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Il nous faut sans tarder relier économie et écologie
concepteur du long terme février 2013/N°32Concepteur du long terme Septembre 2014 / N° 36
Colombie
et Équateur
Des infrastructures au service
de la croissanceP. 12
Expertise
Pourquoi construire
en bois ?P. 14
Grand angle
Drones : l’observation
d’ouvrages revisitée
P. 11
P. 3 : GILLES BOEUF
Président du Muséum national d’histoire naturelle de Paris
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2 egis contact - septembre 2014
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SOMMAIRE
ÉDITO
Cet été, la France a accueilli
pour la première fois le
Solar Decathlon Europe.
Une manifestation placée
sous le signe de l’innovation,
qui a vu des équipes
universitaires rivaliser
d’inventivité pour imaginer
un habitat utilisant le soleil
comme seule source
d’énergie. Acteurs de la
« ville de demain », nous
nous devions d’y participer. Raphaël Ménard,
directeur de la prospective de notre groupe
et directeur général d’Elioth, une marque
d’Egis, a exposé les enjeux et opportunités de
la solarisation du territoire à l’occasion d’une
table ronde. Nous nous sommes aussi tenus
à la disposition du public pour présenter nos
savoir-faire et expertises sur la « ville durable » :
conception de bâtiments basse consommation
(BBC) ou à énergie positive, création de villes
nouvelles optimisées « développement durable »,
développement de l’économie locale, etc.
Cette demande à l'occasion de Solar Decathlon
n'est qu'un exemple, parmi bien d'autres, de
notre mobilisation au service de nos clients et
partenaires : nous souhaitons leur proposer
des offres et solutions qui tiennent toujours
plus compte des enjeux liés aux ressources, à
la mobilité, à la biodiversité, à la qualité de vie.
Nous repensons nos axes de recherche, nos
méthodologies et nos métiers, dessinant ainsi
une nouvelle ingénierie écologique. La démarche
s’applique aussi en interne, à notre gouvernance
et à notre système de management, à travers
nos choix de politique sociale ou d’éco-
responsabilité. Paru en juillet et consultable en
ligne*, notre Rapport de Responsabilité Sociétale
d’Entreprise (RSE) 2013 s’en fait l’écho. S’il
mesure le chemin qu’il nous reste à accomplir, il
témoigne que les choix « durables » se révèlent
un formidable levier de création de valeur.
Car « écologie » ne s’oppose plus à « économie ».
Bien au contraire. Nous parlons désormais
de « capital naturel », en quantifi ant les pertes
et gains dans le cadre de l’évaluation de projet !
C’est le nouvel outil que nous vous présentons
en page 5. Nous évoquons aussi, dans ce
numéro d'Egis Contact, les atouts d’un matériau
bio-sourcé, adaptable et performant :
le bois (page 14).
Enfi n, nous donnons la parole à un chercheur
de renom, Gilles Boeuf, un responsable engagé
qui, avec un bel optimisme, nous appelle
à changer de paradigme : à ne plus nous
positionner dans un rapport de force vis-à-vis de
la nature, mais plutôt à agir « avec » elle.
Bonne lecture à tous !
Nicolas Jachiet
Président-directeur général
* www.egis.fr/content/rapport-rse-2013
3 L’ENTRETIEN avec Gilles Boeuf, président du Muséum national d’histoire naturelle de Paris« Il nous faut sans tarder relier économie et écologie »
une publication
www.egis.frRÉDACTRICE EN CHEF : ISABELLE BOURGUETRÉDACTRICE EN CHEF ADJOINT : SABINE MENDYRÉDACTION : EGIS, AGENCE ROUGE VIFSECRÉTARIAT DE RÉDACTION : JULIE POMPONCONCEPTION, RÉALISATION ET FABRICATION :
www.grouperougevif.fr - ROUGE VIF - 23553
CE DOCUMENT EST IMPRIMÉ À 20 230 EXEMPLAIRES SURDU PAPIER COCOON 100 % RECYCLÉ DANS UNE ENTREPRISECERTIFIÉE IMPRIM’VERTPHOTO DE COUVERTURE : DR/MNHNEGIS - S.A. RCS VERSAILLES 70 2027376 - ISSN : 2256-8786
Egis
Direction de la communication
15, avenue du Centre - CS 20538 Guyancourt
78286 Saint-Quentin-en-Yvelines Cedex
France
ou par [email protected]
Si vous souhaitez recevoir Egis Contactmerci de nous adresser votre carte de visite :
La tour D2 livrée à la rentrée !Paris-La Défense – Signée par les architectes
Anthony Béchu et Tom Sheehan, la tour D2
est sans aucun doute l’une des tours les plus
atypiques du panorama urbain du quartier
de La Défense à Paris. Avec sa forme ovoïde
originale changeant des architectures tra-
ditionnelles, la tour s’élance sur 171 m de
hauteur et off re 40 niveaux (dont trois en
sous-sols). Au sommet de la tour prend place
un magnifi que jardin méditerranéen à ciel
ouvert abritant une vingtaine d’arbres tels
que des pins sylvestres, choisis pour s’adap-
ter au climat en altitude. Les espaces de res-
tauration, situés sur plusieurs étages,
off riront aux 4 200 occupants une vue pano-
ramique sur Paris. La tour D2 prend la place
de l’immeuble Veritas, démoli en septembre
2011. Sogecap*, l’investisseur du projet, a
confi é la mission de promotion immobilière
à Bouygues Immobilier et Sogeprom, et le
marché d’entreprise générale au groupement
GTM Bâtiment, Bateg et Dumez Ile-de-France
(groupe Vinci Construction). Egis a réalisé
la coordination des études de conception et
la maîtrise d’œuvre d’exécution.
* Filiale d’assurance vie du groupe Société Générale
5/11 GRAND ANGLE Egis sème les graines
du changement
Tramway d’Odense : quand
le passé tutoie l’avenir
La Moldavie se dote
d’un système d’irrigation
performant
Le transport public belge
à l’heure du « sans contact »
Un laboratoire de recherche
taillé sur mesure pour
les matériaux innovants
Rocade de Marseille :
du rêve à la réalité
ITER sort de terre
Afrique : des projets
aéroportuaires d’actualité
Drones : l’observation
d’ouvrages revisitée
12/13 EGIS DANS LE MONDEColombie et Équateur :
des infrastructures au service
de la croissance
14 EXPERTISE Pourquoi construire en bois ?
15 REGARDS & CONVICTIONS L’art dans un monde urbain :
un nouvel art de vivre la ville…
16 RENCONTRE Sûreté et sécurité,
des enjeux forts à l’international
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L’ÉVÉNEMENT
septembre 2014 - egis contact 3
Il nous faut sans tarder relier économie et écologie
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Le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) est célèbre pour sa Galerie de l’évolution, celle des espèces disparues et sa serre tropicale… Au-delà du musée, quels sont les rôles et les missions du MNHN ?
Gilles Boeuf : Le Muséum est une très vieille
institution. Créé en 1635 par le médecin privé
du roi Louis XIII sous le nom de Jardin du roi
et des plantes médicinales, ce lieu de 27 hec-
tares a, dès l’origine, pour vocation de faire
connaître l’histoire de la nature, ou « histoire
naturelle » aux humains. Aujourd’hui, il rem-
plit cinq missions, fi xées par l’État : faire de la
recherche ; dispenser un enseignement scien-
tifi que ; assurer la conser-
vation et l’augmentation
des collections d’histoire
naturelle de la France ;
diff user la culture scien-
tifi que, c’est-à-dire expli-
quer ce qu’est la nature
à nos concitoyens via
les musées, où sont pré-
sentées nos collections
inertes, ou via les jardins,
zoos, ménagerie, où sont
les collections vivantes ;
et enfi n, développer une
expertise scientifi que.
Cette dernière mission s’accélère depuis
quelques années car l’État français nous sol-
licite en permanence pour l’éclairer sur des
questions variées : « Que se passe-t-il si je fais
passer une autoroute dans cette forêt ? », « Quel
serait l’impact d’une extension du port de tel
endroit ? »… Nous jouons donc désormais un
rôle d’expert naturaliste. Nous avons par ail-
leurs créé deux outils inédits : le programme
Vigie Nature, observatoire de la biodiversité
basé sur la science participative (un réseau de
citoyens « observateurs ») et participons au pro-
jet CEEBIOS de la ville de Senlis (Oise) sur la
bio-inspiration qui consiste, à partir de notre
observation de la nature, à proposer des déve-
loppements technologiques impliquant moins
de pollution et des économies d’énergie.
À quels enjeux la recherche au Muséum est-elle aujourd’hui confrontée ?
G. B. : Nous avons près de 500 chercheurs
répartis dans 17 unités, qui travaillent sur
tous les domaines relatifs à l’histoire natu-
relle : géodiversité, biodiversité, évolution (l’un
de nos grands thèmes de recherche), adapta-
tion des organismes
au milieu, impacts du
changement global (cli-
matique, alimentaire,
politique, social). Cela va
de sciences « dures » telles
que la paléontologie, la
biologie moléculaire ou
la géochimie, à l’ethno-
graphie, l’ethnomusico-
logie, la préhistoire ou
l’étude du genre. Nous
sommes l’un des rares
instituts français à béné-
fi cier d’une telle transver-
salité. Le présider est passionnant, car je suis
moi-même quelqu’un de très éclectique : j’aime
toutes les sciences !
En France, la recherche est plutôt centrée sur
les mathématiques, la physique, la biologie
moléculaire, les applications médicales…
Nous avons plus de chercheurs travaillant
sur le diabète que d’écologues (alors que les
deux peuvent être liés !). Mais nous notons un
réel regain d’intérêt pour l’écologie – en tant
que sciences des écologues, à ne pas confondre
avec l’écologisme politique. Pendant longtemps,
l’écologie est restée sinistrée et le Muséum se
mourrait. Puis les grandes crises sociales, de
la biodiversité, du climat, de la surpêche, nous
ont amenés à tout reconsidérer. C’est la plus
belle des sciences, qui étudie les relations entre
les êtres vivants et avec leur environnement :
c’est superbe, admirable ! Désormais, le
MNHN se retrouve au centre du débat, car
il a des moyens pour proposer des réponses
aux grandes questions environnementales.
Son rôle est de mettre en évidence les crises,
d’essayer de les comprendre et de voir si
celle qui sévit actuellement peut ressembler
à celles du passé, pour répondre à cette
question : ne sommes-nous pas en train de
mettre en place les conditions d’une sixième
grande crise d’extinction ? Nos projets s’en
retrouvent « boostés », et nous n’avons jamais
recruté autant de chercheurs. C’est, peut-être,
l’aspect positif de tout cela… Nous menons des
expéditions dans le monde entier pour réaliser
des inventaires de la diversité biologique et voir
comment les milieux changent. Partout dans
le monde où il y a encore de la biodiversité
marine et continentale, nous y allons, pour
décrire les espèces qui pour certaines sont en
danger d’extinction et celles que l’on découvre
avant de les déposer, ici, au Muséum.
Ces travaux d’inventaire et de suivi bénéfi cient aujourd’hui de nouvelles technologies : GPS, appareil d’enregistrement autonome, analyses ADN… Quel regard portez-vous sur l’apport de ces outils ?
G. B. : Les équipes du Muséum ont tous les
jours, lors de leurs missions, recours aux
nouvelles technologies d’information, de
typage génétique, de géolocalisation… Elles
nous aident à voir si une espèce est nouvelle ou
non, à la décrire et même, à réaliser des « fi ches
d’identité » de chacune d’entre elles : c’est le
barcoding of life. Ce code-barres génétique,
établi à partir du séquençage d’une trentaine
de gènes de la mitochondrie et du noyau d’un
micro-organisme, d’une plante ou d’un animal
nous permet de caractériser génétiquement
l’individu ou un groupe d’individus. Un outil
extrêmement précieux pour classer des
organismes d’espèces inconnues, détecter
l’origine d’un organisme ou l’identifi er. Les
développements de la bioacoustique, de
leur côté, nous aident à mieux distinguer les
espèces en fonction des sons qu’elles émettent.
Une grenouille de Thaïlande n’a pas du tout
le même cri que la grenouille de nos marais…
Aujourd’hui, on décrit aussi les espèces par le
son – même si l’aspect, l’odeur et, bien sûr, la
génétique, sont essentiels. Certains chercheurs
acousticiens, comme le célèbre Bernie
Krause, sont même capables de déterminer
si un écosystème est pollué, simplement en
écoutant les sons ! Ces nouvelles technologies
ont considérablement modifi é le travail des
chercheurs depuis vingt ans, en les aidant à
préciser la connaissance.
Quel est précisément l’état de la biodiversité aujourd’hui ?
G. B. : Nous estimons que nous connaissons tout
au plus 20 % des espèces qui existent sur notre
planète, soit un peu plus de 2 millions d’espèces.
Il y aurait donc sur Terre entre 10 et 20 millions
d’espèces vivantes. Puisque nous décrivons
entre 16 000 et 18 000 espèces nouvelles tous
les ans, il nous faudrait encore… mille ans pour
simplement décrire la diversité d’espèces qui
nous accompagnent encore !
(suite p. 4)
GILLES BOEUFPrésident du Muséum national d’histoire naturelle de Paris
Nous ne pouvons plus continuer ainsi. Nous ne pouvons pas nous passer de la biodiversité.
L’ENTRETIEN
4 egis contact - septembre 2014
Refuge pour de très nombreuses espèces, les coraux sont en péril : à cause de l’homme, plus de 10 % des récifs coralliens ont déjà disparu et 60 % des survivants sont en danger.
Or, au rythme actuel des disparitions, nous en
aurons perdu la moitié avant la fi n de ce siècle.
Il n’est pas rare que, le temps que l’on ait décrit
une espèce nouvellement
identifi ée, le biotope que
l’on avait trouvé lors
de l’expédition ait déjà
disparu. C’est certain, la
diversité s’eff ondre : en
quinze ans, nous avons
détruit entre 50 et 90 % de
tous les grands poissons
pélagiques (vivant dans
les eaux proches de la
surface, ndlr) des océans.
À Bornéo, l’une des zones
du monde les plus riches
en espèces, 88 millions
d’hectares de forêt sont partis en quinze ans.
