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De l’émancipation à l’indépendance : Nguvulu Alphonse Berry Muekatone

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e De l’émancipation à l’indépendance :Nguvulu Alphonse

Berry Muekatone

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----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 240 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 18.8 ----------------------------------------------------------------------------

De l’émancipation à l’indépendance : Nguvulu Alphonse

Berry Muekatone

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A ma mère, mes enfants,

mes petits enfants, mes frères et sœurs, mes oncles, mes tantes, mes neveux,

mes cousins, à Amaral Aimé et à Micheline Dartron.

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« Quel genre d’hommes était ces Belges du Congo ? Qu’est-ce que ces Flamands étaient venus chercher ici, au cœur de l’Afrique ? Leur mentalité et leur mode de vie de petit-bourgeois sûr d’eux-mêmes ne convenaient pas à ce continent démesuré. Les Belges du Congo étaient des commerçants et des administrateurs. C’était des colonialistes, mais ils n’avaient pas la veine impériale »

Peter Scholl-Latour : Mort sur le Grand Fleuve.

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Avant-propos

L’homme vertueux est conscient et soucieux de l’intérêt commun et ne saurait se conduire en suivant son seul intérêt, sans égoïsme la société serait riche et heureuse.

La République Démocratique du Congo a produit les politiciens de valeur dans les années précédant l’indépendance, peu nombreux il est vrai, mais qui ont contribué à l’indépendance et à l’émancipation du peuple.

Parmi eux, il y avait Alphonse Nguvulu, l’homme qui a participé au processus menant à l’indépendance en essayant d’imposer l’application des principes sacrés du civisme, c’est-à-dire un ensemble d’attitudes et de comportements adoptés et intériorisés par le citoyen, dans une décision consciente, libre et responsable, en conformité avec les lois et les valeurs régissant le bon gouvernement de la société.

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Alphonse Nguvulu était de la trempe des bâtisseurs. Il en avait la patience et l’opiniâtreté. Il avait la ferme conviction que c’était uniquement par l’éducation que les Congolais pouvait progresser, et que, dans cette tâche, il ne devait avoir aucun répit, car tout est toujours à recommencer, enfant par enfant, homme par homme, femme par femme.

Pour entrevoir Alphonse Nguvulu, il faut l’abandonner, le dépasser, respirer l’air du temps, c’est-à-dire la fin de l’époque coloniale. La société congolaise est en ébullition comme le fond d’un volcan, c’est un monde pris dans un magma de bouleversement où fusionnent constamment politique, économie, société, religion et intérêts mesquins.

Toutefois, la vérité historique a aussi ses exigences… le personnage ne ressemble pas forcement à sa légende. Inutile de relater sa vie chronologiquement, il l’a fait lui-même avec le plus grand talent. Il m’importait davantage d’étudier son comportement, ses motivations dans la vie politique et non de revisiter l’histoire de l’indépendance du Congo.

J’ai simplement essayé de retranscrire, ce que je crois être sa pensée politique à travers nos conversations, sa vision pour le Congo d’hier et d’aujourd’hui et aussi défendre ma propre vision de notre pays pour comprendre pourquoi après des

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décennies, notre pays se trouve engluer dans cette ineptie. C’est une histoire à la fois personnelle et collective qui m’a conduit à entreprendre ce livre, comme on ouvre un chantier.

On dit parfois que les circonstances favorisent les carrières politiques, encore faut-il être aidé par la chance et, à ce titre, les événements n’ont pas tellement aidé Alphonse Nguvulu. Il a dû se battre sans cesse pour réussir. Ses facultés intellectuelles étaient exceptionnelles. Sa mémoire était extraordinaire, mais, alors que souvent la masse des connaissances acquises a un effet paralysant sur l’activité mentale, chez lui l’agilité de l’esprit, la fécondité de l’imagination trouvaient dans son immense savoir, des ressources à tout instant disponibles pour alimenter sa pensée et appuyer ses raisonnements.

