Histoire de La Magie 112-156 _P03

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copies manuscrites du clbre grimoire se retrouvaient dans les bibliothques dessavants.

d'or tait pav de cristal. Selon le Koran, les dmons y travaillaient pour sa grandeur. La Bible ne cite-t-elle pas Moloch et Chemos? L'Ecriture ne doute pas un instant durvle que son Palaismystrieux pouvoir de sa magie. La lampe magique de Salomon, le Sceau de Salomon, sont rests lgendaires.

L'Histoire a not la gloire immense du monarque juif, dans la richesse inpuisable de son Palais personnel. La reine de Saba en fut blouie. et. cette occasion, la Bible

Or, trop de pouvoirs confrent de redou-

tables malfices. Aprs la mort dramatique de Salomon. la ville de Jrusalem, son Temple, son

Pour les Arabes, Salomon fut le rel enchanteur qui sduisit les Djinns; ces esprits feriques, sur le tapis magique, chaque jour par les airs, le transportaient de Jrusalem la Mecque.

Palais seront anantis.

oslRrs ET ISrS, OU LA MAGIE EN GYPTEgyptienne des bords du Nil pratiquait le culte original de I'adoration des dieux-animaux. Les astrologues et les magiciens d'gypte avaient une place prponcirante dans le systme politique et social, d'oir ils tiraient la raison de leur puissance oprante etefficace pour le royaume. Leur intervention

la civilisation

Aussi ancienne que celle de Babylone.

MAGIE DANS UN TEMPLE D'GYPTE

l12

sacramentelle obligeait Ie dieu paratre. Porphyre. dans sa LrrrRE n ArsoN, s'tonne de . Isis prit des vtements de deuil et chercha de tous cts, en gmissant, la dpouille de son mari. Deux enfants qu'elle rencontra lui indiqurent qu' l'embouchure du Nil on voyait le sarcophage qui avait t pouss par les criminels vers la mer, non loin de Byblos. L, elle retrouva le corps d'Osiris et son affiiction fut totale.

Le dieu tte d'ibis, Thot, joua aux ds avec la lune et gagna la soixante-dixime

du dieu Soleil et de Rha, qui tait la fille du Ciel et de la Terre diviniss et l'pouse de Kronos.

C'tait auprs des tamaris dont le roi

partie de ses levers de I'anne faite de douze lunaisons, soit cinq levers de lune. Thot les ajouta aux 360 jours de I'anne gyptienne, ce qui fit I'anne de Nabonassar de 365 jours. Le premier de ces jours, Rha fit natre Osiris. Le deuxime jour, elle accoucha d'Horus, le troisime jour de Typhon ou Set, qui vint accidentellement, en rompant le ct de Rha et jaillit par cette ouverture. Le quatrime jour, Isis aussi naquit. Le cinquime, ce fut Nephtis, appele Vnus ou Victoire.Osiris et Horus taient ns de la concepsoleil. Isis tait ne de la conception de Thot, et Typhon et Nephtis, de Kronos. Isis et

prenait le bois pour construire son palais. Typhon, qui se livrait la chasse au clair de lune, ramassa le cadavre et le dcoupa en quatorze morceaux qu'il jeta. ramassa tous sauf un, le phallus, qu'un poisson mangea. Elle les runit, remplaa le manquant par un postiche, et aide des dieux Thot et Anutris, procda I'embaumement. Ainsi fut constitue la pre-

tion du

Isis, dsole chercha les restes et

les

jour Horus, que les Grecs appellent

Osiris auraient ml leurs corps avant de natre dans le sein de Rha et donn le

mire momie. Le fils d'Isis, Horus, livra le combat Typhon, le serra dans les chanes et ledonna lsis qui accorda le pardon. Horus s'en indigna et, se jetant sur sa mre, il lui enleva sa tiare royale. Thot remplaa le signe de sa royaut par une coiffure I'image d'une tte de vache, sur la tte d'lsis. La reine desse eut encore un fils d'Osiris, bien que mort, le dieu faible Harpocrate. Osiris. homme. l14

Apollon. Osiris, par les actes magiques de Thot, Isis et Horus, est ranim. Les dieux ont inscrit sur ses bandelettes les figures et les formules. ils ont dessin les signes ma-

des jambes, que les Grecs appelaient

roi et dieu. tait le fils

porte du caveau funbre, on dresse la momie, et avec I'herminette croix anse, l'ankh, on procde au rite de I'ouverture de Ia bouche, et les aliments comme le souffie de vie ressuscitent le dieu qui va reprendre sa vie aprs son court sjour au royaume funbre dont il revient I'initi sublim. < Le soleil. selon M. Maspero, circulaitle long des parois de Ia bote sur un cours d'eau qui. semblable au fleuve Ocan des

bote ovale oriente par ses deux extrmits vers le Nord et le Sud. La oartie suo-

muables du monde : Unit du Ciel et de la Terre, qui se fconde elle-mme et se renouvelle dans sa dualit. Deux principes : la force active du mle. celle d'Osiris, qui cre, conserve et duit; et la force passive. femelle. qui engendre.

interviennent

et mouvement de la vie et de la mort; le Kronos ou Temps absorbe tout ce qui vit et qui ne s'est ralis que grce lui.L'nergie fcondatrice se perptue. Dans

Raction de ces principes I'un sur l'autre

Grecs, enveloppait compltement notre terre. et la sparait du ciel. Le lit dans lequel il coulait et les rgions qui I'avoisinaient formaient autour des remparts du

son cercueil, Osiris n'est pas mort, le sommeil le conserve. Sa fcondation continue. Isis I'embrase dans la chaleur latente. Mme, pars, Osiris attire luiIsis irrsistiblement. La compensation desforces cratrices et des forces destructrices s'opre par une quivalence. Au-dessus des sens et du raisonnement, le principe sup-

monde comme une banquette, place

Elle tait borde dans toute la moiti Nord de I'ellipse par une chane ininterrompue de montagnes abruptes qui naiss'levaient rapidement et devenaient si hautes qu'elles s'interposaient comme un cran entre notre terre et le fleuve. et se terminaient I'Est, au pic de Bakhou. Le pays qui s'tendait derrire elles tait le Douaout, la rgion des mes. > Le mythe d'Osiris est celui de Ia coursesaient l'Occident, la hauteur d'Abydos.

presque immdiatement sous le ciel toil.

rieur se dveloppe. La runion d'Osiris et d'lsis s'opre toujours dans I'harmonie de I'ordre, malgr les perturbations de Typhon. Si le dsquilibre des forces par Typhon se maintient. alors intervient la force cratrice renouvele de Horus. C'est ainsi {ue pour gurir les maladies intervient Horus. qui aprs la scheresse amne

du Soleil-Osiris qui se lve sur l'gypte. et c'est Lune-lsis, qui erre dans la nuit jusqu' ce que le Levant. Horus. carteles tnbres. Osiris est alors descendu sous terre et y reoit les mes des morts. L'affabulation revt les grandes lois

mne sa courbe et renat. dcoup par les tnbres de Typhon. Un astre parat alors.

ainsi que de I'au-del descend Thot qui aide lsis embaumer le corps d'Osiris et qui instruit le Mage. Le couple Osiris-lsis, couple royal, Vraie lumire attaque par Typhon, sera constamment prsent dans toutes lesoprations d'occultisme, d'alchimie, d'vo-

le bienfait de I'inondation. C'est

qu'entend appliquer la magle. lois im-

cation. Devant lui, marche Horus. aurore des temples nouveaux. Thot la Science, progresse vers la cit cleste. Alors. les occultistes considrent Isis comme la doctrine sotrique et TyphonI 15

< le symbole de I'orgueil

ignorant et

procde sans la tte ou les membres. puisque ses lans proviennent d'autres sources beaucoup plus lointaines et plus puissantes. de la nuit du monde fconde par le feu du ciel. C'est dans le Livre des Morts que se trouve le formulaire de la magie gyptienne. En effet. une fois mort, I'individu va comparatre devant le tribunal d'Osiris. juge des Enfers, o sur la balance de Vrit, Thot pse les mes. Les meilleures supplice et I'anantissement, ou bien vont vivre d'autres existences effroyables. Seul, le Livre des Morts sera le guide indispensable pour ces preuves. On le place ct du dfunt. ll contient les formules, les invocations, les secrets. Reproduisons une de ces formulesmagiquesmes s'en vont dans la vision batifique de la Divinit, les mauvaises sont voues au

perverti > (Louis Chochod). Typhon et ses malfices. Harpocrate procr sur le plan astral, dmembrement d'Horus. dcapitation d'lsis, mystres de la magie qui

magiques, moi I'Osiris N. et rayonner en tous lieux; et I'homme qui est dans cet tat circule plus vite que les lvriers et la lumire elle-mme. lnitiateur du crateur des dieux. I'Osiris N donne ses charmes magiques I'homme qui est l. courant plus vite que les lvriers et que lalumire elle-mme.>

L'Osiris N. le dfunt. va se rincarner pour atteindre les tres Suprieurs de I'Empyre. La Science secrte des Mages

I'y conduira.Le septnaire gyptien. qui forme l'tre humain, correspond de curieuse faon aux entits hindoues : lo Ame divine - Ka - correspond Atma des Hindous. 2o Ame spirituelle - Ba - Budhi. 3o Ame humaine Sahou Manas. rupa. 50 Corps Sharvia.

( Dit I'Osiris N : je suis Khepra

:

qui

se

- Xaibit - KamaAstral - Tet - Linga Jiva. 60 Force vitale - Hati - Rupa. Xu 7o Corps plastique 4o Ame animale

donne la forme ds la sortie du sein de sa mre; tant un chien-loup pour ceux qui

sont dans I'Abme cleste, et un Phnix pour ceux qui sont parmi les divins chefs. En tous lieux, je peux runir mes charmes

magiques. L'homme

qui circule

dans

I'Abme cleste y circule plus vite que ne le feraient des lvriers; il y court plus rapidement que la lumire elle-mme. < Amenant vigoureusement ta barque. tu la diriges en pleine eau. et tu navigues dans le bassin de feu de la divine Rgion infrieure. Je peux runir mes charmesl16

C'est la magie qui procde la sauvegarde de l'me dsincarne. C'est la magie qui sauve le corps embaum de la corruption. C'est la magie qui empche la profanation des tombeaux.

