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Frelon asiatique sur une fleur d'aster à Agen (Lot-et-Garonne), automne 2006 - Cliché J. Haxaire Il n'aura pas fallu plus d'une année depuis les premières identifications pour que soit confirmée la présence, un peu partout dans le Sud-Ouest de la France, du Frelon asiatique. Retour sur les circonstances de cette découverte par ceux qui y ont participé et présentation de l'espèce. Insectes 3 n°143 - 2006 (4) L orsque qu'en novembre 2005, dans son jardin de Nérac (Lot- et-Garonne), Jean-Pierre Bouguet surprend une drôle de guêpe très sombre en train de manger le fruit d'un kaki, cet entomologiste ama- teur s'étonne de ne pas y voir une des espèces locales qu'il connaît pourtant très bien. Jean Haxaire, spécialiste des Lépidoptères Sphin- gidés à qui il transmet sa capture, identifie facilement l’insecte à par- tir de photos trouvées sur Internet. Des spécialistes de Montpellier confirment l’identification : le Frelon asiatique, Vespa velutina, est présent pour la première fois en France et en Europe. L’espèce est très facile à reconnaître car c’est la seule guêpe en Europe à posséder une livrée aussi foncée : les adultes sont d’un brun très noir et apparaissent, de loin, comme des taches sombres sur le nid. Il s’agit de la sous-espèce V. velutina nigrithorax, au thorax entièrement brun-noir velouté et aux segments abdominaux bruns, bordés d’une fine bande jaune. Seul le 4 e seg- ment de l’abdomen est presque en- tièrement jaune orangé. Les pattes brunes sont jaunes à l’extrémité. La tête est noire et la face jaune orangé. Ce frelon est donc impos- sible à confondre avec l'unique espèce européenne, le Frelon d’Europe V. crabro, au corps taché de roux, de noir et de jaune et à l’abdomen jaune rayé de noir. Tandis que la capture faite à Nérac alimente les conversations des en- tomologistes locaux, non loin de là, un habitant de Tombebœuf observe avec intérêt, depuis le mois d’avril, la construction d’un nid et le déve- loppement d’une colonie sous la terrasse de sa maison, sans savoir quelle espèce le construit. À aucun moment, les ouvrières, de couleur très sombre, ne se montrent agres- sives. Le nid, de 40 cm de diamètre, Par Claire Villemant, Jean Haxaire et Jean-Claude Streito . La découverte du Frelon asiatique Vespa velutina, en France

frelon asiatique

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espece invasive

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Frelon asiatique sur une fleur d'aster à Agen(Lot-et-Garonne), automne 2006 - Cliché J. Haxaire

Il n'aura pas fallu plus d'une année depuis les premières identificationspour que soit confirmée la présence, un peu partout dans le Sud-Ouestde la France, du Frelon asiatique. Retour sur les circonstances de cettedécouverte par ceux qui y ont participé et présentation de l'espèce.

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L orsque qu'en novembre 2005,dans son jardin de Nérac (Lot-

et-Garonne), Jean-Pierre Bouguetsurprend une drôle de guêpe trèssombre en train de manger le fruitd'un kaki, cet entomologiste ama-teur s'étonne de ne pas y voir unedes espèces locales qu'il connaîtpourtant très bien. Jean Haxaire,spécialiste des Lépidoptères Sphin-gidés à qui il transmet sa capture,identifie facilement l’insecte à par-tir de photos trouvées sur Internet.Des spécialistes de Montpellierconfirment l’identification : le

Frelon asiatique, Vespa velutina, estprésent pour la première fois enFrance et en Europe. L’espèce est très facile à reconnaîtrecar c’est la seule guêpe en Europe àposséder une livrée aussi foncée :les adultes sont d’un brun très noiret apparaissent, de loin, commedes taches sombres sur le nid. Ils’agit de la sous-espèce V. velutinanigrithorax, au thorax entièrementbrun-noir velouté et aux segmentsabdominaux bruns, bordés d’unefine bande jaune. Seul le 4e seg-ment de l’abdomen est presque en-

tièrement jaune orangé. Les pattesbrunes sont jaunes à l’extrémité. Latête est noire et la face jauneorangé. Ce frelon est donc impos-sible à confondre avec l'unique espèce européenne, le Frelond’Europe V. crabro, au corps tachéde roux, de noir et de jaune et àl’abdomen jaune rayé de noir.Tandis que la capture faite à Néracalimente les conversations des en-tomologistes locaux, non loin de là,un habitant de Tombebœuf observeavec intérêt, depuis le mois d’avril,la construction d’un nid et le déve-loppement d’une colonie sous laterrasse de sa maison, sans savoirquelle espèce le construit. À aucunmoment, les ouvrières, de couleurtrès sombre, ne se montrent agres-sives. Le nid, de 40 cm de diamètre,

Par Claire Villemant, Jean Haxaire et Jean-Claude Streito .