Nguvulu Alphonse a laissé une œuvre mémorable, mais méconnue : 1« L’Humanisme négro-africain, face au développement ! »

« matutu matatu matelemene nzungu » : Trois branches ou trois pierres qui soutiennent une marmite. Cette formule utilisée par mon grand-père lors de notre dernière rencontre pour m’expliquer l’histoire de notre pays m’était restée énigmatique pendant des années, formule utilisée par mon grand-père lors de notre dernière rencontre pour

1 Editions Okapi 1971(Livre épuisé), en annexe.

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m’expliquer l’histoire de notre pays, elle trouve tout a coup son importance dans la situation actuelle de notre pays.

Depuis l’indépendance, notre cher pays, le Congo repose sur deux branches. Pour son équilibre, la recherche de la troisième branche est une nécessité impérieuse en vue de reconstituer et de consolider les patrimoines, l’attachement au principe de la légitimité démocratique attendue par l’opinion publique congolaise.

Le peuple congolais est victime de son indépendance non préparée et mal acquise. Cette acquisition bancale va rapidement soulever plusieurs questions.

La Belgique a toujours été partie prenante et manipulatrice ouverte/subtile de la scène politique congolaise pour des raisons économiques, politiques et stratégiques. La Belgique a soutenu très fortement Mobutu pendant de longues décennies et façonné le développement économique congolais pour qu’il lui profite. Sur le plan de la politique extérieure, le Congo fut un pion majeur dans la politique africaine de la Belgique et des Etats Unis d’Amérique, avec un rôle plutôt négatif pour le développement économique à long terme pour la création, et la consolidation d’institutions démocratiques viables dans la région des grands lacs.

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La Belgique a souvent étouffé les velléités d’émancipation politique des congolais en soutenant Mobutu sans retenue. Nous sommes toujours à la recherche de notre identité, l’identité congolaise est difficile à cerner, comme le montre de façon symbolique le changement du nom : Congo, Zaïre, puis Congo Démocratique ; le drapeau, et même la limitation de son territoire. La relation avec le dictateur Mobutu, chassé par la rébellion de l’AFDL en 1997 et la rébellion qui s’ensuivit sont d’autres points de cristallisation de la recherche identitaire du pays. L’époque mobutienne a été davantage refoulée qu’assumée et reste, aujourd’hui encore un point sensible de l’histoire nationale. Le thème de la nation ou de l’identité nationale doit faire un retour en force dans le débat politique congolaise. C’est un thème constant que celui de la nation. Simplement les dirigeants politiques ont semblé l’avoir un peu oublié. Simon KIMBANGU a montré qu’il existait un sentiment patriotique dans le peuple congolais pendant la colonisation. Le débat sur l’idée nationale est-il si récent ?

Lors de notre ultime rencontre, je me souviens de mon grand-père disant qu’il fallait de nouveau enseigner l’histoire de l’indépendance, de l’état/pays aux enfants plutôt que celle de mobutisme, au risque de perdre notre identité. Mais cette question de la nation réductrice a été reprise à tord par les

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politiciens congolais depuis des lustres pour des raisons électoralistes et politiciennes.

Le défi n’est pas toujours le même mais le recours à la nation fonctionne comme un argumentaire qui permet suivant le cas, de diviser ou d’unifier l’opinion congolaise. Il est frappant à cet égard de voir comment les partis au pouvoir réquisitionnent les symboles. La nation congolaise n’est pas aussi linéaire que le récit circonstanciel qu’on nous présente. Il n’y a rien de moins évident que la notion d’identité congolaise, qu’on parle de nation ou d’individus. L’identité est pour une part un ensemble des stéréotypes, parfois un sentiment d’appartenance, mais beaucoup de désignation. Tous les travaux d’analyse qui ont été menés, sur l’encadrement et le suivi des populations congolaises avant l’indépendance ont montré que le Congo a une tradition de plusieurs cartes d’identités, de contrôle des populations, mais on ne peut pas dire que là se trouve l’essentiel des caractéristiques de la nation congolaise. C’est pourquoi la notion d’identité congolaise est préoccupante ; elle pose le problème sans fin de l’adéquation des individus au modèle mis en avant aujourd’hui. Comment la mesure-t-on ? Est-ce que la langue, est-ce que c’est l’histoire. Disons tout simplement que l’identité n’est pas figée, elle se construit sans cesse. On ne peut la trouver une fois pour toute, elle effectue un travail perpétuel de construction.

