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Imagerie des paragangliomes
MOUSSA Nadia, AMMARI samy, BIDAULT François, BOUDA Damien, CARAMELLA Caroline, BAUDIN Eric, LEBOULLEUX Sophie, LEPOUTRE Charlotte, DROMAIN Clarisse Institut de Cancérologie Gustave Roussy, Villejuif
Objectifs
• Connaître l’épidémiologie
• Connaître les techniques d’exploration disponibles
• Savoir protocoler une IRM de paragangliome
• Connaître la sémiologie radiologique des paragangliomes
• Connaître les localisations possibles
Plan
I. Qu’est de que c’est?
II. Imagerie
III. Localisations
I- Qu’est ce que c’est? …
… Le paragangliome
Introduction
•Les paragangliomes sont des tumeurs neuroendocrines. Ils dérivent des paraganglions (cellules issues de la crête neurale) constituant le système nerveux autonome (sympathique et parasympathique)
•Ils s’étendent de la base du crâne au plancher pelvien
•Ils sont fonctionnels ou non (sécrétion de catécholamines)
•Les Phéochromocytomes sont des paragangliomes localisés aux médullosurrénales
Schéma : remerciement à Anne-Paule Gimenez, HEGP Paris
• Rare
Paragangliome: Incidence annuelle = 0.1-0.6/100 000
Phéochromocytome: Incidence = 1/500 000 (4% des incidentalomes surrénaliens)
• Age
40-50 ans ++
• Sexe ratio ≈ 1
• Facteur de risque
Formes héréditaires (35%)
• Malin dans 5 à 10% des cas
Epidémiologie
• Tête et cou:
Syndrome tumoral: acouphène, hypoacousie, dysphonie …
Non sécrétant
• TAP:
Syndrome tumoral
Sécrétant: HTA labile, triade de Ménard (céphalée, sueur, palpitation)
Clinique
• Biologie (qu’elle que soit la localisation):
Chromogranine A, gastrine (afin d’éliminer les faux positifs)
Métanéphrine urinaire/24 h, plasmatique, créatininurie/24 h
• Imagerie
Diagnostic différentiel
Extension locorégionale et à distance
• Contre indication à la biopsie des paragangliomes sécrétant
• Consultation oncogénétique + test génétique au diagnostic de paragangliome, risque de forme génétique plus élevé si:
<35 ans
Multifocal
Malin
Démarche diagnostic
• Pas de critère histologique fiable spécifique de malignité
• Malignité définie par la présence de métastases
• Une localisation est dite métastatique, si elle est au sein d’un organe qui ne contient pas de cellules chromaffines à l’état normal
• Sites métastatiques les plus fréquents
Ganglion lymphatique
Os
Foie
Poumon
Malin dans 5 à 10 % des cas
Malin dans 5 à 10 % des cas
•Exemples de localisations osseuses
• Halo périphérique graisseux en hyper-signal T1
• Hypo-signal T1 central • Prise de contraste hétérogène • Hyper-signal STIR hétérogène
T1 fatsat +
gadolinium T1
T2
• Halo périphérique graisseux en hyper-signal T1
• Hypo-signal T1 central • Prise de contraste hétérogène • Hyper-signal STIR hétérogène
T2 fatsat
T1
T1 fatsat
+ gadolinium
• Halo hypodense ou double halo : croissance lente ou arrêtée
• Aspect mixte lytique et condensant
Scanner
coupe axiale
Scanner
coupe sagittal
Les différentes formes génétiques de paragangliome
Syndrome des paragangliomes
hériditaires
von Hippel-Lindau
Néoplasie endocrinienne multiple
type 2
Neurofibromatose
type 1
• 35 % des paragangliomes
• Si formes génétiques les paragangliomes sont plus souvent: précoces, bilatéraux, multifocaux, récidivants, malins
• Autres formes héréditaires
TMEM 127 MAX
Les différentes formes génétiques de paragangliome
Syndrome des paragangliomes héréditaires
• Mutation d’un des gènes SDHx (suppresseur de tumeur) : activation de la néo-angiogénèse pseudo-hypoxique
• Autosomique dominant (AD), pénétrance incomplète et expression variable
