Guematria

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A la dcouverte de la Guematriapar CHALOM LEUBMEN /D *XHPDWULD HVW XQH PpWKRGH GH[pJqVH ELEOLTXH pWDEOLVVDQW XQH FRUUHVSRQGDQFH HQWUH OHV OHWWUHV PRWV HW YHUVHWV GH OD 7RUDK GXQH SDUW HW GHV QRPEUHV GDXWUH SDUW FRPPH WHOOH HOOH SHUPHW GRXYULU GH QRXYHDX[ KRUL]RQV GDQV OD FRPSUpKHQVLRQ GX WH[WH /H EXW GX SUpVHQW HVVDL HVW GH GRQQHU TXHOTXHV H[HPSOHV VRXYHQW pWRQQDQWV GH WHOV FDOFXOV HW GDQDO\VHU GLIIpUHQWHV K\SRWKqVHV TXDQW DX IRQGHPHQW HW j OD YDOLGLWp GH FHWWH WHFKQLTXH /DSSURFKH GpOLEpUpPHQW UDWLRQQHOOH TXH QRXV DGRSWRQV GDQV QRWUH GpPDUFKH HVW j QRWUH FRQQDLVVDQFH WRXW j IDLW LQpGLWH DXVVL TXH YRXV VR\H] QpRSK\WH HQ OD PDWLqUH RX DX FRQWUDLUH DPDWHXU pFODLUp QRXV SHQVRQV SRXYRLU YRXV JDUDQWLU XQH OHFWXUH LQWHOOHFWXHOOHPHQW VWLPXODQWH HW VDQV GRXWH DXVVL TXHOTXHV GpFRXYHUWHV LQWpUHVVDQWHV -XJH]HQ SOXW{W

%onsidrons un instant l'ide suivante : chaque lettre de l'alphabet hbreu, nous associons unevaleur numrique ; un peu comme les Romains comptaient en sachant que X valait 10 et C 100, et voyaient dans les lettres "CCX" notre quivalent de "210", chaque mot hbreu aura ainsi une valeur propre, rsultant de la somme de la valeur individuelle de ses lettres.

Lettre hbraque Aleph Bet Guimel Dalet He Vav Zayin 'Het Tet Yod ou Kaf

Valeur numrique 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20

Lettre hbraque Lamed ou Mem ou Noun Samekh 'Ayin ou Peh ou Tsade Kof Resh Chin Tav

Valeur numrique 30 40 50 60 70 80 90 100 200 300 400

1

*ormis les 5 formes finales des lettres Kaf, Mem, Noun, Peh et Tsade, dont le graphisme diffrelorsque la lettre est situe en fin de mot, l'alphabet hbreu ne compte que 22 lettres, contre 26 pour l'alphabet franais. Le tableau ci-dessus les prsente, ainsi que les valeurs qui y sont attaches.

8Q SUHPLHU H[HPSOHla Gense, permettra tout la fois de clarifier les choses et de servir de EDVH j XQH SUHPLqUH WHQWDWLYH GDQDO\VH : la suite d'une guerre, Loth, le neveu d'Abraham, fut fait prisonnier ; alors "$EUDP D\DQW DSSULV TXH VRQ SDUHQW pWDLW SULVRQQLHU DUPD VHV ILGqOHV HQIDQWV GH VD PDLVRQ WURLV FHQW GL[KXLW HW VXLYLW OD WUDFH GHV HQQHPLV MXVTXj 'DQ"1 (Gense 14, 14).

# quoi ce petit exercice peut-il bien nous mener ? Un exemple tir de l'histoire d'Abraham, dans

la vie d'Abraham, jamais la Torah3 ne nous avait mentionn qu'il et un si grand nombre de serviteurs ! En fait, nous ne lui en connaissons vraiment qu'un seul, nomm "Elizer" : "'LHX (WHUQHO TXH PH GRQQHUDLVWX DORUV TXH MH PHQ YDLV VDQV SRVWpULWp HW TXH OH ILOV DGRSWLI GH PD PDLVRQ HVW XQ 'DPDVFpQLHQ (OLp]HU " &HUWHV GLVDLW $EUDP WX QH PDV SDV GRQQp GH SRVWpULWp HW OHQIDQW GH PD PDLVRQ VHUD PRQ KpULWLHU" (Gense 15, 2-3). Le paralllisme entre les deux textes, qui utilisent tous deux l'expression "enfant de la maison", est frappant.