Les grands initis se runissent autour de la momie. procdent leurs purifications. lancent leurs anathmes, pandent parfums et poisons. fluides et courants

Le mort est habill comme Osiris. affubl de Ia barbiche comme celle d'Osiris. on applique sur les lvres et sur les yeux de la momie. de la statue ou de I'image,selon le rite et la crmonie. le cur. la jambe gauche antrieure du buf immol. puis on renouvelle cet acte avec I'herminette d'Anubis et avec l'Ourit. le serpent

protecteurs. posent les amulettes.

de la couronne royale. Le prtre transporte l'me du dfunt dans la statue ou I'image. Le mort revivait alors et on lui offrait des fruits. des parfums. et I'on peignait son visage de fards. Autour de lui. on dposait les talismans d'Osiris : l'il. le ,-'rpent. le scarabe. etc. Sur le ventre. ia plaque d'or orne de l'il

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d'or du tombeau de Tout-Ankh-Amon laissaient voir lastatue

transcendantal. Les quatre chapelles

=-t=-;-S\-.L'AUTEL DEs sAcRIFIcES

- - Dans la quatrime chapelle on lisait : < Ton me est au ciel avec le Soleil. Ton corps est sur terre avec Osiris. Ton me se pose sur ton corPs chaque jour' > Statuettes magiques, jeux de dames, Livre des Morts, Chants d'Amour. I'entourent. Le mort s'embarque sur la nef,sommet de la montagne. ll peut enfin rpter avec le Pharaon Tti ler : Le Roi Tti n'est pas mort de mort. II est devenu un des Glorieux

Aubrey Herbert. mourait bientt mystrieusement. Philip Po. autre visiteur,souffrait de la maiadie dont lord Carnarvon tait mort. Un autre, Wolf Jo1, mourait aussi un peu plus tard. A la fin de 1923, I'archologue Archibald Douglas mourut

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en examinant la momie de Tout-AnkhAmon. Une srie d'accidents mortels

le porte alors au

son me-oiseau entre les bras, il arrive au lac des Lys, invoque R. La vache Hathor

l'horizon.

en 4 000 avant J.-C.. dont l'dification

marqua ensuite le dfiI des curieux; dont le secrtaire de Howard Carter. Richard Bethell. Aucun mdecin ne put expliquer la cause des dcs. Le pre de Richard Bethell se jeta par la fentre aprs avoir crit : Il m'est impossible de supporter plus longtemps ces horreurs. Nous ddions cette histoire dramatique ceux qui doutent de la magie. La Grande Pyramide. celle du roi Koufou, ou Chops. de la Quatrime Dynastie,

On se rappelle les circonstances dramatiques de I'ouverture, en 1922, de la tombe royale de Tout-Ankh-Amon. Lorsqu'en 1922 l'archologue anglais lord Carnarvon dcouvrit dans la Valle

dura trente ans et qui demanda les efforts surhumains de cent mille hommes. n'taitelle, comme les deux autres pyramides gantes du roi Kafra ou Khephren, et du

roi

Menkereh.

ou

Mycerinus, qu'une

tombe royale? L'examen de son orientation, ses dimensions, les rapports des angles et des volumes, la composition etchiffres, des lettres. des grandeurs, aboutissent des observations stupfiantes qui

des Rois. I'entre d'une extraordinaire spulture royale, il ne se doutait pas des vnements qui allaient se drouler. llI l8

la

disposition intrieure,

le relev des

dnotent d'une part. une science immense,

et d'autre part une utilisation de cetted'orientation et d'observation cleste. tremplin vers les plantes. cache-t-elle enson ddale prodigieux et obscur le temple des transformations. des dsincarnations. des hros ressuscits, des spectres? Tout porte le croire. C'est dans ces souterrains obscurs que se pratiquaient les initiations prilleuses, difficiles. aussi bien que les oprations de funrailles pour le passage vers I'au-del, sous le signe des transforscience des fins magiques. La pyramide. signe godsique. point

des Rose-Croix... Le secret nerdu des Cathdrales oflre beaucoup d'analogies avec les mystres inexpliqus des pyramides, des sphinx, des oblisques solaires.

LES ROIS MAGESDans le Lrvnr pss Pnopsrus (Jnr'rrs. Chapitre XXXIX), on cite dans la suite du roi de Babylone, lors de la prise de Jrusalem,

le Roi Mag, le Grand

Mage

mations d'Osiris. Le Livre des Mortsdonne la formule grave sur les scarabes de pierre placs sur le cur des momies : A prononc'er sur Ie scarabe de pierre dure qui doit tre revtu d'or et dpos Ia place du ceur du dfunt. Fais-en un phvlactre oint d'huile. et dis magiquement sur cet objet : Mon cur

C'est en Mdie, au Sud de la mer Caspienne, que vivait Hagmatana (Hamadan) que les Grecs appelaient < Ecbatane - des - Mages ), une tribu de mages de caste sacerdotale. Ils interprtaient les songes, les astres, les sacrificeset pratiquaient les rites. Ils taient vtus de blanc. ils vivaient au milieu des fantmes.

Nergal Seretser.

et ma Mre. Mon cur est dans mesTransformations. >> (Louis Chochod.) Pyramide secrte. presque muette, et toute imprgne de symboles, de signes, d'appels I'au-del, de tables de sacrifices

et d'oprations magiques!C'est qu'en magie joue une grande loi,et bientt rgne I'ignorance. La divulgation du Secret, alors, comporte des consquences mortelles. Et bientt. le secret dfinitif recouvre de sa chape de plomb les causes. les phnomnes. les pratiques. les formules. Ce fut le -cas pour les magiciens haut initis d'Egypte. Ce sera le cas des Templiers sotristes. des Cathares et des Albiseois.

Les mages de Chalde furent les plus rputs. En contact frquent avec Isra1, notamment lors de la captivit de Babylone, c'est vraisemblablement par souvenir de cette captivit qu'arrivrent les Trois

Que de sujets nous avons perdus!

la Tradition s'gare

celle du Secret. Quand elle est transgresse.

Rois Mages Bethlem. Des Mages d'Orient arrivrent Jrusalem et dirent : . Puis s'assurrent qu'ainsi tenue, la corde pouvait supporter le poids d'un homme. Deux d'entre eux firent ensuite du feu sacr I'aide d'un btonnet de bois dur roui entre les mains et tournant dans un trou fait dans un morceau de bois tendu. Quand le bois tendu fut allum, ils soufflrent dessus pour provoquer la flamme. Pendant ce temps, le troisime tait all prendre, dans les paquetages attachs en croupe des chameaux. trois torches de rsine qu'ils avaient apportes pour carter les animaux sauvages de leurscampements nocturnes. Les torches furent successivement approches du bois enflamm et s'enflammrent elles-mmes du feu sacr. Chaque mage, tenant sa torche

qu'ils tiennent ferme la corde et remonta. En voyant le bijou qui ornait la poitrine de leur chei les deux mages s'inclinrent devant lui. Ils devinrent qu'il venait de subir une nouvelle conscration. Il leur dit ce qu'il avait vu, leur parla de ia porte de bronze. lls pensrent qu'il devait y avoir l un mystre. lls dlibrrent ct rsolurent d'aller ensemble la dcouverte.

d'une main, se laissa glisser le long de la corde jusqu'au fond du puits. Une fois l, ils s'enfoncrent sous la conduite de leur chef dans le couloir menant la porte de bronze. Arrivs devant celle-ci, le vieux Mage I'examina attentivement la lueur de sa torche. Il constata, dans le miiieu. I'existence d'un ornement en relief ayant la forme

tait un cercle compos de points au nombre de vingt-deux. Le Mage s'absorba dans une mditation profonde, puis il pronona le mot< Mal Kuth >, et soudain la porte s'ouvrit.

d'une couronne royale, autour de laquelle

Ils placrent une extrmit de la corde

Les explorateurs se trouvrent alors devant un escalier qui s'enfonait dans le sol; ils s'yengagrent. toujours la torcheQuand ils en eurent descendu trois, ils rencontrrent un palier triangulaire. sur

faite de trois ceintures sur une pierre plate existant auprs du puits et surlaquelle on lisait encore le mot < Jachin >. 122

la main, en comptant les marches.

BALAAM, LA RErNE DE sABAr ET sALoMoN (CHARTRES)

le ct gauche duquel commenait un nouvel escalier. Ils s'engagrent danscelui-ci. et aprs cinq marches trouvrent

un nouveau palier de mme forme etmmes dimensions. Cette fois. I'escaiier

Successivement. les explorateurs frangalement dissimules et passrent dans de nouvelles cryptes. Sur I'une de ces portes. il y avait une

chirent cinq autres portes

continuait du ct droit et se composait

Ayant franchi un troisime palier. ils descendirent neuf marches et se trouvrent devant une deuxirne porte debronze.

de sept marches.

une Courbe molle et gracieuse. une Rgle, un Rouleau de la Loi, un (Eil,enfin. une Couronne royale. Les mots prononcs furent successivement : < Hod >. < Tiphereth >, < Chesed >, < Geborah >, < Chochmah >, < Binah )). et ( Kether >. Quand ils entrrent dans la neuvime

Lune resplendissante. une Tte de lion,

Le vieux Mage I'examina comme la et constata I'existence d'un autre ornement en relief reprsentantprcdente

une pierre d'angle, entoure aussi d'un cercle de vingt-deux points. ll pronona Ie mot < Isod >. La porte s'ouvrit son tour. Les Mages entrrent dans une vaste salle vote et circulaire. dont la paroi tait orne de neuf fortes nervures partant du sol et se rencontrant en un point central du sommet. lls I'examinrent la lueur de leurs torches. en firent le tour pour voir s'il n'y avait pas d'autres issues que celle par laquelle ils taient entrs. Ils n'en trouvrent point et songrent se retirer. Mais leur Chef revint sur ses pas. examina les nervures les unes aprs les autres. chercha un point de repre. compta les nervures et soudain il appela. Dans un coin obscur il avait dcouvert une nouvelle porte de bronze. Celle-l portait comme symbole un Soleil rayonnant. toujours inscrit dans un cercle de vingtdeux points. Le Chef des Mages ayant prononc le mot < Netzah >, elle s'ouvritencore et donna accs dans une deuximesalle.| 1A

vote, les mages s'arrtrent surpris, blouis. effrays. Celle-l n'tait point plonge dans I'obscurit. Elle tait aucontraire brillamment claire. Dans le milieu taient placs trois lampadaires d'une hauteur de onze coudes, ayant trois branches. Ces lampes, qui brlaient depuis des sicles et la destruction du royaume de Juda. le rasement de Jrusalem et l'croulement du Temple, n'avaient pas amen leur extinction, brillaient d'un vif clat. illuminaient d'une lumire la fois douce et intense tous les recoins, tous les dtails de la merveilleuse architecture de cette vote sans pareille taille dans le roc vif. Les plerins teignirent leurs torches dont ils n'avaient plus besoin, les dposrent prs de la porte, trent leurs chaussures et rajustrent leurs coiffures comme en un lieu saint. puis ils s'avancrent en s'inclinant neuf fois vers lesgigantesques Iampadaires. A la base du triangle form par ceux-ci tait dress un autel de marbre blanc cubique, de deux coudes de haut. Sur

tLa

la face regardant le sommet du triangle taient reprsents en or les outils demaonnerie : la rgle. le compas. l'querre.