La découverte du Frelon asiatiqueVespa velutina, en France

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Frelon asiatique sur une fleur d'aster Lynosyris vulgaris - Cliché J. Haxaire

Le Frelon asiatique en AsieV. velutina a été décrit par Lepeletier en 1836à partir de spécimens collectés dans l’île deJava (Indonésie). Le spécimen ayant servi àla description de l’espèce est conservé dansles collections du MNHN. V. velutina estprésent dans une grande partie du sud-estasiatique : nord de l’Inde, Bouthan,Myanmar, Thaïlande, Laos, Vietnam, sud-estde la Chine, Corée du Sud, Taïwan,Péninsule malaisienne et archipel indoné-sien. Sa coloration extrêmement variablepermet de distinguer onze sous-espèces.

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sieurs reprises, dans des cageots defruits venant d’Asie, hypothèse en-visagée jusque-là, devient peu pro-bable. D’après des informationstransmises par le Service de laProtection des végétaux deTonneins, l’introduction en Franceest sans doute plus ancienne : selonun producteur de bonzaïs de la ré-gion, le Frelon asiatique a pu êtreintroduit accidentellement avec lescartons de poteries chinoises qu’ilimporte régulièrement depuis plu-sieurs années. Cet homme, qui lesavait observés lors d’un voyage dansle Yunan, est sûr d’avoir vu volerdes “frelons chinois” autour de sapropriété dès l’été 2004. L’hiver sui-vant, il signale au SRPV deTonneins la présence dans la fron-daison de grands arbres de deuxnids sphériques, qu’il finit par dé-truire à coups de fusil. Sans savoir,à l’époque, que les colonies étaientdéjà mortes et avaient essaimé… Dans les régions tempérées, les colo-nies de toutes les guêpes sociales dela famille des Vespidés (guêpes com-

renferme six gros rayons de cellulescomme on pourra le voir lorsqu’iltombera fin novembre, détaché parl’eau de pluie coulant des fissuresde la terrasse. C’est alors qu’une pa-rente du propriétaire, institutriceparisienne à la retraite, décided’emporter des spécimens auMuséum national d’histoire natu-relle pour les faire identifier. ClaireVillemant, très surprise, identifieces insectes comme des mâles de V. velutina et, après vérification deleur origine et au vu des photos en-voyées par le propriétaire, enconclut que c’est la première obser-vation de la nidification de cette es-pèce en France. Selon le spécialisteeuropéen des Vespidés contactéalors, l’acclimatation en Europe dece Frelon asiatique est toutefois peuprobable, et la présence dans le nidd’un grand nombre de mâles s’ex-

plique par la mort précoce de la fe-melle fondatrice (voir encadré).Cette hypothèse s'avère fausselorsque, quelques mois plus tard,en avril 2006, de nouvelles fe-melles de V. velutina sont captu-rées dans des pièges à vin placéspar Jean-Philippe Tamisier pourinventorier l’entomofaune de la ré-serve de la Mazière, près deTonneins, à une trentaine de kilo-mètres de Nérac. La présence duFrelon asiatique en France étantconfirmée, J. Haxaire et ses colla-borateurs publient leur décou-verte, en juin 2006. Il ressort de toutes ces observationsque le Frelon asiatique est bel etbien acclimaté dans notre payspuisqu’il est capable d’y nidifier, des'y reproduire, et que les femellesreproductrices y passent l’hiver.L’introduction de femelles, à plu-

Le sexe des enfants dépend de la mère Les Hyménoptères sont des insectes parti-culiers : les mâles, dits haploïdes, ne renfer-ment dans leurs noyaux cellulaires qu’unseul exemplaire des chromosomes de l’es-pèce, tandis que les femelles, diploïdes,possèdent une paire de chacun de ces chro-mosomes. Lors de l’accouplement, la femel-le stocke les spermatozoïdes du mâle dansun réceptacle dont elle contrôle l’ouvertureau moment de la ponte : un œuf fécondédonne une femelle, un œuf non fécondé unmâle. Une femelle restée vierge ne produitque des descendants mâles. Il arrive dansune ruche ou un guêpier que la reine épuisesa provision de spermatozoïdes ou qu'ellemeure et soit remplacée par une ouvrière :la colonie qui ne produit plus alors que desadultes mâles est vouée à disparaître.