.e Talmud2 (1HGDULP 32a) s'tonne juste titre de ce texte : bien qu'elle traite abondamment de

1r, pour le Talmud, c'est bien cet unique serviteur, HW OXL VHXO qui accompagna Abraham dans sacampagne militaire, l'exclusion de tout autre soutien ; comment les Sages justifient-ils leur position, en apparence contraire au texte de la Torah, lequel - pour nous rpter - parle expressment d'une troupe de 318 personnes ? En fait, ils s'appuient prcisment sur une analyse de la valeur numrique du nom "Elizer" :

(1)

+200 +

+7+

+70 +

+10 +

+30 +

= 1= 318 = Elizer

Les traductions franaises reproduites dans le cadre de cet essai sont gnralement extraites de "/D %LEOH 7UDGXFWLRQ GX 5DEELQDW )UDQoDLV", sous la direction du Grand Rabbin ZADOC KAHN, Librairie Colbo, Paris ; occasionnellement, nous avons ressenti le besoin de rester un peu plus prs du sens littral du texte hbreu. 2 Corpus des enseignements de la Loi Orale, qui vient complter et expliciter la Loi Ecrite. Pour tre exact, il en existe deux : le Talmud de Babylone et le Talmud de Jrusalem. Nous nous rfrons toujours ici au Talmud de Babylone. 3 Le terme "Torah" a deux acceptions : soit il dsigne l'ensemble de la Loi Ecrite et de la Loi Orale, soit - comme c'est le cas ici - plus spcifiquement la Loi Ecrite. Celle-ci correspond JURVVR PRGR l'Ancien Testament de la Bible chrtienne, avec une division tripartite : 1) Le Pentateuque, 2) Les Prophtes et 3) Les Hagiographes.1

2

/erveilleuse

convergence ! La guematria d'Elizer, nom du seul serviteur connu d'Abraham, correspond trs exactement au nombre d'hommes que ce dernier est cens avoir emmens en guerre ! ce rsultat est remarquable : aprs tout, on aurait pu s'attendre ce que l'quivalent numrique du mot "Elizer" atteigne n'importe quelle valeur entre 10 et 1000, grossirement. Mais c'est pourtant bien le chiffre de 318, VHXO QRPEUH VLJQLILFDWLI GDQV FH FRQWH[WH GRQQp, que l'on obtient par l'application des rgles de la Guematria. D'o cette interrogation toute naturelle : quelle est la porte et la pertinence de ce type de correspondances ?

.e lecteur nous concdera vraisemblablement que

7URLV WHQWDWLYHV GH[SOLFDWLRQV GLIIpUHQWHV

'n ralit, nous n'avons pas moins de WURLV IDoRQV GLVWLQFWHV d'expliquer l'occurrence de ce typede phnomnes, et la suite de notre analyse consistera pour une grande partie essayer de dterminer laquelle se vrifie dans les faits. Sur les trois, les deux premires sont aisment comprhensibles - elles ont le mrite de ne pas rebuter le sceptique lecteur de la fin du 20me sicle ; la troisime n'est mentionne ce stade que par souci d'exhaustivit : 1. L'hypothse la plus naturelle est celle qui fait intervenir le KDVDUG : les concordances du type "Elizer = 318" ne seraient rien de plus que de simples concidences. Au fond, on peut raisonnablement s'attendre, avec un texte aussi long que l'est celui de la Torah (5'845 versets sur l'ensemble des 5 livres du Pentateuque, soit 304'805 lettres), trouver tout ce que l'on voudra bien y voir, si l'on cherche avec suffisamment d'assiduit ; alors, que l'on utilise le systme de calcul de la Guematria ou bien une autre mthode d'interprtation (quelle qu'elle soit), de simples considrations statistiques font que l'on dcouvrira toujours quelque chose. En d'autres termes, il s'agirait ici d'une claire application de la loi des grands nombres. Cette conception des choses appelle toutefois deux remarques : a) tout d'abord, on voit que la limite de ce raisonnement se situerait ventuellement dans le nombre de guematriot4 "intressantes" que l'on pourrait finalement trouver : partir d'un certain nombre (et savoir FRPELHQ sera une question critique dans notre analyse), croire au hasard deviendrait absurde ! A titre d'illustration, prenons l'exemple d'une pice de monnaie lance plusieurs fois de suite en l'air : si elle tombait deux fois sur "face", il n'y aurait pas de quoi tre surpris, la probabilit d'un tel rsultat tant d'une chance sur quatre ; aprs 10 "face" conscutifs, le panorama apparat sous un jour quelque peu diffrent : un esprit rationnel envisagerait sans doute la possibilit que la pice en question soit truque et4

