire, compter et parler anglais comme une langue maternelle (sic). En matière de colonisation de l'esprit, on atteint là les sommets.
LAMENTABLE MISTER BORLOU ! Voilà donc quelqu'un qui veut devenir Président de la République et qui veut la mettre à genoux devant la langue de l'Empire (un empire en faillite, qui plus est) ?
Nous remarquerons que la journaliste, Anne-Sophie Lapix, n'a été nullement choquée par de tels propos anglicisants, son seul problème semble être de savoir si la candidature de Borloo gênera celle de Sarkozy.
Bref, une journaliste clonée à la pensée et à la langue du plus fort du moment, comme beaucoup de nos journalistes, hélas.
(Vidéo montrant M. Borloo saoulé d’anglais maternel, sur :
http://rutube.ru/tracks/4789388.html?v=7be68fe17cb68d23b44ce4d357952018)
La Présidentielle de 2012
Comme nous l’avons fait pour les Présidentielles de 2004 et de 2008, nous vous invitons, pour la Présidentielle de 2012, à questionner les candidats sur le problème linguistique. Il va falloir leur demander entre autres choses :
François Bayrou, lors de l’émission « On n’est pas couché » du samedi 25 juin 2011 , nous a montré qu’il voudrait faire marcher la France, mais seulement avec l’Europe, occultant ainsi notre seconde jambe qu’est la Francophonie. Ce
monsieur n'a pas compris, apparemment, que pour bien faire marcher la France, il fallait s'assurer qu'elle soit sur ses DEUX JAMBES :
l'Europe, d'une part, et... la FRANCOPHONIE, de l'autre. Comment peut-on, d'un côté, tourner le dos à la Francophonie, l'ignorer au point de rendre bancal tout raisonnement politique, et de l'autre, prétendre être assez éclairé sur tous les sujets pour vouloir prendre les rênes du pays ?
(Vidéo montrant M. Bayrou, unijambiste, sur : http://youtu.be/-TxEmr_J_jE
(Vidéo montrant M. Mélenchon globichisé, sur : http://youtu.be/K3W6PPHrW1k
François Bayrou, l’unijambiste Jean-Luc Mélenchon, l’européen globichisé
- De faire marcher la France sur ses deux jambes : l’Europe, d’une part, dans la coopération entre nations euro-péennes, et la Francophonie, d’autre part, dans la coopération fraternelle et solidaire que nous devons avoir avec l’ensemble des pays francophones. De plus, lorsque un drapeau européen flottera à côté d’un drapeau français, obligatoirement devra flotter à ses côtés, le drapeau de la Francophonie.
- De condamner, et de rendre illégal, le bilinguisme français-anglais partout sur le territoire français et d’exiger que sur l’espace public lorsqu’une traduction d’un texte français est nécessaire, celle-ci devra s’opérer en au moins deux langues étrangères (pareille obligation sera faite dans nos aéroports).
- de remettre l’enseignement du français prioritaire en primaire, d’y enlever l’enseignement de l’anglais pour le remplacer par un enseignement général sur les langues du
monde (sans oublier l’espéranto), de favoriser, dès l’entrée en 6e l’apprentissage d’une langue internationale qui ne soit pas forcément l’anglais, de ne pas donner le baccalauréat aux élèves qui n’auraient pas obtenu la moyenne en dictée lors de l’épreuve, de réaffirmer, haut et fort, que la seule langue de l’enseignement en France, c’est le français.
- De cesser de donner de l’argent public aux entre-prises et aux artistes qui préfèrent utiliser l’anglais plutôt que le français dans leurs créations, dans la dénomi-nation de leurs produits, de leur enseigne, de leur raison sociale, etc. (Pas d’argent public, par exemple, pour un chanteur français qui chanterait en anglais).
- D’exiger de nos hommes politiques, de nos diplo-mates, de nos militaires, de nos coopérants, de ne pas s’exprimer en anglais lorsqu’ils ne sont pas en pays anglo-phones. D’exiger d’eux également qu’ils s’expriment en fran-çais dans les grandes instances internationales où notre langue à un statut de langue officielle.
Cette liste de doléances n’est pas figée, bien sûr, alors n’hésitez pas à nous faire part de vos remarques pour la compléter, la modi-
fier ou pour la rendre plus claire.
Voici, d’ores et déjà, quelques candidats que nous éliminons de la course (mais, bien sûr, ils peuvent se
rattraper), vu que leur raisonnement va à l’encontre du combat que nous menons.
Invité à l'émission « On n'est pas couché » diffusée le samedi 17 septembre 2011 sur France 2, Jean-Luc Mélenchon s'est exprimé au sujet du globiche (anglais simplifié) en vigueur au Parlement européen. - « Si vous ne parlez pas le globiche au Parlement européen vous êtres pénalisé, car la moitié du temps les textes sont en anglais et ils se fichent de vous les donner en français », nous signale-t-il. Nous avons remarqué alors la très bonne réaction de Natacha Polony, une des chroni-queuses de l’émission, qui dit lui : « Faudrait dire aux parlementaires que nous ne sommes pas d'accord (NDLR : sur cet état de fait) ».
À la suite de ce propos, M. Mélenchon dénon-cera aussi le ridicule de la SNCF, d'employer l'expression anglaise "Rail Team" à la place d'une expression appropriée en français.
