Histoire, musées et éducation à la citoyenneté › cantookhub-media-enqc › 46 › ...dans le but de mieux comprendre les mécanismes qui engendrent les ancrages identitaires

Sous la direction de

Jean-François CardinMarc-andré Éthieranik Meunier

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Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM

Depuis une dizaine d’années, l’éducation à la citoyenneté occupe une place importante dans les débats, non seulement parmi les autorités scolaires, mais également dans l’ensemble de la société. Des expressions telles que : « éducation à la citoyenneté », « éducation citoyenne », « participation citoyenne », « préoccupations citoyennes », « implication citoyenne » et bien d’autres du même type abondent et s’entrechoquent sans que pour autant tous ces termes soient clairement définis, contribuant ainsi à entretenir une certaine confusion. Quoi qu’il en soit, l’observateur attentif à ce phénomène remarquera que l’on revient souvent au rôle majeur que jouent – ou devraient jouer – l’école (et notamment l’histoire) et les lieux non formels d’éducation dans ces appels à une citoyenneté plus consciente et plus assumée, notamment chez la jeune génération.

Cet ouvrage se veut un effort de compréhension de ce phénomène. Les réflexions qu’il propose se situent à la jonction d’une discipline à la fois savante et scolaire, l’histoire, et d’une visée de formation présente à l’école depuis la fondation de celle-ci, l’éducation à la citoyenneté. Ce livre résulte de l’initiative de chercheurs aux horizons et aux expertises diversifiés, dont plusieurs sont réunis autour du Groupe de recherche sur l’éducation à la citoyenneté et l’enseignement de l’histoire (GRECEH), et qui ont mené des recherches complémentaires autour de la problématique du rapport entre histoire et éducation à la citoyenneté, tant dans le cadre scolaire que dans celui des musées où se manifeste de plus en plus ce rapport. D’une part, les nouveaux programmes d’histoire issus du renouveau pédagogique prescrivent aux enseignants d’histoire qu’ils éduquent leurs élèves à la citoyenneté en s’appuyant sur une étude rigoureuse du passé. D’autre part, une nouvelle muséologie dite citoyenne est en voie de se constituer et de jouer un rôle de plus en plus important dans l’éducation des citoyens.

9Collection dirigée par LuC noppen

ISBN 978-2-89544-156-4

Histoire, musées et éducation

à la citoyenneté

Forum canadien de recherchepublique sur le patrimoine

Canadian Forum for PublicResearch on Heritage

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Extrait de la publication

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Collection dirigée par Luc Noppen

Dans le monde entier, le patrimoine, les constructions et les représentations patri moniales occupent aujourd’hui une place de choix dans la recherche universitaire. Les Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM font écho, depuis Montréal, aux questionnements et aux explorations que ce vaste domaine soulève, dans le but de mieux comprendre les mécanismes qui engendrent les ancrages identitaires et qui pavent la voie aux constructions mémorielles.

Études et analyses sur les objets, les traces, les usages, les savoir-faire, mais aussi sur les représentations et sur les mémoires concourent ici à une définition élargie de la notion de patrimoine qui échappe aux cloisonnements disciplinaires ; le patrimoine apparaît ici comme outil sociétal de projection dans l’avenir plutôt que comme l’encensoir d’un passé glorifié.

L’Institut du patrimoine de l’UQAM offre cette collection aux recherches de la relève, autant celle qui évolue dans ses murs que celles qui, ailleurs dans le monde, se consacrent à cette réinvention du patrimoine. Au fil des projets et des propositions, les titres des Cahiers baliseront les travaux en cours et un réseau d’échanges et de collaborations, anciennes ou nouvelles.

Titres parus1. Paysages construits : mémoire, identité, idéologies, sous la direction de

Anne-Marie Broudehoux, 2006, 144 pages.

2. Patrimoine et patrimonialisation du Québec et d’ailleurs, sous la direction de Martin Drouin, 2006, 256 pages.

3. Le temps de l’espace public urbain : construction, transformation et utilisation, sous la direction de Yona Jébrak et Barbara Julien, 2008, 216 pages.