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* * *

Dis-moi grand-père Nguvulu Alphonse, est-ce qu’il est normal de ressentir une telle crainte de ce régime ? Pourquoi le peuple ne réagit t-il pas face à cette dictature ?

– Robert… (c’est ainsi qu’il m’appelait) tu n’as rien à craindre… n’oublie pas que tu es le descendant du Mwe Ngoyo2, dans notre famille les craintes signifient en général une mort assurée, donc chasse cette idée saugrenue de ton esprit et concentre-toi sur l’objet que tu désires activement atteindre. La peur semble être le seul matériau avec lequel se maintient cette dictature, sans cette soumission et la docilité apparente des agents de l’Etat, l’unanimité de façade et autres adhésions de forme des populations n’auraient pas une ombre de réalité. La crainte pour le congolais aujourd’hui, c’est de perdre la possibilité de travailler dans sa spécialité sans qu’il soit tenu de manifester son allégeance au parti Etat et à son chef. Même le plus humble des ouvriers craint de perdre sa place. Oui, le congolais vit dans une insécurité physique, matérielle et morale.

2 Le véritable « fondateur » du Royaume de Ngoyo était une femme – un personnage mythique, du nom de Ngundi Mabene, une divinité qui portait neuf seins symbolisant les neufs clans Ngoyo, de Loango, de Kakongo, Katone… Pour accéder au trône, tout candidat Mwe Ngoyo (roi) devait prendre possession de neuf « smbi-n’kisi-si » multiplier par trois, soit au total vingt-sept (fétiches)

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Toi qui as contribué à l’émancipation du peuple congolais, à l’indépendance de notre pays, tu as travaillé avec Lumumba, dis-moi qui l’a vraiment tué, pourquoi n’écris-tu pas un livre sur cette mort atroce ?

– Hum ! Hum !… (Après réflexion) oui, un jour j’écrirai peut-être, mais tu sais Robert, tout fini par se savoir, personne ne peut trafiquer l’histoire allégrement.

J’ai une question sur le pétrole du littoral, mais parlez-moi de ton engagement pour l’émancipation de notre peuple, en bref pourquoi tu es engagé dans ce combat ?

– L’histoire de notre famille est riche et complexe… comme tu le sais, je suis le frère de ta grand-mère maternelle, je suis né le 19 décembre 1922 à Siafumu-Lez-Banana, (à l’époque le village s’appelait VISTA)

A l’âge de 14 ans j’ai été choisi par les missionnaires avec d’autres adolescents de mon âge pour suivre les cours à la colonie scolaire de Boma, après des études primaires à Moanda et des cours élémentaires d’administration coloniale et c’est là que j’obtins mon diplôme de fin d’études moyennes en 1940, à l’époque c’était le maximum qu’un congolais pouvait obtenir de la part des colonisateurs.

Moi aussi j’ai été à la colonie scolaire de Boma, mais pourquoi ce mot colonie aujourd’hui, alors que

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les colons sont partis depuis longtemps ? (j’associe malicieusement le mot colonie aux colons)

Il fit mine de ne pas souligné mon allusion… – Je veux être bref dit-il concernant les colonies

scolaires, pour l’essentiel, c’est le roi Léopold II qui voulait dispenser, par le biais des colonies privées et à moindre frais, d’un personnel formé par les missionnaires. C’est pourquoi, il prit un décret le 4 mars 1892 constituant la première réglementation de l’enseignement privé au Congo. Par cette démarche, l’Etat confiait l’éducation des enfants congolais aux missions religieuses.

Nous parlerons de la colonie scolaire un peu plus tard, mais pour le moment je veux savoir la suite, ton arrivée à Léopoldville (Kinshasa) car il me semble qu’à l’époque, il fallait avoir une autorisation spéciale pour se rendre dans la capitale.