Nous pouvons donc féliciter M. Mélenchon d'avoir dénoncé ainsi l'anglomanie ambiante, mais une question se pose, tout de même, qu'a-t-il prévu dans son programme politique pour lutter contre l'anglicisation ? Nous aurions bien aimé que l'homme politique qu'il est, avance des solutions et il n’a rien avancé.
Le 2 octobre 2011, nous apprenions que MR Borlou
ne se présentera pas à la Présidentielle de 2012, ouf !
Jean-Louis Borloo, le saoulé à l’anglais maternel
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Association progres-siste et internationa-
liste de résistance au tout-anglais impérialiste, le COURRIEL dénonce les déclarations peu responsables d’Eva Joly qui, parti-cipant à un congrès de groupements régionalistes et/ou sépara-tistes réunis à Mouans-Sartoux, a vitupéré la prétendue volonté hégémonique (sous-entendu : de l’État) d’imposer l’unique lan-gue française.
La candidate d’Europe-Écologie devrait s’in-former plus sérieusement sur la situation de plus en plus contestée et malmenée du français dans notre pays. Enseignes commer-ciales, presse « féminine », recherche, univer-sités et grandes écoles, grandes entreprises, lycées publics et privés (où la réforme Chatel multiplie les enseignements, - anticonstitu-tionnels -, des « disciplines non linguis-tiques » en anglais), pub, chanson, cinéma, armée française (dont certains corps effectuent leurs prises d’armes dans la langue de l’OTAN !), la France vit une situation de BASCULEMENT LINGUISTIQUE scandaleu-sement antidémocratique (quand donc notre peuple a-t-il été consulté sur l’avenir de sa langue ?). Loin d’être hégémonique, la « langue de la République » (article II de la Constitution) est méthodiquement arrachée à l’avantage du tout-anglais entrepre-neurial. Quant à la loi Toubon de 94, elle est systématiquement piétinée par une bonne partie du patronat dans la totale indiffé-rence des pouvoirs publics. Soutenue insidieusement par une partie de la gauche établie, cette politique d’arrachage linguis-tique est promue dans les faits par l’Union européenne (au nom de la « concurrence libre et non faussée », ce vecteur mondial du tout-anglais), par le gouvernement pro-américain de Sarkozy et par ses inspirateurs du CAC-40 et du MEDEF (on se souvient du "time to change !" de « France »-Telecom et du "ready for the future" de Lady Parisot). Très logiquement, cette politique qui profite à l’oligarchie mondialisée, nuit gravement aux clas-ses populaires, - travailleurs immigrés inclus -, ainsi qu’aux couches moyennes, dont la langue maternelle ou d’usage est systématiquement dévaluée à l’avantage des "English mother tongue" qui fleurissent illégalement dans les offres d’emploi.
Au lieu de se battre contre la prétendue hégémonie d’État du français en arguant de la défense fort légitime des langues régio-nales, Mme Joly ferait bien de commencer par défendre l’ensemble des langues nationales, français, italien, allemand, espagnol, norvégien, etc. ; car toutes ces langues sont gravement menacées par le totalitarisme linguistique d’une euro-mondialisation pilotée par l’impérialisme américain et ses multiples relais « européens ». Il est facile de se documenter à ce sujet en lisant les travaux du grand linguiste Claude Hagège.
Ainsi, au lieu de dénoncer le méchant État jacobin qui impo-serait le français (sic), Mme Joly devrait examiner les lois Pécresse et Chatel qui promeuvent illégalement l’anglais à la place du français de la maternelle à l’université en passant par les « disciplines non-linguistiques » du lycée, en violant grossiè-rement la loi de 1994 qui stipule que « le français est la langue de l’enseignement ». Mme Joly, qui a été juge « au nom du peuple français », serait-elle totalement insensible à ce viol grossier de la loi, de la constitution, de l’état de droit, de la dé-mocratie ? En réalité, l’État UMP actuel est entièrement in-féodé aux groupes de pression qui prônent le tout-anglais ; sans aucun mandat du peuple, le pouvoir sarkozyste promeut la langue unique dans l’enseignement secondaire et supérieur et détruit impitoyablement la langue maternelle de l’immense majorité des citoyens de notre pays et d’une majorité d’ouvriers immigrés issus de l’espace francophone. Circonstance aggravante, ce basculement linguistique dont les preuves sont
accablantes pour peu qu’on veuille bien ouvrir les yeux et
rompre avec le politiquement correct, est dissimulé aux Français, tout débat sur l’arrachage linguistique de leur langue nationale étant censuré par les médias (pas un média d’importance nationale n’a seulement signalé la manifestation internationale du 18 juin organisée en Paris en présence de nombreuses personnalités pour défendre et promouvoir la langue française !).