Pluriel hbreu de "guematria"

3

ait deux cts "face". Et si la pice tait lance 100 fois de suite, et qu' chaque fois elle tait retombe sur "face", aucun tre sens ne l'accepterait en guise de paiement. Le hasard ne peut donc pas WRXW expliquer ; le problme est videmment d'arriver tracer une limite... b) ensuite, il faut tre bien conscient du fait qu'une concidence est une chose essentiellement subjective qui, souvent, n'existe que dans les yeux de l'observateur. Par exemple, un amateur d'astrologie cherchera inconsciemment tablir une correspondance entre les vnements annoncs par son horoscope et ceux qui lui arrivent effectivement... La capacit du cerveau humain de dcouvrir des structures, d'tablir un ordre, est un outil prcieux, mais potentiellement trompeur ; comme on ne croit finalement que ce que l'on a envie de croire, la tentation de trouver des "preuves" corroborant les hypothses de dpart est toujours forte. Cela tant dit, force est de constater qu'en toute objectivit, il est des cas qui peuvent garder un caractre hors-norme, et cela en dpit d'un scepticisme de bon aloi : dans le cas cit ci-dessus d'une pice jete 100 fois de suite et qui retomberait chaque fois sur "face", WRXW OH PRQGH s'accorderait dire qu'il s'agit l d'un bien curieux concours de circonstances. Donc, partir d'un certain niveau de probabilit, le sens commun et la bonne foi exigent que l'on s'tonne. 2. Si par contre on ne veut pas faire intervenir le hasard comme facteur explicatif, c'est forcment pour admettre que l'auteur du texte avait dcid, ds le dpart, que la valeur du mot "Elizer" devait FRUUHVSRQGUH 318. Rejeter le hasard quivaut - c'est une tautologie - accepter un dessein, une YRORQWp. L'homme ou la femme qui a crit la Torah a peut-tre voulu inclure ce type d'allusions dans le texte pour surprendre ses futurs lecteurs, ou bien pour servir d'argument en faveur d'une origine divine de la Bible... Au fond, peu nous importe ici. Mais pour arriver cette correspondance "Elizer = 318", l'auteur aura pu jouer sur 3 lments : a) Vraisemblablement, il aura choisi la taille de la troupe d'Abraham (318 personnes) HQ IRQFWLRQ de la valeur numrique du mot "Elizer" ; c'est--dire qu' partir de ce nom et de valeurs numriques dfinies D SULRUL pour chaque lettre de l'alphabet, il aura trouv la guematria d'Elizer, soit donc 318, et adapt le texte en consquence. Si l'auteur avait voulu donner au serviteur d'Abraham le nom de Mose (en hbreu , nom valant 5 + 300 + 40 = 345), l'arme aurait t forte de 345 hommes, et ainsi de suite. b) Mais notre auteur, qui tait sans doute Juif, pouvait se rendre la vie un peu plus complique : en partant d'une valeur dfinie arbitrairement 318, il a pu IDLUH OH FDOFXO LQYHUVH, c'est--dire rechercher un nom correspondant ce chiffre pour l'attribuer au serviteur d'Abraham ; si besoin tait, il tait bien sr libre d'en inventer un. Par exemple, s'il avait voulu donner Abraham une troupe de 317 hommes, le serviteur aurait pu s'appeler "Lizer", en supprimant le Aleph valant 1.