– Je vois que tu es bien renseigné ! Oui, mais j’avais les autorisations nécessaires, et puis en souriant, …j’avais aussi dans ma poche une affectation, figures-toi que j’étais nommé « commis principal à la direction de l’enseignement technique supérieur « dès la fin de mes études en 1940…

Oui, c’est vrai, tu as raison parlons de ces documents de contrôle. Il y avait le livret d’identité, c’était un document qui a joué le rôle de carte d’identité, ce livret contenait les identités de la personne, les timbres pour l’impôt (il était facile de

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découvrir ceux qui ne payaient pas d’impôts) tous les déplacements à travers le pays était consigné, il y avait aussi les informations relatives à la santé. Le plus important à mon avis, c’était le livret de travail, y était consigné le lieu de travail, l’activité, et surtout le salaire, chacun vivait de son salaire ; il n’y avait pas de corruption, impossibilité d’avoir une activité parallèle à son travail. A part ces deux livrets, il y avait aussi le certificat médical obligatoire de la femme célibataire3, carte de résident, médaille de mérite civique, carte d’épargne… malgré la lourdeur administrative et le contrôle, ces documents nous rappelle le bon fonctionnement de l’administration à l’époque coloniale…

Pour revenir à mon premier emploi, j’ai fut promis chef-commis au service du personnel du Gouverneur général du Congo belge et du Rwanda-Urundi quelques temps après et tu vas comprendre que grâce à ces différents postes, en côtoyant les colons, les voyant travailler, que je vais manifester l’intérêt d’émancipation de notre peuple.

3 Durant l’époque coloniale, les inspecteurs étaient répartis dans tous les quartiers, ils étaient chargés de contrôler toutes les femmes célibataires, elles étaient convoquées au dispensaire prophylactique du service d’hygiène. Les femmes libres devaient se présenter une fois par semaine pour être examinées. Chaque femme recevait un livret dans lequel tout était consigné. Celle qui était atteinte d’une maladie vénérienne était soignée gratuitement. Les contrôles furent improvisés par après dans les bars et les endroits publics pour déceler les femmes libres qui se dérobaient aux contrôles.

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Laissez-moi te parler de la ville de Léopoldville avant l’indépendance : (aujourd’hui Kinshasa)

La ville de Léopoldville a été fondée par Henry Morton Stanley4 du nom de roi des Belges, Léopold II en 1881. En 1910, on y dénombrait à peine 10.000 habitants à Léo, elle hérita de la fonction de centre administratif assumée jusque-là par la ville de Boma. Léopoldville ne devint juridiquement une ville que le 25 juin 1941 ; depuis 1923 elle était seulement un « district Urbain ». En 1945, elle s’est enrichit de 90.000 âmes (1910-1945) pour atteindre 100.000 habitants. A l’indépendance du pays en 1960 « Léo » comptait plus de 400. 000 habitants, ce qui en faisait vois-tu, la plus grosse agglomération d’Afrique centrale de l’époque. C’est en 1966 que Mobutu décida du changement du nom actuel « Kinshasa »

C’est très bien, mais nous avons beaucoup d’ethnies au Congo et combien résidaient à Léopoldville… ?

– Pas si vite, disons qu’en 1955, on dénombrait à Léopoldville, 41 % de Bakongos, 21 % de Bangalas (Budja, Ngombe essentiellement) 24 % venus de Bandundu (Bayaka, Bambala, Bateke, Bayanzi, Basakata) 6 % de Mongos et 3 % d’autres ethnies… les

4 Henry Morton Stanley, (né John Rowlands), journaliste et explorateur britannique, né le 28 janvier 1841 à Dinbych et mort le 10 mai 1904. Son expédition parcoururent 11000km à suivre le cours du fleuve Lualaba se prolongeant par le fleuve Congo, jusqu’à son embouchure.

