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Janvier 2015 INCIDENCES SOCIO-ÉCONOMIQUES D’ÉBOLA SUR L’AFRIQUE É D I T I O N R É V I S É E

INCIDENCES SOCIO-ÉCONOMIQUES D’ÉBOLA SUR L’AFRIQUE · 2015-01-30 · Ikome, Issoufou Seidou Sanda, Jack Jones Zulu, Jean-Luc Mastaki Namegabe, Joseph Foumbi, Katalin Bokor,

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Janvier 2015

INCIDENCES SOCIO-ÉCONOMIQUES D’ÉBOLA SUR L’AFRIQUE

ÉDITION RÉVISÉE

Janvier 2015

INCIDENCES SOCIO-ÉCONOMIQUES D’ÉBOLA SUR L’AFRIQUE

É D I T I O N R É V I S É E

L’épidémie actuelle de maladie à virus Ébola en Afrique de l’Ouest est la plus catastrophique que le monde ait connue depuis la découverte de la maladie en 1976. Outre le nombre considérable de décès qu’elle cause, la maladie a des incidences économiques et sociales visibles sur les pays touchés et au-delà.

La présente étude évalue les incidences socioéconomiques de la maladie sur les pays touchés et sur l’Afrique dans son ensemble, tant en termes de coûts réels que de perspectives de croissance et de développement. Reposant sur des informations et données primaires collectées lors des missions de la Commission économique pour l’Afrique dans les pays touchés, elle présente des options des politiques qui pourraient accompagner les mesures d’atténuation desdites incidences.

L’étude met en lumière le fait que les révisions alarmistes des taux de croissance économiques des pays touchés et de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest étaient basées sur des données disparates, sur fond d’incertitudes quant à l’évolution épidémiologique de la maladie. Par ailleurs, elles ne tenaient pas non plus compte de l’ampleur des interventions au plan international. Si les pays concernés subissent des conséquences économiques et sociales, les mesures actuelles de lutte contre la maladie ont aussi un effet de relance. Ce dernier, ainsi que le poids relatif des économies touchées, font que les conséquences du virus Ebola sur la région et sur le continent dans son ensemble, ont été minimes.

Malgré l’évolution encourageante de la situation épidémiologique dans certains des pays touchés, on est encore loin de pouvoir déclarer que la crise est terminée. Sortant tout juste d’années de conflit, certains des pays les plus touchés présentaient déjà des faiblesses structurelles. Grâce à des réformes économiques et sociales, ils étaient parvenus ces dernières années à enregistrer une croissance économique soutenue, mais l’épidémie d’Ebola a renversé cette tendance positive et poussé ces pays jusqu’à leurs limites en aggravant leurs déficits budgétaires respectifs.

C’est dans ce contexte que la Commission économique pour l’Afrique appelle, entre autres, à l’annulation de la dette extérieure des pays les plus touchés. Cela leur donnerait la bouffée d’oxygène nécessaire pour pouvoir s’attaquer aux problèmes socioéconomiques que l’épidémie pose à court terme et planifier leur reprise à long terme sur des assises solides. Même si une telle annulation n’est pas nécessairement synonyme de disponibilité de fonds, les ressources financières affectées au remboursement de la dette pourraient alors être investies dans les systèmes de santé des pays, notamment pour la formation de personnel sanitaire, l’équipement de centres de santé et une juste répartition du personnel de santé entre les zones rurales et urbaines. Ces fonds pourraient aussi être affectés à d’autres secteurs stratégiques de l’économie durement frappés par Ebola, comme l’éducation, l’agriculture et la sécurité alimentaire, et les services.

9 789994 461509

ISBN: 978-99944-61-50-9

Imprimé à Addis-Abeba (Éthiopie) par le Groupe de la publication et de l’impression de la CEA, certifié ISO 14001:2004.Janvier 2015

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Commission économique pour l’Afrique

Commandes

Pour commander des exemplaires du rapport Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique, veuillez contacter :

PublicationsCommission économique pour l’AfriqueP.O. Box 3001Addis-Abeba, ÉthiopieTél: +251-11- 544-9900Télécopie: +251-11-551-4416Adresse électronique: [email protected]: www.uneca.org

© Commission économique pour l’Afrique, 2015Addis-Abeba, ÉthiopieTous droits réservésPremier tirage: décembre 2014Deuxième tirage: janvier 2015

Langue: Français ISBN: 978-99944-61-50-9eISBN: 978-99944-62-50-6

Toute partie du présent ouvrage peut être citée ou reproduite librement. Il est cependant demandé d’en informer la Commission économique pour l’Afrique et de lui faire parvenir un exemplaire de la publication.

Design de la couverture et du rapport: Carolina Rodriguez et Pauline Stockins.

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

CONTENUEncadrés, figures et tableaux......................................................................................... viAcronymes et abréviations ...........................................................................................viiiRemerciements ............................................................................................................. ixAvant-propos ................................................................................................................. x

RÉSUMÉ .......................................................................................................................................................XII

1. INTRODUCTION .........................................................................................................................................1Contexte ........................................................................................................................ 1Objectifs et portée de l’étude ......................................................................................... 2Structure du rapport ...................................................................................................... 3

2. CADRE CONCEPTUEL ET MÉTHODES D’ANALYSE DES INCIDENCES ..................................... 4Cadre conceptuel ........................................................................................................... 4

Incidences économiques................................................................................................... 4Incidences sociales ........................................................................................................... 5Incidences immatérielles .................................................................................................. 7

Méthodes d’analyse des incidences ................................................................................ 9Analyse quantitative et qualitative descriptive .............................................................. 10Transmission internationale des effets de la maladie à virus Ebola ............................... 10Analyse des perceptions par l’exploration de textes statistiques ................................... 10

3. DOCUMENTS RÉCENTS SUR LES INCIDENCES DE LA MALADIE À VIRUS EBOLA EN GUINÉE, AU LIBÉRIA ET EN SIERRA LEONE ...............................................................................11

Guinée ......................................................................................................................... 11Libéria .......................................................................................................................... 12Sierra Leone ................................................................................................................. 13Principales conclusions – Ebola n’est pas l’unique problème ........................................ 15

4. SITUATION ÉPIDÉMIOLOGIQUE DE L’EBOLA, MESURES PRISES DANS LES TROIS PAYS ET AUTRES CAUSES MONDIALES DE MORTALITÉ ..........................................................16

Situation épidémiologique ........................................................................................... 16envergure actuelle du dispositif de lutte ...................................................................... 20Le nombre de victimes de la maladie à virus Ebola: quelques éléments de comparaison ...... 21

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Commission économique pour l’Afrique

5. INCIDENCES MACROÉCONOMIQUES DE L’ÉPIDÉMIE D’EBOLA ............................................ 25PIB ............................................................................................................................... 25Investissement, épargne et consommation privée ........................................................ 25Inflation, monnaie et taux de change ........................................................................... 26Finances publiques ....................................................................................................... 26

Recettes publiques ......................................................................................................... 28Dépenses publiques ........................................................................................................ 28Déficits budgétaires ....................................................................................................... 28Poids et allègement de la dette ..................................................................................... 28Offre de travail et productivité ....................................................................................... 30

Pauvreté et inégalité .................................................................................................... 30Plans d’urgence et de relance ...................................................................................... 30Enquête sur l’état de préparation des pays non touchés et sur les conséquences indirectes de l’épidémie d’Ebola ................................................................................... 31

Incidences économiques................................................................................................. 31Incidences sociales ......................................................................................................... 31Mesures spéciales .......................................................................................................... 32

Incidences économiques de l’épidémie d’Ebola sur l’Afrique de l’Ouest et le continent ......... 33

6. ANALYSE DE L’IMPACT DE L’EPIDEMIE D’EBOLA SUR LA SEXOSPÉCIFICITÉ ET LES SYSTÈMES DE SANTÉ ............................................................................................................ 33

Dimension sexospécifique–les femmes sont les plus pénalisées ................................... 34Commerce transfrontalier ............................................................................................. 34Industries minières ........................................................................................................ 35Agriculture ..................................................................................................................... 36Prestations de soins non rémunérés .............................................................................. 36

VULNERABILITE DES SYSTEMES DE SANTE AFRICAINS ................................................... 36Manque d’infrastructures .............................................................................................. 37Manque de personnel .................................................................................................... 38Manque de ressources ................................................................................................... 39Manque d’intégration .................................................................................................... 40Inefficacité ...................................................................................................................... 41

7. ANALYSE DES PERCEPTIONS .............................................................................................................42Analyse des sentiments ................................................................................................ 42Sujets récurrents .......................................................................................................... 43

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

8. RECOMMANDATIONS ........................................................................................................................ 48Sur le plan épidémiologique ......................................................................................... 48Sur le plan économique ................................................................................................ 50Sur le plan social .......................................................................................................... 52Sur le plan immatériel .................................................................................................. 55

APPENDICE I - ANALYSE SECTORIELLE DES INCIDENCES SOCIO-ÉCONOMIQUES ........... 56Le commerce et le secteur minier ................................................................................ 56

Guinée ............................................................................................................................ 57Libéria ............................................................................................................................ 59Sierra Leone ................................................................................................................... 61Impact potentiel de la réduction continue des échanges commerciaux ............................. 62

Agriculture ................................................................................................................... 63Agriculture et sécurité alimentaire: défis à relever ....................................................... 64Guinée ............................................................................................................................ 64Libéria ............................................................................................................................ 65Sierra Leone ................................................................................................................... 66Impact sur l’agriculture dans les trois pays .................................................................... 67

Services ....................................................................................................................... 68

APPENDICE II - SOURCES DES DONNÉES DE LA FIGURE 5 ......................................................... 69

APPENDICE III – ANNULATION DE LA DETTE EXTÉRIEURE POUR LES PAYS TOUCHÉS PAR LA MALADIE À VIRUS EBOLA ............................................................................... 74

Recommandations concernant les mesures à prendre après l’annulation de la dette .... 76

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ......................................................................................................78

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Commission économique pour l’Afrique

ENCADRÉS, FIGURES ET TABLEAUXENCADRÉES

Encadré 1: Comment barrer la route à la maladie à virus Ebola: .................................... 3Encadré 2: Stigmatisée après s’être remise de la maladie à virus Ebola .......................... 7Encadré 3: Royal Air Maroc continue de desservir les pays touchés par la maladie à virus Ebola .............................................................................................................. 8Encadré 4: La vie avec le virus Ebola : la Guinée équatoriale et le Niger vont accueillir la Coupe d’Afrique des Nations ................................................................. 9Encadré 5 : L’expérience du Mali face à la maladie à virus Ebola ................................... 18Encadré 6 : Brussels Airlines au service des trois pays ................................................... 44

FIGURESFigure 1 : Cadre analytique de l’épidémie à virus Ebola .................................................. 6Figure 2 : Cas de la maladie a virus Ebola en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone ..... 17Figure 3 : Infections par le virus Ebola chez les travailleurs sanitaires ........................... 19Figure 4 : Quelques contributions en nature ................................................................. 20Figure 5: Quelques engagements et décaissements pour combattre la maladie à virus Ebola .............................................................................................................. 22Figure 6 : Dettes extérieures et service de la dette des trois pays, 2013 ...................... 29Figure 7 : Croissance simulée pour l’Afrique de l’Ouest et pour l’Afrique ...................... 32Figure 8 : Nombre d’hôpitaux pour 100 000 habitants en 2013 .................................... 37Figure 9 : Nombre de médecins pour 10 000 habitants, 2006-2013 ............................. 37Figure 10 : Les principaux pays d’accueil de la fuite des compétences médicales provenant de l’Afrique (hors Afrique du nord) ....................................... 38Figure 11 : Part des dépenses de santé dans les budgets nationaux en 2011 (en%) ..... 39Figure 12 : Scores des sentiments et autres sujets figurant dans des articles à propos du virus Ebola-publiés entre mars 2014 et novembre 2014 .................... 43Figure 13 : Scores des sentiments calculés sur la base d’articles publiés dans les pays touchés par le virus Ebola et dans d’autres pays ....................................... 44Figure 14 : Nuage de mots issus de l’actualité concernant le virus Ebola ...................... 45Figure 15 : Scores des sujets économiques, sociaux et médicaux dans un échantillon d’articles ............................................................................................... 47Figure A1 : Interconnexions sectorielles ........................................................................ 58

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

TABLEAUX Tableau 1 : Projections relatives au PIB, Guinée (en%) .................................................. 27Tableau 2 : Projections relatives au PIB, Libéria (en%) ................................................... 27Tableau 3 : Projections relatives au PIB, Sierra Leone (en%) .......................................... 27Tableau A1 : Quelques contributions des organisations multilatérales.......................... 69Tableau A2 : Quelques contributions des partenaires bilatéraux................................... 70Tableau A3 : Quelques contributions du secteur privé international, des associations caritatives fondations.......................................................................... 71Tableau A4 : Quelques contributions du secteur privé africain.......................................72Tableau A5 : Engagements de quelques pays africains .................................................. 73Tableau B1 : Dette extérieure et ratios de la dette pour les trois pays les plus durement touchés par le virus Ebola, 2013.................................................................... 75Tableau B2 : Indicateurs économiques, de développement social et de performance politique récents (2014)..............................................................................................77

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ACRONYMES ET ABRÉVIATIONSAMAO Agence monétaire de l’Afrique de l’Ouest

ASEOWA Missiondesoutiendel’Unionafricainecontrel’épidémied’EbolaenAfriquedel’Ouest

BAD Banqueafricainededéveloppement

CEA Commissionéconomiquepourl’Afrique

CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest

CUA Commissiondel’UnionAfricaine

DAES Départementdesaffaireséconomiquesetsociales(Secrétariatdel’ONU)

EBOLA MaladieàvirusEbola

FAO OrganisationdesNationsUniespourl’alimentationetl’agriculture

FMI Fondsmonétaireinternational

MINUAUCE MissiondesNationsUniespourl’actiond’urgencecontreEbola

OCDE Organisationdecoopérationetdedéveloppementéconomiques

OCHA Bureaudelacoordinationdesaffaireshumanitaires

OMS OrganisationmondialedelaSanté

ONU-Femmes OrganisationdesNationsUniespourl’égalitédessexesetl’autonomisationdesfemmes

PIB Produitintérieurbrut

PME Petitesetmoyennesentreprises

PNUD ProgrammedesNationsUniespourledéveloppement

PPTE Payspauvrestrèsendettés

SARS Syndromerespiratoireaigusévère

VIH/sida Virusd’immunodéficiencehumaine/syndromed’immunodéficienceacquise

WEFM Modèledeprévisionséconomiquesmondiales

Saufindicationcontraire,touslesmontantsindiquéssontendollarsdesÉtats-Unis.

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

REMERCIEMENTSL’étudedelaCommissionéconomiquepourl’Afrique(CEA)surlesincidenceséconomiquesetsocialesdelamaladieàvirusEbolasurl’AfriqueaétéélaboréesousladirectiondeCarlosLopes,SecrétaireexécutifdelaCEA,avec laparticipationactived’AbdallaHamdok,SecrétaireexécutifadjointdelaCommission.L’équipespécialedelaCEAsurEbola,misesurpiedenseptembre2014parleSecrétaireexécutifdelaCommissionpourélaborerlaprésenteétude,abénéficiédesconseils,delasupervisionetdelacoordinationdeDimitriSanga,DirecteurduBureausous-régionaldelaCEApourl’Afriquedel’Ouest.

L’équipespécialedelaCEAcomprenaitAbbiKedir,AboubacryLom,CarlosAcosta,CarolineNgonze,FrancisIkome,IssoufouSeidouSanda,JackJonesZulu,Jean-LucMastakiNamegabe,JosephFoumbi,KatalinBokor,MamaKeita,MedhatEl-Helepi,NassirouBa,RajMitra,XiaoningGongetZachariasZiegelhofer.

UneenquêtedelaCEAsurl’étatdepréparationdespaysnontouchésetsurleseffetsindirectsdelamaladieàvirusEbolaaétéconduiteparleCentreafricainpourlastatistiqueetadministréeparlescentresdedonnéessous-régionauxdesbureauxsous-régionauxde laCEA,sous ladirectionde leurschefs respectifs:NassimOulmane(AfriqueduNord),SizoMhlanga(Afriqueaustrale),GuillermoMangué(Afriquecentrale),AndrewMold(Afriquedel’Est)etAboubacryLom(Afriquedel’Ouest).

Desobservationsetdessuggestionsutilesontétécommuniquéespar l’équipedirigeantede laCEAet lepersonneldedifférentesdivisionsetbureauxsous-régionauxdelaCEA.

Nousavonsparticulièrementappréciéleséchangesd’informationsetdepointsdevuesurlesujetrecueillislorsdesvisiteseffectuéesparl’ÉquipespécialedelaCEAdanslestroispayslesplustouchés,laGuinée,leLibériaet laSierraLeone. Il fautmentionner tout spécialement leProgrammedesNationsUniespour leDéveloppement(PNUD),leséquipesdepaysdesNationsUnies,lesresponsablesgouvernementauxdehautniveauetlesexpertsdanslesministères,lesorganismesetdépartementsdanscespays.

Lerapportn’auraitpasvulejoursanslacontributiondespersonnessuivantes:M.FodeBangalySako,AliouBarry,DembaDiarra,CollenKelapile,CharlesNdugu,MarcelNgoma-Mouaya,TeshomeYohannes,JimOcitti,Bruce Ross Larson, Carolina Rodriguez, Pauline Stockins et toute l’équipe de la Section des publications delaCEA.

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Commission économique pour l’Afrique

Au-delà du nombre de décès dus à l’épidémieactuelle provoquée par la maladie à virus Ebola(Ebola),lamaladieacertainementdeseffetsvisiblessurlestroispaystouchés–Guinée,LibériaetSierraLeone – par l’intermédiaire de deux canaux. Toutd’abord, la réponse sanitaire et humanitaire exigedesressourceshumainesetfinancièresquin’étaientpasprévuesainsiqu’uneréaffectationdesressourcesallouées à d’autres efforts de développement.Deuxièmement, l’alarmisme entourant l’apparitiond’une maladie transmissible qui n’a ni remède,ni vaccin connus est également à prendre encompte.Cesecondcanalpeutavoirdes incidencesinsoupçonnées non seulement sur les conditionssociales et économiques des trois pays,mais aussisurlespaysvoisins,l’Afriquedel’Ouest,lecontinentetmêmelemondeengénéral.

Les premières études, depuis que l’épidémie a étéofficiellement déclarée en mars 2014, ont tentéd’évaluer les impacts socio-économiques sur lespays touchés, mais présentent trois inconvénientsmajeurs: elles offrent très peu d’informations surles effets en Afrique de l’Ouest, et pratiquementrien à l’échelle du continent. Les projections nes’appuient que sur un petit nombre de donnéesdisparates (compte tenudumomentoù lesétudesont été rédigées) et partent de l’hypothèse selonlaquellel’épidémieestsusceptibledesepropager,nerendantpassuffisamment justiceauxréactionsdesgouvernements ni à la vague d’envois de fonds de la diasporaàleursfamilles.

Pour élargir et mettre à jour ces conclusions,la CEA a mené une étude sur les coûts socio-économiquesvéritablesde lamaladieàvirusEbolaet leurs effets sur la croissance et les perspectivesdedéveloppement,l’objectifétantdeconstituerun

ensembled’évidencesàpartirdesquellesconcevoirdes options de politiques pour accompagner lesréponsesmentionnéesci-dessus.

Sur la base des données primaires et informationsrecueillies lors des missions de l’équipe spécialede la CEA sur Ebola au Libéria et en Sierra Leone(octobre 2014) et en Guinée (novembre 2014), etdemapropre visite dans les trois pays en octobre2014,cetteétudemontrequesi lamaladieàvirusEbola entraine un taux de mortalité élevé et dessouffrances indescriptibles chez ceux qui sontdirectementtouchés,ellen’estpas laplusmortelledesmaladies actuelles (oupassées).D’unpoint devue économique, l’étudemet aussi en exergue leseffetsdes réponsesactuelleset l’incidenceminimedelamaladiesurl’Afriquedel’Ouestetlecontinent(étantdonnélepoidséconomiquedecestroispays,laprévalenceactuelledelamaladieetlesinterventionsdelaCommunautéinternationale).

Mais la lutte est loin d’être finie et un cheminconsidérableresteàparcourir-avantquel’onpuissedéclarerlacriseterminée:ilfautremédieràlabaissede productivité et aux changements négatifs desschémas et comportements sociaux, notammentdans les trois pays les plus touchés, alors que lavulnérabilité des systèmes de santé dans toutel’Afrique est un problème crucial étant donné quepeu de pays sont en mesure d’absorber un chocinduitparlamaladieàvirusEbola.

LaGuinée,leLiberiaetlaSierraLeoneprésentaientd’ores et déjà des vulnérabilités structurelles ainsiqu’une capacité limitée à soutenir la croissance etEbola les apoussés à la limite en accroissant leursdéficits fiscaux. Si les pays doivent continuer à

AVANT-PROPOS

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

assurerlepaiementdeleursdettesdansuncontextecaractérisépar l’absencedefluxfinanciersentrantsmajeurs,ilsneserontpasenmesuredefairefaceàleursbesoinsfiscauxetàceuxrelatifsàlabalancedespaiements.Aveclacriseactuelled’Ebolaaffectantlesexportations,ilestpréditunapprofondissementdesdéficitsdescomptescourants,uneaccumulationdesarriérésdesservicesdeladetteetunedétériorationdudéficitdefinancementextérieurpourtouslespaysaffectés.L’annulationdeladetteextérieurepourraitbiendonneràcestroispaysuneboufféed’oxygènepour faire faceauxenjeuxéconomiqueset sociauxdecourttermeliésàlacrised’Ebolaetplanifier,surdes bases solides, leur relance économique à longterme.Bienquel’annulationdeladetteneconduisepas automatiquement à la disponibilité des fonds,lesressourcesfinancièresàépargnerdespaiementsde la dette pourraient être investies dans lesystèmedesantédespays,incluantlaformationdesprofessionnelsdelasanté,l’équipementdescentresde santé et la distribution équitable du personnelde santé entre les zones rurales et urbaines. Cesfondspourraientaussibénéficieràd’autressecteursstratégiques qui ont été sévèrement affectés parEbola,incluantl’éducation,l’agricultureetlasécuritéalimentaireainsiquelesservices.

Cette épidémie révèle qu’il est nécessaire que lespaysetleurspartenairesreconsidèrentleprocessusde développement, notamment en décentralisantles efforts dans ce domaine et pas seulement lesstructures. La réussite de l’intervention nigérianeface à l’épidémie amontré que la décentralisationpeut être efficace en cas d’épidémie étant donnéquelesautoritésn’ontpaseuàattendrelefeuvertduGouvernementcentralpourimposerdesmesuresdequarantaineoud’autresmesuresdeconfinement.

Cette épidémie constitue sans aucun doute undéfi et la communauté internationale se doit devenirenaideauxpaystouchésmaislacrisen’apasfondamentalementperturbél’élandela«renaissanceafricaine» malgré l’alarmisme régnant dans certains milieux.Et,s’ilyauneleçonàretenir,c’estcelle-ci:divulguerlesbonnesinformationsetéviterainsileseffetsdestructeursd’une«hystérieàvirusEbola».

J’espère que le présent rapport contribuera àceteffort.

CarlosLopes

LeSecrétairegénéraladjointdel’ONU etSecrétaireexécutifdelaCEA

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Commission économique pour l’Afrique

L’épidémie due au virus Ebola en Afrique del’Ouest a enregistré le plus grand nombre dedécèsdepuisquelamaladieaétédiagnostiquée

en 1976. Elle a aussi des conséquences socio-économiques d’une portée considérable. Bienque la maladie soit encore en pleine évolution,plusieursétudessurcesincidencesontétémenéesdepuis l’apparition de la maladie en Afrique del’Ouest, notamment par la Banque mondiale, leFondsmonétaireinternational(FMI), leProgrammealimentaire mondial (PAM), l’Organisation desNations Unies pour l’alimentation et l’agriculture(FAO)et leCentrepourlecontrôleet lapréventiondesmaladies(CDC).PlusieursrapportsnationauxontétéélaborésparleséquipespaysdesNationsUnies,sousladirectiondesbureauxdepaysduProgrammedesNationsUniespourledéveloppement(PNUD)etdel’OrganisationmondialedelaSanté(OMS).

Mais peu nombreux sont les rapports qui se sontpenchéssurlecontinentafricain.Enoutre,laplupartdes perspectives et projections initiales sur lesincidences socioéconomiques de la maladie à virus Ebolasesontfondéessurdesdonnéesdisparatesetdesincertitudesquantàl’évolutionépidémiologiquefuturedelamaladie.

C’est dans ce contexte que la CEA a entreprisl’élaborationdelaprésenteétudequiapourobjectifglobald’évaluerlesincidencessocio-économiquesdelamaladiesurlespays,surlarégionetsurl’Afriquedanssonensemble,àlafoisdupointdevuedescoûtsréels induits que des perspectives de croissanceet de développement de façon à proposer desrecommandationsde politiques pour accompagnerles efforts d’atténuation. Les constatations etconclusionsdel’étudeserontaffinéesetmisesàjourjusqu’àcequelacrisesoitterminée,fournissantainsi

uneévaluationàpartentièredesincidences,unefoisl’épidémiecontenue.

SITUATION ÉPIDÉMIOLOGIQUELe rapport de situation de l’OMS (7 janvier 2015)indiqueque 20 712 cas avaient été identifiés dansles trois pays avec une transmission étendue etintense (13 191 cas confirmés en laboratoire) et 8220 décès déclarés. Les taux de mortalité varientd’unpaysàl’autre–Guinée,64%(1781sur2775),Libéria43%(3496sur8157)etSierraLeone30%(2943sur9780)–letauxmoyendemortalitéétantde40%danslestroispays.Cesderniersprésententdes caractéristiques communes: fragilité politiqueet passé récent marqué par la guerre civile etl’affaiblissementdescapacitésinstitutionnelles.Huitcas, dont six décès, ont été signalés au Mali. DesépidémiesauSénégal,auNigériaetenRépubliquedémocratique du Congo ont été déclaréescontenuesrespectivementles17et19octobreetle15novembre2014.

ÉCHELLE DES INTERVENTIONSCompte tenu de la propagation rapide etgéographique de l’épidémie, la communautéinternationale a intensifié ses effortspour contenirl’épidémie,mêmesidavantageresteàfaire.Lepland’intervention inter-organisationscontre lamaladieàvirusEbolaprévoyaituneobligationfinancièred’unmilliardetdemidedollarspour les troispayset larégionAfriqueentreseptembre2014etfévrier2015.

Compte tenu de l’ampleur de l’épidémie et dela possibilité qu’elle se propage à d’autres paysen Afrique ou dans le monde, des annonces decontributions sont faites sur une base continue de

RÉSUMÉ

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

la part d’organisationsmultilatérales, bilatérales etprivées.Lecontinentafricainsemobiliseégalement.Outre les annonces de contributions des pays, lacommunauté des affaires s’est engagée à fournir32,6 millions de dollars lors d’une table ronderéunissant les milieux d’affaires africains organiséepar la CEA, la Banque africaine de développement(BAD)etlaCommissiondel’Unionafricaine(CUA)àAddis-Abebale8novembre2014.Descontributionsennature,commedeséquipementsmédicauxetdupersonnel de santé, ont été également apportéespartouscespartenaires.

INCIDENCES ÉCONOMIQUES SUR LES TROIS PAYSReflétant l’alarmisme suscité par la maladie àvirus Ebola ainsi que la mortalité et la morbiditéen rapport avec la maladie, l’activité économiques’est contractée. Cette contraction résulte de lacombinaison de plusieurs éléments notamment:la baisse des ventes sur les marchés et dans lescommerces,uneactivitéréduitedanslesrestaurants,leshôtels, les transportspublics, la constructionetlesinstitutionséducatives(causéeégalementparlesmesures gouvernementales comme la déclarationde l’état d’urgence et les restrictions imposées àla circulation des personnes), et le ralentissementde l’activité des sociétés alors que de nombreuxexpatriés s’en vont, entraînant une baisse de lademandedecertainsservices.

• Finances publiques: L’épidémie entraîne unediminution des revenus et une augmentationdesdépenses,enparticulierdans lesecteurdela santé,ajoutantunepression supplémentairesur les déficits budgétaires et affaiblissant lacapacitédugouvernementà lafoisdecontenirlamaladieetderenforcerl’économiegrâceparexempleàdesmesuresdestimulusbudgétaire.Lespaysonteurecoursàdesappuisextérieurspourcomblerleursdéficitsfinanciers.

• Recettes publiques: Ladiminutiondesrecettespubliques initialement attendues peut s’éleverà des dizaines de millions de dollars – une

proportionnonnégligeableduproduitintérieurbrut(PIB)pourtroiséconomiesdepetitetaille.Cette réduction s’explique par une diminutiondel’activitééconomiqueetparunecontractiondel’assiettefiscaledanslaplupartdessecteurs,notamment dans l’industrie et les services.On peut y ajouter une faiblesse accrue del’administration fiscale, de sorte que moinsd’impôts sont prélevés sur les revenus, lesentreprises,lesbiensetservicesetlecommerceinternational.Enoutre,lesredevancescollectéessur les ressources naturelles dominantes sontamoindries.

• Dépenses publiques: Par ailleurs, la crisedéclenchée par l’épidémie exige des dépensesnon négligeables dans le secteur de la santépour confiner lamaladie alors que les besoinsen protection sociale croissent égalementrapidement. D’autres dépenses non sanitairespeuvent également émerger à propos de lasécurité,desimportationsalimentairesetautres.

• Déficits budgétaires:Depar seseffetsnégatifssur les recettes et les dépenses publiques,l’épidémie met à mal les budgets, contribuantsubstantiellement à l’élargissement des déficitsbudgétaires.

• Investissements, épargne et consommation privée: Auregarddeladiminutiondesrecettespubliques et de l’augmentation des dépenses,la crise risque de détourner les dépensespubliquesd’investissementsencapitalphysiqueet humain au profit de dépenses de santé etautres dépenses sociales. Les investissementsprivésétrangersetnationauxsontégalementendiminutionàcourtterme,souventenraisondel’alarmismegénéréparlamaladie.Lespouvoirspublics des trois pays ont déclaré avoir différéou interrompu les investissements dans de grandsprojets.

• Offre de travail et productivité: La crise a réduit l’offre de travail (y compris chez les expatriés),diminuant potentiellement la quantité et

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la qualité de biens et services produits, enparticulier la prestation de services publics. Lamortalitéet lamorbiditéduesà lamaladieontréduitlenombred’agriculteurspouvanttravaillerdansl’agricultureetfaitpayerunlourdtributauxtravailleursdusecteurdelasanté.

• Taux d’inflation, monnaie et taux de change: Les pressions inflationnistes augmentent à mesurequel’épidémieserépand,sapantlacompétitivitédes entreprises et des commerçants etprovoquant une baisse du pouvoir d’achat desménages. Les avoirs extérieurs ont nettementdiminué et les monnaies locales se sont dépréciées alors que le commerce extérieurs’étioleetquelademandededollarsaugmente.Lesréservesmonétairesdespaysontégalementététouchées.

INCIDENCES SOCIALES DANS LES TROIS PAYS LamaladieàvirusEbolarisquedecauserunehaussedelamorbiditéetdelamortalitéduesàdesmaladiesnondirectementliéesauvirusEbolaproprementditétant donnés les effets combinés sur la prestationdesservicesdesantéhabituels:

• Peu de personnes s’adressent aux servicesmédicaux par peur de la stigmatisation ou del’expositionàlamaladie;

• L’affaiblissement des services de santé peutfavoriser une hausse de l’incidence d’autresmaladies, notamment le paludisme, la dengueetlafièvrejaune;celapeutaussiaugmenterlesrisques liésàunediminutionde lavaccination,des soins prénataux et des soins infantiles.Autantdefacteursquipeuventfaireaugmenterletauxdemortalitématernelleetinfantile;

• Un grand nombre des décès rapportés sesont produits chez le personnelmédical et lesmédecinsspécialistes,entravantlacapacitédespaysàrécupérerdecettecrise.

L’épidémie à virus Ebola a conduit à la fermeturedes établissements d’éducation. Les incidences surlesrésultatsscolairesnesontpasencoreévidentes.

D’importantes pertes économiques vont êtreenregistrées au niveau du budget national étantdonné que les salaires des enseignants doivent encore être versés et les installations scolairesentretenues. Le pire pourrait être en termes depertesdeproductivitéà long terme induitespar lemanque à gagner en niveau d’éducation de ceuxqui ne retourneront pas à l’école après la crise.Tout cela nécessitera des investissements lourdssupplémentairespourtenterderemettrelesystèmeéducatifauniveauauquel il était avant l’apparitiondel’épidémie.

Le chômage ainsi que le nombre de fermeturesd’entreprises commerciales ont augmenté. Denombreuses entreprises ou succursales fermentetmêmecellesquirestentouvertesontdûréduireleurseffectifsdepersonneletleshorairesdetravail.La plus grande partie de la population exposéeconsisteendesfamillesvivantenzonesruralesquidépendent de l’agriculture pour leur subsistance.Ces familles disposent rarement d’un gros cheptelsurlequelserabattreetleurépargneaperdudesavaleur.Alorsque lesmarchésontfermédepuisdessemainesetquel’activitééconomiques’estréduite,lesproducteursdeproduitspérissablesnepeuventpas vendre leurs produits, ce qui compromet lasécuritédesménages,enparticulierdansleszonesfrontalières.

La crise laisse derrière elle un nombre croissantd’orphelins,quiaurontbesoind’unsoutiencibléàlafoispoureuxetpourlesfamillesquis’enoccupent.Enfin, la stigmatisation augmente à l’intérieurdes pays et ceux qui sauvent des vies sont le plustouchés:médecinsetprofessionnelsdelasantésontconsidérés par la population comme des vecteurspotentiels de l’infection, ce qui les empêche demenerunevieuntantsoitpeunormale.

INCIDENCES SUR LES PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET SUR LE CONTINENTBienquelaGuinée,leLibériaetlaSierraLeoneaientenregistréunebaissesensibledeleurPIB,leseffetsà la fois sur l’Afriquede l’Ouest et sur le continentdanssonensembleserontminimes,enpartieparce

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que, sur la base des estimations de 2013, les troiséconomiestouchéesnereprésententensembleque2,42%duPIBde l’Afriquede l’Ouestet0,68%decelui-cidel’Afrique.

Par conséquent, si l’épidémie se limite à ces troispays, l’ampleur de ses incidences sur le PIB et lacroissanceseraextrêmementfaible.LessimulationsdelaCEAfondéessurun«scénariopessimiste»selonlequellestroispaysenregistreraientunecroissancenulleen2014et2015,suggèrentquel’incidencesurla croissance pour ces deux années pour l’Afriquede l’Ouest ne sera respectivementquede -0,19 et-0,15 point de pourcentage. Et pour l’Afriquedans son ensemble, l’incidence sera négligeable à-0,05et-0,04pointdepourcentagerespectivementsur les deux années. En bref, au moins au planéconomique,iln’yapaslieudes’inquiéteràproposdesperspectivesdecroissanceetdedéveloppementdel’AfriqueàcauseduvirusEbola.

RECOMMANDATIONS DE POLITIQUES Lesrecommandationsdepolitiqueset lesréponsesémanant de l’analyse sont présentées ci-dessousdans lesgrandes lignes, autitredequatregrandesrubriques.

DIMENSION ÉPIDÉMIOLOGIQUE

• Lesgouvernementsetlespartenairesdevraientfaireensortequetouteslespersonnesinfectéesaientaccèsàuntraitemententempsopportundans des établissements médicaux désignéstoutenlesprévenantdenouvellesinfections.Ilsdevraientégalementrespecterlesprotocolesdesépultureàlalettre,c’est-à-direquelesvictimessoient enterrées par du personnel qualifié afind’évitertoutecontaminationultérieureparuneinteractionaveclescorps.

• Les pays devraient procéder à un inventairedétaillé pour identifier les différents acteursopérantsurleurterritoiredefaçonàdéterminercequechaqueacteurfait,commentil lefaitetquellessontlesincidencesdeleursinterventions.

• Lespaysetleurspartenairesdevraientélaborerdes stratégies de collecte et de diffusion de

données sociales et économiques solides. Ilsdevraient adopter des mesures urgentes pourrenforcer les systèmes statistiques des troispays, notamment les registres des faits d’étatcivil.D’autrespaysafricainsdevraientégalementrenforcer leurs systèmes d’enregistrement dedonnéesstatistiquesetdesfaitsd’étatcivilpourmieuxgérerl’épidémieàvirusEbolaoud’autresépidémiesdumêmegenre.

• Lespaysdevraientconcevoirdessystèmesdesuividelamorbiditéentempsréeldanslapopulation,enparticulier pour lesmaladies transmissibles.Lecoûtliéàl’absencedesystèmesquipuissentdétecter les infections à un stade précoce etcollecter des données ultérieures sur la maladie en temps réel peut avoir des conséquencessanitairesdésastreusesetdes incidencessocio-économiquesgraves.

• Lespaystouchésdevraientintensifierlarésiliencede leurs systèmesde santépour faire faceà lamaladieàvirusEbolaetàd’autresmaladiesnonliéesàceviruscommelepaludisme,leVIH/sidaet la tuberculose (ces troismaladies ont coûtébeaucoup plus de vies que la maladie à virusEbola).

• Les pays devraient explorer des stratégiesnovatrices de financement et de mobilisationdesressourcesdomestiquespourfaireensorteque des volumes adéquats de ressources soient alloués au secteur de la santé en général et à la maladieàvirusEbolaenparticulier.

DIMENSION ÉCONOMIQUE

• Lors de l’élaboration de mesures fiscales, lestrois gouvernements devraient prévoir desprogrammes de protection sociale et des filetsdesécuritépouraider les famillesdesvictimesetleurcommunautéimmédiate.

• Lesgouvernementsetleurspartenairesdevraientinvestir dans le renforcement des capacités etla valorisation du capital humain dans les troispays à court, moyen et long terme de façon àaméliorerl’offredetravail.

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• Les autorités monétaires devraient réduire les tauxd’intérêtpourstimulerlacroissance.

• Les autorités en charge du tourisme devraientrecentrer leurs efforts sur des stratégiespermettant d’accroître plus largement laconnectivité entre elles-mêmes et les pays delarégionetdefaciliterlesvoyagesd’affairesparl’obtentionaiséedevisasetdes tarifshôtelierscompétitifs.

• Les gouvernements devraient renforcer les contrôlessanitairesauxfrontièresaulieudelesfermer, étant donné les dommages colossauxque de telles fermetures entrainent pour leséconomiesdespaystouchéscommepourceuxquinelesontpas.

• Les trois pays devraient accroître le contenuenvaleurajoutéeauxproduitsqu’ilsexportentde façon à tirer profit des arrangementscommerciauxpréférentielstelsquelaLoisur lacroissance et les possibilités économiques enAfrique(AGOA).

• Les créanciers bilatéraux et multilatérauxdevraient envisager sérieusement l’annulationdeladetteextérieuredestroispays.

• Les trois gouvernements et leurs partenairesdevraient s’engager dans des efforts d’aidealimentaireetdanslamiseenplacedefiletsdesécuritéd’urgencepoursurmonterlespénuriesalimentaires résultant des effets de l’épidémie,enparticulier chez lesplus vulnérables commelesenfantsexposésaurisquedemalnutrition.

• Les gouvernements des trois pays devraientprévoirunensembledemesuresincitativespouraiderleursagriculteursàrelancerlesecteur.

• Les trois gouvernements devraient concevoir des plans de réhabilitation d’urgence pourrelancer rapidement leurs économies, ce quipourrait exiger une révision de leurs plans dedéveloppement nationaux à moyen terme etéventuellementàlongterme.

DIMENSION SOCIALE

• Le renforcement des systèmes de santé dansles trois pays et ailleurs devrait bénéficierde la plus haute priorité. Il ne s’agit pas dese concentrer sur la prévention d’une futureépidémieàEbola,maissurlerenforcementdescapacitéspermettantdetraiterlesquestionsdesantépubliquede toutenature. Ilne s’agitpaségalementdetraiterl’épidémiedelamaladieàvirusEboladefaçonisoléeparrapportàd’autresmaladiesplusdestructricescomme leVIH/sida,le paludisme, la pneumonie, surtout chez lesenfantsetlesfemmes.

• Lespaysafricainsdevraientétudiersérieusementles avantages de la décentralisation de leursservicesdesantéafind’améliorerlacapacitéderéactionsanitaireauniveaulocal.

• Les pays devraient bénéficier de financementssupplémentaires pour atteindre les normesattendues en matière de santé publique, à lafois pour les interventions d’urgence et lesprestationsrégulières.

• Les interventions dans les secteurs sociaux nedevraient pas se concentrer uniquement surlespersonnesquiontétédirectementinfectéespar le virus, mais également sur celles quisont touchées indirectement et qui d’ailleursconstituentungroupebeaucouppluslarge.Danslecasdespersonnesdirectementtouchées,lesmesuresdevraientciblerlesménagesetnonpaslesindividus.

• Lesgouvernementsetleurspartenairesdevraientétendre le rôle de la protection sociale et desfilets de sécurité ciblés comme déterminantimportant pour soulager les groupes qui ontété touchés de manière disproportionnée parl’épidémie, notamment pour assister le grandnombre d’enfants orphelins à cause de lamaladie.

• Desmesuressontàprendrepourfaireensortequel’épidémiedueauvirusEbolaneprovoquepasunecrisealimentaireetnutritionnelle.

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• Les gouvernements et les autorités locales devraient faire en sorte que les enfants retournent à l’école et que les résultats scolaires négativement affectés par l’épidémie soientramenésauxniveauxantérieursàl’apparitiondel’épidémie.

• Les gouvernements devraient élaborer denouvellesstratégiessexospécifiquesderéductionet de gestion des risques ou renforcer celles quiexistent.

• Lesautoritésdevraientaccroîtrelesopportunitéséconomiquespourlesfemmesenreconnaissantet en compensant les soins non rémunérésqu’elles prodiguent et en les faisant bénéficierdeservicesd’appuiconçuspourelles.

• Les autorités devraient , à tous les échelonsgouvernementaux, renforcer les institutionscréées en faveur des femmes en améliorant leurs capacités à tirer parti des possibilités eten remettant en question les normes socialesetculturellesnéfastesdifficilesquiexposentlesfemmesàdesrisquesélevésd’infection.

DIMENSION IMMATÉRIELLE

Lesinstitutionspanafricaines,notammentlaCUA,laBADetlaCEA,devraientfairedavantaged’effortspourdonneruneidéeplusprécisedelacontaminationparlevirusEbola.Illeurfaudraprésenterdesdonnéesetdesinformationsplusprécisessurlamaladieetsonincidence.

