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Historique Arménie - Musique historique : arménie musique . groupement artistique diaspora-arménie accueil sommaire armenie art agenda artistes chroniques instruments de musique comprendre librairie musicale cd musique audiovisuel ouvrage instruments listing produits commande membre japel liens contacts << accueil << arménie art << comprendre culture & tradition arménienne au service de l'œuvre artistique de l'ère numérique historique >> arménie / musique arménienne LA MUSIQUE TRADITIONNELLE ET COMTEMPORAINE ARMENIENNE Inès Ramananarivo Chacun des chapitres sont basés sur des recherches effectuées dans différents livres d'auteurs arméniens ou autres nationalités. Il comporte une partie historique et une partie musicale. La musique est un art international présentant soit des aspects bien distincts pour chaque peuple, soit des similitudes dues à la qualité du travail des artistes, à la maîtrise des instruments, à des recherches en musicologie au travers les pays du monde pour retrouver la trace d'instruments, de mélodies, d'un art présent au quotidien depuis la nuit des temps. L'histoire est très présente dans l'art musical. Elle est en effet retracée aux travers des siècles dans le chant, dans la danse, dans la musique. Nous ne pourrons qu'y faire référence tout au long de cet ouvrage, ce qui présentera en soit un certain nombre de redits, que l'on ne peut éviter, faute d'incompréhension, et plus particulièrement dans une première partie, relativement longue, de l'aube de la civilisation jusqu'à nos jours. TABLE DES MATIERES PREMIERE PARTIE : APERCU HISTORIQUE - CONSEQUENCES CULTURELLES http://www.japel.org/historique_musique.htm (1 of 23)9/11/2008 2:45:18 PM

Historique Arménie - Musique

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Historique Arménie - Musique

historique : arménie musique . groupement artistique diaspora-arménie

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historique >> arménie / musique arménienne

LA MUSIQUE TRADITIONNELLE ET COMTEMPORAINE ARMENIENNE Inès Ramananarivo

Chacun des chapitres sont basés sur des recherches effectuées dans différents livres d'auteurs arméniens ou autres nationalités. Il comporte une partie historique et une partie musicale. La musique est un art international présentant soit des aspects bien distincts pour chaque peuple, soit des similitudes dues à la qualité du travail des artistes, à la maîtrise des instruments, à des recherches en musicologie au travers les pays du monde pour retrouver la trace d'instruments, de mélodies, d'un art présent au quotidien depuis la nuit des temps.

L'histoire est très présente dans l'art musical. Elle est en effet retracée aux travers des siècles dans le chant, dans la danse, dans la musique. Nous ne pourrons qu'y faire référence tout au long de cet ouvrage, ce qui présentera en soit un certain nombre de redits, que l'on ne peut éviter, faute d'incompréhension, et plus particulièrement dans une première partie, relativement longue, de l'aube de la civilisation jusqu'à nos jours.

TABLE DES MATIERES

PREMIERE PARTIE : APERCU HISTORIQUE - CONSEQUENCES CULTURELLES

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Chapitre 1 : Histoire Hittites Hourrites ou Khourrites Hyksos Mitanis Ourartou ou Urartu Traités

Chapitre 2 : Culture La langue arménienne Le patrimoine

SECONDE PARTIE : LA MUSIQUE A TRAVERS LE TEMPS

CHAPITRE 3 : LES DEBUTS (~3000 - 1er siècle Ap. J.-C.)

CHAPITRE 4 : MUSIQUE SPIRITUELLE (1er - VIIIe siècles)

CHAPITRE 7 : ENVERGURE DE L'ART MUSICAL (Ixe - XIIIe siècle)

CHAPITRE 8 : ART DES TROUBADOURS (XIVe - XVIIIe siècle)

CHAPITRE 9 : NOUVEL ELAN DE LA MUSIQUE - XIXe - XXe siècle

TROISIEME PARTIE : MUSICALEMENT PARLANT

CHAPITRE 10 : BREF APERCU

CHAPITRE 11 : THEORIE

LEXIQUE DES TERMES MUSICAUX

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PREMIERE PARTIE :

APERCU HISTORIQUE - CONSEQUENCES CULTURELLES Que ce soit dans le domaine musical ou dans tous les autres, le peuple arménien a réussi à créer un art spécifique, usant de la sensibilité et des particularismes de l'influence de tous ses voisins. La musique arménienne ne constitue pas un îlot isolé ; elle est représentative de l'une des facettes évocatrices de la musique de toute une aire géographie.

aléry Prussov (Poète russe) La musique arménienne est surprenante par la qualité de son expression poétique, elle est généreuse et ornée comme l'Orient, maîtrisée comme l'Occident ; elle exprime la douleur sans désespoir, la révolte sans déchaînement, enfin, l'admiration sans excès.

Komitas Le chant est un don naturel des paysans. Tous créent et chantent et chacun a sa part dans la constitution du répertoire national de la chanson populaire.

Chapitre premier : Histoire

L'un des berceaux de l'humanité ... Lieu tactique assis au carrefour de l'Orient et de l'Occident. Ararat, mont neigeux, biblique, d'où s'envole une colombe porteuse de paix, est, dans l'Histoire mythique, le sommet du nouveau monde purifié par le Déluge. C'est en Arménie que l'Arche se pose. Hayk, descendant de Japhet, patriarche biblique, fils de Noé, sera l'ancêtre légendaire des Arméniens. (Cf. Bible, Genèse, VIII, 4)

L'histoire de l'ARMENIE, longue de 3000 ans de luttes, est entrecoupée de quelques périodes de paix, de glorieuses grandeurs et d'épanouissement. Romains, Byzantins, Mèdes, Arabes, Mongols, Perses, Turcs, ont parcouru les différents contextes historiques de l'Arménie qui sut, malgré de nombreuses vicissitudes conjoncturelles successives, créer une civilisation originale et forger un patrimoine culturel par la force de ses traditions, de sa langue, de sa religion, biens précieux parvenus jusqu'à nos jours.

L'Arménie s'étend à 1.000 mètres d'altitude, de la plaine de Transcaucasie au Plateau d'Anatolie, et de la mer Noire à la Mésopotamie.

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Elle est entourée de chaînes de montagnes dont l'altitude varie entre 3 000 et 4.000 mètres. De ces hauteurs émergent le mont Ararat (5 136 m) et le mont Arakadz (4 095 m). Le plateau arménien est riche en lacs et en cours d'eau, nourrissant les quatre grands fleuves du Proche-Orient : le Tigre, Euphrate, l'Araxe et la Koura .