Frelon asiatique sur fleur d'aster à Agen (Lot-et-Garonne), octobre 2006 - Cliché J. Haxaire

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Vespa velutina morts après gazage de nid, La Croix Blanche (Lot-et-Garonne), juillet 2006.Cliché J. Haxaire

1979, il est à craindreque le Frelon

asiatique n’enva-hisse peu à peu les

parties les plus chaudesde l’Europe. Or son expansion

pourrait avoir des conséquencesnéfastes, puisque l’insecte est unprédateur avéré des autresHyménoptères sociaux et notam-ment des abeilles. À l’automne, ils’attaque aussi aux fruits mûrs,comme le Frelon d’Europe qui faitparfois de gros dégâts dans les ver-gers. En Inde, V. velutina est consi-déré comme un redoutable ennemides ruchers. On estime que 20 à30% d’une colonie de l’Abeille do-mestique orientale, Apis cerana,succombe après l’attaque du frelon.Après avoir décimé une à unetoutes les gardiennes de la ruche,les ouvrières de V. velutina s’enfon-cent dans le nid pour prélever lecouvain dont elles nourrissent leurspropres larves.Mais Apis cerana a développé contreson agresseur une stratégie de dé-fense très efficace, qu’un chercheurchinois a mis en évidence à l’aide

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munes, frelons etpolistes) ne vivent

en effet qu’un an. Onpeut ainsi, au cours de

l’hiver, détacher sansrisque un de leurs nids car les habi-tants en sont morts. C’est vers la finde l’été que les femelles reproduc-trices de la nouvelle génération quit-tent le nid en compagnie des mâlespour s’accoupler ; elles survivrontseules à l’hiver tandis que mâles etouvrières meurent. Au printemps,chaque reine fondatrice ébaucheraun nouveau nid, pondra quelquesœufs et soignera ses premièreslarves qui deviendront des ouvrièresadultes (femelles stériles) capablesde prendre en charge la constructiondu nid et l’entretien de la colonie.La sous-espèce V. velutina nigritho-rax vit au nord de l’Inde, en Chine etdans les montagnes d’Indonésie(Sumatra, Sulawesi). Elle vientd’être signalée pour la première foisen Corée en 2006. En Asie conti-nentale, elle se développe sous desclimats comparables à ceux du sudde l’Europe. La canicule de l’été2006 en France a sans aucun douteété favorable à son développement.Seul un hiver très rigoureux pour-rait entraîner la mort des femelleshivernant dans la nature, maiscomme l’espèce nidifie volontiers àproximité de l’homme, bon nombrede futures reines peuvent survivre àl’abri du gel, dans une cave ou ungrenier, par exemple.Comme la Pélopée asiatique,Sceliphron curvatum, une guêpemaçonne solitaire de la famille desSphécidés, dont l’expansion enEurope se poursuit depuis son pre-mier signalement en Autriche en

d’une caméra thermique : le frelonagresseur est rapidement entouréd’une masse compacte d’ouvrièresqui, en vibrant des ailes, augmen-tent la température au sein de laboule jusqu’à ce que leur adversairemeure d’hyperthermie (photo) ! Aubout de cinq minutes, la tempéra-ture ayant atteint 45 °C, le frelonsuccombe mais pas les abeilles, quisont capables de supporter plus de50°C. Cette méthode est très effi-cace mais, trop souvent répétée, elleentraîne l’affaiblissement de laruche car les ouvrières consacrentalors moins de temps à l’approvi-sionnement. En Asie, l’élevage del’Abeille domestique d’Europe, Apismellifera, s’est développé progressi-vement depuis une cinquantained’années et cette espèce est désor-mais largement répandue dans larégion. Elle emploie le mêmemoyen de lutte, mais son adaptationau prédateur étant plus récente, sadéfense est moins efficace : la bouleautocuiseuse d’A. cerana rassembleen effet une fois et demi plus d’ou-vrières que celle d’A. mellifera.