• Paragangliomes multiples, précoces, parfois malins
• Formes particulières
SDHB: Thoraco-abdomino-pelvien fonctionnel, plus souvent malins (36%), mauvais pronostic
SDHD: tête et cou ++, non fonctionnels, multiples
Autres tumeurs associées
Tumeur rénal GIST gastrique
Les différentes formes génétiques de paragangliome
Maladie de von Hippel-Lindau
• Mutation du gène VHL (suppresseur de tumeur), autosomique dominant, rare (1-9/100 000)
• Tumeurs associées:
Rein: carcinome à cellules rénales (facteur pronostique) , kyste
Hémangioblastome (rétine, SNC)
Pancréas: cystadénome séreux, tumeur neuroendocrine, kyste
Tumeur du sac endolymphatique
Cystadénome papillaire de l’épididyme
Carcinome rénal à cellules claires
Hémangioblastome cervelet
Tumeur neuroendocrine de la queue du pancréas
Les différentes formes génétiques de paragangliome
Néoplasie endocrinienne multiple type 2
• Mutation du gène RET, autosomique dominant, à pénétrance complète (1/35 000)
Type 2 A
Type 2 B
Carcinome médullaire de
la thyroïde (99%)
Carcinome médullaire de
la thyroïde(100%)
Phéochromocytome (50%) Phéochromocytome (50%)
Hyperparathyroïdie (20-30%
Aspect marfanoïde avec
névromes sous-muqueux (100%)
phéochromocytome
Carcinome médullaire de la
thyroïde
Les différentes formes génétiques de paragangliome
Neurofibromatose type 1 (NF1)
• Mutation du gène VHL (suppresseur de tumeur), autosomique dominant, rare (1-9/100 000)
• Mutation du gène NF1 (suppresseur de tumeur), autosomique dominant, expression variable (1/4000 à 1/5000)
• 1 % des Phéo sont associés à une NF1
• 2 critères nécessaires au diagnostique parmi:
• ≥ 6 taches café au lait (95% des cas)
• Neurofibromes
• Lentigines des plis cutanés
• ≥ 2nodules iriens de Lisch
• 1 gliome des voies optiques
• 1 lésion squelettique spécifique (amincissement de la corticale des os longs, dysplasie des ailes du sphénoïde)
• 1 parent du premier degré atteint
phéochromocytome
II- Imagerie
• Morphologique
Scanner thoraco-abdomino-pelvien injecté
Angio-IRM corps entier
Angiographie (si indication opératoire)
• Métabolique
Scintigraphie
Scintigraphie à l’ 123 I mIBG (sécrétant)
Scintigraphie à l’111 In pentetreotide = octréoscanner (non sécrétant)
TEP scanner
18 F FDG
18 F DOPA
Modalités d’imagerie disponibles
1- Scanner et paragangliome
Scanner: Technique
• Angioscanner cervical
+/- hélice sans injection
Débit: 2.5 - 3 ml/ sec
Délais: 25 sec
NB: le temps précoce proposé tient au caractère fortement vasculaire de la tumeur, pour le bilan d’un carcinome épidermoïde ORL une injection biphasique de produit de contraste est le plus souvent recommandée
• Angioscanner thoraco-abdomino-pelvien
Débit: 2.5 - 3 ml/ sec
Délais: 40 sec
Exemple de protocole
Scanner: Sémiologie
• Tissulaire bien limitée
• Homogène ou hétérogène (tumeur volumineuse avec composante nécrotique, hémorragique ou calcifiée)
• Prise de contraste intense, précoce et fugace au temps artériel = blush tumoral
2- IRM et paragangliome
IRM: Technique
Cervical
• Axial T1 SE
• Axial T2 FSE
• Axial T2 fatsat FSE
• Angio-IRM (multiphases)
• Axial T1 SE fatsat injectée
Thoraco-abdomino-pelvienne
• Axial T2 fatsat (thorax trigger respiratoire)
• Axial T2 fatsat (abdomino-pelvien trigger respiratoire)
• Axial T1 dynamique injectée (thorax et abdomino-pelvien apnée)
Exemple de protocoles de dépistage
IRM: Sémiologie
• Tissulaire bien limitée
• Isosignal T1, aspect « poivre et sel »*
Sel (hyper): Composante hémorragique dans les tumeurs volumineuses
Poivre(hypo): Vide de signal dû aux flux vasculaires rapides intra tumoraux