En conséquence ces trois institutions devraientélaborer une stratégie de communication afinde présenter un récit objectif et constructif de lamaladie à virus Ebola. Laprésencemédiatiquedesresponsables des trois institutions devrait se faireremarqueravecdesapparitionsconjointesdansdescerclesmédiatiquesafricainsetnonafricainsconnus.Les responsables des communautés économiquesrégionalesetd’autresinstitutionsafricainesdevraientorganiserdetellesactivitésauniveaurégional.

Les médias et les bureaux de communication,d’impression et d’audiovisuel africains devraientêtreencouragésàfournirdesinformationsprécises

et factuelles sur les divers aspects de l’épidémie,notamment sur les progrès accomplis en vue deréduiresapropagationetsesincidences.

LaCUA,laBAD,laCEAainsiqued’autresinstitutionsafricainesdevraientenvisageruneanalyseconjointeplusdétailléedesincidenceséconomiques,sociales,politiques et culturelles de la maladie lorsque lacrise sera stabilisée. Une telle étude, qui feraitappel à des données primaires générées par lesinstitutionsafricainesproprementdites,permettraitaucontinentderaconterl’histoireduvirusEbolademanièreobjectiveetnuancée, laquellemettrait lesintérêtsdel’Afriqueaupremierplanetseraitdénuéede certaines des distorsions et perceptions qui sesontdéveloppéesautourdelamaladie.

Les dirigeants africains devraient garantir la miseen œuvre effective des décisions de la sessionextraordinaire du Conseil exécutif de l’UnionafricainetenueàAddis-Abebale8septembre2014,sur l’épidémieàvirusEbola(Ext/EX.CL/Dec.1(XVI)).Il s’agit en particulier de la nécessité de continuer àagirdefaçonsolidaireaveclespaystouchés,pourbriser notamment la stigmatisation et l’isolementdont ils font l’objet et de renforcer leur résilience (etcelleducontinentengénéral).

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CONTEXTEL’Afriqueconnaît lapireépidémiedueà lamaladieà virus Ebola depuis que cette maladie a fait sonapparitionen19761.L’Afriquedel’Ouest,l’épicentre,a connu son premier cas en mars 2014. Des casont été signalésenGuinée, au Libéria, auMali, auNigéria, auSénégaletenSierra Leoneetquelquescas dans la région septentrionale de la RépubliqueDémocratiqueduCongo.

LepremiercassignaléenAfriquedel’Ouestremonteàdécembre2103àGuéckédou,unerégionforestièredeGuinéeprochedelafrontièreavecleLibériaetlaSierraLeone.Enmars2014, leLibériaavait signalé8 cas suspects et la Sierra Leone 6 cas ; fin juin,759personnesavaientété infectéeset467étaientmortesdelamaladie,faisantdecettemaladielapireépidémied’Ebola. Les services de santé enGuinée,au Libéria et en Sierra Leone n’étaient pas bienéquipéspourluttercontrelamaladie.Lesmédecinsne connaissaient pas les symptômes et parcequ’ils ressemblaient à ceux d’autres maladies, lesdiagnostiques précoces et une prévention efficaceont été lents au début. Des pratiques habituellescomme le lavage des mains, la tradition qui veutque l’on s’occupedesparentsmaladeset le lavagedes cadavres pour la préparation des funéraillesontégalementcontribuéà lapropagationduvirus.Lemanquedepersonnelmédicaletdelitsdanslesunités de traitement des patients infectés par levirus, lacomplexitéde l’identificationdescasactifsetlescontactsainsiquelalenteurdesréactionsontégalementcontribuéàlagravitédelacrisesanitaire(PNUD,2014).

L’épidémie de 2014 en Afrique de l’Ouest a faitun nombre de morts impressionnant. Le taux demortalité dû à la maladie est estimé à un chiffre

1 LamaladieàvirusEbolaaétésignaléeinitialementen1976à Yambuku, un village de la République Démocratique duCongoprochede larivièreEbola,d’où lenom.Depuis,plusde20épidémiesduesàcevirusontéclatéprincipalementenAfriquedel’EstetenAfriquecentrale.

comprisentre60et70%.Bienquelefoyerproviennedes zones ruralesdeGuinée, il a le plusdurementtouchéleLibériaetlaSierraLeone,enpartieparcequ’il a atteint des zones urbaines dans ces deuxpays, facteur qui distingue cette épidémie desprécédentes qui étaient brèves et surtout rurales.Selon les rapportsde l’Organisationmondialede lasanté (OMS), lespays touchéssontclassésen troisgroupes:ceuxayantunetransmissiongénéraliséeetintense(Guinée,LibériaetSierraLeone),ceuxayantun ou plusieurs cas initiaux ou une transmissionlocalisée(Mali,Nigéria,RépubliqueDémocratiqueduCongo,Sénégal)etceuxquisetrouventàproximitédezonesdetransmissionactive(Bénin,BurkinaFaso,Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau et Sénégal) (OMS, 18septembre2014).

Au-delà du nombre terrible de pertes de vies etdes souffrances, l’épidémie a déjà une incidenceéconomiquemesurable,commeonpeutleconstaterau niveau de la baisse de la de production, de lahaussedesdéficitsbudgétaires,dehaussedesprixetdelachutedurevenuréeldesménages.LePIBetles investissementsdevraientdécroître. Leprixdesproduits de première nécessité sont déjà en trainde grimper, les approvisionnements alimentairess’étiolent et des emplois sont supprimés alors quecertains pays ferment les postes frontières (PAM,2014), que les compagnies aériennes suspendentleursvolsetquelalibrecirculationdespersonnesestinterditepourtenterd’empêcherlapropagationduvirus.Lesmarchéstransfrontaliersontétéfermés,privant les commerçants de leur seule source derevenu (OMS, 18 septembre 2014). La plupart dessecteurs touchés sont l’agriculture, le transport, letourisme, le commerce, l’exploitation minière et lesindustries.

La panique et la confusion peuvent être aussiperturbatrices que la maladie proprement dite.Des études portant sur de précédentes épidémies,commelesyndromerespiratoireaigusévère(SRAS)en 2003, ont montré que des maladies mortelles

1. INTRODUCTION

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commelamaladieàvirusEbola,pourlesquellesiln’yapasdetraitement,onttendanceàprovoquerdesréactions disproportionnées même si le risque detransmissionestfaible.

LapaniqueetlaconfusionliéesàlamaladieàvirusEbola dans les trois pays les plus touchés ont étéenpartieprovoquéespar lespremièresprojectionset les comportements initiaux. La plupart de cesprojections sur les incidences économiques de lamaladie s’appuient sur des données disparateset sont dès lors peu fiables quant à l’évolutionépidémiologiquefuturedelamaladie(Gouvernementsierraléonais,Ministèredelasantéetdel’hygiène,2014). Elles partent de l’hypothèse de base selonlaquelle l’épidémie est susceptible de se propagerrapidement et ne rendent pas pleinement justiceauxréactionspolitiquesrapidesouauxinterventionshumanitairesdesgouvernementsetdespartenairesdedéveloppement.

Par exemple, la Banque mondiale a estimé enoctobre2014l’impactfinancierrégionalsurdeuxans (2014-2015) à 32 milliards de dollars si le viruscontinuedesévirenGuinée,auLibériaetenSierraLeoneets’étendauxpaysvoisins(Banquemondiale,2014a). Toutefois, cette estimation s’est avéréeirréaliste étant donné la prévalence actuelle de lamaladie. L’étude de la Banque mondiale a aussisous-estimé l’incidencepotentielledesmesuresdeconfinementprisesparlespays-notammentaprèsladéclarationdel’étatd’urgenceauNigériaenaoût(voir l’encadré1)–etdesinterventionsinternationales.Endébut décembre, la Banquemondiale amis à jourcetteanalyse,estimantlerevenuperdudanslestroispayspendant lesdeuxansàplusde2milliardsdedollars(Banquemondiale,2014b).

Étant donné lemoment où elles ont été rédigées,les premières études n’ont généralement pas tenucompte des changements de comportement faceà l’épidémie constatés. Les premiers modèlesde projection n’ont pas non plus tenu compted’autres réactions,comme lesenvoisde fondsplusimportantsdeladiasporapoursoutenirlesfamillesdanslespaystouchés,lesréaffectationsbudgétairesdes gouvernements en faveur des soins de santé

et de la gestion des urgences et les financementssupplémentairesdesdonateurs,quiont tous limitél’expansion des zones touchées. Ces réactionsdevraientêtredésormaisutiliséesetintégréesdanslanouvellegénérationdeprojections.

Certaines caractéristiques dans les pays les plustouchés ont rendu l’épidémie particulièrementdifficile àmaîtriser. La peur a aggravé la crise touten amenuisant les liens sociaux et en exacerbantl’incidencedel’épidémie,entraînantlafermeturedesécoles,desentreprisesetdesfrontières,réduisantleséchangescommerciaux,freinantlesinvestissementset atténuant par conséquent les perspectives decroissancepourlesannéesàvenir(PNUD,2014).Enoutre, l’épidémieàvirusEbolaaeudes incidencessurlesprincipalesculturescommercialesetproduitsd’exportation,contribuantà laréductiondurevenudes ménages et en dernier recours à celle de leur pouvoir d’achat ainsi qu’à l’accès aux produitsalimentaires(PAM,2014).

C’est dans ce contexte que la CEA a élaboré laprésente étude, qui s’appuie sur les conclusionsdes missions de l’équipe spéciale de la CEA surEbola,quis’estrendueauLibériaetenSierraLeone (6-15octobre)etenGuinée(12-15novembre)etsurlavisitequeleSecrétaireexécutifdelaCommission aeffectuéedanslestroispaysdu22au25octobre.

OBJECTIFS ET PORTÉE DE L’ÉTUDEL’objectif global est d’évaluer les incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola nonseulementsurlespaystouchésavecunetransmissionlarge et intense mais aussi sur l’Afrique de l’Ouest et surlecontinentdanssonensemble,àlafoisdupointdevuedescoûtsréelsinduitsetdesperspectivesdecroissanceetdedéveloppement.

L’étude analyse les incidences – quantitatives etqualitatives–del’épidémieettentedesaisirlesliensexistant entre elles en analysant les mécanismeset les canaux de transmission tout en essayantde comprendre leur importance. Analysant cesconclusions, l’étude offre des recommandationsvisant à atténuer les incidences, notamment en

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

concevantdesmécanismesdesurvieetderéactionplussystématiques.

Malgré le degré d’incertitude qui peut peser surcertaines estimations et analyses proposées dansla présente étude, elles sont utiles pour que lesdécideurs (des pays touchés et de ceux qui nele sont pas) comprennent mieux les incidencesqu’uneépidémied’Ebolapeutavoirsurleurseffortsde développement et leurs performances socio-économiques, afin de planifier à l’avance et deconcevoirdesstratégiespouraccroître larésilienceà la maladie. Les constatations et conclusions del’étudeserontmisesàjourjusqu’àcequelacrisesoitterminée, constituant ainsi àuneévaluationàpartentièreunefoisl’épidémiecontenue.

STRUCTURE DU RAPPORTLerapporteststructuréenhuitchapitres,ycomprisla présente introduction. Le chapitre 2 présente lecadreconceptueletlaméthodologie; lechapitre3faitlarevuedelalittératureconsacréeàlamaladieà virus Ebola en Guinée, au Libéria et en SierraLeonedepuis ledébutde l’épidémie. Lechapitre4décritlasituationépidémiologiqueetl’ampleurdesréactionstandisquelechapitre5offreuneanalysemacroéconomiquedesincidencesdelamaladie.Lechapitre 6 examine les dimensions sexospécifiquesetlavulnérabilitédessystèmesdesantéafricains,lechapitre7présenteuneanalysedessentimentsfaceàl’épidémie,etlechapitre8conclutl’étudepardesrecommandationsdepolitiques.

ENCADRÉ 1: COMMENT BARRER LA ROUTE À LA MALADIE À VIRUS EBOLA:

L’EXPÉRIENCE DU NIGÉRIA

Le Nigéria est cité comme véritable réussite dont on chante les louanges pour avoir endigué la propagation de la maladie et l’avoir contenue à l’intérieur de ses frontières par rapport à la Guinée, au Libéria et à la Sierra Leone. Cette réussite est en grande partie imputable au leadership courageux et décisif dont a fait preuve ce pays, des plus bas échelons de l’administration locale aux plus hautes sphères du pouvoir. Les dirigeants nigérians ont eu des décisions difficiles à prendre, voire impopulaires, comme, par exemple, le fait de suspendre les activités scolaires, de décourager le contact physique direct comme les poignées de main, et de restreindre le déplacement des cadavres des régions affectées aux régions non touchées. Toutes ces mesures ont permis dans l’ensemble de maîtriser avec efficacité la propagation du virus Ebola.

De par la taille même de son économie et de sa structure de gouvernance bien décentralisée, le pays a également pu, notamment dans les régions touchées, mobiliser et déployer rapidement diverses ressources, y compris des ressources humaines et financières. Ces interventions ont été étayées par un système de santé relativement fonctionnel qui a permis d’asseoir une riposte multisectorielle efficace face à la maladie. En outre, diverses parties prenantes, y compris le secteur privé, ont contribué considérablement à enrayer la propagation de la maladie à virus Ebola en œuvrant de concert avec les pouvoirs publics pour prendre des mesures coordonnées afin de rassembler les ressources financières et les équipements nécessaires pour combattre le virus.

Source: Nwuke 2014

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CADRE CONCEPTUEL

Lasituationd’urgencecrééeparlamaladieàvirusEbola pourrait sans doute entraîner des effetssecondairesenchaîne,susceptiblesderemettre

encause lesprogrèsaccomplissur leplansocialetd’entraver leséconomiesdespaystouchéspourdenombreuses années à venir. Si la préoccupationimmédiate au moment du déclenchement del’épidémie est de sauver des vies et de contenirla propagation de la maladie, il est important decomprendre lamesuredans laquellecettedernièreaffecte les ménages et les rapports sociaux et,partant, les moyens de subsistance. Une riposteglobaleàl’épidémieexigeradesmesuresd’urgenceimmédiates associées aux perspectives à moyenet long terme, afindepermettreauxpays touchésdeseremettresur lavoiede laréalisationde leursobjectifsdedéveloppement.Lafigure1présenteuncadre conceptuel pour analyser quelques-unes desprincipales incidencessocialesetéconomiquesquepourrait avoir la maladie pour les pays touchés etpourl’Afrique.

INCIDENCES ÉCONOMIQUES

Les incidences sur lespays touchés sontgraves. Laplupart sont engendrées par des comportementsd’aversionaurisque,notammentl’augmentationdel’absentéisme au travail et la baisse des échangeséconomiquesdusàlapeurdecontracterlamaladie.Un ralentissement de la consommation couranteobligelesentreprisesàréduirelesheuresdetravailet à licencier du personnel pour maintenir lesactivités.Lesmoyensdesubsistancesontégalementaffectés, l’informalité devient la norme plutôt quel’exception et le marché réagit par la hausse desprix, laquelle s’alimente de la spéculation, des

difficultésd’approvisionnementenmarchandisesetdesfluctuationsmonétaires,quialtèrent lesmodesréguliersdeproductionnationale.

L’effet global des changements dans lesmodes deconsommationpeutégalementavoirun impactsurles habitudes de consommation internationales.Les partenaires commerciaux réguliers pourraients’abstenir de traiter dans l’immédiat avec les paystouchésparlamaladie,peut-êtreàcausedenouvellesrèglementations préventives et de changementsdanslesserviceslogistiques.Certainspaysontdéjàannoncé d’éventuelles restrictions concernant lesvisas pour les visiteurs en provenance de régionstouchées.Lesavions,trainsetcamionstransportantdespassagersoudesmarchandises,pourraientvoirleursactivitésréduitesoutotalementsuspendues.

Ladétériorationde l’environnementdesaffairesnese limite pas à un secteur en particulier, même sielletouchecertainssecteursplusqued’autres.Ellevarie, toutefois, suivant les pays, dont elle reflètela structure économique. Des effets se font sentirdans des activités du secteur primaire telles quel’agriculture, l’exploitation minière et forestière.Ils se font aussi sentir dans le secteur secondaire,transformation et construction et dans le secteurtertiaire,plusgénéralementletourisme,lesservicesfinanciersetlecommerce.Néanmoins,larécessionéconomique pourrait se répercuter sur plusieurssecteursàlafois.

Lacriseetlarécessionéconomiquequil’accompagneinfluent sur les investissements et les flux decapitaux.Danslesecteurpublic,lamiseenœuvredeprojetsdegrandeenvergureaété touchéetantdupointdevuedelamaind’œuvrequedel’incapacité

2. CADRE CONCEPTUEL ET MÉTHODES D’ANALYSE DES INCIDENCES

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

financièreàassumerlescoûtsdueàunediminutiondes recettes publiques, ce qui a à son tour ralentil’économieetaccentuélarécession,endécourageantl’investissementétranger, en réduisant les réservesfinancières du pays, en augmentant les notationsdu risque et en affectant la stabilité monétaire etbudgétaire.

Dans une perspective continentale, l’épidémie àvirus Ebola peut être préjudiciable à l’intégrationrégionale.Lasuspensionducommercedesbiensetservices peut obliger des partenaires traditionnelsà rechercherd’autres sourcesd’approvisionnementpourmaintenirl’offre,cequientravel’intégrationetmenaceleseffortsdetransformationéconomiqueetd’accroissementdelaproductivité.

INCIDENCES SOCIALES

D’unpointdevuesocial,laconséquenceimmédiateetlaplusdirectedel’épidémieestuneaugmentationdelamorbiditéetdelamortalitéchezlespersonnesinfectéespar le virus.Vue lanature fulgurantedesinfections, on s’attend à ce que les victimes de lamaladie à virus Ebola présentent des symptômescliniques entre 2 et 21 jours après leur entrée encontact avec celui-ci;mais dans la plupart des cas,les symptômes apparaissent 8 à 10 jours aprèsl’exposition. Compte tenu du taux de mortalitéélevédelamaladie,quiestdeprèsde37%2(avec,cependant, de nettes variations suivant les pays),l’épidémie peut causer des pertes importantes envieshumaines.

Le traitement des patients atteints d’Ebola exigeun protocole très délicat et global qui nécessiteuneformationetunéquipementspécialisés, l’idéalétantd’enacquériravant laflambéede lamaladie,afin d’accroître les capacités du système de santé.L’actuel mode d’acquisition (après coup) entraineune charge considérable sur lesbudgetsordinairesde santé et un transfert de ressources. Cettesituation tend à exercer une pression extrême surlessystèmessanitaires,quiainévitablementuneffet

2 Selonl’OMS,letauxmoyendelétalitéliéàlamaladieàvirusEbolaestd’environ50%.Lestauxdelétalitéontvariéde25%à90%aucoursdesdernièrespoussées.Jusqu’au2novembre2014,letauxdelétalitédel’actuelleépidémieàvirusd’Ebolaaétéde36,9%,unchiffresansdoutesous-estiméenraisondelasous-déclarationdescas(OMS,5novembre2014).

sur lafourniturerégulièredeservicesdesanté.Lescapacités nationales de prise en charge d’autresmaladies infectieuses (comme le paludisme et lafièvre jaune)et les servicesde santé réguliers (telsque les soins prénataux et les vaccinations) s’entrouvent par conséquent entamées, ce qui peutprovoqueruneaugmentationde lamorbiditéetdelamortalitérésultantindirectementd’Ebola.Or,cescasne seraientpasenregistrés commeétant liés àl’épidémie.Pourfinancerlesinterventionsdesanté,lesgouvernementsdespaystouchésmobilisentdesressourcesenopérantdesprélèvementssurd’autresdomainesd’activités,comme lestravauxpublics,etencreusantleurdéficitbudgétaire.

Au-delàdusecteurdelasanté,lafournitured’autresservices sociaux a été limitée afin de lutter contrela propagation de la maladie. Les programmes deprotection sociale et de filets de sécurité socialepeuvent également être affectés tant sur le planopérationnel que du point de vue des résultats.L’interruptiondesprestations,dueàuneréaffectationdes ressources et à l’incapacité de répondre auxbesoins pressants de la santé, peut perturber lesfilets de sécurité et entraver des initiatives encours au niveau communautaire et dont le succèsest tributairede la continuité.Desprogrammesdeconstitution d’actifs et de transfert de trésoreriedeviennentdes éléments essentiels à la surviedesplusvulnérables,etleurinstabilitéouarrêtpeuventempêcher la réalisation globale des gains sociaux,voire annihiler des progrès qui ont pris plusieursannéesàêtreréalisés.

Lesserviceséducatifsontaussiétéréduits;lespertesbudgétairesimmédiatesnesontpasencoreconnuescarilresteencoreàpayerlessalairesdesenseignants,entre autres, et à entretenir les établissements. Laplupart des coûts opérationnels récurrents, telsque lessalaireset lesservicespublicsdebasesonttoujoursprisenchargeparlesgouvernements,sansrésultats directs au plan de l’éducation. Les effetsimmédiats sur les résultats scolaires ne sont pasconnusnonplus.

Par ailleurs, les répercussions pourraient êtredévastatricesétantdonnéque lemanqued’activitééducative pourrait augmenter la probabilitéd’abandon scolaire, les enfants plus âgés étant

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Commission économique pour l’Afrique

FIGURE 1 : CADRE ANALYTIQUE DE L’ÉPIDÉMIE À VIRUS EBOLA

Source: CEA.

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Economic Commission for Africa

FIGURE 1. CADRE ANALYTIQUE DE L'EPIDEMIE D'EBOLA

Source: CEA.

Intégration et transformation de l’Afrique

Migration

Cohésion Stigmatisation Perceptions du risque

Governement/ Securité

Incertitudes

Surcroîts de dépenses pour le gouvernement et

la société

Commerce intra-africain et intercontinental

TransportCommerceTourisme

Epidémie de la maladie à virus Ebola

EFFE

TS S

OCI

AU

X EFFETS ECON

OM

IQU

ES

EFFETS INTANGIBLES

Baisse des résultats scolaires

Baisse des résultats sanitaires

Baisse des résultats en matière de

protection sociale

Revenu, alimentation

et nutrition des ménages

Augmentation des abandons

scolaires

Baisse de la fréquentation

scolaire

Accroissement des coûts des

systèmes sanitaires

Pression accrue sur les

systèmes sanitaires

Augmentation des taux de

morbidité

Industries agricoles, exploitation minière, transfert des connaissances,réunions

Non prise en charge des pathologies courantes:paludismevaccination, etc.

Augmentationdes taux

de mortalité

Problématique hommes -femmes

Changement de mode

de production

Changement de �ux de capitaux

Augmentation de l’absentéisme

au travail

Changement des modes de

consommation interne

Changement

consommation internationaux

des modes de Modes d’investissement

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

amenés à s’engager dans des activités de soutienet assumer des charges plus importantes poursubvenir aux besoins des ménages. Les annéesscolaires perdues peuvent également avoir unimpactpermanent sur le revenude lapersonneetperpétuerlecycleintergénérationneldelapauvreté.Lesfuturespertesdeproductivitéliéesauxpersonnespeu instruites qui ne retournent pas à l’écoleentrainerontunaccroissementdesinvestissements,justepourrétablirlesystèmeéducatifdanssonétatd’avantl’épidémie.

En somme, l’épidémie à virus Ebola pourrait avoirdesincidencesindirectessurlaformationducapitalhumain en détériorant les résultats scolaires, enlimitant la scolarisation, la fréquentation scolaire àunâgeadaptéetlebénéficed’unenseignementdequalitéàtouslesniveauxpourlesdifférentescohortesde la population. En outre, les établissementsscolaires devront être remis sur pied lorsque lesservices éducatifs auront repris, ce qui accentueral’impact économique de l’épidémie sur le budget del’éducation.

INCIDENCES IMMATÉRIELLES

Étant donné sa nature complexe et changeante, lapandémie induit des « incidences immatérielles» sur la cohésion sociale, la stigmatisation, lagouvernance et la sécurité, et la perception derisque.Lorsqu’ilsseconjuguentàsesrépercussionssocio-économiques, les effets non tangibles de lamaladiepeuventaggraverlacrisehumanitairedanslesrégionsdirectementtouchées.

Cohésion sociale: Depuis le déclenchement de lamaladie au début de 2014, les rassemblementssociauxcommelesmariages,lesréunionsreligieuses,les cérémonies funéraires et de nombreusesactivitéscommunautairesontété, soitabandonnésou considérablement réduits dans tous les paystouchés.Cetteévolutionadegravesconséquencessurlacohésionsocialeetlaconfiancequiserventdecimentsocial,enparticulierdansdespaysquisortentd’un conflit comme le Libéria et la Sierra Leone.Si elle n’est pas convenablement gérée, elle peutanéantirlesprogrèsréalisésdansl’établissementdelapaixetdelastabilitésocialeaprèslaguerreciviledanslesdeuxpays.Chosecruciale,desinformationset des conseils adéquats sur les mesures générales deprotectioncontrelamaladiedoiventêtrefournisà la population, faute de quoi, les fondements dela cohésion sociale pourraient être ébranlés par lastigmatisation et l’isolement de la communauté.Toutcelareprésenteunfacteurd’instabilitédansleszonestouchéesetleursvoisinagesimmédiats.

Stigmatisation:UneéquipetechniquedelaCEAquiarécemmenteffectuéunemissiond’enquête(octobreetnovembre2014)enGuinée,auLibériaetenSierraLeonearelevéquelastigmatisationtouchaittantlesprofessionnels de la santé que les patients guéris.Par exemple, les membres du personnel médical(médecins, infirmiers et personnel des hôpitaux)peuventêtremontrésdudoigtparlescommunautés,car ils sont perçus comme des vecteurs du viruset,partant,despersonnesavec lesquellesonévited’avoir lemoindre contact. Cette situationpourraitaccentuer la propagation de la maladie, puisquelesgensfuient lesétablissementsdesantédepeurd’entrerencontactdirectaveclepersonnelmédical.

ENCADRÉ 2: STIGMATISÉE APRÈS S’ÊTRE REMISE DE LA MALADIE À VIRUS EBOLA

L’enseignante Fanta Oulen-Camara a passé deux semaines en mars 2014 à se battre contre la maladie mortelle à virus Ebola dans un centre de traitement mais ses jours les plus sombres ne sont venus qu’après sa guérison et son retour à la maison.

« La plupart de mes amis ont cessé de me rendre visite. Ils ne me parlaient pas. Ils m’évitaient », a dit la jeune femme de 24 ans. « Je n’étais plus autorisée à enseigner ».

Source: Nichols et Giahyue 2014.

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Commission économique pour l’Afrique

Au plan institutionnel, la mise en quarantaine despatients et des victimes présumées - bien quenécessaire pour contenir la propagation de lamaladie - peut conduire à des violations de droitsfondamentaux, à cause des restrictions imposéesà la circulation des personnes et, par voie deconséquence, à leurs activités économiques. Parexemple, en septembre 2014, la Sierra Leone adécrété un confinement de population de troisjoursquiaconsidérablementlimitélesmouvementsà l’intérieur et hors des zones touchées, dans lecadre d’une riposte nationale visant à contenir lapropagationdelamaladie.

Pourêtreefficaces,lesmesuresd’isolementdoiventfaire partie d’un ensemble complet incluant lafourniture de moyens de subsistance aux patientset à leurs familles proches, pour leur permettrede répondre à leurs besoins de base comme lanourriture et l’eau d’assainissement. Ces mesuresdoivent être appliquées en étroite consultationavec les communautés concernées afin d’éviter uneffet de boomerang pouvant résulter de réactionsinattendues comme le déni de la maladie et ladissimulationdecassuspects,quimettentendangerencore plus de personnes. Sinon, l’isolement despersonnes et des communautés touchées risqued’entrainer leur mise au ban de la société et dedéclencherdesactesdeviolencecommecelaaétélecasauLibériailyaquelquesmois.Danscertainscas, des gens sont confrontés à la réprobationsocialemêmeaprèss’êtreremisdelamaladie(voirl’encadré2).

Comme aux premières heures du VIH/sida, ilconvientderechercherlesfacteursdéterminantsdelastigmatisationassociéeàlamaladieàvirusEbola,

si l’on veut gagner la bataille sur tous les fronts.Les interventions doivent viser à éliminer la peurde la transmission,quiest souventà l’originede lastigmatisation.Ilfaudraitapporterauxcommunautéset aux particuliers des informations adéquates surlesmodalitésdetransmission,etauxpersonnesdéjàatteintesduvirusdesmécanismesd’appui.

Gouvernance et sécurité:Étantdonnéquelaplupartdesservicesdesantédanslespaystouchésdoiventêtre consultés localement, lamaladieà virusEbolaa débordé les capacités de réaction des autoritéslocales.Lestroispaysdisposentdefaiblesstructuresde décentralisation et comptent de plus en plussur l’administration centrale pour la fourniture dela plupart des services nécessaires de lutte contrel’épidémie.Cette fortecentralisation a lepotentieldenuireàlacapacitédecesautoritésàdéployerdesressources.

Il est à noter que les centres de santé et les services publics dans de nombreuses communautéssont insuffisamment équipés pour fournir unsemblantdepaquetsanitairedécentetdeservicesd’accompagnementtelsquel’eauetl’assainissementensituationd’urgence.

Outre les problèmes liés à la gouvernance, lamaladieàvirusEbolaadesincidencesenmatièredesécurité. Par exemple, au niveau sous-régional, lesloisetrèglementsenmatièred’immigrationontétédurcis pour contrôler l’afflux de personnes venantdespaystouchés.Ceciobligelesgensàutiliserdescheminsdétournésà l’allerouauretour,aggravantainsilerisquedecontagionpourdeszonesjusque-làépargnéesparlevirus.Or,lespaysd’Afriquedel’Ouest,comme beaucoup d’autres pays du continent, ont

ENCADRÉ 3: ROYAL AIR MAROC CONTINUE DE DESSERVIR LES PAYS TOUCHÉS PAR LA MALADIE À VIRUS EBOLA

Royal Air Maroc a maintenu ses vols à destination de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone, les trois pays fortement touchés par le virus Ebola. La compagnie a pris cette décision à un moment où ces pays étaient durement frappés par une crise de santé et risquaient d’être de plus en plus isolés. L’engagement de la compagnie a permis à l’aide internationale d’atteindre les zones touchées. Interrompre les vols aurait sans doute aggravé une situation déjà alarmante.

Source: Royal Air Maroc

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

ENCADRÉ 4: LA VIE AVEC LE VIRUS EBOLA : LA GUINÉE ÉQUATORIALE ET LE NIGER VONT ACCUEILLIR LA COUPE D’AFRIQUE DES NATIONS

La compétition de football la plus importante du continent, la Coupe d’Afrique des Nations et les célébrations connexes auront lieu sur le continent africain du 17 janvier au 8 février 2015. Cette compétition aura lieu grâce à la détermination du Gouvernement et du peuple de la Guinée équatoriale qui ont accepté de l’accueillir malgré les inquiétudes concernant l’épidémie à virus Ebola. L’Afrique dans son ensemble a salué cette démarche du Gouvernement et du peuple de la Guinée équatoriale. Le pays a mis en place des mesures visant à minimiser les risques associés. Dans une interview à la BBC, M. Lucas Nguema Esono Mbang, deuxième vice-premier ministre en charge des affaires sociales et ministre de l’éducation et des sciences, a affirmé que « le pays a obtenu 2 millions de dollars pour se procurer des équipements de santé et a créé deux zones de quarantaine et d’isolement avec des chambres spécialement équipées à Malabo et Bata». Outre les contrôles habituels aux aéroports, le pays a également mis en place des points de contrôle dans les quatre stades qui accueilleront les compétitions pour détecter et isoler les cas suspects en prenant la température. De l’autre côté du continent, les préparatifs sont en cours pour accueillir la Coupe d’Afrique des Nations des moins de 17 ans (U17) à Niamey au Niger, du 15 février au 1er mars 2015.

Source: Confédération Africaine de Football (CAF)

desfrontièreslonguesetporeusesquisontdifficilesàsurveillerpourempêcher lacirculationillégaledepersonnes et de biens, une situation qui accroît lerisquedepropagationduvirus.Lemouvementsansrestrictiondespersonnespeutaussi compromettrelasécuritéauxfrontières.

Perceptions du risque: La maladie à virus Ebolafausse les perceptions des milieux d’affaires àl’égard de l’Afrique en général et des trois pays enparticulier, influençant négativement les décisionsd’investissement à long terme. Certains paysafricains,àladifférence,ilfautlenoter,duMaroc(voirl’encadré3), ont interrompu les vols àdestinationdespaystouchésenraisondurisquedetransmissionperçu.Denombreuxpaysàtraverslemondeontprisdesmesures strictes dedépistagedans leurs portsd’entréepourtouteslespersonnesqu’ilsconsidèrentcommeétantàrisqueélevé,enparticuliercellesenprovenancederégionstouchées.

Ces mesures illustrent les effets néfastes desperceptions négatives et de l’ignorance sur lesactivités économiques. Les pertes associées auxdécisions d’investissement annulées ou retardées,par exemple, peuvent s’avérer immenses. Elles

ternissent l’image internationale de régionmontanteetaupotentieldecroissanceetd’affairesconsidérablede l’Afrique.Cetteperceptionpourraitdéfinitivemententamerl’imageducontinentsirienn’est fait par ses dirigeants et ses citoyens pour lacontrecarrer. Certaines pratiques valent la peined’être mentionnées à cet égard, à savoir l’accueilpar la Guinée équatoriale et le Niger de la Couped’AfriquedesNations(voirl’encadré4).

MÉTHODES D’ANALYSE DES INCIDENCESComment donc mesurer ou, en tout cas, analyserleseffetsci-dessus?LaCEAafaitappelàdifférentesméthodesdansdiversespartiesdelaprésenteétude.Ce qui sous-tend l’ensemble, c’est la disponibilitédesdonnées,laquelledéterminelargementlechoixdemodèle ou d’approche à utiliser pour telle outelle analyse. Étant donné la grande diversité devariables et de secteurs économiques touchés parlamaladieàvirusEbola,onest tentéd’utiliserdesmodèles macroéconomiques pour rendre comptedeschangementsetdes interactionscomplexesdebaseinduitsparl’épidémie.

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Commission économique pour l’Afrique

Laprésenteétudeestbaséesurquatreapproches.

ANALYSE QUANTITATIVE ET QUALITATIVE DESCRIPTIVE

Utiliséedanslamajeurepartiedeschapitres4,5et6,cetteapprochepermetdesuivrel’évolutiondelamaladieetseseffetsauplansocial,économiqueetimmatérielainsiqueleurinteraction,conformémentau cadre d`analyse précité (voir la figure 1). Elle aaussieurecoursàdesmodèlesmacroéconomiques.La CEA a utilisé des données primaires etsecondaires recueillies par des ministères, desservices et organismes nationaux dans les paystouchés, ensemble avec des données provenantd’organismes des Nations Unies se trouvant sur leterrainetd’autressources.Concernant lesversionsultérieuresdurapport,desinformationssecondairesseront régulièrementcompiléessurdes indicateursclefs3 par points focaux établis durant lesmissionsdéployéesdanslespaystouchés.

Enquête sur l’état de préparation des pays nontouchés et sur les effets indirects de la maladie àvirusEbola

Certains pays voisins ont fermé leurs frontièresavec les régions touchées par la maladie d’Ebola.D’autres ont instauré des contrôles sanitaires dansles aéroports et/ou même des contrôles régulierspartéléphonesmobilesoffertsparlegouvernement,comme auMaroc. L’étude de la CEA comporte unsondage continu auprès des pays africains dans lebut d’évaluer, d’une part, l’état de préparation despaysnontouchésou«légèrement»touchés(Mali,NigériaetSénégal)faceàuneéventuellepousséedelamaladieàvirusEbolaet,d’autrepart,laperceptionque ces pays ont des effets indirects découlant deleurs liens avec les trois pays touchés. L’enquête,menéedeconcertavec lesbureauxsous-régionauxdelaCEA,porterasurdesquestionsconcernantlessecteurs socio-économiques touchés, les mesuresspéciales prises par les pouvoirs publics, les coûts

3 Nombredecas,tauxdelétalité,surcroîtsdedépensespourlescentresdesanté,effectifsdupersonnelmédical,demandeetoffredesoinsdesanténonliésauvirusEbola,fréquentationscolaire, dépenses publiques en soins de santé et dansd’autres domaines, indicateurs économiques nationaux,dontlaproductionsectorielleetl’inflation,commerceetfluxd’investissement,etc.

directsdesmesuresintroduitesetleseffetsindirectsdel’épidémie.Lesrésultatspréliminairesdel’enquêtereçus le10 janvier2015sontexaminésà lasectionintitulée«Enquêtesurl’étatdepréparationdespaysnontouchésetsurleseffetsindirectsdelamaladieàvirusEbola».

TRANSMISSION INTERNATIONALE DES EFFETS DE LA MALADIE À VIRUS EBOLA

L’ondedechocéconomiquenégativeprovenantdeGuinée,duLibériaetdeSierraLeones’esttransmiseauxpaysaveclesquelscesderniersentretiennentdesliens économiques étroits (analysés plus en détaildans la section intitulée« Incidenceséconomiquesde lamaladie à virus Ebola sur l’Afriquede l’Ouestet sur le continent). Pour mesurer l’ampleur deseffetssur lacroissanceenAfriquede l’Ouestetsurle continent, on a utilisé le Modèle de prévisionséconomiques mondiales (WEFM). Le WEFM, quiinclutplusde150paysassociés,est régulièrementutiliséparleDépartementdesaffaireséconomiqueset sociales (DAES) des Nations Unies et lescommissionsrégionalesdel’organisationpourétablirdes projections économiques au niveau mondial,régional et national. Il comprend une structuredétailléede liens internationauxquioffreuncadrepouranalyserlatransmissioninternationaledechocséconomiquesvenantd’unoudeplusieurspays.

ANALYSE DES PERCEPTIONS PAR L’EXPLORATION DE TEXTES STATISTIQUES

L’exploration de textes statistiques (tel qu’utiliséedanslechapitre7intitulé«Analysedesperceptions»)permetdemieuxcomprendrelafaçondontlamaladieàvirusEbolaetl’imagedel’Afriquesontperçuesdansle monde. Partant d’un large échantillon d’articlessur lamaladie, laCEAaexploitéunoutilnormaliséd’analyse de textes statistiques (accessible dansle progiciel R d’exploration des textes statistiques)et a calculé les statistiques sur les mots les plusutilisés, les thèmes récurrents, leurs fréquences,leursproximités,etc.L’analysedesrésultatspermetd’éclairerlesperceptionsdelamaladieàvirusEbolaparrégionetleursvariationsdansletemps.

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

L’examen non exhaustif ci-après des récentespublications – provenant principalement duPAM, de la FAO, de l’UNICEF, du PNUD, de

OCHA, de l’IFPRI, du Plan international, du FMIet de la Banque mondiale – passe en revue lesincidencessocio-économiquesdanslestroispaysles plustouchés.

GUINÉEIncidences économiques: La situationéconomiquedans les pays touchés par le virus Ebola s’estdétériorée en raison des effets combinés de lamaladie et des problèmes structurels existants. LaGuinée en est un bon exemple, étant donné sesproblèmesstructurelsde faibleaccèsà l’énergieetde lente mise en place des réformes structurellespouraméliorerlacroissanceetréduirelapauvreté.

Enaoût2014,leFMIaréviséàlabaisselacroissancedu PIB pour laGuinée, de 4,5% à 3,5%pour 2014(FMI, 2014a). En octobre, lamaladie à virus Ebolaa entrainé une révision à la baisse des prévisionsdu FMI à 2,4% alors que celles pour 2014 de laBanquemondialesontpasséesde4,5%à2,4%,avecune croissance prévue de 2% pour 2015 (Banquemondiale,2014a),endessousdutauxde4,3%prévuavantl’épidémie.Endécembre,laBanquemondialeadenouveauréduitlesprévisionsdecroissanceduPIB pour 2014 à 0,5 % (Banquemondiale, 2014b)alors que les prévisions du gouvernement guinéens’établissent à 1,3% en novembre 2014 pour lamêmeannée.

Cette révision officielle entraînerait une perte derevenu de 662 millions de dollars comparée auxprojectionsinitialesétabliespour2014.

Le PNUD prévoit une diminution de la croissanceduPIBde2,3%.Cetteanalysebaséesurunmodèled’équilibregénéralcalculableindiqueunediminutiondelacroissanceduPIBpour2014de6,1%.Selonlesestimations,mêmeside l’épidémieestcirconscriteendébutde2015, ladiminutionduPIBpour2015pourraitsesituerentre230et300millionsdedollars(PNUD2014b).

Les incidences indirectes affectent non seulementles investissementsdans lepaysmais se traduisentaussi par des pertes d’emplois, du sous-emploi etune baisse des revenus individuels et de ceux desménages.Danslessixmoisquiontsuivil’apparitionde l’épidémie en mars 2014, la perte totale desrevenusdesménagesaétéestiméeà13%(PNUD,2014),). Cette situation est principalement due aufaitquelacatégoriedeménagestouchésdemanièredisproportionnée appartient à la tranche d’âgeéconomiquementactive(legroupe15-49ans).Dansunenvironnementoù l’espérancede vie est faible,ce groupe contribue au revenu des ménages de façoncruciale.

En octobre 2014, l’incidence budgétaire del’épidémie était estimée à 120 millions de dollars(50millions attribués aux pertes de revenus et 70millions à l’augmentation des dépenses (Banquemondiale, 2014a). Les dépenses liées directement

3. DOCUMENTS RÉCENTS SUR LES INCIDENCES DE LA MALADIE À VIRUS EBOLA EN GUINÉE, AU LIBÉRIA ET EN SIERRA LEONE

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Commission économique pour l’Afrique

à lamaladieengagéesen2014 sontévaluéesà90millionsdedollarsàcejour,dontunmontantde10millionsdedollarsautitrederessourcespropresetleresteprovenantdebailleurs.L’incidencebudgétairedel’épidémieaétélourde,représentantplusde200millionsdedollars,encomptantlabaissedesrevenus,l’augmentationdesdépenseset les investissementsabandonnés(Banquemondiale,2014b).