Quant à la manière dont Eva Joly oppose les langues régionales au français, - langue commune de la Répu-blique, mais aussi langue de la francophonie interna-
tionale parlée sur cinq continents -, elle n’a rien d’in-nocent politiquement : Mme Joly n’a pas hésité en effet à courtiser certaines organisations séparatistes
présentes à Mouans-Sartoux qui rêvent de balkaniser le territoire national au nom de l’euro-régionalisation (peut-
être peut-on excepter les indépendantistes basques, que l’U.E. ne porte évidemment pas dans son cœur…), Mme
Joly, qui se déclare écologiste, devrait pourtant se soucier de défendre la diversité des langues, NATIO-
NALES et régionales, tout aussi fort qu’elle défend la biodiversité : en quoi l’éviction en cours,
- de l’allemand en Allemagne, de l’italien en Italie, du français dans les pays francophones -, et tout cela au profit de la langue unique de la finance mondiale dans la totalité des activités « de prestige », serait-elle moins grave pour la « diversité culturelle que la disparition d’une espèce de papillon n’est grave pour l’avenir de la biosphère ?
Courriel ne voit pour sa part aucune contradiction de principe entre la défense du français et la nécessaire promotion des langues régionales pour peu qu’elle s’opère clairement dans le cadre républicain et laïque, et qu’elle ne serve pas de paravent à des politiques euro-séparatistes parfaitement réactionnaires, tant elles sont porteuses de division de la classe ouvrière et du peuple de France. Et pourquoi ne pas également parler des lan-gues de l’immigration ouvrière, arabe, berbère, wolof… qui sont gravement sous-enseignées dans notre pays, y compris dans les localités où existe une forte demande potentielle ? Pourquoi ignorer l’enseignement de l’espéranto qui, par-delà les débats légitimes qu’ils suscite, a le mérite de proposer sa solution à la question de la communication internationale en évitant de favo-riser la langue d’un Empire qui domine outrageusement la planète sur les plans économique, politique, médiatique, militaire et culturel ? Et qui ne voit que si le « tout-anglais » parvenait à refouler les langues nationales dans l’espace « domestique » en accaparant tous les domaines de prestige, les langues régionales seraient éradiquées en une ou deux générations (qui peut le plus peut le moins !) ?
La réalité de l’« écologisme » linguistique de parade dont fait montre Eva Joly, c’est que derrière la défense des « faibles », il promeut la dangereuse et dictatoriale intégration capitaliste eu-ropéenne, antinomique de toute diversité culturelle, avec sa langue unique qui détruit toutes les cultures nationales et régio-nales d’Europe (chanson, cinéma, etc.) de la Norvège à l’île de Chypre, comme le dénonçait récemment l’académicien Michel Serres dans un article défendant la « langue du peuple » et appelant à résister aux « collabos de la pub et du fric » (journal Sud-Ouest du 10 mai 2011).
Oui à la langue française, langue de la République, oui aux langues dites régionales, patrimoine de toute la nation, non à leur instrumentation par ceux qui veulent démanteler la république pour mettre en place une Europe supranationale des régions définitivement à la merci de Wall Street, non à l’ennemi principal de toute diversité culturelle qui est, non pas la langue de Césaire, de Félix Leclercq, de Fanon, d’Henri Alleg, etc., mais le totalitarisme planétaire de l’économie, de la pensée, de la politique et de la LANGUE uniques !
LE CO.U.R.R.I.E.L, le 31 août 2011 www. courriel-languefrancaise. org
Eva Joly, la balkanisatrice
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Po ur no t r e malheur, le Fezzan français
trouva peu de défenseurs et le gouvernement de la république, toujours égal à lui-même renonça à défendre nos droits et à préserver nos intérêts. « Impuissance ou trahison, la France perdit ce
qu'elle avait conquis durant la Deuxième Guerre mondiale. On peut affirmer que notre éviction du Fezzan fut le prélude à notre éviction de toute l'Afrique du Nord. »
Après la guerre, un personnage important a immédiatement compris l'intérêt primordial qu'avait la France de se maintenir au Fezzan : Conrad Kilian. Il était explorateur et géologue de génie et doit être considéré comme I' « inventeur » du pétrole saharien :
« Depuis la conquête il avait déployé toute son énergie auprès de toutes les autorités françaises pour démontrer l'importance et la richesse du Fezzan et surtout la nécessité impérieuse de conserver ce territoire. Il leur adressa pas moins de 27 notes et mémoires pour les inciter à contrer l'offensive anglo-américaine et à défendre nos intérêts.
« Le général Leclerc, qui avait déclaré : « je n'ai pas conquis le Fezzan pour le roi d'Angleterre », fut le seul à le comprendre et à le soutenir. Il n'aurait jamais admis que l'on brade ce territoire et que l'on lèse nos intérêts. C'est sans doute la raison pour laquelle il perdit la vie dans un accident d'avion, resté mystérieux, survenu le 27 novembre 1947 dans la région de Colomb Béchar.
« Conrad Kilian ne lui survécut pas plus longtemps : il fut « suicidé » dans une chambre d'hôtel à Grenoble. Il fut retrouvé, le 30 avril 1950, sanglant et pendu à l'espagnolette de la fenêtre. Le destin ou l'Intelligence Service, avait, une fois de plus, servi au mieux les intérêts anglais. Rappelons que déjà, en 1896, le marquis de Mores, qui avait voulu contrer l'Angleterre dans cette zone, y avait perdu la vie. Comment ne pas éprouver de la honte et du mépris pour cette république qui laissa traiter ainsi de tels hommes. »
Parmi les multiples causes de la perte de notre empire colo-nial, il ne faut jamais oublier le rôle que jouèrent « nos amis les Anglais » ainsi que l'ONU, efficace courroie de transmission des États-Unis d’Amérique.