Ruche climatiséeEn période de gel comme de canicule, lesabeilles sont capables de maintenir unetempérature constante de 36 °C à l’intérieurde la ruche. En hiver, les ouvrières venti-leuses se rassemblent pour créer de la cha-leur métabolique (produite par l’activitémusculaire) en faisant vibrer leurs ailes. Enété, elles se dispersent à l’intérieur de laruche et font sortir l’air chaud grâce auxmouvements de leurs ailes.

Abeilles "étouffant" une guêpeCliché Tan Ken

Le mâle deTombebœuf : spécimen monté surépingle pour la col-lection du MNHN(novembre 2005)Cliché J. Legrand

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(“Épingle” sur le site /opie-insectes/et forums) et dans la presse locale(articles dans Sud Ouest des 4, 5 et9 août 2006). Ceci dans le butd’évaluer rapidement l’étendue del’invasion grâce aux témoignagesdes habitants de la région maisaussi de faire éradiquer les pre-miers nids afin d’éviter que l’es-pèce se répande. Fin juillet 2006,V. velutina n’est en effet signaléque dans quatre communes duLot-et-Garonne et seuls trois nidssont recensés (un à Tombebœuf etdeux aux environs de Tonneins). À la grande surprise de tous etcontrairement aux dires de spécia-listes sceptiques quant aux risquesd’invasion, la collaboration activedu public permet de constater queV. velutina est, en 2006, déjà large-ment répandu en Aquitaine. Aprèsvérification sur place par JeanHaxaire ou grâce aux photos trans-mises par Internet, la présence denids du Frelon asiatique est attes-tée dans de nombreuses localitésdu Lot-et-Garonne, ainsi qu’enDordogne, en Gironde, dans lesLandes et même en Charente-Maritime. La plupart des nids ob-servés ont été détruits comme lesont chaque année les nids deFrelon d’Europe placés trop prèsdes habitations. Comme soncongénère, V. velutina nidifie aussi,

mais exceptionnellement, dans lescreux de murailles ou dans une ca-vité du sol. Le plus souvent, il fa-çonne son nid dans la frondaisondes grands arbres, et on ne le re-père alors qu’au bruit produit parles allées et venues des ouvrièresdans le feuillage (mais, aux diresde nombreux observateurs, il se dé-place en vol beaucoup plus discrè-tement que le Frelon d’Europe) ouseulement en automne lorsquel’arbre a perdu ses feuilles. Lorsqu’il s’installe dans un espacebien dégagé (habitation, arbre au portétalé), le Frelon asiatique est un ar-tiste qui façonne un magnifique nidde papier dont la forme, quasimentcirculaire, est très caractéristique. Laparoi du nid, formée de largesécailles de papier striées de beige etde brun, est très fragile. Le diamètre

Le Frelon d’Europe : un envahisseur en AmériqueOn connaît chez Vespa crabro 10 sous-espèces qui se répartissent depuis l’Europejusqu’à l’Est de l’Asie, Japon et Chine com-pris sans dépasser au nord le 63e parallèle.Il a été introduit aux États-Unis avant 1840,année où on l’a signalé pour la premièrefois dans l’État de New-York. Il est mainte-nant répandu dans presque tout l’Est desÉtats-Unis et en Ontario (Canada). C’est leseul frelon vivant en Amérique du Nord oùon l’appelle Giant Hornet (Frelon géant) ouOld World Hornet (Frelon du Vieux-Monde)ou encore plus communément BrownHornet (Frelon brun).

La crainte que le Frelon asiatique,en se multipliant, puisse devenirune menace pour l’apiculturenous conduit à signaler sa pré-sence en France via Internet Le Frelon européen Vespa crabro - © Entomart à http://home.tiscali.be/entomart.ins/

Attaques de Frelon asiatique devant uneruche à Colayrac-Saint-Cirq (Lot-et-Garonne).De haut en bas : affût, attaque, une abeilleéchappe au Frelon, en place pour un nouvelaffût. Clichés J. Haxaire

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Gâteau avec loges dans unnid du Frelon asiatique : vude dessous, les loges fer-mées par un opercule depapier contiennent lesnymphes - Cliché J. Selves

agresseur hu-main. Un apicul-teur du Lot-et-

Garonne aremarqué enoutre que leFrelon asiatique

était très attiré parles cadres de ruche

qu’il entrepose derrière sa maisonpour laisser les abeilles récupérer lesdernières traces de miel. Dans l’en-semble, les apiculteurs ne sont pasinquiets car le Frelon asiatique nesemble pas s’en prendre au couvain,apparemment empêché de pénétrerdans les ruches en raison de leurconfiguration.