Incidences sociales: Les conséquences sociales de l’épidémie intègrent des changements decomportement – parfois violents -, motivés par lapeur.Dans la partiemontagneusede laGuinéeoùl’épidémieacommencé,desvillagesenfouisdanslaforêtdenseontétécoupésdumondeextérieur.Enseptembre2014,huit fonctionnaireset journalisteslocaux,membresd’unemissiondesensibilisationsurlesdangersduvirusEbola,ontététuésparlafouledanslevillagedeWomey,leurscorpsdémembrésetjetésdansunefosseseptique.Dansunautrevillage,Koyama,unofficieldehautrangdelalocalitéaétéretenuenotagependantdesheures,sousunepluiede pierres. Il était alors devenu impossible pour laCroixRougeetpourd’autreséquipesinternationalesd’entrer dans les villages pour récupérer lespersonnesmaladesoulescorps.

L’éducation demeure temporairement suspendueet les campagnes de vaccination sont perturbées.La fracture sociale dans la région forestière estmoins grave, mais reste perceptible. Certainescommunautésvillageoisessontexcluesdesmarchéshebdomadaires.Environ230000personnessontensituationd’insécuritéalimentairesévèreenraisondel’impactduvirusEbola.D’iciàmars2015,cenombredevrait passer à plus de 470 000. La productiontotale des cultures vivrières en Guinée pour 2014pourrait être en baisse d’environ 3%par rapport àl›année précédente (FAO/PAM, 2014a). Selon lesenquêtesàdistancemenéesparlePAM,lamaladieàvirusEbolaconstitueunchocpourunesituationdéjàprécaired’insécuritéalimentaireetdemalnutritionchroniques (OCHA, 2014), en particulier dans leszonesforestièresdelaGuinée.L’IFPRI(2014)estimeà15%laproportiondelapopulationsous-alimentéedupaysentre2011et2013,avec18,2%desmoinsdecinqanssouffrantd’une insuffisancepondérale. Le virus EBOLA intègre une importante dimension

genredanslespaystouchés.EnGuinée,lesfemmesreprésentent la plus grand part des personnesaffectées à Gueckédou (62%) et Télémilé (74%).L’épidémie a perturbé d’importants secteursgénérateurs d’emplois pour les femmes, enparticulier les activitésdu secteur informel commela production et l’échange de produits agricoles etartisanaux(PNUD,2014b).

LIBÉRIAIncidences économiques:Mêmeavantl’éclatementdelamaladie,certainesorganisationsmultilatéralesavaient prévu un ralentissement de la croissanceau Libéria. Le FMI, par exemple, anticipait unralentissementdelacroissancede8,75%(en2013)à6%(en2014)avantmêmelamaladieàvirusEbola.Toutefois,enraisondel’épidémiequiaconduitàunebaissedel’activitédanslesecteurminier,lesecteuragricole et les services au deuxième semestre del’année, leFMIa révisépar la suitesaprévisiondecroissanceréelleduPIBpourleLiberiapour2015à2,5%(FMI,2014c).Enoctobre,laBanquemondialearévisésesprévisionsdecroissancede5,9%avantlacriseà2,5%(Banquemondiale,2014a)etensuiteà2,2%endécembre(Banquemondiale,2014b).

Cependant, étant donné que l’épidémie pourraits’atténuer dans le pays, avec certains signes d’unereprise de l’activité, les prévisions pour 2015 de laBanquemondialeanticipentunelégèrehaussedelacroissancequiatteindrait3,0%,relativementà2014.Bienquecechiffresoitnettementinférieurautauxde6,8%decroissanceduPIBprévuavantledébutde l’épidémie, il est supérieur au niveau de 1,0 %pourl’année2015projetéenoctobreparlaBanquemondiale(Banquemondiale,2014b).

L’inflationaaugmentéàenviron11%en juin2014etdevraitatteindre13,1%àlafindel’annéeselonleFMI(2014c).Lesimportationsontétéinférieuresde200millionsdedollarsà leursprojectionsavantla crise pour la même période. La croissance ducréditausecteurprivéesttombéeà14%enjuinparrapportàl’annéepassée.

Lesincidencesdel’épidémieàvirusEbolasurlesoldebudgétaire sont durement ressenties. Les recettes

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

fiscales devraient chuter d’environ 46 millions en2015 et de 49,9 millions en 2016, d’où un déficitbudgétairepour2015d’aumoins93millions (11,8%duPIB).LesdépensesdirectesliéesàlamaladieàvirusEbola(pourlasanté,lesmisesenquarantainedesécuritéetlesimportationsdeproduitsalimentaires)sontestiméesà67millionsdedollars(FMI,2014c).CommeenSierraLeone, les fortespressions sur lesecteur financier augmentent le volume de prêtsnonperformants,menaçantlastabilitéfinancièredusecteurbancaire.SelonlePNUD,lesrecettestotalespourraientdiminuerde7%, les recettesfiscalesde18%tandisque lesempruntsrisquentd’augmenterde171%(PNUD,2014b).

Incidences sociales: Deuxquartiers à fortedensitédémographiquedelacapitaleontconnudesémeutesen août à la suite des mesures de quarantaine prises par le gouvernement (FMI, 2014c). Plusgénéralement,l’inflationafrappédepleinfouetlespauvresetlespopulationsvulnérables,soulignantlanécessitéd’un réeleffortenmatièredeprotectionsocialedanslecadredespolitiquesderelancepost-Ebola.Parexemple,certainescommunautésauraientindiqué que le prix du riz a augmenté d’environ50% (Plan international, 2014) depuis le début del’épidémie.

Dansledomainedel’éducation,àcejour,lesélèveset les étudiants sont restés à la maison à la suite de la décision du gouvernement d’août 2014 defermer les écoles pour prévenir la propagation delamaladie.Ilestàcraindrequelesfillessoientplusexposées aux risques d’abus sexuel, de grossesseet de mariage précoce en raison du manqued’éducation et d’opportunités d’emplois, et d’uneplus grande pauvreté (Plan International, 2014). En ce qui concerne le secteur agricole et la sécurité alimentaire, environ 170 000 personnes sont ensituation d’insécurité alimentaire grave en raisonde l’impact du virus Ebola, et d’ici à mars 2015,le nombre devrait passer à plus de 300 000. Lapropagationrapideduvirusdanslepaysacoïncidéavec la période de croissance et de récolte descultures, et la pénurie demain-d’œuvre agricole aconduitàunebaissede8%delaproductiontotaledeculturesvivrières(FAO/PAM,2014b).Cettesituationvaaggraverl’insécuritéalimentaireetlamalnutrition

dans unpays où, entre 2011et 2013, 28,6%de lapopulationétaitdéjàvictimedemalnutritionetprèsde15%desenfantsdemoinsdecinqprésentaientune insuffisance pondérale (IFPRI, 2014). Selon l’UNICEF (2014), les enfants sont affectéspar cette épidémie de deux façons. Tout d’abord,beaucoup ont perdu un ou leurs deux parents etsont orphelins. Deuxièmement, l’épidémie a eu unimpact catastrophique sur les systèmes de santédéjà fragiles.Certainshôpitauxontdû fermer leursportes, obligeant les femmes à accoucher à lamaison et privant les enfants de vaccination et desoinsmédicauxdebase.

SIERRA LEONELaBanquemondialearevuàlabaissesesprévisionsde croissanceduPIBde2014pour la Sierra Leonede11,3%avant lacriseà8,9%enoctobre(Banquemondiale,2014a),puisà4%endécembre(Banquemondiale, 2014b). Les estimations du PNUD sontconformes au scenario prudent de la Banquemondiale. En fait, elles prévoient une diminutionde 4% sur la base du modèle d’équilibre généralcalculable.Etantdonnéquece scénarioest leplusprobable,lacroissanceduPIBpourraitêtrede7,4%en2014(PNUD,2014b).

Les incidences économiques incluent le ralentissementdelacroissance,lahaussedesprixetlabaissedu revenudesentreprisesetdeceluidesménages.

Le message général qui se dégage de l’évaluationpréliminairedugouvernement,publiéeenoctobre,indique que le pays connaîtra un recul dans lesprogrès accomplis dans la réalisation des objectifsdu Millénaire pour le développement et d’autresindicateurs économiques (Gouvernement de laSierra Leone, 2014). Le gouvernement prévoit unrecul de 11,3% à 6,6%de la croissance en 2014,dû principalement aux perturbations des activitéséconomiquesdansdessecteursaussiessentielsquel’agriculture, l’exploitation minière, la construction,la transformation, le commerce, le tourisme et letransport(GouvernementdelaSierraLeone,2014).LerapportduFMIsurlepayspubliéenseptembrefaitétatd’unebaissedelacroissancelargementsimilaire

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Commission économique pour l’Afrique

en2014,soitde11,3%à8%(2014bFMI).LeFondsprévoitunecontractiondelacroissancepour2015à2%,contrastantgrandementàlafoisavecles8,9%qu’ilavait lui-mêmeprévuavant l’épidémie àvirusEbolaetavecletauxde7,7%prévuenoctobreparlaBanquemondiale(2014b).

Selon les autorités nationales (Gouvernement delaSierraLeone,2014),lesachatsdusàlapanique,lesbaissesdel’offre,leszonesmisesenquarantaineainsiquelafermeturedesfrontières,ontfaitréviserà la hausse les prévisions d’inflation pour 2014 de6,7%enjuinà7,5%enaoût2014.LeschiffresduFMIde septembre situent l’inflationà10%pour lafin de 2014 et prévoit une hausse des niveaux deprixen2015(FMI,2014b).Heureusement,l’inflationsembleavoir légèrementdiminuéentre septembreet octobre 2014, l’inflation nationale est tombéede8,5à8,3%tandisqu’àFreetown,elleestpasséede12,6%à11,8%).Cettediminutionduniveaudesprixs’expliqueparl’arrivéedelasaisondesrécoltespendantlaquellel’offrededenréesalimentairessurlesmarchésaugmentenotablement(PNUD,2014b).

La lutte contre lamaladie à virus Ebola a entrainéune augmentation des dépenses publiques et desdépensesd’investissementréallouésaudétrimentdecertainsprojets(dontceuxenfaveurdelacroissanceàlongterme),cequis’esttraduitparuncreusementdu déficit budgétaire, même si les risques pour laviabilitédeladette/budgétairesontjugésmodérés.CommeauLiberia,ilexisteunecertainefragilitédusecteurfinancierdueàuneaugmentationdesprêtsnonperformants.

Labalancedespaiementssouffreaussidelasituation,en raison de l’augmentation des importations liéesà l’alimentationet à la santé (Gouvernement de laSierra Leone, 2014). Le FMI (2014b) projette quecelle-cipasserades38millionsdedollarsd’excédentprévus avant la crise à 72,4 millions de dollars dedéficiten2014.

Même si la fermeture des mines et d’autresentreprisesgéréesparlesmultinationalesaconduitàunebaissedes investissementsétrangersdirects,il convient de reconnaître le rôle compensatoirequejouentlesentréesdefondsdanslepaysviales

contributions volontaires et l’appui des partenairesde développement. Les restrictions au niveaunationaldutransportaérien,maritimeouroutieretlafermeturedesfrontièresontdurementfrappéleséchangesaveclespaysvoisinsainsiqu’avecd’autrespays. La monnaie nationale s’est dépréciée parrapportauxdevisesétrangères,dontlademandeestdevenueforteàl’intérieurdupays.Unautreimpactévident d’Ebola est l’augmentation du chômage.(NationalRevenueAuthoritydeSierraLeone,2014).

SaufpourlePIBetl’inflation,onnedisposepasdechiffres indicatifs sur la plupart des effets négatifsde la maladie sur l’économie. D’autres étudesse rapportent à ses incidences sur les recettesde la Sierra Leone tout en relevant ses canauxde transmission. D’après certaines estimationsnationales préliminaires, les recettes ont baissé de14,9%à lafinde2014,principalementàcausedel’épidémie (National Revenue Authority de SierraLeone, 2014). En termes monétaires, la perte derecettesliéeàEbolaserade45,7millionsdedollarsen2014etde91,3millionsdedollarsen2015,ou1% et 1,6% du PIB du pays horsminerais de fer. (FMI,2014b).

Incidences sociales: Les incidences négativescomprennent lesdécèsparmi lesmembresclésdupersonnel de santé, les infrastructures sanitairesmises à rude épreuve et les reculs sur les progrèsen matière de santé dus à la détérioration desprestationsdesanténonliéesàl’épidémie.Lesecteurdel’éducationasouffertàcausedelafermeturedesécoles et des retards dans l’exécution de projetsd’eau et d’assainissement ou de l’abandon de cesprojets. Selon les estimations de l’UNICEF, environ5millionsd’enfants âgésde trois à 17 ansne sontplusscolarisésàcauseduvirusEboladans lestrois paystouchés.

LamaladieàvirusEbolaconstitueunemenacepourlacohésionsociale,notammentauseindesgroupesvulnérables, comme les femmes et les enfants.Les femmes sont plus touchées que les hommes(51% contre 49%), avec plus de femmes qued’hommesdanslessecteursagricoleetcommercial(GouvernementdelaSierraLeone,2014).

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

Selon leministèrede lasanté, lenombred’enfantsmourantdemaladiescurablescommelepaludisme,lapneumonieetladiarrhéepourraitdépasserdetroisouquatrefoislenombredepersonnesdécédantduvirusEbola,àcausedelapeurdespopulationsdesefairesoignerdanslesétablissementsmédicaux.Alorsque50%desdécèsdanslepaysnesontpasliésEbola,beaucoupsontduesàuncomportementliéauvirusEbola,parcequelesgensontpeurdeserendredansles centres de soins de santé lorsqu’ils sont infectés pard’autresmaladiescurables(Sondageauprèsdesétablissements de santé en Sierra Leone, 2014). Les services sociaux essentiels comme lesprogrammes de protection de la santé infantile, lanutrition, l’eauet l’assainissement, lapréventionetletraitementduVIH,devrontrecevoiruneattentionparticulière pour que des familles déjà vulnérablespuissentêtremieuxprotégées.

En novembre 2014, la FAO et le PAM (2014c)ont estimé que 120 000 personnes étaient ensituation d’insécurité alimentaire grave en raisonde l’impact du virus Ebola en Sierra Leone. D’icià mars 2015, ce nombre pourrait atteindre 280000. Le pays avait déjà une forte proportion depersonnes sous-alimentées (29,4%) et d’enfantsde moins de cinq ans en insuffisance pondérale(19,9%) entre 2011 et 2013 (IFPRI, 2014 ; IFPRI :Welt Hunger Hilfe, Concern Worldwide, 2014). On estime que la production totale de culturesvivrièrespour2014serainférieurede5%parrapportà 2013. Cependant, la production de riz devraitdiminuer de 17% dans l’une des zones les plusinfectéesdupays(Kailahun),quiesthabituellementl’une des régions agricoles les plus productives. Les femmes représentent 60% des commerçantstransfrontaliersetdépendent largementdesventessur les marchés communautaires, et ces deuxactivitésontétégravementperturbéesparl’épidémie (PNUD,2014).

PRINCIPALES CONCLUSIONS – EBOLA N’EST PAS L’UNIQUE PROBLÈMELes trois économies avaient déjà des problèmesstructurelsquisontàl’originedelaplupartdeleursdifficultéséconomiqueset sociales. EnGuinée,parexemple,cesproblèmesstructurelssontnotammentla pénurie chronique d’électricité et l’absence deréformes structurelles. Le pays a connu en 2013unfort ralentissementdesactivitésdans lesecteurminier, dû principalement à une baisse de laproductiondebauxiteetdediamant.

Pour autant, l’avenir de ces pays (et celui d’autrespays africains) sera largement déterminé par desfacteurs non liés à l’épidémie. La baisse généraledes prix internationaux des produits primaires, parexemple, posera des problèmes à de nombreuxpays du continent. Il n’est pas non plus possible(dans les étudesd’impact) de fairedesprojectionsde tendances socio-économiques en s’appuyantuniquement sur les incidences de la maladie à virus Ebola. Par exemple, les élections constituentsouventdesmomentsd’incertitudequiaffectentlesperspectivesd’investissementetde croissance.Parexemple, lesélections,prévuesen2015auBurkinaFaso,enEthiopie,enGuinéeetauNigériaentreautrespays,constituentsouventdespériodesd’incertitudesquiaffectentlesperspectivesd’investissementetdecroissance, souvent en raison des retards qu’ellesinduisentdanslesinvestissements.

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Commission économique pour l’Afrique

L’épidémies’estdéclaréeenGuinéeenmars2014etarapidementgagnélaSierraLeone,leLibéria,leNigéria,leSénégal(uncas,importédeGuinée)

et,plustard,leMali.CetteépidémiedelamaladieàvirusEbola,laplusimportanteetlaplusmortelledel’histoire,estdenatureàdétruireletissusociald’unpays.Elleacoûté lavieàdesmilliersdepersonnes(lafigure2ci-dessousprésentelesdonnéeslesplusrécentesconcernantlaGuinée,leLibériaetlaSierraLeone)etdesmaladescontinuentd’affluerdanslescentresdesoin,quisontsurchargés.

Elle a débuté par une épidémie isolée de niveau2, que la Directrice générale de l’OMS a ensuiterequalifiée d’urgence de niveau 3 (le plus hautniveau) le24 juillet2014.L’épidémieestdésormaisconsidéréecommeunesituationd’urgencesanitairepubliqued’enverguremondiale.

Les systèmes de santé publique des trois paystouchéssontrelativementpeudéveloppésetnesontpas dotés des outils élémentaires pour établir lesdiagnostics, réaliser le traçage épidémiologique delamaladieoucommuniqueravecleszonestouchéesafin de collecter des informations ou les mettre àjour.Cespaysmanquentégalementdecompétencesde base nécessaires à l’accomplissement destâches essentielles de prévention et de contrôledesmaladies enmatière de santé publique. Parmiles principaux problèmes rencontrés figurent lemanquedecompétencesdansleslaboratoirespourpratiquerdes testsvirologiques rapides, lemanquedepersonnelde santéetdepersonnel formépourlediagnostic,letraitement,lagestionlogistiqueetla

recherchedespersonnesayanteudecontacts.Touscesproblèmesrendentlacrisesanitaireencoreplusaiguë.

Cestroispays,membresdel’UniondufleuveMano,présentent d’autres caractéristiques communes,comme la fragilitépolitiqueetunehistoire récentemarquée par les guerres civiles, la déliquescencedes liens entre l’État et la société, un « déficitde gouvernance » et la faiblesse des capacitésinstitutionnelles. Dix ans après la fin des conflitsrégionaux, les pays de l’Union du fleuveManoontréalisédesprogrès vers la réconciliation,mais tropde personnes sont encore marginalisées en raisondelapauvretéetduchômage.Lemanqued’emplois– particulièrement pour les femmes – la faiblessedes capacités institutionnelles et la pénurie deressourcesdanscespayspourfournirdesservicesdebase (eau, soinsde santé,éducationetélectricité),ainsi que les niveaux élevés de corruption sontsourcesdemécontentementparmilapopulation.Lacentralisation de l’État et laméfiance des citoyensenverscedernierainsiquelesinstitutionspubliquessuscitent la défiance dans certaines communautés,ce qui rend difficiles l’isolement des malades etle suivi despersonnes avec lesquelles il y a eudescontacts.

SITUATION ÉPIDÉMIOLOGIQUELaGuinéeaétélepremierpaysdel’UniondufleuveManotouché,endécembre2013.Lespremierscassignalés se sont produits à Guéckédou, Macentaet Kissidougou dans les régions forestières, puis

4. SITUATION EPIDEMIOLOGIQUE DE L’EBOLA, MESURES PRISES DANS LES TROIS PAYS ET AUTRES CAUSES MONDIALES DE MORTALITÉ

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

àConakry, lacapitaledupays.Le21mars2014, leGouvernement guinéen a déclaré qu’il s’agissaitd’uneépidémieaprèsquel’InstitutPasteurdeLyon(France)aconfirmélescassurleséchantillonsqu’ilavaitreçus.

Selonl’OMS,malgréunestabilisationdanscertaineszones, latransmissionduvirusdemeureintenseenGuinée, le nombre de cas fluctuant mais restantélevé. La transmission de la maladie est toujoursimportante àMacenta, dans le sud-ouest du pays,près de la frontière libérienne. Elle est persistantedans les préfectures voisines de Kérouane,N’Zérékoré, Beyla, Faranah et Coyah. Une action

soutenuepourcombattrelamaladieestnécessaireàConakry.LapréfecturedeSiguiri,àlafrontièreavecleMali,asignalédenouveauxcasconfirmés.Larégiondoitêtreplacéesoushautevigilance,notammentenraisondesaproximitéavecleMali,quiarécemmentfaitétatdeplusieurscas.

Lenombredenouveauxcasestenbaisseauniveaudel’épicentrede l’épidémie,Guéckédou.Sur les34districtsdelaGuinée,10n’ontpasétéaffectésparlevirus,contrairementauLiberiaetàlaSierraLeoneoùtouslesdistrictsontétéaffectés.

FIGURE 2 : CAS DE LA MALADIE A VIRUS EBOLA EN GUINÉE, AU LIBÉRIA ET EN SIERRA LEONE

Source: OMS, 7 janvier 2015

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Socio-economic Impacts of the Ebola Virus Disease on Africa

confirme cases.Ahigh levelofvigilance isneededthere,particularl becauseof itsproximity toMali,whichhasreportedseveralEBOLAcases.

Thenumberofnewcaseshasbeendecliningintheepicentre of the epidemic, Guéckédou. Out of 34districtsinGuinea,10arenota� ectedbythevirus,unlike Liberia and Sierra Leone,where all districtshavebeena� ected.

SierraLeonewashitby theoutbreak inMay2014,andhassinceseenitspreadquicklyinthethreemaintownsalongtheeasternborderregionnearKailahun.

According toWHO, transmission of the disease ishigh.Manyofthenewconfirme casesarerelatedto intense transmission in the west and north.Transmission also remains intense in the capital,Freetown, andhigh levelsof activit persist in theneighbourhoods of Bombali and the rural West,PortLokoandTonkolili.KoinaduguandKambiahavereported some cases. Theneighbouring regionsofKenema and Kailahun are seeing a sharp declinein incidence, reflecti the response e� orts there,includingisolatio ofpatie ts,screeningandcontactmonitoring, and robust preventio and controlmeasures.

Total 20 712 cas

3 118

287

1 891

7 602

282

158

Liberia 8 157 cas 3 496 décès

2 943 décès

1 781 décès

70 cas confirmés dans les 21 derniers jours

Sierra Leone 9 780 cas

1 816

3 223

Cas cumulés Décès cumulés

2 577208

22

2 4711 499

282

Total 8 220 décès

900 cas confirmés dans les 21 derniers jours

344 cas confirmés dans les 21 derniers jours

1 314 cas confirmés dans les 21 derniers jours

Guinée2 775 cas

FIGURE 2. CAS D'EBOLA EN GUINÉE, AU LIBÉRIA ET EN SIERRA LEONE

Source: OMS, 7 Janvier2015

Soupçonné Con�rmé Probable SoupçonnéCon�rmé Probable

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Commission économique pour l’Afrique

La Sierra Leone a été touchée par l’épidémie enmars 2014, et a vu sa rapide propagation dans lesprincipalesvillessituéessurlarégionfrontalièredel’estàcôtédeKailahun.

Selon l’OMS, la transmission de la maladie estélevée.Beaucoupdescasconfirméssont liésàdesniveaux de transmissions intenses à l’ouest et au

nord.L’échelledetransmissiondemeureaussiélevéedans lacapitale,Freetown,etdehautsniveaux deprévalence persistent dans les régions voisines deBombalietde l’ouestrural,àPortLokoetTonkolili.Koinadugu et kambia ont enregistrés des cas. Lesrégions voisines de Kenena et kailahun signalentune fortebaissede l’incidence, reflétant leseffortsde réponse dans ces zones, avec l’isolement des

ENCADRÉ 5 : L’EXPÉRIENCE DU MALI FACE À LA MALADIE À VIRUS EBOLA

Le Mali a enregistré deux cas de maladie à virus Ebola indépendants, tous deux venant de la Guinée frontalière, à la fin du mois d’octobre 2014. Le premier cas était une fillette de deux ans infectée par des membres de sa famille en Guinée. Aucune des personnes avec lesquelles elle a eu des contacts au Mali n’a été infectée. Le second était un Grand Imam qui s’est rendu à Bamako pour se faire soigner mais est décédé, probablement du virus Ebola. Les deux cas ont montré la faiblesse du pays dans la détection des cas d’Ebola à ses frontières, étant donné que les deux cas présentaient déjà des symptômes quand ils sont entrés au Mali. Le fait que le virus Ebola n’ait été diagnostiqué chez le deuxième patient quand il était hospitalisé a provoqué de nouvelles transmissions et a soulevé des interrogations sur l’état de préparation du personnel médical. Au 31 décembre 2014, un total de huit personnes avait été infecté au Mali dont six sont décédées. Depuis le 16 décembre, il n’y a pas eu de nouveaux cas dans le pays. Après les deux premiers cas, plus de 850 personnes qui auraient pu entrer en contact avec les victimes ont été identifiées et placées sous surveillance médicale. Les cas d’infection par le virus Ebola ont déclenché un changement dans les attitudes du public, les autorités ont renforcé les contrôles aux frontières (postes de contrôle routiers et aéroportuaires), et ont lancé des campagnes de sensibilisation du public au moyen d’affiches, de la radio et de la télévision, et renforcé aussi les contrôles sanitaires ainsi que les mesures sanitaires dans les lieux publics comme les écoles, les hôtels et les restaurants. Dans le cadre de cette stratégie, des centres de traitement de la maladie à virus Ebola ont été ouverts à Bamako et à Kayes. Toutes ces mesures ont été coordonnées par le Ministère de la santé et de l’hygiène publique et le Ministère en charge de l’action humanitaire, de la solidarité et des personnes âgées, qui bénéficient d’un soutien important de partenaires de développement comme l’UNICEF, la MINUAUCE, l’OMS, l’Allemagne et les États-Unis. Les mesures en cours liées à la maladie à virus Ebola ont laissé de côté les autres campagnes de sensibilisation sanitaire, en particulier celles qui visent la prévention du VIH. Contrairement à la plupart des pays de la zone touchée, le Mali n’a pas fermé ses frontières, mais il a décidé de renforcer les mesures de contrôle, en particulier sur les 850 km de frontières poreuses avec la Guinée. Sur le plan socio-économique, les activités économiques au jour le jour (c’est-à-dire vendeurs de rue, marchés locaux, transports publics) auraient diminué à Bamako à la suite de l’épidémie. Cela est dû principalement à la peur et à l’anxiété ressenties par la population. Il est difficile, cependant, de saisir l’ampleur de la baisse dans le secteur économique en raison du manque de données sur les activités du secteur informel.

Source: Mission de la CEA au Mali (Décembre 2014)

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

malades, ledépistageet lesuividescontactset lesmesuresvigoureusesdepréventionetdecontrôle.

LeLibéria,lepaysleplustouchéparl’épidémiela,avulenombredecascroîtredemanièreexponentielleentrelaconfirmationenlaboratoiredupremiercas,le13mars2014, et septembre2014. Selon l’OMS,lenombrede cashebdomadaires a reculéentre lami-septembre et la fin octobre. Cette baisse s’eststabiliséedepuislors.Desmesuresdeluttecontrelamaladierestentindispensables,notammentdanslacapitale,Monrovia.L’incidencefaiblitdansledistrictvoisin de Marigibi mais la transmission demeureélevée.Parmilesautreszonesdetransmissionélevée,figurent les comtésdeBomi et deBong. Le comtédeLofaacependantvulenombredenouveauxcashebdomadairesrégulièrementdiminuer(Sharmaetal., 2014). Les dernières nouvelles en provenanceduLibériasontencourageantesétantdonnéque lenombredenouveaux cas est enbaisse. En fait, 13des 15 comptés n’ont pas enregistré de nouveauxcas au cours des 40 derniers jours, à l’exceptionde Monrovia. Même à Monrovia, le nombre denouveaux cas est d’environ deux par jour, contre

50 en octobre 20144. Cette évolution montre quelasituationeststabiliséeetqueleseffortsencoursvontdanslabonnedirection.

Pour les trois pays, la figure 2 indique un total de20 712 cas recensés (dont 13 191 confirmés enlaboratoire)et8220décès.Ils’yajoute,8cas,dont6morts,signalésauMali(voirl’encadré5).

Autotal,838travailleurssanitaires,dont 820dansles trois pays les plus touchés, ont contracté lamaladieàvirusEbolaau4janvier2015(voirlafigure3).LenombretotaldecasinclutdeuxtravailleursdesantéauMali,11auNigéria,unenEspagne(quiaétéinfectéaprèsavoir soignéunpatientavérépositif),unauRoyaume (qui a été infectéen Sierra Leone)ettroisauxEtats-Unis(uninfectéenGuinéeetdeuxpour s’être occupés d’un patient au Texas). Desenquêtessontencourspourdéterminerlasourcedel’expositiondanschaquecas.Lespremiersélémentsindiquentqu’unepartsubstantielledes infectionsa

4 Mission des Nations Unies (12-15 janvier 2015) qui s’estrendue en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone pourpréparer lesévaluationsde relèvementaprès lacriseEbolaenvued’élaborerlesplansnationauxderelance.

FIGURE 3 : INFECTIONS PAR LE VIRUS EBOLA CHEZ LES TRAVAILLEURS SANITAIRES

Source: OMS, 7 janvier 2015

19

Socio-economic Impacts of the Ebola Virus Disease on Africa

compared to 50 per day in October 20144. Thisdevelopment is an indicatio that the situatio isbeingstabilizedandthatongoinge� ortsarepointin intherightdirection

Forthethreecountries,figu e2shows20,712casesidentifi (13,191 laboratoryconfirmed) and8,220deaths reported. In addition 8 cases, including 6deaths,havebeenreportedinMali(seebox5).

Atotalof838health-careworkers(ofwhich820 inthethreemosta� ectedcountries)areknowntohavebeen infectedwithEbolaasof4January2015(see

4 UN-wide mission (12-15 January 2015) to Guinea, Liberia and Sierra Leone to prepare for Ebola recovery assessments as the basis for the preparation of countries’ recovery plans.

figu e3).Thetotalcasecountincludes2health-careworkersinMali,11inNigeria,1inSpain(whobecameinfected while treatin an Ebola-positi e patie t),1 in theUnitedKingdom (whobecame infected inSierraLeone),and3intheUnitedStates(1infectedinGuinea,and2infectedduringthecareofapatie tinTexas). Investi ation areunderwaytodeterminethesourceofexposureineachcase.Earlyindication appeartoshowthatasignifi antproportio oftheinfection occurred away from Ebola treatmentcentres and other care facilities which underlinesthe need to adhere to infectio preventio andcontrolmeasures inallhealth institution not justEBOLA-relatedfacilities

FIGURE 3. INFECTIONS PAR LE VIRUS EBOLA CHEZ LES TRAVAILLEURS SANITAIRES

CAS

CAS

CAS

DÉCÈS

DÉCÈS

89 DÉCÈSGuinée 154

Liberia 370

820 CAS

178

488 DÉCÈS

Sierra Leone 296 22175%

58%

48%

Source: OMS, 7 Janvier 2015

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20

Commission économique pour l’Afrique

eulieuendehorsducadredescentresdetraitementd’Ebolaetdessoinsprodiguésauxmalades,cequiconfirme lanécessitéquetoutes les institutionsdesanté adoptent des mesures de prévention et decontrôledel’infection,etnemettentpasseulementenplacedescentrespourtraiterlevirusEbola.

ENVERGURE ACTUELLE DU DISPOSITIF DE LUTTEAu vu de la rapidité et de l’ampleur géographiquede la propagation de l’épidémie, la communautéinternationaleaintensifiésonactionpourendiguerl’épidémie,mêmesidavantagedoitêtrefait.D’aprèsle rapport de suivi du Bureau de la coordination

desaffaireshumanitaires (OCHA)sur lesbesoinsetlesexigencespourlamaladieàvirusEbola,endatedu8décembre2014, leplan inter-organisationsdelutte contre l’épidémie de virus Ebola a évalué lesbesoinsdefinancementà1,5milliarddedollarspourlaGuinée,leLibéria,laSierraLeoneetlarégionpourlapériodeallantdeseptembre2014àfévrier2015.Àladatedu13janvier2015,1,16milliards(78%)decemontantavaitétéréunigrâceaufinancementdupland’intervention.

Lesfigures4et5nedonnentpasunelisteexhaustivedescontributions,quicontinuentd’êtreenregistrées.Parexemple, le8novembre2014, laCommunautédesaffairesafricaineaannoncéunecontributionde32,6millionsdedollars durant une table rondedu

FIGURE 4 : QUELQUES CONTRIBUTIONS EN NATURE

Source: Compilations de la CEA à partir des sites web des organisations/pays.

FIGURE 4. CONTRIBUTIONS EN NATURE

Cuba

Ghana

Japan

Netherlands

South Africa

Sweden

United Kingdom

United States of America

Australie

2,000 personnels de santé

,

55,000 items of personal protective equipment

Providing supplies and marine ship for transporting them to West Africa

Cash includes funding for various logistical supports and for setting up a base camp in Monrovia for a total of 200 international health workers

1,100 health professionals; 1,700 beds; and 140,000 Personal Protective Equipment (PPE); 200,000 items of equipment; running a training centre

volunteers (currently including Cuba, Denmark, Norway, Australia, New Zealand and Republic of Korea); Supporting 1000 treatment and isolation beds, providing care to

health workers, and 100 safe burial teams; Building, equipping and running three new laboratories to improve diagnosis rates;Creating 200 Community Care Centres (CCCs) to promote early diagnosis, isolation and treatment; Deploying RFA Argus and three Merlin helicopters to support medical teams and aid experts; Supporting development and clinical trials of a possible vaccine. Providing 150 vehicles, including 42 ambulances, and over 1800 tonnes of aid via air freight to Sierra Leone

Field hospital with 40 beds; 6,400 heavy duty PPE; medical supplies with infection control commodities; ambulances, 4x4s and 100 motorcycles; pledges from private companies mobilized by Dept. Health; training of 94 participants from 16 countries

Chine

Italy Two mobile laboratories equipped for diagnostics currently operating within the European Response in Liberia and in Guinea Conakry and operated by medical teams,

Assistance has also deployed a Medical Doctor and a logistician in Freetown (Sierra Leone).

Danemark Experts/Personnel médical/formation, FMTs établissements résidentiels

République démocratique du Congo et Communauté d’Afrique de l’Est

Union européenne

Espèces versées, notamment un �nancement apporté auRoyaume-Uni pour la construction d’une clinique de 100 lits.

Laboratoires mobiles, la formation pour les travailleurs de la santé, le soutien de la sécurité alimentaire, l'eau et l'assainissement, le mécanisme de protection civile de l'UE de faciliter le deployment rapide de fournitures d'urgence et des experts, le suivi de la situation par le Centre de coordination d'Intervention d'urgence (CCIU), Le navire de la marine néerlanda-ise, le Karel Doorman, est utilisé pour livrer 5000 tonnes d'aide de neuf États membres - y compris les ambulances, les camions, les hôpitaux mobiles et de protection avec l'appui du CCIU, un pont aérien pour le personnel et le deployment des équipements, trois vols de secours (une pour chacun des trois pays touchés) a contribué à déployer trois laboratoires mobiles européens, et a eu des experts médicaux humanitaires sur le terrain depuis Avril 2014, l'UE a mis en place un système d'évacuation médicale (Medevac) pour tous les travailleurs humanitaires internationaux. Le Centre européen de contrôle des maladies et la prévention (ECDC) a également fourni des experts dans les pays touchés

Accueille la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE) à Accra et est devenu un pôle logistique pour l’action contre Ebola.

Envoi d’équipements et de fournitures médicaux; �nancement de 2 laboratoires mobiles de biosécurité; fournitures médicales et tenues de protection; aide alimentaire.

Plus de 256 professionnels de santé y compris les médécins et in�rmiersde la Guinée, Libéria et Sierra Leone

Japon

Pays-Bas

Afrique du Sud

Suède

Royaume-Uni

États-Unis

55 000 équipements de protection individuelle.

Fourniture de ravitaillements et navire maritime pour leur transport vers l’Afrique de l’Ouest.

Italie Deux laboratoires mobiles équipés pour le diagnostic sont actuellement en exploitation dans le centre d'intervention au Liberia et en Guinée Conakry et exploité par les équipes médicales, chacun d'eux composé de 4 unités (personnel médical et technique). Aide au développement italienne a également déployé un médecin et un logisticien à Freetown (Sierra Leone).

Hôpital de campagne avec 40 lits; 6 400 équipements de protection individuelle extra robustes; fournitures médicales, avec articles de contrôle de l’infection; ambulances, véhicules 4x4 et 100 motocycles ; annonces de contributions d’entreprises privées mobilisées par le Département de la santé; formation de 94 participants venant de 16 pays.

Spèces, notamment pour �nancer di�érents appuis logistiques et pour l’établissement d’un camp de base à Monrovia pour un total de 200 travailleurs sanitaires internationaux.

La construction de six centres de traitement Ebola (ETCS) à pourvoir par Royaume- Uni et des volontaires internationaux (actuellement, y compris Cuba, Danemark, Norvège, Australie, Nouvelle-Zélande et République de Corée); Soutenir 1000 traitement et isolement lits, fournir des soins à un maximum de 8 800 patients de plus de six mois; Formation 800 personnes par semaine, dont 240 agents de santé et 100 équipes de sépulture sûrs; Bâtiment, équipement et le fonctionnement de trois nouveaux laboratoires pour améliorer les taux de diagnostic; Création de 200 centres de soins communautaires (CCC) de promouvoir le diagnostic précoce, l'isolement et le traitement; Déploiement hélicoptères RFA Argus et trois Merlin pour soutenir les équipes médicales et les experts de l'aide; Soutenir le développement et les essais cliniques d'un vaccin possible. Fournir 150 véhicules, dont 42 ambulances, et plus de 1 800 tonnes d'aide par fret aérien en Sierra Leone

11 100 professionnels de santé; 1 700 lits; 140 000 équipements de protection individuelle; 200 000 articles d’équipement; gestion d’un centre de formation au Libéria; et recrutement pour un hôpital destiné aux agents sanitaires.

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21

Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

milieudesaffairesafricain organiséepar laCEA, laBADetlaCommissiondel’Unionafricaine.D’autresentreprises africaines de premier plan pourraientfaire de même après consultation de leur conseild’administration.Auniveaumultilatéral, lesNationsUniesontmisenplacelaMissiondesNationsUniespour l’actiond’urgencecontre l’Ebola(MINUAUCE),qui vise à traiter les personnes infectées, assurerles services essentiels, préserver la stabilité etprévenir d’autres épidémies. L’organisation aégalement institué le Fonds d’affectation spécialepluripartenaires pour l’action contre le virus Ebola,afin d’assurer une action cohérente à l’échelle dusystèmedesNationsUnies.

LE NOMBRE DE VICTIMES DE LA MALADIE À VIRUS EBOLA: QUELQUES ÉLÉMENTS DE COMPARAISONLe monde a été bouleversé par la contagion parle virus Ebola, qui devient une question de santépubliquemondialeetacoûtélavieàplusde8000personnes.Pourtant,endépitducaractèrealarmantdelamaladie,lestauxdemortalitéetdemorbiditétotaux sont, du moins pour l’instant, bas dans uncontextemondialethistorique.

Parexemple,l’épidémiedegrippeentre1918-1919,appelée aussi « grippe espagnole », est devenuepandémique et a fait 30 millions de morts selon

FIGURE 4. CONTRIBUTIONS EN NATURE

Cuba

Ghana

Japan

Netherlands

South Africa

Sweden

United Kingdom

United States of America

Australie

2,000 personnels de santé

,

55,000 items of personal protective equipment

Providing supplies and marine ship for transporting them to West Africa

Cash includes funding for various logistical supports and for setting up a base camp in Monrovia for a total of 200 international health workers

1,100 health professionals; 1,700 beds; and 140,000 Personal Protective Equipment (PPE); 200,000 items of equipment; running a training centre

volunteers (currently including Cuba, Denmark, Norway, Australia, New Zealand and Republic of Korea); Supporting 1000 treatment and isolation beds, providing care to

health workers, and 100 safe burial teams; Building, equipping and running three new laboratories to improve diagnosis rates;Creating 200 Community Care Centres (CCCs) to promote early diagnosis, isolation and treatment; Deploying RFA Argus and three Merlin helicopters to support medical teams and aid experts; Supporting development and clinical trials of a possible vaccine. Providing 150 vehicles, including 42 ambulances, and over 1800 tonnes of aid via air freight to Sierra Leone

Field hospital with 40 beds; 6,400 heavy duty PPE; medical supplies with infection control commodities; ambulances, 4x4s and 100 motorcycles; pledges from private companies mobilized by Dept. Health; training of 94 participants from 16 countries

Chine

Italy Two mobile laboratories equipped for diagnostics currently operating within the European Response in Liberia and in Guinea Conakry and operated by medical teams,

Assistance has also deployed a Medical Doctor and a logistician in Freetown (Sierra Leone).

Danemark Experts/Personnel médical/formation, FMTs établissements résidentiels

République démocratique du Congo et Communauté d’Afrique de l’Est

Union européenne

Espèces versées, notamment un �nancement apporté auRoyaume-Uni pour la construction d’une clinique de 100 lits.

Laboratoires mobiles, la formation pour les travailleurs de la santé, le soutien de la sécurité alimentaire, l'eau et l'assainissement, le mécanisme de protection civile de l'UE de faciliter le deployment rapide de fournitures d'urgence et des experts, le suivi de la situation par le Centre de coordination d'Intervention d'urgence (CCIU), Le navire de la marine néerlanda-ise, le Karel Doorman, est utilisé pour livrer 5000 tonnes d'aide de neuf États membres - y compris les ambulances, les camions, les hôpitaux mobiles et de protection avec l'appui du CCIU, un pont aérien pour le personnel et le deployment des équipements, trois vols de secours (une pour chacun des trois pays touchés) a contribué à déployer trois laboratoires mobiles européens, et a eu des experts médicaux humanitaires sur le terrain depuis Avril 2014, l'UE a mis en place un système d'évacuation médicale (Medevac) pour tous les travailleurs humanitaires internationaux. Le Centre européen de contrôle des maladies et la prévention (ECDC) a également fourni des experts dans les pays touchés

Accueille la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE) à Accra et est devenu un pôle logistique pour l’action contre Ebola.

Envoi d’équipements et de fournitures médicaux; �nancement de 2 laboratoires mobiles de biosécurité; fournitures médicales et tenues de protection; aide alimentaire.

Plus de 256 professionnels de santé y compris les médécins et in�rmiersde la Guinée, Libéria et Sierra Leone

Japon

Pays-Bas

Afrique du Sud

Suède

Royaume-Uni

États-Unis

55 000 équipements de protection individuelle.

