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Il nous faut sans tarder relier économie et écologie Concepteur du long terme Septembre 2014 / N° 36 Colombie et Équateur Des infrastructures au service de la croissance P. 12 Expertise Pourquoi construire en bois ? P. 14 Grand angle Drones : l’observation d’ouvrages revisitée P. 11 P. 3 : GILLES BOEUF Président du Muséum national d’histoire naturelle de Paris © LS ARCHITECTES © EGIS/ALAIN HERVÉ © EGIS

Il nous faut sans tarder relier économie et écologieont amenés à tout reconsidérer. C’est la plus belle des sciences, qui étudie les relations entre les êtres vivants et avec

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Page 1: Il nous faut sans tarder relier économie et écologieont amenés à tout reconsidérer. C’est la plus belle des sciences, qui étudie les relations entre les êtres vivants et avec

Il nous faut sans tarder relier économie et écologie

concepteur du long terme février 2013/N°32Concepteur du long terme Septembre 2014 / N° 36

Colombie

et Équateur

Des infrastructures au service

de la croissanceP. 12

Expertise

Pourquoi construire

en bois ?P. 14

Grand angle

Drones : l’observation

d’ouvrages revisitée

P. 11

P. 3 : GILLES BOEUF

Président du Muséum national d’histoire naturelle de Paris

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2 egis contact - septembre 2014

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SOMMAIRE

ÉDITO

Cet été, la France a accueilli

pour la première fois le

Solar Decathlon Europe.

Une manifestation placée

sous le signe de l’innovation,

qui a vu des équipes

universitaires rivaliser

d’inventivité pour imaginer

un habitat utilisant le soleil

comme seule source

d’énergie. Acteurs de la

« ville de demain », nous

nous devions d’y participer. Raphaël Ménard,

directeur de la prospective de notre groupe

et directeur général d’Elioth, une marque

d’Egis, a exposé les enjeux et opportunités de

la solarisation du territoire à l’occasion d’une

table ronde. Nous nous sommes aussi tenus

à la disposition du public pour présenter nos

savoir-faire et expertises sur la « ville durable » :

conception de bâtiments basse consommation

(BBC) ou à énergie positive, création de villes

nouvelles optimisées « développement durable »,

développement de l’économie locale, etc.

Cette demande à l'occasion de Solar Decathlon

n'est qu'un exemple, parmi bien d'autres, de

notre mobilisation au service de nos clients et

partenaires : nous souhaitons leur proposer

des offres et solutions qui tiennent toujours

plus compte des enjeux liés aux ressources, à

la mobilité, à la biodiversité, à la qualité de vie.

Nous repensons nos axes de recherche, nos

méthodologies et nos métiers, dessinant ainsi

une nouvelle ingénierie écologique. La démarche

s’applique aussi en interne, à notre gouvernance

et à notre système de management, à travers

nos choix de politique sociale ou d’éco-

responsabilité. Paru en juillet et consultable en

ligne*, notre Rapport de Responsabilité Sociétale

d’Entreprise (RSE) 2013 s’en fait l’écho. S’il

mesure le chemin qu’il nous reste à accomplir, il

témoigne que les choix « durables » se révèlent

un formidable levier de création de valeur.

Car « écologie » ne s’oppose plus à « économie ».

Bien au contraire. Nous parlons désormais

de « capital naturel », en quantifi ant les pertes

et gains dans le cadre de l’évaluation de projet !

C’est le nouvel outil que nous vous présentons

en page 5. Nous évoquons aussi, dans ce

numéro d'Egis Contact, les atouts d’un matériau

bio-sourcé, adaptable et performant :

le bois (page 14).

Enfi n, nous donnons la parole à un chercheur

de renom, Gilles Boeuf, un responsable engagé

qui, avec un bel optimisme, nous appelle

à changer de paradigme : à ne plus nous

positionner dans un rapport de force vis-à-vis de

la nature, mais plutôt à agir « avec » elle.

Bonne lecture à tous !

Nicolas Jachiet

Président-directeur général

* www.egis.fr/content/rapport-rse-2013

3 L’ENTRETIEN avec Gilles Boeuf, président du Muséum national d’histoire naturelle de Paris« Il nous faut sans tarder relier économie et écologie »

une publication

www.egis.frRÉDACTRICE EN CHEF : ISABELLE BOURGUETRÉDACTRICE EN CHEF ADJOINT : SABINE MENDYRÉDACTION : EGIS, AGENCE ROUGE VIFSECRÉTARIAT DE RÉDACTION : JULIE POMPONCONCEPTION, RÉALISATION ET FABRICATION :

www.grouperougevif.fr - ROUGE VIF - 23553

CE DOCUMENT EST IMPRIMÉ À 20 230 EXEMPLAIRES SURDU PAPIER COCOON 100 % RECYCLÉ DANS UNE ENTREPRISECERTIFIÉE IMPRIM’VERTPHOTO DE COUVERTURE : DR/MNHNEGIS - S.A. RCS VERSAILLES 70 2027376 - ISSN : 2256-8786

Egis

Direction de la communication

15, avenue du Centre - CS 20538 Guyancourt

78286 Saint-Quentin-en-Yvelines Cedex

France

ou par [email protected]

Si vous souhaitez recevoir Egis Contactmerci de nous adresser votre carte de visite :

La tour D2 livrée à la rentrée !Paris-La Défense – Signée par les architectes

Anthony Béchu et Tom Sheehan, la tour D2

est sans aucun doute l’une des tours les plus

atypiques du panorama urbain du quartier

de La Défense à Paris. Avec sa forme ovoïde

originale changeant des architectures tra-

ditionnelles, la tour s’élance sur 171 m de

hauteur et off re 40 niveaux (dont trois en

sous-sols). Au sommet de la tour prend place

un magnifi que jardin méditerranéen à ciel

ouvert abritant une vingtaine d’arbres tels

que des pins sylvestres, choisis pour s’adap-

ter au climat en altitude. Les espaces de res-

tauration, situés sur plusieurs étages,

off riront aux 4 200 occupants une vue pano-

ramique sur Paris. La tour D2 prend la place

de l’immeuble Veritas, démoli en septembre

2011. Sogecap*, l’investisseur du projet, a

confi é la mission de promotion immobilière

à Bouygues Immobilier et Sogeprom, et le

marché d’entreprise générale au groupement

GTM Bâtiment, Bateg et Dumez Ile-de-France

(groupe Vinci Construction). Egis a réalisé

la coordination des études de conception et

la maîtrise d’œuvre d’exécution. 

* Filiale d’assurance vie du groupe Société Générale

5/11 GRAND ANGLE Egis sème les graines

du changement

Tramway d’Odense : quand

le passé tutoie l’avenir

La Moldavie se dote

d’un système d’irrigation

performant

Le transport public belge

à l’heure du « sans contact »

Un laboratoire de recherche

taillé sur mesure pour

les matériaux innovants

Rocade de Marseille :

du rêve à la réalité

ITER sort de terre

Afrique : des projets

aéroportuaires d’actualité

Drones : l’observation

d’ouvrages revisitée

12/13 EGIS DANS LE MONDEColombie et Équateur :

des infrastructures au service

de la croissance

14 EXPERTISE Pourquoi construire en bois ?

15 REGARDS & CONVICTIONS L’art dans un monde urbain :

un nouvel art de vivre la ville…

16 RENCONTRE Sûreté et sécurité,

des enjeux forts à l’international

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L’ÉVÉNEMENT

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septembre 2014 - egis contact 3

Il nous faut sans tarder relier économie et écologie

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Le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) est célèbre pour sa Galerie de l’évolution, celle des espèces disparues et sa serre tropicale… Au-delà du musée, quels sont les rôles et les missions du MNHN ?

Gilles Boeuf : Le Muséum est une très vieille

institution. Créé en 1635 par le médecin privé

du roi Louis XIII sous le nom de Jardin du roi

et des plantes médicinales, ce lieu de 27 hec-

tares a, dès l’origine, pour vocation de faire

connaître l’histoire de la nature, ou « histoire

naturelle » aux humains. Aujourd’hui, il rem-

plit cinq missions, fi xées par l’État : faire de la

recherche ; dispenser un enseignement scien-

tifi que ; assurer la conser-

vation et l’augmentation

des collections d’histoire

naturelle de la France ;

diff user la culture scien-

tifi que, c’est-à-dire expli-

quer ce qu’est la nature

à nos concitoyens via

les musées, où sont pré-

sentées nos collections

inertes, ou via les jardins,

zoos, ménagerie, où sont

les collections vivantes ;

et enfi n, développer une

expertise scientifi que.

Cette dernière mission s’accélère depuis

quelques années car l’État français nous sol-

licite en permanence pour l’éclairer sur des

questions variées : « Que se passe-t-il si je fais

passer une autoroute dans cette forêt ? », « Quel

serait l’impact d’une extension du port de tel

endroit ? »… Nous jouons donc désormais un

rôle d’expert naturaliste. Nous avons par ail-

leurs créé deux outils inédits : le programme

Vigie Nature, observatoire de la biodiversité

basé sur la science participative (un réseau de

citoyens « observateurs ») et participons au pro-

jet CEEBIOS de la ville de Senlis (Oise) sur la

bio-inspiration qui consiste, à partir de notre

observation de la nature, à proposer des déve-

loppements technologiques impliquant moins

de pollution et des économies d’énergie.

À quels enjeux la recherche au Muséum est-elle aujourd’hui confrontée ?

G. B. : Nous avons près de 500 chercheurs

répartis dans 17 unités, qui travaillent sur

tous les domaines relatifs à l’histoire natu-

relle : géodiversité, biodiversité, évolution (l’un

de nos grands thèmes de recherche), adapta-

tion des organismes

au milieu, impacts du

changement global (cli-

matique, alimentaire,

politique, social). Cela va

de sciences « dures » telles

que la paléontologie, la

biologie moléculaire ou

la géochimie, à l’ethno-

graphie, l’ethnomusico-

logie, la préhistoire ou

l’étude du genre. Nous

sommes l’un des rares

instituts français à béné-

fi cier d’une telle transver-

salité. Le présider est passionnant, car je suis

moi-même quelqu’un de très éclectique : j’aime

toutes les sciences !

En France, la recherche est plutôt centrée sur

les mathématiques, la physique, la biologie

moléculaire, les applications médicales…

Nous avons plus de chercheurs travaillant

sur le diabète que d’écologues (alors que les

deux peuvent être liés !). Mais nous notons un

réel regain d’intérêt pour l’écologie – en tant

que sciences des écologues, à ne pas confondre

avec l’écologisme politique. Pendant longtemps,

l’écologie est restée sinistrée et le Muséum se

mourrait. Puis les grandes crises sociales, de

la biodiversité, du climat, de la surpêche, nous

ont amenés à tout reconsidérer. C’est la plus

belle des sciences, qui étudie les relations entre

les êtres vivants et avec leur environnement :

c’est superbe, admirable ! Désormais, le

MNHN se retrouve au centre du débat, car

il a des moyens pour proposer des réponses

aux grandes questions environnementales.

Son rôle est de mettre en évidence les crises,

d’essayer de les comprendre et de voir si

celle qui sévit actuellement peut ressembler

à celles du passé, pour répondre à cette

question : ne sommes-nous pas en train de

mettre en place les conditions d’une sixième

grande crise d’extinction ? Nos projets s’en

retrouvent « boostés », et nous n’avons jamais

recruté autant de chercheurs. C’est, peut-être,

l’aspect positif de tout cela… Nous menons des

expéditions dans le monde entier pour réaliser

des inventaires de la diversité biologique et voir

comment les milieux changent. Partout dans

le monde où il y a encore de la biodiversité

marine et continentale, nous y allons, pour

décrire les espèces qui pour certaines sont en

danger d’extinction et celles que l’on découvre

avant de les déposer, ici, au Muséum.

Ces travaux d’inventaire et de suivi bénéfi cient aujourd’hui de nouvelles technologies : GPS, appareil d’enregistrement autonome, analyses ADN… Quel regard portez-vous sur l’apport de ces outils ?

G. B. : Les équipes du Muséum ont tous les

jours, lors de leurs missions, recours aux

nouvelles technologies d’information, de

typage génétique, de géolocalisation… Elles

nous aident à voir si une espèce est nouvelle ou

non, à la décrire et même, à réaliser des « fi ches

d’identité » de chacune d’entre elles : c’est le

barcoding of life. Ce code-barres génétique,

établi à partir du séquençage d’une trentaine

de gènes de la mitochondrie et du noyau d’un

micro-organisme, d’une plante ou d’un animal

nous permet de caractériser génétiquement

l’individu ou un groupe d’individus. Un outil

extrêmement précieux pour classer des

organismes d’espèces inconnues, détecter

l’origine d’un organisme ou l’identifi er. Les

développements de la bioacoustique, de

leur côté, nous aident à mieux distinguer les

espèces en fonction des sons qu’elles émettent.

Une grenouille de Thaïlande n’a pas du tout

le même cri que la grenouille de nos marais…

Aujourd’hui, on décrit aussi les espèces par le

son – même si l’aspect, l’odeur et, bien sûr, la

génétique, sont essentiels. Certains chercheurs

acousticiens, comme le célèbre Bernie

Krause, sont même capables de déterminer

si un écosystème est pollué, simplement en

écoutant les sons ! Ces nouvelles technologies

ont considérablement modifi é le travail des

chercheurs depuis vingt ans, en les aidant à

préciser la connaissance.

Quel est précisément l’état de la biodiversité aujourd’hui ?

G. B. : Nous estimons que nous connaissons tout

au plus 20 % des espèces qui existent sur notre

planète, soit un peu plus de 2 millions d’espèces.

Il y aurait donc sur Terre entre 10 et 20 millions

d’espèces vivantes. Puisque nous décrivons

entre 16 000 et 18 000 espèces nouvelles tous

les ans, il nous faudrait encore… mille ans pour

simplement décrire la diversité d’espèces qui

nous accompagnent encore !

(suite p. 4)

GILLES BOEUFPrésident du Muséum national d’histoire naturelle de Paris

Nous ne pouvons plus continuer ainsi. Nous ne pouvons pas nous passer de la biodiversité.

L’ENTRETIEN

Page 4: Il nous faut sans tarder relier économie et écologieont amenés à tout reconsidérer. C’est la plus belle des sciences, qui étudie les relations entre les êtres vivants et avec

4 egis contact - septembre 2014

Refuge pour de très nombreuses espèces, les coraux sont en péril : à cause de l’homme, plus de 10 % des récifs coralliens ont déjà disparu et 60 % des survivants sont en danger.