• Hypersignal T2
On peut également retrouver un hyposignal dû aux flux vasculaires rapides intra tumoraux
• Prise de contraste intense au temps artériel = blush tumoral
T2 fatsat T1
T1fatsat
+ gadolinium * « Diagnostic and Surgical Imaging Anatomy » Harnsberger
3- Imagerie nucléaire et paragangliome
• Scintigraphie conventionnelle
111In pentetreotide = octréoscanner
Scintigraphie des récepteurs à la somatostatine
non sécrétant (Se 89-100%)
123I mIBG
Analogue des cathécolamines
sécrétant (Se 83-100%)
• Tomographie par émission de positon
18F FDG
Disponible +++
Peu couteux
18F DOPA
Imagerie nucléaire: modalités disponibles
Imagerie nucléaire
• Le choix du traceur doit être guidé par
Localisation tumorale
Statut génétique
• Indication
Dépistage
Diagnostic
Bilan d’extension (<35 ans, histoire familiale)
Suivi
Sélection de cible en radiothérapie métabolique (MIBG, SST)
Imagerie nucléaire: Guide (guidelines EANM 2012)
Phéochromocytome sporadique
MIBG
Paragangliome
Tête & cou
18 F DOPA
ou
111In pentetreotide
ou
18F FDG (SDHx)
Paragangliome
Rétro péritonéal, non métastatique
18 F DOPA
ou
18F FDG
(SDHx & VHL)
Métastatique
18 F DOPA
ou
18F FDG (SDHB)
III- Localisations des paragangliomes
•Parasympathique
•Non sécrétant ++
Tête et cou
Schéma : remerciement à Anne-Paule Gimenez, HEGP Paris
• Localisation cervicale la plus fréquente
• Entre le sterno-cléido-mastoïdien et le scalène , au niveau de la bifurcation carotidienne
• Un paragangliome : Élargit la bifurcation carotidienne
Refoule la veine jugulaire interne en arrière
Refoule l’hypopharynx latéralement
Glomus carotidien
Glomus carotidien
T1
T2
T1 fatsat
+ gadolinium
angiographie par
résonance magnétique
Tep FDG
• Le long des nerfs vagues dans le foramen jugulaire
• Un paragangliome:
Élargit le foramen jugulaire avec possible lyse corticale
• Évaluation IRM préopératoire des rapports de la tumeur avec la veine jugulaire et la carotide interne
Glomus jugulaire
T2 T1 +
gadolinium
T1 fatsat +
gadolinium
Tep FDG,
Mip
Glomus jugulaire
• Dans l’oreille moyenne (le long du nerf de Jacobson) ou le promontoire cochléaire
• Un paragangliome:
Peut être responsable d’une lyse osseuse avec extension à la mastoïde et à la trompe d’Eustache
Glomus tympanique
Glomus tympanique
T1 + gadolinium
T2 Flair
Scanner fenêtre osseuse
• Confiné à l’espace parapharyngé, le plus souvent au niveau du ganglion nodosum (sous la base du crâne)
• Un paragangliome:
Refoulera de façon antéro-médial la bifurcation carotidienne sans l’élargir (persistance d’un liseré graisseux)
• Plus fréquent chez les femmes
Glomus vagal
T1
T1 fatsat
+gadolinium
T2 fatsat
octréoscanner
Angio-scanner
Glomus vagal
•Sympathique et
médullosurrénale
•Sécrétant ++
Thoraco-abdomino-pelvien
Schéma : remerciement à Anne-Paule Gimenez, HEGP Paris
• Antérieur:
parasympathique
Fenêtre aortico-pulmonaire ++
Rarement: péricardique, intracardiaque
• Postérieur:
Sympathique
Médiastinale
Médiastin antérieur
Angioscanner
thoracique
octréoscanner
T1 injecté au
temps artériel T2 fatsat
Mibg
Vue postérieur
T2 fatsat
Médiastin postérieur
Médiastin postérieur
T2 fatsat
T1
T1 fatsat
+ gadolinium
• Localisation rétro-péritonéale le plus fréquemment, mais intra-abdominale possible
• Le long des chaînes sympathiques (symétrique le long de l’aorte abdominale)
• Impliqué dans la production de catécholamines, avec plus de 50% de paragangliomes fonctionnels
Abdomino-pelvien
• Phéochromocytome
Phéochromocytome
T1fatsat
T2 fatsat
Tep fdg
MIP
Angio-scanner
T1fatsat
+ gadolinium