Fourniture de ravitaillements et navire maritime pour leur transport vers l’Afrique de l’Ouest.

Italie Deux laboratoires mobiles équipés pour le diagnostic sont actuellement en exploitation dans le centre d'intervention au Liberia et en Guinée Conakry et exploité par les équipes médicales, chacun d'eux composé de 4 unités (personnel médical et technique). Aide au développement italienne a également déployé un médecin et un logisticien à Freetown (Sierra Leone).

Hôpital de campagne avec 40 lits; 6 400 équipements de protection individuelle extra robustes; fournitures médicales, avec articles de contrôle de l’infection; ambulances, véhicules 4x4 et 100 motocycles ; annonces de contributions d’entreprises privées mobilisées par le Département de la santé; formation de 94 participants venant de 16 pays.

Spèces, notamment pour �nancer di�érents appuis logistiques et pour l’établissement d’un camp de base à Monrovia pour un total de 200 travailleurs sanitaires internationaux.

La construction de six centres de traitement Ebola (ETCS) à pourvoir par Royaume- Uni et des volontaires internationaux (actuellement, y compris Cuba, Danemark, Norvège, Australie, Nouvelle-Zélande et République de Corée); Soutenir 1000 traitement et isolement lits, fournir des soins à un maximum de 8 800 patients de plus de six mois; Formation 800 personnes par semaine, dont 240 agents de santé et 100 équipes de sépulture sûrs; Bâtiment, équipement et le fonctionnement de trois nouveaux laboratoires pour améliorer les taux de diagnostic; Création de 200 centres de soins communautaires (CCC) de promouvoir le diagnostic précoce, l'isolement et le traitement; Déploiement hélicoptères RFA Argus et trois Merlin pour soutenir les équipes médicales et les experts de l'aide; Soutenir le développement et les essais cliniques d'un vaccin possible. Fournir 150 véhicules, dont 42 ambulances, et plus de 1 800 tonnes d'aide par fret aérien en Sierra Leone

11 100 professionnels de santé; 1 700 lits; 140 000 équipements de protection individuelle; 200 000 articles d’équipement; gestion d’un centre de formation au Libéria; et recrutement pour un hôpital destiné aux agents sanitaires.

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22

Commission économique pour l’Afrique

FIGURE 5 : QUELQUES ENGAGEMENTS ET DÉCAISSEMENTS POUR COMBATTRE LA MALADIE À VIRUS EBOLA

2

Economic Commission for Africa

2.0

1.00

1.0

1.0

1.00

0.5

0.5

0.40

0.33

0.2

Nigeria

EquatorialGuinea

Namibia

Kenya

Senegal

Cote d'Ivoire

1.0

Algeria

Ethiopia

Gambia

Mauritania

South Af rica

Botswana

2.5

1.0

1.0

1.0

1.0

1.0

1.0

1.0

0.5

0.5

0.50

0.50

0.35

0.31

0.23

0.15

0.1

0.08

0.06

0.05

0.03

0.02

0.02

MTN Group

Dangote

EconetWireless

Afrixim Bank

Coca Cola Eurasiaand Africa

Kola Karim CEO of Nigerian conglomerateShoreline Energy

Stenbeck Family

The Motsepe Foundation

The United Bankfor Africa (UBA)

Vitol Groupof Companies

and Vivo Energy

Barclays AfricaGroup Limited

NedbankGroup

Old MutualGroup

Quality Groupof Tanzania

Sygenta

Seplat PetroleumDevelopment Company

National Oil Companyof Liberia

The National Oil Companyof Liberia (NOCAL)

AUC sta�members

Liberia PetroleumCompany

MercuryInternational

Ecobank

The Association of SierraLeone Commercial Banks

Sierra Rutile

Wireless Application ServicesProviders Association of Ghana

0.01

SocFin AgriculturalCompany

1.0

Tony ElumeluFoundation

4.1

Save the Children

51841.1%

Banque Mondiale

100%

80.7%

450

144

45

17.2

9.0

1.6

1.0

0.5

0.5

6

5.0

4.3

4

3.3

2.0

1.6

1.5

1.35

1

20

100%

100%

100%

88.6%

79%

12.5

11

96.6%

10.7

10

9.5

100% 8.7

94%

5.0

1,20040.4%

220 20.6%

130

390 100%

100

70.8

50

35

25

25

25

20

81%

15

86194.7%

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A100%

100%

100%

100%

100%

100%

100%

100%

100%

100%

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

100%

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

N/A

96%

100%

100%

N/A

N/A

N/A

350

202

16.8%

32.7%

137

100%

100%

100%

100%

41.8%

100%

100%

55%

55%

123

8.3%

77.799.4%

36.7

36.134.9

31.7

9.7

10

Partenaires MultilatérauxAfrican Private Sector

Partenaires Bilatéraux

Secteur privé international et associations caritatives/fondations

Etats-Unis

SFI/Groupe de la banque Mondiale

Bil l Gates-Backed Group

GAVI

80%Royaume-Uni

Banque Africaine de Developpement

Allemagne

Japon

France

FMI

Chine

101

51%Canada

Paul Al len Family Foundation

Suède

Bil l & Melinda Gates Foundation

Banque Islamique de Développement

Norvège

Australie

Roi Abdallah d'Arabie Saoudite

Suisse

Danemark

Google/Larry Page Family Foundation

Mark Zuckerbergand Prisci l la Chang

Sil icon ValleyCommunity Foundation

Children’s Investment Fund Foundation

Fédération de Russie

100%Fonds central pour

les interventions d'urgence

Larry Page's Family Foundation

Bresil

Finlande

Inde

Espagne

Italie

Belgique

Fond de solidarité régioane contre le virus Ebola (CEDEAO)

Israel

IKEA Foundation

Will iam and Flora Hewlett Foundation

Médecins du Monde

Open Society Foundation

Bayer

GeneralElectric

Fonds commum hummanitaire

Comic Relief

Volvo

Arcelor MittalFoundation

CUA

Bridgestone

Fonds de l'OPEP pour le

Developement International

FIFA

Commission Européenne + Pays

membres de l'UE

100%

60.1

Pays Bas

89%

African countries’

--

--

-

Amount pledged ($million) vs. percentage disbursed (%)

= 100 millions USD US$1 million=

100%

100%

FIGURE 5. Quelques engagements et décaissements pour combattre EBOLA

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23

Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

23

Socio-economic Impacts of the Ebola Virus Disease on Africa

2.0

1.00

1.0

1.0

1.00

0.5

0.5

0.40

0.33

0.2

Nigéria

N/D

Guinée Equatorial e

Namibie

Kenya

Sénégal

Côte d'Ivoire

1.0

Algérie

Ethiopie

Gambie

Mauritanie

Afrique du Sud

Botswana

2.5

1.0

1.0

1.0

1.0

1.0

1.0

1.0

0.5

0.5

0.50

0.50

0.35

0.31

0.23

0.15

0.1

0.08

0.06

0.05

0.03

0.02

0.02

MTN Group

Dangote

Econet Wireless

Afrixim Bank

Coca Cola Eurasia and Africa

Kola Karim CEO of Nigerian conglomerate Shoreline

Energy

Stenbeck Family

The Motsepe Foundation

The United Bank for Africa (UBA)

Vitol Group of Companies

and Vivo Energy

Barclays Africa Group Limited

Nedbank Group

Old MutualGroup

Quality Group of Tanzania

Sygenta

Seplat Petroleum Development Company

National Oi l Companyof Liberia

The National Oi l Company of Liberia (NOCAL)

Personnel de la CUA

Liberia Petroleum Company

Mercury International

Ecobank

The Association of Sierra Leone Commercial Banks

Sierra Ruti le

Wireless Application Services Providers Association of Ghana

0.01

SocFin AgriculturalCompany

1.0

Tony Elumelu Foundation

4.1

5.0

N/D

N/D

N/D

N/D

N/D

N/D

N/D

N/D

N/A

N/D

N/D

N/D

N/D100%

100%

100%

100%

100%

100%

100%

100%

100%

100%

N/D

N/D

N/D

N/A

N/A

N/D

100%

N/D

N/D

N/D

N/D

N/D

N/D

10

Secteur privé africain

Pays Africains

Montants annoncés (millions de dollars ) contre montants décaissés (%)

= 1 million dollars

100%

100%

Source: voir Appendice II.

Source: Voir l’appendice II.

N/D = données non disponibles.

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24

Commission économique pour l’Afrique

l’InstitutPasteur,voirejusqu’à100millionssil’onencroitcertainesévaluationsrévisionnistes. Ilpourraits’agirde lapandémie laplusmortellede l’histoire,assurément sur une période aussi courte. Sur unepériode plus longue, la peste noire aurait fait 34millionsdevictimesauXIVesiècle(OMS,2014).

Plus récemment, l’épidémie de choléra qui estapparueen1994dans laRépubliquedémocratiquedu Congo, après la crise rwandaise, a décimé lesréfugiés.De500000à800000personnesquionttraversé la frontière pour chercher asile dans lesfaubourgs de la ville congolaise de Goma, 50 000sontdécédéespendant lepremiermoisqui a suivileurarrivéeàcaused’uneépidémiegénéraliséedecholéraetdedysenterie.

D’aprèsl’OMS,lesmaladiescontagieusesreprésententencoreseptdesdixprincipalescausesdemortalitéinfantiledanslespaysendéveloppement.En2002,parexemple,certainesdesmaladieslespluslétalesétaient les infections respiratoires (1,9 million demorts), les maladies diarrhéiques (1,6 million demorts) et le paludisme (1,1 million demorts). Lesmaladies non transmissibles représentent toutefoisplus de la moitié des décès dans les pays à faiblerevenuetàrevenumoyen,faisantenviron29millionsde morts chaque année par rapport à 36 millionsde morts causés par des maladies contagieuses àl’échellemondiale(OMS,2013).

Selon l’OMS, les maladies contagieuses dans lespays en développement représentent encore 7des10principalescausesdemortalitédesenfants.Par exemple, en 2002, certaines des causes demortalité lesplus importantesétaient les infectionsrespiratoires (1,9 million de morts), les maladiesdiarrhéiques (1,6milliondemorts)et lepaludisme(1,1 million de morts). Cependant, les maladiesnon transmissibles sont responsablesdeplusde lamoitiédesdécèsdans lespaysà faiblerevenuetàrevenuintermédiaire,provoquantledécèsd’environ29millionsdepersonnes chaqueannée, contre36millionsàcausedemaladies transmissiblesdans lemonde(OMS,2013).

En 2012, l’OMS a estimé à 8,6millions le nombrede nouvelles infections par la tuberculose dansle monde en 2012 et à 1,3 million le nombre de

personnes qui sont mortes de cette maladie lamême année. Quelque 3,3 milliards de personnesdans lemonde sont vulnérables au paludisme5. En2012,toujoursselonl’OMS,lamaladieatuéenviron627000personnes, laplupartétantdesenfantsdemoins de 5 ans vivant en Afrique (OMS, 2013). Larougeoleacausé145700décèsdans lemondeen2013.Lenombredemortscauséesparlesyndromerespiratoire aigu sévère (SRAS), qui a pourtantbénéficiéd’unelargecouverturemédiatique,n’étaitquede774(OMS,2013).

Àlafinde2012,35,3millionsdepersonnesétaientporteuses du VIH, dont 2,3 millions nouvellementinfectées6.Environ1,7milliondepersonnes,dont230000enfants,sontmortesdusida.Selonl’OMS,plusdesdeuxtiersdesnouvellesinfectionsseproduisentenAfrique,àl’exclusiondel’AfriqueduNord.

Letabacest luiaussi,unecausemajeurededécès.L’OMSnoteque,chaqueannée,laconsommationdetabac et l’exposition à la fumée (tabagisme passif)fontplusde700000mortsdansl’Unioneuropéenne,et ce en dépit de sa stricte législation anti-tabac(OMS,2013).

Enfin,plusde20millionsdepersonnessonttuéesougrièvementblesséesdansdesaccidentsdelaroutechaqueannéedanslemonde,cequireprésenteuncoûtéconomiquemondiald’environ518milliardsdedollarspar an–dont65milliardsdans lespaysendéveloppement(OMS,2013).

5 http://www.who.int/topics/millennium_development_goals/diseases/fr/

6 http://www.who.int/topics/millennium_development_goals/diseases/fr/

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

5. INCIDENCES MACROÉCONOMIQUES DE L’ÉPIDÉMIE D’EBOLA

Les premières leçons tirées des expériencesde la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leonedémontrent que l’épidémie d’Ebola peut

affecter l’économiedenombreuses façonsetàdes degrés divers7.

PIBL’activité économique décline en grande partie àcause de l’alarmisme déclenché par cette maladiese traduisant par une baisse des transactions danslesmarchés,magasins et boutiques, àmesurequelesgenscommencentàévitertoutcontacthumain.Le secteur des services, y compris les restaurants,leshôtels, les transportspublics, la constructionetl’éducation, en subissent aussi les conséquences,tantàcausede lapaniquequ’àcausedesmesuresgouvernementales telles que l’état d’urgence et les restrictionsconnexesimposéesauxdéplacementsetauxrassemblements.Leralentissementdesactivitésdessociétésétrangères(etambassades)aaussiétélourddeconséquencessurleplanéconomique,cesdernières réduisant au minimum leurs effectifs etexpatriés(ycomprislepersonneldiplomatiquenonessentiel),diminuantainsileurdemandedeservices.Lesdivers chocs survenus sur lemarchédu travail,dans les finances publiques, les investissements etl’épargne en raison de la crise d`Ebola, pourraientprovoquerunebaissesubstantielleduPIBetretarderledéveloppement.

Lesconséquencesdel’épidémiesurlacroissanceduPIB,tellesqu’estiméesparlesofficesnationauxdesstatistiques des trois pays, varient de 2 à 5 pointsdepourcentage8pour2014 (c’est-à-diremoinsque

7 L’appendicecontientuneanalysesectorielledesincidencessocio-économiques.

8 2,2%pour laGuinée;4,7%pour laSierraLeoneet4,9%pourleLibéria.

ce qu’aurait été le PIB en l’absence de l`épidémied`Ebola). En termes de parité de pouvoir d’achat(PPA), cela correspond à une perte totale de PIBd’environ 716 millions de dollars pour les troiséconomies9. Depuis le début de l’épidémie et leralentissementsubséquentdel’activitééconomique,lestroispaysontrévisé,àuneouplusieursreprises,leursprévisionsdePIBpour2014(tableaux1,2,et3).LaGuinéearévisésontauxdecroissanceduPIBde4,5%à3,5%,puisà1,3%;celuidelaSierraLeonea été révisé de 11,3 à 8%, puis à 6,6% et celui duLibériaestpasséde5,9%à2,5%,pourà1%.

INVESTISSEMENT, ÉPARGNE ET CONSOMMATION PRIVÉEFace à la baisse des recettes publiques et à lanécessitécroissanted’uneréactionadaptée,lacrisedue à l’épidémie d’Ebola détourne actuellementlesdépensespubliquesd’investissementsencapitalphysiqueethumainauprofitdelasantéetd’autresinterventions sociales. Les investissements privésétrangers et nationaux diminuent aussi à cause dela panique. Le recul de l’investissement intérieurrisquedeperdureràmoyentermesilesinvestisseursn’obtiennent pas d’aide financière pour reprendreleursactivités.

Lesautoritésdestroispaysontdéclaréavoirreportéou suspendu l’investissement dans de grandsprojets d’exploitation dans leurs pays. En Guinée,parexemple,lesopérationsduprojetRioTintod’unmontantde20milliardsdedollarsontété,engrandepartie,misesenattente.Ceprojetpourraitpermettre

9 Calculs de la CEA sur la base du PIB exprimé en parité depouvoir d’achat pour l’année 2013, provenant de la BAD,de l’OCDEetduPNUD (2014)pour les troispays, auxquelss’appliquentlestauxdecroissanceavantetaprèsl’épidémieauvirus-Ebolapour2014,obtenusdesourcesnationales.

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dedoubler lePIB au coursdesprochainesannées.Demême,unprojetpourl’extractiondebauxitedelaGuineaAluminaCorporation(GAC),dirigéparlesÉmiratsArabesUnis,d’unmontantde5milliardsdedollars,areportésesopérationsenGuinée.

EnSierraLeone,laconstructiondesroutesKenema-Kailahun et Matotoka-Kono, celle des routesMakeni-Kabala, celle du Hill-Side Bye Pass et deLumley-Tokeh,et lareconstructionderuesdanslesmétropolesetlesvillesdanslesprovincesetlazoneouest, ont toutes été suspendues (Gouvernementsierraléonais,2014).

La fermeture des frontières terrestres avec lespays voisins a été désastreuse pour de nombreuxexploitants qui évoluent dans les filières des fruitsetlégumesenGuinée.Cesfilièressont,engénéral,très bien organisées et prospères et les acteursqui s’y trouvent obtiennent des crédits bancairesimportants et vendent leurs produits par-delà lesfrontières. La fermeture des frontières a entrainél’avarie de la production, plaçant les investisseursdans une situation d’endettement (sans flux detrésorerie prévu jusqu’à ce que la crise s’apaiseet sans perspectives immédiates d’obtention denouveauxprêts).

De manière générale, en dépit de l’absencede données microéconomiques détaillées, laconsommation et l’épargne des ménages ont étéaffectées par l’épidémie par suite de la mortalité,de la morbidité et de la réduction des activitéséconomiques,desheuresdetravailetdesrevenus.

INFLATION, MONNAIE ET TAUX DE CHANGELes pays touchés sont confrontés à des pressionsinflationnistes au fur et à mesure que se propagela crise d’Ebola, ce qui pose un problème decompétitivité aux entreprises et aux commerçantset fait chuter le pouvoir d’achat desménages. Lesavoirs extérieurs sont susceptibles de diminueret la monnaie nationale de perdre de la valeur àcause des restrictions sur commerce extérieur etde l’appréciation du dollar des États-Unis pour lasécurité qu’il représente en tant que monnaie-

refuge. Les pays risquent aussi de connaître unebaissedutauxdecouverturede leurs importations(le nombredemois d’importation couverts par lesréservesdechange).

Lesbanquescentralesetlesministèresdesfinancespourraient être amenés à stimuler la demande età enrayer la dépréciation excessive des monnaies(qui alimente l’inflation). Au Libéria, par exemple,la politique monétaire a été prudente; la Banquecentrale a relevé son intervention d’environ 9,7millions de dollars pour faire face aux pressionsexercéessurlamonnaienationaleenjuilletetaoût,témoignant d’une envolée de la demande en devises étrangères(FMI,2014c).

Par ailleurs, au Libéria, l’inflation augmente,alimentéeparunefortehaussedesprixdesdenréesalimentaires.L’inflationà lafinde l’année2014estdésormaisestiméeà14,7%etpourraitresterélevée,s’établissant à environ 10% en 2015. Les réservesofficiellesbrutesdupaysdevraientpasserde2,8à2,6moisd’importations(FMI,2014c).

Le taux de change nominal sierra-léonais parrapport à d’autres devises a baissé, provoquantune augmentation des primes sur le marchéparallèleetdesrépercussionssurlesprix intérieurs(GouvernementSierraléonais,2014).Toujoursest-ilqueleseffetsvarientd’unpaysàl’autre.EnGuinée,parexemple,aucunepressioninflationnistenes’estmanifestée durant les premiersmois de l’épidémie(PNUD-Guinée,2014).

FINANCES PUBLIQUESCommeonl’aobservé,l’undeseffetsdel’épidémied’Ebola est de diminuer les recettes publiqueset d’augmenter les dépenses, notamment dansle secteur de la santé, exerçant une pressionsupplémentairesurlesoldebudgétaire.Cettesituationaffaiblitdavantagelacapacitédel’Étatàcontenirlamaladieouàseprotégercontredesconséquenceséconomiques plus graves, (principalement par desmesuresderelancebudgétaire).Endernierrecourt,lespayssontconfrontésàunedépendancevis-à-visdel’appuiextérieurpourcomblerlesbesoins.

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TABLEAU 1 : PROJECTIONS RELATIVES AU PIB, GUINÉE (EN%)2014 2015

Source des données Projection initiale Projection après l’épidémie

Projection initiale Projection après l’épidémie

Autorités guinéennes 4.5 1.3 6.3 1.9CEAa 4.5 1.3 6.3 1.9Banque mondialeb 4.5 2.4/0.5 4.3 2.0/-0.2FMI 4.5 2.4 4.3 4.1Perspectives économiques en Afrique 4.2 — 4.3 —

— Données non disponibles.

a Sur la base des discussions et des échanges tenus avec les autorités nationales au sujet de la solidité des hypothèses et de la méthodologie, la CEA s’aligne sur les estimations nationales de l’incidence de l’épidémie d`Ebola. Les simulations de la CEA visant à rendre compte des effets de la crise due au virus Ebola sur la région ouest-africaine et sur le continent sont également fondées initialement sur des estimations nationales.

b Les prévisions post-épidémiologiques de la Banque mondiale avancent deux chiffres: le premier date d’octobre 2014 (Banque mondiale, 2014a) et le deuxième de décembre 2014 (Banque mondiale, 2014b).

TABLEAU 2 : PROJECTIONS RELATIVES AU PIB, LIBÉRIA (EN%)2014 2015

Source des données Projection initiale Projection après l’épidémie

Projection initiale Projection après l’épidémie

Autorités libériennes 5.9 1.0 6.8 0.0

CEAa 7.3 1.0 7.0 0.0

Banque mondialeb 5.9 2.5/2.2 6.8 1.0/3.0

FMI 5.9 2.5 6.8 4.5

Perspectives économiques en Afrique 6.8 — 8.2 — — Données non disponibles.

a Voir la note a du tableau 1.

b Voir la note b du tableau 1.

TABLEAU 3 : PROJECTIONS RELATIVES AU PIB, SIERRA LEONE (EN%)2014 2015

Source des données Projection initiale Projection après l’épidémie

Projection initiale Projection après l’épidémie

Autorités sierra léonaises 11.3 6.6 8.9 —

CEAa 11.9 6.6 11.6 —

Banque mondialeb 11.3 8.0/4.0 8.9 7.7/-2.0

FMI 14.0 8.0 8.9 9.9c

Perspectives économiques en Afrique 13.8 — 11.6 —

— Données non disponibles.

a Voir la note a du tableau 1.

b Voir la note b du tableau 1.

c Ce pourcentage tient compte du rattrapage brusque et rapide de la production du secteur minier, qui était inexploité en 2014.

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RECETTES PUBLIQUES

La chute des recettes publiques pourrait atteindreplusieurs dizaines de millions de dollars, uneproportion non négligeable du PIB pour ces troispetites économies. Cette baisse s’explique pardifférentsfacteurs,dontleralentissementdel’activitésuivid’unecontractiondelabased’impositiondanslaplupartdessecteurs,enparticulierdansl’industrieet les services (qui sont souvent les principalessourcesde recettespubliques).À cela s’ajouteuneadministration fiscale affaiblie. La conjonction deces facteurs conduit à une diminution des impôtscollectés sur les revenus, les entreprises, les bienset services et le commerce international, et à uneréductiondesredevancesperçuessurlesressourcesnaturelles, qui sont habituellement le moteurprincipaldelacroissanceéconomiquedecespays.

Concrètement,lemanqueàgagnerdûàlamaladied’EbolapourlaSierraLeoneestestiméà46millionsdedollarset à91millionspour2014et2015, soitrespectivement1et1,6%duPIBhorsmineraidefer(FMI,2014b).Lesestimationsconcernant leLibériaindiquentquelesrecettespubliquesen2014serontinférieuresauxprévisionsinitialesde106,1millionsde dollars (Gouvernement libérien, 2014), soitenviron5%duPIB, tandisque lemanqueàgagnerenGuinée était estiméen août 2014 à environ 27millions de dollars, soit 0,4 point de pourcentagedu PIB (FMI, 2014a). Les autorités fiscales de laSierra Leone (National Revenue Authority of SierraLeone,2014)ontfaitétatd’undéficitde15%danslacollectedel’impôtparrapportauxobjectifsfixéspour juillet et août 2014; l’administration fiscalelibérienne(LiberiaRevenueAdministration)s’attendàunebaissede19%desrecettesprévuespour2014(Gouvernementlibérien,2014).

DÉPENSES PUBLIQUES

Parallèlementà lachutedesrecettespubliques,onobserveuneaugmentationdesdépensespubliques.Lacrisesanitairedéclenchéeparl’épidémienécessitedes dépenses considérables dans le secteur dela santé afin d’endiguer la maladie alors que lebesoin de protection sociale s’accroît en raison dunombrededécèsetdefamillestouchéesainsique

de l’augmentation du nombre d’orphelins et depauvres.Desdépensesnonsanitairespeuventaussisurgir dans des domaines comme la sécurité et les importationsdedenréesalimentaires.

L’évolution opposée des recettes et des dépensesoblige les gouvernements à réallouer unepart desdépensesetinvestissementsinitialementprévusauxnouveauxbesoins,cequiréduitlesinvestissementspublics.Laprioritédonnéeauxdépensesdesantéparrapportauxautresdépensessocialesvaried’unpaysàl’autre.EnSierraLeone,parexemple,lesdépensesliéesà l’épidémied’Ebolapour2014s’élèventà36millionsdedollars(72%pourlesmesuressanitairesdirectement liéesà lamaladieet28%dedépensessociales); pour2015, le chiffreest de40,9millionsdedollars(100%dedépensessociales)(FMI,2014b).Au Libéria, les autorités estiment les dépensesdirectement liées à la maladie à 79,7 millions dedollars, auxquels s’ajoutent 20 millions consacrésaux transfertsmonétaires et 30millions destinés àla relance de l’agriculture (Gouvernement libérien,2014). Le Gouvernement guinéen évalue quant àlui la facture liée au virus Ébola à 134millions dedollars pour la période allant jusqu’à février 2015(Gouvernement guinéen, 2014; Gouvernementlibérien,2014;Gouvernementsierraléonais,2014).

DÉFICITS BUDGÉTAIRES

De par les effets sur les recettes et les dépensespubliquesdécritsci-dessus,lamaladied’Ébolapèsesurlesbudgetsetcreuselesdéficitsbudgétaires.Ledéficitbudgétaire(soldegénéral,ycomprislesdons)duLibéria,initialementprojetéà7,1%duPIBen2015,devrait s’accentuer de 4,7 points de pourcentageen raison de besoins financiers supplémentaires,tandisqueleniveauprévupour2014resteinchangé.PourlaSierraLeone,ledéficitbudgétairedevraitsecreuserde1,5et1,7pointsdepourcentageen2014et2015,respectivement(FMI,2014b;FMI,2014c).

POIDS ET ALLÈGEMENT DE LA DETTE

Les promesses et contributions faites à partir dediverses sources sont essentielles pour comblerles besoins financiers générés par la crise d’Ebola,commelapromessede300millionsdedollarsfaite

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parleFMIaucoursduSommetduG20denovembre2014 à Brisbane, en Australie. Demême, dans uncommuniqué daté du 2 décembre 2014 (Banquemondiale,2014c),leGroupedelaBanquemondialea déclaré mobiliser près de 1 milliard de dollarsde financement pour les pays les plus durementtouchés par la crise d`Ebola. Ce montant inclut518millionsdedollarspour la riposteà l’épidémieet au moins 450 millions de dollars de la Sociétéinternationaledefinancement,membreduGroupede laBanquemondiale,afinappuyer lecommerce,l’investissementetl’emploidanslestroispays.

Cette aide de la communauté internationale estaussi appréciable que nécessaire pour combler ledéficitfinancier.Toutefois,cetteaideétantenpartieconstituée de prêts, la crise à virus Ebola pourraitéventuellement alourdir le poids de la dette destrois pays. La Banque mondiale, par exemple, aaccordé un crédit de 40 millions de dollars à laGuinée(Banquemondiale,2014d)etde20millionsdedollarsauLibéria(Banquemondiale,2014e).Demême, en septembre 2014, le FMI a approuvé leslignesdecréditci-aprèsàcestroispaysautitredela

crisedueàEbola:41millionsdedollarsàlaGuinée,49auLibériaet39àlaSierraLeone(FMI,2014d)etl’annoncesupplémentairede300millionsdedollars,faiteàBrisbane,aubénéficedecestroispays,revêtlaformedeprêtsconcessionnels,d’allégementdeladetteetdedons.

Les trois pays ont tous bénéficié de l’initiative enfaveurdespayspauvres trèsendettés (PPTE)etdel’initiative d’allégement de la dette multilatéralependant ces 10 dernières années. Par exemple,suiteàsonadmissibilitéà l’initiativePPTEen2012,laGuinéearéduitletauxd’intérêtpayésursadetteextérieurede3,7%duPIBen2011à2,8%en2012età1,1%en2013.Ilestcrucialquelacriseneprovoquepasdesurendettement,ouqu’ellenecontrebalancepas en partie les gains générés par ces initiatives,lesquelsgains(principalementlaréductionduservicede la dette et, partant, la hausse des dépenses dedéveloppement)sontessentielsàlaréductiondelapauvretéetàlatransformationéconomique.

Lafigure6présentequelquesindicateursdufardeaudeladettedestroispaysavantledéclenchementdel’épidémie(2013),indiquantquelepoidsdeladette

FIGURE 6 : DETTES EXTÉRIEURES ET SERVICE DE LA DETTE DES TROIS PAYS, 2013

21%Guinée

Libéria

Sierra Leone

Stock de la dette extérieure(millions de dollars)

0 200 400 600 800 1000 1200 1400

1,197

541

1,395

Stock de la dette extérieure(% du RNB)

31%

31%

60,4 1,10%

5,8 0,30%

27,3 0,60%

Service de la dette extérieure (million de dollars)

Service de la dette (% RNB)

Source: Banque Mondiale (Indicateurs du développement mondial . http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators, consulté le 13 janvier 2015)

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Commission économique pour l’Afrique

extérieure avant l’épidémie (2013) oscillait entreenviron 20,8% et 31,1% du PIB, pour un montanttotald’environ3,1milliardsdedollars.Mêmeavantl’applicationdesinitiativessusmentionnées,lepoidsdu service de la dette extérieure limitait l’espacebudgétairedestroispays.En2013,leGouvernementguinéen a alloué 60,4 millions de dollars deressourcespubliquesau servicede ladette, cequicorrespondaità1,1%desonRIB.Pendantlamêmepériode,leLibériaadépensé5,8millionsdedollars,soit0,3%duRIBpourleservicedeladetteetlaSierraLeone a versé 27,3 millions, soit 0,6% du RIB aux créanciersexternes.

C’est dans ce contexte que la CEA appelle toutesles parties prenantes à redoubler d’efforts en vued’annulerladettedestroispays(voirl’appendiceIII).

OFFRE DE TRAVAIL ET PRODUCTIVITÉ

L’épidémie d’Ebola pourrait faire baisser l’offre detravail, ce qui risque de nuire à la quantité et à laqualité des biens et des services, surtout dans ledomainepublic.Afind’éviterlescontactsdirectsentreemployés,certainesinstitutionspubliquesetprivéesont demandé à quelques membres du personnelnon indispensable de rester chez eux; d’autres ontréduit les horaires de travail de tout le personnel,entraînantainsiunebaissedelaproductionetdelaproductivité.

En Sierra Leone, par exemple, les institutionsbancairesontécourtéleurshorairesdetravailet,parconséquent, réduit leurs prestations quotidiennes.Conformément aux restrictions inhérentes à l’étatd’urgence, les marchés quotidiens, eux, ont étéfermésplus tôt.Cesmesuresonteuun impactsurla productivité des travailleurs de tous les secteurscarcesdernierssesontmisàquitterlelieudetravailplustôtpoureffectuerleurstransactionsfinancièresavant la fermeture des banques et des marchés.Certains expatriés ont quitté ces pays, réduisantdavantage l’offre de travail et la productivité caril serait difficile de remplacer ces travailleurs à courtterme.

Lamortalitéetlamorbiditéliéesàl’épidémieEbolaont aussi une incidence négative sur le nombred’agriculteursdisponiblespourlaproductionagricole

(cesderniersétantsoitdirectementaffectés,soitens’occupant de leurs proches malades). La maladiea aussi causé le décès de travailleurs qualifiés surle marché du travail, et tragiquement, dans ledomainede la santé,oùpresque troismaladessurcinq sont décédés (figure 3). Au bout du compte,en termes de main-d’œuvre et de productivité, lamaladie a pour conséquence de nuire à l’activitééconomique,àl’assiettefiscaleetàlaperceptiondes recettespubliques.

PAUVRETÉ ET INÉGALITÉÀcourtterme,ilestprobablequel’épidémieaccentueles inégalités de revenus et accroisse la pauvretédans les trois pays en appauvrissant davantage lespersonnes et familles directement touchées et enlimitant la consommation et l’accès aux servicessociaux de base, surtout parmi les pauvres. À pluslong terme, l’impact de la maladie sur le taux decroissance du PIB se reflétera sans doute dans lePIBparhabitant. Et étantdonnéque la répartitiondes revenus est déjà très inéquitable, il est trèsprobablequelespauvresserontlesplussévèrementtouchés,cequiaurapoureffetderéduirelesprogrèsenregistrés ces dernières années en matière dedéveloppementsocioéconomique.

PLANS D’URGENCE ET DE RELANCE Face aux multiples incidences économiques, lesGouvernements devraient élaborer des plans derelanceaudelàdeleursréponsesàcourtterme.Cesplans auront pour but de remettre l’économie surlesentierdelacroissanced’avantlacrise,àtraversun appui à la consolidation du tissu économique,restaurerlaconfianceetrelancerlaconsommation,l’investissement et la croissance. Les révisionsapportées aux plans économiques àmoyen termedevront veiller à renforcer la résilience et les capacitésdefairefaceauxchocssimilairesàl’avenir.Les ministres des finances de Guinée, du Libériaet de Sierra Leone se sont déjà rencontrés pourconcevoir une stratégie post-Ebola (FMI, 2014e).Le système desNationsUnies, en partenariat avecd’autres organisations10, prépare actuellement une

10Dont l’Union africaine, l’UniondufleuveMano, la Banqueafricainededéveloppement, laBanquemondialeet l’Unioneuropéenne.

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

évaluationdelarelancepost-Ebolapourappuyerleseffortsnationauxdedéveloppementdedesplansenlamatière.Lapremièreévaluationdevraitêtreprêteenmars2015.

ENQUÊTE SUR L’ÉTAT DE PRÉPARATION DES PAYS NON TOUCHES ET SUR LES CONSÉQUENCES INDIRECTES DE L’EPIDEMIE D’EBOLAL’analyse contenue dans la présente sous-sectionse fonde suruneenquête sur l’étatdepréparationdes pays africains face à une épidémie d’Ebola etsurlesconséquencesindirectesdelamaladie.Cetteenquête, lancée par la CEA en novembre 2014,continueàcejouretcouvrelaquasi-totalitédespaysafricainsautresqueceuxdirectementtouchésparlamaladie.Dix-huitd’entreeuxyontrépondu,mêmesilesréponsesdecertainsn’étaientpascomplètes.

L’enquête a pour but de déterminer comment etdans quelle mesure les pays non touchés ont étéfrappéspar lamaladieetsesontorganiséspourseprotégercontresapropagationetsesconséquencessocio-économiques.

Les résultats proviennent de 18 questionnairesremplis11, en attendant une étudeplus complète12.Etantdonnéquecertainspaysn’ontpasréponduàtouteslesquestionsetqued’autresn’ontpasencorerépondudutout,cetteanalysedemeurepartielle.

INCIDENCES ÉCONOMIQUES

Il se peut que certains pays ne disposent pas dedonnées récentes sur de nombreux indicateurséconomiques qui pourraient les aider à conclureaveccertitudedel’impactéconomiquedel’épidémied’Ebola. Même s’ils détenaient de telles données,toutedétériorationdeleursituationéconomiquenesauraitforcémentêtrejustifiéeparuneconséquencedirectedelapandémie-ilfaudraitbienétablirunclair

11 Angola, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cabo Verde,Gabon,Gambie,Ghana,Guinée-Bissau,Guinéeéquatoriale,Madagascar,Niger,Républiquecentrafricaine,RépubliqueduCongo, République Démocratique du Congo, Rwanda, SaoTomé-et-PrincipeetTchad.

12Onpeuttrouverdesrenseignementssurlesquestionnairesàl’adresse : http://www.uneca.org/fr/sro-wa/pages/evd-web-appendix

liendecausalité.Lespaysd’Afriquedel’Ouest,voisinsde laGuinée, du Libéria et de la Sierra Leone, ontpeut-êtresubidesincidencesplusimportantesétantdonné leur interaction économique plus étroite.L’enquêtedelaCEAestdoncaxéesurlaperceptiondes autorités quant à l’incidence constatée ou probabledel’épidémiesurunindicateurdonné.

Bien que tous ceux qui ont répondu au sondagene soient pas géographiquementprochesdes paystouchésparlevirusEbola,lespayssituésenAfriquede l’Ouest ont clairement indiqué des conséquences négativessurdes indicateurséconomiquesmajeurstels que la croissance du PIB, l’inflation et lecommerce.Ilsperçoiventletourismeetletransportcomme étant des secteurs directement concernés.Parmi les répondants, les autorités des pays nonsituésenAfriquedel’Ouestpensentquel’incidencenégative de la maladie d’Ebola est plus faible queprévu,mêmes’ilsontl’impressionqu’elleacontribuéàunralentissementdelacroissancedesexportationsetdesimportations.

INCIDENCES SOCIALES

L’incidence de la maladie sur le secteur social sera sans doute moins visible, plus particulièrementdans les pays les plus éloignés des trois pays lesplus touchés. Toutefois, certains pays ont soulignédes questions qui pourraient ne pas apparaîtreclairementdesdonnéesd’ensemble.

En réponse aux questions sur les incidences del’épidémied’Ebola sur les systèmesde santé, plusde la moitié des pays interrogés ont indiqué avoirintroduit des mesures de précaution spéciales(thermomètres laser, équipement de protection)danslescentresmédicaux.Cesmesuresnesemblenttoutefoispasavoirentamédemanière significativelesressourcesgénéralementallouéesàlaprestationde services de soins de santé. De plus, un tiersdes pays environ a déclaré avoir restreint la librecirculationdespersonnesen fermant les frontièresou en suspendant les vols directs vers les paystouchés. Certains d’entre eux ont déjà aboli cesmesures.Aucund’entreeuxn’aindiquéavoirmisenplacedesinterdictionsdevisas.

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Commission économique pour l’Afrique

MESURES SPÉCIALES

Tous les pays ayant répondu à l’enquête ontindiqué avoir mis en place des mesures spécialesde préparation en cas d’urgence dans les secteurséconomiquesetsanitaire.Pratiquementtouslespaysontmissurpieddescomitésintergouvernementauxde haut niveau dans le but d’évaluer l’état depréparation à toute épidémie éventuelle. Presquetous les pays interrogés ont élaboré un pland’urgenceoudepréventionrelatifàl’épidémie.Lescoûtsdecesstratégiesontétéestimésà1,5milliondedollarsenRépubliquecentrafricaine,à3,1millionsdedollarsenRépubliquedémocratiqueduCongoetà0,8milliondedollarsàSaoTomé-et-Principe.

La plupart des pays ont également introduit unesorte de programme spécial de santé pour seprépareràuneéventuelleépidémied’Ebolaetontidentifié des centres de traitement et d’isolation.Ils ont presque tous lancé des campagnes desensibilisation: la République démocratique duCongoamisenplaceune«ligneverte»(numérode

téléphonespécial)dédiéeàlamaladie;laRépubliquecentrafricaine a choisi le 26 août comme journéespéciale de communication intense à ce sujet; leTchad a fait participer les dirigeants politiques etleschefsreligieuxettraditionnelsàdesactivitésdesensibilisationàdesfinsdeprévention;etauGhana,10000professionnelsdesantéet50000bénévolesontétéforméspourmeneràbienunecampagnedeporte-à-porte.

Touslespaysont indiquéavoirreçuunsoutiendesorganismesdesNationsuniesetdeleurspartenairesdedéveloppementbilatéraux.Cinqpays(laGambie,le Ghana, la Guinée équatoriale, la Républiquedémocratique du Congo et Sao Tomé-et-Principe)se sont également engagés à apporter une aidefinancièreauxpayslesplustouchés,oul’ontfaitparl’intermédiairedel’OMS,alorsquelaGuinée-Bissau,le Niger et la République démocratique du Congoont décidé de fournir un soutien non financier enenvoyantdesprofessionnelsdesantéetdumatérielmédicalauxpayslesplustouchés.

FIGURE 7 : CROISSANCE SIMULÉE POUR L’AFRIQUE DE L’OUEST ET POUR L’AFRIQUE

Source: Simulations de la CEA au 17 janvier 2015

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Economic Commission for Africa

is contained to the three countries, its impacton the contin nt’s GDP growth will be extremelysmall,accordingtotheresultsofanECAsimulation conducted in November 2014 using the WorldEconomic Forecastin Model (WEFM). The modelis used as framework for analysing internationa transmissionofeconomicshocks.

Because all three EBOLA-a� ected countries havebeenrevisingdownwardtheprojection fortheirGDPgrowthratefor2014and2015,thesimulatio looksatabenchmark scenariowhereall three countriesregister a growth rate of 0% in 2014 and 2015;projected growth for the other African countriesremainsunchangedfortheseyears.

Inthesimulation thedisrupti ee� ectsofEBOLAontheeconomiesofGuinea,LiberiaandSierraLeoneare mirrored by negati e shocks to investment,

consumption unemployment,infl tio andpotentiaoutput. The shocks are calibrated such that theymatchanega� vee� ectonGDPgrowthinthethreecountries,whichresultsinazerogrowthscenario.13 Weassumethatthenon-a� ectedcountriesareonlya� ected through the internationa transmission ofthenegati eeconomic shocksoriginatin from thethreecountriesandthatthereisnocontagion.14

Thissimulatio yieldsforGDPgrowthasmalle� ectinWestAfrica(-0.19percentagepointsin2014and

13 TheWEFM includes countrymodels forGuinea and SierraLeonebutnotforLiberia.Forthisreason,theshockoriginat-ing fromLiberiawasdirectly introduced to itsAfrican tradepartnerswitha strength corresponding to the reductio inLiberianimportsandexports.