Nous connaissons les quatre grandes causes
de la perte de la biodiversité : la destruction de
l’écosystème et la pollution, la surexploitation
des stocks – via la pêche maritime et la
destruction des forêts tropicales –, le
changement climatique – il faut être de très
mauvaise foi pour dire que l’homme n’y est
pour rien – et, enfi n, la dissémination des
espèces – ces espèces qui, via les avions, les
bateaux, sont introduites dans un milieu
diff érent de celui d’origine et peuvent devenir
invasives, créant d’énormes problèmes. Tout
cela est dramatique. Sans être catastrophiste,
je lance des cris d’alarme. Car nous ne pouvons
plus continuer ainsi. Et nous ne pouvons pas
nous passer de la biodiversité !
À quels changements l’homme de sciences et porte-voix du MNHN que vous êtes nous invite-t-il ?
G. B. : Il y a deux ennemis très forts, selon moi,
à la prise en compte de la nature : la cupidité
– cette tendance de l’humain à toujours vouloir
gagner le maximum en un minimum de
temps – et l’arrogance – caractéristiques qui
sont d’ailleurs beaucoup plus masculines que
féminines. Et deux réactions fréquentes qui
empêchent le changement : le déni, qui consiste
à dire qu’il n’y a aucun problème, et la triche.
Nous sommes dans un système où l’on triche
pour changer la réalité, ou bien la perception que
l’on en a, car nous refusons nos limites. Et nous
avons une vision très utilitariste de la nature.
J’en appelle à faire preuve de plus d’humilité,
beaucoup plus de partage et de respect. À vivre
« avec » la nature, et non en opposition avec elle.
D’un point de vue global, la question centrale
est celle-ci : comment lier l’écologie scientifi que
à l’économie ? Nous vivons, non pas la fi n du
monde, mais bien la fi n d’un monde économique.
Nous devons l’admettre et nous persuader que
nous devons partager les ressources actuelles,
dans un monde fi ni. Tant que l’on continuera
à gagner de l’argent en détruisant les écosys-
tèmes, en les surexploi-
tant, on appauvrira tout
l’ensemble. Nous ne pou-
vons pas continuer à tra-
vailler dans un système qui
tourne autour d’une écono-
mie anthropocentrée : soit
nous sommes capables de
basculer très vite dans une
réconciliation entre écono-
mie et écologie, soit nous
allons souff rir… Demain,
nous vivrons beaucoup
mieux en consommant
moins d’énergie, en gaspil-
lant moins, en mangeant des fruits et légumes
de saison, produits localement… Les avancées
sont réelles, mais tout cela est très lent.
La loi Grenelle 2 du 12 juillet 2010 réaffi rme avec force la démarche « Éviter, réduire, compenser » afi n de minimiser les impacts lors de la conception de projets. Est-ce, selon vous, un progrès ?
G. B. : Cette idée a beaucoup séduit les investis-
seurs. En France, nous injectons 800 millions
d’euros par an dans la compensation. Si nous
prenons l’exemple de l’écotaxe, l’idée est bonne,
voire vitale. À la condition évidente qu’elle ne
se surimpose pas aux taxes préexistantes, mais
plutôt qu’elle s’y substitue. En ce qui concerne
la taxe carbone, je pense aussi que l’idée est
bonne. Elle n’a pas marché, mais peut fonction-
ner si nous nous mettons d’accord sur son prix.
De toute façon, il faudra bien y venir : chaque
personne qui contribue à émettre du CO2 sera
taxée, d’une manière ou d’une autre. Mais il ne
faut pas que cela devienne un droit à polluer
ou à détruire.
Je préfère que l’on s’interdise de détruire et,
si cela n’est pas possible, que l’on réduise
très fortement l’impact, en gardant la
compensation comme solution de dernier
recours. La compensation est un moindre
mal. À condition, bien sûr, que les écologues
contrôlent attentivement ce qui est compensé,
et comment. Il est indispensable que des experts
scientifi ques soient intégrés au dispositif, pour
vérifi er que les actions de compensation ont un
impact réellement positif pour la biodiversité.
Le MNHN est très investi sur le sujet : il veille
par exemple à ce que tous les carriers de France,
une fois leur exploitation achevée, rendent
une carrière végétalisée. Mais la présence des
écologues n’est pas suffi sante. Aujourd’hui, la
loi n’est pas appliquée et la plupart des acteurs
ne compensent pas, c’est dramatique ! Il faut
donc, pour commencer, appliquer la loi.
Egis, groupe d’ingénierie « généraliste », intègre, dans ses équipes de conception, des compétences en études de biodiversité et de génie écologique. Comment percevez-vous ce rapprochement de l’écologie et de l’ingénierie ?
G. B. : Pour moi c’est excellent, et fondamental.
Pour un grand groupe d’ingénierie, il est
essentiel de tenir compte, pour chaque
projet, de l’impact écologique et de la perte
de la biodiversité, d’être attentif à l’usage
des matériaux. L’écologie n’est pas une
composante que l’on peut, au gré des projets,
ajouter à l’ingénierie, mais une approche
intrinsèquement intégrée à elle. Au lieu de
vouloir réinventer le vivant, inspirons-nous
de lui. C’est pourquoi la bio-inspiration, ou
biomimétisme, prend tout son sens. Regarder
le vivant pour s’en inspirer et inventer de
nouvelles technologies, va nous permettre
– ou nous permet déjà – d’imaginer des avions
qui volent plus vite, qui consomment beaucoup
moins de carburant, des bateaux qui vont
bien plus loin, des matériaux aux couleurs
changeantes… Rappelez-vous, le velcro de
vos chaussures vient entièrement des plantes
(de la fl eur de bardane, ndlr) ! En termes
d’ingénierie, cela se traduira par l’invention
de nouveaux matériaux : un béton compostable,
souple, léger, résistant aux séismes, des
matériaux de construction intégralement
recyclables après démolition ; des bâtiments
bioclimatiques, n’utilisant aucune énergie pour
chauff er ni refroidir (et l’on peut ici s’inspirer
des termitières), avec de nouveaux systèmes
de ventilation et d’aération. Enfi n, arrêtons
tout simplement d’imaginer uniquement des
dispositifs utilisant les énergies fossiles, car
tout ceci s’inscrit dans des limites fi nies.
Je vois croître l’intérêt des industriels, banques
d’aff aires, laboratoires de cosmétique… pour le
sujet, au fi l des années. La prise de conscience
est claire et quelque chose est en cours. Mais
cela ne va pas assez vite ! Vous verrez que
demain, on gagnera des marchés en tenant
compte de cela. Les industriels ont un rôle à
jouer en réconciliant économie et écologie. C’est
pourquoi j’attache une grande importance à
discuter avec eux, pour les convaincre que l’on
ne peut plus continuer « comme ça », et que la
plus belle et la plus durable entreprise de la
planète, fi nalement, c’est… la vie ! ■
Spécialiste de physiologie
environnementale – la
discipline qui s’intéresse à la
manière dont les êtres vivants
s’adaptent à leur
environnement – et de
biodiversité marine et
terrestre, Gilles Boeuf est
professeur à l’université Pierre
et Marie Curie (UPMC), à Paris.
Nommé à la présidence du
Muséum national d’histoire
naturelle (MNHN) en 2009,
il est également chercheur
à l’Observatoire océanologique
de Banyuls, au sein de l’unité
« Biologie intégrative des
organismes marins ».
Nommé professeur invité
au Collège de France sur la
chaire « Développement
durable, énergies,
environnement et sociétés »,
fi n 2013, Gilles Boeuf est
activement impliqué dans
la diff usion de la culture
scientifi que et de la
vulgarisation, et donne
régulièrement des conférences
sur la vie dans les océans, les
ressources vivantes, le rôle de
l’eau dans les systèmes
biologiques et la biodiversité.
68 millions d’objets naturels et
humains (papillons naturalisés,
éléphant empaillé, roches,
pierres précieuses, crânes
préhistoriques, scalps…)
L’un des trois premiers musées
mondiaux pour la richesse de
son fonds
Deux ministères de tutelle :
Enseignement supérieur et
Recherche, Développement
durable
2 000 agents, dont
500 chercheurs répartis
dans 7 départements
400 étudiants en thèse,
post-doctorat ou master
500 chercheurs publiant
chaque année plus de
1 000 articles scientifi ques
PARCOURS
LE MUSÉUMNATIONAL D’HISTOIRENATURELLEEN CHIFFRES
(suite de la p. 3)
Les industriels ont un rôle à jouer en réconciliant économie et écologie.
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TOC
K/P
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P6
5L’ENTRETIEN
GRAND ANGLE
septembre 2014 - egis contact 5
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Nous mesurons l’impact des diff érentes variantes d’un projet sur la production des services produits par la nature.
DOROTHÉE LABARRAQUE, chargée de l’innovation à Egis Environnement
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Egis sème les graines du changementLa conférence organisée par l’IENE (Infra Eco Network Europe) en Suède, du 16 au 19 septembre 2014, est l’occasion pour Egis de rappeler son engagement en matière d’ingénierie écologique et de présenter un projet novateur : l’intégration des services que rend la nature à l’homme dans l’évaluation de projet.
Les services rendus par la nature ?
Ce sont « des biens et services que
les hommes peuvent tirer des éco-
systèmes, directement ou indirecte-
ment, pour assurer leur bien-être ».
Défi nition donnée, en 2005, par le rapport
sur l’évaluation des écosystèmes de la pla-
nète pour le millénaire, commandé par les
Nations unies. Quelques années plus tard, le
Centre d’analyse stratégique (CAS) français
introduit à son tour l’idée d’« approche éco-
nomique de la biodiversité et des services liés
aux écosystèmes ».
Considérer la biodiversité comme une com-
posante à part entière de l’économie, lui attri-
buer une valeur quantifi able… Voilà qui sort
alors des sentiers battus et suscite l’inté-
rêt d’Egis dès 2008. « Nous avons senti qu’il y
avait quelque chose à faire, explique Dorothée Labarraque, chargée de l’innovation à Egis Environnement. Nos études portent sur le
volet environnemental des projets et nous nous
appuyons beaucoup sur la spatialisation de don-
nées. Nous avons donc réfl échi à la représentation
spatiale de la production de services produits par
la nature et à une méthode opérationnelle qui
permettrait de mesurer l’impact des diff érentes
variantes d’un projet sur cette production. »
Une coopération entre économistes et ingénieurs de l’environnement
Avant tout lancement de projet, tout donneur
d’ordres réalise un état des lieux du territoire
concerné au niveau des infrastructures de
transports, de l’aménagement, de l’occupation
du sol, etc., en regard de la densité de popu-
lation, du bassin d’emploi, des surfaces agri-
coles… Il organise également un débat public
et compare les diff érentes options techniques,
avant de prendre sa décision. L’idée d’Egis est
d’intégrer, pour chaque étape de l’élaboration
d’un projet, un critère de perte ou gain de capi-
tal naturel et de mesurer ce critère pour cha-
cune des variantes de projet étudiées : « Un
projet, dans la mesure où il génère une artifi cia-
lisation des sols, engendre forcément une perte
de services, explique Dorothée Labarraque, mais qui dépendra de l’endroit où le projet est
réalisé et du type d’écosystème concerné : forêts,
prairies, plans d’eau, bosquets, vergers, parcs
ne jouent pas le même rôle, en fonction de leur
localisation. »
Egis a commencé par se rapprocher d’un
économiste de l’environnement reconnu :
Jean-Michel Salles, co-auteur du rapport
du CAS, qui a recommandé une doctorante,
Léa Tardieu, du Laboratoire montpelliérain
d’économie théorique et appliquée (LAMETA)/
SupAgro de Montpellier. Egis fi nance les tra-
vaux, Dorothée Labarraque pilote la thèse
et mobilise également une chargée d’étude
d’Egis spécialisée dans la spatialisation des
données (SIG). « Nous avons travaillé main dans
la main pendant trois ans et demi. Le laboratoire
nous a apporté ses connaissances en économie
théorique ; et nous, une approche très opération-
nelle et experte en matière de modélisation et
traitement de données spatiales notamment. »
L’équipe choisit une aire d’études concernée
par un grand projet d’infrastructure ferro-
viaire. Elle réalise un état des lieux des ser-
vices qui y sont actuellement rendus par la
nature à l’homme. Elle évalue ensuite l’im-
pact du projet sur ces services, c’est-à-dire la
manière dont le projet altérerait la produc-
tion de chacun de ces services. Exemple : si le
tracé choisi touche une forêt située près d’une
grande ville, l’impact risque d’être important
pour la population de la ville : une forêt joue
un rôle de purifi cation de l’air, mais constitue
aussi un lieu de détente. Reste à traduire les
pertes de services en termes quantifi ables :
« Nous les avons évaluées en valeurs biophy-
siques (tonnes de CO2 émises, mètres cubes d’eau
épurée, etc.) puis leur avons attribué des valeurs
économiques connues. Ce qui nous a permis de
monétiser la perte de services pour chacune des
variantes de tracé du projet. »
De la même manière, la perte totale de capital
naturel générée par la réalisation du projet
(sur la durée d’exploitation de l’infrastructure)
a été estimée. Elle ne représente pas moins de
44 millions d’euros, montant signifi catif dans
l’économie du projet…
L’élaboration d’une méthodologie robuste
In fi ne, une méthodologie robuste a été mise
en place permettant de spatialiser la produc-
tion de service dans un territoire donné, de
cartographier la densifi cation d’off res de ser-
vices et d’évaluer la perte de service liée à la
réalisation d’un projet.