Or, au rythme actuel des disparitions, nous en

aurons perdu la moitié avant la fi n de ce siècle.

Il n’est pas rare que, le temps que l’on ait décrit

une espèce nouvellement

identifi ée, le biotope que

l’on avait trouvé lors

de l’expédition ait déjà

disparu. C’est certain, la

diversité s’eff ondre : en

quinze ans, nous avons

détruit entre 50 et 90 % de

tous les grands poissons

pélagiques (vivant dans

les eaux proches de la

surface, ndlr) des océans.

À Bornéo, l’une des zones

du monde les plus riches

en espèces, 88 millions

d’hectares de forêt sont partis en quinze ans.

Nous connaissons les quatre grandes causes

de la perte de la biodiversité : la destruction de

l’écosystème et la pollution, la surexploitation

des stocks – via la pêche maritime et la

destruction des forêts tropicales  –, le

changement climatique – il faut être de très

mauvaise foi pour dire que l’homme n’y est

pour rien – et, enfi n, la dissémination des

espèces – ces espèces qui, via les avions, les

bateaux, sont introduites dans un milieu

diff érent de celui d’origine et peuvent devenir

invasives, créant d’énormes problèmes. Tout

cela est dramatique. Sans être catastrophiste,

je lance des cris d’alarme. Car nous ne pouvons

plus continuer ainsi. Et nous ne pouvons pas

nous passer de la biodiversité !

À quels changements l’homme de sciences et porte-voix du MNHN que vous êtes nous invite-t-il ?

G. B. : Il y a deux ennemis très forts, selon moi,

à la prise en compte de la nature : la cupidité

– cette tendance de l’humain à toujours vouloir

gagner le maximum en un minimum de

temps  – et l’arrogance –  caractéristiques qui

sont d’ailleurs beaucoup plus masculines que

féminines. Et deux réactions fréquentes qui

empêchent le changement : le déni, qui consiste

à dire qu’il n’y a aucun problème, et la triche.

Nous sommes dans un système où l’on triche

pour changer la réalité, ou bien la perception que

l’on en a, car nous refusons nos limites. Et nous

avons une vision très utilitariste de la nature.

J’en appelle à faire preuve de plus d’humilité,

beaucoup plus de partage et de respect. À vivre

« avec » la nature, et non en opposition avec elle.

D’un point de vue global, la question centrale

est celle-ci : comment lier l’écologie scientifi que

à l’économie ? Nous vivons, non pas la fi n du

monde, mais bien la fi n d’un monde économique.

Nous devons l’admettre et nous persuader que

nous devons partager les ressources actuelles,

dans un monde fi ni. Tant que l’on continuera

à gagner de l’argent en détruisant les écosys-

tèmes, en les surexploi-

tant, on appauvrira tout

l’ensemble. Nous ne pou-

vons pas continuer à tra-

vailler dans un système qui

tourne autour d’une écono-

mie anthropocentrée : soit

nous sommes capables de

basculer très vite dans une

réconciliation entre écono-

mie et écologie, soit nous

allons souff rir… Demain,

nous vivrons beaucoup

mieux en consommant

moins d’énergie, en gaspil-

lant moins, en mangeant des fruits et légumes

de saison, produits localement… Les avancées

sont réelles, mais tout cela est très lent.

La loi Grenelle 2 du 12 juillet 2010 réaffi rme avec force la démarche « Éviter, réduire, compenser » afi n de minimiser les impacts lors de la conception de projets. Est-ce, selon vous, un progrès ?

G. B. : Cette idée a beaucoup séduit les investis-

seurs. En France, nous injectons 800 millions

d’euros par an dans la compensation. Si nous

prenons l’exemple de l’écotaxe, l’idée est bonne,

voire vitale. À la condition évidente qu’elle ne

se surimpose pas aux taxes préexistantes, mais

plutôt qu’elle s’y substitue. En ce qui concerne

la taxe carbone, je pense aussi que l’idée est

bonne. Elle n’a pas marché, mais peut fonction-

ner si nous nous mettons d’accord sur son prix.

De toute façon, il faudra bien y venir : chaque

personne qui contribue à émettre du CO2 sera

taxée, d’une manière ou d’une autre. Mais il ne

faut pas que cela devienne un droit à polluer

ou à détruire.

Je préfère que l’on s’interdise de détruire et,

si cela n’est pas possible, que l’on réduise

très fortement l’impact, en gardant la

compensation comme solution de dernier

recours. La compensation est un moindre

mal. À condition, bien sûr, que les écologues

contrôlent attentivement ce qui est compensé,

et comment. Il est indispensable que des experts

scientifi ques soient intégrés au dispositif, pour

vérifi er que les actions de compensation ont un

impact réellement positif pour la biodiversité.

Le MNHN est très investi sur le sujet : il veille

par exemple à ce que tous les carriers de France,

une fois leur exploitation achevée, rendent

une carrière végétalisée. Mais la présence des

écologues n’est pas suffi sante. Aujourd’hui, la

loi n’est pas appliquée et la plupart des acteurs

ne compensent pas, c’est dramatique ! Il faut

donc, pour commencer, appliquer la loi.

Egis, groupe d’ingénierie « généraliste », intègre, dans ses équipes de conception, des compétences en études de biodiversité et de génie écologique. Comment percevez-vous ce rapprochement de l’écologie et de l’ingénierie ?

G. B. : Pour moi c’est excellent, et fondamental.

Pour un grand groupe d’ingénierie, il est

essentiel de tenir compte, pour chaque

projet, de l’impact écologique et de la perte

de la biodiversité, d’être attentif à l’usage

des matériaux. L’écologie n’est pas une

composante que l’on peut, au gré des projets,

ajouter à l’ingénierie, mais une approche

intrinsèquement intégrée à elle. Au lieu de

vouloir réinventer le vivant, inspirons-nous

de lui. C’est pourquoi la bio-inspiration, ou

biomimétisme, prend tout son sens. Regarder

le vivant pour s’en inspirer et inventer de

nouvelles technologies, va nous permettre

– ou nous permet déjà – d’imaginer des avions

qui volent plus vite, qui consomment beaucoup

moins de carburant, des bateaux qui vont

bien plus loin, des matériaux aux couleurs

changeantes… Rappelez-vous, le velcro de

vos chaussures vient entièrement des plantes

(de la fl eur de bardane, ndlr) ! En termes

d’ingénierie, cela se traduira par l’invention

de nouveaux matériaux : un béton compostable,

souple, léger, résistant aux séismes, des

matériaux de construction intégralement

recyclables après démolition ; des bâtiments

bioclimatiques, n’utilisant aucune énergie pour

chauff er ni refroidir (et l’on peut ici s’inspirer

des termitières), avec de nouveaux systèmes

de ventilation et d’aération. Enfi n, arrêtons

tout simplement d’imaginer uniquement des

dispositifs utilisant les énergies fossiles, car

tout ceci s’inscrit dans des limites fi nies.

Je vois croître l’intérêt des industriels, banques

d’aff aires, laboratoires de cosmétique… pour le

sujet, au fi l des années. La prise de conscience

est claire et quelque chose est en cours. Mais

cela ne va pas assez vite ! Vous verrez que

demain, on gagnera des marchés en tenant

compte de cela. Les industriels ont un rôle à

jouer en réconciliant économie et écologie. C’est

pourquoi j’attache une grande importance à

discuter avec eux, pour les convaincre que l’on

ne peut plus continuer « comme ça », et que la

plus belle et la plus durable entreprise de la

planète, fi nalement, c’est… la vie ! ■

Spécialiste de physiologie

environnementale – la

discipline qui s’intéresse à la

manière dont les êtres vivants

s’adaptent à leur

environnement – et de

biodiversité marine et

terrestre, Gilles Boeuf est

professeur à l’université Pierre

et Marie Curie (UPMC), à Paris.

Nommé à la présidence du

Muséum national d’histoire

naturelle (MNHN) en 2009,

il est également chercheur

à l’Observatoire océanologique

de Banyuls, au sein de l’unité

« Biologie intégrative des

organismes marins ».

Nommé professeur invité

au Collège de France sur la

chaire « Développement

durable, énergies,

environnement et sociétés »,

fi n 2013, Gilles Boeuf est

activement impliqué dans

la diff usion de la culture

scientifi que et de la

vulgarisation, et donne

régulièrement des conférences

sur la vie dans les océans, les

ressources vivantes, le rôle de

l’eau dans les systèmes

biologiques et la biodiversité.

68 millions d’objets naturels et

humains (papillons naturalisés,

éléphant empaillé, roches,

pierres précieuses, crânes

préhistoriques, scalps…)

L’un des trois premiers musées

mondiaux pour la richesse de

son fonds

Deux ministères de tutelle :

Enseignement supérieur et

Recherche, Développement

durable

2 000 agents, dont

500 chercheurs répartis

dans 7 départements

400 étudiants en thèse,

post-doctorat ou master

500 chercheurs publiant

chaque année plus de

1 000 articles scientifi ques

PARCOURS

LE MUSÉUMNATIONAL D’HISTOIRENATURELLEEN CHIFFRES

(suite de la p. 3)

Les industriels ont un rôle à jouer en réconciliant économie et écologie.

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K/P

NU

P6

5L’ENTRETIEN

Page 5: Il nous faut sans tarder relier économie et écologieont amenés à tout reconsidérer. C’est la plus belle des sciences, qui étudie les relations entre les êtres vivants et avec

GRAND ANGLE

septembre 2014 - egis contact 5

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Nous mesurons l’impact des diff érentes variantes d’un projet sur la production des services produits par la nature.

DOROTHÉE LABARRAQUE, chargée de l’innovation à Egis Environnement

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Egis sème les graines du changementLa conférence organisée par l’IENE (Infra Eco Network Europe) en Suède, du 16 au 19 septembre 2014, est l’occasion pour Egis de rappeler son engagement en matière d’ingénierie écologique et de présenter un projet novateur : l’intégration des services que rend la nature à l’homme dans l’évaluation de projet.

Les services rendus par la nature ?

Ce sont « des biens et services que

les hommes peuvent tirer des éco-

systèmes, directement ou indirecte-

ment, pour assurer leur bien-être ».

Défi nition donnée, en 2005, par le rapport

sur l’évaluation des écosystèmes de la pla-

nète pour le millénaire, commandé par les

Nations unies. Quelques années plus tard, le

Centre d’analyse stratégique (CAS) français

introduit à son tour l’idée d’« approche éco-

nomique de la biodiversité et des services liés

aux écosystèmes ».

Considérer la biodiversité comme une com-

posante à part entière de l’économie, lui attri-

buer une valeur quantifi able… Voilà qui sort

alors des sentiers battus et suscite l’inté-

rêt d’Egis dès 2008. « Nous avons senti qu’il y

avait quelque chose à faire, explique Dorothée Labarraque, chargée de l’innovation à Egis Environnement. Nos études portent sur le

volet environnemental des projets et nous nous

appuyons beaucoup sur la spatialisation de don-

nées. Nous avons donc réfl échi à la représentation

spatiale de la production de services produits par

la nature et à une méthode opérationnelle qui

permettrait de mesurer l’impact des diff érentes

variantes d’un projet sur cette production. »

Une coopération entre économistes et ingénieurs de l’environnement

Avant tout lancement de projet, tout donneur

d’ordres réalise un état des lieux du territoire

concerné au niveau des infrastructures de

transports, de l’aménagement, de l’occupation

du sol, etc., en regard de la densité de popu-

lation, du bassin d’emploi, des surfaces agri-

coles… Il organise également un débat public

et compare les diff érentes options techniques,

avant de prendre sa décision. L’idée d’Egis est

d’intégrer, pour chaque étape de l’élaboration

d’un projet, un critère de perte ou gain de capi-

tal naturel et de mesurer ce critère pour cha-

cune des variantes de projet étudiées : « Un

projet, dans la mesure où il génère une artifi cia-

lisation des sols, engendre forcément une perte

de services, explique Dorothée Labarraque, mais qui dépendra de l’endroit où le projet est

réalisé et du type d’écosystème concerné : forêts,

prairies, plans d’eau, bosquets, vergers, parcs

ne jouent pas le même rôle, en fonction de leur

localisation. »

Egis a commencé par se rapprocher d’un

économiste de l’environnement reconnu :

Jean-Michel  Salles, co-auteur du rapport

du CAS, qui a recommandé une doctorante,

Léa Tardieu, du Laboratoire montpelliérain

d’économie théorique et appliquée (LAMETA)/

SupAgro de Montpellier. Egis fi nance les tra-

vaux, Dorothée Labarraque pilote la thèse

et mobilise également une chargée d’étude

d’Egis spécialisée dans la spatialisation des

données (SIG). « Nous avons travaillé main dans

la main pendant trois ans et demi. Le laboratoire

nous a apporté ses connaissances en économie

théorique ; et nous, une approche très opération-

nelle et experte en matière de modélisation et

traitement de données spatiales notamment. »

L’équipe choisit une aire d’études concernée

par un grand projet d’infrastructure ferro-

viaire. Elle réalise un état des lieux des ser-

vices qui y sont actuellement rendus par la

nature à l’homme. Elle évalue ensuite l’im-

pact du projet sur ces services, c’est-à-dire la

manière dont le projet altérerait la produc-

tion de chacun de ces services. Exemple : si le

tracé choisi touche une forêt située près d’une

grande ville, l’impact risque d’être important

pour la population de la ville : une forêt joue

un rôle de purifi cation de l’air, mais constitue

aussi un lieu de détente. Reste à traduire les

pertes de services en termes quantifi ables :

« Nous les avons évaluées en valeurs biophy-

siques (tonnes de CO2 émises, mètres cubes d’eau

épurée, etc.) puis leur avons attribué des valeurs

économiques connues. Ce qui nous a permis de

monétiser la perte de services pour chacune des

variantes de tracé du projet. »

De la même manière, la perte totale de capital

naturel générée par la réalisation du projet

(sur la durée d’exploitation de l’infrastructure)

a été estimée. Elle ne représente pas moins de

44 millions d’euros, montant signifi catif dans

l’économie du projet…

L’élaboration d’une méthodologie robuste

In fi ne, une méthodologie robuste a été mise

en place permettant de spatialiser la produc-

tion de service dans un territoire donné, de

cartographier la densifi cation d’off res de ser-

vices et d’évaluer la perte de service liée à la

réalisation d’un projet.