14 The extent to which the economies of the non-a� ectedcountriesarehitotherthanthroughinternationa economicintegratio ishard toquanti y.Thosechannelsmay includechanges in consumer sentime t, reductio in tourism andotherfactors.Seetheprevioussection

FIGURE 7. Croissance simulée pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique

-11,5

Source: simulations de la CEA au 17 Janvier 2015

Reduction in GDP Growth rates from Pre-EVD projections

Sierra LeoneGuinée Liberia Afrique de l'Ouest Afrique

20142015

-4,5

-5,9

-11,3

-0,19 -0,05

-6,3 -6,8

-8,9

-0,15 -0,04

-9,5

-7,5

-5,5

-3,5

-1,5

Pour

cent

age

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

INCIDENCES ÉCONOMIQUES DE L’EPIDEMIE D’EBOLA SUR L’AFRIQUE DE L’OUEST ET LE CONTINENTBienquelestroispayslesplustouchésrisquentdesubirdelourdespertesentermesdePIB,l’incidencedel’épidémiesurl’Afriquedel’Ouestetsurl’ensembleducontinentseraprobablementfaible.

Selon les estimations pour 2013, les trois paysreprésentent collectivement 2,42% du PIB del’Afriquedel’Ouestet0,68%duPIBdel’Afrique.Lasous-régionreprésente28,3%duPIBdel’Afriqueetconnaîtunecroissancerobuste.L`Afriquedel’Ouestaenregistré le tauxdecroissance leplusrapideducontinent ces dernières années évalués à environ6,7%pour2012et2013,lesprévisionsétantde6,9et6,8%pour2014et2015.

La performance économique de l’Afrique dans sonensembleaégalementétéexcellentecesdernièresannées, son taux de croissance se chiffrant, enmoyenne, à 5%ouplus au cours des années2000avant l’apparition de la crise financière mondiale.Ce taux est resté élevé par la suite, atteignant desniveauxde4,7%en2012etde4%en2013.Cetauxest prévu à 4,7% et 5% respectivement pour 2014et 2015 laissant ainsi entrevoir un mouvementascendant(CEA,2014f).

Laperformanceducontinentestduenonseulementàdesfacteursexternestelsquel’évolutionfavorabledes cours mondiaux des matières premières, maisaussi à des éléments internes incluant une meilleure gestionéconomique,unrenforcementdelacapacitéàattirerl’investissementétrangeretàconcluredespartenariats commerciaux (notamment avec despays émergents), et une consommation stimuléepar l’apparition d’une nouvelle classe moyenne. Sil’épidémied’Ebolaestcirconscriteauxtroispays,seseffets sur la croissance du PIB du continent serontinfimes d’après les résultats d’une simulationde laCEAquiaétéréaliséeàl’aideduModèledeprévisionséconomiques mondiales (WEFM). Le WEFM estutilisé comme cadre rigoureux pour l’analyse dela transmission des chocs économiques au niveauinternational.

Commelestroispaystouchésparl’l’épidémied’Ebolaontréviséàlabaisseleursprévisionsconcernantletauxde croissanceduPIBpour 2014et 2015 (voirlafigure7),l’étudedesimulationconsidèrecommescénarioderéférencel’hypothèsequecestroispaysaffichent une croissance nulle en 2014 et 2015,pendant que les taux de croissance projetés desautrespaysafricainsdemeurentinchangéspourcesmêmesannées.

Dansl’étudedesimulation,leslourdesconséquencesdelacriseEbolasurleséconomiesdelaGuinée,duLibéria et de la Sierra Leone se reflètent dans leschocs ressentis au niveau des investissements, dela consommation, du chômage, de l’inflation et dela capacité de production. Les chocs sont calibrésde sorteà correspondreàun impactnégatif sur lacroissance du PIB des trois pays qui résulterait enun scenario de croissance nulle13. Nous supposonsquelespaysnontouchéssubissentuniquementlesconséquencesdelatransmissioninternationaledeschocséconomiquesnégatifssubispar lestroispaysetqu’iln’yaurapasdecontagion14.

Selon les résultats de la simulation, l’incidence surla croissance du PIB en Afrique de l’Ouest (-0,19point de pourcentage en 2014 et -0,15 point depourcentageen2015)estfaibleetnégligeablesurl’Afrique (-0,05 point de pourcentage en 2014 et-0,04pointdepourcentageen2015).CesincidencesminimesnesontpassurprenantescomptetenudufaiblepourcentageduPIBquereprésententcestroispayspourl’Afriquedel’Ouestet lecontinent,etdelaréactionformidableobtenueauniveaunationaletinternationaldanslecombatcontrel’épidémie.

En résumé,pourcequiestde la croissanceetdesperspectivesdedéveloppementenAfrique, iln’yapas vraiment lieu de s’inquiéter des conséquencesdelacriseàvirusEbola.

13LeWEFMinclutdesmodèlesnationauxpourleGhanaetlaSierraLeone,maispaspour leLibéria.Pourcetteraison, lechocprovenantduLibériaaétédirectementtransmisàsespartenairescommerciauxafricainsentraînantuneréductiondesimportationsetexportationslibériennes.

14Lamesuredanslaquelleleséconomiesdespaysnontouchéssont affectées, autrement que par le biais de l’intégrationéconomiqueinternationale,estdifficileàquantifier.Ilpourraits’agir d’une évolution des sentiments des consommateurs,d’uneréductiondutourisme,ainsiqued’autresfacteurs.Voirlasectionprécédente.

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Commission économique pour l’Afrique

Le présent chapitre se penche sur les aspectstransversauxessentielscommelasexospécificitéet la vulnérabilité des systèmes de santé des

troispays.

DIMENSION SEXOSPÉCIFIQUE–LES FEMMES SONT LES PLUS PÉNALISÉESLes différences liées au genre et au sexe ont desretombéesprofondessur la façondont les femmeset les hommes font face auxmaladies infectieuseset les combattent. Lesdonnéesprobantes révèlentle risque disproportionné d’infection, de durée,de gravité et demortalité vécu par les femmes etles hommes par rapport auxmaladies infectieusesémergentes telles que la maladie d’Ebola (OMS,2011). Cet impact différencié est attribuable auxnormesetauxcomportementssocialementprescritsentre les hommes et les femmes; à la division dutravailstéréotypéeentreleshommesetlesfemmes;etauxcontraintessexospécifiquesliéesàl’accèsauxressourcesproductivesetaucontrôledecelles-cientantqueprincipauxtitulairesdedroits.

Danscetteoptique,l’épidémied’Ebolalanceundéfisans précédent à la réalisation globale de l’égalitéhommes-femmesetàl’autonomisationdesfemmes.À cause du travail domestique et communautairenonrémunéréetdeladivisiondutravailenfonctiondu sexe, les femmes sont les plus touchées parl’épidémie (comme en témoigne ONU-Femmes,2014),quiindiquequelesfemmesreprésententprèsde75%desdécèsdusàlamaladied’EbolaauLibériaet59%enSierraLeone.Danslestroispays,55à60%descasdedécèssontdesfemmes(WashingtonPost,2014).

En outre, un recul prononcé a été enregistré auniveau des indicateurs de santé concernant les femmes,commelamortalitématernelle.Lesservicesdesantéétantsubmergés,lesfemmesenceintesseretrouventsouventprivéesdeservicesd’obstétriqueet de soins pré- et post-natals, freinant ainsi lesprogrèsenvuedelaréalisation,danslestroispays,de l’objectif du Millénaire pour le développement(OMD)relatifàlamortalitématernelle.

À cela vient s’ajouter un risque accru de violencesexiste et d’exploitation des filles et des jeunesfemmes, qui a été rapporté dans ces pays, dû enpartie à l’isolement par mise en quarantaine ou àla perte de parents à cause de lamaladie d’Ebola.L’autonomisation économique des femmes a aussisubi des revers en raison de la fermeture desfrontières qui a nui au commerce transfrontalier(oùlamajoritédescommerçantssontdesfemmes),à l’agricultureetà l’exploitationminière(où letauxd’emploidesfemmesestélevé).

COMMERCE TRANSFRONTALIER

Les échanges transfrontaliers informels en Afriquereprésenteraient 43% du produit intérieur brut(PIB)officiel,cequisignifieque lesecteur informelestpresqueéquivalentausecteurformel(LesseretMoisé-Leeman,2009).Lespolitiquesdelibéralisationéconomique, les taux de chômage élevés etl’urbanisationcroissantesurvenus récemmentdansdenombreuxÉtatsdel’Afriquedel’Ouestontentraînéuneexpansionénormedusecteurinformelaucoursdes dernières années. La croissance économiquesoutenueenAfriquede l’Ouest seraprobablementde plus en plus stimulée par les exportations non

6. ANALYSE DE L’IMPACT DE L’ÉPIDÉMIE D’EBOLA SUR LA SEXOSPÉCIFICITÉ ET LES SYSTÈMES DE SANTÉ

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

traditionnelles comme les produits agricoles, lebétail,lepoisson,lesobjetsd’artisanatetlesproduitsmanufacturés(CEA,UAetBAD,2010).

Les femmes dominent le commerce transfrontalier enAfriquedel’Ouest(70%danslarégiondufleuveMano),même si leur contribution économique estàpeinevalorisée.LeurcontributionauPIBnationals’élèveà64%delavaleurajoutéedanslecommercebéninois, à 46% dans celui duMali et à 41% dansle commerce du Tchad. En Afrique de l’Ouest, lesfemmes engagées dans le commerce informel transfrontalier emploieraient 1,2 personnes dansleurs entreprises à domicile et subviendraient auxbesoinsde3,2enfantset3,1personnesdépendantesenmoyenne, lesquelles ne sont ni leurs enfants nileursconjoints.

Sur les 2 000 commerçantes opérant dans lesecteur informel transfrontalier interrogées parONU-Femmesentre2007et2009auCameroun,auLibéria, auMali, au Swaziland, en République-UniedeTanzanieetauZimbabwe,latrèsgrandemajoritéadéclaréqueleursactivitésdenégoceconstituaientla principale source de revenu pour leur famille,et qu’elles utilisaient cet argent pour acheter dela nourriture et d’autres articles ménagers, payerles fraisdescolarité, lesservicesdesanté, le loyer,réinvestir dans leurs entreprises, ou le placer dansdesbanquesetdesclubsd’épargnedits«susu».

En bref, la fermeture officielle des principalesfrontièresentrelaGuinée,laSierraLeone,leLibéria,laCôted’Ivoire,leSénégaletlaGuinée-Bissauadeseffetsdévastateurssurlesrevenusdesménages15.

INDUSTRIES MINIÈRES

Lesfemmessontprésentesdansl’industrieextractiveet en particulier dans le secteur minier, même sielles y sontmoins visibles, enpartieparcequ’ellesparticipent surtout à des activités artisanales et àpetiteéchelleconsidéréesdanscertainspayscommeillégales.LaGuinée,leLibériaetlaSierraLeonesontparmiles21paysd’Afrique16oùsetrouventplusde

15Lesdonnéesrécentes indiquentque30%desménagesauLibéria étaient dirigés par des femmes en 2009, 22 % enSierraLeoneen2008,et17%auGhanaen2012.Source :Indicateurs du développement mondial, Banque mondiale,http://data.worldbank.org/indicator/SP.HOU.FEMA.ZS,consultéele25novembre2014.

16Angola,BurkinaFaso,Côted’Ivoire,Érythrée,Éthiopie,Ghana,

100000petitsopérateursminiers etqui ont entre600 000 et 9 millions de personnes à leur chargepourchacundecespays(CEAetCUA,2011).

Commecespetitesopérationsminièressontleplussouventinformelles,lesdécideurs,lesanalystesdespaysmembresetlepublicengénéralignorentleplussouventtoutdeleurcontributionaudéveloppementlocaletnational.Auniveaunational,leursapportsauPIB et aux recettesendevises étrangères, quoiquerarement enregistrés, peuvent être importants:par exemple, un examen de lamoitié des recettesetdépensesdesquelque50000à75000artisansmineurs de diamant du Libéria prévoyait que 13,5millions de dollars par an seraient injectés dansl’économie locale, créant des marchés pour desproduits agricoles ou manufacturiers locaux etaugmentant la part en espèces des revenus desménages. Les capitaux provenant des activitésminières artisanales et à petite échelle stimulentprobablementaussilesentrepriseslocalesformellesetinformelleseninjectantunsupplémentde33,75millionsdedollarsdansl’économielocaleduLibéria(CEA et CUA, 2011). Par ailleurs, 84%des 582 000caratsdediamantsexportésdeSierraLeoneen2006provenaientdeminesartisanalesetàpetiteéchelle(Gouvernementsierra-léonais,2011).

Deprudentesestimationssuggèrentquelesfemmesreprésentent plus de 40% des plus de 8 millionsd’employés des activités minières artisanales et àpetiteéchelleenAfrique(Banquemondiale,2012).Elles y travaillent dans des domaines divers telsque la prospection, l’exploration et l’exploitationminièreproprementdite,ainsiquelemarketing.Lesfemmesoccupentàcetégardtouteunegammedefonctions:manœuvressalariés,manœuvrespayésàla production, distributrices (acheteuses assurées),titulaires de permis, membres de coopérative,concessionnairesoubailleusesdefonds(financières,souvent détentrices d’un permis). En Sierra Leone,parexemple,cespetitesentreprisesminièressontlesdeuxièmesplusgrosemployeursaprès l’agricultureet assurent la subsistance d’environ 200 000 à 300000personnesetleursfamilles.

Guinée, Libéria, Madagascar, Mali, Mozambique, Niger,Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, RépubliqueDémocratiqueduCongo,République-UniedeTanzanie,SierraLeone,Soudan,TchadetZimbabwe

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Commission économique pour l’Afrique

Mais lamaladie d’ Ebola a contraint de nombreuxpetits opérateurs miniers – en particulier desfemmes – à abandonner complètement les minesde diamants et d’or en raison des contrôles plusstricts imposés aux frontières pour empêcher lapropagationdelamaladieetautresrestrictionssurla libre circulation des personnes. Avant la crise,les mines d’or artisanales, secteur dominé par lesfemmes, leur rapportaient des revenus stables etfiables,contribuantàpayerlesdépensesessentiellesdesménages(Maconachie,2014).

Les liaisons en aval entre les mines et l’agriculture ont aussi été gravement compromises puisqueles femmes combinent exploitation minière etagriculture, les revenus des mines étant souventréinvestis dans les exploitations agricoles ou pourassurerl’expansiondesculturesmarchandes.

AGRICULTURE

Lesfemmesconstituentenmoyenne43%delamain-d’œuvre agricole dans les pays en développementet comptent pour environ deux tiers des 600millionsd’éleveurs pauvresdumonde (FAO, 2013).Les questions de genre dans l’économie d’un paysy déterminent la totalité de la production, de ladistributionetdelaconsommationmaissontsouventignoréesentempsdecrise(Spence,2012).DanslesdistrictsdeKailahunetdeKenemaenSierraLeone,parexemple,ilyadesfemmeschefsd’exploitationsagricolesetchefsdeménagesdontlesbasesontétésérieusement érodées, voire totalement anéantiesdufaitdesdécèsdusauvirusEbola(BAD,2014b).

De plus, les restrictions sur la circulation despersonnes se sont traduites par des manques àgagnerpourlesfemmesquisonthabituellementlesprincipaux soutiens financiers des familles rurales,encausant lapertedesalimentsdebasequin’ontpaspuêtremisenventesurlesmarchés.Leslimitesimposées au nombre de marchands pouvant serendresurlesprincipauxmarchésduLibéria–pouressayer d’éviter la contagion – ont entraîné delourdespertespourlesfemmesquiconstituentprès70%decescommerçants.Enfin,l’accèsetlecontrôledes terres et autres ressources productives sontdevenusdifficilespourlesfemmesdevenuesveuves

àcauseduvirusEbolapuisque,tantenGuinée,qu’auLibériaetenSierraLeone,ledroitfonciercoutumierenmatièred’héritageestdiscriminatoireenvers lesfemmes.

PRESTATIONS DE SOINS NON RÉMUNÉRÉS

Les soinsnon rémunérés reflètent la façondont lasociété compte sur les tâches de production et dereproduction que les jeunes filles et les femmesdoivent exécuter pour les hommesde leur famille,quidéterminentlacapacitéd’unménageàmaintenirsa consommation quotidienne de base. Ce sont leplus souvent des heures de corvées intensives nedonnant droit à aucune rétribution (UAF-Africa,2014).Onestimequ’enGuinéelesfemmesontdesjournéesde15à17heuresd’activités familialesetprofessionnelles et leurs horaires de travail sontsimilairesauLibériaetenSierraLeone.

Commelesfemmesdoiventabandonnerleurstâchesjournalières pour s’occuper des membres de leurfamille atteintspar lamaladieoudesenfantsdontelle a fait des orphelins, elles ontmoins de tempspourgagnerdel’argent,pourcultiveretvendredesdenrées alimentaires, ce qui risque de se traduireparuneaggravationdel’insécuritéalimentaireetlemaintienducycledelapauvreté.

VULNERABILITE DES SYSTEMES DE SANTE AFRICAINSLarapidepropagationduvirusEbolaarévéléquelaplupartdessystèmesdesantéafricainsn’ontqu’unefaible capacité de réaction et de gestion d’uneflambéeépidémique,parcequ’ilsdisposentdepeudemoyens,leurpersonnelmanquedeconnaissanceset leur gouvernement n’accorde pas une grandeprioritéàcesecteur.

Il faut redonner la priorité aux systèmes de santéafricains et les consolider, comme le montrent lesdonnées ci-après. De solides institutions doiventêtremisesenplacepouroffrirdesservicesdesantépréventiveaussibienquecurative,cequinepourraêtre atteint que si la performance et l’efficiencedesprincipauxélémentsdesservicesdesantésontaméliorées. Selon l’OMS, six éléments essentiels

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

caractérisent un système de santé fonctionnel: laprestation de services, le personnel de santé, lessystèmes d’information et de connaissance surla santé, les produits médicaux, les vaccins et lestechnologies, le financement, le leadership et lagouvernance.

MANQUE D’INFRASTRUCTURES

Les pays d’Afrique ont mis en place quelquesinfrastructuressanitaires,avec l’aidedepartenaires

mais à 0,8, la moyenne africaine n’a pas encoreatteintlanormed’unhôpitalpour100000habitants(OMS,2014).Seuls13paysontdépassécettenorme,leGabonseplaçantentêtetandisquelaGuinéeetleLibériasontbienendessousdelamoyenneafricaine(voirlafigure8).Pireencore,ceschiffresontdiminuéparrapportà0,9en2013(leGabonavaitalorsquatrehôpitauxpour100000habitants).Enplusdecettefaiblecouverture, ilyaungraveproblèmed’accès,notamment en raison de la distance moyenne à

FIGURE 8 : NOMBRE D’HÔPITAUX POUR 100 000 HABITANTS EN 2013

FIGURE 9 : NOMBRE DE MÉDECINS POUR 10 000 HABITANTS, 2006-2013

Source: OMS, 2014.

Source: OMS, 2014.

37

Socio-economic Impacts of the Ebola Virus Disease on Africa

working owing to a lack of maintenance. One reason is that payroll consumes a heavy share of the budget (60–80% of most ministries of health), leaving few resources for spending elsewhere (Gobbers and Pichard, 2000). The upshot is a heavy percentage of temporary some es paid on piece rate without fi ed-term contracts, and tr healers or poorly trained health Some services are contracted out. In some countries poorly managed recruitment—under the ministry in charge of the

public service—explains these inadequacies, seen among all professions: doctors, nurses, qualifie caregivers, laboratory technicians, paramedics and social workers.

The African average for doctors is reasonable, with 2.6 doctors per 10,000 inhabitants, but not so for nurses and midwives, as these doctors supervise on

FIGURE 8. Nombre d’hôpitaux pour 100 000 habitants en 2013

FIGURE 9. NOMBRE DE MÉDECINS POUR 10 000 HABITANTS 2006-2013

Les 10 meilleurs Les 10 moins bons

Moyenne Africaine 0,8Standard OMS 1,0

2,6

Les 10 meilleurs Les 10 moins bons

Moyenne Africiane

1,0Standard OMS

Source: OMS 2014.

OMS 2014.

GabonLibyeTunisieNamibieCôte d’IvoireKenyaGhanaBotswanaSoudanSeychelles

3,52,62,31,91,71,51,41,31,31,1

BéninEritréeGuinéeLibériaMalawiUgandaRDCBurkina FasoÉthiopieSénégal

0,40,40,40,40,40,40,40,30,20,2

ÉgypteLibyeTunisieAlgérieAfrique du SudMarocNigériaNamibieBotswanaCap Vert

28,319,012,212,17,86,24,13,73,43,0

TogoRCABurkina FasoMozambiqueÉthiopieSierra LeoneNigerMalawiTanzanieLibe ria

0,50,50,50,40,30,20,20,20,10,1

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Socio-economic Impacts of the Ebola Virus Disease on Africa

working owing to a lack of maintenance. One reason is that payroll consumes a heavy share of the budget (60–80% of most ministries of health), leaving few resources for spending elsewhere (Gobbers and Pichard, 2000). The upshot is a heavy percentage of temporary some es paid on piece rate without fi ed-term contracts, and tr healers or poorly trained health Some services are contracted out. In some countries poorly managed recruitment—under the ministry in charge of the

public service—explains these inadequacies, seen among all professions: doctors, nurses, qualifie caregivers, laboratory technicians, paramedics and social workers.

The African average for doctors is reasonable, with 2.6 doctors per 10,000 inhabitants, but not so for nurses and midwives, as these doctors supervise on

FIGURE 8. Nombre d’hôpitaux pour 100 000 habitants en 2013

FIGURE 9. NOMBRE DE MÉDECINS POUR 10 000 HABITANTS 2006-2013

Les 10 meilleurs Les 10 moins bons

Moyenne Africaine 0,8Standard OMS 1,0

2,6

Les 10 meilleurs Les 10 moins bons

Moyenne Africiane

1,0Standard OMS

Source: OMS 2014.

OMS 2014.

GabonLibyeTunisieNamibieCôte d’IvoireKenyaGhanaBotswanaSoudanSeychelles

3,52,62,31,91,71,51,41,31,31,1

BéninEritréeGuinéeLibériaMalawiUgandaRDCBurkina FasoÉthiopieSénégal

0,40,40,40,40,40,40,40,30,20,2

ÉgypteLibyeTunisieAlgérieAfrique du SudMarocNigériaNamibieBotswanaCap Vert

28,319,012,212,17,86,24,13,73,43,0

TogoRCABurkina FasoMozambiqueÉthiopieSierra LeoneNigerMalawiTanzanieLibe ria

0,50,50,50,40,30,20,20,20,10,1

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Commission économique pour l’Afrique

parcourirpourserendredanscescentresdesanté,enraisontantdeleurrépartitiongéographiquequedesmauvaisesinfrastructuresdetransport.

Lesservicestechniquesdenombreuxpaysd’Afriquerestent insuffisants, trop souvent équipés delaboratoires et d’unités de radiologies à peineopérationnels faute d’entretien, notamment parcequelamassesalarialegrèvelourdementleurbudget,(60à80%danslaplupartdesministèresdelasanté),cequilaissepeuderessourcesauxautrespostesdedépenses(GobbersetPichard,2009).Celasetraduitpar un fort pourcentage de personnel temporaire,parfois payé à la pièce sans contrat à duréedéterminée,avecdespraticienstraditionnelsetdesagentsde santépeu formés. Il peut arriver qu’une

politiquedeservicescontractuelssoitadoptée.Danscertainspays,lamauvaisegestiondesrecrutementsdont est responsable le ministère de la fonctionpublique explique ces insuffisances qui concernenttoutes les professions: médecins, infirmiers,soignants qualifiés, techniciens de laboratoire,auxiliairesmédicauxetassistantssociaux.

MANQUE DE PERSONNEL

Pourcequiestdesmédecins,lamoyenneafricaineest raisonnable, avec 2,6 médecins pour 10 000habitants,maispaspour les infirmierset lessages-femmes, puisque ces médecins supervisent enmoyenne12infirmiersetsages-femmes.Lesnormesdel’OMSsontd’unmédecinpour10000habitants,

FIGURE 10 : LES PRINCIPAUX PAYS D’ACCUEIL DE LA FUITE DES COMPÉTENCES MÉDICALES PROVENANT DE L’AFRIQUE (HORS AFRIQUE DU NORD)

Source: Performance Management Consulting, www.performancesconsulting.com

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Economic Commission for Africa

average12.0nursesandmidwives.WHO’sstandardsare for one doctor per 10,000 inhabitants, onenurseper300inhabitantsandonemidwifeper300womenofreproducti eage.Supportsta� sinhealthunits (plumbers for drinkingwater and sanitation electriciansanddrivers,experts inhigh technologyforequipment)areinextremelyshortsupply.

Among countriesa� ectedbyEBOLA, the ratio fordoctors are far below that average: Guinea (1.0),Sierra Leone (0.2) and Liberia (0.1) (see figu e 9).Indicatorsfornursesandmidwivesarealsoworrying:2.7 in Liberia and 1.7 in Sierra Leone, not even a

quarteroftheAfricanaverage.Attheserates,medicalsupervisionandsupportaregrosslyinadequate.

Medical sta� numbers are especially low in ruralareas, and doctors particularl prefer urban areas.Nursesandmidwivespractis moreinthepublicthanprivatesector.Thepersonneldefici iswiderinareaswithpoor livingconditions whichare frequently inruralareas.Foreignpractition swork inthepublicandprivatesectors.

Doctors in the public sector alsowork privately inmost countries (not always fulfillin their public

FIGURE 10. LES PRINCIPAUX PAYS D’ACCUEIL DE LA FUITE DES COMPÉTENCES MÉDICALES DE L’AFRIQUE HORS AFRIQUE DU NORD

Source: Performance Management Consulting,www.performancesconsulting.com

Royaume Uni 15 258Médecins africains

Etats Unis 12 813 Médecins africains

Portugal 3 859Médecins africains

Canada 3 715Médecins africains

Australie 2 140Médecins africains

4 199 d'Afrique hors Afrique du Nord

13 350 d'Afrique hors Afrique du Nord

8 558 d'Afrique hors Afrique du Nord

3 847 d'Afrique hors Afrique du Nord

2 800 d'Afrique hors Afrique du Nord1 596 d'Afrique hors Afrique du Nord

France 24 494Médecins africains

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

uninfirmierpour300habitantsetunesage-femmepour 300 femmesen âgedeprocréer.Onmanqueaussiterriblementdepersonneld’accompagnementdesunitéssanitaires(plombierspourl’eaupotableetl’assainissement,électriciens,chauffeurs,techniciensdehautniveaupourleséquipements).

Dans les pays affectés par l’épidémie d’Ebola, laproportion demédecins est encore inférieure à lamoyenne africaine, soit 1 enGuinée, 0,2 en SierraLeone et 0,1 au Libéria (voir la figure 9). Pour lesinfirmierset les sages-femmes, les indicateurs sontaussipréoccupants,auLibéria(2,7)etenSierraLeone(1,7),mêmepas le quart de lamoyenne africaine.Comptetenudeceschiffres,lasurveillancemédicaleet l’accompagnement des patients sont tout à faitinsuffisants.

Lepersonneldesantéestsurtoutinsuffisantenzonesrurales, lesmédecins préférant les zones urbaines,tandis que les infirmiers et les sages-femmes sontplus nombreux dans le secteur public que dans lesecteurprivé.Cemanquedepersonnesestd’autantplusgravedansleszonesoùlesconditionsdeviesontmauvaises, le plus souvent dans les zones rurales.Lespraticiensétrangerstravaillentaussibiendanslepublicquedansleprivé.

Dans la plupart des pays, lesmédecins du secteurpublictravaillentaussidansleprivé(neremplissantpastoujoursleursobligationsdeservicepublic).Cecis’explique en général par lesmauvaises conditionsde travail etdes salaires tropbasdans les servicespublics.Mais l’absencede rémunérationsuffisante,mêmedansleprivémieuxpayé,estàl’origined’uneconstanterecherchedepostespluslucratifs,leplussouventenoutre-mer, cequiprive le continentdenombreux agents de santé (voir la figure 10). Lespays d’où partent ces professionnels de la santépourraient cependant en retirer d’importantsbénéficesfinanciers(dumoinsdanslecourtterme):le recrutement massif de médecins ghanéens quis’est opéré au Royaume-Uni entre 1998 et 2002 apermisàcepaysd’économiserprèsde172millionsde dollars (Performance Management Consulting,2010).

Maisletableauglobaln’estpasencourageant:iln’yaenAfriqueque1,3%desagentsdesantédumondemais lachargedemaladieatteint25%delachargemondiale (Performance Management Consulting,2010). Le manque de ressources humaines estextrêmement grave et a parfois des conséquencescatastrophiques.

FIGURE 11 : PART DES DÉPENSES DE SANTÉ DANS LES BUDGETS NATIONAUX EN 2011 (EN%)

Source: OMS, 2014.

Note: Les icones utilisés dans la présente figure ont été dessinés par Freepik

Socio-economic Impacts of the Ebola Virus Disease on Africa

service This “dual job holding” usually stems from poor working condition and low salaries in the public sector. But the lack of even well-paid private jobs is the origin of their continua search for other more lucrati e situations which can be abroad, draining the contine t’s medical base (see figu e 10). Still there may be huge financia benefit to sending countries (at least in the short term): the massive recruitment of Ghanaian doctors by the United Kingdom between 1998 and 2002 made it possible for the country to save nearly $172 million (Performance Management Consultin , 2010).

Yet the overall picture is not encouraging: Africa has 1.3% of the planet’s health workers but its global disease burden is 25% (Performance Management Consultin , 2010). The human resource defici is a pressing burden with, at times devastatin consequences.

Lack of funding is one of the main reasons for the above unimpressive data on infrastructure and performance. States are the main funders of their

health systems. In countries that have decentralized more than others, local communitie also contribute to the health (although community health is far from a priority in Africa, despite the discourse).

WHO calls on countries to devote at least 9% of public spending to health—and to their credit, many countries do so (see figu e 11). Other bodies have other spending targets: the African Union 10% and the Economic Community of West African States (ECOWAS) 15%.

In 2011 these rates were 19.1% in Liberia, 12.3% in Sierra Leone and 6.8% in Guinea, against the African average of 9.7% (WHO, 2014). These figu es may though be a shade misleading, as these amounts reflec health system reconstruction In Guinea, the Coordinatio Body for the Combat against Ebola argues that the true health budget is only 2.7% of nationa government spending.

Most African states thus spend less than $20 per person per year, and some less than $10—not even half the $34–$40 needed for essentia minimum health services (AU, 2007).

9,7%

Les 10 meilleurs

Moyenne Africaine

Les 10 moins bons

Standard OMS au moins 9,0%

PART DES DÉPENSES DE SANTÉ DANS LES BUDGETS NATIONAUX EN 2011 (EN %)

Source: OMS, 2014. Les icones utilisés dans cette �gure ont été conçus par Freepik

RwandaLiberiaMalawiTogoLesothoZambieDjiboutiNamibieBurundiMadagascar

24,019,117,015,414,514,414,113,913,613,5

Nigeria & Ouganda Égypte MarocKenya Angola São Tomé et Príncipe Libye Soudan du Sud Érythrée Tchad

6,46,36,05,95,65,64,54,03,63,3

$

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Commission économique pour l’Afrique

MANQUE DE RESSOURCES

C’est bien le manque de fonds qui est l’une desprincipalescausesdeceschiffrespeureluisantssurlesinfrastructuresetlepersonneldesanté.CesontlesÉtatsquifinancentessentiellementleurssystèmesde santé.Dans certainspaysoù la décentralisationa mieux progressé, les communautés localesparticipent aussi à ces efforts (quoique la santécommunautaire,dontonparle tant,soit loind’êtreuneprioritéenAfrique).

L’OMS exhorte les pays à consacrer au moins 9%des dépenses de l’État au secteur de la santé et àleur crédit, bon nombre d’entre eux le font (voirla figure 11). D’autres organes ont fixé des ciblesdifférentes:10%pourl’Unionafricaineet15%pourla Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO).En2011,lapartdesdépensesdel’Etatausecteurdesantéétaitde19,1%auLibéria,12,3% en Sierra Leone et 6,8% en Guinée contreunemoyenne africaine de 9,7% (OMS 2014).Maisces chiffres risquent d’induire en erreur, puisqu’ilstémoignent de la reconstruction des systèmesde santé de ces pays. En Guinée, la Coordinationnationale de lutte contre Ebola affirme que levéritablebudgetsanténereprésenteque2,7%desdépensesdel’État.

LaplupartdesÉtatsd’Afriquedépensentdoncmoinsde20dollarsdesÉtats-Unisparhabitantparanetcertainsmoinsde10dollars, soitàpeine lamoitiédes34à40dollars requispour fournir les servicesminimumsdesanté(Unionafricaine,2007).

Le secteur privé, confessionnel ou à but lucratif,contribueaussiaufinancementdelaprestationdesservicesdesanté.Lessalairesoffertsdanslafonctionpublique sont si bas que le secteur privé bénéficiedes ressources humaines qui abandonnent lesecteurpublic(etcommeonl’amentionnécertainsd’entreeuxseserventdesinfrastructurespubliquesdansleurpratiqueprivée).Cespratiquesquipeuventaugmenter le coût des soins de santé risquent de réduirelacrédibilitédusecteurofficieldelasantéauprofitdespraticienstraditionnels.

MANQUE D’INTÉGRATION

Dansplusieurspays,lesecteurdelasantén’aquepeudesoutiendesautressecteurs,démontrantl’absenced’uneapprocheplurisectorielled’ensembleintégrantles dimensions culturelles des populations et lescontributionsdesautressecteursàlapromotiondessoinsdesanté.

La progression rapide de l’épidémie d’Ebola nes’explique pas seulement par les difficultés dessystèmes de santé, mais aussi par la faiblesse desautrespolitiquessectorielles.

Par exemple, le manque d’accès à l’eau potableet le peu d’attention consacrée à l’assainissementvulnérabilisent gravement les populations des paysaffectés, de même que la malnutrition. Du pointde vue économique, l’agriculture africaine viseessentiellement les culturesmarchandes destinéesàl’exportationauxdépensdesculturesalimentairesquinebénéficientpasdu toutdesmécanismesdesoutien à la production et aumarketing, et voientdonc leur expansion limitée. Cette orientationrenforce ladépendancedessourcesextérieuresdedenréesalimentaires,voireencoreplusdel’assistancealimentaire, ce qui handicape la production locale.Les services de santé posent aussi des problèmespour l’environnement, en raison de la mauvaisegestiondesdéchets.

Mais les activités transfrontalières sont trèsimportantes et d’une certaine façon intégrées,raisonpour laquelle la fermeturedes frontièresestunemesure absolument draconienne. Ce sont cesactivités qui ont permis la propagation rapide duvirus Ebola qui, depuis laGuinée, s’est rapidementétendu dans toute la Sierra Leone et le Libéria.En juin 2014, alors qu’il n’y avait que deux cas enGuinée,maislevirusestrevenudeSierraLeonepoursepropagertrèsrapidementdanstoutlebassindufleuveMano.IlfautajouteràcelalescasimportésauNigériaenprovenancedu Libériaet ceux importésauSénégalenprovenancedelaGuinée,leNigériaetle Sénégal réussissant rapidementà les traiter.Descas en provenance deGuinée ont été importés auMali.

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

L’échec de l’intégration et de la coordinationdes activités internationales est aussi évident:l’Organisation ouest-africaine de la santé, parexemple,n’apaspuremplirpleinementsonrôlederépartitiondesressourcesrequisesetlerenforcementde la coopération entre les États membres et despaystiers.Lespaysvoisinsontpréféréfermer leursfrontières, aggravant la misère et les souffrancesdécritesplushaut.

INEFFICACITÉ

Une analyse des composantes principales a étéréaliséesurlabasededonnéesdel’OMS.Ellecouvre36paysafricainsenfonctionde ladisponibilitédesdonnéessurlesindicateursdesantépourlapériode2006-2013. Quatre caractéristiques principalesressortentdel’analyse:

• Les ressources financières allouées à la santé,principalementcellesdel’Etat,sontallouéesauxéquipementshospitaliersetnonauxressourceshumaines;

• Malgré l’émergence d’un secteur privé plusdynamiqueetlaprioritéquiluiestaccordée,laqualité des services est meilleure dans le secteur public;

• Le système de sécurité sociale est aussiimportantqueleniveaudesdépensesdesantéparhabitant;

• Des services de santé de qualité nécessitent non seulementdebonséquipementshospitaliers,maiségalementdesressourceshumainesadéquates. L’analyse montre l’importance des ressourceshumainespourquelessystèmesdesantésoientefficaces. Par exemple, bien que le Libéria aitmobilisé d’importantes ressources financièrespour son système de santé, la faiblesse desressources humaines a été le talon d’Achille,contrairement au Nigéria, à l’Egypte, à laCôted’Ivoireet auSénégalquiontunnombrerelativement élevé de médecins pour 10 000habitants.LetotaldesdépensesdesantéduLibériareprésente15,6%desonPIB,leratioétantde8litspour10000habitants.D’autrespaysafricains

consacrentmoinsde7%deleurPIB,lamoyenneétantde5,5 litspour10000habitantsmais lenombredemédecinsestplusélevéqu’auLibéria.

En Sierra Leone, le système de santé reposeprincipalement sur le secteur privé qui fournitenviron83,5%dutotaldesdépenses.CelacontrasteavecleMali,leBénin,Djibouti,l’Erythrée,laGambie,le Lesotho, leMalawi, laMauritanie, laRépubliquedémocratique du Congo, le Rwanda, le Togo et laZambieoùlacontributiondusecteurprivéoscilleraitentre 22,5% (minimum) et 56,2% (maximum). EnGuinée,l’importancedelasécuritésocialeestlaprincipalecaractéristiquedusystèmedesantémaislesdépensesdesantéparhabitantsonttrèsbasses.Eneffet,laGuinéecommeleGhana,laGuinée-Bissau,leKenya, leLesotho, leMozambique, leNigeret leTogo consacrent enmoyenne 13,4% des dépensesde santé publique à la sécurité sociale tandis quele total desdépensesde santéparhabitant est enmoyenne de 35 dollars. A l’inverse, le Nigéria, laGuinéeéquatorialeetlaNamibieneconsacrentque0,6% des budgets de santé publique à la sécuritésociale,maislesdépensesdesantéparhabitantsontsupérieures(allantde85à1051dollars).

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Commission économique pour l’Afrique

Ilest importantdesavoir ceque lemondeditdel’épidémie d’Ebola – ses « perceptions ». Lesopinionsexprimées, suivant les lieuxet le temps,

sont-ellesoptimistesoupessimistes?

Poursavoircequ’ilenest,onaeurecoursàune«analysedessentiments»,unetechniqued’explorationdesdonnéesdevenuetrèspopulaire,enparticulieraprès larecherchedePangetLee(2008).L’analysedes sentiments, aussi appelée « fouille d’opinion», utilise les techniques de traitement du langagenaturel pour déterminer l’attitude des locuteursquantàteloutelsujetavecdestechniquestellesqueladétectiondesmotsclefs,lecalculdessimilitudesentres textes en fonction de la fréquence et de lacorrélationdestermes,ainsiqued’autrestechniquesadaptées spécialement aux documents textes.L’idée fondamentalede la fouilled’opinionestquelorsqu’unlocuteurporteunjugementpositifsurunsujet,ilouelleatendanceàutiliserdestermespluspositifsenenparlantetvice-versa.

D’autres techniques statistiques permettantd’extraire et de regrouper automatiquement lessujetsrécurrentsdansuntexteontaussiétéutilisées.Cestechniquessontnotammentunevariantede lafouilled’opinionquicalculelesfréquencesdesmotsconcernantunsujetspécifiqueetl’algorithmeLingo(Osinski,StefanoskietWeiss,2004),quipermetdetrouver automatiquement les phrases récurrentesdansunelistedetextesetdeclasser lestextesparsujetsurlabasedecesphrases.

ANALYSE DES SENTIMENTSEnseservantde2502articlespubliésdanslespaysaffectés entre mars et novembre 2014 et de 729articles publiés dans divers autres pays de par lemonde,onacalculéunscoredesentimentà l’aidedulogicield’explorationdestextesetdesonplug-ind’analysedessentiments.

Une analyse préliminaire de toute une gammed’informations,dontdesactualités,desrapportsetdes étudesportant sur la flambée actuelle d’Ebolaillustrelesentimentgénéralquel’onadansdiversespartiesdumondeàcepropos(voirlafigure12).Unscore élevé signifie que les gens ont une attitudegénéralement positive lorsqu’ils parlent du virusEbolaetviceversa.Cescoreestcalculéà l’aidedel’infrastructurede fouilledestextesduprogicieldestatistiquesR(RDevelopmentCoreTeam,2012)enfonctiondelafréquencedesmotspositifsounégatifs(Meyer, Hornik et Feinerer, 2008). Le graphiquemontreégalementlesscoresdesujetséconomiques,sociaux et médicaux calculés avec des méthodessimilaires. Les scores ont été normalisés afin queleursommesoitde100,c’est-à-direqueseulesleursvaleursrelativessontsignificatives.

LarégionlapluspositiveausujetduvirusEbolaestl’AmériqueduNord,suivieparl’Afrique,puisl’Europe,larégionlamoinspositiveestl’Océanie.Lesrégionsoùlesscoressontlesplusélevéssontcellesquiontfait l’expériencedecasde lamaladied’unepartetd’autrepartcellesoùlamaladieaétéleplussouventmentionnéeaux actualités. Les sentimentsnégatifsà l’égard de la maladie semblent essentiellementdus à la peur et plus on en parle, plus cette peurdisparaît. Les gens sont moins inquiets quand ilssavent exactement ce dont il s’agit, comment lamaladie se propage, comment on peut l’éviter etessentiellement qu’elle peut être contrôlée. Lapeur est probablement le principal facteur par lecanal duquel la maladie pourrait avoir un impactsur l’économie des pays africains non affectés, leshabitantspouvantannulerleursdéplacementsetlesentreprisesdétournerleursinvestissements.

Les restrictions gênent déjà les déplacementsdes agents et fournitures de santé et ne facilitent pas le suivi de la maladie, handicapant les effortsdéployés pour arrêter l’épidémie, quoiqu’il y ait

7. ANALYSE DES PERCEPTIONS

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

FIGURE 12 : SCORES DES SENTIMENTS ET AUTRES SUJETS FIGURANT DANS DES ARTICLES À PROPOS DU VIRUS EBOLA-PUBLIÉS ENTRE MARS 2014 ET NOVEMBRE 2014

Source : Calculs de la CEA effectués sur la base d’un échantillon d’articles.

encore de bonnes pratiques (voir l’encadré 6). Lacommunication au sujet de la maladie est doncparticulièrementimportante.