Un travail patient et innovant qui permet
aujourd’hui de proposer aux décideurs publics
un outil inédit, connectant problématiques de
biodiversité et socio-économiques. Car l’enjeu
est de taille, souligne Dorothée Labarraque : « Nous sommes collectivement tellement décon-
nectés de la nature que nous ne nous rendons
plus compte des services qu’elle nous off re et dont
nous dépendons. Tous ces espaces non artifi ciali-
sés nous garantissent un environnement vivable,
mais nous vivons avec eux dans un équilibre
fragile et soumis à de fortes pressions liées à
nos activités. Jusqu’à présent, la perte de capi-
tal naturel n’était pas quantifi ée et était donc
considérée comme “nulle”… Aujourd’hui nous
savons donner une valeur à ces services. » Elle
espère donc inciter à une approche plus prag-
matique de l’environnement dans les projets,
mais aussi favoriser par ce nouveau critère
l’intérêt et la participation des citoyens dans
le processus de décision. ■
Pour en savoir plus sur l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (Millenium Ecosystems Assessment, MA) : www.unep.org/maweb/fr
Pour consulter le rapport « Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes » du Centre d’analyse stratégique (2009) : www.strategie.gouv.fr > Publications > Rapports
ÉVALUATION DE PROJET
Les services rendus par la nature :
Les bénéfi ces que l’homme tire de la nature, sans avoir à faire quoi que ce soit pour en bénéfi cier, sont répartis en quatre catégories :
■ services de prélèvement : matières premières (nourriture, fi bres, eau douce, produits pharmaceutiques)
■ services de régulation : régulation du climat ou des maladies (cycle du carbone, cycle de l’eau), contrôle biologique (chaîne alimentaire), pollinisation (abeilles)
■ services de support : rétention d’eau (pénétration dans les sols, limitation du ruissellement), développement du cycle nutritionnel, production d’oxygène, fourniture d’habitats
■ services culturels : loisirs et tourisme (parc, forêt, étang…), culture et éducation (patrimoine local, éducation à l’environnement…)
Modélisation du service de pollinisation en l’état existant. Modélisation du service de pollinisation en l'état futur avec l'intégration d'un projet.
La Moldavie se dote d’un système d’irrigation performantEn mai 2013, un important programme de travaux de réhabilitation de dix périmètres d’irrigation a démarré en Moldavie. Un projet majeur pour développer l’agriculture à haute valeur ajoutée dans le pays et booster les exportations.
Mieux alimenter en eau 15 000 hectares
de terres cultivées pour permettre à
plus de 9 000 agriculteurs de cultiver
des produits à plus forte valeur
ajoutée : tel est l’enjeu de la réhabilitation de
dix périmètres d’irrigation menée actuellement
en Moldavie.
Datant des années 1960 et 1980 et n’ayant
jamais été réhabilités, les réseaux d’irriga-
tion sont obsolètes. Résultat : d’immenses par-
celles cultivables sont laissées à l’abandon
depuis la fi n des années 1990, les exportations
sont peu variées avec pour conséquence des
importations en augmentation constante.
Conscient de cette situation, le gouvernement
moldave a pris les choses en main et avec
l’aide fi nancière des États-Unis a mis en
place une structure dédiée de gestion de
programme, performante et exigeante : MCA
Moldova.
Une réhabilitation de grande ampleur
« Au total, il s’agit de réhabiliter environ
345 km de conduites et 23 stations de pompage.
La superfi cie des périmètres varie de 500 à
2 000 hectares, indique Badre Lanedri, directeur de projet à Egis Eau. Les travaux
ont débuté en mai 2013, confi és aux entreprises
Sade (France) et Hidroconstructia (Roumanie),
pour un achèvement en août 2015. Selon les
secteurs, les chantiers sont à diff érentes phases
de mise en œuvre. Les deux premiers (Lopatna
et Criuleni) seront livrés en décembre prochain. »
Après un premier contrat décroché en
mai 2013 pour deux périmètres, un deuxième
en novembre pour quatre autres, puis des
négociations de gré à gré pour les quatre
restants, Egis a remporté au fi nal le contrôle
des travaux sur l’ensemble des dix périmètres !
Ce qui a fait la diff érence dans la candidature
d’Egis ? L’off re technique solide, la méthodologie
et la compétitivité fi nancière. « Ce qui a retenu
l’attention du client, MCA Moldova, c’est notre
capacité à réunir, dans les délais impartis, des
experts couvrant l’ensemble des domaines
techniques de la supervision de travaux. Et ce, en
mutualisant les ressources de diff érentes sociétés
du groupe », poursuit Badre Lanedri.
Une équipe multiculturelle
Ce projet mobilise trente personnes chez Egis,
de huit nationalités diff érentes. « Pour répondre
aux exigences de la législation moldave, nous
avons créé un bureau de représentation sur
place, à Chişinău, afi n de recruter des ingénieurs
locaux qui constituent un tiers de nos eff ectifs,
indique Badre Lanedri. Des spécialistes
dans les domaines de la santé et de la sécurité
au travail, de la topographie, de la législation
locale ou encore de la supervision technique. Nous
employons également des jeunes Moldaves en
tant qu’assistants chefs de projets, afi n de leur
donner l’opportunité de rejoindre une équipe
d’experts internationaux. »
MCA Moldova dispose également d’une
équipe d’experts qui couvrent l’ensemble des
thématiques du projet. Ainsi, la supervision des
travaux se fait en étroite collaboration entre ces
derniers et Egis, sur les diff érents sites, lors de
réunions hebdomadaires ou spécifi ques pour
chaque système d’irrigation. Notons que MCA
Moldova assure aussi un appui important pour
la coordination avec les institutions nationales
et locales concernées par ces travaux de
réhabilitation.
À l’instar de la Moldavie, de nombreux pays sont
confrontés aujourd’hui à la problématique de
modernisation et/ou de reconversion de
systèmes d’irrigation sous pression. « Ce contrat
est donc pour nous une référence signifi cative. Nous
espérons nous positionner prochainement sur des
marchés voisins », conclut Badre Lanedri.
EAU
6 egis contact - septembre 2014
MOBILITÉFICHE D’IDENTITÉ
Client : Odense Tramway, organisme public créé pour le projet, fi nancé à 50 % par l’État danois, 50 % par la ville d’Odense
Phase 1 : 14,7 km
Phases 1 et 2 : 21 km
Études complètes d'aménagement urbain : atelier VILLES & PAYSAGES, une société d'Egis
Début de la construction : 2017Année de mise en service : 2020Coût : 241 M€ pour 14,7 km (soit, 16,4 M€/km. À titre de comparaison, le coût moyen par kilomètre est, en France, de 25 M€)
FRANCIS CREWS, responsable du
développement à l’international
à atelier VILLES & PAYSAGES© E
GIS
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LH
Tramway d’Odense : quand le passé tutoie l’avenir
Troisième ville danoise, Odense cultive sa tradition du rail. Un musée ferroviaire, 360 km de pistes cyclables qui empruntent des lignes de chemin de fer désaffectées et bientôt… un nouveau tramway dont une partie de la composition paysagère repose sur du ballast.
Ce nouvel équipement off rira aux habitants
un réseau de transport en commun reliant
le campus et l’hôpital universitaires, la gare,
le complexe sportif et le centre-ville. Ses
objectifs ? Augmenter de 200 % l’usage des
transports collectifs, apporter une nouvelle
vitalité économique aux entreprises situées
dans ces quartiers et la création d’emplois.
Premiers tours de roues prévus pour 2020
pour ce tramway qui sera le second du pays.
Des matériaux inhabituels
Pour Francis Crews, responsable du déve-loppement à l’international à atelier VILLES & PAYSAGES, une société d’Egis, l’aventure a
commencé il y a deux ans. « Nous nous sommes
positionnés sur le lot de design urbain », se rap-
pelle-t-il. « C’est un projet très original pour lequel
il a fallu faire preuve d’imagination afi n de s’adap-
ter à certaines demandes de la ville. » En eff et,
sur les 14 km du tracé de la phase 1, la moitié
du linéaire de la plateforme doit être traitée
en ballast ferroviaire : « Un matériau facile à
mettre en œuvre mais peu utilisé dans les villes,
explique Laurent Naiken, directeur de pro-jet à atelier VILLES & PAYSAGES.Pour en amé-
liorer l’insertion urbaine, nous avons envisagé
plusieurs hypothèses dans le but de végétaliser
ce matériau. Une équation complexe car le bal-
last est un milieu peu hospitalier et l’aff ouillement
annuel prévu pour que la plateforme conserve sa
stabilité a toutes chances de détruire les systèmes
racinaires pouvant s’y développer. »
Alors, l’équipe projet cherche et élabore des
principes de composition paysagère basés en
partie sur le ballast : mettre en œuvre, dans
les portions urbaines du tracé, des bordures
et trottoirs en béton désactivé intégrant les
granulats ferroviaires, étirer l’emprise de la
plateforme du tramway pour planter en son
centre, dans la zone non circulée, des essences
frugales telles que bouleaux, saules marceaux
et certaines graminées…
Des méthodes de travail inédites
L’équipe se confronte aussi à « une approche
du montage et de la conduite très diff érente de
ce que nous connaissons », rapporte Francis Crews. Ainsi, plutôt qu’être missionnée sur
l’ensemble des phases de conception, l’équipe
de maîtrise d’œuvre conclut des contrats
ATR (activités-temps-ressources) avec la
municipalité. Reconductibles, ils sont basés
sur une estimation du temps nécessaire à la
réalisation de missions spécifi ques : « Il y a, au
Danemark, une culture très démocratique dans la
prise de décision, explique Francis Crews. Les
études d’impact de la future ligne de tramway ont
nécessité une année de consultation publique !
Les contrats ATR s’adaptent à cette spécifi cité : il
n’y a pas de pénalités de retard et si l’enveloppe
temps-ressources est consommée avant d’avoir
achevé la production prédéfi nie, nous rediscutons
des objectifs et des moyens nécessaires pour
les atteindre. » Cette fl exibilité contractuelle
engendre une évolutivité importante dans
la défi nition même du projet et exige une
adaptation continuelle… et passionnante ! ■
GRAND ANGLE
Un tel changement ne doit pas se réduire à un dialogue technique
Dans quel contexte avez-vous décidé de passer à la billettique sans contact ?Il faut d’abord souligner le travail mené
par la Société des transports
intercommunaux de Bruxelles (STIB)
qui a posé dès 2008 avec sa carte
sans contact Mobib les jalons de
l’interopérabilité dans les systèmes de
transport publics. Nous avons mesuré
à la fois les atouts du sans-contact et
l’obsolescence atteinte par notre système
de perception magnétique des titres de
transport. Aujourd’hui, nos chauff eurs
sont nos premiers vendeurs. Cela pose
à la fois la question de leur sécurité,
compte tenu des recettes qu’ils génèrent,
et celle de la ponctualité de nos lignes,
puisque le temps passé à rendre la
monnaie impacte les horaires prévus.
La carte sans contact répond à ces
enjeux, réduisant de moitié les ventes
dans les bus par la vente en ligne et
la multiplication d’autres points
de vente physiques, et améliorant
d’autant la qualité du service aux usagers.
Quels sont les premiers retours des usagers sur le projet-pilote ?L’usage de la carte TEC IT EASY doit être
d’une simplicité accessible à tous les publics.
Du coup, nous sommes très attentifs aux
retours des premiers utilisateurs. Il y a
quelques ajustements qui nous ont été
suggérés, comme le niveau sonore des
validations dans les véhicules, jugé excessif,
mais dans l’ensemble, le nouveau système
est bien assimilé, et accepté. Cela reste
un changement dans les habitudes, et
il ne faut pas sous-estimer ses eff ets.
Ainsi, la billettique sans contact fournit
une occasion de redéfi nir sa stratégie
commerciale. On peut à la fois simplifi er
les tarifs et diversifi er l’off re aux usagers.
Toutefois, trop de changements d’un coup
peuvent désorienter nos clients et avoir
un eff et répulsif. C’est pourquoi nous avons
découplé notre réforme tarifaire
du déploiement de la billettique, et reporté
de quelques mois après la diff usion
en masse de TEC IT EASY l’intégration
de solutions intermodales comme
l’auto-partage ou les vélos en libre-service.
Y a-t-il d’autres points de vigilance à observer dans la mise en œuvre d’un tel projet ?Il s’agit aussi de choisir soigneusement
son système billettique. Nous avons fait
confi ance à un industriel disposant
d’une solution sans contact éprouvée
dans 22 villes en Europe, l’adaptant à nos
contraintes sur quelques points seulement :
export fi nancier vers notre propre système
de gestion, communication entre les
valideurs et la plateforme embarquée de
localisation sur nos véhicules, spécifi cations
du standard sélectionné pour notre carte
sans contact… Nous ne regrettons pas
d’avoir pris cette direction : une solution
entièrement personnalisée aurait sans
doute pesé sur notre calendrier de
déploiement. Autre point important : il est
utile de ne pas réduire la mise en œuvre
d’un tel changement à un dialogue
technique entre équipe projet et maîtrise
d’œuvre. La billettique sans contact
concerne tous nos métiers, des chauff eurs
aux comptables, et il est crucial de faire
vivre le projet à l’intérieur de l’entreprise.
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BILLETTIQUE
Un des bus pilote de la ligne W.
Exemple de valideur de carte sans contact.
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MARTIN DUFLOU,chef de projet
TEC IT EASY
à la Société régionale
wallonne des transports
(SRWT)
septembre 2014 - egis contact 7
Le transport public belge à l’heure du « sans contact »Test grandeur nature pour le futur système billettique sans contact de la Société régionale wallonne des transports. Début 2015, la société de transport belge va déployer TEC IT EASY sur l’ensemble de son réseau et ses 500 000 usagers. Un véritable challenge.
«Voir en petit ce que cela
donnera en grand. » C’est
toute l’idée du test de
billettique sans contact
actuellement mené sur
la ligne de bus W de TEC (organisme qui réu-
nit cinq sociétés de transport public du terri-
toire wallon), aux portes de Bruxelles. Cette
expérience pilote, lancée en novembre 2013,
consiste à équiper les trente bus de la ligne
de valideurs de carte sans contact. Premiers
tours de roue pour la nouvelle carte TEC IT
EASY, basée sur la technologie RFID (pour radio
frequency identifi cation), et confi ée à 200 usa-
gers réguliers de la ligne W : « Le choix de cette
ligne pour notre projet-pilote ne doit rien au
hasard, précise Martin Dufl ou, chef de pro-jet à la Société régionale wallonne des trans-ports (SRWT). Elle est empruntée par tous profi ls
d’usagers, avec d’importantes charges de montée.