Phéochromocytome
Organes de Zuckerkandl
• Site le plus fréquent le long de l’aorte abdominale
• Près de l’origine de l’artère mésentérique inférieure
Angioscanner
abdominal
Tep fdg
T1 fatsat +
gadolinium
Organes de Zuckerkandl
Tep fdg mibg
Sagital
coronal
axial
Organes de Zuckerkandl
• Vésicule biliaire
• Vessie
• Prostate
• Cordon spermatique
• Utérus
• Duodénum (paragangliome gangliocytique)
Une localisation sur ces sites peut donc être primitive plutôt que métastatique
Rares
coronale T2
axial T2 T1 + gadolinium Tep fdg, Mip
•Patiente porteuse d’une mutation SDHB
•Paragangliome fonctionel
•Localisation pelvienne rétropéritonéale gauche
•Multiples métastastases osseuses
Exemple d’autre localisation
Traitements
• Exérèse chirurgicale en milieu spécialisé (seul traitement curatif)
• +/- traitement médical si fonctionnel
• Radiothérapie externe
• Radiothérapie métabolique à l’131I mIBG
• Radiothérapie métabolique utilisant les dérivés de la somatostatine (tumeur non fonctionnelle fixant l’octréotide)
• Chimiothérapie (Temodal)
• Thérapie ciblée
Suivi
• Clinique
• Biologique
• Imagerie (selon les localisations, voir points clés)
IRM
Scanner
Scintigraphie
Points clés
Tête et cou Thoraco-abdomino-pelvien
Origine parasympathique sympathique
Caractéristique Non sécrétant Sécrétant
Mutation fréquente
SDHD SDHB
Exploration
/
Suivi
IRM
Scanner
Tep scanner (FDG, DOPA)
Octréoscanner
IRM
Scanner
Tep scanner (FDG, DOPA)
MIBG
Caractéristiques en imagerie
Homogène ou hétérogène selon le volume
Hyper vasculaire, aspect « poivre et sel »
Conclusion
• Les paragangliomes sont des tumeurs neuro-endocrinne rares se dévellopant au dépend des paraganglions du système nerveux autonome.
• Le phéochromocytome est un paraganglion de la surrénale.
• Distribution ubiquitaire, mais existence de localisations préférentielles
• Caractéristiques similaires en imagerie
tumeur tissulaire bien limitée
hyper-vasculaire
aspect « poivre et sel »
QCM
QCM
• Le paragangliome est une tumeur:
A. Neuroendocrine
B. Rare
C. Kystique
D. Hyper vasculaire
E. Toujours sécrétante
QCM
• Le paragangliome est une tumeur:
A. Neuroendocrine
B. Rare
C. Kystique : tissulaire
D. Hyper vasculaire
E. Toujours sécrétante : parfois sécrétante
QCM
• Un patient porteur d’une mutation du gène SDHx :
A. Peut être porteur d’un paragangliome abdominal sécrétant métastatique
B. Ne peut pas présenter plusieurs localisations tumorales
C. Peut être indemne de tumeur à vie
D. Est à risque de tumeur hépatique
E. Doit être suivi uniquement si il est symptomatique
QCM
• Un patient porteur d’une mutation du gène SDHx :
A. Peut être porteur d’un paragangliome abdominal sécrétant métastatique (SDHB ++)
B. Ne peut pas présenter plusieurs localisations tumorales: Multiples localisations possible
C. Peut être indemne de tumeur à vie
D. Est à risque de tumeur hépatique : tumeurs rénales et GIST gastrique
E. Doit être suivi uniquement si il est symptomatique : suivi régulier indispensable chez ces patients à haut risque
QCM
• Quelles sont les modalités d’imagerie diagnostique à envisager devant un paragangliome carotidien?
A. IRM cervicale
B. Artériographie cervical
C. Tep scanner (FDG/DOPA)
D. Octréoscanner
E. Scintigraphie au MIBG
QCM
• Quelles sont les modalités d’imagerie diagnostique à envisager devant un paragangliome carotidien?
A. IRM cervicale
B. Artériographie cervical: uniquement en bilan préopératoire
C. Tep scanner (FDG/DOPA)
D. Octréoscanner
E. Scintigraphie au MIBG: indiquée dans les localisations thoraco-abdomino-pelviennes