Un travail patient et innovant qui permet

aujourd’hui de proposer aux décideurs publics

un outil inédit, connectant problématiques de

biodiversité et socio-économiques. Car l’enjeu

est de taille, souligne Dorothée Labarraque : « Nous sommes collectivement tellement décon-

nectés de la nature que nous ne nous rendons

plus compte des services qu’elle nous off re et dont

nous dépendons. Tous ces espaces non artifi ciali-

sés nous garantissent un environnement vivable,

mais nous vivons avec eux dans un équilibre

fragile et soumis à de fortes pressions liées à

nos activités. Jusqu’à présent, la perte de capi-

tal naturel n’était pas quantifi ée et était donc

considérée comme “nulle”… Aujourd’hui nous

savons donner une valeur à ces services. » Elle

espère donc inciter à une approche plus prag-

matique de l’environnement dans les projets,

mais aussi favoriser par ce nouveau critère

l’intérêt et la participation des citoyens dans

le processus de décision. ■

Pour en savoir plus sur l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (Millenium Ecosystems Assessment, MA) : www.unep.org/maweb/fr

Pour consulter le rapport « Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes » du Centre d’analyse stratégique (2009) : www.strategie.gouv.fr > Publications > Rapports

ÉVALUATION DE PROJET

Les services rendus par la nature :

Les bénéfi ces que l’homme tire de la nature, sans avoir à faire quoi que ce soit pour en bénéfi cier, sont répartis en quatre catégories :

■ services de prélèvement : matières premières (nourriture, fi bres, eau douce, produits pharmaceutiques)

■ services de régulation : régulation du climat ou des maladies (cycle du carbone, cycle de l’eau), contrôle biologique (chaîne alimentaire), pollinisation (abeilles)

■ services de support : rétention d’eau (pénétration dans les sols, limitation du ruissellement), développement du cycle nutritionnel, production d’oxygène, fourniture d’habitats

■ services culturels : loisirs et tourisme (parc, forêt, étang…), culture et éducation (patrimoine local, éducation à l’environnement…)

Modélisation du service de pollinisation en l’état existant. Modélisation du service de pollinisation en l'état futur avec l'intégration d'un projet.

Page 6: Il nous faut sans tarder relier économie et écologieont amenés à tout reconsidérer. C’est la plus belle des sciences, qui étudie les relations entre les êtres vivants et avec

La Moldavie se dote d’un système d’irrigation performantEn mai 2013, un important programme de travaux de réhabilitation de dix périmètres d’irrigation a démarré en Moldavie. Un projet majeur pour développer l’agriculture à haute valeur ajoutée dans le pays et booster les exportations.

Mieux alimenter en eau 15 000 hectares

de terres cultivées pour permettre à

plus de 9 000 agriculteurs de cultiver

des produits à plus forte valeur

ajoutée : tel est l’enjeu de la réhabilitation de

dix périmètres d’irrigation menée actuellement

en Moldavie.

Datant des années 1960 et 1980 et n’ayant

jamais été réhabilités, les réseaux d’irriga-

tion sont obsolètes. Résultat : d’immenses par-

celles cultivables sont laissées à l’abandon

depuis la fi n des années 1990, les exportations

sont peu variées avec pour conséquence des

importations en augmentation constante.

Conscient de cette situation, le gouvernement

moldave a pris les choses en main et avec

l’aide fi nancière des États-Unis a mis en

place une structure dédiée de gestion de

programme, performante et exigeante : MCA

Moldova.

Une réhabilitation de grande ampleur

« Au total, il s’agit de réhabiliter environ

345 km de conduites et 23 stations de pompage.

La superfi cie des périmètres varie de 500 à

2 000  hectares, indique Badre Lanedri, directeur de projet à Egis Eau. Les travaux

ont débuté en mai 2013, confi és aux entreprises

Sade (France) et Hidroconstructia (Roumanie),

pour un achèvement en août 2015. Selon les

secteurs, les chantiers sont à diff érentes phases

de mise en œuvre. Les deux premiers (Lopatna

et Criuleni) seront livrés en décembre prochain. »

Après un premier contrat décroché en

mai 2013 pour deux périmètres, un deuxième

en novembre pour quatre autres, puis des

négociations de gré à gré pour les quatre

restants, Egis a remporté au fi nal le contrôle

des travaux sur l’ensemble des dix périmètres !

Ce qui a fait la diff érence dans la candidature

d’Egis ? L’off re technique solide, la méthodologie

et la compétitivité fi nancière. « Ce qui a retenu

l’attention du client, MCA Moldova, c’est notre

capacité à réunir, dans les délais impartis, des

experts couvrant l’ensemble des domaines

techniques de la supervision de travaux. Et ce, en

mutualisant les ressources de diff érentes sociétés

du groupe », poursuit Badre Lanedri.

Une équipe multiculturelle

Ce projet mobilise trente personnes chez Egis,

de huit nationalités diff érentes. « Pour répondre

aux exigences de la législation moldave, nous

avons créé un bureau de représentation sur

place, à Chişinău, afi n de recruter des ingénieurs

locaux qui constituent un tiers de nos eff ectifs,

indique Badre Lanedri. Des spécialistes

dans les domaines de la santé et de la sécurité

au travail, de la topographie, de la législation

locale ou encore de la supervision technique. Nous

employons également des jeunes Moldaves en

tant qu’assistants chefs de projets, afi n de leur

donner l’opportunité de rejoindre une équipe

d’experts internationaux. »

MCA Moldova dispose également d’une

équipe d’experts qui couvrent l’ensemble des

thématiques du projet. Ainsi, la supervision des

travaux se fait en étroite collaboration entre ces

derniers et Egis, sur les diff érents sites, lors de

réunions hebdomadaires ou spécifi ques pour

chaque système d’irrigation. Notons que MCA

Moldova assure aussi un appui important pour

la coordination avec les institutions nationales

et locales concernées par ces travaux de

réhabilitation.

À l’instar de la Moldavie, de nombreux pays sont

confrontés aujourd’hui à la problématique de

modernisation et/ou de reconversion de

systèmes d’irrigation sous pression. « Ce contrat

est donc pour nous une référence signifi cative. Nous

espérons nous positionner prochainement sur des

marchés voisins », conclut Badre Lanedri.

EAU

6 egis contact - septembre 2014

MOBILITÉFICHE D’IDENTITÉ

Client : Odense Tramway, organisme public créé pour le projet, fi nancé à 50 % par l’État danois, 50 % par la ville d’Odense

Phase 1 : 14,7 km

Phases 1 et 2 : 21 km

Études complètes d'aménagement urbain : atelier VILLES & PAYSAGES, une société d'Egis

Début de la construction : 2017Année de mise en service : 2020Coût : 241 M€ pour 14,7 km (soit, 16,4 M€/km. À titre de comparaison, le coût moyen par kilomètre est, en France, de 25 M€)

FRANCIS CREWS, responsable du

développement à l’international

à atelier VILLES & PAYSAGES© E

GIS

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Tramway d’Odense : quand le passé tutoie l’avenir

Troisième ville danoise, Odense cultive sa tradition du rail. Un musée ferroviaire, 360 km de pistes cyclables qui empruntent des lignes de chemin de fer désaffectées et bientôt… un nouveau tramway dont une partie de la composition paysagère repose sur du ballast.

Ce nouvel équipement off rira aux habitants

un réseau de transport en commun reliant

le campus et l’hôpital universitaires, la gare,

le complexe sportif et le centre-ville. Ses

objectifs ? Augmenter de 200 % l’usage des

transports collectifs, apporter une nouvelle

vitalité économique aux entreprises situées

dans ces quartiers et la création d’emplois.

Premiers tours de roues prévus pour 2020

pour ce tramway qui sera le second du pays.

Des matériaux inhabituels

Pour Francis Crews, responsable du déve-loppement à l’international à atelier VILLES & PAYSAGES, une société d’Egis, l’aventure a

commencé il y a deux ans. « Nous nous sommes

positionnés sur le lot de design urbain », se rap-

pelle-t-il. « C’est un projet très original pour lequel

il a fallu faire preuve d’imagination afi n de s’adap-

ter à certaines demandes de la ville. » En eff et,

sur les 14 km du tracé de la phase 1, la moitié

du linéaire de la plateforme doit être traitée

en ballast ferroviaire : « Un matériau facile à

mettre en œuvre mais peu utilisé dans les villes,

explique Laurent Naiken, directeur de pro-jet à atelier VILLES & PAYSAGES.Pour en amé-

liorer l’insertion urbaine, nous avons envisagé

plusieurs hypothèses dans le but de végétaliser

ce matériau. Une équation complexe car le bal-

last est un milieu peu hospitalier et l’aff ouillement

annuel prévu pour que la plateforme conserve sa

stabilité a toutes chances de détruire les systèmes

racinaires pouvant s’y développer. »

Alors, l’équipe projet cherche et élabore des

principes de composition paysagère basés en

partie sur le ballast : mettre en œuvre, dans

les portions urbaines du tracé, des bordures

et trottoirs en béton désactivé intégrant les

granulats ferroviaires, étirer l’emprise de la

plateforme du tramway pour planter en son

centre, dans la zone non circulée, des essences

frugales telles que bouleaux, saules marceaux

et certaines graminées…

Des méthodes de travail inédites

L’équipe se confronte aussi à « une approche

du montage et de la conduite très diff érente de

ce que nous connaissons », rapporte Francis Crews. Ainsi, plutôt qu’être missionnée sur

l’ensemble des phases de conception, l’équipe

de maîtrise d’œuvre conclut des contrats

ATR (activités-temps-ressources) avec la

municipalité. Reconductibles, ils sont basés

sur une estimation du temps nécessaire à la

réalisation de missions spécifi ques : « Il y a, au

Danemark, une culture très démocratique dans la

prise de décision, explique Francis Crews. Les

études d’impact de la future ligne de tramway ont

nécessité une année de consultation publique !

Les contrats ATR s’adaptent à cette spécifi cité : il

n’y a pas de pénalités de retard et si l’enveloppe

temps-ressources est consommée avant d’avoir

achevé la production prédéfi nie, nous rediscutons

des objectifs et des moyens nécessaires pour

les atteindre. » Cette fl exibilité contractuelle

engendre une évolutivité importante dans

la défi nition même du projet et exige une

adaptation continuelle… et passionnante ! ■

GRAND ANGLE

Page 7: Il nous faut sans tarder relier économie et écologieont amenés à tout reconsidérer. C’est la plus belle des sciences, qui étudie les relations entre les êtres vivants et avec

Un tel changement ne doit pas se réduire à un dialogue technique

Dans quel contexte avez-vous décidé de passer à la billettique sans contact ?Il faut d’abord souligner le travail mené

par la Société des transports

intercommunaux de Bruxelles (STIB)

qui a posé dès 2008 avec sa carte

sans contact Mobib les jalons de

l’interopérabilité dans les systèmes de

transport publics. Nous avons mesuré

à la fois les atouts du sans-contact et

l’obsolescence atteinte par notre système

de perception magnétique des titres de

transport. Aujourd’hui, nos chauff eurs

sont nos premiers vendeurs. Cela pose

à la fois la question de leur sécurité,

compte tenu des recettes qu’ils génèrent,

et celle de la ponctualité de nos lignes,

puisque le temps passé à rendre la

monnaie impacte les horaires prévus.

La carte sans contact répond à ces

enjeux, réduisant de moitié les ventes

dans les bus par la vente en ligne et

la multiplication d’autres points

de vente physiques, et améliorant

d’autant la qualité du service aux usagers.

Quels sont les premiers retours des usagers sur le projet-pilote ?L’usage de la carte TEC IT EASY doit être

d’une simplicité accessible à tous les publics.

Du coup, nous sommes très attentifs aux

retours des premiers utilisateurs. Il y a

quelques ajustements qui nous ont été

suggérés, comme le niveau sonore des

validations dans les véhicules, jugé excessif,

mais dans l’ensemble, le nouveau système

est bien assimilé, et accepté. Cela reste

un changement dans les habitudes, et

il ne faut pas sous-estimer ses eff ets.

Ainsi, la billettique sans contact fournit

une occasion de redéfi nir sa stratégie

commerciale. On peut à la fois simplifi er

les tarifs et diversifi er l’off re aux usagers.

Toutefois, trop de changements d’un coup

peuvent désorienter nos clients et avoir

un eff et répulsif. C’est pourquoi nous avons

découplé notre réforme tarifaire

du déploiement de la billettique, et reporté

de quelques mois après la diff usion

en masse de TEC IT EASY l’intégration

de solutions intermodales comme

l’auto-partage ou les vélos en libre-service.

Y a-t-il d’autres points de vigilance à observer dans la mise en œuvre d’un tel projet ?Il s’agit aussi de choisir soigneusement

son système billettique. Nous avons fait

confi ance à un industriel disposant

d’une solution sans contact éprouvée

dans 22 villes en Europe, l’adaptant à nos

contraintes sur quelques points seulement :

export fi nancier vers notre propre système

de gestion, communication entre les

valideurs et la plateforme embarquée de

localisation sur nos véhicules, spécifi cations

du standard sélectionné pour notre carte

sans contact… Nous ne regrettons pas

d’avoir pris cette direction : une solution

entièrement personnalisée aurait sans

doute pesé sur notre calendrier de

déploiement. Autre point important : il est

utile de ne pas réduire la mise en œuvre

d’un tel changement à un dialogue

technique entre équipe projet et maîtrise

d’œuvre. La billettique sans contact

concerne tous nos métiers, des chauff eurs

aux comptables, et il est crucial de faire

vivre le projet à l’intérieur de l’entreprise. 

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BILLETTIQUE

Un des bus pilote de la ligne W.

Exemple de valideur de carte sans contact.

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MARTIN DUFLOU,chef de projet

TEC IT EASY

à la Société régionale

wallonne des transports

(SRWT)

septembre 2014 - egis contact 7

Le transport public belge à l’heure du « sans contact »Test grandeur nature pour le futur système billettique sans contact de la Société régionale wallonne des transports. Début 2015, la société de transport belge va déployer TEC IT EASY sur l’ensemble de son réseau et ses 500 000 usagers. Un véritable challenge.