Elle traverse des zones rurales et urbaines, sur un
tracé au contact du métro bruxellois. Ces carac-
téristiques sont très intéressantes car elles font
du test un laboratoire de notre projet. »
Mesurer la simplicité d’utilisation du nouveau
titre de transport, valider son interopérabilité
avec des lignes exploitées par d’autres sociétés
de transport public, tester les automates de
rechargement… Étape après étape, c’est l’effi ca-
cité de tout un système billettique sans contact
qui est évaluée. Car la SRWT ne compte pas s’ar-
rêter à la ligne W. En ligne de mire, la grande
échelle, la très grande même : « À terme, l’en-
semble des transports publics belges sera acces-
sible via TEC IT EASY, précise Martin Dufl ou. L’interopérabilité de notre nouveau titre de trans-
port ira même au-delà des frontières, puisqu’il est
d’ores et déjà prévu de pouvoir emprunter cer-
taines lignes de la métropole lilloise avec celui-ci. »
Retours statistiques
Le top départ du déploiement de TEC IT EASY,
sur l’ensemble du réseau de la SRWT et ses
500 000 usagers, est prévu pour début 2015. À
cette échelle, la billettique sans contact appor-
tera ses bénéfi ces, du côté des usagers comme
de celui des autorités organisatrices de trans-
port : « Tout le monde va y gagner, explique Stéphane Depuydt, chef de projet à Egis France, accompagnant la SRWT en études
et suivi de la mise en service sur ce projet
depuis 2011. Pour les clients, c’est un meilleur
service : les canaux de vente se multiplient, ils
peuvent recharger leur titre de transport sur des
automates, dans de nombreux commerces, ou
même payer depuis chez eux par Internet ! Qui
plus est, les lignes seront plus ponctuelles car les
chauff eurs passeront moins de temps à rendre la
monnaie pour des achats de billets, et plus adap-
tées à leur fréquentation, grâce au suivi permis
par la technologie RFID. » En eff et, du côté de
la SRWT, le basculement du magnétique vers
le sans-contact va se traduire par des retours
statistiques sur les variations de fréquenta-
tion au sein du réseau. « Pour un opérateur, c’est
précieux, poursuit Stéphane Depuydt. Il est
alors possible de savoir précisément comment
se ventilent les besoins de déplacements dans le
réseau, suivant les lieux ou les horaires. On peut
optimiser le service aux usagers, que ce soit dans
les capacités ou la fréquence des bus. »
Poupées russes
Mais avant d’en arriver là, il s’agit de fi abi-
liser le système, déployé à grande échelle :
350 millions de validations sans contact pré-
vues chaque année, 5 100 valideurs installés
dans les bus, 4 000 points de vente dans les
commerces… Un véritable challenge : « L’échelle
du projet est eff ectivement assez inhabituelle en
billettique, explique Yves Cohen, directeur développement des systèmes à Egis France. La complexité du projet tient à ce paramètre, mais
aussi au fait que la conception, l’intégration et
le déploiement du système se font sur un timing
assez serré, et que le système est au contact du
grand public. C’est d’ailleurs un axe structurant
du projet que de faire une priorité absolue de la
simplicité d’utilisation de TEC IT EASY. »
Pour cela, les équipes d’Egis ont développé une
méthode de production originale. Plutôt que de
travailler de façon séquentielle, lot après lot,
le projet avance de façon incrémentale : « Nous
avons défi ni douze étapes clés, comportant cha-
cune une phase de spécifi cations, de conception,
d’intégration, de validation puis de réception par
le client, précise Yves Cohen. On ne peut pas-
ser à l’étape suivante que si tout est validé : cela
sécurise l’avancée d’un projet très complexe. » Une
méthode de production en « poupées russes »,
dont l’expérience pilote sur la ligne W constitue
la troisième étape. D’ici peu, les 200 premiers
utilisateurs seront 2 000. Puis TEC IT EASY sera
déployé sur deux autres lignes, portant son
panel d’usagers à 5 000. Une échelle critique
jugée suffi sante pour tester l’ensemble des
fonctionnalités de la billettique sans contact,
déployée en masse début 2015, où l’on verra
en grand ce que cela aura donné en petit. ■
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8 egis contact - septembre 2014
Un laboratoire de recherche taillé sur mesure pour les matériaux innovantsDébut 2015, l’Institut Jean Lamour à Nancy ouvrira ses portes à 520 personnels de recherche et 180 étudiants, jusqu’alors disséminés sur six sites lorrains. Derrière sa façade urbaine, il abritera des fonctions administratives, mais aussi un centre de recherche de rang mondial dédié aux matériaux et aux nanosciences. Retour sur les spécifi cités techniques de conception d’un ensemble de bâtiments complexes.
Une course contre la montre. C’est
un enjeu devenu quotidien pour
les équipes mobilisées sur le
chantier de l’Institut Jean Lamour
(IJL), l’un des plus importants
laboratoires de l’Institut de chimie du CNRS,
au cœur du campus ARTEM à Nancy (cf. enca-
dré ci-dessous). Gros œuvre, façades et couver-
ture ont été terminés dans le calendrier initial,
mais la vigilance de Gilles Pétain, directeur travaux à Egis Bâtiments Grand Est, chargé
sur ce projet de la direction d’exécution des tra-
vaux, reste entière à l’heure d’entamer l’équi-
pement des locaux. « C’est une phase complexe
à mener dans des délais serrés. La réception de
l’opération est prévue pour février 2015. D’ici là,
nous avons le cloisonnement de 800 salles à réali-
ser, et surtout des réseaux particulièrement denses
en câbles informatiques, fi bre optique et réseau
électrique courants forts à installer. »
Le challenge des prochains mois tient en
quelques chiff res : 7,8 MVA (mégaVolt-Ampère)
de puissance électrique à distribuer et
220 000 m (!) de linéaire de câbles informatiques
et fi bre optique à installer dans les 28 400 m²
de surfaces au plancher du bâtiment. Pour l’es-
sentiel, une très forte densité de réseau « voix-
données-image », reposant sur la destination
scientifi que du projet. Il s’agit de constituer un
établissement de niveau mondial en matériaux
et nanotechnologies. « Ce projet immobilier va
contribuer, par une concentration des moyens et
des compétences, à ouvrir la recherche vers des thé-
matiques émergentes », précise Pierre Brunet, directeur technique de l’IJL.
Le plus grand instrument jamais construit pour les matériaux innovants
Rendez-vous à l’Agence Nicolas Michelin et
Associés (ANMA), dans le 10e arrondissement
de Paris. Ici, l’IJL, on connaît bien. À l’issue
d’un concours international organisé en 2006,
le mandat de maîtrise d’œuvre du projet a été
confi é à l’ANMA, associée aux équipes d’Egis,
d’Elioth et à la paysagiste Claire Alliod.
Traduire les besoins des laboratoires et des cher-
cheurs dans la défi nition des locaux et le fonc-
tionnement des laboratoires : la feuille de route
du projet architectural est simple. La réponse,
bien plus complexe : « C’est un projet complet avec
des contraintes de conception très spécifi ques de
poids, d’encombrement, d’accessibilité et de vibra-
tion », explique Cyril Trétout, architecte urba-niste associé à l’ANMA (cf. interview).
Une intégration fi ne des besoins fonction-
nels par l’architecture nécessitant des exper-
tises techniques pointues. La pièce maîtresse
de l’Institut Jean Lamour : une salle blanche
accueillant le DAUM, un ensemble d'instru-
ments reliés par un tube étanche de 70 m de
long pour élaborer et caractériser sous ultra-
vide des objets de taille nanométrique, soit
le plus grand instrument jamais construit
pour les nanosciences. « L’équipement scienti-
fi que est exceptionnel, les dimensions de la salle
en atmosphère contrôlée qui l’accueillera le sont
aussi, reprend Frédéric Lantz, directeur du projet ARTEM à Egis Bâtiments Grand Est. Elle occupe toute une aile du bâtiment et a sup-
posé un travail poussé en aéraulique. »
Ambiances explosives
En eff et, pas moins de 46 gaz de natures dif-
férentes seront mis en œuvre dans les labora-
toires. En sortie, mille points de distribution
qui vont supposer de la manipulation des gaz
pouvant générer des ambiances explosives.
« Le dispositif de ventilation est très complexe
et a supposé de mobiliser des expertises spéci-
fi ques du groupe Egis en atmosphère contrôlée
et en vibration. »
Chasse aux vibrations eff ectivement dans les
salles logeant des équipements scientifi ques de
mesure et de contrôle ultrasensibles tels que
les microscopes électroniques ou le DAUM. Une
gageure, étant donné l’insertion de l’IJL dans
le tissu urbain, et en particulier sa proximité
du tracé du tramway, et la présence de ponts
roulants prévus pour de fortes charges. La
solution imaginée par les équipes d’Egis : déso-
lidariser les nefs d’expérimentation « ultra-
sensibles » des bâtiments. Ainsi, les locaux du
DAUM reposent sur des massifs cubiques en
béton, eux-mêmes fi xés sur des dalles anti-
vibratiles, sans être reliés structurellement
au reste du bâtiment.
Au total, 380 m3 de massifs et plots anti vibratiles
ont été mis en œuvre sur l’IJL : « Cela donne la
mesure de ce que les spécifi cités liées aux activités
de recherche peuvent générer en complexité dans
le bâtiment. Sur ce point, il faut souligner la qualité
de la direction des travaux qui a permis, grâce à
une concertation de tous les instants avec les utili-
sateurs, d’optimiser en phase d’exécution ce que je
considère comme un très beau projet instrumen-
tal : un bâtiment de recherche taillé sur mesure »,
conclut Pierre Brunet. ■
BÂTIMENTS COMPLEXES
Un travail d’intégration par l’architecture des besoins fonctionnels
Comment insérer un bâtiment tel que l’Institut Jean Lamour (IJL) dans la ville ? La première des choses a été de retrouver
dans le dessin du plan-masse de cet
ensemble de 26 000 m² construits, une
intégration au projet urbain général
d’ARTEM, avec la notion de continuité de la
ville avec des rues, des places, des parcs. Il
s’est agi aussi de retrouver dans les volumes
de l’IJL une échelle qui puisse s’inscrire
dans le bâti environnant. Pour cela, nous
avons étalé le programme : l’IJL ne dépasse
pas cinq niveaux, dont un niveau en sous-
sol. Enfi n, nous avons repris certains des
principes architecturaux mis en œuvre sur
l’ensemble du projet urbain : l’ancrage du
programme par des « maisons-signes », qui
sont autant de repères urbains, et la mise
en œuvre d’une architecture de toiture,
ayant la capacité de dissimuler la grande
complexité technique des équipements
installés sur le toit de l’IJL.
Quels partis pris architecturaux avez-vous choisis pour répondre au programme et à sa complexité technique ? Le programme comporte des contraintes très
fortes, au sens où il faut faire cohabiter des
types de locaux aux usages très diff érents
(ERP, bureaux, laboratoires de recherches).
Cette diversité induit une spatialisation
marquée des fonctions du bâtiment : les
bureaux sont implantés dans les étages
supérieurs, les équipements de recherche
sont, eux, situés dans les trois premiers
niveaux de l’IJL, certains microscopes
électroniques requérant une grande hauteur
sous plafond, avec une charge au plancher
très importante. Les activités de recherche
sont sécurisées et regroupées dans cinq nefs
d’expérimentation, où sont créées des « zones
d’activités » optimisant le découpage de
l’activité scientifi que. Les lieux ouverts au
public comme les salles des étudiants en
master, la cafétéria et l’administration sont
situés dans les maisons signes qui forment
l’entrée du bâtiment. C’est un travail précis
d’intégration par l’architecture des besoins
fonctionnels.
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CYRIL TRÉTOUT,architecte urbaniste
associé à l’ANMA
FICHE D’IDENTITÉ
Client : Institut Jean Lamour, CNRS - Université de LorraineMaîtrise d’ouvrage : Région LorraineMaîtrise d’ouvrage déléguée : SOLOREM Nancy
Maîtrise d’œuvre : Agence Nicolas Michelin et Associés ; Egis/EliothDébut de la construction : décembre 2011
Livraison : février 2015
Montant des travaux : 49 M€ HT
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Un bâtiment conçu comme un grand instrument de recherche vivant et cohérent.
PIERRE BRUNET, directeur technique
de l’Institut Jean Lamour
Institut Jean Lamour, situé sur le campus ARTEM à Nancy.
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AUTOROUTE URBAINE
Rocade de Marseille : du rêve à la réalité
La rocade L2, c’est un peu comme l’Arlésienne : plusieurs générations de Marseillais l’ont espérée mais personne n’ose plus y croire… Pourtant, après avoir connu des vicissitudes pendant plus de quatre-vingts ans, ce projet de voie rapide urbaine fait de nouveau l’actualité.
Longue d’une dizaine de kilomètres,
cette liaison rebaptisée A 507, reliera
les autoroutes A50 à l’Est et A7 au
Nord. Elle permettra de contour-
ner le centre-ville et de désengor-
ger les boulevards de la cité phocéenne pour
accéder au centre-ville. Le contrat de partena-
riat public-privé a été signé le 7 octobre 2013
par la Société de la rocade L2 (SRL2) dont
Egis est membre, aux côtés de Bouygues TP
(mandataire du groupement constructeur),
Colas Midi-Méditerranée, Spie Batignolles,
Meridiam Infrastructure et CDC Infrastructure.
Au total, 620 millions d’euros sur une durée
de trente ans.
Un chantier au cœur d’une urbanisation très dense
La complexité technique du projet résulte en
partie de son histoire. « Les emprises datent de
1933. Mais les premiers travaux commencent en
1960 et se poursuivent jusqu’en 2011 de façon
chaotique. À ce jour, certains tronçons sont en
service alors que d’autres parties, notamment cer-
tains ouvrages d’art, ne sont que partiellement
achevées. Nous allons donc, d’une part, devoir
tenir compte de l’existant et d’autre part, insérer
les nouvelles infrastructures dans un contexte
urbain qui a évolué et s’est fortement densifi é »
explique Abdellah Benhatta, représentant
d’Egis au conseil d’administration de la SRL2.
Afi n de composer avec ce nouveau paysage
urbain, 50 % du tracé sera couvert. Des amé-
nagements, tels que des parcs, des jardins par-
tagés, des espaces de jeux ou encore des voies
de circulation douce (piétons et vélo) sont pré-
vus en surface pour améliorer la qualité de
vie des riverains.