la pierre d'agate. La pierre fut placepar Enoch. le premier de tous les Initis. mais survit dans tous ses fils spirituels. noch vcut longtemps avant Salomon. avant mme le diuge. On ne sait quelle poque furent bties les huit premiresvotes et celle-ci creuse dans le roc vif. Cependant. les nouveaux Grands Initis dtournrent leur attention de I'autel

I'lniti Initiant. qui ne mourut

point

latrale gauche. on voyait les figures gomtriques : le triangle. le carr. i'toile cinq branches. le cube. Sur la face latrale droite. on lisait les nombres 27, 125, 343, 739, 1331. Enfin. sur la face de derrire tait reprsent I'acacia symbolique. Sur cet autel tait pose une pierre d'agate de trois paimes de ct: au-dessus. on lisait. crit en iettres d'or : Les deux magcs disciples s'inclinrent. adorrent le nom tle Dieu. Maisleur Chef. relevant au contraire Ia tte. leur dit : < Il est {enrps pour nous de recevoir le dernier enseignement qui fera de nous des Initis parfaits. Ce nom n'est qu'un vain symbole qui n'exprime pas rellement I'ide de la Conception Suprme. > Il prit alors deux mains la pierre d'agate, se retourna vers ses disciples en leur disant : < Regardez, la Conception Suprme. la voil! Vous tes au centre de I'Ide. > Les disciples pelrent les lettres lod. H, Vau. H. et ouvrirent la bouche pour prononcer le mot. mais il leur cria : < Silence! C'est le mot ineffable qui ne doit sortir d'aucune ir:"i-e. > Il reposa ensuite pierre d'agate sur I'autel. prit sur sa poitrine le bijou du Matre Hiram et leur montra que les mmes signes s'y trouvaient grlvs. < Apprenez maintenant, leur dit-il. que ce n'est pas Salomon qui fit creuser cette vote hypoge, ni construire les huit qui la prcdent, pas plus qu'il n'y cacha

le niveau. la truelle. le maillet. Sur la lace

et de la pierre d'agate, regardrent

le

ciel de la Salle qui se perdait une hauteur

lrent leur Matre et lui dirent : porte, il - Ouvre-nous encore cette doit y avoir un nouveau mystre derrire. point - Non, leur rpondit-il. il ne faut ouvrir cette porte. Il y a l un mystre, mais c'est un mystre terrible. un mystre

Ils arrivrent ainsi devant une porte, soigneusement dissimule. et sur laquelle le symbole tait un vase bris. Ils appe-

prodigieuse. parcoururent la vaste nef otr leurs voix veillaient des chos rpts.

de mort.

lls se mirent alors pronncer tous les mots qu'ils avaient entendusl de la bouche

Oh! tu veux nous cacher quelque le rserver pour to!; mais nous v,rulons tout savoir, nou$ i'ouvrirons n.'.:s-mmes, cette porte! i

chose.

dc leur Maitre. Puis comine ces motsne produisaient aucun effet. fls dirent tous ceux qui leur passrent paf I'esprit. Ils allaient renoncer. quand 1'{n d'eux pronona pouvons cfpendant pas - Nous ne continuer l'inJini! Sur ces mots : < Eu Sot'h >. la porte s'ouvrit avec violence. les I deux imprudents t'urent renverss sur 16 sol. un vent

:

I

|

I

II

II

t

r

r{-J

I

iI I

I

furieux souffia dans la vote, les lampesmagiques en furent teintes.

en

descendant. reprsentent aussi

les

Le Matre se prcipita sur la

votes ou arches de I'escalier. La dernire

porte.

s'y arc-bouta, appela ses disciples 1'aide. Ils accoururent sa voix, s'arc-boutrent avec lui. et ieurs efforts runis parvinrent en-n refermer la porte. Mais les lumires ne se rallumrent point. Les Mages furent piongs dans ies tnbres les plus profondes. Ils se rallirent la voix de leur Matre. Celui-ci

du Tempie en ruines. Ils roulrent de nouveau le ft de colonne sans y voir le mot , ils dtachrent leursceintures. s'en envelopprent, se ment

correspond au nombre onze, celle d'oir a souffi le vent du dsastre, c'est le ciel infini avec des luminaires hors de notre porte qui ie peuplent. > Les Trois Initis regagnrent I'enceinte

ieur

dit

:

Il tait crit que vous corrmettriez cette imprudence. Nous voici en grand danger de prir dans ces lieuxcependant d'en sortir, de traverser les huit votes et d'arriver au puits par lequelnous sommes descendus. Nous allons nous prendre par la main. nous marcherons jusqu' ce que nous rencontrions la porte souterrains ignors des hommes. Essayons

prvoir.

Hlas

!

cet vnement terrible tait

en selle. Puis. sans changer une paroie, plongs dans une prolbnde mditation

leurs chameaux. dans Ia direction de BabYlone' Jules Boucsrn.

sous ie ciei toil, au milieu du siience nocturne. ils s'loignrent, au pas lent de

tion avec la visite des archologuesmodernes au sein de la Grande Pyramide L'on se doute de leur stupeur quand ils pntrrent dans les chambres les plus profondes, oir, selon Jamblique, les mystagogues se runissaient pour faire

Cette lgende n'a-t-elle pas eu sa rdi-

de sortie. Nous recommencerons dans toutes les salles jusqu' ce que nous soyons arrivs au pied de I'escaiier de vingt-quatre marches. Esprons que nous

d'gypte?

y

parviendrons.

Ils arrivrent au pied de I'escaiier de vingt-quatre marches. Ils le gravirent en comptant 9,7, 5 et 3 et se retrouvrent au fond du puits. Il tait minuit, les toiies brillaient au firmament. La corde des ceintures pendait encore. Avant de laisser remonter ses Compagnons, le Matre leur montra ie cercle dcoup dans le ciel par la bouche du puits et leur dit : < Les dix cercies que nous avons vus

Ainsi firent-ils. Ils passrent des heures d'angoisse, mais ils ne dsesprrent point.

preuves avant de leur rvler hermtique.

subir aux candidats I'initiation les le dogme

MAINTENANCE DU PASSEBien des pratiques magiques continuatrices des usages rituels de I'Antiquit, pendant des sicles se sont perptues : c'est la consultation des morts sur les tombeaux des saints, I'eau bnite, les images et objets consacrs qui font office de talismans; ies reliques qui ont Ies

-

tzo

effets des charmes. Dans des fontaines sacres on jette des offrandes ou des pingles. Rites et superstitions de maintenance magique.

C'est que le monde occidental reste rempii d'habitudes hrites du plus Iointain pass: les trennes (les prsents des Saturaales, rapports par Hadrian); le carnaval (ftes des lupercales. mentionnes par Plutarque. Ovide); t'habitude de souhaiter bonheur ceux oui ternuent (dont Tibre et Pline eardent le secret); le tintemenr d'oreilis oui annonce que quelo:'un parle de vous (Marc Aurle y fait allusion); Ia bche de Nol (le tison, trfoir ou tiron de Nol; lgende d'Althe); les feux de la Saint-Jean (du Solstice d't): clouer sur une porte une peau de bte sauvage (le < rostrum lupi > de Pline, qui conjure les malfices); le malfice d'une salire renverse (sabbat), etc... Au vlrre sicle, le Concile de Leptines. en Hainaut, fit le relev de tous les usages restant de l'poque du paganisme er dont il dnona la superstition. Le pape Grgoire III interdit les ftes magiques en I'honneur de Jupiter, de Belus et de Janus. Il y vit d;

- Je suis le revenant. l'me d'un mort qui n'a pas reu de spulture. A lademande

de I'Antiquit. Evode a crit saint Augustin pour lui signaler des morts qui vont et viennent l'glise pour y prier : Ia lgende raconte que saint Germain d'Auxerre. vque. rencontra un jour un spectre : - Au nom de Jsus-Christ, qui es-tu?

des morts arrivant de I'au-del. souvenir

l'vque

le conduisit prs d'un amas de dcombres sous lesquels gisaient des ossements, que

du prlat. le

specrre

fit

enterrer dcemment,

paenne au Mo.ven Age. Toutes les vieilles superstif.ions avaient pris un dguisement nouveau, mais leurs traits n'avaient pas chang. Les fes. les druidesses sont les

spectre ne rapparut plus. Alfred Maury crit : On peut donc le dire hardiment, I'Europe tait moiti

et

le

anciens gnies. Les elfes d'lrlande. les Trolls ou Kobolds d'Allemagne ,les ondins, les gnomes, sont les gnies infrieurs

dnonait pareilles croyances. Il fltrissait aussi I'Astrologie. Ceux qui payrentI'accusation par I'Eglise des maintenances

d'autrefois. En 1389, en Sorbonne, Cerson

glquef.int ces actes d'idoltrie etftichisme.

t;.,-;ir::" Ce Charlemagne dnoncrent nerde

d'Esprits d'autrefois. ceux de la leionincubes

Il fallut

rcuser ies revenants.

oui sont

Albigeois, les Vaudois, les Cathares.Templiers.

de Satan. ce- furent les malheureux brls pour hrsie, lessuccubesles

et

des

127

LES GRANDS il,IAITRES DE

LA,,

JEUNESSE

ALBERT LE GRAND.