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Hittites

Les hittites (hatti dans la Bible) sont un peuple de l'Anatolie centrale, résultant de la fusion d'autochtones (proto-hititties) et d'une aristocratie guerrière indo-européenne arrivée au début du IIe millénaire. Au ~XVIe s. un premier empire hittite fut assez puissant pour intervenir en Syrie du Nord (Alep) lutter contre les Hourrites et réussir, sous Moursil Ier, un raid contre Babylone (~1530). Après une période d'Anarchie et de guerre avec le Mitanni, la puissance hittite culmina aux ~XIVe et ~XIIIe s. sous Souppilouliouma, Moursil II, Mouwatalli, Hattousil III. Néanmoins les luttes menées contre les Egyptiens (Bataille de Qadesh v. ~1926) contre les montagnards Gasgas au Nord, contre les Ahhijawa (Achéens?) au Sud-Ouest, enfin contre les Assyriens, affaiblirent l'empire hittite. Ce peuple disparut à la fin du ~XIIIe s., probablement détruit par les Peuples de la mer. Des principautés hittites survécurent en Syries. Les Hittites formaient une société féodale, militaire et religieuse, où le roi était aussi juge et grand prêtre. Noblesse guerrière, propriétaires terriens et paysans, artisans, esclaves constituaient les classes sociales, dont les rapports étaient régis par un code de lois. L'agriculture formait la base de l'économie mais la richesse provenait de l'exploitation minière (cuivre, plomb, argent, fer) ; la métallurgie du fer, l'usage du cheval et du char de guerre assurèrent la suprématie hittite. La religion était dominée par un couple de divinités solaires (sanctuaire d'Arinna) ; influences Hourrites (Teshub et Hepa).

Hattousa est l'ancienne capitale de l'Empire hittite, fondée par Hattousil 1er (~1650-1620). Elle fut plusieurs fois détruite par des envahisseurs Gasgas, notamment sous Mouwalli, et définitivement vers ~1200, à la chute de l'Empire hittite. Ses ruines, aujourd'hui à bogazkale, en Turquie centrale (province de Yozgat), ont été identifiées par H. Winckler (1906). Fortifications, ruines de temples et de palais, magasins dont l'un livra des archives royales permirent de reconstituer l'histoire hittite.

Hourrites ou Khourrites

Les hourrittes sont un peuple asiatique de l'Antiquité, installé en haute Mésopotamie (cours supérieur du Tigre) dès le ~IIIe millénaire. Il forma, dans les premiers siècles du ~IIe millénaire, plusieurs royaumes, mal connus, en Syrie septentrionale jusqu'en Palestine, reçut l'apport des cavaliers aryens envahisseurs et constitua l'empire du Mitanni (~XVe s.). Divinités : Teshub, dieu de l'orage, et son épouse Hépa. L'art hourrite, parent de l'art mésopotamien, s'en distingue par une certaine rudesse; la civilisation influa sur celles des hittites.

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Hyksos

Les hyksos (de l'égyptien Heqa-khase "chefs d'un pays étrangers"), sont des envahisseurs asiatiques venus de l'est. Leur nom leur fut donné par Manéthon. Ils dominèrent l'Egypte de ~1785 à ~1850. Ils fondèrent un royaume dans le nord du pays et établirent leur capitale à Avaris. Leur civilisation heurta violemment les traditions égyptiennes. Apportant avec eux une partie des techniques indo-européennes, et notamment de la pénétration des divinités asiatiques dans le pays, et adorateurs de Seth qu'ils avaient assimilé à Baal, provoquèrent une haine farouche chez les Egyptiens. Réfugiés à Thèbes où ils avaient formé une monarchie, les pharaons entreprirent bientôt une guerre de reconquête. En ~1600, Kamôsis chassa les Hyksos de la moyenne Egypte, et repris Memphis. Les envahisseurs furent définitivement expulsés du delta puis du sud de la Palestine en ~1580 par Amösis, fondateur de la XVIIIe dynastie. Ils disparurent ensuite de l'histoire.

Mitanis

Les Mitanis sont un peuple issue d'un Empire qui domina une partie de l'Asie antérieure (Arménie, Syrie, Assyrie) aux ~XVe

~XIVe s. Cet empire était composé d'une aristocratie guerrière mixte, hourrite et aryenne, dominant une population agricole. Il apparaît déjà formé v. ~1460 sous Shaushatar, vainqueur de l'Assyrie. Le Mitanni entretint de bonnes relations avec Babylone et l'Egypte, les pharaons épousèrent des princesses mitaniennes (c'est sans doute le cas de Néfertiti), mais après l'assassinat de Dushratta v. ~1365 l'empire fut en partie reconquis par l'Assyrie ; le reste fut englobé dans l'empire hittite après ~1355. Sa capitale, Wassukana n'a pas été localisée.

Ourartou ou Urartu

Au ~XIIIe s. les Assyriens mentionnent l'état de Naïri, puis celui d'Ourartou dont la capitale, Touchpa, est située sur les rives du lac de Van. Moïse de Khorène décrit dans 'Histoire d'Arménie" la capitale de l'Ourartou, dont il attribue la construction à la légendaire reine Séminaris. Il se forma, au tour du lac de Van, un royaume puissant du ~IXe au ~VIIe s. Le premier roi connu est Ardur 1er, mentionné en ~856. Dans la première moitié du ~VIIIe s., sous Argisti 1er et Sardur III, qui prit le titre de Roi des Rois, l'expansion urartéenne toucha l'Assyrie, la Syrie du Nord, les royaumes hittites du Taurus, l'actuel Azerbaïdjan, mais elle fut entravée par la montée de l'Empire assyrien (victoire de Teglath-Phalasr III sur Sardur III en Syrie ~743 ; raid de Sargion II en Urartu ~714) et par le passage des envahisseurs cimmériens (vainqueurs d'Argisti II v. ~706). Le royaume disparut lors des invasions scythtes (seconde moitié du ~VIIè s.). La langue urartéenne était apparentée au hourrite. La civilisation procédait de celle des Hittites. Le panthéon était dominé par Haldi, le dieu national, Tesheba (le Teshub hourrite, dieu de l'orage) et Ardini, divinité solaire. L'art était surtout remarquable dans le travail du métal.