Autant qu’il a été observé, Frelonasiatique et Frelon européen ont lemême habitat et se nourrissent tousdeux d’insectes et de fruits mûrs. Siles conditions climatiques restentfavorables à V. velutina, il sera inté-ressant d'observer si les deux es-pèces de frelon cohabiteront, oubien si l’une, se reproduisant plus,l’emportera. En tout état de cause,l’ampleur de l’invasion est telle à cejour que l’éradication n’est plus envi-sageable, ce qui n’était pas le cas dé-but juillet lorsque trois nids seule-ment étaient connus. Il reste aussi àsuivre l’expansion de cette nouvelleespèce en Europe, dont l’installationpourrait être signalée en Espagne etle long du littoral méditerranéendès l’année prochaine. r

atteint en général 40 à50 cm, mais on a ob-servé à Taïwan, pendu àune branche à 8 mètresde haut, un nid sphérique de 70 cmde diamètre. En Thaïlande, un nidde 51 cm de diamètre renfermaitplus de quatre mille cellules et envi-ron mille cinq cents ouvrières. Lesconditions climatiques et la richesseen insectes- proies des pays sud-asiatiques favorisent probablementun développement optimal des co-lonies. En Europe, le nid du Freloneuropéen mesure en moyenne 40 cm de diamètre et 60 cm de hautet sa colonie renferme en généralmoins d’un millier d’ouvrières.En France, tous les observateurss’accordent sur le fait que V. velu-tina n’est pas agressif et qu’il estpossible d'observer son nid à 4 ou 5 mètres de distance sans risque.Les rares personnes piquées l’ontété en tentant de détruire un nid ouen touchant une ouvrière par inad-vertance. La piqûre n’est pas plusdouloureuse que celle d’une guêpemais les personnes allergiques auvenin d’Hyménoptères doiventbien sûr rester très prudentes. Comme V. velutina, le Frelond’Europe s’attaque aussi aux ruchespour prélever des abeilles. Un apicul-teur de Pessac attrape ainsi chaqueannée devant ses ruches environdeux cents ouvrières de V. crabro. LeFrelon asiatique se comporte de fa-çon différente : les ouvrières font duvol stationnaire devant et autour de laruche, attendant le retour des buti-neuses. Lorsqu’une abeille rentre, 2ou 3 frelons l’attaquent, la font tom-ber au sol et la neutralisent. Puis l’und’eux l’emporte au nid. Une habi-tante de Gironde dit tuer chaque jourune quinzaine de V. velutina devantses ruches. Elle est très surprise del'absence totale d'agressivité de l'in-secte, qui ne fait jamais mine d'atta-quer, même après avoir échappédeux ou trois fois de suite à son

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Pour en savoir plus

• Haxaire J., Bouguet J.-P. & Tamisier J.-Ph., 2006. Vespa velutina Lepeletier, 1836,une redoutable nouveauté pour la faunede France (Hymenoptera, Vespidae). Bulletinde la Société Entomologique de France, 111(2) : 194.

• Haxaire J., 2006. Le frelon asiatiqueVespa velutina, un nouveau prédateur del'abeille ? La santé de l'abeille, 216.

• Ken T., Hepburn H.R., Radloff S.E.,Yusheng Y., Yiqiu L., Danyin Z. & NeumannP., 2005. Heat-balling waps by honeybees.Naturwissenschaften 92 : 492-495.

• Villemant C., 2006. Une nouvelle espècepotentiellement invasive en France : leFrelon asiatique Vespa velutina. Apidologie(à paraître)

Les auteurs

r Claire VillemantMuséum national d'histoire naturelleUMR 5202 CNRS-MNHN

CP 50 Entomologie45 rue Buffon, 75005 [email protected]

r Jean Haxaire Chercheur attaché au MNHN, co-président du programme BoLD(Barcoding of Life Diversity, projetSphingidae). “Le Roc” - 47310 Laplume

r Jean-Claude StreitoLaboratoire national de la protectiondes végétaux - Unité d'entomologieENSAM-INRA Zoologie - 2, place Viala34060 Montpellier cedex 01

Intérieur d'un nid du Frelon asiatique décou-vert à Pujols (Lot-et-Garonne) - Cliché J. Selves

Nid parfaitement sphérique du Frelon asia-tique installé sous un toit à Bourrant (Lot-et-Garonne), août 2006 - Cliché J. Haxaire

Nid de Frelon asiatique dans un peupliernoir - Cliché J. Haxaire