Ainsi, en 1951, à l'initiative anglaise soutenue par les Américains, l'ONU imposa la création d'un royaume de Libye indépendant, dirigé par le roi Idriss Ier, chef sénoussis, manipulé par les Anglais. Ainsi le gouvernement français abandonna lâchement la population du Fezzan (40 000 habitants) et son chef le bey Ahmed Salem Nasr qui s'était rangé du côté français ! Et c'est ainsi que des négociations pendant les quelques années suivantes aboutirent, le 30 novembre 1956 au départ des derniers Français de notre dernière conquête historique. Il n'a pas fallu ensuite très longtemps (treize ans) pour qu'un coup d'État renverse le roi fantoche Idriss en 1969 et le remplace par Kadhafi qui a tenu le pouvoir sans partage de-puis plus de 40 ans !
Ce bref survol de l'histoire récente de la Libye, trop peu connu et soigneusement camouflé, montre bien où se trouvaient les responsabilités de l'accession au pouvoir du « dictateur » Kadhafi que l'on a beau jeu de critiquer aujourd'hui !
M. Pierre Papadacci
La Libye et nos « amis » anglais !
Comme tout le monde a pu le constater avec les événements récents qui se sont passés en Libye, l’anglais est très répandu dans ce pays, plus que le français pourtant présent en Algérie et plus que l’italien de l’ancien pays colonisateur. Face à cet état de fait, la plupart des personnes, comme c’est souvent le cas lorsqu’on parle de l’anglais, vous diront que c’est normal que l’on parle anglais en Libye puisque c’est la langue internationale par excellence et qu’elle s’est imposée tout naturel-lement aux Libyens. La réalité, bien sûr, est tout autre :
« II convient de rappeler que la France avait occupé depuis le 11 avril 1943 une grande partie du territoire libyen et que nos troupes y furent stationnées jusqu'en 1956. Leur éviction de ce territoire fit suite aux accords du 11 août 1955 signés par un certain Mendès-France. » La présence française en Libye
date de 1941 pour combattre les troupes italiennes alliées de l’Allemagne nazie. Assez rapidement, sous le commandement du général Leclerc, les Français ont occupé les 2/3 du pays en deux campagnes et firent la jonction avec les Britanniques de Montgomery le 26 janvier 1943.
C'est alors que commencèrent les différends avec les Anglais : « qui prétendaient administrer les territoires conquis par les Français. Un accord, signé non sans mal, nous octroya l'administration du Fezzan et leur céda celle de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine. Le 11 avril 1943, le territoire français du Fezzan-Ghadamès, « la part de la France dans la bataille d'Afrique », était créé et le colonel Delange devint le premier gouverneur. Malheureusement pour nous, la suite démontra que nos prétendus alliés n'eurent dès lors qu'un seul objectif : nous évincer de Libye. »
« La présence de la France au Fezzan constituait un atout majeur. C'était tout d'abord un bouclier stratégique qui assurait la protection avancée de la Tunisie, du Sahara et de l'Afrique française. En effet des tribus d'origine libyenne, les Senoussis, manipulés par nos ennemis, avaient toujours manifesté une profonde hostilité envers nous. Elles étaient aussi responsables de l'agitation entretenue au Sahara durant la Première Guerre mondiale et notamment de l'assassinat du père de Foucauld.
« Notre conquête militaire avait redoré notre blason et renforcé notre prestige, mis à mal par la défaite de 1940, au sein du peuple touareg, mais elle avait surtout renforcé nos droits sur la possession et l'exploitation des richesses du sous-sol saharien. La présence, longtemps et étrangement contestée, d'un énorme gisement de gaz et de pétrole couvrant le Sahara et le Fezzan était devenue une certitude.
« Un trésor gisait sous nos pieds, il ne nous restait qu'à le protéger, le conserver et l'exploiter. Les grandes manœuvres anglo-américaines commencèrent alors pour nous déposséder.
Conrad Kilian, 1898-1950
Inventeur du pétrole saharien
Voici un extrait de la revue
Lectures françaises n° 653,
une revue très intéressante à
lire tant elle est à mille lieues
de l’information formatée des
grands médias (SA D.P.F, BP
1, 86190 Chiré-en-Montreuil)
Cet extrait est lui-même un
extrait de la revue Mémoire
d’Empire, pris dans son
n°44 de juillet-septembre
2011. (Maison du Maréchal
Juin, 29 avenue de Tübingen,
13090 Aix-en-Provence)
La Libye
et ses 3 régions
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« On doit avoir des revues scientifiques multilingues », a affirmé M. Audet lors d'un colloque international intitulé « La francophonie des savoirs, moteur du développement » et marquant le 50e anniversaire de l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). « Même si les chiffres sont un peu dévastateurs - moins de 2% des articles dans le monde sont publiés en français -,
il ne faut pas lancer la serviette parce que sinon on va vers un modèle unitariste de la science » a-t-il précisé, remplaçant par une expression québécoise le traditionnel « jeter l'éponge ».
