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187 Livre reçu J Chir 2008,145, N°2 • © 2008. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. ment aux T2N1 (p = 0,04) et une tendance pour les T3N0 comparativement aux T3N1. Aucun patient avec envahissement ganglionnaire n’était survivant à 5 ans. Pour les stades T2 il n’y avait pas de différence à 5 ans entre les résections du lit vésiculaire (n = 36) et les résections hépatiques IVb/V (n = 32) (p = 0,34). Il y avait en revanche une tendance à une meilleure survie pour les stades T3 avec résection hépatique segmentaire (p = 0,20). La conclusion des auteurs est qu’une nouvelle résection est fortement recommandée pour les patients porteurs d’un cancer vésiculaire découvert incidemment de stade T2, avec un gain de survie significatif, la réintervention permettant d’autre part de déterminer le statut ganglionnaire essentiel à l’évaluation du pronostic. Commentaires : 1) Les auteurs ont d’emblée considéré qu’une simple cholécys- tectomie était suffisante pour les stades Tis et T1, en omettant le statut ganglionnaire. Or plusieurs auteurs ont recommandé de réopérer également les stades T1b (atteinte de la musculeuse sans la séreuse avec atteinte ganglionnaire) [4, 5], d’autres ne proposant une réintervention dans cette situation qu’en cas de marge de résection positive. 2) Il serait alors logique d’étendre les indications retenues par les auteurs aux cancers dépassant l’atteinte strictement muqueuse (pT1a) [6]. 3) D’autres auteurs ont rapporté des survies à 5 ans de 22 % pour les stades III [7] et, en l’absence d’alternative thérapeutique efficace à ce jour, il reste probablement une place à la chirurgie dans cette indication pour des cas très sélectionnés sous réserve d’une résection R0. Mots-clés : Vésicule. Traitement. Cancer. Hépatectomie. Cholé- cystectomie. Incidentalome. 1. Gastroenterol Clin Biol 1992;16:633-638. 2. World J Surg 2003;27:266-271. 3. Ann Surg 1992;215:326-331. 4. J Chir 2001;138:336-341. 5. Jpn Surg 1987;17:478-486. 6. Am J Gastroenterol 2001;96:627-629. 7. Am J Surg 1998;175:118-122. Livre reçu Guérir et mieux soigner. Un médecin à l’école de sa maladie Pascal Hammel Éditions Fayard Le médecin qui soigne des personnes atteintes de cancer n’en est pas pour autant protégé. Chacun le conçoit parfaitement. Il n’empêche, la pensée magique de l’inconscient collectif prête volontiers au praticien une sorte d’immunité ; lui qui connaît si bien la maladie, n’est-il pas plus à même de s’en défendre ? Comme à tout soignant confronté depuis des années et à longueur de journée aux soucis de santé de ses malades, il a pu m’arriver de res- sentir parfois d’erratiques bouffées hypocondriaques, vite dissipées. Mais, honnêtement, jamais je n’avais envisagé l’histoire qui allait m’arriver. Pourquoi l’aurais-je fait, d’ailleurs ? À quarante-cinq ans, en pleine activité, on a d’autres fantasmes à fouetter. Il va cependant m’être imposé de vivre cet apparent paradoxe : le médecin qui tombe malade, l’arroseur arrosé. Et se trouve affecté jus- tement par une maladie qu’il soigne tous les jours dans l’exercice de son métier : le cancer. Je devrai tout d’abord transcender les souffrances et les incertitudes inhérentes à cette rencontre inattendue pour, ensuite, saisir l’occasion particulière qui m’est offerte d’observer de l’intérieur ce qu’est la maladie grave, et, au travers du prisme d’une affection réputée in- quiétante, d’éclairer mon rapport à la profession. Voici, par l’auteur, le professeur Pascal Hammel, gastro-entéro- logue et oncologue à l’hôpital Beaujon, la présentation de son ouvrage : Guérir et mieux soigner. Un médecin à l’école de sa maladie. Elle dit bien les questions que peut se poser tout médecin dans ces circonstances. Mais le livre va aussi beaucoup plus loin. Sa description des avantages d’être un médecin, rapidité d’accès aux filières diagnostiques et thérapeutiques, par exemple, est largement contrebalancée par le surcroît de souffrance lié à la connaissance approfondie de l’espérance de survie en fonction de tel ou tel facteur pronostique, anatomopathologique par exemple ; le tout enrobé des conseils de collègues pas toujours bien inspirés. Il nous décrit, avec sensibilité, pourquoi et comment il a décidé d’avertir ses proches, les membres du service dans lequel il tra- vaille, et la plupart de ses collègues. Toutes ces caractéristiques en font un ouvrage qui se lit avec facilité et… émotion. Mais aussi, au-delà de son aspect humain, ce livre est plein de re- marques sur l’exercice de notre profession. Avec le recul que don- ne la souffrance, parfois intense, que l’auteur nous décrit avec autant de précision clinique que de retenue, ces « digressions » sur la profession sont d’une lecture facile et de celles qui rendent in- telligent. Intelligent, non pas limité à son sens « intellectuel », mais étendu à son sens plus large, latin, intelligere c’est à dire compren- dre. Il nous dit avec simplicité le pourquoi et surtout le comment notre métier est superbe, le pourquoi nos rapports avec nos pro- ches et nos amis sont aussi, à cause de lui, un peu particuliers. Pourquoi le médecin, investi d’une responsabilité particulière en- vers un autre être humain, devrait à la fois avoir une formation spécifique (différente de l’actuelle, dans certains domaines) et ne pas se laisser attribuer un statut dont la tendance est celle de la banalisation de la fonction et, à travers elle, la banalisation du mé- decin aux yeux du plus grand nombre... Il doit être lu par tout médecin, en particulier ceux qui pren- nent en charge de près ou de loin les malades cancéreux. F. Lacaine Service de chirurgie digestive, hôpital Tenon – Paris. [email protected] Analyse de livre