Lessentimentsdanslespaystouchésetnontouchésont suivi uneévolution similaire (voir la figure13),mais le sentiment international a toujours étépluspessimiste(etilesttombéplusbasqueceluiconstatédanslespaysaffectésparlevirusEbola,enseptembre2014lorsquelepremiercasaétédiagnostiquédansungrandpaysoccidental).Celasignifiequ’il yaunpessimismeinutiledanslespaysnontouchés.Maislesdeuxsentimentssontconvergents,cequi laisseàpenserque lepessimismesedissipealorsque lemondeapprendàvivreavecl’épidémie.

SUJETS RÉCURRENTSLaperceptiondecettecrisepeutaussiêtreillustréedans un nuage de mots (voir la figure 14). Lafréquencedemots telsque«dit»montreque lesgenssefientessentiellementauxproposrapportéspar d’autres personnes. Il en ressort aussi que lesgenspensent surtoutauxaspects sanitairesetnonauxaspectséconomiquesousociaux.

Aveclamêmeméthodologiequepourl’analysedessentiments,onacalculédesscores,enutilisantnonpas une liste de mots exprimant des sentimentspositifs ou négatifs, mais des mots exprimant despréoccupationséconomiques,médicalesetsocialesau sujet du virus Ebola. La figure 15 illustre lesdifférences des préoccupations exprimées dans

43

Socio-economic Impacts of the Ebola Virus Disease on Africa

>2015-2010-155-10<5Pas de données

Scores des sentiments

FIGURE 12. SCORES DES SENTIMENTS ET AUTRES SUJETS DANS DES ARTICLES À PROPOS DU VIRUS EBOLA — PUBLIES ENTRE MARS 2014 ET LE 15 NOVEMBRE 2014

Source: Calculs de la CEA effectués à partir d’un échantillon d’articles.

Sentime tinthea� ectedandnon-a� ectedcountrieshas followed similar trends (see figu e 13), butinternationa sentime t has always been morepessimisti (and it went downmore sharply thanitsEBOLA-country counterpart inSeptember2014,when the fi st case was diagnosed in a majorWesterncountry).Itmeansthatthereisunnecessarypessimism in non-a� ected countries. But the twosentime tsareconverging,whichsuggeststhatthepessimism isdissipatin as theworld learns to livewiththeepidemic.

RECURRENT TOPICSTheperceptio ofthecrisiscanalsobeillustratedbya“worldcloud”(seefigu e14).Thehighfrequencyofwords like “said” shows that people aremostlyreportin what they heard from others. The cloudalso shows that people tend to focus on healthaspects,ratherthaneconomicorsocialfactors.

Based on the same methodology as for thesentime t analysis, scores have been computed,insteadofusinga listofwordsexpressingpositi eornegati esentime ts,onsetsofwordsexpressingeconomic,medical and social concerns about theEBOLA. Figure 15 illustrates the di� erences in thepreoccupation expressed inthearticle depending

Afrique Amériquelatine

Asie Océanie Amériquedu Nord

Europe

25

2015

105

0

Scores des sujets économiques25

2015

105

0

Scores des sujets médicaux25

2015

105

0

Scores des sujets sociaux

Afrique Amériquelatine

Asie Océanie Amériquedu Nord

Europe Afrique Amériquelatine

Asie Océanie Amériquedu Nord

Europe

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Commission économique pour l’Afrique

ENCADRÉ 6 : BRUSSELS AIRLINES AU SERVICE DES TROIS PAYS

Brussels Airlines maintient toujours ses vols à destination de Conakry, Monrovia et Freetown. Les vols bihebdomadaires entre Monrovia et Bruxelles, maintenant la seule liaison aérienne entre cette ville et l’Europe, en font un véritable pont aérien humanitaire. Continuant de desservir les pays affectés et la sous-région, la compagnie aérienne belge prend la menace du virus Ebola très au sérieux et poursuit une évaluation constante des risques et des communications intensives avec les diverses organisations qui luttent contre la maladie, dont le Ministère belge de la santé et Médecins sans Frontières, et travaille en étroite collaboration avec les autorités locales afin de maintenir de strictes mesures de précaution.

Le 4 novembre, Brussels Airlines avait suspendu temporairement les réservations de 77 personnes « suspectes » qui tentaient de quitter trois pays d’Afrique de l’Ouest, mais ces 77 passagers ont pu ensuite récupérer leurs réservations lorsqu’il s’est avéré qu’aucun d’entre eux n’avait contracté la maladie, mais qu’ils souffraient de maladies plus communes, mais moins mortelles, comme le paludisme.

Brussels Airlines confie à des équipages de volontaires les vols vers les pays affectés par Ebola et en a trouvé jusqu’à présent suffisamment pour maintenir tous ses vols. Récemment, sous la pression de membres de son personnel inquiets pour leur sécurité, la compagnie n’a pas envisagé d’annuler des vols mais a ajusté ses horaires pour éviter que ses équipages aient à passer la nuit dans les zones touchées par le virus. Brussels Airlines a envoyé les équipages qui auraient dû rester près de Monrovia, par exemple, dans des hôtels situés dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, en Gambie, au Sénégal ou en Côte d’Ivoire, mesure préventive se traduisant par une escale technique et une heure de vol de plus pour rentrer à Bruxelles.

Pareilles décisions de Brussels Airlines sont des exemples non seulement de responsabilité humanitaire mais aussi de bonnes pratiques en termes de responsabilité sociale des entreprises, en particulier dans le contexte d’une urgence humanitaire si complexe.

Source: CEA.

FIGURE 13 : SCORES DES SENTIMENTS CALCULÉS SUR LA BASE D’ARTICLES PUBLIÉS DANS LES PAYS TOUCHÉS PAR LE VIRUS EBOLA ET DANS D’AUTRES PAYS

Source: Calculs de la CEA effectués sur la base d’un échantillon d’articles publiés dans les pays touchés

0

5

10

15

20

25

30

35

40

03/2014 04/2014 05/2014 06/2014 07/2014 08/2014 09/2014 10/2014 11/2014

Score

(%)

Articles publiés dans les pays a�ectés Articles dans les médias internationaux

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

les articles suivant qu’ils ont été écrits par despersonnesvivantdanslespaysaffectés(«actualitéslocales ») ou à l’extérieur de ces pays (« actualitésinternationales»).

L’infection par le virus Ebola étant avant tout unequestionmédicale,lessujetsmédicauxdominentlesactualités locales et internationales, ces dernièresmettant plus l’accent sur ces aspects au début delaflambéeépidémiqueparcequ’àcemoment-là,laplupartdesarticlesincluentunelonguedescriptiondelamaladie,sonhistoire,sonforttauxdemortalitéet ses mécanismes de propagation. Par exemple,une alerte sécuritaire diffusée en mars 2014 parune ambassade occidentale à Conakry confirme laprésenceduvirusenGuinéeforestière.Lemessagedécrit les symptômes de la maladie, indique letaux demortalité et les façons dont lamaladie sepropageet recommanded’éviter tout contact avec

des personnes en présentant des symptômes enattendantplusamplesinformations17.

Ce même mois, les premières inquiétudes ausujet de la propagation vers l’ouest du virus Ebolaapparaissentaveclecasd’unmédecinrentrantchezlui après avoir travaillé dans des régions affectéeset présentant des symptômes de la maladie (RTNews,2014).

Les préoccupations médicales d’un mois à l’autremontrentdefaiblesdiminutionsenmai,septembreetnovembre,maislesscoressontconstammentélevés.C’estverslemoisdejuinquel’expression«horsde

17SecurityMessageforU.S.Citizens:EbolaHemorrhagicFever”,AmbassadedesÉtats-Unis,Conakry,http://searchabout.wc.lt/look/Conakry_Guinea_Ebola/Security_Message_For_U_S_Citizens_Ebola_Hemorrhagic__/aHR0cDovL2NvbmFrcnkudXNlbWJhc3N5Lmdvdi9lYm9sYWhlbW9ycmhhZ2ljZmZ2ZXIuaHRtbA==_blog.

FIGURE 14 : NUAGE DE MOTS ISSUS DE L’ACTUALITÉ CONCERNANT LE VIRUS EBOLA

Source: Calculs de la CEA effectués sur la base d’un échantillon d’articles publiés dans les pays touchés

GOVERNMENTCARE

QUARANTINEISOLATION

NATIONSWORLD

FIRST

POSSIBLE

TWO

HOSPITALSNATIONAL

AFRICANHOMEMINISTRY

AFFECTED

CASE

RESPONSENEW

TREATMENT

FEDERAL

PROTECTIVE

QUARANTINED

DAYS

STATELAST

AFRICALIKE

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HEALTH

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G

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MANDATORY

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DISEASE

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ONE

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GUINEA

DIRECTOR

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Commission économique pour l’Afrique

contrôle» commenceàêtre régulièrementutilisée(MSFCanada,2014).Celacorrespondàunepériodeoùlespréoccupationsd’ordremédicalreprennentledessustantdansl’actualitélocalequ’internationale.Enjuillet2014,lepremiercasd’EbolaestsignaléauNigéria,redoublantl’inquiétudeinternationale.Maisle cas nigérian fut remarquablement bien traité,prouvant à la communauté internationale qu’il esteffectivementpossibledecontrôlerlapropagationduvirusdansunpayspourvud’yprendredesmesuresadéquates (voir l’encadré1). Lecasnotifiéenaoût2014auSénégalaluiaussiétébientraité,aumoyendemesuresd’endiguementetdetraitements.

Cesdeuxcasexpliquentprobablementpourquoilesactualités internationales s’inquiètent moins de lamaladieenseptembre,octobreetnovembre,mêmealorsquelepremiervéritablecasdemaladied’EbolaauxÉtats-Unis,confirméenseptembre2014,attirevraiment l’attention des citoyens occidentaux surl’épidémie.Enoctobre2014,unarticlepubliéparunjournalrwandaisintitulé:Quelestleproblèmeavecla façon dont l’Occident parle de Ebola? (AllAfrica,2014a), cite des données provenant de Google,quisuit lapopularitédesujetsspécifiquesdans lesstatistiques des actualités et de Twitter, et déclareque le monde n’a vraiment commencé à s’intéresser àl’épidémied’EbolaquelorsquelamaladieatouchédespatientsauxÉtats-Unis.

Pourcequiestdessujetssociaux,lesscoresélevésdans les premiers mois de l’épidémie dans lesnouvelles locales signalent la périodeoù la sociétéestencoreentraind’absorberlechocetd’essayerdemodifier ses comportements. Les changements decomportementssociauxnécessairessontnombreuxetlachuterapidedesscoresdémontreàquelpointlespopulationsontapprisàvivreaveclamaladie.

Les sujets économiques semblent ne pas être unepréoccupationmajeuredansl’actualitéinternationaletandis que les nouvelles localesmettent beaucoupl’accent sur eux.Une fois que la société a absorbélechocinitialdel’épidémieetaapprisàvivreavec,les incidences économiques sont devenues une préoccupationmajeuredanslespaystouchés.

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

FIGURE 15 : SCORES DES SUJETS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET MÉDICAUX DANS UN ÉCHANTILLON D’ARTICLES

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FIGURE 15 : SCORES DES SUJETS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET MÉDICAUX DANS UN ÉCHANTILLON D’ARTICLES

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Scores des sujets sociaux dans l’échantillon d’articles

Nouvelles locales Nouvelles internationales

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Source : Calculs de la CEA effectués sur la base d’un échantillon d’articles.Source : Calculs de la CEA effectués sur la base d’un échantillon d’articles.

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Commission économique pour l’Afrique

Les conséquences socio-économiques etintangibles du virus Ebola varient d’un paysaffecté à l’autre, d’une couche de la société à

l’autre,commed’unsecteuréconomiqueàunautre,des solutions ou réponses standard risquent doncdenepasêtretrèsutiles. Idéalement, lesréponsesdevraientêtre spécifiques,mais commecettecriseestenpleineévolutionetquel’onapeudedonnéesfiables,desrecommandationsaussispécifiquessontimpossibles. Le présent rapport présente donc desrecommandations d’ordre assez général dans lesquatredomainessuivants.

SUR LE PLAN ÉPIDÉMIOLOGIQUEDes efforts doivent être faits afin de s’assurer que toutes les personnes infectées aient accès en temps opportun à des traitements dans des centres de santé désignés à cette fin, et que de nouvelles infections sont évitées. Cela signifie qu’il faut rapprocher les centres de santé des communautés.

Les acteurs opérant dans les trois pays devraient être recensés afin d’établir exactement ce que fait chacun d’entre eux, comment ils agissent et quel est l’impact de leurs interventions. Le recensement devraitêtreprécédéd’uneévaluationbienstructuréeetdétailléedesbesoinssocio-économiquesdespaysaffectés pour déterminer leurs besoins prioritairesà court, moyen et long termes, ce qui servira deguideauxinterventionsdesdiversacteurs.Cesdeuxmesuresontpourobjectifd’assurer lacoordinationappropriée des interventions afin que celles-cisoient orientées vers les besoins prioritaires descommunautésaffectées.Cesmesuressontrequisesparcequel’épidémieaattirédenombreuxacteursenparticulierdanslestroispaysaffectéset,commedanslecasd’autrescrises,lesproblèmesdecoordination,s’ilsnesontpasbiengérés, risquentd’aggraver lesimpactsduvirusEbolaplutôtquedelesatténuer.

De bonnes stratégies de collecte et de dissémination de données fiables devraient être mises en place. L’ampleur épidémiologique découlant du virusEbola ne peut être mesurée avec précision, nonplus que l’impact exact des interventions, quoiquelesnombrescumulésdespersonnesinfectéesaientcommencéàdiminuerdans lespaysaffectés ; uneétudeaucasparcas(enparticulierauLibériaetenSierraLeoneoùlescassignaléssontplusnombreuxqu’enGuinée)devraitêtremenée.Ilyaunmanquecriard de données fiables et appropriées sur lesdivers secteurs socio-économiques des trois pays,en partie du fait de la suspension de nombreusesactivités statistiquesdans cespaysdepuis ledébutdelacrise.L’absencededonnéesentempsréelsurlenombrededécèsparlieuetparcausehandicapesérieusement la possibilité d’assurer le suivi dela maladie pour pouvoir prendre des mesurespréventivesetcuratives.Touteinterventionsanitairedépenddelacollectecontinueetdeladisponibilitéde données de base sur la mortalité par âge, parsexe, par endroit et par cause, notamment grâceà des registres d’état civil bien tenus. La présenterecommandationsesubdivisecommesuit:

• Des systèmes de suivi de la morbidité dans les populations en temps réel, en particulier pour les maladies transmissibles, doivent être mis en place. Le coût de l’inexistence de telssystèmespermettantderepérertouteinfectiondèssesdébutsetd’obtenirensuitedesdonnéessur lamaladie en temps réel a non seulementdes conséquences catastrophiques en matièredesantémaisaussidegravesincidencessocio-économiques. Une collecte permanente desdonnées,permettantenparticulierd’obtenir lenombredecassignalés,confirmésetprobablesainsique lapréparationsoigneusesdeschiffresdemortalitéduesauvirusEbola,permettraitdemieux comprendre la dimension du problème.De plus, il est nécessaire de poursuivre lesenquêtes auprèsdesménages et des individus

8. RECOMMANDATIONS

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

pour laformulationdemeilleures interventionsbasées sur les résultats de ces enquêtes deterrain.Lesanalysesd’évaluationdubien-êtreetdesproblèmesdesménagesetdesparticulierseuégardauvirusEbolanesontmieuxappréciésqu’avec des données provenant de tellesenquêtes.

• Les sources de données doivent être réconciliées et harmonisées et les capacités des offices nationaux de statistiques doivent être renforcées dans le traitement des statistiques. À moyen et long terme, la Commissionéconomiquepour l’Afriqueestprêteàappuyerles pays affectés, à travers son Centre africainpour la statistique, afin de leur permettred’améliorer leurs capacités statistiques enoffrant des formations appropriées pourl’utilisation des normes statistiques reconnuesinternationalement. Ces efforts devraient êtrecomplétés par la mise en place de systèmesd’alerterapideàproposdelamaladie.

• La gestion épidémiologique et le contrôle du virus Ebola doivent commencer par une bonne compréhension du profil de la maladie, de son intensité et de ses dynamiques, y compris ses diverses souches. Ceci exige d’apprendre etde réapprendre les profils pathologiques de lamaladie,sesmodesetintensitésdetransmission.Plus important encore, il faut mobiliser dansles pays d’Afrique membres de la CommissionEconomiquepourl’Afriqueetailleurs,unnombresuffisant d’épidémiologistes, de médecins,d’infirmiersetd’expertsensantépubliquepourles déployer dans les pays affectés. LaMissiondesoutiendel’Unionafricainecontrel’épidémied’EbolaenAfriquede l’Ouest(ASEOWA),visantàrenforcerlescapacitésdessystèmesdesantélocaux,devraitêtrerenforcée,notammentavecune augmentation du financement des Étatsmembresetdespartenaires.

• Des mesures urgentes doivent être prises pour consolider les systèmes statistiques des trois pays, notamment en rouvrant et renforçant leurs registres d’état civil. Des

mesures similaires doivent être prises danslespaysd’Afriquenonaffectésoù les systèmesstatistiques et d’enregistrement des faits d’étatcivilsontinsuffisants.

Les facteurs de propagation du virus Ebola devraient être clairement isolés des autres maladies pour éviter de prescrire des solutions à de faux problèmes.Desmodélisationsstatistiquesavecplusieursscénariospeuventpermettredevérifierleseffets d’Ebola avant et après dans les trois pays. Àcetégard, il seraitbond’améliorer larésiliencedessystèmesdesantédecespaysaffectésparlamaladieàvirusEbolaetpartoutesautresmaladies.

Les communautés doivent strictement respecter les protocoles concernant les enterrements,notamment enexigeant que les victimesne soiententerrées que par du personnel entrainé pouréviter toutenouvellecontaminationpar interactionavec les cadavres. Les équipes spéciales chargéesde procéder aux enterrements dans les trois paysdevraientêtrerenforcéesetencouragéesàcontinuerdetravailleraveclescommunautésetlespersonnelsdesantélocauxafind’assurerquelesenterrementsrépondentauxnormesdesécurité.Leslaboratoireset leshôpitauxdoiventêtresuffisamment équipésenmatérielsmodernesdediagnosticetlepersonnelde santé doit être régulièrement formé pour fairefaceà lademandeactuellerelativeà l’épidémiedeMaladieàvirusEbola.

Il faut mobiliser davantage de ressources locales pour assurer que les volumes et types de ressources alloués au secteur de la santé et, en particulier, à la lutte contre le virus Ebola soient adéquats.Àpartir des cadres institutionnels existants commelespartenariatspublic-privé, leForuminternationaldes dirigeants d’entreprises africaines et lesorganisations philanthropiques (par exemple, laFondationMoIbrahim),lesecteurprivéetlesrichescitoyensafricainsdevraientcontinueràmobiliserdesressources,commecelaaétéfaitennovembre2014,lorsquedesreprésentantsdusecteurprivéréunisenÉthiopiesouslesauspicesdel’Unionafricainedansle cadre des efforts internationaux pour mobiliserdes ressources en Afrique et pour examiner

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Commission économique pour l’Afrique

comment renverser ledéclinéconomiquedespaysaffectéset assurer leur redressementéconomique.En novembre 2014, le secteur privé africain s’étaitengagé à verser un montant de 32,6 millions dedollarsau fondsdusecteurprivépourEbola18 géré parl’Unionafricaine

Les gouvernements pourraient recruter un nombre suffisant d’agents de santé qui pourraient être formés et déployés rapidement afin de donner aux ménages des zones rurales des informations sur le virus Ebola. Enplusdedonnerdesemploisàdesmilliers de personnes, cettemesure pourrait servirà empêcher à l’avenir la propagation desmaladiesinfectieuses.

SUR LE PLAN ÉCONOMIQUEL’Afrique de l’Ouest et le continent africain dans son ensemble ne devraient pas s’alarmer de la baisse de la croissance du PIB entraînée par la maladie à virus Ébola. Bienquelestroispaystouchéssubirontde lourdespertesauniveauduPIB, leseffets tantsur l’Afriquede l’Ouestque sur le continent serontminimes:-0,19pointdepourcentageet-0,15pointde pourcentage en 2014 et 2015, respectivement,pour l’Afrique de l’Ouest, et - 0,05 point depourcentageet-0,04pointdepourcentageen2014et2015,respectivement,pourlecontinent.

Pour dynamiser l’économie et contrecarrer les effets indirects dérivés de la panique, la meilleure chose que puissent faire les États est de rétablir et renforcer la confiance. La relance économique dans lespaystouchésdémarreraunefoisquel’épidémiesera maîtrisée et que toutes ses répercussionséconomiquesserontétablies.Laseuleaidenesuffitpas.Ilestextrêmementutiledediffuserrégulièrementdesmessagescohérents–etoptimistes, lorsque laréalitél’autorise–surlamaladieàvirusÉbola.

18MTNGroupetBAD(10millionsdedollarschacun),DangoteGroup(3millionsdedollars),EconetWireless(2,5millionsdedollars),MotsepeFamilyTrust,StenbeckFamily,AfreximBank,CocaColaEurasieandAfrique,VitolGroupofCompaniesetVivoEnergy(1milliondedollars);QualityGroupofTanzania,OldMutualGroup,NedbankGroupetBarclaysAfricaGroupLimited(500000dollars)etUnitedBankforAfrica(100000dollars) http://pages.au.int/ebola/news/message-of-African-Union-Commission-Chairperson-on-good-progress-on-AU-Private-Sector-Ebola-Fund

Les enseignements tirés des programmes de relance antérieurs qui ont été couronnés de succès devraient être mis à profit dans l’élaboration d’interventions réalisables face à la maladie à virus Ébola.L’expérienceduLibériaetdelaSierraLeone,notamment, est riche d’enseignements puisqu’ilssont parvenus à reconstruire leur économie aprèsdes guerres civiles. Ces pays fragiles sortant d’unconflitontréussiàreleverledoubledéfidepréserverlapaixtoutenrebâtissantleurséconomies.Ilssaventdonc quelles mesures de gestion économiqueprendrepour se relever, cette fois, de l’épidémieàvirus Ébola. On peut raisonnablement s’attendre àcequ’ilssuiventdenouveaulamêmetrajectoiredecroissancesoutenueunefoisl’épidémieendiguée.

• Les mesures budgétaires doivent prévoir l’instauration de programmes de protection sociale et de filets de sécurité afin d’aider les familles des victimes et les membres proches de leurs communautés. Il y a lieu de ciblerles groupes vulnérables qui ont souffert demanière disproportionnée de la crise, tels quelesorphelins, lesenfantsquiontperdu l’undeleurs parents et les femmes qui prennent soindesmembresdelafamilleetquis’exposentàdegrands risques. Demême, d’autres groupes auseindelasociétéontperduleuremploienraisondelamaladieàvirusÉbolaetdeseseffetssurlesentreprisesetlaproduction.L’appuidevraitdoncfournirunesolideprotectionsocialeenvuedefaciliter le redressement socioéconomique des groupessévèrementtouchésetdontlesmoyensdesubsistancesontmenacés.Leseffortsd’aideinternationaleet lamobilisationdesressourcesdans les pays peuvent être affectés à ce typed’interventions.

• Les pays qui ne sont pas directement touchés doivent procéder à des réallocations budgétaires pour être mieux préparés et à mieux maîtriser la maladie à virus Ébola en cas de flambée épidémique. Cela n’est pas chosefacileétantdonnélespressionsconcurrentesquis’exercentsurlesbudgetsdéjàserrésdelaplupartdespaysafricains.Pourautant,mieuxvautagirdemanièrepréventive.L’aideinternationaleaideàcomblercertainsdesbesoinsdefinancementcréésparlacrise.

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

• Fournir des incitations ciblées pour attirer l’investissement local et l’investissement direct étranger. Les États touchés devraientenvisager d’accorder des exonérations fiscalestemporairesetdessubventionsauxinvestisseursnationaux et étrangers potentiels afin d’attirerces derniers qui évitent peut-être ces pays (ouen ont été chassés). Ils devraient établir desbureaux d’investissement et s’appuyer surles réseaux de banques de développementinternationales et régionales telles que la BAD.Il faut inciter les investisseurs àtirer profitdesmesuresintéressantesetdescréneauxrentablespour les sociétés étrangères dans l’exploitationminière,l’agriculture,l’industriemanufacturièreetletourisme.

• Réduire les taux d’intérêt pour stimuler la croissance. Cela aiderait les investisseurs,notamment les chefs de petites et moyennesentreprisesdont lesactivitésontsubi leseffetsdelacrise.

• Les pays devraient faire preuve de prudence dans la gestion de leurs taux de change et éviter d’adopter précipitamment des mesures d’ajustement. En dépit de la crise et de labaisse des échanges, d’importants afflux decapitauxsoutiennentlesmonnaies(parexemplel’enveloppede450millionsdedollarsprovenantde la Société Financière Internationale, voir lafigure 6). Une légère dépréciation peut aussipromouvoirlacompétitivitédesexportations.

Les créanciers bilatéraux et multilatéraux devraient sérieusement envisager d’annuler la dette extérieure des trois pays.Cespaysvontdésormaisavoirextrêmementdemalàhonorerleursobligationsinternationales au titre de la dette (voir figure 6).Desmesuresjudicieusementélaboréesd’annulationde la dette leur permettraient de recentrer leursénergiessurlamaîtrisedel’épidémieetdedégagerdes ressources pour appuyer la reconstructionde leurs fragiles économies. Cette proposition estconforme à la demande formulée par les pays duG20 lorsdu sommetdeBrisbaneetnedevraitpasse substituer aux contributions annoncées par lesInstitutions financières Internationales (IFI) dans lecadrede la luttecontre levirusÉbola.Lesmesures

d’allégementdeladettedontabénéficiéHaïtiaprèsletremblementdeterreconstituentunbonmodèle.

Les trois pays touchés, et les États voisins qui ontperdu leur statut de destinations touristiques,devraient formuler des stratégies pour renforcerles liaisonsentreeuxet l’ensemblede larégion. Ilsdoivent par ailleurs adopter des mesures propresà encourager les voyages d’affaires, assouplirles procédures d’obtention de visas d’entrée etencourager l’octroi de tarifs compétitifs dans leshôtelsetsurlesproduitstouristiquesconnexes.Desstratégies soigneusement conçues devraient êtreadoptéesàmoyentermepourrenforcerlaconfiance,ens’inspirantdesenseignementstirésdesinitiativesderedressementmisesenœuvreenHaïti.

Les gouvernements et les partenaires du développement devraient investir à court, moyen et long termes dans le renforcement des compétences et du capital humain afin d’améliorer l’offre de main-d’œuvre. Ils devraient notamment appuyerles mineurs artisanaux, accroître la valeur ajoutéeet créer des emplois dans le secteur minier. Plusgénéralement,ilsdevraientsuperviserl’améliorationdesréseauxd’assainissementetd’égouts.

Les mesures de lutte devraient viser le renforcement des contrôles sanitaires aux frontières et non la fermeture des frontières, à moins que des raisons impérieuses ne l’exigent.Unetelleinitiativedevraitégalement fournirunappui auxmilitairesdéployésaux postes de contrôle et prendre en compte lepersonneldesantéaffectéàcesfrontières.

De nombreuses régions des trois pays souffrent de graves pénuries alimentaires imputables à la fermeture des frontières et à la perturbation de la production agricole. À cet égard, plusieurs mesures s’imposent:

• Intensifier les initiatives nationales d’aidealimentaire et les programmes de filets desécurité d’urgence pour répondre aux besoinsdes groupes les plus vulnérables, tels que lesenfantsexposésàdesrisquesdemalnutrition.Ils’avèrecrucialdetenircomptedescommunautéspuisquebeaucoupd’enfantssontdésormaisprisenchargepardesvoisinsetdesproches.

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Commission économique pour l’Afrique

• Adopter des politiques de prix telles que desmesuresdestabilisation,notammentencequiconcerneleriz.

• Appuyer davantage le Programme AlimentaireMondial dans ses missions de fourniture d’aide alimentaire et d’assistance logistique pour leszonesinaccessibles.Desortequeladistributiondevivrespuisseaideràlastabilisationdesprix.

• Éviter de créer une dépendance à long termevis-à-vis de l’aide alimentaire, en facilitantl’importationdesproduitsalimentairesdebaseeten lesrendantaccessiblesauxpopulationsàdesprixabordables.L’abandonde la fermeturedesfrontièresetlasuppressiondesinterdictionsde voyage favoriseraient l’application de tellesmesures.

Les pays africains devraient renforcer les mécanismes réglementaires afin d’identifier et de sanctionner les acteurs économiques qui font payer des prix plus élevés aux consommateurs.Beaucoup d’améliorations peuvent être apportéesaux mécanismes de réglementation que les payspeuventmettre en place pour dissuader ces typesdecomportement(chezlescompagniesd’assurancemaritimeparexemple).

Les gouvernements des pays touchés devraient élaborer des plans de relance pour redresser rapidement leurs économies, ce qui pourrait nécessiter la révision des plans de développement national à moyen, voire à long terme. Ces plansde relance viseront à ramener l’économie à son niveaudecroissanced’avantlacrise,enfournissantunappuipourrétablirlaconfianceetencouragerlareprisede la consommation,de l’investissementetde la croissance économique. Plus précisément, ilsdevraients’employeràrésoudrelesproblèmesdeladiminutiondesrecettespubliques,duralentissementde l’activité économique, de l’affaiblissement desPME,de labaissedupouvoird’achatdenombreuxménages et agriculteurs, de l’appréhensionmanifeste dans le comportement des sociétésétrangères(quiconstituenthabituellementl’élémentmoteur de l’économie) et du fléchissement desinvestissements.Lesplansàmoyentermedevraient

viserlerenforcementdelarésilienceetdescapacitésderéactionfaceauxfuturschocsdemêmenature,ce qui pourrait nécessiter le soutien d’institutionscommelaCEA.

À moyen et long termes, les gouvernements de ces trois pays devraient fournir, avec l’appui des partenaires, des mesures d’encouragement aux agriculteurs pour redynamiser le secteur agricole, essentiel à une reprise durable. Après lamise enœuvredesmesuresdecourttermesusmentionnées,l’on devra, à long terme, reconstruire l’agriculture,qui est le pilier de l’économie. Il est notammentrecommandé de fournir des intrants agricoles essentiels (par exemple, grâce à des subventionssur les semences et les engrais) et de garantir lesdroits de propriété, notamment des veuves. Parmiles politiques complémentaires nécessaires pouraméliorer le bien-être et accroître la productivité,citons l’octroi de crédits (par le biais d’institutionsdemicrofinancement,parexemple)etlapromotionde technologies permettant d’économiser lamain-d’œuvre(detellesmesuresontétéappliquéesaprèsdes chocs au niveau de l’offre de main-d’œuvreoccasionnéspardesmaladiesinfectieusesmortellestellesqueleVIH/sida).

SUR LE PLAN SOCIALLa crise actuelle et les différents niveaux qu’elle a atteints nous enseignent une importante leçon, à savoir que la maladie à virus Ébola n’est pas nécessairement une crise socioéconomique en soi; elle ne le devient que lorsque les systèmes de santé sont incapables de la maîtriser. La capacitédespayscommeleNigériaetleSénégalàmettreenplace immédiatementdesmesurespourempêcherquel’épidémiedevienneunecrisenationaleillustreparfaitement combien il importe de renforcer lessystèmes de santé en Afrique. C’est pourquoi laprésenteétudefaitlesrecommandationssuivantes:

Comme priorités nationale et régionale, les systèmes de santé publique dans l’ensemble du continent devraient être renforcés. Des systèmesde santé performants sont essentiels pour réduireles risques d’épidémies et pouvoir apporter desréponses adéquates lorsque la population serait

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

exposée.S’appuyantsurunpersonneldesantébienforméetdesinfrastructuresadéquates,notammentdansleszonesrurales,detelssystèmesdesantésontlaclefd’uneréponseefficaceà l’épidémieactuelle,etàtouteépidémieàl’avenir.

Les parties prenantes devraient veiller à ce que la lutte contre le virus Ébola ne soit pas menée isolément de l’action contre d’autres maladies mortelles telles que le VIH-sida, le paludisme, la pneumonie, la diarrhée, principalement chez les enfants et les femmes.L’améliorationdessystèmesdesanténedevraitpasseconcentreruniquementsurlapréventiond’unenouvelleépidémiedemaladieàvirusÉbola,maiségalementsurlerenforcementdescapacités sous-nationales, nationales et régionalesenmatière de santé publique. Les fonds verticaux,tels que le FondsMondial de lutte contre le sida,la tuberculose et le paludisme, ont contribué àréduirelaprévalencedecesmaladies;toutefois,laconsolidationdesfondementsdessystèmesdesanténationaux passe par une démarche plus globale.Un élément primordial serait de reconstruire lescapacités nationales et de favoriser l’émergenced’une nouvelle génération d’agents de santé, encréantdesmesures incitativespourqu’ils intègrentles systèmes nationaux de santé, et corriger ainsiles revers enregistrés dans les indicateurs clés de résultats.

L’Afrique devrait se pencher sérieusement sur le bien-fondé de la décentralisation de ses services de santé. L’objectif serait d’améliorer les capacitésd’interventionsanitaireauniveaulocal.

Les pays devraient donc disposer de financements supplémentaires pour atteindre les normes fixées en matière de santé publique, tant pour les interventions d’urgence que pour les prestations ordinaires.Lesobjectifsdéfinispourlesnormesdeprestation de service ne doivent pas se limiter ausecteurdelasanté,maisêtreinclusdanslesdébatssur la planification du développement national. Deplus, le rôle des statistiques dans le financementdelasantépublique,l’efficacitédelaprestationdesservices et des travailleurs se révèlera essentiel àmesurequelecontinentévolueraverslafournitured’unecouvertureuniverselle.

Les trois pays (ainsi que d’autres dont les systèmes de santé sont fragiles) devraient bénéficier d’un appui pour déployer des stratégies à plusieurs volets en vue de l’éradication de la maladie à virus Ébola.Cesinterventionsnedevraientpasêtrerestreintes au seul secteur de la santé mais associer lessecteurssociauxclefsetprendreencompte lesquestions sexospécifiques. À titre d’exemple, l’eauet l’assainissement sont essentiels pour garantirdes conditions d’hygiène dans les communautéstouchées, tandis que la fourniture de produitsalimentairesetnutritionnelsauxpersonnesinfectéespermettraitderenforcerleurrésilienceetd’améliorerleursmécanismesd’adaptation.

Les mesures sociales ne devraient pas cibler uniquement les personnes directement infectées par le virus, mais également prendre en compte celles qui ont été indirectement touchées – soit un groupe bien plus important. Elles devraient comporter deux éléments essentiels: s’attaquerauxcausesprofondesdel’épidémiepouréviterdessituations de crise à l’avenir (dans une perspectiveépidémiologique et qui s’appuie sur les systèmesde santé– voir chapitre4) ; et veiller à ceque lespolitiques et programmes prévoient des mesuresà lahauteurpourminimiser les incidencessocialesd’une épidémie. L’étude fait les recommandationssuivantes:

• Pour les personnes directement touchées, lespolitiques devraient privilégier une approchefondée sur la notion de ménage plutôt quesur l’individu. Dès qu’un décès survient dansune familleà causeduvirusÉbola, lesmoyensde subsistance du ménage en subissent lecontrecoup. Même si la personne décédée necontribuaitpasfinancièrementà l’économiedeménage,lerôle,quiétaitlesien,deprendresoinde la familleetde fournirdescontributionsennaturedoitêtreassuméparunautremembredelafamille,cequipeutavoiruneincidencesurlesrevenus,letravail,l’éducationetlessoins.

• Un système de protection sociale et des filets de sécurité ciblés, essentiels pour les groupes qui ont été touchés de façon disproportionnée par l’épidémie, doivent être créés ou renforcés.

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Commission économique pour l’Afrique

Lenombred’orphelinsd’Éboladoit faire l’objetd’un suivi. Ces enfants seront d’autant plusvulnérablesqu’ilsseheurterontàlastigmatisationassociéeà lamaladie.Desallocationsspécialesdevraientdoncêtreprévuespourlesfamillesetlesprochesquiaccueillentcesenfants.Pourcequiestdesadolescents,desmesuresdevraientêtreprisespourleurpermettredes’inscrire,parexemple, dans des programmes de formationprofessionnelle et faciliter leur insertion sur lemarché du travail. Des mesures doivent êtreprises pour éviter que l’épidémie ne provoqueunecrisealimentaireetnutritionnelle.Unsuiviadéquat devrait être effectué pour que touteperte dans l’agriculture de subsistance soitcompensée par un flux régulier de produitsalimentaires de base. En outre, une attentionparticulière devrait être portée aux femmesenceintes et à celles qui allaitent. Il faut aussilimiterlahaussedelamalnutritiondesenfants,notammentaucoursdesdeuxpremièresannéesde la vie, cruciales pour le développementcognitifetphysique. LesGouvernementset lesautorités locales devraient veiller au retour des enfants à l’école et à ce que les résultats scolaires misàmalparl’épidémied’Ébolaretrouventleursniveauxd’avantlacrise.Ilsdevraient,autantquefairesepeut,éviterlafermeturedesécoles,quientraîne généralement une augmentation dunombred’abandonscolaire,cequiàlongtermea des conséquences sur le plan personnel etl’économienationale.

• Les communautés devraient recevoir un soutien psychologique et bénéficier de services connexes. Cela les aiderait à surmonter le traumatismesubietànouerdenouveaux liensfamiliaux,ycomprisparl’adoption.

L’épidémie à virus Ebola a des incidences sociales disproportionnées sur les femmes, en raison principalement de leur rôle direct dans la fourniture de soins aux malades. Cettemaladie a des effetspréjudiciables sur l’autonomie des femmes, unesituation qu’il convient de corriger, en veillant parexemple à ce qu’elles soient au centre de tous lesplansderelanceàl’issuedelacrise.LesauteursdelaprésenteétuderecommandentquelesÉtats:

• Mettent en place ou renforcent des stratégies sexospécifiques de réduction des risques de catastrophe et de gestion des catastrophes. Ces stratégies doivent garantir l’inclusion, laparticipation et l’autonomisation de tous lesmembresdelasociété,sansnégligerlesrelationsentrelessexes(étantdonnéquelesfemmesetleshommesviventlescatastrophes,yrépondent,ets’enremettentdifféremment).

• Adaptent les cadres institutionnels, par exemple à travers la mise en place de systèmes juridiques non discriminatoires qui favorisent l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmesdanstouslesdomaines,notammentenmatièred’accès à la terre et à la propriétéparvoied’héritage.

• Multiplient les opportunités économiques pour les femmes.Celasupposedereconnaîtrelacontributiondesfemmesetdelesindemniserpour le travail de fourniture de soins nonrémunéré qu’elle accomplissent (les transfertsdestinésàaiderlesvictimesetlescommunautéstouchées à se relever doivent indemniser lesfemmes pour cette perte de revenus) et deprendre en compte les sexospécificités dans laprestationdeservicesd’appuià lapratiquedesaffaires,l’agricultureetl’industrieextractive.

• Renforcent les compétences des femmes, notamment par l’adoption de mesures visantl’amélioration de la capacité des femmes àidentifier les possibilités économiques, socialeset politiques et à agir dans ces domaines, ladénonciationdesnormessocialesetculturellesnéfastes qui les exposent à un risque élevéd’infection et les empêchent de tirer profit dela croissance économique et le recours à des mécanismesdesensibilisationàlapréventiondel’infection(etauxmesuresdelutte)différenciésselonlessexes.

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

SUR LE PLAN IMMATÉRIELL’un des impacts immatériels les plus préjudiciables de l’épidémie d’Ébola concerne ses effets néfastes sur l’image de l’Afrique comme étant un continent émergent. Tout comme au début du VIH/sida, lesstéréotypes caractérisant l’Afrique comme « uncontinentsujetàlamaladie»ontresurgi.S’ilestvraiquel’épidémieestessentiellementconcentréedanstrois pays d’Afrique de l’Ouest, certainsmédias (etGouvernements)parlentindistinctementdel’Afriquecommed’unerégioninfestéeparlevirusÉbola,quirisquedevoirlesrécentsprogrèssocio-économiquesanéantis.

Même si l’impact est indéniablement considérable en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, l’effet global de la maladie sur l’Afrique de l’Ouest et l’ensemble du continent est minime, et l’Afrique devrait probablement continuer de réaliser des taux de croissance soutenus. L’émergence de l’Afrique n’estpastantmenacéeparl’épidémiedemaladieàvirusÉbolamaisplutôtpar ladésinformationet lesmauvaises interprétationsquienrésultent.Danscecontexte,lesmesuressuivantessontrecommandées:

• Les institutions panafricaines, notamment la Commission de l’UA, la BAD et la CEA, doivent viser à rétablir la vérité au sujet du virus Ébola.Il faut pour cela présenter des données et desinformationsplusprécisessur lamaladieetsesincidences.

• Les trois institutions précitées doivent élaborer une stratégie médiatique et de communication visant à produire un récit objectif mais constructif sur la maladie à virus Ébola. À cette fin, il y a lieu d’intensifier la présencemédiatiquedesdirigeantsdestrois institutions,notamment par des apparitions conjointesdans les plus grands médias africains et nonafricains. Ces efforts devraient être reproduitsà l’échellesous régionalepar lesdirigeantsdescommunautés économiques régionales et des autresinstitutionsafricaines.

• Les entreprises africaines de médias et de communication – de presse écrite et audiovisuelle – devraient être encouragées à rendre compte de manière précise et factuelle de la maladie à virus Ébola. Elles devraient couvrirlesprogrèsquisontfaitspourjugulerlapropagationdecetteépidémieetatténuer sonl’impact.

• La Commission de l’UA, la BAD, la CEA et d’autres institutions africaines devraient envisager de réaliser conjointement une analyse plus détaillée des incidences socio-économiques, politiques et culturelles de la maladie à virus Ébola lorsque la crise aura été maîtrisée. Unetelleétude,quiutiliseraitlesdonnéesprimairesémanantdesinstitutionsafricaineselles-mêmes,permettra au continent de parler d’Ébola demanièreobjectiveetnuancée,enprivilégiantlesintérêtsdel’Afriqueetenévitantlesdéformationsetlesmauvaisesinterprétationsquiontfleuriausujetdelamaladie.

• Les dirigeants africains devraient s’assurer de la mise en œuvre effective des décisions de la réunion d’urgence du Conseil exécutif de l’Union africaine, tenue à Addis-Abeba le 8 septembre 2014 sur l’épidémie de la maladie à virus Ebola (Ext / EX.CL/Dec.1 (XVI)). Il s’agitnotammentdelanécessitéd’êtresolidaireavecles pays touchés, en particulier pour briser lastigmatisation et l’isolement dont ils souffrent,etpourrenforcerleurrésilience(ainsiquecelleducontinenttoutentier).