«Voir en petit ce que cela

donnera en grand. » C’est

toute l’idée du test de

billettique sans contact

actuellement mené sur

la ligne de bus W de TEC (organisme qui réu-

nit cinq sociétés de transport public du terri-

toire wallon), aux portes de Bruxelles. Cette

expérience pilote, lancée en novembre 2013,

consiste à équiper les trente bus de la ligne

de valideurs de carte sans contact. Premiers

tours de roue pour la nouvelle carte TEC IT

EASY, basée sur la technologie RFID (pour radio

frequency identifi cation), et confi ée à 200 usa-

gers réguliers de la ligne W : « Le choix de cette

ligne pour notre projet-pilote ne doit rien au

hasard, précise Martin Dufl ou, chef de pro-jet à la Société régionale wallonne des trans-ports (SRWT). Elle est empruntée par tous profi ls

d’usagers, avec d’importantes charges de montée.

Elle traverse des zones rurales et urbaines, sur un

tracé au contact du métro bruxellois. Ces carac-

téristiques sont très intéressantes car elles font

du test un laboratoire de notre projet. »

Mesurer la simplicité d’utilisation du nouveau

titre de transport, valider son interopérabilité

avec des lignes exploitées par d’autres sociétés

de transport public, tester les automates de

rechargement… Étape après étape, c’est l’effi ca-

cité de tout un système billettique sans contact

qui est évaluée. Car la SRWT ne compte pas s’ar-

rêter à la ligne W. En ligne de mire, la grande

échelle, la très grande même : « À terme, l’en-

semble des transports publics belges sera acces-

sible via TEC IT EASY, précise Martin Dufl ou. L’interopérabilité de notre nouveau titre de trans-

port ira même au-delà des frontières, puisqu’il est

d’ores et déjà prévu de pouvoir emprunter cer-

taines lignes de la métropole lilloise avec celui-ci. »

Retours statistiques

Le top départ du déploiement de TEC IT EASY,

sur l’ensemble du réseau de la SRWT et ses

500 000 usagers, est prévu pour début 2015. À

cette échelle, la billettique sans contact appor-

tera ses bénéfi ces, du côté des usagers comme

de celui des autorités organisatrices de trans-

port : « Tout le monde va y gagner, explique Stéphane  Depuydt, chef de projet à Egis France, accompagnant la SRWT en études

et suivi de la mise en service sur ce projet

depuis 2011. Pour les clients, c’est un meilleur

service : les canaux de vente se multiplient, ils

peuvent recharger leur titre de transport sur des

automates, dans de nombreux commerces, ou

même payer depuis chez eux par Internet ! Qui

plus est, les lignes seront plus ponctuelles car les

chauff eurs passeront moins de temps à rendre la

monnaie pour des achats de billets, et plus adap-

tées à leur fréquentation, grâce au suivi permis

par la technologie RFID. » En eff et, du côté de

la SRWT, le basculement du magnétique vers

le sans-contact va se traduire par des retours

statistiques sur les variations de fréquenta-

tion au sein du réseau. « Pour un opérateur, c’est

précieux, poursuit Stéphane Depuydt. Il est

alors possible de savoir précisément comment

se ventilent les besoins de déplacements dans le

réseau, suivant les lieux ou les horaires. On peut

optimiser le service aux usagers, que ce soit dans

les capacités ou la fréquence des bus. »

Poupées russes

Mais avant d’en arriver là, il s’agit de fi abi-

liser le système, déployé à grande échelle :

350 millions de validations sans contact pré-

vues chaque année, 5 100 valideurs installés

dans les bus, 4 000 points de vente dans les

commerces… Un véritable challenge : « L’échelle

du projet est eff ectivement assez inhabituelle en

billettique, explique Yves Cohen, directeur développement des systèmes à Egis France. La complexité du projet tient à ce paramètre, mais

aussi au fait que la conception, l’intégration et

le déploiement du système se font sur un timing

assez serré, et que le système est au contact du

grand public. C’est d’ailleurs un axe structurant

du projet que de faire une priorité absolue de la

simplicité d’utilisation de TEC IT EASY. »

Pour cela, les équipes d’Egis ont développé une

méthode de production originale. Plutôt que de

travailler de façon séquentielle, lot après lot,

le projet avance de façon incrémentale : « Nous

avons défi ni douze étapes clés, comportant cha-

cune une phase de spécifi cations, de conception,

d’intégration, de validation puis de réception par

le client, précise Yves Cohen. On ne peut pas-

ser à l’étape suivante que si tout est validé : cela

sécurise l’avancée d’un projet très complexe. » Une

méthode de production en « poupées russes »,

dont l’expérience pilote sur la ligne W constitue

la troisième étape. D’ici peu, les 200 premiers

utilisateurs seront 2 000. Puis TEC IT EASY sera

déployé sur deux autres lignes, portant son

panel d’usagers à 5 000. Une échelle critique

jugée suffi sante pour tester l’ensemble des

fonctionnalités de la billettique sans contact,

déployée en masse début 2015, où l’on verra

en grand ce que cela aura donné en petit. ■

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8 egis contact - septembre 2014

Un laboratoire de recherche taillé sur mesure pour les matériaux innovantsDébut 2015, l’Institut Jean Lamour à Nancy ouvrira ses portes à 520 personnels de recherche et 180 étudiants, jusqu’alors disséminés sur six sites lorrains. Derrière sa façade urbaine, il abritera des fonctions administratives, mais aussi un centre de recherche de rang mondial dédié aux matériaux et aux nanosciences. Retour sur les spécifi cités techniques de conception d’un ensemble de bâtiments complexes.

Une course contre la montre. C’est

un enjeu devenu quotidien pour

les équipes mobilisées sur le

chantier de l’Institut Jean Lamour

(IJL), l’un des plus importants

laboratoires de l’Institut de chimie du CNRS,

au cœur du campus ARTEM à Nancy (cf. enca-

dré ci-dessous). Gros œuvre, façades et couver-

ture ont été terminés dans le calendrier initial,

mais la vigilance de Gilles Pétain, directeur travaux à Egis Bâtiments Grand Est, chargé

sur ce projet de la direction d’exécution des tra-

vaux, reste entière à l’heure d’entamer l’équi-

pement des locaux. « C’est une phase complexe

à mener dans des délais serrés. La réception de

l’opération est prévue pour février 2015. D’ici là,

nous avons le cloisonnement de 800 salles à réali-

ser, et surtout des réseaux particulièrement denses

en câbles informatiques, fi bre optique et réseau

électrique courants forts à installer. »

Le challenge des prochains mois tient en

quelques chiff res : 7,8 MVA (mégaVolt-Ampère)

de puissance électrique à distribuer et

220 000 m (!) de linéaire de câbles informatiques

et fi bre optique à installer dans les 28 400 m²

de surfaces au plancher du bâtiment. Pour l’es-

sentiel, une très forte densité de réseau « voix-

données-image », reposant sur la destination

scientifi que du projet. Il s’agit de constituer un

établissement de niveau mondial en matériaux

et nanotechnologies. « Ce projet immobilier va

contribuer, par une concentration des moyens et

des compétences, à ouvrir la recherche vers des thé-

matiques émergentes », précise Pierre Brunet, directeur technique de l’IJL.

Le plus grand instrument jamais construit pour les matériaux innovants

Rendez-vous à l’Agence Nicolas Michelin et

Associés (ANMA), dans le 10e arrondissement

de Paris. Ici, l’IJL, on connaît bien. À l’issue

d’un concours international organisé en 2006,

le mandat de maîtrise d’œuvre du projet a été

confi é à l’ANMA, associée aux équipes d’Egis,

d’Elioth et à la paysagiste Claire Alliod.

Traduire les besoins des laboratoires et des cher-

cheurs dans la défi nition des locaux et le fonc-

tionnement des laboratoires : la feuille de route

du projet architectural est simple. La réponse,

bien plus complexe : « C’est un projet complet avec

des contraintes de conception très spécifi ques de

poids, d’encombrement, d’accessibilité et de vibra-

tion », explique Cyril Trétout, architecte urba-niste associé à l’ANMA (cf. interview).

Une intégration fi ne des besoins fonction-

nels par l’architecture nécessitant des exper-

tises techniques pointues. La pièce maîtresse

de l’Institut Jean Lamour : une salle blanche

accueillant le DAUM, un ensemble d'instru-

ments reliés par un tube étanche de 70 m de

long pour élaborer et caractériser sous ultra-

vide des objets de taille nanométrique, soit

le plus grand instrument jamais construit

pour les nanosciences. « L’équipement scienti-

fi que est exceptionnel, les dimensions de la salle

en atmosphère contrôlée qui l’accueillera le sont

aussi, reprend Frédéric Lantz, directeur du projet ARTEM à Egis Bâtiments Grand Est. Elle occupe toute une aile du bâtiment et a sup-

posé un travail poussé en aéraulique. »

Ambiances explosives

En eff et, pas moins de 46 gaz de natures dif-

férentes seront mis en œuvre dans les labora-

toires. En sortie, mille points de distribution

qui vont supposer de la manipulation des gaz

pouvant générer des ambiances explosives.

« Le dispositif de ventilation est très complexe

et a supposé de mobiliser des expertises spéci-

fi ques du groupe Egis en atmosphère contrôlée

et en vibration. »

Chasse aux vibrations eff ectivement dans les

salles logeant des équipements scientifi ques de

mesure et de contrôle ultrasensibles tels que

les microscopes électroniques ou le DAUM. Une

gageure, étant donné l’insertion de l’IJL dans

le tissu urbain, et en particulier sa proximité

du tracé du tramway, et la présence de ponts

roulants prévus pour de fortes charges. La

solution imaginée par les équipes d’Egis : déso-

lidariser les nefs d’expérimentation « ultra-

sensibles » des bâtiments. Ainsi, les locaux du

DAUM reposent sur des massifs cubiques en

béton, eux-mêmes fi xés sur des dalles anti-

vibratiles, sans être reliés structurellement

au reste du bâtiment.

Au total, 380 m3 de massifs et plots anti vibratiles

ont été mis en œuvre sur l’IJL : « Cela donne la

mesure de ce que les spécifi cités liées aux activités

de recherche peuvent générer en complexité dans

le bâtiment. Sur ce point, il faut souligner la qualité

de la direction des travaux qui a permis, grâce à

une concertation de tous les instants avec les utili-

sateurs, d’optimiser en phase d’exécution ce que je

considère comme un très beau projet instrumen-

tal : un bâtiment de recherche taillé sur mesure »,

conclut Pierre Brunet. ■

BÂTIMENTS COMPLEXES

Un travail d’intégration par l’architecture des besoins fonctionnels

Comment insérer un bâtiment tel que l’Institut Jean Lamour (IJL) dans la ville ? La première des choses a été de retrouver

dans le dessin du plan-masse de cet

ensemble de 26 000 m² construits, une

intégration au projet urbain général

d’ARTEM, avec la notion de continuité de la

ville avec des rues, des places, des parcs. Il

s’est agi aussi de retrouver dans les volumes

de l’IJL une échelle qui puisse s’inscrire

dans le bâti environnant. Pour cela, nous

avons étalé le programme : l’IJL ne dépasse

pas cinq niveaux, dont un niveau en sous-

sol. Enfi n, nous avons repris certains des

principes architecturaux mis en œuvre sur

l’ensemble du projet urbain : l’ancrage du

programme par des « maisons-signes », qui

sont autant de repères urbains, et la mise

en œuvre d’une architecture de toiture,

ayant la capacité de dissimuler la grande

complexité technique des équipements

installés sur le toit de l’IJL.

Quels partis pris architecturaux avez-vous choisis pour répondre au programme et à sa complexité technique ? Le programme comporte des contraintes très

fortes, au sens où il faut faire cohabiter des

types de locaux aux usages très diff érents

(ERP, bureaux, laboratoires de recherches).

Cette diversité induit une spatialisation

marquée des fonctions du bâtiment : les

bureaux sont implantés dans les étages

supérieurs, les équipements de recherche

sont, eux, situés dans les trois premiers

niveaux de l’IJL, certains microscopes

électroniques requérant une grande hauteur

sous plafond, avec une charge au plancher

très importante. Les activités de recherche

sont sécurisées et regroupées dans cinq nefs

d’expérimentation, où sont créées des « zones

d’activités » optimisant le découpage de

l’activité scientifi que. Les lieux ouverts au

public comme les salles des étudiants en

master, la cafétéria et l’administration sont

situés dans les maisons signes qui forment

l’entrée du bâtiment. C’est un travail précis

d’intégration par l’architecture des besoins

fonctionnels.

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CYRIL TRÉTOUT,architecte urbaniste

associé à l’ANMA

FICHE D’IDENTITÉ

Client : Institut Jean Lamour, CNRS - Université de LorraineMaîtrise d’ouvrage : Région LorraineMaîtrise d’ouvrage déléguée : SOLOREM Nancy

Maîtrise d’œuvre : Agence Nicolas Michelin et Associés ; Egis/EliothDébut de la construction : décembre 2011

Livraison : février 2015

Montant des travaux : 49 M€ HT

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Un bâtiment conçu comme un grand instrument de recherche vivant et cohérent.

PIERRE BRUNET, directeur technique

de l’Institut Jean Lamour

Institut Jean Lamour, situé sur le campus ARTEM à Nancy.

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septembre 2014 - egis contact 9

AUTOROUTE URBAINE

Rocade de Marseille : du rêve à la réalité

La rocade L2, c’est un peu comme l’Arlésienne : plusieurs générations de Marseillais l’ont espérée mais personne n’ose plus y croire… Pourtant, après avoir connu des vicissitudes pendant plus de quatre-vingts ans, ce projet de voie rapide urbaine fait de nouveau l’actualité.

Longue d’une dizaine de kilomètres,

cette liaison rebaptisée A 507, reliera

les autoroutes A50 à l’Est et A7 au

Nord. Elle permettra de contour-

ner le centre-ville et de désengor-

ger les boulevards de la cité phocéenne pour

accéder au centre-ville. Le contrat de partena-

riat public-privé a été signé le 7 octobre 2013

par la Société de la rocade L2 (SRL2) dont

Egis est membre, aux côtés de Bouygues TP

(mandataire du groupement constructeur),

Colas Midi-Méditerranée, Spie Batignolles,

Meridiam Infrastructure et CDC Infrastructure.

Au total, 620 millions d’euros sur une durée

de trente ans.