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Au ~XVe s.., Hittites, Hourrites, Hyksos et Mitanis, divers peuples d'une origine proche, se partagent le plateau arménien. Les Hyksos partent d'Arménie pour se lancer dans une vaste conquête du Moyen-Orient qui les mène jusqu'en Egypte. Ils y régneront de ~1430 à ~1580. Les "armen" apparaissent à la fin du ~IXe s., sur les ruines de l'Empire Assyrien : le royaume d'Ourartou, une des plus grandes puissances de l'Orient antique. Originaires de Phrygie, parlant une langue indo-européenne, ils sont les ancêtres des arméniens actuels. Les différents peuples, Hassayens, Ouratiens et Armens se fondent en un tout sur la terre de Naïri. Le nom des Armens finit par dominer et donne son nom au plateau des habitants. C'est ainsi qu'un Etat voit le jour, l'Arménie, se hissant rapidement vers la puissance. Déjà, il se remarque par une victoire retentissante sur les armées du roi des Perses Darios.

Lieu stratégique coincé entre de grands empires, convoité par des Etats puissants, l'Arménie est l'enjeu de nombreuses batailles. D'âpres luttes entre Grecs, Mèdes, Séleucides, Romains et Parthes marquent les cinq premiers siècles de l'Histoire arménienne. Cette nation s'oppose à tous ceux qui la convoitent par la force de ses traditions, sa langue et sa culture. Rien ne peut détruire entièrement la forteresse arménienne, peuple de montagnards épris de liberté, qui se distingue par un niveau culturel très élevé. Outre l'agriculture et l'élevage, les métiers se développent et se répandent.

Teïchébaïni, la ville du dieu Teïchéba, centre administratif du royaume d'Ourartou en Transcausasie, est prise d'assaut par les Scythes au début du ~VIe. s.. En ~585 le royaume d'Ourartou disparaît de la scène de l'Histoire, après trois siècles d'existence. En ~321, lors de la bataille d'Arbeles, l'Arménie, devient une province de l'Empire d'Alexandre. En 190, l'Arménie n'a aucune peine à accéder à l'indépendance, sans toutefois parvenir à s'unifier, les querelles sans fin de princes locaux se révélant un élément de faiblesse.

C'est sous le règne de Tigrane II le Grand (95-56 av. J.-C.), dont Cicéron dira "... qu'il a fait trembler la République Romaine devant son pouvoir..." que l'Arménie atteint son apogée. Grâce à ses conquêtes de la Mésopotamie, de la Cilicie, de la Cappadoce et de la Palestine, Tigrane II le Grand fonde un grand empire. Il mérite le titre de "Roi des Rois". Vaincu par les Romains, il s'allie avec eux sauvegardant ainsi l'intégrité de ses territoires et l'indépendance du pays. Le commerce avec l'Orient et l'Occident contribue largement à l'épanouissement culturel du pays. Cette apogée est de courte durée : Pompée soumet l'Arménie, et le joug de Rome pèse lourdement sur elle. Dès lors, l'Arménie n'est plus qu'un des royaumes vassaux soumis à la puissance romaine. Dix ans avant que Constantin n'opte pour le christianisme, Saint Grégoire convertit le roi Tiridate III (301). En adoptant le christianisme comme religion officielle, l'Arménie devient le premier Etat chrétien, et va occuper une place à part, entre l'Empire sassanide (Perse) et l'Empire romain. Avec l'invention de l'alphabet vers 400 par Mesrob Machtodz, s'ouvre l'Age d'Or de la littérature. Consacrées d'abord à la traduction des Evangiles, ces écritures elles se voueront ensuite à l'histoire des arméniens. Elles témoignent déjà d'une langue hautement développée, riche et aux structures précises. Du Ve au Xe s. le pays connaît cinq siècles de domination byzantine, perse, arabe, puis seldjoukide (turque). Sous cette dernière, les arméniens connaîssent des souffrances indicibles pour préserver leur existence. Une partie de la population se disperse et se réfugie dans les pays occidentaux où des colonies vont se former (Crimée, Russie, Pologne, Hongrie). Une autre partie se dirige vers la Cilicie ou est créée la Nouvelle Arménie (Royaume de Cilicie) qui gardera son indépendance pendant près de trois siècles, et succombera vers la fin du XIVème siècle, sous les assauts conjugués du sultan d'Egypte et des chefs turcs.

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Les querelles intestines du Ve s. permettent aux Perses et aux Romains de se partager le pays. Bien que soumise, l'Arménie n'en continue pas moins à conserver sa langue, ses moeurs, ses chères tradition et son christianisme, pour lequel elle ne cesse depuis lors de souffrir.

Des témoignages relatifs à ces temps anciens ont été conservés grâce au chant du peuple, et, sous l'influence byzantine (période de l'Empire romain universel 330-641), d'importants progrès ont été remarqués en architecture, en sculpture, en théâtre et en musique. Le théâtre donnera le jour à l'Art des Goussans.

En 640 l'invasion arabe précipite le pays dans une période de deux siècles de décadence, de stagnation et de souffrance. Le niveau hautement culturel du pays enregistre alors un déclin. Malgré cela, l'Arménie préserve son identité : pas plus que les Perses, les Arabes ne parviennent à réduire la foi indomptable des Arméniens et leur amour de la liberté.

En 885, l'Arménie recouvre son indépendance et connaît un nouvel essor.

Aux 16e et 17e s., des guerres incessantes entre la Perse et la Turquie pour la possession du bastion arménien aboutissent à un partage. La Turquie occupe alors la majeure partie du pays, laissant à la Perse l'Arménie Orientale. Ce déchirement anéantit le patrimoine culturel et les trésors de la civilisation millénaire du peuple arménien qui se trouve devant un danger d'extermination physique.

Malgré ces conditions difficiles, les Arméniens créent et développent leur culture nationale. Le premier livre arménien est imprimé en 1512 (16e s.), au monastère des Mékhitaristes, à San Lazzaro près de Venise, alors que le nombre de langues utilisées dans les ouvrages imprimés dans le Monde se limite à neuf ou dix.

Jusqu'au 16e s. les Arméniens ont pu sauvegarder, en Arménie même, les Universités de Gladzor et Tatev, où trois disciplines se distinguaient : la philosophie, la peinture et la calligraphie, la musique et sa notation. Au cours des siècles suivants, le pays sera privé de ces Institutions d'Etudes Supérieurs jusqu'en 1919, lors de la fondation de l'Université d'Alexandropol, l'actuel Léninakan.

En 1828, l'Arménie Orientale est annexée à la Russie. Une nouvelle vie économique, politique et culturelle apparaît.

En 1895, le sultan de Turquie, Abdul Hamid II, surnommé le Sultan Rouge, ayant résolu d'éliminer physiquement le peuple arménien, déclenche dans toute l'Arménie des massacres qui feront plusieurs centaines de milliers de victimes. Ce crime n'est que la prémisse du génocide perpétré pendant la Première Guerre Mondiale.