4. Patrimoine et guerre : reconstruire la place des Martyrs à Beyrouth, Guillaume Éthier, 168 pages.

5. Newfoundland Gothic, Peter Coffman, 224 pages.

6. Patrimoines : fabrique, usages et réemplois, sous la direction de Capucine Lemaître et Sébastien Sabatier, 300 pages.

7. La recherche en éducation muséale : actions et perspectives – Research in Museum Education : Actions and Perspectives, sous la direction de Anik Landry et Anik Meunier, 492 pages.

8. Patrimoine et sacralisation, sous la direction de Etienne Berthold, Mathieu Dormaels et Josée Laplace, 312 pages.




Cette édition des Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’Université du Québec à Montréal a bénéficié de l’apport financier des programmes suivants :

– le Programme de soutien aux équipes de recherche du Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC), dans le cadre du programme de recherche « Les habiletés citoyennes des jeunes et l’enseignement de l’histoire à l’école » (Jean-François Cardin, resp., 2007-2009) ;

– le Programme de Réseaux stratégiques de connaissances du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) qui subventionne le « Forum canadien de recherche publique sur le patrimoine/Canadian Forum for Public Research on Heritage (FCRPP/CFPRH) » (Luc Noppen et Lucie K. Morisset, dir., 2008-2015).

Révision linguistique : Micheline Giroux-Aubin, TRADUCT’ART

Couverture : L’intellectuel ou Jeune intellectuel, 1937. Huile sur toile ; 89 x 116 cm ; Museo Nacional de Bellas Artes, La Havane ; Photo Rodolfo Martínez. Son auteur : Marcelo Pogolotti (La Havane, 1902 – La Havane, 1988).

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Vedette principale au titre :

Histoire, musées et éducation à la citoyenneté

(Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM ; 9)

Comprend des réf. bibliogr.

Publ. en collab. avec : Institut du patrimoine, Université du Québec à Montréal.

ISBN 978-2-89544-156-4

1. Histoire – Étude et enseignement. 2. Éducation civique. 3. Musées – Aspect éducatif. 4. Histoire – Étude et enseignement (Secondaire). 5. Histoire – Étude et enseignement – Québec (Province). I. Cardin, Jean-François. II. Éthier, Marc-André, 1969- . III. Meunier, Anik, 1968- . IV. Université du Québec à Montréal. Institut du patrimoine. V. Collection : Collection Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM ; 9.

D16.2.H57 2009 907.1 C2009-942427-4






à la citoyenneté


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© Éditions MultiMondes, 2010 ISBN 978-2-89544-156-4 Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Québec, 2010 Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Canada, 2010

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Les Éditions MultiMondes reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour leurs activités d’édition. Elles remercient le Conseil des Arts du Canada pour l’aide accordée à leur programme de publication. Elles remercient également la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour son aide à l’édition et à la promotion.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – gestion SODEC.

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Table des matières

introduction ........................................................................................................................ 1

Première Partie – enseignants, disciPlines et curriculum

Éduquer à la citoyenneté dans un contexte d’altérité. le cas de trois enseignants d’histoire .................................................................................11

Sabrina MOISAN

Quelles stratégies d’enseignement en classe d’histoire ? les représentations des enseignants d’histoire du secondaire dans le contexte actuel des réformes pédagogiques ............................................................29

Mathieu BOUHON

la délibération sur la pratique : une expérience de développement professionnel avec un groupe d’enseignantes et enseignants d’histoire et éducation à la citoyenneté au secondaire ............................................................................................57

France JUTRAS

les origines de l’enseignement de l’histoire dans les programmes d’études des écoles publiques francophones du Québec (du Régime français à 1861) ........................................75

Michel ALLARD

l’érosion de la géographie comme matière scolaire dans le programme de formation de l’école québécoise au secondaire ...............................................................93

Caroline GWYN-PAQUETTE




viii

deuxième Partie – aPPrentissage de l’histoire et éducation à la citoyenneté

Comment comprendre la demande officielle d’une approche culturelle dans l’enseignement de l’histoire au secondaire ? ............................................................. 117