Un chantier au cœur d’une urbanisation très dense

La complexité technique du projet résulte en

partie de son histoire. « Les emprises datent de

1933. Mais les premiers travaux commencent en

1960 et se poursuivent jusqu’en 2011 de façon

chaotique. À ce jour, certains tronçons sont en

service alors que d’autres parties, notamment cer-

tains ouvrages d’art, ne sont que partiellement

achevées. Nous allons donc, d’une part, devoir

tenir compte de l’existant et d’autre part, insérer

les nouvelles infrastructures dans un contexte

urbain qui a évolué et s’est fortement densifi é »

explique Abdellah Benhatta, représentant

d’Egis au conseil d’administration de la SRL2.

Afi n de composer avec ce nouveau paysage

urbain, 50 % du tracé sera couvert. Des amé-

nagements, tels que des parcs, des jardins par-

tagés, des espaces de jeux ou encore des voies

de circulation douce (piétons et vélo) sont pré-

vus en surface pour améliorer la qualité de

vie des riverains.

Une concertation organisée en amont des travaux

Malgré tous les dispositifs mis en place pour

les minimiser, un chantier sans nuisances

n’existe pas. Afi n de susciter la meilleure accep-

tation possible de ce dernier pendant la phase

de travaux, la SRL2 a imaginé de multiples

dispositifs pour tisser du lien avec les habi-

tants concernés. « La problématique de la concer-

tation a été engagée très en amont du démarrage

du chantier, de façon à servir le projet et pas uni-

quement pour se conformer à une obligation

contractuelle » poursuit Abdellah Benhatta.

« Toutes les parties prenantes, à savoir l’État, les

collectivités locales et la SRL2, sont très attentives

à cette problématique. Une Maison du projet SRL2

a été installée au bord de l’ouvrage et permet

notamment d’accueillir le public, d’expliquer l’en-

semble du projet et le déroulement des travaux.

Des réunions ont rassemblé les diff érents acteurs

pour répondre aux questions concrètes des

riverains. Leurs requêtes ont été écoutées et prises

en compte lorsque c’était possible. Autant d’ini-

tiatives pour créer une dynamique positive »,

conclut-il. Démarrage des travaux prévu à l’été

2014, pour une livraison dans des temps très

contraints puisque celle de la L2 Est est pro-

grammée pour l’été 2016 et celle de la L2 Nord

pour l’automne 2017.  

ÉNERGIE

ITER sort de terre

Recréer sur Terre la réaction de fusion nucléaire à l’œuvre dans les étoiles pour libérer une source d’énergie sûre, intarissable et respectueuse de l’environnement. Ce rêve anime la communauté scientifi que depuis les années soixante. Il se concrétise aujourd’hui au sein du projet international ITER, dont les premiers bâtiments sortent progressivement de terre à Cadarache, dans le Sud de la France. Un chantier orchestré depuis 2010 par le consortium Engage, qui rassemble quatre partenaires européens, dont Egis. Point d’étape sur ce projet extraordinaire.

ITER sera la plus grande installa-

tion expérimentale de fusion jamais

construite. Son objectif : démontrer

que l’industrialisation du procédé de

fusion nucléaire mis au point en labo-

ratoire est possible et ouvrir ainsi la voie à

une nouvelle fi lière de réacteurs nucléaires.

Ce projet est le fruit d’une collaboration

internationale sans précédent entre la

Chine, la Corée du Sud, le Japon, l’Inde, la

Russie, les États-Unis et l’Europe, qui four-

nissent chacun une partie des composants.

Baptisée F4E*, l’agence européenne prend

ainsi en charge la construction du site qui

accueillera le futur réacteur expérimental.

En 2010, elle a confi é la maîtrise d’œuvre

du projet au consortium européen Engage,

rassemblant les entreprises Egis (France),

Assystem (France), Atkins (Royaume-Uni) et

Empresarios Agrupados (Espagne).

Un grand chantier de bâtiment

Le contrat comprend la construction du com-

plexe nucléaire qui accueillera à terme le

fameux tokamak dans lequel se produira la

réaction de fusion, mais aussi de l’ensemble

des bâtiments annexes : fourniture d’électri-

cité, usine cryogénique, bâtiment de retrai-

tement des déchets radioactifs…

« Nos missions vont de la conception, l’aspect

procurement avec les entreprises, la supervi-

sion des travaux, jusqu’à leur réception. Pour

chacune d’entre elles, nous travaillons en équipe

intégrée et allons chercher les meilleures com-

pétences au sein des diff érents partenaires »,

explique Gilles Schartle (Egis), project director.

Aujourd’hui, 230 personnes sont mobilisées

au sein d’Engage sur le site de Cadarache.

Parmi elles, une trentaine de collaborateurs

Egis, notamment à la direction de projet ainsi

qu’au design et pilotage du planning et de la

construction. À cela s’ajoutent des sollicitations

ponctuelles des diff érentes sociétés d’Egis

pour du design de structure complexe et

des études particulières (protection contre

la foudre, réseaux enterrés…).

À projet exceptionnel, expertises exceptionnelles

Si le design des bâtiments auxiliaires est

aujourd’hui pratiquement terminé, les bâti-

ments nucléaires en sont encore à la phase

d’études détaillées. « Le modèle 3D du toka-

mak d’ITER comporte des millions de compo-

sants. Cette machine de 30 m de diamètre sur

30 m de haut pèse plus de 30 000 tonnes, soit le

poids de quatre tours Eiff el ! Elle sera soumise à

d’importants eff ets de soulèvements et de tem-

pérature, qui génèrent des contraintes extrême-

ment sévères sur les matériaux mais aussi sur la

structure des bâtiments. Sans compter qu’il faut

concevoir et orchestrer leur construction alors

que le process lui-même n’est pas encore tota-

lement défi ni, explique Alain Baudry (Egis), integrator and deputy design manager. Cela implique d’être en liaison directe avec les

développeurs des procédés pour suivre toutes

les nouvelles avancées et les implémenter au fur

et à mesure. On a coutume de dire que sur ITER,

le soleil ne se couche jamais ! L’organisation

couvre en eff et tous les fuseaux horaires, avec

une vingtaine de nationalités qui travaillent

sur le projet 24 heures sur 24 ! » ■

* Fusion for Energy

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Fondations du complexe Tokamak.

Egis, un acteur multi-casquettes✔ Actionnaire à 5 % de la Société

de la Rocade L2, chargée de la conception, la construction et du fi nancement de l’ouvrage, puis de son entretien et de sa maintenance pour une durée de 30 ans. Egis participe notamment aux activités de maintenance et plus particulièrement aux missions d’assistance à maîtrise d’ouvrage maintenance et GER (Gros Entretien Réparations) ;

✔ Maîtrise d’œuvre intégrée auprès du groupement constructeur (GIE L2) chargé de la conception et de la construction de l’ouvrage ;

✔ Intégrateur clé en main des équipements fi xes d’exploitation.

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Afrique : des projets aéroportuaires d’actualitéJuin 2014. Alors qu’Egis vient à peine de livrer le travail de conception de l’aéroport de Ouagadougou au Burkina-Faso, plus de trente entreprises ont retiré le dossier technique de consultation pour le premier lot travaux. Un symbole fort de l’attractivité du continent africain.

Dans le domaine aéroportuaire,

Egis a développé une approche

intégrée et des compétences plu-

ridisciplinaires en France et à l’in-

ternational. En Afrique, le groupe

est ainsi présent au Tchad, en Mauritanie, au

Burkina-Faso, au Sénégal, au Kenya, en Algérie,

en Égypte, en Côte-d’Ivoire, au Gabon et au

Congo sur des projets d’ingénierie, des missions

de réalisation de maîtrise d’œuvre et d’assis-

tance technique ainsi que pour l’exploitation

de certains aéroports.

Le facteur humain

La belle histoire aéroportuaire entre Egis

et ce continent démarre en 1970. Depuis, de

part et d’autre, les liens se sont tissés soli-

dement. « Bâtir sur le long terme, au service

de l’intérêt public est inscrit dans notre ADN »

précise Frédéric Nicolon, directeur géné-ral adjoint d'Egis Avia. « En Afrique, nous

avons capitalisé une expérience riche et com-

plémentaire dans tous les secteurs du trans-

port. Mais, notre connaissance va au-delà de

nos expertises métiers. Nous déployons nos

projets en tenant compte du contexte socio-

économique, de la culture et des habitudes de

vie de chaque pays mais aussi des facteurs

environnementaux, bioclimatiques, géotech-

niques et architecturaux » poursuit-il. Pour

Éric Houplain, directeur de zone à Egis Bâtiments International, « en Afrique, il

faut beaucoup d’échanges, de dialogue et il faut

aussi se voir. Cette dimension humaine est très

importante. C’est pourquoi nous nommons un

directeur de projet, qui devient l’interlocuteur

unique du client sur place. »

Une capacité à orchestrer des projets très variés

Un aéroport est un projet complexe qui exige

des expertises spécifi ques liées à l’infrastruc-

ture en elle-même mais aussi celles relatives

au trafi c aérien et aux besoins de mobilité pour

accéder à l’aéroport. La force d’Egis est de consi-

dérer tous ces éléments comme faisant partie

d’un tout et de positionner l’aéroport comme

une valeur ajoutée sociale, urbaine, commer-

ciale et industrielle. « Nos missions varient d’un

aéroport à l’autre et l’adaptabilité est l’une de nos

cartes maîtresses. Nous savons travailler pour

tous les donneurs d’ordres, pour des maîtres d’ou-

vrages publics comme pour des opérateurs pri-

vés » poursuit Frédéric Nicolon.

L’exploitation, un atout de plus au service des maîtres d’ouvrage

Dans ce domaine, où les contrats de conces-

sion courent souvent sur une trentaine d’an-

nées, Egis apporte son expertise en gestion,

en management, en marketing et en stratégie

de développement. Autant d’atouts qui per-

mettent la croissance de l’activité des aéroports

et assurent leur rentabilité. « Pour le maître

d’ouvrage, savoir que nous pouvons assurer l’ex-

ploitation de l’objet que nous devons construire

off re une visibilité importante à moyen terme.

En prenant en compte les problèmes et coûts de

maintenance dès la conception, cela engage notre

responsabilité. C’est, in fi ne, l’une des conditions

sine qua none de la conception durable » conclut Éric Houplain. ■

AÉROPORTS

Le Burkina-Faso se dote d’un complexe aéroportuaire Afi n de remplacer l’aéroport de Ougadougou situé

actuellement en plein centre-ville, le gouvernement

a décidé de transférer l’activité aéroportuaire de la capitale

à Donsin à 30 km au nord de celle-ci. Les objectifs ?

Désenclaver l’infrastructure, la ville ne disposant pas

de réserve foncière suffi sante pour la nécessaire

et future extension de l’aérogare, mais également réduire

les nuisances pour les habitants et améliorer la sécurité.

Egis a élaboré les études d’avant-projet détaillé des

infrastructures aéroportuaires, des bâtiments et des

services de base de cette plateforme. Les dossiers d’appels d’offres sont en cours

et la sélection des entreprises pour la phase travaux a débuté. Le premier marché

concerne les voies d’accès entre Ouagadougou et le nouvel aéroport, hors du champ

d’études d’Egis. Ceux de l’aéroport devraient débuter début 2015 pour quatre ans.

Un niveau de service élevé pour le nouvel aéroport de Nouakchott en Mauritanie Grâce à cette nouvelle infrastructure

aéroportuaire, l’État mauritanien compte

accueillir tous les types d’aéronefs

commerciaux, y compris les avions de

nouvelle génération comme l’A380, et

attirer deux millions de passagers. Le projet, qui s’intègre parfaitement dans son

environnement, offrira un haut niveau de service y compris dans le traitement

des bagages, des conditions optimales de circulation, des temps d’attente réduits

et une grande qualité de confort pour les passagers.

La construction du nouvel aéroport international de Nouakchott est une opération

majeure pour le pays avec un montage spécifi que : les études et les travaux

d’infrastructure et de bâtiments sont confi és à l’entreprise mauritanienne

Najah for Major Works (NMW). Egis intervient depuis juin 2012, comme consultant

pour assurer le contrôle et la validation des études, la surveillance des travaux

et l’assistance pour la réception des travaux.

La mission d’Egis prévoit également la réalisation des études, la consultation des

fournisseurs, et le contrôle pour les équipements de balisage, les aides visuelles et

les équipements de navigation aérienne, puis l’assistance aux opérations de transfert

des activités de l’ancien vers le nouvel aéroport.

Sur une surface SHON de 135 000 m², construction en deux phases de :

✔ 43 bâtiments civils (la tour de contrôle, l’aérogare internationale passagers et fret avec une zone catering, une zone commerciale, le pavillon présidentiel et ministériel, le centre de maintenance des aéronefs, etc.)

✔ une base militaire de 22 bâtiments

Maître d’ouvrage : Premier Ministère du Burkina-Faso - Maîtrise d’ouvrage de l’aéroport de Donsin (MOAD)

Une surface de 38 000 m² SHON, dont :

✔ une aérogare passagers et fret, ✔ deux pistes d’atterrissage

de catégorie 4 F,

✔ trois parkings avions,

✔ un pavillon présidentiel,

✔ une tour de contrôle,

✔ des bâtiments annexes pour le fonctionnement optimal de l’aéroport

Maître d’ouvrage : Ministère de l’Équipement et du Transport de Mauritanie / Cellule d’Exploitation du Nouvel Aéroport International de Nouakchott (CENAIN)

Montant des travaux estimé à environ : 400 M€

98 aéroports

100 millions de dollars investis sur le marché aérien en 2013 Une croissance du trafi c de 8,75 % en moyenne sur les huit dernières années

56 % des vols intercontinentaux concentrés sur l’Europe

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Drones : l’observation d’ouvrages revisitée

Il pèse moins de quatre kilos et embarque grâce à ses quatre rotors 600 à 800 grammes de matériel jusqu’à 150 m au-dessus du sol. Lui, c’est le drone d’Egis, un appareil d’observation et de mesure par vols stationnaires renouvelant les pratiques d’inspection.