En avril 1915, l'INTELLIGENTSIA est anéantie : lors d'une première rafle, plus de 2 000 journalistes, écrivains, médecins, et autres notables de la communauté arménienne sont arrêtés. Suivront, à partir du mois de mai, l'arrestation, la déportation et l'exécution de plusieurs centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants : au total, plus d'UN MILLION ET DEMI d'Arméniens seront les victimes d'un crime inconcevable : LE GENOCIDE.

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En 1918, l'Arménie, grâce à sa volonté farouche, par un effort surhumain et une solidarité exemplaire du clergé, des représentants politiques et surtout du peuple, devient une république indépendante, reconnue au Traité de Sèvres, le 10 août 1920. Mais les Alliés se refusent à la défendre contre le retour offensif des Russe et des Turcs Kémaliste. La restitution de Kars et d'Ardahan est imposée. En 1920, l'Arménie, après seulement deux ans d'indépendance acquise au terme de plusieurs siècles d'assujettissement, est proclamée République Socialiste Soviétique, reconnue par le Traité russo-turc de 1921.

Traités

Traité de Sèvres

Traité signé le 10 août 1920 entre les puissances victorieuses, alliées et associées, et la Turquie. Il consacre le démembrement de l'Empire ottoman qui perd toutes ses possessions européennes sauf la région de Constantinople, et toutes ses provinces du Proche-Orien (Arabie, Arménie, Egypte, Iraq, Kurdistan, Palestine, Syrie et aussi Turquie) ; en Turquie même, la région de Smyrne était cédée à la Grèce (au bout de cinq ans, unplébiscite devait fixer le sort des populations). Ce traité déclenche la révolte de Mustapha Kema qui, après la guerre gréco-turque, en obtint le remplacement par celui de Lausanne.

En 1923, le Traité de Lausanne ruine l'espoir d'un foyer national et contraint les Arméniens, sujets ottomans à un nouvel exil.

Traité de Lausanne

24 Juillet 1923. Traité entre les puissances signataires du traité de Sèvres, rendu caduc par les victoires de mustafa Kemal sur la grèce, et que celui-ci remplaça. La Turquie récupérait la partie orientale de la Thrace. Imbros, Tenedos et la région de Smyrne ; les populations grecques d'Asie Mineure et turques de Grèces seraient échangées. Les capitulations sont abolies (elles avaient été rétablies par le Traité de Sèvres). Les Détroits étaient démilitarisés, mais la Turquie se réservait d'en interdire le passages à ses ennemis, en cas de guerre.

L'essentiel pour un créateur est d'être conscient de sa mission, de savoir pour qui et dans quel but il crée, ce qu'il a à dire ; L'artiste doit se sentir une parcelle de son peuple, il doit puiser à l'intarissable source de son art national et en exprimer les intérêts vitaux. Voilà, à mon avis, le principal pour un véritable artiste. Aram Khatchadourian

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CHAPITRE 2 : CULTURE

De part les événements qui se sont succédés au sein de cette nation, les convoitises dont elle fut et est encore l'objet, la culture et l'Art arménien n'ont eu de cesse que de se développer. La culture est un tout, composé d'éléments essentiels comme le langage, les us et coutumes, l'art, le savoir qui nous viennent du passé et que l'on tend plus que tout à préserver au-delà de tout événement historique. Le chant et la musique font partie intégrante de la vie arménienne. L'Art musical est un livre retraçant à lui seul toute l'histoire d'un peuple connaissant tour à tour joies, souffrances, haines, convoitises et passions....

La langue arménienne

L'arménien se situe entre les branches orientales et occidentales des langues indo-européennes. Cette filiation est d'autant plus probante que sa situation géographie place l'Arménie bien plus proche du monde iranien que du monde hellénique. Les racines indo-européennes forment la couche la plus ancienne du fond lexical de l'arménien, autour de laquelle se sont groupés des milliers de racines. Les bases grammaticales, les terminaisons de la déclinaison, les voyelles prédésinentielles sont conformes à la morphologie des langues indo-européennes. Langue écrite au début du Ve s. grâce à l'invention de l'alphabet vers 400 par Mesrob Machtodz,le "grabar" devient la langue écrite dont se serent les arméniens du 5e au 10e s. Son état structurel est "trimorphène" : racine, voyelle prédésinentielle et désinence casuelle ou verbale. Cette disposition est une phase intermédiaire entre le sanscrit, le latin, le grec ancien et les langues slaves. Aux 14e et 15e s. apparaît l' "achkharabar", appelé le moyen arménien. Cette langue conserve pour partie les éléments du grabar. La déclinaison est bimorphène : une racine et une terminaison dont le premier élément est la voyelle prédésinentielle du grabar. Aux XIVe et XVe s., cette langue dite aussi laïque, porte le nom de "langue civile" et elle est employée tant par les poètes et troubadours, vers la fin du moyen-âge, que pour la correspondance dans les rapports domestiques et dans la vie privie.

Traditionnellement, on accorde au grabar une plus grande importance : les autres types de langues littéraires écrites sont prises pour des langues de vie domestique de niveau inférieure et ne jouissent pas d'une grande popularité. Dans le courant du XIXè s., l'Arménie devient une nation, qui se doit d'avoir sa langue nationale, facteur de développement social. L'écrivain arménien Abovian, prenant conscience de l'importance d'une langue littéraire, se fait le défenseur et l'illustrateur d'une langue tant littéraire qu'accessible au peuple.

A la seconde moitié du XIXè la langue nationale se constitue de deux dialectes, l'occidental et l'oriental, répartis en des proportions équivalentes. Le développement de ces deux dialectes est remarquable : on assiste à la naissance de journaux et d'une nouvelle littérature en langue nationale. Grâce à des grands maîtres de littératures tels que Raffi, Mouratsan, Toumanian, Chirvanzadé, Hovhannissian, Dourian, Otian, Varoujan et bien d'autres, la langue arménienne s'élève au niveau des langues littéraires des grands peuples cultivés. Après la tragédie de 1915, les survivants des massacres se disséminent dans le monde. La langue occidentale joue un rôle des plus nobles en mettant en rapport entre elles ces diasporas dispersées. Le rôle de l'arménien occidentale est la sauvegarde des

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Arméniens dispersés de par le monde. L'arménien est une langue aux richesses multiples : dérivation et composition précises et souples, possibilités illimités. L'orthographe et la grammaire sont conçues de telle sorte que le quiproquo volontaire ou non est quasiment impossible.