4

c) Enfin, peut-tre que notre auteur avait dj termin la rdaction complte de son texte, et ne voulait plus y toucher : il lui restait encore la possibilit de trouver des YDOHXUV QXPpULTXHV MXGLFLHXVHPHQW FKRLVLHV pour chaque lettre, de manire faire correspondre la valeur 318 "Elizer". Ainsi, la guematria d'Elizer vaut galement 318 dans l'hypothse suivante : = 1, = 2, = 3, = 4, = 8, = 300. Il y a une infinit de combinaisons parvenant ce mme rsultat ! Synthtisons : nous sommes en prsence d'une relation "mathmatique" impliquant 3 facteurs : (mot)*(valeur de chaque lettre) = valeur numrique

Notre auteur aura pu jouer sur chacun de ces trois facteurs pour arriver ses fins. Nous verrons plus tard que cette distinction a des implications sur un plan pratique ; car une chose est sre : bien que l'auteur ait sans doute t une personne extrmement intelligente (aprs tout, il a crit le plus grand best-seller de l'histoire de l'humanit), ce que OXL a t capable de faire il y a 3'000 ans, QRXV sommes techniquement capables aujourd'hui de le refaire - en mieux, ou au moins en aussi bien. 3. Enfin, la troisime hypothse, que nous disions ne mentionner que par souci d'exhaustivit, est celle qui correspond l'intime conviction de tous les rabbins et des spcialistes de la Guematria au cours des sicles : le systme marche, par la volont de son auteur certes, mais non pas par celle d'un auteur humain : le texte de la Torah a t rvl par 'LHX aux Hbreux au Mont Sina... C'est dans cette optique que se place un rabbin du Talmud, Rabbi Elizer ben Rabbi Yoss, lorsqu'il nous prsente la Guematria comme une des 32 rgles utilises pour interprter la Torah. En ce qui nous concerne, une conception aussi catgorique des choses prsente un grand avantage mais aussi, pour tre honnte, un norme inconvnient : a) L'avantage est que D.ieu, suppos omnipotent et omniscient, n'est pas limit par des considrations d'ordre pratique : Il peut imbriquer dans le texte autant de QLYHDX[ GH SURIRQGHXU GH VHQV qu'Il veut, sans se limiter au sens littral. A l'extrme, le graphisme des lettres, leur sonorit et ainsi de suite - tout peut donner lieu interprtation ! b) Le revers de la mdaille est que - prcisment - il est coup court toute discussion. Nous entrons dans le domaine de la Foi, ce qui signifie sans doute que nous quittons celui de la Raison... Or, nous vivons dans une socit minemment rationnelle,

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modele chaque jour un peu plus par la science, c'est--dire par les succs toujours rpts de l'esprit humain. Croire ou ne pas croire est de manire gnrale devenu une question personnelle, qui ne doit normalement pas intervenir dans une analyse srieuse, empreinte de rigueur, comme celle laquelle nous nous essayons ici.

6RXUFHV HW PpWKRGRORJLH

7ne fois ces trois alternatives poses, sommes-nous beaucoup plus avancs ? Le seul exemplede Guematria dont nous disposons jusqu' prsent ne suffit pas encore les dpartager ; il nous faut maintenant en examiner d'autres, de manire nous donner la matire premire qui sera la base de notre rflexion.

classiques dans ce domaine, celui du Rokea'h5 et celui du Baal Hatourim6 ; le livre du Rav Michael L. MUNK, "Olam HaOtiot / The Wisdom in the Hebrew Alphabet"7 est galement une rfrence incontournable. Par ailleurs, il nous faut exprimer toute notre gratitude aux personnes dont l'aide prcieuse a permis la rdaction de cet essai, en particulier au Rav I. Cutler, dont les vastes connaissances et la gentillesse ont t sollicites maintes occasions.