( DOCTOR UNMRSALIS

quenta Dante. oir I'on pratiquaitsciences divinatoires.

considrait aussi comme un matre en magie. tait maitre Albert. Il a laiss son nom Paris place < Maubert > dans les bas quartiers universitaires que frles

Un des plus grands penseurs. que l'on

cesse les commentateurs arabes.

il avait connu Aristote. Iljuif

par qui admirait

l'uvre d'Avicenne. d'Averros

et

du

Albert le Grand tait issu de la grande lamille noble des comtes de Bollestaadt. Il tait n en Souabe. Lauingen. en I 193. Il fit ses tudes Paris et Padoue. ou il prit la Rgle Dominicain en 1221. Il enseignait Ia philosophie. les mathmatiques. la mdecine. A Bologne. il se consacra la thologie. En 1229 il tait professeur de philosophie Fribourg. puis Cologne. et revint enseigner Paris. o il connut un succs retentissant. ll le quitta pour devenir vque de Ratisbonne. avant de se retirer dfinitivement. en pleine notorit. Cologne. Ce grand moine allemand possdait un extraordinaire talent d'orateur et une incomparable rudition comme professeur. Thomas d'Aquin s'enorgueillit de l'avoir eu pour matre. ll a laiss plus de vingt volumes de Critique. de logique.

Maimonide. Avicenne. grand philosophe et mdecin arabe du dbut du xre sicle. Ibn Sin, de son vrai nom. tait considr comme un gnie extraordinaire. Il avait crit soixante-dix ouvrages. dont son clbre Canon sur la mdecine. On le disait

livrant aux travaux de transmutation. La philosophie de son Ach-ChaJ tait remplie d'intelligence et de sduction. llcommenta puissamment Aristote. Un autre philosophe arabe, Averros de Cordoue. proclamait aussi les rgles d'Aristote. Il crivait : La religion particulire aux philosophes est d'tudier ce qui est. Il enseigna Cordoue et Sville au xrre sicle. Sa thse sur la fatalit des

pripatticien. alchimiste convaincu.

se

lcs animaux. les plante s. tait clbre. On sarait qu'il ar lit tudi les sciences arabes. qu'il lisait l'arabL- ciue. comme philosophc'ct thologicn. il citait sansr28

dc mystiquc'. Son ouvrage sur la physique.

sciences dites profanes. d'oir la prdilection des tudiants pour son uvre. ll tait matre en astrologie et. dit-on, en alchimie. Dans son commentaire de l'vangile de saint Matthieu. il a crit

le rendit clbre. Le moine dominicain Albert. nourri aux sources bibliques juives et arabes. se passionnait pour la Nature et lesdestines

que les rois mages taient des philosophes experts en magie et cn astrologie. Son

livre Du Ciel et des Mondes tait de hautenotorit. Non seulement il ralisait l'unit de la science grecque, latine, arabe, juive. dans la chrtient. mais il tentait de rap-

procher philosophies

et religions. Ses

expriences personnelles ponctuaient ses dmonstrations vibrantes. Il pensait que les choses et les phnomnes ont ieur valeur propre.

Albert le Grand proclamait que rien ne vaut l'exprience personnelle et quele plus bel objet est la recherche des causes, des phnomnes naturels. ll fut le plus grand botaniste, anima-

pas bti un automate qui marchait et qui parlait, que Thomas d'Aquin, effray, dmolit, le jugeant diabolique? Et pourquoi ne pas dire que les accusateurs lui reprochaient certain commerce avec les puissances dmoniaques? Ne parlait-on pas d'un pacre dibolique? Qui donc ignorait le Petit Albert et le Grand Albert. qui sans doute tort lui sont attribus? Leur mille recettesmystrieuses, extravagantes, pittoresques?

nous le prenons avec beaucoup de-rserve de la magie. de - jugea quelque peu la ncromancie. On le magicien. N'avait-il

Il alla

plus loin, traita, dit-on

mais

liste et minralogiste d'Occident.

d'abondantes descriptions

de

Il faisait

poissons.

Les sciences magiques ne s'appelaientelles pas les Sciences Albertiennes, dsormais?

d'oiseaux des forts allemandes. Mystique chrtien. il crivit I'apologie de Marie. Selon Ulric de Strasbourg, son lve, il fut la nterveille et Ia stupeur du

et fervent

On retenait de ce matre prodigieusement fcond et novateur, sa mthode des libres investigations personnelles, toutes preuves permises. On lisait ses pages sur le pouvoir occulte rpandu dans la nature et les forces magiques. On s'attendrissait lire que les murs des anguilles prouvent le mystre de la Trinit. que le flair des chiens et la vision aigu des faucons, procdent du fluide universel. Frre Albert (le plus curieux des hommes, comme l'crira Bayle), bien que suspect, mais respect pour sa science prodigieuse, mourut saintement, Cologne, en 1280 et sera batifi au xvrrc sicle.Tout jeune tudiant s'amusait explorer du Petit Albert et du Grand Albert, otr I'on avait cach des vrits

sicle.

la

Certains chroniqueurs prtendent quedcouverte de I'Amrique

fut

provo-

que par les thories du Docteur Universel, car ses crits avaient t particulirement

tudis et appris par Christophe Colomb, ainsi que les savants de Ferdinand et

Albert le Grand se dresse en effet au carrefour de toutes les routes du Moyen Age. De mme qu'il rvla laet les secrets d'Aristote, exposa [a science des Arabes et celle des rabbins. Son esprit tait ouvert aux thses les plus audacieuses. Ses ides

d'lsabelle.

il

pense profonde

les secrets

et l'tre, passionnaient les docteurs du Moyen Age. Il joignait la mtaphysique tousses enseisnements.

subtiles sur la matire et la forme, I'essence

qu'il fallait dchiffrer. Seuls les initisratoire. Ces recettes et remarques. dans

pouvaient les comprendre. Ces formules prouvaient certes I'exprience du labo-

t29

I'argot scientifique en usage entre savants, avaient besoin d'explications, leur sens profond demeurait cach. En premier lieu, se placer; pour oprer, sous des piantes favorables; choisir une heure particulire: choisir un jour propice -de la lune, le deuxime jour des mois d'Eve par exemple; Ie sixime jour (d'Ebron); le dixime (de I'Arche), le quatorzime (de No); le vingtime (de Jonas); le vingt-troisime (de Benjamin); le trentime jour de lune est aussi trs

Explication des signes du Zodiaque, influence totale des plantes. Pouvoir singulier aussi. de I'homme sur ses semblables, de I'homme sur lui-mme. :nnd on veut se rendre sqvant ef agrable. onmange unrossignol. L'auteur invoquait avec

favorable.

raison Avicenne, l'Arabe, qui dmontra les sortilges et enchantements qu'unhomme averti peut dclencher. Ces recettes

de vie, de bonheur, de sant, de richesse,abondaient en merveilles et en oprations

surnaturelles. Parfois

le mot de

ntagie

illuminer une maison; pour empcher quelqu'un de dormir; faire passer unSAINT BASILE ET LE DMON

apparaissait. Comment rendre une femme strile, comment susciter des apparitions, faire paratre des serpents, des spectres,

homme dans le feu sans se brler: comment se faire aimer; s'assurer la fidlit de sa femme; susciter des songes; nouer I'aiguillette d'un adversaire, etc. Le jeune Faust s'tonnait de lire dans

le Petit Albert une sorte d'oraison magique invoquant Abraham et Sarah, mais se terminant par I'appel Balideth, Assaibi, et Abumalith ! Les vertus des herbes, des pierres, desr30

retenir tant de secrets, pour les exprimenter son tour. Comment agissent Ia sauge, la pervenche. I'hliotrope. la verveine et Ia rose; comment influent le corail. I'agate, l'meraude. I'amthyste. le saphir. etc. Le sang de bouc fait mourir; le sang de chameau rend fou; manger Ie cur de I'anguille fait dire des prdictions; le corbeau. le milan. Ia tourterelle, la taupe, entranent des effets surprenants. Les plumes d'un merle dans une maison, empchent tous ses habitants de dormir. La fiente de loup. la fiente de vache, la fiente de brebis. ont aussi des vertus curatives admirables. La fiente des petits Izards fait disparatre les rides du visage des vieilles femmes et rend leur peau blanche. La salive d'un homme jeun tue les serpents. supprime une tumeur.

peaux et organes des animaux. passionnaient tout jeune lve qui s'appliquait

gurit les furoncles. salive pour rendre la vue aux aveugles? Pour faire voir le diable une personneen

Le Christ ne se servait-il pas de sa'

en dormant. prenez Ie sang d'une huppe et

qu'on lui

nera que tous les diables seront qutour d'elle. L'illustre moine Albert le Grand. rput sorcier. dut se dmettre en 1263 de son

frotte le visage; elle s'imagi-

vch de Ratisbonne.SAINTE MARGUERITE S'HABILLA

EN

HOMME

(

ROGER BACON DOCTOR ADMIRABILIS

)

dits. accordaient un grand prestige

Les esprits avancs. avides de notions nouvelles. de dcouvertes. d'aperus inau

l3l

moine anglais Roger Bacon, dont

le

jugement positif. largement non conforaux intellectuels.

miste, plaisait vivement aux tudiants du xlve sicle. comme aux chercheurs et

On lui devait I'invention vite populaire des lunettes. qui chevauchaient dsormais le nez des myopes, de la plupart des savants et qui rendaient grce au Docteur

Admirable. Sa science semblait universelle. car il tait la fois vers en mathmatiques, en physique, en chimie - il pratiquait I'alchimie et on lui attribuaitaussi la science des poudres. si utile la guerre et I'astronomie, comme la

mdecine.

On remarquait qu'il tait venu se

perfectionner dans toutes ces sciences Paris, vers 1250, et qu'il y prit le titre de]iil

docteur

en

thologie. Son sjour

est

ti

il

't 'i:!

1l

SAINT GEORGES CONJURA LE DRACON

que le calendrier Julien tait faux sur l'anne solaire, et I'on rectifia plus tard. Avec ses lentilles, il allumait son foyer. Son Breve Brevqrium de Domo traite du travail du soufre, du mercure, de l'arsenic, selon les principes de Geber, et donne pour base des lments : soufre principe actif, mercure passif, arsenic agent de transformation et fusion. L'arsenic blanc de la limaille de fer est transparent comme du cristaf. Quant au Verbum Abbreviatum de Leone Viridi. c'est le trait des actates et de certaine liqueur rouge qu'on en tire. Les ptres du Tractatus Trium Verborum. ddies Jean de Paris. dgagent

rest fameux au couvent des Cordeliers, Il est probable que c'est l qu'i[ se rendit expert au four et au creuset et, peut-tre, qu'il trouva la Pierre Philosophale. C'est l qu'il rpta, aux Parisiens stupfaits.

r32

I'eau. I'air. le feu de la matire, caput mortuum. Ie substratum essentiel restant dans la cornue.