Héloïse CÔTÉ et Catherine DUQUETTE

les difficultés entourant l’apprentissage de la pensée historique chez les élèves du secondaire : la conscience historique comme piste de solution ? ..................................139

Catherine DUQUETTE

Regards sur les pratiques critiques manifestées par des élèves de quatrième année du secondaire dans le cadre de deux activités d’apprentissage par problèmes menées en classe d’histoire au Québec ..........................................................................................159

Mathieu GAGNON

Premier portrait de deux perspectives différentes sur l’histoire Québec enseignée dans les classes d’histoire et leur rapport avec les identités nationales : recherche sur la conscience historique des adolescents canadiens-français et amérindiens .............183

Jean-Pierre CHARLAND, Marc-André ÉTHIER, Jean-François CARDIN, avec la collaboration de Sabrina MOISAN

un aperçu des écrits publiés en français et en anglais depuis 1990 à propos de recherches en didactique sur le développement de la pensée historique au primaire ...213

Stéphanie DEMERS, David LEFRANÇOIS et Marc-André ÉTHIER

Évaluation de la réflexion historique ...............................................................................247

Peter SEIXAS

troisième Partie – éducation citoyenne en contexte muséal et scolaire

trois recherches exploratoires sur la pensée historique et la citoyenneté à l’école et à l’université ...................................................................................................267

Marc-André ÉTHIER, David LEFRANÇOIS, avec la collaboration de Sabrina MOISAN

une recherche sur l’enseignement et l’appropriation des concepts en histoire et éducation à la citoyenneté au premier cycle du secondaire ...........................................289

Félix BOUVIER


ix

Préfiguration du concept de muséologie citoyenne ..........................................................309

Anik MEUNIER et Virginie SOULIER

les universités populaires : historique et renouveau d’un modèle d’éducation ...............331

Jean-François LANDRY

exploiter des caricatures éditoriales anciennes sur un site Web muséal : résultats d’une validation pédagogique ............................................................................341

Marie-Claude LAROUCHE et Isabelle LAFERRIÈRE

Conclusion – Définir les disciplines, penser les apprentissages .......................................375

Nicole TUTIAUX-GUILLON

Table des matières





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IntroductionJean-François Cardin, Marc-André Éthier et Anik Meunier

Depuis une dizaine d’années, l’éducation à la citoyenneté est devenue une préoccupation à la mode, non seulement parmi les autorités scolaires, mais également dans l’ensemble de la société. Dans le discours médiatique ambiant, on rencontre presque quotidiennement le terme « citoyen », tant comme substantif que comme adjectif. Des expressions telles que : « éducation à la citoyenneté », « éducation citoyenne », « participation citoyenne », « préoccupations citoyennes », « implication citoyenne » et bien d’autres du même type abondent et s’entrechoquent sans que pour autant tous ces termes soient clairement définis, contribuant ainsi à entretenir une certaine confusion. Quoi qu’il en soit, l’observateur attentif à ce phénomène remarquera que l’on revient souvent au rôle majeur que jouent – ou devraient jouer – l’école et les lieux non formels d’éducation dans ces appels à une citoyenneté plus consciente et plus assumée, notamment chez la jeune génération.

Cet ouvrage se veut un effort de clarification et de compréhension de ce phénomène. Les réflexions qu’il propose se situent à la jonction d’une discipline à la fois savante et scolaire, l’histoire, et d’une visée de formation présente à l’école depuis la fondation de celle-ci, l’éducation à la citoyenneté. Ce livre résulte d’abord de l’initiative des chercheurs réunis autour du Groupe de recherche sur l’éducation à la citoyenneté et l’enseignement de l’histoire (GReCeH). Appuyé financièrement au départ par le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC), dans le cadre de son programme Soutien aux équipes en émergence, le GReCeH a permis à des chercheurs aux horizons et aux expertises diversifiés de mener des recherches complémentaires autour de la problématique du rapport entre histoire et éducation à la citoyenneté, tant dans le cadre scolaire que dans celui des musées où se manifeste de plus en plus ce rapport. D’une part, les nouveaux programmes d’histoire issus du renouveau pédagogique prescrivent aux enseignants d’histoire qu’ils éduquent leurs élèves à la citoyenneté en s’appuyant sur une étude rigoureuse du passé. D’autre part, une nouvelle muséologie dite citoyenne est en voie de se constituer et de jouer un rôle de plus en plus important dans l’éducation des citoyens.