Il passe devant chaque matin en voi-

ture. Un quartier d’habitations comme

il en existe beaucoup d’autres, mais

pour Olivier Gay, ces maisons du Pré-

Nouvel à Seyssins (Isère) ont un sens

bien particulier. « C’est ici que nous avons réa-

lisé nos premiers pilotages de drone, en suivant

l’avancée du chantier, se rappelle le responsable du département Instrumentation et patho-logie d’Egis Géotechnique. Concrètement, il

s’agissait de prendre à intervalles réguliers des

clichés avec un point de vue identique. C’est un

exercice où les drones excellent : le géo-référen-

cement des données collectées avec l’appareil

permet une précision décimétrique. »

Aujourd’hui le quartier est terminé, mais

l’utilisation des drones sur les missions d’Egis

ne fait, elle, que commencer : « Grâce à leurs

capacités en vols stationnaires, leur potentiel est

avéré sur l’inspection des ouvrages et structures

diffi ciles d’accès, et nous a amenés à développer

une off re de prestations basées sur l’utilisation

d’un drone », confi rme Dominique Allagnat, directeur d’Egis Géotechnique. Prises de vue

à basse altitude et en zones diffi ciles d’accès,

suivis de chantiers, inspections d’ouvrages…

L’éventail des missions proposées est large et

a déjà convaincu plusieurs clients. L’un des

premiers d’entre eux, c’est David Pouchelle, directeur de projet adjoint, responsable de la maîtrise d’œuvre générale travaux du

tronçon autoroutier de l’autoroute A89 entre

Violay (Loire) et La Tour-de-Salvagny (Rhône).

Détecter les fi ssurations

Cette section de 35 km comporte quatre

ouvrages importants de franchissements :

les viaducs du Valletier, de Goutte-Vignole,

du Buvet et de la Brévenne, sur lesquels porte

une obligation réglementaire d’inspection

détaillée. « Lorsque ces trois ouvrages ont

été exécutés mi-2012, nous avons lancé une

consultation d’entreprises pour réaliser ces

contrôles, précise David Pouchelle. C’est une

étape importante : le point zéro de l’ouvrage,

où les fi ssurations et les éventuels défauts sont

répertoriés, localisés et caractérisés à leur état

initial pour pouvoir être suivis tout au long de la

vie de l’ouvrage. » Deux pistes d’intervention

sont alors envisagées : mener une inspection

« classique », ou recourir aux drones. « C’est

cette option que nous avons fi nalement

retenue. Elle était compétitive par rapport à

l’autre proposition, et répondait mieux aux

contraintes techniques de l’observation : les piles

des trois ouvrages ne sont pas prévues pour

être inspectées par des moyens classiques, et

culminent à près de 75 m pour Goutte-Vignole.

Cela supposait de mêler observations à pied,

en nacelle négative, et via des travailleurs

cordistes », complète-t-il.

Quelques semaines plus tard, en septembre

2012, le drone Egis a fait ses premiers vols

d’inspections sur les ouvrages du tronçon

Balbigny – La-Tour-de-Salvagny. Calendrier

serré : « La mise en service de l’infrastructure

était prévue pour la fi n de l’année, se rappelle Olivier Gay. La faible intrusivité du drone

a permis de moins interférer avec la phase

de fi nalisation des ouvrages, ce qui aurait

été assurément le cas avec des techniques

classiques d’inspection. » Passés au peigne

fi n par le drone, les ouvrages, observés en

temps réel en monitoring par les pilotes

d’Egis, également spécialistes en pathologies

d’ouvrages, n’ont pas révélé de défaut majeur.

Reconstitution 3D

Et le maître d’ouvrage du tronçon auto-

routier, les Autoroutes du Sud de la France,

est manifestement convaincu par la qualité

des observations réalisées par le drone :

« Aujourd’hui, nous proposons de mener des

missions sur certains murs de soutènement,

explique Olivier Gay. Le drone permettrait

un diagnostic fi n de ce type d’ouvrages, sans

nécessiter une restriction du trafi c autoroutier.

Pour faciliter le suivi et l’entretien de ces ouvrages,

nous pourrions en réaliser une reconstitution 3D

par stéréophotographie. » Aff aire à suivre. ■

SOLUTIONS

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Une solution technique fi able, transportable et performante

Comment vous est venue l’idée d’utiliser les drones en observation d’ouvrages ?

L’idée nous est venue il y a trois ans, durant

l’été 2011. Nous répondions alors à un appel

d’off res sur l’inspection du viaduc de Millau,

dont les piles vont jusqu’à 245 m de hauteur.

Ce sont des hauteurs exceptionnelles, ren-

dant complexe et coûteuse une inspection

traditionnelle par nacelle négative et cor-

distes. Nous avons donc proposé d’utiliser

un drone. C’était assez innovant, au sens où

ces appareils étaient alors principalement

utilisés par les géomètres pour des relevés

topographiques, et non en inspection d’ou-

vrages. Nous n’avons fi nalement pas rem-

porté ce marché, mais l’idée est restée, et

nous a amenés à développer une off re de

prestations basée sur l’utilisation d’un drone.

Quels sont les caractéristiques et les avantages de cette off re ?

Le potentiel des drones est aujourd’hui avéré

sur l’inspection des ouvrages et structures

diffi ciles d’accès. Ils sont aussi une alter-

native très intéressante à l’hélicoptère et

aux descentes en rappel dans l’inspection

des falaises, où ils permettent une distance

d’observation pertinente dans la détec-

tion des risques d’éboulements. Nous nous

sommes basés sur ces deux applications

pour bâtir notre off re d’observation par

drone. Il a d’abord fallu trouver une solution

technique à la fois fi able, transportable (y

compris à l’étranger), et performante. Deux

de nos collaborateurs, spécialistes en patho-

logie d’ouvrage, ont ensuite été formés, puis

agréés par la direction générale de l’Aviation

civile, au pilotage du drone.

Dans nos missions, les pilotes conduisent

eux-mêmes les diagnostics. C’est une valeur

ajoutée importante par rapport aux obser-

vations classiques, où les cordistes prennent

des photos examinées ensuite par les spécia-

listes sur la terre ferme. C’est aussi un facteur

d’économies venant s’ajouter à la compéti-

tivité des drones face aux autres solutions.

Il y a un vrai potentiel pour les drones en

missions d’observation. La maniabilité de

notre appareil et la qualité des clichés qu’il

apporte grâce à son optique et sa nacelle

gyro-stabilisée sont très étonnantes et nous

ouvrent un champ d’applications que nous

n’avions pas imaginé.

Dans quelles autres applications pourrait être utilisé le drone ?

Grâce à la géolocalisation de l’appareil et à

la qualité des clichés, on peut, par exemple,

réaliser des rendus 3D de sites très fi ns et

précis en faisant de la stéréophotographie.

C’est une technique que l’on peut aussi uti-

liser en missions de contrôle, pour calcu-

ler le volume et déduire la granulométrie

d’enrochements renforçant des digues, par

exemple. Il y a aussi des évolutions possibles

vers la mesure, en équipant les drones avec

des capteurs. On peut tout à fait imaginer

des détections de fuite, des contrôles d’épais-

seur de peintures ou de fi ssures réalisés via

le drone. Il reste encore un travail de fi a-

bilisation à mener sur ces sujets, mais le

potentiel est là. ■

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DOMINIQUE ALLAGNAT,directeur d’Egis

Géotechnique

75e CONGRÈS DE L’UNION SOCIALE

DE L’HABITAT, à Lyon

Du 23 au 25 septembre

Durant trois jours, organismes HLM, élus,

professionnels de l’habitat, industriels,

journalistes, s’y retrouvent pour échanger

autour de la politique du logement et de

l’habitat social. Egis sera présent sur le stand

de la Caisse des Dépôts.

http://congreshlm.union-habitat.org

7e CONGRÈS DES ENTREPRISES

PUBLIQUES LOCALES (EPL), à Deauville

Les 7 et 8 octobre

Ce congrès se déroulera parallèlement au

Salon du développement local (SDL). Organisé

par le Groupe Moniteur, en partenariat

avec la Fédération des entreprises publiques

locales, le SDL est une rencontre entre élus,

fonctionnaires territoriaux et l’ensemble

de leurs fournisseurs de biens et services.

Egis participe, aux côtés de la Caisse

des Dépôts, à cet événement qui rassemble

tous les acteurs du développement local.

http://sdl.salons.groupemoniteur.fr/

14e CONGRÈS DE L’AFTES, à Lyon

Du 13 au 15 octobre 2014

Organisé par l’Association française des

tunnels et de l’espace souterrain (AFTES),

cet événement rassemble tous les acteurs

français du marché. Egis est partenaire de

cette manifestation et participera

au programme de conférences du congrès.

Cette année, le thème général est « Tunnels et

Espace souterrain : risques et opportunités ».

http://www.congres.aftes.asso.fr/

WORLD NUCLEAR EXHIBITION (WNE),

à Paris – Le Bourget

Du 14 au 16 octobre

Les industriels du nucléaire français,

rassemblés au sein de l’AIFEN (Association

française des industriels français exportateurs

du nucléaire), organisent pour la première fois,

à Paris, ce grand rassemblement des leaders

mondiaux du domaine. Visitez le stand d’Egis

lors de cette manifestation.

www.world-nuclear-exhibition.com

MEET.ING 2014, 13e RENCONTRES

DE L’INGÉNIERIE, à Paris

Le 23 octobre 2014

Membre du syndicat professionnel Syntec

ingénierie, Egis participe chaque année

aux Rencontres de l’ingénierie de la

construction et de l’industrie, événement

où la plupart des grandes sociétés d’ingénierie

françaises, tous secteurs confondus,

sont présentes. Ce salon accueille notamment

les étudiants des grandes écoles d’ingénieurs.

Cette année, le thème du meet.ING 2014

est « L’ingénierie de R(évolution) à l’ère de

l’iconomie mondiale ».

www.syntec-ingenierie.fr

Rendez-vous

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12 egis contact - septembre 2014

Avec de belles références à notre actif, nous visons une implantation durable dans cette zone du monde où le potentiel de développement est considérable !

JAVIER QUERO, directeur de la région Amériques d’Egis

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Portée par son marché de 48 millions

d’habitants, l’ampleur de ses res-

sources naturelles (charbon, pétrole,

émeraude, café…) et la stabilité de ses

institutions démocratiques, la Colombie se posi-

tionne comme la troisième économie du sous-

continent latino-américain, derrière le Brésil

et le Mexique. Depuis l’élection du président

Álvaro Uribe en 2002, le pays a renoué avec

une croissance soutenue (moyenne de 4,5 % sur

la période 2006-2013). L’actuel président Juan

Manuel Santos joue la carte de la continuité et

met l’accent sur cinq moteurs de croissance : les

infrastructures, l’agro alimentaire, le logement,

les mines, l’énergie et l’innovation.

Au sud, l’Équateur. Un territoire grand comme

la moitié de la France, qui compte plus de

15 millions d’habitants. À la fi n des années

quatre-vingt-dix, le pays était en grande dif-

fi culté : une grave crise économique empor-

tait sa monnaie, le sucre, au profi t du dollar.

Mais depuis l’arrivée au pouvoir du président

Rafael Correa en 2007, l’Équateur affi che une

croissance forte. Le PIB progresse de 4,2 % en

moyenne par an et la banque centrale prévoit

même 5 % en 2014. Si l’agriculture et la pêche

constituent des secteurs clés – le pays est le

premier exportateur mondial de crevettes et

de bananes, par exemple – l’économie fl uctue

au gré du cours du pétrole, qui représente 40 %

de ses revenus et 60 % de ses exportations.

La manne pétrolière, le point commun de l’Équateur et de la Colombie

Membres de l’OPEP, l’Équateur et la Colombie

produisent respectivement 500 000 et 1 million

de barils par jour et s’appuient sur les revenus

générés pour lancer de grands programmes

d’investissements publics. Dans les domaines

de la santé, de l’éducation et de lutte contre la

pauvreté, par exemple, en Équateur. Le pro-

blème ? L’absence d’infrastructures modernes

qui pèse lourdement sur la compétitivité. « La

Colombie, entre autres, manque de routes, de

ponts, d’aéroports, de ports, de voies navigables,

de voies ferrées… Résultat : le coût du transport

du pétrole grimpe et pénalise les exportations.

Développer les moyens de transport est donc une

priorité pour l’État », explique Javier Quero, directeur de la région Amériques d’Egis.Ainsi, l’Agence nationale de l’infrastructure a

lancé un ambitieux programme de construc-

tion de seize nouveaux ports, deux aéroports,

1 340 km de rails et plus de 8 000 km de routes,

tunnels et viaducs.

Des infrastructures modernes, la condition sine qua non de la poursuite du développement

« Les autoroutes ont souvent des profi ls de routes

de montagne. Pour parcourir 350 km, il faut par-

fois la journée ! Un vaste plan d’investissements

de 18 millions d’euros, la Cuarta Generation de

Concesiones (concession d’autoroutes de 4e géné-

ration) est en cours. Neuf contrats de concessions

ont été lancés et dix autres le seront prochaine-

ment. Nous sommes en négociation avec des

grands constructeurs pour nous positionner »,

indique Javier Quero.Ça bouge aussi du côté des transports publics

car les grandes villes sont congestionnées. Une

étude publiée dans la presse locale a montré

que seuls 17 % des Colombiens possèdent un

véhicule et que la majorité d’entre eux uti-

lisent les transports en commun. La problé-

matique de la mobilité urbaine se pose donc

avec une acuité particulière. « À Bogota, il y

a de nombreux projets : métro, tramway, bus…

À Carthagène, un tramway devrait desservir

le quartier historique et touristique sur 5 km.

Egis prépare l’étude de faisabilité », poursuit

Javier  Quero. En Équateur, un métro est à

l’étude à Quito, la capitale, et un tramway est

entré en chantier en février, plus au sud, à

Cuenca, une ville de 300 000 habitants.

Côté eau, les perspectives coulent à fl ot

L’Équateur change… et vite ! « Pour rattra per

son retard, le pays lance d'importants projets.

Nous venons de remettre une proposition de

services pour la gestion intégrée des ressources

en eau de la province de Bolivar, explique René Jampierre, directeur général délégué d’Egis Eau. Une étude de 22 mois, qui vise à

mettre en place un dispositif de gestion des bassins,

inspiré de celui des agences de l’eau françaises,

et à développer des projets multi-usages (eau

potable, irrigation, hydroélectricité…). » Dans

la province d’Esmeraldas, Egis suit de près

des projets d’alimentation en eau potable et

irrigation. Le groupe sera d’ailleurs partenaire,

en octobre, de la Semaine de l’eau organisée

par l’ambassade de France.