Le moine anglais contait ses exp-

riences

;

placez une lampe

huile

sous

un globe de verre. elle s'teint par manque

rable sur l'volution de la oense des lves venir. c'esr la certltude avec laquelle il faut rejeter les thses phiiosophiques et les positions mtaphysiques Etait-ce Paris, chez les cordeliers. que le docteur en thologie Bacon avait puis cette ardeur dnoncer la philosophie de son temps? La plupart de sestraits explosent de son dgot des rgles scolastiques. Il y dmontre que pour le raisonnement, il faut abandonner rigoureusement la mthode fonde sur I'autorit tablie. Il critique les usages dans la gnralement admises.

d'air. Mais la science primordiale qu'il dveIoppait, qui aura une influence consid-

des plus grands thmes de discussion au

I'essence la plus intime de l'tre. I'ide de I'auteur de la Cration. Il repousse aussi Ie problme de I'individuation. v

dduction logique de ses contemporains, repoussant aussi bien les nominolistes que fes ralistes et les partisans. derrire Aristote, de la sparation de la forme, oppose Ia matire, bases de la philosophie scolastique. la forme constituant

t

Moyen Age, sur l'nigme irrsolue. de Ia diffrenciation des individus au sein d'une mme espce, I'espce humaine, et de la gnralit de ses lois. La matire pure conditionnait-elle les carts incroyables de [a valeur des individus. comme certains I'alirmaient. ou

LA SATNTE APAISA LE

DEMON

133

au contraire de la forme. !'ide de Platon.

est-elleI'univers

la?

cause

de tous les tres

de

Il devait mourir en 1294, en disant amrement : Je me repens de m'tre donn tant de mal pour dtruire I'ignorance.

Le matre Bacon invoquait la mthode exprimentale : strilit de ces querelles mtaphysiques, oir Aristote et Platon sont discuts par saint Thomas et revendiqus par d'autres! Des mots. des mots! Il dniait mme toute valeur la thorie des espces. celle des images. sourcedisait-on de la perception et de la connaissance du corps. Rien retenir chez Thomas Johanns Faust. Paracelse et Agrippa dvoraient son Miroir de l'Alchimie, son

d'Aquin

!

De arte Experimentali et s'imprgnaient

La connaissance, disait-il, rsultait de I'impression directe sur I'esprit. Sonmait le droit de I'Art, Admirable pouvoir et puissance de l'Art, et I'auteur exposait comment traiter la matire et avancer dans le travail de I'exprience, de la transmutation, de I'Alchimie, le Grand Art.Ces traits, ces opinions, ces recherches

de leurs affirmations sur I'ignorance contemporaine. sur la grandeur des recherches scientifiques dues I'exprience personnelle, toutes tentatives restant permises,

Opus Majus dnonait l'ignorance admise et vantait la science. la nature, il procla-

et ils retenaient enfin, le bien-fond de pareilles mthodes, en juger par lafureur des moines.

Ils

si personnelles, firent la n du xrue sicle

de-l'humanit.

Le

apprenaient essentiellement

non-conformisme

est

le rejet

:

de la scolastique. L'incapacit des matres. La fabrication de I'or. i'itLes Croiss I'appelaient le Vieux de la montagne. chef d'une secte ismalienne dite des < Assassins D (que I'on traduit tantt par les < gardiens de la Lumire >,

des hermtistes,

des

Si les rois catholiques. peu peu. chassaient les Arabes d'Espagne, lesraient, leurs enseignements. La clbre cole de Tolde contenait d'minents rudits. Gerhard de Crmone la fin du xlle sicle, frt traduire les bibliothques contenant Aristote. Platon. Les Espagnols rpandirent ces trsors de la culture. La magie faisait un bond en avant. Mais. somme toute. Mahomet n'tait-il pas la crature du Dmon? ternelle question pose par la Chrtient. Alors. aux jeunes tudiants, on racontait la pittoresque histoire que les courriers arabes avaient apprise: lorsque I'ange vint visiter Mahomet, le prophte eut des doutes et se demanda si ce messager cleste n'tait pas diabolique. Il dcida de l'prouver : pour cela. il fit dshabiller sa femme et pria I'ange d'en faire autant.grandes coles mahomtanes dcouvertes apportaient aux chrtiens qui y accou-

alchimistes, ouvraient larges les voies d'un monde illumin par la magie. oi.r Johanns Faust, Paracelse et Agrippa plongeaient avec dlices.

tantt par les < mangeurs de haschich >). Cette secte mystrieuse. o rgnait une discipline cruelle. entretenait. d'une part. des philosophes nourris de magie et d'sotrisme et d'autre part. une quipe d'excuteurs, de tueurs.qui descendaient soudain de la montagne au commandement du Chef et accomplissaient aveuglment leur mission. Les Croiss eurent souvent affaire eux. Ce chef redoutable et redout se nommait Nassan Sabbah. le cheik el Djebel. Il naquit en Perse, d'un ngociant en bois de la ville de Re. fit ses tudes I'Universit de Nichapour. C'est l qu'il connut deux camarades. Abou-AliHassan et Qhiyath-ed-Din, surnomm Omar-el-Khayyam. le < dresseur de tentes ). Les trois amis. la fin de leurs tudes. firent un pacte : Celui d'entre nous qui atteindra la gloire ou la fortune devra partager galit avec les deux autres. Abou-Ali-Hassan devint grand vizir sous le titre de Nizan-el-Moulk. la < lumire du royaume >. Observant le

t4l

vers et composer ses clbres crits Rubbqvat. Hassan prit une haute charge. Mais il jalousa Abou-Ali. s'estimant un rang trs infrieur. Les conflitssauva sa vie en sautant par une fentre et en prenant la fuite.

pacte, il fit venir ses deux camarades. Omar-el-Khayyam se contenta d'une place modeste o il pouvait crire. faire des

ll

traversa la Perse avec eux. formant

adeptes

besoin de leur .foi, disait-il ; qu'ils soient entre mes mains comme le cadavre entre

un

dvouement

total : J'ai

ses

naquirent.Revenu

Il

sud de la Caspienne, aux environs de Roudbar. au sommet du piton dsolo se dresse le chteau d'AIamont (< l'enseignement des aigles >), et en septembre 1090. il devint matre de la forteresse. C'est du chteau d'Alamont que dsormais rayonnerait toute I'action d'HassanSabbah et de ses disciples. par I'envoi dans la plaine de mystrieux missaires. De nombreux attentats marqurent cette action : vizirs poignards, hauts dignitaires trouvs trangls. personnages empoisonns sur I'ordre du cruel Cheik-el-

les mains du laveur des morts. ll dirigea ses pas vers les montagnes du

Re. sa ville natale. Hassan apprit par un vieil Ismalien la doctrinequi conduit dans le droit chemin. la philosophie de Ia Secte des Sept Scesecrtebayah. dont les Chefs se tenaient en gypte.

time Imam lsmaI. fils cadet

Les Ismaliens vnraient comme Sepdu

au Caire. o il fut initi au plus haut grade de la Grande Loge Ismalienne. ll consomma le haschich. de feuilles deles rveries des seigneurs, comme celle des

accdaient par degrs les initis par sept grades. ports neuf. Malade, Hassan faillit mourir. Un songe l'claira et il se rveilla guri. ll partit

laquelle

sixime lmam Chyite, et professaient une science secrte, aux pouvoirs magiques.

Djebel. Le Sultan de Bagdad

chappa

miraculeusement la mort. On rapporteque celui qui devait le tuer et le manqua, alla au supplice comme la torture. avec bonheur. Peu peu les khalifats de Bagdad. du Caire, de Cordoue mme. voyaient disparatre leurs soutiens. Hassan-Sabbah

chanvre indien. sous forme de fumes, de liqueur. de pastilles. La drogue illuminait

fellahs ou des rameurs des dahabiehs. elle excitait leur mditation. elle accroissait le courage comme le dsir et vous jetait dans les visions mystiques abolissait la souffrance en exacerbant le combattant ou le volontaire de la mort. Des complots obligrent Hassan partir. Il s'embarqua pour I'Occident. Une tempte s'leva et le navire faillit sombrer. Hassan I'apaisa. On dbarqua sur les ctes de Syrie. Les marins sauvs du dsastre ne voulurent plus le quitter.142

redoublait de puissance et devenait le matre redout des plus forts. Le nouveau sultan Sindjar I'attaqua et assigea Alamont. Une nuit. il trouva la tte de son lit un poi-enard enfonc avec un parchemin malfique. Il comprit. leva le sige. Ses ambassadeurs offrirent la paix Hassan. Les missaires furent reus au chteau d'Alamont et Hassan leur dmontra son pouvoir : de jeunes hommes vtus de blanc. coiffs et ceinturs de rouge,les Fidawis. montaient la garde d'honneur.