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Depuis 2007, le GReCeH consacre ses efforts à l’étude de ces réalités et s’est donné pour but de poser des questions à leur sujet et de fournir des éléments de réponse sur les plans théorique et pratique. Composé de didacticiens de l’histoire – eux-mêmes historiens pour la plupart –, de chercheurs et de spécialistes de l’éducation en milieu muséal, de sociologues et de philosophes de l’éducation, cherchant depuis à élargir le champ de ses expertises, le groupe a suscité et soutenu plusieurs manifestations scientifiques depuis sa formation : journées d’étude, colloques à l’Association francophone pour le savoir – Acfas, colloques de l’Association québécoise pour la didactique de l’histoire et de la géographie (AQDHG), etc. Cet ouvrage collectif en trois parties en propose les fruits.

Première partie : Enseignants, disciplines et curriculum

Les textes qui composent cette première partie forment deux sous-ensembles articulés l’un à l’autre. Le premier groupe de textes (Sabrina Moisan, Mathieu Bouhon, France Jutras) a les enseignants comme objet d’investigation commun, tandis que le deuxième (Michel Allard, Caroline Gwyn-Paquette) s’intéresse au curriculum.

Les conditions dans lesquelles le renouveau pédagogique a été institué au Québec sont difficiles, notamment en ce qui concerne l’accès à la formation continue. Ainsi, d’après ce dont la recherche collaborative de France Jutras témoigne, au début de la réforme, les enseignants du secondaire ressentaient cruellement l’absence d’occasions de clarifier leur nouveau rôle éducatif, l’absence d’explications sur les fondements théoriques et idéologiques ou sur les raisons sociales et politiques de l’intégration de l’éducation à la citoyenneté à l’enseignement de l’histoire, le manque de soutien personnalisé, de matériel adapté, d’information sur les compétences et l’évaluation, etc.

Il semble que ce sentiment n’était pas exceptionnel, gratuit ni volatil, puisque Sabrina Moisan a vu la même chose dans sa propre recherche. Par ailleurs, les cas étudiés par cette dernière semblent montrer que l’un des écueils auxquels se heurte la mise en place du programme est lié aux carences de la formation continue, en ce sens qu’une partie importante de l’enseignement qui prévaut repose encore sur une vision séquentielle selon laquelle les élèves doivent empiler les connaissances et acquérir une compréhension chronologique de l’évolution de la société québécoise avant de pouvoir s’exercer à la démarche réflexive et méthodologique de la discipline historique ou au travail conceptuel abstrait.

Ces résultats recoupent en outre en partie ceux que Mathieu Bouhon a obtenus, en Belgique cette fois. Celui-ci note en effet que le discours didactique des enseignants, malgré des différences entre les groupes d’enseignants qu’induit l’adhésion à différents modèles didactiques, est écartelé entre un niveau qu’ils considèrent idéal – centré sur des méthodes



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Introduction

d’apprentissages qui impliquent, engagent, suscitent le travail intellectuel et les interactions sociales – et un autre qui leur apparaît réaliste et qui, en raison de la forme scolaire, s’accommode de réponses brèves qui s’intègrent rapidement au discours magistral.

Le second groupe de textes comprend deux recherches qui illustrent un parcours inverse. Ainsi, tandis que Michel Allard montre comment l’histoire en vient à occuper une plus grande place dans l’école, Caroline Gwyn-Paquette déplore la dégradation de la position qu’y occupe la géographie.

Deuxième partie : Apprentissage de l’histoire, pensée historique et éducation à la citoyenneté

La deuxième partie de cet ouvrage regroupe des textes autour du thème de l’apprentissage de l’histoire et de l’éducation à la citoyenneté. Précisons d’abord que l’éducation à la citoyenneté dont il est ici question renvoie à celle qui se travaille dans les classes d’histoire et qui vise une exploration du passé, à l’aide de la méthode historique, afin de mieux comprendre son présent et de s’impliquer comme citoyen dans la société en toute connaissance de cause.