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Commission économique pour l’Afrique

LeseffetséconomiquesetsociauxdelamaladieàvirusEbolasontressentisprincipalementdansles secteurs économiques clés de la Guinée,

du Libéria, de la Sierra Leone et de leurs voisins.Les secteurs économiques clés abordés dans leprésent appendice, avec davantage de détails parpaysquedanslecorpsdel’étude,sontlecommerceet le secteurminier, l’agricultureet les services. Laprochaine figure montre quelques-uns des liensintersectoriels.

LE COMMERCE ET LE SECTEUR MINIER Danslaprésentepartie,l’effetdelamaladieàvirusEbola sur les activités commerciales des trois paysest examiné. Les possibles effets sur le secteurdes services et le secteur minier sont également étudiés, étant donné les liens qui existent entreeux.Cependant,onnepourramesurerpleinementlesrépercussionsde lamaladieàvirusEbolasur lecommercequelorsquelasituationserastabilisée.

Lesfaitssuggèrentquelecommerceaétédurementtouché dans les trois pays. La réduction desexportations au second semestre de 2014 pourle Libéria a été estimé à 16,5% tandis que le tauxde croissance annualisé des exportations et desimportationspourlaGuinéepourlamêmepériodes’établità-2,2%et-4,6%respectivement.AuLibéria,le commerce intérieur faisant intervenir des camions commerciaux a diminué de façon spectaculaire de80%, tandis qu’une baisse de 27% des ventes decarburant est constatée depuismai 2014 en SierraLeone. Les exportations agricoles ont égalementdiminué, notamment des produits comme lecaoutchouc (-20% au Libéria), le cacao (-24%), lecafé(-58%), l’huiledepalme(-75%)et leriz(-10%)

en Guinée. Les activités informelles commercialestransfrontalières ont également été touchées àhauteurde50%enGuinéeetde70%auLibéria19.

En outre, de nombreuses entreprises ont dûfermer.Même les entreprises qui restent ouvertesont enregistré une chute brutale de leurs activitésen raison des horaires de travail réduits et d’unpersonnelrestreint.

La pénurie de produits de base, alimentaires enparticulier,apoussél’inflationàdesniveauxélevés,réduisantlacompétitivité,nuisantauxexportationsetdiminuantlessurplusdisponiblespourl’exportation.

Beaucoup de points de passage frontaliers officielsentre les troispayssont fermés,cequiperturbe lecommerceentrelespays,pousselesprixinternesàlahausse,limitel’offredebiensetérodelesrevenusdes vendeurs. Ces fermetures vont certainementaggraver l’insécurité alimentaire dans les trois pays compte tenu du niveau élevé de commercetransfrontalier de matières premières agricoles, ycomprisdesdenréesdebasecommelerizetl’huiledepalme.

Les activités de transport ont chuté en raison derestrictionssévèresà lacirculation,ainsiqued’unemain-d’œuvremoinsnombreuse, ce qui a renchérile coût du transport de marchandises et réduit ladisponibilitédesproduits.

19 Ces chiffres proviennent de données du FMI (RapportsnationauxduFMIpour les trois pays : RapportNo. 14/244(août2014)pourlaGuinée;RapportNo.14/299(septembre2014) pour le Libéria, et Rapport No. 14/300 (septembre2014)pourlaSierraLeone)etdurapport«EconomicImpactof2014EbolaEpidemic:Short-andMedium-TermEstimatesforWestAfrica»delaBanquemondiale(2décembre2014).

APPENDICE I - ANALYSE SECTORIELLE DES INCIDENCES SOCIO-ÉCONOMIQUES

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

Ladépréciationdesmonnaiesnationales(dueàunedemande croissante de devises étrangères) a desconséquencesmitigéessurlecommercecarsi ellefavorise les exportationselle apar ailleursuneffetnégatifsurlesimportations.

La contribution du secteur minier à l’économiedes trois pays n’est pas négligeable. En 2014, lacontributiondecesecteurestestiméeà15%,14%et 20% en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone,respectivement.Lesecteurminierestuncontributeurimportant aux exportations. Par exemple, la partde l’exploitationminièreentantqueproportiondutotaldesexportationsduLibériaestestiméeà56%en 2014. Cependant, comme les sociétésminièresontcessé laplupartde leursactivitésdans lasous-région,lesexportationsminièresontdiminuédepuisledébutdel’épidémie.EnSierraLeone,parexemple,au second semestre2014, la contributiondu sous-secteurminerainon-ferreuxauPIBglobaladiminuéde1%etlesexportationsdediamantsontchutéde29,1millionsdedollars(rapportsnationauxduFMIetdelaBanquemondiale,2014),tandisqu’auLibérialesexportationsminièresontbaisséde30%en2014.

GUINÉE

Les exportations agricoles sont en baisse. Lapandémie à virus Ebola a durement frappé leszones rurales, y compris Gueckédou, Macenta,Nzérékoré, Boffa et Télémélé, qui constituent legrenier alimentaire, non seulement de la Guinéemais aussi des régions avoisinantes. La productionagricoledansceszonesadurementététouchéeparla fermeture des marchés, le décès de personneslocalesetledépartdesexpatriésetdestravailleurslocaux.Lesexportationsdesprincipauxproduitstelsquelecacaoet l’huiledepalmesesonteffondréesen raison d’une baisse de la production. Lesdonnées disponibles suggèrent une diminution dela production de la majorité des produits de baseexportés, dont le café, l’huile de palme et le riz àhauteurd’environ50%,75%et10%respectivement.La production de pommes de terre a égalementdiminué, ce qui a affecté les exportations vers leSénégal,quiesttraditionnellementladestinationdela moitié de la production guinéenne de pommesde terre. Étant donné que les exportations sont

principalement issuesdessurplusréalisésainsiquedesstocksexistants,laréductiondesexportationsdecesproduitsdebaseestprobablementencoreplusimportantequelaréductiondelaproduction.

Comme le prouve la forte baisse des exportationsagricoles, les commerçants du Sud du Sénégal ontannoncé une baisse des activités commercialesde 50% depuis le début du mois d’août en raisonde la fermeture de sa frontière avec la Guinée. Ilsont également signalé que les fruits et l’huile depalme en provenance de la Guinée n’étaient plusdisponibles sur les marchés frontaliers. En outre,on s’attend à ce que la fermeture de 16 marchéshebdomadaires au Sud du Sénégal (le long de lafrontière avec la Guinée) mette encore davantageun frein aux activités commerciales, ainsi qu’auxactivités économiques, déjà lentes, dans la région.CelaaffecteranonseulementlaGuinéeetleSénégal,maisaussilaGambieetlaGuinée-Bissau.

La production et les exportations minières ontégalement été touchées. Ce secteur représente15% du PIB et a principalement été touché par lesentiment de panique associé à la propagation duvirus.Lescoûts liésaufretmaritimeontaugmentéde25à30%.Lerapatriementdupersonnelétrangeraégalementcontribuéàl’ébranlementdecesecteur.Cinquante pour cent du personnel étranger deRUSSAL, une grosse entreprise minière, aurait étérapatrié. L’ensemble du personnel de l’entreprisechinoiseHenanaégalementétérapatrié,tandisque51 employés de la Société aurifère de Guinée ontaussiquittélepays.

En outre, de nombreux projets et étudesd’infrastructure ont accusé un retard, ce qui asérieusement touché la production minière. Parailleurs, étant donné que les investissements dansdenouveauxgrandsprojetsminiers(mineraidefer)serontprobablementretardés,ons’attendàcequelacroissanceduPIBàmoyen termeet les recettespubliques diminuent. Selon les estimations, lesrecettes du secteur minier devraient diminuer de3,5% du PIB (2013) à 2,4% en 2014 (FMI, 2014c).Il est prévuque la baissede la productionminièreentraîne une réduction considérable des recettespubliques, la part du secteur minier se chiffrant àenviron20%desrecettesfiscalesen2013.Surune

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Commission économique pour l’Afrique

FIGURE A1 : INTERCONNEXIONS SECTORIELLES

Source: CEA

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Economic Commission for Africa

Source: CEA.

fiGure a1 : interconnexions sectorieLLes

Augmentation de l’insécurité alimentaireAugmentation de la pauvretéRéduction du budget de l’État

Pénurie alimentaire+ Réduction des

exportations agricoles

Réduction de l’extraction minière et des exportations

Réduction de l’emploi, des salaires, des revenus, et donc

du pouvoir d’achat

Perturbation des activités agricoles et

minières

Perturbation du transport, des

aéroports et des ports maritimes

Perturbation des marchés

intérieurs et internationaux

Perturbation des services

de l’État

Incidences socio-économiques d’Ebola

E�ets directs et indirects de la maladie

et des décès

Panique, déclenchant des comportements

anormaux

Agriculture Mines Transport Services ManufactureCliniques,

écoles, banques, etc.

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

notepluspositive,lesecteurminierguinéenn’estpasgrandementtouché,étantdonnéquesesprincipauxsitesminiersnesontpassituésàproximitédeszonesàhautrisqued’infection.

Lesservicesdefretontététouchés,cesecteurayantconnuunebaissed’environ60%dutraficauportdeConakryetuneperte cumuléed’environ3millionsdedollarsdepuismars2014.Lesactivitésportuairesontdiminuéde32%et9,4%pourlesconteneursetlesnavires respectivement.Ons’attendàceque lacroissancedesserviceschutede6,7%à3,8%etqueles catégories liéesaux transportsetaucommercerestent stables. Les frais d’assuranceet de fret ontconsidérablement augmenté. Au sol, la longueurdestempsdepassageàlafrontièreaprofondémentaffectélecommercedesproduitsagricolesaveclessixpaysvoisins.

Iln’existeaucunepressioninflationnisteclaire,mêmesiletauxd’inflationaétérévisé,passantde8,5%à9,4%, avec un impact potentiel sur la concurrencedes exportations considérées comme modeste.On s’attend à ce que les recettes publiques soientgrandementtouchéesenraisondesfaiblesrecettesettaxesminièressurlemarchéinternational.

Les exportations minières n’ont pas encore étévéritablement touchées en termes de volume,mais ce secteuraccusedescoûts supplémentaires.Lesexportationsdeproduitsagricolessont lesplusaffectées. Les exportations du café et du cacaoont chuté de 58%et 24% respectivement. Les fluxd’investissements étrangers devraient diminuerd’environ37%en2014.

Les secteurs minier et agricole ont été durement touchés et les recettes d’exportations risquent dediminuer considérablement en raison de la baissedes investissements. Il est probable que la chutedesexportationsminièresetagricolesaugmente ledéficit du commerce de marchandises et réduiseles recettes tirées des taxes sur le commerceinternationalen2014(quiconstitueenviron18%dutotaldesrecettes).

Bienqu’ilsoitencoretroptôtpourévaluerl’impactde ces facteurs sur le commerce en raison du manque de données de première main, le ralentissement

économique,associéàuneinflationélevée,réduiraprobablementdavantagelesactivitéscommerciales,cequialimentera l’inflation, l’insécuritéalimentaireet la pauvreté, et entretiendra ainsi probablementuncerclevicieux.

LIBÉRIA

Letauxd’inflationestenaugmentation:ilestpasséde10%à14%.Celaposeunproblèmedeconcurrencepour les entreprises et les négociants; et entraîneunediminutiondupouvoird’achatpourlesménages.La valeur commerciale de la devise nationale adiminuédeprèsde15%endécembreetde9%enfévrier. Toutefois, de nouvelles aides financièreset les transferts financiers de la diaspora peuvent,dansunecertainemesure, compenser lademandeémergente de dollars des États-Unis. L’inflation estdueàlamontéedesprixdesproduitsalimentaires.Parexemple, leprixdu riz a augmentéde13%. Letauxd’inflationenfind’année2014devraitsechiffrerà14,7%,etsemainteniràunniveauélevéd’environ10%en2015.

Denombreusesentreprisesdiminuentactuellementleurs investissements, ou maintiennent seulementceuxquiexistent.Parexemple,ArcelorMittaladécidéde reporter tout investissement supplémentaireà 2016. D’autres, tels que Sime Darby, principalproducteur d’huile de palme, ont réduit leursinvestissements en raison de l’évacuation de leurpersonnel de direction et de supervision, et ontreporté leur attention vers la maintenance. Cesdécisions auront un impact sur les exportationsde l’huile de palme ces prochaines années. Lasuspension des projets de développement a unimpactàmoyentermesurlesexportations.Plusieursprojets de développement, en particulier dans lessecteursdu transportetde l’énergie,ainsiquedesinitiativesdepromotiondeséchangescommerciauxet des exportations, ont été suspendus. Lesressources (physiques, financières et humaines)ayantdéjà été allouéesont été redirigées vers desbesoinsnouveauxetimmédiats.Encequiconcernelesprojetsfinanciers,ilaétéconstatéquelessous-traitantsavaientannoncéunétatde forcemajeureet évacué leur personnel clé, interrompant ainsiles travaux de constructions. La suspensionde tels

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Commission économique pour l’Afrique

projets,telsqueceluidelacentralehydroélectriqueMountCoffee,ainsiqued’autresprojetsetinitiativespharesénergétiquesetderéhabilitationdelaroute,limiterontlespossibilitésderéductiondescoûtsliésauxactivitéscommerciales.

Le secteur des services s’est considérablementcontracté,étantdonnéque lesexpatriésontquittélepays,cequiaeuungros impactsur lesactivitéscommerciales. Le tourisme s’est quasiment figé, letauxdefréquentationdeshôtelssesituantàenviron30%, contre 70% auparavant. Le nombre de volscommerciauxhebdomadairesversleLibériaachutéenpassantde27avantlemoisd’aoûtàseulement6volsaudébutdumoisdeseptembre.

Lesagriculteursontabandonné leur fermeet leursrécoltes, ce qui, dans la plupart des cas, a eu uneincidencesurlesexportationsagricoles.SelonlaFAO,desobservationssurleterrainmenéesdanslecomtédeLofa(autrefoislegrenierduLibéria)montrentquedansceszonesfortementtouchées,levirusEbolaaconsidérablement touché les revenus, les moyensd’existenceetl’agriculture,enraisondeclôtureforcéedes activités agricoles. Les observations ontmêmeindiqué que les épargnes réalisées sur plusieursannées ont complètement disparu en raison dumanque de possibilités de génération de revenus.Celaaeuunimpactdirectsurlasécuritéalimentaireetl’économielocale,étantdonnéquecesépargnesétaientessentiellespourleséchangescommerciauxau niveau microéconomique, l’approvisionnementalimentaire,lesachatsd’intrantsagricoles,lesecteuragro-industrieletlespetitesentreprises.

Selon un rapport récent de Mercy Corps (2014),même les mesures d’endiguement du virus Ebolaont un effet néfaste sur la sécurité alimentaire,les chaînes d’approvisionnement des marchés etles revenus des ménages dans certaines régions touchées.90%desménagesontdéclaré réduire lenombre de repas et substituer certains produitsalimentaires de prédilection par des aliments demoindre qualité oumoins onéreux pour faire faceàlabaissedeleursrevenusetàl’augmentationdesprix.Lesactivitésdeventeetd’achatsurlesmarchéslocauxontétéentravéespar la forteaugmentationdes prix, la diminution du pouvoir d’achat desménagesetladisponibilitélimitéedesbiensenraison

desrestrictionsdestransportsetdelamobilité.Celaa sans aucun doute porté atteinte au commerceintérieur,particulièrementlesnégociantslocaux,lesfemmesetlespetitsfournisseurs.

L’offredebienssurlesmarchéslocauxaégalementdiminué en raison de la fermeture des frontièresaveclaGuinée,laSierraLéoneetlaCôted’Ivoire,enplus de la fermeture desmarchés hebdomadaires.Certains rapports suggèrent que les marchésdans les comtés voisins de Lofa et Nimba ont étédurement touchés car ils s’appuyaient autrefoislourdement sur le commerce transfrontalier de vente et d’achat, étant donné la proximité des marchéstransfrontaliers (généralement moins onéreux quede faire venir les marchandises de Monrovia). Àl’heureactuelle, lamoitiédes fournisseursutilisentd’autres sources pour se procurer leurs biens. Eneffet,lamajoritédesbiensnonproduitslocalementtrouvésà LofaetNimbaproviennentdeMonrovia.Selonlesfournisseurs,cettesituationaentraînéuneaugmentation des prix, provoquant une baisse de70%desventes.Surlemarchéinformel,aucunbienne traverse la frontière, à l’exception peut-être dubétailenprovenancedelaGuinée.

Auplanintérieur,l’offredebiensestlimitéeàcausedesproblèmesquiseposentauseindesservicesdetransport.EnraisondesrestrictionsdemouvementetdespointsdecontrôlepourlimiterlapropagationduvirusEbola,lescamionspeuventnécessiterdeuxà trois jours pour voyager de Nimba à Monrovia,trajetquiauparavantprenaitunejournée.Celapeutentraînerlapertedesbienspérissables,enraisondeladégradationdelaqualitédesaliments.Enoutre,lenombre de camions commerciaux actuellement enactivitéachuté,peut-êtrede80%.

Il n’est pas possible d’estimer l’impact desinterruptionsdemouvementdelamaind’œuvre,desdifficultésliéesautransfertdeproduitsverslesportsetde la fermeturedesmarchéstransfrontalierssurlaproductionagricole,etdoncsurlesexportations.Cependant, le FMI a récemment estimé que lesexportations de caoutchouc ont diminué d’environ20%, ces exportations étant initialement prévuesà 148millions de dollars en 2014. (Le caoutchoucest le principal produit agricole d’exportation et ledeuxième plus important produit de base exporté

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

par le Libéria, représentant environ un quart desexportations nationales.) Le riz, qui est le principalproduit de première nécessité du pays, a vu saproductiongravementtouchéeenraisondumanquedemaind’œuvre,cequiaunimpactsurlarécolteetlareplantationpourleprochaincyclederécolte.Ons’attendàcequelesexportationsetlesréservesderizsoientgrandementaffectées,cequi laisseprésagerla possibilité d’une crise alimentaire imminente. Laproduction de l’huile de palme et son exportationdevaientégalementêtresévèrementtouchées,bienque les effets semblent être moindres. Le mêmeraisonnements’appliqueauxexportationsdusecteurforestier.

Lesecteurminierduferaétésérieusementtouché,l’unedesdeuxprincipalesentreprisesayantfermésesportesenaoût.L’autreentrepriseminièreprincipale,même si elle est enbonne voiepour atteindre sesobjectifs annuels, a suspendu ses investissementsvisantàmultipliersacapacitédeproductionparcinq.Ce revirement aura un impact considérable sur sacroissanceéconomiquefuture.L’exploitationminièreartisanale,ycompriscelledel’oretdesdiamants,apresque interrompu ses opérations en raison desrestrictionssurlesmouvementsdepersonnes.

Selon le FMI, il est attendu que le secteur minierdiminue de 1,3% en 2014, contrairement auxprévisionsannonçantunecroissanced’aumoins4%.IlestprévuquelacontributiondecesecteurdanslePIBdiminueetpassede14%à11,5%en2014.Ons’attendàcequelesrevenusgénérésparlemineraideferdiminuentde43,8millionsdedollarsen2014à28,1millionsdedollarsen2015(FMI,2014b).Lesexportations minières diminueront probablementde 30% en 2014. Il est attendu que l’impact surles revenus issus des exportations nationales soitimportant, étant donné la part très importante dusecteur minier dans le total des exportations: en2013, ce secteur comptait pour 56% du total desexportations,soit599millionsdedollars.

Selon le Ministère du commerce, les sociétés detransportmaritimequisonttoujoursprêtesàvoyagerjusqu’auLibériasouhaitentunepolitiqued’assurancehaut risque couvrant tous lesnavires arrivants. Lesprixdetouslesbiensimportéssontdoncrevusàlahausse,mêmelecarburant.Levolumedeconteneurs

maritimes entrants est 30% moins élevé que lesniveauxnormaux.Ceniveaun’estpascatastrophiquemaispourraitentraînerl’obligationderespecterdescontratspassésprécédemment.Toutefois,ilestprévuque le jalonnementavaldiminueconsidérablementpourchacundesindicateurs.

L’augmentation prévue de la demande pour lesaliments importés, ainsi que la baisse des fluxd’investissements étrangers et des exportationsrisque d’aggraver le déficit lié à la balance despaiements.

SIERRA LEONE

Le commerce intérieur a été gravement touché,commelemontrelachutedesventesdecarburantd’environ27%depuismai2014.Laproductionagricoleaétégrandementperturbée,enparticulierdanslesdeuxdistrictsdel’Estdupays(KailahunetKenema),autrefois considérés comme le grenier du pays, etoùdescasdemaladiesàvirusEbolasontapparus.Cesdeuxdistricts,quiaccueillentuncinquièmedelapopulationdupays,produisentenviron19%dutotalde laproductionderizdupays,quiest leprincipalproduitdepremièrenécessitédupays.Enraisondesimportantesinterruptions,causéesparlesrestrictionsde quarantaine imposées aux mouvements desagriculteursetd’autres restrictionsdemouvement,ilesttrèsprobablequelaproductionnationalederizpourlapériode2014/2015soitgravementtouchée,cequicreuseraitdavantageledéficitdeproductionet entraînerait l’augmentation des demandesd’importation. Étant donné la forte dépendanceà long terme par rapport aux importations de rizafin de satisfaire aux besoins du pays, ainsi que lafermeture des frontières aux principales sourcestraditionnelles d’importation du riz, il est attenduque l’offrede riz soit considérablement réduite, cequi laisse prévoir une crise alimentaire imminente.Suite à la fermeture continue des marchés et desrestrictions émises par rapport aux mouvementsà l’échelle locale, le commerce alimentaire s’esteffondré, causant ainsi de fortes pénuries d’offre.Uneaugmentationd’environ30%duprixdurizaétéconstatéedansleszonestouchéesparlevirusEbola.

L’industrie minière, qui représente 17 à 20% del’économie nationale, est dominée par le secteur

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du minerai de fer, qui compte pour 16% du PIB.(Les opérations minières comprennent égalementlerutile,lalimonite,labauxiteetlesdiamants.)Lesrapports gouvernementaux indiquent un impactlimité du virus Ebola sur la production minière.De plus, les principales entreprises minières ontdéclarévouloirmaintenir leursniveauxplanifiésdeproduction. Toutefois, plusieurs de ces entreprisesfonctionnentavecmoinsdepersonnelexpatrié.

Ils’avèredifficiled’exporteretderecueillirdesrecettesfiscales, étant donné l’effondrement des activitésminières (Sichei, 2014). Les difficultés en matièred’exportation des entreprises minières spécialiséesdans le minerai de fer s’expliquent principalementparl’augmentationdescoûtsd’assurancemaritime.En raison de l’interdiction et de l’annulation devols aériens par de grandes entreprises aériennesdesservant la région, ilestdevenudifficilepour lessociétésdiamantairesd’exporter leursproduits.Onestimeque labaissedes recettesfiscalesdeSierraLeoneen2014,quiprendlaformed’uneréductiondeslicencesetredevancesminières,sechiffreà15,1millionsdedollars;cellerelativeauxexportationsdediamantsetdemineraisdeferpourlamêmepériodes’élève à 29,1millions et 291,1millions de dollars.Enaoût2014,lemanqueàgagnerliéauvirusEbolaétaitestiméà1%duPIBdesmineraisnonferreuxlorsdeladeuxièmemoitiédel’année2014.Cemanqueàgagneraugmenterapouratteindre1,6%en2015(FMI,2014a).

Lesservices,quireprésentent30%del’économie,ontétéfortementtouchésparlevirusEbola.Lenombrede vols commerciaux hebdomadaires est passé de31 à 6. Cette diminution a également eu un effetnéfastesurlesous-secteurdel’accueil.Desrapportsindiquentunefortebaissedutauxdefréquentationdeshôtels,quiestpasséd’untauxmoyenannuelde70%à13%.

IMPACT POTENTIEL DE LA RÉDUCTION CONTINUE DES ÉCHANGES COMMERCIAUX

Uneréductioncontinuedeséchangescommerciauxpourraitaffecterlesménagesdanslestroispays.Lesimpacts potentiels sont notamment la dégradationde la sécurité alimentaire20, hausse de l’inflationet creusement du déficit budgétaire. Les réservesde riz, aliment de base dans ces trois pays, ontdangereusement baissées. Les interruptions dela production-particulièrement aux frontières-pourraientbienprovoquerdescrisesalimentaires.

La réduction des importations et de la productionnationalepourraitentraîneruneréductiondel’offred’une variété de produits de base à des prix plusélevés.Laréductiondeséchangesetdesactivitéssurlesmarchéspourraientaffecterdavantagelesecteurducommerce,cequiferaitaugmenterlechômage,surtoutétantdonnéquelesecteurinformelconstituelaprincipalesourced’emploi.

Ledéficitbudgétairepourrait s’accentueren raisondu déclin prévu des exportations minières etagricolesetdes recettesen redevancesàcausedel’interruptiondelaproductionminière.Mêmes’ilestprévuque l’impactsur labalancecommercialesoitmitigé,lacroissanceéconomiquediminuera.

Globalement,ons’attendàcequelevirusEbolaaitdesconséquencesdramatiquesdanslestroispaysenraisondelacombinaisondetroisfacteursspécifiquesàlarégion:

Unegrandepartiedeséchangescommerciauxdanslespayssefaittoujourspar lebiaisderendez-vouspersonnelsetd’individusserendantsurlesmarchéspour acheter des produits, avant de rentrer chezeux et de les vendre à leur tour. Les quarantaineset lesrestrictionsimposéessur lesmouvementsdepersonnesdevraientavoirunimpactnéfastesurleséchanges,quecesoitauseind’unpaystouchéparlevirusEbola,ouentreplusieursdecespays.Enoutre,

20Environ200000personnesontunaccèslimitéauxdenréesalimentaires, comme l’a indiqué récemment le Programmealimentaire mondial. L’analyse montre que la maladiecontinue de se propager au tauxmoyen observé depuis lami-septembre ; environ 750 000 personnes pourraient neplusavoiraccèsàdesdenréesalimentairesàprixabordablesd’iciàmars2015.Ceseraitprincipalementuneconséquencede la perturbation du système de transport des denréesalimentairesetdelafermetureducommercetransfrontalier.

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unepartimportantedelacroissancerécenteréaliséedans ces pays émanait d’activités commercialestransfrontalières. Or, avec la fermeture de cesfrontières, l’impact économique du virus Ebola estprobablement plus important que ce que pensentlesexperts.

L’impact de la chute des échanges commerciauxestprobablementsous-estimé,étantdonnéquelesstatistiquesofficiellessur leséchangesneprennentpas en compte le commerce informel, dont lecommerce transfrontalier, qui contribuerait au PIBà hauteur de 20 à 72% dans les pays d’Afrique del’Ouest(SyetCopley,2014).

LacroissanceduPIBdanscespaysestprincipalementdueauxexportationsagricoles,minièresetdel’huile.Leblocagedusecteurcommercialralentiradoncleurcroissanceéconomique.

Bien que les restrictions en matière de mobilitésoient indispensables pour rompre la chaîne detransmission, elles devraient être appliquées avecprudence car elles pourraient autrement être plusnéfastesquebénéfiques, enbloquantpar exempleles échanges de produits de première nécessité,commelesproduitsalimentairesetlesmédicaments.

AGRICULTUREComme nous l’avons déjà mentionné, l’épidémieà virus Ebola menace déjà la sécurité alimentairedans les pays touchés et pourrait toucher les paysvoisinscommelaCôted’Ivoire,leMali,leNigériaetleSénégal.Sicettesituationn’estpaspriseenmaindèsmaintenant, elle pourrait engendrer des effetsnéfastessurlelongterme,notammentperturberlecommerceetlesmarchésalimentairesdanslestroispaysetlasous-régiondanssonensemble.

Les prix des produits alimentaires sont en hausse,tandis que le manque de main-d’œuvre metsérieusement en péril la prochaine saison desrécoltes (FAO, 2014). L’épidémie réduit la capacitédes ménages à produire de la nourriture, étantdonné que les restrictions de mouvement et lescraintes liées au risque de contagion empêchentles communautés de travailler dans leurs champs.

De plus, la mobilité des commerçants dans lescommunautésruralesestégalementtrèslimitée,cequisignifiequemêmesi lesproduitsagricolessontrécoltés,ilsrisquentdenepaspouvoirêtremissurlemarché.Enoutre,l’interdictionsurlegibierrisquedeprivercertainsménagesd’unesourceimportantede nutrition et de revenus, en particulier dans lesrégionsforestièresprofondesdecestroispays.

La fermeture des frontières adoptée par certainspayslimitrophespeutaffecterl’offresurlesmarchésalimentaires,étantdonnéquelestroispayssontdesimportateursnetsde céréalesetque le commercetransfrontalier est important pour le secteuralimentaire dans ces trois pays. Selon un rapportde laFAOetduSMIAR(FAO,2014),cesfermetures,combinéesàl’impositiondezonesdequarantaineetderestrictionssurlesmouvementsdepersonnesontsérieusement affecté lemouvement et lamise surlemarchédesproduitsalimentaires, suscitantainsiunefièvred’achat,despénuriesalimentairesetdeshausses importantes des prix de certains produitsalimentaires de base, surtout dans les centresurbains(FAO,2014b).

Le secteur agricole a été sévèrement touchépar le virus Ebola dans les trois pays. Au Libéria,l’agriculture représente presque 25% du PIB etemploie pratiquement 50%de lamain-d’œuvre dupays.Laréductiondelamobilitédelamain-d’œuvreetlamigrationdespersonnesversdeszonessûres,ainsiquelereportdesinvestissementsd’entreprisesétrangèresenraisondel’évacuationdesesprincipauxexpatriésontaffectélesexportationsetl’agriculturenationale de ces pays. Par conséquent, la Banquemondiale a revu ses prévisions de croissance àla baisse (de 5,9% à 2,5%pour 2014). Par ailleurs,en raison de l’abandon de nombreuses petitesexploitations agricoles produisant des alimentsdestinésàlaconsommationlocale,ons’attendàcequeleLibériasouffred’unepénuriealimentaire,quipourraientàleurtourprovoqueruneaugmentationdesprixdesaliments.

Demême, le secteur agricole de Sierra Leone, quiseconcentresurleriz,lecacaoetl’huiledepalme,représente environ la moitié de l’économie. Selonle ministère de l’agriculture, des forêts et de la

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sécurité alimentaire, les deux régions qui se sonttrouvées à l’épicentre de l’épidémie produisaientensemble environ 18% de la production nationale.Les zones mises en quarantaine ont limité lesmouvements des travailleurs et de nombreusesfermesontétéabandonnées.Seloncertainsrapportsgouvernementaux,leprixdurizaaugmentéde30%danslesrégionstouchéesparlevirus.

L’économie guinéenne se caractérise en grande partie par ses secteurs agricoles et des services.La production de cacao et d’huile de palme, quiconstituent lesprincipalessourcesd’exportationdusecteuret lesoclesur lequelrepose l’économiedupays,aconsidérablementdiminué.Leralentissementde l’économie aura notamment pour effet unediminution des recettes fiscales. Dans le mêmetemps, le Gouvernement devra augmenter sesdépensesafinderépondreauxcoûtscroissantsliésàlaluttecontrecettemaladie.

La Banque mondiale prévoit que les déficitsbudgétairesdecestroispaysaugmenterontde1,8%du PIB en Sierra Leone et en Guinée, et de 4,7%au Libéria. La contraction des principaux secteurséconomiques, associée à une forte diminution desexportations, porteront atteinte à la croissance duPIB. LaBanquemondialeaparexemple réviséà labaisselesprévisionsdecroissanceduPIBpour2014de4,5%à2,4%.

AGRICULTURE ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE: DÉFIS À RELEVER

Bon nombre de défis ont été enregistrés dans lesecteuralimentaire,ycomprisencequiconcernelapénuriedemain-d’œuvreagricole,quiconstitueungrand problème en ce sens que la récolte dépenddestravailleurssaisonniers.Lapériodedeseptembreà décembre, selon les zones considérées dans lestroispays,estcellede la récoltedumaïsetdu riz.Larécolteactuelleestsérieusementcompromiseet,danscertaineszones, lesculturessonttoujourssurpied (novembre2014). Lapénurieaétéexacerbéeparlesrestrictionsauxmouvementsetlesmigrationsversd’autreszones.

Lesautresdéfissontlessuivants:ladéstabilisationdessystèmesdetarificationdesproduitsalimentairesau

seindesquelsledérèglementdesliensaveclemarchéen raison des restrictions imposées aux voyages aentraînélaflambéedesprix;uneffondrementdelaproductionvivrièreetde laproductionde culturesde rente en raison de la panique et de la pénuriede main-d’œuvre; le fait que les grandes zonesde production ont été par coïncidence les plusdurementfrappées,enparticulierenSierraLeoneetauLibéria;lemanquedemoyensdetransportpouracheminerlesvivresàpartirdeszonesenregistrantuneproductionexcédentaire;etpourcequiestdela nutrition et de la santé, la non-disponibilité dedispensaires pouvant diagnostiquer les maladiesnon liées aux problèmes de nutrition dus au virusEbola, ce qui a accru l’incidence de ces maladies,essentiellementchezlesenfants,enélevantlestauxdemalnutritiondesenfantsdemoinsde5ansdanslarégion.

GUINÉE

L’agriculturereprésente25à30%duPIBetoccupe84%delapopulationactive.Lesprincipalesculturesvivrièresdesubsistancesontleriz,lemaïs,lemanioc,la patate douce, l’igname, la banane plantain, lesagrumes, la canne à sucre, les palmistes, le caféet les noix de coco. Le secteur agricole enGuinéeoffre plusieurs possibilités d’investissements,notamment:laconstructionetlagestiondecentresdetransformation;laconstructionetlamaintenanced’installations de stockage, d’entreprises deproduction d’intrants agricoles et de matériel deconditionnement;laproductionàgrandeéchelledecultures telles que les fruits, les légumes, le riz, lecajou, lecafé, lecacaoet lecoton; lacréationet ledéveloppementdepôlesdeproductionagricoleafinde relancer les chaînes de valeur agro-industrielle;et la production animale et la transformation desproduitsanimaux.

La production de riz a diminué de 8,5% dans lesrégions durement touchées comme N’Zérékoré.Lesbesoinsd’importationscéréalièresn’ontpaspuêtre satisfaits en raison de la baisse des recettesd’exportation.Davantagedegensvontsetrouverensituationd’insécuritéalimentaired’iciàmars2015,et l’épidémie d’Ebola y a grandement contribué(FAO/PAM,2014a).

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LechocprovoquéparlamaladieàvirusEbolapourrapourl’essentielchangerladonnesilamaladien’estpasendiguée rapidement. Des informations provenantdes pouvoirs publics indiquent une réduction desproduits agricoles arrivant dans les marchés de lacapitale,Conakry,quiest laplaque tournantepourlerestedupays.Cetétatdechosesatiréàlahausseles prix des produits agricoles. La Guinée est dansune situation relativement meilleure à celle desdeux autres pays touchés en ce qui concerne lesimportationsdeproduits alimentaires. Son tauxdedépendance est de 16% environ. Elle importe despaysvoisinsdesvolumesréduitsderiz,demaïsetdemiletlecircuitducommerceinformelesttrèsactifaveclesvoisins,partantlafermeturedesfrontièresaentravélefluxdesapprovisionnementsalimentaires.

Lepays est dotéd’abondantes ressourcesminièrestellesquelemineraideferetlabauxiteetd’énormespotentialités hydroélectriques. Son économiecombine l’agriculture, les services et les industriesextractives et la pauvreté, qui touche plus de 55%de la population, est élevée, sans compter que lacroissancerécentedurevenun’apaségalécelledespays voisins. De ce fait, lamaladie à virus Ebola atrouvéuneéconomiedéjàfragilisée.

LesprincipauxeffetsdelamaladieàvirusEbolasurleplanéconomiqueenGuinéesesont fait sentiràcejourdansl’agricultureetlesservices.Enraisondel’impactde lamaladie sur les activités agricoles, laBanquemondialeaprévuque la croissanceduPIBen 2014 baisserait de 4,5% à 2,4%. La croissanceagricoleprévuepour2014aégalementétéréviséeàlabaisse,de5,7%à3,3%.L’agriculturedansleszonesfrappéesparlafièvreEbolaaétévictimedel’exodedepersonnesquittantceszones,cequiainfluésurles principaux produits d’exportation tels que lecacao et l’huile de palme. La production de café aaussichutédemoitié(pours’établirà2671tonnescontre 5 736 tonnes) entre le premier semestrede 2013 et le premier semestre de 2014 (Banquemondiale,2014a);laproductiondecacaoadiminuéd’untiers(revenantde3511tonnesà2296tonnes)surlamêmepériode.Laproductiond’huiledepalmea chutéde75%.Dans certaines zonesdupays, lescultures n’ont pas été récoltées faute d’ouvriers.Dansd’autres,lesagriculteursontsubidespertesen

raisond’uneoffreexcédentairedeproduitsagricolessans moyens de transport. La panique et la peurviennentaggraverunesituationdéjàterrible.

LIBÉRIA

LeLibériaestunpetitpaysde4millionsd’habitantsenviron, dont 70% se livrent à l’agriculture. Sonsecteuragricole reposesur l’exploitationdes forêtsdominéepardessystèmestraditionnelsd’agriculturede subsistance (culture sur brûlis) principalementsur les plateaux et il se caractérise par l’intensitéde main-d’œuvre, la culture itinérante, de faiblestechnologiesetunefaibleproductivité.

Bienquelaproductionderiz,demaniocetdelégumesoccupeenviron87%des superficies cultivées, celledesculturesvivrièresdebasedemeureinférieureauxbesoinsnationaux.Depetitessuperficiesdeculturesarbustivesserventàgagnerdesrevenusmonétaires.Les activités agricoles commerciales sont presqueexclusivement pratiquées dans des domainesagricolesplantésdecaoutchouc,depalmieràhuile,de café et de cacao; ces deux dernières culturessont destinées exclusivement à l’exportation et lecaoutchouc et l’huile de palme ne font l’objet aumieuxquedepeudevaleurajoutée.

En dehors des domaines agricoles, très peud’investissementsdusecteurprivéontétéconsacrésà l’agriculture, sauf pour un commerce limité deproduits qui a persisté au fil des ans. L’agriculturecontribuepour42%auPIBdupays.Lesprincipalescultures que sont le riz et le manioc représentent22%et23%duPIBagricole.L’arboriculture,centréesurlecaoutchouc,lecaféetlecacao,constitue34,5%duPIBagricole,l’élevage14%etlapêche3%,tandisquelasylviculturecontribuepour19%environauPIBnational(Ministèredel’agricultureduLibéria,2013).

Comme dans les autres pays durement touchés,la production alimentaire au Libéria a diminué etla pandémie à virus Ebola n’a fait qu’aggraver lasituation.En2014,laproductionnationaletotalededenréesalimentairesétaitd’environ12%inférieureàcellede2013.D’iciàmars2015,surl’ensembledelapopulationensituationd’insécuritéalimentaire,40%le seront, en raison principalement du virus Ebola(FAO/PAM,2014b).

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Lesous-secteurdel’élevageaétéravagéparleconflitciviletlecheptelactuelestinférieurauchiffrerequispour satisfaire 10% des besoins de consommationnationaux. Réalisant environ 6,8% seulement desprises durables annuellement, le sous-secteur dela pêche est sous-développé. Les ressources enterreseteneausontabondantesetpermettentuneexpansionconsidérabledelaproductionagricole.Lespossibilitéspourl’irrigationsontestiméesà600000hectares de terres, dont seulement 1% estmis envaleur(Ministèredel’agricultureduLibéria,2013).

LeLibériasembleêtreleplusdurementtouchédestrois pays et des zones de production telles queBarekedu dans le comté de Lofa et Dolo dans lecomtédeMargibiontétébouclées,cequiarendudifficilevoireimpossiblelacirculationdesvivrespouratteindreMonroviaetd’autrespartiesdupays. LescomtésdeLofaetdeMargibiproduisentenviron20%durizduLibériaetsatisfontlargementàleurspropresbesoins en riz, tout en produisant de nombreusesautres denrées et en pratiquant le commerce surlesmarchés transfrontaliersetauplan intérieur. LaFAO(bureaulocaldeMonrovia)adéclaréquel’effetEbola a empêché les associationsdepaysannesderembourserleursprêts,enparticulierdansledistrictde Foya (comté de Lofa) où a été diagnostiqué lepremier cas de maladie à virus Ebola du pays, enmars2014.

Lesecteurdel’huiledepalmeaétéfrappé.BienqueGolden Veroleum reste actif, Sime Darby, dont lesactivitéssedéroulentàproximitédeplusieurszonestouchées, ralentit son fonctionnement. Ce sont làles deux principales compagnies œuvrant dans lesecteurdel’huiledepalmeavecuneffectifdeplusde7000 travailleurs.Onpeut imaginer les ravagesqui résulteraient de leur fermeture. La productionde caoutchouc, deuxième produit d’exportation duLibéria, s’est essentiellement poursuivie, bien quedes cas récents demaladie à virus Ebola à Kakatadanslecentredelarégionproductricedecaoutchoucpuissentlaralentirconsidérablement.Laproductiondebois,quichutedepuis2013enraisondeproblèmesde gouvernance et de goulets d’étranglement dans ledomainedutransport,estbaséedans lesud-estlargementépargnéetaéchappéjusqu’iciàtouteffetimportantdufléau.

Des informations provenant des instancesgouvernementales indiquaient également que la distribution de produits alimentaires importés duportmaritimedeMonroviaauxmarchésrurauxaétéréduitefortement.Leportétantlaprincipalesourced’approvisionnementenrizdeszonesrurales,cettesituationaprovoquédespénuriesquiontcontribuéàfairemonterlesprixdesproduitsalimentairesdanstout le pays.Une rapide étude demarché réaliséepar le personnel de la FAO (FAO, 2014) a montréque le prix de certains produits alimentaires telsquelemaniocafaitunbondde150%àMonrovia.Lahausseaétégonfléeparlecoûtdutransportquirenchérittoutletemps.LeLibériaimportant66%deson approvisionnement en vivres, la situation desdisponibilitésalimentairesdupaysrisqued’empirerd’iciàlafindel’année.

LacroissanceduPIBestenmoyennedeplusde8%depuis2011,cequiplaceleLibériaparmilesnationsafricainesconnaissantuntauxdecroissancerapide.Maisilestd’oresetdéjàprévuquecettecroissancedécélérerapour s’établir à5,9%en2014en raisond’une croissance plus faible de la productionde minerai de fer, d’une croissance faible desexportationsdeboisetdecaoutchouc,ainsiqueduretraitprogressifdelaforcedesNationsUnies(BAD,2014a).