Sur un signe du cheik, I'un d'eux prit

son poignard et se tailla la gorge. Le fit un geste du ct du haut de la tour : un autre homme sauta et vint se tuer sur le sol de pierre. La rputation de ces Fidawis se rpandit rapidement. en mme temps que I'extraordinaire pouvoir de Hassan sur ses initis lsmaliens. On dit que le soir. il assemblait ses disciples et guerriers, qu'il leur parlait doucement de la gioire de I'Iman Ali. le gendre du Prophte. et chacun sombrait dans un irrsistible sommeii d'hypnose. tandis que l'on buvait des breuvages mystrieux o se mlait lecheiknarcotique.apparaissaient des visions enchanteresses. On se

miroirs. les cercles. les nombres et les points tracs sur le sable, les jets de des Esprits trs redouts. Ils prennent parfois la forme de monstres et d'animaux. Les musulmans distinguent deux sortes

graines, de cailloux, etc. Les Djinns sont

de magie : la magie divine. qui use de mots sacrs, de noms divins, d'anneaux et de talismans portant graves les appellations les plus religieuses : Dieu, lesanges, Salomon, les Prophtes. La seconde,

invoque les Djinns, c'est une magie dia-

Alors. durant ce sommeil,

trouvait transport dans un paradis de fleurs, de parfums et d'amour. Toutes les volupts y taient gotes dans les dlices de la table et de la passion. Aurveil, les adeptes taient plus que jamais les esclaves du matre. Hassan-Sabbah mourut dans toute sale

12 juin 1124, emportant dans la tombe beaucoup de ses secrets et de ses pratiques magiques. En 1265, les bandes mongoles s'emparrent de la forteresse. La secte des

gloire du Vieux de la Montagne,

Mahomet le Prophte a t I'objet d'un enchantement de la part de Lobaid. le Juif. qui lui enlevait forces et sant par des charmes. Dieu envoya Mahomet deux anges qui I'instruisirent en lui rvlant o se trouvaient cachs les instruments malfiques, et lui donnrent deux versets qui annihilrent les charmes. Les musulmans utilisent les coupes, les talismans, les mots mystrieux, les passes. Ce n'est un secret pour personne qu'en Espagne musulmane, Tolde est un foyer de magie. Alphonse X s'ypassionna.

bolique.

Ismaliens survcut ailleurs et donna la ligne de I'Agha Khan, Ali Khan, Karim

Khan et des princes, les

Ismaliens

L'ILLUMINTSME DANS LA FOI

modernes.

ment la magie. Comme la Bible.

Les musulmans pratiquent abondamle

Koran est leur livre magique et le formulaire des rites occultes. Tout le merveilleux qu'il contient est bas sur des prestiges. Les musulmans professent I'astrologie, utilisent pour la divination les

Le xtue sicle chrtien avait apport la certitude de ses dogmes. Le xtve sicle et le xve sicle taient secous de remous. Les progrs de I'esprit critique, dus aux apports de la mthode thomiste, qui avait intgr la foi et la science dans la croyance religieuse, accentuaient l'cart de la posit43

tion de recherche, de dcouverte, d'aventure. la fois des intellectuels, des savants. des penseurs et des philosophes aichimistes prts I'exprience, et celle des mystiques livrs la mditation.

xve sicle. une vingtaine de moines

se

promenaient dans la campagne du Palatinat en devisant gravement de thologie. Il faisait beau. Les esprits s'chauffaient dans la controverse courtoise et certainesous un tilleul en fleur. Un son mlodique prestigieux jaillissait de I'arbre.

I'initiation asctique, se dveloppaient de pair avec I'expansion scientifique etphilosophique.

L'illuminisme des grands mystiques.

ment conforme la scolastique. Soudain. les moines s'immobilisrent

L'motivit s'panchait aussi : l'esprit prouvait de grandes souffrances que traduisaient la peinture, la sculpture, otr lacruaut, le pathtisme rgnaient en matres.

C'tait un rossignol qui roulait ses trilles, roucoulait, modulait, dans un panouis-

du miracle. Les religieux. conquis,

sement et une fantaisie sensible qui tenaientse

Le problme fondamental se transportait de celui de la Rdemption salvatrice celui de la Crucifixion, du doute au dsespoir, formes infernales du pch. chemins de la perdition. Le martyre du Christ, le poignard perant le cur de sa mre, la trahison des aptres, affolaient. La mditation sans fin prit un tour d'atrocit. Une obsession de I'Enfer troublait les penses. Cette angoisse clate dans l'art de cette poque o les figures sont tourmentes. La Danse macabre, les effigies terribles des dmons et des supplices qu'ils infligent aux chrtiens, dploient un got du morbide, une passion de souffrance exacerbe. La vision de I'enfer. Les calvaires et la crucifixion, les Vierges de piti surgissent tous les carrefours. Le marteau, les clous, la couronne d'pines, Ies instruments de la Passion, menacent chaque coin de route. Le sicle y trouve un grand moi, mais aussi un rel dsarroi. La tragdie du Mal, lapuissance diabolique, reviennent sans cesse

regardaient, plongs dans le ravissement.

L'un

s'cria qu'autant de virtuosit

tenait de I'inconcevable, que sans doute, se voyait l un sortilge magique du Malin.En effet, selon lui, et tous I'approuvrent, le dmon venait ainsi dtourner de savants docteurs de leur conversation chrtienne et ces chants sducteurs cherchaient les

la mollesse d'une volupt coupable. Le pch les guettait. On se mit alors exorciser l'oiseau dangereux Adjuro te per eum... Il parat que I'oiseau surpris, rpondit I'exorciseur : Oui je suis un malin Esprit ! et il prit son vol en trillant ses rires cristallins. On ajoute que ceux qui I'entendirent, ce jour-l, trouvrent une mort subite bien regretjeter danstable.

A

I'Universit, on apprenait galement

les Sept Arts Libres : le Trivium

maire, Rhtorique,

- GramDialectique le

Quadrivium - Arithmtique, Gomtrie, Musique. Astronomie - et I'on apprenait Aristote, la connaissance de la nature devant s'tayer de solides bases philosophiques.

dans les conversations. Par une belle journe de printemps du

L'enseignement est toujours oral. Les145

SAINT woLFGANc ET LE DMoN

matres cherchant inculquer aux jeunes tudiants le dogme total, Ie Credo. qui affirme la vrit des Pres de l'$ise. La foi tremble devant I'autorit. La vie n'est qu'un passage redoutable, la vie postrieure rcompensera les forts. Les Matres usent trs largement de la frayeur, de I'angoisse, lments d'emprise considrable au Moyen Age anxieux. peine

quait pas d'apparatre, sous-jacente et terriblement inquitante, la puissancedmoniaque. puisque c'tait elle la cause du supplice du Christ et du martyre desSaints.

et dont la cruaut permanente s'appuie sur les redoutables prceptes des cri-

chapp de la grande tereur de I'An Mille

Et comment ne pas frmir aux rcits des apparitions diaboliques dont saint Antoine I'Ermite avait t victime au dsert et que l'rudit saint Athanase. Pre de l'glise. a dcrites auec un minutie effroyable? Toutes les conjurations du Moyen Age

tures. Thomas d'Aquin dtaille les chtiments, dcrit I'intervention et les apparitions des anges, celles des diables, les tourments horribles et ternels de I'Enfer

o ces derniers entranent le coupable. Les vrits sereines du xnre sicle etleurs grandes abstractions faisaient place

Un graveur flamand du xve sicle, Isaac Van Mechelen a dpeint saint Antoine soulev dans les airs par lespar leur trompe, leurs cornes, leurs griffes, leurs queues, et leurs grimacesinouies.dmons hirsutes, poilus, crochus, effrayants

tournaient autour de ce sujet. Les couvents redoutaient les apparitions.

une souffrance d'angoisse. un appel motif, qui ouvraient les mes au pathtisme. Le pathtique rsonne profondment dans le monde germanique o retentit toujous le grondement des Dieux du

s'en servait pour dominer les esprits. La Crucifixion treignait les mes. Les moines la brandissaient, menaante, sanglante, torturante. Le martyre du Christ devenait le motif de mditations renouveles, accablantes.

oubliaient, ou ddaignaient la RdFmption pour ne voir que Ia Passion. L'Eglise

Wotan. Les chrtiens des

Universits

Tous les saints avaient eu un redoutable commerce avec le Dmon : saint Dominique, saint Thomas d'Aquin, saint Bernard surtout, saint Franois d'Assise,sainte Magdeleine de Pazzi, sainte Cathe-

Le morbide religieux s'implantait. Le tragique obsdait les curs : les peintures, les statues. traduisent ce tourment. L'poque est au macabre. Les instruments de la Passion, les danses macabres, les damns sont les thmes dcoratifs habituels. Et sous cette triste cohorte. ne man-

rine de Sienne, sainte Angle de Foligno, attaqus, perscuts, barbouills dans leur cellule, fustigs, comme saint Jean de la Croix, disciple de sainte Thrse. par d'affreux diables pervers. Sainte Catherine de Sienne se dit jete au feu puis dans une rivire glace par

les diables! On riait. Ceux+i poursuivaient la nonne Anne de Saint-Barth-

lmy, coadjutrice de sainte Thrse dans les couloirs de son clotre et souffiaient sa lanterne. On riait.

La vie diabolique domine dans le MoyenAge, notent les commentateurs.

t46

Satan y est reprsent autant que Dieu. L'existence du Diabie est un article de la Foi, autant que celle du Trs-Haut.

la paroie-de Virgile : Voici qu'e$ venue la dernire priode prdite par la Sibyllede Cumes. L'Allemagne,

Faust, frmissant, rptait

haute voix

d'oir venaient

Faust, Paracelse

et Agrippa, avait

Johannst

Et puis, une cohorte de saintes femmes illumines, en pleine magie, avaient aussiannonc des vnements stupfiants. Sainte

des astres, annonaient de sanglants vnements et notamment la rnovationdu monde, de trs grandes et merveilleuses

de Knigsberg, dit Regiomontanus, n en 1436 et mort Rome en 1476 (quelques annes donc, avant la naissance de Johanns Faust). Ses oracies, bass sur l'tude

secoue par les prophties de Jean Muller,

Hildegarde de Bingen, ds le xrre sicle, proclamait la chute du Saint Empire Romain. la diminution du pouvoir tmporel des papes, la scuiarisation des biens

et pouvantables mutations et altrations.

de I'Eglise, la venue de l'Antchrist,puis des Rformateurs.

Sainte Mechtilde de Magdebourg, au xIIe sicle, avait eu d'effarantes visions de l'Enfer, elle annonait Ia Haine ternelle.