Le patrimoine

Riche et vaste, le patrimoine culturel arménien se présente sous différents aspects.Dans le domaine de la littérature, les plus vieux manuscrits arméniens sont au nombre d'environ 25.000 que l'on trouve à Jérusalem, Venise, Vienne, Ispahan, Londres, Oxford, Paris, Tbilissi, New York... La plus riche collection se trouve, bien naturellement, en Arménie, au Maténadaran, l'une des plus originales bibliothèques du monde. Y sont conservés plus de 10.000 manuscrits en arménien, 4.000 fragments et 100.000 pièces tirées de différentes archives, et rédigées en géorgien, grec, arabe, persan, turc, hébreu, latin, syrien, éthiopien, russe... Ces manuscrits ont été confectionnés certains en Arménie, d'autres à Jérusalem, à Alexandrie, Constantinople, Rome..., les plus anciens datant du Vè s. Sont également conservés des traités d'alchimie, de mathématiques, d'astronomie et de cosmographie datant de plusieurs siècles.

La plupart de ces trésors sont des chroniques ayant vu le jour entre le Ve et XVIIIe s.. On y trouve cependant des méditations philosophiques, des partitions en vieux code musical arménien, des formules chimiques et des ordonnances médicales, des études mathématiques, géographiques et astronomiques.

SECONDE PARTIE : LA MUSIQUE A TRAVERS LE TEMPS Quid de la Musique lors des différents contextes historiques de l'Arménie ? Il est à noter que l'Histoire retient trois grandes régions qui sont autant de nuances de la civilisation, et donc de la musique arménienne : l'Arménie Occidentale et sa capitale intellectuelle Bolis (Istanbul), le Royaume de Cilicie et l'Arménie transcaucasienne où se trouve Etchmiadzine, centre du christianisme monophysite.

CHAPITRE 3 : LES DEBUTS (~3000 - 1er siècle Ap. J.-C.)

Les origines de la civilisation arménienne se perdent dans la nuit des temps. Grâce à des découvertes archéologiques et des centaines d'inscriptions hiéroglyphiques, nous savons que cette civilisation est l'une des plus anciennes, déjà florissante au troisième millénaire avant notre ère. La nation arménienne reçut sa position historique et géographique définitive au ~Vie siècle par la fusion de différents peuples. Le manque de sources écrites est l'une des principales difficultés dans les recherches musicales. En effet, l'une des traditions

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de la musique arménienne est sa transmission orale depuis des siècles. Moïse de Khorène signale des chants historiques et héroïques datant de plusieurs siècles. Faust de Byzance et Yéghiché font allusion à des fêtes païennes où la musique est présente et prisée. Par ailleurs, certains fragments de musique folklorique recèlent des traces de cet art lointain. Les auteurs en étaient les goussan (chanteurs professionnels et poètes), les vipassan (poètes et auteurs de poèmes épiques), les tsaynargou (pleureuses professionnelles), les vartsag (chanteuses et danseuses).

CHAPITRE 4 : MUSIQUE SPIRITUELLE (1er - VIIIe siècles)

En 301, l'Arménie est la première nation au monde à proclamer le christianisme comme religion d'Etat. Vers le Ve siècle, une époque de spiritualité et de maturité culturelle caractérise le pays. La création de l'alphabet contribue à l'achèvement de l'Age d'Or de la littérature. En 451, Vartan Mamikonian et ses vaillants compagnons résistent à la domination perse.

L'invasion arabe en 640 plonge le pays dans une période de deux cents ans de déclin, d'inertie et de tourment. Pourtant, ces tribulations n'empêchent en rien l'Arménie de préserver une culture riche et à facettes multiples. La musique annexe divers instruments contemporains de la civilisation orientale n'entrant pas en contradiction avec le caractère de l'art local. Elle en crée d'autres, conformes aux idées culturelles nationales. Des savants, des grammairiens se sont intéressés de près à la théorie de la musique et à l'art lui-même. Ils nous ont ainsi légué des ouvrages d'une rare précision. Les textes les plus anciens sont des hymnes grecs de Palestine, dont seulement 5% ont été conservés dans la liturgie grecque de Constantinople (Première Epoque). Très vite, des compositions originales se joignent à ces adaptations.

Deux aspects bien distincts marquent la musique : la liturgie et la musique populaire, cette dernière étant très prisée et recherchée dans les palais et plus généralement dans la classe aristocratique. On ne peut réellement dire quelle est l'influence de la musique populaire. On peut affirmer qu'elle a une large part dans la formation culturelle, et que les textes reflètent les perspectives et exigences du quotidien.

Parallèlement à cet art, la littérature religieuse et populaire, les contes, les légendes, les thèmes d'amour, les poèmes épiques sont très répandus et très usités par les musiciens. Aux chants de labour, les horovel et pastourelles, d'autres genres se greffent, enrichissant le patrimoine culturel. Religieuse, militaire, profane, la musique mène tous les événements de la vie publique ou privée : mariages, funérailles, cérémonies, montées aux combats, chants épiques ou historiques, défilés triomphaux, fêtes nationales....

L'essor de la religion chrétienne quant à elle nous apporte un aspect florissant de la musique liturgique. L'Eglise emprunta d'abord les psaumes de l'Ancien Testament puis composa de nouveaux textes liturgiques en s'en inspirant. Les textes et musiques de nombreux cantiques ont été composés par deux grandes figures ecclésiastiques du Ve siècle : Saint Sahak et

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Saint Mesrop. Ces cantiques se fondaient sur la tradition séculaire de la musique populaire. La mélodie liturgique était monophonique.

Grâce à Stephan Sunetsi (Etienne de Sunik), une nouvelle époque de la littérature sacrée naît au VIIIe siècle et Son ouvrage "Charagnots" (livre des Cantiques) compile les chants et hymnes religieux. On lui attribue l'essor et le développement du système de notation des neumes, qui, de nos jours, reste quasiment indéchiffrable. Sahagadoukht, sœur de Stephan Sunetsi, possédait elle aussi une maîtrise impeccable de l'art musicale. Vivant dans les grottes de Garni en Arménie, elle enseignait le chant. Compositeur et auteur de nombreux cantiques et mélodies, elle est la première poétesse et musicienne dans les annales de l'Histoire d'Arménie.

CHAPITRE 7 : ENVERGURE DE L'ART MUSICAL (Ixe - XIIIe siècle)

En 885 l'Arménie recouvre son indépendance, et sa culture connaît un nouvel essor. Vers la moitié du Xie siècle, les invasions des Turcs seldjoukides conduisent les Arméniens à émigrer, ce qui conduit entre autres à la fondation du royaume de Cilicie.