Pièce maîtresse de cette éducation à la citoyenneté, l’apprentissage de la pensée historique, par laquelle on cherche à inculquer des attitudes et des habiletés intellectuelles et méthodologiques propres à la discipline historique, est à des degrés divers l’objet de tous les articles de cette partie. À partir d’une synthèse de certaines recherches théoriques et empiriques, Stéphanie Demers, David Lefrançois et Marc-André Éthier cherchent à cerner cette « compétence à penser historiquement », à en situer les différentes composantes et à définir les attentes que l’on est en droit d’avoir à son égard de la part des élèves qui terminent leur parcours primaire. Leur analyse confirme que l’acquisition progressive des éléments essentiels de la pensée historique est possible et se fait dès le primaire, mais ils concluent en la nécessité de nouvelles recherches, notamment pour mieux comprendre les différents stades de développement de cette compétence. De son côté, se situant au secondaire, Catherine Duquette cherche à comprendre les obstacles au développement de la pensée historique. À partir de données empiriques originales, elle montre que la conscience historique des élèves et les représentations plus ou moins spontanées qui y sont associées (mythes, préjugés, idées reçues, etc.) font concurrence à la pensée historique et à son acquisition. en connaissant mieux les mécanismes qui font obstacle, les didacticiens et les enseignants seront mieux à même, dit-elle, de former de futurs citoyens informés et critiques. en écho à la recherche de Catherine Duquette et aux difficultés d’apprentissage qu’elle soulève au regard de la pensée historique, le texte de Marc-André Éthier, Jean-Pierre Charland, Jean-François Cardin et Sabrina Moisan offre peut-être des éléments de




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réponse. À partir d’une étude menée auprès d’adolescents d’origine canadienne-française et amérindienne, ils analysent le rapport entre histoire et identité nationale. Ils montrent comment les élèves de chacun des groupes concernés construisent des explications différentes par rapport à certains événements et thèmes de l’histoire du Québec. Rien d’étonnant à cela, si l’on considère qu’ils se réclament chacun d’un « nous » différent. Illustrant bien le poids de l’identité nationale et de la conscience collective lorsqu’il s’agit d’étudier son passé, les auteurs concluent qu’il y a bien, entre les deux groupes d’élèves observés, deux jeux de « nous » et de « eux » qui ne se recoupent pas.

Se situant quant à lui en aval de l’apprentissage, Peter Seixas discute d’un défi de taille pour les enseignants, celui d’évaluer les apprentissages reliés à la « compétence à penser historiquement ». S’appuyant sur un modèle d’évaluation issu du National Research Council (NRC) étatsunien et sur les travaux du projet « Repères de la réflexion historique », il décrit six concepts procéduraux pouvant permettre une telle évaluation. À partir d’une expérimentation menée auprès d’élèves du secondaire, Peter Seixas rend compte de la validation d’un de ces concepts. Il conclut qu’il reste beaucoup de travail à faire pour mettre au point des tâches et des procédés d’évaluation qui soient à la fois valables au regard de ce que l’on veut mesurer et facilement applicables en salle de classe.

Une des pierres angulaires de la pensée historique, mise en évidence tant par Stéphanie Demers, David Lefrançois et Marc-André Éthier que par Catherine Duquette ou Peter Seixas, est le développement du sens critique, que ce soit par rapport aux documents du passé, aux médias, aux opinions des acteurs historiques et des historiens, ou plus généralement à l’égard des différents discours qui circulent dans la société. C’est précisément cette dimension qu’explore Mathieu Gagnon, à partir de données recueillies auprès d’élèves du secondaire appelés à réaliser des activités d’apprentissage par problème en classe d’histoire. Après avoir mis en contexte le concept de pensée critique et décrit les éléments essentiels de sa méthodologie, celui-ci fait part de ses résultats qui confirment que le sens critique – par rapport aux sources par exemple – n’a rien de naturel chez les élèves observés. Il montre que, dans le contexte d’un enseignement généralement « positiviste » de l’histoire, ils ont beaucoup de difficulté à prendre une certaine distance critique face aux savoirs qui leur sont exposés.