Au xvre sicle, sainte Brigitte de Sude, mre de huit enfants. avait eu l'vocation du bouleversement de l'glise. Elle brossa des tableaux incroyables, cruels, rpugnants, de la dgnrescence du clerg,de- Dieu. On l'appelait la Jrmie de l'Eglise. Elle aussi voyait venir I'Antchrist purificateur. Toujours au xrve sicle, sainte Catherine de Sude, morte trente-trois ans,connaissait le prestige des grandes pythonisses. Elle avait annonc les Croisades, la conqute de la Palestine. Elle promulgua la Rforme; elle prdit le moine Luther,plaa toutes ses accusations dans la bouche

Les Grands donnaient I'exemole en attirant leur cour les astrologues et les mages. Les rois ne se cachaient pas pour consulter les devins. Souvent, un devin restait attach un prince. Les horoscopes se payaient fort cher, pour compenser. disait-on, le fruit de tant d'annes d'tudes, de tant de savoir, et la dure des calculs et la consultation des astres. On sait quel point la cour des Valois, demi italienne, en raffolait. Les princes des comtats d'Allemagnen'chappaient pas cette mode. On se rptait de bouche oreille les prophties. On rappelait celles du moinecistercien Joachim, au dbut du xrne sicle, qui, du haut de son monastre qu'il avait

formula d'extraordinaires oaroles. Alors, l'tudiant de Heidiberg, le jeune

fond

Fiore, en Calabre, lanait

des147

prophte depuis les aptres. L'Eglise le protgeait, bien qu'ii fustiget lapapaut.

prophties qui avaient un grand retentissement dans toute la chrtient. Ce saint homme passait pour le plus grand

Une nuit de Pques, alors qu'il tait

en pleine mditation, un rayon de lumire

I'avait bloui. Une rvlation divine lui avait expliqu les critures. et il lisait dornavant I'Apocalypse livre ouvert. C'est lui qui expliqua I'accord existant entre I'Ancien Testament et le Nouveau, question sur laquelle butaient et se querellaient prement les moines, et sur laquelle les thologiens rencontraientpuis le pape Urbain lll. puis Clment IIl, I'encourageaient la voyance : ses prophties furent terribles. ll n'annona rien moins que la venue de I'Antchrist; il en informa Richard Cur de Lion et ses vques qui se rendaient en Terre Sainte en croisade contre Saladin et qui taient venus le consulter. Selon lui. cet Antchrist occuperait le trne de saint Pierre. A sa mort. en 1202 le Pape fit pourtantclbrer sa mmoire. On propagea certains de ses enseignements : premire grande

rptant ses imprcations, se flagellant la chair nue avec des fouets, comme pour hter la venue du Jugement Dernier. La foule les suivait en prires, les bras en croix. Joachim avait prcis : Rome, source de toutes les abominations de la Chrtient. sera frappe la premire du Jugement de Dieu. Joachim fut un trange illumin, qui opra des prodiges.

CHRISTOPHE COLOMB

A.T.IL AGI PAR MAGIE?

bien des nigmes. Le pape Lucius

lII.

L'Europe discutait beaucoup xvte sicle de I'aventure rcente

au de

contrecarrer ses projets par les gens d'glise qui affirmaient que les textes bibliques les opinions cosmographiques de MoTse, -celles des prophtes puis des Pres de I'Eglise, niaient la sphricit du globe terrestre. Le Psalmiste n'avait-il pas affirm que la terre est plate : Extendens caelurn sicut pellem, ( comme une peau >? Saint Paul,saint Augustin taient galement invoqus:

le Gnois avait vu

Christophe Colomb. On contait comment

priode historique universelle du Pre. Deuxime grande poque du Fils (le Christ); enfin troisime grande poque, aprs 1260. qui serait celle du SaintEsprit. d'o sortirait Ia transformation, la purification complte de I'Eglise. Joachim avait proclam : L'Eglise est devenue sensuelle. c'est une caverne de brigands! Les frres rnineurs. en troupes d'hommes. s'en allaient de ville en ville,148

I'extrmit de la mer Tnbreuse que le navigateur projetait de franchir, devait certainement mener un gouffre oir tomberaient les navires. Et si la terre tait ronde, pouvait-on penser que les gens vivaient la tte en bas? La Commission de Salamanque, runie la demande de la reine Isabelle, donnaun avis nettement dfavorable. Dcourag. Colomb refit son plan. alla de dmarche en dmarche et convainquit lui-mme

la reine de Castille, qui autorisa enfin et commandita mme I'expdition. dont le but secret tait de trouver I'or de I'Orient et I'le des Sept Cits. Colomb exigea le titre de Grand Amiral de la mer Ocane. celui de Vice-Roi et

qu'il dcouvrirait. ll I'obtint, non sans difficults. ll s'embarqua le 2 aot 1492 sur le Santa Maria. le plus illustre desbateaux oprs l'arche de No, suivi de Ia

Gouverneur Gnral de toutes les terres

Le Gnois avait trop lu. trop rv. trop espr. seul, et s'avouait non-conformiste. On lui attribua d'abord le pch d'orgueil : n'avait-il pas exig, avant de prendre mer, le titre d'Amiral. promettant en change la crdule reine lsabelle. le don des terres qu'il allaitaccusations.dcouvrir

Pinta et de la Nina. Alors. guid par ses voix intrieures et ses techniques secrtes,

Cette nouvelle clata sur le vieux continent comme un coup de tonnerre. Ainsi, contre vents et mares et malgr l'opposition de l'glise, un navigateur dcouvrait des terres inconnues! Quand I'Amiral revint en ramenant des lndiens.des perroquets. des bibelots et des cigares

Colomb visionnaire dcouvrait le Nouveau Monde. le I I octobre de la mme anne.

rapporta des ppites d'or et des perles, la joie. I'esprance et la prosprit illuminrent i'Occident. las de ses guerres. de ses privations et de sa dsesprance. Les savants se penchrent sur une nouvelle carte du slobe qui reculait les horizons. L'Eglise se pencha sur des dossiers inquitants. o la Sorcellerie avait sapart.

il

de tabac. quand de sa seconde expdition

une nouvelle route des Indes. car les l'lnde vers I'Est. Vasco de Gama la trouva grce la boussole. Marco Polo traversait toute i'Asie vers la Chine et le Japon. Lui. le Gnois. cherchait la route I'Ouest. ll avait lu les Iivres sur les astres. rdigs par les savants allemands. Il avait manqu de se perdre au milieu de I'ocan. entre ciel et mer : quand la rvolte gronda. que la trahison clata, il russit _erce des moyens connus de lui seul, accomplir ses volonts. Mais Christophe Colomb n'avait pas ramen la grande rcolte d'or annonce.Portugais cherchaient dans la misre. accabl par la jalousie. la trahison. le mensonge. dpouill de ses dcouvertes. A son troisime voyage, on leramena dans les fers et charg de chanes.

Il tait parti en effet. pour dcouvrir

?

Comme tous les grands mages.

il

mourut

,.

,.

Sa terre. c'est Americ Vespuce quiNouveau Monde.

lale

dnommera l'Amrique, et qui publiera le

La jeunesse. elle.

rcit de ses voyages. en s'attribuant

se

ralliait d'emble

ces explorations qui nourrissaient l'imagination, qui ouvraient les portes du bonheur sur terre. mme si Ia queue du

Les moines disaient que le Diable avait men I'esprit du Gnois. souffidans les voiles de sa caravelle infernale. Le Diable s'tait empar de lui au

Diable apparaissait dessous.

L'orl L'or!

bon moment. pour percevoir son

d.

L'attitude secrte de Christophe Colomb n'chappait pas aux critiques. voire aux

Aprs la gloire. la damnation. Dans quelques annes. Magellan subira149

deront ds lors en Occident.de la magie.

sin devant les lles en i521. :ur magie. L'or. les pierreries, les par: :ims. abon-

un sort pire encore. Le grand navigateur portugais. dcouvreur du dtroit u .:l :d de l'Amrique qui prit son nom, .lui traversa le Pacifique. voguait vers les Indes quand il fut tratreusement assasLeurs

Gutenberg,

ou Jean Gnsfleich

dit

malfices smeront I'envie. IIs causeront la haine et I'injustice. Ainsi va le profit

nouvelles. Les voyants ont toujours tort, mais les jeunes recueillent leursmessages.

pauvres. ll avait rapport des ocans aux horizons immenses de grandes lumires

Lorsque Colomb mourut le 20 mai I506. infirme, abandonn de tous, on I'enterra Valladolid dans la fosse des

joignirent eux. IIs firent une association quatre, puis se mirent travailler nuit etjour dans le plus grand secret, prtextant une fabrique de miroirs, en ralit un art occulte, ainsi que le diront les procs qui s'ensuivirent, occupait leurs esprits. Gutenberg partit s'tablir Mayence, dans la maison de Zum Jungen, il y reprit tous ses essais : planche'grave.Iettres mobiles en bois, en plomb, en fonte, tirage la presse bras. outils nouveaux; il n'avait pas de ressources, dsespr,

pour lui enseigner les arts inconnus. Il lui apprit polir la pierre, et dcida de s'associer avec lui. Andr Heilman et Hans Riffen, maire de Lichtenau. se

Gutenberg, tait un homme ingnieux et pauvre, originaire de Mayence; on I'avait exil pour raison politique et il s'tait rfugi Strasbourg clepuis 1420; il possdait divers secrets pour s'enrichir et avait t sollicit par Andr Dritzehen

L'INVENTION DE L'IMPRIMERIE PROCEDA-T.ELLE DE MAGIE?rcente invention de I'imprimerie. C'tait Harlem en Hollande, pays des graveurs sur planches de bois, qui imitaient le trac de l'criture; c'tait la ville de Dorclrecht aussi, o I'on prati-

la

Quatre villes rclamaient le mrite de

le gnial procd d'imprimerie typographique. Laurent Coster, gouverneur de Harlem, Gutenberg, un certain Faust et Schffer s'en dclaraient les inventeurs. Qui donc tait ce Faust. clbre financier et imprimeur. bien connu en Allemagne?

quait I'impression taille, grave sur bois. Strasbourg et Mayence revendiquaient

dix ouvrages et n'en finit aucun. quand le destin lui envoya un riche associ : Jean Fust ou Faust. Ce Faust tait un riche orfvre de Mayence qui se passionnait pour les travaux de Gutenberg. En 1450, par acte notari. il avana 800 florins d'or Gutenberg, puis 300 autres, pour ses impressions. On engagea un ouvrier. un calligraphe, Pierre Schffer de Gernsheim, qui traait les lettres fabriquer, enluminait ensuite, frottait, peignait les majuscules. On disait qu'il avait calligraphi. I'Universit de Paris. Ce Schffer, homme lettr et artiste, fut donc impos par Faust en 1452. C'est lui qui imagina un nouveau moule capable decommena

t50

fondre sparment toutes les lettres

de

veaux associs.

I'alphabet en mtal. tandis qu'auparavant on les taillait au burin.

la mit en Guvre et Schffer composa son Donat, qu'il excuta tout seul etsrgna.