Il faut, a-t-il poursuivi, faire attention à l'hégémonie de la langue anglaise, véritable « véhicule de communication », car au-delà de la langue, c'est « une façon d'appréhender les progrès scientifiques dans le monde ». Un propos qu'appuie le recteur de l'Université de Montréal, Guy Breton : « devant l'homogénéité de la culture et l'omniprésence de l'anglais, notre langue (...) constitue plus qu'une valeur commune, mais une valeur ajoutée ». Mais attention, a conclu Michel Audet, si l'AUF doit rester la « locomotive du français dans les publications scientifiques », il ne faut pas s'enfermer dans le monolinguisme, mais s'ouvrir au portugais, au mandarin... « Il y a beaucoup à refaire au niveau de l'Agence », a déclaré à l'AFP Jean Crépin Nyamsi, chercheur à l'Université du Québec à Montréal. Il fait ses recherches en français, mais publie en anglais
parce que « c'est plus porteur ». Il souhaite pourtant continuer à travailler en français, mais il déplore l'attitude des universités francophones qui ne font pas confiance aux jeunes chercheurs et la difficulté pour avoir des bourses. Les chercheurs vont donc « trouver refuge dans les pays anglophones (...) où l'ouverture dans la recherche est plus grande ».
« Les étudiants africains, par exemple, obtiennent plus facilement des titres de séjour pour étudier dans certains pays anglophones que dans certains pays francophones importants, il faut donc faciliter la mobilité internationale », a indiqué de son côté Michel Audet.
En dix ans, le nombre d'adhérents de l'agence a doublé. Près de 800 établissements en sont membres. Avant de devenir membre de l'AUF, « nous nous sentions isolés », a dit à l'AFP le ministre de l'Éducation nationale de Djibouti,
Adawa Hassan Ali, qui cherche à développer la « francophonie dans l'océan anglophone ». Et pour cela, a-t-il assuré, l'AUF les aide beaucoup et surtout, Djibouti se sent moins seule.
Montréal © 2011 AFP
Publications multilingues contre science « unitariste »
M. Ssali a fait savoir ce mardi 8 septembre que la proposition avait été avancée par le Burundi et la Tanzanie, tous deux membres de la CAE. Signalons que la CAE est une organisation intergou-vernementale régionale qui regroupe le Rwanda, le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie et le Burundi, dont le siège se trouve à Arusha, en Tanzanie. « Le français est considéré comme une langue importante dans le monde et la région ne peut l’ignorer », a indiqué M. Ssali, dans un entretien téléphonique avec l’agence Xinhua.
Depuis leur accession à l’indépendance, le Rwanda et le Burundi utilisent toujours le français comme leur langue officielle. Pour le Rwanda, après le génocide des Tutsi en 1994, suivi d’un retour des réfugiés rwandais venus de plusieurs pays dont certains sont anglophones, il a fallu introduire l’anglais en plus du kinyarwanda et du français.
Le swahili, quant à lui, est une langue très répandue dans toutes les grandes villes des pays membres de la CAE et dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).
« La République démocratique du Congo, pays francophone, a déjà postulé pour le statut d’observateur au sein de la CAE », a ajouté M. Ssali. La RDC est également francophone.
« L’idée d’adopter le français comme langue officielle a été initiée par le président tanzanien, M. Jakaya Kikwete, lors de la 3e Conférence de l’Afrique de l’Est sur les investissements à Kampala », a rappelé M. Ssali.
Source : fr.igihe.com, le 8 septembre 2011
Avancée du français en Afrique de l’Est
Photo : Les chefs d’État des pays de la CAE, de gauche à droite :
Y.Museveni (Ouganda), M. Kibaki (Kenya), P. Kagame (Rwanda), M.J.
Kikwete (Tanzanie) et P. Nkurunziza (Burundi)
Il faut multiplier les publications scientifiques multilingues « sinon on va vers un modèle unitariste de la science », a lancé vendredi à Montréal le commissaire général du Forum mondial de la
langue française, Michel Audet.
Michel Audet est le représentant du gouvernement du Qué-
bec au sein de la Délégation permanente du Canada auprès
de l’UNESCO. Avant d’entrer en fonction, le 5 février 2007,
il était professeur titulaire au Département des relations
industrielles de la Faculté des sciences sociales de l'Univer-
sité Laval. À ce titre, il a dirigé l’Institut Technologies de
l’Information et Sociétés (ITIS), voué à la production et au
transfert des connaissances sur l’usage des technologies de
l’information dans toutes les sphères de la société. Il a
également été directeur innovation et transfert au Centre
francophone d'informatisation des organisations (CEFRIO)
en plus d’y avoir occupé le poste de directeur scientifique
pendant de nombreuses années.
La Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) va modifier sa Constitution afin d’adopter le français et le swahili comme langues officielles au côté de l’anglais, a déclaré Robert Ssali, secrétaire permanent au ministère rwandais de la Communauté d’Afrique de l’Est.