$on nombre de guematriot que nous allons exposer proviennent des deux grands commentaires

/ais revenons-en ce qui nous intresse ; nous avons crit, tout au dbut, que la Guematriapermettait d'arriver des rsultats surprenants : il est grand temps de prouver notre affirmation. Pour cela, des connaissances minimales de ce que sont la Torah et le Judasme seront ncessaires ; c'est donc pour un SHWLW WRXU GKRUL]RQ de quelques concepts de base du Judasme que nous nous embarquons maintenant, avec un objectif clairement affich : rechercher les guematriot entrant dans la catgorie des "100-face-de-suite" - c'est--dire "objectivement" surprenantes -, de manire pouvoir trancher. On peut avancer un chiffre, charge pour nous de le justifier plus tard : il nous en faut 22...

/H 0DvWUH HW VRQ HQVHLJQHPHQW

'n fait, qu'est-ce que la Torah ? Essentiellement, c'est un recueil de prceptes ; le Christianisme aperu le Judasme comme tant la religion de la Loi, et cette opinion n'est pas compltement infonde dans les faits : ce ne sont pas moins de &RPPDQGHPHQWV, appels en hbreu "0LWVYRW", que les Rabbins ont dnombrs en lisant la Bible. Le plus clbre codificateur juif du

5 6

Rabbi Elazar ben Yehoudah de Worms, 1165 environ - 1230 environ. Rabbi Yaakov ben Acher, 1270 environ - 1340. 7 Publi par la maison d'dition Artscroll, Brooklyn - New York.

6

Moyen-Age, Mamonide8, les recensa systmatiquement un par un dans sa monumentale synthse de la loi juive, le "0LFKQp 7RUDK".

conditions de sa mise en uvre. Vcus au quotidien, OHV PLWVYRW GpILQLVVHQW OD VSpFLILFLWp G,VUDsO (le peuple juif), et ce depuis qu'ils lui ont t rvls au Mont Sina et pendant les 40 annes de dsert, par l'intermdiaire de Mose9. Ce dernier a ds lors joui d'une place privilgie dans toutes les gnrations qui ont suivi : matre spirituel incontest de l'ensemble du peuple, il n'est jamais mentionn que par l'expression dfrente "0RFKp 5DEHLQRX", "notre Matre Mose"... Quelle est la guematria de cette expression, si couramment utilise, de "0RFKp 5DEHLQRX" ?

0on seulement Mamonide les numra tous, mais encore il prcisa, pour chacun d'entre eux, les

(2)

+6+

+50 +

+10 +

+2+

+200 +

+ + = 5+ 300 + 40 = 613 =Notre Matre Mose

De manire tout fait remarquable, la valeur numrique de Mose, le Matre par excellence, correspond au nombre d'enseignements qui ont t transmis, par lui, au peuple d'Isral ! Et nouveau, nous pouvons constater ici une surprenante convergence : dans ce contexte, 613 tait bel et bien le seul chiffre significatif.

Creusons maintenant un peu plus profondment : de quoi traitent donc ces 613 mitsvot ? Rponse : d'absolument tout. Prises dans leur ensemble, les mitsvot dfinissent un cadre de vie, une OLJQH GLUHFWULFH applicable dans chaque situation possible ; une classification usuelle consiste les subdiviser entre celles qui s'appliquent dans la relation entre l'homme et son prochain (dites "%HLQ $GDP /DKDYHUR", comme par exemple l'interdiction du vol) et celles qui rglementent la relation entre l'homme et D.ieu (appeles "%HLQ $GDP /DPDNRP", comme par exemple la prohibition de l'idoltrie). Une mitsva en particulier a toutefois un statut tout fait spcial : chronologiquement, le premier commandement qu'accomplit - sans qu'on lui demande son avis ! - tout mle Juif est celui de la FLUFRQFLVLRQ, l'ge de 8 jours. $YDQW cela, il n'existe pour ainsi dire pas en tant que Juif, et n'a dans bien des communauts mme pas reu de nom ! $SUqV, il lui est possible de pratiquer les mitsvot, au fur et mesure de son dveloppement physique et psychique.

8 9

Rabbi Mose ben Mamon, 1135 - 1204. Un verset des plus clbres, chant lors de chaque occasion joyeuse, commence par ces mots : "7RUDK 7VLYD /DQRX 0RFKp", "Mose nous a ordonn la Torah" (Deutronome 33, 4). 7

La circoncision est appele "%ULW 0LOD" en hbreu, ou plus simplement "%ULW" ("Alliance" - en rfrence l'usage de ce terme dans l'pisode de la Gense 17, 9-14). La guematria de ce mot est tout simplement fascinante :

+(3)

+10 +

+200 +

=2= 612 =

Circoncision

400 +

Le nombre 612 illustre parfaitement ce qu'est la circoncision : une condition VLQH TXD QRQ, la PLWVYD SUpDODEOH l'excution des 612 autres !