Une concertation organisée en amont des travaux
Malgré tous les dispositifs mis en place pour
les minimiser, un chantier sans nuisances
n’existe pas. Afi n de susciter la meilleure accep-
tation possible de ce dernier pendant la phase
de travaux, la SRL2 a imaginé de multiples
dispositifs pour tisser du lien avec les habi-
tants concernés. « La problématique de la concer-
tation a été engagée très en amont du démarrage
du chantier, de façon à servir le projet et pas uni-
quement pour se conformer à une obligation
contractuelle » poursuit Abdellah Benhatta.
« Toutes les parties prenantes, à savoir l’État, les
collectivités locales et la SRL2, sont très attentives
à cette problématique. Une Maison du projet SRL2
a été installée au bord de l’ouvrage et permet
notamment d’accueillir le public, d’expliquer l’en-
semble du projet et le déroulement des travaux.
Des réunions ont rassemblé les diff érents acteurs
pour répondre aux questions concrètes des
riverains. Leurs requêtes ont été écoutées et prises
en compte lorsque c’était possible. Autant d’ini-
tiatives pour créer une dynamique positive »,
conclut-il. Démarrage des travaux prévu à l’été
2014, pour une livraison dans des temps très
contraints puisque celle de la L2 Est est pro-
grammée pour l’été 2016 et celle de la L2 Nord
pour l’automne 2017.
ÉNERGIE
ITER sort de terre
Recréer sur Terre la réaction de fusion nucléaire à l’œuvre dans les étoiles pour libérer une source d’énergie sûre, intarissable et respectueuse de l’environnement. Ce rêve anime la communauté scientifi que depuis les années soixante. Il se concrétise aujourd’hui au sein du projet international ITER, dont les premiers bâtiments sortent progressivement de terre à Cadarache, dans le Sud de la France. Un chantier orchestré depuis 2010 par le consortium Engage, qui rassemble quatre partenaires européens, dont Egis. Point d’étape sur ce projet extraordinaire.
ITER sera la plus grande installa-
tion expérimentale de fusion jamais
construite. Son objectif : démontrer
que l’industrialisation du procédé de
fusion nucléaire mis au point en labo-
ratoire est possible et ouvrir ainsi la voie à
une nouvelle fi lière de réacteurs nucléaires.
Ce projet est le fruit d’une collaboration
internationale sans précédent entre la
Chine, la Corée du Sud, le Japon, l’Inde, la
Russie, les États-Unis et l’Europe, qui four-
nissent chacun une partie des composants.
Baptisée F4E*, l’agence européenne prend
ainsi en charge la construction du site qui
accueillera le futur réacteur expérimental.
En 2010, elle a confi é la maîtrise d’œuvre
du projet au consortium européen Engage,
rassemblant les entreprises Egis (France),
Assystem (France), Atkins (Royaume-Uni) et
Empresarios Agrupados (Espagne).
Un grand chantier de bâtiment
Le contrat comprend la construction du com-
plexe nucléaire qui accueillera à terme le
fameux tokamak dans lequel se produira la
réaction de fusion, mais aussi de l’ensemble
des bâtiments annexes : fourniture d’électri-
cité, usine cryogénique, bâtiment de retrai-
tement des déchets radioactifs…
« Nos missions vont de la conception, l’aspect
procurement avec les entreprises, la supervi-
sion des travaux, jusqu’à leur réception. Pour
chacune d’entre elles, nous travaillons en équipe
intégrée et allons chercher les meilleures com-
pétences au sein des diff érents partenaires »,
explique Gilles Schartle (Egis), project director.
Aujourd’hui, 230 personnes sont mobilisées
au sein d’Engage sur le site de Cadarache.
Parmi elles, une trentaine de collaborateurs
Egis, notamment à la direction de projet ainsi
qu’au design et pilotage du planning et de la
construction. À cela s’ajoutent des sollicitations
ponctuelles des diff érentes sociétés d’Egis
pour du design de structure complexe et
des études particulières (protection contre
la foudre, réseaux enterrés…).
À projet exceptionnel, expertises exceptionnelles
Si le design des bâtiments auxiliaires est
aujourd’hui pratiquement terminé, les bâti-
ments nucléaires en sont encore à la phase
d’études détaillées. « Le modèle 3D du toka-
mak d’ITER comporte des millions de compo-
sants. Cette machine de 30 m de diamètre sur
30 m de haut pèse plus de 30 000 tonnes, soit le
poids de quatre tours Eiff el ! Elle sera soumise à
d’importants eff ets de soulèvements et de tem-
pérature, qui génèrent des contraintes extrême-
ment sévères sur les matériaux mais aussi sur la
structure des bâtiments. Sans compter qu’il faut
concevoir et orchestrer leur construction alors
que le process lui-même n’est pas encore tota-
lement défi ni, explique Alain Baudry (Egis), integrator and deputy design manager. Cela implique d’être en liaison directe avec les
développeurs des procédés pour suivre toutes
les nouvelles avancées et les implémenter au fur
et à mesure. On a coutume de dire que sur ITER,
le soleil ne se couche jamais ! L’organisation
couvre en eff et tous les fuseaux horaires, avec
une vingtaine de nationalités qui travaillent
sur le projet 24 heures sur 24 ! » ■
* Fusion for Energy
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Fondations du complexe Tokamak.
Egis, un acteur multi-casquettes✔ Actionnaire à 5 % de la Société
de la Rocade L2, chargée de la conception, la construction et du fi nancement de l’ouvrage, puis de son entretien et de sa maintenance pour une durée de 30 ans. Egis participe notamment aux activités de maintenance et plus particulièrement aux missions d’assistance à maîtrise d’ouvrage maintenance et GER (Gros Entretien Réparations) ;
✔ Maîtrise d’œuvre intégrée auprès du groupement constructeur (GIE L2) chargé de la conception et de la construction de l’ouvrage ;
✔ Intégrateur clé en main des équipements fi xes d’exploitation.
10 egis contact - septembre 2014
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Afrique : des projets aéroportuaires d’actualitéJuin 2014. Alors qu’Egis vient à peine de livrer le travail de conception de l’aéroport de Ouagadougou au Burkina-Faso, plus de trente entreprises ont retiré le dossier technique de consultation pour le premier lot travaux. Un symbole fort de l’attractivité du continent africain.
Dans le domaine aéroportuaire,
Egis a développé une approche
intégrée et des compétences plu-
ridisciplinaires en France et à l’in-
ternational. En Afrique, le groupe
est ainsi présent au Tchad, en Mauritanie, au
Burkina-Faso, au Sénégal, au Kenya, en Algérie,
en Égypte, en Côte-d’Ivoire, au Gabon et au
Congo sur des projets d’ingénierie, des missions
de réalisation de maîtrise d’œuvre et d’assis-
tance technique ainsi que pour l’exploitation
de certains aéroports.
Le facteur humain
La belle histoire aéroportuaire entre Egis
et ce continent démarre en 1970. Depuis, de
part et d’autre, les liens se sont tissés soli-
dement. « Bâtir sur le long terme, au service
de l’intérêt public est inscrit dans notre ADN »
précise Frédéric Nicolon, directeur géné-ral adjoint d'Egis Avia. « En Afrique, nous
avons capitalisé une expérience riche et com-
plémentaire dans tous les secteurs du trans-
port. Mais, notre connaissance va au-delà de
nos expertises métiers. Nous déployons nos
projets en tenant compte du contexte socio-
économique, de la culture et des habitudes de
vie de chaque pays mais aussi des facteurs
environnementaux, bioclimatiques, géotech-
niques et architecturaux » poursuit-il. Pour
Éric Houplain, directeur de zone à Egis Bâtiments International, « en Afrique, il
faut beaucoup d’échanges, de dialogue et il faut
aussi se voir. Cette dimension humaine est très
importante. C’est pourquoi nous nommons un
directeur de projet, qui devient l’interlocuteur
unique du client sur place. »
Une capacité à orchestrer des projets très variés
Un aéroport est un projet complexe qui exige
des expertises spécifi ques liées à l’infrastruc-
ture en elle-même mais aussi celles relatives
au trafi c aérien et aux besoins de mobilité pour
accéder à l’aéroport. La force d’Egis est de consi-
dérer tous ces éléments comme faisant partie
d’un tout et de positionner l’aéroport comme
une valeur ajoutée sociale, urbaine, commer-
ciale et industrielle. « Nos missions varient d’un
aéroport à l’autre et l’adaptabilité est l’une de nos
cartes maîtresses. Nous savons travailler pour
tous les donneurs d’ordres, pour des maîtres d’ou-
vrages publics comme pour des opérateurs pri-
vés » poursuit Frédéric Nicolon.
L’exploitation, un atout de plus au service des maîtres d’ouvrage
Dans ce domaine, où les contrats de conces-
sion courent souvent sur une trentaine d’an-
nées, Egis apporte son expertise en gestion,
en management, en marketing et en stratégie
de développement. Autant d’atouts qui per-
mettent la croissance de l’activité des aéroports
et assurent leur rentabilité. « Pour le maître
d’ouvrage, savoir que nous pouvons assurer l’ex-
ploitation de l’objet que nous devons construire
off re une visibilité importante à moyen terme.
En prenant en compte les problèmes et coûts de
maintenance dès la conception, cela engage notre
responsabilité. C’est, in fi ne, l’une des conditions
sine qua none de la conception durable » conclut Éric Houplain. ■
AÉROPORTS
Le Burkina-Faso se dote d’un complexe aéroportuaire Afi n de remplacer l’aéroport de Ougadougou situé
actuellement en plein centre-ville, le gouvernement
a décidé de transférer l’activité aéroportuaire de la capitale
à Donsin à 30 km au nord de celle-ci. Les objectifs ?
Désenclaver l’infrastructure, la ville ne disposant pas
de réserve foncière suffi sante pour la nécessaire
et future extension de l’aérogare, mais également réduire
les nuisances pour les habitants et améliorer la sécurité.
Egis a élaboré les études d’avant-projet détaillé des
infrastructures aéroportuaires, des bâtiments et des
services de base de cette plateforme. Les dossiers d’appels d’offres sont en cours
et la sélection des entreprises pour la phase travaux a débuté. Le premier marché
concerne les voies d’accès entre Ouagadougou et le nouvel aéroport, hors du champ
d’études d’Egis. Ceux de l’aéroport devraient débuter début 2015 pour quatre ans.
Un niveau de service élevé pour le nouvel aéroport de Nouakchott en Mauritanie Grâce à cette nouvelle infrastructure
aéroportuaire, l’État mauritanien compte
accueillir tous les types d’aéronefs
commerciaux, y compris les avions de
nouvelle génération comme l’A380, et
attirer deux millions de passagers. Le projet, qui s’intègre parfaitement dans son
environnement, offrira un haut niveau de service y compris dans le traitement
des bagages, des conditions optimales de circulation, des temps d’attente réduits
et une grande qualité de confort pour les passagers.
La construction du nouvel aéroport international de Nouakchott est une opération
majeure pour le pays avec un montage spécifi que : les études et les travaux
d’infrastructure et de bâtiments sont confi és à l’entreprise mauritanienne
Najah for Major Works (NMW). Egis intervient depuis juin 2012, comme consultant
pour assurer le contrôle et la validation des études, la surveillance des travaux
et l’assistance pour la réception des travaux.
La mission d’Egis prévoit également la réalisation des études, la consultation des
fournisseurs, et le contrôle pour les équipements de balisage, les aides visuelles et
les équipements de navigation aérienne, puis l’assistance aux opérations de transfert
des activités de l’ancien vers le nouvel aéroport.
Sur une surface SHON de 135 000 m², construction en deux phases de :
✔ 43 bâtiments civils (la tour de contrôle, l’aérogare internationale passagers et fret avec une zone catering, une zone commerciale, le pavillon présidentiel et ministériel, le centre de maintenance des aéronefs, etc.)
✔ une base militaire de 22 bâtiments
Maître d’ouvrage : Premier Ministère du Burkina-Faso - Maîtrise d’ouvrage de l’aéroport de Donsin (MOAD)
Une surface de 38 000 m² SHON, dont :
✔ une aérogare passagers et fret, ✔ deux pistes d’atterrissage
de catégorie 4 F,
✔ trois parkings avions,
✔ un pavillon présidentiel,
✔ une tour de contrôle,
✔ des bâtiments annexes pour le fonctionnement optimal de l’aéroport
Maître d’ouvrage : Ministère de l’Équipement et du Transport de Mauritanie / Cellule d’Exploitation du Nouvel Aéroport International de Nouakchott (CENAIN)
Montant des travaux estimé à environ : 400 M€
98 aéroports
100 millions de dollars investis sur le marché aérien en 2013 Une croissance du trafi c de 8,75 % en moyenne sur les huit dernières années
56 % des vols intercontinentaux concentrés sur l’Europe
GRAND ANGLE
septembre 2014 - egis contact 11
Drones : l’observation d’ouvrages revisitée
Il pèse moins de quatre kilos et embarque grâce à ses quatre rotors 600 à 800 grammes de matériel jusqu’à 150 m au-dessus du sol. Lui, c’est le drone d’Egis, un appareil d’observation et de mesure par vols stationnaires renouvelant les pratiques d’inspection.
Il passe devant chaque matin en voi-
ture. Un quartier d’habitations comme
il en existe beaucoup d’autres, mais
pour Olivier Gay, ces maisons du Pré-
Nouvel à Seyssins (Isère) ont un sens
bien particulier. « C’est ici que nous avons réa-
lisé nos premiers pilotages de drone, en suivant
l’avancée du chantier, se rappelle le responsable du département Instrumentation et patho-logie d’Egis Géotechnique. Concrètement, il
s’agissait de prendre à intervalles réguliers des
clichés avec un point de vue identique. C’est un
exercice où les drones excellent : le géo-référen-
cement des données collectées avec l’appareil
permet une précision décimétrique. »
Aujourd’hui le quartier est terminé, mais
l’utilisation des drones sur les missions d’Egis
ne fait, elle, que commencer : « Grâce à leurs
capacités en vols stationnaires, leur potentiel est
avéré sur l’inspection des ouvrages et structures
diffi ciles d’accès, et nous a amenés à développer
une off re de prestations basées sur l’utilisation
d’un drone », confi rme Dominique Allagnat, directeur d’Egis Géotechnique. Prises de vue
à basse altitude et en zones diffi ciles d’accès,
suivis de chantiers, inspections d’ouvrages…
L’éventail des missions proposées est large et
a déjà convaincu plusieurs clients. L’un des
premiers d’entre eux, c’est David Pouchelle, directeur de projet adjoint, responsable de la maîtrise d’œuvre générale travaux du
tronçon autoroutier de l’autoroute A89 entre
Violay (Loire) et La Tour-de-Salvagny (Rhône).