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Michel Serres affirme que les chercheurs inventent et découvrent toujours dans leur langue et utilisent une langue véhi-culaire pour communiquer, l’anglais ou plutôt le globiche, pour ne pas le nommer. Dans sa conférence, il laissa entendre que ces deux langues sont disjointes et que la langue de communication n’influence pas ce que les chercheurs peuvent accomplir dans leur propre langue. Il s’agit là d’une erreur d’évaluation résultant d’une absence d’observation détaillée. Tout d’abord, comme le système d’évaluation des publications est, pour les revues les plus cotées, entièrement dans les mains des Anglo-Saxons et de leurs plus étroits collaborateurs, les sujets sélectionnés sont naturel-lement dans le prolongement des recherches faites dans les pays anglophones. Cette érosion du choix des sujets de recherche en faveur d’un recentrage sur les sujets agréés est encore renforcée au niveau des demandes de subvention de recherche comme cela est le cas avec l’ANR ou avec la DG XIII (1) de la Commission européenne qui demandent que les projets de financement soient rédigés en anglais, dans le but d’une évaluation qui utilise les cri-tères et normes anglo-saxonnes. Antoine Danchin, qui est directeur de recherches au CNRS et professeur à l’Institut Pasteur,
écrivait récemment (2) que la domination du
globiche, même en matière de découvertes
et d’inventions qui ont lieu, en principe,
dans les langues des chercheurs
respectifs, a quand même pour prix un ralentissement important du processus de
découverte. Il écrit :
« L’impression d’une accélération de la science et de ses applications n’est qu’une
illusion. Il y a au moins trois millions de cher-cheurs en biologie dans le monde et, si l’on
compare leurs découvertes à celles du XIXe siècle, on ne peut qu’être frappé par leur extrême indigence. De même, les grandes révolutions scientifiques se propagent toujours
aussi lentement ».
Effectivement, si l’on compare les chercheurs du XIXe et du début du XXe siècles, qui n’étaient qu’une poignée par rapport aux armadas qui peuplent actuel-lement les laboratoires et les universités, on est saisi par l’énorme disparité de rendement en faveur des chercheurs du passé. L’organisation impériale de la science stérilise la créativité dans la périphérie de l’empire comme cela a été avec tous les empires. Nos dirigeants, nos organismes d’évaluation, nos professeurs et nos cadres prônent, sans s’en rendre compte, le suivisme et la servilité. Ce sont les qualités qui sont le plus appréciées au détriment de l’initiative, de l’originalité et de la nouveauté qui n’ont droit de cité qu’au cœur de l’empire et qui a d’ailleurs
dénaturé le processus scientifique. Antoine Danchin écrit :
« La science s’apparente de plus en plus à la publicité. Bien souvent, il faut payer pour publier ses travaux, et l’idée même d’un impact des publications indique bien que ce n’est pas le savoir qui compte en premier, mais la perception qu’en ont les divers pouvoirs constituant nos sociétés. Il y a donc à la fois une dimension rhétorique (il faut convaincre), une dimension politique (il faut s’assurer le soutien du pouvoir) et une dimension écono-mique (la vente des textes et des images qui sont associés à la
science) dans la création et la communication du savoir.
Il n’est pas difficile de comprendre le rôle qu’ont
les langues à l’intérieur de telles contraintes ».
Il n’est donc pas étonnant que la science suive la voie du spectacle, celle de la publicité tapageuse et celle des index de citations d’origine étatsunienne, qui s’est banalisée avec l’extension de l’empire et
qui a totalement dévoyé la science d’aujourd’hui.
Cet aspect excessivement important de l’usage de l’anglais dans le domaine de la recherche a totalement échappé à Michel Serres qui fait remarquer justement que, durant l’occupation nazie, on voyait moins d’allemand sur les murs de Paris qu’on ne voit d’anglais aujourd’hui. À cela, l’animateur radiophonique Louis Daufresne (3) répond que, contrairement à l’Allemagne nazie, les pays d’où l’anglais est issu sont des pays amis, mais est-ce vraiment le cas ? Au lieu d’essayer de former une alliance équilibrée entre pays occidentaux et à bénéfices réciproques en vue de relever les défis asiatiques futurs, les États-Unis n’ont eu de cesse depuis la seconde guerre mondiale de mettre en place un système de domination sur l’Europe en noyautant ses systèmes d’information, en stipendiant des cen-taines de milliers de collaborateurs à la botte, en subvertissant les politiques communautaires de l’Europe, en installant des pantins et autres marionnettes à leurs ordres à la tête d’innom-brables nations, chaque fois que cela a été possible. Une abon-dante littérature existe à ce sujet qu’il suffit de lire pour balayer l’illusion d’un peuple ami au sein d’une civilisation occidentale
et prétendument solidaire.
Si la manifestation de Bercy s’est concentrée de manière mal-saine sur l’anglais des Anglo-Saxons par opposition au « desespéranto » de la périphérie de l’empire, constitué au-jourd’hui surtout par l’Europe continentale, le mot espéranto ne fut pas prononcé une seule fois en 3h et 45 minutes de discours et débats. Pour Patrick Samuel, qui ouvrit la séance, il existe une grande langue de communication internationale, l’anglais. Il ne se rend pas compte qu’un corollaire implicite de cette af-firmation est qu’elle exclut toutes les autres langues de ce rôle, les reléguant ainsi implicitement à des fonctions subalternes. Toutefois, une affirmation aussi simpliste nous révèle que Patrick Samuel est fort limité dans sa connaissance du monde. Si l’anglais domine effectivement dans la commu-nication internationale pour certaines parties du monde, son utilisation est loin d’être univer-selle. L’espagnol, le russe, le français et même une langue comme le swahili servent aussi à la communication internationale, comme tout
observateur averti pourra le confirmer.