A cette époque, les grandes villes comme Dvin, Van, Kars, Ardzni, Ani, jouent un rôle considérable dans la vie sociale, économique et politique. La vie culturelle d'Ani est nettement supérieure à celle des villes de l'Europe occidentale du moyen âge. A Ani, Sanahine et Narek, des séminaires sont fondés où l'on enseigne la théologie, la philosophie, la cosmologie et la musique. Cette période connaît également un essor littéraire : le poète mystique Grigor Narekatsi (Grégoire de Narek) (951-1003) se fraye une voie dans la poésie populaire.

La grande rénovation opérée en Cilicie par Nersès le Gracieux (Nersès Chenorhali) (1102-1172) semble avoir comporté outre un enrichissement considérable de l'hymnaire, une rénovation de la notation neumatique. C'est au Ixe siècle que se développe la notation neumatique, atteignant son point culminant vers les XIIIe -XVe siècle La notation neumatique décline pour disparaître vers les XVIIIe XIXe siècle En l'absence des clés de déchiffrement, il est impossible d'affirmer s'il y a eu ou non, transformation des vieilles mélodies. Cette période voit naître le poète et philosophe Frik, et le poète lyrique Constantin Erzengatsi (Constantin d'Erzenga).

Enfin, l'art des goussan atteint son sommet. Les principales mélodies de ces troubadours expriment un amour romantique et chevaleresque ou renferment un sens politique, historique ou moral. Il est essentiel là encore de noter que la musique était monophonique et douée d'une grande profondeur émotionnelle.

CHAPITRE 8 : ART DES TROUBADOURS (XIVe - XVIIIe siècle)

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La plus sombre époque historique de l'Arménie s'étend du XIVe au XVIIIe siècle, marquée par les conquêtes et invasions des Mongols, Tatars, Ottomans et Perses.

En 1555, le partage de l'Arménie entre la Turquie seldjoukide et la Perse annihile le patrimoine culture et les trésors d'une civilisation millénaire. C'est l'exode, l'émigration et par là même la création de nombreux foyers arméniens de par le vaste monde.

De la gravité de ces époques naissent les ballades narratives, les chants plaintifs, satiriques et surtout les "antoun" (sans-demeure). Ce genre musical s'appelle le dagh, chant composé sur des thèmes très larges renfermant des sujets philosophiques, spirituels, lyriques ou comiques. Le dagh est la forme la plus riche mais également la plus complexe de l'art monodique.

Les traditions musicales de ces époques sont conservées grâce aux achough (troubadours), dont le plus renommé est sans contexte Sayat Nova, dont l'oeuvre marque l'Age d'Or de l'art des goussan et des achough.

"Ne sois pas fier afin de plaire aux supérieurs

"Incline-toi même par-devant tes inférieurs

Dieu a donné une âme pareille à tous les hommes

"Aime l'indigent, aime ton hôte, aime l'étranger".

Sayat Nova (Extrait)

D'autre part, la perte d'une structure étatique depuis près de dix siècles ne pouvait que renforcer l'attachement des Arméniens à leur église, dans laquelle ils entendaient leur langue classique, que le chant aidait à mémoriser.

L'histoire de la musique liturgique est le reflet de la culture arménienne : ouverte aux richesses des différentes cultures avec lesquelles elle entre en contact, elle n'en demeure pas moins elle-même. Ainsi en témoigne le rejet des traductions arméniennes de la liturgie romaine, établies par les Frères Uniteurs à l'instigation des missionnaires dominicains au XIVe siècle

CHAPITRE 9 : NOUVEL ELAN DE LA MUSIQUE - XIXe - XXe siècle http://www.japel.org/historique_musique.htm (13 of 23)9/11/2008 2:45:18 PM

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Les musiciens arméniens de notre temps ont réussi à intégrer à leur musique une tradition très spécifique et des courants venus du monde entier sans s’enfermer dans la première ni se diluer dans les seconds. Svetlana Navassartian (pianiste)

Annexée à la Russie en 1828, l'Arménie orientale connaît dans sa vie de tous les jours de nouveaux horizons. Le massacre ordonné par le sultan turc Abdul Hamid II durant la dernière décennie du XIXe siècle et le GENOCIDE DE 1915 anéantissent la population arménienne, totalisant sur moins de 40 ans presque DEUX MILLIONS d'arméniens. Puis, la nation connaît une brève période d'indépendance de 1918 à 1920.

Durant la seconde moitié du XIXe siècle la musique arménienne fonde son style sur les bases traditionnelles du folklore national et assimile les trésors de la musique classique occidentale et russe. Jusqu'à cette période la musique traditionnelle était essentiellement monophonique. Les musiciens arméniens adoptèrent le style et les principes fondamentaux de la polyphonie vers cette époque transitoire que fut la fin du XIXe siècle

Si l'on peut se demander dans quelle mesure les transcriptions du répertoire liturgique faites lors de ce siècle sont fidèles aux mélodies médiévales, il faut avouer que la situation est pire pour le répertoire profane.

Dans la sphère culturelle d'Istanbul, de nombreux noms, encore célèbres aujourd'hui dans tout l'Orient, illustrent le rôle de premier plan joué par les arméniens dans la musique savante. Parmi eux on note Kemani Agopos Ayvazyan, Udi Krikor Berberian, Kemani Sebuh, Lautaci Andon Nizarnian, et Kemani Tateyos Ekserjian.

Mention spéciale doit être faite de Hambartsoum Limondjian (1768-1839), chanteur et compositeur, disciple du grand maître Dede Effendi, musicien et soufi. A la demande du Sultan Selim III, Hambartsoum sauve un pan énorme du répertoire classique ottoman grâce à une notation musicale qu'il invente à partir des khaz (neumes) et qu'adoptent les compositeurs turcs, grecs, juifs et arméniens de l'époque.

A l'époque contemporaine, un corpus énorme de musique populaire a été transmis par Komitas (1869-1935), qui passa le plus clair de sa vie à transcrire et à classer les mélodies. Avec lui s'ouvre une ère nouvelle dans l'histoire musicale et culturelle arménienne. Il fut le premier à définir la musique populaire comme la source et la fondation mêmes de la musique nationale.

"Les paysans arméniens chantent leurs chansons à l'unisson et sans accompagnement instrumental. Les arméniens des villes connaissent peu l'art simple, mais éminemment original, de leurs compatriotes ruraux. Dans l'harmonisation, j'ai eu le constant souci de maintenir le caractère et le style de cet art particulier, qui se révèle dans les mélodies rustiques arméniennes et porte un cachet nettement national.Komitas (extrait)

Dans le contexte oppressant de la montée du nationalisme, il s'attacha à définir les critères propres aux différents styles arméniens, les différenciant des autres répertoires ethniques.