Détecter les fi ssurations
Cette section de 35 km comporte quatre
ouvrages importants de franchissements :
les viaducs du Valletier, de Goutte-Vignole,
du Buvet et de la Brévenne, sur lesquels porte
une obligation réglementaire d’inspection
détaillée. « Lorsque ces trois ouvrages ont
été exécutés mi-2012, nous avons lancé une
consultation d’entreprises pour réaliser ces
contrôles, précise David Pouchelle. C’est une
étape importante : le point zéro de l’ouvrage,
où les fi ssurations et les éventuels défauts sont
répertoriés, localisés et caractérisés à leur état
initial pour pouvoir être suivis tout au long de la
vie de l’ouvrage. » Deux pistes d’intervention
sont alors envisagées : mener une inspection
« classique », ou recourir aux drones. « C’est
cette option que nous avons fi nalement
retenue. Elle était compétitive par rapport à
l’autre proposition, et répondait mieux aux
contraintes techniques de l’observation : les piles
des trois ouvrages ne sont pas prévues pour
être inspectées par des moyens classiques, et
culminent à près de 75 m pour Goutte-Vignole.
Cela supposait de mêler observations à pied,
en nacelle négative, et via des travailleurs
cordistes », complète-t-il.
Quelques semaines plus tard, en septembre
2012, le drone Egis a fait ses premiers vols
d’inspections sur les ouvrages du tronçon
Balbigny – La-Tour-de-Salvagny. Calendrier
serré : « La mise en service de l’infrastructure
était prévue pour la fi n de l’année, se rappelle Olivier Gay. La faible intrusivité du drone
a permis de moins interférer avec la phase
de fi nalisation des ouvrages, ce qui aurait
été assurément le cas avec des techniques
classiques d’inspection. » Passés au peigne
fi n par le drone, les ouvrages, observés en
temps réel en monitoring par les pilotes
d’Egis, également spécialistes en pathologies
d’ouvrages, n’ont pas révélé de défaut majeur.
Reconstitution 3D
Et le maître d’ouvrage du tronçon auto-
routier, les Autoroutes du Sud de la France,
est manifestement convaincu par la qualité
des observations réalisées par le drone :
« Aujourd’hui, nous proposons de mener des
missions sur certains murs de soutènement,
explique Olivier Gay. Le drone permettrait
un diagnostic fi n de ce type d’ouvrages, sans
nécessiter une restriction du trafi c autoroutier.
Pour faciliter le suivi et l’entretien de ces ouvrages,
nous pourrions en réaliser une reconstitution 3D
par stéréophotographie. » Aff aire à suivre. ■
SOLUTIONS
© E
GIS
Une solution technique fi able, transportable et performante
Comment vous est venue l’idée d’utiliser les drones en observation d’ouvrages ?
L’idée nous est venue il y a trois ans, durant
l’été 2011. Nous répondions alors à un appel
d’off res sur l’inspection du viaduc de Millau,
dont les piles vont jusqu’à 245 m de hauteur.
Ce sont des hauteurs exceptionnelles, ren-
dant complexe et coûteuse une inspection
traditionnelle par nacelle négative et cor-
distes. Nous avons donc proposé d’utiliser
un drone. C’était assez innovant, au sens où
ces appareils étaient alors principalement
utilisés par les géomètres pour des relevés
topographiques, et non en inspection d’ou-
vrages. Nous n’avons fi nalement pas rem-
porté ce marché, mais l’idée est restée, et
nous a amenés à développer une off re de
prestations basée sur l’utilisation d’un drone.
Quels sont les caractéristiques et les avantages de cette off re ?
Le potentiel des drones est aujourd’hui avéré
sur l’inspection des ouvrages et structures
diffi ciles d’accès. Ils sont aussi une alter-
native très intéressante à l’hélicoptère et
aux descentes en rappel dans l’inspection
des falaises, où ils permettent une distance
d’observation pertinente dans la détec-
tion des risques d’éboulements. Nous nous
sommes basés sur ces deux applications
pour bâtir notre off re d’observation par
drone. Il a d’abord fallu trouver une solution
technique à la fois fi able, transportable (y
compris à l’étranger), et performante. Deux
de nos collaborateurs, spécialistes en patho-
logie d’ouvrage, ont ensuite été formés, puis
agréés par la direction générale de l’Aviation
civile, au pilotage du drone.
Dans nos missions, les pilotes conduisent
eux-mêmes les diagnostics. C’est une valeur
ajoutée importante par rapport aux obser-
vations classiques, où les cordistes prennent
des photos examinées ensuite par les spécia-
listes sur la terre ferme. C’est aussi un facteur
d’économies venant s’ajouter à la compéti-
tivité des drones face aux autres solutions.
Il y a un vrai potentiel pour les drones en
missions d’observation. La maniabilité de
notre appareil et la qualité des clichés qu’il
apporte grâce à son optique et sa nacelle
gyro-stabilisée sont très étonnantes et nous
ouvrent un champ d’applications que nous
n’avions pas imaginé.
Dans quelles autres applications pourrait être utilisé le drone ?
Grâce à la géolocalisation de l’appareil et à
la qualité des clichés, on peut, par exemple,
réaliser des rendus 3D de sites très fi ns et
précis en faisant de la stéréophotographie.
C’est une technique que l’on peut aussi uti-
liser en missions de contrôle, pour calcu-
ler le volume et déduire la granulométrie
d’enrochements renforçant des digues, par
exemple. Il y a aussi des évolutions possibles
vers la mesure, en équipant les drones avec
des capteurs. On peut tout à fait imaginer
des détections de fuite, des contrôles d’épais-
seur de peintures ou de fi ssures réalisés via
le drone. Il reste encore un travail de fi a-
bilisation à mener sur ces sujets, mais le
potentiel est là. ■
© E
GIS
DOMINIQUE ALLAGNAT,directeur d’Egis
Géotechnique
75e CONGRÈS DE L’UNION SOCIALE
DE L’HABITAT, à Lyon
Du 23 au 25 septembre
Durant trois jours, organismes HLM, élus,
professionnels de l’habitat, industriels,
journalistes, s’y retrouvent pour échanger
autour de la politique du logement et de
l’habitat social. Egis sera présent sur le stand
de la Caisse des Dépôts.
http://congreshlm.union-habitat.org
7e CONGRÈS DES ENTREPRISES
PUBLIQUES LOCALES (EPL), à Deauville
Les 7 et 8 octobre
Ce congrès se déroulera parallèlement au
Salon du développement local (SDL). Organisé
par le Groupe Moniteur, en partenariat
avec la Fédération des entreprises publiques
locales, le SDL est une rencontre entre élus,
fonctionnaires territoriaux et l’ensemble
de leurs fournisseurs de biens et services.
Egis participe, aux côtés de la Caisse
des Dépôts, à cet événement qui rassemble
tous les acteurs du développement local.
http://sdl.salons.groupemoniteur.fr/
14e CONGRÈS DE L’AFTES, à Lyon
Du 13 au 15 octobre 2014
Organisé par l’Association française des
tunnels et de l’espace souterrain (AFTES),
cet événement rassemble tous les acteurs
français du marché. Egis est partenaire de
cette manifestation et participera
au programme de conférences du congrès.
Cette année, le thème général est « Tunnels et
Espace souterrain : risques et opportunités ».
http://www.congres.aftes.asso.fr/
WORLD NUCLEAR EXHIBITION (WNE),
à Paris – Le Bourget
Du 14 au 16 octobre
Les industriels du nucléaire français,
rassemblés au sein de l’AIFEN (Association
française des industriels français exportateurs
du nucléaire), organisent pour la première fois,
à Paris, ce grand rassemblement des leaders
mondiaux du domaine. Visitez le stand d’Egis
lors de cette manifestation.
www.world-nuclear-exhibition.com
MEET.ING 2014, 13e RENCONTRES
DE L’INGÉNIERIE, à Paris
Le 23 octobre 2014
Membre du syndicat professionnel Syntec
ingénierie, Egis participe chaque année
aux Rencontres de l’ingénierie de la
construction et de l’industrie, événement
où la plupart des grandes sociétés d’ingénierie
françaises, tous secteurs confondus,
sont présentes. Ce salon accueille notamment
les étudiants des grandes écoles d’ingénieurs.
Cette année, le thème du meet.ING 2014
est « L’ingénierie de R(évolution) à l’ère de
l’iconomie mondiale ».
www.syntec-ingenierie.fr
Rendez-vous
12 egis contact - septembre 2014
Avec de belles références à notre actif, nous visons une implantation durable dans cette zone du monde où le potentiel de développement est considérable !
JAVIER QUERO, directeur de la région Amériques d’Egis
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Portée par son marché de 48 millions
d’habitants, l’ampleur de ses res-
sources naturelles (charbon, pétrole,
émeraude, café…) et la stabilité de ses
institutions démocratiques, la Colombie se posi-
tionne comme la troisième économie du sous-
continent latino-américain, derrière le Brésil
et le Mexique. Depuis l’élection du président
Álvaro Uribe en 2002, le pays a renoué avec
une croissance soutenue (moyenne de 4,5 % sur
la période 2006-2013). L’actuel président Juan
Manuel Santos joue la carte de la continuité et
met l’accent sur cinq moteurs de croissance : les
infrastructures, l’agro alimentaire, le logement,
les mines, l’énergie et l’innovation.
Au sud, l’Équateur. Un territoire grand comme
la moitié de la France, qui compte plus de
15 millions d’habitants. À la fi n des années
quatre-vingt-dix, le pays était en grande dif-
fi culté : une grave crise économique empor-
tait sa monnaie, le sucre, au profi t du dollar.
Mais depuis l’arrivée au pouvoir du président
Rafael Correa en 2007, l’Équateur affi che une
croissance forte. Le PIB progresse de 4,2 % en
moyenne par an et la banque centrale prévoit
même 5 % en 2014. Si l’agriculture et la pêche
constituent des secteurs clés – le pays est le
premier exportateur mondial de crevettes et
de bananes, par exemple – l’économie fl uctue
au gré du cours du pétrole, qui représente 40 %
de ses revenus et 60 % de ses exportations.
La manne pétrolière, le point commun de l’Équateur et de la Colombie
Membres de l’OPEP, l’Équateur et la Colombie
produisent respectivement 500 000 et 1 million
de barils par jour et s’appuient sur les revenus
générés pour lancer de grands programmes
d’investissements publics. Dans les domaines
de la santé, de l’éducation et de lutte contre la
pauvreté, par exemple, en Équateur. Le pro-
blème ? L’absence d’infrastructures modernes
qui pèse lourdement sur la compétitivité. « La
Colombie, entre autres, manque de routes, de
ponts, d’aéroports, de ports, de voies navigables,
de voies ferrées… Résultat : le coût du transport
du pétrole grimpe et pénalise les exportations.
Développer les moyens de transport est donc une
priorité pour l’État », explique Javier Quero, directeur de la région Amériques d’Egis.Ainsi, l’Agence nationale de l’infrastructure a
lancé un ambitieux programme de construc-
tion de seize nouveaux ports, deux aéroports,
1 340 km de rails et plus de 8 000 km de routes,
tunnels et viaducs.
Des infrastructures modernes, la condition sine qua non de la poursuite du développement
« Les autoroutes ont souvent des profi ls de routes
de montagne. Pour parcourir 350 km, il faut par-
fois la journée ! Un vaste plan d’investissements
de 18 millions d’euros, la Cuarta Generation de
Concesiones (concession d’autoroutes de 4e géné-
ration) est en cours. Neuf contrats de concessions
ont été lancés et dix autres le seront prochaine-
ment. Nous sommes en négociation avec des
grands constructeurs pour nous positionner »,
indique Javier Quero.Ça bouge aussi du côté des transports publics
car les grandes villes sont congestionnées. Une
étude publiée dans la presse locale a montré
que seuls 17 % des Colombiens possèdent un
véhicule et que la majorité d’entre eux uti-
lisent les transports en commun. La problé-
matique de la mobilité urbaine se pose donc
avec une acuité particulière. « À Bogota, il y
a de nombreux projets : métro, tramway, bus…
À Carthagène, un tramway devrait desservir
le quartier historique et touristique sur 5 km.
Egis prépare l’étude de faisabilité », poursuit
Javier Quero. En Équateur, un métro est à
l’étude à Quito, la capitale, et un tramway est
entré en chantier en février, plus au sud, à
Cuenca, une ville de 300 000 habitants.
Côté eau, les perspectives coulent à fl ot
L’Équateur change… et vite ! « Pour rattra per
son retard, le pays lance d'importants projets.
Nous venons de remettre une proposition de
services pour la gestion intégrée des ressources
en eau de la province de Bolivar, explique René Jampierre, directeur général délégué d’Egis Eau. Une étude de 22 mois, qui vise à
mettre en place un dispositif de gestion des bassins,
inspiré de celui des agences de l’eau françaises,
et à développer des projets multi-usages (eau
potable, irrigation, hydroélectricité…). » Dans
la province d’Esmeraldas, Egis suit de près
des projets d’alimentation en eau potable et
irrigation. Le groupe sera d’ailleurs partenaire,
en octobre, de la Semaine de l’eau organisée
par l’ambassade de France.
« En Colombie, nous regardons aussi les secteurs
de l’eau potable et de l’assainissement urbain
car les réseaux sont vieillissants et les besoins
colossaux. Nous avons remis plusieurs off res
pour la ville de Bogota et misons beaucoup sur
l’année 2014 », mentionne René Jampierre.C’est sans compter sur le projet phare actuel-
lement en Colombie, qui a un intérêt fonda-
mental, notamment pour diminuer le coût de
transport du pétrole : la mise en navigabilité
du Rio Magdalena, le fl euve le plus important
du pays, qui le traverse sur 1 558 km. Mi-mai,
avec la Compagnie nationale du Rhône et deux
sociétés locales, Egis a remis une off re pour
l’assistance à maîtrise d’ouvrage.