« En Colombie, nous regardons aussi les secteurs

de l’eau potable et de l’assainissement urbain

car les réseaux sont vieillissants et les besoins

colossaux. Nous avons remis plusieurs off res

pour la ville de Bogota et misons beaucoup sur

l’année 2014 », mentionne René Jampierre.C’est sans compter sur le projet phare actuel-

lement en Colombie, qui a un intérêt fonda-

mental, notamment pour diminuer le coût de

transport du pétrole : la mise en navigabilité

du Rio Magdalena, le fl euve le plus important

du pays, qui le traverse sur 1 558 km. Mi-mai,

avec la Compagnie nationale du Rhône et deux

sociétés locales, Egis a remis une off re pour

l’assistance à maîtrise d’ouvrage.

Objectif : une implantation pérenne d’Egis

Dans cette zone clé de l’économie mondiale,

Egis accélère sa présence, respectivement

depuis 2010 et 2012 pour la Colombie et

l’Équateur. « De nombreuses opportunités se

profi lent pour nos activités notamment en

Colombie, l’un des pays clé de notre développement

dans cette région. Il va falloir les transformer ! Ainsi,

pour multiplier nos succès et nous implanter à

moyen et long terme, il est essentiel que nous

devenions “colombiens”, comme nous l'avons

fait dans d'autres pays dans le monde. C'est notre

objectif d'ici la fi n 2015, sous une forme qui reste

à défi nir », conclut Javier Quero. ■

Colombie et Équateur : des infrastructures au service de la croissance

Des régimes politiques stables, des croissances dopées par le pétrole, de grands programmes d’investissements, des attentes fortes des populations et un retard criant en termes d’infrastructures : autant d’indicateurs « au vert » pour le développement des activités d’Egis en Colombie et en Équateur. Coup de projecteur sur les réussites et ambitions du groupe dans ces deux pays d’Amérique latine.

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EGIS DANS LE MONDEA

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septembre 2014 - egis contact 13

La Ruta del Sol est le plus important projet routier lancé ces dernières années en Colombie.Son objectif ? Transformer le réseau existant en une route à 2 x 2 voies, pour améliorer la communication entre la capitale, l’intérieur du pays et les villes portuaires du Nord-Est. Ses enjeux ? Favoriser le développement économique et la compétitivité, contribuer au confort et à la sécurité des 10,5 millions de véhicules qui empruntent cet axe.

Un projet divisé en 3 secteurs et 3 concessions- Secteur 1 : création d’un nouveau tronçon entre Villeta, Guaduero

et El Korán (78 km) ;

- Secteur 2 : réhabilitation et passage en 2 x 2 voies du tronçon Puerto Salgar - San Roque dans la vallée du fl euve Magdalena (528 km) ;

- Secteur 3 : réhabilitation et passage en 2 x 2 voies des tronçons San Roque - Ye de Ciénaga et El Carmen de Bolívar-Valledupar (465 km).

« C’est par ce projet qu’Egis est arrivé en Colombie ! De 2010 à début 2012, le groupe est intervenu sur la section 2 pour le compte du concessionnaire Odebrecht (Constructora Ruta del Sol), indique Javier Quero, directeur de la région Amériques d’Egis. Nos missions ? La supervision des études de détail (trafi c, tracé, sols, hydrologie…) et la recherche d’optimisation du projet élaboré par les bureaux d’études colombiens, avec la proposition de solutions techniques et l’assistance à la mise en œuvre de celles-ci. »

Colombie - La Ruta del Sol : 1 071 km pour relier Bogota à la côte caribéenne

Projets phares

Cap sur la côte Caraïbes Nord et l’un des plus importants projets énergétiques mené à ce jour dans le pays : la création d’un port pétrolier de 140 hectares opérationnel début 2015.

« Financé par IFC, une fi liale de la Banque mondiale, ce projet comprend notamment une aire de stockage des hydrocarbures d’une capacité de 3 millions de barils dans un premier temps puis de 4 millions ensuite », indique Javier Quero. Le terminal sera relié aux raffi neries locales, notamment via un oléoduc de 130 km reliant Puerto Bahia à la raffi nerie de Carthagène.

L’objectif ? Permettre aux producteurs locaux un meilleur accès aux marchés internationaux. En effet, ces dernières années, la Colombie a connu une forte hausse de son activité pétrolière et gazière, mais les exportations en la matière, même si elles représentent la moitié des exportations du pays, sont vulnérables du fait de l’insuffi sance d’infrastructures de transport.

Premier contrat portuaire pour Egis en ColombieEgis a été retenu pour le suivi du management du contrat. « Tous les trois mois, trois experts réalisent un audit sur place, pour voir si les fonds de l’IFC sont bien utilisés et si le projet avance bien. Un contrat d’un an et demi, qui a démarré début 2014, signifi catif pour nous car c’est le premier que nous décrochons dans le secteur portuaire en Colombie », poursuit Javier Quero. Quand on sait qu’aujourd’hui le pays porte une dizaine de projets pour remédier à la saturation de ses ports et augmenter leur capacité de 30 millions de tonnes, cela laisse entrevoir de belles opportunités…

Colombie - Puerto Bahia : doper l’ex… port !

En décembre, le ministère de l’Environnement a confi é à Egis la stratégie de son premier plan national de gestion des déchets ménagers.

« Comme tout pays en développement, l’Équateur souffre de problèmes sanitaires liés au manque de dispositif pour la collecte et le traitement des ordures ménagères. Les attentes des habitants sont très fortes, explique Catherine Jatteau, directrice d’Egis Waste Management. Il s’agit d’accompagner le pays aussi bien d’un point de vue technique, économique, institutionnel, juridique que social. »

Une mission aux volets multiples qui comporte trois phases :

- le diagnostic remis en mai, basé sur l’analyse de rapports existants et d’audits sur place ;

- la remise de différents scénarii possibles au ministère de l’Environnement en juillet ;

- la planifi cation et la défi nition de priorités pour aider le gouvernement équatorien à mettre en place cette stratégie.

Nécessaire collaboration avec les experts équatoriensLes spécifi cités de ce projet ? « Le timing serré de huit mois, sur tout le territoire, soit 284 000 km2, qui a nécessité la création de trois bureaux locaux (Quito, Guayaquil et Cuenca) et la rapide mobilisation des équipes. Cela représente une quarantaine de personnes, à la fois des experts Egis et des consultants équatoriens, poursuit Catherine Jatteau.Il n’est pas question d’arriver avec une solution toute faite, mais de partir du pays, des usages informels des habitants pour la collecte et la valorisation des déchets… pour mettre en place la solution la mieux adaptée. D’où l’importance de collaborateurs locaux qui connaissent parfaitement le territoire. »

Grâce à ce premier contrat, Egis espère se positionner pour la prochaine étape : la mise en oeuvre de la stratégie. C’est l’opportunité de développer également ses activités sur cette zone géographique, les pays voisins comme la Colombie s’attelant eux aussi à la problématique des déchets.

Équateur - Le gouvernement s’attaque aux ordures ménagères

La compagnie pétrolière nationale EP Petroecuador a lancé en mars la construction d’un oléoduc multi-produit de 210 km entre le port de Guayaquil et le centre du pays.Ce poli-duc (gazole, essence et gaz de pétrole liquéfi é) doit permettre d’accompagner le développement économique du Sud du pays et d’apporter une réponse aux enjeux de sécurité et aux risques de pollution environnementale posés par le transport par camions de combustibles entre Pascuales, à proximité du port de Guayaquil, et Cuenca. Le projet prévoit la construction de six stations de pompage, un nouveau terminal de distribution à mi-trajet, ainsi que l’agrandissement du terminal de stockage de Chaullabamba, à Cuenca.

Une mission complète de contrôle des travauxEgis a été choisi par le ministère de l’Environnement pour assurer, pendant 23 mois, une mission complète de contrôle des travaux : contrôle des études d’ingénierie faites par le constructeur Pascales-Cuenca ; contrôle des achats et de la fabrication des matériels fournis au client EP Petroecuador pour la réalisation des travaux ; supervision de la construction du génie civil, des ouvrages d’art, des installations mécaniques et électriques du poli-duc ; respect des normes des plans de sécurité, de santé et de gestion environnementale.

Équateur - Le poli-duc, pour un transport sûr et effi cace des combustibles

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14 egis contact - septembre 2014

Pourquoi construire en bois ?Dans un monde où nos besoins sont en constante augmentation et devant la pénurie de certaines matières premières, il est intéressant de se poser la question de comment construire autrement.

Au-delà des thématiques actuelles et réelles autour du

carbone, dans lesquelles le bois excelle en agissant

comme un puits de carbone, le bois est un matériau

bio-sourcé performant thermiquement et structurel-

lement. Construire en bois est donc un acte citoyen. Il permet

l’usage d’un matériau renouvelable à l’échelle de l’homme tout

en construisant dans la continuité des exigences contemporaines

de sécurité, de confort et de durabilité. Ce choix est d’autant plus

raisonné en France que la forêt métropolitaine couvre 16 millions

d’hectares et qu’on coupe moins de la moitié de l’accroissement

annuel de bois sur pieds.

Construire en bois est également une formidable opportunité

d’user et d’abuser de la maquette numérique. L’ingénierie se numé-

rise et nous disposons d’outils de conception numérique permet-

tant de proposer une approche globale de la construction. Couplé

au bénéfi ce de la fi lière sèche (construction à partir de matériaux

assemblés mécaniquement, ne nécessitant pas d’eau et permet-

tant la préservation des ressources naturelles et une gestion de

chantier facilitée), le bois est une solution pour réduire les temps

de chantier mais aussi les moyens à mettre en œuvre sur site

compte tenu de la légèreté du matériau. Ainsi construire en bois

permet de réduire de façon drastique la quantité globale d’éner-

gie dépensée depuis le berceau des matériaux de construction

jusqu’à la livraison d’un bâtiment à l’issue du chantier (l’énergie

grise). Egis est un concepteur. Il est de notre devoir d’intégrer ces

problématiques dans les ouvrages que nous proposons !

Quelles sont les particularités du matériau bois pour l’ingénierie ?

Le bois est une ressource naturelle, anisotrope : les propriétés

mécaniques sont variables selon les directions de sollicitations,

les essences, mais également dans le temps, en fonction de l’envi-

ronnement du projet. Par ses particularités, le matériau bois ne

tolère pas les imprécisions. Dans les ouvrages de construction tra-

ditionnelle, la conception est faite du général au particulier. Sans

être à l’opposé, la conception bois se doit de considérer le particu-

lier pour permettre au général de prendre forme. Il est souvent

nécessaire de défi nir dès les premières phases du projet les prin-

cipes des détails d’assemblages qui lieront les organes structurels.

Si les produits d’ingénierie bois se sont modernisés, permettant

d’avoir des sections de plus en plus grandes, il ne faut pas oublier

que les produits bois sont issus d’un arbre, qui par défi nition

n’est pas malléable à souhait. L’ingénieur bois est donc souvent

confronté à corriger, adapter sa conception à la ressource dis-

ponible, d’autant plus que la fi lière bois est constituée de PME

ne disposant pas de standard !

Les produits les plus courants dans nos projets d’ingénierie sont

de type bois lamellé-collé ou panneau contrecollé qui permettent

de s’aff ranchir des défauts et des limitations de longueurs, sur-

faces ou sections. Toutefois la facilité d’usage, ou la disponibilité de

ces produits ne doit pas nous faire oublier qu’avec des petites sec-

tions de bois massifs, nous pouvons franchir de grandes portées !

Egis et le bois : un engagement de longue date

Egis dispose de nombreuses références dans le domaine de la

construction bois, et de toute nature ! Du récent stade Allianz

Riviera, à Nice, ou des ouvrages d’art sur autoroutes en pas-

sant par des ouvrages publics signifi catifs (fonds régional d’art

contemporain de Besançon, lycée Jean-Baptiste-Corot à Savigny-

sur-Orge, espace Éco-chanvres de Noyal-sur-Vilaine) ou de pro-

jets plus modestes incluant des surélévations de bâtiments,

Egis est à même de développer son savoir-faire sur tout type

de projet, et d’accompagner les maîtres d’ouvrage, donneurs

d’ordres sur la voie du noble matériau !

Egis et le bois : les perspectives

De nombreux freins réglementaires limitent à ce jour l’usage

du bois dans certaines constructions. Dans le cadre du plan d’in-

dustrie du bois, dont l’un des objectifs est de lever ces freins

(réglementation, normalisation, habitudes de travail…), Egis

contribue au développement d’une ingénierie plus responsable

basée sur la performance.

Nous souhaitons pourtant proposer à nos clients toujours plus

de bois, même dans les projets où l’habitude veut que l’usage

du bois soit proscrit. Poussons la technique dans les cimes et

osons… c’est la voie du développement ! ■

Teamber by Elioth

Ingénieurs et concepteurs engagés, Teamber fédère

les compétences métiers d’Elioth* autour de l’usage

du bois afi n de proposer une approche globale

du bois dans la construction. Plus que la simple

vision d’un matériau d’avenir, Egis est convaincu

que le bois permet d’allier durabilité, rapidité

de construction, sécurité, économie, esthétique,

écologie et confort.

* Entité d’Egis spécialisée en structures innovantes, en enveloppe et en conception environnementale.

Société Forestière : le bois, c’est aussi la gestion de la ressource primaire !Acteur de référence de la fi lière forêt-bois, la Société Forestière, fi liale de la Caisse des Dépôts, est l’une des premières

sociétés de services dédiées aux espaces forestiers. Elle gère actuellement 268 000 ha de forêts éco-certifi é PEFC à 100 %.

Au-delà de ses métiers historiques, la Société Forestière développe de nouveaux services pour répondre aux besoins

émergents des opérateurs, industriels et collectivités. Ainsi, elle intervient notamment pour sécuriser l’approvisionnement

de projets industriels ou énergétiques d’ampleur, en mobilisant du « bois + », bois additionnel récolté à partir de massifs

forestiers sous-exploités. La Société Forestière a également réalisé la maîtrise d’œuvre de la création de boisements

compensateurs, dans le cadre du projet de ligne LGV-SEA (Sud Europe Atlantique) entre Tours et Bordeaux.

Dans chacun de ses projets, la Société Forestière fait bénéfi cier ses clients d’une expertise établie en ingénierie

forestière, foncière, environnementale et fi nancière qui, couplée au savoir-faire d’Egis, permet une approche globale

de la construction bois.

Campus de Pessac en Gironde.

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L’enveloppe du stade Allianz Riviera de Nice est composée d’une charpente mixte bois-métal tridimensionnelle recouverte de toiles PVC et ETFE.