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Komitas, partisan de la sobriété dans l'ornementation, sut -en particulier dans son traitement de la liturgie, initialement mélodique- trouver un style polyphonique médian, où l'aspect linéaire des parties mélodiques garde un accent de caractère modal. Ses dons musicaux et sa perspicacité extraordinaires lui permirent de découvrir la clé des khaz, permettant le déchiffrage d'une immense somme musicale.

Hélas, dans le chaos du GENOCIDE DE 1915, ses documents furent détruits. Komitas perdit la raison sans avoir pu communiquer sa découverte.

Kara Mourza et Makar Yekmalian dirigeaient alors la musique arménienne vers l'option polyphonique de l'époque. Ce mouvement tendait à orienter l'art mélodique de la modalité vers la tonalité et des échelles inégales vers le tempérament égal.

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TROISIEME PARTIE : MUSICALEMENT PARLANT

CHAPITRE 10 : BREF APERCU

Sans perdre de vue la référence constante à la musique liturgique arménienne, le goût et le langage musical des différentes diasporas a pris la couleur des terroirs ou des villes de résidence. Les diasporas arméniennes ont simplement participé au développement des langages musicaux de leurs différentes terres d'exil.

En Perse, par exemple, dans les périodes rigoristes de l'Islam, les artistes musulmans étaient interdits de musique profane et les arméniens étaient quasiment les seuls à perpétrer l'art des instruments.

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A l'origine, la musique arménienne était chantée à une voix ou à l'unisson, ce que l'on appelle en terme musical : "la monodie".

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Basée sur une série de modes particuliers à son langage folklorique, le système tonal et modal varie d'un peuple à l'autre, selon l'étendue de sa culture : langue, religion, instruments de musique...

La musique arménienne possède une grande diversité gammatique et modale. Elle ouvre un éventail de sonorités et d'intonations propres à son univers. La fonction du son, à l'intérieur de l'échelle, dépendant du registre et de la distance qui le sépare de son voisin et non de sa hauteur absolue.

De source très lointaine, elle est tributaire de la théorie musicale grecque, ayant transformé à sa manière la division tétracordale.

Etablie sur un choix de gammes phrygiennes, donc modales, totalement différentes des gammes majeures ou mineures, la mélodie reposait sur une tenue (bourdon/dam), le plus souvent la tonique, parfois la dominante : une même note continue sert de base métaphysique aux divers rapports de hauteurs élaborées à partir d'elle.

La mélodie primaire, très riche en ses formes et développements, sa valeur rythmique et métrique, considérablement variée en son ampleur et ses fioritures, a subi très peu de changement dus aux influences étrangères.

Depuis le VIIIe siècle Les mélodies arméniennes sont recueillies grâce à la notation neumatique. Ce système, dont l'usage s'est développé à partir du XIIIe siècle, est peu à peu tombé en désuétude pour disparaître au XVIIIe siècle sans qu'il reste aucune trace de la codification utilisée, rendant muets des milliers de chants notés dans les manuscrits anciens.

Grâce à un travail de maître, le Révérend Père Komitas, éminent compositeur et ethnologue, a percé en partie le secret de cette notation mais ses manuscrits ont disparu.

Une nouvelle notation neumatique a été mise au point au XIXe siècle par Hambartsoum Limondjian, et il existe de volumineux recueils de chants liturgiques et profanes retranscrits.

CHAPITRE 11 : THEORIE

Chacun des termes musicaux utilisés sera défini dans un lexique des termes musicaux auquel nous vous conseillons de vous reporter, de telle manière que les chapitres et paragraphes à venir puissent être accessibles à tous. "Nul n'est prophète en son pays" et chacun d'entre nous peut avoir soit des lacunes, soit un intérêt médiocre pour cet Art qu'est la musique, préférant l'écoute de celle-ci plutôt que l'exercice périlleux qu'est sa vie, de son imagination dans l'oeuvre du compositeur, à sa transcription sur papier et à sa vie dans nos oreilles.

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Chaque mode et chaque gamme portent un nom distinct : Née directement de la pratique, cette théorie diffère de la théorie musicale grecque et de ses divisions tétracordales. Néanmoins, l'étude de ces méthodes et du système tonal révèle une similitude assez frappante avec la musique byzantine.F

Littéralement, le mode est une manière d'être et de faire, dont l'élément essentiel en musique est le choix d'une échelle fondamentale qui sera l'objet d'un traitement approprié. Dans une acception plus étroite, ce terme désigne habituellement la répartition des intervalles dans l'échelle type d'un système musical. La gamme est une succession des notes d'un mode, disposées dans l'ordre des fréquences ou décroissantes. Les gammes diffèrent par la répartition des intervalles entre les notes et par la hauteur absolue de celles-ci. Elles peuvent être diatoniques ou chromatiques. Tandis que la gamme est en principe limitée (elle s'étend de tonique à tonique), l'échelle est théoriquement illimitée ; mais les deux termes sont souvent utilisés comme synonymes.

La notation musicale arménienne ne représente pas la hauteur tonale absolue comme dans la musique occidentale. Dans la musique arménienne, la hauteur d'un son peut varier jusqu'à une quarte ascendante ou descendante, même si le son en question est transposé dans la notation occidentale. Ces variations sont déterminées en premier lieu par le registre vocal du chanteur d'après lequel on accorde l'instrument.

Le système tonal[4] populaire consiste dans l'enchaînement de tétracordes. Le tétracorde est un intervalle de quatre degrés, contenu deux fois dans l'octave tempérée Il est à la base de la théorie musicale grecque. C'est-à-dire que chaque dernière note du tétracorde est en même temps la première de la suivante et que la fonction des hauteurs des quatre notes entre elles reste invariable.

Nous servant provisoirement de la note do comme base, nous pouvons concevoir un enchaînement de tétracordes allant à l'infini. Cependant, il est souhaitable de se limiter à trois tétracordes, l'importance de la note fondamentale se perdant au-delà.

Sur cette même rangée de notes, nous relevons deux gammes dont, à partir du ré et par tétracordes, la gamme éolienne ; cependant que du mi, et toujours par tétracordes, nous avons la gamme phrygienne, deux gammes très courantes dans la musique arménienne.

En ce qui concerne la gamme grecque antique dite pythagorienne comportait sept notes, c'est parce que les astrologues chaldéens avaient transmis aux Hellènes la connaissance des sept planètes. Nous vivons encore aujourd'hui sur cet héritage.