Gutenberg, mais la confia en secret Faust qui, expriment en mtaux.Jusque-l, les premiers essais d'impriprsents

Schffer dit-on. cacha sa dcouverte

cations jusqu'en I460 : le Catholicon. ou Universel, sorte d'Encyclopdie de Jean

ll

travailla des oubli-

Balbi. de Gnes. Sachant les attaques

trs violentes des moines qui dnonaient comme formellement entache de maeie.

son invention de I'imprimerie.revenait qu' Dieu seul.

merie passaient. ou taient

la gloire de cette divine invention ne ll tait temps.Gutenberg. fatigue. clprim. cda bien-

pressa de formuler la fin du volume, que

il

s'em-

mensongrement comme des uvres de calligraphie. Le Donat rvlait au public un livre imprim. Faust s'associa avec Schffer et chercha se dbarrasser de Gutenberg : il I'assigna. lui rclama les

tt son imprimerie pour se retirer auprs d'Adolphe ll. Electeur et Archevque de Mayence. qui lui remit la charge de gentilhomme de sa Cour ecclsiastique. fl mourut en 1468. Faust et Schffer,

la fille de son

berg tait incapable de payer. II abandonna donc son matriel. toute I'imprimerie, Faust, et Ia Bible mme qu'il imprimait. Faust et Pierre Schffer devinrent les matres de I'imprimerie : Faust pousaassoci

sommes avances, ce que le pauvre Guten-

et I'on acheva

leurs impressions. Nouvelle Bible en 1462. On raconte que Faust vint Paris prsenter sa Bible certe anne 1462. Aucune imprimerie n'existait en France. Le roi Louis Xl Ie reut la Cour, examina sa Bible. I'admira er la rejeta. effray si identique l'criture, qui ne pouvait qu'tre l'uvre du Dmon! Comme cette Bible se vendait beaucoup moins cherque les Bibles manuscrites. plaintes furentdposes par les moines pour sorcellerie.

pendant ce temps, continuaient avec ardeur

par un pareil travail. si aisment reproduit.

glorieusement < son > invention; il imprima un Psalmorum Codex. recueil de Psaumes, portant son nom. en 1457. ll fit trois ditions de ce trs beau Psautier. Faust et Schffer devaient olus tard diter Ie Rationale Divinorum. Rational. ou Manuel des Offices divins. de Guillaume Durand. vque de Mende (l'imprimerie avait dj atteinr un degr rel de perfection), puis les Clmentiner, ou Constitutions du Paoe Clment V. De son ct, utenbere remontait mystrieusement un atelier ivec de nou-

ensemble la grande Bible, qui fut mise en vente ds 1456 et tire 150 exemplaires. Faust fit connatre ce qu'il appelait

Faust s'enfuitpitamment.

et quitta Paris prci-

En son absence. son imprimerie fut pille. I'atelier resta ferm deux ans. A Cologne. 8,, rrberg et Strasbourg, s'ouvrirent des imprimeries grce aux ouvriers de Faust. Celui-ci revint donc et pendant ce temps. son dpt cle livres d'e Paris fut saisi. A la rclamation cle Pierre Schffer, Louis Xl rendit une ordonnance du 2l avril 1475, accordant une indemnitl5t

aujourd'hui la plaque qui marque cette date. la Sorbonne. Faust vit galement deux de ses ouvriers emporter en ltalie ses procds secrets, qu'ils avaient appris sous la foi du serment. lls s'installrent Subiaco, prs de Rome, o ils ditrent Lactanc, Cicron, saint Augustin. lls devaient bientt ouvrir leur imprimerie Rome. Quelques annes plus tard, existaient vingt imprimeries Rome. en 1476, elles rivalisaient de productions. Les ateliers vnitiens. eux aussi, devaient s'illustrerFaust et Schffer continuaient de se rendre clbres Mayence. Leur marque d'imprimeurs, leur enseigne parlante,se

Schffer et Faust. Trois imprimeurs allemands. Ulrich Gernig, Martin Crantz. Michel Friburger. installrent des ateliers Paris et imprimrent dans une salle de la Sorbonne. puis rue Saint-Jacques, I'enseigne du Soleil-d'Or. On peut lire

I'on n'oublia pas les accusations de magie. Jean Conrad Durrius, de Nuremberg, rapporte expressment cette accusation. Plus tard. on confondra, pour leur magie,

Et I'aventure de Gutenberg, dpouill de son invention prodigieuse par Faust,ne ressemblait-elle pas celle du malheu-

les deux Faust.

reux Colomb? L'acharnement des moines. pendantquelques annes, les prsenter tous deux comme les suppts de Satan ne donnait-il pas rflchir? On sait que les religieux

brillamment.

mcaniquement, la presse bras, en milliers d'exemplaires absolument identiques, des pages manuscrites, calligra-

se plaignaient de se voir dpouiller du travail de copie des manuscrits et qu'ils n'hsitaient pas accuser les matres imprimeurs d'user de magie : reproduire

composait de deux cussons pendus une branche cote, I'un portant six toiles

de la malice du Diable. Saint Augustin n'avait-il pas condamn ce vain et curieux dsir de recherche, appel connaissance

phies. enlumines, ne pouvait maner que

sur fond noir et une bandel'querre

blanchechaque

mdiane, I'autre, une toile cinq branches

C'est quelques annes avant la naissance de Johanns Faust de Kundlingen, que mourait Paris en 1476 Faust I'imprimeur. lors d'une pidmie de peste r.:ui ravagea la capitale franaise, alors uuercuprer fut enterr Saintses ouvrages. Victor. Faust de Mayence laissa son nom

extrmit de l'querre barre en croix. Cet emblme nettement sotrique fut reconnu pour celui du Diable.

sur

et le

compas,

On racontait que lorsque Gutenberg commanda aux tourneurs sur bois de

et

science?

plus merveilleuse liqueur qui ait jamais coul, pour apaiser la soif de savoir quitourmente les hommes ! Un pressoir magique.

- C'est un pressoir que vous nous - Oui, rpondit I'inventeur, un pressoir d'or jaillira la plus abondante et Iademandez l?

Strasbourg une presse bras pour imprimer, ceux-ci lui dirent :

le matre imprimeur venait y

ll

L'imprimerie est-elle I'instrument duBien ou du Mal?

attach

I'invention de I'imprimerie et

L'imprimerie, certes, quand elle rv-

ts2

de Dante pour I'insaisissabie Batrice,

lait la Divine Comdie de Dante, I'amour

son voyage dans le monde surnaturel. sa descente aux Enfers, qui impressionnait tant le jeune Faust, ne rpandait-elle pas

Et les livres de magie? Que penser de la merveilleuse porte en plein soleil entrouverte par la magiesur les charmes, les prodiges, les gurisons

les imprcations souvent hrtiques de I'ennemi de Rome et de Ia Papaut? L'imprimerie, certes. quand elle rvlait les sonnets d'amour de Ptrarque pour Laure, chantait et faisait chanter dans tous les curs la flambe immatrielle d'une passion que certains jugeaient charnelle. Cette flamme aussi extraordinaire, irradiant le cur du pote pour sa bien-aime entr'aperue la messe de Sainte-Claire Avignon, un matin de

miraculeuses. les amours permises, la richesse facile, l'lixir de jeunesse, de beaut, de fcondit? Brei tout le bonheur enfin permis?

juillet

1327, tait-elle i'uvre des anges ou des dmons? La propager n'entrainait-il pas le pch?

Paracelse se plaisait rpter, en allant

plus loin dans ses lectures mystrieuses

:

lait le

Meung, ne dveloppait-elle pas. commetant d'autres ceuvres du xtve sicle, aprs celles de Dante. qu'un seul objet est digne de tous les dsirs. c'est la connaissance, le galt savoir des troubadours?Cette science universelle. I'alchimie n'en est-elle pas le moyen opratif? Jehan de

L'imprimerie, certes. quand elle rvRoman de Ia Rose de Jehan de

de la Clavicule de Salomon, avec sonalphabet hiroglyphique

Rien de cach qui ne doive tre dcouvert! Les hermtistes y puisaient leur ardeur pour l'tude. On trouvait toutes les indications, cent recettes et cent formules magiques dans les grimoires et surtout dans : Le Secret des Secrets ou Le Yritable Grimoire

Meung tait I'auteur de divers ouvrages d'alchimie : il prnait I'indpendance intellectuelle, la satire des institutions

et numral; et puis dans Le Dragon Rouge, avec ses invocations d,u Triangle des Pactes parle cercle magique. Bien entendu, on compulsait les Admirables Secrets d'Albert le Grand, dit Le Grond Albert, et le Solide Trsor du Petit Albert dit Le Petit Albert, vrais manueis de sorcellerie. attribus

I'amour, conception occultiste de l'univers.

au chemin du Paradis oour iui dcouvrir le spectacle du mnde que transfigureBatrice...

La Batrice de Dante tait certainement I'initiatrice qui conduisait le pote

contemporaines et laissait entendre I'existence de grands secrets.

Albert le Grand, dont nous avons djparl.

Et comment ne pas admirer l'blouissante lumire qui se dgageait des livres

tout rcemment imprims de la Kabbale? Jean Reuchlin avait t en Allemaene153

le rcent promoteur de la Kabbale. Son profond mpris de la scolastique, sa

De Arte Cabbalistica avait t extrmement discut.entre le pythagoricien Philolaus, le mahomtan Marranus, et Simon, descendantPrsum

n philosophie, car il tudia Paris, I'avaient incit transformer son nom

passion des Antiques, son titre de docteur

Il y prouvait. au cours d'un

dialogue

en < Capnion >, qui avait une rsonance grecque. ll possdait fond I'hbreu. avait travaill avec le mdecin juif Jacob Jehid et avec Jean de Wessel. Il s'tait alors retir Heidelberg, o son ouvrage

de Simon Ben Yoha, auteurdu Zohar, que toute lasavoir lire.

Sagesse se trouve dans la Kabbale, ce qui en fit le livre essen-

tiel de tous les magistes. ll suffisait d'y

t55

CIEIIRIS"X'

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(Ast"ono*e et Navigat llee-roi et,{un.in.al- dles hi[es, et deun d-elle dldeou-r-erte du,Nourreau. Hcnde .,i,: ri ri.in,:s tnt{,(6.

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