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bazombos venus d’Angola, des laris de Brazaville, des Coastmen (Béninois, Togolais, Sierra-léonais…)

C’est en 1955 que le Roi Baudouin a effectué son premier voyage au Congo… Tiens ! J’ai une anecdote à propos de cette première visite. On racontait à l’époque que : Le Roi avait serré la main d’un vieux “boy” et qu’après le départ de celui-ci, le vieillard fut entouré par les badauds, qui tenaient à serrer la main du boy pour avoir eux aussi l’honneur de serrer la main du roi, ne serait-ce qu’indirectement. Tout le monde voulait toucher les doigts de celui que le roi venait de toucher. Le vieillard fixa le prix à cinq francs pour cet honneur…

Tout à l’heure tu me parlais de ton intérêt pour l’émancipation…

– Nous étions sensibilisés par le courant anticolonialiste qui déferlait sur l’Afrique depuis la libération de la Chine en 1949 et par le début de la guerre d’indépendance en Algérie. Nous étions, c’est qu’on appelait « les évolués », nous voulions « être des belges à part entière » c’est-à-dire avoir les mêmes droits qu’eux et jouir de la même aisance. Notre désir d’émancipation à l’époque n’était pas dirigé contre les Belges. Je me suis impliqué avec mes amis de l’enseignement Laïc5 pour la création des écoles 5 Amis des Missions Protestantes, membres et sympathisants des cercles libéraux et des amicales socialistes. Il s’agissait de Samuel Kamba, Alphonse Nguvulu, Joseph Ekofo, Samuel Kayembe, Antoine-Roger Bolamba, Arthur Pinzi, Sylvestre Mudingayi, Bitshoki, Elengesa, Blackson, etc. …

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officielles primaires et secondaires pour les Congolais, en réponse à la création de l’école officielle laïque pour les Blancs en 1946, car les écoles libres étaient tenues par les missionnaires. Elles bénéficiaient de subventions et les établissements créés par des sociétés privées ne l’étaient pas. La Belgique opposa une fin de non recevoir à notre demande, estimant que l’enseignement dispensé sous l’égide des missions offrait toutes les garanties d’une base morale et éducative. Malgré la propagande honteuse des missionnaires contre les écoles laïques diffusée à travers le pays pour dire que : « kelasi ya bana diabolo, balingaka Nzambe te. » D’autres évolués vont continuer le combat pour un enseignement officiel non confessionnel, il s’agissait du planteur David Mukeba, du commerçant Moïse Tshombe, du commis Pascal Luanghy, etc.…

Dans le même ordre idée, en 1946 nous avons créé l’association du personnel indigène de la colonie (APIC : syndicat réservé au personnel noir de l’administration publique) dont je fus le secrétaire général et à ce titre, nous avons effectué notre premier voyage à Bruxelles en 1956. A cette occasion nous avions eu le privilège de rencontrer monsieur Buisseret le ministre des colonies, qui était partisan de l’égalité entre l’enseignement officiel et l’enseignement libre. Cette période fut caractérisé aussi par le pluralisme syndical que nous pouvons classer en deux catégories :

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1. Le syndicat d’obédience chrétienne C. S. C. C (confédération syndicale chrétienne du Congo) crée en 1946 qui est devenu plus tard U. T. C, parmi les membres les plus connus, je citerais : André Boboliko, Jean Marie Kititwa, Joseph Mbenza et Paul Muhona.

2. Le syndicat d’obédience sociale F. G. T. K (Fédération Générale des travailleurs Kongolais) ayant comme responsables : Alphonse Nguvulu, Raphaël Bintou, Cyrille Adoula et Rémy Siwa.

Le 1er juillet 1956, mes amis Iléo et Ngalula du groupe culturel de la conscience africaine fondé par l’abbé Joseph Malula publient * » le manifeste de la conscience africaine » (en annexe) pour faire comprendre aux belges que le désir légitime d’émancipation (nous ne parlions pas encore d’indépendance) du peuple congolais en cette période n’était pas dirigé contre eux.

Quelques jours après, c’est-à-dire le 23 août de la même année, ABAKO publie un contre « manifeste »…

Grand-père, il semblerait qu’il y a eu un premier manifeste d’un certain Pr Van Bilsen, qui avait conçu un plan de 30 ans pour le Congo, mais je vais connaître ton rôle dans cette période, ta rencontre avec Lumumba et les autres…

– Je vois que tu es bien renseigné, tu avais l’air de te moquer de mon premier emploi de commis à la