Objectif : une implantation pérenne d’Egis
Dans cette zone clé de l’économie mondiale,
Egis accélère sa présence, respectivement
depuis 2010 et 2012 pour la Colombie et
l’Équateur. « De nombreuses opportunités se
profi lent pour nos activités notamment en
Colombie, l’un des pays clé de notre développement
dans cette région. Il va falloir les transformer ! Ainsi,
pour multiplier nos succès et nous implanter à
moyen et long terme, il est essentiel que nous
devenions “colombiens”, comme nous l'avons
fait dans d'autres pays dans le monde. C'est notre
objectif d'ici la fi n 2015, sous une forme qui reste
à défi nir », conclut Javier Quero. ■
Colombie et Équateur : des infrastructures au service de la croissance
Des régimes politiques stables, des croissances dopées par le pétrole, de grands programmes d’investissements, des attentes fortes des populations et un retard criant en termes d’infrastructures : autant d’indicateurs « au vert » pour le développement des activités d’Egis en Colombie et en Équateur. Coup de projecteur sur les réussites et ambitions du groupe dans ces deux pays d’Amérique latine.
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EGIS DANS LE MONDEA
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septembre 2014 - egis contact 13
La Ruta del Sol est le plus important projet routier lancé ces dernières années en Colombie.Son objectif ? Transformer le réseau existant en une route à 2 x 2 voies, pour améliorer la communication entre la capitale, l’intérieur du pays et les villes portuaires du Nord-Est. Ses enjeux ? Favoriser le développement économique et la compétitivité, contribuer au confort et à la sécurité des 10,5 millions de véhicules qui empruntent cet axe.
Un projet divisé en 3 secteurs et 3 concessions- Secteur 1 : création d’un nouveau tronçon entre Villeta, Guaduero
et El Korán (78 km) ;
- Secteur 2 : réhabilitation et passage en 2 x 2 voies du tronçon Puerto Salgar - San Roque dans la vallée du fl euve Magdalena (528 km) ;
- Secteur 3 : réhabilitation et passage en 2 x 2 voies des tronçons San Roque - Ye de Ciénaga et El Carmen de Bolívar-Valledupar (465 km).
« C’est par ce projet qu’Egis est arrivé en Colombie ! De 2010 à début 2012, le groupe est intervenu sur la section 2 pour le compte du concessionnaire Odebrecht (Constructora Ruta del Sol), indique Javier Quero, directeur de la région Amériques d’Egis. Nos missions ? La supervision des études de détail (trafi c, tracé, sols, hydrologie…) et la recherche d’optimisation du projet élaboré par les bureaux d’études colombiens, avec la proposition de solutions techniques et l’assistance à la mise en œuvre de celles-ci. »
Colombie - La Ruta del Sol : 1 071 km pour relier Bogota à la côte caribéenne
Projets phares
Cap sur la côte Caraïbes Nord et l’un des plus importants projets énergétiques mené à ce jour dans le pays : la création d’un port pétrolier de 140 hectares opérationnel début 2015.
« Financé par IFC, une fi liale de la Banque mondiale, ce projet comprend notamment une aire de stockage des hydrocarbures d’une capacité de 3 millions de barils dans un premier temps puis de 4 millions ensuite », indique Javier Quero. Le terminal sera relié aux raffi neries locales, notamment via un oléoduc de 130 km reliant Puerto Bahia à la raffi nerie de Carthagène.
L’objectif ? Permettre aux producteurs locaux un meilleur accès aux marchés internationaux. En effet, ces dernières années, la Colombie a connu une forte hausse de son activité pétrolière et gazière, mais les exportations en la matière, même si elles représentent la moitié des exportations du pays, sont vulnérables du fait de l’insuffi sance d’infrastructures de transport.
Premier contrat portuaire pour Egis en ColombieEgis a été retenu pour le suivi du management du contrat. « Tous les trois mois, trois experts réalisent un audit sur place, pour voir si les fonds de l’IFC sont bien utilisés et si le projet avance bien. Un contrat d’un an et demi, qui a démarré début 2014, signifi catif pour nous car c’est le premier que nous décrochons dans le secteur portuaire en Colombie », poursuit Javier Quero. Quand on sait qu’aujourd’hui le pays porte une dizaine de projets pour remédier à la saturation de ses ports et augmenter leur capacité de 30 millions de tonnes, cela laisse entrevoir de belles opportunités…
Colombie - Puerto Bahia : doper l’ex… port !
En décembre, le ministère de l’Environnement a confi é à Egis la stratégie de son premier plan national de gestion des déchets ménagers.
« Comme tout pays en développement, l’Équateur souffre de problèmes sanitaires liés au manque de dispositif pour la collecte et le traitement des ordures ménagères. Les attentes des habitants sont très fortes, explique Catherine Jatteau, directrice d’Egis Waste Management. Il s’agit d’accompagner le pays aussi bien d’un point de vue technique, économique, institutionnel, juridique que social. »
Une mission aux volets multiples qui comporte trois phases :
- le diagnostic remis en mai, basé sur l’analyse de rapports existants et d’audits sur place ;
- la remise de différents scénarii possibles au ministère de l’Environnement en juillet ;
- la planifi cation et la défi nition de priorités pour aider le gouvernement équatorien à mettre en place cette stratégie.
Nécessaire collaboration avec les experts équatoriensLes spécifi cités de ce projet ? « Le timing serré de huit mois, sur tout le territoire, soit 284 000 km2, qui a nécessité la création de trois bureaux locaux (Quito, Guayaquil et Cuenca) et la rapide mobilisation des équipes. Cela représente une quarantaine de personnes, à la fois des experts Egis et des consultants équatoriens, poursuit Catherine Jatteau.Il n’est pas question d’arriver avec une solution toute faite, mais de partir du pays, des usages informels des habitants pour la collecte et la valorisation des déchets… pour mettre en place la solution la mieux adaptée. D’où l’importance de collaborateurs locaux qui connaissent parfaitement le territoire. »
Grâce à ce premier contrat, Egis espère se positionner pour la prochaine étape : la mise en oeuvre de la stratégie. C’est l’opportunité de développer également ses activités sur cette zone géographique, les pays voisins comme la Colombie s’attelant eux aussi à la problématique des déchets.
Équateur - Le gouvernement s’attaque aux ordures ménagères
La compagnie pétrolière nationale EP Petroecuador a lancé en mars la construction d’un oléoduc multi-produit de 210 km entre le port de Guayaquil et le centre du pays.Ce poli-duc (gazole, essence et gaz de pétrole liquéfi é) doit permettre d’accompagner le développement économique du Sud du pays et d’apporter une réponse aux enjeux de sécurité et aux risques de pollution environnementale posés par le transport par camions de combustibles entre Pascuales, à proximité du port de Guayaquil, et Cuenca. Le projet prévoit la construction de six stations de pompage, un nouveau terminal de distribution à mi-trajet, ainsi que l’agrandissement du terminal de stockage de Chaullabamba, à Cuenca.
Une mission complète de contrôle des travauxEgis a été choisi par le ministère de l’Environnement pour assurer, pendant 23 mois, une mission complète de contrôle des travaux : contrôle des études d’ingénierie faites par le constructeur Pascales-Cuenca ; contrôle des achats et de la fabrication des matériels fournis au client EP Petroecuador pour la réalisation des travaux ; supervision de la construction du génie civil, des ouvrages d’art, des installations mécaniques et électriques du poli-duc ; respect des normes des plans de sécurité, de santé et de gestion environnementale.
Équateur - Le poli-duc, pour un transport sûr et effi cace des combustibles
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14 egis contact - septembre 2014
Pourquoi construire en bois ?Dans un monde où nos besoins sont en constante augmentation et devant la pénurie de certaines matières premières, il est intéressant de se poser la question de comment construire autrement.
Au-delà des thématiques actuelles et réelles autour du
carbone, dans lesquelles le bois excelle en agissant
comme un puits de carbone, le bois est un matériau
bio-sourcé performant thermiquement et structurel-
lement. Construire en bois est donc un acte citoyen. Il permet
l’usage d’un matériau renouvelable à l’échelle de l’homme tout
en construisant dans la continuité des exigences contemporaines
de sécurité, de confort et de durabilité. Ce choix est d’autant plus
raisonné en France que la forêt métropolitaine couvre 16 millions
d’hectares et qu’on coupe moins de la moitié de l’accroissement
annuel de bois sur pieds.
Construire en bois est également une formidable opportunité
d’user et d’abuser de la maquette numérique. L’ingénierie se numé-
rise et nous disposons d’outils de conception numérique permet-
tant de proposer une approche globale de la construction. Couplé
au bénéfi ce de la fi lière sèche (construction à partir de matériaux
assemblés mécaniquement, ne nécessitant pas d’eau et permet-
tant la préservation des ressources naturelles et une gestion de
chantier facilitée), le bois est une solution pour réduire les temps
de chantier mais aussi les moyens à mettre en œuvre sur site
compte tenu de la légèreté du matériau. Ainsi construire en bois
permet de réduire de façon drastique la quantité globale d’éner-
gie dépensée depuis le berceau des matériaux de construction
jusqu’à la livraison d’un bâtiment à l’issue du chantier (l’énergie
grise). Egis est un concepteur. Il est de notre devoir d’intégrer ces
problématiques dans les ouvrages que nous proposons !
Quelles sont les particularités du matériau bois pour l’ingénierie ?
Le bois est une ressource naturelle, anisotrope : les propriétés
mécaniques sont variables selon les directions de sollicitations,
les essences, mais également dans le temps, en fonction de l’envi-
ronnement du projet. Par ses particularités, le matériau bois ne
tolère pas les imprécisions. Dans les ouvrages de construction tra-
ditionnelle, la conception est faite du général au particulier. Sans
être à l’opposé, la conception bois se doit de considérer le particu-
lier pour permettre au général de prendre forme. Il est souvent
nécessaire de défi nir dès les premières phases du projet les prin-
cipes des détails d’assemblages qui lieront les organes structurels.
Si les produits d’ingénierie bois se sont modernisés, permettant
d’avoir des sections de plus en plus grandes, il ne faut pas oublier
que les produits bois sont issus d’un arbre, qui par défi nition
n’est pas malléable à souhait. L’ingénieur bois est donc souvent
confronté à corriger, adapter sa conception à la ressource dis-
ponible, d’autant plus que la fi lière bois est constituée de PME
ne disposant pas de standard !
Les produits les plus courants dans nos projets d’ingénierie sont
de type bois lamellé-collé ou panneau contrecollé qui permettent
de s’aff ranchir des défauts et des limitations de longueurs, sur-
faces ou sections. Toutefois la facilité d’usage, ou la disponibilité de
ces produits ne doit pas nous faire oublier qu’avec des petites sec-
tions de bois massifs, nous pouvons franchir de grandes portées !
Egis et le bois : un engagement de longue date
Egis dispose de nombreuses références dans le domaine de la
construction bois, et de toute nature ! Du récent stade Allianz
Riviera, à Nice, ou des ouvrages d’art sur autoroutes en pas-
sant par des ouvrages publics signifi catifs (fonds régional d’art
contemporain de Besançon, lycée Jean-Baptiste-Corot à Savigny-
sur-Orge, espace Éco-chanvres de Noyal-sur-Vilaine) ou de pro-
jets plus modestes incluant des surélévations de bâtiments,
Egis est à même de développer son savoir-faire sur tout type
de projet, et d’accompagner les maîtres d’ouvrage, donneurs
d’ordres sur la voie du noble matériau !
Egis et le bois : les perspectives
De nombreux freins réglementaires limitent à ce jour l’usage
du bois dans certaines constructions. Dans le cadre du plan d’in-
dustrie du bois, dont l’un des objectifs est de lever ces freins
(réglementation, normalisation, habitudes de travail…), Egis
contribue au développement d’une ingénierie plus responsable
basée sur la performance.
Nous souhaitons pourtant proposer à nos clients toujours plus
de bois, même dans les projets où l’habitude veut que l’usage
du bois soit proscrit. Poussons la technique dans les cimes et
osons… c’est la voie du développement ! ■
Teamber by Elioth
Ingénieurs et concepteurs engagés, Teamber fédère
les compétences métiers d’Elioth* autour de l’usage
du bois afi n de proposer une approche globale
du bois dans la construction. Plus que la simple
vision d’un matériau d’avenir, Egis est convaincu
que le bois permet d’allier durabilité, rapidité
de construction, sécurité, économie, esthétique,
écologie et confort.
* Entité d’Egis spécialisée en structures innovantes, en enveloppe et en conception environnementale.
Société Forestière : le bois, c’est aussi la gestion de la ressource primaire !Acteur de référence de la fi lière forêt-bois, la Société Forestière, fi liale de la Caisse des Dépôts, est l’une des premières
sociétés de services dédiées aux espaces forestiers. Elle gère actuellement 268 000 ha de forêts éco-certifi é PEFC à 100 %.
Au-delà de ses métiers historiques, la Société Forestière développe de nouveaux services pour répondre aux besoins
émergents des opérateurs, industriels et collectivités. Ainsi, elle intervient notamment pour sécuriser l’approvisionnement
de projets industriels ou énergétiques d’ampleur, en mobilisant du « bois + », bois additionnel récolté à partir de massifs
forestiers sous-exploités. La Société Forestière a également réalisé la maîtrise d’œuvre de la création de boisements
compensateurs, dans le cadre du projet de ligne LGV-SEA (Sud Europe Atlantique) entre Tours et Bordeaux.
Dans chacun de ses projets, la Société Forestière fait bénéfi cier ses clients d’une expertise établie en ingénierie
forestière, foncière, environnementale et fi nancière qui, couplée au savoir-faire d’Egis, permet une approche globale
de la construction bois.
Campus de Pessac en Gironde.
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L’enveloppe du stade Allianz Riviera de Nice est composée d’une charpente mixte bois-métal tridimensionnelle recouverte de toiles PVC et ETFE.