La cérémonie des Mots d’Or et des Trophées du langage, dont la fonction était
de célébrer un enrichissement de la
langue française a
révélé en fait une langue assiégée, dont
l’éradication a bel et
bien commencé sous
les coups de butoir
d’un impérialisme l in gu i s t i qu e que
Robert Phillipson a
décrit en détail dans
ses livres et mis en œuvre par d’innom-
brables collaborateurs
zélés dont certains
figuraient dans la liste des intervenants, mal-
heureusement.
Voici la suite et la fin du compte-rendu qu’a fait Charles
Durand sur la cérémonie des Mots d'Or et des Trophées du
langage qui s’est déroulée à Bercy, le 16 mars dernier (la
première partie a été publiée dans le n°63 de Fraterniphonie, page 10).
Mots d’Or et Trophées du langage (3/3)
Antoine Danchin,
directeur de recherches
au CNRS et professeur
à l’Institut Pasteur.
« On peut regretter le temps où
l’Europe parlait français »,
remarqua Patrick Samuel,
comme si le but recherché était
ici de substituer le rôle attribué
par les nations anglophones à
l’anglais par celui du français,
comme si le but de ceux qui
s’occupent de terminologie et de
langue français étaient de vouloir
remplacer un impérialisme
linguistique basé sur l’anglais
par un autre basé sur le
français !
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Cela est d’autant plus évident que ces intervenants n’ont pas décrit le rôle que l’anglais a pris, mais plutôt celui qu’ils lui ont attri-bué, comme ce fut particulièrement le cas pour Bernard Ramanantsoa. Personne n’essaya de présenter le concept même de langue internationale construite, dont la seule concrétisation aujourd’hui est l’espéranto. Peu importe que l’espéranto soit parlé actuellement par 1,5 million de locuteurs ou par 15 millions ! Cette langue qui fait appel à l’intelligence et beaucoup moins à la mémoire aurait beaucoup plus de chances d’émerger sur la scène internationales par ses qualités propres que celles qui ont présidé à la renaissance de l’hébreu dans l’État d’Israël après 1948 ! Aucun des intervenants ne souligna le coût exorbitant de l’anglais, dont les aspects tan-gibles et intangibles ont été étudiés depuis plusieurs années par François Grin, de l’université de Genève. Personne n’a non plus abordé les systèmes de communication basés sur l’intercompréhension entre langues voisines. Enfin, personne n’a souligné que le commun des mortels peut, ACTUELLEMENT, avoir facilement accès au contenu sémantique d’un texte rédigé dans n’importe quelle langue sur un quelconque ordinateur de bureau. Les traductions qu’offrent les navigateurs sur Internet sont loin d’être
parfaites (4), mais elles sont désormais compréhensibles.
M. Charles Durand - (06) Nice
Courriel : [email protected]
(2) « Les langues de la découverte scientifique », par Antoine Danchin, L’archicube n°9, décembre 2010.
(3) Ancien journaliste à RFI et actuel directeur de l’émission « Le grand témoin », à Radio Notre-Dame, Paris.
(4) En effet, la traduction parfaite, qui fait appel à la connaissance complète du contexte social du moment, ne peut être faite que par un être humain. Un programme informatique a accès à une base lexicale et à des règles grammaticales, ce qui est insuffisant pour traduire métaphores, métonymies et autres références dépendant du contexte et que seul un être humain peut comprendre dans le couple langue-d’origine / langue-cible. Pour traduire parfaitement, il faut aussi comprendre parfaitement et un programme informatique, si perfectionné soit-il, n’est qu’une séquence d’instructions qui ne peut « comprendre » quoi que ce soit.
Wallonie, mon amie
Merci à notre ami, Rodolphe Lamy, d’Ottignies en
Wallonie, qui nous a envoyé le dernier livre de Claude
Demelenne, rédacteur en chef de l'hebdomadaire
belge Le Journal du Mardi, un livre qui a pour titre
« Pour ou contre la Belgique française » et qui traite,
comme son titre l’indique, de la possibilité de voir un
jour se rattacher à la France, la
région Wallonie-Bruxelles dans
ce qui pourrait être la 28e région
française.
La guerre des Belges, nous y voilà ! Wallons et Flamands ne se supportent plus. Le divorce est pour bientôt. La France est concernée. Quand leur pays éclatera, les Belges francophones choisi-ront-ils de devenir Français ? Politique-fiction ? Scénario réaliste ? Quels sont le pour et le contre d'un rattachement à la France de la Belgique francophone ? Quel intérêt pour les Wallons, les Bruxellois et les Français ? Selon une enquête récente, environ 50 % des
Wallons seraient favorables à un rattachement à la France, selon des modalités à définir. Claude Demelenne, , pose les questions qui dérangent. Il décrit un pays à l'agonie, assiégé par les Flamands antifrancophones. Il
explique comment l'éclatement de la Belgique pourrait redessiner les frontières dans le Nord de l'Europe et renforcer le poids de la France dans l'Union européenne.
- L’éclatement de la Belgique ne serait-il pas dû à la montée du communautarisme en Europe, une concrétisation, en somme, de la fin des Nations et du triomphe, ce faisant, des partisans de l’Europe des Régions, de ceux qui veulent une division ethnique du territoire européen, comme le voulaient les Nazis ? - Cet éclatement ne serait-il pas dû aussi à la montée en puissance de l’anglais, les Wallons et les Flamands ne voulant plus apprendre la langue de l’autre, la trouvant inutile dans le contexte anglicisant du moment ? - Alors que nous sommes du côté des Québécois dans le combat qu’ils mènent pour le maintien de leur langue dans leur pays, pouvons-nous, en toute logique, être contre les Flamands dans le combat qu’ils mènent pour le maintien de la leur dans les communes flamandes de la banlieue de Bruxelles ?