SIERRA LEONE

LeGouvernementa,parl’intermédiaireduMinistèrede la santé et de l’assainissement, déclaré uneépidémie de maladie à virus à Ebola suite à laconfirmation en laboratoire, le 25 mai 2014, d’uncas suspect provenant du district de Kailahun. Cedistrictsetrouvedanslarégionorientalepartageantdes frontières avec la Guinée et le Libéria. Cetteépidémie résultait d’une propagation de celle quisévitenGuinéeetauLibériadepuismars2014.Elleaéclatéaudébutdelacampagnederécoltedurizetducacao(juillet/août),périodeàlaquelleenprincipelescommerçantsserendentdanslesparcellespouréchangerdesproduitsalimentairesetautrescontreducacao.

L’une des toutes premières mesures prises parle Gouvernement a consisté à restreindre lesmouvements, ce qui a brutalement diminué le

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revenu des ménages. La fermeture des marchés,la restriction des voyages internes et la peur del’infectionontréduitlecommercedesvivresetcausédes pénuries alimentaires. Bien que les donnéessur lesprix soientdifficilesàobtenirouqu’ellesnesoientpasdisponibles,desinformationsfontétatdeflambéesdesprixdesproduitsalimentaires.Mêmesisadépendanceàl’égarddurizimportédiminue,lepaysn’enrestepasmoinsunimportateurnet,avecuntauxdedépendanceàl’égarddesimportationsdecéréaless’établissantàenviron18%.

En2014, leniveaunationalglobalde laproductionalimentaire a diminué de 5% par rapport à 2013.Toutefois, ce chiffre global occulte des disparitésnationales importantes. Par exemple, la productionde riz usiné a diminué de 8% au niveau national,mais dans certaines provinces, la baisse a étéaussi élevée que 17%. D’ici àmars 2015, 46% despersonnes en situation d’insécurité alimentaire leserontuniquementàcauseduvirusEbola(FAO/PAM,2014c).

La dépréciation de la monnaie, qui s’intensifiedepuis juin, sera probablement source de tensionsinflationnistes. Les consommateurs se plaignaientdéjàdeladépréciation,venants’ajouteràlahaussedes prix. La fermeture des frontières avec les paysvoisins a aggravé les pénuries alimentaires carelle a perturbé le commerce transfrontalier. Uneétude de pays de la FAO a été lancée en août etseptembre2014etcouvraittroisgroupesdevillagesdanschacundes13districtsdans lesquelsun totalde 702ménages a été interrogé, tout comme 351dignitaires locaux, 39 sites de marchés ruraux, 26marchésdechefs-lieuxdedistrictet8marchandsdeproduitsagricoles(FAO,2014a).Lesrésultatsontfaitapparaître que l’épidémie avait causé une pénuriede main-d’œuvre dans les exploitations agricoles.Des activités telles que le désherbage et la récolteet d’autres activités cruciales étaient en recul ouavaientétécomplètementabandonnéesenraisondelamortdepersonnesvalides.Des famillesauraientabandonnéleursexploitationsagricolesouauraientétédéplacéesdansdeszonesperçuescommeétant« à l’abri » de lamaladie. L’étudedéclare enoutreque la désorganisation et la fermeture des foirespériodiques ont provoqué une hausse des prix

des produits alimentaires dans les endroits où cesdernierssonttrèsdemandés-àtitred’exemple,lesprixdurizimportéontaugmentéde13%environetceuxdupoissondeplusde40%-etréduitlesprixlàoùl’offredépasselademande.

La diminutiondes prix des produits dans les zonesdeproductionexcédentairearéduitlesrevenusdesménagesruraux,enparticulierdeceuxquiœuvrentdanslessous-secteursdelaproductionetdesagro-industries.Cetteréductiondesrevenusadirectementinfluésurlasécuritéalimentaire.

L’impactdanslepaysdelamaladieàvirusEbolasurl’agriculture est ressenti par les agricultrices et lesfemmespratiquantlepetitcommerceetlesactivitésagro-industriellesàpetiteéchelle,puisquecesontlesprincipauxagentsactifsauxniveaux inférieursde lachaînedevaleurdusecteuragricole.Leursactivitéséconomiques ayant été perturbées, des pénuriesalimentaires ont fait tache d’huile dans le pays endésorganisantl’infrastructuredesmarchésagricoles.

IMPACT SUR L’AGRICULTURE DANS LES TROIS PAYS

L’impact est phénoménal: ces trois pays sont desimportateursnetsdecéréales,leLibériaétantleplustributaire des approvisionnements extérieurs. Lafermeturedecertainspostesfrontièreetl’isolementdezonesfrontalièresoùlestroispayspratiquentdeséchanges-aussibienquelaréductionducommerceprovenantdesportsmaritimes,principalepossibilitéofferte pour les importations commerciales àgrandeéchelle-débouchentsuruneréductiondesapprovisionnements et une flambée des prix desproduitsalimentaires.Aumoins80%durevenuestconsacré à l’achat de produits alimentaires dansles trois pays, ce qui souligne l’importance de lapauvreté. Il est attendu que la dépréciation desmonnaies nationales en Sierra Leone et au Libériacesderniersmois feramonter lesprixdesproduitsalimentairesimportés.

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SERVICESLesperturbationsdesservicesdetransportenraisondes interdictions de voyages aériens, maritimeset terrestres ont été des moyens inopérantsde contenir l’épidémie à virus Ebola, comme lemontrent lesrésultatsbaséssur leGlobalEpidemicand Mobility Model (Poletto et al., 2014). Aucontraire, ces interdictions de voyages ont plutôtlimitélerythmedel’acheminementdesfournituresmédicalesessentiellesetdupersonnelnécessaireetont gravement déréglé lesmoyens de subsistance.AuLibéria,lenombredevolscommerciauxestpasséde27parsemaineenaoût2014àseulement6parsemaineàpartirdeseptembre2014.LasituationestsimilaireenSierraLeone,quiaconnuunebaisse,lenombredevolspassantde31àsixvolsparsemaine.Pendantcetemps,enGuinéeletraficdel’aéroportadiminuéde60%depuismars2014,enplusdudéclindes servicesdeconteneursde32%etdeceluidesnaviresmarchandsdans lesportsde9,4%(Banquemondiale,2014).

Denombreusescompagniesaériennesontcessédedesservirlespaystouchés.L’undeseffetsdirectsdelamaladieàvirusEbolaestlaréductiondesentréesdetouristes. Ilexisteégalementdeseffetsindirectssous la forme de baisse des entrées de touristesen Afrique dans son ensemble principalement enraisond’unepeurgénéraleassociéeau voyageparavionàdestinationetenprovenanceducontinent.Par conséquent, les gouvernements perdenténormément d’argent du fait du manque à gagner surlesrecettesdesservicesd’immigrationetsurlestaxesprélevéessurlesbilletsdevoyageàl’étranger.De surcroît, les hôtels, les bars et les restaurantssubissentdespertesenraisonde la restrictiondesmouvements tant des touristes étrangers que des résidentsnationaux,cequientraîneàsontourdespertesderecettespouvantprovenirdestaxesetserépercutesurl’emploi.Parsuitedel’interdictiondesrassemblements, laSierraLeoneBreweryestime lenombre d’agents en chômage technique à 24 000poursesactivitésdanslepaystoutentier(NationalRevenueAuthoritydelaSierraLeone,2014).

Lamenaceque faitplaner lamaladieàvirusEbolafrappelesecteurduvoyageetdutourismeafricains

dansdespaysautresqueceuxdirectementtouchés.Ungrandcourtierenorganisationdesafarisenligne,SafariBookings,amenélemoisdernieruneenquêtesur 500 voyagistes organisateurs de safaris et adécouvertquelamoitiédesvoyagistesorganisateursdesafarisavaientaccusédesbaissesde20à70%deleurschiffresd’affairesrelatifsauxsafarisafricainsenraisondelapeurduvirusEbola.«C’estuncoupdurpourl’industrieetlesnombreusesréservesdefaunesauvagetributairesdesrecettesqu’elleprocure»,adéclarélacompagnie.«Lesvoyagistesontditquedenombreux touristes perçoivent l’Afrique commeunseulpays lorsqu’il s’agitde l’évaluationdesrisques.Ils ne se rendentpas compteque l’Afriquede l’Estetl’Afriqueaustrale,oùsontorganiséslaplupartdessafaris,sontaussiéloignéesdelazonedel’épidémiequelesontl’Europeoul’AmériqueduSud».ÀKenyaAirways,tributaireenpartiedespassagersd’Afriquede l’Ouest pour alimenter sa plaque tournante deNairobi, les ventes annuelles risquent de fléchirmêmede 4% cette année après que la compagnies’estretiréeduLibériaetdelaSierraLeone.

Ilexistedeseffetsspécifiquespourlespaysprochesdes pays touchés tels que la Gambie comptant denombreux pauvres et où davantage de personnessonttributairesdel’industriedutourisme.LeConseilmondialdesvoyagesetdutourisme,quireprésenteles compagnies aériennes, les hôtels et d’autresagencesdevoyages,arécemmentdéclaréquetoutsembledeprimeabordindiquerunreculde30%desréservationsàdestinationdel’Afriquedel’Ouest.LaGambietire16%desonPIBdutourisme.Audébutdelasaisontouristiqueenoctobre,unefortebaissedunombrede touristes entrantdans lepays a étéenregistrée par rapport aux années précédentes,avec une chute prévue de 50 à 60% du nombre,selonleMinistredutourisme.

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69

Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

APPENDICE II - SOURCES DES DONNÉES DE LA FIGURE 5

InstitutionsEngagements en millions de

dollars EU

Pourcentage déboursé (%) Source A la date du

Commission Européenne (CE) + Pays de l’Union Européenne (PUE). 1,200.0 40.4

http://europa.eu/newsroom/highlights/special-coverage/ebola/index_fr.htm and European Union Delegation to the African Union, Addis Ababa 15/01/2015

Banque Mondiale 518.0 41.1

http://www.worldbank.org/en/news/press-release/2014/10/30/world-bank-group-additional-100-million-new-health-workers-ebola-stricken-countries 1/9/14

Société Financière Internationale / Groupe de la Banque Mondiale 450.0 N/D

http://www.worldbank.org/en/news/press-release/2014/12/02/ebo-la-world-bank-report-growth-shrinking-economic-impact-guinea-libe-ria-sierra-leone 12/2/14

Banque Africaine de Développe-ment 220.0 20.6

One: http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/, AfDB: http://www.afdb.org/en/news-and-events/article/kaberuka-makes-a-call-for-individual-contribu-tions-in-fight-against-ebola-13744/ 1/9/15

Fonds Monétaire International 130.0 100IMF Press release No 14/441, 26 September 2014, <http://www.imf.org/external/ np/ sec/pr/2014/pr14441.htm>

Banque Islamique de Dévelop-pement 45.0 100

http://www.menara.ma/fr/2014/11/05/1441437-l%E2%80%99oci-et-la-bid-annoncent-une-aide-d%E2%80%99urgence-en-appui-aux-efforts-internationaux-de-lutte-contre-le-virus-ebola.html 11/5/14

Fond de Réponse d’Urgence (CERF) 17.2 100

http://www.unocha.org/cerf/resources/top-stories/cerf-response-ebo-la-outbreak7 https://docs.unocha.org/sites/dms/CERF/CERF%20Ebola%20Re-sponse%203%20Oct%202014.pdf 1/9/15

Fonds Régional de Solidarité de lutte dontre le virus Ebola (CEDEAO) 9.0 100

http://www.panapress.com/Ghana--Le-Fonds-de-solidarite-Ebola-de-la-CEDEAO-atteint-9-millions-de-dollars-us---12-630409874-143-lang1-index.html, http://news.ecowas.int/presseshow.php?n-b=207&lang=en&annee=2014

Fonds humanitaire commun 1.6 100http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16506 1/9/15

Commission de l’Union Africaine 1.0 100http://pages.au.int/ebola/documents/fact-sheet-african-union-re-sponse-ebola-epidemic-west-africa 12/26/14

Fédération Internationale de Football Association 0.5 N/D

http://www.un.org/wcm/content/site/sport/home/sport/template/news_item.jsp?cid=41937 9/29/14

Fonds pour le Développement International (OPEP) 0.5 100

http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16507 1/9/15

TABLEAU A1 : QUELQUES CONTRIBUTIONS DES ORGANISATIONS MULTILATÉRALES

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Commission économique pour l’Afrique

Donateur Engagements en millions de dollars EU

Montant déboursé en millions de dollars EU

Pourcentage déboursé (%) Source

Etats-Unis 861.4 816.4 94.8% http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16506

Royaume-Uni 350.0 280.0 80.0% Ambassade du Royaume Uni à Addis Abeba en date du 12 janvier 2015

Allemagne 202.0 33.9 16.8%One: http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/(Updated 2 January 2015),

Japon 143.9 47.1 32.7%One: http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/(Updated 2 January 2015),

France 136.6 136.6 100.0% Ambassade de France à Addis Abeba en date du 15 janvier 2015

Chine 122.5 10.3 8.4%One: http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/(Updated 2 January 2015),

Canada 101.1 51.7 51.1%One: http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/(Updated 2 January 2015),

Suède 77.7 77.3 99.4% http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16510

Pays-Bas 60.1 53.9 89.7% http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16511

Norvège 36.7 36.7 100.0% http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16515

Australie 36.1 15.1 41.8%One: http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/(Updated 2 January 2015),

Suisse 34.9 34.9 100.0% http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16516

Danemark 31.7 28.1 88.6% Ambassade du Danemark à Addis Abeba en date du 15 janvier 2015

Federation de Russie 20.0 20.0 100.0% http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16518

Brésil 12.5 12.5 100.0%Joint Press statement of the Ministry of External Relations and of Health-Brazilian Contribution to the International Efforts to Combat the Ebola Outbreak

Finlande 11.0 10.6 96.6% http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16520

Inde 10.7 8.6 80.8% http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16521

Espagne 10.1 10.1 100.0% http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16522

Italie 9.7 7.7 78.7% Ambassade d’Italie à Addis Abeba en date du 12 janvier 2015

Belgique 9.5 9.5 100.0% http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16524

Israel 8.8 8.3 94.3% http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16525

TABLEAU A2 : QUELQUES CONTRIBUTIONS DES PARTENAIRES BILATÉRAUX

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71

Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

TABLEAU A3 : QUELQUES CONTRIBUTIONS DU SECTEUR PRIVÉ INTERNATIONAL, DES ASSOCIATIONS CARITATIVES/FONDATIONS

Institution Engagements en millions de

dollars EU

Pourcentage déboursé (%)

Source A la Date du

Bill Gates-Backed Group - GAVI 390 100 http://www.swissinfo.ch/eng/bloomberg/bill-gates-backed-group-commits--390-million-to-ebola-vaccines/41164126 12/11/04

Fondation de la Famille Paul Allen 100 55 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/ 1/9/15

Save the Children 70.84 N/D http://www.theguardian.com/global-development/2014/oct/09/ebola-outbreak-response-breakdown-key-fund-ing-pledges

10/9/14

Fondation Bill & Melinda Gates 50 55 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/ 12/24/14

Roi Abdallah d’Arabie Saoudite 35 N/D http://www.one.org/us/ebola_tracker/king-abdallah-of-sau-di-arabia/ 1/9/15

Google/Larry Page Family Foundation 25 N/D http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/ 12/5/14

Mark Zuckerberg and Priscilla Chang 25 N/D http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/ 12/24/14

Silicon Valley Community Foundation 25 N/D http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/ 12/5/14

Children’s Investment Fund Foundation 20 81 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/ 12/5/14

Fondation familiale de Larry Page 15 N/D http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16506 1/9/15

Fondation IKEA 6 N/D http://www.uschamberfoundation.org/ebola-outbreak-corpo-rate-aid-tracker 12/5/14

Fondation William et Flora Hewlett 5 N/D http://www.theguardian.com/global-development/2014/oct/09/ebola-outbreak-response-breakdown-key-fund-ing-pledges

10/9/14

Médecins du Monde 4.30 N/D http://www.theguardian.com/global-development/2014/oct/09/ebola-outbreak-response-breakdown-key-fund-ing-pledges

10/9/14

Open Society Foundation 4 N/D http://www.theguardian.com/global-development/2014/oct/09/ebola-outbreak-response-breakdown-key-fund-ing-pledges

12/5/14

Bayer 3.30 N/D http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16506 1/9/15

General Electric 2 100 http://www.uschamberfoundation.org/ebola-outbreak-corpo-rate-aid-tracker 12/5/14

Comic Relief 1.60 N/D http://www.theguardian.com/global-development/2014/oct/09/ebola-outbreak-response-breakdown-key-fund-ing-pledges

10/9/14

Volvo 1.50 100 http://www.uschamberfoundation.org/ebola-outbreak-corpo-rate-aid-tracker 12/5/14

Fondation ArcelorMittal 1.35 96 http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergen-cyDetails&emergID=16506 1/9/15

Bridgestone 1 N/D http://www.uschamberfoundation.org/ebola-outbreak-corpo-rate-aid-tracker 12/5/14

N/D = données non disponibles.

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Commission économique pour l’Afrique

Donateur Engagements en millions de dollars

EU

Montant déboursé en millions de dollars EU

Pourcentage déboursé (%)

Source A la date du

Groupe MTN 10.00 N/D N/D http://www.peaceau.org/en/article/message-dr-nkosazana-dlamini-zuma-african-union-commission-chairperson

9-Oct-14

Dangote 4.10 N/D N/D http://allafrica.com/stories/201411121328.html (Last updated as of November 11, 2014)

11-Nov-14

Econet Wireless 2.50 N/D N/D http://www.peaceau.org/en/article/message-dr-nkosazana-dlamini-zuma-african-union-commission-chairperson

9-Oct-14

Afrexim Bank 1.00 N/D N/D http://www.citypress.co.za/news/ebola-new-report-gives-bad-news-good/

17-Dec-14

Coca Cola Eurasia et Afrique

1.00 N/D N/D http://www.peaceau.org/en/article/message-dr-nkosazana-dlamini-zuma-african-union-commission-chairperson

Conglomérat nigériane d’énergie Kola Karim CEO

1.00 N/D N/D http://www.citypress.co.za/business/africas-super-rich-asked-step-fight-againstebola/

9-Oct-14

Famille Stenbeck 1.00 N/D N/D  

Fondation Motsepe 1.00 N/D N/D http://www.themotsepefoundation.org/news_pg1.html (updated as of October 28, 2014)

28-Oct-14

Banque UBA (United Bank for Africa)

1.00 N/D N/D http://allafrica.com/view/group/main/main/id/00033833.html

9-Oct-14

Fondation Tony Elumelu 1.00 N/D N/D http://www.tonyelumelufoundation.org/pressreleases/tony-elumelu-foundation-donates-n100-million-towards-ebola-containment-relief-across-west-africa/

9-Oct-14

Vitol Group of Companies and Vivo Energy

1.00 N/D N/D  

Groupe Barclays Africa 0.50 N/D N/D http://www.peaceau.org/en/article/message-dr-nkosazana-dlamini-zuma-african-union-commission-chairperson

Le groupe Nedbank 0.50 N/D N/D http://www.peaceau.org/en/article/message-dr-nkosazana-dlamini-zuma-african-union-commission-chairperson

Old Mutual Group 0.50 N/D N/D http://www.peaceau.org/en/article/message-dr-nkosazana-dlamini-zuma-african-union-commission-chairperson

Quality Group of Tanzania 0.50 N/D N/D http://www.peaceau.org/en/article/message-dr-nkosazana-dlamini-zuma-african-union-commission-chairperson

Sygenta 0.35 N/D N/D http://www.peaceau.org/en/article/message-dr-nkosazana-dlamini-zuma-african-union-commission-chairperson

Seplat Petroleum Devel-opment Company

0.31 0.31 100% http://www.uschamberfoundation.org/ebola-outbreak-corporate-aid-tracker

1/9/15

National Oil Company of Liberia

0.23 0.23 100% http://fts.unocha.org/pageloader.aspx?page=emerg-emergencyDetails&emergID=16506

1/9/15

Compagnie Nationale du Pétrole du Liberia (NOCAL)

0.15 0.15 100% http://www.uschamberfoundation.org/ebola-outbreak-corporate-aid-tracker

12/5/14

Personnel de la Commis-sion de l’Union Africaine

0.10 0.10 100% http://pages.au.int/ebola/documents/fact-sheet-african-union-response-ebola-epidemic-west-africa

9/5/14

Compagnie Pétrolière du Libéria

0.08 0.08 100% http://www.uschamberfoundation.org/ebola-outbreak-

corporate-aid-tracker

12/5/14

TABLEAU A4 : QUELQUES CONTRIBUTIONS DU SECTEUR PRIVÉ AFRICAIN

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Incidences socio-économiques d’Ébola sur l’Afrique

Donateur Engagements en millions de dollars

EU

Montant déboursé en millions de dollars EU

Pourcentage déboursé (%)

Source A la date du

Mercury International 0.06 0.06 100% http://www.uschamberfoundation.org/ebola-out-break-corporate-aid-tracker

12/5/14

Ecobank 0.05 0.05 100% http://www.uschamberfoundation.org/ebola-out-break-corporate-aid-tracker

12/5/14

Association des Banques Commerciales de la Sierra Leone

0.03 0.03 100% http://www.uschamberfoundation.org/ebola-out-break-corporate-aid-tracker

12/5/14

Sierra Rutile 0.02 0.02 100% http://www.uschamberfoundation.org/ebola-out-break-corporate-aid-tracker

12/5/14

Association des Fournis-seurs de Services Sans Fils du Ghana

0.02 0.02 100% http://www.uschamberfoundation.org/ebola-out-break-corporate-aid-tracker

12/5/14

Compagnie agricole SocFin

0.01 0.01 100% http://www.uschamberfoundation.org/ebola-out-break-corporate-aid-tracker

12/5/14

Donateur Engagements en millions de dollars EU

Montant déboursé en millions de dollars EU

Pourcentage déboursé (%)

Source

Afrique du Sud 0.33 0.33 100% http://fts.unocha.org/pageloader.aspx-?page=emerg-emergencyDetails&emergID=16543

Ethiopie 0.50 N/D N/D One: http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/(Updated 2 January 2015),

Gambie 0.50 N/D N/D http://allafrica.com/stories/201408280987.html, Aout 2014

Guinée Equatoriale 2.00 N/D N/D http://www.guineaecuatorialpress.com/noticia.php?id=5658&lang=fr (Updated16September 2014)

Botswana 0.20 N/D N/D http://sa.au.int/en/content/press-conference-spread-eb-ola-virus-disease-evd-west-africa(updated 11(Upda-ted11August 2014)

Mauritanie 0.40 N/D N/D http://www.guineetv1.com/le-president-mauritanien-apporte-400-000-dollars-a-la-guinee/, décembre 2014

Algérie 1.00  N/D  N/D Ambassade d’Algérie à Addis Abeba, 196 janvier 2015

Namibie 1.00 N/D N/D http://fts.unocha.org/pageloader.aspx-?page=emerg-emergencyDetails&emergID=16569

Nigéria 5.00 N/D N/D http://fts.unocha.org/pageloader.aspx-?page=emerg-emergencyDetails&emergID=16570

Kenya 1.00 N/D N/D http://fts.unocha.org/pageloader.aspx-?page=emerg-emergencyDetails&emergID=16571

Sénégal 1.00 N/D N/D http://fts.unocha.org/pageloader.aspx-?page=emerg-emergencyDetails&emergID=16573

Côte d’Ivoire 1.00 N/D N/D http://fts.unocha.org/pageloader.aspx-?page=emerg-emergencyDetails&emergID=16577

TABLEAU A5 : ENGAGEMENTS DE QUELQUES PAYS AFRICAINS

TABLEAU A4 : QUELQUES CONTRIBUTIONS DU SECTEUR PRIVÉ AFRICAIN (CONT)

N/D = données non disponibles.

N/D = données non disponibles.

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74

Commission économique pour l’Afrique

L’annulationdeladetteextérieuredelaGuinée,duLibériaetdelaSierraLeone,lestroispayslesplus touchés par Ebola, pourrait donner à ces

payslerépitnécessairepouraborderlesproblèmesde développement sociaux et économiquescomplexesauxquelsilsfontmaintenantface.EnplusdereleverlesdéfisdusàEbola,cespaysontbesoindepromouvoirunecroissanceéconomiquepositive,d’améliorer la prestation des services publics, des’acquitter régulièrementdespaiementsduservicedeladetteetdeplanifierleurdéveloppementsocialetéconomiqueà long terme. Le recul induitpar lamaladieàvirusEbolacompliquecesdéfisetplaideirréfutablementenfaveurdel’annulationdeladette.Selonlesdonnéesdisponibles,laprésenteappendiceexposelasituationdeladetteextérieuredelaGuinée,duLibériaetdelaSierraLeone,quiplaideenfaveurdesonannulationetproposedesrecommandationssur l’utilisation des fonds ainsi libérés. Ilestcourantdepréconiser l’annulationde ladettedespaysquisontgravementtouchéspardeschocssoudains comme des catastrophes naturelles oudes épidémies. Haïti, avait, par exemple, bénéficiéd’une telle annulationdes dettes que le pays avaitcontractéesauprèsdesesprincipauxcréanciersaprèsleséismede2010.EnGuinée,auLibériaetenSierraLeone lesconditions initialesétaientmauvaises, lesstructures vulnérables et le potentiel limité poursoutenir la croissance, et l’épidémie à virus Ebolan’afaitqu’aggraverlasituationencreusantledéficitbudgétaire.Silespaysdoiventcontinueràrembourserla dette en cours en l’absence de flux financiersimportants,ilsneserontpasenmesured’équilibrerla balance budgétaire ni celle des paiements. Avecledéclenchementdel’épidémieactuellequitouchegravement les exportations, les déficits courants,

l’accumulationdesarriérésduservicedeladette,ledéficitdefinancementexternedevraientaugmenterdanslestroispays(CEA,2014;PNUD,2014)21.Ceux-ciontdéjàdestauxdepauvretéélevés,untrèsbasclassementdansl’indicededéveloppementhumainet un environnement politique et institutionnelinstable (voir le tableau 2). Leurs perspectives dedéveloppement global se détériorent de jour enjour alors que l’épidémie à virus Ebola fait encoredes victimes, limitant gravement les activitéséconomiquesetleseffortsdereconstruction.Notreappel ne concerne pas un allègement temporairede la dette, mais l’annulation totale de celle-ci. SituationdeladettedespaystouchésparlamaladieàvirusEbolaetjustificationdel’annulationdecettedette Depuis le déclenchement de l’épidémie, il y a euunaffluxd’aidededonateurs,àlafoisfinancièreeten nature. Le soutien apporté par les institutionsfinancièresinternationalesauxtroispaysparlebiais,parexemple,duDispositifdecréditrapidepourunemeilleure planification des interventions d’urgenceet de leur exécution, est louable (FMI, 2014)22. Ennovembre2014,laBanqueMondialeaoctroyéàlaGuinéeuncréditpoursapolitiquededéveloppements’élevantà40millionsdedollars(souslaformed’unesubvention macroéconomique d’urgence et d’unsoutien budgétaire). Cependant, il s’agit d’un prêtvenant à maturité après 38 ans avec une périodedegrâcede6ans,etunesubventionde10millions

21PNUD(2014),Notedepolitiquesurl’AfriqueduPNUD,vol.1,n°3,24octobre.

22FMI(2014).TroisièmerevueautitredelaFacilitéélargiedecréditetdemandedemodificationsducritèrederéalisation,Rapport national du FMI pour le Libéria No 14/197,WashingtonD.C. Cesmesures incluent l’Initiative en faveurdespayspauvrestrèsendettés(PPTE),Initiatived’allégementdeladettemultilatérale(IADM).

APPENDICE III – ANNULATION DE LA DETTE EXTÉRIEURE POUR LES PAYS TOUCHÉS PAR LA MALADIE À VIRUS EBOLA

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de dollars provenant du Guichet de financementdes réponses à la crise de la Banque. La notationglobaledurisquepourlaGuinéeest«substantielle»,«suggérantuneaugmentationpotentielledurisquedesurendettement.

LadetteextérieuredelaGuinée,duLibériaetdelaSierraLeonede2013endollarscourantsatteignait1,2milliard de dollars, 542millions et 1,4milliardrespectivement, soit un total de 3,1 milliards. Lefardeaude ladetteextérieuredecestroispaysestélevéparrapportàleurrevenuintérieurbrut(RIB),les exportations et les revenus du gouvernement,comme le résume le tableau B1 ci-dessous.Lorsqu’il se situe entre 21% et 31%, le fardeau dela dette extérieure de ces trois pays n’est pas uneproportionnégligeabledeleurRNB,lesexportationset les recettes publiques étant bien en deçà deleurs obligations liées à la dette.Dans le sillagedel’épidémieàvirusEbola,lesexportationsetlacapacitédegénérerdesrevenuspar lebiaisdes impôtsontétégravementtouchésenraisondudéclinimportantde l’activité économique, ce qui a conduit à uneimpossibilitéde s’acquitterdupaiementdu servicedeladetteetàdespressionssurlesbudgetsdel’Etat.

Lesratiosdeladetteci-dessusindiquentclairementla capacité limitée des trois pays à rembourserleurs dettes, conduisant à un problème desurendettement(MoïseetOladeji,201423;Nissanke,201324). Le fardeau de la dette et la situationmacro-économique des trois pays signifient qu’ilsrestent vulnérables aux chocs externes. La baissedesexportationsaprès lamaladieàvirusEbolaestsusceptiblede s’aggraveren raisonde l’importantebaisserécentedesprixdesproduitsdebase,étantdonnélafortedépendancedecestroispaysàl’égarddes exportations de ressources. À cet égard, lesprincipaux créanciers comme la Banque mondialeet le FMI reconnaissent que les trois pays, enparticulier laGuinée, font faceàun risqueaggravéde surendettement25. Parallèlement à la baisse de

23Moses,EetS.Oladeji (2014).ExternalDebt,ServicingandDebtreliefTransmissioninNigeria,JournalofEconomicsandSustainableDevelopment,Vol;5(20):11-33.

24Nissanke,M.(2013).ManagingSovereignDebtforProductiveInvestmentandDevelopmentinAfrica:Acriticalappraisalofthe Joint Bank-Fund Debt Sustainability Framework and ItsImplicationsforSovereignDebtManagement,mimeo,SchoolofOrientalandAfricanStudies.

25 FMI (2012). Joint Debt Sustainability Analysis under the DebtSustainability Framework for low-income countries, élaboré par laBanquemondialeet leFMI,WashingtonD.C.FMI(2014)RequestsforDisbursementundertheRapidCreditFacilityandformodificationofperformancecriteriaunderExtendedCreditFacilityArrangement,RapportnationalNo.14/298.

Source: Base de données du FMI et de la Banque mondiale consultée en janvier 2015. A noter que le rapport dette/exportations n’est pas disponible pour 2013 en raison du manque de données relatives auxdites exportations. Donc le tableau inclut les moyennes sur cinq ans avant 2013 pour la Guinée et la Sierra Leone mais la moyenne ne peut être calculée qu’avant 2012 pour le Libéria.

TABLEAU B1: DETTE EXTÉRIEURE ET RATIOS DE LA DETTE POUR LES TROIS PAYS LES PLUS DUREMENT TOUCHÉS PAR LE VIRUS EBOLA, 2013

Variable Guinée Libéria Sierra Leone

Dette (dollars courants) 1,2 milliard 541,5 millions 1,4 milliard

Dette/RIB (%) 20,9 30,9 31,1

Dette/Exportations (%) 190 320 180

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la croissance et à la diminution des exportationset des recettes du gouvernement, ces niveaux desurendettement sont susceptibles d’augmenter,vu le service continude ladetteet lanécessitéderéglerlesprécédentsarriérésduservicedeladette. L’annulationdeladetteextérieure26 donnerait à ces trois pays le répit nécessaire pourmieux répondreaux défis économiques et sociaux à court termedus à la maladie à virus Ebola et planifier leurrétablissement à long terme sur une base solide.Il faut reconnaître que l’annulation de la dette neconduit pas automatiquement à une disponibilitéde fonds. Toutefois, les ressources financièresdestinéesauremboursementdeladettepourraientêtre investis dans les systèmes de soins de santé,notamment pour la formation de professionnelsde santé, l’équipement de centres sanitaires, etpour veiller à la répartitionéquitabledupersonnelde santé entre les centres ruraux et urbains. Cesfonds pourraient être également utilisés au profitd’autres secteurs stratégiques de l’économie de cespaysquiontétédurementtouchéspar levirusEbola, notamment l’éducation, l’agriculture et lasécurité alimentaire, et les services27. L’incidencede l’épidémie à virus Ebola sur l’agriculture etl’insécurité alimentaire a été particulièrementgrave étant donné que l’épidémie a commencédans les zones agricoles rurales juste au momentoù les agriculteurs se préparaient à commencerl’ensemencement. À cet égard, les ressourcesfinancières libérées suite à l’annulation de la dettepourraient être canalisées dans des programmesd’aide alimentaire d’urgence à court terme. A moyen terme, les trois pays auront besoind’importer des produits alimentaires de paysvoisins, étant donné que les denrées alimentairesactuellementfourniesparleProgrammeAlimentaireMondial (PAM) ne sont pas nécessairement cellesqui composent le régime alimentaire habituel desgensdanslespaystouchés.Àlongterme,lesfondsprovenant de l’allégement de la dette pourraientêtre ensuite affectés à des politiques agricolespropres à soutenir les agriculteurs, par le biais du

26LescréanciersdestroispayssonttousdesbailleursbilatérauxetmultilatérauxcommelaBanquemondiale,leFMIetlaBAD.

27 CEA (2014). Incidences socioéconomiques de lamaladie àvirusEbolasurl’Afrique,Addis-Abeba.

micro financement et de la commercialisation desproduits agricoles. Sans aucun doute, l’annulationde la dette fournirait à ces trois pays une boufféebudgétaireleurpermettantd’atteindreleursobjectifsdedéveloppementsocialdans lecadrede l’agendade développement de l’après 2015, augmentantleurs perspectives de croissance et de relèvement. Jusqu’à l’apparitionde lamaladieà virusEbola, lespays touchés faisaient des progrès encourageantsdans le domaine économique et social et sur la voie du relèvement après un conflit. Cependant,si le niveau actuel de la détresse financière seprolonge en 2015, la croissance souffrira encoreplus, cequi, à son tour, va aggraver lapauvretéetralentir le rétablissement. En effet, le potentield’investissementdestroispaysadéjàétéaffaiblietlacroissancecontinued’êtreréviséeà labaisseparles prévisionnistes (CEA, 2014; Banque mondiale,201428). Une dette extérieure qui continue d’êtreélevéeet le fardeauduservicede ladettesontdenatureàdécouragerlesfutursinvestissementsdanslessecteurssociauxcomme lasantéet l’éducation.

RECOMMANDATIONS CONCERNANT LES MESURES À PRENDRE APRÈS L’ANNULATION DE LA DETTELes trois pays doivent faire une utilisation efficacedes fonds qui seraient libérés pour endiguer lamaladie à virus Ebola et financer des initiativesde développement social et économique à longterme. L’épidémie est une crise de santé publiqueet une crise humanitaire. L’expériencemontre quel’allégement de la dette par le biais de l’initiativePPTEaaidédenombreuxpaysafricainsàaméliorerles dépenses dans les secteurs sociaux comme lasanté, ce quimilite en faveur de l’annulationde ladettedestroispaystouchésparlamaladiequenousdemandons (Thamach, 200929). Toute libérationdefondsrésultantdel’annulationdeladettedevraientêtre utilisés pour renforcer les systèmes nationaux

28Banquemondiale(2014).TheEconomicImpactofthe2014EbolaEpidemic,Short-andMedium-termEstimatesforWestAfrica,WashingtonD.C.

29 Does Debt Relief Increase Public Health Expenditure?EvidencefromSub-SaharanAfricanCountries,mimeo,Addis-Abeba,Ethiopie.

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de santé très faibles, améliorer l’assainissement,créer des programmes de protection sociale,améliorer l’éducation et sécuriser l’accès à lanourriture pour ceux qui vivent dans les zonesrurales, dont un grand nombre a été gravementtouché par l’épidémie. Les créanciers pourraientétablir des mécanismes pour le suivi efficace del’utilisationdesfondsaprèsl’annulationdeladette. Il est nécessaire que les réaffectations budgétairessoientaxées sur l’améliorationdes services sociauxet lessystèmesdesantéexistantspour lesamenerau niveau requis par les protocoles internationaux(par exemple, les normes de l’OMS) et sur l’achatet le stockage de vaccins contre le virus Ebolalorsqu’il sera mis au point. La priorité immédiateest d’utiliser l’espace budgétaire créé par l’arrêtdu remboursement de la dette pour atténuerles effets néfastes du virus Ebola, notammenten augmentant de façon significative l’allocationde fonds aux infrastructures de santé longtempsnégligées, à la formation de personnel de santé àtouslesniveauxetaupaiemententempsopportundes salairesdes travailleursdusecteurde la santé. En tant que pays sortant de conflit, la Guinée, leLibériaet la Sierra Leone continuentdepâtirde lafaiblessedescapacitésinstitutionnellespourlamiseenœuvredepolitiquesetlagestiondusecteurpublic

(voirleurindiceCPIAd’Évaluationdelapolitiqueetdesinstitutionsnationales,dansletableau1).Ilfautpour cela le soutien accru des bailleurs de fondspourlestroispayspourqu’ilsutilisentefficacementl’espace politique fourni par l’annulation de ladette pour renforcer les systèmes de gestion desfinances publiques et assurer une saine gestionmacroéconomique, des politiques budgétairesprudentesetlagestiondeladette.

Il convient de noter que l’annulation de la dettene doit pas conduire à un manque de confiancequantà la viabilitéetà la solvabilitédes troispaysde la part des créanciers pour de futurs prêts. Lespartenaires au développement, en particulier lesinstitutions financières internationales devraientpromouvoir des initiatives de prêts spéciaux et unsoutien aux trois pays pour qu’ils accèdent à desprêts externes comportant un élément de donimportant (par exemple, par exemple 100% desubventionpour60millionsparlaBAD),delonguespériodes de grâce et des intérêts très bas voirenuls sur les montants empruntés. Comme dans lecas d’Haïti, un allègement de la dette suite à unecatastrophe sous la forme d’une annulation de ladette doit être accordé à ces trois pays pauvresd’Afrique de l’Ouest, qui continuent à ressentir leseffetsd’unecatastrophequiresteencoreàcontenir.

TABLEAU B2: INDICATEURS ÉCONOMIQUES, DE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET DE PERFORMANCE POLITIQUE RÉCENTS (2014)

Variable Guinée Libéria Sierra Leone

Population (en millions) 12,04 4,4 6,2

Revenu par habitant (en dollars) 460 454679

Taux de pauvreté (taux de comptage par habitant)

55,2% 64% 52,9%

Classement IDH* 179/187 175/187 183/187

Note CPIA 3,1 3,0 3,3 Source: Sauf pour les chiffres de l’Indice du développement humain (IDH) qui sont fournis par le PNUD, toutes les données sont issues de la Banque mondiale. Tous les chiffres sont pour 2014, sauf ceux du CPIA qui sont pour 2013.

* Les trois pays sont tous en bas de la liste des pays classés par le PNUD comme pays ayant un Indice de développement humain se caractérisant par un ‘développement humain faible’ (PNUD, 2014)

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Janvier 2015

INCIDENCES SOCIO-ÉCONOMIQUES D’ÉBOLA SUR L’AFRIQUE

É D I T I O N R É V I S É E

L’épidémie actuelle de maladie à virus Ébola en Afrique de l’Ouest est la plus catastrophique que le monde ait connue depuis la découverte de la maladie en 1976. Outre le nombre considérable de décès qu’elle cause, la maladie a des incidences économiques et sociales visibles sur les pays touchés et au-delà.

La présente étude évalue les incidences socioéconomiques de la maladie sur les pays touchés et sur l’Afrique dans son ensemble, tant en termes de coûts réels que de perspectives de croissance et de développement. Reposant sur des informations et données primaires collectées lors des missions de la Commission économique pour l’Afrique dans les pays touchés, elle présente des options des politiques qui pourraient accompagner les mesures d’atténuation desdites incidences.

L’étude met en lumière le fait que les révisions alarmistes des taux de croissance économiques des pays touchés et de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest étaient basées sur des données disparates, sur fond d’incertitudes quant à l’évolution épidémiologique de la maladie. Par ailleurs, elles ne tenaient pas non plus compte de l’ampleur des interventions au plan international. Si les pays concernés subissent des conséquences économiques et sociales, les mesures actuelles de lutte contre la maladie ont aussi un effet de relance. Ce dernier, ainsi que le poids relatif des économies touchées, font que les conséquences du virus Ebola sur la région et sur le continent dans son ensemble, ont été minimes.

Malgré l’évolution encourageante de la situation épidémiologique dans certains des pays touchés, on est encore loin de pouvoir déclarer que la crise est terminée. Sortant tout juste d’années de conflit, certains des pays les plus touchés présentaient déjà des faiblesses structurelles. Grâce à des réformes économiques et sociales, ils étaient parvenus ces dernières années à enregistrer une croissance économique soutenue, mais l’épidémie d’Ebola a renversé cette tendance positive et poussé ces pays jusqu’à leurs limites en aggravant leurs déficits budgétaires respectifs.

C’est dans ce contexte que la Commission économique pour l’Afrique appelle, entre autres, à l’annulation de la dette extérieure des pays les plus touchés. Cela leur donnerait la bouffée d’oxygène nécessaire pour pouvoir s’attaquer aux problèmes socioéconomiques que l’épidémie pose à court terme et planifier leur reprise à long terme sur des assises solides. Même si une telle annulation n’est pas nécessairement synonyme de disponibilité de fonds, les ressources financières affectées au remboursement de la dette pourraient alors être investies dans les systèmes de santé des pays, notamment pour la formation de personnel sanitaire, l’équipement de centres de santé et une juste répartition du personnel de santé entre les zones rurales et urbaines. Ces fonds pourraient aussi être affectés à d’autres secteurs stratégiques de l’économie durement frappés par Ebola, comme l’éducation, l’agriculture et la sécurité alimentaire, et les services.

9 789994 461509

ISBN: 978-99944-61-50-9

Imprimé à Addis-Abeba (Éthiopie) par le Groupe de la publication et de l’impression de la CEA, certifié ISO 14001:2004.Janvier 2015