Guérir et mieuxsoigner Un médecin à l’école de sa maladie

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Livre reçuJ Chir 2008,145, N°2 • © 2008. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

ment aux T2N1 (p = 0,04) et une tendance pour les T3N0comparativement aux T3N1. Aucun patient avec envahissementganglionnaire n’était survivant à 5 ans.Pour les stades T2 il n’y avait pas de différence à 5 ans entreles résections du lit vésiculaire (n = 36) et les résections hépatiquesIVb/V (n = 32) (p = 0,34). Il y avait en revanche une tendance àune meilleure survie pour les stades T3 avec résection hépatiquesegmentaire (p = 0,20).La conclusion des auteurs est qu’une nouvelle résection estfortement recommandée pour les patients porteurs d’un cancervésiculaire découvert incidemment de stade T2, avec un gainde survie significatif, la réintervention permettant d’autre partde déterminer le statut ganglionnaire essentiel à l’évaluation dupronostic.

Commentaires :1) Les auteurs ont d’emblée considéré qu’une simple cholécys-tectomie était suffisante pour les stades Tis et T1, en omettantle statut ganglionnaire. Or plusieurs auteurs ont recommandéde réopérer également les stades T1b (atteinte de la musculeusesans la séreuse avec atteinte ganglionnaire) [4, 5], d’autres ne

proposant une réintervention dans cette situation qu’en cas demarge de résection positive.2) Il serait alors logique d’étendre les indications retenues parles auteurs aux cancers dépassant l’atteinte strictementmuqueuse (pT1a) [6].3) D’autres auteurs ont rapporté des survies à 5 ans de 22 %pour les stades III [7] et, en l’absence d’alternative thérapeutiqueefficace à ce jour, il reste probablement une place à la chirurgiedans cette indication pour des cas très sélectionnés sous réserved’une résection R0.

Mots-clés : Vésicule. Traitement. Cancer. Hépatectomie. Cholé-cystectomie. Incidentalome.