La notation musicale arménienne comprenait deux systèmes : la notation classique neumatique et la notation classique occidentale.

Depuis le VIIIe siècle, les arméniens enregistraient leurs mélodies par la notation neumatique. Ce système de notation fut en usage particulièrement du XIIe au XVe siècles, puis, peu à peu, tomba en désuétude pour disparaître définitivement vers les XVIIIe et XIXe siècles.

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Les plus anciennes mentions sur la notation arménienne datent du Ve siècle ("lettre pour chant"), mais ce n'est que du XIIIe au XIXe siècles que nous sont parvenus des manuscrits notés et conservés, récemment découverts. Les systèmes de notation ancienne sont proches des neumes du plain-chant ; les signes s'appelaient des khaz.

La littérature musicale des notations neumatiques classiques est riche mais non déchiffrée. Un vaste héritage culturel nous serait certainement révélé, mettant au jour de nombreuses facettes de la musique arménienne et de ses caractéristiques, sans oublier des indices sur la vie courante de l'Arménie du Moyen age.

La nouvelle notation arménienne inventée par un musicien de talent, Hambartzoum Limondjian (1768-1839) a été mise en pratique à partir des années 1813-1815. Cette notation est en principe semblable à celle qui fut obtenue en Europe par la combinaison de l'usage des neumes avec celui des lettres de l'alphabet latin ; mais elle est adaptée à l'octave fondamentale de la musique populaire arménienne.

Lorsque nous comparons cette notation neumatique avec la notation courante occidentale, nous obtenons les tableaux suivants

Pour conserver le même rapport gammatique entre ces deux notations différentes, pour obtenir la relation "1, 1, 1/2, 1, 1, 1, 1/2" des sons de la gamme tempérée, il faut commencer la gamme neumatique arménienne non pas au Po mais au Bé. On obtient

Les khaz donnés en exemple représentent l'échelle de la première octave ; pour obtenir un registre différent, élevé ou grave, on ajoute un petit signe sous les khaz :

L'altération est un signe de la notation musicale placé devant une note dans le cours d'une partition, ou après la clef. Elle sert à modifier la hauteur des notes placées sur la même ligne qu'eux. En musique classique occidentale les cinq sortes d'altérations usuelles sont :

L'ensemble des signes d'altération placés après la clef s'appelle l'armure ; celle-ci est caractéristique de la tonalité. Les signes d'altération intervenant dans le cours d'une composition sont appelés parfois accidents. L'effet d'une altération se poursuit jusqu'à ce qu'une altération contraire l'annule.

Dans le système de notation neumatique, l'altération est rendue par le petit signe au-dessus de la note et se rapporte au dièse ou au bémol, selon la note utilisée : L'analyse et le déchiffrage de l'ancien système neumatique ont attiré de nombreux musicologues arméniens et étrangers, qui se sont longtemps penchés sur cette notation oubliée; Seul le grand Komitas y parvint.

Quelques traités nous révèlent toutefois l'existence de "tons et demi-tons mineurs", intervalles plus courts que le ton occidental, d'où un ton plus bas d'environ un quart, et qui est courant dans la musique populaire vocale et instrumentale arménienne. Cela contribue à donner à l'auditeur européen l'impression que les intervalles ou que les tons sont faux, alors qu'il s'agit d'une pratique différente, engendrant fréquemment des inflexions de trois quarts de ton ou d'un quart de ton.

Ce ton, que nous appellerons "ton bas" et qui sera reproduit par une barre à la gauche de la note se révèle sur une échelle de quarte et se trouve à la base même de la gamme phrygienne.

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En nous basant sur la qualité de chaque ton et de chaque intervalle existant dans la musique populaire, nous aurons la gamme chromatique suivante : Ce qui nous donne des gammes non tempérées de 15 tons égaux et inégaux au lieu de 12 tons et demi-tons de l'octave tempérée. Par leur couleur, leur inflexion et leur intonation, ces tons bas enrichissent la musique nationale.

LEXIQUE DES TERMES MUSICAUX

mot définitionIntervalle Subjectivement, l'intervalle est "la différence de hauteur" de deux sons.

Physiquement, c'est leur rapport de fréquences. Un mode, une gamme, un accord, sont définis par les intervalles existant entre leurs sont constitutifs. Il y a une infinité de sons possibles. C'est pourquoi les physiciens préfèrent les désigner par leur expression mathématique, plus précise que les dénominations usuelles. Il y a plusieurs manières d'exprimer mathématiquement unintervalle :

Les intervalles peuvent être déterminés de plusieurs manières, en donnant naissance à différents systèmes musicaux voisins :

· Par le cycle des quintes,.

· Par la série des harmoniques

· Par le tempérament égal ou division de l'octave en intervalles égaux.

Un intervalle est renversé lorsque le son grave est monté d'une octave ou que le son aigu est baissé d'une octave.

Octave L'octave est la plus parfaite des consonances. Deux notes formant un intervalle d'octave portent le même nom. Aussi distingue-t-on les octaves successives en les numérotant à partir d'ut : (insérer dessin page 429).

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Plain-Chant Ensemble des mélodies liturgiques en langue latine de l'Eglise catholique telles qu'elles étaient chantées depuis le haut Moyen age. La dénomination de plain-chant est sujette à plusieurs interprétations : au 10ème siècle "planus" indiquait un chant dans le registre grave, au 13ème siècle la "musica plana", de rythme libre, s'opposait à la "musical mensurata" dont la durée relative des notes était fixée et, à partir du 18ème siècle, on appelle improprement plain-chant toute musique d'église monodique inspirée du "chant grégorien" et notée de façon similaire.

Le plain-chant comprend notamment : le "chant ambrosien" (liturgie milanaise, d'origine orientale importée par Saint Ambroise, mais fortement imprégnée de liturgie romaine) ; le "chant gallican" '(liturgie des Gaules, imprégnée de mozarabe, qui tend à se confondre à la liturgie romaine, sauf en période de réaction contre Rome comme au 17ème siècle) ; le "chant mozarabe" (liturgie de l'Espagne wisigothique, de caractère plus exubérant ; abolie par le pape Urbain II au 11ème siècle, elle ne subsite que dans le diocèse de Tolède) ; enfin et surtout le "chant grégorien" (liturgie romaine). Les chants propres aux Eglises libanaise et syrienne et à l'Eglise grecque, de rite catholique, n'entrent pas dans la catégorie du plain-chant, d'une part parce qu'ils n'utilisent pas le latin, d'autre part parce qu'ils sont fortement influencés par les arts arabe et byzantin.

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