enfin, Héloïse Côté et Catherine Duquette abordent également la thématique de la pensée historique, cette fois sous l’angle de son rapport avec l’approche culturelle. en effet, un des objectifs majeurs de la refonte des programmes d’études était d’en rehausser le niveau culturel, et l’histoire devait jouer un rôle important en ce sens. en analysant certains documents officiels et écrits ayant traité de cette question, les auteures décrivent et



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Introduction

mettent en évidence cette relation entre le développement culturel souhaité et le nouveau programme d’histoire et éducation à la citoyenneté. elles concluent sur la nécessité de sensibiliser les enseignants d’histoire à cette dimension, et plus particulièrement sur l’appui qu’une approche culturelle de l’enseignement peut apporter à un enseignement de l’histoire destiné à éduquer des citoyens.

Troisième partie : Éducation citoyenne en contexte muséal et scolaire

Comme l’histoire, l’éducation citoyenne implique une connaissance du fonctionnement de la démocratie et concerne tout ce qui est en rapport avec l’exercice de la citoyenneté. Si elle comprend la pratique des droits politiques traditionnels, elle porte aussi sur l’ensemble des pratiques communautaires ou culturelles. enfin, elle peut se prolonger autour de questions éthiques, de la notion de responsabilité ou par la conduite de projets et de débats démocratiques avec les élèves. La troisième partie de l’ouvrage aborde la question de l’éducation citoyenne au sein de contextes d’éducation diversifiés : scolaire, populaire, communautaire et muséal. Ces contextes concernent des acteurs différents, les maîtres en formation initiale, les enseignants, les professionnels de la muséologie et leurs destinataires. La question de l’appropriation et du transfert des concepts, liée à l’histoire ou à l’éducation à la citoyenneté, ne peut faire abstraction des situations d’apprentissage et d’enseignement dans lesquels ils se mettent en œuvre. C’est d’ailleurs ce dont plusieurs des textes de cette partie traitent.

Il se dégage un premier sous-ensemble de préoccupations dont témoignent les deux premiers textes qui se situent en contexte scolaire. Les recherches proposées s’intéressent tant à la dimension de la formation par les modalités et les stratégies d’enseignement préconisées qu’aux résultats que ces dernières sont susceptibles d’engendrer. À cet effet, Marc-André Éthier, David Lefrançois et Sabrina Moisan explorent, dans le champ de la didactique des sciences sociales et humaines, trois contextes éducatifs de formation : primaire, secondaire et universitaire. La recherche s’intéresse au transfert, par les élèves, des compétences développées en classe de sciences sociales dans la pratique politique et communautaire et propose des pistes méthodologiques et des instruments pour observer ces situations.

Pour sa part, Félix Bouvier tente de comprendre les différents phénomènes liés à l’enseignement-apprentissage par concepts en histoire et éducation à la citoyenneté. Il ressort de sa recherche, entre autres, qu’une formation appropriée en enseignement de l’histoire, doublée d’une expérience dans la matière, exerce une influence favorable sur l’apprentissage conceptuel réalisé par les élèves du secondaire qu’il a observés. Cela




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souligne que la formation – initiale ou continue – des enseignants constitue l’un des éléments centraux de la réussite de l’apprentissage de concepts en classe d’histoire.

Le second sous-ensemble de textes concerne les contextes muséaux et communautaires. Anik Meunier et Virginie Soulier tentent de cerner une notion qui émergerait de la pratique muséale et des différentes actions que les musées proposent à leurs citoyens autour de cette notion issue de la pratique professionnelle : la muséologie citoyenne. Les auteures proposent ce concept en étudiant les divers courants muséologiques qui mèneraient à sa constitution. Il s’agit d’une recherche en cours qui inscrira sa suite dans une démarche empirique afin de vérifier si cette notion est réellement en émergence ou s’il ne s’agit que d’une mode éphémère.