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EXPERTISE

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septembre 2014 - egis contact 15

« L’intervention de la culture dans le milieu urbain

ou naturel a donné bon nombre de mouvements

artistiques diff érents, qui ont chacun leur propre

appellation : l’art urbain et le land art sont

apparus dans les années soixante. Le street art

a vu le jour en 1971 à New York sous l’impulsion

de Taki, un jeune coursier grec qui tagguait

d’un marqueur noir taki183 tous les endroits où

il déposait le courrier. » Ce mouvement débarque

en France en 1983 avec le graffi teur Bando,

dans les quartiers parisiens de la Rive Gauche,

rue du Bac et boulevard Saint-Germain. Ces

mouvements artistiques ont amené l’art

en dehors des réseaux culturels pour venir

intégrer la ville et le paysage.

Un art qui se réinvente en permanence

Assimilé à du vandalisme et critiqué au départ,

le street art s’impose ensuite comme un moyen

d’expression et un art à part entière, avec

de grands noms comme Basquiat, Bansky,

Keith Haring, JonOne… Il connaît un succès

fulgurant dans les années 2000 et fait une

entrée remarquée dans les galeries et musées,

notamment lors de l’exposition Le Tag au Grand

Palais en 2009. Les politiques s’en emparent à

leur tour. Une expérience emblématique ? « Celle

de la Tour Paris 13, promise à la démolition. Sur

ses 4 500 m2 et neuf étages, plus de 100 graff eurs

venus du monde entier ont laissé libre court à

leur imagination pour la création d’une œuvre

monumentale éphémère. Un mois d’ouverture

au public en 2013 qui a connu un retentissement

phénoménal dans les médias. »

Un point étonnant à souligner reste l’origine

de ces mouvements artistiques « qui ont été

lancés pour sortir des galeries et des musées, et

en ce qui concerne le street art il a fallu attendre

un certain temps pour qu’il réintègre le monde

des institutions culturelles. Aujourd’hui, la ville

et ses espaces verts sont devenus une plateforme

de création artistique à part entière, un lieu

d’expérimentations multiples qui vont bien

au-delà des graffi tis originels. »

Une autre tendance, environnementale et

durable, se développe avec les artistes du

land art qui imaginent des œuvres éphémères

en s’appropriant des éléments de la nature et

en laissant celle-ci reprendre peu à peu ses

droits, et même dans la ville. Un axe de création

participative dans les quartiers urbains

notamment dits « sociaux », est également

en plein essor où des projets artistiques sont

mis en place, avec et pour les habitants, où l’art

devient un facteur de lien social…

Un levier de développement touristique et économique

Outre-Atlantique, la ville de New York l’a

bien compris et ouvre son espace public à des

projets artistiques de grande échelle. En 2008,

l’artiste danois Olafur Eliasson réalise New York

City Waterfalls : quatre cascades gigantesques

sous des ponts de la ville, notamment celui

de Brooklyn. Aujourd’hui, 2 millions de

touristes viennent voir ces installations qui

ont redynamisé ce quartier.

« Plus près de chez nous, la Fête des Lumières

à Lyon attire plus de 2 millions de visiteurs

chaque année et booste l’économie locale. Un

rapport commun au ministère de la Culture et

au ministère de l’Économie paru début 2014

a d’ailleurs révélé que la culture contribuait

sept fois plus au PIB français que l’industrie

automobile avec 57,8 milliards d’euros de valeur

ajoutée par an ! Tous les acteurs de la ville (élus,

promoteurs, aménageurs, bailleurs…) doivent

en avoir conscience, en intégrant la dimension

artistique dès la genèse des projets. »

Autre exemple réussi ? « La construction d’un

tramway génère des nuisances auprès des

habitants et des commerçants qui voient parfois

leur chiff re d’aff aires baisser du fait des travaux

et de diffi cultés d’accessibilité. Pour le lancement

des lignes de Dijon en 2012, nous avons proposé

des installations lumineuses monumentales.

Plus les jours passaient, plus le bouche-à-

oreille fonctionnait. Il y a eu un engouement

des Dijonnais qui venaient avec leurs chaises

pour assister aux spectacles, l’occasion de (re)

découvrir leur ville et de pallier le manque à

gagner pour les commerces de proximité. À

l’heure où l’on parle beaucoup du Grand Paris

et des investissements colossaux qui vont être

entrepris au niveau des transports, l’art urbain,

le land art, l’art participatif, le street art

constituent pour les villes concernées l’occasion

d’imaginer des projets artistiques et d’impulser

des dynamiques nouvelles. »

Faire évoluer le regard porté sur la ville

Les actions artistiques sont aussi le moteur

d’un nouveau regard porté sur la ville

par les habitants, d’un accompagnement

qui leur permet de mieux s’approprier la

transformation urbaine. « Nous avons porté,

avec Egis, une réfl exion sur les interventions

artistiques possibles sur les chantiers. Il s’agit

de les envisager non plus comme des éléments

perturbateurs générateurs de nuisances, mais

comme des événements exceptionnels, l’occasion

d’une animation culturelle, festive ou artistique. »

Ainsi, les fresques sont de plus en plus

fréquentes sur les palissades de chantiers.

À Paris, un projet phare a démarré début

juin : la restauration du Panthéon. Le Centre

des monuments nationaux a confi é à JR,

connu pour son travail photographique sur

les favelas de Rio de Janeiro, la réalisation

d’une œuvre participative. L’artiste a ainsi

collecté 7 000 portraits pour réaliser une

immense fresque qui recouvrira le tambour

du bâtiment pendant les travaux. L’objectif ?

Tisser du lien entre la rénovation de cet édifi ce

emblématique de notre patrimoine et les

habitants. Un rendez-vous qui ne se bornera

pas à intéresser seulement ceux du quartier ! ■

* Agence d’artistes dédiée au land art et à la culture environnementale, qui a vu le jour il y a cinq ans.

L’art dans un monde urbain : un nouvel art

de vivre la ville… TIMOTHÉ TOURY,directeur général et artistique de l’agence Blueland.

Street art ou art urbain : un terme souvent galvaudé, un mouvement longtemps méprisé. Pourtant, acteurs locaux et décideurs ont tout intérêt à intégrer les actions artistiques dans leurs projets de rénovation urbaine, transports, habitat… Comment apportent-elles de nouvelles dimensions à la ville ? Comment favorisent-elles lien social et bien-être des habitants ?... Quelques clés de lecture avec Timothé Toury, directeur général et artistique de l’agence Blueland*.

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Artiste sculpture : Cédric Verdure - Artiste lumière : Timothé Toury - Les elfes de lumière - Inauguration de la ligne 1 du tramway de Dijon.

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16 egis contact - septembre 2014

Avec une présence dans plus de 100 pays, la gestion des ressources humaines à l’international est un enjeu majeur à Egis. Parmi les défi s qui lui sont lancés, celui de la sûreté et la sécurité des collaborateurs. En sa qualité d’employeur-responsable, Egis veille à leur garantir un cadre sécurisé pour intervenir sur des projets, missions et séjours à l’étranger. Rencontres avec Liliane Dupont, directeur des ressources humaines à l’international, et Diane Degraeve, chargée de sureté-sécurité d’Egis.

Sûreté et sécurité, des enjeux forts à l’international

« Que dit l’ambassade de

Roumanie ?… Ils recom-

mandent son rapatrie-

ment ? Je n’avais pas cet

élément, cela change tout.

On refait un point rapide

avec Mara. » Liliane

Dupont raccroche, le

déjeuner attendra. Il

est certains bureaux où

l’horloge peut s’embal-

ler d’un coup et rendre

chaque minute décisive.

L’urgence aujourd’hui est

en Ukraine, plus précisé-

ment à Simferopol, dans

la péninsule de Crimée,

où Mara, ingénieure rou-

maine, est actuellement

en mission sur un projet

d’infrastructures fi nancé par la Banque mondiale.

Mara au bout du fi l, décision rapide : la collaboratrice sus-

pend son intervention sur site et rallie en urgence Odessa par

le train. « Elle n’est pas contente car elle ne se sent pas mena-

cée, explique en raccrochant Liliane Dupont. Nous avions

d’abord convenu de son maintien sur le site, accompagné de plu-

sieurs points quotidiens. Mais l’appel de l’ambassade de Roumanie

change la donne. Il est de notre responsabilité d’employeur de ne

pas exposer nos collaborateurs aux risques identifi és sur place

par les services diplomatiques. »

Plusieurs centaines de collaborateurs d'Egis en permanence à l’étranger

Les situations d’urgence à l’international comme celle-ci,

Liliane Dupont connaît bien. Mali, Côte-d’Ivoire, Libye et

Printemps arabe… Elle a toujours eu un goût prononcé pour

l’international : « C’est un fi l rouge dans mon parcours, appuie-t-

elle, 24 ans après son entrée chez Egis en tant que responsable

de recrutement. J’ai toujours travaillé en ressources humaines

au contact de personnes impliquées sur des projets à l’étranger.

Les questions de sûreté et de sécurité y sont une toile de fond

permanente : les aff aires se jouent sur un terrain mondial, avec

des contextes, des potentiels, des risques aussi. Pour réaliser ces

aff aires, il faut accompagner nos collaborateurs dans les meil-

leures conditions possibles. »

Aujourd’hui, ils sont plusieurs centaines de collaborateurs

d'Egis à être en permanence à l’étranger, missionnés sur les

projets confi és au groupe et expatriés pour des séjours d’au

moins six mois auxquels s'ajoutent chaque année plus de 800

collaborateurs partant pour de courts séjours à l’internatio-

nal… Une présence forte, ventilée dans plus de 100 pays à

travers le monde où, parfois, l’instabilité fi nit par l’emporter,

et matérialiser l’urgence.

Un allié sur son bureau, à portée de main : « Le téléphone est

essentiel. Je dois être joignable à toute heure, et partout. J’ai deux

batteries de secours en permanence avec moi. Ma hantise, c’est

de me retrouver dans un lieu sans couverture réseau suffi sante,

ou lors de voyages en long courrier. » Des heures qu’elle passe

au bout du fi l dès que la situation l’exige. Avec les appuis

diplomatiques français, les sociétés de sécurité auxquelles

Egis fait appel sur certaines missions, les responsables de

fi liales… et les collaborateurs en mission : « Dès qu’il y a un

potentiel de dégradation dans la région où ils travaillent, il est

impératif que je sois à leur contact, que j’ai leur ressenti. Chaque

décision compte, que ce soit le maintien sur place, le transfert

dans un secteur moins troublé ou le rapatriement. Mon travail

consiste également à connaître dans ces situations l’état psycho-

logique de la personne sur place, cerner l’angoisse si elle est là,

et disposer d’informations solides orientant la meilleure déci-

sion possible. Mais c’est aussi de faire en sorte que ces décisions

d’urgence ne soient pas un mode de gestion de l’instabilité, mais

bien un « recours ultime. »

Anticiper l’instabilité ou les problématiques sanitaires pour que les rapatriements restent exceptionnels

Pour que les rapatriements

restent exceptionnels, un

objectif : anticiper l’instabi-

lité ou les problématiques

sanitaires, l’angoisse qui

peut monter… Réunions

fréquentes avec sa colla-

boratrice Diane Degraeve,

chargée de sûreté-sécurité

d'Egis.

Le sujet du jour n’est pas sécu-

ritaire, mais sanitaire. Le

virus Ebola sévit en Guinée.

Déjà 100 morts dans le pays

et en Sierra Leone voisine,

une dangerosité liée à un

taux de mortalité élevé, des

craintes de propagation

relayées par les médias…

« Nous avons à apporter des réponses aux craintes des collaborateurs

sur place, de leurs familles, et des salariés ayant prévu un déplacement

en Guinée,explique Diane Degraeve.Pour cela, il est important de dis-

poser de différentes sources d’informations. Il ne s’agit pas de minimiser

les risques, mais d’évaluer leur réalité quotidiennement », poursuit-elle.

Une politique de sécurité cohérente, structurée et effi cace

Pour accompagner ses collaborateurs, Egis dispose de diff érents

outils. Des livrets d’accueil Pays synthétisent, par exemple, les

informations générales sur le pays, ses lois, sa culture, les pré-

cautions à prendre dans la vie quotidienne, dans les déplace-

ments et certains secteurs… Au cœur du dispositif de sûreté

et de sécurité d’Egis, un classement des pays, actualisé chaque

mois, défi nit les procédures de sécurité dans chaque pays où

Egis est présent. Quatre niveaux les classent par degré d’expo-

sition aux risques et formalisent les instructions données aux

collaborateurs et aux sociétés du groupe. Un classement établi

en priorité en fonction des risques sécuritaires (confl its, ins-

tabilité momentanée ou durable…), mais pas seulement : « De

plus en plus, nous sommes amenés à intégrer dans ce classement

des risques naturels et sanitaires, ajoute Liliane Dupont. Ainsi la

fi èvre Ebola en Guinée-Conakry a fait évoluer le classement du pays

du niveau 2 au niveau 3, imposant aux collaborateurs sur place de

nous signaler chacun de leurs déplacements afi n d’être très réactifs

si le virus devait se propager. C’est un outil essentiel pour la mise en

œuvre d’une politique de sécurité cohérente, structurée et effi cace. »

Un dispositif indispensable pour accompagner les collaborateurs

d’Egis, en complément de ce qui reste au cœur de sa mission :

l’humain. « La mobilité à l’international est aujourd’hui un axe fort

de la gestion des parcours au sein d’Egis. C’est une réelle opportu-

nité pour les collaborateurs que d’être au contact de cultures diff é-

rentes et de grands projets. Dans une grande majorité des cas, cela

se passe bien. Cependant, il est certaines destinations “sensibles” sur

lesquelles notre capacité à intervenir ne repose pas seulement sur les

compétences professionnelles, mais aussi sur le profi l de la personne,

et notamment son aptitude à ne pas céder au stress. Même si ce n'est

malheureusement pas possible pour toutes, j'aimerais idéalement

rencontrer ces personnes avant qu’elles ne partent en mission : tout

le monde n’est pas toujours en capacité de travailler partout… et de

la même manière ». Notre raison d’être : faciliter la mobilité profes-

sionnelle des collaborateurs par une préparation au voyage et un

pilotage solide lors d’un événement exceptionnel. « Tout le monde

a le droit de bouger. Lorsque l’on est informé, c’est mieux pour tous. » ■

Liliane Dupont, directeur des ressources humaines à l'international d’Egis.

Diane Degraeve, chargée de sûreté-sécurité d'Egis.

Barricade à Kiev pendant la crise ukrainienne de 2013-2014.

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