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EXPERTISE
septembre 2014 - egis contact 15
« L’intervention de la culture dans le milieu urbain
ou naturel a donné bon nombre de mouvements
artistiques diff érents, qui ont chacun leur propre
appellation : l’art urbain et le land art sont
apparus dans les années soixante. Le street art
a vu le jour en 1971 à New York sous l’impulsion
de Taki, un jeune coursier grec qui tagguait
d’un marqueur noir taki183 tous les endroits où
il déposait le courrier. » Ce mouvement débarque
en France en 1983 avec le graffi teur Bando,
dans les quartiers parisiens de la Rive Gauche,
rue du Bac et boulevard Saint-Germain. Ces
mouvements artistiques ont amené l’art
en dehors des réseaux culturels pour venir
intégrer la ville et le paysage.
Un art qui se réinvente en permanence
Assimilé à du vandalisme et critiqué au départ,
le street art s’impose ensuite comme un moyen
d’expression et un art à part entière, avec
de grands noms comme Basquiat, Bansky,
Keith Haring, JonOne… Il connaît un succès
fulgurant dans les années 2000 et fait une
entrée remarquée dans les galeries et musées,
notamment lors de l’exposition Le Tag au Grand
Palais en 2009. Les politiques s’en emparent à
leur tour. Une expérience emblématique ? « Celle
de la Tour Paris 13, promise à la démolition. Sur
ses 4 500 m2 et neuf étages, plus de 100 graff eurs
venus du monde entier ont laissé libre court à
leur imagination pour la création d’une œuvre
monumentale éphémère. Un mois d’ouverture
au public en 2013 qui a connu un retentissement
phénoménal dans les médias. »
Un point étonnant à souligner reste l’origine
de ces mouvements artistiques « qui ont été
lancés pour sortir des galeries et des musées, et
en ce qui concerne le street art il a fallu attendre
un certain temps pour qu’il réintègre le monde
des institutions culturelles. Aujourd’hui, la ville
et ses espaces verts sont devenus une plateforme
de création artistique à part entière, un lieu
d’expérimentations multiples qui vont bien
au-delà des graffi tis originels. »
Une autre tendance, environnementale et
durable, se développe avec les artistes du
land art qui imaginent des œuvres éphémères
en s’appropriant des éléments de la nature et
en laissant celle-ci reprendre peu à peu ses
droits, et même dans la ville. Un axe de création
participative dans les quartiers urbains
notamment dits « sociaux », est également
en plein essor où des projets artistiques sont
mis en place, avec et pour les habitants, où l’art
devient un facteur de lien social…
Un levier de développement touristique et économique
Outre-Atlantique, la ville de New York l’a
bien compris et ouvre son espace public à des
projets artistiques de grande échelle. En 2008,
l’artiste danois Olafur Eliasson réalise New York
City Waterfalls : quatre cascades gigantesques
sous des ponts de la ville, notamment celui
de Brooklyn. Aujourd’hui, 2 millions de
touristes viennent voir ces installations qui
ont redynamisé ce quartier.
« Plus près de chez nous, la Fête des Lumières
à Lyon attire plus de 2 millions de visiteurs
chaque année et booste l’économie locale. Un
rapport commun au ministère de la Culture et
au ministère de l’Économie paru début 2014
a d’ailleurs révélé que la culture contribuait
sept fois plus au PIB français que l’industrie
automobile avec 57,8 milliards d’euros de valeur
ajoutée par an ! Tous les acteurs de la ville (élus,
promoteurs, aménageurs, bailleurs…) doivent
en avoir conscience, en intégrant la dimension
artistique dès la genèse des projets. »
Autre exemple réussi ? « La construction d’un
tramway génère des nuisances auprès des
habitants et des commerçants qui voient parfois
leur chiff re d’aff aires baisser du fait des travaux
et de diffi cultés d’accessibilité. Pour le lancement
des lignes de Dijon en 2012, nous avons proposé
des installations lumineuses monumentales.
Plus les jours passaient, plus le bouche-à-
oreille fonctionnait. Il y a eu un engouement
des Dijonnais qui venaient avec leurs chaises
pour assister aux spectacles, l’occasion de (re)
découvrir leur ville et de pallier le manque à
gagner pour les commerces de proximité. À
l’heure où l’on parle beaucoup du Grand Paris
et des investissements colossaux qui vont être
entrepris au niveau des transports, l’art urbain,
le land art, l’art participatif, le street art
constituent pour les villes concernées l’occasion
d’imaginer des projets artistiques et d’impulser
des dynamiques nouvelles. »
Faire évoluer le regard porté sur la ville
Les actions artistiques sont aussi le moteur
d’un nouveau regard porté sur la ville
par les habitants, d’un accompagnement
qui leur permet de mieux s’approprier la
transformation urbaine. « Nous avons porté,
avec Egis, une réfl exion sur les interventions
artistiques possibles sur les chantiers. Il s’agit
de les envisager non plus comme des éléments
perturbateurs générateurs de nuisances, mais
comme des événements exceptionnels, l’occasion
d’une animation culturelle, festive ou artistique. »
Ainsi, les fresques sont de plus en plus
fréquentes sur les palissades de chantiers.
À Paris, un projet phare a démarré début
juin : la restauration du Panthéon. Le Centre
des monuments nationaux a confi é à JR,
connu pour son travail photographique sur
les favelas de Rio de Janeiro, la réalisation
d’une œuvre participative. L’artiste a ainsi
collecté 7 000 portraits pour réaliser une
immense fresque qui recouvrira le tambour
du bâtiment pendant les travaux. L’objectif ?
Tisser du lien entre la rénovation de cet édifi ce
emblématique de notre patrimoine et les
habitants. Un rendez-vous qui ne se bornera
pas à intéresser seulement ceux du quartier ! ■
* Agence d’artistes dédiée au land art et à la culture environnementale, qui a vu le jour il y a cinq ans.
L’art dans un monde urbain : un nouvel art
de vivre la ville… TIMOTHÉ TOURY,directeur général et artistique de l’agence Blueland.
Street art ou art urbain : un terme souvent galvaudé, un mouvement longtemps méprisé. Pourtant, acteurs locaux et décideurs ont tout intérêt à intégrer les actions artistiques dans leurs projets de rénovation urbaine, transports, habitat… Comment apportent-elles de nouvelles dimensions à la ville ? Comment favorisent-elles lien social et bien-être des habitants ?... Quelques clés de lecture avec Timothé Toury, directeur général et artistique de l’agence Blueland*.
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Artiste sculpture : Cédric Verdure - Artiste lumière : Timothé Toury - Les elfes de lumière - Inauguration de la ligne 1 du tramway de Dijon.
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REGARDS & CONVICTIONS
16 egis contact - septembre 2014
Avec une présence dans plus de 100 pays, la gestion des ressources humaines à l’international est un enjeu majeur à Egis. Parmi les défi s qui lui sont lancés, celui de la sûreté et la sécurité des collaborateurs. En sa qualité d’employeur-responsable, Egis veille à leur garantir un cadre sécurisé pour intervenir sur des projets, missions et séjours à l’étranger. Rencontres avec Liliane Dupont, directeur des ressources humaines à l’international, et Diane Degraeve, chargée de sureté-sécurité d’Egis.
Sûreté et sécurité, des enjeux forts à l’international
« Que dit l’ambassade de
Roumanie ?… Ils recom-
mandent son rapatrie-
ment ? Je n’avais pas cet
élément, cela change tout.
On refait un point rapide
avec Mara. » Liliane
Dupont raccroche, le
déjeuner attendra. Il
est certains bureaux où
l’horloge peut s’embal-
ler d’un coup et rendre
chaque minute décisive.
L’urgence aujourd’hui est
en Ukraine, plus précisé-
ment à Simferopol, dans
la péninsule de Crimée,
où Mara, ingénieure rou-
maine, est actuellement
en mission sur un projet
d’infrastructures fi nancé par la Banque mondiale.
Mara au bout du fi l, décision rapide : la collaboratrice sus-
pend son intervention sur site et rallie en urgence Odessa par
le train. « Elle n’est pas contente car elle ne se sent pas mena-
cée, explique en raccrochant Liliane Dupont. Nous avions
d’abord convenu de son maintien sur le site, accompagné de plu-
sieurs points quotidiens. Mais l’appel de l’ambassade de Roumanie
change la donne. Il est de notre responsabilité d’employeur de ne
pas exposer nos collaborateurs aux risques identifi és sur place
par les services diplomatiques. »
Plusieurs centaines de collaborateurs d'Egis en permanence à l’étranger
Les situations d’urgence à l’international comme celle-ci,
Liliane Dupont connaît bien. Mali, Côte-d’Ivoire, Libye et
Printemps arabe… Elle a toujours eu un goût prononcé pour
l’international : « C’est un fi l rouge dans mon parcours, appuie-t-
elle, 24 ans après son entrée chez Egis en tant que responsable
de recrutement. J’ai toujours travaillé en ressources humaines
au contact de personnes impliquées sur des projets à l’étranger.
Les questions de sûreté et de sécurité y sont une toile de fond
permanente : les aff aires se jouent sur un terrain mondial, avec
des contextes, des potentiels, des risques aussi. Pour réaliser ces
aff aires, il faut accompagner nos collaborateurs dans les meil-
leures conditions possibles. »
Aujourd’hui, ils sont plusieurs centaines de collaborateurs
d'Egis à être en permanence à l’étranger, missionnés sur les
projets confi és au groupe et expatriés pour des séjours d’au
moins six mois auxquels s'ajoutent chaque année plus de 800
collaborateurs partant pour de courts séjours à l’internatio-
nal… Une présence forte, ventilée dans plus de 100 pays à
travers le monde où, parfois, l’instabilité fi nit par l’emporter,
et matérialiser l’urgence.
Un allié sur son bureau, à portée de main : « Le téléphone est
essentiel. Je dois être joignable à toute heure, et partout. J’ai deux
batteries de secours en permanence avec moi. Ma hantise, c’est
de me retrouver dans un lieu sans couverture réseau suffi sante,
ou lors de voyages en long courrier. » Des heures qu’elle passe
au bout du fi l dès que la situation l’exige. Avec les appuis
diplomatiques français, les sociétés de sécurité auxquelles
Egis fait appel sur certaines missions, les responsables de
fi liales… et les collaborateurs en mission : « Dès qu’il y a un
potentiel de dégradation dans la région où ils travaillent, il est
impératif que je sois à leur contact, que j’ai leur ressenti. Chaque
décision compte, que ce soit le maintien sur place, le transfert
dans un secteur moins troublé ou le rapatriement. Mon travail
consiste également à connaître dans ces situations l’état psycho-
logique de la personne sur place, cerner l’angoisse si elle est là,
et disposer d’informations solides orientant la meilleure déci-
sion possible. Mais c’est aussi de faire en sorte que ces décisions
d’urgence ne soient pas un mode de gestion de l’instabilité, mais
bien un « recours ultime. »
Anticiper l’instabilité ou les problématiques sanitaires pour que les rapatriements restent exceptionnels
Pour que les rapatriements
restent exceptionnels, un
objectif : anticiper l’instabi-
lité ou les problématiques
sanitaires, l’angoisse qui
peut monter… Réunions
fréquentes avec sa colla-
boratrice Diane Degraeve,
chargée de sûreté-sécurité
d'Egis.
Le sujet du jour n’est pas sécu-
ritaire, mais sanitaire. Le
virus Ebola sévit en Guinée.
Déjà 100 morts dans le pays
et en Sierra Leone voisine,
une dangerosité liée à un
taux de mortalité élevé, des
craintes de propagation
relayées par les médias…
« Nous avons à apporter des réponses aux craintes des collaborateurs
sur place, de leurs familles, et des salariés ayant prévu un déplacement
en Guinée,explique Diane Degraeve.Pour cela, il est important de dis-
poser de différentes sources d’informations. Il ne s’agit pas de minimiser
les risques, mais d’évaluer leur réalité quotidiennement », poursuit-elle.
Une politique de sécurité cohérente, structurée et effi cace
Pour accompagner ses collaborateurs, Egis dispose de diff érents
outils. Des livrets d’accueil Pays synthétisent, par exemple, les
informations générales sur le pays, ses lois, sa culture, les pré-
cautions à prendre dans la vie quotidienne, dans les déplace-
ments et certains secteurs… Au cœur du dispositif de sûreté
et de sécurité d’Egis, un classement des pays, actualisé chaque
mois, défi nit les procédures de sécurité dans chaque pays où
Egis est présent. Quatre niveaux les classent par degré d’expo-
sition aux risques et formalisent les instructions données aux
collaborateurs et aux sociétés du groupe. Un classement établi
en priorité en fonction des risques sécuritaires (confl its, ins-
tabilité momentanée ou durable…), mais pas seulement : « De
plus en plus, nous sommes amenés à intégrer dans ce classement
des risques naturels et sanitaires, ajoute Liliane Dupont. Ainsi la
fi èvre Ebola en Guinée-Conakry a fait évoluer le classement du pays
du niveau 2 au niveau 3, imposant aux collaborateurs sur place de
nous signaler chacun de leurs déplacements afi n d’être très réactifs
si le virus devait se propager. C’est un outil essentiel pour la mise en
œuvre d’une politique de sécurité cohérente, structurée et effi cace. »
Un dispositif indispensable pour accompagner les collaborateurs
d’Egis, en complément de ce qui reste au cœur de sa mission :
l’humain. « La mobilité à l’international est aujourd’hui un axe fort
de la gestion des parcours au sein d’Egis. C’est une réelle opportu-
nité pour les collaborateurs que d’être au contact de cultures diff é-
rentes et de grands projets. Dans une grande majorité des cas, cela
se passe bien. Cependant, il est certaines destinations “sensibles” sur
lesquelles notre capacité à intervenir ne repose pas seulement sur les
compétences professionnelles, mais aussi sur le profi l de la personne,
et notamment son aptitude à ne pas céder au stress. Même si ce n'est
malheureusement pas possible pour toutes, j'aimerais idéalement
rencontrer ces personnes avant qu’elles ne partent en mission : tout
le monde n’est pas toujours en capacité de travailler partout… et de
la même manière ». Notre raison d’être : faciliter la mobilité profes-
sionnelle des collaborateurs par une préparation au voyage et un
pilotage solide lors d’un événement exceptionnel. « Tout le monde
a le droit de bouger. Lorsque l’on est informé, c’est mieux pour tous. » ■
Liliane Dupont, directeur des ressources humaines à l'international d’Egis.
Diane Degraeve, chargée de sûreté-sécurité d'Egis.
Barricade à Kiev pendant la crise ukrainienne de 2013-2014.
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