En pratique, selon quel procd les Hbreux ont-ils eu connaissance des 613 mitsvot ? La rponse cette question est nuance : en rgle gnrale, D.ieu s'adressait Mose dans la "Tente d'Assignation", et Mose jouait le rle de relais vis--vis du peuple (Exode 33, 7). Toutefois, il y eut une exception historique de taille : une fois - et une seule ! - D.ieu s'adressa directement l'ensemble du peuple ; au Mont Sina, chaque Juif entendit personnellement l'nonc des "$VVHUHW +D'LEHURW", les Dix Commandements (Deutronome 5, 6-18). Mais les Hbreux entendirent-ils vraiment l'ensemble des 10 Commandements ? Le Talmud le conteste : si intense tait la Rvlation qu'LOV QH SXUHQW OD VXSSRUWHU ; aprs le 2me Commandement, ils appointrent Mose comme intermdiaire, avec pour charge d'entendre les paroles de D.ieu et de les leur rapporter. Cette interprtation rabbinique se fonde sur - au moins - deux supports textuels clairs :

Tout d'abord, Mose relate trs explicitement : "0RL MH PH WHQDLV HQ FH WHPSVOj HQWUH O(WHUQHO HW YRXV SRXU YRXV H[SRVHU OD SDUROH GH O(WHUQHO SDUFH TXH WHUULILpV SDU OD IODPPH YRXV QDSSURFKkWHV SRLQW GH OD PRQWDJQH" ainsi que "2U TXDQG YRXV HWHV HQWHQGX FHWWH YRL[ VRUWLU GX VHLQ GHV WpQqEUHV WDQGLV TXH OD PRQWDJQH pWDLW HQ IHX YRXV YvQWHV WRXV j PRL OHV FKHIV GH YRV WULEXV HW GH YRV DQFLHQV HQ GLVDQW &HUWHV O(WHUQHO QRWUH 'LHX QRXV D UpYpOp VD JORLUH HW VD JUDQGHXU HW QRXV DYRQV HQWHQGX VD YRL[ GX PLOLHX GH OD IODPPH QRXV DYRQV YX DXMRXUGKXL 'LHX SDUOHU j OKRPPH HW FHOXLFL YLYUH 0DLV GpVRUPDLV SRXUTXRL QRXV H[SRVHU j PRXULU FRQVXPpV SDU FHWWH JUDQGH IODPPH " 6L QRXV HQWHQGRQV XQH IRLV GH SOXV OD YRL[ GH O(WHUQHO QRWUH 'LHX QRXV VRPPHV PRUWV &DU HVWLO XQH VHXOH FUpDWXUH TXL DLW HQWHQGX FRPPH QRXV OD YRL[ GX 'LHX YLYDQW SDUOHU GX PLOLHX GX IHX HW VRLW GHPHXUpH YLYDQWH " 9D WRLPrPH HW pFRXWH WRXW FH TXH GLUD O(WHUQHO QRWUH 'LHX HW FHVW WRL TXL QRXV UDSSRUWHUDV WRXW FH TXH O(WHUQHO QRWUH 'LHX WDXUD GLW HW QRXV OHQWHQGURQV HW QRXV REpLURQV!! " (Deutronome 5, 5 et 5, 20-24).