Jean-François Landry par ailleurs présente la volonté liée au fondement même des universités populaires de démocratiser la culture en dispensant un savoir au plus grand nombre. Il traite de l’historique de cette forme d’institutions et aborde la question dans une optique de renouveau d’un modèle d’éducation. Comme d’autres auteurs qui se sont intéressés à documenter ce genre de manifestation, celui-ci soutient que c’est dans un contexte d’éducation populaire que se crée un partage de valeurs communes au sein d’une même collectivité.

enfin, le texte de Marie-Claude Larouche et Isabelle Laferrière pose la question de la validité de l’utilisation de ressources liées aux caricatures éditoriales anciennes sur un site Web muséal pour l’enseignement-apprentissage de l’histoire et de la citoyenneté auprès d’élèves du secondaire. Les auteures montrent que si le recours à la caricature ancienne n’est pas une fin en soi, cela constitue un moyen prometteur dans le contexte scolaire et contribue à la maîtrise de la technique d’interprétation de documents iconographiques et au développement de compétences disciplinaires.

* * *


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Nous remercions de leur appui financier les organismes suivants qui ont, à des degrés divers, permis la réalisation de cet ouvrage : le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC), le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), le Conseil canadien de l’apprentissage (CCA), le Centre Métropolis du Québec, Domaine 1 : Citoyenneté et intégration sociale, culturelle, linguistique et civique (CMQ) et The History Education Network/Histoire et Éducation en Réseau (THEN/HiER), qui est financé par le programme de subventions pour la conception de réseaux stratégiques de recherche du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).

Nous remercions également les personnes suivantes : Mme Penney Clark, professeure agrégée au Département des programmes d’enseignement et de pédagogie de la Faculté d’éducation à l’Université de la Colombie-Britannique et directrice du The History Education Network/Histoire et Éducation en Réseau (THEN/HiER), MM. Luc Noppen, directeur de la collection « Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM », et Jean-Marc Gagnon, président des Éditions MultiMondes.

Introduction




Partie IEnseignants,

disciplines et curriculum

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Depuis une dizaine d’années, l’éducation à la citoyenneté occupe une place importante dans les débats, non seulement parmi les autorités scolaires, mais également dans l’ensemble de la société. Des expressions telles que : « éducation à la citoyenneté », « éducation citoyenne », « participation citoyenne », « préoccupations citoyennes », « implication citoyenne » et bien d’autres du même type abondent et s’entrechoquent sans que pour autant tous ces termes soient clairement définis, contribuant ainsi à entretenir une certaine confusion. Quoi qu’il en soit, l’observateur attentif à ce phénomène remarquera que l’on revient souvent au rôle majeur que jouent – ou devraient jouer – l’école (et notamment l’histoire) et les lieux non formels d’éducation dans ces appels à une citoyenneté plus consciente et plus assumée, notamment chez la jeune génération.

Cet ouvrage se veut un effort de compréhension de ce phénomène. Les réflexions qu’il propose se situent à la jonction d’une discipline à la fois savante et scolaire, l’histoire, et d’une visée de formation présente à l’école depuis la fondation de celle-ci, l’éducation à la citoyenneté. Ce livre résulte de l’initiative de chercheurs aux horizons et aux expertises diversifiés, dont plusieurs sont réunis autour du Groupe de recherche sur l’éducation à la citoyenneté et l’enseignement de l’histoire (GRECEH), et qui ont mené des recherches complémentaires autour de la problématique du rapport entre histoire et éducation à la citoyenneté, tant dans le cadre scolaire que dans celui des musées où se manifeste de plus en plus ce rapport. D’une part, les nouveaux programmes d’histoire issus du renouveau pédagogique prescrivent aux enseignants d’histoire qu’ils éduquent leurs élèves à la citoyenneté en s’appuyant sur une étude rigoureuse du passé. D’autre part, une nouvelle muséologie dite citoyenne est en voie de se constituer et de jouer un rôle de plus en plus important dans l’éducation des citoyens.

9Collection dirigée par LuC noppen

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