Pourrions-nous conclure par : la Wallonie-Bruxelles et la Flandre en tant que futures nations indépendantes européennes, oui ; la Wallonie-Bruxelles et la Flandre en tant que futures régions rattachées, l’une à la France, l’autre à la Hollande, pourquoi pas ? la Wallonie-Bruxelles rattachée à la France et la Flandre nation indépendante européenne, pourquoi pas ? mais la Wallonie-Bruxelles et la Flandre en tant qu’euro-régions ethniques dans la perspective d’une future Europe des régions, non ?
Cela dit, permettons-nous d’émettre quelques réflexions sur le problème belge, le débat est ouvert :
(1) « ANR » pour Agence Nationale de la Recherche. « DG XIII » pour Direction Générale des Télécommunications, du Marché de l'Information et de l'Exploitation de la Recherche
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(2) biffer les mentions qui ne correspondent pas à votre choix.
Samedi 10 septembre 2011 a eu lieu à Nîmes, sur l'Esplanade
Charles-de-Gaulle, le 14e Forum des Associations de la ville.
Pour la 5e année de suite, nous étions présents à ce rendez-vous
annuel. La journée était très ensoleillée, et nous étions situés, hélas,
en plein soleil ce qui, forcément, n'a pas poussé les chalands à
s'attarder devant notre stand. De plus, nous étions excentrés par
rapport aux autres stands. Bref, nous n'étions pas idéalement placés
(il paraît que les emplacements sont tirés au sort !).
Nous avons constaté que ni Monsieur le Maire de Nîmes,
M. Jean-Paul Fournier, ni M. Franck Proust, son Premier adjoint,
ne sont passés à notre stand nous saluer. Dommage, car c'eut été
pour nous l'occasion de leur parler de la triste situation de la langue
française dans notre pays.
Tout le long de la journée, nous distribuâmes des drapeaux en
papier de la Francophonie, ainsi que le tract demandant qu'il n'y ait
plus de subventions publiques
pour les entreprises, ou pour les artistes, qui utilisent l'anglais d'une façon ostentatoire. Le tout
fut arrosé de copieuses explications et de réponses aux questions diverses que nos visiteurs se
posaient sur la Francophonie, sur l'anglicisation, sur les actions que nous proposons, etc.
Nous avons fait un petit film de cet événement, un film visible sur notre chaîne de vidéos à
l’adresse : http://youtu.be/GHK4BRIejq0.
À la fin de ce petit film, nous avons mis un extrait de vidéo montrant en 2008, sur ce même
Forum, M. Franck Proust, Premier adjoint à la Mairie de Nîmes, qui, nous rendant visite, nous
expliquait que la défense, la promotion, la diffusion de la langue, ce n'est pas aux politiques de
s'en occuper. Nous constatons que dire de telles âneries - qui le disqualifient, soit dit en passant, pour tout ce qu'il peut dire par
ailleurs -, ne l'a pas empêché de devenir... député européen.
Remerciements à nos aimables correctrices :
Mme Juliette de Rougé (49) Segré,
Mme Madeleine Laval (30) Manduel.
FRATERNIPHONIE
Parc Louis Riel
2811, chemin de Saint-Paul
30129 Manduel - France courriel : [email protected]
Directeur de la publication :
Régis Ravat
Conception et responsable PAO :
Sylvie Costeraste
Directeur mercaticien :
Jean-Pierre Colinaro
Diffusion France et étranger :
Mustafa Bensima
ISSN / 1266-3247
Dépot légal à parution
L’A.FR.AV. est une association
apoli t ique, de rés is tance
linguistique et culturelle, régie
par la loi de 1901, déclarée à la
préfecture du Gard et parue au
Journal Officiel le 13 décembre
1989.
L’A.FR.AV en actions
Notre Assemblée générale ordinaire annuelle aura lieu, cette année, le dimanche 20 novembre 2011 à 14 heures, au Parc Louis Riel à Manduel.
D’ores et déjà, vous pouvez nous envoyer vos questions, suggestions et propositions concernant l’Association, celles-ci seront mises à l’ordre du jour de la réunion.
Notez que le bureau doit être renouvelé et que chaque adhérent, à jour de sa cotisation et présentant plus d’un an d’ancienneté dans l’asso-ciation, peut présenter sa candidature à un poste.
Cet avis vaut convocation.
De gauche à droite : Mme Noëlle Vesser, Mme Sylvie Coste-
raste, M. Régis Ravat et M. Alain Chassagnard, représentants
l'A.FR.AV à ce 14e Forum des Associations de Nîmes.
Ci-contre, le très inspiré,
Franck Proust, nouvellement
député européen, pour qui il n’y
a pas lieu d’y avoir de politique
publique de la langue.
Laissons faire le marché, comme
dirait l’autre, laissons libre le
renard de dévorer les poules
dans le poulailler grand ouvert ! Franck Proust,
l’heureux-député !