8

Ensuite, la faon de s'exprimer dans les 2 premiers Commandements n'est pas la mme que celle dans les 8 derniers. Dans le premier cas, l'orateur VLGHQWLILH avec la divinit ("-H VXLV O(WHUQHO WRQ 'LHX TXL WDL IDLW VRUWLU GX SD\V G(J\SWH GXQH PDLVRQ GHVFODYDJH" (1er Commandement), "7X QDXUDV SRLQW GDXWUH 'LHX TXH PRL..." (2me Commandement)), alors que dans le deuxime il en parle FRPPH GXQ WLHUV (7X QLQYRTXHUDV SRLQW OH QRP GH O(WHUQHO WRQ 'LHX j ODSSXL GX PHQVRQJH..." (3me Commandement) ; " 2EVHUYH OH MRXU GX 6DEEDW SRXU OH VDQFWLILHU FRPPH WH OD SUHVFULW O(WHUQHO WRQ 'LHX 'XUDQW VL[ MRXUV WX WUDYDLOOHUDV..." (4me Commandement)10 ; etc.).

De manire fascinante, l'expression "HW FHVW WRL TXL UDSSRUWHUDV" - en hbreu "9H$W 7HGDEHU"11 -, cite juste au-dessus dans le verset qui prouve l'intervention de Mose, est numriquement gale aux mots "&KHPRQD 'LEHURW" : Huit Commandements ! (%DDO 12 +DWRXULP DG ORF)

+200 +

+2+

+4+

+400 +

+ +400 + 1+

=6= 1013 =

Et cest toi qui rapporteras

(4)

+ + + + + + + + + = 400+ 6 + 200+ 2+ 4+ 5 + 50 + 6 + 40 + 300= 1013 = Huit Commandements

Ainsi, seules 2 mitsvot ont t entendues directement, alors que les 611 autres ont t transmises par l'organe de Mose ; ceci jette un clairage tout fait tonnant sur le verset cit plus haut ( la note 9) ; "7RUDK 7VLYD /DQRX 0RFKp", "Mose nous a ordonn la Torah" :

(5)

+5+

+200 +

+6+

=400 = 611 =

Torah

Avec une guematria de "Torah" valant 611, le verset veut prcisment dire que Mose n'a transmis "TXH" 611 mitsvot, l'exclusion des 2 entendues directement !!! (0DNNRW D)13Pourquoi ne pas respecter la cohrence du texte et crire "tu n'invoqueras pas PRQ nom l'appui du mensonge..." et "...comme MH te l'ai prescrit" ??? 11 Le mot "QRXV" n'est intercal au milieu que dans la traduction franaise. 12 Traduire le mot "Diberot" par "Commandements" est impropre, mais presque universellement rpandu. "Mitsvot" signifie "Commandements", alors que "Diberot" veut dire "Paroles" ; on devrait donc dire : "Les Dix Paroles". 13 Ceci n'est bien sr pas en contradiction avec ce que nous avions dit ci-dessus (cf. 0RFKp 5DEHLQRX = 613), savoir que Mose a enseign l'ensemble des 613 mitsvot aux Hbreux : bien que ceux-ci aient entendu D.ieu lors des 210

9

(Par ailleurs, le %DDO +DWRXULP, avec son habituelle incroyable matrise, fait remarquer que si l'on considre le premier mot de chacun des 5 livres du Pentateuque, l'addition de leurs GHUQLqUHV lettres - respectivement , , , , et - nous donne nouveau 611 - Torah...14) Puisque nous en sommes parler des Dix Commandements, une remarque propos du 4me (le repos du Chabbat) : le Talmud (&KDEEDW 73a) numre 39 catgories de travaux qui sont interdits pendant le jour de repos hebdomadaire, mais les introduit d'une manire bien intriguante : "Les travaux (interdits) sont au nombre de Quarante Moins Un, $UEDLP +DVVHU $KDW"... Pourquoi cela ? Le Gaon de Vilna15 explique qu'il existe un quarantime travail qui serait interdit l'homme, si tant est qu'il lui tait accessible ; il s'agit de la cration H[ QLKLOR, partir de rien. Mais, comme elle est l'apanage du Crateur, l'homme ne peut pratiquer qu'au plus 39 des 40 types de travaux interdits. Quoi qu'il en soit, cette formulation biscornue a de quoi attirer notre attention :

+400+8+1

+200+60+8

= 40+10+70+2+200+1

409 +

268 +

323 = 1000 =

Quarante moins un

A quoi ce chiffre de 1'000 correspond-il ? A rien de moins qu' la valeur du mot "&KHFKHW" (Six), dans l'expression "durant VL[ jours tu travailleras" (&KHFKHW