1. Gastroenterol Clin Biol 1992;16:633-638.2. World J Surg 2003;27:266-271.3. Ann Surg 1992;215:326-331.4. J Chir 2001;138:336-341.5. Jpn Surg 1987;17:478-486.6. Am J Gastroenterol 2001;96:627-629.7. Am J Surg 1998;175:118-122.

Livre reçu

Guérir et mieux soigner. Un médecin à l’école de sa maladie

Pascal HammelÉditions Fayard

Le médecin qui soigne des personnes atteintes de cancer n’en est paspour autant protégé. Chacun le conçoit parfaitement. Il n’empêche,la pensée magique de l’inconscient collectif prête volontiers au praticienune sorte d’immunité ; lui qui connaît si bien la maladie, n’est-il pasplus à même de s’en défendre ?

Comme à tout soignant confronté depuis des années et à longueur dejournée aux soucis de santé de ses malades, il a pu m’arriver de res-sentir parfois d’erratiques bouffées hypocondriaques, vite dissipées.

Mais, honnêtement, jamais je n’avais envisagé l’histoire qui allaitm’arriver. Pourquoi l’aurais-je fait, d’ailleurs ? À quarante-cinqans, en pleine activité, on a d’autres fantasmes à fouetter.

Il va cependant m’être imposé de vivre cet apparent paradoxe : lemédecin qui tombe malade, l’arroseur arrosé. Et se trouve affecté jus-

tement par une maladie qu’il soigne tous les jours dans l’exercice deson métier : le cancer.

Je devrai tout d’abord transcender les souffrances et les incertitudesinhérentes à cette rencontre inattendue pour, ensuite, saisir l’occasionparticulière qui m’est offerte d’observer de l’intérieur ce qu’est lamaladie grave, et, au travers du prisme d’une affection réputée in-quiétante, d’éclairer mon rapport à la profession.

Voici, par l’auteur, le professeur Pascal Hammel, gastro-entéro-logue et oncologue à l’hôpital Beaujon, la présentation de sonouvrage : Guérir et mieux soigner. Un médecin à l’école de sa maladie.Elle dit bien les questions que peut se poser tout médecin dansces circonstances. Mais le livre va aussi beaucoup plus loin. Sadescription des avantages d’être un médecin, rapidité d’accèsaux filières diagnostiques et thérapeutiques, par exemple, estlargement contrebalancée par le surcroît de souffrance lié à laconnaissance approfondie de l’espérance de survie en fonction detel ou tel facteur pronostique, anatomopathologique par exemple ;le tout enrobé des conseils de collègues pas toujours bien inspirés.Il nous décrit, avec sensibilité, pourquoi et comment il a décidéd’avertir ses proches, les membres du service dans lequel il tra-vaille, et la plupart de ses collègues. Toutes ces caractéristiques enfont un ouvrage qui se lit avec facilité et… émotion.Mais aussi, au-delà de son aspect humain, ce livre est plein de re-marques sur l’exercice de notre profession. Avec le recul que don-ne la souffrance, parfois intense, que l’auteur nous décrit avecautant de précision clinique que de retenue, ces « digressions » surla profession sont d’une lecture facile et de celles qui rendent in-telligent. Intelligent, non pas limité à son sens « intellectuel », maisétendu à son sens plus large, latin, intelligere c’est à dire compren-dre. Il nous dit avec simplicité le pourquoi et surtout le commentnotre métier est superbe, le pourquoi nos rapports avec nos pro-ches et nos amis sont aussi, à cause de lui, un peu particuliers.Pourquoi le médecin, investi d’une responsabilité particulière en-vers un autre être humain, devrait à la fois avoir une formationspécifique (différente de l’actuelle, dans certains domaines) et nepas se laisser attribuer un statut dont la tendance est celle de labanalisation de la fonction et, à travers elle, la banalisation du mé-decin aux yeux du plus grand nombre... Il doit être lu par tout médecin, en particulier ceux qui pren-nent en charge de près ou de loin les malades cancéreux.

F. LacaineService de chirurgie digestive, hôpital Tenon – Paris.

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